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EXPOSE DES SLC DAYS 1 UNIVERSITE ALASSANE OUATTARA UFR Communication, Milieu Et Société Département des Sciences du Langage et de la Communication Les journées de promotion des étudiants en Sciences du Langage et de la Communication La commission scientifique

Apport de la communication sensible dans le processus de réconciliation en Côte d’Ivoire

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EXPOSE DES SLC DAYS

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UNIVERSITE ALASSANE OUATTARA

UFR Communication, Milieu Et Société

Département des Sciences du Langage et de la Communication

Les journées de promotion des étudiants en Sciences du

Langage et de la Communication

La commission scientifique

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Sujet 5 :

Apport de la communication sensible dans le processus de

réconciliation en Côte d’Ivoire

Présenté par

GOUGOU Michel, Master 2 Communication des organisations

GBAZEKE Claver, Master 2 Linguistique

KOUAME N’Dah Sabine, Licence 3 Sciences du Langage et de

la Communication

RESUME

La réconciliation en Côte d’Ivoire est une nécessité pour le développement

durable et l’émergence de ce pays. Dans cette dynamique de résolution des

séquelles psychologiques et sociales liées aux précédents conflits militaro-

politiques, les politiques de l’Etat et des ONG semblent confrontées à de

nombreuses difficultés mettant à mal la réalisation de ce projet.

Dans ce cas de figure, une nouvelle stratégie de communication doit être

associée à l’action conjointe de l’Etat et des structures en charge du processus de

réconciliation nationale pour faire face à la fracture sociale. Dans cette

perspective, le déploiement du projet de communication sensible élaboré à l’issue

de cette réflexion est une opportunité pour réussir la réconciliation en Côte

d’Ivoire.

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I. INTRODUCTION

La Côte d’Ivoire retrouve progressivement sa quiétude après une décennie de

crise socio-politique et militaire qui a ébranlé sa stabilité enviée par toute

l’Afrique entière.

Le retour définitif de la paix en Côte d’Ivoire, la restauration d’un climat de

confiance et la consolidation de la cohésion sociale entre les Ivoiriens quelque soit

leur appartenance ethnique, religieuse et politique, exigent une réconciliation

nationale véritable.

Après la crise postélectorale qu’a connue la Côte d’Ivoire, le pays s’est

désormais inscrit dans une perspective de reconstruction, de réconciliation et de

consolidation de la paix. Cette dynamique intéresse toutes les couches sociales

Toutefois, ce processus de paix nécessite une communication transversale à

court, moyen et long terme en raison des obstacles qui se posent. LECLERC

l’illustre en ces termes : « La paix n'a de sens et d'utilité que si elle est envisagée

comme un équilibre dynamique au service de l'évolution humaine »1.

Cette dynamique doit prendre en compte les insuffisances des projets mis en

œuvre afin de relancer le processus. Les difficultés actuelles relèvent

essentiellement de l’influence mitigée des politiques, medias et population. Cette

situation met en péril ce processus de réconciliation et par là constitue un frein à

la cohésion sociale.

Conscient, de la nécessité de réconcilier les ivoiriens, SEM Alassane

OUATTARA a signé l’ordonnance N° 2011-167 du 13 juillet 2011 instituant la

Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation (CDVR) dont la mission est

d’œuvrer en toute indépendance au renforcement de la cohésion sociale et à la

réconciliation entre toutes les communautés vivant en Côte d’Ivoire.

Cependant la création de la Commission Dialogue , Vérité et

Réconciliation pour revisiter les crises successives qui ont dominé la vie politique

ivoirienne durant ces dernières années pour enfin, bâtir une Côte d’Ivoire nouvelle

1COLLOQUE INTERNATIONAL SUR LA RECONCILIATION NATIONALE « Participation de la Société Civile Ivoirienne au processus de Réconciliation Nationale »

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éprise de justice, de tolérance et de liberté reste insuffisante vue l’ampleur du défi

à relever.

Pour accompagner ce processus de réconciliation, d’autres acteurs dont la

Coalition de la Société Civile pour la Paix et le Développement Démocratique en

Côte d’Ivoire, les partenaires internationaux ainsi que la jeunesse occupent

l’espace public pour communiquer sur la réconciliation nationale.

En notre qualité d’étudiants, futurs chercheurs en Sciences du Langage et de

la Communication, cette situation est digne d’intérêt pour proposer des solutions

dans la perspective de favoriser le processus de réconciliation nationale. Notre

analyse critique de cette situation vise à contribuer au succès de cette

réconciliation.

Ce présent travail prend en compte une approche théorique des concepts, puis

une présentation du projet d’apport de la communication sensible au processus de

réconciliation en Côte d’ivoire.

I. ANCRAGE THEORIQUE

1. PROBLEMATIQUE

La Côte d’Ivoire, depuis la fin de la décennie 90 est confrontée à une

turbulence socio-politique ayant engendré un conflit politico-militaire qui mit à

mal la cohésion sociale. L’une des raisons majeures en est l’incompréhension et

le climat de méfiance délétère entre les acteurs politiques et les populations. Les

conséquences de cette méfiance subsistent et sont clairement perceptibles à travers

la presse mais aussi les interactions sociales. « En Côte d’Ivoire, la crise post-

électorale a exacerbé la fracture sociale qui existait auparavant. Elle a mis aux

prises plusieurs communautés qui vivaient déjà dans un climat de méfiance »2

Alors depuis 2011, une campagne de réconciliation nationale a été mise en

œuvre par le gouvernement et des ONG pour lutter contre la fracture sociale et ses

2 Jean-Jacques KONADJE, le 1er janvier 2012, Konadje/Diploweb.com

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effets négatifs sur le développement du pays. Toutefois, la communication

déployée par ces structures semble limitée en raison de l’étendue des tâches à

réaliser et la persistance de tensions politiques et sociales. Or faute d’une

communication appropriée, la réconciliation nationale en Côte d’Ivoire est mise

en péril et cela est un indicateur menaçant la cohésion sociale. En ce sens, les

Sciences du Langage et de la Communication, en tant que discipline, disposent de

plusieurs stratégies de gestion de crise et régulation de l’ordre sociale par une

communication de changement de comportement en situation sensible. Elle est

alors adaptée à la stratégie de gestion des crises dans l’ensemble des organisations

dont la société et les institutions humaines. Dans ce cadre se situe notre question

centrale :

Dès lors, quel peut être l’apport de la communication sensible dans le

processus de réconciliation en Côte d’Ivoire ? Comment peut-on l’appréhender ?

Quels sont les outils pour sortir le pays de cette crise ?

2. OBJECTIFS

Cette étude vise à mettre en œuvre un projet de communication sensible

pour contribuer au renforcement de la cohésion sociale et de la réconciliation

nationale en Côte d’Ivoire.

De façon spécifique, il s’agit de :

Présenter l’apport de la communication sensible dans la gestion des

turbulences en société ;

Proposer un projet de communication sensible pour renforcer le capital

social et promouvoir la confiance afin de créer un environnement

favorable à la réconciliation en Côte d’Ivoire.

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3. DÉFINITION CONCEPTUELLE

3.1 COMMUNICATION SENSIBLE

L’on peut retrouver l’appellation «Communication sensible» dans les

années 80 et 90, c’est véritablement à partir des années 2000 et de la création de

l’Observatoire International des Crises que le terme sera formellement reconnu.

Selon Thierry LIBAERT, « La communication est d‘abord définie sous

cette dénomination parce que son thème est « sensible » aux yeux de l’opinion.

C’est prioritairement en raison de la perception par l’opinion publique des

thèmes couverts par le risque, le sujet polémique, l’acceptabilité ou la crise que la

communication peut être qualifiée de sensible. »3

Le recours à des outils de communication bilatérale et linguistico-

sémantique non-violents est une voie idéale pour le succès de cette

communication sensible et renforcer la cohésion nationale. Tel est le cas de la

communication sensible. Toujours selon Thierry LIBAERT, « la communication

sensible, est apparue au début du 21ème siècle pour s’imposer actuellement »4.

Ce concept nouveau est venu pallier les insuffisances de la communication

classique de crise, perceptibles par l’obsolescence des principes de base de la

communication de crise

Jetons alors un regard sur la communication de crise pour mieux cerner ce

nouveau concept.

Communication de Crise

Du même auteur, « Bien gérer une crise consiste principalement à bien

communiquer […]. La crédibilité des actions menées pour gérer la crise dépend

souvent de la façon que ces actions sont communiquées. […] Au tribunal de

3Thierry Libaert La communication sensible, nouvelle discipline de communication

organisationnelle, p.3 4Thierry Libaert La communication sensible, nouvelle discipline de communication

organisationnelle, p10

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l’opinion publique, convaincre de la légitimité et du bien-fondé de son action

reste en somme la priorité »5

La communication de crise désigne l’ensemble des stratégies et des

moyens de communication mis en place pour permettre à une organisation (1)

d’établir les faits, (2) d’expliquer les actions prises dans l’immédiat et (3) de

démontrer comment elle s’engage à corriger la situation pour accélérer le retour à

la normale et préserver les relations de confiance avec ses parties prenantes.

Cette définition met d’abord l’accent sur le volet communicationnel (et

non opérationnel) de la gestion de crise. Elle a le mérite d’englober trois éléments

cruciaux en communication de crise par le biais d’un ordre chronologique :

• qu’est-ce qui se passe (les faits) ;

• qu’est-ce qu’on fait (les actions) ;

• comment on compte mettre fin à la crise (les engagements).

Les deux premiers éléments font partie de la communication d’urgence (un

sous ensemble de la communication de crise).

Le troisième et dernier élément comprend le ou les engagements de l’organisation

pour résorber, corriger et mettre fin à une crise.

La communication sensible est ainsi une forme de communication de crise

qui allie relations publiques et communication non violente pour favoriser la

gestion des conflits et instaure un climat de confiance entre les interlocuteurs.

3.2 CRISE

Hermann affirme qu’ « Une crise est une situation qui menace les buts essentiels

des unités de prise de décision, réduit le laps de temps disponible pour la prise de

décision, et dont l’occurrence surprend les responsables. »6

Cette définition est actualisée par Regester et Larkin, pour qui la crise est

« Un événement qui conduit l’organisation à devenir le sujet d’une attention

défavorable des médias et/ou d’autres groupes extérieurs comme les actionnaires,

les politiciens, les syndicats et les groupes de pression environnementaux, qui

5Libaert, 2003, p.134 6Hermann, 1972, cité dans Lagadec, 1991, p.51

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pour une raison ou une autre, ont un intérêt dans les comportements de cette

organisation. » 7

Une crise est alors une situation de vulnérabilité pouvant résulter, entre

autres, d’un incident, d’un accident ou d’une décision menaçant l’intégrité et la

cohésion au sein d’une société ou organisation. Elle peut affecter ou

compromettre la continuité d’une société ainsi que la qualité de ses relations avec

ses parties, suscitées auprès de l’opinion publique et des médias, une perception

de doute et de perte de contrôle pouvant ébranler la cohésion sociale.

Dans ce travail, le terme crise fait référence à une fracture ou dissonance

cognitives constituant un obstacle à l’harmonie et la confiance entre des personnes

ou entités.

3.3 RECONCILLIATION

La réconciliation, selon le dictionnaire Encarta® 2009 est un nom

commun féminin désignant le « rétablissement et entre plusieurs personne en

mauvais terme. Ce terme s’accompagne généralement des concepts pardon et

tolérance.

L’International Institute for Democracy and International Assistance

(IDEA) définit la « réconciliation comme un processus global incluant des

instruments clés tels que la justice, la vérité, la cicatrisation et la réparation afin

d’assurer la transition d’un passé divisé à un avenir commun »8. Au regard de

cette définition, la réconciliation nationale apparaît comme un but, c’est-à-dire

quelque chose vers quoi on tend pour un mieux-être collectif impliquant la

tolérance.

La tolérance.

A cet effet VOLTAIRE, asserte que, « Qu’est-ce que la tolérance ? C’est

l’apanage de l’humanité. Nous sommes tous pétris de faiblesses et d’erreurs ;

7[Traduction libre] REGESTER et LARKIN, 2005.

8IDEA, La réconciliation après un conflit violent, idea.int/publications/reconciliation/upload/policy_summary_fr.pdf

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pardonnons-nous réciproquement nos sottises, c’est la première loi de la

nature»9.

Pour le philosophe Jean-François REVEL, « La tolérance n’est point

l’indifférence, elle n’est point de s’abstenir d’exprimer sa pensée pour éviter de

contredire autrui, elle est le scrupule moral qui se refuse à l’usage de toute autre

arme que l’expression de la pensée»10.

Le pardon

Dans ce cadre, notons que le pardon est « une action par laquelle on

renonce à garder une rancune ou du ressentiment envers une personne qui a

commis une faute, un tort, une offense à son égard »11.

Dans cette réflexion, retenons que la réconciliation est un processus, une

quête nécessaire et permanente pour favoriser la cohésion nationale en Côte

d’Ivoire et endiguer la fracture sociale actuelle.

II.DYNAMIQUE DE LA COMMUNICATION POUR LA

RECONCILLIATION EN CÔTE D’IVOIRE

La nation ivoirienne a eu de graves conséquences politiques, économiques

et sociales qui sont un défi à relever par tous à travers des efforts de restauration et

de reconstruction. Dans ce contexte, la réconciliation apparait comme « un

processus incontournable devant permettre aux ivoiriens de revivre dans la

concorde après cette crise post-électorale qui a mis le tissu social ivoirien en

lambeau »12.

2.1 Quelques structures en action pour la réconciliation

ADDR (Autorité pour le Désarmement, Démobilisation, Réinsertion) ;

CNDVR (Commission Nationale Dialogue Vérité Réconciliation) ;

ONUCI (Organisation des Nations Unis en Côte d’Ivoire)

9 Dictionnaire philosophique / Garnier 1967 < p.401 >

10 Contre censures / Robert Laffont - Bouquins 1997, p.583

11 Microsoft® Encarta® 2009. 12 Jean-Jacques KONADJE, le 1er janvier 2012, Konadje/Diploweb.com

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United states institute of peace ;

Troisième édition des Assises de la Jeunesse du 28 octobre au 1er Novembre

2013.

2.2 Analyse pertinente des résultats

La réconciliation nationale est un processus transversal dans le court,

moyen et long terme. Les insuffisances relevées ici sont essentiellement à titre

indicatif.

Le traitement médiatique de l’information révèle la fracture

Lors du panel sur le thème « médias et démocratie », il ressort des

travaux « que les professionnels des médias sont très peu enclins au respect des

règles déontologiques. En témoigne l’exacerbation de la violence, l’incitation à la

haine et à l’incivisme»13.

Analysant ce point, Monsieur KEBE Yacouba14 a indiqué que la presse

ivoirienne est globalement restée partisane.

Or les médias ont une forte influence en Côte d’Ivoire et un rôle évident

dans la promotion de la paix et de la réconciliation nationale. Hélas, leurs

publications révèlent des zones de tension faisant obstacle au processus de

réconciliation. Or l’une de leurs responsabilités est d’éduquer le public, de

promouvoir le soutien pour les efforts de paix parmi les Ivoiriens et de produire

autant que possible des reportages fidèles à la réalité. En outre, ce malaise social

est perceptible par le contraste déontologique qui est d’avoir un comportement

responsable et conforme à l’éthique, garder leur indépendance et défendre les

droits du public.

13COLLOQUE INTERNATIONAL SUR LA RECONCILIATION NATIONALE « Participation

de la Société Civile Ivoirienne au processus de Réconciliation Nationale »

14Président du Fonds de Soutien et de Développement de la Presse (FSDP)

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III.RECOMMANDATIONS : PROGET COMMUNICATION

SENSIBLE

Dans son ouvrage, Le tigre et l’araignée Les deux visages de la violence, Olivier

CLERC souligne que « Le langage est par excellence le véhicule premier de la

communication et donc un des moteurs privilégiés des relations sociales ». De

cette pensée découle nos recommandations.

1. Contexte

La réconciliation en Côte d’Ivoire est une nécessité pour le développement

durable et l’émergence de ce pays. Dans cette dynamique de résolution des

séquelles psychologiques et sociales liées aux précédents conflits militaro-

politiques. Il s’agit dans ce projet d’intervention, de renforcer le capital social et

de promouvoir la confiance entre les communautés afin de créer un

environnement favorable au retour et à la stabilisation géographique des

populations par le recours à la communication sensible..

2. Considérations stratégiques

Relations publiques ;

Communication non Violente (CNV).

3. Objectifs

Contribuer au renforcement de la cohésion sociale et de la réconciliation

nationale ;

Renforcer le capital social et promouvoir la confiance afin de créer un

environnement favorable à la réconciliation.

4. Publics cibles

Institutions politiques ;

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Médias ;

Population et société civile.

Messages

Le message sera focalisé sur une communication non violente (CNV) dans un

dialogue permanant afin de favoriser la compréhension mutuelle et désamorcer les

préjugés pour dynamiser le processus de réconciliation nationale. Les émetteurs

doivent construire leurs énoncés autour de cet outil de communication.

La démarche de la CNV

La CNV possède 4 composantes :

Une observation ;

Un sentiment :

Un besoin :

Une demande.

Dans un premier temps, j’observe une situation. Ensuite, je prends en compte

les sentiments qu’éveille cette situation. Puis, je regarde les besoins qui sont liés à

ces sentiments. Et enfin, je regarde ce que je pourrais demander concrètement

pour satisfaire ces besoins

5. Tactiques et outils

La tactique

Au niveau tactique, notre projet prendra en compte les moyens des relations

publiques et communication pour le changement de comportement afin

d’instaurer un dialogue permanent avec les populations à réconcilier. Nous avons

alors adopté une stratégie différenciée en segmentant notre cible en 3 strates :

politique, medias, population/société civile.

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a. Au niveau des Institutions politiques

Entretenir un dialogue permanant bidirectionnel symétrique entre les

parties prenantes (ne pas exclure le public polémiste) pour une

compréhension mutuelle ;

Ecouter attentivement pour faciliter la compréhension mutuelle et le

consensus dans le but de faciliter la réconciliation nationale ;

Renforcer les capacités des organisations de jeunesse sur les notions de

civisme, de l’intégrité, et de la promotion de la citoyenneté ;

Promouvoir la culture associative et la tolérance ;

Ne pas nier la situation de crise, mais adopter la transparence par la vérité

de l’information diffusée entre interlocuteurs ;

Organiser un dialogue national en vue de résoudre les problèmes moins

compliqués au niveau populaire.

b. Au niveau des médias

Organiser des rencontres de formation des acteurs de la communication

sur la CNV et les techniques de gestion d’une communication sensible

pour réussir la réconciliation ;

Sensibiliser et former les patrons de presse et des médias de masse à la

communication non violente et la réconciliation ;

Renforcer l’efficacité des organes de régulation par un counseling en

communication sensible.

c. Au niveau de la population et de la société civile

Nous adoptons trois (3) types de communication afin de mieux atteindre notre

public cible et l’inciter à la cohésion.

Communication individuelle

Prise en charge des victimes par une écoute attentive ;

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Motiver les responsables et leaders socio-culturels à adopter une

communication non violente dans leurs déclarations et relation avec leurs

publics.

Communication par petits groupes

Former des équipes de médiateurs et négociateurs instruits à la CNV pour

entretenir le dialogue avec les populations et les encourager à adhérer à la

réconciliation ;

Vulgariser les bonnes pratiques en matière de promotion de la paix et de la

réconciliation à travers des rencontres entre acteurs de la société civile ;

Sensibiliser et informer des différentes communautés sur les outils de

dialogue et règlement de différents par une médiation menant à la

réconciliation ;

Instaurer des comités de veille pour anticiper l’évolution de la situation et

favoriser la gestion des crises liées à la fracture sociale pour faciliter la

réconciliation nationale.

Communication de masse

Utiliser les mass médias pour vulgariser la communication non violente et

emmener les populations à se l’approprier ;

Transmission des valeurs du dialogue permanant et de la communication

non violente afin de faire adopter un comportement nouveau et moins

revanchard par les populations concernées ;

Vulgariser la tolérance et inciter les populations à la réconciliation par des

spots publicitaires, téléfilms ou affiches à cet effet.

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LES OUTILS

Outils d’action par les relations publiques

Les relations publiques ou la stratégie de confiance sont une approche

systémique des relations transversales par le recourt aux supports hors

médias.

Publics Supports Objectifs

Institutions

politiques

Séminaires /colloques ;

Rencontre de concertation ;

Conférence de presse ;

Favoriser le dialogue

politique

Medias Séminaires /colloques sur la CNV

Rencontre de concertation sur

l’apport des médias dans la

réconciliation ;

Voyage de presse ;

Déjeuner de presse ;

….

Inciter les acteurs des

médias à s’intégrer au

processus de

réconciliation par une

communication non

violente.

Populations

et

société civile

Séminaires /colloques de

réflexion ;

Conférence de presse ;

Rencontre de concertation ;

Manifestations

intercommunautaires ;

lobbying

Faire adhérer la

population et la

société civile aux

projets de

réconciliation.

Les outils de la CNV

Selon Marshall ROSENBERG, la communication non violente (abrégée en

CNV), est un moyen de communiquer qui favorise un échange authentique.

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Apprendre à diriger son attention

Pour appliquer ce mode de communication, nous devons être plus attentifs aux

mots que nous utilisons, ainsi qu’à ce que dit notre interlocuteur. Avec la CNV,

nous apprenons à exprimer nos besoins profonds et à entendre ceux des autres

sans recourir à la violence langagière.

La liste des questions de contrôle

1. Quel événement déclenche l’envie de s’exprimer chez l’un et chez l’autre ?

2. Quelles émotions sont éveillées en chacun ?

3. Quels besoins personnels génèrent ces émotions ?

4. Quelles actions spécifiques chacun souhaite-t-il accomplir (ou voudrait-il

qu’autrui accomplisse), maintenant ?

Les trois recommandations en CNV

1. Décrivez les faits − Ne collez pas d’étiquettes et ne faites pas la morale ;

2. Mettez en lumière les sentiments et les besoins − Evitez les reproches ou

l’attitude défensive ;

3. Demandez les actions.

Pour Wayland MYERS « L’important est ceci : les portes de la

communication sont ouvertes, et le dialogue peut se poursuivre»15.

Il est possible de se servir de la liste de contrôle et des trois (3)

recommandations comme de "roues d’appoint" pour nous aider à parler et à

écouter en accord avec le processus de la CNV.

15 Wayland Myers, Pratique de la communication non−violente", Editions

Jouvence

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CONCLUSION

De toute évidence, la réussite d’un processus de réconciliation nationale en Côte

d’Ivoire commence dès le point de départ avec le choix des outils de

communication les plus adaptés au contexte. Dans ce contexte, la réconciliation

nationale constitue une urgence : pour mettre fin aux divisions du passé, pour

restaurer l’unité du pays, pour normaliser la vie politique et sociale, pour bâtir le

pays dans la paix et dans la stabilité.

Toutefois, les deux (2) étapes les plus déterminantes du processus, qui

d’ailleurs peuvent contribuer à corriger des erreurs initiales, sont la phase

opérationnelle et la mise en œuvre des recommandations.

En définitive, la communication sensible peut contribuer à atteindre ses

objectifs si elle ne s’inscrit pas dans une démarche globale de rupture avec un

passé de communication partisane.

Cela signifie qu’elle doit apparaitre comme une simple stratégie

d’apaisement social, mais plutôt comme un moment capital dans la consolidation

et la cohésion pour résorber la fracture liée à la crise passée en Côte d’ Ivoire.

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ANNEXE

Les principes de la communication sensible

La communication sensible peut en outre être l’objet de principes communs à

chacune de ses composantes. Ainsi, qu’il s’agisse de communication sur le risque,

sur un thème sensible, sur l’acceptabilité ou sur la crise, les dix (10) principes

suivants peuvent être appliqués.

1. L’anticipation : la communication sensible gagne son efficacité par une

stratégie globale et réfléchie le plus possible en amont de son exécution ;

2. Avec : la communication sensible est une communication de relations

publiques davantage qu’une communication corporate ;

3. L’alliance : s’agissant de thèmes sensibles aux yeux de l’opinion,

l’organisation devra faciliter la prise de parole des relais d’opinion. En

communication sur le risque, l’acceptabilité, le thème contesté ou la crise,

la parole la plus crédible n’est pas originaire de l’organisation en cause ;

4. Les nuisances : loin du discours de satisfaction, la communication

sensible doit reconnaître les impacts négatifs que l’organisation

occasionne. Outre, une élémentaire marque de respect de l’opinion, c’est

également un paramètre de performance de la communication ;

5. Le ciblage : la communication sensible doit dépasser la vision

simplificatrice du traitement de l’opinion publique pour se concentrer sur

les cibles prioritaires et en l’occurrence souvent décisionnelles ;

6. L’occupation du terrain : le risque, le débat polémique, l’acceptabilité et

la crise sont des domaines où la temporalité est majeure. Il est donc

nécessaire de prévoir une communication de long terme et une présence

argumentaire constante ;

7. La preuve : Justement parce le terrain est contesté, l’ensemble du discours

de l’organisation doit en permanence reposer sur des éléments justificatifs.

8. Le symbole : la communication sensible accorde une place majeure à la

symbolique. Sur des thèmes à potentialité polémique forte, l’organisation

sait que la perception compte autant que l’action et pour ne prendre qu’un

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exemple, le souvenir que nous avons de Tchernobyl réside dans le

souvenir qu’on nous aurait dit que le nuage radioactif s’était arrêté à la

frontière. L’organisation devra donc démontrer une attitude, un

comportement basé sur l’ouverture et la transparence ;

9. L’accessibilité du discours : la communication sensible est par nature «

technique », elle évolue dans un langage élaboré et doit donc viser en

permanence la vulgarisation faute de pouvoir être réellement

compréhensible ;

10. La proximité : c’est au plus proche de ses interlocuteurs que la

communication sensible évolue, tout discours effectué par l’utilisation de

médias unilatéraux est inefficace. La crédibilité se gagne par la proximité.