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Juin 2011 DU: CNRJ Cercle National de Réflexion sur la Jeunesse Edition n°2 3"Penser la jeunesse c’est aussi se penser soi, les autres et le monde" Frédéric Fappani LE SPECULUM MENTIS La revue mensuelle du cercle national de réflexion sur la jeunesse - LSM JUIN 2011 -

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Juin 2011

DU:

CNRJCercle Nat ional deRéflexion surla Jeunesse

Edition n°23€

"Penser la jeunesse c’est aussi se penser soi, les autres et le monde"

Frédéric Fappani

LE SPECULUM MENTISLa revue mensuelle du cercle national de réflexion sur la jeunesse

- LSM JUIN 2011 -

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LE SPECULUM MENTIS« Penser la jeunesse c'est aussi se penser soi, les autres et le

monde. »

Editorial

R E V U E M E N S U E L L E d u

CERCLE NATIONAL

DE RÉFLEXION SUR LA JEUNESSE

J u i n 2 0 1 1ÉDITION N°2CNRJ.ORG

Cet édito est le second de la version numérique de votre revue « LSM ».  

Comme vous le verrez Amélie Derobert, Sylvie Pereira et Yann Leroux ne sont pas là pour ce LSM mais vous les retrouverez prochainement dans un autre numéro.

Nous avons, ici, une petite pensée pour eux.

Le CNRJ s’ancre dans le paysage de la jeunesse.

Notre revue LSM produit son effet.

Nous avons touché plus de 5000 lecteurs (minimum dénombrable) à l’occasion de notre premier numéro de mai 2011.

Le moment était ef fectivement opportun pour lancer une mobilisation nationale sur la question de la jeunesse dans notre pays.

Ainsi, cette question devient un sujet de réflexion, ou tout au moins de préoccupation, pour plusieurs candidats en campagne ; nous sommes sollicités par certains d’entre eux pour enrichir leur réflexion  ; nous sommes repérés comme personne ressource sur cette question.

Hommage doit être rendu à notre Président, Frédéric Fappani, dans l’activation de ses réseaux.

Il vous présentera plus longuement, dans les lignes qui suivent, les échanges et rencontres auxquelles nous avons participé, les publications et médias auxquels nous avons contribué.

LE SPECULUM MENTIS | La revue mensuelle du Cercle National de Réflexion sur la Jeunesse | www.cnrj.org

Nous avons notamment l’occasion d’accueillir dans nos lignes le plus j e u n e c a n d i d a t à l ’ é l e c t i o n présidentielle.

Vous retrouverez un entretien réalisé par LSM auprès de Maxime Verner, Président de l’association ʺ″Jeunes de Franceʺ″ et candidat aux élections Présidentielles de 2012.

Pour faire échos aux mobilisations constatées depuis le début de l’année des jeunesses de différents pays, nous choisissons, ce mois-ci, de vous présenter la jeunesse comme une ressource.

Nous réitérons le fait que la jeunesse représente l’avenir de notre pays, qu’elle est en ce sens un recours indispensable à notre construction col lect ive, mais une ressource contrariée.

Au travers de nos différents domaines d’intervention, nous constatons que les jeunes se mobilisent, s’engagent, participent. La jeunesse est porteuse d ’ é n e r g i e , d e p o t e n t i a l i t é s , d’innovations, de changements. Elle porte donc en elle une capacité à apporter du renouveau, une capacité à créer et innover.

Mais el le peut également être confrontée à des difficultés, des empêchements, des contraintes qui vont venir contrarier sa pleine réalisation.

Ainsi, la société, les institutions, les élus, les proches, peuvent parfois venir étouffer cette énergie au potentiel créatif.

C’est donc cet accueil ambivalent que nous réservons à notre jeunesse que vous retrouvez dans ces pages, au travers de quelques exemples illustrés par nos différentes approches.

Que cette lecture vous soit un plaisir, qu’elle vous réconcilie avec la jeunesse, avec votre jeunesse.

Pierre-Yves Chiron

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LE SPECULUM MENTIS | La revue mensuelle du Cercle National de Réflexion sur la Jeunesse | www.cnrj.org

Maxime Verner, 21 ans, Candidat à l’élection présidentielle. Auteur de « Jeunes de tous les âges, unissons-nous ! 89 propositions pour 2012  ». Président de l'association « Jeunes de France ».

LSM - « 89 propositions pour la France … Certains y voit là un catalogue de propositions ou un manuel technique ! Pour vous c'est certainement plus que cela. Pourriez-vous, nous l'expliquer ? »

MV  : C'est un projet de société pour restaurer l'esprit républicain chez nos jeunes. De l'équité, de la justice... et de la créativité !

LSM - « Qu'elle est votre philosophie politique ? Quels seraient pour vous les concepts clefs d'une Philo-politique jeunesse opérante ? »

MV  : Il y a les notions d'éthique et d'équité qui sont primordiales, mais aussi et avant tout celle de courage. Pour moi, c'est le courage d'être ce que l'on est qui doit guider la vie des citoyens, esprits libres qui sont la souveraineté nationale, la volonté du peuple. On doit retrouver une nation, e t d é fl a t e r l ' h é r i t a g e d e l'individualisme à outrance hérité de la société des années 80, et de la mobilité dû aux NTIC.

L S M - « A v e z - v o u s d e s intellectuels, des politiques, des personnages historiques en références et qui peuvent inspirer votre réflexion ou même plus cette philosophie politique ? »

MV : Des hommes qui ont obtenu la liberté à la faveur de la paix, comme Gandhi ou Mandela, sont des modèles à suivre, pour leur courage e t l e u r é n e r g i e . M a i s , philosophiquement, je me rapproche davantage des Pères fondateurs, de l'esprit du Jeu de Paume. Et mes lectures, de philosophes français ou allemands notamment, m'influencent aussi.

LSM - « Pensez-vous que les mouvements qui ont amenés le thème de la jeunesse dans les médias ont déjà gagné la partie ? Ou ne risque-t-on pas de voire cette thématique disparaître avec l'avancée de la période électorale ? »

MV  : Les mouvements doivent être portés politiquement, si la jeunesse n'a pas de porte-voix, elle ne sera encore une fois qu'un thème de campagne rapidement balayé. Nous devons devenir, nous les forces de l'avenir, une puissance publique, un enjeu fort du scrutin. Je crois qu'on le sera, et je me bats pour avoir les 500 parrainages d'élus.

LSM - « On dit « gouverner c'est prévoir !  » ... Comment voyez-vous l'avenir ? L'élection ? L’après élection ? Vous ? Votre mouvement ? Et la question de la jeunesse ? »

MV  : Je vois une politique publique de la jeunesse en 2012, qui aurait été proposée à la fois par la droite, la gauche, le centre. Mon avenir personnel importe peu, et mon mouvement, lui, perdurera après les élections, nous serons toujours des acteurs et des vigies pour les politiques publiques de la jeunesse à l'avenir. La question de la jeunesse sera résolue par un changement de paradigme clair en France : de la jeunesse comme menace, nous devons passer à une jeunesse comme ressource. C'est mon vœu pour 2012.

Nous devons devenir, nous les forces de l'avenir, une puissance publique, un enjeu fort du scrutin.

_____________

La question de la jeunesse sera résolue par un changement de paradigme clair en France : de la jeunesse comme menace, nous devons passer à une jeunesse comme ressource.

Sommaire

Entretien : Maxime Verner. Candidat à l’élection Présidentielle de 2012

CHAQUE MOISUNE RENCONTRE

p3 > Entretien  : Maxime Verner. Candidat à l’élection Présidentielle de 2012 p4 > Chafik H Bila, Déployer l’énergie des jeunes  : La participation à travers le réseau associatif dans les quartiers populairesp5 > Eléments de cartographie « Les jeunes 2012 »p6 > Grégoire Tirot : A qui profitentles ressources publiques destinées aux 16 – 25 ans ?p8 > Pierre-Yves Chiron  : Entre cadre et représentation. La jeunesse comme ressource contrariéep9 > Frédéric Fappani : Où en-est le CNRJ

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Chafik Hbila est sociologue, chargé de mission à RésO Villes et membre du CNRJ.

Il existe dans les quartiers populaires des jeunes qui s’investissent et se positionnent fortement sur le champ politique.

Ils se constituent en associations bâties en réponse à un déficit de l’offre, et à une soif profonde de reconnaissance sociale et culturelle.

Celles-ci n’hésitent pas à épingler la municipalité et à porter un jugement très sévère sur les acteurs publics qui œuvrent dans les quartiers. Leurs engagements visent à bousculer les cadres établis et, de ce fait, peuvent vite devenir dérangeants pour les acteurs locaux qui n’hésitent pas, pour la plupart, à leur renvoyer «  coup pour coup  », notamment en les entraînant sur les terrains du réalisme de leurs propos, de leur légitimité et leur représentativité.

C e s a s s o c i a t i o n s s o n t p l u s qu’intéressantes à analyser dans leur rapport aux institutions car elles pointent une contradiction aussi subtile que complexe  : les acteurs publics affichent une volonté forte de voir les jeunes participer à la vie de la Cité, s’exprimer et donner leurs points de vue, mais quand ceux-ci se livrent pleinement au jeu, ne cherche-t-on pas aussitôt à les discréditer ?

Est-ce que les acteurs politiques et ins t i tut ionnels n’auraient pas tendance à accepter la parole des jeunes uniquement quand elle s ’ i n s c r i t d a n s l e c a d r e d u « politiquement correct » tacitement fixé par tous ?

Une association a été créée il y a une dizaine d’années dans une ville de l ’Ouest dans une optique de citoyenneté par des jeunes d’un quartier populaire.

L’initiative s’est bâtie sur un véritable manque.

L’association est née d’une volonté politique d’un petit groupe de jeunes de pouvoir, à un moment donné, lever les freins du dialogue avec les institutions et monter au créneau pour relayer de s revend icat ions e t de s doléances auprès des institutions, notamment la Ville. Au départ, l’idée consistait à permettre aux jeunes du quartier de négocier des créneaux d’accès aux équipements sportifs.

Très vite, les jeunes s’y sont retrouvés et une dynamique citoyenne a pu prendre forme. «  Aujourd’hui, cette réflexion il faut aussi qu’elle parte d’en bas parce que le constat il vient d’en bas  », explique le président de l’association.

Il apporte là la finalité de la participation des jeunes : Elle vise à rendre les jeunes acteurs dans la construction des politiques qui leur sont destinées, surtout lorsque les interventions publiques montrent leurs limites.

L’objectif pour les jeunes impliqués dans l’aventure était d’abord de pouvoir accéder à la capacité de décision. Etre partie prenante du changement. Le besoin de créer un outil pour faire accéder les jeunes aux décisions cruciales les concernant s’était fortement fait ressentir.

« Aujourd’hui encore, les jeunes restent très revendicatifs et t e n t e n t d e b o u s c u l e r l e s lignes ».

(parfois de manière brutale m’ont dit certains professionnels…) pour se f r a y e r u n p a s s a g e d a n s l a construction de l’offre existante.

Les revendications sont auss i identitaires. Les jeunes membres de l ’association sont assoif fés de reconnaissance sociale et d’une plus fo r t e p r i s e en charge de l a thématique jeunesse des quartiers dans les politiques publiques. Les

responsables e t bénévoles de l’association soutiennent les jeunes dans leurs démarches et relaient les informations.

Bousculés et critiqués dans leurs pratiques, beaucoup d’acteurs p o l i t i q u e s e t i n s t i t u t i o n n e l s ( p r o f e s s i o n n e l s d e j e u n e s s e notamment) ont fait part de leurs inquiétudes quant à l’action trop revendicative de ces jeunes. Cela pose inéluctablement la question des limites de la participation des jeunes. Il manque à ce jour une explicitation claire des attendus de la participation par les pouvoirs publics locaux.

Ainsi, toute la question qui se pose pour la Ville et ses partenaires traditionnels est de savoir jusqu’où sont-i ls prêts à al ler avec la participation des jeunes ?

Une Ville ne valorise-t-elle la parole des jeunes que lorsque celle-ci est conforme à ses attentes ?

Est-elle prête à accepter que les jeunes fassent «  bouger les lignes  », réinterrogent les règles en vigueur et produisent de nouvelles normes sociales ?

Car ce n’est qu’à ce prix que l’on retissera le lien de confiance avec les jeunes déçus par la vie de la Cité…

Chafik H Bila, Déployer l’énergie des jeunes : La participation à travers le réseau associatif dans les quartiers populaires

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Eléments de cartographie « Les jeunes 2012 »Cette cartographie est élaborée par SEANCE PUBLIQUE (Société de conseil en affaire publique) afin de vous permettre, entre autre, de situer le CNRJ dans la sphère générale des débats publics sur « la jeunesse ». Le CNRJ est apolitique et est identifié dans la sphère des Think-Tank. En effet un cercle de réflexion est le plus souvent rattaché à un parti. Nous, nous sommes rattachés à une idée « la jeunesse ».

Comme vous le voyez, il y a du monde sur la question !

Cette cartographie vous permettra aussi de suivre les pages suivantes et en particuliers les propos de Frédéric Fappani sur les contacts pris par le CNRJ.

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Le livre vert de la Commission de concertation sur la politique de la jeunesse (2009) avait chiffré les dépenses publiques annuelles en faveur de la jeunesse (16-25 ans) à 56,5 milliards d’euros (données 2007-2008), soit un peu moins de 3% du PIB.

A titre de comparaison, les dépenses publiques relevant du champ «  vieillesse  » représentent, selon l’INSEE, 12% du PIB (soit 320 milliards d’euros en 2008).

Les dépenses éducatives à destination des 16-25 ans représentent un peu moins de la moitié du total (31,5 milliards d’euros) des ressources destinées aux jeunes. La seconde enveloppe budgétaire en importance (23 milliards d’euros) correspond pour l ’essentie l à des dépenses sociales «  rattachables  » à la jeunesse. Mais si l’on regarde dans le détail, on se rend très vite compte que les aides sociales relatives à la jeunesse ne lui bénéficient directement que de manière minoritaire.

Le total de 23 milliards d’euros d’aides sociales peut être divisé en trois catégories selon la nature du bénéficiaire direct de l’aide :

1. Il y a d’abord les aides bénéficiant directement aux jeunes, qu’il s’agisse des aides aux étudiants (1,8 milliards d’euros en 2008, essentiellement les bourses d’enseignement supérieur), des aides au logement (2,5 milliards d’euros en 2008) ou de la prime pour l’emploi (PPE). Au total, c’est 5,1 milliards d’euros seulement qui vont directement dans les poches des 16-25 ans, soit 22% du total.

2. Viennent ensuite les dépenses publiques qui bénéficient aux parents au titre des

enfants majeurs qui sont à leur charge. Elles sont nombreuses  : diverses prestations familiales (6,5 milliards d’euros), les majorations d’allocation logement au titre des 16-25 ans présents dans le foyer (2,4 milliards d’euros), auxquelles s’ajoutent de nombreuses dépenses fiscales dont jouissent les parents au titre de leurs enfants majeurs (2 milliards d’euros). Au total, les parents sont les destinataires directs de près de la moitié (11 milliards) des aides sociales en faveur des jeunes.

3. La dernière grande catégorie correspond aux dépenses en faveur de l’insertion des jeunes dans l’emploi (7 milliards d’euros) qui, pour l’essentiel, d’une part, bénéficient aux entreprises (avantages fiscaux et sociaux au titre de l’alternance et de l’apprentissage) et, d’autre part, résultent des coûts des structures et des dispositifs de formation.

Cette présentation quelque peu rébarbative, j’en conviens, a néanmoins une vertu  : elle m e t c l a i r e m e n t e n l u m i è r e l a contradiction fondamentale entre le discours actuel visant à promouvoir l’autonomie des jeunes et la réalité implacable des chiffres qui démontre que nous considérons encore qu’une dépense en faveur de la jeunesse est une dépense qui va aux parents.

Ce paradoxe tient au fait que la France relève en partie du « modèle » socio-économique latin qui s'appuie sur un puissant substrat culturel catholique centré autour de la famille et qui se traduit par le développement de ce que la sociologue Cécile Van de Velde appelle le « familialisme politique ».

suite page 7

Des aides sociales pour la

jeunesse qui bénéficient

majoritairement… aux parents

et aux entreprises ! 

Acte et parole : le discours sur la

nécessaire autonomie des

jeunes contredit par le constat de flux financiers« familialistes »

Grégoire Tirot : A qui profitentles ressources

publiquesdestinées aux16 – 25 ans ?

AuteurMembre du CNRJ

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Dans ce cadre, c’est la famille qui est implicitement en charge la jeunesse, l’Etat n’intervenant pas ou à la marge.

Cette conception a des conséquences très concrètes pour les jeunes : protection sociale particulièrement limitée, qui par défaut est donc assurée par la famille proche... quand elle en a les moyens ; exclusion du bénéfice du RSA dans les conditions de droit commun, avant l'âge de 25 ans ; légalisation du travail quasi-gratuit et sans protection juridique pour les jeunes avec la généralisation de l'utilisation des stagiaires ; système de bourses universitaires peu généreux et qui ne bénéficie pas aux classes moyennes.

Mais la principale conséquence est que l’on ne donne pas à la jeunesse les moyens de son autonomie, celle-ci se voyant constamment renvoyée à la solidarité familiale pour s’en sortir. Quand le système social vous assimile à une « charge » pour vos parents, justifiant le versement d’avantages sociaux ou fiscaux à leur seul bénéfice, comment peut-on se sentir autonome ? Pour un jeune, le sentiment d’être un poids brise nécessairement son envol, ou du moins le bride. Quand on est considéré comme une « charge sociale », on ne peut pas se penser autonome.

Enfin, il y a derrière cette conception un problème de justice sociale : en effet, comment font les jeunes qui ne peuvent pas être aidés par leurs parents ? En d’autres termes, en favorisant indirectement les jeunes issus de familles aisées, ce système est le meilleur pour assurer une

reproduction sociale des élites à l’identique.

La création du RSA « jeune » n’a pas modifié la donne : vers une allocation d’autonomie ?

L’entrée en vigueur en septembre 2010 du RSA « jeune » ne modifie pas le paysage de la politique de la j e u n e s s e t e l q u e d é c r i t précédemment.

Simplement parce qu’il est accordé sous des conditions très restrictives : quand on a moins de 25 ans, il faut avoir travaillé 2 années à temps plein au cours des 3 dernières années pour être éligible au dispositif. Dans ces conditions, à ce jour, très peu de jeunes sont éligibles au RSA « jeune » : 8 130 très exactement en j a n v i e r 2 0 11 , a l o r s q u e l e gouvernement pensait à l’origine atteindre un public de 160 000 jeunes…

La solution ne passera donc pas par le RSA « jeune ». En revanche, si l’on veut mettre en cohérence le discours en faveur de l’autonomie des jeunes avec notre système de protection sociale, il n’y a qu’une manière de le faire : créer une allocation d’autonomie pour les jeunes. Bien sûr, tous les gouvernements ont reculé jusqu’à ce jour devant le coût d’une telle mesure. C’est simplement parce que nous voulions créer cette allocation tout en maintenant les avantages versés aux parents au titre de leurs enfants majeurs à charge.

Bref, la France souhaitait maintenir le familialisme politique à côté du principe d’autonomie de la jeunesse,

ce qui aurait été un cas unique au monde et un contre-exemple radical en matière de gaspillage des deniers publics.

Nous ne pouvons plus nous permettre ce genre de tergiversation. Il faut faire un choix : si celui qui est fait est bien celui de l’autonomie, il y aura dans ce cas 11 milliards d’euros de dépenses publiques bénéficiant aux parents qui pourraient demain aller directement dans les poches des jeunes.

Soit de quoi financer une allocation d’autonomie conséquente sans augmenter le déficit public, par simple modification des destinataires des dépenses publiques.

Quoiqu’en pense certains, le débat mérite d’être lancé.

« La politique de la jeunesse n’est en ce sens qu’une branche de la politique de la famille. »

...JOB PRÉCAIRE...

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Les dispositifs participatifs proposés aux jeunes représentent une réelle opportunité pour ce public à s’investir dans la vie de la cité. Les collectivités locales et autres institutions, nonobstant quelques arrières pensés utilitaristes, permettent aux jeunes de s’impliquer dans des actions concrètes, de s’essayer à l’action publique locale, d’apporter une réponse aux problématiques qui les touchent. Force est de constater que lorsqu’un tel dispositif est mis en place, des jeunes répondent présents.

Néanmoins, au travers de ce type d’engagement, qu’il s’inscrive dans une collectivité locale ou bien dans une association, au moins deux phénomènes viennent tempérer cet élan participatif. Les jeunes sont confrontés au cadre qu’on leur propose pour exercer leur participation et aux représentations qu’ils peuvent avoir d’eux-mêmes et des autres jeunes avec lesquels ils s’investissent.

La participation, lorsqu’elle s’adresse aux jeunes, propose assez souvent un cadre formaté, emprunt des attentes des initiateurs de cette participation. Première ambivalence donc entre cette main tendue aux jeunes, ouverture sur une ressource indéniable, et l’imposition de règles, d’objectifs, prédéfinis.

Quoi de plus naturel, me direz-vous, la vie est faites de contraintes et de règles. La confrontation des jeunes à ce cadre posé n’est autre que le reflet l’implication et de l’engagement de tout individu. Mais à l’intérieur de ce cadre, l’innovation cherche sa voie, l’expression libre et sans contrainte des jeunes se cherche une place. Tout au moins, sans parler de liberté

d’expression totale, un équilibre entre l’expression de la volonté de l’initiateur de la participation et celle des jeunes est-il à trouver. L’induction a en effet sa place dans un tel exercice. Le cadre (les modalités d’organisation de la participation, le rappel des objectifs, la confrontation aux moyens circonscrits, l’expérience des professionnels qui s’invitent dans la participation, …), se rappelle aux jeunes et peut rendre l’implication de ceux-ci difficile et frustrante. Il y a une différence importante entre la limitation d’un cadre d ’ e x p r e s s i o n e t l a découverte, par les acteurs eux-mêmes, des possibles, par confrontation à leur environnement . I l es t vraisemblable que cette limitation en amont, puisse fermer la porte à des innovations, des créations de ressources nouvelles, tant de l’ordre des idées que des moyens.

L e s r e p r é s e n t a t i o n s s’invitent également au cœur de la participation. Représentations des jeunes sur eux-mêmes, sur leurs coparticipants pour ne parler que de celles-ci. Elles peuvent évincer là encore, consciemment ou non, la parole des jeunes.

La première de celle-ci pourrait tenir au statut de jeune lui-même, d’être en devenir. «  Je suis là pour apprendre. Pour l’instant, j’observe ».

Suite page 9

Pierre-Yves Chiron : Entre

cadre et représentation.

La jeunesse comme

ressource contrariée.

SociologueSecrétaireGénéraldu CNRJ

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L’intégration, par les jeunes eux-mêmes, de ce statut ʺ″d’être en devenirʺ″, les tient éloignés d’une implication constructive dans les dispositifs participatifs et tend à les inscrire dans une attitude de reproduction peu propice au développement de l’innovation et de la créativité.

Les jeunes entre eux sont également emprunts de représentations. La constitution d’un collectif de jeunes venant d’horizons différents peut être difficile au regard des images que les jeunes peuvent avoir les uns des autres, des représentations qu’ils vont, parfois à tort, attribuer aux jeunes qui ne sont pas comme eux.

C’est un phénomène assez fréquent, peu appréhendé par les institutions lorsqu’elles mettent en place un collectif de jeunes, et qui induit assez rapidement la fuite de certains jeunes ne se retrouvant pas dans ce qu’ils ont perçu des attentes d’une majorité d’entre eux.

Nous pourrions également évoquer d’autres phénomènes l iés aux représentations, qu’il s’agisse de celles des jeunes sur les élus, sur les pro fes s ionne l s , a ins i que des représentations de ces derniers sur les jeunes eux-mêmes, source parfois de méfiances et réticences à laisser une expression libre s’installer.

La const i tut ion d’un col lect i f participatif prend du temps. Il faut se découvrir les uns et les autres et avoir la volonté de dépasser ou de faire tomber ces images et représentations qui accompagnent la participation.

Le temps joue ainsi contre la participation tant, dans le cadre de l’action, l’urgence est bien souvent au rendez-vous. Cet apprentissage mutuel, l’un de l’autre, n’a bien souvent pas le temps de s’établir.

Comme vous l’avez déjà certainement lu, le CNRJ travaille à «  informer sur la jeunesse et à dénoncer la stigmatisation dont est victime la jeunesse dans le débat public (en particuliers les médias) mais aussi dans les politiques publiques et/ou privées...».

C’est pourquoi nous profitons de ce spéculum mentis pour faire un peu le point sur ces deux axes.

Vous allez ainsi donc découvrir notre développement actuel.

Axe 1/2 «  Infor mation & Publication »

Pour cet été, le CNRJ va continuer ses publications. La maintenance du site va se poursuivre, des articles continuer à être écrits, et évidemment «  le Spéculum Mentis » continuer de sortir.Nous vous invitons donc à rejoindre ce mouvement en diffusant vous aussi toutes nos publications autour de vous et à faire connaître notre action. Via par exemple vos blogs, e-mail, partage sur Facebook et Twitter !

Autorisez-vous à vous en servir comme références dans vos écrits si cela vous paraît souhaitable ou à-propos.

Evidemment donner les références et n’oubliez pas l’auteur(e) !

Bien que reposant sur un premier cercle de 7 auteurs, le CNRJ est ouvert et donc il donnera la parole à des personnes désireuses de publier des écrits sur la jeunesse. Ainsi nous nous ferons le relai de vos contributions de publications (Articles de Blogs, Articles de presse) mais aussi nous informerons de vos travaux (Thèses, recherches, mémoires ou écrits personnels) en lien avec la jeunesse.

N’hésitez pas à nous les envoyer ou à communiquer vos liens Internet le cas échéant. Nous sommes aussi ouverts à d’autres créations photos, vidéos ou graphismes etc.

N’oubliez pas donc que vous pouvez participer à minima soit simplement en lisant ou en participant à diffuser, écrire, et créer  ou soit à maxima en rejoignant notre action dans votre région !

Suite page 10

Frédéric Fappani : Où en-est le CNRJCadre éducatif - Chercheur sciences de l’éducation -Président du CNRJ

« Rejoignez dans votre région … L’action du CNRJ ! »

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Dans tous les cas, si la cause des jeunes vous intéresse, nous nous engageons à informer, donner à lire, à voir, ou à entendre ce qui apporte du sens aux questions de jeunesse et qui viendraient aussi de vous !

Vous pouvez retrouver l’actualité de nos publications sur le site. Sur le m o i s é c o u l é , n o u s a v o n s particulièrement apprécié deux rencontres journalistiques :

- Le 06/06/2011 à 20:50. Sur Radio Protestante s'est déroulée une émission animée par Vincent Chauvet et Antoine Kowalski de

France Soir avec pour le CNRJ Grégoire Tirot et Frédéric Fappani.

- Emmanuel Vaillant du journal l’Etudiant a été rencontré afin de faire connaître et éventuellement diffuser un peu ce que nous faisions.

Évidemment, nous profitons de ce passage sur l’information sur la jeunesse pour signaler la sortie de l’ouvrage de Chafik Hbila, « Jeunes de quartiers Populaires et politiques de Jeunesse, L'expérience du Grand Ouest », Cahier de l'action N°32, I N J E P , 2 0 1 1 , I S B N n ° 9782111281905

Axe 2/2 «  Lutte contre la stigmatisation, Régionalisation, I n s t i t u t i o n n a l i s a t i o n , & Capitalisation) »

Afin de lutter contre la stigmatisation de la jeunesse nous voulons nous doter de moyens de repérage et d’information d’envergure nationale s’appuyant sur un réseau de militants mais aussi sur des partenaires ayant un véritable savoir sur les questions de jeunesse. Nous faisons ici, état, de là où nous en sommes.

La RégionalisationN o u s s o m m e s e n p l e i n e régionalisation. En effet, des comités régionaux sont en construction. Le CNRJ est en train de s’implanter dans les 22 régions de France métropolitaine ainsi que dans les DOM-TOM ce qui fait 27 régions.

Le travail d’un comité de région est relativement simple, il consiste à faire un panorama à plusieurs des publications régionales, faire le point chaque mois, établir un rapport global.

Donc la mission d’un comité régional est simple «  relever dans la presse et les médias locaux » les éléments « qui parlent » de la jeunesse.

Une sorte de revue de presse par région mais avec des propositions d’analyse et/ou d’intervention.

L’idée ici est d’avoir un outil de veille nationale et de repérage du discours médiatique en France. Cela sera forcément imparfait.

Cet ensemble relevé en région est transmis alors au siège. Nous travaillons ensuite avec les comités locaux afin d’établir une stratégie de réponse à ce qui a été repéré.

Il s’agit d’avoir un instrument national permettant de poser un regard sur comment la question de la j e u n e s s e e s t t r a i t é d a n s l e s publications.

Avec le temps nous aurons un outil, plus affinée, de veille nationale et de repérage du discours médiatique en France quand ils sont anti-jeunes. Cela sera forcément imparfait mais nous ne laisserons ainsi plus passer les choses sans rien dire !

Croyez bien, que la manière dont on en parle, et intervenir comme nous le souhaitons face à certains discours stigmatisant contribuera à avancer sur la cause de la jeunesse.

Les comités étant en construction vous pouvez devenir pour votre région, le porteur, la porteuse de ce comité, ou bien intégrer celui existant.

Renseignez-vous à[email protected]

À la rentrée de septembre nous éditerons la carte de France du CNRJ.

Vous êtes invités aussi à parler autour de vous de cette régionalisation et de la construction de cet outil !

Suite page 11

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L’institutionnalisationElle est pour nous, le moyen de faire entrer le CNRJ dans divers instances. Nous prendrons des contacts et établirons des partenariats dans la sphère de la jeunesse.

Par exemple, suite à des échanges entre Frédéric Fappani, Président du CNRJ et Remy Pflimlin, PDG de France télévision, la candidature du CNRJ au comité sur la diversité sera présentée à Hervé Bourge.

Ainsi le CNRJ pourrait à partir de septembre 2011, faire partie, avec d’autres associations, du comité sur la diversité. Le nom du comité ne sera peut-être pas celui-ci.

L’institutionnalisation, c’est aussi être en lien avec des partenaires incontournables sur la question de la jeunesse.

Par exemple :- Une conseillère du Ministre à la jeunesse Emmanuelle Perez et un chargé de mission du Ministre Jonas Haddad ont été rencontrés par Pierre Yves Chiron (Secrétaire Général du CNRJ), Grégoire Tirot et Frédéric Fappani afin de parler des actions et visées du CNRJ.

- Un premier contact officiel a été posé entre l’INJEP et le CNRJ. Olivier Toche (Directeur de L’INJEP) a accueilli le CNRJ. Il s’est agit là d’une présentation réciproque afin d’apprendre à se mieux connaitre.

Le CNRJ se trouve dans une sphère particulière pour 2012. La sphère du débat sur la jeunesse.

Afin de vous rendre compte de la cartographie jeunesse en France, nous avons reçu la possibilité de vous présenter les travaux entrepris par « Séance publique ». Vous aurez trouvé dans ces pages, une cartographie intitulée « Les jeunes 2012 » (cf. page 6).

La CapitalisationComme vous le constatez, vous ne payez rien au CNRJ et vous pouvez cependant  : lire, découvrir un site, télécharger des textes, connaître un réseau des personnalités (et bientôt des comités régionaux) repart i s sur l’ensemble de la France.

Cet ensemble a néanmoins un coût et nous nous devons de trouver des financements et des partenaires.

LE SPECULUM MENTIS

Par le « Cercle National de Réflexion sur la Jeunesse »

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et les émissions …)

Notre site à l'adresse !www.CNRJ.org

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Pour des raisons d’organisation et de capacité de gestion  : Ce n’est qu’à partir de septembre que nous ouvr i rons p lus largement les cotisations et les adhésions. Pour le moment nous prenons les adhésions des membres des comités régionaux uniquement.

Autorisez-vous à nous contacter à

[email protected]

Une fois plus structuré nous nous ouvrirons ʺ″mieuxʺ″ aux particuliers.

Néanmoins nous sommes à l a r e c h e r c h e d e p a r t e n a i r e s ( E d i t e u r s , J o u r n a u x , I n s t i t u t i o n s publiques), en particuliers sur 4 événements à venir

Parmi les choses à financer nous avons dans les 10 mois à venir :

- Les regroupements nationaux des 7 auteurs. - Un colloque sur Paris - Notre livre Blanc pour 2012.- La régionalisation du CNRJ

D e s d e m a n d e s d’interventions sont aussi possibles au cas par cas.

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