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L ’Action Universitaire - page 1 l’Action UNIversitaire Le journal de l’Union Nationale Interuniversitaire nouvelle formule - mai 2011 - 4 euros Entretien avec Denis Tillinac propos recueillis par Inès Charles-Lavauzelle et Olivier Vial Au Puy-en-Velay, le Président de la République a évoqué les racines chré- tiennes de la France. Selon vous, que doit- elle au catholi- cisme ? Entre le baptême de Clovis et le Grand Siècle, pratiquement tout ! L’architecture de notre spiritualité, de notre métaphysique, de notre esthétique, notre rapport à la féminité, à l’enfance, à la démocratie… tout a été complètement structuré par le catholicisme romain. C’est un fait historique. Pourquoi devrait-on le nier ? Cela n’a pas toujours été aussi évident ! Il est vrai qu’il existe en France une espèce de gène qui vient de la hantise d’une religion qui chapeauterait l’ensemble du corps social. Pourtant, personne ne souhaite une théocratie en France. La distinction du temporel et du spirituel est acquise depuis longtemps et l’Eglise n’exerce plus aucune influence politique précise ; son clergé ne le souhaite surtout pas. La laïcité telle qu’on a fini par l’intégrer ne pose donc pas de problème, cependant « laïcité » cela ne veut pas dire mépris ou indifférence du fait religieux mais distinction entre le temporel et le spirituel. Comme on a l’impression que ce n’est pas aussi clair dans la religion musulmane et, que sous prétexte de ne pas « stigmatiser» nos compatriotes qui sont musulmans, on a englobé tous les problèmes sous le générique laïcité. On finit ainsi par renier, par commodité ou par lâcheté, des évidences, comme l’ont fait les dirigeants des pays européens en niant les racines chré- tiennes de l’Europe. Pour clarifier ces questions, il suffirait de dire quelque chose qui me paraît évident : toutes les confessions sont égales devant la loi, elles ne le sont pas devant la mémoire. Qu’est-ce que le catholicisme vous a apporté et continue de vous apporter ? Il a ordonné et fait converger vers le haut un mélange d’anarchisme, de boulimie, de pulsions, de désir, de sentiments, d’appréhensions, d’aspirations qui sans « Toutes les confessions sont égales devant la loi, mais elles ne le sont pas devant la mé- moire.»

Action Universitaire - Mai 2011

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Page 1: Action Universitaire - Mai 2011

L ’Action Universitaire - page 1

l’Action

UNIversitaire Le journal de l’Union Nationale Interuniversitaire

nouvelle formule - mai 2011 - 4 euros

Entretien avec

Denis

Tillinac

propos recueillis par

Inès Charles-Lavauzelle

et Olivier Vial

Au Puy-en-Velay,le Président de laRépublique aévoqué les racines chré-tiennes de laFrance. Selonvous, que doit-elle au catholi-cisme ?

Entre le baptême de Clovis et le Grand Siècle, pratiquementtout ! L’architecture de notre spiritualité, de notremétaphysique, de notre esthétique, notre rapport à laféminité, à l’enfance, à la démocratie… tout a étécomplètement structuré par le catholicisme romain. C’estun fait historique. Pourquoi devrait-on le nier ?

Cela n’a pas toujours été aussi évident !

Il est vrai qu’il existe en France une espèce de gène qui vientde la hantise d’une religion qui chapeauterait l’ensemble ducorps social. Pourtant, personne ne souhaite une théocratieen France. La distinction du temporel et du spirituel est

acquise depuis longtemps et l’Eglise n’exerce plus aucuneinfluence politique précise ; son clergé ne le souhaitesurtout pas. La laïcité telle qu’on a fini par l’intégrer ne posedonc pas de problème, cependant « laïcité » cela ne veut pasdire mépris ou indifférence du fait religieux mais distinctionentre le temporel et le spirituel. Comme on a l’impressionque ce n’est pas aussi clair dans la religion musulmane et,que sous prétexte de ne pas « stigmatiser» nos compatriotesqui sont musulmans, on a englobé tous les problèmes sousle générique laïcité. On finit ainsi par renier, parcommodité ou par lâcheté, des évidences, comme l’ont faitles dirigeants des pays européens en niant les racines chré-tiennes de l’Europe. Pour clarifier ces questions, il suffiraitde dire quelque chose qui me paraît évident : toutes lesconfessions sont égales devant la loi, elles ne le sont pasdevant la mémoire.

Qu’est-ce que le catholicisme vous a apporté et continuede vous apporter ?

Il a ordonné et fait converger vers le haut un mélanged’anarchisme, de boulimie, de pulsions, de désir, desentiments, d’appréhensions, d’aspirations qui sans

« Toutes les

confessions sont

égales devant la loi,

mais elles ne le sont

pas devant la mé-

moire.»

Page 2: Action Universitaire - Mai 2011

l’éducation et la culturecatholique aurait donnélieu à un patchwork à peuprès invivable. Au mieux,j’aurai bâti une espèce depanthéisme de bric et debroc, au pire, je seraidevenu cynique ou fou oules deux. Je suis peut-êtrefou mais je ne suis pascynique !

Pour moi, l’Eglise catholique, c’est trois choses : la foi chré-tienne qu’on partage avec les protestants et les orthodoxes,la religiosité, l'ensemble des rituels, desoffices qui déterminent une relationsensible, charnelle avec le sacré et puis, lacivilisation occidentale qui a fait de moi unécrivain. Entre l’édit Constantin et leXVIIIème siècle, tout l’art occidental est unart catholique : le Paléochrétien, le Roman,le Cistercien, le Gothique, le Renaissant, leManiérisme et le Baroque, dernier grand artcatholique directement inspiré par leconcile de 30. Je dirai même que le Romantisme plusindirectement lui est redevable, c’est-à-dire à peu près toutce que je suis et que j’essaie de condenser dans un artd’écrire un peu cistercien.

Dans votre livre, vous évoquez des personnages qui in-carnent le catholicisme à leur manière : Don Camillo,Tintin ... On est loin du cathéchisme officiel. Quel estvotre héros personnel ?

Don Quichotte car c’est le grand chantre de la mélancolie.La piété à la fois populaire et littéraire au cours des âges afait de Don Quichotte un des plus grands saints espagnols.Pour moi, il y a aussi Teilhard de Chardin qui à l’époquede l’adolescence m’a aidé, non pas à garder la foi parce queje ne l’avais pas perdue (j’étais anticlérical comme tout lemonde à l’adolescence), mais m’a aidé à garder la foi sansque ma raison longe les murs.

A l’UNI, nous sommes nombreux à nous sentir prochede l’esprit de la droite mousquetaire, dont vous parlezdans votre livre Le retour de d’Artagnan. Pourquoi celivre ?

A l’époque, ce livre a été chroniqué plutôt par la presse degauche. On sentait un malaise de la presse de droite, car onsortait d’une période où la droite s’identifiait à Reagan ou àThatcher, occultant complètement toute une dimension qui,pour moi, est importante : le culte de la mémoire.

Etre de sensibilité de droite, c’est avoir le sens du regret, lesens du ludisme, le sens de la gratuité, le sens de l’humour,le sens de l’héritage, le sens de l’honneur…

Les héros de droite ne sont jamais les hommes politiques, cen’est pas Jaurès, ce n’est pas Clémenceau, ce n’est pas Dantonou Robespierre, c’est Mermoz, Saint Exupéry, Tintin, Barbeyd'Aurevilly, c’est d’Artagnan, ce sont les tirades du Cyranode Rostand, « A la fin de l’envoi, je touche », « c’estintérieurement que j’ai mes élégances ». C’est ça, la droitefrançaise, un mélange de défis un peu héroïques et absurdes.Je crois que l’on sent cela confusément, on ne sait pastoujours l’exprimer et c’est très difficile de le traduire en actepolitique.

Il faut en tous cas respecter la mémoire longue de la France,ce vieux pays de quinze siècles. La France n’a pas commencé

en 1789 ni fini d’ailleurs ! Moi, j’englobeJeanne d’Arc, Saint Louis, les croisades maisaussi les soldats de l’an II, la gesteNapoléonienne, la geste Gaullienne.

Mon amie Marie-France Garaud dit tou-jours que la France quand elle est gouvernéemédiocrement au jour le jour, est faite pourdes bourgeois, et de temps en temps, elle estgrande parce qu’elle est gouvernée par desaventuriers.

Bonaparte était un aventurier, Richelieu était une sorted’aventurier à sa façon, le Général de Gaulle était unaventurier et ce sens de l’aventure, il est évident qu’il n’estpas facile à faire surgir dans un univers d’énarques ou dediplômés des écoles de commerce, ce qui revient au même.Ce sont les deux versants de la même médaille et il faudraitpeut-être changer de médaille ! On a bien changé demonnaie !

Comment un peuple peut-il retrouver ce goût de l’aven-ture ?

Il est bien évident que dans un univers normalisé, mondialiséoù l’évolution des sciences appliquées fabrique unehumanité de plus en plus homogène, on vit une mutationaussi importante que celle de la fin de la préhistoire, quandon a fait les premiers alphabets, les premières cités, les

Entretien avec

Denis TillinacEcrivain, éditeur et journa-liste. Auteur, notamment, de LeVenin de la mélancolie, RueCorneille, Le bonheur à Souil-lac, Spleen en Corrèze, le dic-tionnaire amoureux de laFrance....

L ’Action Universitaire - page 2

Dictionnaireamoureux duCatholicisme,Plon, 2011, 24 euros

Le retour de d’Artagnan, la droitemousquetaire, la Table Ronde, 199214 euros

Etre de sensibilité dedroite, c’est avoir le sensdu regret, le sens du lu-disme, le sens de la gra-tuité, le sens de l’humour,le sens de l’héritage, lesens de l’honneur…

Page 3: Action Universitaire - Mai 2011

Directeur de la publication : Olivier Vial

Rédactrice en chef adjointe :

Inès Charles-Lavauzelle

Imprimé par nos soins - dépôt légal second trimestre

2011 - Mensuel

Une publication de l’UNI -

34, rue Emile Landrin -

92100 Boulogne -

tél : 01.78.16.40.30 - fax. :

01.78.16.40.31

L’Action

UNIversitaire

Dans ce numéro

premières façons de prier, les premières langues de Babel… et qu’on est passéde la cueillette à l’agriculture… eh bien là, c’est pareil. C’est pour ça, qu’il nefaut pas trop en vouloir ni aux politiques, ni aux intellectuels de ne rien proposer.On vit une mutation telle, que l’on n’a pas le recul qui permettrait d’avoir unChateaubriand, un Tocqueville, ou même un Marx... Maintenant, on cumule toutes les fins, c’est la fin de l’histoire, des histoires. Ilva falloir rebondir et pour bien rebondir, il est nécessaire d’être très ancré danssa mémoire. C’est pour ça que je suis assez réticent sur l’œcuménisme. Chaquepeuple doit se recentrer sur ses fondamentaux. C’est la meilleure façon d’êtrefraternel et universel. Je souhaite plutôt qu’un œcuménisme au ras despâquerettes, que les juifs, les musulmans, les catholiques, les protestants, lesorthodoxes cultivent, prient, rêvent, créent avec leur propre source créatrice,intellectuelle, spirituelle. Après, une fois que l’on est bien dans sa peau, on estplus accueillant avec autrui.

Aujourd’hui, la jeunesse est un peu perdue sur ces questions, avez-vous unconseil à lui donner ?

Réussir sa vie, ce n’est pas forcément gagner de l’argent ou être célèbre par unpassage à la télévision. Il faut mettre la barre un peu plus haut. Il faut qu’elleapprenne à être inactuelle. On est tellement surinformé que tout se chevauche.Je crois que c’est le moment du repli, ce n’est pas le moment d’aller pataugerdans un univers que le système médiatique rend à la fois excitant, obsédant etglauque, dans un mélange de fatalisme et de surexcitation. Je crois qu’il fautsavoir être un peu inactuel, prendre du recul. Qu’est ce qui va se passer dans dixans, dans cinquante ans, dans un siècle ? Qu’est ce que tout ça peut donner ?S’il y a quelque chose de pourri, eh bien ! On le balance. Il faut en finir une foispour toutes avec les antivaleurs soixante-huitardes, un mélange d’égocentrismequi pour mieux s’enfermer dans sa coquille, s’enrobe de bonne conscience avecun droit de l’hommisme qui n’a pas de portée, qui n’a pas de sens, qui est une

dérision de la fraternité catholique, chrétienne.

Retrouver un peu de verdeur, retrouver le sens du ludisme, de la rigolade, de lagratuité, du regret, de la nostalgie, de l’honneur, de la féminité, que les femmessoient catcheuses ou Président de la République, cela ne me dérange pas du tout,mais ce qui est dramatique, c’est de vouloir en faire des hommes au féminin.

Par rapport au mémoriel, il faut que les jeunes disent clairement : “ ras-le-bolde nous demander de nous excuser d’avoir été esclavagistes au 18ème siècle,colonialistes au 19ème siècle, collabo pendant l’occupation et tortionnaires enAlgérie”. Il faut envoyez paître tout ça. Il y a eu du vrai mais pas que du vrai etde toute façon, on n’a pas à faire patauger un peuple dans la culpabilité et larepentance sinon il devient méchant.

Il faut que les jeunes réaffirment qu’ils sont fiers de notre pays, fiers de notreculture, fiers de notre civilisation occidentale et qu’ils en sont les héritiers, mêmes’ils ne savent pas trop comment exprimer cela dans le monde nouveau. Il nefaut en aucun cas y renoncer, il faut repartir de nos fondamentaux.

Entretien avec

L ’Action Universitaire - page 3

Entretien avec : p.1-3

Denis Tillinac

Page de gauche p.4

Spéciale SuperZéros

Page de droite p.5

LivresLe dictionnaire du Pr. Rougeot

Education p.6

Projet PS, l’école au service de l’égalitarisme

Des nouvelles de l’UNI p.7

BrèvesEn ImagesHistoire d’affiche

En campagne p.8

Pétition contre la suppression des notes

On n’a pas à faire patauger un peuple dans la culpabilité et la repentance sinon il devient méchant. “

Page 4: Action Universitaire - Mai 2011

Page de gauche...

A un an des présidentielles, les principaux ténorssocialistes se sont lancés dans une vaste opération deséduction en direction de la jeunesse. Martine Aubrycite désormais des rappeurs et François Hollandeondule au festival de Bourges, tout semble bon pourfaire "jeune" et faire oublier du même coup que lespropositions du PS ont dépassé depuis longtemps leurdate de péremption avec notamment le retour desemplois jeunes de 1997 ou l’allocation d’autonomie qui,sous une forme ou sous une autre, est présente, depuis1936, dans les programmes de la gauche.

Une fois encore, l'assistanat est proposé à la jeunessecomme un horizon indépassable. Alors, parce qu’il vautmieux en rire qu’en pleurer, l’UNI a lancé, au début dumois d'avril, un nouveau site satirique : les SuperZéros.Ce site offre un regard "très personnel" sur les proposi-tions et les déclarations des principaux SuperZéros duPS.

En 2007, l'UNI avait été à l'origine du site internet"PaslesRoyal". Ce site, en relatant quotidiennement lesbourdes de Ségolène Royal, avait séduit plus de 4 mil-lions de visiteurs uniques en trois mois. Il avait été aussil'un des premiers à révéler l'existence de la SCI laSapinière. Les SuperZéros essaieront de faire encoremieux, car ils rêvent de gouverner la France. Leurrêve pourrait devenir votre pire cauchemar.

12 000 visiteurs

uniques ontfréquentéle site des

SuperZérosle jour de sonlancement.

D$K, le Dr Gang Banque

Au FMI, D$K a ap-pris à maîtriser le fa-buleux pouvoird’Adam Smith : « la

main invisible » , mais aux dires despetites stagiaires du FMI, lui, l’uti-lise d’une façon très personnelle.

L ’Action Universitaire - page 4

Mélenchien

C’est le toutou à tout faire du PS.Il aboie fort et fait peur aux

journalistes, mais savéritable mission consiste

à ramener les électeurs égaréssur les terres de Besancenot.

Wonder Ségo

Née suite à une expérience gé-nétique ratée, Wonder Ségo,

c’est :

50 % Bécassine, 50 % Ségo 100 % Royal

Super Moyen

Tout chez lui est moyen : taille,charisme, intellect, carrière… Paradoxalement, ses chances

d’accéder à une hautefonction sont, elles, très en

dessous de la moyenne.

Dark Hamon

Il incarne le côté obscur duPS. Son obsession :

l’égalité, jusqu’à la misère.

Son arme : l’impôt ! Avec lui, ça va taxer !!!

Les SuperZérossont sur

Facebook.

Vous pouvezsuivre leurs

aventures sur laFanpage des SuperZéros,

mais aussi sur lespages de chacun

de nos Zéros.

C’est dans FlopSanté que SuperMoyen a pré-senté son projet,enfin son régimepour la France. `

“Pour brûler lesrichesses, fairefondre leséconomies etfaire disparaîtreles emplois “superflus”, le régime socialistereste le plus effi-cace.”Lire la suite de l’in-

terview sur le site desSuperZéros

L’Incroyable Martine.

Avec sa carrure et son teintverdâtre, tous ont cru qu’elle

était la fille de l’IncroyableHulk. Voilà, commentelle est devenue la chef

des SuperZéros.

Parce qu’il vaut mieux en rire qu’en pleurer !

Les personnages

Page 5: Action Universitaire - Mai 2011

... Page de droite

Lauréat 2011,du prix du"livre incor-rect", ce jour-nal impoli estun voyage àtravers le

siècle, le gotha, lapolitique, la littérature, laFrance … Chaque page estl'occasion de rencontres.Orson Welles, AntoineBlondin, Marcel Aymé,Winston Churchill,Roger Nimier, Louis-Ferdinand Céline …. ,Christian Millau fait lesprésentations et livreanecdotes, coups de cœuret coups de griffes avec lemême bonheur. Christian Millau, Journalimpoli, un siècle au galop2011-1928, Editions du Ro-cher, 717 pages, 29,90 €

Bien organisés,avec des relaisà tous lesniveaux del'Etat, lesfonctionnairessont devenus le

lobby le plus puissant deFrance. Agnès Verdier-Molinié, directeur del’IFRAP, a analysé lesfondements de ce pouvoirqui leur a permis de faireéchouer bien des réformes.A quelques mois de laprésidentielle, cet essaiappelle à une "nuit du 4août, mettant fin au statutde la fonction publique".A lire !

Agnès Verdier-Molinié, lesfonctionnaires contre l'Etat,édition Albin Michel, 205pages, 17 €

CitoyenIl n’y a pas très longtemps encore, ce motsemblait clairement et solidement établi dansla langue française. Grammaticalement, c’étaitun substantif, un nom commun et l’adjectifcorrespondant était civique. Un citoyenfrançais était – et est encore – un ressortissantde ce pays, de cette entité politique et insti-tutionnelle qu’on appelle la France. Il détientles droits et est soumis aux devoirs inhérents àcette nationalité. Voter est pour lui un devoircivique. Une condamnation infamante le privede ses droits civiques. L’instruction civique viseà former de bons citoyens.

Or, depuis quelques décennies, ces deux mots,dans leur sens véritable, ont quasiment disparudu langage politico-médiatique. On ne parle àpeu près plus des citoyens français en tant quetels, on s’adresse encore moins à euxdirectement. C’est sans doute que, en le faisant,on aurait le sentiment de se rendre coupablede ce péché capital qu’est la discrimination etde laisser à l’écart les personnes qui se trouventsur notre sol sans avoir la qualité de citoyensfrançais. Quant à civique, cet adjectif semblede plus traîner après lui des relents de moraleet de patriotisme qui répugnent spontanément

aux bobos et à leurs émules.

Pourtant, comment expliquer que le motcitoyen soit employé à profusion dans levocabulaire politico-médiatique et qu’il y soitmême du dernier chic ? C’est que, sous lamême étiquette, on nous fait gober un contenuqui n’a plus grand-chose à voir avec le senspremier. Il s’agit là d’un dérapage véritable,contrairement à ceux qu’il est de bon ton dedénoncer. Le mot a changé de catégoriegrammaticale, il est devenu adjectif : on parled’un geste citoyen, d’un comportementcitoyen. Et surtout, il a perdu toute relationavec une quelconque réalité nationale, et à plusforte raison patriotique. Il est pris dans le sensvague de «conforme aux commandements dela nouvelle religion écolo-compassionnelle ».Ainsi, vous ferez un geste citoyen si vous signezune pétition en faveur des délinquantsclandestins généralement appelés « sans-papiers » (sans obligation de les héberger, bienentendu). Mieux encore, vous mériterez lamédaille du comportement citoyen si, chaquejour, vous pratiquez scrupuleusement le « trisélectif » de vos ordures. L’urne était le sym-bole du devoir civique, la poubelle est celuidu comportement citoyen. On n’arrête pas leprogrès.

Retrouvez d’autres définitions sur notre site : uni.asso.frDérapage / Populisme / Républicain /

Parité / Diversité

L ’Action Universitaire - page 5

Livres Nicolas Sarkozy rejoint nos positions sur le communautarisme

Alors que l’UNI milite depuis longtemps contre lecommunautarisme, nous sommes heureux que lePrésident de la République ait eu un discours très clairsur ce sujet rappelant quelques principes pour éviterl’éclatement de la communauté nationale :

« La vérité, c’est que dans toutes nos démocraties, on s’esttrop préoccupés de l ’identité de celui qui arrivait et pasassez de l ’identité du pays qui accueillait. […]

Bien sûr qu’il faut respecter chacun dans ses différences, c’esttout à fait normal. Mais nous ne voulons pas, en tout cas cen’est pas le projet de la France, une société où lescommunautés coexistent les unes à côté des autres. Si onvient en France, on accepte de se fondre dans une seulecommunauté qui est la communauté nationale. Et si on neveut pas accepter ça, on ne peut pas être le bienvenu enFrance. »*. C’est dit !

* Emission Paroles de français - 10 février 2011

Les deux dernières campagnesd’affiches de l’UNI

Page 6: Action Universitaire - Mai 2011

Education

En

Ima

ge

s

Une centaine d’éluslycéens ont partcipéaux formations propo-sées par l’UNI Lycée

Le 11 décembre 2010, les socialistesont adopté leur projet pour l'égalitéréelle, qui pose l'égalité comme lemoyen et la fin de leur politique. Dèslors, l'éducation devient un simpleoutil de lutte contre les inégalités etla transmission du savoir est rangée,aux côtés de la notation et du redou-blement, au rayon des “pratiques ar-chaïques et autres préoccupationsréactionnaires”.

Pour atteindre cette égalité “pure etparfaite”, les socialistes s’engagent àéradiquer toutes les sources d’inégali-tés, au premier rang desquelles setrouve, la Famille. Le fait que cer-taines familles soient plus impliquéesque d'autres dans l'éducation de leursenfants, constitue une rupture d’éga-lité. Le PS propose donc de traiter ceproblème à la racine, en réorientantl'ensemble des aides publiques desti-nées à la garde des jeunes enfants(allocation ou crédit d'impôt favori-sant la garde individuelle des enfants

de moins de deux ans) vers des modesde garde collectifs.

Tous les élèves ne sont pas égalementdoués. Voilà, une autre source dediscrimination. Le fait que certainsréussissent mieux que d'autres serait,pour les rédacteurs du projet socia-liste, source "de stress et de compétition".Noter les élèves s’apparenterait ainsi àune forme de maltraitance sadique.Le PS propose donc de limiterdrastiquement le nombre de redou-blements et de remplacer à terme lesnotes par des évaluations pluspositives. (cf. campagne page 8)

Enfin, la troisième source d'inégalitésà laquelle l'école doit s'attaquer estcelle liée aux préjugés. Les préjugéssont des "mécanismes de rejet, de domi-nation, qui persistent dans l'inconscientcollectif. […] En agissant sur les repré-sentations, la puissance publique disposed'un levier fort pour transformer l'éga-lité formelle en égalité réelle. L'éducationdoit permettre de déconstruire les préju-gés. " Transformer la réalité en agis-sant sur les resprésentations !Existe-t-il meilleure définition de lapropagande ?

Dans cette lutte contre les préjugésqui agacent tant les socialistes, l'écoleest forcément en première ligne. C’estpourquoi :

> "des modules permettant d'appré-hender les mécanismes de dominationet de les déconstruire avec les élèves se-ront intégrés à la formation initiale desenseignants". Savoir lire, écrire,compter et déconstruire. Voilà, lenouveau socle commun proposé parles socialistes.

> Des cours d'éducation sexuelle se-ront rendus obligatoires pour tous lesélèves dès 6 ans, afin notamment delutter contre les préjugés de genre etles stéréotypes sexistes, homophobeset transphobes. La transphobie est-elle à ce point répandue chez les en-fants de 6 ans ?

> Enfin, les manuels scolaires de-vront être revus afin qu'ils ne véhicu-lent aucun de ces stéréotypes, et qu'aucontraire ils puissent insister sur "larichesse et la diversité de l'Histoire deFrance qui s'est construite par les apportsde l'étranger." Quitte à réécrire cer-tains évènements historiques pourmieux servir le dogme multicultura-liste.

Avec ce texte sur “l’égalité réelle” quiconstitue le fondement de leur projetpour 2012, les socialistes instru-mentalisent l’Ecole et la transfor-ment en simple camp derééducation au service de leuridéologie égalitariste.

Projet PS sur l'éducation, l’école au service de l’égalitarisme

Convergence régionale à Orléans les4 et 5 mars

L ’Action Universitaire - page 6

Page 7: Action Universitaire - Mai 2011

Des nouvelles de l’UNI

L’UNI Lycée devientla deuxième organisa-tion lycéenne.

En décembre, l’UNI-Lycée remportait 10sièges (sur 30) auConseil National de laVie Lycéenne, les résul-tats du CSE viennentconfirmer cette ten-dance. Avec 16% dessuffrages exprimés,l’UNI-Lycée termineseconde juste derrièrel’UNL et passe devantla FIDL.

Le nouveau journalinternet Atlantico apublié une tribuned’Olivier Vial sur lesprogrammes d’écono-mie au lycée.

CNESER Enseignant.L’UNI conserve sonsiège.

C’est le Pr. Frances,d’Aix-Marseille 2, quia été élu au CNESERdans le collège A.L’UNI n’obtient pas desiège dans le collègedes maîtres de confé-rences malgré un scoreplus élevé qu’en 2007.

Pour l’Express, les 150 000 signatures recueillies par la péti-tion de l’UNI poursoutenir Eric Zem-mour sont la preuve del’aura du chroniqueur.

12 mai

Audition par leHaut Conseil à

l’Intégration sur laquestion de la

laïcité.

Alors que Martine Aubry affirme que l’action des socialistes s’inscritdans la “lignée de François Mitterrand”, que les hagiographies semultiplient pour célébrer l’anniversaire du 10 mai 1981, il devienturgent de rappeler que “Tonton” n’était pas le héros que les socialistesessaient aujourd’hui de nous vendre. La réécriture de l’Histoire ades limites.

L’UNI avait très tôt cerné le personnage, comme en atteste cetteaffiche éditée en 1981, à l’occasion de la campagne présidentielle.Elle insistait de façon prémonitoire sur le côté falsificateur ettrompeur de Mitterrand. D’autres slogans avaient aussi été utilisésau cours de la campagne : “Mitterrand, le Marchais des Dupes”, “Lesjeunes ont un avenir, Mitterrand a un passé”. Et quel passé !

“La prétendue “génération Mitterrand” est sans doute, pour l’essentiel,une sorte de génération soixante-huit, les pavés en moins, le cynisme oul’aigreur en plus”. Voilà le bilan qu’en dressait Jacques Rougeot dansla Voie droite (1988). Que les ténors socialistes se revendiquentencore de cette génération, cela n’a finalement rien d’étonnant !

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UNI / SOS Racisme

L’UNI a porté plainte endiffamation contre SOSRacisme. Une audiences’est tenue le 2 mai. Lejugement a été mis endélibéré jusqu’au 20 juin.

25 mai

Le CERU organise uncolloque sur “l’Ecolede la transmission”. Renseignements au

01 78 16 40 30

29 mai

ConvergenceRhône-Alpes de

l’UNI. Réunion de

formation militante.

Revue de Web

Chaque jour, lesmilitants del’UNI sélection-nent dans l’ac-tualité lesinformations lesplusimportantes. Pour recevoircette sélection,remplissez lecoupon page 8.

Conférence deBruno Beschizzasur la sécurité à

Nîmes

Formation au militantisme surInternet les 2 et 3 avril.

Vidéo avec Hervé Mariton,qui fut l’invité

des Cercles de l’UNI

L ’Action Universitaire - page 7

Page 8: Action Universitaire - Mai 2011

L’Action

UNIversitaire34 rue Emile landrin 92100 BoulogneTel : 01.78.16.40.30 Fax : 01.78.16.40.31

Vos réglements sont à faire par chèque à l ’ordre de l ’UNI

Ah ! Laissez-nous respirer !Contre la censure des bien-pensants.

Pr. Jacques Rougeot

Le Mur de Berlin n’est pastombé tout seul.

Olivier Vial etInès Charles-Lavauzelle

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En campagne

Les adeptes de la suppressiondes notes mènent, depuis plu-sieurs mois, une véritable

offensive pour convaincre la classe politique et les acteurséducatifs (syndicats d’enseignants et de lycéens, association deparents d’élèves), de la nécessité d’assouplir l’évaluation desélèves et de supprimer la notation chiffrée. Le Parti socialistedans son projet 2012 se prononce, d’ailleurs, dans ce sens.

Directement inspiré par les théories de la Nouvelle éducationqui avaient prospéré dans les années 70, leur objectif est de rem-placer l’évaluation des connaissances par une évaluation centréeuniquement sur les compétences et les comportements.

Pour discréditer l’usage des notes à l’école, les hérauts du« pédagogiquement correct » multiplient les caricatures (« lesnotes sont aléatoires », « les notes favorisent les riches »), lesraccourcis (« les notes sont responsables de l’échec de nombreuxélèves », « les notes sont responsables du stress des enfants ») etles contre-vérités (« tous les pays développés abandonnent lesystème de notation »).

Aucun de ces arguments ne repose sur la réalité, mais leurpropagande est souvent efficace.

C’est pourquoi nous ne devons pas prendre ce sujet à la légère. Face à une minorité agissante qui essayed’imposer ses théories « pédagogistes », nous devons nous mobiliser et faire entendre la voix de ceux quirestent attachés à des notes garantes d’une évaluation sérieuse et objective, ainsi qu’à l’école comme lieu detransmission du savoir.

Signez la pétition contre la suppression des notes en remplissant le coupon ci-dessous.

Pétition contre la suppression des notes

Va-t-on progressivement remplacer les notes par des Smileys ?