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134 LES MÉTIERS DE L’IMAGERIE MÉDICALE Jacques II de Chabannes de La Palice ne m’aurait pas démenti si je lui avais dit « Il n’y pas de médecine donc d’imagerie médicale et de radiologues, sans patients » (sauf à me répondre, XVI ème siècle oblige, « Radiologue, qu’est-ce ? », question que d’aucuns se posent encore de nos jours). Enfoncer cette porte ouverte nous rappelle deux évidences qu’il faut toujours garder à l’esprit : le radiologue est avant tout un médecin à part entière, dont la première préoccupation est la prise en charge optimale du patient dans son intégralité et sa singularité. C’est avant tout à une aventure humaine que nous invite le choix de pratiquer notre métier de médecin radiologue, avec ses humeurs, ses aléas, ses espoirs, ses déceptions, ses anecdotes, et ses joies. Le patient est donc non seulement le fondement de notre profession, mais il en est aussi l’avenir puisque rien ne peut se construire durablement sans lui. L’oublier a peut-être conduit à des errements sur lesquels il a parfois fallu revenir par le biais législatif (Loi Kouchner du 4 mars 2002). Dans la dernière grande réforme de structure de notre système de soins, dite loi HPST du 21 juillet 2009, le « P » de l’acronyme concerne les patients. C’est aussi dire qu’il n’y a pas un patient mais des patients (et des patientes) avec toute leur diversité biologique et socio-culturelle que cela suppose, face à des médecins radiologues : la relation humaine en question est donc riche et enrichissante. Pour simplifier l’exposé, je me limiterai au mode masculin singulier (désolé pour la parité). Nul ne peut se prévaloir de la perfection dans cette relation (c’est aussi sans doute son intérêt originel et dynamisant), nul ne peut l’exposer de manière formelle et elle ne fera donc pas l’objet de cette présentation. Ainsi aborderons-nous les autres dimensions de cette relation, économique et médico- technique, auxquelles une fois encore il n’est pas question de se restreindre. Le circuit empreinté par le patient chez un radiologue pour réaliser un acte d’imagerie médicale, quel qu’il soit (radiologie diagnostique ou INTRODUCTION PATIENTS ET IMAGERIE MÉDICALE : QUELLES RELATIONS POUR QUEL ACCÈS AUX SOINS ? Dr Jean-Christophe DELESALLE Médecin radiologue libéral

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134LES MÉTIERS DE L’IMAGERIE MÉDICALE

Jacques II de Chabannes de La Palice nem’aurait pas démenti si je lui avais dit « Il n’y pas de médecine donc d’imageriemédicale et de radiologues, sans patients »(sauf à me répondre, XVIème siècle oblige, « Radiologue, qu’est-ce ? », question qued’aucuns se posent encore de nos jours).Enfoncer cette porte ouverte nous rappelledeux évidences qu’il faut toujours garder àl’esprit : le radiologue est avant tout unmédecin à part entière, dont la premièrepréoccupation est la prise en chargeoptimale du patient dans son intégralité etsa singularité. C’est avant tout à uneaventure humaine que nous invite le choixde pratiquer notre métier de médecin

radiologue, avec ses humeurs, ses aléas,ses espoirs, ses déceptions, ses anecdotes,et ses joies.

Le patient est donc non seulement lefondement de notre profession, mais il enest aussi l’avenir puisque rien ne peut seconstruire durablement sans lui. L’oublier apeut-être conduit à des errements surlesquels il a parfois fallu revenir par le biaislégislatif (Loi Kouchner du 4 mars 2002).Dans la dernière grande réforme destructure de notre système de soins, dite loiHPST du 21 juillet 2009, le « P » del’acronyme concerne les patients. C’estaussi dire qu’il n’y a pas un patient mais despatients (et des patientes) avec toute leurdiversité biologique et socio-culturelle quecela suppose, face à des médecinsradiologues : la relation humaine enquestion est donc riche et enrichissante.Pour simplifier l’exposé, je me limiterai aumode masculin singulier (désolé pour laparité). Nul ne peut se prévaloir de laperfection dans cette relation (c’est aussisans doute son intérêt originel etdynamisant), nul ne peut l’exposer demanière formelle et elle ne fera donc pasl’objet de cette présentation.

Ainsi aborderons-nous les autres dimensionsde cette relation, économique et médico-technique, auxquelles une fois encore il n’estpas question de se restreindre. Le circuitempreinté par le patient chez un radiologuepour réaliser un acte d’imagerie médicale,quel qu’il soit (radiologie diagnostique ou

INTRODUCTION

PATIENTS ET IMAGERIEMÉDICALE :QUELLESRELATIONSPOUR QUELACCÈS AUX SOINS ?

Dr Jean-Christophe DELESALLEMédecin radiologue libéral

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interventionnelle, échographie, doppler,angiographie, mammographie, scanner,IRM, ostéodensitométrie), s’inscrit dans unedémarche très majoritairement (plus de 97%)engagée par un tiers (le demandeur, médecintraitant ou un autre spécialiste) : le parcoursde soins, duquel découle une prise en chargefinancière des actes radiologiques communeà d’autres praticiens. Une fois le patient encontact avec la structure d’imageriemédicale, il réalise un autre parcours, propreà la radiologie mettant en jeu une successionde process spécifiques à notre spécialité. Cesdeux approches seront donc décritessuccessivement, puis nous aborderons lesactions que la FNMR a engagées de longuedate à destinée du patient.

Cette dimension organisationnelle etfinancière n’étant pas spécifique auxradiologues, devenue au fil du temps d’uneextrême complexité surtout depuis les deuxdernières conventions médicales (ladernière date du 26 Juillet 2011), nous nouscontenterons d’en rappeler les grandsprincipes.

Pour être remboursé au taux maximal prisen charge par la sécurité sociale, le patientdoit remplir deux conditions :• avoir déclaré auprès d’elle un « médecintraitant » (démarche personnellevolontaire et facultative à laquelleenviron 85% des patients ont souscrit àce jour), et

• être adressé pour l’acte radiologiquepar ce médecin traitant, ou à défaut sonremplaçant, un médecin consulté sur un lieu distant de son domicile (en cas de vacances ou de déplacementprofessionnel par exemple), ou en casd’urgence.

Dans ces situations, le patient estconsidéré comme inscrit dans leparcours de soins coordonnés.Par extension, le parcours de soinscoordonnés concerne aussi lespatients dans les situations suivantes :- dans le cadre d'un protocole de soinsétabli pour une affection de longuedurée- si le médecin spécialiste vous suitdans le cadre d'une maladiechronique (médecin correspondant)- pour un acte de contrôle- dans le cadre d'une séquence d’actesen concertation avec votre médecintraitant.

Dans tous les autres cas, le patient est inscritcomme hors parcours de soins, c'est-à-direqu’il sera moins remboursé par la sécuritésociale et son ticket modérateur (cf. infra)

PARCOURS DE SOINSCOORDONNÉS, TARIFSDE BASE, SECTEURSCONVENTIONNELS,TICKET MODÉRATEUR,RESTE À CHARGE ET TIERS PAYANT

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volume et en pourcentage du montant debase). Ces dépassements ne sont pasremboursés par l'assurance maladie, quele patient soit ou non dans le cadre duparcours de soins. Dans le cadre du parcours de soinscoordonnés, le tarif de remboursement dela sécurité sociale est de 70% du tarifconventionnel (moins 1 € au titre de laparticipation forfaitaire dont sont dispensésles patients bénéficiant de la CMUcomplémentaire ou de l’aide médicale d’état,les femmes enceintes à partir du 6ème moisde grossesse, et les patients de moins de 18ans). Hors parcours de soins, il tombe à 30%du tarif conventionnel. La participationforfaitaire de 18 € (actes dont le montantcumulé est supérieur à 120 €) ne concernepas les actes radiologiques.

La part qui au final n’est pas prise en chargepar la sécurité sociale, s’appelle le ticketmodérateur (TM). Ce TM peut faire l’objetd’une prise en charge par un autreorganisme, privé à adhésion contractuelle,assurance ou mutuelle (complémentairesanté), 93% des Français étant couvert partune telle cotisation facultative. Il existe doncdeux type de reste à charge (RAC) pour lepatient, celui résultat du remboursementpar l’assurance maladie obligatoire (AMO)et celui de ce deuxième niveau deremboursement facultatif (AC). Lescomplémentaires santé dans leurs contratsdits responsables, très majoritaires, se sontengagées vis-à-vis des tutelles à ne pasprendre en charge les majorations du TM

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sera majoré. A noter que les enfants demoins de 16 ans ne sont pas concernés parcette notion de parcours de soins.

Certaines situations (hospitalisation, IVG,expertises) ne sont pas concernées par ceparcours de soins, et certains spécialistes ouautres effecteurs de soins bénéficient duprincipe d’un accès direct spécifique sanspasser par le médecin traitant mais cela neconcerne pas le radiologue qui rentre doncdans ce schéma directeur. Seule exceptionpour la radiologie, les actes de dépistageorganisé (DO) du cancer du sein pourlesquels une patiente peut prendre rendez-vous directement chez le radiologue et êtreremboursée intégralement. Ainsi hors DO,l’accès direct au radiologue par le patient est-il exceptionnel (moins de 5%).

Les tarifs pratiqués par les médecins et labase de remboursement de l'asssurancemaladie varient en fonction de la disciplinedu médecin (généraliste ou spécialiste) etde son secteur conventionnel. Le médecinconventionné de secteur 1 applique le tarifde base minimal dit conventionnel. Undépassement d'honoraire n'est autoriséqu'en cas d'une demande particulière dupatient, comme par exemple une visite endehors des heures habituelles d'ouverturedu cabinet. Le médecin conventionné desecteur 2 est autorisé à pratiquer desdépassements d'honoraires avec tact etmesure sur tout ou partie de sa clientèle(une option facultative dite de coordinationlimite la part de ses dépassements en

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LES MÉTIERS DE L’IMAGERIE MÉDICALEpour les patients hors parcours de soins.

A noter que des situations particulières oucatégories de patients donnent lieu à destaux de remboursement à 100% et/ou nesupportent pas les majorations du TM(patients bénéficiant de la CMUcomplémentaire, d’une affection de longuedurée exonérante, les femmes enceintes àpartir du 6ème mois de grossesse, lestitulaires d’une pension-invalidité, lespatients victimes d’un accident de travail oud’une maladie professionnelle).

L’avance des frais et honoraires a longtempsété la règle dans la pratique médicale. Lepatient était donc remboursé après renvoide sa feuille de soins à l’assurance maladieou aux organismes facultatifs (qui sefaisaient rembourser secondairement par lasécurité sociale de la part lui incombanthors TM). Néanmoins, sous l’impulsiond’intervenants non médicaux (pharmaciensen particulier), de plus en plus deprofessionnels de santé évitent au patientcette avance des frais en pratiquant le tierspayant (TP) et se font rembourserdirectement par la sécurité sociale et/ou lesorganismes facultatifs (d’où une doublefacturation). Si ce TP est un progrèsincontestable au regard du patient et de sonaccessibilité aux soins (le TP intégral estgénéralisé pour les patients bénéficiant dela CMU complémentaire depuis la dernièreconvention), il n’en demeure pas moins qu’ilcréé un transfert massif de charge sur leprofessionnel de santé (embauche depersonnel, de secrétaire de gestion voire

comptable interne) et une dépendance vis-à-vis de ces tiers. La généralisation desfeuilles de soins électroniques trèslargement utilisées par les radiologues dontl’outil informatique est de longue date uncentre névralgique, n’a que trèspartiellement atténué ces effets secondairesen réduisant les délais de remboursement,mais a aussi créé une autre dépendance,celle du tout numérique et des connexionsinternet (certaines structures radiologiquesemploient des informaticiens pour gérer leurparc). Or à ce jour, la reconnaissancefinancière de ces efforts par les tutelles esttrès loin d’être à la hauteur desinvestissements réalisés.

Pour clore ce chapitre, il faut savoir que latrès grande majorité (86%) des médecinsradiologues exerce en secteur 1, sansdépassements. Les rares radiologuesexerçant en secteur 2 sont concentrés dansles très grandes métropoles et la part de cesdépassements est limitée à 4% deshonoraires totaux perçus France entière. Lesdifférentes mesures tarifaires imposées parnos tutelles depuis 5 ans qui ont dévaloriséun grand nombre d’actes d’imageriemédicale pour un total de 600 millionsd’euros en incluant la LFSS 2012, ontconsidérablement déstabilisé les structuresradiologiques avec deux conséquencesnéfastes pour la bonne prise en charge dupatient : - la réduction de leur capacité d’investis -sement pour le renouvellement deleurs équipements.

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LE « PARCOURS DESOINS RADIOLOGIQUE »

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- la fermeture de plusieurs cabinets deproximité et la fragilisation du maillageterritorial, le tout dans un contextedémographique radiologique déficitairequi ne fera que s’aggraver à court etmoyen terme.

Le médecin radiologue participe à toutes lesétapes de la prise en charge d’un patient : • Diagnostic, soit dans un parcours desoins programmé, soit en urgence (ycompris en assurant la permanencedes soins 24/24h et 7/7j enétablissement).

• Dépistage, notamment dans sonimplication dans le dépistage organisédu cancer du sein.

• Traitement, dans le cadre de la radiologieinterventionnelle.

Une fois la demande d’examen d’imageriemédicale exprimée par le médecingénéraliste ou spécialiste, le patient va suivreun parcours proprement radiologique, de laprise de rendez-vous au rendu des résultats.Cette voie spécifique passe par plusieursétapes qui mettent en jeu divers processusinterdépendants où interviennent plusieursacteurs. En effet le radiologue gère unestructure de type entreprise qui fait intervenirdu personnel de secrétariat et desmanipulateurs diplômés également auservice du patient.

Les étapes interconnectées en questionsont :

• La prise de rendez-vous : sur place aucabinet de radiologie ou par téléphoneauprès du secrétariat. L’usaged’Internet dans ce domaine n’est pastrès répandu vu la complexité desparamètres mis en œuvre pour chaquetype d’examen et l’absolue nécessité degarder une interface humaine dès cettepremière et cruciale étape, ne serait-cequ’en matière d’information du patient.

• La venue du patient et la réalisation deson examen : après accueil du patientpar le secrétariat et mise à jour de sesdonnées administratives via sa carteVitale, il est pris en charge par l’équipede manipulateurs qui informe lemédecin radiologue du contenu de lademande écrite faite par le médecincorrespondant, généraliste ouspécialiste. Cette demande (il ne s’agitpas d’une prescription, l’acteradiologique étant encore moins uneprestation mais bien un acte médical)est supposée préciser non seulementla nature de l’acte d’imagerie médicale,mais aussi les données cliniques,biologiques ou autres du patient quijustifient cet acte. La jurisprudence aclairement défini la co-responsabilitéde la justification de l’acte entre ledemandeur et l’effecteur. Si leradiologue juge que la demande estconforme à la situation médicale du

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LES MÉTIERS DE L’IMAGERIE MÉDICALEpatient, l’acte sera pratiqué, mais en

dernier ressort, s’il juge que cettedemande n’est pas appropriée, il estlibre - et même tenu au regard de sonobligation de moyens - de réorienter(substitution) le patient vers un acted’imagerie plus conforme aux bonnespratiques. L’acte lui-même réalisé infine, même s’il est tout ou partiepratiqué par un manipulateur, restesous la responsabilité du radiologue.

• La production et l’édition des images :cet acte produit un certain nombred’images médicales, de quelques unes(radiologie et échographie) à plusieurscentaines (IRM) voire milliers (scanners),qui seront éditées soit sur un supportfilm (lecture sur des négatoscopes), soitqui resteront sous forme numérique àfin de lecture sur écran informatique(console). Dans tous les cas, la sourceradiologique ne produisant de nos jourspresque qu’exclusivement des donnéesnumériques, ces données pourront êtrestockées et archivées sur des systèmesinformatiques de sauvegarde appelésPACS, utilisables aussi pour la diffusiondes images aux correspondantsdemandeurs.

• L’interprétation : cette étape estexclusive au médecin radiologue. Apartir des renseignements transmispar le demandeur, complétés si besoinest par son propre interrogatoire voirel’examen clinique du patient, le

médecin radiologue analyse les imagesproduites, puis en tire des résultatsdont il informera le patient et qu’ilcolligera dans un rapport écrit, lecompte-rendu radiologique.

• Le rendu des résultats édité par lesecrétariat : qu’ils soient différés ouimmédiats (en situation d’urgence), toutacte d’imagerie médicale se solde par laremise au patient :

- Du compte-rendu radiologique quireprend l’indication, c'est-à-dire lajustification de l’acte, la techniqueutilisée, l’analyse des images produitesdans le contexte de la demande et uneconclusion qui propose un ou plusieursdiagnostics ainsi qu’une conduite à tenir.Il est aussi du devoir du radiologue depréciser si d’autres examens sontnécessaires, d’imagerie médicale ouautres, à l’établissement du diagnosticdéfinitif. Pour les examens utilisant desradiations ionisantes (radiologie,mammographie et scanner), l’indicationdes doses est obligatoire (dosimétrie).La transmission informatique aumédecin demandeur du compte-renduradiologique par messagerie internetcryptée se développe à grand pas afinde raccourcir la transmission desrésultats et d’améliorer la prise encharge rapide du patient.

- D’un support des images : films,papier et/ou CD/DVD.

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Pendant toutes ces étapes, un maître mot,l’information du patient, et son corollaire,son consentement libre et éclairé. Inscritedans le code de déontologie, cette obligationnon seulement morale mais aussiréglementaire a été maintes fois reprisedans la jurisprudence et les texteslégislatifs notamment la loi Kouchner du 4 mars 2002. Cette information doit portersur la nature des actes et investigationsproposés, leur utilité, leur nécessité ou leururgence éventuelle, leurs conséquencesdirectes et celles en cas de refus, leursrisques fréquents ou graves normalementprévisibles, et l'existence d'alternatives.

Rien ne remplace et ne remplacera lacommunication orale de cette informationpar chaque intervenant du cabinetradiologique, mais des supports propressont développés en parallèle par certainesstructures radiologiques : site internet,affichage mural, fiches d’informations sur labase des modèles édités par la SociétéFrançaise de Radiologie (SFR).

La Fédération National des MédecinsRadiologues (FNMR) est engagée de longuedate aux côtés du patient afin d’améliorer saprise en charge :

La FNMR à la rencontre des patients :Dès le printemps 2002, la FNMR a organisé

des réunions dans une vingtaine de villes,intitulées « Les médecins radiologues à larencontre de leurs patients : un véritablepartenariat entre patients et médecinsradiologues ». Ces rencontres ont réuni lesmédecins radiologues libéraux de la villeconcernée et ses environs, des patientsinvités directement dans leurs cabinets etdes représentants d'associations depatients. Animées par un professionnelchargé de faciliter les échanges etd'organiser les informations émanant desparticipants, les patients étaient appelés às'exprimer notamment autour de troisthèmes :

- La relation au médecin radiologue.- L'environnement des soins.- La qualité des soins.

Chaque réunion a fait l'objet d'un compte-rendu, chaque compte-rendu étantcommuniqué à la FNMR afin de réaliser unesynthèse des échanges destinée àl'élaboration de la "charte du patient chez lemédecin radiologue" (cf. infra).

Par ailleurs, des séances de travail sontorganisées entre la FNMR et desassociations de patients, notamment avecle Collectif Inter Associatif sur la Santé(CISS) et France AVC (séminaire de Toulouseen juin 2011). Les radiologues libérauxparticipent aussi nombreux aux réunionsorganisées annuellement dans le cadred’Octobre Rose afin de promouvoir ledépistage organisé du cancer du sein.

LA FNMR ET LE PATIENT

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LES MÉTIERS DE L’IMAGERIE MÉDICALELa charte du patient

chez le médecin radiologue :Cette charte formalise dix engagements dumédecin radiologue libéral et de sescollaborateurs envers le patient. Sonapplication est un des critères pourl’obtention du label qualité des cabinets deradiologie Labelix (cf. infra). Cesengagements sont orientés sur la qualitéde l’accueil pour tous, l’information et lerespect du patient, et l’implication dumédecin radiologue dans la coordinationdes soins :

Site Internet « monradiologue.fr » :Le patient fait face à l’extrême diversité desexamens d’imagerie médicale dans uncontexte de progrès technologiqueincessant voire exponentiel, et s’interrogelégitimement sur leur utilité et leur

déroulement. C’est pourquoi la FNMR adécidé de mettre à disposition des patientsmais aussi des familles et de l’entourage, cesite internet qui leur offre la possibilitéd’avoir des repères sur les examens et de sefamiliariser avec les différentes techniquesd’imagerie médicale, de trouver lesréponses à la plupart de leurs questions, demieux connaître les médecins radiologueset leur rôle dans la chaîne des soinscoordonnés.Cet outil n’a pas vocation bien sûr àremplacer le contact direct entre le patient

1. Réserver un accueil convivial ;2. Informer avant l’examen ;3.Donner une explication en cas d’attente ;4.Respecter la confidentialité et la pudeur ;5. Avoir une attention particulière pour lespersonnes fragilisées ou dépendantes ;

6. Donner une explication personnaliséedes résultats ;

7.Utiliser un langage simple et nontechnique ;

8. Remettre les résultats ;9. S’intégrer dans une équipe departenaires médicaux ;

10. Rester à l’écoute pour la qualité duservice.

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et son médecin radiologue, mais il permetd’inciter à ouvrir le dialogue avec un patientmieux informé en amont, le cas de chaquepatient restant unique et devant faire l’objetd’une prise en charge spécifique.

La lettre aux patients :Autre outil d’information et de communication,cette lettre a aussi pour vocation de présenternotre profession, plus orientée sur le fil del’actualité radiologique, édité depuis octobre2010 à raison de deux publications par an.Diffusée à l’ensemble des radiologuesadhérents à la FNMR, elle est destinée à êtrelaissé à disposition des patients en plusieursexemplaires en salles d’attente de leurscabinets.

Formation du personnel ; évaluation despratiques professionnelles : L’association FORCOMED, créée en 1994, estune émanation de la FNMR, chargée de laformation continue des médecins radio -logues et de leur personnel. A ce titre, elleorganise régulièrement des sessions deperfectionnement qui visent à améliorer laprise en charge des patients et la pratiqueradiologique, dans un esprit d’anticipationpour préparer l’avenir et s’adapter à uneévolution technologique et réglementairepermanente, avec notamment :

• Un module destiné aux secrétaires : « Accueil et information des patients - Gestiondes dossiers patients au secrétariat :Optimisation de l'outil informatique »,

• Des modules destinés aux radiologueset/ou aux manipulateurs : « Radioprotectiondes patients » ; « Dépistage organisé ducancer du sein ; première et deuxièmelecture » ; « Mammographie numérique » ;« Échographie de grossesse »,

• Des modules mixtes : « Gestes d’urgence » ;« l’hygiène et la prévention des risquesinfectieux » ; « Label qualité en imagerie (cf. infra) ».

L’association CEPPIM (Collège d’Evaluationdes Pratiques Professionnelles en ImagerieMédicale), créée par la FNMR en partenariatavec d’autres composantes de la radiologiefrançaise, a reçu en 2006 l’agrément par laHAS pour l’évaluation des pratiquesradiologiques. Elle vise à favoriser la mise enoeuvre des recommandations de bonnes

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LES MÉTIERS DE L’IMAGERIE MÉDICALEpratiques et leur intégration dans l'exercice

radiologique habituel afin d’améliorer laprise en charge du patient.

Labelix : Les médecins radiologues, à l’initiative dela FNMR, se sont lancés dans unedémarche qualité innovante des cabinetslibéraux d’imagerie médicale. L’obtentionde ce label intitulé “Labelix” suppose untravail de fond associant tous les acteursdu cabinet, médecins, manipulateurs etsecrétaires. Après une phase d’évaluation,un plan d’amélioration est mis en œuvre etun audit final est réalisé avant de pouvoirprétendre au label. Il s’agit d’un parcourslong qui implique des investissementslourds pour satisfaire aux exigences dequalité dans huit domaines :

La prise en charge optimale du patient estl’épine dorsale de cette démarche, de laprise du rendez-vous à la remise du résultatdes examens, en passant par la constitution

et la tenue du dossier radiologique. Lapriorité est donnée à l’information qui doitêtre complète, adaptée à l’âge, à lapathologie, à l’état et aux éventuellesdifficultés de compréhension de chaquepatient. Les critères rigoureux inscrits danschaque thématique de Labelix vont bien au-delà de ce qu’exige la réglementationactuelle. Ce label est attribué de façonimpartiale par une commission delabellisation composée des représentantsde la FNMR, de la SFR, de patients et del’assurance maladie. Délivré pour unepériode de quatre ans, ce label est évolutifet les sites labellisés entretiennent ladémarche en continu, les critèresd’évaluation étant élaborés sur desréférentiels métiers régulièrement étofféset mis à jour. La procédure est complexe,très énergivore et consommatrice de temps,longue et coûteuse. C’est au prix de cesmultiples exigences que Labelix représenteun gage de qualité auprès non seulementdes patients, mais aussi de l’assurancemaladie, des complémentaires santé, et desautorités sanitaires notamment la HauteAutorité de la Santé (HAS) pour laquelle celabel pourrait constituer un premier pasvers une certification.

Guide de prescriptions des examensd’imagerie :Dans un esprit de radioprotection despatients, la FNMR en lien avec la SFR, aélaboré ce guide destiné aux médecinstraitants et correspondants qui vise àproposer en fonction des troubles présentés

• L’accueil, l’information et le consentement du patient.

• La maîtrise des sécurités.• La maîtrise de l’hygiène.• La maîtrise des vigilances sanitaires.• La maîtrise de la radioprotection.• La maîtrise des accidents médicaux.• L’organisation de la démarche qualité.• La mesure et l’amélioration (définitionet suivi d’indicateurs de qualité).

• La téléradiologie.

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par le patient, l’examen le plus approprié et,si possible, à l’orienter vers une échographieou une IRM avant d’avoir recours à unexamen exposant aux radiations ionisantes.

Informatisation et archivage : La conservation des images numériquesproduites lors de actes radiologiques surdes serveurs informatiques (PACS) est unélément majeur d’amélioration de la qualitédes soins pour le suivi des patients(comparaison d’examens successifs,appréciation de l’évolutivité d’une anomalie,efficacité des traitements notamment encancérologie), tout en évitant la répétitioninutile des examens. Porte d’entréeindispensable pour l’intégration des imagesdans le Dossier Médical Personnel (DMP), ilpeut être accessible aux médecins que lepatient désigne, et ouvre la voie vers la télé-imagerie et la télé-expertise dont le

développement doit résolument rester axésur l’amélioration du service rendu aupatient.

Malheureusement, alors que cet archivage anécessité de très lourds investissements(initiaux et en maintenance) de la part descabinets de radiologie libéraux, l’assurancemaladie a décidé malgré ses engagementsde 2007, de réduire - après une phaseunilatéralement imposée de suspensionpure et simple - la prise en chargefinancière de cet archivage.

Cancérologie et équipements :Les médecins radiologues se battent auquotidien, tant localement qu’à la FNMR,pour garantir l’accès des patients à deséquipements modernes et performants, afind’améliorer la qualité du diagnostic initial,du dépistage dans son organisation pour

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LES MÉTIERS DE L’IMAGERIE MÉDICALEune prise en charge précoce notamment

des cancers, et du suivi des pathologies, enprivilégiant les techniques les plus efficacesqui limitent l’exposition du patient auxrayonnements ionisants. C’est ainsi qu’ilsse sont massivement investis dans :

• Le dépistage organisé du cancer dusein : son organisation nationale(Comité de suivi, commissionstechniques etc.), et locale (Structuresde gestion départementales), lesformations Forcomed des radiologueset manipulateurs, le contrôle qualitédes appareillages, les premières etdeuxièmes lectures.

• L’IRM : le sous-équipement chronique dela France (lanterne rouge en Europe) enéquipements lourds, scanners et plusencore IRM, pèse lourdement surl’accessibilité du patient à destechniques performantes. Le radiologue,confronté à cette situation depuis 20 ans,ne peut se contenter de gérer cettepénurie. La FNMR, en lien avec le G4,s’est mobilisée auprès des pouvoirspublics pour qu’un plan d’équipementpuisse combler ce retard insupportable.

• Le PPC (Projet Professionnel Commun)et le POSIM (Pôle Sectoriel d’ImagerieMédicale) : dans ce contexte de sous-équipement, de démographie médicaledéclinante, tant que la télé-imagerien’aura pas acquis ses lettres denoblesse et une vitesse de croisièresuffisante, la mutualisation deséquipements et des organisations

entre acteurs des secteurs public etprivé est devenue un enjeu importantpour l’accessibilité du patient auxtechniques modernes. Ainsi la FNMR,en lien avec le G4, a-t-elle obtenuel’inscription du principe de cesstructures mutualisées dans un textelégislatif en août 2011 (loi dite « Fourcade ») attenant à la loi HPST.

La FNMR, au côté de ses partenaires de laradiologie française, s’est toujours efforcéede maintenir le patient au centre de sespréoccupations dans un monde relationnel,technologique, organisationnel et réglemen -taire mouvant. Au risque de plagier et je m’enexcuse Aragon (« la femme est l’avenir del’homme »), j’ose avancer que « le patient estl’avenir du radiologue » … mais c’est unelapalissade ! n

CONCLUSION