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Creuse-CitronJournal de la Creuse libertaire n° 37 – août-octobre 2013

À l'affût du cochonnet Petits et grands projets inutiles 2-3 ; Chômage ouesclavage Pôle-exploi(te) ? 4-5 ; Contrôles tous azimuts Puçage et expulsions 6 ;

Élagueurs en folie Contrôlons les abatteurs ! 7 ; La gueule vert fluo Ces mines

nous minent 8-9 ; Capitalisme à la poubelle Rationalisation ? 1 0-1 1 ;Mauvaisesfréquentations Manger bon 1 2-1 3 ; Mondialisation numérique Internet plein

la tête 1 4-1 5 ; Biomascarade Chauffe Marcel ! 1 6-1 7 ; Coup de gueule Armez-vous

français 1 8-1 9 ;Mauvaises lectures 20 ; Revue de crise 21 ; Rendez-vous 22-

23 ; La der des der 24 9eannée

Prix

libre

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2 – à l'affût.. .

VOICI LA COPIE D'UNE LETTRE-TYPE, que le maire deLimoges a demandé à ses chefs de services de distri-buer à tous les agents municipaux (quelque-uns s'ysont refusés). On croit rêver tant les arguments sontexprimés bruts de décoffrage d'une plaquette publici-taire produite par un quelconque cabinet de conseil.Même s'il n'est pas politisé, celui qui lit ça comprendde suite qu'on le prend pour un imbécile, mais peut-être signera-t-il quand même par peur de représaillesde sa hiérarchie s'il ne le fait pas.Combien d'employés municipaux ont besoin d'être encorrespondance rapide avec toutes les capitales euro-péennes où se prennent les grandes décisions et se pré-pare l'avenir du monde ?

Si la LGV Limoges-Poitiers a, aujourd'hui,

peut-être un peu de plomb dans l'aile, ce n'est

sûrement pas le cas de la démocratie locale qui

se porte comme une fleur. Une fleur de banane,

s'entend, quand on voit comment certains élus

locaux avec à leur tête le maire socialiste de

choc de Limoges, Rodet, ont essayé d'influencer

l'enquête d'utilité publique sur ce projet de LGV.

Inutilitépublique

ET MAINTENANT UN FRAGMENT D'UNE LETTRE DU MÊME MAIRE DE

LIMOGES à l'entête de l'ADM 87 (Association des maires et élusdu département de la Haute-Vienne) adressée à tous les mairesdu 87. Bien sûr cette lettre n'a aucunement été validée par lebureau de l'ADM87 qui n'a pas été consulté.

La démarche expliquée dans lecourrier montre bien que pour Rodet il s'agit de

faire une pression maximum dans le débat pour l'enquête pu-blique, il appelle les maires à utiliser à des fins de promotiontous les moyens des communes, bulletin municipal, internet. . .àinciter les populations à intervenir et il propose même de distri-buer aux habitants la lettre-type qu'il a fait lui-même distribuerdans sa mairie .

Cela faisait suite aux 16 pages du journal Le Populaire, reprissur papier glacé et disponible en quantité à la Chambre deCommerce et d'Industrie, au Conseil régional, au Conseil géné-

ral et à la Mairie de Limoges. Pour l'expo« Limoges 2025 » à la Bibliothèque de Limoges(BFM) c'est 2 camionnettes des 16 pages duPopu qui ont été livrées !

Depuis dans le journal de l'agglomération deLimoges, les 245 000 habitants ont reçu à do-micile une lettre T à renvoyer au Président desCommissaires-enquêteurs pour l'enquêtepublique.

Toutes les enquêtes d'utilité publique quenous avons eu l'occasion de suivre concluent

toujours dans le sens souhaité par le pouvoir, porteur du pro-jet en cause, même si les études préalables et les enquêtes sou-lèvent des objections incontournables, qu'il s'agisse de laviabilité du projet, de son coût, de son impact social et écolo-gique.Les enquêtes d'utilité publique sont le pendant technique de la

démocratie représentative, dans un cas on vous dit « donne moiton suffrage et je ferai ce que je veux », dans l'autre on vous dit« donne moi ton avis, je n'en tiendrai pas compte » !

PATRICK FAURE

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Mégalomanie territoriale

. . . du cochonnet - 3

PENDANT QUE LA VILLE DE GUÉRET sousla houlette de son député-maire colonisetout le nord-ouest de la Creuse pour justi-fier la « Communauté d'agglomération duGrand Guéret », celle d'Aubusson et sonmaire, tente la même OPA sur tout le sudde la Creuse, obéissants, le doigt sur lacouture du pantalon, aux diktats des tech-nocrates européens pour qui il n'y a defutur pour l'humanité qu'aggloméréeautour de grandes métropoles.Quand on suit cette logique dans des

territoires ruraux ça donne que Guéret nevoulant pas se faire bouffer par Limogesni Aubusson par Guéret, on va inventerdes métropoles locales là où ça n'a aucunsens. Guéret continue à bétonner sa périphé-rie en construisant des zones commercialesnouvelles pour viser une « zone de chalan-dise » de 100 000 habitants (voir Creuse-Ci-tron 36), et Aubusson prétend agglomérer20 000 habitants.Le problème est que ces délires ont des

conséquences très concrètes.Aubusson, par exemple, pense installer

une grande surface en plein centre villequi finira de saper le commerce local,construit un « centre aqua récréatif »,(une piscine de luxe) qui coûtera aumoins 10 millions d'euros, sans parler deses frais de fonctionnement, et aussi unboulodrome. Piscine et boulodrome sontdes projets financés par la communautéde communes Aubusson-Felletin, maisqui profiteront essentiellement auxAubussonnais.Le projet de boulodrome illustre par-

faitement le fonctionnement démocra-tique de ces regroupements communaux :les clubs de pétanque d'Aubusson et deFelletin nécessitaient tous deux un localcouvert pour la pratique de ce sport.Le club de Felletin a obtenu la mise à

disposition d'un tunnel agricole, isolé surle dessus mais pas encore chauffé, le clubd'Aubusson a obtenu un boulodrome endur, prétendument omnisports. L'un acoûté 30 000 € financé par la mairie, l'autreva coûter plus de 345 000 €, financé à hau-teur de 142 000 € par la com-com (c'est-à-dire par les impôts locaux de l'ensemble deshabitants), devinez lequel.La pétanque n'est pas un sport dont on

déplace les licenciés, comme le foot parexemple, disons que c'est essentiellementun sport de proximité : avec une tellesomme plusieurs équipement municipauxauraient pu être financés.

Donnons la parole à Aymeric Delaplace,président de la Pétanque felletinoise :

En tant que Président du Club depétanque de Felletin, je me suis vu invitépar courrier (ainsi que par téléphone parun agent de la Communauté de Com-munes Aubusson-Felletin ; regroupant 18communes et 60 voix) à une réunion decette dernière, concernant la future créa-tion d'un centre intercommunal omni-sportmais dédié à la pétanque (terrains cou-verts sablés et gravillonnés, hauteur deplafond à 5 mètres, 6 terrains de 12 m par3,4 m, une salle annexe de 35 m², pas delieu de stockage de matériel. . . ) .Nous nous sommes retrouvés devant le

fait accompli qu'un projet de Boulodromecouvert allait voir le jour à Aubusson, en-tièrement financé par tous les citoyens descommunes de la com.com !!! Ils ont réussià faire voter un budget sans aucune dis-cussion préalable concernant un rappro-chement des autres clubs et l'ont obtenusans savoir quels autres sports allaientpouvoir s'y implanter pour appuyer sonstatut de "salle omni-sport". […]Un rêve devenu possible grâce au

concours de M. Vachon (adjoint aux sports,entre autres) et du Président de la com.comqui n'est autre que Michel Moine, Maired'Aubusson, et les vice-Présidents de lacom.com. . . Aucun d'entre nous : Présidentsd'associations locales, Président d'associa-tion et délégués d'organismes départemen-taux, Professeurs d'EPS, élus et adjointsdes communes de Felletin, Vallière, etc. , n'apu se faire comprendre dans son problèmepropre, en général ni lié à la pratique deson sport en particulier (Escalade, Tir àl'Arc, etc. ). […]Concernant les réunions préparatoires

au vote ; nous n'avons rien reçu, ni uncoup de téléphone pour nous prévenir dela date et nous nous sommes vu lancer un"Les clubs ne sont pas venus. . . " au visage

de la part de la vice-présidente en chargedu dossier. [. . . ]Enfin voilà, on nous a convoqués (cette

fois-ci) pour nous informer qu'un tel projetdont la presque moitié du budget sera fi-nancé par nos impôts allait donner unboulodrome couvert à Aubusson !!!Et bien sûr, les frais de gestion et de

fonctionnement du lieu dans leur globalitéseront pris en charge par l'intercommu-nalité !!

Bref nous nageons en pleine démocra-tie locale. Il faut bien comprendre que lesinstances dirigeantes des communautésde communes ne sont pas des instancesélues. Les représentants des communessont simplement désignés par leursconseils municipaux sans que la popula-tion ait un droit de regard, alors que laquasi totalité des compétences commu-nales sont transférées à l'intercommuna-lité ! Il est passé le temps où certainspouvaient encore croire qu'il était pos-sible de construire une vraie pratiquedémocratique à l'échelon d'une commune.Aujourd'hui les décisions sont prises pardes non-élus en partenariat avec des auto-désignés experts et spécialistes.

PATRICK FAURE

Bouliste lecteur de Creuse-Citron

La novlangueau service du politique

Aubusson a organisé du 11 au 13 juillet« Les arts dans la rue », je ne résiste pasau plaisir de citer un extrait le laprésentation qu'en fait Jérome Bel, sacheville ouvrière.« Entre télescopage d'univers et

mélange des genres. autant de rencontresdont l'intense fréquence caractérisel'époque. comment ne pas se mettre àl'heure d'une intercommunalité crucialepour nos territoires ruraux et leurpatrimoine commun à cœur de ville & devillage ?Car c'est aussi dans un inter

supplémentaire que chacun peutégalement « être libre » au sud de laCreuse. l'été venu : et puisque c'est danscet « entre » des synonymes paradoxauxque sont toujours « divertir » et« distraire » qu'il existe un espace oùincrire en effet cette 7ème édition d'unfestival pour tous ».La suite est du même tonneau, bref j 'ypige que pouic. Mais il faut constater,logique de la com-com oblige, que sur 19manifestations, il y en avait quand même2 à Felletin, et tout le reste à Aubusson !

PF

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4 - chômage.. .

UNE ARMÉE DE PARASITES menaceraitl'État-providence, on nous l'a souventrépété : les chômeurs, ces feignants qui« boivent » leurs allocs sans se donner lapeine de chercher du travail ruinent laFrance.Une sociologue suisse, Morgane Kueh-

ni nous informe dans Le Monde Diplo-matique du mois de juillet que sescompatriotes ont trouvé une remèdemiracle pour remettre au boulot ces glan-deurs qui nous coûtent si cher !

Les offices de placement suisses,équivalent du Pôle-Emploi françaisappliquent une procédure anti-fainéantise :L'ASSIGNATION AU TRAVAIL quicontraint une personne inscrite à l'office deplacement et bénéficiant d'allocations àsuivre « une mesure active » ou programmed'emploi temporaire : des heures de boulotsans rémunération mais obligatoires.Si le chômeur suisse ne les effectue pas

ou mal (mauvaise notation des chefs), ilest sanctionné et peut perdre ses indem-nités. Ce n'est pas lui qui choisit son tra-vail qui peut n'avoir aucun rapport avecsa qualification. Il n'est pas pour autantdispensé de recherche d'emploi. Celle-ciconditionne également l'obtention desallocations. Travail non gratifiant etrecherche d'emploi se conjuguent doncpour exercer sur l'individu une pressionconstante. Il doit fournir une doublepreuve de son « employabilité », le tra-vail nous dit la sociologue étant sacralisécomme support unique du lien social.Le journal cite deux exemples :Daniéla qui a travaillé plusieurs années

dans une usine, se retrouve au chômagequand l'usine ferme. Elle a un petit gar-çon de deux ans et est enceinte de huit

mois quand elle rencontre la sociologue.Elle est « assignée » dans une entreprisede tri de déchets électroniques qui fonc-tionne uniquement avec des sansemplois. Elle passe la journée à démonterdes télés usagées et doit se lever à l'aubepour confier son fils à sa mère. Elle n'osepas dire que son activité met sa grossesseen danger car elle risque de perdre sesdroits aux indemnités.

Claude, électricien de 50 ans, est auchômage depuis plus d'un an. Il est« assigné » dans une université où ilexerce son ancienne activité mais il al'impression que ses collègues luiréservent le sale boulot : « Ce serait plusvalorisant pour moi si je recevais unsalaire. Pendant que je suis ici, c'estquand même l'assurance chômage quipaie, et pourtant pour le patron qui m'em-ploie, je suis un ouvrier, une force sup-plémentaire de travail » !

Cette loi sur l'assurance chômage estentrée en vigueur début 2011 . Elle a res-treint les conditions d'accès à l'assuranceet les indemnités, durcissement quipermet de maintenir un taux de chômageofficiel bas (4,1 %).

Parmi les chômeurs bénéficiaires del'assurance chômage, 1 3,5 % ont étéassignés à une mesure d'occupation etplus de 40 000 ont suivi un programmed'emploi temporaire.La loi ne fixe aucune directive sur le

profil des personnes ni ne définit untemps de chômage à partir duquel cesmesures doivent être imposées.Tout individu au chômage peut, quels

que soient son âge, son sexe, son niveaude formation se retrouver en situationd'assignation à partir du moment où ilbénéficie d'indemnités de chômage.Un exemple à suivre en France et vive

les camps de travail !SAGNA

Au boulot, les feignants ! ! !

Abonnement à Creuse-CitronLes frais d’envoi postaux sont de 1 ,25 € par numéro. Creuse-Citron étant à prix libre, vous pouvez ajouter ceque vous voulez, sachant que le coût de fabrication d’un numéro est de 50 cts.1 an (4 n°) = 5 € (frais de port) + . . . (prix libre) / 2 ans (8 n°) = 10 € (frais de port) + . . . (prix libre)20 ans (80 numéros) = 100 € (frais de port) + . . . (prix libre)Indiquez le nombre de numéros que vous désirez recevoir, libellez votre chèque à l’ordre de Citron Libre etadressez-le à Creuse-Citron, BP 2, 23000 Sainte-Feyre.

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. . . ou esclavage - 5

Salut !

Je vais vous conter une petite histoire moderne. J'ai 56 ans. Je suis au Rsa (j'ai pasde boulot dans mon coin du Cantal, ou si peu). Bref depuis 3 ans, rien. En maim'arrive une bafouille du Conseil général du Cantal me disant de me mettre enrelation avec Pôle-emploi. . . Au bout d'un certain temps (mails. . . ) un mec M. « X. » merappelle (« Ah ! Enfin je vous ai au téléphone » : préambule de politesse) et me poseune série de questions, après m'avoir signifié que non il ne pouvait pas me recevoir àMauriac, que non il ne pouvait pas me prendre en visiophonie pour une entrevue maisqu'on le ferait par téléphone. C'était déjà arrivé, soit ! Entre autres, il me demande sij'accepte d'aller voir dans ce genre de boîte de réinsertion subventionnée (État,Europe et plus si affinités) où l'esclavagisme s'abat sur des gens qui n'ont pas le choix.Je connais ce système, j'y ai déjà bossé dans la Drôme.Bref, au bout d'un temps plutôt long, où je me laisse aller à dire ce que j'en pense, il

me dit : « Alors, vous acceptez d'y aller ? » Je réponds « Oui » (aller voir). Il me filele RV. S'ensuit une discussion oiseuse sur mes CV (« J'les ai, j'les ai pas. . . ») et enfinaimable (« bonsoir ») il raccroche.

La suite ? (avouez que c'est palpitant) . Je vais au rencard le lendemain (c'étaiturgent. . . 5 personnes venaient de quitter la boîte de réinsertion REAGIR à Riom esMontagnes).

Je visite, je discute, je me révolte de ce que je vois, je dis, en gros, « c'est pas pourmoi ». On me dit d'aller à l'ATEMR, j'y go, je prends RV, on m'inscrit (plus tard). Je nerefuse pas le travail.

Eh bien ! Savez-vous que :- je reçois une lettre du Conseil général signée Mme « Y» se proposant de me

suspendre « tout ou partie » du Rsa au titre que « je ne respecte pas les dispositionscontenues dans le Projet Personnalisé d'Accès à l'Emploi » (PPAE) *Quoi ? C'est quoi ça ? Le dernier PPAE que j'ai signé a plus de 6 mois. C'était avec

une autre employée P.E. Et les accords correspondaient à des critères précis.- en répondant « oui » à une ou deux propositions de M. Pôle-Emploi, j'ai signé !

(dixit Mme « Y» ). Et c'est paraît-il légal !!

J'ai contacté des gens de syndicats (CGT) qui n'en savent rien, me renvoient àd'autres. . . J'ai RV en juillet devant le fameux « Conseil ». Je peux me faireaccompagner, mais par qui ?Pouvez-vous m'aider ? Il paraît qu'on est « quelques millions » m'a dit l'AS en

souriant.FraternitéJeanne

* Décision prise par une équipe pluridisciplinaire dont l'assistante sociale qui me« suit » sur le secteur.

Contrat de dupe

LA LETTRE D'UNE LECTRICE DE CREUSE-CITRON, en proie à la politiqued'écrémage de Pôle emploi, que nouspublions ci-contre, illustre parfaitementce que détaille Sagna, à propos de laSuisse, page précédente.Tous les moyens sont bons pour virer

les demandeurs d'emplois et supprimerles allocations du type RSA. Onapprend dans ce courrier qu'un simpleentretien téléphonique peut êtreconsidéré comme un contrat signé !Jeanne s'est vue plusieurs foisrétorquer par des agents du P.E. ou duConseil général : « Vous ne croyezquand même pas qu'on va vous verserdes allocs jusqu'à la retraite ? », sous-entendu la société ne va pas continuer ànourrir des feignants.L'entretien, prévu en juillet, a eu lieu.Jeanne y était accompagnée par unsyndicaliste de la CNT pour la souteniret servir de témoin. Le ton del’entrevue était assez dur et agressif,Jeanne n'a pas eu de suspension duRSA et a été obligée d'accepter unentretien dans une autre boîte deréinsertion, loin de son domicile.

Un comité d'aide aux Érésistes doit secréer dans le Cantal pour accompagnerles gens dans ce type d'entretien et lesaider à résister au chantage au travailforcé qu'on leur fait.Le STO (Service du travailobligatoire) de sinistre mémoire refaitpartout surface en Europe.

Soyez modernes : suivez une formation de délateur social.

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6 - contrôles tous azimuts

Des personnes d'horizons divers réflé-

chissent depuis plusieurs années à ce

que signifie pucer des animaux, c'est-à-

dire les identifier avec une puce électro-

nique, et comment s'y opposer.

CES PERSONNES QUI NE SE SATISFONT pasdes arguments rabâchés (« ce n'est qu'uneidentification de plus ») ont montrérécemment leur solidarité à des éleveurs,soumis aux contrôles concernant le

puçage de leurs bêtes, qui refusent de lespucer et qui risquent, en ne se soumettantpas à cette obligation, de perdre les sub-ventions agricoles qui leur sont absolu-ment nécessaires, aujourd'hui, pour vivreet continuer leur activité. Comme dans laplupart des activités de nos jours, le tra-vail des éleveurs est de plus en plus con-trôlé et normalisé au détriment de leur li-berté et leur autonomie.

Deux éleveurs du Tarn ont ainsi étécontrôlés fin avril dernier par l'admi-nistration sur l'identification de leurs bre-bis et leurs vaches. Ils ont signé endécembre la déclaration de Montferrierdans le cadre de la campagne contre lepuçage électronique des animaux d'éle-vage. De fait, le collectif « Faut paspuçer » a lancé un appel à soutien suiteau premier contrôle et lors du secondcontrôle fin mai 2013, alors même quel'administration, jouant de l'intimidation,leur avait intimé fermement l'ordre de nepas être accompagné de plus d'une per-sonne de leur choix durant le contrôle,c'est 80 personnes qui sont venues cejour-là soutenir les éleveurs. D'autrespersonnes ont manifesté leur soutien enenvoyant un courrier aux instances admi-nistratives chargées des contrôles.

De même en Ariège, courant mai 2013,trois éleveuses refusant le puçage deleurs bêtes, ont subi un contrôle surl'identification de leurs animaux, lesregistres sanitaires, la pharmacie et uncontrôle d'anabolisants sur les vaches.70 personnes, prévenues la veille, étaientprésentes ce jour-là dans la cour de laferme et le contrôle se passa plutôt bienpour les éleveuses.« À nos yeux, le fait que les contrôles

soient affrontés en groupe est un moyenprivilégié de poursuivre cette lutte. Ainsiles réfractaires se sentent plus légitimeset plus forts dans des moments où il leurfaut assumer leur hostilité au puçage faceà l'autorité ; et tous ceux qui se sententleurs complices, à travers par exemple ladéclaration de Montferrier, ont l'occasionde concrétiser leur solidarité.La déclaration de Montferrier a jus-

qu'ici recueilli 40 signatures d'éleveurs/euses, de 10 départements différents.Environ 200 personnes, à notre connais-sance, l'ont signée en tant que complices,et elle continue de circuler. » (Déclara-tion du groupe « Faut pas pucer (mémédans les ordis) ».)

ARMELLEContact : Le Batz, 81140 Saint-Michel-de-

Vax ou [email protected]

Y'en a pas un sur cent et pourtant ils existent. . .

Bussière-Boffy, voyage en Absurdie !

LE JUGEMENT EN APPEL A CONDAMNÉ le 14juin 2013 les yourtes de Bussière-Boffyau démontage sous trois mois, jugementassorti d'une amende de 500 euros et de75 euros d'astreinte par jour passé cedélai (ce qui constitue, pour l'occasion,un loyer de 2 250 euros par mois à per-cevoir par l’État en cas de maintien surles lieux : les yourtes c'est pas pour lespauvres ! ).

Après le jugement de décembre 2013,qui les relaxait des infractions au Codede l'urbanisme ou du tourisme, la Courd'appel consacre ici la préséance du Codede l'urbanisme sur les droits fondamen-taux en s'appuyant sur une jurisprudencede 2012 et une réponse ministérielled'avril 2013 à une question parlementaire

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élagueurs en folie - 7

Collectif des arbresde bords de routes

La CABR s'est constitué au début du

printemps 2013 suite aux travaux

d'abattage et « d'élagage » effectués par

les UTT (unités techniques territoriales)

sur les routes départementales de Creuse

sans conscience professionnelle ni res-

pect dû au milieu naturel. Non pas que

ces défauts de conscience fussent nou-

veaux, mais le Conseil général s'est

depuis peu doté d'engins (dont le lamier)

qui mettent le massacre à portée de tous.

LA VIOLENCE portée au paysage et à lanature fit monter au créneau nombre d'asso-ciations, de particuliers et de professionnelsdu milieu naturel et du paysage. Une pre-mière réunion, tenue à Ahun, fut l'ébauchedu Cabr. (VoirCreuse-Citron, 36).Une entrevue avec le président du

Conseil général, M. Lozach, et les agentsresponsables des UTT et de la sécurité

des routes permit au col-lectif d'exprimer sesdoléances quant au respectdes arbres, des haies, dupaysage et du milieu natu-rel le long des routesdépartementales. Le col-lectif proposa que les UTTprévoient, avant chaqueintervention annuelle (300km de routes chaque fois)

une expertise des arbres remarquables, dela faune et du paysage, ainsi qu'une for-mation à la taille des arbres pour les 200agents concernés. À la suite de cetteréunion, il fut proposé, au sein du collectif,un groupe de travail constitué des associa-tions et de particuliers spécialisés dans ledomaine forestier, dans ceux de la tailledes arbres, de la faune et du paysage.

Au mois de juin ce groupe de travailélabora le synopsis d'un cahier descharges préalable à l'entretien du bord desroutes, comme il en existe déjà dans cer-tains départements depuis plus de 20 ans.Début juillet, une seconde réunion avecles élus et les responsables techniquespermis au Cabr de proposer un certainsnombre d'idées : qu'un comité de pilo-tage, constitué de professionnels aguerris,encadre les interventions des UTT, quesoit bannie l'utilisation du lamier au profitde la taille « manuelle » (avec une tron-

çonneuse), qu'il y ait une vision à longterme de la gestion des arbres et haies desbords de routes, que les courriers adres-sés aux riverains aient une visée pédago-gique plutôt que coercitive afin que leurchoix quant au sort de leurs arbres soitguidé par l'intelligence et le cœur plutôtque par la peur d'une amende ou l'espoird'un profit financier.Les propositions du collectifs furent

accueillies positivement par les élus del'envirronnement et de l'Agenda 21 pré-sents, mais avec nombre de bémols et deréticences par les responsables de la sécu-rité routière, du bitume et du UTT, arguantle manque de budget, la susceptibilité desagents de terrain, l'usure des routes provo-quée par la présence d'arbres, etc.Dès septembre les 6 UTT de Creuse

reprennent le travail et le temps risque demanquer pour construire sur des basessolides une expertise avant travaux, sanscompter les résistances de la pyramidebureaucratique. Il est prévu que le collec-tif rencontre le Conseil général à la rent-rée. Espérons que la graine de conscienceait germé.

P. P. J. (PIERRE, PAUL, JACQUES)

Prochaine réunion du collectif:

le 21 août à 17 h à La Martinèche, par-

king du Centre Martin Nadaud, com-

mune de Soubrebost (23250).

sur les yourtes de Bussière-Boffydont l'implantation date de 2006-2007.

Les inculpés, trois familles en yourtes,et une famille hospitalière qui a prêté sonterrain, ont décidé de porter l'affaire enCour de cassation pour ne pas laisserconfirmer une jurisprudence calamiteuse.Une souscription a été lancée (sur le

site de Halem) pour accompagner finan-cièrement ce recours et soutenir les pro-jets de défense d'habitats alternatifs.

À Bussière-Boffy, ce samedi 20 juillet2013, le maire, J.-P. Barrière inaugurait,entouré du gratin des officiels, la stationde traitement des eaux et l'arrivée du hautdébit par la fibre optique (on notaitd'ailleurs la présence de l'épurateur Veo-lia et celle de l'agent Orange de France

Télécom ! ). Se souvenant de sa promessede campagne en 2008 : « On va nettoyerce village de tous ses marginaux et onfiltrera les entrants », un collectif s'estpositionné face à la mairie où avait lieules discours avec cette banderole :« Bussière-Boffy contre la discrimina-

tion locale et natzionale, un village ou-vert à tous, une terre pour l'humanité. »

Cette petite fêlure dans ce qui ressem-blait à un début de campagne électoraleétait également accompagnée d'un tractrappelant que si la commune s'endette surtrente ans pour distribuer son eau, parl'exclusion de la carte communale, lerefus de compteur d'eau à de nombreusesfamilles constitue une discriminationinacceptable et que cette discrimination

représente un coût conséquent pour lacollectivité.

Après ce happening estival, le calen-drier juridique de Bussière-Boffy sefocalise sur la première décision de lacour de Cassation (vers décembre) et uneaudience très attendue au Tribunal admi-nistratif qui jugera sur le fond d'un troi-sième arrêté interdisant le camping surla zone d'implan-tation des yourtes,arrêté suspendudepuis juin 2012(mais remplacéillico par un arrêtéfantôme, affichémais non effec-tif).

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8 – la gueule vert fluo

Après la représentation de la pièce « L’Impossible Procès » 1, sur un futur accident nucléaire en France,je vous présente ici les bases de l’impossible procès des mines d’uranium du Limousin. Car l’industrieminière – qu’elle concerne l’or, l’uranium ou les gaz de schiste – est avant tout une industrie du déchet.

LES mInERAIS ExTRAITS des roches du sous-sol ne contiennent que des teneurs faiblesen métaux, quelques grammes par tonnepour l’or, 1 ou 2 kg par tonne pour l’ura-nium. Chaque tonne de minerai traitéelaisse donc derrière elle plus de 999 kg derésidus miniers, chimiquement pollués parles produits de traitement. Ici commence labataille des mots : lorsque vous jetez unepile usagée à la poubelle, vous rejetez un«résidu»? non, moi je rejette un déchettoxique.

Pour atteindre ce minerai, il faut aussiextraire des roches « inutiles», pas assezriches pour être traitées, «économiquementstériles»; ces stériles sont laissés sur place,à l’abandon en pleine nature. une minesouterraine produit 1 tonne de stériles pour1 tonne de minerai ; pour les mines à cielouvert, exploitées dans de grandes car-rières, ce sont 10 tonnes de stériles pour 1 tonne de minerai. Et c’est cette dernièreforme d’exploitation qui est en voguedepuis trente ou quarante ans, car elle estmoins coûteuse et – sans doute accessoire-ment – procure de meilleures conditions detravail aux mineurs… Rappelez-vous Zola.mais, quand vous jetez un emballage vide,vous jetez un stérile? non, moi je jette undéchet, souvent sale.Pour 36000 tonnes d’uranium produites enLimousin 2, le CEA, devenu Cogéma puisAréva, nous a laissé 40 millions de tonnesde déchets et 10 millions de tonnes dedéchets toxiques, tous plus ou moinsradioactifs, 1500 fois plus de déchets quede produits ! mais c’est une histoire dupassé et, d’ailleurs, Aréva vient d’ouvrir enHaute-Vienne un musée de la mine. Je suispassé devant le bâtiment – un cube de 30mètres de côté – et je me pose une ques-

L’impossible procès des mines

d’uranium

tion: comment les 50 millions de tonnes dedéchets radioactifs divers vont entrer dansce petit cube? Pour ceux qui ne sont pasbons en calcul, voici un petit indice: 50 mil-lions de tonnes de roche, cela fait 25 mil-lions de mètres cubes, soit l’autoroute entreLimoges et Paris sur 2 mètres de haut!

Il y a donc tout lieu de penser que cesdéchets vont rester stockés sur le territoire,ici et là, au gré de la fantaisie de l’industrieminière, qui n’en manque pas. mais à quoiressemblent ces décharges ? De grandstrous – souvent les anciennes mines à cielouvert – à même la roche. Dans cesdécharges, vous ne pourriez pas vider votrepoubelle domestique, interdit, trop pol-luant! Car ces décharges ne sont même pasaux normes imposées pour les orduresménagères.

De l’uranium, il y en a toujours eu enLimousin, me direz-vous. En effet, mais del’uranium enfoui sous terre, à des dizainesde mètres de profondeur et sous forme deroche compacte, peu altérée par les eaux.L’uranium qui a été extrait, en revanche, seprésente sous la forme de cailloux, concas-sés, remontés à la surface et ayant subitoutes sortes d’attaques acides. on ne parledonc pas tout à fait de la même chose; il ya la même différence entre l’uranium natu-rel et l’uranium extrait qu’entre du café engrains et du café moulu: la couleur qui sortde la cafetière n’est pas la même! Et c’estbien la «couleur» radioactive des eaux duLimousin, des ruisseaux de surface ou descours d’eau souterrains qui sera la préoccu-pation majeure pour les prochains siècles.

mais que fait la police? Je ne parle pas làdes bleus qui nous guettent au bord de laroute ou qui expulsent les Roms; je parledes polices de l’environnement, des

«polices vertes» pour faire moderne. Ehbien, dans le meilleur des cas, elle ne faitpas grand-chose et parfois rien. Il y a plu-sieurs raisons à cela. La première raison estque pour mettre en évidence des pollutions,il faut inspecter, faire du terrain. La seconderaison est que les polices «vertes» ne peu-vent agir qu’en fonction de normes. Pour laradioactivité, les normes sont faites parl’État nucléaire, les établissements publicsnucléaires et l’industrie nucléaire. Ainsi, lamine d’Hyverneresse à Gioux et Crozerejette 1000 fois plus d’uranium que lemilieu naturel? C’est «dans la norme», unpeu comme si la vitesse était limitée à1000 km/h: il y aurait moins de contreve-nants.

Parfois, le risque devient important ou«inacceptable». C’est alors que les servicesde l’État s’activent comme dans un villagede Creuse menacé d’effondrement : ils tra-cent 3 zones, la zone rouge et son cortèged’expulsions, la zone orange où les habi-tants doivent faire des travaux à leurs fraiset la zone verte, qui ne perd rien pour atten-dre. Et c’est aux habitants et aux éluslocaux que l’on demande de respecter et defaire respecter le nouveau règlement. C’estcette situation qui pend au nez de nombreuxvillages miniers dans la région.

Enfin, il paraît que le pire n’est jamais leplus probable. Sauf dans le domaine despollutions industrielles. En 2018, toutes cesanciennes mines seront abandonnées àl’État et aux collectivités territoriales.Quelle chance, vivement les gaz de schiste!

DomInIQuE

1. Le 6 mai 2013 à Tulle et le 21 mai à Limoges.2. Ces 36 000 tonnes alimenteraient nos centrales fran-

çaises actuelles durant un peu plus de deux ans…

Boues radio-actives, retiréesde l’étang de la

Rhode. On attendque l’eau polluées’échappe… où ?

dans le Vincou !(Haute-Vienne,

oct. 2010)

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la gueule vert fluo – 9

Pollutions radioactives autour des sitesd’extraction de l’uranium:trop d’opacité, de lacunes, d’anomalies dans les recensements d’Aréva…

RASSEmBLÉES dans le Collectif minesd’uranium, 14 associations demandent desgaranties et la décontamination complètedes sites aux frais du pollueur.

Le Collectif Mines d’uraniumCréé en août 2012, ce collectif rassembledes associations qui luttent contre les effetsenvironnementaux et sanitaires des activi-tés d’extraction et de traitement du mineraid’uranium en France et au niger. EnFrance, l’exploitation minière a pris fin en2001 mais elle a laissé un très lourd héri-tage de déchets radioactifs et de contamina-tions environnementales. Au niger,l’extraction de l’uranium est, au contraire,en plein développement : aux sites d’Arlit etd’Akokan, en activité depuis les années1960, s’ajoutent désormais la mine d’Aze -lik et bientôt l’exploitation de l’immensegisement d’Imouraren.

Venant de différentes régions (Bretagne,Pays de Loire, Limousin, Auver gne,Bourgogne, Rhône-Alpes), des représen-tants de 11 des 14 associations partenairesont fait le déplacement jusqu’en Corrèze.Le président d’Aghir in man n’a pas pu,cette année, quitter le niger mais les travauxet projets de l’association ont été présentéspar Les amis d’Aghir in man. Par ailleurs, lecollectif s’est enrichi depuis 2012 de deuxnouvelles associations (VPEG, de Saône-et-Loire, et SDn Trégor, des Côtes d’Armor)et une 3e (association Vites du Lot) ademandé à rejoindre le collectif.

Les 18, 19 et 20 mai 2013, le collectifmines d’uranium s’est réuni à Auriac, enCorrèze, à l’invitation de l’associationlocale Adex. Ces trois journées d’échangeet de travail ont permis de déterminer lesActions prioritaires des prochains mois :

PREMIER AXE: LES STÉRILES RADIOACTIFSCes déchets radioactifs générés parl’extraction du minerai d’uranium ont étélong temps méconnus. Ils ont été accumulésdans des verses, sans contrôle ni clôture, oudisséminés dans le domaine public, utiliséscomme remblais pour la construction deroutes, de plates-formes, de cours de ferme,voire même en soubassement de bâtimentsou dans des murs d’habitation! En juil-let 2009, en réaction à la diffusion du docu-mentaire La France contaminée 1 qui

rendait compte du travail réalisé par laCriirad et les associations loca les, les autori-tés ont publié une circulaire 2 obligeantAréva à recenser, sous deux ans, les lieux deréutilisation des stériles. Près de quatre ansse sont écoulés et l’on est encore très loin ducompte.

Recensement des sites contaminés:trop d’opacité et trop d’erreurs!

– manque de transparence: les associa-tions doivent se battre pour obtenir com mu -nication des documents. Elles demandent unaccès aux cartes brutes établies par Aréva àpartir des relevés radiamétriques héliportés,aux données d’interprétation, ainsi qu’auxrésul tats des mesures effectuées au sol, encomplément des relevés aériens ;

– manque de fiabilité des résultats. Lesvérifications effectuées sur la base des résul-tats disponibles révèlent des problèmesmétho dologiques préoccupants, des lacunesincompréhensibles (ex. de la digue de Saint-Privat), des imprécisions inacceptables (desécarts de 200 m sur des localisations…).

Traitement des sites contaminés: trop peu, trop lentement!

Les associations se sont prononcées unani-mement pour une décontamination com -plète des secteurs concernés. La périoderadioactive de l’uranium 238 étant de4,5 milliards d’années, le temps ne réglerarien, bien au contraire. Les problèmes nedoivent pas être reportés sur les générationsfutures. Les travaux de décontaminationdoivent être strictement encadrés et contrô-lés : trop de sites considérés comme assainispar Aréva présentent des pollutions rési-duelles problématiques (ex. du site du Para -dou). En application du principe pollueurpayeur, les frais d’assainissement doiventêtre à la charge de l’industriel, en l’occur-rence Aréva, tant qu’il est solvable. Il fautque les États (France et niger) établissentdes règles claires, préservant les intérêtssanitaires et environnementaux, car lesassociations s’épuisent dans des combatsinégaux avec le pollueur.

DEUXIÈME AXE : LES INSTANCESDE CONCERTATION ET DE DIRECTION

Les participants ont tous souligné l’im pé -rieuse nécessité d’obtenir un minimum degaranties dans le fonctionnement des com-missions locales instaurées (ou qui vont êtreinstaurées) autour des anciens sitesd’extrac tion ou de traitement du mineraid’uranium. Le retour d’expérience des asso-

ciations membres de CLI et autres CLIS meten lumière rétention d’information, comptesrendus biaisés, manipulations et autres dys-fonctionnements. Le collectif mines d’ura-nium ne veut ni chambres d’enregistrementni commissions alibis. Associations et éluslocaux doivent pouvoir intervenir dans leprocessus de décision. Le collectif devraitexploiter une faille dans le dispositif juri-dique. En effet les CLI (Commissionslocales d’information) sont réservées auxInstal lations nucléaires de base (InB), et lesCSS (Commissions de suivi de site) aux ins-tallations classées pour la protection de l’en-vironnement mais hors activités nucléaires(cf. Code de l’environnement). Aucune deces deux instances ne peut donc être instau-rée autour des anciennes mines d’uraniumou des stockages de stériles ou de résidusd’extraction qui sont incontestablement des«activités nucléaires » mais sans être pourautant des InB. Ce vide juridique pourraitpermettre la création d’une structure où lesrapports de force seraient moins déséquili-brés et les règles de fonctionnement plusdémocratiques.

un cahier des charges doit être élaborépar le collectif mines d’uranium au coursdes prochaines semaines. Il servira de baseaux demandes qui seront adressées auministère de l’Environnement et àl’Autorité de sûreté nucléaire. Les autoritésauront ainsi la possibilité de démontrer queleurs déclarations en faveur de la participa-tion des parties prenantes ne se résumentpas à des opérations de communicationsans réel contenu.

• Collectif mines d’uranium: Arlette maussan, tél. 04 7059 73 50• Criirad : Bruno Chareyron et Roland Desbordes,

tél. 0475418250. http://www.criirad.org• Liste des associations membres du

Collectif (mai 2013).Plus d’infos :• Reportage diffusé sur France 3

Limousin : http://limousin.france3.fr/2013/05/20/un-collectif-mine-d-uranium-se-forme-pour-connaitre-les-zones radioac-tives-de-la-region-254635.html

• Compte rendu préliminaire (relevésradiamétriques et réunion publique) auxréunionss des 18-20 mai 2013.

Collectif Mines d’uranium

Communiqué du 6 juin 2013

1. Documentaire diffusé en février 2009 dans le cadrede l’émission Pièces à conviction.

2. Circulaire du 22 juillet 2009 sur la gestion desanciennes mines d’uranium, signée du ministre de l’Écolo-gie et du président de l’Autorité de sûreté nucléaire, réfé-rencée DGPR/SRT/mSnR/Sn/2009.132.

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10 – capitalisme à la poubelle

Du sang neuf

La scène, authentique, sedéroule dans une PMEemployant une vingtaine desalariés, dans le secteur de latransformation de produitsagroalimentaires, mais ellepourrait se passer exactement dela même façon ailleurs, dans untout autre domaine d’activité…

L’EnSEmBLE Du PERSonnEL vient d’êtreconvoqué pour une réunion importante.Depuis quelque temps, des bruits courent,et à l’incertitude se mêle un certain fata-lisme doublé d’un sentiment de résigna-tion du type : «nous savons bien que cen’est pas nous qui décidons… » Aprèsquelques formules convenues, prononcéessur un ton embarrassé, le patron dévoileenfin le secret de polichinelle. Au terme d’une carrière rondement menéeet d’une vie entièrement consacrée au travail et à l’accumulation de profits malpartagés, le bonhomme, mi-paternalistemi-père fouettard, prend une retraite bienméritée, et annonce qu’il vient de vendreson entreprise. Il présente succinctementles repreneurs : il s’agit d’un groupe d’in-vestisseurs qui possède déjà une dizainede structures semblables à celle-ci. Selonlui, il a sélectionné les successeurs les plusà même d’assurer la pérennité de lasociété. mais il y a fort à parier qu’il acédé son affaire au plus offrant, l’idée que

ses salariés puissent envisager de prendrela suite en créant une SCoP ne lui a mêmepas effleuré l’esprit, tant il croit au pou-voir des décideurs et de l’argent roi.

Les quatre actionnaires principaux de cemystérieux groupe ont fait le déplacementpour l’occasion. Jeunes, environ la tren-taine, dynamiques et souriants, ils se pré-sentent rapidement. Puis, percevant uneinquiétude palpable chez les salariés, ilsadoptent un discours rassurant, tout enrestant fermes sur les objectifs visés. Pourcela, ils commencent par flatter l’assis-tance, en félicitant les employés pour laqualité de leur savoir-faire, le dévouementet l’implication dans le travail, et souli-gnent l’existence d’une véritable cons -cience professionnelle. Il n’y a pas à dire,les bougres savent caresser dans le sens dupoil et amadouer leur petit monde. Ils ras-surent encore, en affirmant que toutes lesentreprises qu’ils ont rachetées se sontdéveloppées, tant en terme de chiffre d’af-faires que d’effectifs ; ils ne viennent pasavec l’intention de licencier le personnel.n’ayant aucun moyen de vérifier les chif-fres encourageants cités par le spécialiste,les salariés se contentent d’écouter poli-ment. Certains, cependant, se prennentdéjà à rêver d’augmentations de salaires,de treizième mois, de primes et autresavantages, qui pourraient leur tomber toutchauds entre les mains sans qu’ils aient àles réclamer ou à se battre pour les obtenir.Les nouveaux dirigeants précisent, cepen-dant, que les récompenses seront accor-dées en fonction des efforts consentis, aucas par cas ; une sorte de «donnant-don-nant» – qui ne peut être qu’un marché dedupes, puisque conçu sur des rapports iné-galitaires. Puis ils rajoutent que le déve-loppement de la société passe avant toutpar une réorganisation des méthodes deproduction : il faut abandonner certainespratiques artisanales – certes pas toujoursbonnes –, pour aller vers un processusindustriel soi-disant plus efficace etrationnel. Ils savent, par expérience, quetous ne s’adapteront pas, et qu’il y auraforcément des changements parmi le per-sonnel. Pour rester, il faudra adopter lapolitique de l’entreprise. Après ces«bonnes paroles », chacun retourne à sonposte, les commentaires vont bon train.

Les uns franchement inquiets prétendentavoir mangé leur pain blanc, les autrescarrément enthousiastes espèrent des évo-lutions, mais tous ont la certitude qu’unepage vient de se tourner.

Dans un premier temps, la situation nebouge pas vraiment. Quelques améliora-tions sont apportées avec l’installationd’un nouveau matériel, et la mise enœuvre de meilleures pratiques en matièrede respect des règles d’hygiène. Ce qui ensoit n’est pas une mauvaise chose et deve-nait même une nécessité. Puis la gammedes produits fabriqués est restreinte, cer-taines recettes jugées pas assez rentablesou trop compliquées à réaliser sont aban-données. mais, progressivement, de façoninsidieuse, sans que l’on puisse dire à quelmoment exact, le système bascule,l’ambiance générale se dégrade. Le mana-gement accomplit sa mission de rationali-sation et de normalisation à outrance. Toutdevient une succession d’ordres à exécuteret de règles imposées sans aucune discus-sion. une quantité impressionnante defiches de suivi à remplir vient se rajouter àla charge de travail déjà conséquente. Il enrésulte qu’une partie non négligeable de la production étant considérée « nonconforme» doit être jetée. Ainsi, des ali-ments parfaitement sains, mais ne faisantpas le poids, présentant des défauts visuelsou approchant de la date limite deconsommation, finissent dans la benne àordures, alors qu’ils pourraient être bradésou donnés à des organismes caritatifs.C’est à croire que l’on préfère engraisserles rats plutôt que de nourrir les précaireset leurs familles. À ce moment-là, certainsouvriers éprouvent le sentiment de malfaire et culpabilisent, alors que ce sont lesméthodes de travail et les exigences dequalité qui ont changé.

Les rapports, déjà tendus, se durcissentencore un peu plus avec une individualisa-tion des tâches et la mise en concurrencedes uns avec les autres. Il faut de la quan-tité, la pression se resserre à tous lesniveaux. Le travail est clairement séparéen lignes de production indépendantes etpostes attitrés. Si le rôle de chacun s’enretrouve mieux défini, il en ressort parfoisune impression d’isolement propice àl’exacerbation des jalousies et autres

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capitalisme à la poubelle – 11

rancunes. Les disputes sont presque quoti-diennes et touchent autant les bureaux quel’atelier : un jour, un intérimaire et un sala-rié en viennent presque aux mains ; unautre, une ouvrière surmenée quitte sonposte en pleurant… Sans oublier les rap-pels à l’ordre destinés à calmer les « mou-vements d’humeur ». Ceux qui osent serebeller se retrouvent dans le bureau dudirecteur, où celui-ci leur explique poli-ment qu’il ne peut tolérer de tels compor-tements, et que, lorsque l’on a la chanced’occuper un emploi, à l’heure actuelle,on essaie de le garder, puis il termine enprécisant qu’il reste ouvert au dialogue. Lecontrevenant retourne ensuite à sa place,bien heureux de s’en tirer avec un simpleavertissement oral.

Alors, à défaut d’élaborer un projet col-lectif de lutte, faute d’entente et d’exis-tence de conscience de classe, chacun secherche une solution. Les plus âgés espè-rent patiemment la retraite. Les plus chan-ceux, celles et ceux qui ont l’opportunitéde trouver un autre emploi, démission-nent ; en fait, il s’agit, au début, des plusdiplômés, à savoir principalement le per-sonnel administratif. Quant aux autres, ilsserrent les dents et tentent de s’accommo-der au mieux de leur sort. malgré le travailingrat et les relations souvent difficiles, ilsne manquent pas une occasion de plaisan-ter, tout est bon pour échapper, même l’es-pace d’une ou deux minutes, à l’étau quise resserre.

Voici presque un an et demi que l’entre-prise a changé de main. Aujourd’hui, il y aune nouvelle réunion. Encore une, c’estdevenu une habitude, la société a attrapé la « réunionnite». Le directeur en placedepuis quelques mois, décrit la situationqui, selon lui, évolue dans le bon sensavec la mise en place d’une nouvelle orga-nisation conforme aux attentes du grouped’investisseurs. Il félicite une équipe pourson implication et incite les autres à suivrele bon exemple, puis reparle de récom-pense pour les plus méritants. Ensuite, ilaborde un sujet qui préoccupe plus oumoins tout le monde. En effet, un desouvriers ayant plus de vingt ans d’ancien-neté vient de donner sa démission. Àécouter le discours officiel, cela ne sembleposer aucun problème ; il est tout à fait

normal de changer d’employeur, ça per-met d’enrichir son expérience profession-nelle et d’évoluer. Le départ de ce salariéexpérimenté, polyvalent et particulière-ment obéissant (pour ne pas dire plus…)n’est pas un souci, et d’ailleurs, si d’autresne sont pas satisfaits, la porte est grandeouverte. Pour conclure, le directeur secontente de rajouter que l’entreprise abesoin de « sang neuf ». Dans les rangs, onencaisse en silence. un esprit chagrin sedit alors qu’en guise de sang, il nes’écoule plus dans ses veines encrasséesqu’un liquide fatigué saumâtre et vis-queux, un vieux jus de prolétaire dont laDLC * arrive à expiration. mais peuimporte, suite à cet aparté, le travailreprend. Si certains se pensaient encoreindispensables à la bonne marche de laboîte, les voici rassurés ; ils peuvent pren-dre congé ou se voir poussés vers l’exté-rieur, sans que cela n’entrave les rouagesde cette mécanique infernale.

Cependant, quelques heures plus tard, lecollègue démissionnaire se voit convoquéau bureau pour un tête-à-tête avec la direc-tion. Après réflexion le ton a changé. Ledirecteur lui rappelle la dure réalité dumarché de l’emploi, et le met en garde surles conséquences en cas d’échec dans sonprojet. Puis il reconnaît à demi-mot quec’est ennuyeux de laisser partir un si bonélément conciliant et toujours disponible.Le propos a changé de nature, il ne s’agitplus de recruter du sang neuf, maisd’essayer de retenir les compétences et lesavoir-faire. malgré cette odieuse tenta-tive de déstabilisation, le salarié a main-

tenu sa décision et s’en est allé se faireexploiter ailleurs, où, semble-t-il, lesconditions sont encore pires.

Amputée d’un autre membre, l’entre-prise démantibulée poursuit sa route entitubant dans la même direction. La réor-ganisation continue et ses conséquencesdésastreuses également. Rien ne sembleen mesure d’ébranler les certitudes de sesdirigeants, ni l’épidémie de démissions(un quart des effectifs en un peu plus d’unan), ni le chiffre d’affaires en chute libre.Cet exemple de restructuration à marcheforcée concerne le passage raté d’unePmE de l’artisanat à l’industrie, mais onpourrait retrouver les mêmes causes pro-duisant les mêmes effets, aussi bien dansla restructuration des grandes entreprisesde l’industrie ou du commerce, que dansla réforme du service public. Partout, lesnouvelles méthodes de management,mises en œuvre au nom de la sacro-sainteproductivité, déshumanisent les relationsprofessionnelles. Partout des hommes etdes femmes se retrouvent isolés, cassés etbroyés par un système où les lois de lafinance prennent le pas sur le simple bonsens et le respect de l’autre.

or, la dégradation des conditionsd’existence dans le monde du travail estavant tout un problème global qui ne peutse résoudre seul avec des solutions indivi-duelles, mais bien collectivement, d’abordpar une prise de conscience, et ensuite par des luttes communes organisées etsolidaires.

STÉPHAnE

*Date limite de consommation.

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Pouvez-vous vous présenter et nous direquel est votre projet sur ce lieu?

– nous habitons en Creuse depuis trente-trois ans et venons de redémarrer sur unnouveau lieu, les Ribières (com mune de LaCelle Dunoise). nous avons acheté ce ter-rain et construit le bâtiment en 2008-2009puis, dans la foulée, créé une activité de«jardin-restaurant». Cette activité est dansle prolongement de tout ce qui a un senspour nous: le jardin (nous avons toujoursjardiné), la nature, la cuisine, une certainequalité de vie ici. En fait nous sommes par-tis de ce qui nous faisait plaisir, nous défen-dons à travers notre projet et notre manièrede vivre une certaine idée de la ruralité por-teuse de sens et de nouvelles valeurs.C’est une activité à temps plein?

– Pour Henry, c’est une activité à tempsplein qui comporte deux volets. un voletproduction de légumes pendant lasemaine, et un volet restaurant qui nefonctionne que le week-end, en pleine sai-son, les vendredis et samedi soirs et ledimanche midi. Ça n’a donc rien à voiravec un restaurant classique, on est trèspeu ouverts, car en amont, on produit demanière très artisanale, en agriculture bio-logique, tout un tas de légumes et d’herbesaromatiques. nous avons voulu associerl’alimentation, la partie restauration,direc tement à un jardin potager aveccomme intérêt notamment la proximité, lafraîcheur, la diversité. nous sommes auto-suffisants et refusons tous les aliments tra-fiqués, traités et industriels.

notre idée de jardin-restaurant est sous-tendue par une conception ouverte de laruralité, par exemple en cultivant deslégumes autres que ceux habituellementcultivés en Creuse : il faut savoir s’ap -puyer sur la tradition pour l’enrichir par denouveaux apports.Tu dis que vous êtes autosuffisants. Est-ceque cela inclut également le restaurant?

– on a une période difficile en mai-juin.Contrairement à ce que les gens peuventpenser, on n’a pas de problème en hiver caron a tous les légumes d’arrière-saison, de

conservation, les légumes racines ; on aaussi moins de clients en hiver… Au prin-temps, c’est plus difficile : on complèteauprès de maraîchers bio, mais l’autosuffi-sance reste un objectif. Aujourd’hui lesgens ne connaissent plus les légumes d’ar-rière-saison et de conservation, ils sonthabitués à manger des tomates en décem-bre, ils ne mangent plus de haricots secs, delentilles, de pois cassés. Avec tout cela, plusles courges, les betteraves, les panais, lescarottes, les navets et autres légumesracines, sans compter les légumes feuilles,les salades d’hiver, bref on a d’infinies pos-sibilités de cuisiner, même en hiver.

Auparavant nous faisions le jardincomme la plupart des gens, pendant la bellesaison, en commençant au mois de mai,après les saints de glace. Tout se terminanten octobre. on attendait impatiemment leprintemps pour avoir nos premièressalades, alors que maintenant, cet hiver,nous avons eu tout le temps de la salade.Chaque année on arrive à augmenter la pré-cocité, on joue beaucoup sur la diversité, onacclimate les plants, on les protège, on aaussi une petite serre de 18 m2. nous nesommes pas à l’échelle des maraîchers,nous sommes jardiniers.Donc, vous ne commercialisez pas voslégumes?

– non, nous ne produisons que pournotre propre consommation et pour le res-taurant. À part quelques haricots au sel,nous n’avons pas de quoi faire desconserves, le restaurant prend tout. Et puisquand on essaye de produire toute l’année,on a moins besoin d’engranger pour l’hiver.on laisse beaucoup se ressemer les plantesqui s’acclimatent et poussent ainsi beau-coup mieux. Il n’y a pas plus simple, moinscoûteux et plus efficace que ce concept dejardin biologique. Bien sûr, il faut arrêter defaire le jardin en rangs d’oignons et de tra-quer tout ce qui dépasse. Quand des saladesmontent nous les laissons fleurir et grainerpour qu’elles se ressèment. nous connais-sons des jardiniers qui n’ont jamais vu lesfleurs de leurs légumes!

J’ai vu sur votre site que vous étiez certi-fiés AB par Ecocert et que vous avez laissétomber.

– nous sommes des militants de l’agri-culture bio, mais ce qui nous intéresse c’estle bio au sens de la proximité, du naturel,du vrai. Le bio qu’on traite et emballe pourlui faire parcourir des milliers de kilomè-tres est très discutable. Dès l’installation,nous avons demandé la certification Éco -cert, cela a duré trois ans, avec deux contrô -les par an (un sur rendez-vous et uninopiné) effectués parfois par des gens quine connaissaient rien au jardin. Il n’y avaitpas de cahier des charges pour la restaura-tion bio, il suffisait de dire que les légumesvenaient d’un jardin qui, lui, était certifié.

En 2012, un projet de cahier des chargess’est profilé, ça nous a intéressés et nousavons demandé la certification Ecocert :devis, facture, paiement. Ecocert envoiechaque année une facture au printemps, onla paye et on attend les visites de contrôle.En 2012, nous aurions donc dû avoir4 visi tes de contrôle, l’année se passe,aucune nouvelle, pas de rendez-vous. Enoctobre, mois de congé pour nous, je pro-pose par courrier à Ecocert, puisque lesvisites n’ont pas eu lieu et qu’il semble dif-ficile d’en faire 4 en novembre-décembre,de reporter tout ça en 2013 y compris lepaiement effectué. Cela a déclenché unforcing pour effectuer les contrôles tout desuite. Ils ont eu une attitude vraimentdominante, ne nous ont pas répondu parcourrier. nous avons compris que même siles contrôles ne pouvaient pas se faire, lepaiement étant encaissé, c’était plié pour2012 et il faudrait repayer en 2013.moralité : nous avons résilié le contrat quinous liait. À la limite, si nous n’avions riendit, comme nous avions payé, nous pou-vions utiliser le label AB alors que rienn’avait été vérifié ! Dans le systèmeéconomi que actuel, tout se récupère etaujourd’hui, dans le bio, il y a beaucoup àméditer : 80% du bio est importé par lesmêmes groupes agroalimentaires quicontribuent à la déforestation de la planète.

« Utopaille », c’est le nom donné par Henry et Béatrice Nguyen à leur maison bioclimatique en paille, auto-construite, qui sert de cadre à leurs activités de jardiniers et de restaurateurs… quelque peu hors normes.

Utopaille, Utopaille, un jardin-restaurant un jardin-restaurant bio-écologiquebio-écologiqueen Creuseen Creuse

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mauvaises fréquentations – 13

maintenant nous nous sommes rappro-chés de nature et Progrès qui a créé le pre-mier cahier des charges bio, qui a unedémar che associative et participative trèséloignée de la démarche commercialed’Ecocert où tout se résume à payer pouracheter un label.N’ayant plus le label AB, comment pré-senter votre restaurant?

– Depuis trois ans nous étions référencés,sur Internet en particulier, comme «restau-rant bio», concept auquel nous tenons beau-coup. Du jour au lendemain nous n’avionsplus l’autorisation d’utiliser la qualification«bio»! Du coup nous avons déposé lamarque « jardin-restaurant bio-écologi -que», qui souligne bien que pour nous lanotion de bio est secondaire par rapport à lapratique écologiste, où les légumes que l’oncuisine ont été cueillis le matin, n’ont pasété emballés ni transportés.Ça n’a donc rien à voir avec les normesdes restaurants bio?

– non. Et nous ne le regrettons pas, carlorsque nous nous sommes penchés sur lecahier des charges des restaurants bio,nous avons tout de suite compris que çaaller coincer. Là, nous nageons en pleinebureaucratie. Il peut y avoir des restau-rants « un peu », « moyennement » ou«carrément» bio ! Les restaurateurs doi-vent déposer toutes leurs recettes, avec laliste de tous les ingrédients ! Auparavant ilsuffisait d’indiquer clairement quels ingré-dients bio étaient utilisés, les légumes cheznous par exemple. En Limousin quatre oucinq restaurants pouvaient s’affichercomme restaurants bio. Aujourd’hui il n’yen a plus un seul.Tu n’as plus le droit de dire « restaurantbio» parce que tu ne payes pas Ecocert !

– Parce que tu ne payes pas, effective-ment ! Et parce que tu ne veux pas passerton temps à remplir des papiers, sauf àfaire tout le temps le même menu, ce quiest impossible quand tu dépends de tonjardin et aussi de ton feeling : tu ne metspas toujours la même épice. C’est là où onvoit les dangers de ces tentatives de nor-malisation, qui, même si elles partent debonnes intentions, finissent par enfermerles gens et leurs pratiques pour les fairetous rentrer dans le même moule, alorsqu’on a tellement besoin d’imagination,de création de choses nouvelles, de chosescomplémentaires.

Chez nous, les gens qui viennent man-ger, ne savent pas ce qu’ils vont manger !nous avons appelé ça un «menu de décou-verte». on leur dit : faites-nous confiance :

d’une semaine à l’autre les cho ses chan-gent, la semaine dernière les tomatesn’étaient pas mûres, cette semaine oui,donc le menu est différent. Ce menu estbasé sur la saisonnalité et sur un rapport deconfiance, on ne vient pas que pour faireun acte de consommation, on vient aussipour découvrir, pour être surpris. noussommes donc à deux mille lieues de passerdes heures à écrire des recettes pour obte-nir un label.Sur votre site vous donnez en exemple desmenus carnés, quelle est votre positionpar rapport au végétarisme?

– Historiquement nous ne sommes pasvégétariens parce que nous sommes desenfants de la campagne, nous continuons àconsommer des viandes de qualité pro-duites à la ferme, mais nous réfléchissons ànos pratiques et comprenons complètementque des gens puissent être végétariens pourtout un tas de raisons, y compris pour desraisons diététiques. mais, dans la manièrede présenter les choses nous avons dû met-tre en relief le fait que nous n’étions pas unrestaurant exclusivement végétarien, parceque dans les premiers reportages qui ont étépubliés sur nos activités, du fait qu’on estun restaurant bio, on nous a automatique-ment accolé l’étiquette «végétarien»! Il estvrai que dans nos assiettes, les légumessont plus mis en valeur que la viande, avecplus de légumes et moins de viande quedans un resto traditionnel. En fait, nous ser-vons souvent sur demande des menusvégétariens, par contre nous avons plus demal en cuisine avec des menus végétaliens.Finalement notre offre est un peu para-doxale, les gens ne savent pas ce qu’ilsvont manger mais lorsqu’ils réservent nousleur demandons ce qu’ils n’aiment pas,s’ils ont une allergie, s’ils sont végétariens.

nous sommes passionnés de végétaux etpensons qu’il y a énormément de choses àdécouvrir et à redécouvrir. nous faisonsbeaucoup de mesclun, y compris avec tout

un tas de végétaux, de feuilles, qui ne sontpas des salades (pimprenelle, arroches,chénopode, pourpier, baselle etc.).Quelle est votre clientèle?

– nous essayons d’être le plus clair et leplus honnête possible par rapport à ce quenous proposons. nous voulons avoir duplaisir dans ce que nous faisons, nousessayons de satisfaire des gens qui ontnotre sensibilité ou d’aider des gens quiont une démarche de réflexion et de curio-sité sur la nourriture. Par exemple nousavons fait des menus végétariens pour desnon végétariens curieux de découvrir cettecuisine. on n’a donc pas vraiment ciblé declientèle, mais on a souhaité expérimenterdes relations différentes au jardinage, à lacuisine et aux gens.Donc le restaurant marche bien?

– Il marche relativement bien, la périodehivernale est très calme, on ferme troismois par an, le mois de mai parce qu’àcette époque on n’a pas grand-chose, lemois d’octobre, et du 15 décembre au15 janvier. Financièrement ça marchebien, dans le cadre que nous nous sommesdonné : faire quelque chose de ciblé, dequalitatif, de petit, ne pas avoir de chargesimportantes en investissements. Au niveauprofessionnel on n’a pas d’équipementcoûteux, on travaille d’une manière fami-liale, comme dans une table d’hôte parexemple. on sert 15 personnes maximum,on n’a pas de cuisinier ni de serveur. onessaye d’avoir une activité vivrière auto-nome. Dans le même esprit nous avonsconstruit nous-mêmes la maison (bois etpaille). Quand nous nous levons le matinnous n’avons ni loyer à payer, ni dette àrembourser, ni salaire à provisionner !Comme nous travaillons uniquement surréservation, nous évitons le gaspillage, lesstocks à gérer, nous n’avons besoin ni dechambre froide ni de surgélateur.

En résumé, nous sommes passionnés parune recherche d’alternatives et, pourquoi

pas, d’utopies concrètespour participer et con -tribuer au monde dedemain.

UTOPAILLELes Ribières 23800La Celle dunoiseTél. 05 55 63 74 45http://www.utopaille.fr

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14 – mondialisation numérique

La barbarie qui vient…

Notes complémentaires sur l’informatisation du monde

Dans le numéro 35 de « Creuse-Citron », une note de lecture étaitconsacrée au livre « La Libertédans le coma » du groupe Mar -cuse, et à la critique de l’informa-tisation-numérisation toujoursplus poussée de la société.Il faut conseiller, sur le mêmesujet, la lecture du livre de CédricBiagini, « L’Emprise numé rique.Comment Internet et les nou-velles technologies ont colonisénos vies », paru récemment auxéditions L’Échappée.

L’ouVRAGE EST ComPoSÉ à partir d’unevaste somme documentaire : expériencesdirectes et témoignages, études scienti-fiques de psychologues et sociologues, statistiques, textes critiques ou apologé-tiques, articles de presse (l’ampleur dutexte – plus de 400 pages – liée à son ambi-tion d’exhaustivité, lui fait malheureuse-ment perdre quelque peu en lisibilité).

Il s’emploie à décrire en détail en quoices nouvelles technologies sont toxiques etsont en train d’«éduquer» à leur manièreles nouvelles générations avec des consé-quences qui sont – absolument sans aucundoute possible – catastrophiques pour lespossibilités de la liberté et de la responsa-bilité individuelle, donc de tout éventuelmouvement émancipateur à venir.

une place importante est accordée dansle livre à la prospective – et en tout cas à ladescription du présent immédiat, dans undomaine où les choses évoluent très vite. Ilfaut bien sûr toujours rester prudent enmatière de prévisions, mais les hypothèsesavancées ici sont convaincantes et bienétayées : elles indiquent vraisemblablementla direction générale que nous prenons.

Ce qui est donc en cours, c’est notam-ment la liquidation radicale de toute la«vieille culture» – notamment la cultureécrite – à travers elle, le langage ; et doncles facultés humaines qui en dépendent.

Dans le roman de Georges orwell,1984, un système totalitaire entreprend detransformer délibérément et en profondeurle langage, de créer une « novlangue» quiserait constituée de telle manière que l’onne pourrait plus seulement dire, ni penser,les idées interdites, comme celles deliberté, d’individu, etc.

Depuis soixante et quelques années,divers totalitarismes politiques, puis la cul-ture de masse des « sociétés démocra-tiques», ont mis partiellement en pratiquece programme. Les nouvelles technologieset notamment l’Internet sont en train de leréaliser dans des proportions inédites.

Tout le monde le voit plus ou moins ;cela progresse à une vitesse fulgurante – eten même temps pas partout à la mêmevitesse : beaucoup de secteurs de la sociéténe se transforment que relativement lente-ment, en traînant les pieds.

nous sommes en quelque sorte dans unesituation de « double pouvoir » qui pour-rait donner l’illusion confortable que lesconséquences de cette prolifération numé-rique sur la psychologie et les facultés nesont pas si radicales, qu’une coexistencesur le long terme « de l’ancien et du nou-veau » serait possible. C’est vraisembla-blement une illusion.

L’ancien dont il est ici question : l’écritet le langage élaboré, la pensée approfon-die et personnelle, l’individu qui existe enlui-même avant d’exister comme image,représentation – comme spectacle ; desrap ports humains non médiatisés et faus-sés par des machines ; tout cela va êtretoujours plus condamné à survivre aumieux comme marge, comme résidu plusou moins clandestin et désarmé (on medira bien sûr qu’il en est déjà ainsi).

on peut penser qu’«aucun siècle ne serajamais tellement déshérité par le ciel qu’ilprésente le genre humain tout entier telqu’il le faudrait pour le despotisme »(Benjamin Constant, 1817).

Il n’empêche ! Aucune renaissance dessociétés humaines, aucune perspectived’avenir, aucune solution réelle aux pro-blèmes démesurés qui se posent aujour -d’hui (écologiques ou sociaux) ne

semblent concevables sans s’appuyer surcet « ancien ».

C’est peu dire qu’elles seront renduesencore plus difficiles par la proliférationnumérique et l’éducation des nouvellesgénérations dans la poubelle qui a nomInternet.

Dans L’Emprise numérique, une desanalyses les plus convaincantes concernel’opposition entre « l’attention soutenue»que présuppose et exige la lecture linéairede textes longs, propres à la culture pré-numérique, et « l’hyperattention » (leterme est formé par analogie avec leconcept psychopathologique d’hyperacti-vité) auquel éduque la fréquentationd’Internet et consort – caractérisée par lafragmentation et la succession rapide depoints d’attention différents.

Dans un article intitulé « Est-ce queGoogle nous rend idiot ?», nicolas Carr adéjà exposé comment la fréquentationd’Internet lui avait progressivement rendudifficile la lecture de textes longs et exi-geant une concentration soutenue (alorsque Carr est un universitaire appartenant àune génération encore formée par la lec-ture traditionnelle). une fois n’est pas cou-

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tume, ce sont les neurosciences et autressciences cognitives qui sont ici appelées àla rescousse pour décrire précisément lestransformations de nos facultés sous l’ef-fet de l’informatique (pour une foisqu’elles servent à autre chose qu’à lapolice, on aurait tort de se priver).

Pour mesurer les conséquences sur lesfacultés d’une technologie, il ne faut pasobserver ce qu’en font ceux qui ont étéformés avant l’apparition ou l’hégémoniede cette technologie (par exemple ceuxqui ont appris à lire, parler et penser avantla généralisation du numérique), mais biende quoi sont capables ceux qui n’ont rienconnu d’autre et ont été intégralement for-més par ça. Ce qui ne saurait plus tardervu le programme d’informatisation àmarche forcée de l’école (dès la mater-nelle) et l’omniprésence de ces machinessous toutes leurs formes entre les mains etsous les yeux des plus jeunes (voir toute lapremière partie du livre de Biagini).

Il est certain que « la vraie vie» va êtredégradée et appauvrie dans des propor-tions considérables par la généralisationdu numérique. La persistance de qualitéset de facultés humaines dignes d’estime,comme la pensée libre ou la sensibilité, ettant d’autres choses impossibles à évoqueren quelques mots, deviendra toujours plusun effort et une conquête sur le cours deschoses et l’omniprésence des machines etdu virtuel. Bref, les choses les plus élé-mentaires et « infrapolitiques », seulementcommunément humaines jusqu’à récem-ment, sont amenées à devenir en elles-mêmes déjà difficiles d’accès : nouspartons de toujours plus bas.

Bien sûr, même dans un monde encoreplus radicalement envahi que le nôtre, lesindividus resteront formés par d’autresexpériences: par le monde réel ; ils pourrontencore trouver des occasions et des rencon-tres leur permettant de développer des qua-lités et des facultés de «l’ancien monde».

L’essentiel est de prendre la mesure dela régression humaine et sociale en cours,par-delà les différentes hypothèses plus oumoins pessimistes sur la profondeur et laradicalité, le caractère total, de cette

régression. Et donc d’en tirer les consé-quences politiques en faisant de la « numé-risation » l’ennemi numéro 1 (ou lamanifestation numéro 1, aujourd’hui, del’ennemi de toujours).

Le danger d’affirmations et de prévi-sions aussi sombres, c’est de pousserencore d’avantage au fatalisme. n’est-cepas même l’un des principaux argumentsdes militants du numérique : on n’a pas lechoix, c’est comme ça, c’est l’avenir, etc.

Il me semble que ce découragement senourrit d’abord du déni et du silence quantau déferlement de ces technologies. C’estdonc bien la première chose qu’il fautfaire : dire et manifester clairement sonrefus, avec ses raisons.

Ce sont évidemment eux les plus forts,mais ils n’ont pas encore tout gagné.Chaque refus pourrait déboucher sur unespace moins complètement colonisé, surune base arrière d’où repartir vers autrechose, et déjà sur un point de repli rendantla vie un peu plus vivable. Je parle d’es-pace, mais c’est plus encore des personnesnon inféodées aux machines qu’il s’agit detrouver et, si je puis dire, d’aider comme onpeut à «se trouver» ou à «se conserver»(chez les vieux comme chez les jeunes).

Par ailleurs, si avec la numérisation dumonde, des têtes et des cœurs, la domina-tion nous fabrique un monde toujours plusétouffant, il est possible qu’elle prépareaussi son propre suicide. C’est peut-êtrevers l’auto-effondrement de la sociétéindustrielle que nous nous dirigeons à unevitesse difficile à imaginer : le problèmerestant, bien sûr, que nous serons – nous,les hommes, la nature – sous les ruines.

on peut douter qu’une société de zom-bies du virtuel soit longtemps viable d’unequelconque manière. Il est probable parexemple que cette organisation sociale nesoit même plus capable de former lesenfants de sa propre classe dirigeante, sesfuturs gestionnaires et techniciens, bientôtaussi décervelés que le reste de la popula-tion par toutes ces machines. Que l’onsonge que les uSA doivent dès à présentimporter des «pays émergents » l’essentielde leurs cadres dirigeants d’État et d’en-

treprises, parce qu’ils ne sont plus capa-bles de les élever sur place de façon satis-faisante.

La séduction qu’exercent la vie et les«mondes » virtuels est au moins en partiela conséquence d’un appauvrissementpréalable du monde réel, que l’on parledes paysages ou des rapports humains.

Comme toujours, la fausse réponse àune misère réelle accentue encore consi-dérablement cette dernière.

La chose est vraie dans le détail : c’estune faiblesse de la critique avancée dansL’Emprise numérique à l’encontre du« livre numérique» que de magnifier sansnuances le vrai livre et l’écrit en général.

En réalité c’est aussi parce que l’écrit etles usages qui en sont faits sont depuislongtemps, dans leur grande majorité, desréalités assez misérables, fort éloignées del’esprit ou de la liberté, qu’ils peuventaujourd’hui être grandement menacés parle numérique.

« En dernière analyse, […] c’est lebesoin qu’on a d’elle qui crée la star. C’estla misère du besoin, c’est la vie morne etanonyme qui voudrait s’élargir auxdimensions de la vie de cinéma. La vieimaginaire de l’écran est le produit de cebesoin réel. La star est la projection de cebesoin. » (Guy Debord, 1959)

Il est frappant de constater à quel pointla critique situationniste du spectacle s’applique à la numérisation du monde, etparticulièrement aux conséquences psy-chologiques du développement des«mondes virtuels ». mais une telle adé-quation est en fait logique : la critiquesituationniste a été élaborée notammentpour critiquer la culture de masse nais-sante ; et le virtuel est le dernier avatar etl’aboutissement de cette « culture ».

CÉDRIC

Cédric Biagini, L’Emprise numérique.Comment internet et les nouvelles techno-logies ont colonisés nos vies, paru récem-ment à L’Echappée.

mondialisation numérique – 15

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16 – biomascarade

De quel bois je me chauffe…

LA GuERRE ÉConomIQuE n’est pas uneimage, les reîtres de cette guerre ne sontpas plus raffinés que ceux qui écumaientles campagnes en d’autres temps, lesdévastant comme des nuages de criquets.Dans ce monde où la cupidité régnante estarmée jusqu’aux dents, il ne fait pas bonêtre monsieur personne à proximité d’uneplate-forme pétrolière, d’une mine d’ura-nium, d’un gisement aurifère, et bientôt,d’un massif forestier même européen.

Quand on regarde les multinationalesles plus puissantes du monde, certainesétant plus puissantes que les États qu’ellesmettent à leur disposition par un mélangecomplexe et efficace de lobbying et de

corruption, on constate que la grandemajorité d’entre elles sont des entreprisesénergétiques, surtout pétrolières : pourl’année 2011, dans l’ordre : Royal DutchShell, Exxon-mobil, Wal-mart Store (unépicier), BP, Sinopec Group (pétrolier chi-nois), China national Petroleum, StateGrid (électricité chinoise), Chevron,ConocoPhillips (pétrolier américain),Toyota motors. Sur dix monstres surpuis-sants, sept sont des pétroliers (Total n’ar-rive qu’en onzième place). La productiond’énergie à très grande échelle condi-tionne la survie même du système : sansénergie, pas de transports quasi gratuits,pas de mondialisation, pas de concurrence

entre les populations les plus pauvres etles plus riches du monde, sans énergiequasi gratuite (parce qu’elle n’intègre niles coûts de la pollution, ni ceux d’uneéventuelle décontamination, ni les royal-ties dérisoires versées aux États vassaux,ni la part volée en étant non déclarée de laressource, ni la main-d’œuvre surexploi-tée), pas d’agneau venant de nouvelle-Zélande moins cher que celui du bergervoisin, pas de stocks roulants, pas detomates chiliennes au supermarché ducoin, pas de fringues moins chères qu’uneheure de travail, pas de casse internatio-nale du droit du travail, etc. Sans énergiequasi gratuite, capitalisme gros bobo aïe !

C’est fatiguant, les fondamentaux, malheureusement le système capitaliste est d’une monotonie acca-blante. Le principe : investir un max de thunes sur le pillage exhaustif d’une ressource par les moyensles plus rapides, dégueulasses et brutaux, ramasser mille fois ce qu’on a banqué et se tirer en laissantderrière soi des populations ruinées sur des pays bousillés. Suivant ! J’ai de la maille toute fraîche, surquoi est-ce que je pourrais bien investir?

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biomascarade – 17

Hélas, les ressources pétrolières fléchis-sent, on a probablement dépassé le pic deHubbert aux alentours de 2005, ce quiexplique les deux bubons purulents appa-rus ces dernières années dans l’universsauvage de l’énergie : les agrocarburantset le gaz de schiste. Fabriquer les agrocar-burants qu’on commence à trouver danstoutes les stations-service implique d’en-lever le pain de la bouche de la moitié del’humanité pour le coller recta dans leréservoir de la bagnole de l’autre moitié ;quant au gaz de schiste, on a un assez bonretour d’expérience sur les aléas de cetteexploitation avec les uSA. La bataille faitrage, et on voit mal pourquoi des guignolsqui voient les enfants de Tchernobyl, ceuxde Fukushima et la marée noire du Golfedu mexique comme des détails se soucie-raient des nappes phréatiques. Énergied’abord ! Et l’énergie, il faut aller la cher-cher avec les dents jusqu’au fond deschiottes. Surtout quand on peut l’estampil-ler « renouvelable». C’est là que les beauxmassifs forestiers dits vieillissants qu’on aen France commencent à sentir le vent duboulet.

C’est que les arbres, c’est une putain debiomasse, et qu’on peut compresser les« déchets verts » (résidus d’élagage,branches ôtées des billes, arbres maladesou brûlés sur pied lors des incendies, sciureet copeaux, etc.) pour en faire de zouliesplaquettes qui alimentent les chaufferiesbois-énergie, lesquelles se multiplient unpeu partout. Pas plus con qu’autre chose, àpremière vue, pour produire de l’électricité«renouvelable» : les branches repoussent,tous les ans des glands germent, alléluia.Pour récupérer cette ressource, le bûcheronarrive avec sa tronçonneuse, il est accom-pagné d’un cheval de débardage au poillustré, il fait de la dentelle, il ne pèse guèreplus de 80 kilos tronçonneuse comprise,quant au cheval ce n’est pas sa petite tonnequi va tasser les sols.

CouPEZ! on la refait ! En fait, on estau xxIe siècle, les déchets verts ça ne suf-fit pas pour rassasier les usines de pellets,d’ailleurs cette nouvelle industrie estentrée en Bourse en 2011, alors en vrai onva tout simplement faire des coupes àblanc sur des feuillus pétants de santé et ceà très grande échelle. ne croyez pas, naïfsque vous êtes, que la ressource ainsi raséeva l’être au profit des indigènes : dans le

morvan, le gigantesque projet d’Ersciaque va mettre en œuvre le groupe IBV :plate-forme de sciage, centrale de cogéné-ration de biomasse, se propose aussi deproduire des granulés pour fournir del’électricité… en Belgique. Quelquesmorvandiaux ulcérés s’opposent et tententde défendre leurs arbres, ils se confrontentaux flics – air connu, si ceux-ci étaient làpour autre chose que défendre les rapinesdes riches contre la peau des pauvres, çase saurait. D’ailleurs, selon la logiquecroustillante des PPP, partenariats public-privé, ce projet de pillage éhonté se fait à75% avec des financements publics. Lesennemis du progrès n’ont plus qu’à atten-dre que 170 camions par jour sillonnentleur ex-paradis, et les grumiers, çadéfonce. Les engins forestiers aussi d’ail-leurs, il n’y a qu’à voir les lieux après leurpassage, ce sont des monstres de 10 à 20tonnes qui compactent les sols, défoncentles chemins, écrasent tout sur leur pas-sage, causant des dégâts parfois irréversi-bles. mais bon, quand on aime le fric, onne compte pas.

Les châtaigneraie des Cévennes gardoises et lozériennes

Haro sur les arbres ! Dans les Cévennes,on commence à s’inquiéter que la multina-tionale allemande E.on, 16e plus puis-sante du monde en 2011, installe unecentrale biomasse à Gardanne, avecl’ambi tion d’y cramer 800 000 à 1 millionde tonnes de bois par an. La châtaigneraiedes Cévennes gardoises et lozériennespeut compter ses abattis, elle se trouvedans la « zone d’approvisionnement prio-ritaire» de l’hydre. Inutile de préciserqu’il n’existe aucun projet de reboisementaprès les coupes. Pour quoi faire, grandsdieux, après deux épisodes cévenols, cescollines rasées et défoncées auront coulésous forme de boues dans les vallées voi-sines, emportant deux ou trois routes, etles derniers irréductibles migreront vers laplaine.

Et sur le PlateauEt le millevaches ? Ailleurs l’onF s’asso-cie à ces projets sulfureux, en Limousinc’est la DRAAF qui a décidé de « relancerla filière bois feuillus de qualité», tradui-sez augmenter de 20% les coupes de feuil-lus sur le Plateau déjà largement enrésiné,

et ce dans le but d’approvisionner leschaufferies bois-énergie installées dans larégion. une pétition lancée dès janvier arecueilli quelque 3 000 signatures enquelques jours, et depuis, plus rien. De làà penser que les industriels tout frais quise sont lancés dans la « valorisation » decette ressource ont baissé pavillon, il n’y aqu’un pas, mais il faudrait être naïf pour lefranchir. Car le capitalisme n’apprendjamais, rien, en aucune circonstance. onreproduit donc les conneries déjà réaliséesailleurs, et depuis le dust bowl ou la révo-lution verte, les ravages du crétinismeagricole ou industriel s’empilent jusqu’àformer une tour branlante qui pourraitbien finir par écraser la moitié des espècesvivantes en s’écroulant.

Ces trois grands massifs forestiers quiexcitent la convoitise des producteurs depellets et des amateurs de biomasse,morvan, Cévennes et millevaches, sontévidemment sous-peuplés, pauvres, vieil-lis, enclavés. Des colonies de l’intérieur,en somme, auxquelles il convient d’appor-ter les lumières de la civilisation.

Ça fait malheureusement un momentque les grandes forêts de la planète sonthonteusement massacrées. La forêt cana-dienne est en train de se faire rogner parles producteurs de pellets, qui rêvent de laraser pour fournir à prix d’ami les paysplus pauvres en bois. mais cette ressourcene peut être considérée comme écologiqueque si on reboise aussi sec, car si touteforêt est un puits de carbone, les terrainsnus ne valent rien. De surcroît, à cramerpour produire de l’électricité, le bois estplus polluant que le fuel. or la plupart deces projets grandioses prévoient juste deraser, puis de se casser un peu plus loin etde raser encore. mauvais temps pour lebilan carbone, ce sera pire que de relancerles centrales à charbon. Vachement écolo-gique ! Greenpeace a commis un rapportassez édifiant sur cette nouvelle toquadedes toxicos du tout énergie. Facilementtéléchargeable, il s’intitule « Biomas -carade» et explique pourquoi cette res-source risque de dévaster nombre demassifs forestiers pour produire, en pol-luant considérablement, une énergie plutôtchère et peu rentable. Ils sont contre l’éco-logie ou quoi ? En attendant, il va falloirferrailler dur pour défendre nos arbres.

LAuREnCE BIBERFELD

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18 – coup de gueule

Leur faudrait une bonne guerre, screugneugneu !

Une grande centrale syndicales’émeut de l’amaigrissement dubudget de la guerre, pardon, desarmées. Ben vla ôt choz c’est-ykè voudrait d’la bidoche à la unekè-ci si prendrait pas aut’ement,ou ksè-t-y qu’j’entrave ke kouîkaux affaires syndicales?

mA CHèRE ConFÉDÉRATIon SynDICALE, lebudget des armées serait misérable ?Genre peau de chagrin. Crise oblige? orl’armement militaire crée des emplois eten ce moment ce serait pain béni pourtous ? Esgourde-voir ma belle, j’ai ten-dance à te croire en pleine crise schizo -phrénique tant tu tapes sur tous les fronts.Je t’ai vu de mes yeux vu, dans des mani-festations, non pas pacifistes, pas toi, lais-sons ça aux gauchistes mous de lagâchette, mais contre des guerres ici ou làsuivant tes émotions du moment. Peut-êtreme trompai-je mais je me laissais penserque tu n’aimais pas les conflits armés ?Gourance?

Il est vrai, j’ai, dommage, une bonnemémoire, il me souvient que tu avaismanifesté ton inquiétude, déjà, quand il aété question de fermer l’unité dégueulassedu sud-ouest qui fabriquait ces joyeux jou-joux rigolos qui amputent les ti nenfantsde pays incertains de l’Asie du Sud-Est.D’autant que la fiabilité du matos ne faitaucun doute puisqu’aujour d’hui encore,ce savoir-faire français, fait merveille,demande à Handicap Interna tional…L’usine française a dû fermer, peut-êtrejuste délocalisée? Dis-moi dans les mani-festations contre telle ou telle guerre (turemarques je ne dis pas conflits, je dis bienguerre, ça fait plus mâle ou mal : tu peuxavoir un conflit avec ton voisin de paliersans violer sa femme, égorger ses enfantset cramer son appartement). oui, alorsdurant ces manifestations, tu n’as pas étésans remarquer des gens, tous habilléspareils, avec des drôles de bidules qu’on

dirait des armes, genre lance-grenades,Flash-ball, tonfas. Casqués, protégéscomme des skate-borders, faudrait voir às’assurer que tout cela c’est bien du maté-riel français créateur d’emploi ? Parce quesinon où va-t-on, on se le demande ?Penses-y la prochaine fois qu’ils te cogne-ront sur le ciboulot. Attention, ils ne lefont pas pour faire du mal, c’est juste pourque l’ordre petit-bourgeois règne, puis ilsle font démocratiquement, c’est – cognez-les tous – (sauf dans les manifs de laFnSEA/CDJA, mais c’est une autre his-toire…). Alors tu manifestes pour tout etson contraire. Contre certaines guerres,tout en t’inquiétant des pertes d’emploischez les fabricants d’armes de pointe à latechnologie française oblige.

Tu n’as jamais pensé créer une sectionsyndicale, religions ? Ben si, une nonnettequi s’use les genoux sur le carrelage glacéd’un couvent, c’est toujours ça de moinsqui pointe à Pôle emploi, et en CDI,contrat tacite – si je mens je vais en enfer.De plus, c’est bon pour le medef, pas decharges patronales, pas de retraites, ni degrèves preneuses d’otages de paroissiens.Pas de délocalisations intempestives nonplus.

Et que je te crée des emploisdans l’armement…

Bon allez, j’arrête de galéjer, puis je tevois bonne fille et moi, pas chiche deconseils, je vais te filer un tuyau de pre-mière. Le plein-emploi à tout prix, dansune Europe unie, y en a un qui avait fait lepari. Bien sûr, tu connais les jaloux de par-tout, comme il ne sortait pas d’une grandeécole on l’a raillé, enfin, au début. Dèsqu’un jeune entreprenant se lance dans unprojet, faut qu’on le chagrine. noussommes dans une époque pas si lointaine.Le pays est endetté pour une sotte raisonde, rendez-moi ça, de la part du voisin,jus qu’à saigner le peuple à genoux. Desbêtises de vengeance qui se mange froide.Passons. Le peuple, affamé, humilié, unkilo de pommes de terre pour une brouet-tée de biftons. Le grand n’importe quoi. Jete dis pas la gueule de la cohésion natio-

nale? notre jeune fougueux, d’un coup lesvieux, te démerde tout ça, Et que je te créedes emplois dans l’armement. Dans lesfabriques d’habits forts seyants, même siun tantinet uniformes, une voiture du peu-ple, là aussi, uniforme, mais pour tout unchacun. Des crèches nationalisées enveux-tu en voilà, pour que chaque mère,puisse se libérer au turbin, merde ! ça mereprend, au travail voulais-je dire, sourced’épanouissement. Comme chacun sait. Etbien ma vieille centrale, figure-toi que çaa marché. même que l’idée est tellementjuteuse que, dans sa grande générositévisionnaire, et aussi pour rentrer dans sesfrais, fallait bien éprouver le matos desusines d’armement, il exporte son talent.Parfois contraint de forcer la main, lespeuples sont couards par nature. Très vite,une fois ces arguties posées, il est facile detrouver des collaborateurs de talent, surplace, pour donner de leur personne à lanation. Comme on dit, quand le bâtimentva tout va ! Alors construisons. En cestemps, pas si lointain, le littoral atlantiquelaisse fort à désirer. Des dunes à perte devue. Quelques maigres roseaux des sables.un pin par-ci par-là. Des infrastructuresautoroutières et immobilières laissant àdésirer. Aucune chance d’attirer le chalandtouriste créateur d’emplois. Les grands duBTP (Bâtiments et travaux publics) seremontent les manches et embauchent del’ouvrier français. Le savoir-faire est là, aurendez-vous, puis qu’aujourd’hui encoreces ouvrages d’art attirent toujours et fontrêver les nostalgiques de cette époquebénie. Hélas, comme toujours, il fallut for-cer un peu les feignasses réfractaires aumoindre effort nazional. on invente lePôle emploi d’alors, qui fut baptisé STV(Service du travail volontaire). Certes unpeu plus direct que Pôle emploi, ou moinsfaux-cul comme sigle, mais il n’y avaitpas encore de communicants alors.Quelques hippies allèrent se planquer dansles bois et guérets, mais rien de bienméchant. Des contrôleurs assermentés,français, veillèrent au retour à l’ordre. Çaroulait plutôt bien cette histoire et unegrande Europe pacifique allait voir le jour.

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mais voilà que des gauchistes ne l’enten-dent pas de cette oreille. De ces illuminésqui refusent le progrès quand il est enmarche. Les mêmes qui traînent au litjusque pas d’heure. Traîne-lattes et com-pagnie. Allant jusqu’à faire péter les voiesferrées des TGV d’alors. Vite fait, on lesappela terroristes et leurs tronches affi-chées partout. non mais ! Bref, les pluscourageux, de vrais Français, se remontè-rent les manches et au boulot. Comme lestemps étaient durs et qu’il n’y avait pas desupermarchés, les épiciers, les boulangers,les bouchers, Français très travailleurs, sedébrouillèrent fort bien pour engrangerdes devises, ce que quelques chagrins ontappelé trafics au marché noir ? mais çan’est même pas prouvé, puis quand il enva du pays faut savoir ce qu’on veut, pasvrai ? La France se relevait fièrement. Lesthéâtres, cinémas, cabarets, restaurantsétoilés, tous grâce au tourisme massif, nedésemplissent pas. Parce qu’il y a le bou-lot, oui, mais faut savoir se distraire. unpeuple bien distrait ne pense pas. Pas àmal je veux dire. Laissons les pisse-froidrâler dans leur coin. Plus fort que tout iln’y avait pas de malades, donc pas decongés maladie. Le redressement je te disma belle !

La vibrante agriculture totalitaire d’aujourd’hui

Quelle époque merveilleuse, d’autantqu’après, devenu trop âgé, ou je ne saisplus pourquoi très bien, l’initiateur decette Europe se serait pris de bec avec unautre de par là-bas à l’Est, un qui, luiaussi, avait des idées novatrices et mis lepeuple au chagrin, aie zut ! au travail jeveux dire ; parfois quand les bonnes entre-prises prennent trop d’expansion ça faitnaître la jalousie. Après il a fallu noustourner vers les Amériques qui, elles aussi,afin d’un redressement économique salu-taire, avaient su créer des emplois dansl’armement. Fameux coup de pogne qu’ilsdonnèrent. Sans compter qu’avec leurplan marshall (nous voilà !), elles collabo-rèrent à ce qui allait devenir la vibranteagriculture totalitaire d’aujourd’hui.

J’ai écrit totalitaire, t’es sûr ? Ça, c’est lafaute à l’informatique, mais je ne le pen-sais pas. Enfin pas trop. Je dois reconnaî-tre que t’as du pif, ma chère confédérationsyndicale, la preuve en est apportée par laGrèce où, alors que l’on demande au peu-ple de se serrer la ceinture, ce ne sont toutde même pas quelques trous à faire dans lecuir qui doivent être fatigants ? Avec l’aidedu FmI, du reste de la communauté euro-péenne, des banques et que sais-je encore,le budget militaire n’a pas été baissé d’uniota, si ça, ça n’est pas du bon sens, c’est àne rien y comprendre? J’entends dire, ici,ou là, qu’il en irait de l’intérêt de laGermanie et de la Fransouzie? Ces deuxpays seraient les deux plus grands fournis-seurs de matériel militaire auprès de notresœur, la Grèce ? Balivernes d’espritsdéran gés. Et puis si ça fait des emploisdans nos deux pays, où est le mal ? onprotège des miséreux et faudrait en plus

qu’ils se plaignent. Les pauvres ne sontdonc jamais contents ni même reconnais-sants, c’est à ne rien y comprendre?

Du travail, et encore du travailma chère vieille confédération du travail,je suis d’accord avec toi, surtout du tra-vail, du travail et encore du travail.Laissons les minables pacifistes bougon-ner dans leur coin. Ce ne sera pas sans unecertaine émotion que je te verrai lors de laprochaine manifestation contre je ne saisquelle guerre économique privativeinjuste destinée à anéantir je ne sais quelsterroristes opportuns. Tu seras là à gueulerton désaccord à mes côtés. ne m’en veuxpas trop si je ricane sous cape, j’ai l’esprittaquin mais pas méchant pour deux ronds.Eh oui, du travail à n’importe quel prix…

Je ne t’embrasse pas, on se tutoie àpeine mais le cœur y est.

GABAR

coup de gueule – 19

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20 - mauvaises lectures

Les GARI – 1974 : la solidarité en

actes (enlèvement du banquier Sua-

rez. . . ) , éditions CRAS (2013).

Mai 1974, les GARI (Groupes d'action révo-lutionnaire internationalistes) défrayent lachronique avec l'enlèvement d'Angel Bal-tasar Suarez, le directeur de la Banque deBilbao à Paris, et une série d'attentats àl'explosif contre les intérêts économiquesde l'Espagne et les représentations dufranquisme. Le but revendiqué est sansambiguïté : exiger la libération des pri-sonniers de l'ex-MIL (Movimiento Ibéri-co de Liberación). En effet, deux d'entreeux risquent la peine de mort par le gar-rot comme l'a subie à Barcelone, deuxmois auparavant, leur compagnon delutte Salvador Puig Antich.

Les GARI sont avant tout une coordi-nation de groupes autonomes et d'indivi-dus de la mouvance libertaire en France,pour qui les protestations classiques desolidarité semblent insuffisantes pourempêcher les condamnations à mort. Siau cours de l'été, la coordination décidel'autodissolution, les arrestations de cer-tains de ses membres, la solidarité auxinculpés et les procès (en 1981 ) vont pro-longer la « vie médiatique » des GARIpendant plusieurs années.

Les auteurs, s'estimant trop impliquésdans ces péripéties pour avoir la distancenécessaire pour en écrire l'histoire, ontpréféré exposer dans cet ouvrage l'essen-tiel des matériaux conservés au centre dedocumentation du CRAS (Centre derecherches sur l'alternative sociale). Ceciafin de permettre aux lecteurs intéressésd'avoir des éléments pour analyser cettepériode avec du recul ou tout simplementde découvrir les GARI.À travers les actions, les communiqués

de revendication, les lettres de détentionet les divers textes publiés, on peutapprocher la pensée des individus qui yont pris part. Et par la même occasion lirequelques pages d'histoire de groupesautonomes libertaires, car les GARI sontle fruit du bouillonnement post-68 et desliens tissés au gré des affinités et desluttes.

Ce livre présente une chronologiedétaillée des événements et une antholo-gie des textes écrits entre 1974 et 1977.En outre, il comporte des témoignagesrécents de protagonistes qui ont bienvoulu revenir sur ce passé.

Sur le même sujet, un documentaire deNicolas Règlat, ¡ GARI ! 1974 vient desortir en DVD (Le-Lokal Production).Une autre publication récente à signa-

ler : Panorama des groupes révolution-naires armés français de 1968 à 2000.

Ce livre d'Hazem El Moukaddem pro-pose une chronologie commentée desmouvements révolutionnaires armés fran-çais de 1968 à 2000 et retrace unehistoire qui, de la Gauche prolétarienne(GP) à Action directe (AD) en passantpar les Groupes d'action révolutionnaireinternationalistes (GARI), les Brigadesinternationales, les Noyaux armés pourl'autonomie populaire et la guérilla dif-fuse du mouvement autonome, a existé,fait partie de la réalité politique de cepays et a sa logique.Ce panorama du mouvement armé en

France, loin de vouloir clore le débat,cherche au contraire à l'ouvrir en rompantavec les vulgates et les critiques préfa-briquées de la psalmodie anti-terroriste,qu'elles soient prononcées par les histo-riens, les journalistes ou certains militantseux-mêmes.

Free Angela, film documentaire réalisé

par Shola Lynch, 2013, 1 h 37

À partir d'images d'archive, d'interviews,le documentaire de Shola Lynch, FreeAngela, sorti en salles en avril nousreplonge dans l'Amérique des années1970 : la montée des forces réactionnai-res, Reagan, Nixon, les luttes raciales etle militantisme noir des Black Panthers.La documentariste a réalisé son film à

l'occasion du quarantième anniversaire del'acquittement d'Angela Davis.

Jeune professeure de philosophie, noireet communiste, militante des droitsciviques, Angela Davis s'était investiedans les comités de soutien aux Frères deSoledad. Ces trois militants noirs empri-sonnés étaient accusés d'avoir assassinéun gardien de prison en représailles aumeurtre d'un de leurs co-détenus.

Elle était accusée d'avoir organisé unetentative d'évasion et une prise d'otagepour lesquels elle était condamnée troisfois à mort !Sous la pression de comités internatio-

naux dont le slogan était « Free Angelaand all political prisonners », elle finitpar être acquittée.

C'est avec beaucoup d'émotion que l'onrevoit dans ce film l'image de cette bellejeune femme au casque afro, devenuel'icône de toute une génération. Mais leplus beau cadeau, c'est Angela aujour-d'hui, 69 ans, toujours aussi pugnace,aussi impliquée dans la lutte pour l'aboli-tion de la prison et qui se dit toujoursdans les interviews qu'elle donne à lapresse à l'occasion de la sortie du film :

Révolutionnaire, communiste et féministe :je me retrouve dans tous ces termes ! Leféminisme est un outil essentiel de lutte,bien au-delà des questions du genre.Quant au communisme, cela ne veut plusdire la même chose qu'il y a quaranteans, mais je m'y identifie toujours.J'aspire au démantèlement du capitalismeet à un nouvel ordre social ! [. . . ] De fa-çon générale ce sont les liens qui m'in-téressent entre les luttes, qu'il s'agisse duféminisme, du mouvement gay et lesbien,des mouvements des travailleurs ou dumouvement environnemental. [. . . ] L'es-sentiel est que tous ces mouvements tra-vaillent sur les façons d'habiter laplanète de façon égalitaire et à l'indivisi-bilité de la justice pour tous.Il y a cinquante ans les enjeux nous

semblaient si clairs, nous savons aujour-d'hui que c'est autrement plus compliqué !mais c'est ce qui rend ces luttes si exci-tantes.[. . . ] Je me retrouve finalement bien

dans ces mots de Gramsci : Il faut allierle pessimisme de l'intelligence et l'opti-misme de la volonté.Pas question de baisser les bras !

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revue de crise - 21

PIRATES ETANARCHIE ont toujours fait assez

bon ménage ! Les pirates incarnent pour

beaucoup une certaine idée de l'aventure, de

la liberté et de l'égalité à travers des pra-

tiques qui ne peuvent qu'éveiller l'intérêt des

anarchistes : partage équitable du butin,

« sécurité sociale », désignation directe des

responsables avec révocabilitépossible à tout

moment, prise de décisions en assemblée.. .

Toutes voiles déployées, le dernier hors-série du Monde Libertaire (n° 50, juillet-août 2013) nous propose un très intéres-sant dossier d'une vingtaine de pagesintitulé comme il se doit : « Sous le dra-peau noir des pirates ». Parmi les textes,nous pouvons trouver un entretien avecles auteurs d'un étonnant « Mémoire endéfense des pirates Somaliens traqués partoutes les puissances du monde » (àparaître prochainement aux ÉditionsL’Insomniaque). À côté de cette piraterieclassique, le dossier aborde aussi unaspect plus « moderne » d'autres formesde piraterie : comme celle du fameux« Robin des banques », le libertairecatalan, Enric Duran i Giralt qui a extor-qué 500 000 € à des banques entre 2006 et2008 au profit des mouvements sociauxou encore la cyberpiraterie au sens leplus large qui vient s'inviter d'unemanière de plus en plus prégnante danstous les derniers grands mouvements derévolte populaire, Tunisie, Égypte, Tur-quie, Brésil. . .

Réfractions, revue de recherches et d'ex-pressions anarchistes (n° 30, prin-temps2013) se penche, avec toujours autant desérieux et d'érudition, sur un des thèmesles plus étudiés de la philosophieanarchiste : l’État. Tous les grands théo-riciens anarchistes l'ont déjà largementabordé ; alors pourquoi y revenir ?Au fil des siècles, l’État a connu destransformations significatives, « ces chan-

gements n'ont sans doute pas altéré lescaractéristiques fondamentales de l’Étaten tant qu'institution qui se trouve in-vestie du droit exclusif à l'usage légitimede la force, ou en tant qu'institution ima-ginaire qui porte inscrite en son seinl’exigence de soumission, et qui en pro-meut le caractère volontaire. Mais, ceschangements représentent des "métamor-phoses" de l’État qui adopte de nouvellesformes de fonctionnement, qui se couledans des structures différentes, et quiproduit d'autres effets de pouvoir ». Plusqu'une simple étude de l’État en lui-même, c'est plutôt « l'état de l'État »actuellement dont il est question dans cetimportant dossier, ceci afin de nouspermettre de mieux appréhender ce qu'ilreprésente aujourd'hui tant dans sesaspects visibles que dans ceux plus diffi-ciles à cerner. Cette meilleure compré-hension du « monstre étatique » devraitpouvoir nous permettre de renforcer notreincessante lutte contre la domination etpour l'autonomie politique.La présentation du dossier dans l'édito-

rial se termine par un optimisme des pluspoétique : « Nous ne nous y tromponspas, l’État demeure bien puissant etl'anarchisme reste encore bien fluet, maisl'image mythique de David terrassantGoliath est là pour faire virevolter dansnotre imaginaire l'idée que l'improbableest cependant tout à fait possible. »

La revue itinérante d'enquête et de cri-

tique sociale, Z poursuit son excellenttravail dans son numéro de printemps(n° 7) consacré à Thessalonique (Grèce).Ce « maillon faible » de la zone eurosous le joug des grandes institutions capi-talistes internationales ne fait plus l'ac-tualité, et pourtant la résistance continue

avec ses hauts et ses bas ! La rédactionde Z nous en dévoile quelques pans sansfaux-semblants, car pour eux « passer dutemps à Thessalonique, c'est entendre ladifficulté de la situation, quand la révoltede ces dernières années, si partagée et siprofonde, ne s'est finalement pas généra-lisée. Quand les manifestations et les as-semblées ont tendance à se clairsemer[…] Toutefois, dans ce moment de refluxet de répression, l'inventivité politiquepersiste. Nous avons rencontré celles etceux qui bricolent quotidiennement […]Ils se donnent les moyens d'élaborer unprojet de longue haleine : la constructiond'une contre-société, modeste peut-être,vaillante pas encore, mais bien décidée àne jamais laisser tranquilles ceux quiprétendent nous mettre au pas ».Nous pouvons découvrir ces difficultés,ces espoirs, ces projets, ces dangers auxdétours de reportages regroupés en troisgrands thèmes : « Thessalonique dans ladépression européenne : bricolages quo-tidiens et résistances insolvables »,« Médecine en crise : l'imagination enembuscade » et « Les sirènes de l'Aube :réveil fasciste et sursaut rouge et noir »,tout cela illustré par une mise en page etune iconographie toujours aussi agréableet de qualité.

Courant alternatif (n° 232 – Été 2013)revient, dans un dossier, sur la prostitu-tion, thème délicat qui reste encore undes sujets polémiques dans les milieuxlibertaires tandis qu'Alternative libertaire(n° 230, juillet-août 2013) a préféréaborder le thème de « La "black revolu-tion" et ses apports » considérant qu'« enFrance, [ceux-ci] sont tout à fait actuels,et [que] les débats de l'époque se repo-sent aujourd'hui en Europe, notammenten raison de la présence et de l'enracine-ment de populations issues de l'immigra-tion post-coloniale et d'outre-mer ».

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22 - revue de crise22 - vous êtes cernés

Samedi 3 août 21h : Vincent Brusel.Concert, chanson.

Mercredi 7 août 1 5h30 : Tablier-comptines. Spectacle jeune public,Cie La Vache Bleue.

Jeudi 8 août 21h :Un peu de l'histoirenucléaire du « Plateau. » Projection-dé-bat. Magazine du Plateau 211-TéléMillevaches, 2013.

Vendredi 9 août 21h : Danzin Trio.Concert, chant, guitares, ukulélé, clari-nette.

Samedi 10 août 17h30 : Visiteincongrue d'Aubusson, au départ del'Office du tourisme, rue Vieille.

21h : Le garçon qui ne connaissait pas lapeur. Théâtre. Cie La Vache Bleue.

Jeudi 15 août 21h : Décrochage desœuvres de Julie Lamberson et GuillaumeVaret en compagnie de Laissez votreange au bestiaire. Contes animaliers. parDaniel Fatous et David Linkowski.

Samedi 17 août 19h : Des fragmentsd'Absences aux ombres errantes.Vernissage de l'exposition Bernard Battu.

21h : Duo à Tue-Tête. Concert. JulienMartin & Claudia Urrutia.Le duo vocal À tue-tête entremêledifférents styles d’Amérique du Sud etd’Europe, en fait surgir des chants pournotre oreille d'aujourd'hui.

Mercredi 21 août 21h : Pang Pung.Concert. Happés par la découverte etl'étude de répertoires orientaux etasiatiques, Pang Pung met en dialogueses cultures musicales avec celles quinous environnent.

Jeudi 22 août 21h : Vade retro spermato.Film documentaire de Philippe Li-gnières. Projection Bobines Rebelles.À la fin des années 1970, des hommesréagissent aux questions soulevées par leféminisme quant aux rôles respectifs dessexes dans notre société. Constitués engroupe de paroles, ils en viennent à seposer la question de la contraceptionmasculine et créent une méthodeoriginale de contraception par la chaleur.

Vendredi 23 août 16h30 : La Balade deShéhérazade. Spectacle itinérant La P'titeFerme mobile / Shéhérazade.

21h : Sous la peau. Contes épidermiquespar Élodie Mora.

Samedi 24 août 21h : Nefertiti in theKitchen. Concert. Nefertiti in the Kitchenest le projet solo de la musicienne-comédienne Jen Rival accompagnée parle multi-instrumentiste Nicolas Méheust.Un cabaret rock à l’ italienne où se mé-langent allègrement Kurt Weill et TomWaits.

Vendredi 30 août 21h : Soirée Jeux.

Vendredi 6 septembre 21h : Filmsd'animation et documentaires animés.Films de Marie Paccou, Morgane Defaixet Ronald Grandpey. Projection etrencontre avec les cinéastes.

Mercredi 11 septembre 1 5h30 : Avant lapremière neige. Jeune public.

Vendredi 13 septembre 21h : Sac àMalices. Scène ouverte.

Samedi 14 septembre 21h : TVBiscuit,la télévision qui se croque. Théâtreburlesque et objets animés. Patrick Ruel,Cie Le Théâtre Cabosse.

Jeudi 19 septembre 21h : La maternitéd'Elne. Film documentaire de FrédéricGoldbronn. Projection Bobines Rebelles.Début 1939, chassés par les troupes deFranco, cinq cent mille réfugiésespagnols passent la frontière française.Ils sont internés dans des camps. À partirde 1940, y sont aussi internés desTziganes et des Juifs d’Europe du Nordqui seront déportés à Auschwitz etMaïdanek. Fin 1939, à Elne, à côté dePerpignan, Élisabeth Eidenbenz, uneinstitutrice du Secours suisse aux enfantsvictimes de la guerre, aménage unematernité de fortune, plus de six centsenfants y naîtront. . .

Samedi 21 septembre 21h : À l'occasiondu décrochages des œuvres de BernardBattu, Faham remet le couvert. Concertde musique réunionnaise.

Samedi 28 septembre : 1 er anniver-saire ! une soirée surprise !

Au Fabuleux Destincafé-spectacle à la p'tite semaine

rue Cerclierquartier du petit Saint-Jean à Aubusson

du jeudi au samedi de 18 h à 22 hspectacle à 21 heures

Samedi 14 septembre 2013

projection-discussion autour du filmJust do it

Durant plus d'une année, la réalisatriceEmily James a suivi des groupes d'acti-vistes environnementaux dans leursactions clandestines. Ce film racontel'histoire de personnes qui luttent pourdéfendre leurs valeurs et pour se faire en-tendre. Mais c'est aussi une histoire qui nepouvait pas être racontée avec lescontraintes habituelles de production dedocumentaire. C'est donc grâce au soutienfinancier de plus de 500 personnes – ducrowd-founding – et l'aide d'une centainede bénévoles que ce film a pu voir le jour.

L'hallucinéun autre cinéma est possible

Rendez-vous tous les seconds samedisde chaque mois à Sardent (23250),

salle des fêtes, à 21 heures,projections à prix libre

6 7 8 septembre 2013

rendez-vous au festival le FIFI

à St Germain-des-Salles (03)

au programme de ce week end organisépar le ptigart http://www.ptigart.com/des films sous chapiteau de cirque,des films avec le cinéma voyageur,http://www.cinema-voyageur.org/de films en plein air avec l'halluciné,

des concerts, des spectacles,des jeux,

du miam du glouet surtout TOUT SUR PRIX LIBRE

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vous êtes cernés - 23

23460 Royère-de-Vassivière

tel : 0555645222 latelier23.free.fr

ExpositionsDu 29 Juin Au 30 août :Valérie Berman : "Sentimentale Lessive".Du 28 juin Au 15 septembre :L'Art en lieu : "L'Espace d'un Jardin".

ConcertsJeudi 1er août 19h : Apéro Concert.Tithaume, Chanson / Jazz manouche.

Vendredi 2 août 18h30 : Récital des Rencontres de Choralesrévolutionnaires.

Samedi 10 août 18h30 Et 22h : Soirée électro.Beat Please en partenariat avec Watt Spirit. DJ Ot'a (HipHop-Ragga), Julien Nacimento (Hippie Dance House), Fili-ber (Techno), DJ Lasko (Techno minimal), Candy 233 (Elec-tro-Drum'n'Bass).

Mercredi 14 août 21h30 : El Communero, rock partisan.

Vendredi 16 août 21h30 : Boa Brass band, fanfare.

Samedi 24 août 21h30 : La Goutte, chanson.

La NauteAssociation Naut'active

23190 Champagnat-St-Domet

05 55 67 12 54 — www.lanaute.com

Spectacles à partir de 21 heures

Dimanche 4 août : Aalma Dili, quatuor à cordes tzigane.

Mercredi 7 août : Un jour sur terre. Ciné plein air.

Vendredi 9 août : Viking Project, jazzrock manouche.

Dimanche 11 août : No Named Family, reggae.

Jeudi 15 août : El Comunero, chants républicains espagnols.

Samedi 17 août : Calle Esperanza, musique cubaine.

Jeudi 22 août : Mystic Soul Train, funk.

Dimanche 25 août : Ezza, groove touareg.

10 ans !!

Vendredi 30 août : 10 ans d'histoire de La Naute avec Vlad etEyo'Nle, rock et musique du Bénin.Samedi 31 août : la fête se poursuit avec un bal trad avec Duo Evaet Les Trolls.

Le détail de la programmation est disponible sur le site web du festivalhttp://www. lebruitdelamusique. org

Spectacles à 21heures.

Participation libre. Repli en salle en cas de météo stupide.

1er août : Blaise Cendrars, Le Transsibérien. Lê Quan Ninh-RenéBourdet, spectacle musical.8 août : Récital Aragon, Ferrat, Ferré. Isabelle Toubier- RenéBourdet.15 août : Shakespeare, Les Sonnets. Mélodie Le Bihan-RenéBourdet, lecture musicale.22 août : Henri Barbusse, Ceux qu'on n'a pas domptés. Lecture etchansons.29 août : Cantate pour deux orgues de Barbarie. Lecture musicale.5 septembre : Les grandes dames de la chanson française. Récitalavec Isavelle Tourbier et René Bourdet.

Expositions ouvertes le jeudi

Pavillon de musique : Lolita Bourdet, René et Jean. Photographies.Atelier Gavarni : L'affaire Sacco et Vanzetti.Plein air : Les tuiles qui parlent.

Spectacles hors les murs

10 août à 21 h en l'église de Domeyrot : Cantate pour deux orguesde Barbarie.11 août à 16 h en l'église de Bord-St-Georges : Cantate pour deuxorgues de Barbarie.

Les Jardins jeudis de la SpouzeLa Spouze, 23230 La Celle-sous-Gouzon

05 55 62 20 61

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24 - la der des der

La copie et la diffusion des textes publiés dans ce journal sont libres et fortement encouragées.

Où trouver Creuse-Citron ?Aubusson  : Librairie La Licorne, 42, Grand-rueAu fabuleux destin café-spectacle, rue CerclierÉpicerie bio Ethiquête, 96, Grand-rueBourganeuf : Petit coin du livre, rue de verdunBoussac bourg : Ferme ChauveixBussière-Dunoise : Bar-coiffeur PignautChambon-sur-Voueize : Café de la promenadeChampagnat / St-Domet : Étang de la NauteDun le Palestel : Librairie Feugère 1 , rue desSabotsÉvaux-les-bains : Bar-tabac Le Rallye

Eymoutiers : Librairie Passe-TempsLe Monde allant vers : brocante, récupBar Le Potron minetFelletin : Bar-tabac Le TroubadourGuéret : Bar-tabac Le Balto, place du MarchéCoop des champs, rue de LavilatteLibrairie Les Belles Images, rue É.-FranceLibrairie Au fil des pages, place du MarchéBar-tabac Le Bolly, 2, rue Maurice-Roll inatBar à tapas Le Guet-apens, 1 6, rue de VerdunSolecobois, 1 4, av. FayolleLimoges : Librairie Page et Plume, pl. de la MotteUndersounds, 6, rue de Gorre

Montluçon : Librairie Le talon d'Achille,8, pl. Notre-DameMoutier-Rozeille, La Clide : Atelier de sculptureJ. L. GautherinSur le plateau et les marchés : Le Temps descerises, épicerie ItinéranteRoyère : Bar L’AtelierSt-Laurent : Bar L'EnvoléeSt-Loup : Restaurant Le P'tit loupSardent : Bar Chez JosianeÉpicerie Vivalet sur http://creuse-citron.revolublog.com

Numéro réalisé avec le logiciel libre

SCRIBUS (www.scribus.net)

Impression : Espace Copie Plan, Guéret

Creuse-Citrons'adresse à tous ceux et celles qui luttent contre la falsification del'information et la diffusion généralisée de l'idéologie libérale. C'est unjournal indépendant et libertaire qui s'interdit toute exclusive et toutprosélytisme en faveur de telle ou telle organisation syndicale oupolitique. Sur cette base nous publierons toutes les informations quevous nous ferez parvenir.Ce journal est réalisé par le Collectif libertaire Creuse-Citron.

Prix LibreNous vous proposons Creuse-Citron à prix libre. C’est, pour notrecollectif, une démarche politique, non marchande, alors que parailleurs, l’habitude est de payer le même prix, que l’on soit fortuné oupauvre. Le prix libre n’est pas pour autant la gratuité  : c’est donner lapossibilité d’acquérir un même produit selon ses moyens et sesmotivations.

Abonnements : voir page 4

Courrier postal : Creuse-Citron

BP 2 23 000 Sainte-Feyre

Courriel : creusecitron@ free.fr

LES 16 ET 17 MARS se sont réunis àLigoure en Haute-Vienne les groupes,liaisons et individuel-le-s de la Fédéra-tion anarchiste des régions du Limousin,d'Aquitaine, d'Auvergne et de Poitou-Charente afin de (re)créer l'Union régio-nale Centre-Ouest (Urco) de la Fédéra-tion anarchiste.

Le but de cette union est derapprocher les militants et mili-tantes de ces régions rurales pourmieux coordonner notre actiondans les luttes et pour développerla diffusion des idées et des pra-tiques libertaires dans nosrégions. L'Urco permettra égale-ment de confronter nos expé-riences et de mettre en communnos énergies et nos ressourcespour renforcer notre présence etnotre influence au sein des mou-vements sociaux et politiques.

Nous avons fait le constat quela faiblesse du mouvement liber-taire impose souvent un isole-ment géographique et politiquequi entrave et limite l'action militantedans la participation aux luttes et dans lapropagande anarchiste. Nous pensons

qu'une union régionale, structure inter-médiaire entre le groupe local et la Fédé-ration, est un maillon utile et nécessairepour briser cet isolement et rendre pos-sible une meilleure visibilité du mouve-ment anarchiste dans nos régions.

Nous souhaitons fédérer le mouvementlibertaire dans toute sa diversité, c'est pourcela que nous avons décidé de proposer et

d'ouvrir cette union régionale à toutes lescomposantes, individus, groupes, associa-tions, journaux... intéressés par l'initiativesans pour autant être membre de la Fédé-ration anarchiste.Nous avons opté pour un fonctionne-

ment fédéraliste libertaire et des déci-sions prises au consensus. L'Urcose réunit plusieurs fois par an enassemblée générale et s'est dotéd'outils électroniques de discussionet de travail. Un coordinateur et untrésorier ont été mandatés. Nousavons plusieurs projets à dévelop-per et à construire, comme un siteweb, un journal et un agendarégional, des tracts et des affichescommuns, des stages de formationanarchiste, des réunions publiqueset l'organisation d'un événementannuel ambitieux comme unegrande fête libertaire par exemple.

Si vous êtes intéressé par l'initia-tive ou si simplement vous souhai-tez nous contacter pour faireconnaissance ou bien nous poser lamoindre question, écrivez-nous à

l'adresse :

[email protected]

URCO, kezaco ?