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CHAPITRE 02 : Qu’est ce que l’ergonomie I- l’ergonomie et travail de l’ergonome : a-Définition de l’ergonomie : Du point de vue étymologique, le mot ergonomie est issu du Greg ergon « travail » et nomos « règle ». *L’ergonomie traite de l’adaptation des conditions de travail aux capacités et caractéristiques de la personne active, et des capacités d’adaptation de cette personne à sa fonction. L’ergonomie ne se préoccupe pas seulement de l’adaptation des moyens de travail aux dimensions corporelles; elle s’intéresse aussi à une organisation du travail à mesure humaine, ainsi qu’au contenu et à l’environnement du travail. Selon la SELF « Société d’ergonomie de la langue Française : - L’ergonomie, a pour but de contribuer à réduire et, si possible, à prévenir les effets nocifs des conditions de travail sur l’organisme, -pour ce faire elle tend à chiffrer les répercussions physiologiques et psychologiques des activités professionnelles ; -par la connaissance des seuils admissibles pour les différentes fonctions de l’organisme, elle détermine les limites des conditions de travail. » 2 . 2 Hugues Monod, Bronislaw Kapitaniak : « Ergonomie »; ed. Masson. 2003.P.2 1

Thème02

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CHAPITRE 02 : Qu’est ce que l’ergonomie

I- l’ergonomie et travail de l’ergonome :

a-Définition de l’ergonomie :

Du point de vue étymologique, le mot ergonomie est issu du Greg ergon « travail »  et

nomos « règle ».

*L’ergonomie traite de l’adaptation des conditions de travail aux capacités et

caractéristiques de la personne active, et des capacités d’adaptation de cette personne à

sa fonction. L’ergonomie ne se préoccupe pas seulement de l’adaptation des moyens

de travail aux dimensions corporelles; elle s’intéresse aussi à une organisation du

travail à mesure humaine, ainsi qu’au contenu et à l’environnement du travail.

Selon la SELF « Société d’ergonomie de la langue Française :

- L’ergonomie, a pour but de contribuer à réduire et, si possible, à prévenir les effets

nocifs des conditions de travail sur l’organisme,

-pour ce faire elle tend à chiffrer les répercussions physiologiques et psychologiques

des activités professionnelles ;

-par la connaissance des seuils admissibles pour les différentes fonctions de

l’organisme, elle détermine les limites des conditions de travail. »2 .

* L’ergonomie est « l’étude scientifique de la relation entre l’homme et ses moyens,

méthodes et milieux de travail et l’application de ses connaissances à la conception de

systèmes qui puissent être utilisés avec le maximum de confort, de sécurité et

d’efficacité par le plus grand nombre. L’ergonomie est donc la science qui a pour objet

l’étude de l’homme au travail. Elle tend à adapter le travail aux diverses exigences

physiologiques de l’être humain. ».3

2 Hugues Monod, Bronislaw Kapitaniak : « Ergonomie »; ed. Masson. 2003.P.2

3 Albert Moundosso : « Message de la sécurité-santé au travail. » ; ed. Publibook. 2013.P.31

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a- Spécialisations :

L’ergonomie couvre l’ensemble des situations de travail et secteurs d’activités. Ils

existent donc des domaines de spécialisations à l’intérieur de la discipline qui

représentent des compétences approfondies sur les spécificités humaines particulières

et des caractéristiques propres aux interactions entre les hommes et un système

particulier.

Les domaines de spécialisations sont :

**L’ergonomie Physique : qui s’occupe de la relation entre les caractéristiques

physiques, anatomiques, anthropométriques, physique et biomécaniques, et l’activité

exercée. Cela inclut notamment l’étude des postures, des TMS troubles

musculosquelettiques, le bruit, les vibrations, les fortes températures…... donc elle

focalise sur les facteurs environnementaux nuisibles externes à l’individu et leurs

effets. Effets à court terme : fatigue, irritabilité. Effets à moyen terme : TMS,

accidents. Effets à long terme : bien être collectifs, climat d’entreprise.

Exemple d’ergonomie Physique : Voitures, maisons, tables, postes de travail…. Le

monde entier et construit à la mesure de l’homme. L’ouverture des portes ne doit pas

imposer le déploiement d’une grande force, ni de faire des mouvements qui puissent

nuire à la santé.

**L’ergonomie cognitive : c’est une approche centrée sur l’homme s’intéresse aux

processus mentaux, influant sur l’interaction entre les hommes et les autres éléments

de système. Tel que la perception, l’attention, et la mémoire. Son but est de rendre

compatible le fonctionnement des systèmes et des conditions de travail avec le

fonctionnement humain, par l’étude des représentations et des activités de traitement

de l’information.

Exemple d’ergonomie cognitive :

Certaines nouvelles technologies comme le GSM par exemple sont dotées de fonctions

qu’on retrouve dans une structure de menus. Il est important que les utilisateurs

connaissent, comprennent et puissent utiliser simplement ces différentes possibilités

sans devoir recourir constamment au mode d’emploi.

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**L’ergonomie organisationnelle : s’intéresse à l’optimisation des systèmes

sociotechniques, ce qui inclut les structures, les règlements et les processus

organisationnels. Ex : travail posté, coopérations entre équipes….

Exemple d’ergonomie organisationnelle :

Une cuisine est disposée de manière à faciliter les opérations de cuisson et de lavage

tout en limitant les distances à parcourir. En situation de travail, l’objectif est de créer

un flux continu afin d’éviter le soulèvement manuel des charges et de favoriser

l’efficacité de l’opérateur.4

b- Le travail de l’ergonome :

L’IEA (international Ergonomics Association) décrit la fonction d’ergonome comme

suit :

« L’ergonome contribue à la conception et à l’évaluation des tâches, des emplois, des

produits, des environnements et des systèmes en vue de les rendre compatibles avec les

besoins, les capacités et les limites des personnes. ».

L’ergonome est un professionnel qui applique ou développe des

connaissances sur l’humain au travail dans la perspective de mieux adapter ce dernier

aux personnes. Il analyse le travail en faisant des observations sur le terrain qui lui

permettent de mieux comprendre et intégrer les composantes du travail afin de

proposer des changements pour améliorer des situations (prévention des maladies liées

au travail). L’ergonome peut être impliqué dans la correction de situations existantes

ou dans la conception de nouveaux postes de travail. Il possède une formation

spécifique. Ces études permettent à des personnes provenant de disciplines différentes

(psychologues, médecins, sociologues….) d’acquérir des connaissances sur :

-l’humain dans son environnement de travail ;

-les systèmes de travail ;

-les méthodes d’analyse du travail.5

Les ergonomes :

44 Roeland Motmans : « L’ergonomie sur le lieu de travail. ». ed. Kluwer.2013. p.75

5 Sacha Kocovski : « Ergonomie et management: optimisez vos produits et vos processus ». ed. edipro.2009.P.21

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- fournissent des «repères prescriptifs» généraux, dans les domaines où les

connaissances sont les plus stabilisées (par exemple anthropométrie, éclairagisme, etc.)

- ils contribuent à structurer le processus de conception pour favoriser l’existence

d’un «espace social de construction de la prescription», permettant la rencontre de plusieurs

acteurs, de plusieurs logiques ;

- ils alimentent ces débats par une description du travail actuel et des simulations du

travail futur ;

- ils pèsent sur ces débats, avec leurs propres critères liés au travail humain, à ses

résultats productifs et ses effets en termes de santé et de développement

- ils contribuent à proposer des solutions, qui ouvrent le champ à la pensée et à l’action

collective (Coutarel et coll., 2001)

-dans certains cas, ils disposent d’un mandat, d’une délégation des responsables, qui

les conduisent à arbitrer une partie de ces débats (Grall et Martin, 2000).

• Les ergonomes peuvent également intervenir :

-sur l’organisation du travail et le processus de production de règles (Carballeda, 1999

[1997]). L’organisation comporte toujours indissociablement deux facettes : une

structure organisationnelle –un organigramme

-L’ergonome prescrit des concepts alternatifs à ceux qui existent dans l’entreprise : par

exemple sur le travail (Duraffourg, e.g. 1997), sur la santé, sur le «changement des

comportements», etc..

• L’ergonome prescrit une reformulation de la demande, éventuellement un

enrichissement des objectifs du projet.

• L’ergonome prescrit un ensemble d’interlocuteurs auxquels il veut avoir accès et qui

doivent avoir un «droit au jeu» dans la démarche.

• L’ergonome prescrit les limites de sa mission et les compléments nécessaires : «non,

la carte de bruit prévisionnelle, je ne fais pas, mais je peux vous conseiller un acousticien».

• L’ergonome prescrit l’analyse de l’existant pour aborder toute transformation.

• L’ergonome prescrit des formes souhaitables de la conduite de projet, des étapes,

des acteurs indispensables, des groupes de travail, des formes de discussion.

• L’ergonome prescrit les ressources à mettre en œuvre pour traiter le problème posé,

et notamment le volume de sa propre intervention.

• L’ergonome prescrit de nouvelles manières de décrire le travail.

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• L’ergonome prescrit des «objets intermédiaires» qui vont structurer la conception

collective.6

c -Quelques disciplines proches de l’ergonomie :

De nombreuses disciplines possèdent des articulations avec les objectifs, les

théories ou les méthodes de l’ergonomie :

**Sociologie du travail : elle n’étudie pas le travail à la même échelle que

l’ergonomie. La sociologie du travail s’intéresse à l’évolution des structures industrielles, des

relations professionnelles, des qualifications, des emplois et des idéologies qui en découlent et

dont elles procèdent. Elle intéresse l’ergonome car elle lui permet de mieux situer ses

interventions dans un cadre qui les dépasse et les explique.

**Anthropologie et ethnométhodologie : elle sont apparentées à l’ergonomie de

l’activité non seulement parce que ce sont des disciplines de terrain, mais aussi parce qu’elles

partagent l’idée que la complexité des systèmes sociaux –une entreprise par exemple- ne se

comprend bien que par le minutieuse observation des activités quotidiennes.

**Hygiène et sécurité : cette discipline forme les préventeurs, partenaires que les

ergonomes rencontrent très souvent dans les entreprises. Son but est d’identifier les liens entre

l’environnement sanitaire et les conditions de vie (notamment la sécurité) des personnes

(notamment des travailleurs).

**démarches qualité : les qualiticiens partagent avec les préventeurs le goût de la

norme et du standard. C’est bien naturel puisque leur rôle est d’édicter des procédures qui

garantissent la qualité des produits et des processus de production. L’adoption des procédures

qualités, fondamentale pour les entreprises car elle conduit aux certifications nationales et

internationales, est souvent dépendante d’une bonne analyse des pratiques réelles. C’est

pourquoi l’ergonomie peut devenir une interlocutrice appréciée lors de la mise en œuvre

d’une démarche qualité.

c- Quelles situations de travail l’ergonomie traite-t-elle ?

**Ergonomie de correction et ergonomie de conception :

L’idée à longtemps prévalu que l’ergonomie visait à corriger des situations dans

lesquelles un dysfonctionnement est avéré. Son rôle ne doit cependant pas se cantonner à la

correction des dispositifs de travail, car c’est dés la conception de ceux-ci que l’utilisation

66 François Daniellou. : « le travail des prescriptions. » ; XXXVII ° Congrès Aix en Provence ; SELF 2002 ; P.13.

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future doit être envisagée. Aujourd’hui, un grand nombre d’interventions d’ergonomie se situe

durant la phase de conception.

**Une vision systémique du travail :

L’ergonomie cherche à prendre en compte l’activité du travailleur dans une situation

qui ne se limite pas au poste de travail ou l’interface de son ordinateur, mais qui s’élargit à

l’entreprise, à la société, en englobant les déterminations sociales, culturelles, économiques et

idéologiques.

**la coopération homme-machine :

L’ergonomie s’intéresse au problème de la répartition des fonctions entre l’humain et

les systèmes techniques avec lesquels il interagit. Pendant longtemps, la question a été

abordée sous l’angle des capacités de l’homme à manipuler les dispositifs utilisés.

Aujourd’hui, le division du travail entre les humains et les systèmes techniques se pose en

terme de coopération, dans la mesure ou ces systèmes ne sont plus seulement des exécutants

mécaniques. Ces systèmes se comportent comme des partenaires plutôt que comme des

dispositifs passifs. (Ex : nouvelles générations de régulateur de vitesse).

d- Les situations de travail étudiées par l’ergonomie :

**L’ergonomie des conditions de travail :

Protection des travailleurs contre : les agressions physiques et physiologiques du

travail, préventions des risques professionnelles (horaire atypiques, rythme chrono

biologiques, vieillissements des travailleurs, facteurs de stress et de charge de travail….

**l’organisation du travail :

Les évolutions considérables des formes de travail et les négociations contemporaines

sur la réduction du temps de travail invitent l’ergonome à en analyser les impacts et en définir

les conditions de mise en œuvre.

**L’ergonomie des systèmes complexes :

La complexité des systèmes de travail est de plus en plus grande. L’éclatement des

structures de travail, la sophistication des outils technologiques conduisent l’ergonomie a

intervenir dans ces champs de travail pour analyser le rôle de l’opérateur dans la maîtrise de

ces systèmes complexes et contribuer à la conception des systèmes d’aide à l’activité.

**L’ergonomie industrielle :

Elle est extrêmement présente dans les grandes industries ou elle concourt à

l’amélioration des conditions de travail des opérateurs elle intervient à tous les niveaux de la

conception et de la fabrication.

**L’ergonomie des usages :

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Elle intervient dans ce champ, autant en amont du développement du produit afin de

spécifier les besoins futurs des utilisateurs, qu’en aval pour tester et évaluer leurs

fonctionnalités d’usage.

**L’ergonomie des services :

Les situations de service recouvrent des réalités très diverses (accueil du public,

conseils, médiation sociale). L’ergonomie rappelle que la maîtrise et la qualité de la relation

de service avec le client sont au cœur de ces métiers.7

77 Françoise Darses, Maurice de Montmollin : « L’ergonomie. » ; ed. La Découverte ; 2006 ; P.31-35

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