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Folklore - ÉTUDIANTS Av’Vèyou l’Torê ? Qué nierf qu’on li a fait ! Cette semaine, les étudiants célèbrent le 60 e anniversaire de la St-Torê. P oint d’orgue de cette guin- daille si chère au cœur des étudiants, le cortège passera mardi par les hauts-lieux du folklore liégeois. Partis, d’un pas plus ou moins assuré, de la place du XX-Août, les guindailleurs s’en iront saluer Tchantchès en Outremeuse avant de s’arrêter aux Terrasses. “Li Torê” et son maître “Djô- sef” verront ainsi défiler, comme chaque année, plus de dix mille fêtards, qui en profiteront proba- blement pour badigeonner de peinture l’imposante proémi- nence de l’animal et l’affubler d’oripeaux hétéroclites. C’est une manière de fêter le prin- temps, le retour des beaux jours, et c’est l’occasion de guindailler une dernière fois avant le blocus de juin”, nous explique une étu- diante. Œuvre de Léon Mignon, le Torê suscita de nombreuses polé- miques lors de son installation aux Terrasses, en 1881, cho- quant la morale bien-pensante par l’exposition grandiose de ce que le Manneken Pis ne dévoilait qu’en petit. Il n’en fallut pas plus pour ériger la statue au rang de symbole aux yeux des étudiants, qui la cachèrent même dans les caves de l’Université lors de la Seconde Guerre mondiale, pour la protéger de l’envahisseur. Ce n’est cependant qu’en 1949 que s’instaura la première St- Torê. “[…] écœuré par le fana- tisme anticlérical et le “minima- lisme” folklorique de la Saint Ve- rhaegen des étudiants de l’ULB, André Fiévet, Président de la Commission Folklorique an- nexée à l’Association Générale, lança l’idée d’une fête estudian- tine à l’Université de Liège où toutes les idées seraient respec- tées et où seul le folklore avait à gagner. Il fallut attendre un peu moins de deux années pour voir cette festivité prendre son envol. Renouant avec l’usage du défilé de la mi-carême, le premier cor- tège de la Saint-Torê eut lieu le 17 février 1949.”, peut-on lire dans le mémoire de fin d’études d’un certain Michel Péters, histo- rien de formation et conseiller communal MR à Liège. En 1966, suite à la politisation croissante de l’Université, le bourgmestre Destenay met fin à la St-Torê en interdisant le cor- tège. “Il faudra attendre 1983 et le renouveau folklorique, sous la houlette de Didier Jordens, Oli- vier Géonet et d’autres, pour as- sister à la renaissance du cortège traditionnel. Sous l’impulsion de l’Association Générale des Étu- diants Liégeois, le cortège devint le point culminant des fêtes de la Saint-Torê programmées sur quatre jours”, continue Michel Péters. Cette semaine, le cortège ras- semblera donc, pour la 27 e année consécutive, des milliers d’étu- diants fiers de leur folklore. Mal- heureusement, son fondateur, André Fiévet, ne sera plus de la partie. Il s’est éteint l’été dernier, à quelques mois du 60 e anniver- saire de cette fête qui reste l’une des plus populaires. Cette St- Torê lui sera dédiée… J.G. La Libre Belgique (par page), 16/03/2009, page/bladzijde 13 Copyright IPM All rights reserved - Tous droits reserves

Saint-Tore 2009

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LFolklore - ÉTUDIANTS

Av’Vèyoul’Torê?Quénierfqu’on lia fait ! w Cette semaine, les étudiants

célèbrent le 60e anniversaire

de la St-Torê.

Point d’orgue de cette guin-daille si chère au cœur des

étudiants, le cortège passeramardi par les hauts-lieux dufolklore liégeois. Partis, d’un pasplus oumoins assuré, de la placedu XX-Août, les guindailleurss’en iront saluer Tchantchès enOutremeuse avant de s’arrêterauxTerrasses.

“Li Torê” et son maître “Djô-sef” verront ainsi défiler, commechaque année, plus de dix millefêtards, qui en profiteront proba-blement pour badigeonner depeinture l’imposante proémi-nence de l’animal et l’affublerd’oripeaux hétéroclites. “C’estune manière de fêter le prin-temps, le retour des beaux jours,et c’est l’occasion de guindaillerune dernière fois avant le blocusde juin”, nous explique une étu-diante.

Œuvre de Léon Mignon, leTorê suscita denombreuses polé-miques lors de son installationaux Terrasses, en 1881, cho-quant la morale bien-pensantepar l’exposition grandiose de ceque leMannekenPis nedévoilaitqu’en petit. Il n’en fallut pas pluspour ériger la statue au rang desymbole aux yeux des étudiants,qui la cachèrent même dans lescaves de l’Université lors de laSeconde Guerre mondiale, pourlaprotégerde l’envahisseur.

Ce n’est cependant qu’en 1949que s’instaura la première St-Torê. “[…] écœuré par le fana-tisme anticlérical et le “minima-

lisme” folklorique de la Saint Ve-rhaegen des étudiants de l’ULB,André Fiévet, Président de laCommission Folklorique an-nexée à l’Association Générale,lança l’idée d’une fête estudian-tine à l’Université de Liège oùtoutes les idées seraient respec-tées et où seul le folklore avait àgagner. Il fallut attendre un peumoins de deux années pour voircette festivité prendre son envol.Renouant avec l’usage du défiléde la mi-carême, le premier cor-tège de la Saint-Torê eut lieu le17 février 1949.”, peut-on liredans le mémoire de fin d’étudesd’un certainMichelPéters, histo-rien de formation et conseillercommunalMRàLiège.

En 1966, suite à la politisationcroissante de l’Université, lebourgmestre Destenay met fin àla St-Torê en interdisant le cor-tège. “Il faudra attendre 1983 etle renouveau folklorique, sous lahoulette de Didier Jordens, Oli-vier Géonet et d’autres, pour as-sister à la renaissance du cortègetraditionnel. Sous l’impulsion del’Association Générale des Étu-diants Liégeois, le cortège devintle point culminant des fêtes de laSaint-Torê programmées surquatre jours”, continue MichelPéters.

Cette semaine, le cortège ras-semblera donc, pour la 27e annéeconsécutive, des milliers d’étu-diants fiers de leur folklore.Mal-heureusement, son fondateur,André Fiévet, ne sera plus de lapartie. Il s’est éteint l’été dernier,à quelques mois du 60e anniver-saire de cette fête qui reste l’unedes plus populaires. Cette St-Torê lui seradédiée…

J.G.

La Libre Belgique (par page), 16/03/2009, page/bladzijde 13

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