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Page 36 - Tourbières des montagnes françaises - Nouveaux éléments de connaissance, de réflexion & de gestion. Pôle-relais Tourbières 2010 Rédaction Jérémie Cholet - Pôle-relais Tourbières Hervé Cubizolle - Université de Saint-Etienne Fatima Laggoun-Défarge - CNRS Orléans

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Page 36 - Tourbières des montagnes françaises - Nouveaux éléments de connaissance, de réflexion & de gestion. Pôle-relais Tourbières 2010

Rédaction

Jérémie Cholet - Pôle-relais TourbièresHervé Cubizolle - Université de Saint-EtienneFatima Laggoun-Défarge - CNRS Orléans

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Tourbières des montagnes françaises - Nouveaux éléments de connaissance, de réflexion & de gestion - Page 37Pôle-relais Tourbières 2010

Tourbières et climatCHAPITRE 2

Les climats influencent les tourbières p.381.1. Le rôle du climat dans la répartition des tourbières p.38

1.1.1. A l’échelle planétaire p.381.1.2. A une échelle régionale p.39

1.2. L’influence du climat sur la répartition des différents types de tourbières p.391.2.1. A l’échelle planétaire p.391.2.2. Deux exemples dans le Massif central oriental p.40

L’influence des tourbières sur le climat p.432.1. A l’échelle planétaire : les tourbières, de grandes accumulatrices de carbone… p.432.2. A l’échelle locale : les microclimats en tourbières p.43

Quelle évolution pour le climat et les tourbières ? p.453.1. Un point sur le changement climatique p.453.2. Contribution des tourbières au changement climatique p.463.3. Conséquences du changement climatique sur les tourbières p.473.4. PEATWARM : un programme d’études des effets d’un réchauffementsimulé sur le fonctionnement des tourbières p.48

Bibliographie thématique p.51

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1.1.1. A l’échelle planétaire

La distribution géographique des tourbièrescorrespond assez bien aux deux ceintures debasses pressions qui entourent la Terre auxmoyennes et basses latitudes . Ce phénomè-ne s’observe de façon très nette dans larégion intertropicale, où les tourbières sontprincipalement localisées dans la zone debalancement saisonnier de la convergenceintertropicale (CIT).Les alizés se rencontrent au niveau de ceszones de basses pressions proches del’équateur, et y font converger des massesd'air chaudes et humides provenant des tro-piques qui subissent de très puissantesascendances, entraînant à leur tour de fortesprécipitations.

La relation est moins nette dans l'hémisphèrenord, où l'on rencontre de vastes zones tour-beuses au cœur de régions moyennement àfaiblement arrosées, bien que soumises unebonne partie de l'année à l'influence desbasses pressions. Cela est dû à l'immensitéde ces masses continentales, ainsi qu’à l'éloi-gnement - qui en découle - des océans oùnaissent les perturbations. Ainsi le Centre-Nord du Canada, les plaines de Sibérie occi-dentale et les plateaux de Sibérie orientale,des régions particulièrement bien pourvuesen tourbières, reçoivent entre 200 mm et1000 mm de précipitations annuelles selonleur plus ou moins grande distance auxmasses océaniques.

La température est un autre facteur àprendre en considération, puisqu’elle secombine avec les précipitations pourdéterminer l'évapotranspiration (qui estdéfinie comme l'eau transférée vers l'atmo-sphère par le biais à la fois de la transpira-tion des végétaux et de l'évaporation - voirchapitre 5). Ainsi, la répartition des tour-bières dépend davantage de l'équilibreentre les précipitations et l'évapotranspira-tion que des seules tranches d'eau précipi-tées. Cela explique que les régions équato-riales très chaudes mais très arrosées, toutcomme les régions continentales de l'hé-misphère nord, peu arrosées mais froides,soient riches en tourbières.

La répartition géographique des tour-bières est le résultat d'une combinaison defacteurs assez complexe, qui varie selonl'échelle spatiale à laquelle la question estabordée. Ainsi, au même titre que la géolo-gie, la géomorphologie, l'hydrologie et l'in-tervention des sociétés humaines, le rôledu climat est très variable, quoique tou-jours important, tant est fondamentale laplace de l'eau dans la genèse et la pérennitéde ces écosystèmes.

Il faut toutefois garder à l'esprit que les cli-mats ont évolué au cours des milliers, voiredes dizaines de milliers d'années d'exis-tence des tourbières. En conséquence, lesclimats qui ont permis le démarrage de laturfigénèse ne sont pas nécessairementceux sous lesquels la tourbe continue des'accumuler au XXIe siècle. C'est pourquoivouloir expliquer la répartition actuelled'écosystèmes aussi vieux au moyen duseul facteur climatique serait une erreur,

car s'il est inconcevable qu'une tourbièrecontinue à se développer sous un climatdevenu désertique - hormis certains casparticuliers de sites minérotrophes ali-mentés en permanence depuis des sec-teurs plus arrosés, il est tout à fait envisa-geable qu'elle démarre et connaisse unpremier développement dans des condi-tions hyperocéaniques, puis qu'elle semaintienne des millénaires durant sous unclimat continental subhumide.

Effet d’un réchauffement climatique simulé sur la tourbière du Forbonnet [25] / F. Laggoun-Défarge - CNRS Orléans

1. LES CLIMATS INFLUENCENT LES TOURBIÈRES

1.1. Le rôle du climat dans la répartition des tourbières

Pôle-relais Tourbières 2010

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1.1.2. A une échelle régionale

Les données du problème sont ici différentes, etdeux cas de figure sont à considérer :

soit les conditions climatiques sont relative-ment homogènes, et il faut alors faire appel àd'autres facteurs que le climat pour expliquer larépartition des tourbières ; c'est le cas dans lesrégions à la topographie monotone, sans reliefsnotables qui influent sur la météorologie locale ;

soit les conditions climatiques connaissent defortes variations sur de faibles distances et le cli-mat, ou plutôt les conditions météorologiqueslocales, jouent un rôle important au côté desautres facteurs géographiques ; c'est le cas enmontagne, où l'altitude et l'exposition des ver-sants influent considérablement sur les variablesmétéorologiques.

Un bel exemple est celui des Andes, où les tourbières se concentrentsur le versant pacifique, l'une des régions les plus arrosées du monde,alors que le versant argentin en est presque dépourvu, sauf dans lesecteur d'Ushuaia où la ligne de crête s'abaisse considérablement ets'oriente ouest/est, ce qui concentre les précipitations au sud de laTerre de Feu.

Plus près de nous, la répartition des tourbières en Limousin montreque la majorité des sites se concentre sur les reliefs occidentaux, quisont la première barrière pour les flux issus de l’Atlantique ; l’impor-tance des précipitations orographiques sur ces secteurs, combinéeaux autres paramètres évoqués précédemment, explique la concen-tration de milieux tourbeux que l’on y rencontre.

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1.2.1. A l’échelle planétaire Les tourbières ombrotrophes, et en particu-lier les tourbières bombées, se rencontrentprincipalement dans les régions où les bilansde l'eau sont les plus favorables tout au longde l'année, c'est-à-dire là où les précipitationssont abondantes ou très abondantes et lestempératures modestes, ce qui limite l'éva-potranspiration. Tous les secteurs au climathyperocéanique des moyennes latitudesaccueillent ainsi de vastes et magnifiquestourbières bombées à sphaignes : Grande-Bretagne et Irlande, Fennoscandie, Andeschiliennes, sud de la Terre de Feu, Nouvelle-Zélande, sud de l'Alaska … Les tourbières basses, quant à elles, seretrouvent sous un panel de climats variés,tant du point de vue des températures quedes précipitations ; en effet, elles dépen-

dent moins directement des conditionsmétéorologiques.Même si des relations, parfois nettes, existententre les principales aires biogéographiqueset les types de tourbières, les secteurs demontagne présentent la particularité deconstituer des biomes azonaux (déconnec-tés des grandes ceintures influencées en par-ticulier par la latitude). Les conditions localesde climat quand on monte en altitude (voir1.1.2.) ont en effet des conséquences relati-vement similaires à celles rencontrées lors-qu’on se dirige vers les hautes latitudes ; ainsidans le modèle de Holdridge, qui classe lesgrandes « zones de vie » selon divers fac-teurs (évapotranspiration potentielle,précipitations), retrouve-t-on en parallèledes correspondances entre régions lati-tudinales et ceintures altitudinales.

1.2. L’influence du climat sur la répartition des différents types de tourbières

La montagne est à ce titre un secteur privilégié du fait des modificationsclimatiques entraînées par les reliefs : diminution des températures (lararéfaction de l'air limitant l'absorption des radiations solaires) etaugmentation des fréquences et intensités des précipitations jusqu’àl’altitude dite optimale (l’ascendance des masses d'air se traduit parun refroidissement, qui entraîne la condensation de la vapeur d'eauet donc la création de nuages). Même si ces généralités doivent êtrenuancées par les organisations et orientations des reliefs, induisantune forte variabilité selon les versants (adret/ubac, au vent/sous levent) ou les vallées et bassins (climat d‘abri ou pas), on comprendqu’un climat globalement plus frais et humide soit favorable à la miseen place de milieux tourbeux ; à noter que les plus hautes altitudes nesont pas concernées du fait des conditions extrêmes qui y règnent(froid, neige...), et limitent notamment le développement de la végé-tation. Les modelés glaciaires ou périglaciaires qui abondent en mon-tagne constituent un autre facteur favorable.

Tourbières inondées dans la presqu'île Mitre (Terre de Feu - Argentine) / F. Muller - Pôle-relais Tourbières

Pôle-relais Tourbières 2010

Répartition « en arc » des sites tourbeux (en rouge) en région LimousinCREN Limousin

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1.2.2. Deux exemples dans le Massif central oriental

En France, les tourbières se trouvent en limite sud de leur répartition principale dans l'hémisphère Nord ; le climat n'est que l'un desnombreux facteurs qui interviennent pour expliquer leur distribution. Deux exemples pris dans le Massif central oriental vont nous permettre d'illustrer cette complexité.

L'étagement des tourbières le long du versant oriental des Monts du Forez

Les tourbières sont absentes de l'étage collinéen, en dessousde 900 m d'altitude. Cela s'explique par la modestie des précipi-tations, des températures moyennes estivales élevées associées àdes coups de foehn et des vents du sud très desséchants, la trèsfaible épaisseur des formations superficielles et une emprisehumaine forte. Seule Sphagnum teres est présente çà et là danscertains fonds de vallon ; elle est associée à Juncus acutiflorus etAlnus glutinosa. Le milieu est peu acide, les valeurs de pH s'échelon-nant entre 6,4 et 6,8. Les sols sont des réductisols (sols à gley)typiques à anmoor (humus formé en anaérobiose non permanente)ou épihistiques (horizon(s) supérieur(s) tourbeux inférieur(s) à 50 cm).Tourbière de la Palissade [42] - 821 m / Université de Saint-Etienne

Entre 1100 m et 1250 m d'altitude, au sein de l'étage montagnardmédian actuellement très largement couvert par la sapinière acidophi-le à Abies alba et Vaccinium myrtillus sur sol ocre podzolique, se déve-loppent des écosystèmes tourbeux complexes et typologiquementtrès variés. Ils sont installés dans les fonds de vallées, souvent en têtede réseau hydrographique, où ils constituent des clairières plus oumoins arborées d'une superficie de 2 à 13 hectares au cœur des sapi-nières. D'un point de vue phytoécologique, on observe une mosaïquede tourbières ombrotrophes à sphaignes (Sphagnum magellanicum, S.capillifolium, S. rubellum), plus ou moins dégradées et souvent boiséesen Pinus sylvestris et Betula pubescens, et de tourbières minérotrophes àJuncus acutiflorus, Sphagnum teres, S. flexuosum, S. angustifolium, S.squarrosum et Betula pubescens. Sur certains sites, on note une évolu-tion de la boulaie à sphaignes vers la sapinière à bouleaux climacique(Betulo-Abietetum Lemée ex-Thébaud 2006). Les datations montrentdes âges très variables pour les couches basales : la plus ancienne deces tourbières s'est mise en place au Préboréal, soit entre 10100 et 8200avant J-C., tandis que la plus récente démarrait au milieu du Subboréal,soit autour de 2100 avant J-C. La présence des tourbières est ici plusdifficile à expliquer : le facteur climatique intervient, puisque les tem-pératures s'abaissent à ces altitudes, tandis que les précipitations aug-mentent. Mais l'intensité de l'activité agro-pastorale historique permetégalement d'expliquer - en partie du moins - la diversité actuelle de cestourbières, certaines ayant été intensément pâturées, tandis que surd'autres la pression a été beaucoup plus faible. Par ailleurs, quelquessites ont fait l'objet de tentatives de drainage, qui ont vraisemblable-ment eu un impact sur la dynamique turfigène.Tourbière de la Prénarde [42] - 1125 m / Université de Saint-Etienne

Tourbière de Sauvazoux [42] - 930 m / Université de Saint-Etienne

A l'étage montagnard inférieur, entre 900 m et 1100 m,au cœur des terroirs agricoles historiques, les tour-bières minérotrophes apparaissent. Le pH fluctueentre 5,5 et 6,5 et la végétation se compose principa-lement de Sphagnum teres, Aulacomnium palustre,Carum verticillatum et Salix repens. Il s’agit ici de tour-bières anthropiques qui ne doivent leur existencequ'à des obstacles en pierres ou en terre, bâtis par lesHommes au fil des trois derniers millénaires pourcontrôler les écoulements de fonds de vallon, créerdes pièces d'eau ou marquer des limites de parcelles(voir chapitre 1). Les épaisseurs de tourbe varient de 1à 4 m selon la configuration du terrain et la nature del'aménagement.

Pôle-relais Tourbières 2010

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Entre 1250 m et 1450 m, au sein del'étage montagnard supérieur, on voitapparaître les grandes tourbièresombrotrophes, souvent bombées, àSphagnum magellanicum, S. rubellum,S. capillifolium, mais aussi S. fuscumpour celles situées au nord du massif.Elles sont souvent incorporées à devastes systèmes tourbeux de plu-sieurs dizaines d'hectares, qui se pro-longent dans l'axe des vallées flu-viales par des couloirs de tourbièresminérotrophes. Les bombements sontsitués en tête de vallée, et beaucoupsont associés aux modelés glaciaires(cirques glaciaires, barrages demoraines), mais aussi à des cirques denévés. La topographie en dôme estmarquée et les épaisseurs de tourbevarient entre 3 m et 6,5 m. Elles sontréparties au sein des landes à Callunavulgaris et Vaccinium myrtillus, de lahêtraie, de la sapinière ou des groupe-ments à Sorbus aria ou Sorbus aucupa-ria. Toutes ces tourbières se sontmises en place dans la première moi-tié de l'Holocène, principalement auBoréal et à l'Atlantique ancien, soitentre 8200 avant J-C. et 4800 avant J-C. La présence desgrandes tourbières bombées s'explique fondamentalementpar la combinaison de conditions climatiques, géomorpholo-giques et topographiques très favorables. Le climat à ces alti-tudes prend en effet un caractère résolument montagnard,avec des précipitations bien réparties sur l'année et com-prises en moyenne entre 1200 mm et 1400 mm.L'enneigement est également plus abondant et plus persis-

tant, engorgeant les sols et les formations superficielles jus-qu'au début de l'été dans les années 1970, puis moins lon-guement, quoiqu'encore jusqu'au cœur du printemps, depuisle début des années 1980. Enfin la topographie de ces pla-teaux comprend de nombreuses surfaces en pente douce etdes modelés en creux glaciaires et périglaciaires : têtes de val-lées, cirques glaciaires, cirques de névés, niches de nivation,bourrelets morainiques.

Au dessus de 1450 m enfin, on entre dans l'étage subalpin inférieur oùon ne trouve plus que de petites tourbières de moins de 1 ha dissémi-nées au sein des landes asylvatiques à Vaccinium uliginosum, Calluna vul-garis, Alchemilla saxatilis, Luzula devauxii, Festuca rubra ssp. rubra … Lestourbières, peu nombreuses, sont installées dans des cirques de névésou des niches de nivation, jusqu'à 1570 m d'altitude - soit une soixan-taine de mètres sous les sommets. Il s'agit autant de tourbières ombro-trophes que minérotrophes, qui n'offrent que très ponctuellement desépaisseurs de tourbe supérieures au mètre. Pour trois d'entre elles, quicouvrent quelques centaines de m² de sommets d'interfluve, on a pudémontrer une origine ombrogène. Les datations réalisées montrentune origine remontant principalement au Subatlantique, secondaire-ment au Subboréal et très exceptionnellement à l’Atlantique récent. Acette altitude, les conditions climatiques sont moins favorables, malgrédes précipitations qui atteignent fréquemment 1600 mm par an.L'accumulation de tourbe est ralentie du fait de la réduction considé-rable de la saison végétative, qui limite la production de biomasse. Parailleurs les surfaces en pente douce et les modelés en creux sont rarescar le massif de Pierre-sur-Haute, qui rassemble l'essentiel des zonesconcernées, émergeait de la calotte glaciaire au Würm et n'a donc pasété englacé. Les seuls modelés favorables à la turfigenèse se rencon-trent sur son flanc est, et il s'agit de quelques cirques de névés et deniches de nivation.Tourbière de Corniche en Cœur [42] - 1540 m / Université de

Saint-Etienne

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Tourbière de Gourgon [42] - 1360 m / Université de Saint-Etienne

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La répartition des tourbières bombéesdans le Massif central orientalConcernant maintenant plus spéciale-ment les tourbières bombées, on lesretrouve principalement dans les sec-teurs de moyennes montagnes bienarrosées comme le Massif central, lesVosges et le Jura. Dans le Massif centraloriental, des études ont montré com-ment la typologie des tourbières variaitsur une distance d'environ 200 km, desmonts de la Madeleine au nord au som-met du Tanargue au sud.

Dans les Monts de la Madeleine, lesprécipitations sur les plus hautes sur-faces, entre 900 et 1287 m d'altitude,dépassent partout les 1200 mmannuels, et peuvent exceptionnelle-ment atteindre les 1700 mm. Les tour-bières bombées, qui apparaissent dès900 m, ont alors des convexités trèsmarquées et les épaisseurs de tourbeatteignent près de 6 m.

Dans le nord des Monts du Forez, lesprécipitations sont tout aussi abon-dantes sur le versant auvergnat, àl'ouest, mais la vigueur des dénivelésempêche le développement des tour-bières en favorisant l'écoulement deseaux. La retombée orientale du massif,en revanche, est beaucoup plus favo-rable du point de vue de la topogra-phie si bien que, malgré des précipita-tions moins abondantes du fait de laposition d'abri par rapport aux vents

pluvieux venus de l'ouest, les tour-bières bombées sont encore nom-breuses. Les convexités sont toutefoisplus écrasées alors que les épaisseursde tourbe restent fortes (jusqu'à 6,45 m).

En allant vers le sud du massif, l'om-brotrophie est plus localisée, circonscri-te aux plus hautes terres, les mieuxarrosées. Les tourbières sont de moinsen moins bombées, moins vastes, lesépaisseurs souvent comprises entre 2et 3 mètres.

Plus au sud encore, les tourbièresombrotrophes sont cantonnées dansdes contextes topographiques bienparticuliers : les cratères de volcans,essentiellement les maars du plateauvolcanique du Velay.

Partout ailleurs, on ne trouve plusque des tourbières basses et minéro-trophes, de faible superficie, nichéessur le haut des versants du Mézenc etdu Tanargue.

Ces quelques développements montrent bien que seule la combinaison des facteurs climatique, hydrologique, géomor-phologique et anthropique est en mesure d'expliquer dans le détail la répartition des tourbières. Le facteur climatiqueest certes primordial, car sans précipitations il n'y a pas d'accumulation de tourbe possible. Mais la hauteur d'eauannuelle nécessaire à la turfigenèse peut varier considérablement selon le contexte géomorphologique.

On constate par ailleurs l'importance du facteur humain, fondamental dans les régions de vieille civilisation agro-pastoralepuis agricole, comme l'Europe occidentale en général et la France en particulier.

Une conséquence majeure, en termes de gestion conservatoire, de cette multiplicité des facteurs impliqués dans la répar-tition des tourbières est que les menaces qui pèsent sur ces écosystèmes sont nombreuses et souvent insidieuses. On peuten identifier trois catégories :

celles bien connues de tous, comme le drainage ou l'extraction ;

celles fortement suspectées mais encore mal caractérisées, comme le changement climatique en cours, dont lesimpacts sur les tourbières d'Europe occidentale semblent très variables selon les contextes ;

celles méconnues des gestionnaires, comme l’arrêt de l’entretien des aménagements à l'origine du maintien des conditionshydrologiques favorables à la turfigenèse dans de nombreuses petites tourbières anthropiques, corollaire de l’abandondes terroirs agricoles de montagne.

Pôle-relais Tourbières 2010

Tourbière dans la brume / M. Dalliet

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Tourbières des montagnes françaises - Nouveaux éléments de connaissance, de réflexion & de gestion - Page 43

Les interactions entre tourbières et climats se font dans les deux sens : si le climat agit sur la genèse et l’évolution des tourbières, cesdernières, par leurs fonctions de puits ou de sources de carbone, pourraient jouer un rôle non négligeable dans les changementsclimatiques futurs. En effet, les tourbières sont souvent évoquées comme des milieux abritant une biodiversité originale, rare et menacée ; àl’inverse, l’importance de leur fonction de grandes accumulatrices de carbone sous forme de tourbe a longtemps été négligée. A l’heureactuelle, où le dérèglement climatique dû à un excès d’émission de gaz à effet de serre (comme le CO2 et le CH4) dans l’atmosphère se

fait de plus en plus alarmant, les tourbières revêtent donc une importance toute particulière du fait de leur rôle - à l'échelle mondialeet pour les sites non dégradés - de « puits » de carbone, qui contribue à réguler naturellement le climat. L'inverse est également vrai,puisque les secteurs dégradés constituent des sources importantes de gaz à effets de serre

2. L’INFLUENCE DES TOURBIÈRES SUR LE CLIMAT

Les tourbières sont des écosystèmes pour ledéveloppement desquels le facteur indis-pensable est un bilan hydrique positif ounul, obtenu lorsque la somme des apportsen eau est supérieure ou égale aux pertes.

Dans de telles conditions d’engorgementpermanent, associées à de faibles tempéra-tures et une faible diffusion de l’oxygènedans l’eau (10 000 fois moins que dans l’air),l’activité microbienne se trouve fortementlimitée. Ceci implique une faible décompo-sition et une forte accumulation dematières organiques dont la dynamiquedébouche sur la formation de la tourbe.Celle-ci contient entre 70 et 100% (enmasse sèche) de matière organique (MO) etentre 70 et 90 % d’eau, par opposition à unsol minéral dont les teneurs en matièreorganique n’excèdent pas 10 à 15%(Heathwaite & al., 1993).

A l’échelle mondiale, les tourbières représen-tent près de 3 % de la surface des terresémergées (Lappalainen, 1996), avec unesuperficie d’environ 400 millions d’hectares

(plus de 7 fois la France métropolitaine), soit62 % des zones humides terrestres. Elles sedéveloppent sous toutes les latitudes, excep-tion faite des zones arides ou très froides.90% des tourbières à sphaignes se trouventdans les zones sub-boréales à boréales del’hémisphère nord. Plus de 43 % de la surfa-ce mondiale des tourbières se rencontrentsur le continent nord-américain (28% auCanada et 15% aux USA), couvrant ainsienviron 8% de son territoire. Un autre terri-toire qui abrite de grandes étendues detourbières est la Russie (14% de la surfacemondiale). Même si la Finlande n’abrite que3% de la surface mondiale, 34% de son ter-ritoire est occupé par des tourbières(Pfadenhauer & al., 1993).

En France, les inventaires restent incom-plets et disparates, en particulier en ce quiconcerne la taille des sites répertoriés (denombreuses campagnes ont en effet fixédes seuils minimaux de superficie en des-sous desquels les tourbières et zoneshumides n'étaient pas nécessairement prisen compte), leur délimitation, ou même

leur nature (selon les critères utilisés, pédo-logiques ou de végétation, l’épaisseur mini-male de tourbe, etc.). Les estimationsvarient ainsi de 100 000 ha (France métro-politaine, critères de végétation) à plus de300 000 ha (dont 160 000 en Guyane) surl’ensemble du territoire national, avec descritères pédologiques (Joosten, 2009).

C’est ainsi que, depuis la dernière déglacia-tion, environ 450 Pg (1 Pg = 1015g = 1 Gt) decarbone auraient été accumulés dans lestourbières boréales (Clymo, 1983; Gorham,1991 ; Laine & al., 1996), et qui correspon-draient à une masse de tourbe de 5 à 6 000Gt. Ce stock de carbone représenterait prèsd’un tiers de celui contenu dans l’ensembledes sols mondiaux (Lappalainen, 1996) etserait équivalent aux ¾ du carbone atmo-sphérique (Falkowski & al., 2000). Joosten(2009) estime quant à lui que le stock glo-bal de carbone en tourbières était de 453Gt en 1990, et de 446 Gt en 2008 ; il donneun stock de carbone contenu dans les tour-bières de France métropolitaine de 150 Mten 1990, contre 137 Mt en 2008.

2.1. A l’échelle planétaire : les tourbières, de grandes accumulatrices de carbone…

Différentes observations montrent la pré-sence de microclimats en tourbière,caractérisés notamment par des ampli-tudes thermiques plus importantes quedans les secteurs environnants.

Edom (2001) rappelle que les tourbièressont au premier chef dépendantes duclimat régional et local dominant ; c’estseulement en second lieu qu’elles inter-viennent rétroactivement sur le climatrégional, au niveau des variations detempérature et de l'humidité (l'humidi-té issue de l’évapotranspiration en tour-bière va augmenter la saturation de l'air,

ce qui limitera ensuite l'évapotranspira-tion). Ainsi les différences entre le climatde la tourbière et le climat des zonesenvironnantes sont-elles d’autant plusfaibles que le climat régional est plushumide et plus froid, et d’autant plusgrandes qu’il est plus sec et plus chaud.

Les effets susnommés se manifestentpar de l’advection, c'est-à-dire deséchanges horizontaux de masses d’air(vent) ; comme l’évapotranspiration destourbières est souvent plus importanteque celle de leurs alentours, il se crée uneffet d’oasis, c'est-à-dire que le niveau

d’évapotranspiration est d’autant plusgrand que la zone humide est petite et estsituée dans un environnement sec. Ainsi,Romanov (in Edom, 2001) démontre dansla zone des forêts boréales de Russie duNord et de la Baltique que l’influence del’advection sur l’évapotranspiration degrandes surfaces de tourbières est signifi-cativement faible ; à l’opposé, Bavina (inEdom, 2001) montre dans la zone dessteppes boisées de Biélorussie un neteffet de l’advection (causée ici par unassèchement des bas-marais avoisinants)sur l’augmentation de l’évapotranspira-tion des tourbières.

2.2. A l’échelle locale : les microclimats en tourbières

Pôle-relais Tourbières 2010

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Des résultats similaires ont été obtenusen Allemagne. Ainsi, Eggelsmann &Blankenburg (in Edom, 2001) interprè-tent les déficits du bilan hydrique depetites surfaces en eau d'une zoneexpérimentale de réhabilitation commeétant en partie liés à l’effet d’oasis ;Behrendt (in Edom, 2001) a lui montréqu’un lysimètre placé dans une roseliè-re d’une zone remise en eau indiquaitune évaporation de 15 à 20% moindrequ’un lysimètre placé dans un environ-nement plus sec.

Si un vent en provenance d’une zone àévaporation relativement faible (parexemple un sol arable minéral) passeau-dessus d'une zone plus humide(comme une tourbière), la plus forte dis-ponibilité en eau permettra brusque-ment la satisfaction d’une partie plusimportante des exigences d’évapotrans-piration de l’air. L’évapotranspirationainsi accrue conduit à un accroissementde l’humidité de l'air et, du fait de laconsommation d’énergie qui y est liée, àun refroidissement de l’air qui surplom-be la tourbière. Ceci à son tour causeune réduction de l’évapotranspirationpotentielle : l’évapotranspiration dansla tourbière diminue avec un accroisse-ment de la force du vent, jusqu’àatteindre un nouvel état d’équilibre,non soumis à l’advection.

L'impact du vent est souvent négligé, cequi induit sur de larges surfaces deserreurs dans la détermination desbilans hydriques. Or la variabilité de cesimpacts est importante :

en l'absence de vent, la tourbière éva-pore peu, par exemple lors des étiages ;

si la tourbière est insérée dans unenvironnement humide ou dans des cli-mats globalement humides (atlan-tiques) ou frais, la réduction d’énergied’advection (= évapotranspiration liéeau vent) est très faible ou inexistante ;

si la tourbière est très grande, leseffets d’advection agissent surtout enbordure, c’est à dire que les grandestourbières sont moins soumises au cli-mat environnant ;

en conditions continentales et relati-vement sèches (steppe, steppe boisée,paysages agricoles), les effets d’advec-tion sont particulièrement forts au prin-temps et en automne, quand la tourbière

est saturée d’eau (Bavina, in Edom,2001) ; ils sont souvent sous la limite demesurabilité, mais entrent tout demême dans les perte de bilan hydrique.

si une tourbière est environnée deforêts ou d’autres obstacles à la pro-gression du vent (par exemples desmontagnes), ou si elle est située dansune vallée profonde protégée du vent,l’effet de l’advection est minimal : unenvironnement boisé limite le pouvoirévaporant au-dessus de la tourbière,d’une part par son effet de protectioncontre le vent, et d’autre part par sapropre évapotranspiration, qui enrichitl’air en humidité. Aussi Leick (in Edom,2001) vit-il déjà la cause de l’existencede la petite tourbière de Kieshof, dans leclimat par ailleurs relativement sec deGreifswald (Allemagne), dans la présen-ce d’un environnement boisé et dansl’embroussaillement des landes, quiconstituent par leur irrégularité de sur-face un frein à la vitesse du vent. C’estaussi ainsi que peuvent s’expliquer lesconditions de forte croissance de latourbe des tourbières de chaudronsglaciaires. Les vents de foehn des mon-tagnes déclenchent, en survolant lestourbières qui s’y trouvent, une aug-mentation de l’évapotranspiration paradvection.

Un effet inverse (advection négative)est constaté dans les terrains en pente,induit par les courants d’air froid (par

exemple sur les tourbières en situationde pente ou de vallée) durant les nuits àfort rayonnement et les mois d’hiver, cequi conduit à la formation de nappesd’air froid dans les vallées et les replisde terrain. Elles favorisent la formationde brouillards et de rosée et ralentit leréchauffement durant les heures dujour, ce qui diminue le pouvoir évapo-rant atmosphérique en début de journée.

L’effet rétroactif des tourbières sur lesconditions d’humidité atmosphériquese manifeste par un microclimat frais ethumide aux abords de la tourbière dansles paysages riches en tourbières ; leseffets d’advection et le pouvoir évapo-rant en est diminué. L’assèchement detourbières dans de vastes complexespaysagers conduit du fait d’une évapo-ration diminuée dans ces tourbièresasséchées, à un pouvoir évaporantaccru, donc à une augmentation deseffets d’advection dans les tourbièresqui auront été maintenues à l’état natu-rel. Des remises en eau à grande échelleont des effets inverses.

L'étude climatique sur la tourbièredes Dauges [87] confirme la singula-rité du microclimat sur la tourbière,ainsi que le fait que celle-ci constitueun creux à gel, avec des influenceslocales marquées de la végétation(Vilks, 1998).

Tourbière des Dauges [87] / L. Jameau - Pôle-relais Tourbières

Pôle-relais Tourbières 2010

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3. QUELLE ÉVOLUTION POUR LE CLIMAT ET LES TOURBIÈRES ?

Depuis la révolution industrielle, suite à la combustion massivede matières carbonées fossiles, des dizaines de milliards detonnes de carbone et, d’une manière générale, de gaz dits« à effet de serre » (CO2, CH4, N20…) ont été rejetées dansl’atmosphère, modifiant ainsi les quantités impliquéesdans le cycle global du carbone. Les concentrations de cesgaz dans l’atmosphère terrestre au cours des dernierssiècles ont donc nettement augmenté.

3.1. Un point sur le changement climatique

Rappelons d’abord que les climats ont déjà connu defortes variations par le passé (exemple des glaciations),mises en évidence notamment par les reconstitutionspaléoenvironnementales à partir des enregistrementscontenus dans les archives naturelles des tourbières(pollens, macrorestes).

Or ces gaz “bloquent” les émissions radiatives terrestres, provoquant ainsi une hausse des températures. Ce phénomène est naturel etnécessaire à la vie, puisqu’en gardant une partie de l’énergie radiative de la Terre, il a permis à l’origine d’obtenir les gammes de tem-pératures sous lesquelles se sont développés les êtres vivants sur Terre. Jusqu’ici, les compartiments de la planète, et en particulier la biosphère et les océans, ont pu absorber en partie le surplus récent degaz et, par cette fonction de « puits de carbone », ont contribué à réguler le cycle global du carbone.

Pôle-relais Tourbières 2010

Evolution des concentrations des principaux gaz à effet de serre dans l’atmosphère terrestre au cours des deux derniers millénaires / GIEC

Pertubation du cycle du carbone par les activités humaines (à gauche en conditions naturelles)

Stockdes océans

Stock des forêts

Stock du sol

Stock de l’atmosphère

Effet de serre

CO2

Rela

rgag

e Stockage

Effet de serre

Activitéshumaines

Stockdes océans

Stock du sol

Stock des forêts

Stock de l’atmosphère

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Mais aujourd’hui le réchauffement climatique réduit lerôle compensatoire de ces puits, comme le montre leralentissement de la précipitation des carbonates decalcium dans les océans (voir entre autres Sabine & al.,2004). Ce processus, unique dans l’histoire de la Terre depar sa célérité, a notamment conduit à une haussemoyenne des températures de 0,6°C au cours du XXesiècle et devrait, selon les modèles prédictifs du climat,mener à une hausse moyenne des températures allantde 2 à 6°C d’ici la fin du XXIe siècle (GIEC, 2007). Lesincertitudes sur les émissions réelles de gaz à effet deserre, le fonctionnement du système climatique et lesmodèles utilisés ne permettent pas de prédire exacte-ment les changements à venir, et encore moins à unniveau local ; mais les différents scenarii élaborésconvergent vers un réchauffement global, qui pourra setraduire localement par des modifications - hausses oubaisses - des températures et des précipitations. Lesimpacts sur le cycle du carbone et les réponses des sys-tèmes-puits (océans et biosphère) demeurent alorsinconnus. Ainsi, si de nombreux effets “directs” d’un telchangement ont été démontrés ou directement obser-vés (fonte des glaciers, hausse moyenne des précipita-tions dans certaines régions, fréquence des catas-trophes météorologiques...), certains effets “indirects”dus principalement aux rétroactions demeurentméconnus. Ces dernières sont définies comme étant laréponse amplificatrice ou atténuatrice d’un écosystèmeen retour au facteur déclencheur de cette réponse ;ainsi, les modifications subies par un écosystème, suite àun changement climatique, ont des répercussions sur cemême climat. Lorsqu’il y a augmentation de l’intensité dufacteur déclencheur, il est question de rétroaction positi-ve : l’effet de serre nourrit l’effet de serre. Au contraire,quand le facteur déclencheur est atténué, la rétroactionest négative : l’ensemble du système s’autorégule.

Dioxyde de carbone (CO2) et méthane

(CH4) sont deux des principaux gaz à

effets de serre impliqués dans le chan-gement climatique actuel ; le CO2, avec

une durée de vie moyenne dans l’atmo-sphère de 125 ans (contre 12 pour leméthane), et émis en quantités supé-rieures, contribuerait, malgré un pou-voir de réchauffement 23 fois inférieur

que celui du méthane, à 55% à l’effet deserre global, contre 15% pour le métha-ne. Les tourbières dégradées (notam-ment par drainage pour exploitation outransformation en terres agricoles) relâ-chent d’une manière accrue ces gaz,notamment le CO2, et contribuent donc

au changement climatique. Joosten (2009)estime que les quelques 426 000 km² de

tourbières dégradées à travers lemonde ont émis en 2008 l’équivalent de1300 Mt de CO2! Pour la France métro-

poloitaine, les émissions sont estimées à2,7 Mt pour 2008 pour 1120 km² detourbières dégradées, avec des émis-sions potentielles de 450 Mt dans lefutur.

3.2. Contribution des tourbières au changement climatique

Comprendre l’impact des perturbations climatiques sur le fonctionnement des tourbières est primordial, car leur répon-se pourrait soit accélérer (rétroaction positive), soit atténuer (rétroaction négative) les changements engendrés par cesperturbations. En pratique, savoir comment une tourbière va réagir aux perturbations climatiques permet d’orienter son mode degestion : assurer la pérennité d’une tourbière réagissant avec une rétroaction négative par des mesures de gestionconservatoire ou, inversement, pratiquer des mesures de gestion appropriées et adéquates pour tenter de modifier laréponse d’une tourbière réagissant avec une rétroaction positive.

Pôle-relais Tourbières 2010

Atmosphère

Océans

Biomasse

Biomasse morte

(sol, tourbe)

Carbone

fossile

pétrole,

charbon,

gaz

calcaires

(carbonate

de calcium)

Dyn

amiq

ue

rap

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Dyn

amiq

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Lith

osp

hèr

eB

iosp

hèr

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Décennie à quelques siècles - flux rapides

Quelques siècles - flux assez lents

Millions d’années - flux faibles

Trois grands systèmes naturels de recyclage du carbone

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Actuellement, parmi les écosystèmes conti-nentaux, les sols et leur stock de carboneretiennent de plus en plus l’attention de lacommunauté scientifique ; le débat portantsur les effets du changement climatique surces stocks de carbone est de plus en plus vif,puisqu’en fonction notamment de la sensibi-lité de ces écosystèmes à la température, il estpossible d’avoir des rétroactions positives ounégatives sur le stockage du carbone(Davidson & Janssens, 2006).

Les modèles biogéochimiques de décompo-sition de la matière organique (MO) ont jus-qu’à présent été essentiellement établis pourdes sols à teneur en MO moyenne à faible(par exemple McGuire & al., 2001 ; Smith & al.,1997), et très peu de données sont dispo-nibles concernant les tourbières. Pourtant,ces écosystèmes sont reconnus pour être lesplus efficaces pour le stockage du carbone àl’échelle du globe (voir 2.1.). Dès lors, ildevient primordial de prendre en comptedans les modèles de prévision climatique lesvariations du stockage du carbone par lestourbières en réponse au réchauffement cli-matique ; en témoignent les recommanda-tions émises récemment par Davidson &Janssens (2006) dans le journal « Nature »(traduites ici par nos soins) :

« Indépendamment des approches expérimen-tales et de modélisation utilisées, le débat à pro-pos de la sensibilité à la température de ladécomposition devrait être élargi au-delà dessols minéraux pour inclure en particulier leszones humides, les tourbières et le pergélisol.Ces milieux sont, de manière évidente, ceuxpour lesquels les contraintes actuelles dedécomposition sont susceptibles de changer enréponse au bouleversement climatique, expo-sant potentiellement de vastes stocks de carbo-ne à une décomposition accrue durant lesquelques décennies à venir. Un axe derecherche prioritaire devrait être de savoir dansces environnements quels facteurs limitant ladécomposition sont sensibles à la température. »

Dans cette perspective de changement cli-matique, l’intérêt qui doit être porté aux tour-bières, du point de vue de leur vulnérabilitéface aux changements climatiques se justifieà plus d’un titre :

les tourbières sont en partie alimentées eneau par les précipitations ; le système hydro-logique dépend donc des conditions atmo-sphériques, et ce de façon directe et totalepour les tourbières ombrotrophes ;

ces écosystèmes se situent majoritaire-ment dans les zones boréales et sub-boréales de l’hémisphère nord (voir 2.1.),justement là où le réchauffement le plusimportant est attendu pour les décenniesà venir (une hausse de températureannuelle moyenne de 7-8°C à la fin duXXIe siècle selon les prévisions établies parle Groupe d'experts Intergouvernementalsur l'Evolution du Climat (GIEC) dans sonrapport 2007. Avec un tel scénario, nonseulement les tourbières pourraient cesserde fixer le carbone par le biais de la pro-duction photosynthétique, et donc d’ac-cumuler de la matière organique, mais leurfonction de puits de carbone pourrait s’in-verser, et ce stock de carbone indispen-sable à la stabilité de notre climat pourraitse « volatiliser » sous l’effet du réchauffe-ment planétaire attendu.

ces milieux ont une grande capacité destockage de carbone (voir 2.1.) ; ce fortpotentiel d’accumulation de carbone, enparticulier des tourbières ombrotrophes,est dû à plusieurs facteurs : d’abord, lavégétation spécifique (mousses, essentiel-lement des sphaignes) de ces milieux estformatrice de tourbe qui s’accumule avecun taux (1 mm/an en moyenne) nette-ment supérieur à celui des sédimentslacustres ou marins ; ensuite; la préserva-tion de la matière organique, y compris lesbiopolymères comme les polysaccharides(Comont & al., 2006), connus pour être faci-lement dégradables dans les sols (Pancost& al., 2002). Ceci est dû à l’engorgement dumilieu qui, combiné aux faibles tempéra-tures, contribue à limiter fortement l’acti-vité microbienne, et donc la décomposi-tion de ladite matière organique (voir 2.1.)(Thormann & al., 1999).

Peu de recherches ont été menées jusqu’àprésent sur l’impact du fonctionnement destourbières sur le cycle global du carbonedans un cadre de changement climatique, etleur rétroaction - positive ou négative - n’estpas encore connue. Il est cependant reconnuqu’une hausse seule des températures signi-fie une évapotranspiration accélérée, unabaissement du niveau de la nappe d’eau etune disponibilité accrue en oxygène dans lesol, paramètres favorables à un dégagementde CO2. Dans le même temps, cette hausse

de température a également pour consé-quence une forte fixation du carbone parphotosynthèse. D’autre part, si une haussedes précipitations, associée à celle des tem-

pératures, devrait être à l’origine d’une aug-mentation de la fixation du carbone parl’activité photosynthétique, le maintien,voire l’accentuation, des conditionsanoxiques dans le sol devrait être aussifavorable à une production accrue de CH4.

Par exemple, dans certaines tourbières deSibérie occidentale, des travaux récentsont d’ores et déjà relevé des émissionsaccrues de CH4, même si celles-ci sont en

grande partie liées à la fonte du pergélisolsuite au réchauffement enregistré (Wille &al., 2008).

Ainsi, quels que soient les scénarii clima-tiques envisagés, les bilans globaux de car-bone absorbé et/ou relargué par les tour-bières ne sont à l’heure actuelle pas préci-sément établis. Les recherches visantaujourd’hui à réduire les incertitudes sur laquantification de ces bilans et à prévoir leséventuelles rétroactions des tourbièresface aux changements climatiques sontnombreuses. Aussi, la prise en compte deces données dans les modèles de prévi-sion climatique devient-elle primordiale.

3.3. Conséquences du changement climatique sur les tourbières

La stratégie pour gérer la « crise »climatique consiste en deux points :

diminuer les gaz à effet de serre(GES) provenant des systèmessources (naturels, et surtout anthro-piques) ;

améliorer l’étendue et le fonction-nement des puits et réservoirs deGES.

Sachant que les tourbières intactessont des puits de carbone, séquestrédurablement dans l’histosol, maisqu’une fois perturbées elles devien-nent sources de carbone, relar-guant le carbone « fossile » contenudans la tourbe qui se minéralise, onvoit l’intérêt nouveau que prend lapréservation durable de ces écosys-tèmes (préservation d'une de leursfonctionnalités) dans un cadre globaldépassant la seule biodiversité.

Pôle-relais Tourbières 2010

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C’est dans ce contexte qu’une trentaine dechercheurs de 7 laboratoires français et suissemènent conjointement un projet derecherche, PEATWARM (http://peatwarm.cnrs-orleans.fr), soutenu par l’Agence Nationale dela Recherche, pour tenter d’apporter des élé-ments de réponse à ces questions. L’objectifest d’utiliser les tourbières comme modèles etd’analyser leur vulnérabilité dans un contextede réchauffement climatique simulé in situ.

Prenant en compte les modèles d’évolutionclimatique du GIECC, la question posée estde savoir si une hausse modérée de la tem-pérature moyenne (+2°C environ) peut

modifier, et dans quelles proportions, lafonction de puits de carbone des tourbièresà sphaignes dans les régions tempérées.Plus précisément, le projet se proposed’évaluer les effets de ce réchauffement surles compartiments-clés des tourbières, àsavoir :

1) le bilan des émissions de CO2 et de CH4en surface et en profondeur (notamment àtravers la signature isotopique du CO2 respi-

ré par les microorganismes) ;

2) la biodiversité et l’activité microbiennesdans les sphaignes et dans la tourbe ;3) la structure des communautés végétales

et la production primaire ;4) les interactions plantes/microbes/macro-faune et le cycle du carbone ;5) la dynamique des MO labiles (= biochimi-quement instables et sensibles aux changementsdes conditions environnementales) et récalci-trantes (= non labiles) du substrat tourbeux.

In fine, l’objectif est l’élaboration d’un modè-le biogéochimique du devenir du carbonedans les tourbières, couplé aux cycles del’azote et du soufre, prenant en compte lesinteractions entre ces différents facteurs etvisant à extrapoler l’évolution du systèmesur les deux prochaines décennies.

3.4. PEATWARM : un programme d’études des effets d’un réchauffement simulé sur le fonctionnement des tourbières

Réchauffement climatique simulé et impacts sur

Flux de CH4 et CO2 (13C du CO2 respiré)

Groupements fonctionnels de la végétation

Diversité et activité des communautés microbiennes

Dynamique de la MO labile et récalcitrante

Interactions plantes-microbes-macrofaune (transferts CNS)

Modèle biogéochmique du C couplé aux cycles N et S (marquage 13C- 15N - 34S)

Sur 2000 ans : Reconstitution des paléotempératures=> Modèle de décomposition de la MO

Pratiquement, le réchauffement climatique est simulé in situ grâce à un dispositif expérimental suivant un protocole standardisé ITEX(International Toundra EXperiment), basé sur la mise en place de mini-chambres à toit ouvert (Open-Top Chambers = OTC), soit deshexagones transparents en polycarbonate, dans lesquels l’évolution de la température et de l’humidité est contrôlée.

Pôle-relais Tourbières 2010

Fonctionnement schématique du programme PEATWARM

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Détail des OTC sur la tourbière du Forbonnet [25] / F. Laggoun-Défarge - CNRS

En fonction des hypothèses formulées,les principaux résultats attendus sontcomme suit :

Modélisation de l’évolution de la tem-pérature et de l’humidité dans la tourbeen fonction de la température de l’air.

Analyse de l’influence du couvertvégétal et des modifications de la végé-tation.

Détermination de l’impact duréchauffement sur l’abondance, la diver-sité et la structure des communautésmicrobiennes à la surface de la tourbiè-re et dans la tourbe.

Evaluation des flux de CO2, de CH4 et

de N2O à la surface de la tourbière en

fonction de la température.Identification de l’origine du CO2 respiré

par l’analyse du 13C.

Détermination de l’effet du réchauffe-ment sur la dynamique des matièresorganiques du substrat tourbeux,notamment par l’identification dessignatures isotopiques du carbone dansles composés organiques hydrosolublesindividuels.

Identification et calibration desproxies (= indicateurs biologiques, géo-chimiques ou sédimentaires permettantde quantifier empiriquement les para-mètres climatiques et environnementauxutilisés pour les reconstitutions clima-tiques) les plus pertinents du réchauffe-ment, et validation en paléoécologie.

Elaboration d’un modèle biogéochi-mique du carbone intégrant la réponseà la perturbation « Température » desdifférents compartiments sus-cités.L’élaboration d’un modèle plus « com-plexe » des émissions C-N-S sera égale-

ment tenté. L’étude des interactionsbiotiques et des transferts C-N-S seraconduite via un triple marquage 13C-15N-34S.

C’est la tourbière du Forbonnet (com-mune de Frasne [25]) qui a été choisiecomme site d’étude, en raison de sescaractéristiques de tourbière peu per-turbée et vraisemblablement accumula-trice de carbone.

La surface totale d’emprise au sol de lastation avoisine 100 m2. Un ponton enrobinier et en chêne avec plusieursramifications pour accéder aux pla-cettes de suivi a en premier lieu été misen place. 6 placettes témoins et 6 pla-cettes équipées d’OTCs ont été disposéesdans 2 zones de la tourbière à gradientd’humidité croissant : une zone de haut-marais à tendance sèche avec présencede S. magellanicum, et une zone de

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marais de transition en situation plushumide. Chacune des 12 placettes a étééquipée :

de 4 thermocouples (2 placettestémoins et 2 OTCs), 2 en surface (-2 et -7 cm) et 2 en profondeur (-20 cm et -50cm), pour suivre l’évolution de la tem-pérature du sol ;

d’enregistreurs automatiques duniveau de la nappe d’eau ;

de 4 piézomètres (1 piézomètre «clas-sique» pour la mesure de la hauteur dela nappe d’eau et 3 piézomètres sélec-tifs pour récupérer l’eau à 3 profon-deurs : 15, 25 et 40 cm) ;

d’un cadre de suivi de végétation etde «cranked wires» (échelles graduées)pour le suivi de croissance des mousses ;

d’anneaux pour réceptionner lescloches de mesure de CO2 et CH4.

Le suivi automatique des variations detempérature et du niveau d’eau dansles placettes ainsi que la mesure desparamètres météorologiques (PAR, rayon-nement global, vent, hygrométrie, tempé-rature de l'air, pluviométrie) sont assuréspar une station météorologique, ali-mentée par batteries connectées à unpanneau solaire. La transmission desdonnées est assurée par GSM.

Evaluer la vulnérabilité des tourbières face aux changements globaux nécessite obligatoirement le suivi spatio-temporel debio-indicateurs et de paramètres environnementaux sur le moyen, voire le long terme. Dans la plupart des cas, cette duréedoit par conséquent être supérieure à la durée des projets de recherche habituellement financés sur 3 à 4 ans. Le cas dela station expérimentale de PEATWARM en est une parfaite illustration. Des moyens importants ayant été investis dansl’instrumentation du site, l’objectif est de pérenniser ces dispositifs expérimentaux au-delà de la durée du projet (2008- 2011). Ainsi, l’obtention pour la tourbière du Forbonnet du label « Site instrumenté » par les tutelles constitueraitune reconnaissance de qualité destinée à pérenniser ces moyens sur la durée d’observation envisagée (au minimum les deuxprochaines décennies). Cela permettrait en outre d’y accueillir d’autres projets nationaux ou internationaux à venir et deproduire des données qualifiées mises à la disposition de la communauté scientifique, des décideurs et gestionnaires desmilieux naturels, et des partenaires socio-économiques en général.

Vus d'ensemble du dispositif sur la tourbière du Forbonnet [25] / F. Laggoun-Défarge - CNRS

Pôle-relais Tourbières 2010

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