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EMMANUEL SWEDENBORG DE LA DIVINE '" SAGESS 'E TRADUCTION LE HOYS DES CU A YS REVUE ET CORRIGÉE Préface, biographie. prolégoinène& résumés, notes. et bibliographie par FRANÇAI-S '

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Hyde n°197 (1762), oeuvre posthume. Ne pas confondre avec Hyde n°206 (1763), oeuvre publiée par Swedenborg : "Philosophie Angélique sur le Divin Amour et La Divine Sagese". ... le scan du Volume 2sur2 suit bientôt.

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EMMANUEL SWEDENBORG

DE LA DIVINE '" SAGESS 'E

TRADUCTION LE HOYS DES CU A YS

REVUE ET CORRIGÉE

Préface, biographie. prolégoinène& résumés, notes. et bibliographie par

FRANÇAI-S '

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DE LA DIVINE SAGESSE

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EMMANUEL SWEDENBORG

1688-1772

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EMMANUEL SWEDENBORG

DE LA DIVINE SAGESSE

TRADUCTION LE BOYS DES GUAYS

REVUE ET CORRIGÉE

Préface, biographie, prolégomènes résumés, notes et bibliographie par

L.-JEAN fRANÇAIS

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COPYRIGHT B Y

LE CERCT..E DU LIVRE

l 9 s 3

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De cet ouvrage, le quatrième de la Collection " La Haute Science " il a été tiré mille exemplaires numérotés de 1 à 1000 et quelques exemplaires hors-commerce marqués H. C. réservés aux amis du Cercle du Livre, l'ensemble

constituant l'édition originale.

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f(

PRÉFACE

La dénomination de Haute Science qualifie parfaitement I' œuvre religieuse d'Emmanuel Swedenborg.

Le lecteur pourra en juger par tout ce qui suit. Les Stf.jets les plus transcendants font l'objet de cette œuvre : la Divinité, ses rapports avec l'homme, la création, son but, l'organisation Jpiritue!le du monde, la p.rychologie humaine, le sens de l'évo­lution sociale et mondiale ... Tous ces stfiets et beailc<Jup d'autres y sont traités, dans le cadre d'une doctrine harmonieusement cohérente, avec logique et raison.

Aiais sur le plan théologique, où nous sommes placés, notre auteur nous montre que cette science, doit être co!!ëinte à tif!

Jj e ort réalisateur, c'est-à-dire, actualisée, prolongée de la pensée dans a vie.

AuJSi, verrons-nous dans le livre « De la Divine Sagesse»

}. cette connaissance transcendante aboutir aux actes de la onction

j ~e comme le devoir religieux le plus haut e chacune des cé!lules humaine!.

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l.Z Emmanuel Swedenborg

La Haute Science seule est comme une suréminente lumière, . qui montre des réalités transcendantes. La connaissance qui en résulte non cotefointe à la vie s'efface alors rapidement du mental

thum·ain. Mais cotefointe FI' action concordante, elle devient comme

l 1a lumière, unie à la chaleur, au printemps, qui fait tout croître et fleurir. ·

L'œuvre de Swedenborg est bien Haute Science, mais elle

\

est p_ar-dessus tout une œuvre religieuse et chrétienne. A ce

1

titre, nous ne devrions y entrer qu avec grand respect et sentiment de notre ignorance spirituelle. Une pure curiosité profane ne suffira jamais à la pénétrer bien avant. C'est seulement l'esprit réellement Chrétien, encore vivant dans les Evangiles, torfiours prêt à vivre en chacun de nous, avec l'oubli des faux dogmes, qui ouvre les portes du merveilleux palais.

1 La Haute Science de Swedenborg est d'abord destinée à ceux I qui, semblables aux petits enfants, ont soif. de s'insfruire,

ouvrent avec confiance leur cœur à la vérité et ne sont pas encore aflligés de cette occlusion de /' eserit appelée «préjugé». - Notre auteur écrit que ses œuvres religieuses peuvent être appelées des « révélations» 1•

Elles s'adressent donc à tous, au grand jour. En ce sens, elles ne sont ni secrètes, ni ésotériques.

A notre époque, appeler quelqu'un «mystique» ou «illuminé» c'est pour beaucoup, presque une condamnation 2• Nous devons

J, Lettre à Œtinger, 23 septembre 1766. ~ t;

2. « Le mysticisme supprime dans l'homme la raison ... C'est l'entier abandon de soi-même à une contemplation vide de pensée ... » Victor Cousin, Histoire de la Philosophie Moderne, Tome II, 9• leçon.

r< C... l . c. / ' . '-r (; "'l. t

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De la Divine Sagesse

donc en défendre Swedenborg qui est très loin de ce qu'on peut appeler un « mystique » dans le sens péjoratif de ce mot.

Ses œuvres théologiques sont tot!fours hautement 'rationnelles quoique traitant de st!fets transcendants.

C'est surtoutrBal~qui a ft;it connaître, en France, le nom -1 de Swedenborg. Dans Seraphita~il a esstryé de traduire en termes

de roman les idées mb/im_e.L..J._Ur ff!mour qu'il avait glanées dans la lecture des œuvres de Swedenborg 1•

L Dans Louis Lambert: il a manifesté toute /'admiration qu'il professait pour lui 2•

-

Plus récemment, Paul Valéry, en préfaçant le livre, pourtant si incompréhensif du vrai sens de l'œuvre de Swedenborg, écrit par le Suedois Martin Lamm, en rappela l'existence aux Français 8 :

« j'y suis entré sans soupçonner que je pénétrais dans une forêt enchantée, où chaque pas fait lever des vols soudains d'idées... »

Mais le manque de traductions françaises des œuvres de Swedenborg (to11t ce qui a été publié étant depuis longtemps épuisé), en rend /'accès actuellement assez difficile.

Après avoir relaté l'origine de sa Haute Science dans une courte biographie, nous donnerons donc quelques préliminaires

t. Notamment «Les Délices de la Sagesse sur l'Amour Conjugal et les Voluptés de la Folie sur l'Amour dissolu.» (Amsterdam, 1768).

2 . Évidèmment Swedenborg résume toutes les religions, ou plutôt la seule religion de l'humanité. » (Louis Lambert). · ·

3. Swedenborg, Paris, 1936.

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De la Divine Sagesse

indispensables pour la compréhension du livre « D e la Divine Sages!!..».

~ - Afin d'en faciliter encore la lecture, l'ot1Vrage est précédé d'un résumé du srfiet traité et chacun de ses chapitres d'un court exposé.

Le texte est accompagné de dessins et de nombreuses notes explicatives ou de renvois/à d'autres ouvrages.

Swedenborg t!Jant écrit presque toute son œuvre p ar para­graphes numérotés, nous indiquerons cette référence à chaque citation.

L.-J. F.

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Note de !'Éditeur : Les illustrations ont été réalisées d'après les croquis de L.-Jean Français.

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COURTE BIOGRAPHIE

DE SWEDENBORG

ET ORIGINE DE SES ÉCRITS

THÉOLOGIQUES

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1 '

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De la Divine Sagesse

*

Emmanuel Swedberg, qui devait plus tard s'appeler Swedenborg est né le 29 Janvier 1688 à Stockholm. Son père, issu d'une famille de mineurs, était un membre éminent du clergé suédois.

Après une jeunesse studieuse, le jeune Emmanuel Swedberg reçut le grade de Docteur en Philosophie à l'Université d'Upsal. Il avait 21 ans.

Sa carrière commença par de longs voyages, en Angle­terre, en Hollande, et en France, dans le but de se parfaire.

Étant rentré en Suède, il entreprit en 1716, avec plusieurs personnalités, la publication d'un recueil périodique de travaux scientifiques et littéraires. Il fut alors remarqué par le Roi Charles XII, celui-ci le nomma « Assesseur extraordinaire au Collège Royal des Mines».

Plus tard, ayant eu l'occasion de rendre de brillants services à son pays, notamment en faisant transporter par montagnes et vallées, à l'aide de rouleaux et de solives, plusieurs bateaux et du matériel de guerre, il lui fut conféré la noblesse héréditaire, son nom de Swedberg devenant Swedenborg. Ainsi, à 3 1 ans, il devint membre de la Chambre des Nobles et siégea à la Diète des États de Suède.

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Emmanuel Swedenborg

Malgré ses fonctions au Collège Royal des Mines, il put mener à bonne fin d'importantes études et publier de nombreux ouvrages scientifiques, notamment sur les mathématiques, sur le mouvement des planètes, sur la physique, sur la chimie, etc ...

Aussi, en 1729, est-il élu membre de la Société des Sciences d'Upsal.

Mais son activité scientifique ne se ralentit pas et il publie en 1734 ses « Œuvres Philosophiques et Miné­rales», à Dresde et à Leipsick. Cette même année sa réputation s'étendant, il est nommé membre correspondant de l'Académie des Sciences de Saint-Pétersbourg.

Cependant ses études devenant de plus en plus prenantes, il obtiendra du Roi, en 1736; congé de sa fonction au Collège des Mines, ce qui lui permettra de reprendre ses voyages et de se consacrer entièrement à ses travaux scientifiques.

Il se rendra à Copenhague, Hambourg, Hanôvre, Amsterdam, Anvers, Bruxelles, Paris, où il séjournera 18 mois, puis en Italie.

Partant des mathématiques, en passant par la Cosmo­logie, la Physique, la Chimie, l'étude de la constitution intime de la matière, la philosophie ... il aboutira à l'ana­tomie et à la physiologie. De là, il publiera à Londres, en 1740 et 1741, son «Economie du Règne-Animal consi­déré anatomiquement, physiquement et philosophi­quement».

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De la Divine Sagesse

En 1741, il est nommé membre de l'Académie Royale des Sciences d'Upsal.

Enfin, continuant toujours ses études, sur le corps humain, il publiera « Le Règne Animal» à La Haye et à Londres en 1744 et 1745 1•

Swedenborg a 57 ans en 1745, sa réputation est soli­dement établie, et il peut aspirer aux plus hauts emplois. Cependant il abandonnera alors complètement ses travaux scientifiques, se consacrant désormais entièrement à une ™e religieuse et en quelque sorte prophétique, qu'il poursuivra avec une éfl_;ergie inlassable. Il expliquera lui-même les causes du changement dé son activité.

Il déclara qu'une nuit, un homme 'C,êtu de J?ourere, rayonnant de lumière se manifesta à lui, lui disant :

.' 1 « Je suis le Seigneur Dieu, Créateur et Rédempteur. Je t'ai choisi pour expliquer aux hommes le sens intérieur et spirituel de }'Ecriture Sainte, je te dicterai ce que tu devras écrire.»

Swedenborg n'est pas le premier homme déclarant avoir reçu un ordre de la Divinité~ et~ !)P7s l'ont précédé dans cette voie.

Mais ici, c'est le Christ ressuscité, vivant, glorieux, tout-puissant, qui s'adresse à lui pour le charger d'une mission.

Il s'agit d'expliquer aux hommes le sens caché de l'Écri-

1. Presque tous ces ouvrages remarquables, où Swedenborg se montre le devancier de la science moderne, n'ont pas de traduction en français.

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20 Emmanuel Swedenborg

ture Sainte, Ancien et Nouveau Testament, ainsi d'ins­truire l'humanité de _fhoses q~ lui~vaie_!lt é~ ca_éées jus ue-là.

C'est seulement de 1749 à 1756 que paraîtra le volu­mineux ouvrage des « Arcanes Célestes de l'Écriture Sainte ou Parole du Seigneur dévoilée ainsi que les mer­veilles qui ont été vues dans le Monde des Esprits et dans le Ciel des Anges » 1•

Il commencera les «Arcanes Célestes » par de très impor­tantes déclarations que voici :

« Dans le cours de cet ouvrage, par le Seigneur on » entend uniquement le Sauveur du Monde Jésus-Christ, » et il est appelé le Seigneur sans autre dénomination ; » comme Seigneur, il est reconnu et adoré dans tout le » Ciel, parce qu'à lui appartient tout pouvoir dans les »cieux et sur la terre. Il a même commandé qu'on » l'appelât ainsi, en disant :

» Vous m'appelez Seigneur ; bien vous dites, car Je le » suis» 2•

«Dans tout le Ciel on ne connaît as non lus d'autre » ère ue le Sei neur, parce qu'il est un (avec lePère), » comme lui-même l'a dit: « Le Père est en moi» 3, 4•

l. La traduction en français de cet ouvrage de plus de 7.000 pages a été entreprise et menée à bonne fin par Le Boys des Guays et fut éditée à Saint-Amand de 1841 à 1858. Elle comporte 16 volumes in octave.

2. Évangile de Jean, xm, 13. ' 3. Évangile de Jean, XIV, II.

4. Arcanes Célestes, 14, 15.

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De la Divine Sage.rst 2. I

Sur le sens interne, au début de la genèse, il s'exprime ainsi :

» La Parole dans tout son ensemble et dans chaque » partie, même la plus petite, jusqu'au moindre iota, » signifie et enveloppe des choses spirituelles et célestes, » mais l'univers chrétien l'ignore encore absolument.

« Par le seul sens de la lettre, quand le mental y est » attaché on ne peut nulle part voir qu'il contient de » telles choses. Ainsi tout ce que l'on peut savoir, d'après » le sens littéral de cette première partie de la Genèse, » c'est qu'il y est question de la création du monde, du » jardin d'Eden, qui est appelé Paradis, et d'Adam comme » premier homme créé. Est-il quelqu'un qui pense » autrement ?

» Mais on verra suffisamment, par ce qui va suivre, » qu'elle contient des arcanes qui n'ont encore été révélées » nulle part ; et que même le premier chapitre de la » Genèse, dans le sens interne, traite en général de la » nouvelle création de l'homme ou régénération et en »particulier de la Très Ancienne Eglise (Adam, homme » collectif), et même de telle sorte qu'il n'y a pas le _pl~s » ~tit mot qui ne soit un représentatif, un sig!rificatif » et une enveloppe.

» Mais qu'il en soit ainsi, nul mortel ne peut jamais le » savoir, si ce n'est par le Seigneur ...

» Il m'est permis de manifester qu'il m'a ét~ accordé, par » la divine miséricorde du Seigneur, d'être maintenant

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22. Emmanuel Swedenborg

» depuis quelques années continuellement et sans inter­» ruption dans la Société des Esprits et des Anges, de » les entendre parler, d'entendre et de voir des choses » surprenantes qui se passent dans l'autre vie, choses » qui ne sont jamais venues, ni à la connaissance, ni à » l'idée d'aucun homme. Là, j'ai été instruit sur les » différents genres d'esprits, sur l'état des âmes après » la mort, sur !'Enfer, sur le Ciel et surtout sur la doctrine » de Foi qui est reconnue dans tout le Ciel, sujets qui » seront traités dans la suite de cet ouvrage. » 1

Ces paroles étonnantes sont une suite très logique de l'événement de 1745 et de sa mission.

La liste des ouvrages religieux, publiés ensuite par Swedenborg est fort longue. En 1758, il ne publiera pas moins de quatre traités, dont celui intitulé « Du Ciel et de ses merveilles et de !'Enfer.»

Swedenborg avait abandonné son activité scientifique pour se consacrer à la publication d'ouvrages religieux, mais il avait gardé son siège à la Diète de Suède.

En effet, en 1761, il y présentera plusieurs mémoires ou discours sur des sujets divers.

C'est en 1763 qu'il écrivit le traité « De la Divine Sagesse » mais il ne le publia pas.

En 1766 à Amsterdam, sera édité un important ouvrage ayant pour titre : « L' Apocalypse révélée dans laquelle

1. Arcanes Célestes, z à ~.

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De la Divine Sagesse

sont dévoilés les arcanes, qui y sont prédits et qui, jusqu'à présent ont été profondément cachés. »

A propos de ce livre, il écrivit à Œtinger, prélat Wurtembourgeois:

« Je peux affirmer, par les choses les plus saintes, que le » S:_~neur s~t ~té~i et qu'Il m'a envoyé pour )} raire ce que je fais. Que pour cette fin, Il a ouvert les » intérieurs de mon mental, qui appartiennent à mon » esprit, pour que je visse les choses qui sont dans le » monde spirituel, et pour que j'entendisse ceux qui » l'habitent, et qu'il en est ainsi depuis vingt-deux ans.

» Cependant pour qu'on le croie, il ne suffit pas aujour­» d'hui d'une attestation, mais celui dont l'entendemen_! ~ » uelqu~ ..furc~ peut_ s'en _assiger par mes écrits qui » peuvent servir de témoignages et surtout par l' Apo­» calypse Révélée. » 1

En 1768, il publiera « Les Délices de la Sagesse sur l'Amour conjugal et les voluptés de la folie sur l'Amour dissolu.»

L'année suivante, à 81 ans, étonnant par son activité extraordinaire~ il fera paraître aussi, toujours à Amsterdam, un traité intitulé :

« Exposition sommaire de la Doctrine de l'Église Nouvelle qui est entendue dans l' Apocalypse par Nouvelle Jérusalem. »

l. Lettre à Œtinger. Nouvelle Jérusalem, Tome 3.

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Emmanuel Swedenborg

Mais cette activité émeut certains membres du Clergé suédois, et le docteur Ekebom présentait au Consistoire de Gothenbourg un mémoire dirigé contre Swedenborg, où ses écrits sont qualliiés « d'hérétiques au plus haut degré». - -

-Swedenborg se défendra avec la plus grande énergie. Cependant l'affaire sera portée devant le Sénat, qui formait le Conseil Suprême présidé par le roi.

Le but poursuivi par les autorités ecclésiastiques opposées à Swedenborg, était d'obtenir la défense de lire ses écrits, avec des peines sévères aux contrevenants. Quant à Swedenborg il risquait d'être arrêté et enfermé en prison.

Cependant après de longues disçussions au Sénat et à la suite d'un rapport établi à la demande du Roi, rapport qui fut très favorable à Swedenborg, l'affaire en resta là et il ne fut plus inquiété.

Il lui restait à publier un grand ouvrage qu'il avait annoncé. Il tayrait_ypulu u'·l fut édité en France, et il fit pour cela des démarches à Paris. Mais la censure royale n'accepta pas de donner officiellement l'autorisation denïândée.

C'est donc encore à Amsterdam en l 77 l, que paraîtra le nouvel ouvrage. En voici le titre complet :

« V raie Religion Chrétienne contenant la théologie universelle de l'Église Nouvelle prédite par le Seigneur dans le Livre de Daniel, chapitre VII, versets 13 et 14,

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De la Divine Sagesse

et dans l' Apocalypse, chapitre XXI, versets 1, 2., 5, 9, 10,

par Emmanuel Swedenborg serviteur de Notre-Seigneur Jésus-Christ. »

Après avoir publié ce dernier livre, Swedenborg quitte la Hollande et se rend à Londres. C'est là qu'il mourut, après une courte maladie, le 29 mars 1772, dans sa 85e année.

Sa dépouille mortelle fut inhumée en Angleterre. De là, elle fut plus tard transférée en Suède.

D'après ses contemporains, il était affable et bienveillant; Il ne chercha jamais à fonder un groupement de ceux qui s'intéressaient à ses livres.

Voici ce qu'écrivait de lui le docteur Thomas Hart19'. Recteur de Winvick (Angleterre) :

« Je me suis entretenu phis d'une fois avec lui... le savoir déployé dans ses ouvrages montre en lui le savant et le philosophe, ses manières et sa politesse annoncent l'homme comme il faut. »

« Il ne réclame aucun honneur, mais plutôt s'y refuse ; il ne poursuit aucun intérêt mondain, m.ais dépense au contraire tous ses revenus en frais de voyage et d'impres­sion pour le bien et l'instruction de l'humanité. »

« Il est tellement éloigné de l'ambition de s'éri_g_er en chef de secte que, partout où il séjourne dans ses voyages, il vit absolument retiré et presque inacc~ ible, bien que dans son pays et avëc Tes siens sa conduite soit franche et ouverte.»

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26 Emmanuel Swedenborg

« Il n'y a rien de formaliste dans les manières, tjen de mélancolique dans le caractère, rien dans sa conversation, non plus que dans ses écrits, qui démontre en quoi que ce soit l'enthousiaste. »

« On n'apercevait en lui rien de sévère, mais, au contraire, la douceur de son regard et ses manières exté­rieures all!_!:on~~t une sérénité intérie_!:lre et --1:!!1 esprit ple~!_l ~e _ bien~illa_!lce. » 1

Les lettres écrites par André de Hopken, ancien premier ministre de Suède, au général danois Tuxen, donnent ùn autre témoignage :

«Un homme qui, comme moi, a vécu longtemps dans le monde et au milieu d'un cercle de relations très étendu, a eu des occasions sans nombre de connaître les vertus et les vices, le fort ou ~e faible des hommes. Je ne me rappelle pas, avec cela, avoir jamais connu un homme d.Juie Ertu pjl:!§. é.galement souten:g.e que Swedenborg. T9ujours il é_!:ait content jamais il n'était sombre ou morose, bien que toute sa vie son esprit était occupé des pensées les plus abstraites en même temps que les plus élevées. »

l « Il était douée d'unè très heure~se organisati0t11 et

) d'une capacité pour les sciences qui le faisaitoiillê! dans toutes celles qu'il cultivait. C'était, sans contredit, le plus savant homme de son pays.

« Peu de personnes ont lu ses ouvrages avec réflexion. Qn_y voit cependant partout briller le génie ... »

I. Rapporté par Matter, Enunanuel de Swedenborg, Paris, I 863.

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De la Divine Sagesse

Son éloge funèbre fut prononcé, au nom de l'Académie des Sciences de Stockholm, le 7 octobre 1772, par M. de Sandel, conseiller des Mines et membres de l'Académie 1.

*

1. Pour plus de détails sur la vie de Swedenborg, consulter « Naissance du Mondi Nouveau annoncé par Emmanuel Swedenborg», par::=r;iea.n Français, dition des Eaux-Claires, Paris, 1951.

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PROLÉGOMÈNES

Nous voudrions essayer de résumer trois points princi­paux dont la connaissance est indispensable pour la juste compréhension du traité « De la Divine Sagesse».

1° Il n'y a qu'une Vie, qui est dans la Divinité et toute vie en dépend selon son degré. Cette vie est dans le Seigneur Dieu Jésus-Christ ressuscité 1 •

1. Voit CÎ-ilptès pages 7z, 78, 79 et chapitre XII.

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;o Emmanuel Swedenborg

Comme on le verra dans tout le traité « De la Divine Sagesse » par la Divinité, nous devons entendre le Seigneur

J Dieu I ésus-Christ ressuscité, vivant, ui est Jéhovah Lui-même, Dieu Créateur de l'Univers, descendu pour devenir Rédempteur.

En Lui est la Divine Trinité, mais par la révélation du sens interne de !'Écriture Sainte, ce n'est pas une Trinité

( de personnes qui, malgré toutes les précautions de langage, forme dans le mental l'image de trois dieux, mais une Trinité qui est comme l'âme, le corps et l'opération dans l'homme.

A ·i. Le Père est le Divin même ou l' Ame Divine, le Fils est .J le Divin Humain et l'Esprit Saint est la Divine Opération.

Avant le monde créé, il n'y avait pas cette Trinité, mais par l'incarnation il y a été pourvu et elle a été faite dans le Seigneur Dieu Jésus-Christ.

« Aujourd'hui, la raison humaine, quant à la Divine tf Trinité, est liée comme un prisonnier les fers aux mains 1 et aux pieds, dans un cachot. » (V raie Religion Chrétienne,

169).

Mais la crucifixion, qui représentait la destruction et la profanation de la Parole Divine ou Écriture Sainte par les Juifs, n'est pas la Rédemption. Cette Rédemption est la

1 régénération de l'humanité qui s'opère progressivement. Cette œuvre Divine s'accomplit secrètement tous les jours. Le traité « De la Divine Sagesse» permettra au

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De la Divine Sagesse

lecteur d'en discerner les effets dans l'actuelle évolution du Monde.

Le Seigneur Jésus-Christ par l'explication du sens interne de !'Écriture Sainte revient « avec uissance et gloire» comme il l'avait annoncé 1•

z.o Il existe deux mondes :

A) Notre Univers naturel, avec tous ses soleils, qui sont autant d'étoiles, leurs planètes et leurs satellites habités par des humanités.

Mais cet Univers lié à l'espace et au temps n'est qu'une extériorisation provenant d'un autre monde appelé le « Monde Spirituel».

B) Le Monde Spirituel est indépendant de _l'espace et du temps. Là se trouvent tous les êtres humains qui ont vécu sur les terres et vont tous ceux qui quittent leur dépouille mortelle.

Il est composé de trois parties :

a) Le Royaume Céleste, but de la création, b) Le Monde Infernal, c) Un Monde intermédiaire appelé Monde des Esprits. Le Royaume Céleste où règnent le Bien de l'Amour et

le V rai de la Sagesse est organisé en Sociétés innombrables correspondant à la forme humaine.

1. Évangile de Marc, chapitre XIII, 26.

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Emmanuel Swedenborg

Dans le Monde Infernal règnent le Mal de la Haine et le Faux de la Folie. Chaque Société Céleste a, à son opposé, une Société infernale.

Le Monde des Esprits est un monde d'instruction et de triage où chaque être passe par différents états et se conjoint, selon la qualité de ses affections et de ses désirs, au Royaume Céleste ou au Monde Infernal.

3° Les Eglises Centrales. Pourquoi est-ce à la fin du 18e siècle et pas avant, que ces révélations ont été faites ?

Nous en avons une explication précise par la connais­sance de l'histoire spirituelle de l'humanité, à laquelle le sens interne de enture ainte nous conduit.

Il nous est ainsi révélé qu' « Adam», qui en hébreu signifie « homme» n'est nullement un seul homme, mais

Jl la première humanité terrestre ou « homme collectif» créé, par la Divinité, d'une préhumanité arrivée à un certain degré de sa longue évolution.

« Adam » est ainsi la première humanité et la remière

JI « assemblée» d'hommes cl'où -son nom de Première ou 'I're5,. ncieruie~glise,Te mot'<< Eglise» signiliâüt «assem­blée », ou la Première Église Centrale.

Depuis ce début de l'humanité, il y eut toujours sur terre une Église Centrale, notre Église Chrétienne, avec

l ses trois rameaux : catholique, protestant et orthodoxe, ainsi que toutes leurs dérivations, fç>rmant la uatrième Église Centrale.

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De la Divine Sagesse

C 1 EL

EN FER

LE MONDE SPIRITUEL

AMOUR

B 1 E N

SAGESSE

V R A 1

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33

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34 Emmanuel Swedenborg

Mais chaque Église Centrale, dépôt de la Lumière Spirituelle propre à une période de l'évolution humaine, suit du fait du libre arbitre humain, quatre états principaux, qui sont les mêmes que ceux de la lumière naturelle, soit le matin, le midi, le soir et la nuit 1 •

Après, il y a fin et Église Nouvelle. En dehors des Églises Centrales sont ceux appelés

« les Gentils » dans !'Écriture Sainte. Ces assemblées sont des continuations ou des dérivations des Églises Centrales, dont le temps est passé ou des Églises particulières établies par la Providence Divine pour des buts en rapport avec l'état d'évolution des contrées où elles sont.

Le Mahométisme est un exemple de ce genre <l'Église et peut être considéré comme préparant des nations, qui étaient avant Mahomet, plongées dans l'idolâtrie, à la reconnaissance du Christianisme.

En effet, les Mahométans reconnaissent le Christ comme très grand prophète et croient en un seul Dieu.

Il y a eu, avant l'ère Chrétienne, trois Églises Centrales sur la Terre.

La première, ou Adamique, se termina par le déluge, qui est l'inondation du « Mal» et du « Faux spirituel» dans l'esprit des hommes de cette epoque, à la place du « Bien» et du « Vrai spirituel» que la Divinité y avait insérés.

1. Il ne s'agit pas du développement de ces Églises ou des Civilisations dont elles sont l'âme sur le plan matériel, mais de leur état spirituel.

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De la Divine Sagesse

Il en est de Noë comme d'Adam. Swedenborg affirme qu'il n'a jamais existé, pas plus que Cham, Sem et Japhet. Il s'agit par Noë de la deuxième Assemblée ou deuxième Église Centrale qui, de Palestine, se répandit par le monde. Sem, Cham et Japhet sont les trois rameaux de cette Église.

Tous les noms propres de la Bible jusqu'à Héber, sont ceux des Nations faisant partie de cette Deuxième Église Centrale. Elles eurent à leur début un culte 1 correspon­dant à leur nom significatif de leur qualité spirituelle.

Les îles de la Grèce étaient, au début, rattachées à la deuxième Église Centrale.

Mais suivant ses lois, cette Église :finit par tomber dans l'idolâtrie et, après sa nuit spirituelle, arriver à sa fin.

C'est alors que la Divinité posa, par Abraham, les premières pierres de la Troisième Église Centrale, qui fut l'Église Israélite ou Juive.

Cependant, celle-ci, par suite de l'abaissement de l'humanité fut une Église seulement représentative.

Enfin, le cycle de cette Église étant terminé, ou le temps de sa fin étant venu, en tant qu'Église Centrale, la Divinité se revêtit de la forme humaine terrestre et fonda la Qua­trième Église Centrale ou Église Chrétienne.

Cette première Église Chrétienne ayant aujourd'hui accompli son cycle spirituel, il est pourvu à une Cinquième

1. « La fin de tout culte est la communication avec le Ciel» (Arcanes Célestes 10436).

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Emmanuel Swedenborg

Église Centrale. Il est donné à l'humanité une nouvelle Lumi~re Spirituelle et elle est conduite à un état et un corn ortement nouveflu.

( Swe en org déclare qu'il est char é de donner_ à }1 l'huma1Ëté les lois _ouvelles de cette Onquième Église

_mgle :

«Aujourd'hui 1, c'est le dernier temps de l'Église Chrétienne, qui a été prédit et décrit par le Seigneur dans les Évangiles et dans l' Apocalypse.»

« Ce dernier temps de l'Église Chrétienne est la nuit même dans laquelle ont fini les Eglises précédentes. »

« Après la nuit vient le matin, et l' Avènement du Seigneur est ce matin. »

«L'avènement du Seigneur est fait par l'intermédiaire d'un homme devant lequel le Seigneur s'est manifesté en personne, et qu'il a rempli de son esprit, pour enseigner d'après Lui les Doctrines de l'Église Nouvelle, au moyen de la Parole (ou Écriture Sainte).»

« Que le Seigneur s'est manifesté devant moi, son serviteur, et m'a chargé de cette fonction, et qu'après cela il a ouvert la vue de mon esprit, et m'a introduit dans le Monde Spirituel. .. Je l'atteste comme étant la vérité. » 2

Le traité « De la Divine Sagesse» est donc destiné à l'humanité nouyelle qui se forme sous nos yeux. Il donne tout son sens à cette évolution visible, qui conduit à la

I. Écrit CO 1771. 2.. Vraie Religion Chrétienne, chapitre XIV.

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De la Divine S age.rs1

LES ÉGLI S ES CENT R ALES

lnfi11i lwfilfi

Debuf de l'ère Chrelienne

OU CHUTE ET RÉGÉNÉRATION

DE L'HUMANITÉ

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Emmanuel Swedenborg

primauté de la fonction et au dévouement à la Commu­nauté.

L'époque que nous vivons est bien la nuit spirituelle

'J de la Quatrième Église Centrale, mais c'est aussi l'éclai­rement des premières lueurs de l'aurore nouvelle.

* -l yole.. "' .. ( 't .'.}

2 ~ f"o. '?. t; ê.. [ =f= J.11 ol a.. "" !. '2.o '

NOTE BIBLIOGRAPHIQUE

C'est l'Académie Royale des Sciences de Stockholm, qui possède ) le manuscrit original latin de Swedenborg du traité « De la Divine Sagesse ». Oe.u-.v"-.e.... r "'si"/."',_..~ --

a première traduction en français a été faite par Le Boys des Guays, et publiée en 1843 à Saint-Amand (Cher), avec le traité du «Divin Amour ». -

Il existe une deuxième édition publiée, comme la première à Saint-z. Amand, en 1860. Depuis cette date, il n'y eut plus aucune réédition

en France. -Mais nous pouvons signaler une édition en latin à New York en

1884 et une en 1889, ainsi que de nombreuses éditions en langue anglaise à partir de 1813, tant aux États-Unis qu'en Angleterre.

On trouve aussi une traduction allemande publiée en 1882 à Francfort-sur-le-Mein.

La traduction qui est donnée ici est celle de Le Boys des Guays, revue et corrigée.

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TRAITÉ

DE LA

DIVINE

SAGESSE

3

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4./

SUJET RÉSUMÉ DU TRAITÉ DE

LA DNINE SAGESSE

Dieu est Amour et Sagesse. L'homme est reliée à la Divinité. (chapitres 1 et 2), mais il est formé dans l'utérus de la mère, en trois degrés de vie, le troisième, ou degré naturel, dans lequel il naît, étant inversé par le mal héré­ditaire 1, ainsi il doit être régénéré, avec le concours de

JJ son libre arbitre, Ps>.llr gue les degrés supérieurs soient o_gyg!s (chapitres 3 et 4).

La Volonté (interne) et l'Intellect siégeant dans les cerveaux sont les réceptacles de la Vie Divine. Ils ont comme formes correspondantes, dans le corps, le cœur et le poumon (chapitres 5 et 6).

Du fait de sa constitution et de ses trois degrés de vie, l'homme après sa mort terrestre, vit en corps spirituel ou esprit en forme humaine et par sa régénération, devient habitant ou membre du Royaume Céleste, but de la Création de l'Univers (chapitres 7 et 8).

L'Écriture Sainte enseigne le chemin qui conduit au Ciel. Les dix commandements, résumés dans les Évan­giles par l'Amour de Dieu et l'Amour du Prochain, en sont le sommaire. Mais pour bien les suivre, nous devons

1. Non pas originel (voir note page 87).

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Emmanuel Swedenborg

savoir que l'homme étant Volonté et Intellect conjoints, c'est la vie ou la qualité de la Volonté (interne ou dernière) dérivant de l'Amour, qui fait sa qualité spirituelle, ainsi sa vie future (chapitres 9 et 10).

De là, c'est l'Amour de Dieu et du Prochain, incarné dans la vie des actes utiles au Bien Commun, qui conduit au Ciel et qui est la vie même du Ciel (chapitres IO et I 1).

Dans le chapitre 12., Swedenborg montre qu'il n'y a qu'une Vie unique. Cette Vie est dans le Seigneur Jésus­Christ. Toute vie en dépend.

*

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COURT EXPOSÉ

CONCERNANT LE CHAPITRE

PREMIER

Dans le Seigneur Jésus-Christ ressuscité est la plénitude de la Divinité. En Lui, sont l'Amour et la Sagesse, le Divin Bien et le Divin V rai.

Il apparaît, dans les Geux, devant les yeux des anges, dans un Soleil d'où procèdent l'Amour et la Sagesse.

L'Amour et la Sagesse, qui procèdent du Seigneur, sont reçus distinctement par les anges, la Sagesse, sous forme de Lumière et l'Amour par une perception de Chaleur.

Sur notre terre, la Lumière spirituelle qui « éclaire tout homme venant en ce monde», selon les paroles des Évangiles 1 est reçue dans leur mental, suivant des degrés divers, et même changée en Folie, par le libre arbitre humain.

1. Évangile de Jean, chapitre J•r, 9.

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CHAPITRE PREMIER

LA DIVINE SAGESSE, DANS LES CIEUX, APPARAIT COMME LUMIÈRE DEVANT LES YEUX DES ANGES

Dans le Seigneur 1, il y a l'Amour et la Sagesse. En Lui, l'Amour est «L'ÊTRE», et la Sagesse «L'EXISTER» 2•

Cependant, en Lui, ils sont non pas deux, mais un, car la Sagesse appartient à l'Amour et l'Amour appartient à la Sagesse. C'est par cette union, qui est réciproque, qu'ils deviennent un. Cet un est le Divin Amour (uni à la Divine Sagesse), qui dans les Cieux apparaît devant les Anges comme Soleil.

L'union réciproque de la Divine Sagesse et du Divin Amour est entendue par ces paroles du Seigneur :

« Ne crois-tu pas, Philippe, que Je suis dans le Père et (que) le Père « est» en Moi ? Croyez-moi Je sllis dans le Père et le Père « est» en Moi. » 3

i. «Le Seigneur (Jésus-Christ) est Jéhovah Lui-même ou le Père dans une forme humaine». (Arcanes Célestes, 9315).

z. Le mot « exister» employé substantivement signifie !'Universel de l'existence.

3. Évangile de Jean, chapitre XIV, 10, u. Le Seigneur s'exprime là comme Divine Sagesse dans laquelle est le Divin Amour exprimé par l< le Père».

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Emmanuel Swedenborg

Et par celles-ci « Moi et le Père nous sommes Un. » 1

Mais cette dualité, qui dans le Seigneur est Unité, procède de Lui comme Soleil en deux choses distinctes, la Sagesse en Lumière et l'Amour en Chaleur. Toutefois, il n'en est ainsi' qu'en apparence puisqu'en elle-même, la Chaleur (spirituelle) et la Lumière (spirituelle) appartenant l'une à l'autre ne sont pas distinctes.

Elles sont même un dans le plus petit point, ainsi qu'elles le sont dans le Soleil (Divin), car tout ce qui en procède, même dans les choses les plus petites et par conséquent en tout point, est aussi le Soleil (Divin).

Quand je dis « tout point» et « la chose la plus petite», je n'entends pas un point de l'espace, ni la chose la plus petite de l'espace ; en effet, dans le Divin, il n'y a pas d'espace, car cela est spirituel et non pas naturel.

Puisque du Seigneur comme Soleil procèdent la Sagesse et l'Amour en deux choses distinctes quant à l'apparence, la Sagesse sous une forme de Lumière, et l'Amour par une perception de Chaleur, les Anges les reçoivent donc comme étant distinctement deux. Les uns reçoivent en plus grande abondance la Chaleur qui est l'Amour, et les autres la Lumière qui est la Sagesse.

I . ÉvangiÏe de Jean, chapitre X, 30. Le Seigneur Jésus-Christ parla sur la terre suivant deux états : celui d'Exinanition et celui de Glorification. Sans le premier état, Il n 'eut pu être crucifié. Les paroles ci-dessus sont de l'état de Glorification et d'union (Vraie Religion Chrétienne, 104).

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D1 la Divine Sagesse

J EHOVAH

L'È {RE r ou Io Via' en Soi et par 501}

/ / /

LA CHALEUR SPIRITUELLE / 1

LE ~IV IN AMOL)R

L E D I VIN BIEN

/ LE P~RE

LA LUMIERE SPIRITUELLE

' \

LA DIVINE S~GESSE LE DIVIN VRAI

LE F I LS

«Au commencement était la Parole (le D ivin Vrai). » Toutes choses par elles ont été faites. 71 En Elle Vie il y avait .... » Et la Parole chair a été faite. »

» Dieu personne ne le vit jamais » L'Urùque-engendré Fils qui est dans le sein du Père » Lui l'a manifesté. »

(Évangile de Jean, chapitre I••, 1 à 18).

47

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Emmanuel Swedenborg

C'est pourquoi les Anges de tous les Cieux sont dis­tingués en deux royaumes.

Ceux qui ont reçu plus de Chaleur qui est l'Amour que de Lumière qui est la Sagesse, constituent l'un de ces royaumes. Ils sont nommés Anges célestes et forment les Cieux supérieurs.

Ceux qui ont reçu plus de Lumière qui est la Sagesse que de Chaleur qui est l'Amour, constituent l'autre royaume, et sont nommés Anges spirituels. Ils constituent aussi les Cieux les moins élevés.

Il est dit que ceux-ci ont reçu plus de lumière (spiri­tuelle) qui est la Sagesse que de Chaleur (spirituelle), qui est l'Amour. Mais ce « plus » n'est qu'une apparence, car (tout en recevant en plus grande abondance la Lumière spirituelle, qui est la Sagesse), ils ne sont sages que dans la mesure où l'Amour chez eux fait un avec la Sagesse (ou qu'il y a conjonction de l'un avec l'autre) . Pour cette raison, les Anges spirituels sont appelés intelligents et non pas sages.

Ceci concerne la Lumière dans le Seigneur, la Lumière procédant du Seigneur, et la Lumière dans les Anges.

La Divine Sagesse, qui dans les Cieux apparaît comme Lumière, n'est pas Lumière dans son essence, mais elle se revêt de Lumière, afin de paraître devant la vue des Anges.

La Sagesse dans son essence, est le Divin V rai. La Lumière est son apparence et sa correspondance. Il en est de l'Amour à l'égard de la Chaleur (spirituelle), comme de la Sagesse à l'égard de la Lumière (spirituelle).

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De la Divine S ages.u

POSITION

DU ROYAUME DU CIEL

PAR RAPPORT

A L'UNIVERS NATUREL

7

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Emmanuel S'l'Jledenborg

Puisque la Lumière correspond à la Sagesse, et que le Seigneur est la Divine Sagesse (conjointe avec le Divin Amour), voilà aussi pourquoi le Seigneur, dans la Parole, est nommé la Lumière dans beaucoup de passages, par exemple, dans les suivants :

« Il était la vraie Lumière qui éclaire tout homme venant dans le monde.» 1

Jésus dit : « Je .suis la Lumière du monde ; celui qui Me .suit ne marchera point dans le.s ténèbre.s, mai.s il aura la Lumière de la Vie. » 2

Jésus dit : « La lumière e.st encore avec vou.s pendant un peu de temp.s, marchez pendant que VOU.! avez la Lumière, de peur que le.s ténèbre.s ne VOU.! .surprennent. Pendant que VOU.! avez la Lumière, croyez en la Lumière, afin que vou.s .soyez de.s fil.s de Lumière. Moi, la Lumière, Je .sui.s venu dan.s le monde, afin que quiconque croit en moi ne demeure point dan.s le.s ténèbre.s. » 3

Et dans plusieurs autres passages : La Divine Sagesse a été aussi représentée par ses vête­

ments lorsqu'il s'est transfiguré :

« Se.s vétement.s apparurent comme la Lumière, re.splendi.s­.sant.s et blanc.s comme la neige, tel.s qu'il n'y a point de foulon sur la terre qui puisse ainsi blanchir. » 4

I. Évangile de Jean, chapitre I, 9. 2. Évangile de Jean, chapitre vm, u. 3. Évangile de Jean, chapitre XII, 31, 36, 46. 4. Évangile de Marc, chapitre IX, 3, et Évangile de Matthieu,

chapitre XVII, 2.

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De la Divim Sage.ut

Illustration schématique sur Dieu et la Lumière spirituelle pour la compréhension du texte du premier chapitre.

La Lumière dans le Seigneur.

La Lumière

DIVIN ÊTRE DIVIN AMOUR DIVIN BIEN

DIVIN EXISTER DIVINE SAGESSE DIVIN VRAI

-/:,m/ùe de/a

l'Amour Sagesse coqjoinles

procédant du Seigneur.

creux Royaume Ro!foume Ct!lesfe Spiriroe/

3!'Ciel supérieur

La Lumière chez les Anges. SAGESSE

2.''Ciel

INTELLIGENCE

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J'!Get

ANGES SPI RITUELS,suges do11s Io mesure ou il !I a e11 eux co11jo11clion de /-Amour aYec

Io Sagesse

Ce schéma qui peut aider à la compréhension du texte ne doit pas faire oublier qu'il s'agit de réalités suréminentes pour notre compréhension et que le RQyaume des Cieux est en forme humaine.

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Emmanuel Swedenborg

Dans la Parole (ou Écriture Sainte), les vêtements signifient les V rais de la Sagesse, aussi tous les Anges dans les Cieux apparaissent-ils vêtus selon les V rais de leur science, de leur intelligence et de leur Sagesse 1•

On voit clairement dans le Ciel, que la Lumière (spiri­tuelle) est l'apparence et la correspondance de la Sagesse. Mais il n'en est pas de même dans le monde.

Il n'y a d'autre Lumière dans le Ciel que la Lumière spirituelle et cette Lumière de la Sagesse éclaire toutes les choses qui y existent par le Divin Amour.

Les Anges, par la Sagesse, peuvent comprendre ces choses dans leur essence et, par la Lumière, les voir dans leur forme. Chez eux, Sagesse et Lumière sont dans un même degré.

Dans les Cieux supérieurs, il y a une Lumière étincelante qui brille comme si elle émanait de l'or le plus resplen­dissant, parce que les Anges sont dans la Sagesse.

Dans les Cieux au-dessous, les Anges étant dans l'intel­ligence, il y a une Lumière blanche qui brille comme si elle émanait de l'argent le mieux poli.

Dans les Cieux les plus bas, les Anges étant dans la science, il y a une Lumière comme la lumière du Monde en plein Midi.

La Lumière des Cieux supérieurs est étincelante, abso­lument comme se montre une étoile qui brille et resplendit en elle-même pendant la nuit ; cette lumière est conti-

1. Ainsi ces vêtements sont plus ou moins beaux ou resplendissants.

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De la Divine Sagesse

nuelle, parce que le Soleil (Divin) ne se couche point. C'est cette même Lumière qui, dans le Monde, éclaire l'intelligence des hommes qui aiment à être sages, mais elle ne leur apparaît point, parce qu'ils sont naturels et non spirituels. Cependant elle peut apparaître, car elle m'est apparue, mais devant les yeux de mon esprit.

Il m'a aussi été donné de percevoir que, dans la Lumière du Ciel suprême, j'étais dans la Sagesse ; dans la Lumière du second Ciel, dans l'intelligence, et dans la Lumière du dernier Ciel, dans la science. Enfin, quand je me trouvais seulement dans la lumière naturelle, j'étais dans l'igno­rance des choses spirituelles.

Pour que je susse dans quelle Lumière étaient aujour­d'hui 1 les savants du monde, il me fut présenté à la vue (interne) deux chemins : l'un était appelé le chemin de la Sagesse, et l'autre, le chemin de la Folie. Au bout du chemin de la Sagesse était un palais dans la lumière et au bout du chemin de la Folie il y avait quelque chose qui ressemblait à un palais, mais dans l'ombre.

Des savants furent rassemblés au nombre de trois cents, et on leur accorda de choisir le chemin qui leur convenait. L'on vit alors que deux cent soixante prenaient le chemin de la Folie, et seulement quarante le chemin de la Sagesse. Ceux qui prirent le chemin de la Sagesse entraient dans le palais de la lumière où étaient des choses magnifiques,

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Emmanuel Swedenborg

et on leur donna des vêtements de lin très fin. Ils devinrent des Anges.

Ceux, au contraire, qui prirent le chemin de la Folie voulaient entrer dans ce qui, dans l'ombre ressemblait à un palais. Mais voici : c'était un théâtre. Ils se vêtirent d'habits de comédiens, et ils déclamaient leurs visages étant couverts de masques. Ils devinrent insensés.

On me dit ensuite qu'il y avait aujourd'hui autant et de semblables savants insensés qui sont dans la lumière naturelle par rapport au nombre de savants sages qui sont dans la Lumière spirituelle. On me dit aussi que la Lumière spirituelle est pour ceux qui aiment comprendre si ce qu'un autre dit est vrai, tandis que la lumière naturelle est pour ceux qui aiment seulement confirmer ce qui a été dit par d'autres 1•

*

1. Il s'agit là de l'état d'esprit qui existait quand ces lignes furent kritee. Le monde savant de 1953 a une toute autre attitude d'esprit.

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COURT EXPOSÉ

CONCERNANT LE CHAPITRE II

L'homme, créé pour être « ressemblance et image» de Dieu, est relié à la Divinité. Il a en lui deux réceptacles, l'un pour l'Amour, l'autre pour la Sagesse.

Le réceptacle de l'Amour est ce que nous pouvons percevoir comme notre Volonté interne ou dernière.

Le réceptacle de la Sagesse est ce qu'on appelle l'Intellect. L'un et l'autre règnent dans les cerveaux. Là sont les

formes visibles dans lesquelles existent des formes invi­sibles, spirituelles, et transcendantes, réceptacles premiers.

Ainsi, est-ce dans les cerveaux que sont les premiers éléments dont les forces découlent vers toutes les parties du corps.

Dans le corps les choses naturelles correspondent aux choses spirituelles.

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CHAPITRE II

LE SEIGNEUR A CRÉÉ CHEZ L'HOMME ET EN­SUITE IL FORME CHEZ LUI UN RÉCEPTACLE DE L'AMOUR LEQUEL EST SA VOLONTÉ,. ET IL Y ADJOINT UN RÉCEPTACLE DE LA SA­GESSE, LEQUEL EST SON INTELLECT t.

Puisque dans le Seigneur il y a deux choses qui pro­cèdent de Lui, l'Amour et la Sagesse, et puisque l'homme a été créé pour être sa ressemblance et son image, ressem­blance par l'Amour et image par la Sagesse 2, il a été créé en lui deux réceptacles l'un pour l'Amour, l'autre pour la Sagesse.

Le réceptacle de l'Amour est ce qu'on appelle la Volonté 3, et le réceptacle de la Sagesse ce qu'on appelle !'Intellect.

L'homme sait que ces deux choses sont en lui, mais il ne sait pas qu'elles ont été conjointes de la même manière que dans le Seigneur, avec cette différence que dans le Seigneur elles sont la Vie, tandis que chez l'homme elles sont les réceptacles de la Vie.

1. « Intellectus » dans l'original latin. 2. « Dieu dit : « Faisons l'homme à notre image, selon notre ressem­

blance. » Livre de la Genèse, chapitre I, 26. ; . « Voluntas » dans l'original latin. Il s'agit de la Volonté interne,

expression de l'Amour.

8

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Emmanuel Swedenborg

On ne peut décrire quelles sont leurs formes, parce que ce sont des formes spirituelles, et que les choses spiri­tuelles sont transcendantes. Ce sont des formes au-dedans de formes, s'élevant jusqu'au troisième degré, innom­brables, discontinues, mais toutefois unies. L'origine de chacune de ces formes, réceptacle de l'Amour et de la Sagesse, est dans les cerveaux. Là sont les premiers éléments et les têtes des fibres, dont les efforts et les force-s découlent vers toutes les parties du corps, tant supé­rieures qu'inférieures. Ils s'établissent sens dans les organes des sens, mouvements dans les organes du mouvement, et fonctions de nutrition, de chylification, de sanguini­fication, de séparation, de répurgation, et de prolification dans les autres organes ; ainsi, dans chaque organe ces efforts et ces forces s'établissent usages propres à l'organe.

Ces préliminaires étant donnés, je vais établir les points suivants :

)

~ Ces formes, réceptacles de l'Amour et de la Sagesse . existent, en premier lieu, dans l'homme conçu dans l'utérus et

naissant ;

~ Toutes les parties du corps, depuis la tête jusqu'aux plantes des pieds, sont continuellement tirées de ces formes et

1 produites par elles ;

~Leurs productions se font selon les lois de la Corres­pondance, et c'est pour cela que toutes les parties du corps, les internes et les externes, sont des correspondances.

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De la Divine Sagesse

L'homme créé à l'image de Dieu

D I VIN AMOUR

CHALEUR SPIRITUELLE

DIVINE SAGESSE

LUMIÊRE SPI RI TUELLE

L'AMOUR donf l'organe esf Io

TABLE D'HARMONIE sur fo9veffe vihrenf

LA SAGESSE donf / •organe esf

VOLONTÊ INTERNE L ' INTELLECT

l e corps n'est'fv'un orgoneobéissonf ou cerlfe'1v

Mais, par son libre arbitre spirituel, l'homme a le pouvoir d'inverser en lui, l'amour Céleste (qui est l'Amour de Dieu et du Bien du Prochain) en -amours opposés (qui sont l'Amour exclusif de soi et du Monde) et la Sagesse spirituelle en Folie spirituelle, suivant des degrés divers.

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60 Emmanuel Swedenborg

Œ- - CES FORMES, RÉCEPTACLES DE L'AMOUR ET DE LA

SAGESSE, EXISTENT EN PREMIER LIEU DANS L'HOMME

CONÇU DANS L'UTÉRUS ET NAISSANT :

Ceci peut être constaté par l'expérience et confirmé par la raison.

PAR L'EXPÉRIENCE : Dès les premières ébauches des embryons humains dans les utérus après la conception, de même que dès les ébauches des poussins dans les œufs après l'incubation, ces premières formes ne se montrent pas elles-mêmes à l'œil, mais on aperçoit leurs premières productions qui constituent la tête.

On sait que la tête est plus grosse dans le commencement et l'on sait aussi que de la tête se projette une toile pour toutes les parties dans le corps.

Il est évident d'après cela que ces formes sont les pre­miers éléments.

PAR LA RAISON : Toute création 1 est faite par le

t. Nous devons entendre par « création» non seulement la création du monde œl qu'il est aujourd'hui, ce qui est le résultat d'ilne longue évolution dirigée par la Divinité, mais aussi la continuation de cette évolution sous nos yeux.

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De la Divine Sagesse 61

Seigneur comme Solè.il, qui est le Divin Amour et la Divine Sagesse. D'après eux aussi il y a création de l'homme.

La formation de l'embryon et de l'homme-enfant dans l'utérus est comme la création, mais se nomme « génération» parce qu'elle se fait au moyen d'intermé­diaires, le père et la mère. Il suit de là que les premières formes, surtout chez l'être humain, sont des réceptacles de l'Amour et de la Sagesse, et que la création des autres parties qui constituent l'être humain se fait par ces formes.

De plus, il n'y a aucun «effet» qui existe par soi-même 1•

Mais tout « effet » existe par une « cause » (ou des causes), antérieure appelée « cause efficiente» 2• Celle-ci non plus, n'existe pas par elle-même, mais par une «cause» appelée « fin» s.

Dans cette fin, tout ce qui suit (la « cause» et «l'effet») est en effort et en idée. Dans la « fin des fins » (ou au plus haut degré) en effort dans le Divin Amour et en idée dans la Divine Sagesse.

Cette vérité se montrera plus clairement dans ce qui va suivre.

r. Exemple : Si une maison existe, ce n'est pas par elle-même. 2.. Exemple : La maison existe par des causes multiples : travail de

l'architecte, travail des différents corps de métier, etc ... 3. Exemple : L'architecte a projeté la maison pour une fin, normalement

vouloir loger des hommes, ou, d'une manière incidente, vouloir assurer sa situation ou toute autre. Ainsi, même sur un plan très concret, nous retrouvons toujours ce triple aspect de la fin, de la cause et de l'effet.

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Emmanuel Swedenborg

Œ - TOUTES LÈS PARTIES DU CORPS, DEPUIS LA TÊTE

JUSQU'AUX PLANTES DES PIEDS, SONT CONTINUELLEMENT

TIRÉES DE CES FORMES ET PRODUITES PAR ELLES.

C'est aussi ce qui peut être constaté par l'expérience et confirmé par la raison :

PAR L'EXPÉRIENCE : De ces formes primitives sont tirées des fibres 1 vers les organes des sens de la face, yeux, oreilles, narines et langue, puis vers les organes moteurs de tout le corps, appelés muscles, et pareillement vers tous les viscères organisés qui servent aux différents usages dans le corps.

Toutes ces parties, tant les viscères que les organes, sont de pures contextures de fibres et de nerfs qui s'échappent de l'un et de l'autre cerveau et de la moelle épinière. Les vaisseaux sanguins eux-mêmes, par lesquels se font en même temps les contextures, sont aussi composés de fibres qui en sortent.

Quiconque a des connaissances en anatomie peut voir que tout autour du cerveau, puis au-dedans du cerveau, ainsi que dans le cervelet, et dans la moelle épinière, il y a des petites sphères, comme des molécules, nommées substances et glanches corticales et cendrées, et que toutes les fibres, en quelque nombre qu'elles soient dans les cerveaux, et tous les nerfs qui en sont formés, en quelque

I. Les différents textes montrent qu'il s'agit des fibres et des cellules.

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Dt la Divine Sagesse

Quelques-unes des contextures reliées au cerveau.

Nt uro - fi"bn11~s

A la place de ces illustrations sommaires, c'est tout un traité d'anatomie qu'il faudrait résumer ici. Nous y renvoyons le lecteur.

6;

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Emmanuel Swedenborg

nombre qu'ils soient dans le corps, sortent et procèdent de ces petites sphères ou substances.

Ce sont là les formes initiales dont sont tirées et pro­duites toutes les parties du corps, depuis la tête jusqu'aux plantes des pieds.

PAR LA RAISON : Il ne peut pas y avoir de fibres sans origines et les parties organiques des corps produites par les fibres diversement compliquées sont des « effets » qui ne peuvent par eux-mêmes vivre, sentir, ni se mouvoir, mais qui vivent, sentent et se meuvent par continuité d'après leurs origines.

Je vais éclaircir ceci par des exemples : L'œil ne voit pas par lui-même, mais il voit par continuité d'après l'intellect. L'intellect voit par l'œil et il le meut aussi car il le fixe vers les objets et tend sa pénétration.

L'oreille n'entend pas non plus par elle-même, mais elle entend par continuité d'après l'intellect. L'intellect entend par les oreilles et les fixe aussi, il les dresse et les tend vers les sons.

La langue ne parle pas non plus par elle-même, mais elle parle d'après la pensée de l'intellect. La pensée parle par la langue, et elle varie les sons et élève leurs modes à volonté.

Il en est de même des muscles, ils ne se meuvent pas par eux-mêmes ; mais la Volonté, d'accord avec l'intel­ligence, les meut et les fait agir comme il lui plaît.

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D1 la Divine Sage.rse

On voit d'après cela qu'il n'y a rien dans le corps qui sente et se meuve par soi, mais que toutes ces parties sentent et se meuvent d'après leurs origines, dans lesquelles résident l'Intellect et la Volonté qui sont par conséquent dans l'homme les réceptacles de l'Amour et de la Sagesse.

On voit ensuite que ces réceptacles sont les formes premières. Les organes, tant ceux des sens que ceux des mouvements, sont des formes procédant des formes premières.

Π- CES PRODUCTIONS SE FONT SELON LES LOIS DE LA

CORRESPONDANCE ET C'EST POUR CELA QUE TOUTES LES

PARTIES DU CORPS, LES INTERNES ET LES EXTERNES,

SONT DES CORRESPONDANCES.

Dans ce monde, jusqu'à maintenant on a ignoré ce qu'est la Correspondance. Cela, parce qu'on a ignoré ce qu'est «le spirituel» et qu'il y a correspondance entre «le naturel» et « le spirituel».

Quand quelque chose, par « le spirituel» comme origine et cause, devient visible et perceptible devant les sens, il y a alors correspondance entre ce « naturel » et ce « spirituel » ; une telle correspondance existe entre les « spirituels » et les « naturels » chez l'homme.

Les « spirituels » sont toutes les choses qui appar­tiennent à son Amour et à sa Sagesse, par conséquent toutes celles qui appartiennent à sa Volonté et à son Intellect, et les « naturels » sont toutes les choses qui

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66 Emmanuel Swedenborg

appartiennent à son corps. Comme c'est par celles-là (les choses de la Volonté et de !'Intellect que celles-ci (les choses du corps) ont existé, existent continuellement, c'est-à-dire subsistent, elles sont des correspondances. Par cela même, elles font un, comme la « ftn », la « cause» et « leffet ».

Ainsi le visage fait un avec les affections de l'esprit (dépendant de l'Amour et de la Volonté interne) 3, le langage avec la pensée (dépendant de la Sagesse et de !'Intellect) 2 et les actions de tous les membres avec la Volonté 1• Il en est de même du reste.

x. La contrariété ou la joie qui se montre sur un visage résulte des mouvements des muscles du visage, mais ces mouvements correspondent à des sentiments internes, en eux-mêmes invisibles et spirituels. Il y a correspondance du sentnnent (spirituel) à son expression physique (ou naturelle).

z. Chacun sait que le mot « chaise» correspond à un objet matériel qui sert à s'asseoir. Il y a cependant une grande différence entre le mot et l'idée de l'objet qu'il représente, ou avec l'objet lui-même :

Chaise chair

Stuhl

Il y a correspondance du mot avec la pensée.

cathedra

sedia silla

3. Le désir de savoir l'heure va entraîner la tête à se tourner vers la pendule pour satisfaire ce désir. Il y a correspondance entre le désir et le mouvement du corps dont il a été la cause.

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De la Divine Sageu~

La loi universelle des correspondances, c'est que « le spirituel» s'adapte à l'Usage qui est sa «fin», qu'il fasse agir et modifie l'Usage par la Chaleur et la Lumière, et que, par des moyens auxquels il a été pourvu, il s'en revête jusqu'à ce qu'il devienne forme servant à la «fin». Dans cette forme « le spirituel» fait la « fin», l'Usage la « cause», et « le naturel» « l'effet » 1 • Mais dans le Monde spirituel, le substantiel remplace « le naturel» 2•

Pat là on voit que les choses qui se correspondent sont très différentes entre elles. Elles sont cependant parfaitement reliées les unes aux autres et coexistent quoique sur des plans différents. L'idée de la chaise dans l'esprit et le mot « chaise» qui est un son naturel, la contrariété ou la joie qui sont des sentiments de l'esprit et un aspect physique de la face, un simple désir dans l'esprit et un mouvement du corps matériel.

1. Cette loi universelle des correspondances est très abstraite, mais compréhensible. Si nous prenons le cas du sentiment de joie qui se montre sur le visage, nous y trouvons le facteur « spirituel» qui est le sentiment de la joie. Il s'adapte à l' « Usage» ou action des fibres et muscles qui le manifestent. Il fait agir et modifie l'action de ces fibres et de ces muscles par la Chaleur (ou affection spirituelle) et la Lumière (de l'intelligence) et s'en revêt. Il devient dans le corps naturel forme naturelle et visible au service de la fin spirituelle (ou sentiment de joie) en soi-même invisible.

Dans cette forme le (facteur) spirituel fait la « fin», les mouvements des fibres et des muscles font la <(cause», l'expression du corps physique ou naturel est « l'effet » visible.

Constatons que ces trois choses sont intimement liées l'une à l'autre par correspondance.

2. Cette phrase est ajoutée par Swedenborg car dans le monde spirituel, il y a également des formes qui existent selon la loi des correspondances qui est la même partout. La différence est que dans ce monde les formes qui y existent sont en substance spirituelle, tandis que dans notre monde naturel, elles sont en substance ou matière naturelle.

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68 Emmanuel Swedenborg

Toutes les choses qui sont dans l'homme sont de telles formes (correspondantes de choses spirituelles) 1•

*

i. Ici Swedenborg renvoie le lecteur à se11 autte11 ouvrages, principa­lement aux « Arcanes Célestes». L'importance de tous ces renvois ne permet pas de les transcrire ici.

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COURT EXPOSÉ

CONCERNANT LE CHAPITRE III

Le Seigneur, qui est la Vie, ou le Divin qui procède de Lui comme Soleil du Ciel angélique, est présent, dès la première conception de l'homme dans l'utérus de la mère, et le forme suivant trois degrés de vie, pour qu'il soit son image et sa ressemblance. Là, l'être est dans une innocence où peut être présente la Divinité.

Elle y est présente non. matériellement, mais spiri­tuellement et se conjoint en ses deux réceptacles, celui de l'Amour et celui de la Sagesse.

L'Amour et la Sagesse forment ensemble toutes les parties de l'homme.

C'est parce qu'il y a deux principes de vie qu'il y a partout dans le corps deux parties pareillement distinctes et unies. Il y a ainsi deux hémisphères du cerveau, deux yeux, deux oreilles, deux narines, etc ...

L'homme naît avec ses trois degrés de vie, l'un au-dedans de l'autre, mais seuls les deux degrés supérieurs sont réceptacles de la vie divine, le troisième étant inversé par le mal héréditaire.

Ainsi l'homme naît incliné au Mal par son dernier degré de vie.

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Dt la Divine Sageue 71

CHAPITRE III

DE LA FORMATION DE L'HOMME DANS L'UTÉRUS PAR LE SEIGNEUR, AU MOYEN D'UN INFLUX DANS CES DEUX RÉCEPTACLES

Dans la formation de l'homme dans l'utérus, les « spirituels» (ce qui est spirituel) se conjoignent aux « naturels» (ce qui est naturel). Il y a plusieurs choses qui ne peuvent être décrites car les « spirituels» (ce qui est spirituel ou les choses spirituelles) sont des choses qui sont abstraites par rapport aux « naturels» (aux choses du monde naturel), d'où il résulte qu'il n'y a pas de mots pour les exprimer dans le langage naturel, sinon quelques expressions générales que certains hommes comprennent avec plus d'intelligence que d'autres.

Toutefois, je me servirai de ces expressions et de compa­raisons, qui sont aussi des correspondances, pour expliquer les points suivants :

~ ~Le Seigneur se cotefoint à l'homme, dans l'utérus de la

mère, dès la première conception, et il le forme. ~ Il se cotif oint dans ces deux réceptacles, dans l'un par

l'Amour, dans l'autre par la Sagesse. (t L'Amour et la Sagesse forment ensemble et avec unanimité

) ftHd<S ks partùs ,J, /'homme en giniral et eWune d'elles en

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Emmanuel Swedenborg

particulier, néanmoins dans ces deux parties ils sont toujours distincts. @ Les réceptacles chez l'homme sont distingués en trois

degrés, l'un au-dedans de l'autre, et les deux degrés supérieurs sont les habitacles du Seigneur, mais non le degré le plus bas. ~ L' 11n des réceptacles est pour la Volonté de /'homme

futur, et l'autre pour son Intellect, et cependant il n'y a abso­lument rien de sa Volonté ni de son Intellect dans la formation. (§.0 Il y a vie dans l'embryon avant l'enfantement, mais il

n'y a pas conscience. -- - ----0 - LE SEIGNEUR SE CONJOINT A L'HOMME DANS

L'UTÉRUS DE LA MÈRE, DÈS LA PREMIÈRE CONCEPTION,

ET IL LE FORME;

Par le Seigneur, on entend ici, comme ailleurs, le Divin qui procède de Lui comme Soleil du Ciel où sont les Anges, Divin duquel et par lequel tout a été créé dans le Monde entier.

Il a déjà été confirmé que le Divin est la Vie même 1•

Pour être une forme de Ja Vie, qui est Homme, l'homme doit donc être formé par Elle. De là Elle est présente dès la première conception et Elle le forme, pour qu'il soit Son image et Sa ressemblance, pour qu'il soit le récep­tacle de l'Amour et de la Sagesse, qui sont la Vie du Seigneur, par conséquent pour qu'il soit le réceptacle du Seigneur Lui-même.

1. D 'où le nom hébreu de Jéhovah, qui signifie «Je suis Celui qui eit » Voir page zz et chapitre XIl. -

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De la Divine Sagesse 73

LA FORMATION DANS L'UTÉRUS

10

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74 Emmanuel Swedenborg

Que l'homme soit dans le Seigneur et que le Seigneur soit en lui, que le Seigneur ait sa demeure chez l'homme, si l'homme L'aime, c'est ce qu'Il enseigne Lui-même 1•

Le Seigneur se prépare cela dans ,l'utérus, comme on le verra dans la suite. C'est pourquoi dans la Parole, Jéhovah ou le Seigneur 2 se nomme créateur, formateur et facteur dès l'utérus 3•

Tant que l'homme est dans l'utérus, il est dans l'inno­cence.

x. Si quelqu'un M'aime; ma Parole il gardera et mon Père l'aimera, et vers lui nous viendrons, et demeure chez lui nous ferons. » (Évangile de Jean, chapitre XIV, 23).

« Comme le sarment ne peut porter de fruit de lui-même, s'il ne demeure (rattaché) au cep, de même vous n<?n plus, si en Moi vous ne demeurez.»

« Si quelqu'un ne demeure pas en Moi, il sere jeté dehors comme le sarment, et il sèche et on le ramasse, et dans le feu on le jette et il sera brûlé.» (Évangile de Jean, chapitre XV, 4 à 7).

2. De nombreux exposés de Swedenborg montrent que Jéhovah s'est revêtu de la forme humaine terrestre par l'incarnation et a divinisé cet Humain qu'il a ressuscité, en qui est la « plénitude de la Divinité. »

3. Voici quelques confirmations tirées de l'Écriture Sainte : « Ainsi parle maintenant l'Éternel, qui t'a créé 0 Jacob 1 Celui qui t'a formé 0 Israël 1 » (Livre d'Esaie, chapitre XVIII, I ).

« Ainsi parle l'Éternel, qui t'a fait et qui t'a formé dès l'utérus.» (Livre d'Esaïe, chapitre XLIV, 2).

« Ainsi parle l'Éternel ton Rédempteur, celui qui t'a formé dès l'utérus. » (Livre d'Esaïe, chapitre XLIV, 24).

« Maintenant l'Éternel parle, Lui qui m'a formé dès l 'utérus pour être son serviteur.» (Livre d'Esaïe, chapitre XLIX, 5).

«Dès le sein maternel j'ai été sous ta garde, dès l'utérus tu as été mon Dieu.» (Livre des Psaumes de David, chapitre XXII, u).

« Dès l'utérus, je m'appuie sur Toi, c'est Toi qui m'as fait sortir du sein maternel. » (Livre des Psaumes de David, chapitre LXXI, 6).

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De la Divine Sagesse

De là, son premier état, après l'enfantement, est un état d'innocence et de paix. Le Seigneur n'habite chez l'homme que dans son innocence, aussi y habite-t-il surtout quand il est dans l'innocence.

Si cet état de l'homme est un état d'innocence et de paix, c'est parce que le Divin Amour et la Divine Sages~e sont l'innocence même et la paix même (Voir le Traité du Ciel et de l'Enfer) i.

Je prévois qu'en lisant ces choses, quelques doutes se présenteront à l'esprit ; mais qu'on lise entièrement jusqu'à la fin. Ensuite qu'on rassemble ses idées, et les doutes disparaîtront.

6 - IL SE CONJOIN'I' DANS CES DEUX RÉCEP'I'ACLES, DANS

L'UN PAR L'AMOUR, DANS L'AU'I'RE PAR LA SAGESSE. -::;- ~-

C'est une conséquence du passage précédent, où il a été confirmé que toutes les parties du corps, donc les parties intérieures aussi bien qu'extérieures, depuis la tête jusqu'aux pieds, ont été produites et formées de ces deux réce tacles.

Puisque les commencements et les premiers éléments de toutes les parties viennent de ces deux récèptacles, il ·en résulte qu'il y a, en eux, le Divin qui forme, et que, par eux, ce Divin est dans les choses qui en sont les continuations.

I. Du Ciel et de l'Enfcr, 2.16 à z83, z84 à i.90.

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Emmanuel Swedenborg

Mais le Divin est dans ces choses et ces téceptacles spirituellement et non matériellement. Il est dans leurs Usages. Les Usages considérés en eux-mêmes sont imma­tériels, malgré que les choses indispensables par lesquelles ils deviennent « effets» soient ~térielles 1 •

Les premiers réceptacles qui sont les premiers éléments de l'être humain viennent du~e. La formation complète est de la mère.

En effetria sem~n~ vient de l'homme. En lui sont les If vaisseaux spermatiques et les testicules, dans lesquels la

semence est cohobée et décan'tée. Sa réception est faite par la femme. Dans son utérus, il

2. y a la chaleur au moyen de laquellè elle est fomentée, ainsi que des petites bouches par lesquelles elle est nourrie.

1. « L'Usage est antérieur aux formes organiques de l'homme par les­quelles se fait l'Usage, parce que l'Usage procède de l'influx du Seigneur par le Ciel, selon les Correspondances. » (Arcanes Célestes, 4u3).

Si nous envisageons les Usages de la purification nous pouvons concevoir qu'il existe sur le plan spirituel une purification du Bien et du Vrai chez ceux où il est mélangé au Mal et au Faux. Cette purification «correspondra» sur le plan physique aux Usages des nombreux organes tels que l'estomac, le foie, les reins, les intestins, etc ... qui collaborent pour la purification du Bon et le :rejet du Mauvais. Ces Usages de purification sont antérieurs aux formes organiques et sont en correspondance avec ceux de la puri­fication spirituelle reliée au Seigneur.

L'Usage de la vue spirituelle procède bien du Seigneur puisqu'il est écrit dans les Évangiles « qu'Il est la Lumière qui éclaire tout homme venant en ce monde. » De la vue spirituelle vient la vue intellectuelle. Puis il y a la vue naturelle de l'ceil matériel et il y a correspondance des Usages de la vue intérieure ou spirituelle avec ceux de la vue naturelle.

Il en est ainsi du reste puisque toute partie de la forme humaine a sa correspondance spirituelle.

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De la Divine Sagesse

l'ovule reminin qui reçoif le Spermafozoïcle

77

Les premiers réceptacles ou les premiers éléments de l'être humain viennent du père.

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1

Emmanuel Swedenborg

Dans la nature, rien n'existe qui ne provienne de sem~ce, et rien ne croît autrement que par la ch_aleur.

Je dirai aussi dans la suite, quelle est la forme de ces premiers éléments de l'être humain.

Comme le commencement de l'être humain est la se­mence, et que cette semence est un doubl;-réceptacle de la Vie, il est évident que l'âme humaine n'est pas la vie

l de la Vie elle-même ou la Vie en Soi, car il n'y a qu'Une seule Vie et cette Vie est Dieu 1•

l. Voici quelques autres passages des œuvres de Swedenborg où il confirme et précise cette vérité fondamentale :

« Il y a une Vie unique, de laquelle tous vivent tant dans le Ciel que dans le Monde. » (Arcanes Célestes 1954 et la suite).

« Cette ,vie vient du Seigneur seul. » (Arcanes Célestes, 2886 et la suite). « Le Seigneur même quant à !'Humain, a cette Vie unique en Lui. »

(Arcanes Célestes, 26 5 8). « Cette Vie unique se répand d'une manière incompréhensible dans

toutes et dans chacune des formes. Elle est diversifiée dans les objets selon leur qualité. » (Arcanes Célestes, 2886 et la suite).

« La Vie in.flue du Seigneur chez les Anges, chez les esprits et chez les hommes (terrestres) d'une manière merveilleuse.» (Arcanes Célestes, 3337 et la suite).

« Cette Vie unique, qui in.flue, fait que l'homme vit tant bon que méchant.» (Arcanes Célestes, 3001).

« Tous vivent de la Vic unique et chacun autrement qu'un autre. » (Arcanes 'Célestes, 4321). .

« Les méchants et les infernaux sont aussi des formes récipientes de la Vic du Seigneur. Mais ils en rejettentle Bien etle Vrai, ou ils les étouffent, ou ils les pervertissent.» (Arcanes Célestes, .;74;).

« Le tout de la Vie in.flue du Seigneur. Il en est de cela comme de la lumière du soleil (naturel), qui· se répand dans toua les objets terrestrea. » (Arcanes Célestes, 2888).

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De la Divine Sagesse 79

J'ai dit ailleurs d'où vient à l'homme la faculté de percevoir la vie 1• Comme il y a continuité des récep­tacles à partir des cerveaux, par les fibres, dans toutes les parties du. corps, il est évident qu'il y a continuité de réception de la Vie dans toutes ces parties. Ainsi l'âme n'est pas ici ou là, mais elle est, d'après les réceptacles, dans toute forme, absolument comme la cause est dans

I. Dans les Arcanes Célestes notamment : « Si la Vie qui procède du Seigneur seul se montre chez chacun comme si elle était en lui même, cela vient de l'Amour du Seigneur envers tout le genre humain, ou en ce qu'Il veut approprier à chacun ce qui appartient à Lui, et donner à chacun la félicité éternelle.

« Que l'Amour veuille donner aux autres ce qui est à Lui, cela est bien connu, il veut se fixer dans autrui et être présent en lui. Que ne doit-il en être de l'Amour Divin ?

« Ceux qui sont méchants reçoivent aussi la vie qui procède du Seigneur, car il en est d'eux comme des objets du monde (terrestre) qui tous reçoivent la lumière provenant du soleil (naturel), par suite les couleurs (contenues dans cette lumière), mais chaque objet selon sa qualité. Les objets qui étouffent la lumière et la corrompent, apparaissent d'une couleur noire et hideuse, cependant il n'en est pas moins vrai qu'ils ont leur teinte noire et hideuse par la lumière du soleil (naturel). Il en est de même de la Vie procédant du Seigneur chez les méchants. Mais cettte vie chez eux n'est pas la vie, elle est la mort spirituelle. »

Swedenborg ajoute ceci : « Quoique cela paraisse paradoxal et incroyable à l'homme (terrestre), cela ne doit pas être nié puisque l'expérience même l'enseigne.

« Si on niait toutes les choses dont les causes ne sont pas connues, on en nierait d'innombrables qui existent dans la nature, dont on connaît à peine les causes de la dix-millième partie. Il y a dans la nature, tant et de si grandes arcanes, que ceux que l'homme connaît sont à peine quelque chose par rapport à ceux qu'il ne connaît pas. Aussi que ne doit-il pas être de ce qui existe dans la spb,ère au-dessus de la nature, c'est-à-dire dans le Monde Spirituel ? » (Arcanes Célestes, 43:z.1).

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80 Emmanuel Swedenborg

les choses qu'elle a produites et le principe dans les choses qui en sont dérivées.

Œ.i - L'AMOUR ET LA SAGESSE FORMENT ENSEMBLE ET

AVEC CONTINUITÉ TOUTES LES PARTIES DE L'HOMME

EN GÉNÉRAL ET CHACUNE D'ELLES EN PARTICULIER,

MAIS T OUJOURS EST-IL QUE DANS CES PARTIES ILS SONT

DISTINCTS.

L'Amour et la Sagesse sont deux choses distinctes, comme la chaleur et la lumière (naturelles).

La chaleur est sentie, il en est de même de l'Amour. La lumière est vue, il en est de même de la Sagesse.

La .Sagesse est vue quand l'homme pense 1, et l'Amour est senti quand l'homme est affecté. Cependant dans les formations ils opèrent non comme deux, mais comme un. C'est comme la chaleur et la lumière du soleil du Monde au printemps et en été. La chaleur y coopère avec la lumière, comme la lumière avec la chaleur et il y a végé­tation et germination. De même dans l'état de paix et de tranquillité, dans l'embryon et dans l'homme, l'Amour coopère avec la Sagesse, comme la Sagesse avec l'Amour et il y a production et formation.

Que cette coopération de l'Amour et de la Sagesse soit comme la coopération de la chaleur et de la lumière (natu­relles) est manifeste par les. apparences, dans le monde

1. Ce terme très étendu de Sagesse comporte ici ce qui en dérive, ainsi la vue intellectuelle et la pensée.

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De la Divine Sagesse 81

spirituel. Là, l'Amour est Chaleur et la Sagesse est Lumière et tout y vit dans les Anges et fleurit autour d'eux, abso­lument en raison de l'union de l'Amour et de la Sagesse chez eux 1 •

r. La production des apparences dans le monde spirituel fait l'objet de longs développements, qu'on trouve dans les autres œuvres de Swedenborg. Pour en avoir une juste compréhension, il serait préférable de consulter les textes originaux. Cependant nous essaierons d'en donner une idée ici.

«Les représentations (ce qui se montre à la vue) dans l'autre vie, sont des apparences, mais vivantes, ainsi réelles, qui proviennent de la Lumière du Ciel, laquelle est la Sagesse et la Vie procédant du Seigneur. » (Arcanes Célestes, 348 ~).

«Dans le monde spirituel, c'est l'état de la vie (de ceux qui y sont) qui forme toute apparence de lieu et d'espace.» (Arcanes Célestes, 7246).

Par l'état de la vie, nous devons entendre l'état des affections, des désirs, des connaissances, des pensées, et « l'état» est changé lorsque l'esprit ou le mental est changé quant aux affections et par suite quant aux pensées (à titre d'exemple) comme lorsqu'il passe de la tristesse à la joie, de l'affection au mépris, de l'amour à la haine, etc ... Il s'agit en général de toutes les affections et pensées qui dérivent de l'Amour de Dieu et du Prochain ou de l'Amour de Soi et du Monde.

Les affections semblables sont ensembles. De là, les apparences de proxi­mité ou d'éloignement sont selon l'état spirituel de chacun. Ainsi, dans l'autre vie, c'est « l'état qui fait l'apparence » (ou ce qui se montre autour del' Ange, de l'esprit et du sujet infernal). (Arcanes Célestes, 46~ ~).

Swedenborg nous montre, dans de nombreuses et vivantes descriptions que tous les états qui dérivent de l'Amour de Dieu et du Prochain, unis à la Sagesse, sont accompagnés de choses merveilleuses, de parcs, de fleurs, de palais, de pierres précieuses, de mille beautés ineffables. Mais tous les états opposés dérivant de l'Amour exclusif de Soi et du Monde, de toutes laideurs, de déserts, de marécages, de maisons en ruines, de haillons, de choses sordides.

De là existent en opposés, un Royaume Céleste où règnent harmonie, beauté et joie, selon l'état de ceux qui s'y trouvent et un Monde infernal,

Il

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82 Emmanuel Swedenborg

L'union de 1' Amour et de la Sagesse est réciproque ; l'Amour s'unit à la Sagesse et la Sagesse réagit. Par cette réciprocité existe tout « effet».

Chez l'homme en qui est le Seigneur, une telle. union réciproque existe entre la Volonté et !'Intellect, entre le Bien et le Vrai, entre la Charité et la Foi 1•

1 Il y a même une semblable union entre le Seigneur et 1.. l'Église 2• Elle est entendue par ces paroles adressées à

ses disciples : « Vous reconnaîtrez que vous êtes en Moi et Moi en

vous.» 3 dans l'Évangile de Jean et ailleurs. Une même union est aussi entendue, dans l'Évangile

de Marc, par l'union de l'homme et de la femme (dans le mariage).

« Ils seront deux dans une seule chair. Ainsi ils ne sont plus deux, mais ils sont une seule chair. » 4

En effet l'homme naît pour être « Intellect » et ensuite

où sont toutes laideurs et monstruosités, correspondant aux états de ceux qui y sont. Dans le Royaume Céleste, la forme humaine aussi est selon toute beauté et dans le Monde infernal, elle est hideuse et difforme.

Aussi tout vit et fleurit autour des anges absolument en raison de l'union de l'Amour et de la Sagesse chez eux. Tandis que l'inverse se produit dans le Monde Infernal.

i. Voir sur la Charité et la Foi chapitre XI. Ainsi dans l'homme régénéré, il y a une union réciproque de la Volonté du Bien avec l'intelligence du Vrai ou Foi et Charité chez lui.

:z.. L'Église est là où est le Bien et le V rai spirituels (voir pages :z.8 et :z.9 sur les Églises Centrales).

3. Évangile de Jean, chapitre XIV, :z.o. 4. Évangile de Marc, chapitre X, 8.

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De la Divine Sagesse

« Sagesse» et la femme pour être « Volonté », et ensuite « affection provenant de l'Amour».

Voir à ce sujet le traité « Du Ciel et de l'Enfer. » 1

Comme il y a deux choses, l'Amour et la Sagesse, qui forment l'embryon dans l'utérus, c'est pour cela qu'il y a deux réceptacles l'un pour l'Amour et l'autre pour la Sagesse.

C'est aussi pour cela que partout dans le corps il y a deux parties qui sont pareillement distinctes et unies. Il y a deux hémisphères du cerveau, deux yeux, deux oreilles, deux narines, deux cavités du cœur, deux mains, deux pieds, deux reins, deux testicules. Les autres viscères sont aussi doubles, et partout leur partie droite se réfère au Bien de l'Amour et la gauche au V rai de la Sagesse.

Que ces parties doubles soient tellement conjointes qu'elles fassent mutuellement et réciproquement un, un observateur habile peut le voir, s'il veut s'en donner la peine. L'union elle-même se montre à la vue dans les fibres étendues en avant, en arrière, et entrelacées dans le ~eu. De là aussi, dans la Parole (ou Écriture Sainte),

\~~te et la l(gauche ont une pareille signification (la

) droite le Bien de l'Amour, et la gauche le Vrai de la Sagesse).

On voit clairement, d'après ce qui précède, cette vérité:

1. Ce sujet est exposé dans l'ouvrage cité (366 à 386), mais il est traité aussi avec de longs développements dans le livre intitulé: Les Délices de la Sagesse sur l'Amour Conjugal, et les Voluptés de la Folie sur l'amour dissolu. » (Amsterdam, 1768).

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Emmanuel Swedenborg

-1 "L l'~ur et la S~es..se forment ensemble et avec unanimité, dans l'embryon, toutes les parties en général et chacune d'elles en particulier, mais toujours est-il que dans ces parties ils sont distincts.

G - LES RÉCEPTACLES CHEZ L'HOMME SONT DISTINGUÉS

EN TROIS DEGRÉS, L'UN AU-DEDANS DE L'AUTRE, ET LES

DEUX DEGRÉS SUPÉRIEURS SONT LES HABITACLES DU

SEIGNEUR, MAIS NON LE DEGRÉ LE PLUS BAS.

Prévoyant le cas où quelqu'un se formerait une fausse idée des premiers éléments de la forme humaine, nommés ~ réceptacles appartenant à la semence de l'homme, le mot même « réceptacle » présentant facilement l'idée d'un petit vase ou d'un petit tube, je vais, autant .que les mots du langage « naturel » me le permettront montrer et décrire cette forme initiale, telle que je l'ai vue et telle qu'on me l'a montrée dans les Cieux.

Ces réceptacles ne sont pas en forme de tubes ou enve­loppés comme de petits vaisseaux, mais ils sont comme est un cerveau dont le type est le plus petit et imperceptible, et en même temps comme une ébauche de la partie anté­rieure de la face, sans qu'on y voie aucun appendice.

Ce cerveau primitif, dans la partie convexe supérieure, était un assemblage de globules ou de petites sphères contiguës. Chacune de ces sphères était composée de sphères semblables, mais plus petites (figures C, B). Par devant, dans la partie concave, au lieu de la face on voyait une sorte d'ébauche ; mais dans l'enfoncement,

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De la Divine Sagesse

LES FORMES PREMIÈRES DU CERVEAU

Etsai dt 1'epr6senlation dt Io forme pr/mil-il'e ,;,.,./Jihle de l'homme :

O~fail des Clobf,,fes :

« La science anatomique et physiologique est d'une grande perfection chez les anges.» (Arcanes Célestes, 36:.6).

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86 Emmanuel Swedenborg

entre la partie convexe et cette concavité, il n'y avait pas de fibre. La partie convexe était enveloppée d'une méninge très mince, qui était transparente.

Tel j'ai vu et tel m'a été montré le primitif de l'homme dont le premier degré, ou le degré infime, était l'assem­blage décrit en premier, le second ou degré du milieu, l'assemblage décrit en second, le troisième degré ou le degré suprême, l'assemblage décrit en troisième, ces assemblages étant ainsi l'un au-dedans de l'autre (figure C).

Il m'a été dit que dans chaque petite sphère il y avait des tissures inexprimables, merveilleuses, et d'autant plus merveilleuses que le degré est plus élevé. Dans chacune d'elles la partie droite est le lit ou le réceptacle de l'Amour et la partie gauche le lit et le réceptacle de la Sagesse. Cependant par des entrelacements admirables ils sont comme étant associés et habitant la même tente, de la même manière que sont les deux hémisphères du cerveau.

On m'a montré, aussi dans une lumière brillante, que l'assemblage des deux degrés intérieurs, quant à la position et à l'expansion, était dans l'ordre et dans la forme du Ciel, et que l'assemblage du degré le plus bas, quant à la position et l'expansion était dans l'ordre et dans la forme de l'Enfer.

Il résulte de là, comme je l'ai dit, que les réceptacles chez l'homme sont distingués en trois degrés, l'un au­dedans de l'autre ; que les deux supérieurs sont les habi­tacles du Seigneur, mais non le degré le plus bas.

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De la Divine Sagesse

Si le degré infime ou le plus bas est tel, c'est parce que l'homme, par la tache héréditaire 1, naît contre l'ordre et contre la forme du Gel, par suite dans les Maux de tout genre. Il en est ainsi parce que cette tache (héréditaire) est dans la partie naturelle de l'homme, qui est l'infime de sa vie (ou partie dernière).

Cette souillure n'est pas lavée à moins que chez lui ne s'ouvrent les degrés supéri~urs, formés pour la réception de l'Amour et de la Sagesse procédant du Seigneur.

Mais comment ces degrés intérieurs s'ouvrent-ils ? C'est ce que le Seigneur enseigne dans la Parole (Ancien et Nouveau Testament), et ce que je montrerai dans la suite.

Cependant pour obtenir de la lumière sur ce sujet, il

I. La notion bien connue de «péché originel »d'Adam et d'Ève, sous sa forme naïve est éclairée par Swedenborg et nous croyons utile d'en faire part au lecteur :

« Le mal héréditaire vient des parents, qui transmettent aux enfants l'inclination au mal dans lequel ils ont été eux-mêmes ; mais il dépend de chacun de s'adonner à ce mal, ou de s'en retirer. » (Vraie Religion Chrétienne, 469).

«L'homme (actuel) est né dans le péché qui s'est accru en une longue série par les pères, aïeuls, et aïeux, est devenu héréditaire, et a été ainsi transporté chez les descendants. C'est li le péché originel.» (Arcanes Célestes, 5280).

Qu'est-ce que le péché ? « Pécher, c'est faire et penser le Mal et le Faux par goût et d'après la Volonté.» (Arcanes Célestes, 8925).

« Pécher, c'est agir contre !'Ordre Divin, se détourner, se séparer du Bien et du Vrai, ne point obéir (aux lois divines).» (Arcanes Célestes, 7696).

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88 Emmanuel Swedenborg

faut avoir présent à l'esprit ce qui a été dit sur les degrés 1, et sur le cerveau 2•

Ces degrés sont nommés supérieurs, quoiqu'ils soient intérieurs, parce qu'il y a pour les degrés un ordre « suc­cessif» et un ordre «simultané» 3• Dans l'ordre «successif sont les degrés supérieurs et les degrés inférieurs, mais dans l'ordre « simultané » sont les degrés intérieurs et les degrés extérieurs.

Les mêmes choses qui sont intérieures dans l'ordre

1. Dans le traité «Du Divin Amour.» Cette référence est dans le texte original. En voici des extraits : « Il

existe des degrés continus (ou simultanés) et des degrés discontinus (ou successifs). Les uns et les autres sont dans toute forme, tant dans le Monde spirituel que dans le Monde naturel.

«Sans les degrés discontinus, il n'y a pas (dans la forme) d'intérieur qui constitue la cause ou l'âme. Dans les degrés continus, il n'y a pas d'extension ou d'apparence.»

« Toute création a été faite par ces degrés, toute production existe par eux, comme toute composition appartenant au Monde naturel. »

2. Page 60 et suivantes. 3. Schémas pour permettre une meilleure compréhension du texte.

Degrés de l'ordre successif, ou de hauteur, ou discontinus : degré supérieur ou suprême degré moyen degré inférieur ou infime

Degrés de l'ordre simultané ou de largeur, ou continus: degré intérieur degré moyen degré extérieur

«Partout il y a 3 degrés discontinus (ou de hauteur) parce que partout il faut qu'il y ait une fin, une cause et un effet. » (Arcanes Célestes, 9825).

La lin, la cause et l'effet sont dans toute action humaine. On y discerne l'existence des trois degrés de hauteur, successifs et discontinus, cependant liés les uns aux autres par correspondance (voir pages 58 à 67).

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De la Divine Sagesse

« simultané» sont supérieures dans l'ordre « successif». Celles qui sont extérieures dans l'ordre « simultané» sont inférieures dans l'ordre « successif».

Il y a trois degrés dans l'homme, ainsi trois degrés de Cieux, puisque les Cieux consistent en hommes devenus Anges 1•

Ces Oeux, selon les degrés dans l'ordre « successff »,se montrent l'un au-dessus de l'autre, et selon les .degrés, dans l'ordre « simultané», l'un au-dedans de l'autre.

De là, dans la Parole (l'Ancien et le Nouveau Testa­ment) le haut signifie « l'interne» et le Seigneur est appelé le Très-Haut, parce qu'Il est dans « les intimes» 2•

Comme je l'ai décrit, l'homme, à son origine première, est un tel habitacle du Seigneur, parce qu'alors les trois degrés sont ouverts.

De la Divinité, il ne peut se faire d'extension dans une autre forme que dans la forme humaine, parce que tout ce qui procède du Seigneur comme Soleil dans les minima comme dans les maxima, est Homme 3•

Autrement dit, il ne peut être donné d'extension (du Soleil Divin), que par les rayons de la lumière (spirituelle)

1. L'idée semble être que puisqu'il y a trois degrés dans le mental humain, ceci implique trois cieux, où sont les Anges selon le degré qui a été ouvert chez eux.

2 . Dans ces trois derniers paragraphes, Swedenborg nous élève au sujet des degrés, de l'homme à l' Ange, au Ciel et enfin à la Divinité.

3. On peut entendre là l'homme à notre ëchelle, comme l'Univers ou le Royaume Céleste.

12

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Emmanuel Swedenborg

LES 3 DEGRÉS

DES CIEUX ET DES ANGES

DIEU le frès haul

Enveloppe terrestre et passagère adhérente au corps spirituel de l'homme et rejetée par la mort terrestre, comme le cocon par le papillon.

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De la Divine Sagesse 91

procédant de la Sagesse au moyen de la Chaleur (spirituelle) procédant de l'Amour, ainsi par des fibres vivifiées qui sont des rayons en forme.

Qu'il y ait cette détermination (de la chaleur et de la Lumière spirituelle en des rayons ou fibres vivifiées), c'est ce qui se montre à l'œil (dans la forme humaine) 1•

Il y a chez l'homme autant de degrés de vie (trois), mais chez les bêtes les deux degrés supérieurs n'existent pas.

Elles possèdent seulement le degré inférieur. De là, les premiers éléments de leur vie sont-ils seulement des réceptacles de l'affection et de la science « naturelles», dans laquelle même elles naissent, mais non de l'Amour et de la Sagesse du Seigneur.

Ces réceptacles, chez les bêtes qui ne sont pas immondes ne sont pas retournés contre l'ordre du cours universel, mais ils lui sont conformes. C'est pourquoi, aussitôt après leur naissance elles sont portées dans leurs fonctions et les connaissent. Elles n'ont pas pu pervertir leurs affec­tions parce qu'elles n'ont pas une intelligence pouvant, d'après la Lumière spirituelle, penser et raisonner, et faire violence aux lois de l'ordre Divin 2•

1. En effet la forme humaine est constituée de fibres vivi6ées (visibles et invisibles).

:i.. n est laissé à l'homme par son libre atbitte, un tel pouvoir.

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Emmanuel Swedenborg

G - L'UN DES RÉCEPTACLES EST POUR LA VOLONTÉ DE

L'HOMME FUTUR El' L'AUTRE POUR SON INTELLECT,

CEPENDANT IL N'Y A ABSOLUMENT RIEN DE SA VOLONTÉ

1'.îJ DE SON INTELLECT DANS LA FORMA l'ION.

La Volonté et !'Intellect ne commencent pas chez l'homme avant l'ouverture des poumons, ce qui n'arrive qu'après l'enfantement 3 , La Volonté de l'homme devient alors le réceptacle de l'Amour, et !'Intellect devient le réceptacle de la Sagesse.

Si la Volonté et !'Intellect ne deviennent, pour la première fois, réceptacles qu'à l'ouverture des poumons, c'est parce que les poumons correspondent à la vie de !'Intellect 1• Sans la coopération de !'Intellect et de la Volonté, il n'y a pour l'homme aucune vie propre, comme il n'y en a aucune sans la coopération de l'Amour et de la Sagesse, par laquelle comme je l'ai dit, l'embryon est formé et vivifié.

Dans l'embryon le cœur seul bat et. le foie bondit, le ~ cœur our la circulation du sang, le foie our la réce tion 1. de la nourriture. e mouvement des autres viscères en

proce e. C'est ce mouvement qui, après le milieu de la gestation, est senti comme pulsatif.

3. Au moment de la première respiration. 1. Par cette correspondance ils sont liés ensemble. Voir plus loin,

chapitres VI et X.

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De la Divine Sageue 93

Toutefois, ce mo~vement n'existe pas par quelque vie propre au fœtus. La vie propre est la vie de la Volonté et la vie de !'Intellect. La vie de l'enfant, au contraire, est la vie d'une Volonté ébauchée et d'un Intellect ébauché.

Par la Volonté et !'Intellect seuls existe dans le corps une vie sensitive. Cette vie ne peut être donnée par le seul battement du cœur. Elle est donnée par sa conjonction avec la respiration des poumons.

Les hommes qui ont la Volonté et !'Intellect, lorsqu'ils tombent en défaillance ou qu'ils sont suffoqués, offrent une preuve évidente de cette vérité. Leur respiration étant fermée ils sont comme morts, ne sentent pas, ne remuent pas les membres, ne pensent pas, n'ont pas de volonté, et cependant le cœur exécute ses systoles et le sang circule. Mais dès que le poumon reprend sa respiration, l'homme rentre dans sa faculté d'agir, et dans ses sens, dans sa Volonté et dans son Intelligence.

On peut voir, par cet exemple, quelle est la vie du fœtus dans l'utérus, quand le cœur seul exécute ses mouvements, sans que les poumons puissent encore agir. Là, il n'y a, en lui, rien de la vie de la Volonté, ni rien de la vie de !'Intellect, mais la vie seule venant du Seigneur, dont l'homme doit jouir plus tard, dirige la formation.

On verra sur ce sujet plusieurs autres détails dans l'article suivant.

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94 Emmanuel Swedenborg

~ - IL Y A VIE PANS L'EMBRYON AVANT L'ENFAN'l'EMENT,

MAIS IL N'Y A PAS CONSCIENCE.

C'est une conséquence de ce qui précède ; et aussi de ce que la vie, dont l'embryon vit dans l'utérus, n'est pas à lui, mais appartient au Seigneur seul, qui seul est la Vie.

*

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COURT EXPOSÉ

CONCERNANT LE CHAPITRE IV

L'homme naît une première fois après sa formation dans l'utérus de la mère. Mais puisque le mal héréditaire est mêlé à sa vie, il faut qu'il soit réformé et régénéré.

La première formation de l'homme dans l'utérus et sa réformation sont analogues. Elles sont par l'action de la Divinité. Mais dans la réformation, l'homme coopère, librement, comme par lui-même.

C'est par la régénération, que les deux degrés supérieurs, habitacles du Seigneur dans la formation, sont ouverts et le degré infime ou troisième, qui était inversé et retourné, est réformé 1 •

I. Swedenborg explique beaucoup plus longuement ce qu'est la régénération dans d'autres ouvrages, dont nous extrayons ce qui suit:

«On sait que l 'homme doit être engendré de nouveau, c'est-à-dire, régénéré, pour qu'il puisse entrer dans le Royaume des Cieux. On le sait par le Seigneur qui l'a dit en termes très clairs. » « Si quelqu'un ne naît

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Emmanuel Swedenborg

à nouveau il ne peut voir le Royaume de Dieu. » (Évangile de Jean, chapitre III, 3).

« Mais toujours est-il qu'il en est peu qui sachent ce que c'est qu'être engendré de nouveau.

«Cette régénération s'opère depuis la première enfance jusqu'au dernier instant de la vie, et ensuite dans l'autre vie éternellement. Cela par des moyens Divins, innombrables et ineffables.

« A peine connaît-on aujourd'hui quelques-uns de ces moyens. La raison en est que l'homme, ne croyant pas à la vie après la mort, ne se laisse pas régénérer et ne croit pas que la régénération soit quelque chose. » (Arcanes Célestes, 53 H).

«L'homme est régénéré non point à la hâte, mais lentement. » (Arcanes Célestes, 93 34).

« La régénération ne consiste absolument qu'à subjuguer le « naturel» et à donner la domination au «spirituel».» (Arcanes Célestes, ~6~r).

« La régénération de l'homme dans le monde est seulement un plan pour perfectionner sa vie durant l'éternité. » (Arcanes Célestes, 9334).

«L'homme est régénéré en cela qu'il s'abstient des maux comme faute et qu'il les fuit.» (Vraie Religion Chrétienne, 510).

*

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CHAPITRE IV

IL Y A SIMILITUDE ET ANALOGIE ENTRE LA FORMATION D E L'HOMME DANS L'UTÉRUS

ET SA RÉFORMATION ET SA RÉGÉNÉRATION

La réformation de l'homme est absolument semblable à sa formation dans l'utérus, avec cette seule différence ; pendant la réformation, l'homme a la Volonté et !'Intellect et dans l'utérus il n'a ni Volonté, ni Intellect.

Mais toujours est-il que cette différence n'empêche pas la similitude et l'analogie.

Lorsque le Seigneur réforme et régénère l'homme, il conduit pareillement sa Volonté et son Intelligence (ainsi sa vie, comme dans l'embryon).

Toutefois, par la Volonté et !'Intelligence qui lui sont données (par naissance), il semble à l'homme qu'il se conduit lui-même, qu'il veut et agit lui-même, qu'il pense et parle lui-même. Il sait, cependant, par la Parole (Divine ou Écriture Sainte) et par la doctrine qui en est tirée, que ce n'est pas par lui-même, mais que c'est par le Seigneur, qu'ainsi c'est seulement une apparence.

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Emmanuel Swedenborg

Il peut même savoir que cette apparence existe pour qu'il puisse y avoir réception et appropriation. Sans cette apparence, il n'existerait pas d'action en retour par laquelle il puisse aimer le Seigneur comme le Seigneur l'aime, et le Prochain, comme par lui-même, puis croire au Seigneur comme par lui-même.

Sans cette réciprocité, l'homme serait comme un auto­mate. Là le Seigneur ne pourrait être, car Il veut être aimé (librement par l'homme), aussi donne-t-il à l'homme ce vouloir (que l'homme est libre de s'approprier ou non).

D'après cela il est évident que la Volonté n'appartient pas à l'homme, ni l'intellect non plus, qu'ils sont en lui comme ils y étaient dans l'utérus, c'est-à-dire qu'ils ne lui appartenaient point.

Ces deux facultés ont été données à l'homme afin qu'il veuille et pense, qu'il agisse et parle comme par lui-même, mais que néanmoins il sache, comprenne et croie qu'elles n'existent pas par lui.

Par ce moyen (l'usage de ces deux facultés selon l'ordre et la croyance ou la compréhension de leur lien avec la Divinité), l'homme est réformé et régénéré, et il reçoit dans la Volonté l'Amour et dans l'intellect la Sagesse, par lesquels il a aussi été formé dans l'utérus.

Par ce moyen s'ouvrent chez l'homme les deux degrés supérieurs de sa vie, degrés qui furent, comme je l'ai dit ci-dessus, les habitacles du Seigneur dans sa formation.

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De la Divine Sagesse 99

Le degré infune qui était inversé et retourné, est ainsi reformé.

Par cette analogie et cette similitude, on voit clairement que l'homme qui est régénéré est comme de nouveau conçu, formé, enfanté et élevé. Cela, dans le but qu'il devienne Ressemblance du Seigneur quant à l'Amour et Image du Seigneur quant à la Sagesse.

L'homme, par cela même, si on veut le croire, devient nouveau, non seulement en ce qu'il lui est donné une nouvelle Volonté et un nouvel Intellect, mais aussi en ce qu'il reçoit un nouveau corps pour son esprit.

L'ancienne Volonté et l'ancien Intellect, il est vrai, ne sont pas détruits, mais ils sont écartés, de sorte qu'ils ne paraissent pas, et les nouveaux sont formés dans le régénéré comme dans l'utérus, par l'Amour et la Sagesse, qui sont le Seigneur.

Tels sont la Volonté et !'Intellect de l'homme, tel est aussi l'homme dans toutes ses parties et dans chacune d'elles, car toutes les parties et chacune des parties de l'homme, depuis la tête jusqu'aux pieds, sont des pro­ductions, comme je l'ai confirmé ci-dessus.

*

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JOI

COURT EXPOSÉ

CONCERNANT LE CHAPITRE V

Le Seigneur est présent dès la première conception de l'homme dans l'utérus de la mère et le forme, mais la Volonté et !'Intellect ne passent pas dans l'homme avant qu'il soit complètement formé pour être enfanté.

La Volonté et !'Intellect sont des sujets substanciés et formés pour la réception de l'Amour et de la Sagesse. Ils sont intérieurement dans les substances qui forment le cerveau et le cervelet. Les réceptacles sont innombrables, chacun étant double et comportant les trois degrés.

Les organes des sens et du mouvement de l'homme sortent de ces réceptacles ou habitacles de la Volonté et de l'Intellect, et en sont les continuations.

Les affections dérivant de la Volonté et les pensées de l'Intellect, ensembles, sont le mental humain.

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CHAPITRE V

CHEZ L'HOMME, APRÈS L'ENFANTEMENT LA VOLONTÉ DEVIENT LE RÉCEPTACLE DE L'AMOUR ET L'INTELLECT LE RÉCEPTACLE

DE LA SAGESSE

On sait que chez l'homme il y a deux facultés de la vie, la Volonté et l'Intellect 1 . En effet, l'homme peut vouloir et il peut comprendre. Bien plus, il peut comprendre ce qu'il ne veut pas. On voit par là que la Volonté et !'Intellect sont deux choses distinctes chez l'homme.

La Volonté est le réceptacle de l'Amour, et l'Intellect le réceptacle de la Sagesse. Cela est évident puisque ce que l'homme aime il le veut aussi, et en ce que la Sagesse appartient à l'intellect, puisque ce que l'homme goûte (spirituellement) par la Sagesse ou sait, il le voit par l'intellect. La vue de l'Intellect est la pensée.

Tant que l'homme demeure dans l'utérus, il n'a pas ces deux facultés. Il a déjà été confirmé précédemment que dans sa formation, le fœtus n'a absolument rien de la Volonté ni de l'Intellect.

1 . Voir page 59·

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104 Emmanuel Swedenborg

Il résulte de là, que le Seigneur a préparé deux récep­tacles l'un pour la Volonté de l'homme futur, et l'autre pour son Intellect. Celui qu'on appelle Intellect pour la réception de la Sagesse. Il les a préparés par son Amour et par sa Sagesse.

Mais la Volonté et l'intellect ne passent point dans l'homme avant qu'il ait été complètement formé pour être enfanté.

Le Seigneur a même pourvu à des moyens pour que l'Amour et la Sagesse procédant de Lui-Même soient reçus dans la Volonté et l'Intellect, de plus en plus pleine­ment, à mesure que l'homme devient adulte et vieillit.

Si je dis que la Volonté et l'Intellect sont des récep­tacles c'est parce que la Volonté n'est pas une sorte de spirituel abstrait mais elle est un sujet substancié et formé pour la réception de l'Amour qui procède du Seigneur, et parce que l'intellect n'est pas non plus une sorte de spirituel abstrait, mais il est un sujet substancié et formé pour la réception de la Sagesse procédant du Seigneur.

Quoiqu'ils ne paraissent point devant la vue, la Volonté et l'intellect existent en actualité. Ils sont intérieurement 1

1. Comment sont faites ces formes intérieures et invisibles ? Swedenborg écrit ailleurs : « Toutes les choses qui sont dans le mental de l'homme ont été disposés en séries et comme en faisceaux, en séries au-dedans des séries, ou en faisceaux au-dedans des faisceaux. »

Puis parlant de cette disposition dans la substance visible du cerveau, il ajoute: « il n'en est pas autrement dans les substances pl~es, ni enfin dans les substances les plus pures. » (Arcanes Célestes, 7408).

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De la Divine Sagesse 105

La Volonté et !'Intellect sont intérieurement dans les substances qui font la partie corticale du cerveau ...

Subslon~ de loporfie corlicole du cer.,eou

A : aspect cellulaire B : aspect fibrillaire

Corpsslrl'

A

Type de structure de la substance corticale telle qu'elle se montre avec un fort grossissement.

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106 Emmanuel Swedenborg

dans les substances qui font la partie corticale du cerveau, et aussi çà et là dans la substance médullaire du cerveau, surtout dans les corps striés. Ils sont aussi intérieurement dans la substance médullaire du cervelet, et dans la moelle , épinière dont ils font le noyau 1•

Il y a donc non pas deux réceptacles, mais des récep­tacles innombrables. Chacun d'eux est double et a aussi les trois degrés comme je l'ai dit ci-dessus 2•

Que la Volonté et !'Intellect soient des réceptacles et soient dans ces substances, c'est ce qu'on voit clairement en ce que ces substances sont les principes et les têtes de toutes les fibres dont tout le corps est tissé. Tous les organes des sens et du mouvement ont été formés de fibres qui s'étendent de là, car ce sont leurs commen­cements et leurs fins. Les organes des sens sentent, et les organes du mouvement sont mus, uniquement parce qu'ils sortent des habitacles de la Volonté et de !'Intellect, qu'ils en sont des continuations.

Ces réceptacles chez les enfants sont petits et tendres. Ils prennent ensuite de l'accroissement. Ils se perfec­tionnent suivant les sciences et l'affection qu'on a pour elles, se renouvellent suivant l'intelligence et l'amour des Usages, s'amollissent suivant l'innocence et l 'amour • envers le Seigneur. Ils deviennent fermes et. se durcissent par les opposés.

1. Cet exposé pourrait être fait dans une autre terminologie en 1953, 1 mais cela ne changerait rien aux idées émises.

2. Pages 88 et 89.

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De la Divine Sagesse 107

Les changements de leur état sont les affections et les variations de leur forme sont les pensées.

L'existence et la permanence des affections et des pensées constituent la mémoire, et la reproduction des pensées la réminiscence.

Les affections et les pensées prises ensemble sont le mental humain.

*

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108

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'"'

COURT EXPOSÉ

CONCERNANT LE CHAPITRE VI

Puisque tout est lié dans l'homme, il y a correspondance des choses supérieures avec les choses inférieures, ou des choses spirituelles avec les choses naturelles.

Il y a ainsi correspondance du cœur avec la Volonté et du poumon avec !'Intellect. ·

De même que la Volonté de l'Amour règne dans toutes les affections, de même la vie du cœur règne dans tout le corps. Il en est de même de la correspondance de !'Intellect avec le poumon.

C'est par suite de ces correspondances qu'on dit dans le langage ordinaire qu'un homme a le cœur joyeux, triste, dur, intègre, etc... lorsque ces états sont ceux du mental où siège la Volonté de l'Amour.

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CHAPITRE VI

IL Y A CORRESPONDANCE DU CŒUR AVEC LA VOLONTÉ ET DU POUMON AVEC L'INTELLECT

C'est une chose inconnue dans le Monde, parce qu'on ignore ce que c'est qu'une correspondance, et qu'il y a correspondance de toutes les choses qui sont dans le Monde avec toutes celles qui sont dans le Ciel.

On ignore pareillement qu'il y a dans l'homme corres­pondance de toutes les choses du corps avec toutes celles du mental. C'est la correspondance des choses naturelles avec les choses spirituelles.

J'ai dit ci-dessus 1 ce que c'est que la correspondance et en quoi elle consiste. J'ai même indiqué qu'elle existe avec les choses qui sont dans le corps humain.

Comme il y a dans l'homme correspondance de toutes les choses du corps avec toutes celles du ment.al, il y a surtout correspondance avec le cœur et le poumon. Cette correspondance est générale, parce que le cœur règne dans tout le corps, et qu'il en est de même du poumon.

x. Pages 88.

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112 Emmanuel Swedenborg

Le cœur et le poumon sont les deux sources de tous les mouvements naturels dans le corps, comme la Volonté et l'Intellect y sont les deux sources de toutes les activités spirituelles.

Les mouvements naturels du corps correspondent aux activités de son esprit, s'ils ne correspondaient pas, la vie du corps cesserait ainsi que la vie de l'âme. La corres­pondance fait que l'une et l'autre existent et subsistent.

Que, le cœur corresponde à la Volonté, ou ce qui est la même chose, à l'Amour (puisque l'homme veut ce qu'il aime), c'est ce qu'on voit clairement aux variations de son battement, d'après les affections.

Ses variations consistent en ce qu'il bat ou lentement ou avec célérité, en ce qu'il est élevé ou faible, mou ou dur, égal ou inégal, et ainsi du reste.

Par conséquent il est autre dans la joie que dans la tristesse autre dans la tranquillité d'esprit que dans la colère, autre dans l' intrépidité que dans la crainte ; autre quand le corps est chaud et quand il est froid ; et il varie dans les maladies. Ainsi du reste.

Puisque le cœur correspond aux affections qui appar­tiennent à l'Amour et par suite à la Volonté, voilà pourquoi les sages anciens ont attribué les affections au cœur, et que quelques-uns y ont placé leur domicile. De là sont venues ces locutions dans le langage ordinaire : un cœur magna­nime, un cœur timide, un cœur joyeux, un cœur triste, un cœur tendre, un cœur dur, un cœur grand, un cœur pusil­lanime, un cœur intègre, un cœur brisé, un cœur de chair,

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De la Diuine Sage.rse

J

113

La Volovté et l 'Intellect siégeant dans le cerveau sont la source de toutes les activités spirituelles.

Ils correspondent au Cœ!oll" et au Poumon, source de tous les mouvements naturels· dans le corps.

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EmmanHel Swedenborg

un cœur de pierre ; être lourd, mou, vil de cœur, n'avoir pas de cœur, donner du cœur pour agir, donner un même cœur, donner un cœur nouveau, garder dans le cœur, se raffermir le cœur, s'enorgueillir le cœur, ami de cœur. De là viennent aussi les expressions concorde, discorde, perversité du cœur, et plusieurs autres semblables.

Dans la Parole aussi, la Volonté ou l'Amour est partout signifié par le cœur, et cela parce que toute la Parole a été écrite par des correspondances.

Il en est de même du poumon, dont l'âme 1 ou le souffle signifie l'intellect. Car de même que le cœur correspond à l'Amour ou à la Volonté, de même l'âme ou le souffle des poumons c'est-à-dire la respiration, correspond à !'Intellect C'est de là qu'il est dit dans la Parole (Divine) que l'homme doit aimer Dieu de tout son cœur et de toute son âme, ce qui signifie qu'il doit l'aimer de toute sa Volonté et de toute son Intelligence 2•

Il est dit pareillement que Dieu doit créer dans l'homme un nouveau cœur et un nouvel esprit 3• Là le cœur signifie la Volonté, et l'esprit l'Intellect, parce que l'homme est créé de nouveau quand il est régénéré. C'est de là aussi

1. Le mot « âme» a sept acceptions dans les œuvres de Swedenborg. Elles sont définies dans «!'Apocalypse Expliquée» (750). Mais «dans un sens universel, l'âme est ce par quoi une autre chose est et vit.» (Arcanes Célestes, 2930). Ici donc le souffle par lequel le poumon vit.

2. « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur et de toute ton âme» (Évangile de Matthieu, chapitre XXII, 3 5 à 40).

3. «Je leur donnerai un seul cœur. Je mettrai au-dedans d'eux un esprit nouveau.» (Liv~e d'Ezechiel, chapitre XI, 19).

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De la Divine Sagesse

qu'il est dit au sujet d'Adam que Jéhovah Dieu souffia dans ses narines un souffie de vie, et le fit âme vivante 1,

ce qui signifie que Dieu lui inspira la Sagesse. Les narines aussi, d'après la correspondance de la respi­

ration qu'elles procurent, signifient la perception. C'est de là qu'on dit d'un homme intelligent, qu'il a le nez fin, et d'un homme dépourvu d'intelligence, qu'il a la narine épaisse.

C'est aussi à cause de cela que le Seigneur souffla sur ses disciples, et leur dit : « Recevez le Saint-Esprit» 2• Le souffie sur eux signifiait l'intelligence qu'ils devaient recevoir et par le Saint-Esprit on entend la Divine Sagesse qui enseigne et illustre l'homme. Le Seigneur a agi ainsi pour manifester que la Divine Sagesse, qu'_on entend ar le Saint-Esprit procède de Lui-Même.

Que l'âme et l'esprit soient employés pour la respiration c'est aussi ce qui est connu par le langage ordinaire. En effet, l'on dit qu'un homme rend l'âme et rend l'esprit quand il meurt, car alors il cesse d'être animé et de respirer.

En outre, l'esprit dans la plupart des langues, signifie l'un et l'autre : tant l'esprit dans le Ciel que le souffle de l'homme et aussi l'air.

De là, il y a chez plusieurs cette idée dominante que les

1. « Jéhovah Dieu forma l'homme de la poussière de la terre, il souffla dans ses narines un souffle de vie et l'homme devint âme vivante. » (Genèse, chapitre II, 7) .

.2. Évangile de Jean, chapitre XX, .a.z.

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116 Emmanuel Swedenborg

esprits dans les Oeux sont comme l'air, que les âmes des hommes après la mort sont comme des souffles, qui plus est, que Dieu Lui-même est comme un souffle, parce qu'il est appelé Esprit. Cependant Dieu Lui-même est Homme, ainsi que l'âme de l'homme après la mort, ainsi que tout esprit dans les Cieux. Mais ils sont appelés âme et esprit parce que l'âme et l'esprit d'après la correspondance signifient la Sagesse.

Que le poumon corresponde à !'Intellect comme le cœur correspond à la Volonté, c'est ce qu'on voit encore mieux d'après la pensée et le langage de l'homme.

Toute pensée appartient à !'Intellect. Tout langage appartient à la pensée. Mais l'homme ne peut penser sans qu'il y ait concours et accord du souffle pulmonaire. C'est pourquoi quand il pense tacitement, il respire tacitement. S'il pense profondément il respire profondément. Il en est de même s'il pense avec lenteur avec précipitation, avec attention, avec calme, avec passion, et ainsi pour le reste.

S'il retient complètement sa respiration, il ne pourra pas penser 1, sinon en son esprit et par la respiration de son esprit 11•

Que le langage de la bouche, qui procède de la pensée de

1. En effet, il suffoque. Robertson a remarqué que «la diminution de la teneur en oxygène de l'air que l'on respire entraine l'incapacité de fixer des souvenirs nouveaux. » Cité par le professeur Henri Fredericq dans son traité de Physiologie Humaine, Paris, Masson, 1952.

2. Voir chapitre VII, sur l'esprit de l'homme en forme humaine.

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De la Divine S ageue 117

l'intellect de l'homme, fasse un avec la respiration des poumons, même tellement un qu'il ne puisse proférer le moindre son ni le moindre mot sans l'assistance qui vient du poumon par le larynx et l'épiglotte, c'est ce que chacun, s'il le veut, peut reconnaître en soi-même par expérience.

Que le cœur corresponde à la Volonté et le poumon à l'intellect, c'est encore ce que l'on voit par le gouver­nement universel de l'un et de l'autre dans tout le corps et dans tout ce qui, en général et en particulier, appartient au corps.

On sait que le cœur y gouverne par les artères et par les veines ; et quiconque a des connaissances en anatomie peut voir que les poumons y gouvernent aussi. Car le poumon par sa respiration agit dans les côtes et dans le diaphragme, puis par le diaphragme et les côtes, au moyen des ligaments et au moyen du péritoine, dans tous les viscères du corps entier et aussi dans tous les muscles. Non seulement ils enveloppent, mais encore ils entrent profondément et si profondément, qu'il n'y a pas dans un viscère ni dans un muscle depuis la superficie jusqu'à l'intime, la plus petite partie qui ne tire quelque chose des ligaments, par conséquent de la respiration. L'estomac en tire plus que les autres viscères, parce que son œsophage traverse le diaphragme et s'adjoint à la trachée qui sort du poumon.

De là, le cœur lui-même a aussi un mouvement pulmo­naire outre le sien propre, car il est couché sur le diaphragme

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II8 Emmanuel Swedenborg

et est étendu dans le sinus du poumon, et par les oreillettes il y est cohérent et continu.

L'action respiratoire passe pareillement dans les artères et dans les veines. C'est pour cela que le cœur et le poumon sont de compagnie, dans une seule chambre, séparée du reste du corps, laquelle chambre se nomme poitrine.

Un œil scrutateur peut voir d'après cela que tous les mouvements vifs, qui sont nommés actions et qui existent au moyen des muscles, se font par la coopération du mou­vement cardiaque et du mouvement pulmonaire, lequel double mouvement, tant le commun qui est externe que le particulier qui est interne, se produit dans chacune des parties. Celui qui a de la perspicacité peut même voir que ces deux sources des mouvements du corps correspondent à la Volonté et à l'Intellect, puisqu'elles sont produites par ces deux facultés.

Cela m'a même été confirmé du Ciel. Il m'a été donné de me trouver avec des Anges, qui représentaient cela d'une manière vivante.

Au moyen d'un flux circulaire admirable, qu'il est impos­sible d'exprimer par des mots, ils formaient une ressem­blance de cœur et une ressemblance de poumon avec toutes les parties intérieures et extérieures de leur contex­ture, et alors ils suivaient le flux du Ciel. Le Ciel, d'après l'influx del' Amour et de la Sagesse procédant du Seigneur, est en effort pour produire de telles formes.

Ils représentaient ainsi chacune des parties du cœur et chacune des parties du poumon, et en même temps leur

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Dt la Divint Sageue

union, qu'ils nommaient mariage de l'Amour et de la Sagesse. Ils disaient que dans tout le corps et dans chacun de ses membres, de ses organes et de ses viscères, il y a quelque chose de semblable à ce qui se passait là entre les choses qui sont dans le cœur et celles qui sont dans le poumon, que là où deux n'agissent pas et où chacun d'eux ne remplit pas distinctement ses fonctions, il ne peut y avoir aucun mouvement de la vie par quelque principe volontaire, ni aucun sens de la vie par quelque principe intellectuel.

D 'après ce qui a été dit, jusqu'ici, l'homme qui veut acquérir de la Sagesse, en remontant jusqu'aux causes, peut s'instruire et se former une idée de la manière dont la Volonté se conjoint à l'Intellect, et l'Intellect à la Volonté, et comment ils agissent dans la conjonction. Il peut ap­prendre comment la Volonté agit par le cœur, comment l'intellect agit par le poumon, et comment par la con­jonction du cœur et du poumon, il y a conjonction réci­proque de la Volonté et de !'Intellect.

La vérité exprimée dans le chapitre V, que chez l'homme ce n'est qu'après l'enfantement (et pas avant) que le récep­tacle de l'Amour devient Volonté et le réceptacle de la Sagesse Intellect, est confirmée par des preuves humaines.

En effet, cette vie active (liée à la Volonté) et cette vie sensitive (liée à l'intellect) n'existent pas par l'action du cœur seul, ni par l'opération du poumon seul, mais par leur coopératio~.

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IZO Emmanuel Swedenborg

Ce n'est donc qu'après l'enfantement, quand les pou­mons s'ouvrent (par la première respiration) que com­mence (en compagnie du cœur) cette vie active qui appartient à la Volonté et cette vie sensitive qui appartient à !'Intellect i .

De là, comme cette vie (de la Volonté et de !'Intellect) ne peut exister sans la vie correspondante (du cœur conjoint à celle du poumon), elle cesse dans l'évanouis­sement et chez ceux qui sont suffoqués (C'est une preuve manifeste de la nécessité de la conjonction de la vie du cœur et du poumon pour que puisse exister celle de la Volonté et de !'Intellect, conjonction qui ne peut ainsi avoir lieu qu'après l'enfantement).

*

r. Voir pages 58 et 59.

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l '1. (

COURT EXPOSÉ

CONCERNANT LE CHAPITRE VII

L'homme possède non seulement sa forme terrestre naturelle, mais aussi un corps spirituel en forme humaine, auquel elle est liée.

La conjonction de ces deux formes humaines, l'une spirituelle terrestrement invisible, et l'autre naturelle, visible, existe par les mouvements du cœur et du poumon.

De là, quand les mouvements du cœur cessent défini­tivement dans le corps naturel, la conjonction est rompue et on dit que l'homme est mort. Mais il n'y a eu que séparation de son corps spirituel avec son corps naturel et l'homme est ressuscité dans le monde spirituel où il continue à vivre en parfaite forme humaine comme précédemment.

16

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12.3

CHAPITRE VII

IL Y A CONJONCTION DU CORPS ET DE L'ESPRIT CHEZ L'HOMME PAR SES MOUVEMENTS CAR­DIAQUES ET PULMONAIRES ET LA SÉPARATION SE FAIT QUAND LES MOUVEMENTS CESSENT.

Pour que cette proposition soit comprise, il est nécessaire d'en établir d'abord quelques-unes qui serviront comme de flambeau. Par celles que je vais d'abord établir, on verra que celle-ci est vraie. Ce sont les suivantes :

~ L'esprit de l'homme est également homme ; 0 Il a pareillement un cœur avec les pulsations qui en résultent,

et un poumon avec la respiration qui en provient ,' Ô '.) Les pulsations de son cœur et la respiration de son poumon

influent dans les pulsations du cœur et dans la respiration des poumons chez l'homme dans le Monde ; G~La vie du corps, qui est naturelle, existe et subsiste par

cet influx, et elle cesse par son éloignement et sa séparation ; @Alor.tl'homme de naturel devient spirituel.

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Emmanuel Swedenborg

~ - L'ESPRIT DE L'HOMME EST ÉGALEMENT HOMME.

Ce point a été prouvé par de nombreuses expériences dans le Traité du Ciel et de l'Enfer 1.J'ai prouvé que chaque homme est (intérieurement) esprit (en forme humaine).

A ces preuves, j'ajouterai que, dans son essence tout ce qui est « spirituel » ainsi tout ce qui appartient à l'Amour et à la Sagesse procédant du Seigneur est « homme».

Tout ce qui est « spirituel» ou tout ce qui procède du Seigneur est « homme», parce que le Seigneur Lui-même, qui est le Dieu de l'univers, est Homme. Il ne peut rien procéder de Lui qui ne lui soit semblable. En effet le Divin, qui procède est immuable en soi, sans étendue, et ce qui n'a pas d'étendue est partout semblable. De là vient sa Toute-Présence 2•

Si l'homme, au sujet de l'ange, de l'esprit et de htl­même après la mort, a conçu l'idée qu'ils sont comme de l'éther ou de l'air, sans corps humain, c'est parce que des savants, ne voyant que par les illusions des sens, ont conçu l'esprit selon son nom qui signifie « souffle de la bouche» 3, d'après son invisibilité ou sa non-apparence

1. Traité du Ciel et de l'Enfer, pages 73 à 77 ; 432 à 444. z. Le Royaume des Cieux est en forme humaine, de même que chacune

des sociétés qui le composent et chaque ange. L'Univers correspond aussi à la forme humaine comme spirituellement chaque corps so,eial et chacun de ses membres. Voir pages 90 et «Naissance du Monde Nouveau», déjà cité.

3. « Spiritus» en latin signifie, en même temps, le souffle de la bouche et l'esprit.

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De la Divine Sagesse

devant les yeux. Ces hommes pensaient seulement d'après leurs sens naturels et d'après ce qui est matériel. Ils ont aussi tiré cette opinion de quelques passages de la Parole (Divine) non compris spirituellement.

Ils savaient cependant, par cette Parole, que le Seigneur, quoiqu'Il fût homme quant à la chair et quant aux os, devint néanmoins invisible devant les disciples 1 et qu'Il vint les portes étant fermées 2• Ils savaient aussi par cette Parole que des Anges ont été vus comme hommes par plusieurs personnages 3• Ces Anges n'avaient pas pris la forme humaine, mais ils se manifestaient dans leur propre forme devant ces personnages aux yeux de leur esprit, qui avaient alors été ouverts 4•

Afin donc que l'homme ne restât pas plus longtemps dans cette idée erronée sur les esprits, sur les Anges et sur les âmes après la mort, il a plu au Seigneur d'ouvrir la vue de mon esprit de m'accorder de parler face à face

l. « Il arriva que, comme Il était à table avec eux, prenant le pain, il le bénit, et le rompant, il le leur donna. Alors, furent ouverts leurs yeux, et ils le reconnurent. Et Lui, ensuite, invisible Il devint pour eux. » (Évangile de Luc, chapitre XXIV, 30, 31).

2. « Ce même jour, le premier des Sabbats, et les portes étant fermées là où les disciples étant assemblés par crainte des Juifs, Jésus vint et se tint au milieu, et leur dit: Paix à vous.» (Évangile de Jean, chapitre XX, 19).

3. A titre d'exemple : « David leva les yeux, et vit l'ange de l'Éternel se tenant entre la terre

et le Qel et ayant à la main son épée nue.» (Chroniques, 21, 16). 4. Ce n'était pas l'Ange qui se revêtait d'un corps en substance maté­

rielle pour se rendre visible terrestrement, mais c'était les yeux de l'homme­esprit, qui alors étaient ouverts, ce qui permettait à l'homme de voir sur le plan spirituel.

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1z6 E1nmanue! Swedenborg

avec les Anges, comme avec des hommes décédés, de les contempler, de les toucher, de leur dire plusieurs choses sur l'incrédulité et l'illusion des hommes qui vi'vent maintenant. Il peut être évident d'après ce qui précède, que l'esprit de l'homme est également homme.

G:: - L'ESPRIT1 DE L'HOMME A PAREILLEMENT UN CŒUR

AVEC LES PULSATIONS QUI EN RÉSULTENT, ET UN POUMON

AVEC LA RESPIRATION QUI EN PROVIENT.

Je vais d'abord le con.fumer par l'expérience, et ensuite d'après la raison :

PAR L'EXPÉRIENCE : Le Ciel de l' Ange est comme distingué en deux royaumes, l'un qu'on nomme «céleste » et l'autre qu'on nomme « spirituel» 1 •

Le royaume Céleste est dans l'Amour envers le Seigneur, et le royaume Spirituel est dans la Sagesse qui procède de cet Amour.

Le Ciel est ainsi distingué, parce que l'Amour et la Sagesse, qui sont dans le Seigneur et en procèdent sont deux choses distinctes, mais cependant unies. Elles sont distinctes comme la chaleur et la lumière du monde naturel, qui procèdent du soleil (naturel), ainsi que je l'ai déjà dit 2•

Les Anges du Royaume Céleste représentent le cœur du Ciel, parce qu'ils sont dans l'Amour envers le Seigneur, et les Anges Spirituels représentent le Poumon du Ciel, parce qu'ils sont dans la Sagesse qui procède de cet

I .• Voir page 51.

2. Voir page 50.

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De la Divine Sagesse 127

Amour. Comme je l'ai dit précédemment, tout le Ciel est en présence du Seigneur comme un seul homme 1 •

L'influx du Royaume Céleste dans le Royaume Spirituel est même semblable à l'influx du cœur dans le poumon chez l'homme. De là vient la correspondance universelle du Ciel avec ces deux mouvements, le cardiaque et le pulmonaire, dans chaque homme.

Il m'a aussi été donné d'entendre dire, par des Esprits comme par des Anges, que leurs artères reçoivent leurs pulsations du cœur, et qu'ils respirent absolument de la même manière que les hommes dans le monde. Chez eux les ·pulsations varient selon les états de l'Amour, et la respiration selon l'état de leur Sagesse.

Ils ont eux-mêmes tâté la jointure de leur main, me l'ont confirmé et j'ai perçu moi-même plusieurs fois, la respi­ration de leur bouche.

Tout le Ciel a été distingué en sociétés selon les affec­tions qui appartiennent à l'Amour. Toute Sagesse et toute intelligence sont en rapport avec ces affections. Il en résulte que chaque société a une respiration différente de celle d'une autre société, et qu'elle a de même une pulsa­tion du cœur particulière et distincte.

Aussi personne ne peut-il entrer d'une société dans une autre plus élevée, ni descendre d'un ciel supérietu dans

1. «Tout le Ciel dans un seul complexe représente un seul homme ... l'intelligence des Anges y consiste principalement à le savoir et à en connaître les choses particulières et singulières.» Ciel et Enfer, 59. Voir page p.

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128 Emmanuel Swedenborg

un inférieur, ni monter d'un ciel inférieur dans un supé­rieur, car le cœur souffre et le poumon est suffoqué.

A plus forte raison personne ne peut-il se rendre de l'Enfer dans le Ciel. Celui qui ose monter respire comme un moribond à l'agonie, ou comme un poisson tiré des eaux et exposé à l'air.

La distinction universelle des respirations et des pul­sations est en rapport avec l'idée de Dieu, car c'est de cette idée que résultent les différences de l'Amour et de la Sagesse procédant de l'Amour.

C'est pourquoi (dans le monde des Esprits), ceux d'une nation ayant une religion ne peuvent aller parmi les nations d'une autre religion.

Il m'a été montré que les Chrétiens ne pouvaient entrer chez les Mahométans, à cause de leur respiration.

La respiration est très facile, même très douce, pour ceux qui ont de Dieu l'idée d'un Homme et dans la Chré­tienté, pour ceux qui ont du Seigneur l'idée qu'il est le Dieu du Ciel.

Mais la respiration est difficile et dure pour ceux qui nient sa Divinité, comme font les Sociniens 1 et les Ariens 2•

Puisque le pouls fait un avec l'Amour d~ la Volonté, et que la respiration fait un avec la Sagesse de l'intellect, ceux qui doivent venir dans le Ciel sont par conséquent

1. Disciples de Lalis Socien, né à Sienne (1525-1562). 2. Disciples d' Arius, né à Alexandrie (280-336).

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D1 la Divine Sage.u1

d'abord initiés dans la vie angélique par des respirations en accord avec cette vie, ce qui se fait par différents moyens. Ensuite, ils parviennent à des perceptions inté­rieures et arrivent à la Liberté Céleste.

D'APRÈS LA RAISON : L'esprit de l'homme n'est pas une substance séparée des viscères, des organes et des membres de l'homme, mais il leur est étroitement adhérent, car le spirituel suit toute leur chaîne depuis les parties les plus intimes jusqu'aux plus extérieures. De là, il suit aussi toute chaîne, toute fibre dépendant du cœur et des poumons.

C'est pourquoi lorsque le lien entre le corps et l'esprit de l'homme est rompu, l'esprit est dans une forme sem­blable à celle que l'homme avait précédemment. Il y a seulement séparation de la substance spirituelle d'avec la substance matérielle.

De là vient que l'Esprit a également un cœur et un poumon comme l'homme en avait dans le Monde. C'est même pour cela qu'il a de semblables sens, de semblables mouvements, et qu'il a aussi un langage. Or, les sens, les mouvements, le langage n'existent pas sans le cœur et sans les poumons.

Les Esprits ont aussi des atmosphères, mais elles sont spirituelles .

. Combien s'abusent ceux qui désignent à l'âme 1 un lieu particulier, soit dans le cerveau, soit dans le cœur, car

1. Voir note page u4.

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Emmam1el Swedenborg

l'âme de l'homme, qui doit vivre après la mort, est son esprit (en forme humaine) 1

et, - LES PULSATIONS DE SON CŒUR ET LA RESPIRATION

DE SON POUMON INFLUENT DANS LES PULSATIONS DU

CŒUR ET DANS LA RESPIRATION DU POUMON CHEZ

L'HOMME DANS LE MONDE.

Cela sera aussi confirmé par l'expérience et ensuite par la raison.

PAR L'EXPÉRIENCE : Tandis que l'homme vit dans le monde il a une double respiration pulmonaire et une double pulsation cardiaque.

Il ne le sait pas, parce qu'il ignore que l'homme est intérieurement esprit, et que l'esprit est pareillement homme.

Cependant ces deux mouvements (ceux de l'esprit et ceux du corps) existent continuellement chez l'homme, ainsi ceux de l'esprit influent dans ceux du corps. Il m'a été donné de le percevoir d'une manière sensible.

Une fois, ayant eu chez moi des esprits d'une grande force persuasive, ils avaient pu m'enlever toute faculté de penser et en même temps de pouvoir respirer, mais pour que je n'en éprouve aucun préjudice, je fus réduit 1,

comme je le ressentis manifestement, à la seule respiration de mon esprit. Cette respiration était en accord avec celle des Anges.

1. Par le secours d 'Anges comme on le voit plus bas.

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De la Divine Sagesse

De là, il me fut aussi prouvé que le Ciel dans l'ensemble et tout Ange du Ciel, en particulier, respirent, puis qu'autant souffre l'Intellect, autant souffre aussi la respi­ration. Car la faculté persuasive que possèdent certains mauvais Esprits, dans le Monde spirituel, suffoque à la fois la respiration et l'Intellect, aussi peut-on dire qu'elle est suffocative du corps et destructice de l'Intellect.

Les Anges reçurent aussi le pouvoir de diriger ma respi­ration même certaines fois de la diminuer et de la retirer successivement de mon esprit. Je le perçus même alors par le sens.

En outre, j'ai été dans la respiration de mon esprit, toutes les fois que je me suis trouvé avec les Esprits et avec les Anges dans un état semblable au leur. Autant de fois j'ai été élevé au Ciel, autant de fois je l'ai été en esprit, et non en corps. .

Au sujet du retrait de l'animation du poumon et du corps avec le maintien de l'animation de mon esprit, voir aussi le Traité du Ciel et de l'Enfer 1•

PAR LA RAISON : Au moyen de ces vives expériences on peut voir que chaque homme a une double respiration l'une au-dedans de l'autre, c'est pour cela qu'il peut, d'après l'Intellect, penser rationnellement et même spirituellement.

Cette double respiration (l'interne étant reliée au Spirituel) le distingue des animaux.

On voit encore (par ces expériences) qu'il peut être

I. Traité du Ciel et de l'Enfer, N• 449.

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Emmanuel Swedenborg

illustré quant à !'Intellect, être élevé au Ciel, et respirer avec les Anges. Il peut aussi par conséquent, être réformé et régénéré.

De plus où est l'externe (le corps), là aussi doit être l'interne (l'esprit). Il (l'interne ou esprit) doit donc être dans toute action et dans toute sensation.

L'externe donne le « commun» et l'interne, le « parti­culier». Or où le « Commun» n'est pas, le «particulier» n'y est pas non plus i .

De là vient qu'il y a chez l'homme un mouvement systolique et animatoire tant externe qu'interne, mou­vement externe qui est naturel et interne qui est spirituel.

C'est même par là (par cette double animation) que la Volonté, d'accord avec !'Intellect, peut produire les mou­vements du corps et !'Intellect, avec la Volonté, avoir les sens corporels.

Les animaux ont aussi un pouls commun et un pouls particulier, une respiration commune et une respiration particulière. Mais chez les bêtes l'externe et l'interne sont naturels, tandis que chez l'homme l'externe est naturel et l'interne est spirituel.

Enfin, tel est !'Intellect telle est la respiration parce que tel est l'esprit de l'homme. C'est l'esprit qui pense avec !'Intellect et qui agit d'après la Volonté.

Pour que ces opérations spirituelles pyissent influer dans le corps ou porter l'homme à penser et à vouloir

t. Il y a ainsi liaison de l'esprit et du corps et influx de l'esprit dane le corps.

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De la Divine Sages.te

(comme à agir) sur le plan naturel, il faut que la respi­ration et le pouls de l'esprit soient conjoints à la respiration et au pouls du corps. Il y a alors influx de l'un dans l'autre. Autrement il n'y aurait pas de translation (de ce qui est spirituel dans ce qui est naturel).

G' - LA VIE DU CORPS, QUI EST NATURELLE, EXISTE

ET SUBSISTE PAR CET INFLUX, ET CESSE PAR SON

ÉLOIGNEMENT, AINSI PAR LA SÉPARATION.

Si l'homme, après la mort, est également homme comme auparavant, mais homme-esprit, c'est parce que (dès ce monde) son « spirituel » (ou substantiel de l'esprit) est conjoint à son « naturel» (ou à la partie matérielle du corps), avec tant de justesse et d'union qu'il n'y a pas une fibrille, une légère trame, la plus petite toile, où l'humain de l'esprit ne soit relié à l'humain du corps. e :r.a vie de l'ensemble du corps et de ses parties dépend uniquement de ses deux mouvements universels : le mou­vement systolique du cœur et le mouvement respiratoire du poumon. Il en résulte que lorsque ces mouvements cessent dans le corps les choses naturelles qui sont maté­rielles sont séparées des choses spirituelles qui sont substan­tielles, car elles ne peuvent plus faire ensemble le même travail. Alors l'agent (ce qui agit), c'est-à-dire ce qui est spirituel, se retire de chacune des choses qui étaient mises en action, c'est-à-dire des choses naturelles, et l'homme devient ainsi un homme tout autre.

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Emmanuel Swedenborg

C'est donc là la mort de l'homme, et cette mort est sa résurrection. Voir dans le Traité du Ciel et de l'Enfer, quelques particularités sur ce sujet rapportées d'après une vive expérience 1 •

Il est ainsi évident que l'homme meurt quand la respi­ration cesse, mais toujours est-il qu'il n'est pas mort avant que le mouvement du cœur ait en même temps cessé, ce qui arrive ordinairement plus tard.

Que l'homme ne soit pas mort auparavant, c'est ce que prouve la vie des enfants dans l'utérus, puis la vie des adultes dans les évanouissements et dans les suffocations.

Dans ces états le cœur a ses systoles et ses diastoles malgré que le poumon soit dans l'inaction.

Il y a donc vie quoique l'homme soit privé de sens et de mouvement, par conséquent, sans conscience.

La raison de cela, c'est qu'alors la respiration de l'esprit continue, mais sans qu'aucune respiration du corps y corresponde. (Dans cet état), il n'y a pas non plus les deux mouvements vitaux réciproques du cœur et du poumon (dans le corps).

Sans correspondance (de la respira.don de l'esprit avec celle du corps) et sans réciprocité (des mouvements vitaux du cœur et du poumon dans le corps), il n'existe pas de vie des sens et pas d'action.

Il en est de la vie naturelle du corps de l'homtne comme de la vie spirituelle de son mental.

J . Traité du Ciel et de !'Enfer, 445 à 452.

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D1 la Divine Sagesse

Si la Volonté et !'Intellect, ou l'Amour et la Sagesse n'agissent pas conjointement, il ne se fait aucune opération de la raison 1 •

Si !'Intellect ou la Sagesse se retire, la Volonté avec l'Amour devient comme morte. Mais toujours est-il qu'elle vit sans avoir conscience de son existence, si la faculté intellectuelle a seulement été fermée, comme il arrive chez ceux qui perdent la mémoire.

Il en est autrement si la Volonté ou l'Amour se retire. Alors c'en est fait du mental de l'homme, comme c'en est fait de lui, quand le cœur cesse de battre.

Il m'a été accordé de savoir, que la séparation complète de l'esprit d'avec le corps se fait le plus souvent le second jour après la mort, en ce que je me suis entretenu, le troi­sième jour, avec quelques défunts qui étaient alors des esprits.

Π- L'HOMME ALORS DE NATUREL DEVIENT SPIRITUEL.

L'homme naturel diffère entièrement de l'homme spiri­tuel et le « spirituel» entièrement du « naturel ». La diffé­rence est si grande que l'homme ne peut être en même temps « spirituel» et « naturel».

Celui qui ignore ce qu'est le « spirituel » dans son essence peut croire qu'il est seulement le « naturel » plus pur qui, dans l'homme, est nommé le « rationnel» 2•

1. Voir page 57. 2. . « Rationale », mais Swedenborg donne à ce mot un sens très étendu

(Voir Arcanes Célestes, 1944, 1895, 1899 et la suite).

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Emmanuel Swedenborg

Mais le « spirituel» est au-dessus du « rationnel». Il en diffère autant que la lumière du milieu du jour de l'ombre du soir, dans la saison d'automne.

Personne ne peut connaître ce qui distingue et diffé­rencie « le spirituel» et le « naturel», à moins d'être <Jans l'un et dans l'autre monde, le monde « naturel» et le monde « spirituel», ayant la faculté d'alterner périodi­quement, d'être tantôt dans l'un, tantôt dans l'autre, et d'inspecter l'un par l'autre au moyen de réflexion.

Par cette faculté qui m'a été donnée, j'ai connu ce qu'est l'homme «naturel» et ce qu'est l'homme «spirituel» qui est l'esprit.

Pour qu'on le sache, j'en donnerai une esquisse en peu de mots. Dans tout ce qui appartient à sa pensée et à son langage comme dans tout ce qui appartient à sa Volonté et à son action, l'homme naturel a pour sujet la matière, l'espace, le temps et la quantité. Ces choses chez lui sont fues et déterminées. Sans elles il n'est dans aucune idée de la pensée et du langage qui procède de la pensée. Sans elles, il n'est clans aucune affection de la Volonté, ni dans l'action qui en procède.

L'homme spirituel ou !'Esprit n'a pas ces choses pour sujets, mais il les a seulement pour objets. Cela parce que dans le Monde spirituel il y a des objets tout à fait sem­blables à ceux qui sont dans le Monde naturel ; il y a des terres, des campagnes, des champs, des jarclliîs, et des forêts. Il y a des maisons distribuées en chambres, et dans ces chambres tout . ce qui est utile. Il y a en outre des

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D1 la Di11in1 Sage.rse IJ7

vêtements, les uns propres aux femmes et les autres aux hommes, comme dans le Monde. Il y a des tables ; des mets, des boissons, comme dans le Monde. Il y a aussi des animaux, les uns doux, les autres nuisibles. Il y a par conséquent des étendues (ou apparences d'espaces) et des périodes, des nombres et des mesures 1 •

Toutes ces choses ressemblent tellement à celles qui sont dans le Monde, que l'œil ne peut absolument pas en faire la distinction. Cependant elles sont toutes des appa­rences. Celles qui correspondent à !'Intellect des Anges, des apparences de la Sagesse, et celles qui correspondent à leur Volonté des apparences de la perception des amours. Elles sont créées en un moment par le Seigneur et en un moment aussi elles sont dissipées. Elles restent ou ne restent pas selon la constance ou l'inconstance (affective) des Esprits ou des Anges chez lesquels elles sont des apparences 2•

Cela vient de ce qu'elles sont seulement les objets de leurs pensées et de leurs affections (en formes correspon­dantes). Les sujets, d'après lesquels elles apparaissent, comme je l'ai déjà montré, appartiennent à la Sagesse et à l'Amour, par conséquent sont d'origine spirituelle.

Par exemple, quand ils voient des espaces (en appa-

1. «Dans l'autre vie, .il n'y a point d'espaces, mais néanmoins il y a des apparences d'espaces.» (Arcanes Célestes, s6os). «Les espaces et les temps sont les propres de la nature.» (Arcanes Célestes, 4043).;

2. Les ouvrages de Swedenborg contiennent de multiples illustrations de ces apparences spirituelles, correspondant à la qualité affective dc:s eimi pr~ desquels elles c;xistent. ·

18

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Emmanuel Swedenborg

rence), ils n'y pensent pas d'après l'espace ; quand ils voient des jardins, et dans ces jardins, des arbres, des fruits, des arbrisseaux, des fleurs et des semences, ils n'y pensent pas d'après l'apparence, mais ils y pensent d'après les choses en raison desquelles ces objets apparaissent. Il en est de même du reste 1 •

C'est de là que les pensées concernant les choses spiri­tuelles sont absolument autres que les pensées concernant les choses naturelles.

Il en est de même des affections. Elles sont si différentes qu'elles sont transcendantes et ne tombent pas dans les idées naturelles, si ce n'est quelque peu dans la vue intérieure rationnelle, mais non autrement que par des abstractions ou par l'écart des quantités par les qualités 2•

On voit d'après cela que les Anges ont une sagesse que l'homme « naturel » ne peut comprendre et qu'il ne saurait exprimer.

Comme telles sont leurs pensées, ils ont aussi un langage analogue qui diffère tellement des langages des hommes, qu'ils ne se ressemblent pas en un seul mot.

Il en est de même de leur écritur~, qui, bien que sem­blable quant aux lettres à l'écriture des hommes du

1. De là pour l'Ange ou l'esprit tout ce qui l'entoure est un langage qui lui parle de choses suréminentes comme de l'Amour, de la Sagesse, du Bien, du V rai, des affections, etc. .. 'l

2. En voici un exemple tiré des « Arcanes Célestes» : « Les · quatre étendues (plaga) signifient toÙtes les choses du Bien et du Vrai.» (Arcanes Célestes, 9642).

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De la Divine Sagesse

Monde, ne peut cependant être comprise par aucun homme du Monde. Chaque consonne y est un sens, chaque voyelle y est une affection, les voyelles ne s'écrivent pas, mais elles se ponctuent.

Les ouvrages manuels, gui sont innombrables, et les fonctions de leurs offices diffèrent également des travaux et des fonctions des hommes naturels dans le Monde ; ces idées ne peuvent être décrites par les mots d'une langue humaine.

On peut, par cette légère esquisse, percevoir que le « naturel» et le « spirituel>> diffèrent comme l'ombre et la lumière.

Mais toujours est-il que dans les « spirituels», il existe plusieurs différences, car il y a des « spirituels» sensuels, des « spirituels» rationnels, et des « spirituels» célestes.

Il y a aussi des « spirituels » mauvais et des « spirituels » bons.

Les différences sont en raison des affections et des pensées qui en procèdent, et les apparences sont en raison de ces affections et de ces pensées 1 •

On voit, d'après cela, que l'homme de « naturel» devient « spirituel » aussitôt que le poumon et le cœur (du corps naturel) cessent leurs mouvements. Le corps matériel alors, est repoussé par le corps « spirituel».

1. C.Cttc esquisse a son développement dans le traité du Ciel et de l'Enfer.

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FIN DU

PREMIER

VOLUME

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ACHEVÉ D'IMPRIMER

LE 13NOVEMBRE1953

SUR LES PRESSES DE L'IMPRIMERIE

LES PETITS-FILS DE LÉONARD DANEL

LOOS (NORD)

Dépôt lég:il 10277. - 4 e Trimestre 1953.

143

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CoHeciioa

F. VON BAADER

JACOB BôEJIME

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TABLE DES MATIÈRES

PREMIER VOLUME

Préface. . . Courte biographie de Swedenborg et origine de

ses écrits théologiques . Prolégomènes . . Bibliographie de « La Divine Sagesse » . •

Sujet résumé du Traité de «La Divine Sagesse». De la Divine Sagesse :

J Chapitre I . Chapitre II . Chapitre III Chapitre IV

l Chapitre V . • Chapitre VI. Chapitre VII

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DEUXIÈME VOLUME

De la Divine Sagesse :

j Chapitre VIII . Chapitre IX. Chapitre X.

) Chapitre XI. Chapitre XII

Postface ....

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Bibliographie sommaire des œuvres d'Emmanuel

Pages

Swedenborg . . . . 1 17

Table des Illustrations . . . . . . . . . . . . 121

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