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THEME 4 : NOUVEAUX HORIZONS GEOGRAPHIQUES ET CULTURELS DES EUROPEENS A L’EPOQUE MODERNE Question 1 : L’élargissement du monde (XVème- XVIème siècles). Introduction : Les historiens ont retenu 2 dates symboliques pour marquer le passage du Moyen Age à l’époque moderne : 1453 et 1492. 1492 marque l’ouverture des Européens au monde. Au XVème siècle, le monde s’organise autour de vastes territoires plus ou moins unifiés (Chine de Ming, Empire ottoman, empires aztèque et inca) et de régions plus morcelées (royaumes européens). De vastes zones d’échanges et de circulation relient déjà ces mondes. Quel nouveau regard les Européens portent-ils sur le monde ? I. De Constantinople à Istanbul : un lieu de contact entre civilisations. Quel est le dynamisme des sociétés islamiques à l’époque moderne ? 1) Constantinople au XVème siècle . Constantinople est la capitale de l’Empire byzantin, c'est-à-dire l’Empire romain d’Orient créé en 395. En raison des conquêtes de l’Empire ottoman, les empereurs byzantins règnent sur un empire devenu minuscule. Néanmoins, la ville conserve les traces de son passé prestigieux. Elle est également une capitale religieuse : le patriarche de Constantinople est le chef des chrétiens orthodoxes. L’importance de la fonction religieuse de Constantinople est représentée par la basilique Sainte-Sophie, le plus vaste édifice religieux de la chrétienté. Cet héritage fait également de Constantinople une capitale culturelle. Les traces de l’antiquité sont partout présentes : forums, acropole (référence grecque), hippodrome (10 000 personnes), palais impérail. Ses bibliothèques, ses écoles et ses artistes sont renommés. De par sa position géographique, aux confins de la chrétienté et au contact de l’empire ottoman et de l’Asie. Elle se trouve notamment sur la route de la Soie. Pour cette raison, de nombreuses communautés de marchands sont établies à Constantinople : surtout des gênois, mais aussi des Français, Vénitiens et Catalans. Cependant, le pouvoir byzantin est très affaiblit par des querelles internes et la menace constante de l’Empire ottoman. 2) Constantinople devient Istanbul . Alors que s’achève la Reconquista à l’ouest, en Europe orientale l’Islam progresse aux dépens de la Chrétienté. L’Empire Ottoman est un concurrent sérieux à la volonté de domination européenne. Pour cette raison, il inquiète et fascine. En 1453, au terme de 55 jours de siège, le sultan ottoman Mehmet II s’empare de Constantinople. Immédiatement, il en fait la capitale de l’Empire ottoman et la rebaptise Istanbul. Il s’attache aussi à repeupler la ville, qui ne comptait plus que 40 000 habitants en 1453. Cet effort est un succès : au début du XVIème siècle, Istanbul est la ville la plus peuplée d’Europe avec 400 000 habitants (elle retrouve sa population du XIIème siècle). Istanbul est une ville cosmopolite : Les chrétiens forment 1/3 de la population de la ville (surtout des Grecs, des Slaves et des Arméniens) et la ville reste également un refuge pour les Juifs chassés d’Espagne par la Reconquista.

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THEME 4 : NOUVEAUX HORIZONS GEOGRAPHIQUES ET CULTURELS DES

EUROPEENS A L’EPOQUE MODERNE

Question 1 : L’élargissement du monde (XVème- XVIème siècles).

Introduction :

Les historiens ont retenu 2 dates symboliques pour marquer le passage du Moyen Age à l’époque moderne : 1453 et 1492.

1492 marque l’ouverture des Européens au monde. Au XVème siècle, le monde s’organise autour de vastes territoires plus ou

moins unifiés (Chine de Ming, Empire ottoman, empires aztèque et inca) et de régions plus morcelées (royaumes européens).

De vastes zones d’échanges et de circulation relient déjà ces mondes.

Quel nouveau regard les Européens portent-ils sur le monde ?

I. De Constantinople à Istanbul : un lieu de contact entre civilisations.

Quel est le dynamisme des sociétés islamiques à l’époque moderne ?

1) Constantinople au XVème siècle.

Constantinople est la capitale de l’Empire byzantin, c'est-à-dire l’Empire romain d’Orient créé en 395. En raison des conquêtes

de l’Empire ottoman, les empereurs byzantins règnent sur un empire devenu minuscule. Néanmoins, la ville conserve les

traces de son passé prestigieux.

Elle est également une capitale religieuse : le patriarche de Constantinople est le chef des chrétiens orthodoxes. L’importance

de la fonction religieuse de Constantinople est représentée par la basilique Sainte-Sophie, le plus vaste édifice religieux de la

chrétienté.

Cet héritage fait également de Constantinople une capitale culturelle. Les traces de l’antiquité sont partout présentes :

forums, acropole (référence grecque), hippodrome (10 000 personnes), palais impérail. Ses bibliothèques, ses écoles et ses

artistes sont renommés.

De par sa position géographique, aux confins de la chrétienté et au contact de l’empire ottoman et de l’Asie. Elle se trouve

notamment sur la route de la Soie.

Pour cette raison, de nombreuses communautés de marchands sont établies à Constantinople : surtout des gênois, mais aussi

des Français, Vénitiens et Catalans.

Cependant, le pouvoir byzantin est très affaiblit par des querelles internes et la menace constante de l’Empire ottoman.

2) Constantinople devient Istanbul.

Alors que s’achève la Reconquista à l’ouest, en Europe orientale l’Islam progresse aux dépens de la Chrétienté. L’Empire

Ottoman est un concurrent sérieux à la volonté de domination européenne. Pour cette raison, il inquiète et fascine.

En 1453, au terme de 55 jours de siège, le sultan ottoman Mehmet II s’empare de Constantinople. Immédiatement, il en fait la

capitale de l’Empire ottoman et la rebaptise Istanbul. Il s’attache aussi à repeupler la ville, qui ne comptait plus que 40 000

habitants en 1453.

Cet effort est un succès : au début du XVIème siècle, Istanbul est la ville la plus peuplée d’Europe avec 400 000 habitants (elle

retrouve sa population du XIIème siècle). Istanbul est une ville cosmopolite : Les chrétiens forment 1/3 de la population de la

ville (surtout des Grecs, des Slaves et des Arméniens) et la ville reste également un refuge pour les Juifs chassés d’Espagne par

la Reconquista.

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3) L’Empire Ottoman et le monde.

À la richesse culturelle et humaine de leur capitale répond l’intérêt des Turcs pour le monde.

Dès le début du XVIesiècle, leur flotte se manifeste dans l’océan indien; de nombreuses sources

attestent de la curiosité des Ottomans pour les territoires américains et les nouvelles routes ouvertespar les navigateurs

européens.

Pourtant, ils échouent dans leurs ambitions de conquête: ils effectuent peu de voyages, découvrent l’Amérique à partir des

traductions italiennes, ne partagent pas le développement économique européen et disposent de peu de moyens pour

diffuser leur pensée (ils n’adoptent l’imprimerie qu’au XVIIIe siècle).

II. La découverte d’un nouveau monde par un Européen : Christophe Colomb.

Quelles sont les conditions techniques, économiques, politiques et culturelles qui permirent de concrétiser ces découvertes ?

1) Le contexte et les motivations de l’expédition.

A la fin du XVème siècle, les Européens cherchent à atteindre plus rapidement les Indes (c'est-à-dire l’Asie du Sud-Est) et leurs

richesses (or, épices).

Les Portugais ont choisi de contourner l’Afrique.

Qui est Christophe Colomb ?

Christophe Colomb est un gênois né en 1451. A 20 ans il devient marin dans des compagnies commerciales génoises. Il se

passionne pour la géographie et la cartographie. Il pense que, grâce à la rotondité de la Terre, il est possible d’atteindre les

Indes en navigant vers l’Ouest. Il trouve le soutien des rois d’Espagne, Isabelle de Castille et Ferdinand d’Aragon.

Quelles sont les motivations de ces expéditions ?

- L’accumulation depuis l’Antiquité de récits mythologiques et de connaissances géographiques, ainsi que des

innovations techniques (Caraques (grande nef capable de naviguer en haute mer), Caravelles, astrolabe, portulans)

poussent à la découverte.

- L’Espagne achève la Reconquista et encourage les mouvements d’évangélisation (Christophe Colomb présente

d’ailleurs son projet aux Rois catholiques comme une mission d’évangélisation)

- Dans un contexte de concurrence commerciale, il faut trouver de nouveaux territoires à exploiter.

- Les Ottomans s’étant rendu maître de la route de la soie depuis la chute de Constantinople et les Portugais

contrôlant la route maritime contournant l’Afrique, il faut trouver de nouvelles routes pour atteindre les Indes.

2) Les voyages de découverte.

Le 3 août 1492, l’expédition de l’amiral Colomb, constituée de 87 hommes et de trois navires, la Pinta, la Niña, et la Santa

Maria, quitte l’Espagne. La traversée dure trois semaines et au soir du 11 octobre, la terre est en vue. Le 12 octobre Colomb

débarque sur une île des Bahamas baptisée immédiatement San Salvador. Il pense avoir atteint une île proche du Japon. Son

premier contact avec les indigènes, qu’il nomme « indiens », se passe bien car ils sont pacifiques mais leur langue est

inconnue. L’amiral explore ensuite les Bahamas, l’île actuelle de Cuba, puis celle de Saint Domingue.

Gravure p 156 : Quelle est l’attitude des Espagnols ?

L’image est divisée en deux : à gauche, les Espagnols, on distingue les trois navires de Colomb en train d’accoster, de

débarquer l’équipage et de planter une croix dans le sol, rappelant la mission évangélisatrice de l’expédition. Les Espagnols

portent des vêtements raffinés et sont lourdement armés. A droite, on distingue un monde sauvage et peuplé d’indigènes nus.

Le contraste entre les deux parties de l’image illustre le choc des civilisations.

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Les Espagnols ont une attitude dominatrice et conquérante. Colomb est représenté tel un souverain et encadré par deux

soldats. De leur coté, les indigènes sont pacifiques et inoffensifs (ils offrent des cadeaux et ne possèdent pas d’armes).

D’autres sont peureux et fuient à l’arrivée des Espagnols.

Lorsqu’il retourne en Espagne, il est persuadé d’avoir atteint son but et d’avoir ouvert une nouvelle route vers les Indes.

Il fait par la suite 3 autres voyages jusqu’en 1504 au cours desquels il découvre les principales îles des Caraïbes (Cuba, Saint-

Domingue) ainsi que l’Amérique centrale

Colomb n’a jamais réalisé et admis qu’il avait découvert un nouveau continent.

Colomb ouvre les horizons des Européens mais le sien reste fermé : c’est davantage un homme de la fin du Moyen Age qu’un

homme de la Renaissance.

C’est Amérigo Vespucci, un navigateur italien qui en a l’intuition et qui donne son prénom au nouveau continent : l’Amérique.

Pendant les voyages de Colomb, le portugais Cabral découvre le Brésil en 1500. C’est finalement Magellan, lors de son tour du

monde entre 1519 et 1522 qui va atteindre l’Asie par l’ouest, après avoir contourné l’Amérique par le sud et traversé l’océan

Pacifique. L’Amérique du Nord est explorée pour l’Angleterre par Cabot (1498) et par le français Jacques Cartier.

III. Tenochtitlán, une cité aztèque à l’épreuve de la conquête espagnole.

Quelles sont les conditions de la conquête espagnole et ses conséquences sur la civilisation aztèque ?

Au cours des voyages de découverte, les explorateurs prennent possession des terres au nom de leur souverain. En 1494, le

traité de Tordesillas est signé par les Espagnols et les Portugais qui se partagent les terres découvertes ou à découvrir. C’est

ainsi que se constituent très rapidement d’immenses empires coloniaux portugais et espagnols.

1) Tenochtitlán, capitale de l’empire aztèque.

La cité de Tenochtitlan est fondée dans l’actuel Mexique en 1325. Vers 1500, elle est peuplée de 150 000 à 300 000 habitants,

ce qui en fait une des plus grandes villes du monde. Elle est la capitale d’un empire de 10 à 15 millions d’habitants.

Les Aztèques ignorent l’existence du reste du monde, écrivent en hiéroglyphes (écriture utilisant des dessins) et sont

polythéistes.

La religion aztèque exige des sacrifices humains (souvent des prisonniers de guerre).

Récit : Le prisonnier est renversé sur une pierre de sacrifice au sommet d’une pyramide. Un prêtre lui ouvre le thorax avec un

couteau en silex. Le cœur encore palpitant est offert à la divinité puis le corps est jeté en bas de la pyramide.

Pour l’inauguration du Grand Temple de Mexico, sous le règne de Moctezuma II peu avant la conquête espagnole, on sacrifia

des victimes pendant 4 jours. Les spécialistes pensent qu’il y a pu avoir plus de de 80 000 sacrifices humains.

Les Aztèques croient que Quetzalcoatl, l’un de leur dieu, parti vers l’Est, reviendra un jour.

2) La conquête espagnole.

En 1519, les premiers conquistadors espagnols (conquérants espagnols) débarquent au Mexique avec à leur tête Hernan

Cortès.

Il est impressionné par la ville mais sa motivation réside dans la quête de l’or et l’évangélisation des Indiens. => doc 3 p 173

En 1521, avec une armée bien inférieure en nombre (500 hommes à peine) à celle des Aztèques, il conquiert l’Empire, puis

celui des Incas, avec une grande violence.

Comment expliquer la chute de l’Empire aztèque ? => schéma

L’effondrement de la cité aztèque en 1521 et la prise de Cuzco (capitale Inca) en 1533 mettent en évidence une combinaison

de facteurs: l’impact des maladies infectieuses, les dissensions politiques locales, la supériorité de l’armement ibérique, l’accès

rapide deseuropéens à l’information via l’imprimé, le choc anthropologique, la fascination issue d’un imaginaire fantastique,

armature mentale de la conquête.

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3) La société coloniale.

Encomienda : colonisation espagnole de terres peuplées d’autochtones.

Dès la conquête, Tenochtitlan est rebaptisée Mexico et les Espagnols bâtissent une nouvelle ville en effaçant les traces de la

civilisation aztèque.

Sur les ruines des civilisations aztèque et inca, les Espagnols édifient une nouvelle société coloniale.

L’exploitation du nouveau monde a nécessité l’immigration d’hommes et de femmes: 240 000 Espagnols ont rejoint le

nouveau continent au cours du XVIe siècle. Dès les années

1530, une organisation administrative hiérarchisée est mise en place. La destruction systématique des cultures indiennes est

organisée, et une économie coloniale est mise en place qui réduit en esclavage les populations indiennes puis fait appel à la

traite négrière.

Parallèlement, l’évangélisation massive et l’acculturation chrétienne des populations indiennes (conversion au mode de vie

chrétien) sont organisées.

Cependant, cette violence à l’égard des Amérindiens interroge les intellectuels comme Bartolomé de Las Casas. Ce

questionnement s’accentue avec le constat des ravages de la conquête qui heurtent les consciences d’une partie des

Espagnols. La question indienne devient l’enjeu d’un débat qui traverse le siècle => doc 4 p 171.

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Question 2 : Les hommes de la Renaissance (XVème-XVIème siècle)

Introduction :

Pourquoi parle-t-on de « Renaissance » ?

« L’homme de la Renaissance » se définit lui-même comme étant en rupture avec la civilisation médiévale, jugée barbare, par opposition avec la civilisation antique, associée à l’art et la philosophie. Le dynamisme culturel indéniable de la période se caractérise par un intérêt renouvelé pour l’homme, son rapport à Dieu et son action sur le monde. C’est une époque paradoxale où la conscience du progrès humain cohabite avec le désir d’un retour au passé antique. La tension entre ces deux sentiments, l’un tourné vers le futur, l’autre vers le passé, semble être commune aux hommes de la Renaissance et engendre l’aspiration à une réforme comprise comme un retour aux sources, une refondation.

Comment les hommes de la Renaissance mettent-ils l’individu au centre du monde, de la religion et des arts ?

I. Luther et l’essor du protestantisme.

1) L’humanisme et le désir de réforme. Les activités intellectuelles et artistiques connaissent un développement considérable.

A partir du XVème siècle, des intellectuels tentent de mieux comprendre le monde en y mettant l’homme au centre (et non

plus Dieu) : c’est l’humanisme.

L’humanisme s’appuie sur la redécouverte des textes de l’Antiquité, et en particulier ceux des philosophes comme Platon,

qu’ils étudient en faisant appel à leur esprit critique.

L’humanisme, basé sur une conception positive du rôle de l’homme et sur l’idée de progrès, se diffuse également chez les artistes et parmi certains ecclésiastiques. Les humanistes, comme le Hollandais Erasme (1466-1536), construisent leur réflexion dans l’échange : correspondances,

voyages de villes universitaires en cours princières, enseignement diffusant les idées nouvelles à l’échelle de l’Europe.

Erasme est passionné par les questions d’éducation. Il estime que la Bible latine n’a pas été correctement traduite, il décide

donc de publier en 1516 la 1ère édition du Nouveau Testament en grec afin d’en corriger les erreurs. Bien qu’il ne se soit pas

rallié à la Réforme protestante, il a été accusé par l’Eglise d’avoir semé l’hérésie.

Nombreux sont ceux venus à la Réforme par l’Humanisme. La question essentielle demeure celle du Salut dans la continuité des interrogations et des contestations du Moyen Age.

2) Luther, un moine réformateur. Luther est un moine allemand né en 1483. Comme ses contemporains, il vivait dans l’angoisse du salut. Comme au Moyen Age

à l’occasion des hérésies du XIIIème siècle, l’Eglise et le clergé sont très critiqués et contestés. Les chrétiens reprochent au

pape le luxe dans lequel il vit, le poids des impôts ecclésiastiques, l’absentéisme des évêques, l’ignorance des prêtres…

Ce que réclament les fidèles, c’est un clergé qui ne se contente pas de donner els sacrements, mais qui enseigne vraiment la

parole de dieu et réponde ainsi aux inquiétudes liés au Salut. L’Eglise catholique prétendait assurer le Salut, à condition que le

fidèle se soumette au clergé et achète des indulgences.

C’est la question des indulgences qui suscite le plus de critiques.

Les humanistes et les réformateurs comme Luther dénoncent ces pratiques en estimant que l’homme est capable de penser

par lui-même et d’avoir une relation plus individuelle avec Dieu.

En 1517, Luther fait placarder à Wittenberg les 95 thèses.

Luther propose un nouveau culte, plus simple, où les fidèles ont un rapport plus direct avec Dieu.

Les écritures sacrées (Bible) doivent donc être plus accessibles => abandon du latin. Tout fidèle doit pouvoir lire la Bible lui-

même et quotidiennement, ce qui implique qu’elle soit traduite en langue vulgaire (français, allemand…). Le clergé n’est donc

plus nécessaire.

Les sacrements, sauf le baptême et la communion, et le culte de la Vierge et des saints sont abandonnés. Ils ne croient pas en

la présence réelle du Christ lors de l’eucharistie, ni au purgatoire.

Ils rejettent l’autorité du pape et du clergé.

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L’idée est celle d’un retour à l’Eglise des origines débarrassées dans un contexte de contestation de l’Eglise de Rome.

La Réforme protestante est l’expression d’un nouveau rapport à Dieu, plus individuel. Elle ouvre la voie à l’autonomie de

l’individu et à sa responsabilité dans le monde.

3) Guerres de religion et territorialisation confessionnelle.

En 1520, le pape excommunie Luther. C’est la naissance du protestantisme qui se répand dans le Saint Empire romain

germanique, en Europe du Nord et en France car il reçoit le soutien de nombreux princes et villes qui protestent en sa faveur,

d’où le nom de protestants.

Le protestantisme se répand rapidement. En 1534, le roi Henri VIII rompt avec le pape et fonde l’anglicanisme.

En France, Jean Calvin développe une réforme encore plus radicale basée sur la prédestination (idée que Dieu choisit les

hommes destinés au paradis et à l’enfer, sans que ces derniers ne puissent rien faire => absence de livre-arbitre.

En s’opposant à la conception hiérarchique de l’Église, la Réforme oblige celle-ci à se réformer elle-même => C’est la Contre-Réforme. Le concile de Trente (1545-1563) prévoit une meilleure formation des prêtres mais réaffirme le dogme, la discipline et l’autorité de l’Eglise. C’est la rupture avec le protestantisme qui devient une religion à part entière.

Cette rupture de l’unité chrétienne contribue indirectement à l’affirmation de l’Etat moderne en vertu de l’adage « cujus

regio, ejus religio » (un roi, une foi). En effet,, qu’ils soient catholiques ou protestants, les souverains estiment que l’unité de

foi est indissociable de la cohésion de l’Etat => les sujets doivent partager la religion du prince. La tolérance religieuse est donc

impensable car l’hérésie est davantage un enjeu politique qu’un enjeu religieux.

Dans le Saint-Empire, un compromis est trouvé à l’occasion de la Paix d’Augsbourg (1555) => chaque prince est libre de choisir,

pour eux, leurs vassaux et leurs sujets, entre les deux confessions chrétiennes. Les sujets en désaccord avec la religion de leur

suzerain avaient le droit d’émigrer.

En France éclatent des guerres de religion entre 1562 et 1598. A cette époque, il y a environ 2 millions de protestants en

France (10 % de la population).

1572 : massacre de la saint-Barthélémy après le mariage d’Henri de Navarre (chef protestant) et de Marguerite de Valois (fille

de Catherine de Médicis et sœur du roi Charles IX) qui devait mettre fin aux guerres.

Qui est responsable du massacre ? Les historiens s’interrogent toujours aujourd’hui.

- Catherine de Médicis qui aurait organisé uniquement l’exécution des chefs protestants sans prévoir la fureur populaire

et le massacre de masse ?

- Les Guises, commandités par le roi d’Espagne, défenseur du catholicisme en Europe et qui voulait éviter que Coligny

n’envoie des troupes se battre contre les Espagnols pour soutenir les protestants des Pays-Bas ?

- Le roi Charles IX qui aurait pris la responsabilité de tuer les chefs protestants pour éviter au peuple français de

nouvelles souffrances ? L’historien Denis Crouzet parle de « crime d’amour ».

1598 : Edit de Nantes met fin aux guerres de religion en France. Il met en place une fragile coexistence des deux religions.

L’Edit de Nantes marque la victoire de la raison d’Etat sur les divisions religieuses et l’idée que la politique et l’Eglise peuvent

coexister sans se confondre.

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II. Léonard de Vinci, un artiste de la Renaissance.

Léonard de Vinci, né en 1452 en Toscane près de Florence, est un peintre, dessinateur, architecte, ingénieur, mathématicien et

musicien autodidacte. Il est aujourd’hui considéré comme la figure même du génie.

En 2003, un sondage de l’institut CSA auprès d’un échantillon de personnes issues de 6 pays plaçait Léonard de Vinci

en tête des personnages les plus importants des siècles antérieurs au XIXème siècle.

De son vivant, il est déjà considéré comme l’un des plus grands artistes de son temps.

Léonard de Vinci est-il un génie, comme le suggère Giorgio Vasari, ou un homme qui utilise les techniques et les

savoirs de son temps ?

1) Une œuvre qui s’appuie sur les techniques scientifiques de son temps.

Léonard de Vinci apprend à peindre à Florence, dans l’atelier du maître Verrochio, l’un de plus prestigieux de l’Italie. Il s’initie

également à la sculpture, à l’architecture, à l’alchimie, à l’orfèvrerie…

Le monde des artistes est encore celui des corporations, avec ses règles de travail et de non-concurrence.

Ses tableaux, comme La Joconde, montrent qu’il maitrise les techniques de son temps comme le portrait, la perspective ou le

Sfumato.

Sfumato : Technique, inventée par Léonard de Vinci, qui estompe les contours d’un tableau.

Léonard de Vinci souhaite comprendre également le fonctionnement du corps humain qu’il assimile à une machine. Pour cela,

il dissèque de nombreux cadavres malgré l’interdiction de l’Eglise qui n’autorise pas cette pratique.

Il est très influencé par les auteurs antiques et médiévaux tels Aristote, Avicenne ou Guy de Chauliac, ce qui l’amène parfois à

faire des erreurs. Il s’intéresse notamment aux proportions du corps humain => cf homme de Vitruve.

2) Un homme au service des princes.

Alors que Léonard a accumulé de grandes compétences dans la plupart des domaines du savoir, son ambition est de se mettre

au service d’un prince, d’accéder au rang convoité de « familier » du prince à sa cour => Léonard cherche moins la richesse que

la reconnaissance sociale. Ce n’est qu’en se rapprochant des cours princières que les artistes gagnent peu à peu leur

autonomie et se distinguent des artisans.

Il est successivement au service du duc de Milan Ludovic Sforza, des Borgia, des Médicis puis du roi de France François 1er.

Pour un prince, avoir un artiste de renom participe au rayonnement du roi et de son royaume et contribue à montrer sa

puissance. Au XVème siècle, les rapports entre l’art et le pouvoir sont complexes, transformant l’artiste en une sorte

d’ambassadeur culturel.

A Ludovic Sforza, Léonard présente une liste de ses compétences sous forme de curriculum vitae. On y voit l’étendue des

savoirs de Léonard de Vinci. Or ceux-ci sont dominés par l’art militaire. Il affirme qu’il peut aider à la consuite d’un siège, qu’il

sait construire des machines de guerre adaptées au combat terrestre et naval. C’est seulement à la fin de sa lettre qu’il

recommande ses talents d’artiste. Il affirme notamment qu’il sera capable de sculpter une statue de cheval de bronze à la

gloire des Sforza.

Léonard de Vinci répond plus aux attentes de son futur protecteur qu’à ses propres préoccupations.

Dans un contexte de fortes rivalités, les princes italiens cherchent d’abord à employer des ingénieurs capables de les aider à la

guerre, et dans un second temps, des artistes dont les talents augmentent le prestige du prince.

Ex de dessins d’art militaire

Certaines de ses inventions furent liées à une autre activité importante de Léonard : l’organisation des fêtes princières et la

conception de décors de théâtres (musique, costumes, décors, machineries théâtrales, architecture des scènes et des

coulisses). C’est notamment le cas lorsqu’il se met au service du roi de France François 1er, auprès duquel il restera jusqu’à sa

mort en 1519.

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3) L’héritage de Léonard de Vinci.

Léonard de Vinci nous a laissé un héritage immense dans les principaux les champs de la connaissance.

Mais les réalisations de Léonard de Vinci étaient-elles innovantes ou est-il simplement un artiste et un ingénieur de son temps,

qui s’est inspiré des connaissances antérieures pour bâtir les siennes ?

En plus de ses tableaux, Léonard de Vinci a légué à sa mort environ 6000 feuillets manuscrits dont plusieurs milliers sont

parvenus jusqu’à nous. Ils nous renseignent sur la volonté de Léonard de Vinci de s’intéresser à l’anatomie, à la mécanique...

Pourquoi s’intéresse-t-il autant à la mécanique ?

L’univers est mouvement donc la mécanique permet de l’expliquer dans sa globalité.

Les réalisations de Léonard de Vinci ont-elles été pour autant révolutionnaires ?

- Il a révolutionné l’art de la peinture, et du portrait en particulier, notamment grâce à la technique du « Sfumato »

(estompage des contours). Mais sa peinture n’est que l’aboutissement des techniques picturales du XVème siècle.

- Il s’est souvent trompé. La plupart des machines qu’il a imaginé ne pouvaient pas fonctionner : machine volante, char

d’assaut, automobile, sous-marin…

Umberto Eco a dit qu’il était un « grand bricoleur » et qu’il mettait de l’art dans sa science mais était incapable de

mettre de la science dans son art. Par exemple, il s’est trompé dans ses mélanges de peinture de certains de ses

tableaux (La Cène) qui sont aujourd’hui dans un état déplorable.

Le génie de Léonard de Vinci réside dans sa capacité de créer, d’être un visionnaire.

Léonard de Vinci est véritablement un homme de son temps. Léonard de Vinci a su vendre ses talents aux princes de l’Europe qui contribuèrent à lui assurer sa propre promotion. Mais sa postérité s’explique autant par son génie et sa capacité créatrice, bien que celles-ci s’inscrivent dans les possibilités techniques et les mentalités de son temps, que par sa capacité à la faire fructifier.

Il a aussi forgé sa propre légende=> Autoportrait : se dessine sous les traits d’Aristote, plus vieux qu’il ne l’est et avec une

barbe qu’il n’a probablement pas.

Image du génie s’est construite progressivement => toile de Ménageot.