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Master IEDESAnalyse financière et économique des
projets de développement agricole
Le 09 Novembre 2005
ANALYSE ECONOMIQUE DES PROJETS DE
DEVELOPPEMENT AGRICOLE
2
Plan du cours
• I. Motivation, objectifs, logique d’ensemble et principes généraux de l’analyse économique
• II. Prix économiques des biens
• III. Valeur économique du travail
• IV Valeur économique de la terre
• V. Valeur économique des devises
• VI. Prise en compte de l’environnement
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I. Motivation de l’analyse économique:les valeurs financières ne disent pas toujours la
«vérité» économique
• La fiscalité (taxes/subventions) altère les signaux économiques et peut donc orienter les acteurs privés vers de « mauvais » choix
• Les valeurs financières issues de marchés déséquilibrés (travail) ou en équilibre contraint (fonds publics/devises) peuvent être «économiquement incorrectes»
• Certaines ressources sont externes au marché (environnement) et/ ou mal mesurées (intangibles) par le marché (éducation, santé, amélioration de la mobilité grâce à nouvelle route, etc.)
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Objectifs de l’analyse économique:déterminer l’intérêt du projet du point de vue de
l’ensemble de la société
• N’y a-t-il pas des variantes de certains éléments du projet préférables à d’autres (défrichement manuel vs. Mécanique; culture vivrière vs. culture commerciale; fertiliseur organique local vs. engrais importé, etc.)?
• Quelles mesures faudrait-il appliquer pour inciter les acteurs à faire le choix des bonnes variantes (retour sur l’analyse financière)?
• Le projet (éventuellement modifié) est-il suffisamment attractif pour le pays/le bailleur international au regard des ressources en capital qu’il consomme (cf. cours actualisation)?
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Logique d’ensemble de l’analyse économique
Déterminationdes prix financiers
Pla
n: I
nves
tisse
men
ts &
fin
ance
men
ts,
proj
ectio
nde
s ac
tivité
s, m
esur
es d
’inci
tatio
n Résultats financiers
Déterminationdes prix économiques
(pour les ressourcesles plus significatives)
Ajustements
Résultats économiques
Choix privés
Préférences publiques(comparaison variantes, projets
alternatifs)
Co
nco
rdan
ce ?
6
Principes généraux de l’analyse économique: qualifier les entrées & sorties et déterminer leurs effets
Projet
InputsIntermédiaires
Travail
LT (terre finale)
0 T
Outputs
Echangeable?Coût de production?
Monopole local?Effet sur les prix?Effet d’éviction?
Prix à la consommation?
Travail familial?Chômage?
Echangeable?Prix à la consommation?
Effet sur les prix?Effet d’éviction?
Prix à la production?
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Principes généraux de l’analyse économique: mesure des coûts & bénéfices
• Mesurer la création/consommation de ressources selon un point de vue global:
– Ne pas se contenter d’examiner les incidences directes du projet, mais considérer la somme des effets directs et induits (sur la consommation & production domestique, les échanges internationaux, l’emploi, …)
– Les transferts financiers lors de la production sont économiquement neutres: une fois réglée la question de l’incitation, la fiscalité/subventions et les remboursements de prêts ne font que répartir les revenus d’activité d’un agent à l’autre
• Valeur d’une consommation finale (nationale) additionnelle = prix à la consommation (consentement à payer)
• Valeur d’un input additionnel = coût de production (coût d’opportunité de la mise à disposition)
• Beaucoup d’ajustements peuvent théoriquement sembler nécessaires, en pratique se limiter, selon le projet, aux facteurs les plus pertinents
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II.1. Prix économiques des biens:cas des échangeables
• Hypothèse: le projet ne perturbe pas (directement) les volumes offerts/demandés sur les marchés domestiques : parfaite compensation par les échanges internationaux
• Output/input exportable: Effet du projet: augmentation/diminution des exportations* Valeur économique d’une exportation = prix (financier) paritaire à
l’exportation net des taxes/subventions = prix économique
• Output/input importable: Effet du projet: diminution/augmentation des importations* Valeur économique d’une importation = prix (financier) paritaire à
l’importation net des taxes/subventions = prix économique
* : il n’est pas nécessaire que les biens physiques faisant réellement l’objet de l’échange international soit liés au projet
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Produit exportable: compensation de l’effet du projet par ajustement du volume
des exports
Quantité de produit
Prix
FOB
Demandedomestique
+ subventions - taxes-T&D
Pdom
Pdom : prix domestique
Demandeinternationale
SP AP (out)AP (inp)
Offre nationale
10
Valeur financière vs. économique d’un output exportable
Prix FOB
Prix paritaireà l’exportation
Valeur financière à la sortiede la ferme
0
T&D2
Valeur économique au port
Valeur économique marché domestique
T&D1
Valeur financière au port
Taxes – subventions export
T&D2
Valeur financière marché domestique
T&D1Valeur économique à la sortie
de la ferme
Prix économique
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Produit importable: compensation de l’effet du projet par ajustement du volume
des imports
Quantité de produit
Prix
CAF
Offre nationale
T&D + taxes - subventions
Pdom
Pdom : prix domestique
Offreinternationale
SP AP (inp)AP (out)
Demandedomestique
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Valeur financière vs. économique d’un input importable
Prix paritaireà l’importation
T&D2
Prix CAF
0
Valeur financière à la portede la ferme
Valeur financière au port
Valeur financièremarché domestique
T&D1
Valeur économique au port
Taxes – subventions import T&D1
Valeur économiquemarché domestique
T&D2
Valeur économique à la portede la ferme
Prixéconomique
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II.1. Prix économiques des biens:cas des non échangeables
• Output: Augmentation de la consommation finale
(Hypothèse: pas d’incidence sur le prix) Valeur = Consentement à payer = prix à la
consommation (+ taxes - subventions à la consommation)
• Input: Consommation de ressources productives Valeur = coût économique de production = prix de
vente avec d’éventuelles corrections (fiscalité/subvention lors de la production de l’input; rente de monopole)
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III. Valeur économique du travailPrise en compte des déséquilibres
• Travail familial: coût d’opportunité économique pour la famille (cf. analyse financière & ajustements)
• Travail salarié: = coût d’opportunité national de la mobilisation d’un travailleur pour le projet:– Travail qualifié (cadre, expert):
• En général pas de chômage sensible• Valeur économique = salaire marchand
– Travail non qualifié:• Possibilité de chômage important (marché en déséquilibre)• Embauche d’un travailleur revient (directement ou
indirectement) à l’embauche d’un chômeur (partiel)• Valeur économique = coût d’opportunité du travail agricole dans la zone
= salaire marchand*tcorrectif , avec 0%= < tcorrectif =< 100%
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Déséquilibre du marché du travail non qualifié
Salaire
• Offre de travail classée par coût d’opportunité croissant du temps individuel
• Demande de travail classée par productivité marginale décroissante du travail
Offre de travail
Demande de travail
w
w*
Chômage
w : salaire marchandw* : salaire d’équilibre
Où se situent les chômeurs embauchés?
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IV. Valeur économique de la terre
• Exploitant propriétaire:– Coût d’opportunité (idem. AF mais prix économiques)– Bien spécifier la situation sans projet
• Nouvelle acquisition ou fermage, les possibilités:– En théorie prix d’achat, mais en pratique marché très peu
liquide: risque de surestimation (grands propriétaires: acceptent acquisition à prix élevé: sécuriser leurs investissements/prestige)
– Prix du fermage (si disponible)– Estimation directe: productivité économique de la terre = valeur
économique de la production – coûts économiques des autres intrants (fonction de production)
• Ne pas oublier l’effet d’appréciation/dépréciation
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V. Valeur économique des devises: le taux de change économique
• Protection des marchés domestiques (barrières aux importations & subventions aux exportations): prix domestiques > prix mondiaux (au taux de change du marché)
• Soit d : le taux de protection sur les importations et les exportations marginales
• Utilité d’1 Rp (en devise) = 1 Rp + d
• Valeur économique de la devise = taux de change du marché*(1+d)
• Facteur correction additionnel si taux de change courant insoutenable
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V. Valeur économique des devises: estimation
1) Demander une estimation auprès des experts nationaux ou internationaux
2) Appliquer la formule de B. Ballassa (1974)*:
d =
Ou
iMiTi + jXjSj
iMi+ jXj
Mi: produit importé; Ti : taxe correspondante (+TVA)i: élasticité prix des importations en produit iXj : produit exporté; Sj: subvention correspondante (-TVA)j: élasticité prix des exportations en produit j*: « Estimating the shadow price of foreign exchange in project appraisal », Oxford Economic Papers, Vol. 26, N°2, p. 147-168
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V. Valeur économique des devises: un exemple indonésien (1994)
Cas 1: Déficit commercial supposé totalement soutenable
Cas 2: Seulement 60% du déficit commercial supposé soutenable
Source: Banque Asiatique de Développement: http//:www.adb.org/Documents/guidelines/Eco_Analysis
Volume
(TCO)
Elasticités % échanges marginal
Taxes /Subventions
Importations 100 2,85 79% 18%
Exportations 41 1,89 21% 0%
Déficit Com. 59
d = 79%*18% = 14%
Taux de dévaluation future: 7%d =14% + 7% = 21%
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VI. Prise en compte de l’environnement
• Les atteintes environnementales peuvent survenir à deux moments:– lors des investissements collectifs ou individuels (barrages,
déforestation, défrichement et autres aménagements de l’espace)
– durant l’exploitation (pesticides, rejets organiques, gaz à effet de serre, etc.)
• Deux questionnements distincts:– Les dommages causés par les investissements sont-ils
acceptables? (oui/non)– Comment assurer une exploitation écologiquement responsable
– respectueuse des capacités d’assimilation du milieu? ( contrôle des flux par un instrument approprié)
• Dans les 2 cas: évaluation monétaire des dommages
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Evaluation des ressources environnementales: décomposition des valeurs
Source: J-P Barde (1992), Economie et politique de l’environnement
Valeur économique totale / personne
Valeur d’usage totale
Valeur d’usageréel
Valeur d’usagepotentiel
Valeur d’option Valeurs altruistes(générations futures)
Valeurs intrinsèque(existence)
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Evaluation des ressources environnementales : les méthodes
Source: J-P Barde (1992), Economie et politique de l’environnement
Evaluation monétairedes dommages/bénéfices
Marchés de substitution
Dépenses de protection
(ex.: bruit)
Evaluation contingente(enquête)
Monétarisationdes dommages
physiques
Méthode directeMarchés
Hypothétiques(intangibles)
Prix hédonistes(ex.: immobilier)
Valeur implicite Valeur révélée Valeur imputée
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Régulation des pollutions résultant des activités d’exploitation
• Le problème du régulateur public:– Trouver le bon équilibre entre (1) le coût économique de la
prévention et (2) le bénéfice écologique (dommage évité)– Compte tenu de l’incertitude sur les coûts individuels de
prévention
• La méthode:– Avoir une idée des courbes de coûts et de bénéfices:
marginaux donne une idée du niveau souhaitable de prévention– Sélectionner l’instrument approprié:
• Réglementation: valeur limite d’émission• Incitation: taxe sur la pollution/intrant polluant
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Exemple de courbe de dommages marginauxPourcentage de réduction de la production de haricots en fonction
de la dose de SO2 (Mc Laughlin et Taylor, 1985)
Réd
uct
ion
de
la p
rod
uct
ion
(%
)
Dose d ’exposition au SO2 (PPMH)
40
0
60
100
80
20
10 1001.7
Seuilcritique
Réduction de la production = -15,9 + 28,7 (LOG Dose)
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Exemple de courbe de coûts marginaux de prévention: le cas des émissions de GES dans l’agriculture
Euro/tCO2
200
100
10 Nouvelles pratiquesculturales
1,4
MtCO2 réduites
Biomasse thermique
Electricitébiomasse
Biocarburants160
Source:d’après Plan Climat 2003, rapport du groupe « Agriculture, forêt et produits dérivés »
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Optimum théorique (sans incertitude)
Effort croissant de dépollution
Coût marginalde prévention
Dommage marginal
E0 = niveau de pollution sans prévention
E*
Cm = Bm
Equivalence réglementation & taxation
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Comparaison des instruments en situation d’incertitude (Weitzman, 1974)* :
les deux cas polaires• La réglementation: permet de garantir un niveau de
prévention mais sans flexibilité : à retenir en cas proximité d’un seuil critique (ex: température max. des rejets dans une rivière, DBO dans une eau déjà polluée)
• La taxation: ajustement automatique de l’effort en fonction des coûts: à retenir lorsqu’il y a pas de risque que le récepteur écologique atteigne à court terme un état inacceptable (ex: cours d’eau peu pollué et peu exposé, gaz à effet de serre dans l’atmosphère)
*: « Price vs. quantities, Review of Economic Studies, 41(4), p. 477-491
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Dommage marginal sensible et coût marginal de prévention faiblement croissant:
la réglementation est préférable
PVLE
T
Coûts, Dommagesmarginaux
Niveau de prévention
Dm
PT
P*
Coût marginalsous estimé
Coût marginalréel
Légende:Dm: courbe de dommage marginal;T : niveau de la taxe ;PVLE : niveau de la valeur limite d ’émission;P*: niveau de prévention optimal;PT : niveau réellement atteint avec la taxe T;
Surcoût
Sur-dommage
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Dommage marginal peu sensible et coût marginal de prévention fortement croissant:
la taxation est préférable
PVLE
T
Coûts, Dommagesmarginaux
Niveau de prévention
Dm
PT
P*
Coût marginalsous estimé
Coût marginalréel
Légende:Dm: courbe de dommage marginal;T : niveau de la taxe ;PVLE : niveau de la valeur limite d ’émission;P*: niveau de prévention optimal;PT : niveau réellement atteint avec la taxe T;
Surcoût
Sur-dommage