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PLINE LE JEUNE, Lettres
Lettres : VI, 4 et 7 ; VII, 5 Scène de la vie conjugale : amour conjugal Nous avons regroupé sous ce titre trois lettres de Pline le Jeune à sa femme Calpurnia ; elles datent de la même époque (livres VI et VII). Pline parle volontiers de sa jeune femme, épousée après deux veuvages, alors qu’il venait de dépasser la quarantaine ; il s’entretient familièrement avec le grand-père et la tante de Calpurnia, orpheline de bonne heure. L’occasion de ces lettres est l’éloignement temporaire de la jeune femme, partie se reposer en Campanie. Nous savons encore, par les Lettres de Pline, que sa femme l’accompagna en Bithynie pendant son proconsulat (111-113) : c’est alors que s’arrête la correspondance. — Pline à Calpurnia. I -‐ Jamais je ne me suis tant plaint de mes affaires que lorsqu'elles ne m'ont permis, ni de vous accompagner quand votre santé vous obligea de partir pour la Campanie, ni du moins de vous suivre peu de jours après que vous fûtes partie. C'était principalement dans ce temps que j'eusse désiré le plus d'être avec vous, pour juger par mes yeux si vos forces revenaient, si ce corps délicat se rétablissait, et comment votre tempérament s'accommodait, soit de la solitude, soit des douceurs et de l'abondance de ce séjour. Quand vous seriez dans la meilleure santé, je ne soutiendrais qu'avec chagrin votre absence ; car c'est un état fort triste et fort inquiet, que de passer quelquefois des heures sans avoir des nouvelles de ce qu'on aime le mieux. Mais, absente et malade, vous m'alarmez de plus d'une manière. Il n'est rien que je n'appréhende et que je ne m'imagine ; et selon la coutume de ceux que la crainte a saisis, tout ce qui me fait le plus trembler est ce que j'ai le plus de penchant à croire. C'est pourquoi je vous conjure, avec la dernière instance, de prévenir mon inquiétude par une et même par deux lettres chaque jour. Je me rassurerai du moins tant que je lirai ; mais je retomberai dans mes premières alarmes dès que j'aurai lu. Adieu.
II -‐ Vous me mandez que mon absence vous cause beaucoup d'ennui, que vous ne trouvez de soulagement qu'à lire mes ouvrages, et souvent à les mettre à ma place auprès de vous. Je suis ravi que vous me désiriez si ardemment, et que ces sortes de consolations aient quelque pouvoir sur votre esprit. Pour moi, je lis, je relis vos lettres, et les reprends de temps en temps, comme si c'en était de nouvelles ; mais elles ne servent qu'à rendre plus vif le chagrin que j'ai de ne vous point voir ; car quelle douceur ne doit-‐on point trouver dans la conversation d'une personne dont les lettres ont tant de charmes ? Ne laissez pas pourtant de m'écrire souvent, quoique cela me fasse une sorte de plaisir qui me tourmente. Adieu. III -‐ Ma Calpurnia, c’est fou comme je suis habité par le désir de toi. C’est parce que je t’aime, d’abord, et puis que nous ne sommes pas habitués à être loin l’un de l’autre. Voilà pourquoi la plus grande partie de mes nuits, je la passe, tout éveillé, à t’imaginer et pourquoi, dans la journée, aux heures où j’avais l’habitude d’aller te voir, c’est vers ton appartement que d’eux-‐mêmes, c’est vrai, mes pieds me conduisent ; voilà pourquoi enfin je reviens malade, malheureux, et comme chassé de ta chambre vide. Il n’y a qu’un moment où je suis privé de cette torture : celui que je passe sur le forum, accablé par les procès de mes amis. Mesure toi-‐même ce qu’est ma vie : je trouve le repos dans le travail, et la consolation dans les ennuis et les soucis. Je t’embrasse.
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