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SUPP minutes MARDI 22 MAI 2007 HIGH-TECH Le Web 2.0 en pleine crise de croissance > YouTube, Wikipédia, blogs… à la recherche d’un modèle économique fiable p. 4 et 5 INTERNET Tendance > La blogomania retombe à plat p. 6 Phénomène > La séquence du télespectateur 2.0 p. 8 MUSIQUE Comparatif > Les sites de téléchargement légaux p. 12 Promotion > Les nouvelles stars se trouvent sur la Toile p. 14 MÉDIA Cinéma > Des fuites à tous les étages p. 19 Téléphonie > Sur mobile, le contenu donne de la voix p. 20 PHOTO MONTAGE DIDIER CRÉTÉ / GETTY IMAGES LE MAGAZINE TECHNOLOGIQUE DE

Le Web2 en pleine crise de croissance

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MARDI 22 MAI 2007

HIGH-TECHLeWeb 2.0 en pleinecrise de croissance> YouTube, Wikipédia, blogs… à la recherche d’un modèle économique fiable p. 4 et 5

INTERNETTendance> Lablogomaniaretombeàplat p. 6Phénomène > Laséquencedu télespectateur 2.0 p. 8

MUSIQUEComparatif > Lessitesde téléchargement légauxp. 12Promotion> Lesnouvelles starsse trouvent sur la Toile p. 14

MÉDIACinéma > Des fuites à tousles étagesp. 19Téléphonie > Surmobile,le contenudonnede la voix p. 20

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Le«supp’high-tech »que voustenez entre

les mains est leseptième du nom.Mais premier d’unenouvelle série,il diffère de tousles précédentspar son approchedes nouvellestechnologies.Considérantle nombre importantde Françaisconnectés à Internet,dotés d’un appareilphoto numériqueou d’un téléphonemobile, l’heure estvenue de s’intéresserplus encoreà l’utilisation desproduits high-tech.Car les technologiesne valent que parce que l’on en fait.Et si techniquement,le progrès estrelativement linéaire- augmentationconstante de lapuissance des micro-processeurs et desréseaux -, l’évolutiondes usages, elle nel’est pas. Elle senourri des attentesdu public, de sesbesoins (changeants)et de son imagination(sans limite).Là, décrire lesusages qui vont sedévelopper au coursdes prochainesannées relève de lathéorie du chaos.Quid des blogs, dontla mort sous leurforme actuelleest annoncée ?Qu’adviendra-t-ildu Web 2.0? Sitôtné, ce qui devaitêtre une révolutionsemble déjà dépassé.Et peine à trouver lavoie de la rentabilité.Dans ce contexte,notre rôle est plusque jamais d’analyseret de décrypter cestendances.

Christophe Joly

high-tech 3MARDI 22 MAI 2007

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Supplément au20 Minutes n° 1196édité par 20 MinutesFrance, SAS au capital de35 172 990 €

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ActionnairesSpir Communication, Sofiouest, Schibsted ASA,20 Min HoldingPrésident et directeur de la publicationPierre-Jean Bozo

Directeur de la rédactionFrédéric FillouxDirecteur commercialRenaud Grand-ClémentDirectrice marketing et communicationElisabeth CialdellaDirecteur des opérationsFrédéric LecarmeDirecteur administratif et financierNicolas BonnangeCoordination éditorialeChristophe JolyCentral Laurent Bainier, Corinne Callebaut,Ulla Majoube, Florence RifauxSecretaire de rédaction Jérôme CominMaquette Virginie Lafon

Distribution & logistiqueAlexandra Gautier, Stéphane RouxelEquipe commercialeChristophe Blond, Marie Armède, JoannaBerthier, Malika Beyragued, Virginie Blanchard,Jean-Luc Deschamps, Mickael Detaye,Alexandre Gazoni, Camille Habra, Yamina Ketfi,Klervia Le Calvez, Natacha Manuel, Pierre-HenriParadas, François Prugnaud, Sandrine Rousset,Frédéric-Alexandre Talec, Marine WeissInformatiqueCédric Dazin, Olivier Moulinet, Jesod SogloExé Trafic Jessie Perrot-Audet, Stéphanie Gatty,Karim Ouamrane, Stéphane RambaudImpression Quebecor SAN° ISSN : 1632-1022 © 20 Minutes France, 2007.

■ InternetEntre inventivité et rentabilité, le Web 2.0au milieu du gué ? p. 4 et 5La Blogomania retombe à plat p. 6La séquence du téléspectateur sur le Net p. 8J’ai testé… le Sony Vaio de James Bond p. 9Le e-commerce prépare sa mue p. 23

■ MusiqueLe patron d’Universal Music France analyse le marché p. 10Les sites de téléchargement légaux passés au crible p. 12Les nouvelles stars se trouvent sur le Web p. 14Trois artistes jugent l’avènement du numérique p. 15

■ VidéoJ’ai testé… L’Archos 704 WiFi p. 16Plus de liberté avec les Concerts à emporter p. 18Cinéma, fuites à tous les étages p. 19

■ TéléphonieSur mobile, le contenu donne de la voix p. 20J’ai testé… le N95, portable à tout faire de Nokia p. 22

en pleine criseLe Web 2.0de croissance

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Conceptmarketing fumeuxou phénomène révolution-naire, leWeb2.0?«C’est unpeuun fourre-tout, confirmeOurielOhayon,éditeurdusiteTechCrunchFranceet direc-teur du fonds d’investisse-ment LGiLab. Pour ma part,je ne l’emploie plus. Il dési-gnait un ensemble de sitesinnovants, tournés vers l’in-ternaute mais, aujourd’hui,tout lemonde innovedanscesens. Il n’y a plus deuxmondes dans le Web. » Plusqu’une révolution technolo-gique, leWeb2.0estunemu-tation idéologique : gratuitédes services, participationdesusagers etmise àdispo-sition des programmes. Uncoktail libertairequi a boostélesaudiences. YouTube, lancéil y a deux ans, affiche crâ-nement 4 millions de visi-teurs uniques par mois etMySpace héberge plus de100millions de pages perso.Mais ce dernier cherche en-coresonmodèleéconomique.Car si l’Internet collaboratifet communautaire est unsuccès sur le plan de l’in-ventivité et de l’audience, ildoitmaintenant affronter un

nouveau défi : la rentabilité.« Pour faire face à la crois-sance phénoménale de leuraudience, YouTube ouMySpaceont dû investir dansde nouveaux serveurs, pluspuissants et très chers, ex-plique Olivier Ezratty,conseiller en stratégie del’innovation. Quand Google

débourse 1,65 milliard dedollars pour acquérir You-Tube, ils achètent une auto-route avant même de savoirsi les gens seraient prêts unjour àpayer le péage. »Fautede péage, la recherche deprofits passe par unemoné-tisationde l’audience.Googles’est doncoffertDoubleClick,

spécialiste de la publicité enligne, pour 3,1 milliards dedollars. « Jusqu’à aujour-d’hui, les modèles écono-miques du Web 2.0 sont lesmêmesque ceuxduWeb1.0,confirmeOurielOhayon.Cer-taines sociétés testent denouvelles formes de publi-cité, mais qui ne sont pas

fondamentalement inno-vantes. » D’autres sitescomptent fairede l’internauteun générateur de profits.« Sur le Web 2.0, les inter-nautes font déjà tout le bou-lot, rappelle Ouriel Ohayon.Alors pourquoi ne pas leslaisser générer autre choseque du contenu, c’est-à-diredu chiffre d’affaires?C’est lecasdessitesde«social shop-ping» : les internautes re-commandent desproduits etreçoivent une commissionsur les ventes générées. SurZlio, ils peuventmême créerleurs boutiques en ligne etvendre des produits qui neleurappartiennentpas. Jenesais pas si certains com-mencent à en vivre, mais çava sans doute venir. »Quant aux sites pionniers duWeb 2.0 qui refusent de fairepayer leurs servicesoud’hé-bergerde lapublicité, ils sonten danger. « Wikipédia a deplus en plus de mal à réunirdes dons d’internautes,constateOlivierEzratty.Seulsles sites les plus réalisteséconomiquementontunave-nir. » La fin d’une utopie.

Benjamin Chapon

Start-up par centaines, ra-chats à des prix astrono-miques, flambée des titresenBourse…L’ascensiondessites du Web 2.0 ressemblefort à la bulle Internet dudébut 2000. Et la plupart desanalystes prévoient unebru-tale récession des investis-sements pour les mois àvenir. Olivier Ezratty, con-seiller en stratégies de l’in-

novation, n’est toutefois pasinquiet. « La bulle est de na-ture trèsdifférentedecellede2001.Cette fois, il n’y apasdebulle boursière et son écla-tement n’aura pas d’impactsur les marchés de la publi-cité et des télécoms. Depuisquarante ans, il y a toujourseu des boîtes innovantes quiont fait faillite. C’est un dar-winisme permanent. » B. C.

Entre l’inventivité et la rentabilité, le

Avec 4millions de visiteurs uniques par mois, YouTube est un carton planétaire.

Le spectre de la bulleInternet à l’esprit de tous

high-tech4 MARDI 22 MAI 2007

survivants A part chez les blogs, qui ne coûtent rienà produire, l’éclatement de la bulle du Web 2.0 fera desravages. Olivier Erzatty est notamment inquiet pour lessites de « social shopping ». « Ceux qui n’auront pas eule temps de consolider leur audience vont disparaître. »

Fondateur du blogTransnets.

LeWeb 2.0 rapporte-ilde l’argent aux créateursde sites?Le problème de fond duWeb2.0 est que la source de re-venu dominante reste la pu-blicité. Il y aunénormemou-vement populaire, mais lemodèle économique est en-core extrêmement limité.Alors, on peut envisager lamendicité, grâceàPayPal ouautres,mais je ne pense pasque cela mène très loin.Les internautes quicontribuent à des sitescommeYouTubepourront-ils un jour

prétendre à percevoirun revenu ?LeWeb 2.0 fonctionne sur lerevenu généré par les utili-sateurs. Cela fait gagnerbeaucoup de temps et d’ar-gent aux entreprises. Pourl’instant les contributeurs secontentent d’avoir leur nomquelque part sur le Web. On

peut prévoir qu’un jour celane leur suffira plus, mais cejour n’est pas encore arrivé.On débat actuellementd’un code de conduite surleWeb. Quelle est votreopinion?Onn’est pasobligéd’avoir unavis tranché. Mais je croisque toute tentative d’unifica-tionestuneerreur.C’estpourcela que je ne parle plus deblogosphère mais de bloga-laxie.Blogosphèrepeut don-nerune illusiond’unité, alorsque lagalaxie, ladiversitéestdans l’expressionelle-même.Rendre plus civile la bloga-laxieestunebelleentreprise,mais qui passe par unemul-titude de gestions indivi-duelles. Recueilli par B. C.

« Nous sommes dans la blogalaxie »

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INTERNET YOUTUBE, WIKIPÉDIA, BLOGS… TOUS CES SITES CONNAISSENT UN SUCCÈS FULGURANT,

FRANCIS PISANI

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lexique

Crowdsourcing« Approvisionnementpar la source ».Les internautesrépondent auxquestions pratiquesdes autres visiteursdans des domainesde compétencetrès précis. Exemple :Wikipedia.

Folksonomy, socialbookmarking« Partage de favoris ».Méthode declassification de sitesen fonction de leurpopularité parmi lesinternautes d’unemême communauté.Exemple : Del.icio.

Social networking« Réseau social ».Communautéd’internautespartageant descentres d’intérêtet des fonctionnalitésen ligne. Exemple :MySpace.

Durant lacampagneélectorale, les«blogreporters»ontétéactifsmais finalementpeusuivispar les internautes.

L’entreprise semet à la page

Du 2.0 à la « Néthique »

high-tech 5MARDI 22 MAI 2007

Blogs d’entreprises, trai-tements de texte partagés,emplois du temps mis àjour en flux RSS… De plusen plus d’entreprisesadoptent les fonctionnalitésdu Web 2.0. « Nos person-nels doivent trouver aubureau le même environne-ment informatique quechez eux », affirme ainsiDidier Lambert, directeurdes systèmes d’informationd’Essilor. Louis Naugès,PDG de Microcost, sociétéde conseil en systèmesd’information, confirme :« L’innovation du Web 2.0 ad’abord touché le grandpublic avant de gagner lesentreprises. Les patronssont rassurés parce que lessystèmes sont au point.Ensuite, il y a un intérêtfinancier : avoir un systèmeinformatique efficace pourun coût modique (3 € parmois) n’est pas négligeable.Enfin, les entreprises ont lahantise de passer pour rin-

gardes auprès de leursjeunes employés. »En contrepartie, beaucoupse posent la question de laconfidentialité des donnéesqui ne sont plus hébergéessur leur PC mais sur desserveurs extérieurs. Undoute que Marc Giraud, encharge de la division tech-nologies d’Essilor, balaied’un revers de main : « Enmatière de sécurité desdonnées, une solution enligne est beaucoup plussûre. Sur son poste de tra-vail, on peut perdre sondisque dur, se faire volerson PC… » Une fois n’estpas coutume, les entre-prises françaises ne sontpas à la traîne. « QuandGoogle a lancé ses applica-tions Google Apps pour lesentreprises, elle l’a fait àParis, se souvient LouisNaugès. Parce que plus dela moitié de leurs clientsmondiaux étaient français. »

B. C.

C’est à lui que l’on doit lapopularisation du termeWeb 2.0. Le 30 septembre2005, Tim O’Reilly, Irlan-dais émigré aux Etats-Unis et éditeur de livresinformatiques, publie surson blog un long articleintitulé « What Is Web2.0 » (« Ce qu’est le Web2.0 »).

Egalement promoteur deslogiciels Open Source, ilréfléchit aujourd’hui, entreautres, à la « Néthique »,ou code de conduite desutilisateurs du Net. Fidèleau principe du 2.0, il aamendé ses propositionsinitiales en fonction desavis des internautes. B. C.http://tim.oreilly.com

Dans la panoplie des motsbarbares inventés pourdéfinir les nouvelles pra-tiques d’Internet, Blog-nalisme (blog + journalis-me) est l’un des plus flous.Il est né avec l’émergencedes blogs de témoignages.Le premier exemple fut leBagdad Blog, œuvre d’unjeune Irakien pendant laguerre de septembre 2002.Dernièrement, ce genre deblog a fleuri autour de latuerie de Virginia Tech auxEtats-Unis. Le phénomène,plus rare en France, a étérepris par des journalistesprofessionnels. Blogs « offi-ciels » côtoient alors desindépendants, au ton plus

libre. Le « blogreporter »Nicolas Voisin, qui a suivi lacampagne présidentiellesur Nuesblog (www.nues-blog. com), se dit déçu del’expérience : « L’audiencen’a pas été aussi forte qu’onl’espérait. La prochainecampagne sera peut-être labonne. » Dans les pays où laliberté d’expression n’estpas acquise, les blogs sontparfois des relais d’infor-mation fragilisés par leurstatut illégal. Nombred’entre eux ont ainsi récem-ment été fermés en Egypteet Reporters sans fron-tières a édité un « Guidepratique du blogger et ducyberdissident ». B. C.

Médiamétrie essaiede faire les comptes

Le blognalisme est né

Le Web 2.0 s’emballe, lescompteurs s’affolent.« L’apparition, brutale, dessites Web 2.0, placés direc-tement en haut des classe-ments, nous a forcés à nousadapter. On a, par exemple,installé des serveurs direc-tement chez Skyblog pourcompter leurs trois mil-liards de pages vues parmois », souligne BenoîtCassaigne, directeur dudépartement Internet deMédiamétrie. Seulement, ledéveloppement de sites

vidéo comme YouTube rendobsolète la notion de pagevue. Médiamétrie préparedonc un logiciel capable decompter le « temps passé »,se rapprochant ainsi desméthodes appliquées à latélé. Demême, il est encoreimpossible de différencierles internautes « passifs »des contributeurs. Uneenquête concernant Wiki-pédia a néanmoins révéléque moins de 3 % des visi-teurs devenaient contribu-teurs. B. C.

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Web 2.0 au milieu du gué?MAIS À L’HEURE DE TROUVER UN SYSTÈME ÉCONOMIQUE SOLIDE, CHACUN JOUE SA SPÉCIFICITÉ

Page 5: Le  Web2 en pleine crise de croissance

Il y aura un avant et un après You-Tube.Crééen2005, cesitepermetàtout internaute de poster et parta-ger gratuitement ses propres vidéosen ligne, faisant du Net une gigan-tesque vidéothèque partagée. Enmoinsdedeuxans,YouTubeestdevenule4e siteduWebmondial en termesdetrafic, derrièreYahoo!,MSNetGoogle.En octobre 2006, il diffusait jusqu’à

100 millions de vidéos par jour. Bienqu’organisédemanièreanarchiqueetdequalité inégale, lavariétéducontenuaudiovisuel a favorisé l’émergenced’unnouveaugenrede téléspectateur,capable de composer lui-même sagrilledeprogrammesenpuisantparmidesmilliers de clips et de films. Dansce contexte sont apparus les sitescomme TotalVOD, INA.fr ou iTunes

Vidéo, qui permettent d’accéder à uncatalogued’émissionsde télévisionetde longs métrages de qualité DVD,voireHD. Là, les contenus sont exclu-sifs, bien organisés, mais on doit, laplupart du temps, les payer à laséance. Et pour ceux qui veulent à lafois composer leur programme, ac-céder quand ils veulent à leurs émis-sionspréféréessanspourautant avoir

à payer, il y aura bientôt Joost. Grâceaux accords de partenariat passésavecdesgrandsgroupesdemédiasetde publicité, cette plate-forme gra-tuite de télé parP2P fournira despro-grammesdequalitéoùseront inséréesdes publicités ciblées et interactives.Gageons du succès de Joost, ses in-venteurssontdéjàà l’originedeKazaaet Skype. Yaroslav Pigenet

La nouvelle séquence du téléspectateur 2.0PHÉNOMÈNE AVEC L’AVÈNEMENT DE YOUTUBE, LA CONSOMMATION DE PROGRAMMES TV CHANGE

high-tech8 MARDI 22 MAI 2007

IDÉ

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CONDITIONS DU TEST

Sony nous a prêtéune machine de série,pendant un mois. Lorsde l’installation et duparamétrage initial, nousavons accepté toutes lesoptions par défaut. Nousavons enfin ajouté à lamachine la suite Officede Microsoft et quelqueslogiciels multimédias.

ÉTAT DE L’OFFRE

Tous les constructeursproposent des PCultraportables,maisaucun ne dispose de toutesles caractéristiques duSZ5-XWN. L’XPS M1210de Dell, par exemple, estplus lourd (2 kg), équipéd’un écran de 12’’ mais nedispose pas d’un lecteurd’empreintes digitales. Ilcoûte entre 1 100 et 2 200 €,selon la configuration.

À SAVOIRLa fibre de carbone,de la carrosserie duSZ5-XWN est, d’après Sony,200 % plus résistante et30 % plus légère que lesmatériaux conventionnels.Le disque dur duSZ5-XWN est équipé d’undispositif de protectioncontre les chutes. Quandun mouvement brusque estdétecté, les têtes de lecturedu disque sont « figées »pour qu’elles ne heurtentpas sa surface brutalement.

Quandonm’ademandédetesterunPCportable, j’ai toutdesuitepenséàceluideJamesBond.J’aurai ainsiaumoinsunpoint communavec l’es-pion des services secrets britan-niques.DansCasinoRoyale, il se sertàdeux reprisesd’unVaioSZ3deSonypour interroger des bases de don-nées ultrasecrètes. Celui-ci n’étantplus commercialisé, le service depressemesuggère de tester le SZ5-XWN. Il diffère de l’original par leprocesseur, la capacité du disquedur et le système d’exploitation.

Déception. C’est un coursier quime livre la machine le lendemainetnonuneJamesBondGirl.Je suisagréablement surpris par son équi-pement : écran 13,3’’ de diagonaleà technologie LED, graveur de DVD,webcam, lecteur d’empreintes di-gitales, connexions wi-fi et Blue-tooth. Sa carrosserie en fibre decarbone autorise un poids raison-nable (1,69 kg) malgré son équipe-ment. Je trouve aussi dans le car-ton une carte 3G+. En y installantune carte SIM puis en l’insérantdans le port ExpressCard du SZ5-XWN, je peuxme connecter auWebpar le réseau « données » de monopérateur mobile.

Quinze minutes. C’est le tempsqu’ilme faut pour lamiseen routeinitiale du SZ5-XWN en installantles différents pilotes et applica-tions. Un redémarrage plus tard, jecommence à jouer avec l’appareil.La qualité de son écranme fait unebonne impression. L’image, lumi-neuse et contrastée, reste visibleen extérieur. Bon point aussi pour leclavier, particulièrement agréable.Il est surmonté de deux interrup-teurs : le premiermet sous tensionles connexions wi-fi et Bluetooth.Le second, étiqueté « stamina » et« speed », sert à activer l’une desdeux puces vidéo équipant le SZ5-XWN. En position « stamina », l’af-fichage passe par la puce vidéo Intel.Parfaite pour la bureautique et In-ternet, elle est peu puissante maiséconomise la batterie. La position« speed » active une puce GeForce7400, nettement plus puissantemaisgourmande en énergie. Elle estidéale pour les applications multi-médias.

Pour tester le SZ5-XWN, je décidede le mettre à l’épreuve. J’en faitmamachinede travail. Je retire leslogiciels que je juge inutiles (ver-sions d’évaluation, barres d’outils,logiciels publicitaires…) puis j’ins-talle Office deMicrosoft et quelquesutilitaires. Bonne surprise, le logi-ciel de retouche photo PhotoshopElements et Acrobat Elements(création de PDF) sont présents surle disque dur. Ils sont accompagnésd’EasyMediaCreator deRoxio (créa-tion deCDet deDVD) et de quelqueslogicielsmultimédias dont la plupartsont développés par Sony.

Mission réussi. Après un mois detests, je suis conquis par le SZ5-XWN.Equipé d’un processeur Core2 Duo T7200 à 2 GHz et de 2 Go demémoire, il est plus puissant que laplupart des ultraportables. Les 160Go du disque dur stockent sans dif-ficulté mes documents et mes fi-chiers multimédias. Le lecteurd’empreintes digitales remplace ef-ficacement mes mots de passe : ilme suffit de l’effleurer pour ouvrirune session ou pourm’identifier surun site Web. Mais le plus agréablereste la connexion 3G+ au Net parle réseau demon opérateurmobile.

J’accède à mes e-mails et à Inter-net comme si j’étais connecté enwi-fi. Si le réseau 3G+ (le plus rapide)n’est pas disponible, j’accède tout demême à un réseau plus lent (3G,Edge ou GPRS).

Bémol. LeSZ5-XWNn’est paspar-fait. Il est parfois un peu bruyanten utilisation intensive, son ventila-teur tournant à plein régime. Pourun PC vendu 2 700 €, j’aurais aimétrouver une version complète deMi-crosoft Office et non une versiond’essai. Dommage enfin que laconnexion 3G+ ne soit pas intégréeà lamachine (comme c’est le cas duwi-fi et du Bluetooth). Cela évite-rait d’avoir une antenne qui dépasse.Dans le SZ6, peut-être ?

Marc Mitrani

Equipement, puissancede calcul et ergonomie.Légèreté. Connexionauréseau3G+.

Version complètedeMicrosoft Office absente.Carte 3G+pas intégréeauchâssis.

SonyVaio,auservicedeSaMajestéJ’AI TESTÉ LE SONY VAIO SZ5-XWN, LE PC PORTABLE DE JAMES BOND

high-tech 9MARDI 22 MAI 2007

dico techno

Core 2 DuoMis au point parIntel, le Core 2 Duo succèdeau Pentium. Il est constituéde deux unités de traitement(contre une seule avant)apportant une puissancede calcul accrue.

Ecran LED Ils diffèrent desécrans LCD par la technologiede rétroéclairage. Celle-ci,basée sur des diodes électro-luminescentes (au lieu de tubesfluorescents), permet d’obtenirdes couleurs plus riches et uneluminosité uniforme tout enconsommantmoins d’énergie.

Avec le Sony Vaio SZ5-XWN, il est possible de se connecter auWeb grâce au réseau 3G+.

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NOTE FINALE : 9/10

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Le numériquefaiblit aussiLespremiers chiffresdel’annéesont catastrophiquespour l’industriemusicale enFrance, à l’inverseduJaponetduRoyaume-Uni. Aupremiertrimestre 2007, les ventesdedisques, tous supportsconfondus, ont baisséde24,4%par rapport à lamêmepériode l’andernier. Pireencore, pour la première fois,lamusiquenumériqueconnaît unedécroissancede2,3%, alors qu’elle est censéecompenser lespertesdesventesphysiques. La fauteaumarchédes sonneriesdemobiles qui s’écrouledeprèsde10%.Seul signeencourageant, letéléchargement demorceauxsur Internet progresse.

PASCAL NÈGREPrésident-directeurgénérald’UniversalMusicFrance.

Qu’est-cequel’arrivéedunumériqueachangédansle fonctionnementd’unemaisondedisquescommeUniversal ?Fondamentalement rien, si je veuxfaireunpeudeprovocation. Lemétierreste lemême : trouver des talents etles faire découvrir au public. Internetest un média et un outil de distribu-tion supplémentaire. Désormais, onutilise tous les sites qui existent pourfaire parler de nos artistes : desconcours avec Yahoo!, des opérationsavec SFR ou Orange… Internet n’estpas un média mais des dizaines demilliersdemédiasenmêmetempsoùchaque internaute a son rôle. Leséchangesd’informationsentre ces in-ternautes créeront finalement le buzzqui ne fonctionne que parce qu’il y adu répondant de la part des inter-nautes.Comment lesartistesappréhendent-ilscenouveaumédia ?L’artiste est associé de la mêmema-nière que quand vous réalisez un clipou une pochette. Nous avons lancéElisa Tovati en contactant les vingtblogueuses les plus importantes enFrance qui ont été invitées à venirécouter son album.Avec le groupederock Enhancer, nous avons créé unjeu vidéo dans lequel on peut casserla gueule à plein de gens. Dont moi.Pour sondernier album,Zazie a filmétoutes ses chansons avec un camé-scope pour les mettre sur Internet.Certainsartistes sont plusaccrosqued’autres aux nouvelles technologies.Durant ses tournées, Sardou passaitson temps sur son site à répondre àses fans.D’ailleurspersonnenecroyaitque c’était lui.

MySpacea-t-il révolutionnélamanièrededécouvrirdenouveauxtalents ?En 2000, j’avais créé un site qui s’ap-pelait « Balance le son ». Les inter-

nautes pouvaient nous contacter etenvoyer leurs morceaux. On a arrêtéau bout d’un an car on n’avait pastrouvéde talentsparcebiais.MySpaceestunmédiaquipermetsurtoutdera-conter de belles histoires. L’idéequ’avec ce site, la maison de disquesne sert plus à rien, je n’y crois pas.LesnouveauxoutilscommelesclésUSBoulesbaladeursMP3sont-ilsdessuccès ?Notre démarche a toujours été dedire : il y a denouveauxoutils, testons-les. Les clésUSBn’ont pas fait un car-ton car elles étaient avec les disquesalors que les gens les attendaient aurayon informatique. Néo, notre bala-deur qui permet de télécharger destitres durant six mois parmi 50 000chansons, a plutôt été un succès.Nous avons vendu 90 000 appareils.Unnouveaumodèleéconomiqueest-ilen traind’émerger ?

Toutnouveaumodèleéconomiqueestbon et l’on se doit de l’essayer à par-tir du moment où il respecte la vo-lonté de l’artiste et du producteur. Ilfaut aussi que tout lemondesoit d’ac-cord sur le prix. Nous avons, parexemple, signéunaccordavecBonux.Le prochain cadeau que l’on trouveradans cette lessive sera une carte àgratter avec laquelle on pourra télé-charger quotidiennement soit unesonnerie, soit un titre.Quelleest lavaleurd’unmorceaudemusiquepuisqu’il sertdésormaisàvendre lecontenant ?Je vais vous donner un exemple. Lenombrede titres téléchargéspar iPodvendu est enmoyenne de vingt. Doncle consommateur a dépensé 200 €pour un baladeur et 20 € pour lamu-sique.J’ai dumalàcroirequ’il aachetéun iPodpour vingt chansons. Il a doncmis d’autres choses dedans : ses CD

« Bientôt de la musique en cadeau Bonux »ANALYSE LE WEB OBLIGE LES MAISONS DE DISQUES À TROUVER DE NOUVEAUX MODÈLES ÉCONOMIQUES

PourPascalNègre, le principal frein audéveloppement de lamusique en ligne est le piratage.

« L’idée qu’avecMySpace,

la maison dedisques ne sert

plus à rien,je n’y crois pas. »

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et le reste, je ne préfère pas en en-tendreparler. Je faisunparallèleavecle lecteur CD. Si à l’époque, on avaitvenduun seul CDpar lecteur acheté,il y aurait eu un problème. Eh bienc’est ce qu’on est en train de vivreavec le numérique. C’est dire l’am-pleur du problème.L’avenirpasse-t-ilparlapublicité ?Tout dépend de la manière dont vaévoluer la valeur publicitaire d’Inter-net.Plus labannièrepublicitaireaurade la valeur, plus il y aurade chancesde voir unmodèleéconomiquesedé-velopper. En revanche, je ne crois pasque ce sera le modèle principal.Quelssont les freins ?Vous connaissez ma réponse, c’estlapiraterie. Internetaétécréécommeun endroit de partage, tout lemondeapporte son contenu. Le problème,c’est que le contenu créé par les in-ternautes n’est pas suffisant. Alorsqu’est-cequi est regardésur leWeb ?C’est le contenuproduit, financé : l’ar-ticle de presse, la photo, lamusique,le film, la série télé. S’il n’y a aucunmoyen de financer tout ça, il y auramoins d’investissements. Celaconcerne toute la création.

Recueilli par David Carzon

high-tech10 MARDI 22 MAI 2007

Sur www.20minutes.frRetrouvez l’intégralité de cette interview

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Page 8: Le  Web2 en pleine crise de croissance

Pas facile de téléchargerlégalement de la musique.Avant toute chose, il faut choisirson camp : iPod d’Apple ou autremarque. Dans le premier cas,le passage obligé pour remplirson iPod reste son logiciel,iTunes. Grâce à un lien directet un simple clic, l’achatde fichiers musicaux sur le site

iTunes Music Store est facile.Mais si les titres achetéspeuvent être gravés, impossiblede les transférer vers unbaladeur d’une autre marque.Dans le second cas, un baladeurdit DRM, c’est-à-dire capablede lire des fichiers protégés,est nécessaire, même si,depuis peu, certains sites

légaux vendent aussi plusieurscentaines de milliers de titresen MP3, donc compatiblesavec tous les baladeurs,même les iPod. Pour contournerle problème des DRM,une solution : graver les fichiersachetés puis les réimportersur son PC pour faire sauterces petits verrous électroniques.

Gare enfin à ce que cachele nombre de titres annoncéspar les sites, souvent supérieurà un million. Ainsi iTunes MusicStore ne précise pas quela country compose une partimportante de son cataloguede 5 millions de morceaux,alors que le genre est peuprisé dans l’Hexagone.

De la musique en quelques sites

Clair, voire dépouillé, maistrès visuel avec ses fichesd’artistes à vignettes,le site de M6 est convivialet communautaire : les fanspeuvent s’y retrouver(ambianceMSN) pourpartager coups de cœur,commentaires et playlists.Les clips peuvent êtreprévisualisés en intégralitéavant achat (2,49 €).

Musicbrigade ★★★www.musicbridage.com

Référence enmatièrede conseils à l’achat parle biais des disquairesde l’enseigne, le site sedistingue aussi par sesabonnements en écouteillimitée (6 jours gratuitspuis 9,99 € parmois).La vente de titres MP3en provenance des labelsindépendants fait partiede sa griffe.

Fnacmusic ★★★www.fnacmusic.com

Musique, clips, podcasts,livres audio, bientôtlongsmétrages…on fait facilement le pleinde culture sur le site Apple,réservé aux possesseursd'iPod. A noter un singlegratuit à télécharger parsemaine ou des promospour compléter un albumdont on aurait déjàtéléchargé des extraits.

iTunes ★★★www.apple.com/fr/itunes

Variété, Pop, Rock, Rap,Hip-hop et Dance sontles principaux onglets de cesite, interdit aux Macintosh.La navigation est facileet l’offre variée, commeceMini Pack de 5 titresde Diam’s pour 2,49 €ou des offres dégressivespar cartes prépayées.L’écoute illimitée est aussiproposée (8 €/mois).

Coramusic ★★www.coramusic.fr

Un euro le premiermois,puis 9,95 € (écoute illimitée)ou 14,95 € parmois(écoute ou téléchargementillimités), ce site né fin 2006a fait ses preuves. Un peuconfus, il est à conseiller auxboulimiques qui peuventaccéder à 40000 artistes,mais qui perdront leursmorceaux après résiliationde leur abonnement.

Musicme ★★www.musicme.com

Le site Universal est bienétayémalgré ses fenêtreset ses pubs qui agressentle regard. A solliciter pourles nouveautés clairementidentifiées, la plate-forme neréférence que les artistesmaison (de Jacques Brelà Mika). Originalité :un abonnement à 15,50 €parmois pour 20 titres,soit 0,77 € le single.

Ecompil ★www.ecompil.fr

dans la jungle du téléchargement légal

★★★ Très bon ★★ Bon ★ Passable o À éviter

Page réalisée par Christophe Séfrin

Virginmega ★★★

www.virginmega.fr

Musique, clips, films,logos, sonnerieset même des journauxvirtuels, on peut touttélécharger légalementsur ce site très dense.Côté musique, l’offreest touffue. Si le modede recherche resteconventionnel (artiste,album, titre), desbiographies étoffentgénéreusement leparcours de l’internaute.Comme sur fnacmusic,des morceaux MP3non protégés ont faitleur apparition depuisquelques mois. A noterla possibilité de seconstituer une liste de dixextraits en pré-écoute,bien pratique avantde finaliser un achat.

Question prix, pasde surprise, 0,99 € parmorceau reste la norme.Pour les novices,une excellente aideau téléchargement estproposée, épauléepar une présentationde différents baladeurscompatibles avecle site (l’iPod d’Apple,non compatible, estclairement mis à l’index).Pour les mélomanes,Virginmega-classique.frrecense de son côté10000 albums – dontde nombreuxenregistrementsintrouvables sur disque –et propose des encodagesen 320 Kbit/s pour30000 titres (soit unequalité double).

high-tech12 MARDI 22 MAI 2007

SÉLECTION LES MEILLEURES ADRESSES INTERNET DU MOMENT POUR REMPLIR SON BALADEUR

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Page 9: Le  Web2 en pleine crise de croissance

Palmarès dese-révélations

■ArcticMonkeys :85000exemplairesdudeuxièmealbum,FavouriteWorstNightmare,vendus le jour de sa sortie.■ArcadeFire : l’albumFuneraladécollé grâceauxbloggeurs, le suivantest dans leTop10enEuropeet auxEtats-Unis.■Sandi Thom :aprèsdesconcerts diffusés sur leweb,sondisqueSmile… it confusespeople, est doubleplatineenAngleterre.■ClapYourHandsSayYeah :200000disques vendusen2005. L’excitation retombepour lenouveau.■OkGo : la vidéooùlequatuordanse surun tapisroulants propulse sonalbumnumérodeuxdes ventes sur iTunes.■Kamini : un clip sur Youtubepermet au rappeur ruraldedécrocheruncontratavecunemajor et uneplacedenuméroundes charts.■SchnappiDasKleineKrokodil : le single a fait letour de l’EuropegrâceauP2P.■Carp : le groupebretonallait abandonner lamusiquequandun label indépendantl’a contacté viaMyspace.■TheDø : les labelss’arrachent ceduoparisien.Depuis sapageMyspaceaétépiratée.

Internet, vivier de nouvelles starsTENDANCE LES JEUNES TALENTS ASSURENT LEUR PROMO SUR LA TOILE

GUILLAUME QUELETResponsable développementet nouveauxmédias chezV2Music

Pensez-vous qu’Interneta changé la façon dont un labeldécouvre un artiste débutant ?Définitivement. La sommedesweb-

zines, blogs ou sites raccrochés à lapresse traditionnelle donne aujour-d’hui la possibilité de toucher un pu-blic plus large. Il existe aussi tout untas d’outils promotionnels commeles podcasts permettant la décou-verte et le rapprochement d’unartisteavec son public. L’expérience musi-cale de l’auditeur en est améliorée.Chaque année une étape est fran-chie et Internet gagne des pointsdans la hiérarchie desmedias. C’estunmediumdorénavant indispensablepour faire découvrir et developperun jeune artiste.Internet, vivier de talents ou non ?Je crois que la facilité avec laquelleInternet permet de mettre sa mu-

sique à disposition du plus grandnombre a incité des talents à se dé-voiler. Le talentn’estpas tributairedesnouvelles technologies : on peut êtreun génie musical et ne pas avoir depage MySpace. Cependant, la visibi-litéqu’offre leweb laisseàpenserqueles talents sont de plus en plus nom-breux.La caution « découvert surInternet » fait-elle vendre ?Cela attise la curiosité, sans aucundoute, mais cela ne suffit pas pourinstaller un artiste. Il y a tellementd’autres facteurs à prendre encompte. La scène reste aujourd’huiencore une étape inévitable. C’est unlien sacré où l’on rencontre son pu-

blic, il n’y a pas demoyen plus directpour le faire.Comment expliquer le succès desgroupes dénichés sur Internet ?On parle souvent de ces groupes ouartistes comme Arctic Monkeys, Ka-mini ou, chez V2 Music, Clap YourHandsSay Yeah, car Internet aura ef-fectivement été le début de leur aven-ture. Ils ont rencontré leurpublic sansl’aide de la très sainte critiquemusi-cale professionnelle, du moins audébut de leur parcours. Mais ce quiexplique le succès avant tout, c’est laqualité de la musique. Et peut êtreaussi le travail acharné des produc-teurs que nous sommes.

Recueilli par I. C.

« Un outil indispensable pour découvrir un jeune artiste »

high-tech14 VENDREDI 22 MAI 2007

L’époque où le sticker « Vu à latélé»permettait devendreunpro-duit culturelest révolue.Lamention« révélée par Internet » l’a remplacéavec l’explosion de sites de réseau-tage social comme MySpace ou decontenu vidéo type YouTube et Daily-motion. Quand MySpace ouvre enjuillet 2003, permettant à ses utilisa-teurs de créer leurs propres pages,les artistes indépendants y voient unmoyen d’assurer leur promotion àpeu de frais. Deux ans plus tard, onassiste à l’émergence de Clap YourHandsSay Yeah, premiers lauréats dela promo Internet. La réputation de cegroupe de Brooklyn a d’abord enflésur les blogs musicaux avant d’atti-rer l’attention d’un label indépendantanglais qui le signe et ressort sondisque auto-produit.Les Arctic Monkeys décrochent en-suite le jackpot : leur premier album,dont une moitié était en télécharge-ment gratuit surMySpace, se retrouvetriple disque de platine auRoyaume-Uni grâce aubuzz des internautes. LeWeb devient alors une aubaine pourcertains labels en quête de nouveauxtalents à signer. Car développerunar-tiste était jusqu’ici un processus longet coûteux. Là, le travail est à moitiéréalisé. D’une part l’artiste en ques-tion s’est forgé un public potentiel viason site, d’autre part l’internaute, deplus en plus actif (il bloggue, tournedes vidéos, etc.) n’a plus l’impres-sion qu’un critique ou qu’un label luidicte ses goûts. Même les stars

confirmées ont recours au surf utile.Kylie Minogue a ainsi repéré CalvinHarris, auteur-compositeur et DJécossais qui va produire son prochainsingle. Dernière en date à s’y conver-tir, Alanis Morissette qui relance sacarrière en diffusant sur Youtube uneparodie du clip deMy Humps, le tubedes Black Eyed Peas. En trois se-maines, la vidéo a été visionnée parcinq millions et demi de personnes.La chanteuse pop canadienne y dé-

voile un sens de l’humour insoup-çonné et attise la curiosité du publicqui espère que son prochain albums’inscrira dans cette veine.Mais cette belle spontanéité est déjàrécupérée et exploitée par les ma-jors. Ainsi, la mignonne Lilly Allen areçu le sceau « découverte sur MyS-pace»dans le communiquédepresseaccompagnant son disque. L’Anglaisea, dès les premières interviews, avouéque l’histoire était une pure inven-tion. Nous sommes prévenus, il fau-dra désormais se méfier des imita-tions, d’autant que des agences demarketing en ligne comme myso-cialmarketing.com proposent desméthodes pour susciter du trafic sursa pageMySpace et quedes ouvragessur le sujet apparaissent en librairie.Le début d’un vrai business, avec sesabus. Isabelle Chelley

Même les starsconfirmées ont

recours au surf utile.Alanis Morissette a

relancé sa carrière endiffusant sur Youtubeune parodie du clip

de My Humps.( )

Grâce à MySpace et au buzz des internautes, les Artic Monkeys ont fait un carton.

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Page 10: Le  Web2 en pleine crise de croissance

Les artistes jugent la révolution numériqueANALYSES LA TECHNOLOGIE S’EST IMPOSÉE DANS LES MILIEUX ARTISTIQUES, SANS FAIRE L’UNANIMITÉ

high-tech 15MARDI 22 MAI 2007

TOM MCRAEAuteur, compositeuret interprète. KingofCards, sonquatrièmealbumest sorti le 30avril.

« J’apprécie les possibilités quem’offre le mondedigital, des techniques d’enregistrement à la dis-tribution.Mais sur le fond, rienn’a vraiment changésur leplanartistique.Unebonnechansonresteunebonnechansonet, au final, c’est tout cequi compte.Même si je compose sur des instruments acous-tiques, je me suis jeté sur ces avancées.Lorsqu’une technologie fait son apparition, l’er-reur la plus répandue est de lui laisser définir lafaçondonton travaille.C’estcequis’estproduitdansles années1980quand les synthétiseurs et leMIDI(interface numérique entre instruments de mu-sique) sontarrivés.Maissi l’onpartduprincipequ’iln’y a pas de règles avec une nouvelle technologie,elle semet alors au service de l’artiste et non l’in-verse. J’aimeparticulièrementPro Tools que j’uti-lise beaucoup. Je dois posséder tous les systèmesd’enregistrement qui existent sur cette planète,mais je préfère la façon dont ma musique sonnesur des instruments acoustiques plutôt que surdes claviers ou des ordinateurs.Les technologiesd’enregistrementnumériqueontouvert une foule de possibilités sur le plan créatif.Le niveau a augmenté, ce qui est une bonne chosepour les musiciens comme pour les fans de mu-sique. Cependant, la prolifération des télécharge-ments gratuits va signer l’arrêt demort d’une car-rièremusicalepourbeaucoupd’artistes. Il n’y auraplus de place pour ceux qui ont des ventesmoyennes. Demoins enmoins d’artistes pourronttourner, unepoignéedesuperstarséphémères fe-rontde lapopdemauvaisequalitéet le rested’entrenous sera condamné à n’avoir qu’une page MyS-pace. Seul l’avenir nous dira si cette évolution estpositive ou non. »

BARTHÉLÉMY GROSSMANNActeuret cinéaste. Sonpremier film,13m2,sortiraensalle le6 juin.

« Le numérique permet d’avoir accès plus facile-ment à une caméra. Mais sous prétexte qu’on uti-lise cette technologie, beaucoup de gens nousconsidèrent commedesamateurs. Pourmon longmétrage, j’ai choisi le numérique par souci d’éco-nomie,mais j’ai vouluque l’imagesoit d’excellentequalité. Le film est destiné à des spectateurs quipaieront 10 € pour le voir et je tiens à ce qu’ils enaient pour leur argent. Quand on tourne avec unbudget limité, on peut voir ça comme un inconvé-nient ou décider d’en faire un avantage.Jemesuispréparéen réalisant unmaximumd’es-sais, j’ai apprisàconnaîtremacaméra. J’y ai adaptéun objectif de 35 mm. On gagne du temps sur letournage en utilisant le numérique puisqu’on n’apas besoin de développer le film. Ça donne une li-berté artistique incroyable. Aujourd’hui, n’importequi peut s’exprimer avec une caméra. Reste qu’ilfaut avoir une vision. C’est pour cela qu’on n’a paséconomisésur tout : lechefopérateur,parexemple,a beaucoup bossé sur les lumières.Quand on travaille en numérique, il faut passer lefilm en 35mm pour l’exploiter et on a intérêt à s’ypréparer. J’ai déjà tourné un court métrage en16 mm et participé en tant qu’acteur à des courtsen 35mm. Je suis gonflé de dire ça à 24 ans,maisil y a une vraie nostalgie autour de ces caméras-là, du bruit particulier qu’elles font. Si demain j’ail’occasiond’enutiliserune, jenepasseraipasàcôté.Chaqueprojet a sa caméra : un filmd’époqueabe-soin d’un format 35mm.Pour 13 m2, uneœuvreoùil y a beaucoup d’énergie, j’avais besoin de liberté.Le numérique est aussi très pratique : on peutmonter un film dans sa cuisine sur un ordinateuret y passer le temps qu’on veut. »

JESSE SYKESAuteur, compositeuret interprèteaméricaine.Son troisièmealbum,Like, Love, Lust& theOpenHalls of theSoul,est sorti en janvier.

« Les technologies numériques n’ont pas affectéla façon dont je travaille car je les utilise le moinspossible. Mes musiciens et moi enregistrons tou-jours sur des bandes magnétiques. Je refuse lesenregistrementsnumériquesparceque j’ai le sen-timent d’entendreune vraie différence : la sonoritéest plus dure, plus aiguë. Ecouter un CD est uncrève-cœurpourmoi. Je trouve lesonépouvantable.Il n’y a plusde chaleur, ni deprofondeur. Jen’ai re-cours aux technologies numériques qu’en studioet, engénéral, ça se limite au logiciel ProTools. Onne l’utilise qu’au moment dumixage ou pour réa-liser quelques « overdubs » (superpositions). Auquotidien, je ne m’en sers jamais pour composer.L’impact négatif de ces technologies se ressentpuisque laplupart desmusiquesont désormaisunson atroce. La seule raison qui nous pousse à lestolérer, c’est qu’on s’y est habitué. Aujourd’hui,tout le monde s’imagine être un producteur parcequ’il est très faciled’enregistrerundisque.Biensûr,cette liberté a des côtés positifs, mais cela a aussitendance à faire baisser le niveau général. »

à l’anciennePour les réfractaires au numérique,il reste encore de rares studios analogiques.Comme le légendaire Electrical Audio,où ont enregistré Nirvana, les Pixieset Electrelane. Ou les Toe Rag Studiosde Londres, garantis sans ordinateur, où lesWhite Stripes ont mis leur album Elephanten boîte, en à peine deux semaines.La raison du succès de ces musées ?Un son plus chaleureux, qui se prête mieuxau rock, et des enregistrements en conditionlive plus spontanés.

Page réalisée par Isabelle Chelley

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Page 11: Le  Web2 en pleine crise de croissance

CONDITIONS DU TESTLe 704 WiFi nous a étéprêté par le servicede presse d’Archos.Il a été testé durant unequinzaine de jours. Sesperformances wi-fi ont étéconstatées dans un pavillonet depuis un jardin. Ont ététransférées des musiquesachetées (fnacmusic) etlouées en ligne (musicMe),des films copiés (DivX) etdes photos haute résolution(8 MP). Les visionnages ontété effectués en intérieuret extérieur, ainsi que durantun voyage en TGV.

ÉTAT DE L’OFFREAucun fabricant ne proposeencore d’appareil similaireau 704WiFi. Ce baladeur estproposé en deux versionsde 40 et 80 Go, l’équivalentde 50 et 100 longs métrages.Son prix, 499 € ou 599 €(avec deux câbles USB etune housse) selon la versionchoisie, n’inclut pas certainspériphériques ni l’ensembledes codecs du marché.Il est DRM et PlaysForSure.

La DVR Station optionnelled’Archos est la seule cléd’entrée aux fonctionsmagnétoscope du baladeur.L’investissement est de taille(99,99 €), mais il permetde transformer le baladeuren enregistreur de poche :une fois connectée, la DVRStation prend le contrôledu décodeur satellite,par exemple, et permetde programmer tousles enregistrements désirés.

Avec le 704 WiFi, Archos passe dulecteurvidéodepoche(604WiFi)aucentremultimédianomade.Endé-ballant l’appareil, la nuance sauteaux yeux. La taille de l’écran passeainsi de 4,3 pouces (10,92 cm) à7 pouces (17,78 cm). Totalementgainé demétal brossé, le 704 a fièreallure, même si le choix de cette fi-nition l’alourdit un peu. Sans boutonapparent en surface (il n’y en a quedeux, sur le côté), son aspect dé-pouillé participe à un design impec-cable qui dégage une sensation derobustesse.

Une fois la batterie amovible char-gée, le704WiFisemetenroute ins-tantanément, lemenus’affichant enquelques secondes. Des icônes ani-mées donnent accès aux vidéos, auxfichiersmusicaux, auxphotos, à l’In-ternet, à la programmation de sesenregistrements TV, ainsi qu’auxfonctions magnétoscope et magné-tophone du baladeur. Sachant quecesdeux fonctionsnécessitent l’achatde la DVR Station ou du DVR TravelAdapter (100€et 60€). Les réglagesde base s’effectuent facilement dubout du stylet, l’intuitivité guidantl’utilisateur. Même la connexion àmon réseau wi-fi se fait le plus sim-plementdumonde, endeuxminutes.

Premier constat, l’ensemble fonc-tionnetrèsbien.Aprèsquelquesmi-nutes passées à explorer les possi-bilités de lamachine (étendues), sonergonomie (plutôt bienpensée) et sanavigation (assez rapide), jeme livreà l’habituel petit jeu propre à chaquetest high-tech : transférer tous lestypes de fichiers possibles sur ledisque dur du 704. Une vingtaine deminutes suffisent pour faire le pleind’un long métrage, de quelques di-zaines dephotos et autres chansonscopiées de CD ou en provenance desites légaux. Les transferts s’avèrentdonc rapides. C’est alors que l’écrantactile (800 x 480) révèle ses vraiespossibilités. Pour un film, le confortde lecture est véritable et l’on peutposer le704 faceàsoi, verticalement,grâce à une petite béquille. Parailleurs, le format proposé corres-pondexactementàun format10x15.Bien vu pour visionner ses photosnumériques. L’idée de me servir du704 comme d’un cadre numérique

n’estpas loin.Petit bémol, lemanquede possibilités pour affiner les ré-glages de l’affichage, seule la lumi-nosité pouvant être modifiée. Pou-voir jouer sur le contraste,notamment si l’on se trouve dans unenvironnementsombreou fortementéclairé, aurait été le bienvenu. Ap-préciable, le port USB Host 2.0 sousle baladeur permet, par exemple, dedécharger lamémoire d’un appareilphoto numérique.

Côté wi-fi, l’utilisation du 704 enstreaming est un atout incontes-table.Les fichiers partagés surmonPC sont facilement accessibles viale navigateur embarqué et le vision-nage d’une vidéo dans une pièce si-tuée à une dizaine de mètres du PCs’est effectué sans difficulté, avecune fluidité notable. En revanche,l’utilisation du baladeur comme ta-bletPCpour Internet est fastidieuse.Les pages s’affichent avec une len-teur digne d’unmodem56 kbit/s. Lafonction se révèle néanmoins pré-cieuse pour rechercher ponctuelle-ment une info ou vider sa boîtemail,d’autant que les pages lues s’affi-chent dans toute leur largeur, sansavoir besoin de les faire défiler degauche à droite. A noter que le stylet

permetd’alleret venirdansunepageWebassez vite. Attention cependant,le 704 ne prend en charge ni le Javani le Flash. Mes vidéos postées surYouTube sont donc inaccessibles.

Au final, le 704 WiFi, trop lourd(630 g), trop gros (182 x 128 x20 mm), est à bannir au quotidiendans les transports. Il devient idéalpouruneutilisation secondaire àdo-micile ou en voyage. C’est d’ailleursdanscecadrequeses fonctionsd’en-registreur et de lecteur vidéo pren-dront toute leur dimension. L’appa-reil est donc une jolie réussite dontle prix élevé est justifié pour une uti-lisation intensive. Christophe Séfrin

LenomadismeversionXXLJ’AI TESTÉ L’ARCHOS 704 WIFI, UN LECTEUR MULTIMÉDIA À GRAND ÉCRAN

high-tech16 MARDI 22 MAI 2007

dico technoStreaming Désigne la lectureen continu d’un fichier (audio ouvidéo) à mesure qu’il est diffuséentre un émetteur (l’ordinateur)et un récepteur (le baladeur).Java Développé parSun Microsystems en 1991, celangage informatique vise à fairecommuniquer PC, mobiles…Flash Développé par Adobeen 1996, ce format sert le plussouvent à inclure des vidéosdans des pages Web.

Doté d’un grand écran, le 704WIFI est handicapé par son poids et sa navigation Internet.

La tailleet la réactivitéde l’écran tactile.LeportUSBHost2.0pourdéchargerunAPNet labatterieamovible.L’autonomie (25hen lectureaudio,5 h 30envidéo).La lenteurde lanavigationWebetde la lecturede fichiersPDF.L’impossibilitéderéglerlecontraste,etdescouleursmanquantunpeude tonus.

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NOTE FINALE : 7,5/10

À SAVOIR

Page 12: Le  Web2 en pleine crise de croissance

Les Concerts à emporter, c’estune de ces belles histoires néesgrâce à Internet. Pas une histoirede gros sous ou de start-up. Non,juste une histoire de plaisir. Commesouvent, au départ, il y a une bonneidée. Celle de Christophe Abric, ditChryde, de filmer des artistes quijouent dans la rue ou dans desendroits improbables. Déjà à l’origi-ne de la Blogothèque, site référenceen matière de musique, ce journa-liste même pas trentenaire a sutrouver une voie originale en utili-sant toutes les possibilités du Net :liens, MP3… « Avec le succès de laBlogothèque, les maisons dedisquesme proposaient de faire desinterviews de groupes, se souvient-il. Mais je ne voulais justement pasreproduire les mêmes codes de lapresse musicale. » Le déclic vien-dra lors du concert du groupe Arca-de Fire. A la fin, les musiciens par-tent jouer dans la rue. Et Chryde sedit qu’il a envie de filmer cesmoments-là et de les faire partager.La bonne idée est là. Elle a encorebesoin d’une belle rencontre : cesera le vidéaste Mathieu Saura, ditVincent Moon, qui apportera sonsens de l’image et du cadre.Il y a un an, les premiers Concerts àemporter sont mis en ligne et tousles éléments esthétiques, nés sou-vent de contraintes matérielles, sontdéjà présents : des morceaux filmésen un plan-séquence, une seule

prise de son pour capter les bruitsambiants, une image saturée. Der-nier élément essentiel : la rue, lespassants, les lieux étant des acteursà part entière de ces concerts.« Nous composons avec ce que nousavons, mais toujours en essayantque tout ait un sens », assure Chry-de. Il n’y a qu’à voir la prestationd’Andrew Bird à Montmartre ou deCold War Kids dans un bus pour

comprendre. « Et en réalisant notrerêve, filmer Arcade Fire en marsdernier, nous avons en plus créél’événement, ajoute-t-il. Les artistesont compris qu’ils ne sont pas dansun exercice de promo habituelle. Ilsont une totale liberté. ». Et cela sevoit. Les Concerts à emporter vontprendre une nouvelle dimension.Chryde, qui veut explorer de nou-veaux genres musicaux, s’en occu-

pera quasiment à temps plein. Pre-mier objectif : trouver un sponsor.« On est en train d’exploser auxEtats-Unis, se réjouit-il. Là-bas,nous avons une visibilité incroyable,nous sommes cités dans les blogsmusicaux et les journaux. En France,on a plutôt tendance à nous copier. »

David Carzonwww.concertsemporter.comwww.blogotheque.net

high-tech18 MARDI 22 MAI 2007

Plus de liberté avec les Concerts à emporterCONCEPT DES ARTISTES FILMÉS EN ENVIRONNEMENT URBAIN ET DIFFUSÉS SUR LE WEB

« C’est le premier concert où nousavons fait plus que faire chanter legroupe, nous avons créé un événe-ment. Nous avions invité une ving-taine de lecteurs de laBlogothèqueà venir chanter avec le groupe. C’estaussi notre but, offrir des ren-contres entre des artistes et leurpublic. »

I’m from Barcelona Grizzly Bear

« J’aime ce concert pour trois rai-sons. D’abord parce les imagessont parmi lesplusbelles. Ensuiteparceque legroupeachantéacap-pella dans une salle de bain, unepremière pour eux. Enfin, parceque ce concert a été un gros suc-cès malgré leur peu de notoriété.Çaachangé leschosespoureux.»

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« Les images ont été tournées àChâteau-Rouge, dans un quartiervraiment populaire de Paris. Fran-çoisGirod s’est fondudans le décor,il s’y est presque dissous. C’est cequenousaimons, tournerdessortesde mini-documentaires sur desquartiers parisiens. Cela donne unrapport inédit à la ville. »

François Virod Arcade Fire

« Nous avons quasiment créé lesConcerts à emporter pour eux.Alors pour nous, cela a constituéune forme d’aboutissement. Detourner comme ça, au milieu dupublic avant le concert, a fait quela caméra était à la fois l'événe-ment et le témoin de l'événe-ment. »

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Equipésd’unecaméraetd’unmicro,ChristopheAbricetsonvidéasteMathieuSaurasuivent lesgroupesdans laruepourdesconcertsuniques.

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Page 13: Le  Web2 en pleine crise de croissance

Des vigiles qui filtrent à l’entrée,fouillent les sacs, confisquent lestéléphones portables puis sillon-nent la salle obscure avec des lu-nettes infrarouges à la recherchede caméras cachées. Ces dernierstemps, assister à une avant-pre-mière est devenu une expérienceaussi pénible qu’embarquer dansunavion. La raison : l’industrie du ci-némasebat désormaisbecet onglespour reprendre le contrôle de la dis-tribution de sesœuvres. Un contrôlequi lui échappe de plus en plus de-puis que sont apparues les camérasnumériques, les nouveaux formatsde compression vidéo (DivX) et lesréseaux d’échange peer to peer.Les fuites commencent dès que lefilm est présenté au public. A l’aided’une simple caméra de téléphoneportable, des petitsmalins capturentles films projetés en salle avant deles diffuser sur Internet. Ces copiesde qualité médiocre, appelées« Cam » ou « Telecine » par les ha-bitués, permettent à tout utilisateur

deP2Pde visionner presque tous lesfilmsenexclusivité, parfois plusieursmois avant leur sortie en salle. Lespirates les plus entreprenants et/oules plus proches des milieux du ci-néma parviennent parfois à mettrela main sur les DVD inédits distri-bués aux professionnels à l’occa-sion des cérémonies et festivals.Diffusées sur le Web sous l’appel-lation « DVDScreener », ces copiespirates de bonne qualité sont néan-moins souvent « marquées » parles éditeurs. Ils y insèrent des aver-tissements, des « timecode » ou desséquences dégradées afin de lesdistinguer de copies légales.Dernière source de fuites – la plusimportante – la duplication et la dis-tribution sauvage des DVD, mêmehaute définition, dès leur sortie of-ficielle. Ces copies, nommées «DV-DRip », offrent la qualité d’image etle son du DVD original… mais nerapportent pas un centime aux au-teurs et distributeurs du film.

Yaroslav Pigenet

Fuitesà tous lesétages

à savoirSelon une étude réalisée en 2005 par le Centre nationalde la cinématographie (CNC) et l’Association de lutte contrela piraterie audiovisuelle (Alpa), 92,1 % des films sortis en salleen France sont disponibles en version pirate sur le Web en P2Pavant la sortie du DVD officiel. Par ailleurs, 70 % des copies piratessont issues de DVD du commerce (DVDRip), 14 % proviennentde DVD promotionnels (DVDScreener) et 11,1 % ont été « tourné »dans des salles de cinéma (Cam).

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high-tech 19MARDI 22 MAI 2007

CINEMA DEPLUSENPLUSDEFILMSSONTPIRATÉS

A peine sortis en salle, certains films se trouvent déjà sur Internet.

Page 14: Le  Web2 en pleine crise de croissance

Bon à tout faireVisionnage de séries télédécoupéesenmini-épisodes(« Plus belle la vie » chezOrange), de concerts diffu-sés en direct (Rita Mitsoukochez SFR) ou déclinaison dela messagerie MSN (chezBouygues Telecom) sont lesprémicesdenouveauxusagesenmobilité.Déjà, lesservices

pratiques commeLesPagesJaunes ou Mappy montenten puissance. En attendantles jeux en 3D, le « m-com-merce » (possibilité d’ache-ter des produits en promopar un systèmed’alertes), lepaiement sans contact (viaune puce intégrée au télé-phone) et la TNT surmobile.

Chasses bien gardéesChacun son contenu. ChezOrange,oncroità lavidéoetla télé. « Faire dumobile unvrai terminal vidéo avec sur-toutdessériesserauneprio-rité », indique Hervé Payan,directeurpartenariatset ser-vices division contenu chezOrangeFranceTelecom.SFRmise sur la musique. Il asigné un accord avec La Ci-gale. Objectif : « Créer unécosystèmeentre la ventede

billets, la diffusion de con-certs, la vente d’extraits… »,précise Jean-Marc Tassetto,directeur général grand pu-blic etmarketingSFR.Bouy-guesseveutplusgénéralisteavec350sitesen i-modeavecdes mini-abonnements.« C’est cette continuité avecl’Internetquenousréclamentnos clients », note BenoîtLouvet, directeur nouveauxproduits et services.

Vendre plus que de la voix :les opérateurs de télépho-niemobiles’yemploientde-puis 1998. A l’époque, en ta-pant « ACTU» ou «METEO»,on pouvait profiter d’un flashd’infos vocales sur son télé-phone. Neuf ans plus tard,les temps ne sont plus à lasimple déclinaison des ser-vices Minitel, les terminauxdonnant accès à tout, oupresque : du téléchargementde sonneries aux bouquetsde chaînes de télé. « Leconsommateur redécouvreun média comme il l’a faitavec l’Audiotel », constateNi-colas d’Hueppe, directeur gé-néral des activités grand pu-blic de Cellfish Media,numéro un de la vente decontenus sur mobiles.Grâce à l’évolution des ter-minaux, des réseaux et à la3G, le business explose. ChezSFR, il représente déjà 14 %des revenus. Pour les opéra-teurs, l’enjeu est de taille.Alors que lemarché de la té-léphonie estmature, la vente

de contenus doit leur per-mettre de fidéliser, d’aug-menter les factures et d’atti-rer les abonnés desconcurrents. Pour ce faire,chacun prend ses marques,avec desoffres plus oumoinsciblées et une tarification àl’acte ou en illimité. «Mais jene crois pas, qu’à terme, l’en-

sembledecesservicespuissereprésenter plus en chiffred’affaires que lemarchéde lavoix », pondère Jean-MarcTassetto, de SFR. Dansl’ombre, les éditeurs pestentcontre les opérateurs qui serémunèrent non seulementsur lescontenusvendus,maisaussi sur le transport des

données tout en éditant leurpropre contenu. Pour Nico-las d’Hueppe, cela ne dureraqu’un temps : «Tous lesmar-chés que les opérateurs ontvoulu garder entre leursmains n’ont pas été un suc-cès, ils ne peuvent pas toutfaire tout seul. »

Christophe Séfrin

Sur mobile, le contenu donne de la voix

high-tech20 MARDI 22 MAI 2007

TÉLÉPHONIE MUSIQUE, VIDÉO, JEUX… LES OPÉRATEURS NE SE LIMITENT PLUS AUX COMMUNICATIONS

Partie gagnéeAvec 10 millions detéléchargements enFrance en 2006, le jeuvidéo tisse sa toile sur lesmobiles. 50 éditeurs separtagent le marché oùl’utilisateur entre dans lapartie pour 3 à 5 € selonles jeux. Il y en aurait300 de disponibles.Particularité, 46 % desjoueurs sont desjoueuses, qui craquentpour DesperateHousewives ou MidnightBillard. « Tout le mondepossède un mobile, alorsque l’achat d’une consoleest un investissementdiscriminant », expliqueMichaël Faure,responsable businessFrance de Gameloft,numéro deux mondial dusecteur.

chiffres clés

51,7 Le nombre,enmillions, de clientstéléphoniemobile enFrance (source : Arcep).

500 à 700Le chiffre d’affaires estiméenmillions d’eurosde la vente de contenussurmobiles en France en2007, contre 20milliardsd’euros pour le seulmarché de la voix(source : opérateurs).

500 000 Le nombrede clients Orangequi regardent latélévision surmobile.Audiencemensuelle :43minutes par abonné.

4 000 Le nombrede clients SFR quiont regardé le concertdeMichel Polnareffà Bercy sur leurmobile.

DR

3 QUESTIONS À

HENRI DEMAUBLANCPrésident de l’Association pour le commerceet les services en ligne (ACSEL).

Comment voyez-vous évoluer la ventede contenus sur mobiles ?EnFrance, onn’aencore rien vudeconcluant. Il faut,côté prix, raison garder. Face aux abonnés qui op-tent de plus en plus pour des forfaits peu chers etdiminuent leur facture « voix »mensuelle, la ventede logos à 3 € ou la consultation de la météo à 1 €nous semblent prohibitives. Cette industrie a be-soin d’avoir une tarification mieux adaptée.C’est-à-dire ?Le potentiel des services mobiles est très impor-tant, mais aussi très fragile du fait des prix prati-qués. Lemodèle économique reste à inventer. Fa-briquer du contenu coûte cher et les opérateursprélèvent trop sur le transport des données.Vers quels types de tarifs s’oriente-t-on ?Vers des prix comparables à ceux d’une commu-nication de base. Les opérateurs retardent le mo-ment où ils devront baisser leurs tarifs. Le Minitela montré comment tuer la poule aux œufs d’or. Sil’on veut que demain il y ait la création d’un grandmarché de contenus, il faudra que le prix de ventesoit réfléchi, clair, transparent et acceptable.

partie gagnéeAvec 10 millionsde téléchargementsen France en 2006, le jeuvidéo tisse sa toile surles mobiles. Cinquanteéditeurs se partagentle marché où l’utilisateurentre dans la partie pour3 € à 5 € selon les jeux.Il y en aurait 300 dedisponibles. Particularité,46 % des joueurs sontdes joueuses, quicraquent pour des jeuxgrand public, comme« Desperate Housewives »ou « Midnight Billard ».« Tout le monde possèdeun mobile, alors qu’uneconsole est un achatdiscriminant », expliqueMichaël Faure,responsable businessFrance de Gameloft,numéro deux mondialdu secteur.

SFR a signé un accord avec La Cigale à Paris pour diffuser certains concerts sur les téléphones mobiles.

Page 15: Le  Web2 en pleine crise de croissance

CONDITIONS DU TEST

LeN95testé ici estunexemplaireducommerceneuf,prêtéparNokia. Il estéquipéd’une cartemémoireMini SDde2Gooùsontstockées les cartesduGPS.Avant utilisation, nousavonslaissé la batterie en chargependant unenuit, puis nousavons insérédans l’appareilune carteSIMOrange.Enfin, nousnous sommesempressésdenepas lire lemanuel…comme lamajoritédesutilisateurs français.

ÉTAT DE L’OFFRE

A notre connaissance,le N95 est actuellementsans concurrence directe.On citera toutefois leDigiwalker A701 de Mio(env. 450 €), nettement plusvolumineux et dépourvude wi-fi. Chez HTC, le P3300propose sensiblement lesmêmes fonctions avec unappareil photo numériquede 2,1 MP (env. 679 €).

À SAVOIRSynchroniser leN95avecunordinateur fonctionnantsousVistaousousMacOSXest désormais possible,Nokiamettant àdispositiongratuitement les logicielsnécessaires à l’opération.L’applicationSoftwareUpdate, disponible surle site deNokia, permetde télécharger la dernièreversiondu logiciel interneduN95.Aumenu : correctiondebugs, améliorationde la qualité photo etde la sensibilitéwi-fi.

Je dois être blasé, mais les dos-siersdepressecapablesdemefaireenvie sont rares. C’est pourtant cequ’a réussi celui duN95deNokia. Ledernier-né des smartphones duconstructeur finlandais établit unesortede recorddans l’empilementdefonctions : module téléphoniquecompatible Edge, 3G et 3G+,connexions sans fil wi-fi et Blue-tooth, appareil photo 5 mégapixelsautofocus àobjectif Carl Zeiss, haut-parleurs stéréo, lecteur MP3, radioFM et récepteur GPS. Je décide demeprocurer l’undespremiersexem-plaires disponibles pour voir ce qu’ilvaut vraiment.

Lepremiercontactavec labêtemeréserve quelques (bonnes) sur-prises.LeN95est plutôt compact etléger : 99 x 53 x 19mmpour à peine120 g. Il est équipé d’une prise audiostandard, identique à celle de moniPod. Jepeux ybranchermoncasquestéréo favori. Le connecteur pro-priétaire qui servait à brancher lecâbledesynchronisationadisparuetil est remplacé par une prise mini-USB. Plus la peine de paniquer encas de perte du câble, donc. Le N95inaugure par ailleurs le double cla-vier coulissant. Pour accéder auxtouches numériques, je dois fairecoulisser l’écran vers le haut. En lefaisant glisser vers le bas, je fais ap-paraître des touches semblables àcellesd’un lecteurMP3. Il ressemblealors à un baladeur multimédia etl’affichage«bascule»à l’horizontale.Idéal pour regarder des photos oudes vidéos.Naviguerdans lesmenusduN95nemeposeaucunproblème :son interface est identique à celleden’importe quel autre smartphoneNokia. En revanche, l’interfacemul-timédia a subi un lifting spectacu-laire : icônes en 3D, animationsfluides et navigation simplifiée. Jolieréussite.

Je commence par une connexionwi-fi sur laboxdemonfournisseurd’accès.J’enprofitepour tester la ré-activité dunavigateurWebet la qua-lité de son affichage. Tous les sitesque je visite sont correctement affi-chés sur l’écran du N95, que ce soiten mode vertical ou horizontal. Jeprends ensuite quelques photos.Elles sont de bonne qualité tant que

la luminosité ambiante est correcte.Lorsqu’elle faiblit, l’image se dé-grade. Le flash n’améliore rien si lesujet est trop proche (il « brûle » lescouleurs) et devient inutile s’il esttrop loin. La fonction camescopes’entire unpeumieuxet produit des clipshonorables. Le « centre vidéo » duN95 regroupe un ensemble d’appli-cations comme YouTube Mobile quipermet de consulter une présélec-tionde vidéosmais n’autorise pasderecherche.Reutersproposedesclipsd’actualités en anglais. Enfin, Voxpermet de mettre sur le Net des vi-déos réalisées avec leN95 et Flickr,des photos. Plutôt simples àmettreenœuvre, ces services liquident ra-pidement un forfait 3G, à moins deles utiliser via la connexion wi-fi, audébit nettement plus élevé. La par-tie téléphonique n’est pas en reste :les communications sont de bonnequalité et la sensibilité semble cor-recte.

Le N95 serait-il parfait ? J’ai ététenté de le croire jusqu’au test duGPS.Simpleàutiliser, le logiciel car-tographique permet la planificationd’itinéraires entre deux points. Maispour bénéficier de la fonction de na-vigation, il faut payer. Pour la France

et leBenelux, parexemple, elle coûtede6,50€à70€pouruneduréed’uti-lisation allant d’une semaine à troisans.Avantage, jepeuxbénéficierd’unGPS complet pour quelques euroslorsd’uncourtdéplacementà l’étran-ger. Mais je déplore qu’en plus des799 € du N95, il faille encore payerpour utiliser la navigation dans sonpaysderésidence.Deplus, lemoduleGPS est plutôt gourmand et vide labatterie en moins de trois heures,sachant qu’aucun câble allume-ci-gare n’est fourni. Enfin, le logiciel deguidage ne récupère pas les infor-mationsde trafic en temps réel (em-bouteillages, travaux)… Vraimentdommage. Marc Mitrani

N95, couteau suisse de la téléphonie

high-tech22 MARDI 22 MAI 2007

dico technoSmartphone Fusiond’un assistant numériquepersonnel (PDA) etd’un téléphonemobile,il est équipé d’un systèmed’exploitation autorisantl’installation d’applicationset la synchronisation avecun ordinateur.

3G+Aussi appeléHSDPA,cetteévolutionduréseaumobile3Gpermetundébit théoriquemaximumde3,6Mbits/s.

Avec le N95 de Nokia, les applications multimédias sont nombreuses et efficaces.

Compacité, ensemblede fonctionsoffertes,simplicité d’utilisation, bonnetenuedumodulephoto-vidéo,qualité de l’écran.

Leprix élevé. GuidageGPSenoptionpayante. Absencede câblede rechargeallume-cigare. Autonomieunpeu juste enmodeGPS.

MA

RC

MIT

RA

NI

+

-

NOTE FINALE : 8,5/10

J’AI TESTÉ LE N95, LE MOBILE À TOUT FAIRE DE NOKIA

Page 16: Le  Web2 en pleine crise de croissance

Tous leaders, à leur façonA écouter les patrons desenseignes de e-commerce,ils sont tous premiers de laclasse.Mais chacundansundomaine particulier : l’unpour l’audience de ses sites,l’autrepour son volumed’af-faires, un troisième sur lesproduits high-tech… Mêmesi les e-commerçants préfè-rent taire certainesdonnées,

les acteurs du marché esti-ment qu’Amazon domine lesecteur français de la tête etdes épaules. Du point de vuede l’audience, selon laFevad,pour le premier trimestre2007, la Fnac arrive en têteavec5,5millionsde visiteursuniques devant Amazon(4,9 millions) et Rueducom-merce (3,4 millions).

Le mail, arme du marketingTouslese-commerçantsuti-lisent le mail pour avertirleurs clients de leurs pro-mos ou offres spéciales.Quitte à les inonder puisquecertains n’hésitent pas à enenvoyer plusieurs par jour.« Les gens peuvent se désa-bonner, s’ils continuent derecevoirnosmails, c’estqu'ilsle veulent bien », commentele patron d’une enseigne.

Mais devant les plaintes desconsommateurs, les sitestentent depratiquerunmar-keting ciblé. « Le but est dedonner aux clients des infosen fonction de leurs centresd'intérêt », explique Chris-topheLasserre, patrond’Ala-page. Avec une telle straté-gie, les taux d’ouverture demailspeuvent atteindre40%chez Pixmania.

Lacroissance, c’est bien. Larentabilité, c’est mieux.L’année 2007 s’annoncecharnière dans le e-com-merce spécialisé dans lehigh-tech et la culture. Jus-qu’ici, les enseignes se sontlivrées à une guerre de partsde marché, quitte à ne pasêtre rentables. Une stratégieagressive : afficher les plusbas prix pour vendre et aug-menter le chiffre d’affaires.Mais la concurrence aidant,les marges se sont réduites.D’autant que le prix n’est plusla seule motivation des in-ternautes.« Le marché est en train des’organiser, explique Chris-tophe Lasserre, PDG d’Ala-page. Aujourd’hui, ce qui faitla différence, c’est la qualitédu service, le respect dudélaide livraison, la disponibi-lité… »Un argument partagépar la plupart des patronsd’enseignes en ligne. « Entrele prix et le service, nous de-vons donner le meilleur desdeuxmondes», résumeGau-

thier Picquart, cofondateurde Rueducommerce.Parmi tous les e-commer-çants, il faut distinguer les« pure players » qui ne ven-dent que sur Internet (Cdis-count, Alapage, Rueducom-merce) et des sites qui sontdes extensions de com-

merces traditionnels (Fnac,Darty). Sauf que la frontièrese brouille. Du côté de laFnac, le site, rentable depuis2004 et leader en termesd’audience, devrait devenirle premier magasin Fnac.Pixmania qui possède déjàdes points retrait a ouvert un

showroom à Boulogne-Billancourt (92) qui a voca-tion à se multiplier.GauthierPicquart estime, lui,qu’il faut rester dans une lo-gique « pure player » : « On aété rentable en ne vendantque sur Internet et nous al-lons le redevenir. » Seule en-

seigne indépendante, Rue-ducommerce.com devraitd’ailleurs annoncer en juinune nouvelle stratégie com-merciale. Selonnos informa-tions, la société cotée enBourse ne cherchera pas àformer d’alliances contraire-ment à certains concurrents,qui ont préféré s’adosser àun grand groupe ou être ra-chetés (Mistergooddeal, Pix-mania, Grosbill…)A côté des valeurs sûres(photo, télé, informatique),les enseignes veulent vendrede nouveaux produits et ser-vices :musique en ligne,ma-tériel d’occasion, logiciels…Pixmania lorgne même versle gros électroménager. « Ilnous faut encore des accordsavec les fabricants et lemême niveau de servicequ’un Darty, explique Jean-Emile Rosenblum, le vice-président. Mais cela se faitdéjà enAngleterre. » Aucuneraison donc que cela ne tra-verse pas la Manche.

David Carzon

Le e-commerce prépare sa mue

high-tech 23MARDI 22 MAI 2007

INTERNET LES SITES DE VENTE EN LIGNE TENTENT D’ENRICHIR LEUR OFFRE POUR DOMINER LE MARCHÉ

chiffres clés

16,8 milliards d’euros.Le chiffre d’affairesdu e-commerce en Franceen 2007, selon la Fevad.

22,5 % La haussedu chiffre d’affairesdes 32 sites leaders due-commerce, par rapportà lamême période 2006.

6,6 % La proportiondes produits high-techvendus en ligne.La France se situedans la moyenneeuropéenne derrièrela République tchèque,l’Allemagne etla Grande-Bretagne.

22 000 La quantitéde sites marchands enFrance, trois fois plusqu’en 2004.

20M

INU

TES

3 QUESTIONS À

MARC LOLIVIER Délégué généralde la Fédération desentreprises de venteà distance (Fevad).

Comment se portele e-commerce en France ?Il se porte très bien. Pour lepremier trimestre 2007,nous prévoyons encore40%decroissance. Cen’est

pas une surprise. Cette croissance repose sur troisfacteurs : l’équipement desménagesn’est pas ter-miné, l’indicateur de confiance est toujours en pro-gression et le nombre d’entreprises qui se lancentdans l’e-commerce connaît une forte hausse.Quels sont les produits qui portentcette croissance ?Il y a eu une forte progression des produits cultu-rels qui sont en recul sur le marché physique. Auxcôtés des produits comme la télévision, on relèveune percée de l’électroménager.Y aura-t-il de la place pour tout lemonde ?Il peut y avoir de place pour tout le monde, mais leticket d’entrée va devenir de plus en plus difficile.Il sera plus compliquéqu’auparavant de trouver uncréneau pour se distinguer. Recueilli par D. C.

Face à une concurrence de plus en plus féroce, les sites de vente en ligne proposent de nouveau services.

AB

RH

AM

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ECO

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IPA