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Le progres 29.01.14

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Page 1: Le progres 29.01.14

 

LA LOIRE ET SA REGION ActualitéRédaction : 6 Esplanade de France, CS16438, 42964 Saint-Etienne Cedex 9 - 04 77 91 47 47 - Fax : 04 77 91 48 99 - [email protected]

10 ! LE PROGRES - MERCREDI 29 JANVIER 2014 LOI

« Favoriser un meilleur partagedes responsabilités parentales »Régis Juanico, Député PS de la Loire

« Aujourd’hui96%desbénéficiairesde laprestationqui finance lecongéparen-tal sontdes femmes.Or,mieuxéquilibrer les responsabilitésparentalesest la

condition indispensablepour réaliser l’égalitéprofessionnelle, caruneannéed’arrêtprofessionnelconduità10%debaissedesalaireunefois le retourà l’emploieffectué.C’estpourquoi, lePartisocialistea initiécette réformeducongéparentalenprestationpartagéeà l’éducationpartagéedel’enfantafinde favoriserunmeilleurpartagedesresponsabilitésparentales.Ainsi, lesparentsd’unseulenfantquiaujourd’huiontdroitàsixmoisdecongéparentalpourrontprendresixmoisdeplusàconditionque lesecondparentensoitbénéficiaire.Àpartirdedeuxenfants, laduréeducongéparen-tal resteradetroisansàconditionque lessixderniersmoissoientprispar lesecondparent, sinonellesera raccourcieàdeuxansetdemi.Etaprèsuneexpérimentationsurplusieurs territoires, serontgénéralisésdenouveauxdispositifsd’accompagnementderetourà l’emploipour lespersonnesayantprisuncongéparental (droitsaux formationsprofessionnelles renforcées,accompagnementparPôleemploi…etaussiuneprioritédans l’accèsàunmodedegarde).D’ailleurs, cette réformes’accompagned’unplanambitieuxpour l’accueilde lapetiteenfance,avec lacréationde275 000placesd’accueilpourmoinsde3ans,dont100 000créationsdeplacesencrèche, 100 000chezdesassistantesmaternelles,et75 000solutionsd’accueil supplémentairesà l’écolematernelle. »

« S’absenter pendant plusieurs moissera difficile chez les artisans »

Paul Salen, Député UMP de la Loire

« La loi en discussion sur l’égalité entre les femmes et leshommes est un fourre-tout où tout est mélangé. C’estdommage. Sur le volet congé parental, on peut être d’accord sur le fond.La société évolue. Le partage des tâches est inévitable. Nous nous rap-prochons du modèle des pays scandinaves. Cependant, la mise en placede ce congé parental pour les pères me paraît difficile dans certains cas.Dans les grandes entreprises, des salariés pourront s’absenter pendantplusieurs mois sans problème.En revanche, dans les petites entreprises, dans les professions libéraleset surtout chez les artisans, la prise de ce congé sera compliquée. Sou-vent les artisans travaillent avec un seul salarié. Comment vont-ils fairepour s’en séparer pendant la durée du congé ?Or, cette loi est censée s’appliquer à tous les pères. Je pense que ce nesera pas possible. Vouloir légiférer sur ce sujet ne résoud pas tout. Nousconstaterons que selon l’entreprise où travaillent les pères, l’obtentionde ce congé parental ne sera pas facile. »

« En France, nous disposonsdéjà d’une politique familiale trèsdéveloppée. Le congé parentalexiste et n’est pas toujoursutilisé. Ce volet de la réforme surla parité homme-femme necorrespond donc pas à la réalitéde ce qui se passe en entrepri-se », estime Eric Le Jaouen, leprésident du Medef Loire. Autantdire que le représentant desdirigeants d’entreprises de laLoire ne voit pas d’un très bonœil, ni l’allongement du congé

parental pour le premier enfant,ni l’incitation à ce qu’il soit parta-gé entre les hommes et lesfemmes. « Ça va renforcer lesinégalités entre les PME et lesplus grosses structures quipeuvent plus facilement s’orga-niser quand un salarié est absentlongtemps. Sur une structure demoins de dix salariés, il estévident que cela aura un impactsur la vie de l’entreprise. »Un sentiment que partage DanielVillaréal. « Ça va poser un pro-

blème quand quelqu’un quipossède un savoir-faire va partirde l’entreprise durant six mois.Impossible de le remplacer :nous n’aurons pas le temps deformer quelqu’un qui soit opéra-tionnel pour seulement dixmois », s’alarme le président dela CGPME 42. Même si M. Villa-réal concède que « cette mesurepeut apparaître sympathique deprime abord, notamment pourles hommes qui ont envie deprofiter de leur bébé. »

« Ça ne correspond pas à la réalitéde ce qui se passe en entreprise »

En chiffres

Seul 1,5 % des hommessont restés à la maisonpour garder bébé en 2012En 2012, la Caisse d’allocationsfamiliales de la Loire a versé27,5 millions d’euros à 7 547bénéficiaires du Complément delibre choix d’activité (CLCA). Pourrappel, il s’agit d’une allocationmensuelle de 572 euros maxi-mum, versée aux parents désireuxde réduire ou de cesser totale-ment leur activité professionnellepour s’occuper de leur enfant demoins de 3 ans, et 388 euros s’ils

sont déjà bénéficiaires de l’alloca-tion de base de la Paje (Prestationd’accueil du jeune enfant). Seul1,5 % d’hommes ont cessé totale-ment leur activité pour s’occuperde leur enfant, âgé de moins de 3ans. Un chiffre qui monte à 4 %pour les papas qui ont choisi detravailler à temps partiel. Dans3 % des cas, le papa et la mamanont décidé, tous les deux, de netravailler à temps partiel dans lalimite d’un taux plein. Donc dans93 % des cas, c’est la femme qui abénéficié du congé parental.

« Sept hôtesses decaisses sur dixp r e n n e n t u n

congé parental », annonce JoëlRobert, sans sourciller. Pour leresponsable des ressourceshumaines de l’hypermarchéAuchan de Villars, ce n’est enaucun cas un problème. « C’estd’ailleurs tout à fait normal, cesont des femmes majoritaire-ment jeunes, qui sont donc enâge d’avoir des enfants », expli-que-t-il. Particulièrement com-préhensif ?« Leur jeunesse est aussi l’assu-rance d’une meilleure adapta-bilité au métier, de dynamismeet d’un bon rapport avec laclientèle », assure le DRH. C’estd’ailleurs pour ces qualités quel’enseigne les recrute. À telpoint que trois caissières sur

quatre sont des jeunes femmes.Concrètement, commentAuchan gère ces mamans quichoisissent d’élever bébé à lamaison ?« Si une future mère nous ditqu’elle envisage de prendreseulement six mois de congéparental, on recrute une per-sonne en contrat à durée déter-minée pour la remplacer surs o n p o s t e » , e x p o s e J o ë lRobert.« En revanche, si dès le départ,elle arrive à se projeter, etqu’elle nous annonce qu’elle vaêtre absente un an, deux ansvoire trois ans, alors on embau-che une personne en contrat àdurée indéterminée pour laremplacer. »À son retour, la jeune mèren’aura, certes, pas l’assurance

de retrouver son poste laissépour rester à la maison. « Mais,dans le même métier », assurele responsable des ressourceshumaines. En clair : si une sala-riée travaillait au rayon ali-mentaire, à son retour, elle serapositionnée sur un emploiidentique mais pas peut-êtredans le secteur de l’habille-

ment.« À cause des horaires contrai-gnants de la grande distribu-tion, en contrepartie on estconciliant avec nos employéssur d’autres domaines », assurece DRH.Que des hommes puissentdorénavant laisser leur blouseau vestiaire pour s’occuper de

leur progéniture, « ce ne serad o n c p a s u n p r o b l è m e » ,estime ce DRH. « On a une élas-ticité dans notre métier, avecdes périodes de vente plus oumoins chargées, qui nouspermet de nous adapter cons-tamment », argumente cethomme. !

Véronique Miot

« On sait s’adapter si une mèreou un père est en congé parental »Législation. Le texte, voté en première lecture àl’Assemblée nationale, vise à inciter les pères à interrompreleur carrière professionnelle pour s’occuper de leursenfants. Exemple à AuchanVillars, qui emploie 600 salariés,où l’on ne semble pas perturbé par cette réorganisation.

! À Auchan Villars, les caissières sont majoritairement jeunes. Dès lors, l’enseigne sait que les congés maternitésont courants. Aussi, elle s’adapte en conséquence. Photo Claude Essertel