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a L’invité-surprise de la finale Le tennisman brésilien Gustavo Kuer- ten, 66 e joueur mondial, affrontera à Roland-Garros Sergi Bruguera, déjà deux fois vainqueur à Paris. p. 21 a Résultats contestés en Algérie Les élections législatives du jeudi 5 juin ont donné aux partis qui soutiennent le président Zeroual la majorité absolue. L’opposition dénonce de nombreuses fraudes. p. 4 a Brazzaville coupée en deux La capitale du Congo est partagée en deux secteurs, l’un tenu par l’armée, l’autre par les miliciens de l’ancien président Sassou-Ngesso. p. 5 a Ecoutes : vers la levée du secret Lionel Jospin devrait autoriser, sur demande du juge d’instruction Valat, les personnes mises en examen dans le dossier des écoutes de l’Elysée à s’af- franchir du secret-défense. p. 10 a Revirement chez Airbus Les différents constructeurs de l’avion européen ont renoncé à regrouper leurs activités au sein d’une société unique. p. 14 a Les pièges de l’assurance-vie L’abondance de l’offre ne sert pas les épargnants, qui raffolent pourtant de ce type de placements. p. 16 a « Générosité stratégique » Il y a cinquante ans, George Marshall, secrétaire d’Etat américain, mettait sur pied l’aide des Etats-Unis à l’Europe dévastée par la guerre. p. 12 a « Le Monde » à 7,50 francs Jean-Marie Colombani explique les rai- sons de cette augmentation qui pren- dra effet lundi. Le prix des abonne- ments reste stable et un tarif préférentiel est proposé aux étudiants. p. 28 a Au « Grand Jury » Catherine Trautmann, ministre de la culture, sera l’invitée du « Grand Jury RTL-Le Monde », dimanche 8 juin à 18 h 30. CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – N o 16287 – 7 F FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI DIMANCHE 8 - LUNDI 9 JUIN 1997 Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 9 F ; Autriche, 25 ATS ; Belgique, 45 FB ; Canada, 2,25 $ CAN ; Côte-d’Ivoire, 850 F CFA ; Danemark, 14 KRD ; Espagne, 220 PTA ; Grande-Bretagne, 1 £ ; Grèce, 400 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 2900 L ; Luxembourg, 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; Pays-Bas, 3 FL ; Portugal CON., 250 PTE ; Réunion, 9 F ; Sénégal, 850 F CFA ; Suède, 15 KRS ; Suisse, 2,10 FS; Tunisie, 1,2 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. « Quai des Orfèvres ». Suzy Delair, Bernard Blier et Louis Jouvet dans un film noir de Henri-Georges Clouzot. Page 22 SEMAINE DU 9 AU 15 JUIN 1997 bTELEVISION aRADIO HMULTIMEDIA Canal Plus, l’atout Durand Des classes virtuelles en ligne La victoire de Jospin, analyse d’une campagne médiatique FRANCE-CULTURE Polémiques autour du rapport Ténèze. Pages 26 et 27 CINÉMA Des meurtres à la pelle, trois CD-ROM pour rire ou pour réfléchir. Page 36 Dans la famille Canal, voici un nouveau grand frère. A la rentrée, Guillaume Durand arrive sur la chaîne cryptée pour remplacer Philippe Gildas à « Nulle part ailleurs ». Avec lui, la couverture de l’actualité sera plus présente, la politique aussi. Est-ce l’amorce d’un changement éditorial sur la chaîne du sport et du cinéma ? Après trois ans à LCI, le journaliste parle de ses échecs passés, des leçons qu’il en a tirées, de TF 1, des intellectuels, du service public et de la nécessité pour la télévision de retrouver le chemin d’une authentique information. Pages 2 et 3 Grâce aux nouveaux CD-ROM de soutien scolaire, qui offrent une connexion avec des sites Web, les enfants partent à la conquête des réseaux. Pages 32 et 33 Entretien avec le journaliste et producteur Alain Denvers, qui a piloté la campagne télévisée officielle du Parti socialiste pour les législatives. Page 4 International ............. 2 France .......................... 6 Société ......................... 9 Horizons....................... 11 Entreprises ................. 14 Annonces classées.... 15 Placements/marchés 16 Carnet .......................... 20 Abonnements ............ 20 Aujourd’hui ................ 21 Jeux ............................... 23 Météorologie............. 23 Culture......................... 24 Radio-Télévision....... 27 Le calvaire sans fin de la veuve de Malcolm X NEW YORK de notre correspondante Dans le service des grands brûlés d’un hô- pital du Bronx, la veuve de Malcolm X, Betty Shabazz, âgée de soixante et un ans, lutte contre la mort depuis près d’une semaine. Tandis que, vendredi 6 juin, les chirurgiens commencaient une troisième greffe de peau pour tenter de la sauver, son petit-fils de douze ans, Malcolm, accusé d’avoir allumé l’incendie qui l’a si grièvement blessée, comparaissait devant un juge pour enfants de New York. Ce drame provoque un immense élan de générosité : les plus grandes personnalités noires se relaient à son chevet, et de nom- breux anonymes viennent offrir leur sang. Mais le calvaire de la famille de Malcolm X, le dirigeant nationaliste noir assassiné en 1965, est sans fin, épousant le cycle de vicissitudes qui marque, impitoyable, les héritiers de la période héroïque des droits civiques. Lorsque Malcolm X fut assassiné d’une balle en plein meeting à New York, il tomba sous les yeux de ses quatre filles et de sa femme Betty, alors enceinte de jumelles. Courageusement, Betty Shabazz éleva seule ses six filles, maintint l’image de dignité et le rôle public que la communauté noire atten- dait d’elle, reprit ses études, trouva un poste d’enseignante. L’une des filles, Qubilah, eut plus de mal que les autres à assumer la tragédie. Elle sombra dans l’alcool, la drogue et divorça avant d’être arrêtée, en 1995, pour avoir ten- té de faire tuer Louis Farrakhan, le chef très controversé de Nation of Islam, que Betty Shabazz avait toujours soupçonné d’avoir commandité l’assassinat de son mari. Pour apaiser les esprits, trente ans après, la veuve de Malcolm X fit publiquement la paix avec Louis Farrakhan. Au bout de deux ans de mise à l’épreuve, Qubilah bénéficia d’un non-lieu il y a quelques mois, et elle pa- raissait prendre un nouveau départ dans la vie, après s’être installée au Texas. Mais son fils, le jeune Malcolm, restait très perturbé. Comme elle l’avait si souvent fait dans les moments difficiles, elle le renvoya provisoirement chez sa grand-mère, à New York. C’est là que, la nuit de l’incendie, les policiers l’ont trouvé, errant en bas de l’im- meuble et sentant très fort l’essence. Par son geste, disent les enquêteurs, il a voulu expri- mer sa frustration d’être séparé de sa mère. Le petit-fils de Malcolm X va ainsi rejoindre devant la justice une catégorie de délin- quants qui inquiète de plus en plus l’Amé- rique, en dépit d’une baisse générale de la criminalité : les adolescents, si jeunes que bien souvent ils ne sont encore que des en- fants. C’est aussi un adolescent que la police de New York recherche activement non loin de là, dans le Bronx : le suspect numéro un dans l’assassinat, le week-end dernier, du fils du PDG de Time Warner, Gerald Levin. Malgré la fortune de son père, Jonathan Levin, âgé de trente et un ans, avait choisi d’enseigner dans un lycée difficile du Bronx et consacrait volontiers son temps libre aux élèves les plus défavorisés. D’après les enquêteurs, c’est l’un de ses anciens élèves qui s’est introduit chez lui pour lui arracher le numéro de sa carte de crédit, et l’a frappé de coups de cou- teau, avant de le tuer d’une balle dans la tête. Sylvie Kauffmann TÉLÉVISION RADIO MULTIMÉDIA a Canal Plus joue Guillaume Durand a Polémique à France-Culture L’enfant terrible du luxe moderne IL Y A PLUSIEURS Alain Domi- nique Perrin : le patron de Cartier, le viticulteur du Quercy, le symbole du nouveau riche, l’inventeur du luxe moderne, et le mécène, créateur de la Fondation Cartier, qui consacre chaque année entre 30 et 50 millions de francs à l’art contemporain. A la veille de l’ouverture, au Jeu de paume, de l’exposition César, por- trait d’un commerçant tout à la fois admiré et critiqué. Lire page 11 ALAIN DOMINIQUE PERRIN Imprévisible Afghanistan LA RAPIDITÉ avec laquelle les intégristes talibans se sont empa- rés du nord de l’Afghanistan le 24 mai et la soudaineté de la contre-offensive lancée par des « ralliés » qui leur avaient livré la ville de Mazar-i-Charif avant de se retourner contre eux illustrent parfaitement l’imprévisibilité des évolutions de ce pays plongé dans la guerre depuis bientôt vingt ans. Trahisons soudaines, ralliements imprévus et retournements d’al- liances y caractérisent la nature volatile des situations politico-mi- litaires. Il y a presque trois ans, une poi- gnée d’« étudiants en religion » lancent une vaste opération de « nettoyage » contre les seigneurs de la guerre islamiste qui se dis- putent le pouvoir depuis la chute du régime postcommuniste, en 1992. En septembre1996, après s’être emparés, presque sans combattre, du sud du pays et des grandes villes de Kandahar – qui deviendra leur quartier général – et Hérat, ils investissent Kaboul. Partout où ils passent, les groupes armés se rallient à leur drapeau blanc, symbole de paix, d’ordre et de probité. Les talibans chassent le pré- sident Burhanuddin Rabbani et son chef de guerre Ahmed Shah Massoud, contraint de se réfugier dans sa vallé natale du Panshir, d’où il lançait ses offensives contre l’armée rouge dans les an- nées 80. En début d’année, ces étudiants en théologie formés dans les écoles coraniques pakis- tano-afghanes, mais surtout en- clins à manier le sabre, par- viennent à refermer un peu plus le piège sur le Lion du Panshir en lui reprenant ses dernières bases, au pied de la chaîne de l’Hindu Kush. L’opposition aux talibans se ré- duit désormais au nord du pays. C’est une alliance hétérogène et contre nature, composée d’ex- communistes, d’anciens moudja- hidins, de combattants chiites pro- iraniens, d’anciennes milices ouz- bèkes pro-soviétiques. Cette « al- liance du Nord » ne peut donc tenir longtemps : en dépit de l’im- pressionnant arsenal militaire dont dispose par exemple le sei- gneur de la guerre ouzbek Abdoul Rashid Dostom, ce rassemble- ment des forces anti-talibans n’a pas la cohésion politique et tac- tique qui serait nécessaire pour endiguer la marée montante du mouvement des étudiants. Mais il faut aussi compter avec la complexité de la mosaïque eth- nique et l’appétit de pouvoir de nombreux chefs locaux, dont les trahisons se paient en monnaie sonnante et trébuchante... Bruno Philip Lire la suite page 13 Lille affiche ses beaux-arts a APRÈS SIX ANNÉES de travaux, le Palais des beaux- arts de Lille, entièrement rénové par les architectes Jean-Marc Ibos et Myrto Vitard, devait être inau- guré, samedi 7 juin, par Jacques Chirac, accompagné du ministre de la culture du nouveau gouver- nement, Catherine Trautmann. Les cent cinquante tableaux proposés constituent l’un des plus beaux en- sembles français : Rubens, Char- din, David, Delacroix, Courbet, Goya... Le musée présente aussi sa remarquable collection d’art du Moyen Age et les plans-reliefs qui avaient fait l’objet, sous la pre- mière cohabitation, d’une querelle entre le maire de Lille, Pierre Mau- roy, et le ministre de la culture, François Léotard. Lire page 24 Le comité anti-amiante de Jussieu conteste Claude Allègre LE PRÉSIDENT du comité anti- amiante de Jussieu, Michel Pari- got, demande dans une déclara- tion au Monde que le nouveau mi- nistre de l’éducation nationale, de la recherche et de la technologie, Claude Allègre, ne soit pas chargé de « gérer le dossier du désamian- tage du campus ». « Il ne serait pas raisonnable, dit-il, de confier cette opération de santé publique à la seule personne qui, au gouverne- ment, s’y soit opposée. » M. Allègre avait dénoncé, il y a quelques mois, « la psychose irrationnelle et dangereuse » de ceux qui récla- ment le désamiantage de Jussieu. Durant la campagne électorale, Lionel Jospin avait indiqué que ce dossier constitue « un problème de santé publique qu’il faut résoudre de la façon la plus ordonnée pos- sible et la plus rapide ». Lire page 9 M. Chirac énonce sa conception des « devoirs » du chef de l’Etat sous la cohabitation Le président de la République s’affirme à Lille comme le garant du système de protection sociale DANS UN DISCOURS pronon- cé à Lille, samedi 7 juin, en clô- ture du 35 e congrès de la Fédéra- tion nationale de la Mutualité française (FNMF), le président de la République s’est exprimé publiquement pour la première fois depuis la victoire de la gauche et la désignation de Lio- nel Jospin comme premier mi- nistre. En introduction de ce discours, prévu de longue date, Jacques Chirac a défini sa conception des « devoirs » du chef de l’Etat en période de cohabitation. « Aujourd’hui, mon devoir, a-t- il notamment déclaré, c’est de veiller à ce que, chacun à sa place et respectant l’autre, nous servions ensemble des intérêts et des va- leurs qui nous dépassent, qui nous unissent et qui sont tout simple- ment les idéaux de la République, au premier rang desquels l’égalité des chances, la morale civique et la vertu républicaine. » Puis M.Chirac a défini en quatre points les domaines relevant di- rectement de sa responsabilité, dans une vision extensive du tra- ditionnel « domaine réservé » : le « rang » de la France dans le monde ; la préservation des « ac- quis européens » ; l’entrée « dans l’ère des hautes technologies » ; enfin, « garantir la solidarité, la cohésion et donc notre système de protection sociale ». Donnant la priorité à une poli- tique européenne de l’emploi, le gouvernement de M. Jospin a l’intention de demander le report de la discussion sur le « pacte de stabilité et de croissance », prévu pour accompagner la monnaie unique européenne à partir de 1999. Lire pages 2 et 6 et notre éditorial page 13

scholar.lib.vt.edu · 2018. 3. 26. · LeMonde Job: WMQ0806--0001-0 WAS LMQ0806-1 Op.: XX Rev.: 07-06-97 T.: 11:21 S.: 111,06-Cmp.:07,11, Base : LMQPAG 33Fap:99 No:0355 Lcp: 196 CMYK

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LeMonde Job: WMQ0806--0001-0 WAS LMQ0806-1 Op.: XX Rev.: 07-06-97 T.: 11:21 S.: 111,06-Cmp.:07,11, Base : LMQPAG 33Fap:99 No:0355 Lcp: 196 CMYK

a Brazzavillecoupée en deuxLa capitale du Congo est partagée endeux secteurs, l’un tenu par l’armée,l’autre par les miliciens de l’ancienprésident Sassou-Ngesso. p. 5

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CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16287 – 7 F FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANIDIMANCHE 8 - LUNDI 9 JUIN 1997

A2Côte-d’Ivoire, 850 F CFA ; Danemark, 14 KRD ;Espagne, 220 PTA ; Grande-Bretagne, 1 £ ; Grèce,400 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 2900 L ; Luxembourg,46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; Pays-Bas,3 FL ; Portugal CON., 250 PTE ; Réunion, 9 F ;Sénégal, 850 F CFA ; Suède, 15 KRS ; Suisse, 2,10 FS ;Tunisie, 1,2 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $.

« Quai desOrfèvres ».Suzy Delair,Bernard Blieret Louis Jouvet dans un film noirde Henri-Georges Clouzot. Page 22

SEMAINE DU 9 AU 15 JUIN 1997

b TELEVISION a RADIO H MULTIMEDIA

Canal Plus,l’atout Durand

Des classes virtuellesen ligne La victoire de Jospin, analyse

d’une campagne médiatique

FRANCE-CULTUREPolémiquesautourdu rapport Ténèze.Pages 26 et 27

CINÉMA Des meurtres à la pelle,trois CD-ROMpour rireou pour réfléchir. Page 36

Dans la famille Canal, voiciun nouveau grand frère.A la rentrée, GuillaumeDurand arrive sur la chaînecryptée pour remplacerPhilippe Gildas à « Nullepart ailleurs ». Avec lui, lacouverture de l’actualitésera plus présente, lapolitique aussi. Est-cel’amorce d’un changementéditorial sur la chaînedu sport et du cinéma ?Après trois ans à LCI,le journaliste parle de seséchecs passés, des leçonsqu’il en a tirées, de TF 1,des intellectuels, du servicepublic et de la nécessitépour la télévisionde retrouver le chemind’une authentiqueinformation. Pages 2 et 3

Grâce aux nouveaux CD-ROMde soutien scolaire, qui offrentune connexion avec des sitesWeb, les enfants partentà la conquête des réseaux.Pages 32 et 33

Entretien avec le journaliste et producteurAlain Denvers, qui a piloté la campagne

télévisée officielle du Parti socialistepour les législatives. Page 4

TÉLÉVISION RADIOMULTIMÉDIA

a Canal Plus joueGuillaume Duranda Polémiqueà France-Culture

Le comitéanti-amiantede JussieucontesteClaude Allègre

LE PRÉSIDENT du comité anti-

M. Chirac énonce sa conception des « devoirs »du chef de l’Etat sous la cohabitation

Le président de la République s’affirme à Lille comme le garant du système de protection socialeDANS UN DISCOURS pronon-

stabilité et de croissance », prévu

cé à Lille, samedi 7 juin, en clô-ture du 35e congrès de la Fédéra-tion nationale de la Mutualitéfrançaise (FNMF), le présidentde la République s’est exprimépubliquement pour la premièrefois depuis la victoire de lagauche et la désignation de Lio-nel Jospin comme premier mi-nistre.

En introduction de ce discours,prévu de longue date, JacquesChirac a défini sa conception des« devoirs » du chef de l’Etat enpériode de cohabitation.

« Aujourd’hui, mon devoir, a-t-il notamment déclaré, c’est deveiller à ce que, chacun à sa placeet respectant l’autre, nous servionsensemble des intérêts et des va-leurs qui nous dépassent, qui nousunissent et qui sont tout simple-ment les idéaux de la République,au premier rang desquels l’égalitédes chances, la morale civique etla vertu républ icaine. » PuisM. Chirac a défini en quatrepoints les domaines relevant di-rectement de sa responsabilité,

LeNEW YORK

dans une vision extensive du tra-ditionnel « domaine réservé » : le« rang » de la France dans lemonde ; la préservation des « ac-quis européens » ; l’entrée « dansl’ère des hautes technologies » ;enfin, « garantir la solidarité, la

calvaire sans fin de lCourageusement, Bett

cohésion et donc notre système deprotection sociale ».

Donnant la priorité à une poli-tique européenne de l’emploi, legouvernement de M. Jospin al’intention de demander le reportde la discussion sur le « pacte de

a veuve de Malcolm y Shabazz éleva seule meuble et s

Imprévisible LA RAPIDITÉ avec laquelle les

pour accompagner la monnaieunique européenne à partir de1999.

Lire pages 2 et 6et notre éditorial page 13

Xentant très fort l’essence. Par son

Afghanistan

amiante de Jussieu, Michel Pari-got, demande dans une déclara-tion au Monde que le nouveau mi-nistre de l’éducation nationale, dela recherche et de la technologie,Claude Allègre, ne soit pas chargéde « gérer le dossier du désamian-tage du campus ». « Il ne serait pasraisonnable, dit-il, de confier cetteopération de santé publique à laseule personne qui, au gouverne-ment, s’y soit opposée. » M. Allègreavait dénoncé, il y a quelquesmois, « la psychose irrationnelle etdangereuse » de ceux qui récla-ment le désamiantage de Jussieu.Durant la campagne électorale,Lionel Jospin avait indiqué que cedossier constitue « un problème desanté publique qu’il faut résoudrede la façon la plus ordonnée pos-sible et la plus rapide ».

Lire page 9

a L’invité-surprisede la finale

Le tennisman brésilien Gustavo Kuer-ten, 66e joueur mondial, affrontera àRoland-Garros Sergi Bruguera, déjàdeux fois vainqueur à Paris. p. 21

a Résultats contestésen AlgérieLes élections législatives du jeudi 5 juinont donné aux partis qui soutiennent leprésident Zeroual la majorité absolue.L’opposition dénonce de nombreusesfraudes. p. 4

Lille afficheses beaux-arts

APRÈS SIX ANNÉES de

de notre correspondanteDans le service des grands brûlés d’un hô-

pital du Bronx, la veuve de Malcolm X, BettyShabazz, âgée de soixante et un ans, luttecontre la mort depuis près d’une semaine.Tandis que, vendredi 6 juin, les chirurgienscommencaient une troisième greffe de peaupour tenter de la sauver, son petit-fils dedouze ans, Malcolm, accusé d’avoir allumél’incendie qui l’a si grièvement blessée,comparaissait devant un juge pour enfantsde New York.

Ce drame provoque un immense élan degénérosité : les plus grandes personnalitésnoires se relaient à son chevet, et de nom-breux anonymes viennent offrir leur sang.Mais le calvaire de la famille de Malcolm X, ledirigeant nationaliste noir assassiné en 1965,est sans fin, épousant le cycle de vicissitudesqui marque, impitoyable, les héritiers de lapériode héroïque des droits civiques.

Lorsque Malcolm X fut assassiné d’uneballe en plein meeting à New York, il tombasous les yeux de ses quatre filles et de safemme Betty, alors enceinte de jumelles.

ses six filles, maintint l’image de dignité et lerôle public que la communauté noire atten-dait d’elle, reprit ses études, trouva un posted’enseignante.

L’une des filles, Qubilah, eut plus de malque les autres à assumer la tragédie. Ellesombra dans l’alcool, la drogue et divorçaavant d’être arrêtée, en 1995, pour avoir ten-té de faire tuer Louis Farrakhan, le chef trèscontroversé de Nation of Islam, que BettyShabazz avait toujours soupçonné d’avoircommandité l’assassinat de son mari.

Pour apaiser les esprits, trente ans après,la veuve de Malcolm X fit publiquement lapaix avec Louis Farrakhan. Au bout de deuxans de mise à l’épreuve, Qubilah bénéficiad’un non-lieu il y a quelques mois, et elle pa-raissait prendre un nouveau départ dans lavie, après s’être installée au Texas.

Mais son fils, le jeune Malcolm, restait trèsperturbé. Comme elle l’avait si souvent faitdans les moments difficiles, elle le renvoyaprovisoirement chez sa grand-mère, à NewYork. C’est là que, la nuit de l’incendie, lespoliciers l’ont trouvé, errant en bas de l’im-

geste, disent les enquêteurs, il a voulu expri-mer sa frustration d’être séparé de sa mère.Le petit-fils de Malcolm X va ainsi rejoindredevant la justice une catégorie de délin-quants qui inquiète de plus en plus l’Amé-rique, en dépit d’une baisse générale de lacriminalité : les adolescents, si jeunes quebien souvent ils ne sont encore que des en-fants.

C’est aussi un adolescent que la police deNew York recherche activement non loin delà, dans le Bronx : le suspect numéro un dansl’assassinat, le week-end dernier, du fils duPDG de Time Warner, Gerald Levin. Malgréla fortune de son père, Jonathan Levin, âgéde trente et un ans, avait choisi d’enseignerdans un lycée difficile du Bronx et consacraitvolontiers son temps libre aux élèves les plusdéfavorisés. D’après les enquêteurs, c’estl’un de ses anciens élèves qui s’est introduitchez lui pour lui arracher le numéro de sacarte de crédit, et l’a frappé de coups de cou-teau, avant de le tuer d’une balle dans la tête.

Sylvie Kauffmann

a travaux, le Palais des beaux-arts de Lille, entièrement rénovépar les architectes Jean-Marc Iboset Myrto Vitard, devait être inau-guré, samedi 7 juin, par JacquesChirac, accompagné du ministrede la culture du nouveau gouver-nement, Catherine Trautmann. Lescent cinquante tableaux proposésconstituent l’un des plus beaux en-sembles français : Rubens, Char-din, David, Delacroix, Courbet,Goya... Le musée présente aussi saremarquable collection d’art duMoyen Age et les plans-reliefs quiavaient fait l’objet, sous la pre-mière cohabitation, d’une querelleentre le maire de Lille, Pierre Mau-roy, et le ministre de la culture,François Léotard.

Lire page 24

IFrance .......................... 6Société ......................... 9Horizons....................... 11Entreprises ................. 14Annonces classées.... 15Placements/marchés 16

Abonnements ............ 20Aujourd’hui ................ 21Jeux ............................... 23Météorologie............. 23Culture......................... 24Radio-Télévision....... 27

L’enfant terribledu luxe moderne

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ALAIN DOMINIQUE PERRIN

intégristes talibans se sont empa-rés du nord de l’Afghanistan le24 mai et la soudaineté de lacontre-offensive lancée par des« ralliés » qui leur avaient livré laville de Mazar-i-Charif avant de seretourner contre eux illustrentparfaitement l’imprévisibilité desévolutions de ce pays plongé dansla guerre depuis bientôt vingt ans.Trahisons soudaines, ralliementsimprévus et retournements d’al-liances y caractérisent la naturevolatile des situations politico-mi-litaires.

Il y a presque trois ans, une poi-gnée d’« étudiants en religion »lancent une vaste opération de« nettoyage » contre les seigneursde la guerre islamiste qui se dis-putent le pouvoir depuis la chutedu régime postcommuniste, en1992. En septembre 1996, aprèss’être emparés, presque sanscombattre, du sud du pays et desgrandes villes de Kandahar – quideviendra leur quartier général –et Hérat, ils investissent Kaboul.Partout où ils passent, les groupesarmés se rallient à leur drapeaublanc, symbole de paix, d’ordre etde probité.

Les talibans chassent le pré-sident Burhanuddin Rabbani etson chef de guerre Ahmed ShahMassoud, contraint de se réfugierdans sa vallé natale du Panshir,d’où il lançait ses offensives

contre l’armée rouge dans les an-nées 80. En début d’année, cesétudiants en théologie formésdans les écoles coraniques pakis-tano-afghanes, mais surtout en-clins à manier le sabre, par-viennent à refermer un peu plus lepiège sur le Lion du Panshir en luireprenant ses dernières bases, aupied de la chaîne de l’Hindu Kush.

L’opposition aux talibans se ré-duit désormais au nord du pays.C’est une alliance hétérogène etcontre nature, composée d’ex-communistes, d’anciens moudja-hidins, de combattants chiites pro-iraniens, d’anciennes milices ouz-bèkes pro-soviétiques. Cette « al-liance du Nord » ne peut donctenir longtemps : en dépit de l’im-pressionnant arsenal militairedont dispose par exemple le sei-gneur de la guerre ouzbek AbdoulRashid Dostom, ce rassemble-ment des forces anti-talibans n’apas la cohésion politique et tac-tique qui serait nécessaire pourendiguer la marée montante dumouvement des étudiants.

Mais il faut aussi compter avecla complexité de la mosaïque eth-nique et l’appétit de pouvoir denombreux chefs locaux, dont lestrahisons se paient en monnaiesonnante et trébuchante...

Bruno Philip

Lire la suite page 13

nternational ............. 2 Carnet .......................... 20

IL Y A PLUSIEURS Alain Domi-ique Perrin : le patron de Cartier, leiticulteur du Quercy, le symbole duouveau riche, l’inventeur du luxeoderne, et le mécène, créateur de

a Fondation Cartier, qui consacrehaque année entre 30 et 50 millionse francs à l’art contemporain. A laeille de l’ouverture, au Jeu deaume, de l’exposition César, por-rait d’un commerçant tout à la foisdmiré et critiqué.

Lire page 11

a Ecoutes : versla levée du secret Lionel Jospin devrait autoriser, surdemande du juge d’instruction Valat,les personnes mises en examen dans ledossier des écoutes de l’Elysée à s’af-franchir du secret-défense. p. 10

a Revirementchez AirbusLes différents constructeurs de l’avioneuropéen ont renoncé à regrouperleurs activités au sein d’une sociétéunique. p. 14

Les piègese l’assurance-vie

’abondance de l’offre ne sert pas lespargnants, qui raffolent pourtant dee type de placements. p. 16

« Générositétratégique »

l y a cinquante ans, George Marshall,ecrétaire d’Etat américain, mettait suried l’aide des Etats-Unis à l’Europeévastée par la guerre. p. 12

« Le Monde » 7,50 francs

ean-Marie Colombani explique les rai-ons de cette augmentation qui pren-ra effet lundi. Le prix des abonne-ents reste stable et un tarif

référentiel est proposé aux étudiants. p. 28

Au « Grand Jury »atherine Trautmann, ministre de laulture, sera l’invitée du « Grand JuryTL-Le Monde », dimanche 8 juin à8 h 30.

llemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 9 F ; Autriche,5 ATS ; Belgique, 45 FB ; Canada, 2,25 $ CAN ;

Page 2: scholar.lib.vt.edu · 2018. 3. 26. · LeMonde Job: WMQ0806--0001-0 WAS LMQ0806-1 Op.: XX Rev.: 07-06-97 T.: 11:21 S.: 111,06-Cmp.:07,11, Base : LMQPAG 33Fap:99 No:0355 Lcp: 196 CMYK

LeMonde Job: WMQ0806--0002-0 WAS LMQ0806-2 Op.: XX Rev.: 07-06-97 T.: 11:27 S.: 111,06-Cmp.:07,11, Base : LMQPAG 33Fap:99 No:0356 Lcp: 196 CMYK

Le sort de l’Eurofighter devrait être fixé le 11 juilletEn visite, vendredi 6 juin, à Bonn, le premier ministre britannique, To-

ny Blair, s’est dit satisfait – après s’en être entretenu avec le chancelierHelmut Kohl – de la décision de l’Allemagne de faire savoir, probable-ment le 11 juillet, si elle participe au financement de l’avion de combateuropéen Eurofighter conçu en coopération entre Londres, Madrid,Rome et Bonn. Cette décision a déjà été retardée à plusieurs reprises.

En dépit des pressions exercées par les industriels concernés, notam-ment le groupe allemand DASA, le gouvernement de Bonn hésite encoreà lancer la phase d’industrialisation d’un projet aéronautique aussi im-portant et requérant un investissement de 23 milliards de deutsche-marks (environ 78 milliards de francs) pour 180 avions. Initialement, l’Al-lemagne avait envisagé de commander 240 appareils. – (AFP.)

« NOUS SOMMES tous attachés àl’idéal européen, quelles que soientnos différences d’appréciation. Tous,

avec nos sensi-bilités, noscultures parti-culières, nousavons toujoursfait en sorte quel’Union euro-péenne dé-pende de l’en-

gagement des partis socialistes. Biendes forces sont à l’œuvre qui s’affran-chissent du cadre national : l’écologie,

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I N T E R N A T I O N A LLE MONDE / DIMANCHE 8 - LUNDI 9 JUIN 1997

M. Jospin veut être « fidèle aux engagements pris devant le pays »la santé, mais surtout les forces dumarché. La mondialisation a libérédes forces, auxquelles il faut répondrepar la coordination, par la construc-tion d’un cadre social et économiquecommun. Sinon, les forces du marchémenaceront le cadre de la civilisation(...). Nous ne sommes pas décidés ànous laisser sombrer dans une visionmonétariste et libérale.

» L’Europe ne peut se substitueraux nations qui la composent. Beau-coup de questions peuvent être réso-lues dans le cadre national. C’est lelieu fondamental de la démocratie et

de la souveraineté des peuples. L’Eu-rope ne peut être un obstacle à ces as-pirations.

» Il faut opérer un renversement deperspective : l’emploi doit être aucentre de toutes nos politiques natio-nales ou communautaires. (...) Je n’aijamais séparé l’Europe et le social.Soyons capables de le concrétiser dèsle sommet d’Amsterdam (...). Les ser-vices publics doivent rester l’élémentcentral de nos sociétés.

» Le gouvernement doit rester fi-dèle aux engagements pris devant lepays. »

M. Blair veut « éliminer les obstacles à la création d’emplois »« LA VIEILLE GAUCHE pensait

que la solution était simplement dedépenser plus ou de réglementer.(...) Le rôle des gouvernements achangé : aujourd’hui, il est de don-ner aux gens l’éducation, laconnaissance, le savoir-faire tech-nique dont ils ont besoin pour per-mettre à leurs entreprises et à leurstalents de prospérer dans le nou-veau marché. C’est la troisièmevoie (...) du centre ou du centre-gauche. »

« La stabilité économique est lacondition d’une politique sociale

radicale et non pas une alternativeà celle-ci. Nous devons défendre laprudence budgétaire et écono-mique, réformer l’Etat-providence.(...) Sinon nos populations se tour-neront vers les partis nationalistesde droite qui ne réformeront pasl’Etat-providence, mais le déman-tèleront. »

« Aujourd’hui, vous avez un gou-vernement britannique qui partagel’objectif d’un partenariat construc-tif des nations en Europe. (...)

Il y a 18 millions de chômeurs àtravers l’Europe. Dans trop de nos

pays, la protection sociale est deve-nue passive, une manière de laisserles gens sans rien faire plutôt quede les aider à devenir actifs. Nousutiliserons notre présidence del’Union européenne l’année pro-chaine pour mettre l’emploi en têtede l’agenda. Mon collègue GordonBrown lancera cette initiative, lun-di 9 juin, au conseil des ministresde l’économie et des finances àLuxembourg. Notre but est d’élimi-ner les obstacles à la créationd’emplois et à la flexibilité du mar-ché du travail. »

Prise de contact avant le sommet de PoitiersDe retour de Malmö, Lionel Jospin a eu, vendredi 6 juin, un entretien

téléphonique avec Helmut Kohl. Le conseiller en communication du pre-mier ministre, Manuel Valls, a indiqué que cette conversation de troisquarts d’heure avait été « nourrie et très cordiale ». Il s’agissait d’une« prise de contact dans la perspective des échéances européennes pro-chaines » (sommet franco-allemand de Poitiers, le 13 juin, et Conseil eu-ropéen d’Amsterdam). M. Valls a insisté sur la volonté de M. Jospin demontrer au chancelier « que le travail engagé depuis plusieurs années sepoursuivait ». Contrairement à l’habitude, le sommet de Poitiers ne réu-nira pas les gouvernements français et allemand pratiquement aucomplet. Seuls quelques ministres y participeront afin de concentrer lesdiscussions sur les principales questions européennes à l’ordre du jour.

Oskar Lafontaine, président du Parti social-démocrate allemand

« Si les nouvelles majorités en France et en Grande-Bretagne ne réduisent pas le chômage, les salariés rejetteront l’Europe »MALMÖ

de nos envoyés spéciaux« Tony Blair et Lionel Jospin ont

tenu deux discours différents surle socialisme en Europe. Com-ment situez-vous le SPD allemanddans ce débat ?

– Dans les deux discours, l’un desprincipaux messages était que lalutte contre le chômage doit être aucœur des politiques européenne etnationale. Les deux ont ainsi donnéune réponse typiquement social-dé-mocrate, parce qu’une politique so-cial-démocrate ne peut pas accepterque des millions de gens soient ex-clus de la vie de la société.

– Mais il y a plusieurs méthodespour lutter contre le chômage ?

– Tony Blair a annoncé un pro-gamme pour l’emploi des jeunes fi-nancé par l’impôt ; il a promisd’améliorer la qualité des services desanté, c’est de la politique social-dé-mocrate classique ; il a signé lacharte sociale européenne. J’ai par-fois l’impression qu’on utilise desmots pour exploiter des nuancesentre les traditions nationales etfaire apparaître des contradictionsqui n’ont rien à voir avec la réalitéconcrète.

– Quelle est votre position sur legouvernement économique euro-péen ?

– Nous défendons ensemblel’idée qu’une politique monétaire àlaquelle ne correspondrait pas unepolitique économique et financièreeuropéenne tournerait dans le vide.L’article 103 du traité de Maastrichtdoit être pris au sérieux. Les Etatsdoivent coordonner leurs politiqueséconomiques et financières. Cela nedoit pas rester sur le papier. Nousavons aujourd’hui la chance uniqueque les conservateurs méfiants en-vers un projet qu’ils soupçonnentd’être de gauche n’ont plus le venten poupe ; nous avons maintenantune forte majorité de gouverne-ments de centre gauche, et ils ont lapossibilité de placer l’emploi en têtede leurs priorités.

– Si on arrive à un conflit sur cepoint entre le gouvernement Jos-

pin et Helmut Kohl, est-ce quevous ne craignez pas que celapuisse remettre en cause toutel’union monétaire ?

– Le gouverment Kohl est isolésur la politique de l’emploi. J’ai desraisons de croire qu’il va abandon-ner sa position réservée et accep-ter ce chapitre « emploi ».

– Est-ce qu’il n’y a pas un risquepour lui, alors qu’il fait l’objet debeaucoup de critiques ?

– Le plus grand risque pour l’Eu-rope est la pression de 18 millionsde chômeurs. Si les nouvelles ma-jorités arrivées au pouvoir enFrance et en Grande-Bretagne neparviennent pas à prendre des dé-cisions qui conduisent à moins dechômage, les salariés rejetterontcette Europe.

– Les Français ont posé plu-sieurs conditions à l’euro, la parti-cipation de l’Italie, une interpréta-tion plus souple des critères ?

– Nous soutenons la participa-tion de l’Italie. Nous avons tou-jours dit que nous voulions unemise en œuvre des critères selon letraité. Nous avons mis en avant lesobjectifs monétaires : inflation,taux de change et niveau des tauxd’intérêt. Cela se justifie économi-quement. La trop grande impor-tance accordée à la question bud-

gétaire a été imposée parl’Allemagne.

– N’y a-t-il pas des différencesau sein même du SPD sur les cri-tères et le calendrier de la mise enplace de l’euro ?

– Ce sont des différences artifi-cielles. Tout le monde défend la miseen œuvre des critères selon le traité.Mais quelques-uns affirment, sansrester précis, qu’il y a des critères quine sont pas remplis. Nous estimonsen tout cas que l’application du trai-té suppose que l’Union monétairecommence au moment prévu. Notregroupe parlementaire a voté dans cesens à une écrasante majorité.

– Avez-vous le sentiment queles gouvernements sociaux-dé-

mocrates à Malmö accepteraientla réouverture d’une discussionsur un pacte pour la croissance etl’emploi ?

– Beaucoup de chefs de gouver-nement ont reconnu la possibilitéde reprendre ce que Jacques De-lors avait déjà mis dans son Livreblanc. Il y a toute une série de sug-gestions, allant des réseaux tran-seuropéens à la baisse des chargessociales, en passant par la réformede la fiscalité. C’est ce que l’on re-trouve dans les programmes detous les partis socialistes.

– On a le sentiment que l’Alle-magne ne s’engage plus autantqu’auparavant pour l’union poli-tique ?

– Je ne crois pas que cela soit vrai,même pour les conservateurs. Nousvoulons une union politique. Dansle domaine de la politique étrangèreet de la sécurité, tout le monde envoit la nécessité. Nous souhaitonsune plus grande communautarisa-tion. Nous avons besoin d’une ré-forme des institutions. Nous ne pou-vons en rester au principe del’unanimité, sinon l’Union sera in-gouvernable. Et nous voulons unevraie discussion sur le financementet sur la contribution financière dechacun des pays membres. L’Alle-magne, qui doit consacrer d’impor-tants moyens à la reconstruction desrégions de l’ex-RDA, ne peut pas ex-pliquer à son opinion les montantsélevés qu’elle verse pour l’Europe.

– Vous avez commencé depuisdeux ans une nouvelle coopéra-tion entre le SPD et le PS. L’arrivéedes socialistes au gouvernementla remet-elle en cause ?

– Non. Nous avons bien travailléavec nos amis du Parti socialiste, etspécialement avec Lionel Jospin. Telque je l’ai pratiqué, c’est un hommequi tient à ses principes. Nous conti-nuerons cette coopération. »

Propos recueillis parHenri de Bressonet Daniel Vernet

OSKAR LAFONTAINE

Un petit mot en anglais, quelques souvenirs d’italien... MALMÖ

de notre envoyé spécialIl est reparti comme il était arrivé, presque

subrepticement, par la navette qui relie Mal-mö, la suédoise, à Copenhague, la capitale da-noise, distante d’un petit bras de mer, puis delà par un avion de ligne pour Paris. Dédaignantles jets de l’armée de l’air, Lionel Jospin, pourson premier voyage depuis sa nomination à latête du gouvernement , qui l ’amenait auCongrès des Partis socialistes européens, avaitchoisi de voyager « comme M. Tout-le-Monde ».

Après son premier conseil des ministres,M. Jospin était arrivé, jeudi après-midi à Mal-mö, juste à temps pour la cérémonie d’ouver-ture d’une réunion dont il était, avec TonyBlair, l’une des deux grandes vedettes. Bonprince, le travailliste britannique – au pouvoirdepuis déjà un bon mois ! – avait laissé le pre-mier rôle à Lionel Jospin, acclamé par des délé-gués venus des quatre coins de l’Europe. Lagrande famille socialiste avait des yeux deChimène pour ces deux grands garçons qui nevoulaient plus se quitter, mais dont les diffé-rences politiques ont nourri les débats.

UN AIR DE RENCONTRE DE FAMILLEVendredi matin, les deux hommes se sont

succédé à la tribune pour présenter leurs vi-sions du socialisme, tracer les contours deleurs projets pour l’Europe. Tony Blair a en-flammé la salle en l’appelant à se mobiliserpour construire la société de demain, à adapterle modèle social européen. Lionel Jospin enl’appelant à la solidarité pour les plus faibles,

au respect des traditions socialistes nationales.Près de vingt ans séparent les deux diri-

geants, et, si le Français a séduit par sa pugna-cité, sa simplicité, Tony Blair, lui, bénéficiaitclairement de sa jeunesse, d’un discours plusmoderne, pour incarner les espoirs de renou-vellement. Lionel Jospin s’en est justifié devantla presse avant de quitter Malmö. « On voit descontours qui ne sont pas à l’identique. C’est celal’Europe (...), il y a une culture française, un so-cialisme français, comme il y a un travaillismebritannique moderniste, ce qui est souhaitable. Iln’y a pas à les opposer, il faut les comprendre. »

Cette réunion avait donc, pour le nouveaupremier ministre, un air de rencontre de fa-mille. Entre deux séances de travail, M. Jospinvoulait répondre aux sollicitations chaleu-reuses de ses amis socialistes – l’ancien pré-sident du gouvernement espagnol, Felipe Gon-zalez, ou l’Allemand Oskar Lafontaine –, quivoient dans la victoire de la gauche françaiseun encouragement pour eux-mêmes. Pourtous, Lionel Jospin a eu un mot gentil, échan-geant avec l’un quelques réflexions dans unbon anglais, s’amusant avec une autre à ras-sembler ses souvenirs d’italien pour témoignerde sa sympathie pour le sud de l’Europe. Venuseul, sans aucun de ses ministres, Lionel Jospina retrouvé à Malmö Jacques Delors, omni-présent dans les couloirs pour défendre l’Eu-rope sociale, et tout heureux de voir que son« Livre blanc » sur l’emploi trouvait enfin dansles débats une reconnaissance tardive.

H. de. B.

MALMÖde notre envoyé spécial

Le rendez-vous des partis socia-listes européens, qui s’est achevésamedi 7 juin à Malmö (Suède),tombait à point nommé pour Lio-nel Jospin afin de tester ses inten-tions europénnes, dans le cadre ducalendrier serré de l’Union euro-péenne avant l’important Sommetd’Amsterdam des 16 et 17 juin. Lenouveau premier ministre françaisa rencontré en Suède plusieurschefs de gouvernement. C’est aveceux que lui et Jacques Chirac de-vront négocier l’avenir de l’Union,dans les prochains jours. AprèsMalmö, il ressort que la France al’intention de demander le reportde la discussion sur le pacte de sta-bilité.

Le rappel des engagements prislors de la campagne électorale, no-tamment des conditions poséespour l’Union monétaire, l’accentque M. Jospin a mis sur l’Europesociale ne sont pas restés sans ré-percussion. Ils ont alimenté les spé-

culations des milieux européenssur leur sujet de préoccupation nu-méro un : la marche vers la mon-naie unique. On devrait en savoirdavantage sur les nouvelles inten-tions françaises à l’issue du Conseildes ministres des finances desQuinze (Ecofin), prévu lundi 9 juinà Luxembourg. Cette réunion, à la-quelle participera le nouveau mi-nistre français de l’économie, desfinances et de l’industrie, Domi-nique Strauss-Kahn, s’annonce im-portante. Initialement, elle étaitcensée entériner l’habillage juri-dique du pacte de stabilité et decroissance sur lequel les chefsd’Etat et de gouvernement étaienttombés d’accord à Dublin, en dé-cembre 1996, et qu’ils doivent ap-prouver officiellement dans saforme définitive à Amsterdam.

Mais la France tentera, à Luxem-bourg, d’obtenir de ses partenairesl’ouverture d’une nouvelle négo-ciation sur les mesures d’accompa-gnement qui pourraient compléterle dispositif de l’Union monétaire

pour assurer que la future zone eu-ro sera gérée non seulement enfonction de préoccupationsd’ordre financier, mais aussi social.Cette question a été évoquée, ven-dredi à Malmö, avec Tony Blair, lepremier ministre britannique, qui apris les devants en rappelant qu’ilétait ouvert à la discussion à condi-tion de ne pas toucher à la compéti-tivé. Lors de son intervention, de-vant les socialistes européens,M. Blair a annoncé que son chance-lier de l’Echiquier, Gordon Brown,ferait des propositions, au ConseilEcofin. Leurs propos sera de ren-forcer la lutte contre le chômage,en améliorant la flexibilité du mar-ché du travail, et de s’assurer que lefutur chapitre sur l’emploi « aide àcréer des emplois, et pas lecontraire ».

Le chef du gouvernement fran-çais a dû mesurer en Suède samarge de manœuvre. Son initiativeinquiétait bon nombre de ses col-lègues socialistes, qui redoutaient,comme le premier ministre néer-

landais, Wim kok, que Paris puisseremettre en cause le pacte de stabi-lité. Exigé par les Allemands, celui-ci vise à empêcher qu’un Etat me-nace la stabilité monétaire de l’en-semble en laissant déraper sesfinances publiques. Il impose auxcandidats à la monnaie unique unediscipline commune.

Sa remise en cause, qui seraitinacceptable par plusieurs pays,ouvrirait une crise avec l’Alle-

magne. L’idée de Jacques Delors,qui a fait des propositions en cesens, est de ne pas toucher à cepacte, mais de le compléter par unnouveau dispositif. Cet ajout préci-serait les dispositions sur la coordi-nation des politiques économiqueset sociales. Des modalités quiexistent dans le traité de Maas-tricht, mais qui sont assez vagues.L’ancien président de la Commis-sion européenne, qui tient là sa re-

vanche sur tous ceux qui ont blo-qué les propositions qu’il avaitfaites pour promouvoir une véri-table politique de l’emploi euro-péenne, soutiendrait une dé-marche qui consisterait àsuspendre l’accord définitif sur lepacte de stabilité en attendantd’obtenir des engagements sur cepoint.

Tant qu’on ne touche pas aupacte, cette position permettrait àM. Jospin de ne pas être isolé. Leprésident du parti social-démo-crate allemand, Oskar Lafontaine, aindiqué qu’il pourrait la soutenir.Elle n’en irrite pas moins tous ceuxqui estiment que ce n’est pas le mo-ment, compte tenu des difficultésdes gouvernements à tenir leursobjectifs budgétaires pour lancer lamonnaie unique au 1er janvier 1999,de compliquer les choses, notam-ment aux yeux des opinions pu-bliques, déjà réticentes, notam-ment dans le nord de l’Europe.

H. de B.

UNION EUROPÉENNE LeCongrès des partis socialistes euro-péens s’est achevé, samedi 7 juin, àMalmö en Suède. Les débats ont il-lustré les divergences de vues qui

existent entre ces différentes forma-tions de gauche, dont plusieurs sontaujourd’hui au pouvoir. L’approchedes Britanniques, par exemple, n’estpas celle des Français. b LIONEL JOS-

PIN a laissé entendre que le gouver-nement français avait l’intention dedemander, dès lundi à Luxembourg,le report de la discussion sur le Pactede stabilité qui doit, à ses yeux, in-

sister sur les aspects sociaux del’avenir économique de l’Europe.b OSKAR LAFONTAINE, le chef del’opposition social-démocrate alle-mande, déclare dans une interview

au Monde, que si les nouvelles ma-jorités, en France comme auRoyaume-Uni ne parviennent pas àréduire le chômage, les citoyens desQuinze finiront par rejeter l’Europe.

Le gouvernement français veut reporter le débat sur le pacte de stabilitéRéunis à Malmö, les sociaux-démocrates européens ont réservé un accueil mitigé au volontarisme économique et social prôné par Lionel Jospin.

L’approche des Britanniques, par exemple, n’est pas celle des Français

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I N T E R N A T I O N A L LE MONDE / DIMANCHE 8 - LUNDI 9 JUIN 1997 / 3

Jean Paul II retrouve sa dernière paire de skis à Zakopane... CRACOVIE

de notre envoyé spécialCracovie, Czestochowa, Zakopane : trois

lieux mythiques dans l’histoire personnellede Karol Wojtyla. Trois stations dans son pè-lerinage à travers la mémoire – la sienne,celle de son pays, celle de l’Europe – qui estla trame de son septième voyage en Pologne.Trois villes qu’il vient de retrouver avec lagravité et l’émotion de celui qui, à soixante-dix-sept ans, n’ignore pas que c’est peut-êtrela dernière fois.

Czestochowa, c’est le sanctuaire national,le bastion de la résistance à l’envahisseur etde la dévotion mariale. Stefan Wyszynski,l’ancien primat, Karol Wojtyla, archevêquede Cracovie, y ont préché des dizaines defois, de leurs sermons ciselés, mi-religieux,mi-politiques, reconnus comme autant d’ap-pels à la liberté. Accroché de longues mi-nutes à la balustrade, le pape ne quitte pasdes yeux cette foule d’un demi-million depersonnes qui, à ses pieds, l ’acclame,cherche aussi son regard, chante, rit, prieavec lui et à laquelle il s’arrache douloureu-sement.

Zakopane, c’est le « Chamonix » polonais,dans les Tatras, qui sont « ses » montagnes,là où ce mystique assure qu’il communiquele mieux avec la nature et avec Dieu. Uncouvent d’ursulines garde comme une re-

lique la dernière paire de skis qu’il a chaus-sée en avril 1978, peu avant son élection àRome. Ses longues marches à pied ont fait lacélébrité de cette vallée et de ce berger qui,un jour, ne reconnaissant pas l’archevêquede Cracovie, lui répondit : « Si tu es le cardi-nal, moi je suis le pape ! »

RENDEZ-VOUS DE LA NOSTALGIEDe son pas devenu très lent, Jean Paul II

s’est à nouveau promené seul, jeudi 5 juin,dans le massif, avant de présider le lende-main une célébration, au son déchirant deviolons, devant des montagnards endiman-chés et sous un toit de bois sculpté. Le pape,dit-on, avait les larmes aux yeux. Un autrerendez-vous de la nostalgie l’attendait, tou-jours à Zakopane, avec treize ancienscondisciples de son lycée de Wadowice, dontHalina Krolikiewicz, la fille du proviseur, quideviendra sa partenaire au théâtre.

Enfin Cracovie, la capitale royale que KarolWojtyla a vue en 1939 – à dix-neuf ans – sousles bombes allemandes. Lundi, au cimetièrede Rakowice, il se recueillera sur la tombe deses parents, Karol et Emilia, que rien ne dis-tingue des autres, hormis l’abondance desglaïeuls jaunes et blancs (couleurs du Vati-can) et des bougies qui se consument à l’abridu granit. Au château de Wavel, il retourneradans la crypte de la cathédrale où, le 2 no-

vembre 1946, il célébra sa première messeparmi les sépultures des rois et des reines,des chefs comme Kosciuszko, le prince Po-niatowski ou le maréchal Pilsudski et despoètes comme Mickiewicz ou Slowaki. Com-ment le jeune prêtre n’aurait-il pas été han-té, déjà, par ces héros nationaux ?

Mais Karol Wojtyla fut aussi le premierpape-ouvrier de l ’Histoire. Pendant laguerre, il travailla à l’usine chimique Solvay,avant de suivre les cours du soir au sémi-naire clandestin de Cracovie. Toujours à larecherche de son passé, Jean Paul II est doncretourné, samedi 7 juin, à l’usine transfor-mée en supermarché, avant de fouler à nou-veau la cour de l’université Jagellon, où ilétudia la littérature polonaise et prépara sathèse sur le philosophe Max Scheler.

Les Polonais ont fait de ce voyage deJean Paul II une marche triomphale pour leseul d’entre eux qui fasse l’unanimité. Mais,indifférent à l’escalade des chiffres – de troiscent mille à cinq cent mille fidèles rassem-blés chaque jour depuis une semaine –, KarolWojtyla leur a préféré ce retour aux sourceset ces photos de famille de l’homme arrivépresque au terme d’un destin exceptionnelet dont l’au-revoir de Cracovie avait aussi lesaccents d’un adieu.

Henri Tincq

L’Allemagne met l’Eglisede scientologie sous surveillanceBONN. L’Eglise de scientologie, considérée comme une secte en Alle-magne, fera dorénavant l’objet d’une observation systématique de lapart des renseignements généraux allemands. Ainsi en ont décidé lesministres de l’intérieur de Bonn et des seize Länder réunis vendredi6 juin à Bonn. Cette mesure, qui s’appliquait déjà dans certains Län-der, comme la Bavière et le Bade-Wurtemberg, est limitée pour l’ins-tant à une durée d’un an. A l’issue de cette période, les autorités se ré-servent la possibilité d’interdire la secte. D’ici là, il s’agit de préciserdans quelle mesure l’Eglise de scientologie, qui compterait70 000 adhérents en Allemagne, « cherche à exercer une influence tota-litaire sur les institutions et la société », selon le ministre de l’intérieur.Les dirigeants de l’Eglise de scientologie ont accusé l’Allemagne, ven-dredi 6 juin, d’appliquer des « méthodes inspirées des nazis ». – (Cor-resp.)

Amnesty International s’inquiète du sortde dignitaires religieux arrêtés en IranLONDRES. Des dignitaires religieux chiites iraniens, opposés auxprincipes fondamentaux du système politique dans ce pays, notam-ment le principe du velayat-e faqih (pouvoir du jurisconsulte), ou à lapolitique du gouvernement, sont persécutés par le régime, indique unrapport d’Amnesty International. Au moins trois ayatollahs seraientmaintenus en résidence surveillée. Parmi les dignitaires qui ont été ar-rêtés, certains auraient été torturés ou auraient subi de mauvais trai-tements. Quelques-uns ont été condamnés à des peines de prison pardes tribunaux spéciaux. D’autres encore sont toujours détenus sansprocès et le sort de certains demeure inconnu.

La militaire péruviennetorturée par ses collèguesa été rayée des cadres de l’arméeLIMA. Leonor La Rosa, agent féminin du Service de renseignement del’armée péruvienne (SIN), torturée, entre janvier et février 1997, pardes collègues qui la soupçonnaient d’être à l’origine de fuites en direc-tion de la presse sur des opérations du service (Le Monde du 16 avril1997), a indiqué, le 6 juin, qu’elle venait d’être rayée des cadres de l’ar-mée. Elle a ajouté qu’on l’avait à cette occasion invitée à « s’abstenirde faire des déclarations ». La dénonciation des tortures – brûlures auxmains et aux cuisses, coups – que lui avaient infligées ses collèguesavait suscité une grande émotion, provoquant la destitution de hautsresponsables militaires. Les agents mis en cause ont été condamnéspar la justice. – (AFP.)

DÉPÊCHESa BRÉSIL : le président brésilien Fernando Henrique Cardoso a an-noncé que cinquante-deux nouveaux établissements pénitentiaires se-raient construits d’ici à la fin du siècle. La vague de mutineries enregis-trée ces derniers mois dans les prisons du Brésil (cinquante-neuf encinq mois dans le seul Etat de Sao Paulo) est due à la surpopulationcarcérale. Le dernier recensement, effectué en 1995 dans les 511 pri-sons brésiliennes, faisait état de 148 760 prisonniers pour seulement59 954 places. – (AFP.)a POLOGNE : la Diète (Chambre basse du Parlement) polonaise aadopté vendredi 6 juin, par 281 voix contre 20, un nouveau code pénalqui abolit notamment la peine de mort. Un moratoire sur les exé-cutions capitales est en vigueur depuis 1988 en Pologne. Toutefois, se-lon les sondages, 60 % des Polonais se déclarent favorables au main-tien de la peine de mort. – (AFP, Reuter. )a RUSSIE : quatre journalistes russes, enlevés en février, en Tché-tchénie, ont été libérés vendredi 6 juin et aussitôt rapatriés à Moscou.Cette libération a été le résultat d’une opération complexe « fondéesur des contacts personnels », a précisé Itar-Tass. Trois autres journa-listes russes de la chaîne de télévision NTV, enlevés en mai en Tché-tchénie, demeurent aux mains de leurs ravisseurs. – (AFP, Reuter.)a ISRAËL : l’ONU a demandé à Israël, samedi 7 juin, de payer1,7 million de dollars pour des dommages provoqués par le bombar-dement, le 18 avril 1996, d’un camp de civils de l’ONU à Cana (sud duLiban). Le bombardement, qualifié d’« erreur » par les Israéliens, avaitcausé la mort de cent deux personnes. – (AFP.)a LIBAN : le Bureau international du travail (BIT) et Amnesty In-ternational se sont mobilisés, jeudi 5 juin, en faveur de l’ancien pré-sident de la Confédération générale des travailleurs du Liban (CGTL),Elias Abou Rizk, arrêté depuis six jours, et de son secrétaire général,Yasser Nehmé. Amnesty estime que M. Abou Rizk, opposé au premierministre Rafic Hariri, est « un prisonnier de conscience, arrêté en raisonde ses activités syndicales ». – (AFP.)a LIBYE : le colonel Mouamar Kadhafi a reçu une délégationd’hommes d’affaires français, arrivés à Tripoli mardi 3 juin, a rapporté,vendredi 6 juin, l’agence officielle JANA. Cette visite, la première decette importance, intervient alors que le pays est soumis à un embar-go aérien, depuis 1992, en raison de son refus d’extrader des ressortis-sants accusés d’être impliqués dans les attentats contre le Boeing de laPanAm à Lockerbie et l’Airbus d’UTA au Ténéré. – (AFP, Reuter.)

Le numéro deux de la Mafia sicilienne a été arrêtéROME

de notre correspondantTrois cents policiers ont procédé,

vendredi 6 juin, à l’arrestation, àBagheria, à proximité de Palerme(Sicile), du numéro deux de la Ma-fia, Pietro Aglieri dit « U Signurinu »(« Il Signorino »). Considérécomme le successeur de « Toto »Riina, appréhendé le 15 janvier1993, cet homme de trente-huit ansa été interpellé, sans un coup defeu, en compagnie de deux tueurs,Guiseppe La Mattina et NicolaGambino, dans une maison dis-crète.

Gian Carlo Caselli, procureur an-ti-Mafia de Palerme, s’est félicité dece coup porté à la Cosa Nostra sici-lienne car « Pietro Aglieri avait unrôle crucial dans la réorganisation del’après-Riina dans le sens d’un meil-leur compartimentage, d’une meil-leure ségrégation des composantes dela structure criminelle ». Le magis-trat s’est cependant bien gardé detout triomphalisme. « Cosa Nostraest capable d’absorber les coups re-

çus, même les plus sérieux. Celui-làen est un. Chanter victoire serait ce-pendant non seulement prématurémais surtout stupide. »

Un autre chef de la Mafia, Ber-nardo Provenzano, est lui toujoursen fuite. Depuis plusieurs années,des coups sérieux ont été portés à latête de l’organisation. Après « To-to » Riina, ont en effet été appré-hendés, en 1995, « Nitto » Santa-paola, considéré comme lesuccesseur, puis Leoluca Bagarellaet enfin, le 21 mai 1996, GiovanniBrusca, l’homme qui est accuséd’avoir actionné la bombe qui acausé la mort du juge Falcone, etdevenu depuis un repenti. Le pro-cureur Gian Carlo Caselli a démentique ce dernier soit intervenu dans lacapture en identifiant Pietro Aglierisur une photo. En fuite depuis huitans, cet ancien parachutiste a sen-siblement modifié sa physionomie.

Selon Pino Arlacchi, spécialiste dela Mafia, interrogé dans le Corrieredella sera, « Aglieri est un person-nage de second, voire de troisième ni-

veau qui, en raison du vide creusépar la décapitation de l’organisation,a été projeté, presque malgré lui, à ladirection ». Pour le sénateur, la Ma-fia est « en morceaux, dans une crisehistorique, mais cette crise doit en-core être transformée en une débâcledéfinitive, en attaquant ses fonda-tions. Sinon, dans deux ou trois ans,nous pourrions avoir un réveilamer ».

Pietro Aglieri était un personnagede l’ombre, le représentant de ceque l’on appelle « la nouvelle Ma-fia », celle qui s’est faite plus dis-crète, moins ouvertement en luttedirecte contre l’Etat en évitant lesactions spectaculaires contre ses re-présentants. Accusées d’avoir bais-sé quelque peu la garde contre lesactivités mafieuses, les autorités ontréagi en faisant valoir que cette ar-restation était la preuve qu’il n’y apas eu de « diminution dans la ré-pression », a assuré Pierluigi Vigna,procureur national anti-Mafia.

Michel Bôle-Richard

La Banque mondiale va doubler son aide à la Russiepour la porter à plus de 10 milliards de dollars

La Banque mondiale a annoncé, vendredi 6 juin, qu’elle allait dou-bler son aide à la Russie, pour la porter à entre 10 et 12 milliards dedollars dans deux ans. Elle a en outre approuvé six premiers prêtspour un montant total de 884,6 millions de dollars, destinés à favori-ser des réformes sectorielles pour promouvoir la croissance écono-mique, et à financer des projets de réforme dans l’éducation, la san-té, la privatisation des entreprises et le secteur de l’électricité.

La décision a été prise afin de soutenir « l’intensification de l’appli-cation des réformes » économiques en Russie, a expliqué JohannesLinn, vice-président de la Banque mondiale pour la région Europe etAsie centrale. « La situation en Russie reste moins bonne qu’on ne lesouhaiterait », a ajouté M. Linn. « Des progrès ont été faits (...), notam-ment dans la maîtrise de l’inflation, mais l’économie n’a pas recommen-cé à croître. » – (AFP.)

Boris Eltsine relance l’idée d’un référendumpour enterrer Lénine chrétiennement

Le président russe annonce que la consultation pourrait avoir lieu « en septembre »Lors d’une visite à Saint-Pétersbourg, M. Eltsinea proposé, vendredi 6 juin, d’organiser un ré-férendum à l’automne proposant que le corps

de Lénine soit retiré de son mausolée de la Placerouge et enterré chrétiennement. Les députéscommunistes et nationalistes, majoritaires à la

Douma se sont opposés à cette initiative alorsque les luttes se poursuivent entre les candidatsà la succession du président.

MOSCOU de notre correspondante

Poursuivant, par un séjour dequelques heures à Saint-Péters-bourg, vendredi 6 juin, l’activismequ’il a déployé en mai sur la scèneinternationale, Boris Eltsine a lan-cé une série de propositions tou-chant au domaine de la culture,liée en Russie à l’ancienne capi-tale des tsars. Dont celle d’organi-ser, « quelque part en septembre »,un référendum permettant aupeuple de décider s’il veut que lecorps de Lénine soit retiré de sonmausolée de marbre sur la placeRouge et enterré chrétiennement.

L’idée d’enterrer Lénine, et aveclui le passé communiste, au be-soin après une consultation popu-laire, est périodiquement relancéeen public depuis près de dix ans.Sa reprise vendredi par Boris Elt-sine a été expliquée, lors de com-mentaires télévisés, par la nou-velle « assurance » acquise par leprésident depuis son opération, etpar son désir de revenir à la « casedépart » de sa victoire électorale,il y a juste un an, sur son rivalcommuniste à la présidentielle.Boris Eltsine a effet rejoué, àSaint-Petersbourg, les scènes desa campagne du printemps 1996,avec arrêts et bains de foule – tou-jours soigneusement programmés– tout au long de son cortège.

L’EXEMPLE FRANÇAISMais rien n’indique encore que

le référendum suggéré fasse par-tie d’un plan réel, mûri dans l’en-tourage présidentiel. AnatoliTchoubaïs, qui personnifiait cetentourage en suivant pas à pasBoris Eltsine lors du voyage àSaint-Pétersbourg (dont il est ori-

ginaire), s’est bien gardé de re-prendre ce thème. Les commu-nistes, en revanche, s’en sontemparés pour prédire à Boris Elt-sine, s’il passait à l’acte, le sortmalheureux qu’à connu JacquesChirac en France. « Un référendumsur Lénine, c’est démocratique,mais Boris Eltsine va le perdre », aaffirmé le président communistede la Douma, Guennadi Seleznev.La référence à la France est deve-

nue très populaire chez les dépu-tés communistes et nationalistes,majoritaires à la Chambre bassedu Parlement, menacée ces der-niers temps de dissolution pourl’encourager à voter les coupesbudgétaires et le nouveau codefiscal voulus par le Kremlin.

L’impopulaire Anatoli Tchou-baïs, premier-vice premier mi-nistre en charge de l’économie,assure pour la première fois l’inté-rim à la tête du gouvernement,

depuis les vacances entamées il ya une semaine par Viktor Tcher-nomyrdine. Son problème numé-ro un reste la crise du budget etles arriérés de salaires, qui pro-voquent toujours grèves et mani-festations dans le pays, au mo-ment où les prévisions de reprisede la croissance, promises pour1997, sont une nouvelle fois offi-ciellement reportées à 1998.

Le problème numéro deux

d’Anatoli Tchoubaïs est de semaintenir en position de faveurauprès de Boris Eltsine, au mo-ment où ce dernier semble donnersa bénédiction à la course à laprochaine élection présidentielle(théoriquement en l’an 2000), re-lancée par le puissant maire deMoscou, Iouri Loujkov. Ce dernierne manque pas une occasion de seposer en adversaire de toute ini-tiative potentiellement impopu-laire attribuée au « père des priva-

tisations russes », AnatoliTchoubaïs. Alors que Boris Eltsinea publiquement félicité M. Tchou-baïs pour sa « grande contribu-tion » à la série d’accords signésen mai – Tchétchénie, OTAN,Ukraine – réflétant une sorted’adieu à l’impérialisme russe, lemaire de Moscou a pris date enréaffirmant que « Sébastopol [enCrimée ukrainienne] restera tou-jours une ville russe ».

ÉLOGESIouri Loujkov se pose aussi en

adversaire des réformes impopu-laires prévues par le nouveau tan-dem gouvernemental AnatoliTchoubaïs-Boris Nemtsov en ma-tière communale, bien qu’il aitlui-même, depuis deux ans, aug-menté les charges locatives àMoscou plus que quiconque ail-leurs.

Boris Eltsine, tout en couvrantd’éloges les « jeunes » qui l’en-tourent désormais, semble à nou-veau placer ses œufs dans plu-sieurs paniers, selon sa vieillehabitude. Recevant à la suite cettesemaine Anatoli Tchoubaïs etIouri Loujkov, il a conseillé à cedernier de « ne pas trop se disputeravec le gouvernement », mais l’aautorisé à poursuivre sa proprepolitique en matière de logementset de privatisations.

A Saint-Pétersbourg, le pré-sident a repris un des thèmeschers à Iouri Loujkov : la guerrecontre les publicités en anglais qui« dénaturent » les villes russes.Tout en remarquant que la plustouchée est Moscou et qu’il « endira deux mots » à Iouri Loujkov...

Sophie Shihab

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4 / LE MONDE / DIMANCHE 8 - LUNDI 9 JUIN 1997 I N T E R N A T I O N A L

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Le président Mohamad Khatami sera-t-il le Gorbatchev de l’Iran ?

ANALYSELe lauréat de la sociétécivile engage une partiedifficile face aux « durs »du régime de Téhéran

NUL DOUTE qu’être le lauréat dela société civile est un honneur, maisce n’est pas une sinécure. Parce quecela cristallise autour de l’impétrantdes aspirations si éclatées et des es-

poirs si divers qu’un éventuel échecs’en trouve aggravé. C’est donc peudire que la tâche qui attend Moha-mad Khatami, le président iranien,élu le 3 mai, est difficile. D’autantque son magistral succès – 69 % desvoix – pourrait attiser les rancœurset la détermination de ses adver-saires.

M. Khatami, qui prendra ses fonc-tions au début du mois d’août, à

l’expiration du mandat d’Ali AkbarHachémi Rafsandjani, a été surtoutporté par une lame de fond de pro-testations contre la politique du gou-vernement actuel. Mais l’éventail desrevendications est très large, expri-mé par des acteurs tout aussi divers :il va d’une amélioration des condi-tions de vie à une libéralisation desmœurs, en passant par la réformedes structures économiques, la luttecontre la corruption, le respect desdroits de l’homme, le pluralisme po-litique...

Quant aux factions politiques quil’ont soutenu, les radicaux islamistesd’une part et les libéraux moder-nistes de l’autre, leur rapprochements’apparente davantage à une « collu-sion objective » de deux factions dé-çues du pouvoir qu’à une allianceentre forces constituées, comme celase produit en pays de multipartisme.En Iran, il n’y a pas de partis, mêmesi l’idée fait de plus en plus son che-min dans les esprits et pourrait êtrereprise à son compte par le présidentélu.

Une partie de la hiérarchie reli-gieuse, celle qui est fondamentale-ment hostile à la confusion entre po-litique et religion, devrait aussi,implicitement, le soutenir – certainesfigures célèbres de cette hiérarchiefont de la prison ou sont en rési-dence surveillée pour leurs idées.M. Khatami devrait aussi bénéficier,explique Bernard Hourcade, direc-teur de recherche sur le monde ira-nien au Centre national de la re-cherche scientifique (CNRS), del’appui de ce que, dans la terminolo-

gie chrétienne, on appellerait le« bas clergé ». Le président est en ef-fet seyyed, c’est-à-dire qu’il appar-tient à la lignée du Prophète. C’estun intellectuel musulman respec-table et il récupère en quelque sortele message moderniste de Khomei-ny. Il n’est pas non plus exclu, sou-ligne M. Hourcade, que le corps despasdarans, ou gardiens de la révolu-tion, qui tire sa légitimité non pas duclergé – même s’il défend un Iran is-lamique –, mais de la guerre contrel’Irak, se solidarise avec le présidentélu.

Dire que M. Khatami pourrait êtrele Gorbatchev de l’Iran n’est pasabusif. A cela près que M. Khatami,fait remarquer M. Hourcade, bénéfi-cie, au départ, d’une assise populairequi manquait à l’ancien président so-viétique. Comme ce dernier, le pré-sident élu iranien appartient au sys-tème. Il est lui-même religieux, filsde religieux, et son credo de base, telqu’il l’a défini lors de sa premièreconférence de presse ès qualités, estde respecter tous les droits que laConstitution de la République isla-mique reconnaît aux citoyens. Au-trement dit, ce sont des « abus » quiont conduit à des « dérives ». Le ré-gime doit procéder à un aggiorna-mento.

UNE « SOCIÉTÉ DE DROIT »M. Khatami réussira-t-il pour au-

tant à réaliser les aspirations de cesIraniens qui, comme l’écrivent Jean-Pierre Digard, Bernard Hourcade etYann Richard dans leur ouvrageL’Iran au XXe siècle (paru aux éditions

Fayard), « se prennent à imaginer unsystème politique idéal, qui ferait del’Iran un pays nationaliste, ouvert à laculture internationale et respectueuxde la culture islamique populaire » ?Potentiellement oui, répondM. Hourcade, puisque le présidentélu est le premier à intégrer ces troispiliers de l’Iran.

M. Khatami a en tout cas annoncéqu’il voulait une « société de droit »qui allierait la « diversité des opinionsà l’intérieur » et « l’unité et la solidari-té face à l’extérieur », une société où« toutes les libertés civiles sociales etculturelles seront codifiées ». Elles se-ront « codifiées », sous-entend-il, parrapport à l’arbitraire qui prévaut ac-tuellement en la matière, la police,comme les groupes de pression telsles hezbollahis – des « hooligans del’islam », disent certains Iraniens –,s’érigeant en « commandeurs » du« bien » et « censeurs » du « mal ».Le président élu devra d’autre partpallier les insuffisances et échecs desréformes économiques que le pré-sident sortant a engagées dès le dé-but des années 1990. Le débatéconomique sera l’une des difficultésqu’il rencontrera parce que ce débatoppose des forces mues non seule-ment par l’idéologie mais aussi pardes intérêts concrets.

M. Khatami conçoit l’ouverture àl’Occident comme un enri-chissement et non comme une alié-nation. « Certes, la religion est chosesacrée, mais il faut admettre que nosreprésentations de la religion sont for-cément humaines », écrivait-il dansun article récemment publié par le

quotidien saoudien El Hayat. Dèslors, soulignait-il, chacun doit fairepreuve d’« humilité ». Et d’ajouter :« Nous [musulmans] devons jeter surl’Occident un regard neutre, exemptd’hostilité et d’amour. Nous devonsapprendre à le connaître. (...) Nousdevons à la fois être vigilants quant àses dangers et profiter de ses réalisa-tions et de ses données humaines. Celaest possible si nous atteignons une ma-turité historique et intellectuelle. Nouspourrons alors (...) choisir et assumerla responsabilité de nos choix. »

L’Occident verra à juste titre dansces propos un signe encourageantpour l’avenir des relations avecl’Iran. Mais pour M. Khatami, lapriorité n’est pas la relation avec lespays occidentaux, envers lesquels ildevrait, dans un premier temps, seborner à calmer le jeu, sans prendred’initiative spectaculaire. D’autantque sur des questions symboliques,telles l’affaire de la fatwa contrel’écrivain britannique Salman Rush-die ou les relations avec les Etats-Unis, ses adversaires ont une capaci-té de nuisance.

ŒUVRE PÉDAGOGIQUESon discours s’adresse d’abord

aux siens, auprès desquels il veutfaire œuvre pédagogique. La dé-marche risque de se révéler quelquepeu naïve – c’est, dit-on, ce que luiaurait dit le Guide de la Républiqueislamique, Ali Khamenei lui-même –,lorsqu’on mesure les pesanteurs ira-niennes et le conservatisme idéolo-gique, économique et politique. Amoins, estime M. Hourcade, que les

perdants voient précisément en lui lecapitaine qui réussira à sauver le na-vire. Ce qui suppose qu’ils aient tiréla principale leçon du scrutin prési-dentiel : à savoir qu’une dynamiquenouvelle s’est engagée, qui supposedes règles de jeu nouvelles modifiantle traditionnel « combat des chefs ».

M. Khatami a déjà été prévenu parle camp des « perdants » : « Il fautd’abord plaire à Dieu. En deuxièmeposition vient notre éminent dirigeant,le vali-e Faqih [c’est-à-dire le Guidespirituel], l’ayatollah Ali Khamenei.Ensuite vient l’électorat », a avertil’ayatollah Ahmad Janati, secrétairedu Conseil des gardiens, un orga-nisme chargé de s’assurer de laconformité des lois avec les principesde l’Islam. M. Khatami devra enoutre, pour les décisions nécessitantl’aval du Parlement, passer par lesfourches Caudines des conserva-teurs, qui ont gardé la présidence dulégislatif en faisant reconduire dansses fonctions, par un vote massif desdéputés, Ali Akbar Nategh-Nouri –son rival malheureux à l’élection pré-sidentielle.

La partie sera véritablement enga-gée au mois d’août. M. Khatamiréussira-t-il à inverser la tendanceactuelle et, si oui, terminera-t-il sacarrière politique comme MikhaïlGorbatchev, c’est-à-dire incapabled’arrêter l’engrenage d’une évolu-tion vers une société laïque, ou de-vra-t-il « composer » avec ses adver-saires au point d’y perdre l’élan de lavague qui l’a porté au pouvoir ?

Mouna Naïm

Liban : le sort d’un ancien chef de milice pose la question de l’indépendance de la justiceBEYROUTH

de notre envoyé spécialAncien chef de la milice chrétienne des

Forces libanaises (FL), Samir Geagea croupitdepuis plus de trois ans au fond d’une celluledans les sous-sols du ministère de la dé-fense. Trois fois condamné à mort, sentencecommuée en détention à perpétuité, il reste,aux yeux de nombreux Libanais – sept ansaprès la fin des combats –, l’unique boucémissaire de la guerre civile qui ravagea lepays pendant quinze ans (1975-1990).

« Mon mari, raconte Mme Geagea, est déte-nu dans des conditions illégales et très pé-nibles. Depuis le 21 avril 1994, date de son ar-restation, il est isolé dans une cellulesouterraine d’où il ne voit jamais la lumière dujour. Cet isolement est contraire à la loi, quil’autorise uniquement pendant les interroga-toires, et pour une période maximale de quel-ques semaines. Les journaux, la radio et la té-lévision lui sont interdits. Il n’a accès qu’aux

livres ne traitant pas de politique. » Chaquejour, Samir Geagea sort pendant une heure àl’air libre, bien que la loi autorise une « pro-menade » de trois heures. Il se déplace danssa prison les yeux bandés et – seul progrès –n’est plus astreint depuis six mois à porterdes menottes. Il parle à sa femme deux foispar semaine, pendant quinze minutes, à tra-vers une vitre. Même procédure avec sesavocats, au mépris du droit. Il ne peutconsulter un médecin de son choix. Le Comi-té international de la Croix-Rouge n’a jamaisété autorisé à lui rendre visite.

Samir Geagea, pendant les annéessombres, fut un chef de guerre farouche etrésolu. Sous ses ordres, les FL eurent re-cours, comme les autres milices, à tous lesmoyens – vols, chantages, enlèvements, as-sassinats – pour parvenir à leurs fins. A-t-ilnotamment ordonné en octobre 1990 lemeurtre de Dany Chamoun, chef d’un partichrétien rival des FL ? La Cour de justice, tri-

bunal d’exception dont les verdicts sont sansappel, répondit « oui », en juin 1995, auterme d’un procès peu convaincant et enta-ché, selon Amnesty International, de nom-breuses irrégularités.

RÈGLEMENT DE COMPTESMais c’est une autre affaire – un attentat

ayant fait onze morts en 1994 dans l’église deZouk – qui, malgré l’amnistie générale votéeen 1991, provoqua la réouverture du dossierChamoun et l’arrestation de Samir Geagea.Or ce dernier a été innocenté, depuis, danscette affaire.

Pour beaucoup de Libanais, Samir Geageaexpie l’un des mille crimes d’une guerrelongue et atroce dont tant d’acteurs auxmains tachées de sang sont aujourd’hui dé-putés ou ministres. Pour ne prendre qu’unexemple, Elie Hobeika, tenu pour le princi-pal instigateur des massacres des camps deréfugiés palestiniens de Sabra et Chatila en

septembre 1992, appartient au gouverne-ment et faillit même se présenter à l’électionprésidentielle.

L’ancien chef des FL, estiment-ils, victimeen 1994 d’un règlement de comptes politiqueourdi par l’entremise des chrétiens pro-sy-riens, continue de payer au prix fort l’hostili-té à la mainmise de Damas sur son pays,qu’il fut le seul à exprimer avec constance,en même temps que le patriarche maronite,Mgr Nasrallah Sfeir.

Ce dernier proteste régulièrement contrele maintien en détention de Samir Geagea,en réclamant que « la justice soit la mêmepour tous ». Mme Geagea garde confiance :« Je sais qu’il sortira de prison le jour où laconjoncture régionale le permettra... » Autre-ment dit, lorsque la Syrie et ses alliés ne ju-geront plus sa remise en liberté politique-ment dangereuse.

Jean-Pierre Langellier

ALGERde notre envoyé spécial

Le régime algérien n’a pasgrand-chose à redouter de la pro-chaine Assemblée nationale. Avec155 sièges sur 380 à l’issue du scru-tin du jeudi 5 juin, le Rassemble-ment national démocratique(RND), le parti du président Zé-roual créé il y a quatre mois àpeine, et son allié le Front de libé-ration nationale (FLN), l’ancienparti unique, qui a obtenu64 sièges, disposeront de la majori-té absolue jusqu’en 2002, date dela fin de la législature.

Le Mouvement de la sociétépour la paix (MSP, ex-Hamas) ducheikh Mahfoud Nahnah arrive endeuxième position, avec 69 sièges,selon les résultats globaux du scru-tin, rendus publics par le ministrede l’intérieur, Moustafa Benman-sour. Arrivé en deuxième position,entre le RND et le FLN, le parti desislamistes « modérés » de M. Nah-nah distance largement l’autrecourant islamiste, réputé plus dog-matique, celui d’Ennahda, qui aobtenu 34 sièges dans un scrutinmarqué par un taux d’abstentioninhabituellement élevé (34,5 %).

Viennent ensuite le Front desforces socialistes (FFS) de HocineAït Ahmed, qui dépasse d’unecourte tête en voix son rival, leRassemblement pour la culture etla démocratie (RCD) de Saïd Saadi,sans obtenir davantage de sièges(19 pour chaucun des deux). L’Al-liance nationale républicaine

Le « parti du président » algérien obtient la majorité absolue à l’AssembléeLe Rassemblement national démocratique (RND) et son allié le FLN, qui soutiennent Liamine Zeroual, disposeront de 219 sièges (sur 380)

à la nouvelle Chambre élue le 5 juin. Les partis d’opposition, démocrates et islamistes modérés, dénoncent de nombreuses fraudesEn vertu de la Constitution, l’Assembléenationale multipartite issue des électionsdu jeudi 5 juin en Algérie doit siéger dixjours après la proclamation des résultats.Elle devra élire son président lors de la pre-

mière session. Simultanément, le gouver-nement du premier ministre Ahmed Ouya-hia présentera sa démission et le présidentLiamine Zeroual demandera à un membrede la nouvelle Assemblée de former un

gouvernement. Annoncés vendredi par leministre de l’intérieur, les résultats du scru-tin accordent la majorité absolue au Ras-semblement national démocratique (RND),le parti du président Zeroual, et à son allié,

le FLN. Le Mouvement de la société pour lapaix (MSP, ex-Hamas) du cheikh MahfoudNahnah arrive en deuxième position avec69 sièges. Un autre parti islamiste, Ennah-da, généralement jugé plus dogmatique

que le MSP, a obtenu 34 sièges. Le taux departicipation a été élevé : 34,5 % Maischeikh Nahnah, et deux autres partis deopposition, le FFS et le RCD, ont dénoncéde nombreuses fraudes.

COMMENTAIRE

MAUVAISE ROUTEComment croire qu’un parti

créé il y a trois mois, qui n’a pasde message politique fort à déli-vrer, dont le numéro un ne brillepas par son talent d’orateur, aitréussi à rafler près du tiers dessuffrages exprimés ? Commentfaire admettre que le candidatdes islamistes modérés, aprèsavoir recueilli près de 3 millionsde voix à l’élection présiden-tielle, n’en retrouve plus que lamoitié un an et demi plus tard,alors que ses réunions publiquesont drainé des foules considé-rables ?

Comment justifier la déroutedu Rassemblement pour laculture et la démocratie (RCD),crédité de 440 000 suffragesquand son chef avait obtenu of-ficiellement plus de 1 million devoix en novembre 1995 ? Com-ment affirmer que les électeursont boudé les urnes jeudi maisplébiscité la nouvelle Constitu-tion il y a six mois, alors que lestémoignages recueillis sur place,dans les bureaux de vote, fontétat d’une participation iden-tique ou presque ?

L’Algérie ne prend pas laroute de la démocratie. Tout àson souci de tourner définitive-ment la page de l’ex-Front isla-mique du salut (FIS), sans se cou-per de la communautéinternationale, le régime – soustutelle des militaires – n’a eu decesse d’organiser des consulta-tions électorales. Qu’il s’agissedu scrutin présidentiel ou du ré-férendum constitutionnel, les ré-sultats de ces consultations ontété constestés par l’opposition.La fraude qui a entaché les légis-latives du 5 juin ne peut querenforcer celle-ci dans sa suspi-cion à quelques mois descommunales, ultime étaped’une normalisation menée demain de maître.

Elu président de la Répu-blique sur la promesse de rame-ner la paix, le général Zeroual aperdu encore un peu plus decrédit aux yeux d’une popula-tion harassée et qui, sensible auxthèses islamistes ou pas, aspire àretrouver une vie paisible.

Jean-Pierre Tuquoi

(ANR), de l’ancien premier mi-nistre Redha Malek, en revanche,n’obtient aucun élu, pas plus que leParti du renouveau algérien (PRA)de Nouredine Boukrouh, qui, à lasurprise générale, avait recueilliplus de 400 000 suffrages à l’élec-tion présidentielle. Autre surprise,le bon score réalisé par le Parti destravailleurs (extrême gauche), sansdoute dopé par le franc-parler desa porte-parole, Louisa Hanoune,quarante-trois ans. Il sera présentdans la future Assemblée, avec4 députés.

Si le score du FLN, que l’on di-sait à l’agonie, a étonné, celui du

RND ne constitue pas une sur-prise, pas plus que le contrôle as-suré de la future Assemblée – quidispose d’un pouvoir réduit – parune majorité RND-FLN, épaulée sinécessaire par les indépendants(11 sièges). Quelques heures aprèsl’annonce des résultats, de raresvoitures célébraient dans le centrede la capitale la victoire du campgouvernemental.

En revanche, le score du MSP adéçu. A l’élection présidentielle denovembre 1995, Cheikh Nahnahavait obtenu 2,9 millions de voix.Son parti, qui a su récupérer unepartie de l’électorat de l’ex-FIS,

n’en recueille cette fois que 1,5 mil-lion. Cette dégringolade inatten-due – et fort mal ressentie par lesmilitants du MSP à Alger – a étéimputée par Cheikh Nahnah à desfraudes dont, selon lui, se seraitrendue coupable l’administration.

« Même s’ils nous placent endeuxième position, ces résultats netraduisent guère nos aspirations.L’écart qui nous sépare du premier[parti] est artificiellement gonflé », adit Cheikh Nahnah à ses militants.Quelques heures plus tard, il a pré-cisé qu’au niveau national, selonles pointages des membres de sonparti, le MSP était arrivé en tête. LeMSP – dont deux membres siègentau gouvernement – a déposé desrecours auprès du Conseil consti-tutionnel, et ce n’est qu’au vu desréponses qu’il décidera de son atti-tude. D’ici là, Cheikh Nahnah, peutenté par un affrontement avec lepouvoir, a demandé à ses électeursde « garder la tête froide ».

« FRAUDE A GRANDE ÉCHELLE »La déception est également per-

ceptible parmi les deux partis quise disputent les voix kabyles. Cré-dité d’un peu moins de 500 000voix, un score légèrement inférieurà celui des législatives de décembre1991, le FFS, par la voix de son nu-méro deux, Seddik Debaïli, a dé-noncé un scrutin qui s’est déroulédans « l’opacité la plus totale », etdes résultats « élaborés par le labo-ratoire » (le ministère de l’inté-rieur). Pour autant, M. Debaïli s’est

contenté d’évoquer, en matière deprotestation, « une action pacifiqueet démocratique » qui reste à défi-nir.

Le secrétaire général du RCD aété plus véhément. Dénonçant la« fraude à grande échelle » qui au-rait entâché le scrutin, le docteurSaïd Saadi, un psychiatre de qua-rante-neuf ans, a lancé : « Ces ré-sultats n’augurent rien de bon pourle pays. » « Nous avons été spoliésd’un important capital de voix, no-tamment à Alger, où nous sommesarrivés largement en tête, a-t-il indi-qué avant d’ajouter : les bureaux devote ont été parfois vidés par la forcepour laisser le dépouillement se faireavec la présence exclusive des repré-sentants du « parti du pouvoir. »Lors de la présidentielle de 1995,M. Saadi avait recueilli 1 million devoix.

Les fraudes dénoncées par lespartis d’opposition, qui, en guisede protestation pourraient déciderde ne pas siéger dans la future As-semblée, touchent également autaux de participation. Officielle-ment, il a atteint 65,5 %, mais, del’avis de nombreux experts, il seraiten réalité légèrement inférieur à50 %. Dans la capitale, créditéed’une participation de 43,2 % par leministère de l’intérieur, le taux ef-fectif de participation n’aurait pasdépassé 30 %. La Kabylie a égale-ment moins voté que le reste dupays.

J.-P. T.

Une majorité pro-Zeroual

RÉSULTATS DES ÉLECTIONS À L'ASSEMBLÉE

380 sièges

15519

64 6934

19

16

4

RND

FLN

FFSRCD

PT

AUTRES

MSP

ENNAHDA

Cons

erva

teurs

IslamistesDémocrates

RND : Rassemblement national démocratique (soutien au président Zeroual)FLN : Front de libération nationaleFFS : Front des forces socialistesPT : Parti des travailleurs

RCD : Rassemblement pour la culture et la démocratieMSP : Mouvement de la société pour la paix

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I N T E R N A T I O N A L LE MONDE / DIMANCHE 8 - LUNDI 9 JUIN 1997 / 5

Consignes de neutralité aux forces françaisesDes consignes de neutralité ont été données aux 500 militaires

français stationnés à Brazzaville (dans l’hypothèse où il aurait fal-lu évacuer les ressortissants français de l’ex-Zaïre). Au Congo, lesaffrontements ont éclaté alors que ce dispositif militaire, basépour l’essentiel dans le quartier où se trouvent les locaux de l’Of-fice de la recherche scientifique et technique outre-mer (Orstom),était sur le point d’être allégé. Les consignes aux troupes fran-çaises sont de ne prendre parti pour aucune des factions en pré-sence, à plus forte raison dans les combats internes qui les op-posent, mais de se montrer vigilantes pour la sécurité des quelque2 500 Français, dont une majorité à Brazzaville, qui vivent auCongo.

Brazzaville, la capitale du Congo, coupée en deuxaprès des combats entre milices rivales

Le climat s’alourdit dans le pays à l’approche de l’élection présidentielleBrazzaville était partagée en deux secteurs sa-medi 7 juin, l’un tenu par l’armée régulière fi-dèle au chef de l’Etat, Pascal Lissouba, l’autre

par les miliciens de l’ancien président, Denis Sas-sou-Nguesso. La France a appelé vendredi tousles responsables politiques locaux à « renoncer

à la violence » pour permettre aux Congolaisd’exercer « leur choix en toute sérénité » lors del’élection présidentielle du 27 juillet.

ABIDJANde notre correspondant

en Afrique de l’OuestLa milice de l’ancien président,

Denis Sassou-Nguesso, contrôlait,dans la soirée du vendredi 6 juin,la moitié nord de Brazzaville, auterme d’une deuxième journéed’affrontements qui aurait vu plu-sieurs éléments de l’armée régu-lière rejoindre le camp de M. Sas-sou-Nguesso. Celui-ci a quitté lepouvoir en 1992, après avoir étébattu par Pascal Lissouba, l’actuelchef de l’Etat, lors du premier scru-tin pluraliste qu’ait connu le pays.

Dans la matinée, la coupure desliaisons téléphoniques internatio-nales a tari le flux d’informationsen provenance de la capitale duCongo. Des sources diplomatiquesont rapporté que des tirs d’armeslourdes et automatiques ont étéentendus toute la journée. Des pil-lages ont été signalés au centre-ville et autour de l’aéroport deMaya-Maya, où un avion d’AirFrance est resté bloqué toute lanuit de vendredi à samedi, avec 90passagers à bord. Les militairesfrançais cantonnés à Brazzavilledepuis le début de l’année – ini-

tialement pour évacuer les ressor-tissants français de Kinshasa –n’ont pas quitté leurs positions, sice n’est pour escorter jusqu’à sarésidence l’ambassadeur deFrance, qui rentrait de Paris ven-dredi.

« ZOULOUS » ET « COBRAS »Ces affrontements ont commen-

cé dans la matinée de jeudi,lorsque des blindés ont encerclé larésidence de l’ancien chef de l’Etatpour « mettre hors d’état de nuireles responsables de la milice » deM. Sassou-Nguesso, selon le mi-

nistre de la sécurité publique, Mar-tial Ibala. Depuis 1993 et les vio-lents combats qui avaient suivi lesélections législatives, toutes lesgrandes formations politiquescongolaises disposent d’une mi-lice. Celle du président Pascal Lis-souba a été baptisée « zoulous »,les hommes de M. Sassou-Ngues-so sont des « cobras » et ceux dumaire de Brazzaville, Bernard Ko-lelas, des « ninjas ». A l’approchedu scrutin présidentiel du 27 juil-let, la tension est montée danstout le pays. Les accords de désar-mement successifs conclus entrefactions rivales n’ont jamais étéappliqués. L’intégration des mili-ciens dans l’armée régulière avaitprofité aux « zoulous » de M. Lis-souba et avait donné lieu à plu-sieurs mutineries, les miliciens seplaignant de la modicité de leursolde.

Dimanche 1er juin, MM. Lissou-ba, Sassou-Nguesso et Kolelass’étaient solennellement engagés,en présence du secrétaire généralde l’Unesco, Federico Mayor, à neplus avoir recours à la violence.Mais dans le nord du pays, dontest originaire l’ancien président,

des incidents opposant les parti-sans de ce dernier à ceux de l’an-cien premier ministre, JoachimYombi Opango, allié de M. Lissou-ba, ont fait plusieurs morts. Cesont les responsables de ces inci-dents que les troupes dépêchéespar le gouvernement voulaient ar-rêter lorsqu’elles ont investi la ré-sidence de M. Sassou-Nguesso.

APPEL AU CALMEPour l’instant, les partisans de

M. Kolelas sont restés neutres,même si le maire de Brazzaville,qui se réclame de la démocratie-chrétienne, est théoriquement l’al-lié de l’ancien parti unique, le Particongolais du travail de M. Sassou-Nguesso, au sein des Forces démo-cratiques unies (FDU) que ce der-nier dirige. Après avoir rencontréle président Lissouba, M. Kolelas alancé un appel au calme. Parallèle-ment, l’ancien président, retranchédans sa villa, a demandé la média-tion de la France. Le chef de l’Etatgabonais Omar Bongo a, de soncôté, proposé ses services.

Dernier élément de tension, lasituation dans la République dé-mocratique du Congo (ex-Zaïre)voisine (lire ci-contre) : de nom-breux fidèles du régime Mobutu sesont réfugiés à Brazzaville avecarmes et bagages. L’hostilitéavouée que M. Lissouba a long-temps manifestée à l’égard de l’Al-liance des forces démocratiquespour la libération du Congo(AFDL) de M. Kabila pourrait bienen faire des alliés encombrantspour le camp présidentiel pendantque ses adversaires pourraient êtretentés de chercher des appuis del’autre côté du fleuve.

Thomas Sotinel

Laurent-Désiré Kabilacomplète son gouvernement

Un millier d’opposants au nouveau régimeont manifesté vendredi 6 juin à Kinshasa

pour protester « contre la dictature »LORS de la nomination du gou-

vernement de la République dé-mocratique du Congo (RDC, ex-Zaïre), le 23 mai, une premièreliste de treize ministres avait étépubliée. Le ministre de l’informa-tion, Raphaël Ghenda, avait alorsannoncé que sept autres minis-tères seraient créés dans les joursà venir et que le chef de l’Etat,Laurent-Désiré Kabila, se réser-vait la défense. Vendredi 7 juin, legouvernement a donc été partiel-lement complété par la nomina-tion de deux nouveaux ministreset d’un vice-ministre.

Thomas Kanza, un professeurqui représentait le Congo aux Na-tions unies à l’époque du gouver-nement de Patrice Lumumba,martyr de l’indépendance en 1960,a été nommé ministre de la coo-pération internationale.

Le portefeuille des travaux d’ur-gence a été confié à EtienneMbaya, tandis que Juliane Lu-mumba a été nommée vice-mi-nistre de l’information et de lapresse. Selon certaines sources,elle serait la fille de Patrice Lu-mumba. Ces nominations ont étéannoncées lors d’un conseil desministres présidé par Laurent-Dé-siré Kabila à Lubumbashi, la capi-tale régionale du Katanga (ex-Shaba).

A Kinshasa, un millier d’oppo-sants au régime de Laurent-Dési-ré Kabila ont défilé vendredi dansles rues de la capitale. Les mani-festants, pour la plupart sympa-thisants de l’Union pour la démo-cratie et le progrès social (UDPS)d’Etienne Tshisekedi, ont brandidrapeaux et calicots proclamant« Non à la dictature » et « Kabiladoit partir ». Ils ont aussi réclaméle départ des soldats tutsis rwan-

dais qui ont aidé l’Alliance desforces démocratiques pour la li-bération du Congo (AFDL) à ren-verser le régime du maréchal Mo-butu. « Nous manifestons contre ladictature, pour dire non à un ré-gime de parti unique et non à lasuspension des partis politiques », aexpliqué Adrien Phongo, secré-taire général de l’UDPS. Peu avantla fin de la marche, des manifes-tants se sont emparés des armesde deux soldats qui venaient de ti-rer en l’air pour disperser la foule.

Fin mai, les nouvelles autoritésde la République démocratiquedu Congo (RDC), avaient interdittoute manifestation sur la voiepublique et suspendu les activitésdes partis politiques. Les manifes-tations contre le nouveau régimeavaient commencé au lendemainde l’annonce de la compositiondu premier gouvernement de laRDC où ne figurait pas EtienneTshisekedi, figure emblématiquede l’opposition au régime du ma-réchal Mobutu, toujours très po-pulaire à Kinshasa.

L’ambassadeur des Etats-Unisaux Nations unies, Bill Richard-son, émissaire du gouvernementaméricain chargé de discuter del’aide de Washington aux nou-velles autorités de la RDC, est ar-rivé vendredi à Kinshasa. M. Ri-chardson devait se rendre samedià Lubumbashi pour s’entreteniravec le président Kabila. Il avaitl’intention d’exposer au chef del’Etat la préoccupation des Etats-Unis à propos des massacres deréfugiés hutus rwandais. « Noustenons à ce que les équipes del’ONU puissent enquêter sur le ter-rain et que ceux qui sont impliquésdans ces massacres soient punis »,a-t-il dit. – (AFP, Reuter.)

GABON

CAMEROUN

RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE

DU CONGO

CONGO

CONGO(EX-ZAÏRE)

OCÉAN ATLANTIQUE

Kisangani

Kinshasa

Libreville

Brazzaville

Mbandaka

Zaïre

Uele

Oub

angu

i

Zaïre

Un pays sous tension

300 km

CONGO

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F R A N C ELE MONDE / DIMANCHE 8 - LUNDI 9 JUIN 1997

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3615 LEMONDE

SPECTACLES

Nouvelle hausse des dépenses d’assurance-maladieLes dépenses d’assurance-maladie ont augmenté de 0,3 % en avril

par rapport au mois précédent, après une forte hausse de 0,6 % enmars (Le Monde daté 18-19 mai) et une faible progression (+ O,1 %) enfévrier, selon les statistiques publiées par la Caisse nationale d’assu-rance-maladie. Dans le secteur de la médecine libérale, les hono-raires privés sont en hausse de 0,5 % (contre + 1,8 % en mars et– 0,2 % en février), les remboursements des prescriptions ont grimpéde 0,8 % (+ 1,3 % en mars et + 0,3 % en février), et les prestations enespèces marquent une progression de 0,4 %. Les versements aux hô-pitaux publics ont baissé de 0,2 % en avril, alors que les dépenses descliniques privées ont enregistré une forte hausse de 2,1 % (après+ 1,8 % en mars et + 1 % en février).

Sur le champ des dépenses d’assurance-maladie votées par le Par-lement pour 1997, les dépenses des quatre premiers mois de l’annéesont en très légère baisse (– 0,1 %), par rapport à la même période de1996, relève la CNAM.

LILLE de notre envoyé spécial

La tradition républicaine a étémaintenue. Jacques Chirac a res-pecté un engagement pris il y aquelques mois en s’exprimant, sa-medi 7 juin, à Lille devant lecongrès de la Fédération nationalede la Mutualité française (FNMF).Ce premier discours public du pré-sident de la République depuis ladéfaite de la droite aux électionslégislatives lui a permis de préciserla manière dont il conçoit le rôledu chef de l’Etat pendant une co-habitation, dont il s’est plu à faireremarquer qu’il en avait déjà l’ex-périence en tant que premier mi-nistre.

M. Chirac a ainsi souligné le« rôle fondamental du président dela République » qui est le « garantde nos institutions ». Il a ainsi expli-qué que son « devoir » était deveiller au respect des « idéaux de laRépublique », du « rang » de laFrance « dans le monde », des« acquis européens ». Devant untel auditoire, il a insisté sur« l’équilibre de notre société et, enparticulier, la solidarité, la cohésionet donc notre système de protectionsociale ».

François Mitterrand avait remisau goût du jour, en 1981, cette tra-dition républicaine qui veut que lechef de l’Etat assiste au Congrès

du mouvement mutualiste.Jacques Chirac a voulu la pour-suivre, en clôturant ce 35e congrèsde la Fédération nationale de laMutualité française qui réunissait4 000 responsables de mutuellesdepuis jeudi 5 juin à Lille.

Pour cette première interventionpublique après le changement demajorité, le chef d’Etat était ac-compagné du nouveau ministre de

l’emploi et de la solidarité, Mar-tine Aubry – par ailleurs premieradjoint au maire de Lille, PierreMauroy – et du secrétaire d’Etat àla santé, Bernard Kouchner. Aprèsun déjeuner avec une trentaine deresponsables mutualistes,M. Chirac devait poursuivre sajournée par une visite à l’hôpitalmère-enfant du CHU de Lille, puispar l’inauguration du Musée réno-

vé des Beaux-Arts de Lille. L’inter-vention du président de la Répu-blique devant le premiermouvement social français– 30 millions de personnes bénéfi-cient d’une assurance-maladiecomplémentaire auprès d’une mu-tuelle adhérant à la FNMF – étaitprogrammée depuis longtemps.

ENGAGEMENT HONORÉEn dépit du bouleversement po-

litique intervenu après les élec-tions législatives, il a tenu à hono-rer son engagement. Tout justea-t-il modifié son discours. AlainJuppé encore à Matignon, le chefde l’Etat aurait défendu la réformede la Sécurité sociale lancée parl’ancien premier ministre. Cetteréforme avait d’ailleurs reçu unsoutien actif de la Mutualité fran-çaise. Mais en ce début de cohabi-tation, que M. Chirac et Lionel Jos-pin veulent digne et responsable,M. Chirac pouvait difficilementfaire l’apologie d’une réforme cri-tiquée par la gauche, du moins for-mellement, et qui symbolise partrop la méthode Juppé au yeux del’opinion d’une partie des syndi-cats et de nombreux profession-nels de santé.

Au président de la Mutualitéfrançaise, Jean-Pierre Davant, quilui rappelait que les mutualistesont été « parmi ceux qui, les pre-

miers, ont pris conscience de la dé-chirure sociale », M. Chirac devaitrépondre qu’il était le garant dusystème de protection sociale,comme il l’avait fait le 4 octobre1995 à l’occasion du 50e anniver-saire de la Sécurité sociale. La Mu-tualité refuse aussi qu’« au prétex-te d’harmonisation européenne, onapplique au mouvement mutualistedes règles conçues pour les sociétéd’assurance commerciale ». Il y atrois mois encore, la Commissioneuropéenne a mis en demeure legouvernement de transcrire endroit français deux directives de1992 sur les assurances qui

risquent, selon la FNMF, d’obligerles mutuelles à s’aligner sur lescompagnies d’assurances.

Martine Aubry, un moment an-noncée, n’est finalement pas inter-venue directement. Pas plus queBernard Kouchner, qui brûlaitpourtant de s’exprimer. Dans unmessage lu, vendredi 6 juin dans lamatinée, aux congressistes, le nou-veau ministre de l’emploi et de lasolidarité s’est contenté de rappe-ler que le mouvement mutualisteétait porteur d’un « modèle de pro-tection sociale original ».

Jean-Michel Bezat

« Cette situation institutionnelleparticulière, je l’ai déjà vécue... »

VOICI l’introduction du discoursprésidentiel prononcé, samedi 7 juin àLille, à l’occasion du congrès de la Fé-dération nationale de la Mutualitéfrançaise :

« Depuis unesemaine, noussommes entrésdans ce quenous appelonsla cohabitation.Cette situationinstitutionnelleparticulière, je

l’ai déjà vécue. C’était en 1986, j’étaispremier ministre. J’avais pu alors ap-précier le rôle fondamental du pré-sident de la République, garant denos institutions. Aujourd’hui, mondevoir, c’est de veiller à ce que, cha-cun à sa place et respectant l’autre,nous servions tous ensemble des in-térêts et des valeurs qui nous dé-passent, qui nous unissent et qui sonttout simplement les idéaux de la Ré-

publique, au premier rang desquelsl’égalité des chances, la morale ci-vique et la vertu républicaine.

» Aujourd’hui, mon devoir, c’est delutter pied à pied, partout dans lemonde, pour que la France tienneson rang, assure sa sécurité, affirmeson influence et accroisse ses parts demarché.

» Aujourd’hui, mon devoir, c’est depréserver les acquis européens obte-nus après quarante ans de patience etd’efforts et de continuer d’avancer,malgré les obstacles, vers une Europeunie, forte et juste.

» Aujourd’hui, mon devoir, c’est deveiller à ce que la France entre dansl’ère des hautes technologies sans les-quelles nous resterions à l’écart de lacroissance et du plein emploi.

» Aujourd’hui, mon devoir, c’est degarantir l’équilibre de notre sociétéet, en particulier, la solidarité, la cohé-sion et donc notre système de protec-tion sociale. »

Les complicités entre Jacques Chirac et Pierre MauroyPOUR LA PREMIÈRE FOIS depuis la dé-

faite de la droite aux élections législatives, lechef de l’Etat devait faire, samedi 7 juin, uneapparition publique à Lille. Ce déplacement,prévu de longue date, a été maintenu, sansmodification, à son calendrier : interventionprésidentielle au 35e congrès de la Mutualitéfrançaise puis, après un déjeuner avec despersonnalités de la Mutualité, inaugurationde l’hôpital pour enfants Jeanne-de-Flandre,des nouveaux locaux de la faculté de méde-cine et, enfin, visite du Musée des beaux-artsde Lille qui, après six ans de travaux, rouvreses portes au public.

Au cours de la première étape de ce dépla-cement, M. Chirac sera entouré de deux per-sonnalités socialistes avec lesquelles il entre-tient des relations amicales : Pierre Mauroy,maire de Lille, et Martine Aubry, ministre del’emploi et de la solidarité. L’ancien premierministre raconte volontiers que l’origine deson entente avec M. Chirac remonte auxlongues cérémonies du 14 juillet à Parislorsque, en qualité de premier ministre deFrançois Mitterrand, il présidait le carré pres-tigieux dans lequel se retrouvaient les ancienschefs de gouvernement de la Ve République.

« Entre nous, on finit par se sentir, par se flai-

rer », confiait au Monde M. Mauroy en avril1996, en ajoutant que le maire de Paris avaitsouvent le chic pour rompre l’ennui des céré-monies officielles. « J’ai trouvé en lui unhomme sensible, cordial, et puis voilà, on a ali-gné nos cordialités », disait-il. Le respect ami-cal entre les deux hommes sera scellé quel-ques années plus tard, lorsque Jacques Chirac,rappelé à Matignon par François Mitterrandpour inaugurer la première période de coha-bitation de la Ve République, invite le mairede Lille à venir lui expliquer, dans son bureau,les raisons de la violente polémique dont il estl’objet à propos des plans-reliefs de Vauban.François Léotard, alors ministre de la culture,accuse le maire de Lille d’avoir emporté danssa ville ces chefs-d’œuvre jusqu’alors entre-posés aux Invalides.

L’AFFAIRE DES PLANS-RELIEFS« Bon, qu’est-ce que c’est que cette histoire

de plans-reliefs ? », demande M. Chirac, ens’adressant chaleureusement à son hôte. Pen-dant quarante minutes d’entretien, M. Mau-roy explique au premier ministre la mobilisa-tion de sa ville pour garder ces chefs-d’œuvre.Les deux hommes plaisantent. « Ah ! ça, vousêtes fort pour les manifestations ! Vous êtes aus-

si bon que moi ! », constate M. Chirac, avantde proposer à M. Mauroy de « faire la paix ».La majorité des plans-reliefs reprennent lechemin de la capitale, mais la ville de Lillegarde les vingt-six pièces concernant la ré-gion Nord-Pas-de-Calais.

Neuf ans plus tard, MM. Chirac et Mauroyse retrouvent, à Lille cette fois. En sa qualitéde maire et de président du centre hospitalierrégional de la ville, Pierre Mauroy avait reçuun appel d’un dirigeant RPR lui demandants’il verrait un inconvénient à ce que M. Chiracvisite le Centre. « Aucun », avait réponduM. Mauroy, ignorant alors que, ce jour-là,dans un entretien accordé au quotidien régio-nal La Voix du Nord, le maire de Paris allait an-noncer sa candidature à l’élection présiden-tielle. Ce 4 novembre 1994, les deux hommesdiscutent quelques instants dans le bureau dumaire de Lille. « Delors n’ira pas. C’est vous quiserez candidat », lui dit M. Chirac. Le pré-sident de la Commission européenne estpourtant donné largement favori à la candi-dature socialiste. Mais M. Chirac est sûr deson information. Il la tient, dit-on, de... Mar-tine Aubry.

Pascale Robert-Diard

Manifestation, mardi à Paris, pour la défense de l’emploiPRÉVUE le 28 mai, dans le cadre

d’une initiative de la Confédérationeuropéenne des syndicats (CES) etrepoussée au mardi 10 juin, pourcause d’élections législatives, lamanifestation européenne pourl’emploi réunira, à Paris, toutes lesforces syndicales françaises (CFDT,CFTC, CGT, CFE-CGC, FSU, UNSA,dont la FEN, Union syndicalegroupe des dix, composée notam-ment des syndicats SUD), à l’ex-ception notable de Force ouvrière.Elle devrait aussi accueillir des dé-légations étrangères, parmi les-quelles des syndicats belges (FGTBet CSC) et des salariés de l’usineRenault de Vilvorde. Emilio Gaba-glio, secrétaire général de la CES,défilera dans le carré de tête de lamanifestation, encadré par NicoleNotat et Louis Viannet, qui a dépo-sé, il y a dix-huit mois, au nom dela CGT, une demande d’adhésion àla CES, toujours en cours d’exa-men.

Située à mi-parcours, entre deuxdates fortes, cinq jours après la for-mation de son gouvernement parLionel Jospin et six jours avant leconseil européen d’Amsterdam (16-17 juin), au cours duquel les Quinzedoivent se prononcer sur la ré-forme des institutions européenneset sur l’élargissement aux paysd’Europe centrale et orientale,

cette manifestation qui devrait ras-sembler 100 000 personnes, selonles organisateurs, prend un reliefparticulier. A la dernière manifesta-tion européenne pour l’emploi, le16 mars, à Bruxelles, Lionel Jospinen personne conduisait la déléga-tion du Parti socialiste.

Du côté des forces politiques, lesconseillers généraux communistesdu Val-de-Marne, qui se rangentparmi les othodoxes du parti, ontappelé, vendredi 6 juin, dans uncommuniqué, « l’ensemble des Val-de-Marnais à se rassembler et à par-ticiper à la journée de mobilisationen France et en Europe pour un em-ploi pour tous », organisée, le10 juin, par la CES.

La construction d’une Europe so-ciale, véritable pendant de l’Europemonétaire, et la demande à l’éche-lon européen d’une politique decroissance et de réduction dutemps de travail seront les revendi-cations portées par cette journée.Dans le secteur de la chimie, l’ap-pel lancé pour exiger de mettrel’emploi au cœur de la constructionde l’Europe et pour faire pressionsur le patronat européen, avant laconférence intergouvernementale,a été, pour la première fois, rédigépar la Fédération européenne desmines, de la chimie et de l’énergie.De nombreuses fédérations de ser-

vices publics, comme dans le sec-teur des transports, de la poste etdes télécommunications ont aussiappelé à une mobilisation le10 juin. Fonctionnaires et ensei-gnants seront aussi présents. Despréavis de grève ont été déposéspar certaines fédérations (Interco-CFDT, SGEN). A l’appel de la Fédé-ration internationale des trans-ports, une journée d’action euro-péenne se tient aussi le 9 juin.

DIVERGENCESCette manifestation ne masquera

cependant pas les divergences devues qui existent entre les centralessyndicales françaises. Marc Blon-del, dont la confédération s’étaitdéjà tenue à l’écart du 1er mai uni-taire parisien, a justifié son refus departiciper à la manifestation du10 juin, alors que FO est membrede la CES, par la volonté de ne pas« confondre les genres » entre« ceux qui vont lutter pour l’emploieuropéen et ceux qui veulent d’oreset déjà engager une partie de brasde fer avec le nouveau gouverne-ment ». L’union départementale FOde Paris, qui est dans l’opposition àla direction confédérale, a déploré,vendredi 6 juin, le « risque réel devoir FO se désengager du mouve-ment social européen ».

Alors que la CGT est favorable à

une remise en question des critèresde convergence pour la monnaieunique (Le Monde du 7 juin), laCFDT défend une appréciation« en tendance » de ces mêmes cri-tères. Pour la centrale de Mme No-tat, le caractère européen de lajournée de mardi prime. Il s’agit defaire pression, avant la conférenceintergouvernementale, pour de-mander l’intégration d’un proto-cole social dans les traités euro-péens et de faire en sorte quel’emploi soit élevé au rang de poli-tique communautaire « à égalitéavec l’Union économique et moné-taire ». De leur côté, la Fédérationgénérale des transports et del’équipement et le groupe Tous en-semble défileront pour « continuerl’œuvre salutaire de réorientation »de la confédération.

Pour la CFTC, le vrai sens de lamanifestation vise bien l’action dela CES en faveur d’une Europe so-ciale. « Il ne doit pas y avoir hiatussur les objectifs », souligne son pré-sident, Alain Deleu. Quant à laCFE-CGC, qui « refuse la tentationultra-libérale » européenne, elle adécidé de participer à la manifesta-tion intersyndicale et elle est laseule confédération à lancer unmot d’ordre national de grève.

Alain Beuve-Méry

COHABITATION Le président dela République a profité de son premierdiscours public depuis l’intallation dugouvernement de Lionel Jospin pour,samedi 7 juin à Lille, définir sa concep-

tion de son rôle pendant une tellepériode institutionnelle. b SES « DE-VOIRS » sont au nombre de quatre : laprotection des « idéaux de la Répu-blique », de la place de la France dans

le monde, des « acquis européens »,de l’entrée de la France dans « l’èredes hautes technologie » et du « sys-tème de protection sociale ». b LATRADITION républicaine a été respec-

tée, le chef de l’Etat étant accueilli àLille par le maire de la ville, PierreMauroy, et son premier adjoint, Mar-tine Aubry, nouveau ministre de l’em-ploi et de la solidarité. Il devait aussi

présider à l’inauguration du nouveauMusée de Lille en compagnie de Ca-therine Trautmann, ministre de laculture et de la communication (lirepage 24).

Le chef de l’Etat veut être le protecteur des acquis européens Lors de son premier discours public depuis la victoire de la gauche aux élections législatives, Jacques Chirac a rappelé, samedi 7 juin à Lille,

qu’il était le « garant des institutions » et souligné sa volonté de veiller au respect de la « vertu républicaine » et du « système de protection sociale »

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LE MONDE / DIMANCHE 8 - LUNDI 9 JUIN 1997 / 7Publicité

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8 / LE MONDE / DIMANCHE 8 - LUNDI 9 JUIN 1997 F R A N C E

Trente-quatre élus PCF et deux apparentésEn 1993, les communistes, qui ne comptaient que vingt-deux dépu-

tés, avaient dû faire modifier le règlement pour conserver ungroupe. En 1997, trente-quatre communistes font leur entrée au Pa-lais-Bourbon, et deux députés ont demandé leur apparentement : lemaire de Montreuil, Jean-Pierre Brard (CAP, Convention pour unealternative progressiste) et le Guadeloupéen Ernest Moutoussamy.Les trois élus du Parti communiste réunionnais (PCR) n’ont pas en-core indiqué, en revanche, s’ils s’apparentaient au groupe socialiste,au groupe communiste ou au groupe Radical, citoyen et vert.

Le ministre de l’équipement, des transports et du logement, Jean-Claude Gayssot, cède son siège au premier secrétaire de la fédéra-tion PCF de Seine-Saint-Denis, Bernard Birsinger, tandis que Marie-George Buffet, nouvelle élue et ministre de la jeunesse et des sports,sera remplacée par le maire du Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis),Daniel Feurtet.

Le groupe communiste de l’Assemblée nationalen’est pas uni derrière Robert Hue

Les députés du PCF entendent bien user de leur poids au sein de la majoritéRobert Hue ne dispose pas de la même autoritésur le groupe des trente-quatre députés commu-nistes que sur le bureau et le secrétariat natio-

nal du PCF. Les « orthodoxes » et les « rénova-teurs » sont nombreux parmi les élus, ainsi queceux qui étaient fort hésitants devant une parti-

cipation au gouvernement. Le choix de l’orateurcommuniste dans le débat de politique généralesera révélateur du rapport de forces.

QUI, sur les bancs communistes,répondra à la déclaration de poli-tique générale que le nouveau pre-mier ministre devrait prononcermercredi 18 juin devant l’Assem-blée nationale : Alain Bocquet ouRobert Hue ? Les élus du PCF endécideront mardi 10, en mêmetemps qu’ils éliront leur nouveauprésident de groupe. Leur choix se-ra révélateur du nouveau rapportde forces entre le parti et songroupe parlementaire.

Avec trente-quatre élus et deuxapparentés (lire ci-contre), legroupe communiste, qui augmentetrès sensiblement ses effectifs(vingt-trois membres et apparentésavant la dissolution), prend uneimportance inespérée : le PS nedisposant pas de la majorité abso-lue, le PCF va pouvoir jouer un rôleimportant. De plus, avec deux mi-nistres et un secrétaire d’Etat, ilaborde une situation politiquenouvelle. C’est au Palais-Bourbonque risque de se faire désormais lapolitique du parti. C’est là aussique s’afficheront les « êtres diffé-rents » qui peuplent le groupecommuniste, comme l’expliquait,dans un joli euphémisme, AlainBocquet, en septembre 1996, lorsdes journées parlementaires d’Au-bagne.

DE NOMBREUX « REFONDATEURS »On ne trouve pas en effet sur les

bancs communistes l’unisson devoix imposé au bureau et au secré-tariat national du PCF, lors du29e congrès. Pas non plus cette allé-geance fidèle que témoignerontsans doute Jean-Claude Gayssot etMarie-George Buffet, les nouveauxministres, au secrétaire national.Les manœuvres menées de mainde maître, comme lorsqu’il s’estagi, la semaine dernière, de « fairepasser » la participation gouverne-mentale auprès de militants, ne se-

ront plus si faciles. Les nouveauxélus sont en effet, pour la plupart,des représentants du communismemunicipal : plus « droitiers » et plusouverts que les hommes d’appareil,mais aussi beaucoup plus indépen-dants et rétifs aux classifications.C’est le cas de René Dutin (Dor-dogne), de Félix Leizour (Côtes-d’Armor), de Michel Vaxès(Bouches-du-Rhône), comme,avant eux, du député de Gardanne(Bouches-du-Rhône), Roger Meï.

Un tiers du groupe environ re-vendique clairement l’étiquette des

« refondateurs ». Réélus ou nou-veaux élus (comme Bernard Outin,dans la Loire), leur poids à l’Assem-blée est sans commune mesureavec leur influence réelle chez lesmilitants communistes. Leursporte-parole, Guy Hermier et JeanTardito (Bouches-du-Rhône), Fran-çois Asensi et Patrick Braouezec(Seine-Saint-Denis), Gilbert Biessy(Isère), Jacques Brunhes (Hauts-de-Seine), sont de fins politiques etde vieux routiers des débats. Al’instar d’un autre rebelle, Jean-Pierre Brard (ex-PCF), ami et ap-

parenté, ils militaient pour que,avant toute participation, les socia-listes s’engagent auprès de la direc-tion du Parti communiste sur un« contrat de gouvernement ».

C’est enfin à l’Assemblée natio-nale que l’on trouve ceux quicombattent frontalement la« ligne » de Robert Hue. Si RémyAuchedé, ancien patron de la fédé-ration du Pas-de-Calais, n’a pu re-trouver son siège, d’autres, moinsorthodoxes ou moins crispés, n’hé-sitent pas à critiquer la « perted’identité du parti », ou, depuis la

dissolution, la présence de mi-nistres communistes au gouverne-ment. C’est le cas d’Alain Bocquet,qui disposait jusqu’alors d’unegrande autonomie de parole, ou dudoyen du groupe, le député duNord, Georges Hage, très respectéparmi les députés : tous deux par-laient de « soutien sans partipa-tion » ou de « soutien critique ».Maxime Gremetz, qui avait emme-né l’opposition au 29e congrès, jugeaussi que le parti s’est perdu. L’ex-sénateur Claude Billard, successeurde Georges Marchais dans le Val-

de-Marne, avait également expri-mé quelques réticences, la semainedernière, au bureau national.

Dans ce « fromage tripartite »,selon l’expression d’un attaché par-lementaire, où les oppositions re-vêtent pour une fois un contenuréel et stratégique, l’arrivée de Ro-bert Hue ne passe pas inaperçue.« Le secrétaire national n’a pas d’ex-périence, mais il a de fortes ten-dances à la présidentialisation »,note un opposant. Il semble que lesecrétaire national ait songé, untemps, à enlever la présidence dugroupe à son ancien rival AlainBocquet, avant d’y renoncer. Le re-tour à l’Assemblée d’André Lajoi-nie, un de ses fidèles, le rassure. Lechoix, la semaine prochaine, de lapersonnalité qui obtiendra le posteespéré de président d’une des sixcommissions permanentes de l’As-semblée pourrait être l’occasiond’un partage des rôles.

Robert Hue pourra-t-il répondrelui-même au discours de LionelJospin ? La « cohérence gouverne-mentale » y gagnerait sans doute,mais il n’est pas sûr que les députéscommunistes apprécieraient. Le4 juin, quelques minutes après l’an-nonce officielle de la compositiondu gouvernement, M. Bocquet pre-nait ses marques. Tout en prenantacte de la présence « significative »de ministres communistes et en sefélicitant du « pluralisme » de lanouvelle équipe, il enjoignait legouvernement de se montrer « ra-pidement offensif », pour « apporterdes réponses aux problèmes ». Ven-dredi 6 juin, à Pecquencourt(Nord), Georges Hage confiait deson côté, en clôture d’un discours,que, sitôt de retour à l’Assembléenationale, il ne « manquerait pasd’y réclamer des mesures urgentes,plutôt qu’inscrites dans la durée ».

Ariane Chemin

La majorité parisienne laisse une dernière chance à Jean TiberiLE COMMENTAIRE OFFICIEL, au soir du se-

cond tour des élections législatives, que les ad-joints de Jean Tiberi avaient pour mission de« faire passer » à la presse était simple : Parisavait mieux résisté à la poussée de la gauche quele reste de la France. Tous n’ont pourtant pas re-pris à leur compte le soulagement officiel del’Hôtel de Ville. « Je ne suis pas d’accord aveccette lecture, il va falloir que ça change », a im-médiatement protesté Patrick Trémège (UDF-PPDF), adjoint chargé de la protection de l’envi-ronnement, et, surtout, député sortant ravalé aurang de simple élu local par la défaite d’Anne-Marie Couderc, dont il était le suppléant, dans le13e arrondissement.

Après le soulagement exprimé à l’annonce desrésultats (le RPR et l’UDF conservent douze desvingt et un sièges parisiens), une analyse plusfine a conduit nombre d’élus à exprimer leurcrainte de voir la capitale, qui a, en fait, beau-coup moins bien résisté que le reste de l’Ile-de-France, basculer à gauche lors des prochainesmunicipales, en 2001. « Il ne faut pas se cacherderrière son petit doigt, nous avons tous été se-coués dimanche [1er juin]. La droite n’est pas plussortie renforcée à Paris que sur le plan national »,admet, la mort dans l’âme, Françoise de Pana-fieu (RPR), qui fait partie des heureux élus pari-siens.

Pendant une semaine, M. Tiberi, qui doit pré-sider lundi 9 juin une séance du Conseil de Paris,a reçu un par un les candidats, gagnants ou per-dants. Il ressort de ces entretiens que, si sapropre réélection coupe court à l’hypothèse deson remplacement rapide à la tête de la Mairie

de Paris, elle est loin de rassurer l’ensemble de lamajorité municipale sur sa capacité à endiguerla progression de la gauche. « La campagne desmunicipales a commencé le 3 juin », affirme Mi-chel Bulté (RPR), adjoint chargé du logement,battu par le socialiste Jean-Christophe Camba-délis dans le 19e arrondissement. « Si on n’est pasen formation de combat, on n’y arrivera pas »,ajoute ce partisan de l’élaboration immédiated’une « stratégie de récupération de l’Est pari-sien », fondée sur la désignation, dans les pro-chains jours, de « leaders » de la majorité danschacun des arrondissements.

« TROUVER UNE CARRURE OU SE LA COMPOSER »Me de Panafieu confirme la nécessité d’« un

renouvellement des équipes en place ». « Ce quenous demandons à M. Tiberi aujourd’hui est d’ap-porter la preuve qu’il est capable, à un moment,d’endosser le rôle de chef », poursuit cette « or-pheline de Jacques Chirac », sans pour autantcondamner son successeur à l’Hôtel de Ville :« On ne demande pas à l’homme de posséder lascience infuse. Chirac avait une carrure. Au-jourd’hui, il faut trouver une carrure ou se lacomposer. »

Autrement dit, si M. Tiberi ne parvient pastrès vite à « se composer » cette carrure, la majo-rité devra en « trouver » une capable d’incarnerl’« autorité incontestable » réclamée par les élus.Pour beaucoup, quelques couloirs à vélo par-cipar-là, le renflouement financier de l’opérationd’aménagement Paris-Rive gauche ou quelquescrèches supplémentaires ne suffiront pas à lavictoire de la droite aux prochaines municipales.

Ils exigent une reprise en main politique del’Hôtel de Ville, trop souvent laissé aux bonssoins d’une administration incapable de prendrele pouls de l’électorat.

L’après-campagne fournit à M. Tiberi quel-ques occasions de s’affirmer ou de décevoir samajorité. Le maire de Paris n’est pas parvenu àdissuader les partisans du nouveau député pari-sien Pierre Lellouche (RPR) de déclarer la guerreau maire du 9e arrondissement, Gabriel Kaspe-reit (RPR). Il devra clairement choisir entre levieux gaulliste et la jeune garde, qui voit dansM. Lellouche un élément du renouvellement dela majorité parisienne.

Une autre crise municipale se profile dans le12e arrondissement, déchiré aussi par une pri-maire à droite, le maire Jean-François Pernin(UDF) ayant pris parti contre le député rééluJean de Gaulle (RPR). Pierre-Charles Krieg(RPR), maire du 4e arrondissement, a annoncésa démission mais reste conseiller de Paris, dansle seul but d’empêcher Claude Roland (RPR) delui succéder. La mairie du 4e va donc revenir àl’UDF, Lucien Finel étant le seul à pouvoir y pré-tendre. Enfin, Jean-Louis Debré (RPR), nouveaudéputé de l’Eure, a renoncé à sa délégation d’ad-joint chargé de la vie locale. L’attribution decette délégation à un élu plus présent sur le ter-rain que l’ancien ministre de l’intérieur pourraitêtre un indice de la capacité de M. Tiberi à pro-mouvoir une nouvelle génération d’élus et àprendre seul des décisions engageant l’avenir dumouvement chiraquien à Paris.

Pascale Sauvage

Premières recommandations deM. Chevènement aux policiersLE MINISTRE DE L’INTÉRIEUR, Jean-Pierre Chevènement, a adressé,le 6 juin, un message à tous les fonctionnaires de police pour leur « dire[sa] fierté à servir la République dans une responsabilité éminente : ga-rantir la liberté de tous nos concitoyens, c’est partout faire respecter laloi ». Pour le nouveau ministre, « telle est, dans un Etat républicain, latâche qui incombe à l’ensemble des fonctionnaires de tous corps et gradesde la police nationale, que j’assure de ma confiance ». Après avoir affir-mé qu’il connaît « les difficultés de cette mission de service public »,M. Chevènement souligne à l’adresse des policiers qu’« en l’accomplis-sant quotidiennement avec un professionnalisme reconnu vous êtes lesmeilleurs remparts de la démocratie ».« Je compte sur vous, conclut le ministre de l’intérieur, pour faire passerce message républicain, comme vous pouvez compter sur moi pour quevos missions soient clairement définies, vos conditions de travail amélio-rées et l’efficacité de votre action au service de nos concitoyens, souvent lesplus déshérités, pleinement reconnue. »

DÉPÊCHESa DÉFENSE : François Roussely, secrétaire général de la SNCF depuisle mois de janvier, sera nommé directeur du cabinet civil et militaire dunouveau ministre de la défense, Alain Richard. M. Roussely a notam-ment été secrétaire général pour l’administration des armées, entre1991 et 1996, quand, successivement, Pierre Joxe, François Léotard etCharles Millon occupèrent les fonctions de ministre de la défense.a CORSE : le mouvement nationaliste corse A Cuncolta Naziuna-lista a annoncé le 6 juin qu’il « interpellera » dans les prochaines se-maines, par une lettre ouverte, le nouveau gouvernement sur sa poli-tique en Corse. « Des réponses qui nous seront apportées, nous saurons sice gouvernement socialiste entend vraiment gouverner autrement enCorse », conclut-il dans un communiqué.a VAR : le président de l’UDF du Var et du conseil général, HubertFalco, et le secrétaire départemental du RPR, Jean-Pierre Giran,ont annoncé, le 6 juin, la création d’une « structure de coordinationcommune aux formations libérales et ouverte à la société civile » afin deconstruire une « union loyale et sans faille » pour « répondre à un pro-fond souhait de changement exprimé par la population » lors des élec-tions. Intitulée « Union pour le Var », cette coordination élaborera « unvéritable contrat d’engagement sur l’honneur » pour les candidats auxélections, qui devront notamment s’engager « sur les accords de désiste-ment entre les deux tours de scrutin ».a RPR : Philippe Séguin, député des Vosges, ancien président del’Assemblée nationale, est seul candidat à la présidence du groupe par-lementaire RPR, à l’expiration du délai fixé à 17 heures vendredi 6 juinpour le dépôt des candidatures. Le président sortant, Michel Péricard(Yvelines), qui avait déposé sa candidature, a indiqué à l’AFP qu’ill’avait « retirée » devant celle de M. Séguin. L’élection du président dugroupe RPR aura lieu le 10 juin. a FRANÇAIS : la francophonie, qui disposait dans le précédent gou-vernement d’un secrétariat d’Etat rattaché au ministère des affairesétrangères, sera désormais dans les attributions du ministre de laculture et de la communication, Catherine Trautmann. Un rendez-vousattend le ministre à la mi-novembre, avec le sommet de la francopho-nie qui doit se tenir à Hanoï.a VERTS : l’écologiste Alain Lipietz, l’un des quatre porte-parole desVerts, a présenté l’entrée au gouvernement de Dominique Voynetcomme « une humiliation », dans une interview publié le 6 juin par Pre-mière heure, une lettre d’information politique bihebdomadaire diffu-sée dans les Hauts-de-Seine. En effet, les Verts n’ont pas obtenu satis-faction sur le nombre de sièges au gouvernement ni sur les noms destitulaires. Elle-même nommée ministre de l’aménagement du territoireet de l’environnement, Mme Voynet, député du Jura, avait initialementrefusé d’entrer dans le gouvernement pour que les huit députés écolo-gistes élus le 1er juin gardent leur siège à l’Assemblée nationale. Le sup-pléant de Mme Voynet est un socialiste.a ASSISES : François Fillon, député RPR de la Sarthe, a indiqué ven-dredi 6 juin sur LCI que des assises extraordinaires du RPR destinées àdésigner un nouveau président du mouvement gaulliste se tiendrontdimanche 6 juillet. M. Fillon a souhaité que la désignation du nouveauprésident « se fasse selon les statuts et de la manière la plus démocratiquequi soit ». « La majorité des parlementaires RPR, a souligné l’ancien mi-nistre, s’est prononcée pour demander [à Philippe Séguin] de conduire larénovation du mouvement RPR et plus largement celle de la droite ».a SIGNES : Jean-Marc Ayrault, nouveau président du groupe so-cialiste à l’Assemblée nationale, a défini le 6 juin « trois domaines »dans lesquels il faudra « donner des signes très rapidement » : « la re-lance économique, l’emploi des jeunes et la modernisation de la vie pu-blique ».a JUSTICE : le nouveau ministre de la justice, Elisabeth Guigou, aaffirmé le 6 juin que « la justice doit passer, elle passera », soulignant sadétermination à « assurer l’indépendance de la justice » et sa prioritépour la « restauration du service public de la justice ». Car, a-t-elle décla-ré sur France Inter, « il y a eu beaucoup de proclamations générales surce thème, mais les actes ont souvent été contraires ».

SOCIALa EXCLUSION : Geneviève de Gaulle-Anthonioz, présidente d’ATD-Quart-Monde, a déclaré le 6 juin attendre du nouveau gouvernementl’« engagement » qu’il remettrait en route le projet de loi de cohésionsociale, dont l’examen par le Parlement a été interrompu par la dissolu-tion de l’Assemblée nationale. Au cours d’un entretien avec l’AFP,Mme de Gaulle-Anthonioz a exprimé des inquiétudes à ce sujet, car, se-lon elle, Lionel Jospin « n’a jamais pris d’engagement très ferme » sur cethème, et la gauche « n’a pas fait de l’exclusion un élément important dela campagne ».a SANTÉ : la fédération CGT Santé-Action sociale a réclamé, le6 juin, « l’ouverture de réelles négociations sur l’ensemble des dossiers dusecteur sanitaire et social », et notamment la réforme Juppé de la Sé-curité sociale. « M. Juppé a été sanctionné, son plan doit être rejeté, nousjugerons le gouvernement Jospin sur ses actes », souligne dans uncommuniqué la CGT, qui « prend acte du retour aux affaires » du nou-veau secrétaire d’Etat à la santé, Bernard Kouchner.a CHÔMEURS : le collectif AC ! (Agir ensemble contre le chômage)a prévenu que les organisations de chômeurs « exigeront que les décla-rations ministérielles se traduisent dans les faits » en matière de luttecontre le chômage, dans un communiqué publié le 6 juin. AC ! réclame« l’instauration d’un revenu au SMIC pour tous et, en urgence, l’extensiondes allocations existantes aux jeunes de moins de vingt-cinq ans ».a STATISTIQUES : les dirigeants de l’UNEDIC (assurance chômage)ont critiqué, vendredi 6 juin, la présentation par l’INSEE de ses prévi-sions de croissance au 1er tri-mestre 1997, qui a abouti, seloneux, à « une lecture trop pessi-miste » en n’intégrant pas « l’effetdes jours ouvrés » (Le Monde du7 juin). Jean-Pierre Revoil, direc-teur général adjoint de l’UNEDIC,a estimé, lors d’une conférencede presse, que, « corrigée des joursouvrés (Pâques et mois de févrierplus court), l’évolution de 0,2 % an-noncée par l’INSEE correspond enfait à une hausse trimestrielle de0,5 %, tout à fait conforme au scé-nario prévu d’une croissance de2,5 % sur l’année 1997 ».

Cinquante et une circonscriptions gagnées d’extrême justesse CINQUANTE ET UN députés ont

été élus, le 1er juin, avec une avancede moins de 1 %. Vingt-six de cesduels ont donné lieu à une victoirede la gauche sur la droite ; dix élussocialistes l’ont emporté sur des can-didats RPR. Parmi ces victoires à l’ar-raché, on peut citer, en Eure-et-Loir,celle de Georges Lemoine, dans lacirconscription de Chartres, sur Gé-rard Cornu, député sortant (50,82 %contre 49,17 %), ou dans les Yvelines,celle de Catherine Tasca sur Jean-Michel Fourgous, député sortant(50,82 % et 49,17 % également).

Dix élus socialistes ont battu descandidats de l’UDF. En particulier,dans le Finistère, Jacqueline Lazardl’emporte sur Ambroise Guellec(UDF-FD), député sortant, ancien

ministre de la mer (50,11 % contre49,88 %). Dans l’Indre-et-Loire, YvesDauge gagne face à Hervé Novelli,UDF-PR, député sortant (50,84 %contre 49,15 %). En Meurthe-et-Mo-selle, Jean-Jacques Denis bat AndréRossinot (UDF-rad), ancien ministre,député sortant (50,20 % contre49,79 %). Dans les Pyrénées-Atlan-tiques, Nicole Pery triomphe d’AlainLamassoure (UDF-PR), ministre dé-légué au budget, député, (50,72 %contre 49,27 %). Dans le Bas-Rhin,Catherine Trautmann est élue face àHarry Lapp (UDF-PR), député sor-tant (50,15 % contre 49,84 %). Tou-jours dans le camp de la gauche,deux élus MDC ont gagné face àdeux RPR, deux divers gauche ontété élus aux dépens de deux candi-

dats RPR et UDF-PR, et deux élusPRS l’ont emporté sur deux candi-dats RPR et UDF.

La droite a emporté vingt-cinq deces duels. Seize élus RPR ont triom-phé de justesse, tels, dans l’Essonne,Jean Marsaudon, député sortant,contre Marie-Noëlle Lienemann(50,43 % contre 49,57 %) ou GeorgesTron, député sortant, contre ThierryMandon (50,79 % contre 49,20 %).Dans la circonscription de Bourges(Cher), laissée vacante par Jean-François Deniau, Yves Fromionl’emporte sur Roland Hodel, ancienpréfet, soutenu par le PS (50,76 %contre 49,23 %). Philippe Briand,proche de Jacques Chirac, bat de jus-tesse la socialiste Claude Roiron,dans l’Indre-et-Loire (50,43 % des

voix contre 49,56 %). Sept élus UDFont gagné face à des socialistes. No-tamment, dans le Cantal, Yves Cous-sain (UDF-PPDF) l’emporte sur Re-né Souchon (50,43 % contre49,46 %) ; dans l’Indre, Nicolas Foris-sier (UDF-PR), député sortant, l’em-porte sur André Laignel (PS), ancienministre socialiste, de 406 voix ; à Pa-ris, Laurent Dominati (UDF-PR), dé-puté sortant, l’emporte sur Domi-nique Bertinotti (50,32 % contre49,67 %). Un UDF-PR, Francis De-lattre, l’emporte sur un PRS, Fran-çois Gayet, dans le Val-d’Oise, et unélu divers droite, Jacques Le Nay,gagne face à son rival socialiste dansle Morbihan.

Rafaële Rivais

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S O C I É T ÉLE MONDE / DIMANCHE 8 - LUNDI 9 JUIN 1997

Le Conseil d’Etat a refusé d’annuler le décret d’encadrement des loyers parisiens LA DÉRÉGLEMENTATION des

loyers parisiens ne sera pas pourcette année. Le Conseil d’Etat a re-jeté, vendredi 6 juin, les requêtesdes administrateurs de biens etdes agents immobiliers qui de-mandaient l’annulation du décretannuel du 28 août 1996 limitant leshausses de loyer dans l’aggloméra-tion parisienne. Le même recours,toujours rejeté, est déposé, chaqueannée, notamment par le Conseilsupérieur de l’administration debiens (CSAB) et la Fédération na-tionale de l’immobilier (Fnaim).Cette fois, pourtant, les conclu-sions adressées à la haute juridic-tion par le commissaire du gouver-nement, Jean-Claude Bonichot,ont failli créer la surprise. Celui-ciplaidait pour l’annulation du dé-cret, au motif que, si « le niveaudes loyers continue à être, dans larégion parisienne, beaucoup plusimportant que dans le reste du pays

(...), l’écart tend à se resserrer » etque « l’évolution globale des loyersmoyens est beaucoup moins forte enrégion parisienne » (Le Monde daté1er-2 juin).

Le Conseil d’Etat n’a pas suivi lemagistrat. Pour cela, il s’est ap-puyé sur un rapport du ministèredu logement daté de juin 1996 quimontrait que le mouvement debaisse des loyers à Paris était en-core « très modeste, voire margi-nal », et qu’il ne concernait que1 % du parc privé locatif. « Dansl’agglomération parisienne, a esti-mé la haute juridiction, le niveaudes loyers était encore, en 1995, trèssupérieur à celui qui était constatésur l’ensemble du territoire natio-nal, de telle sorte que le gouverne-ment pouvait légalement estimerqu’il existait une situation anor-male, au sens de l’article 18 de la loidu 6 juillet 1989, du marché locatifdans l’agglomération de Paris. »

Cette décision intervient au len-demain de la prise de fonctions dunouveau ministre de l’équipement,des transports et du logement,Jean-Claude Gayssot, et de son se-crétaire d’Etat chargé du loge-ment, Louis Besson. Or, ce dernierest l’auteur de la loi du 6 juillet1989 sur les rapports locatifs dontdécoule le dispositif. PhilippeRousselet, président du CSAB, quien est à son huitième recourscontre le décret annuel, dénonce« une décision rendue par pure op-portunité politique ».

En application de la loi du 6 juil-let 1989, le décret du 28 août 1996prévoit une limitation des loyerségale à la moitié de la différenceavec ceux du voisinage ou à 10 %du coût des travaux entrepris parle propriétaire. Seuls les renouvel-lements de bail sont concernés parces dispositions. Le Conseil d’Etatpeut ainsi souligner qu’« en ex-

cluant les loyers des logements va-cants du champ d’application dudécret dans le but, notamment,d’encourager l’investissement dansle domaine de l’immobilier locatif(...), le gouvernement n’a commis nierreur de droit ni erreur manifested’appréciation ».

SOULAGEMENT DES LOCATAIRESLes représentants des locataires

respirent. Les sept associationssiégeant à la commission départe-mentale de conciliation de Parisavaient adressé une lettre au nou-veau secrétaire d’Etat au loge-ment, Louis Besson, pour lui fairepart de leur inquiétude : « Nous te-nons à rappeler que le prix moyen àParis en 1986 était de 44 francs aumètre carré et qu’aujourd’hui il at-teint le double. Si, à Paris, il existeune liste de 70 000 demandeurs delogements, celle-ci n’est pas seule-ment due au nombre insatisfaisant

de logements sociaux mais aussi à lacherté des loyers. »

Les administrateurs de biens etles agents immobiliers, en re-vanche, ne décolèrent pas. « Plusrien ne justifie aujourd’hui ce blo-cage des loyers, estime PhilippeRousselet. La tension sur les loyersen Ile-de-France est retombée et lemouvement de baisse est largementamorcé. » Patrick Sicard, présidentde la Fnaim Ile-de-France, regrette« une décision qui risque de ralentirle mouvement de reprise de l’inves-tissement immobilier locatif ».L’Union nationale de la propriétéimmobilière (UNPI) juge la déci-sion « aberrante ». « Il y a de quoinourrir quelque inquiétude sur lesort qui va être réservé par le nou-veau gouvernement à l’investisse-ment locatif en général », estimeson président, Gildas de Kerhalic.

Les données disponibles invitentpourtant à plus de nuances.

Comme le soulignait l’enquête duministère du logement sur laquelles’est appuyé le Conseil d’Etat, mal-gré une stabilisation générale desprix des loyers amorcée dès 1993,l’écart est encore très net entre Pa-ris et la province. En 1995, le loca-taire parisien a déboursé, enmoyenne, 81 francs au mètre carrépour se loger ; le provincial,36,50 francs. En janvier 1997, l’Ob-servatoire des loyers de l’agglomé-ration parisienne (OLAP) notaitque le ralentissement de la haussedes loyers était net dans l’agglo-mération parisienne et que l’éven-tail des prix se resserrait fortemententre les arrondissements pari-siens. Mais il soulignait aussi que,pour un studio de standingmoyen, dix arrondissements dé-passaient encore le seuil symbo-lique de 100 francs au mètre carré.

Christine Garin

Un quart de la population étudianteLes dix-sept universités d’Ile-de-France comptent 373 000 étu-

diants, dont 13 % d’étrangers, soit le quart des effectifs de toute laFrance. Ils sont répartis dans les huit établissements de Paris intra-muros, les cinq créés au début des années 60 et 70 (Orsay, Nanterre,Créteil, Saint-Denis et Villetaneuse) et la génération des quatre uni-versités nouvelles (Cergy, Evry, Marne-la-Vallée et Versailles-Saint-Quentin). Dotées d’un budget total de 10 milliards de francs, ellesemploient 12 000 enseignants et 9 400 agents administratifs. Avec1 200 équipes de recherche, elles dispensent 450 diplômes d’étudesapprofondies et forment près de 4 000 docteurs (37 % des troisièmescycles) avec un budget recherche d’environ 1 milliard de francs. Lesmesures d’aménagement du territoire, décidées depuis le début desannées 90, ont tenté de limiter progressivement de 25 % à 20 % lapart du nombre d’étudiants et de 51 % à 40 % en l’an 2000 celle deschercheurs en Ile-de-France.

Les universités d’Ile-de-France s’associent pour négocier un plan de développementFINIES les vieilles querelles et

les concurrences stériles. Les dix-sept universités d’Ile-de-Franceont décidé de s’associer dans uneconférence régionale dont la créa-tion sera annoncée officiellementlors du colloque organisé, lundi9 juin à la Sorbonne, pour célébrerle 25e anniversaire des universitésparisiennes. Leurs présidents res-pectifs présenteront un projet derelance et de développement affir-mant la « vocation internationale »du pôle francilien.

Il aura donc fallu un quart desiècle pour refermer les cicatrices.La transformation, en 1971, descinq facultés de Paris en treize uni-versités, auxquelles se sont ajou-tées quatre universités nouvelles, alaissé des traces encore vivaces.Les affrontements idéologiques del’après-68, un des critères du dé-coupage, sont certes dépassés.Mais le fossé n’est pas totalementcomblé entre les huit établisse-ments de Paris intra-muros, cam-pant sur la renommée de leur tra-dition historique, et ceux de lapériphérie, qui ont pris de pleinfouet l’augmentation galopantedes premiers cycles. Pourtant,comme le souligne Jean-FrançoisMela, président de Paris-XIII-Ville-taneuse, qui vient d’être élu pré-

sident de la conférence régionale,« la barrière des fermiers générauxautour de Paris a été abolie. Nousnous partageons les étudiants dansle même bassin de recrutement. Celacrée des solidarités de fait ».

Esquissé en 1995 avec la créationd’une association des universitésparisiennes intra-muros, ce rap-prochement n’est pas fortuit. Il aété accéléré par la préparation duschéma régional et du schéma na-tional d’aménagement du terri-toire universitaire. L’exercice futsalutaire pour dresser le bilan desforces et des faiblesses du poten-tiel régional, surmonter les opposi-tions et établir des prioritéscommunes. En clair, les présidentsont compris qu’ils avaient tout in-térêt à parler d’une seule voix faceà l’Etat et aux collectivités locales,le conseil régional, la Ville de Pariset les assemblées départementales.

INSTALLATIONS VÉTUSTESFaute d’avoir pu pesé utilement,

les universités franciliennes, seulesen France, ont très peu bénéficiédes retombées du plan Université2000. A de rares exceptions près, leconseil régional comme la Ville deParis ont refusé de s’associer àl’Etat dans cette opération qui ac-compagnait la croissance des ef-

fectifs au début des années 90.Conséquence : les installations pa-risiennes sont vétustes et éclatées.Le taux d’occupation des locauxatteint des records. Le mêmeconstat vaut pour les biblio-thèques. Malgré la richesse de leurfonds, elles sont devenues inacces-sibles aux premiers cycles. Parallè-lement, les capacités de logementdemeurent largement insuffi-santes.

Certes, à l’exception des univer-sités nouvelles ou de création plusrécente, les établissements pari-siens bénéficient d’un taux d’enca-

drement et de dotations finan-cières nettement supérieur à lamoyenne. Ils le doivent essentielle-ment à leur capacité de rechercheet au recrutement de troisièmescycles spécialisés. Cet acquis paraîtmenacé. Les récentes mesuresd’aménagement du territoire ontcertes provoqué un nécessaire réé-quilibrage entre Paris et la pro-vince. Pour l’Ile-de-France, toute-fois, la délocalisation deslaboratoires, la limitation des rem-placements de départs à la retraitedes enseignants-chercheurs, levieillissement des grands instru-

ments scientifiques laissentcraindre un appauvrissement dupotentiel existant. « Ce n’est pas endémantelant ici que l’on réglera for-cément les problèmes ailleurs »,note Yves Jegouzo, président deParis-I-Sorbonne.

UN PÔLE INTERNATIONALPour autant, les membres de la

conférence régionale n’ont paschoisi de noircir le tableau outremesure. Leurs préoccupations serésument en quelques grandesorientations. En premier lieu, ilsentendent « conforter le rôle de Pa-ris et de l’Ile-de-France comme pôleinternational » avec, en priorité, laréalisation du projet scientifiqueSoleil sur le plateau de Saclay,qu’Alain Juppé semble avoir pro-mis à Bordeaux peu avant son dé-part de Matignon. Les présidentssouhaitent également pouvoir ac-cueillir « dans des conditions dé-centes » des colloques internatio-naux ainsi que les enseignants etles étudiants étrangers. L’identitéuniversitaire d’Ile-de-France mé-rite, selon eux, d’être renforcée.Avec, tout d’abord, un programmeambitieux de bibliothèques. Maisaussi le développement d’un ré-seau de visio-université d’ensei-gnement à distance en cours de

constitution. Ils souhaiteraientégalement remplacer l’actuelle Ra-dio-Sorbonne par une antenne« Campus Ile-de-France », radio deservices, d’échanges et de débats.

Face aux problèmes de locaux,les présidents soutiennent active-ment le projet d’installation d’unnouvel ensemble universitaire surla ZAC Paris-Rive gauche, à Tol-biac, près de la Bibliothèque deFrance. Il pourrait notamment in-clure le déménagement de Paris-VII et l’implantation de l’Institutnational de langues et civilisationsorientales (Inalco). Enfin, ils pré-conisent la construction de nou-velles résidences universitaires,l’accès aux équipements culturelset sportifs ainsi qu’une Carteorange pour les étudiants. Detoute évidence, ce catalogue depropositions n’exclut pas les « re-vendications » spécifiques dechaque établissement. Pour lesprésidents des universités, ilconstitue une base de négociationsavec l’Etat et les collectivités lo-cales. Une façon de les inciter àpréciser, au-delà des déclarationsd’intention, leur vision de la placeet de l’avenir du patrimoine uni-versitaire de l’Ile-de-France.

M. D.

Le désamiantage de Jussieu, premier dossier chaud pour Claude AllègreDans une déclaration au « Monde », le président du Comité anti-amiante , Michel Parigot, demande que « cette opération de santé publique »

ne soit pas confiée au nouveau ministre de l’éducation nationale, « le seul membre du gouvernement » qui, selon lui, s’y soit opposéLES HOSTILITÉS sont décla-

rées. Le Comité anti-amiante deJussieu a choisi de partir en conflitouvert avec Claude Allègre, dèsl’installation de ce dernier rue deGrenelle. Dans une déclaration auMonde, Michel Parigot, le pré-sident du comité, a ouvertementdemandé que le nouveau ministrede l’éducation nationale, de la re-cherche et de la technologie nesoit pas chargé de « gérer le dossierdu désamiantage du campus ». « Ilne serait pas raisonnable, nous a-t-il indiqué, de confier cette opéra-tion de santé publique à la seulepersonne qui, au gouvernement, s’ysoit opposée. En clair : on n’en veutpas. Si affrontement il doit y avoir, ilaura lieu. »

Le Comité anti-amiante et, aveclui, plusieurs sections syndicalesde personnels n’avaient pas atten-du l’arrivée prévisible de ClaudeAllègre à l’éducation nationalepour exprimer leur opposition àson égard. Lundi 2 juin, dans unelettre adressée au premier mi-nistre, Lionel Jospin (Le Monde du4 juin), Michel Parigot écrivait :« La nomination de Claude Allègreconstituerait une provocation inutileà l’égard des victimes et des person-nels de Jussieu confrontés à la pré-sence de l’amiante. » L’avertisse-ment n’a, évidemment, pas étésuivi d’effet. Quatre jours plustard, M. Parigot renouvelle la me-nace d’« un conflit majeur » avec lenouveau ministre. Et il ajoute : « Jene vois pourquoi le gouvernement,

dès son arrivée, irait à la bataille surce terrain-là. »

Entre les deux parties, qui seconnaissent pour fréquenter lemême campus – ancien directeurde l’Institut de physique du globe,Claude Allègre est enseignant àParis-VII –, l’opposition est irré-ductible. L’affrontement résultedu plan de désamiantage des220 000 mètres carrés du siteadopté par François Bayrou, le30 septembre 1996. Prévue surtrois ans, pour un montant évaluéà 1,2 milliard de francs, l’opérationavait été conclue à la hâte, dans lerespect des promesses formuléesle 14 juillet 1996 par JacquesChirac, selon lesquelles « il n’y au-ra plus d’étudiant à Jussieu avant lafin de l’année ».

« PSYCHOSE COLLECTIVE »Claude Allègre a toujours été

opposé à cette décision. Sansnuances, il l’a fait savoir dans unarticle publié dans Le Point du18 octobre 1996. Dénonçant les ef-fets d’« un phénomène de psychosecollective », il s’interrogeait sur laréalité des risques encourus par lespersonnels et les étudiants ducampus. Dans un entretien au Fi-garo du 26 décembre, il renouve-lait ses attaques : « La psychose deceux qui réclament le désamiantagede tous les bâtiments est irration-nelle et dangereuse. La solution ra-dicale qui a été choisie va mettre àplat pendant quatre ans le premiercentre de recherche français. On as-

sassine cette université pour un fan-tasme. » Et il ajoutait : « Je ne saispas si l’amiante à faible dose neprovoque pas de cancer. Ce n’estpas impossible, mais personne ne l’adémontré scientifiquement. »

C’est peu dire que ces déclara-tions ont provoqué la colère ducomité à l’origine des deuxplaintes pour « abstention délic-tueuse » et « coups et blessures vo-lontaires » déposées, en septembre1996, par un chercheur et une em-ployée du campus reconnus en« maladie professionnelle ». De-

puis, les fabricants d’amiantepoursuivis devant les tribunauxs’en sont servis comme caution. Le29 mai à Mâcon (Saône-et-Loire),lors du procès intenté à Eternit parles familles de six de ses ouvriersdécédés des suites d’affectionsspécifiques de l’amiante, l’un desavocats de l’entreprise n’a pas hé-sité à brandir l’article du Point, enprovoquant de vives réactions desplaignants (Le Monde du 31 mai).

Cette controverse a connu desprolongements durant la cam-pagne électorale. Interrogé,

comme tous les chefs de parti, Lio-nel Jospin avait tenu des propos« rassurants ». Dans sa lettre du22 mai, il écrivait : « Les impératifsde l’heure sont ceux qui concernentla santé publique. Jussieu est un testet ce chantier aura valeur d’explo-ration de ce que nous pouvons réali-ser pour le parc public amianté.Aussi nous semble-t-il nécessaireque l’établissement public mis enplace dispose de la plus large lati-tude d’action et du soutien le plusentier du gouvernement à son plushaut niveau. Dans l’immédiat, c’estun problème de santé publique qu’ilfaut résoudre de la façon la plus or-donnée possible et la plus rapide. »Quant à Robert Hue, il formulait lamême exigence en saluant « lalutte exemplaire » du comité.

« FAUTE INEXCUSABLE »Ces engagements ne semblent

pas avoir totalement apaisé lescraintes à Jussieu. Entre Claude Al-lègre et Lionel Jospin, « le messageest brouillé », relève M. Parigot. Se-lon lui, « ce qu’on reproche au mi-nistre, ce n’est pas de n’avoir rienfait. Mais c’est d’avoir nié les risquesde santé publique avec des proposutilisés dans les entreprises pour re-fuser le principe de précaution. Unefaute inexcusable. »

Pour l’heure, le ministre mis encause se refuse à tout com-mentaire. Comme ses collègues dugouvernement, il se considèrecomme astreint au silence jusqu’àla déclaration de politique géné-

rale de M. Jospin. Pour autant,dans son entourage, on laisse en-tendre que « des solutions pour lasanté publique et pour l’avenir desuniversités devraient satisfaire lesdemandes des différentes parties. Acondition qu’elles soient raison-nables ». De fait, un réexamen dece dossier complexe devrait êtreengagé rapidement, compte tenude son caractère d’urgence.

Initialement prévu en avril, ledémarrage du plan de FrançoisBayrou a déjà pris du retard. Ilsouffre par ailleurs d’une sous-évaluation de sa durée comme deson coût (Le Monde du 2 mai).Constitué le 18 avril, l’établisse-ment public chargé de ce chantierà hauts risques n’est pas opéra-tionnel. Si la présidence en a étéconfiée à Bernard Dizambourg, lamise en place de son équipe a étédifférée par l’absence de décisionministérielle durant la campagne.Plusieurs mesures sont égalementen attente avant que ne soit donnéle premier coup de pioche surl’une des trente-six barres. Dansces conditions, il ne paraît pasétonnant que le président ducomité, très écouté par FrançoisBayrou, cherche à relancer la mo-bilisation sur le campus en invo-quant « le respect des engagementsde l’Etat ». Tant il est vrai qu’ilrisque fort de ne pas bénéficier dela même attention auprès du nou-veau ministre del’éducation.

Michel Delberghe

UNIVERSITÉS Trois jours aprèsla nomination de Claude Allègre à latête du ministère de l’éducation na-tionale, Michel Parigot, président duComité anti-amiante de Jussieu, de-

mande, dans une déclaration auMonde, que « le nouveau ministrene soit pas chargé du dossier du dé-samiantage du campus ». « Il ne se-rait pas raisonnable, estime-t-il, de

confier cette opération de santé pu-blique à la seule personne qui, augouvernement, s’y soit opposée. »b À DEUX REPRISES, Claude Allègreavait, il y a quelques mois, dénoncé

« la psychose irrationnelle et dange-reuse » de ceux qui réclament le dé-samiantage de tous les bâtimentsde Jussieu. b À L’OCCASION de leur25e anniversaire, lundi 9 juin, les

universités d’Ile-de-France annonce-ront qu’elles ont décidé de s’asso-cier afin de demander un plan dedéveloppement à l’Etat et aux col-lectivités.

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10 / LE MONDE / DIMANCHE 8 - LUNDI 9 JUIN 1997 S O C I É T É

a ÉCONOMIE : Marshall nostalgie, par Ignacio Ramonet.

a MONDIALISATION – (Débat avec le FinancialTimes) : Une obligation morale, par Peter Martin. – Maispourquoi cette haine des marchés ?, par Martin Wolf. –Pour sauver la société !, par Bernard Cassen. – Face aujournalisme de marché, encourager la dissidence, parSerge Halimi. – Des réformes qui ne sont pas allées assezloin, par Guy de Jonquières. – Une machine infernale, parRiccardo Petrella.

a PROCHE-ORIENT : Les certitudes bibliques des colonsisraéliens, par Patrick Coupechoux. – Le monde arabeorphelin de la démocratie, par Gilbert Achcar.

a JAPON : Mue douloureuse de la société, par ChristianSauter.

a ÉTATS-UNIS : Le narcissisme des micro-journaux, parMathieu O’Neil.

a HISTOIRE : Le génocide des juifs en débats, par PhilippeBurrin.

a RELIGION : Lourdes derrière la façade, par HubertProlongeau.

a FEMMES : Le sexe des sciences, par Ingrid Carlander.

a ART : Quand Bruxelles et Paris révolutionnaient la création,par Lionel Richard.

LE MONDEdiplomatique

Juin 1997

En vente chez votre marchand de journaux - 22 F

CORRESPONDANCE

Une lettre de Jean de QuissacA la suite de la publication, dans

Le Monde du 19 février, d’un articleintitulé « Le directeur des études deSciences-Po Toulouse accusé de ré-visionnisme », nous avons reçu deM. Jean de Quissac la lettre sui-vante :

Le Monde rapporte les attaquesdirigées contre moi par trois orga-nisations étudiantes à la suite d’uncours d’histoire ayant traité dumépris racial exprimé par les na-tionalismes totalitaires, et de sonaboutissement dramatique, la« solution finale ». En conclusion,votre correspondant relève avecquelque légèreté que ma défenseest « jugée de moins en moins cré-dible par le directeur et par [mes]collègues », assertion qui lui faitinévitablement rejoindre tousceux qui pensent que la luttecontre la « lepénisation des es-prits » justifie la chasse aux sor-cières, et que le service d’une justecause dispense de discernement.

En vérité, je ne m’intéresse ni aurévisionnisme ni à son argumen-taire, et cette lettre ne cherchenullement à légitimer la falsifica-tion de l’histoire sous couvert deliberté de la recherche et de l’en-seignement. Mais j’entends pro-tester contre des calomnies quivisent à me faire porter une éti-quette infamante, et dénoncer desvigiles zélés qui soupèsent nos pa-roles et nos gestes afin de les in-terpréter à la lumière des convic-tions qu’ils nous prêtent.

Ni mon discours ni mon attitudene peuvent être compris par unauditoire d’étudiants comme unenégation du génocide, une incita-tion au révisionnisme ou une ten-tative de banalisation du nazisme.De toute la France, au contraire,me sont parvenus en des termesémouvants de très nombreux té-moignages de sympathie de lapart d’anciens étudiants indignéspar une diatribe ressentie comme

cruellement injuste. Depuis dix-huit ans, j’assure ce cours sur« Les fascismes en Europe durantl’entre-deux-guerres », thèmeéminemment sensible ; si j’étaisrévisionniste, il y a tout lieu decroire que la révélation en auraitété faite plus tôt !

De mon côté, sitôt après avoirété mis en cause, j’ai exprimé pu-bliquement un rejet catégoriquedes thèses révisionnistes, à la foisen amphi et dans une lettre ou-verte adressée aux enseignants del’IEP. En réponse, une déclarationémanant des étudiants de 2e annéeayant assisté aux cours litigieux,témoins directs de l’événement, etqui porte 132 signatures pourmoins de 160 présents, a soulignéque « les propos rapportés ne sontpas ceux qui ont été tenus par leprofesseur d’histoire, ni dans leurforme ni dans leur esprit », et que« ces propos, pas plus que le cours,d’ailleurs, ne peuvent être qualifiésde révisionnistes ».

Enfin, plusieurs de mes col-lègues, sans considération d’ap-partenance politique, après avoirentendu mes explications, ont dif-fusé au sein de l’IEP et de l’univer-sité Toulouse-I un « Appel à la rai-son » qui me disculpe de touteaccusation de révisionnisme, et at-teste que les accusations rappor-tées ne constituent qu’une dénon-ciation calomnieuse ; ce texte arecueilli à ce jour 49 signatures ausein de l’établissement. Le juge-ment que vous avez prêté à l’en-semble de mes collègues doit doncêtre sérieusement corrigé. La sot-tise ou l’inconscience, l’ignoranceou la malveillance ont pu, çà et là,mener leur vacarme... L’estime re-nouvelée de collègues, de mesmaîtres aussi, la confiance tou-jours égale de mes étudiants mesont un précieux viatique : loin descombinaisons de couloir, la vie ;loin des fantasmagories, la vérité.

Le décès à Djibouti du juge Borrel demeure mystérieuxDes éléments de l’autopsie et du rapport d’expert contredisent la thèse du suicide par immolation

PLUS D’UN AN ET DEMI aprèsle décès de son époux, BernardBorrel, magistrat alors en poste àDjibouti, sa femme se dit convain-cue que sa mort, d’abord présen-tée comme un suicide, est unmeurtre. Malgré l’ouverture d’uneinformation judiciaire pour « re-cherches des causes de la mort », àToulouse, quelques semainesaprès le décès de son mari, malgréses multiples démarches auprèsdes autorités judiciaires, le dossierest longtemps resté au point mort.Elle-même magistrat, ElisabethBorrel a décidé de porter plainteavec constitution de partie civilepour « assassinat ». Une informa-tion judiciaire a été confiée, le9 avril, au juge toulousain déjà encharge de la première procédure,Myriam Viargues.

Magistrat détaché à Djibouti enqualité de conseiller du ministrede la justice du pays, Bernard Bor-rel est mort dans la nuit du 18 au19 octobre 1995, au lieu-dit LeGoubet, à 60 kilomètres au nordde Djibouti. Les premières consta-tations, consignées par un capi-taine de gendarmerie française àDjibouti, Luc Auffret, révèlent quele corps, retrouvé au bas d’un ra-vin, est brûlé sur le tronc et lesmembres supérieurs. Aux alen-tours, gisent, épars, un bidon d’es-sence, un briquet intact, deuxchaussures et une montre. La voi-ture du juge est garée non loin deslieux. Les autorités françaises ar-

rivent à la conclusion que BernardBorrel s’est suicidé en s’immolantpar le feu avant de se jeter dans leravin.

Le 19 octobre au matin, Elisa-beth Borrel apprend, de la bouchedu consul de France, que son maris’est suicidé. Effondrée, elle ne re-met pas tout de suite en causecette idée, la reliant aux inquié-tudes que son mari exprimait laveille de son décès. Certes, elles’étonne quand elle découvre dansses effets personnels une sommede 50 000 francs en monnaie dji-boutienne, dont elle ne s’expliquetoujours pas l’utilité.

ONGLES CARBONISÉSDe même, elle ne bronche pas

quand un coopérant français,conseiller technique auprès duprésident de la République djibou-tien, lui demande de fouiller sonlogement à la recherche d’un mys-térieux courrier, qui, s’il tombaitdans les mains des autorités dji-boutiennes, pourrait mettre endifficulté le capitaine de gendar-merie qui a fait les premièresconstatations.

De retour en France, ElisabethBorrel, devenue juge des tutelles àToulouse, demande au procureurde sa juridiction l’ouverture d’uneinformation judiciaire pour « re-cherches des causes de la mort »afin de permettre, notamment,que soit réalisée une autopsie ducorps de son mari. Parallèlement,

elle demande aux autorités de Dji-bouti copie des actes procédurauxeffectués sur place. Après unevalse-hésitation entre le parquetde Djibouti, le consulat français, leQuai d’Orsay et la justice fran-çaise, elle prend connaissance del’ensemble du dossier au début1997. Y figurent nombre d’élé-ments fragilisant la thèse du sui-cide.

L’autopsie du corps, réalisée enFrance, relève que les ongles ducadavre sont carbonisés, ce quiparaît peu compatible avec l’idéequ’il se serait lui-même aspergéd’essence. Surtout, le rapport d’unexpert en matière incendiaire, Da-niel Van Schendel, note que lesobjets dispersés autour du corpsde Bernard Borrel ne sont pasdans la trajectoire de la chute qu’ilest censé avoir faite au fond du ra-vin. En outre, l’expert constatequ’il n’y a pas trace, autour du ca-davre, du rayonnement thermiquequ’on aurait pu attendre, comptetenu de la forte combustion qu’il asubie. Enfin, si le thorax, le crâneet les bras de M. Borrel ont ététrès brûlés, le dessous de sescuisses est resté intact, ce qui pa-raît difficilement compatible avecla thèse de l’immolation.

M. Borrel aurait-il été incendiépar une ou des tierces personnes,son corps ayant été ensuite jetédans le ravin ? Les constatationsdes experts, ajoutées aux cir-constances de la découverte ducorps de son mari, persuadent Eli-sabeth Borrel que le décès de sonmari est lié aux affaires qu’il trai-tait à Djibouti. En tant queconseiller du ministre de la justicedu pays, Bernard Borrel suivait lesdossiers sensibles liant la France àDjibouti. Il est notamment inter-venu dans l’affaire de l’attentat duCafé de Paris, qui a fait dix-septblessés et un mort français, en1990, à Djibouti, instruite à Parispar le juge Roger Le Loire.

A la suite de la plainte avecconstitution de partie civile pour« assassinat », une information ju-diciaire a été ouverte à Toulouse.Depuis, Elisabeth Borrel, qui afondé une association d’aide auxvictimes d’infraction à l’étranger,souhaite que le dossier soit dépay-sé afin qu’il soit confié à un jugespécialisé dans les affaires terro-ristes. Un temps évoquée, l’hypo-thèse est, pour l’heure, écartée parles autorités judiciaires.

Cécile Prieur

Un ancien cadre du groupe Elfmis en examen et incarcéréALAIN GUILLON, ancien cadre du groupe pétrolier Elf, a été mis enexamen et incarcéré, vendredi 6 juin, par le juge Laurence Vichniev-sky. Directeur délégué au raffinage et à la distribution sous la pré-sidence de Loïk Le Floch-Prigent, il est poursuivi pour « complicitéd’abus de biens sociaux ». M. Guillon est mis en cause pour avoir signédes documents organisant le versement de commissions occultes àl’occasion d’investissements d’Elf en Allemagne, en 1992. Ces inves-tissements portaient sur la construction de la raffinerie de Leuna (ex-RDA) et le rachat du réseau de stations-service Minol, en associationavec la société Thyssen (Le Monde du 28 mai). Selon l’AFP, la justicereproche à M. Guillon des opérations semblables lors du rachat parElf de la société espagnole Ertoil, en 1991.

Trois ans de prison requiscontre le milliardaire Antony TannouriLE PROCUREUR ADJOINT du tribunal correctionnel de Nice a re-quis, vendredi 6 juin, trois ans de prison contre le milliardaire franco-libanais Antony Tannouri, jugé pour abus de confiance dans le cadred’une affaire d’escroquerie à l’aide du Minitel. M. Tannouri est soup-çonné d’avoir détourné 3,275 millions de dollars au détriment de labanque d’Etat malgache BTM, à l’occasion d’une opération humani-taire (Le Monde du 6 juin). La BTM avait versé cette somme à la Flam-co, une société du Liechtenstein. Pour garantir l’achat de 60 000tonnes de riz pour la grande île, la Flamco avait mandaté M. Tannouripour transformer cette garantie en or. Selon le procureur adjoint, Di-dier Durand, l’argent aurait atterri sur un compte ouvert en Suissepar M. Tannouri. Me Michel Cardix a produit pour la défense des do-cuments de l’Arab Bank prouvant que l’homme d’affaires avait payéles droits d’exportation de l’or destiné à garantir l’achat des 60 000tonnes de riz. M. Tannouri a déjà effectué neuf mois de détentionprovisoire. Le jugement sera rendu le 25 août. – (Corresp.)

DÉPÊCHESa CONDAMNATION : un ancien imam de Roubaix, MohamedKerzazi, qui répondait de la mort d’une jeune fille survenue le 30 juin1994 après une séance d’« exorcisme », a été condamné, vendredi6 juin, à sept ans d’emprisonnement par la cour d’assises du Nord.Morad Selmane, l’ancien président de la mosquée, qui avait participéà la séance, a été condamné à quatre ans d’emprisonnement. Le frèrede la victime, Tahar Lardjoune, qui y avait assisté, a été acquitté.a INDEMNISATION : la Commission nationale d’indemnisationen matière de détention provisoire a accordé, vendredi 6 juin, uneindemnité de 450 000 francs à Michel Peuron, un maçon nantais dequarante-trois ans détenu durant six mois en 1993 après avoir été ac-cusé à tort du meurtre d’un sans-abri, à Aubervilliers. Condamné parcontumace à la réclusion criminelle à perpétuité en 1992 par la courd’assises de Seine-Saint-Denis, il avait été acquitté par cette mêmecour le 19 janvier 1996.a ÉDUCATION : le Syndicat national des enseignements de se-cond degré (SNES-FSU) a demandé, jeudi 5 juin, à être reçu par lesdeux ministres chargés de l’éducation nationale : il réclame un collec-tif budgétaire pour la prochaine rentrée dans le secondaire. Selon leSNES, ce collectif devrait s’élever à 1 milliard de francs et permettrede rétablir les 2 500 postes supprimés au budget 1997 et de créer despostes supplémentaires.a SANTÉ : l’Institut national de la consommation demande, dansle mensuel 60 millions de consommateurs du mois de juin, le retrait dumarché de quatre « électrostimulateurs » pour se muscler et maigrirsans effort. Sur huit appareils testés, quatre ont été « disqualifiés pourraison de sécurité », qui risquent de « provoquer des crampes doulou-reuses, voire une déchirure musculaire ». Il s’agit de Stimula Form250 170, de Sport Elec 12, de Sport Elec 6 et du modèle BeautronixLean Machine Compact.

Le nombre de bénéficiaires de l’allocationde solidarité spécifique est en forte baisse

Les demandes ont chuté de 30 % à la suite des restrictions apportées aux conditions d’entréePour la deuxième fois depuis la création de ceminimum social, en 1984, le nombre des entrantsdevrait être inférieur à celui des sortants. Selon

l’Unedic, le nombre des entrées pourrait dimi-nuer de 7 % à 8 % en 1997, contre une crois-sance comprise entre 5 % et 7 % les années pré-

cédentes. Cette forte baisse est due auxrestrictions de certaines conditions d’entrée dé-cidées par le gouvernement en début d’année.

UNE LOI peut avoir des effetssans même avoir été adoptée. Ain-si, une mesure d’économie desti-née à contribuer au financementdu projet sur la cohésion sociale,« enterré » par la dissolution del’Assemblée nationale (Le Mondedu 22 avril), vient de provoquerune très nette diminution dunombre d’entrées en allocation desolidarité spécifique (ASS). Ce mi-nimum social, versé aux chômeursayant épuisé leurs droits à l’assu-rance-chômage, a vu le nombre depersonnes demandant à en béné-ficier décliner de 30 % au cours deces derniers mois.

Cette forte baisse est due à desrestrictions sur les conditionsd’entrée dans le dispositif déci-dées par le gouvernement d’AlainJuppé au début de l’année. Pourbénéficier de l’ASS – d’un mon-tant moyen d’environ 2 300 francspar mois –, un chômeur doit avoirtravaillé au moins cinq ans aucours des dix dernières annéesavant son entrée en allocationunique dégressive. Désormais,

pour obtenir ce total, il ne peutplus compter les périodes de chô-mage indemnisées. Il a égalementété décidé d’abaisser de 10 361 à8 140 francs le plafond de cumulde l’ASS – attribuée sous condi-tion de ressources du foyer – avecle revenu d’activité du conjoint.

La mise en place de ces deuxmesures a conduit à un renforce-ment des procédures de contrôle.« Ces changements ont pu provo-quer un allongement des délaispour constituer les dossiers de de-mande de l’ASS, dit PhilippeCunéo, directeur des études statis-tiques de l’Unedic. Ces entrées re-tardées peuvent avoir contribué àl’ampleur de la baisse constatée. »Selon l’Unedic, le nombre des en-trées en ASS pourrait diminuer de7 % ou 8 % sur l’ensemble de l’an-née 1997, contre une croissancegénéralement comprise entre 5 %et 7 % lors des années précé-dentes. Pour la deuxième fois de-puis la création de l’ASS, en 1984,le nombre des entrants devraitêtre inférieur à celui des sortants,

et le « stock » des bénéficiairesdevrait, à terme, décliner. Le totaldu mois d’avril, soit 530 000 per-sonnes, a donc toutes les chancesde rester un record historique.

Cela ne signifie pas que le chô-mage de longue durée, cause prin-cipale de l’augmentation des ef-fectifs en ASS ces dernièresannées, soit en voie d’être éradi-qué. Certaines personnes, qui nepourront plus entrer en ASS àcause de la modification du calculde la période d’activité, iront ail-leurs. Vers le RMI, l’autre mini-mum social, qui devrait rapide-ment voir son milliond’allocataires gonfler plus forte-ment après deux années de faiblecroissance. D’autres, touchées parla réforme du plafond de cumul,n’iront plus nulle part. Le minis-tère du travail et des affaires so-ciales avait ainsi calculé, lors de laconception du projet de loi, queles restrictions à l’entrée en ASSpénaliseraient environ 120 000personnes de plus de 1 100 francspar mois.

Ces économies faites sur le dosdes chômeurs, qui ne peuvent enrien être assimilés à des privilé-giés, avaient fait hurler associa-tions et syndicats. Le gouverne-ment s’était alors entendureprocher de négliger la vraie co-hésion sociale en finançant lesmesures en faveur des plus dému-nis par un effort des précaires, àpeine mieux lotis. Aujourd’hui, dufait de l’abandon de l’interruptiondu projet de loi, ces sommes –évaluées à près de 500 millions defrancs – ne sont même pas consa-crées à ceux auxquels elles étaientdestinées. Cette situation nemanque pas d’aiguiser encore ledésir des acteurs de la lutte contrel’exclusion d’entendre MartineAubry, nouveau ministre de l’em-ploi et de la solidarité, expliquer àquoi elle compte consacrer ceséconomies. Et, plus largement,quelle politique elle entend menercontre la pauvreté, que cela passeou non par une loi.

Jérôme Fenoglio

Ecoutes de l’Elysée : Lionel Jospins’apprête à lever le secret-défenseLE JUGE D’INSTRUCTION pa-

risien Jean-Paul Valat, chargé dudossier des écoutes téléphoniquesde l’Elysée du temps de FrançoisMitterrand, a écrit, jeudi 5 juin, aunouveau premier ministre, LionelJospin, afin de lui demander d’af-franchir du secret-défense les per-sonnes mises en examen danscette affaire. La plupart des prota-gonistes, en particulier l’ancienresponsable de la cellule antiterro-riste de l’Elysée, le préfet ChristianProuteau, se sont abrités derrièrecette notion pour justifier leurmutisme sur les écoutes prati-quées contre diverses personnali-tés, dont notre collaborateur Ed-wy Plenel.

Samedi matin, on indiquait àl’Hôtel Matignon que la lettre dumagistrat n’était pas encore arri-vée et que son « contenu juridiquemérite d’être examiné ». Dans l’en-tourage du premier ministre, onajoutait que cette lettre « sera exa-minée à l’aune des engagements deLionel Jospin. Il n’y a pas de raisonqu’il y ait contradiction entre la dé-cision du premier ministre et les en-gagements que Lionel Jospin avaitpris avant même la campagne élec-torale ».

A plusieurs reprises, ces der-niers mois, M. Jospin s’est en effetdéclaré favorable à la levée du se-cret-défense dans cette affaire

qu’il qualifie de « triste histoire ».Le 9 avril, devant le bureau natio-nal du PS, il déclarait ainsi : « Lesecret-défense n’a pas à s’appli-quer, sous peine de graves dérives,hors des cas où il est strictementprévu. Il ne doit pas être invoquéabusivement et je prétends qu’ilpeut fort bien être distingué quandil est en cause et quand il est sansfondement » (Le Monde du10 avril).

PRÉCÉDENTS REFUSLe juge Valat avait déjà effectué

cette démarche auprès des précé-dents premiers ministres,MM. Balladur et Juppé, mais ils’était heurté à des refus succes-sifs. La lettre du juge Valat a étéadressée quelques jours après ladécision de M. Juppé de faire re-mettre au juge versaillais Jean-Marie Charpier – en charge d’unautre volet de l’affaire – la quasi-totalité des archives de ChristianProuteau, saisies par la police, le19 février, dans un garage des Yve-lines (Le Monde du 6 juin).

Cette décision prise entre lesdeux tours des élections législa-tives avait été interprétée commeune manière de lever, in extremis,une partie du voile jusque-là op-posé à la justice dans ce dossier.

O. B.

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LE MONDE / DIMANCHE 8 - LUNDI 9 JUIN 1997 / 11

H O R I Z O N SPORTRAIT

Alain Dominique Perrinalchimiste des arts

C’EST un bureau degrand patron et demécène des tempsmodernes. Conçupar l’architecteJean Nouvel. Ausol, des carrés demarbre blanc duJapon sont ryth-

més par un acajou de Cuba quirenvoie à la couleur du mobilierannées 30. Au mur, une affichedéchirée par La Villeglé. Au fond,trois sculptures et une compres-sion de montres fausses par César.Et puis deux œuvres d’Arman. Lasérénité minimale du lieu contrasteavec la volubilité de son maître,Alain Dominique Perrin, patron deCartier. On évoque l’exposition deCésar, qui ouvre au Jeu de paumele 10 juin et pour laquelle il a « mis100 000 dollars », et le voilà quidéborde de tendresse. « C’est del’amour. Au moindre pet de travers,il m’appelle. Il fait partie de lafamille. » Le sculpteur n’est pas enreste : « Il est beau Perrin, il est gros,je le tripote, je l’aime. »

Pas si gros que ça. « Je suis aurégime », confie « ADP », cin-quante-cinq ans, à la tête d’uneentreprise qui pèse 8 milliards defrancs, installée dans le triangled’or parisien du luxe, et qui fêtecette année son cent cinquantièmeanniversaire. Le look du patron estconforme à son image d’« enfantterrible du luxe » : sweet-shirtblanc, costume décontracté,montre Tank au poignet, allure derugbyman, barbe taillée court. Lavoix est légèrement cassée, leverbe séducteur, il scande sesphrases d’un « putain » généreuxet a le tutoiement facile.

Il y a plusieurs Perrin. L’inven-teur du Must de Cartier ; le pour-fendeur de la contrefaçon ; le pré-sident de l’Ecole des cadres, dont ilest diplômé et qu’il a sauvée dudépôt de bilan en 1995 ; l’ambassa-deur du vin de Cahors, qu’il cultiveautour de son château dans leQuercy ; le protecteur du Festivalde photographie de Cahors, qui setient cette année du 6 au 22 juin etque dirige sa femme Marie-Thé-rèse ; l’auteur d’un rapport de800 pages sur le mécénat ; le col-lectionneur d’art ; le mondain fas-ciné par le show-business, qui afréquenté « les yéyés » commeClaude François – « avec Clo-Clo,on avait le même goût pour lepinard –et le mécène, qui a créé laFondation Cartier pour l’artcontemporain.

Il y a en fait un seul Perrin : « Il al’art de transformer tout ce qu’iltouche en outil de communicationpour valoriser l’image de sa boîte. Etla sienne », dit un proche. Il incarneparfaitement les années 80, « lesannées fric », comme il dit. Avec untempérament de bulldozer, ils’affiche, bouscule les traditions,positive tout ce qu’il touche, prendle contrepied du patron sévère etdu mécène discret. Jamais à courtd’un bon mot, il lâche, devant lescaméras de La Cinquième : « Laplus belle œuvre d’art de l’année,c’est la dissolution de l’Assembléesans raison autre que le jeu poli-tique. »

Prenons la contrefaçon. ADP aplacé ce « fléau » sur la placepublique. Au Mexique, en 1981, il« met la main » sur 4 000 faussesmontres Cartier. « J’ai loué un rou-leau-compresseur et je les ai faitécraser devant cent cinquante télé-visions. C’était un événement plané-taire ! » Il renouvellera l’opérationà Tokyo, à New York, en Suisse. Etle nombre de fausses Cartier tom-bera de 2 millions à 500 000 enquatre ans.

Deuxième exemple : après laguerre du Golfe et la plongée dumarché de l’art, il décide de « serrerles boulons » de sa Fondation. Ilquitte les 16 hectares de Jouy-en-Josas (Yvelines), réduit les budgets,recentre l’activité sur la création etouvre un majestueux bâtiment deverre à Paris, plus visible, où lesseize employés cohabitent avec lescent cinquante salariés de CartierFrance. Rapprochement délicat del’art et du bijou ? ADP s’en sort parune belle pirouette en mettant enavant le bâtiment culturel et sonarchitecte, Jean Nouvel.

La synergie art-entreprise estégalement exemplaire. « Ferrari »restera comme l’exposition la plusspectaculaire de la Fondation Car-tier, en 1987, attirant 100 000 visi-teurs. Au même moment, AlainDominique Perrin négociait avec« Enzo Ferrari, un vieux papy quej’admirais, un contrat de licence dugenre Must ». Prenons justementles Must. L’industrie du luxe péri-clitait dans l’après-68, incapable derépondre aux nouvelles aspirations

Enfant terrible du « luxe moderne », le PDGde Cartier International consacre chaque annéede 30 à 50 millions de francs à l’art contemporain.Une action pas vraiment désintéressée, puisqu’ilconsidère le mécénat comme « un outil de gestion »

« Il a l’art de transformer tout ce qu’il toucheen outil de communication pour valoriserl’image de sa boîte. Et la sienne »

de la consommation. ADP va des-cendre la marque dans la rue. « Il adépucelé Cartier », dit un de sesamis. Il diversifie les produits etcrée un large réseau de diffusion.Les joailliers de la rue de la Paixl’accusent d’avoir « jeté la marquedans le caniveau ». On le traite de« voyou ». « Rastignac », corrigel’intéressé. Mais le temps lui don-nera raison. « Ils m’ont tous copié »,constate ADP.

Alain Dominique Perrin doit auMust sa réputation d’inventeur« du luxe moderne ». Mais aussi denouveau riche. « O.K. pour l’expres-sion, répond-il, mais au sens decelui qui a fait fortune. » Il rappellequ’il n’est pas un financier, mais unsalarié. « Je gagne très bien ma vie,

mais je suis sur un siège éjectable »,devant rendre des comptes à sesactionnaires, la Holding britan-nique Vendôme, elle-même filialede Richemont, un groupe sud-afri-cain. « Des gens formidables, qui ontlutté contre l’apartheid et qui nem’emmerdent pas du tout. » Le par-cours d’Alain Dominique Perrin estcelui d’un golden boy. Il est né àNantes, le 10 octobre 1942, dans

une famille bourgeoise. Son pèreétait directeur des chantiers navals.« Plus rouge que muscadet », il tientde sa mère, d’origine corse, sa fibreméditerranéenne, même s’il aconservé de sa jeunesse nantaiseun carré de fidèles. Comme Nor-bert Lemoine : « Alain [Dominiqueviendra après] était notre chef debande. Nous allions au rugby, onfaisait plein de conneries, et on sor-tait en mer à Noirmoutier sur levieux thonier de son père qu’il aconservé. » Norbert Lemoine– comme beaucoup d’autres –salue « sa fidélité viscérale. Il estgénéreux, très attaché au clan desamis, à sa famille. J’adore son opti-misme contagieux ».

Son diplôme de l’Ecole des

cadres en poche, il ouvre « un busi-ness d’antiquités » et rentre chezCartier à vingt-sept ans, sur uneannonce du Monde « pour lancer lebriquet ». Il s’affirme comme unvendeur hors pair. « Vous allez aurestaurant, il s’absente un quartd’heure et vous le découvrez en trainde vendre douze bouteilles de sonvin au patron », dit un ami. Le des-tin d’ADP bascule le 8 décembre

1979, quand le PDG de Cartier,Robert Hocq, se fait renverser parune voiture, place Vendôme. « Ilest mort sous mes yeux. Il était undeuxième père. » Deux ans plustard, à trente-neuf ans, il estnommé PDG de Cartier Internatio-nal.

ADP acquiert en 1980 le châteauRenaissance de Lagrezette, à côtéde Cahors (Lot), qu’il gagne enavion privé, atterrissant sur unaérodrome qui servait à GeorgesPompidou pour rejoindre sa rési-dence secondaire. « Mon châteauétait une ruine ; il est maintenantclassé monument historique. »Pourquoi Cahors ? « Parce que c’estbeau. Et qu’il y a des vignes. » Cetamoureux du vin aime le travailler,le bonifier, le boire entre copains,le commercialiser. ADP reçoit dubeau monde au château, « fascinépar tout ce qui brille », dit un habi-tué : Elton John, Tina Turner,Richard Gere, Yves Mourousi,Jacques Séguéla, François Léotard,César... Il roulait en Ferrari – « je nel’ai plus » – et collectionne les voi-tures anciennes. Sur place, on luireproche de « jouer au châtelainqui descend en voiture de sport dansCahors ». Les plus durs le décriventcomme « un sommet de vulgarité. Ilreprésente le fric adipeux qui colleaux modes ».

Ses proches corrigent l’image :« Il adore le showbiz mais il a telle-ment de cœur ! », clame le galeristeGilbert Brownstone. « Il a un côté

sale gosse, mais je préfère ça à labourgeoisie policée, dit Marie-Claude Beaud, ancienne directricede la Fondation. C’est un joueur,plus exubérant que frimeur, qui s’estexplosé de plaisir à faire Cartier. »

M ONDAIN, Perrin ? « Jesuis l’ambassadeur de lamarque. Dans le luxe,

vous ne pouvez pas rester discret. »Mais il ajoute : « On voit beaucoupmoins le mécène. » Il y a d’abord lecollectionneur, qui, pour certains, ainvesti dans l’art. Il jure que non.« J’ai acheté comme un “broc”. Mafemme est trois fois plus allumée quemoi. Et puis je ne revends pas ; jestocke. » Marie-Claude Beaudconfie qu’il « adore marchander »et qu’il a « l’œil du passionné ». Unepartie de sa collection se trouve auchâteau : Combas, Di Rosa, Bois-rond et Blanchard ont « décoré »le pigeonnier, Garouste, la cha-pelle. Ailleurs, on découvre Télé-maque, Jeanclos, Basquiat, Blais...Mais aussi nombre d’artistes moinsconnus. Sa pièce la plus coûteuse ?« Une compression historique deCésar à 520 000 francs. »

De Stéphane Couturier, il dit :« On l’a pris tout petit et on en a faitun artiste » ; de Jochen Gerz :« Mon pote ! » Quand il défendCésar, le discours peut s’appliquerà lui-même : « Ce monument n’apas eu le Centre Pompidou parcequ’il apparaît dans Paris-Match oudans Vogue. Compresser les

bagnoles en pleine période de déve-loppement de l’auto, quel clin d’œilà la société ! »

Quant au mécène, aucune autreentreprise n’a investi de 30 à50 millions de francs par an dansl’art contemporain depuis 1984.L’action est d’autant plus louableque le mécénat culturel restemodeste en France, autour d’unmilliard de francs par an. Certainspréfèrent être en retrait, sponsori-ser un festival, un orchestre, uneexposition. Perrin voulait un lieu.« Non pas pour séduire les clients,pour l’image. » ADP a toujoursconsidéré le mécénat comme « unoutil de gestion », réussissant letour de force de lancer sa Fonda-tion « sans dépenser un centime enpublicité », rappelle un ancien col-laborateur, puisque la presse enparlait. Ce qui a le don d’« agacer »Jacques Rigaud, président del’Admical, l’association chargée depromouvoir le mécénat, quand ilentend que « telle exposition lui arapporté trois cents pages d’articleset que c’est bien plus rentablequ’une campagne de publicité ».

I L n’empêche, l’idée d’une fon-dation n’était pas facile à faireavaler aux actionnaires. « On

m’a un peu pris pour un dingue.Comme pour les Must. » Et Marie-Claude Beaud d’ajouter : « Il fallaitdes couilles pour oser faire de l’artcontemporain dans cette boîte. » LaFondation est devenue un acteurrespecté de la création. Mieux, ditADP : « On a apporté la liberté dansl’art en France. »

Quand nombre de mécènes sesont retirés après la guerre duGolfe, ADP s’est obstiné, gérant saFondation comme une entreprise.Marie-Claude Beaud a été recrutéepar un chasseur de têtes. Tous leslundis matin, ADP reçoit par fax leschiffres d’entrée. Quand ça nemarche pas ? « Je demande desexplications. Parfois, je pousse uncoup de gueule. » Mais il affirme nepas intervenir sur les choix : « Si jetrouve que c’est une merde, je le dis,mais je m’incline. » Le bilan estappréciable, au point que beau-coup disent que, « s’il y avait dixPerrin en France, l’art se porteraitmieux » : une collection riche de1 000 œuvres, trente et une exposi-tions en trois ans, cent vingt soi-rées Nomades, 91 000 visiteurspayants en 1996, une quinzaine deprojets à l’étranger, dont un potgéant de Raynaud installé dans laCité interdite de Pékin. On perçoitla marque Perrin dans les exposi-tions d’été, vouées à attirer unpublic qui ne met jamais les piedsdans un musée. ADP les appelle« des expositions de plaisir » :« Années 60 », « Ferrari », « Vrai-ment faux », « Comme unoiseau », « By Night »... Et« Amours », qui vient d’ouvrir. Lestitres, c’est souvent lui qui lestrouve. « J’adore ça. » La spécificitéde ces expositions est d’aborderdes sujets a priori étrangers auchamp de l’art. « Traiter un carros-sier comme un artiste a dérangé.Aujourd’hui, tous les musées lefont », dit Hervé Chandès, le direc-teur de la Fondation.

Brandissant son bilan, ADP enprofite pour égratigner le secteurpublic : « Nous faisons en petit ceque l’Etat pourrait faire en grand s’ilétait moins technocratique. » Ilbouscule le ministère de la culture,accusé de « diriger un clergé del’art » et de défendre des « côte-ries ». La réponse de Jean-Françoisde Canchy, du ministère, est cin-glante : « Si nous sommes un clergé,il est un diacre », constatant que laFondation promeut souvent lesmêmes artistes que l’Etat.

Reste à savoir si le personnage,qui se dit « libéral » et dénonce« une France empêtrée dans unedémocratie de privilèges », estadapté aux années 90. Un anciencadre de Cartier, qui l’aime beau-coup, en doute : « Il s’est trop prispour lui-même et a basculé dans leclinquant. Ce qui marchait dans lesannées 80 n’est plus adapté à uneépoque qui appelle plus de retenue.Le monde a changé, pas lui. »

ADP se fiche de ces considéra-tions et multiplie les actes de bra-voure. Fin octobre sera définitive-ment installé devant le CentrePompidou le pot géant de Jean-Pierre Raynaud. Quatorze mètresde haut. L’œuvre a été conçuepour la Fondation Cartier. Elle serajugée en soi. Mais on peut comptersur ADP pour rappeler tout ce quece pot, doré à la feuille comme unbijou, lui doit.

Michel GuerrinPhoto : Pierre-Olivier Deschamps,

agence VU, pour Le Monde.

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12 / LE MONDE / DIMANCHE 8 - LUNDI 9 JUIN 1997 H O R I Z O N S - H I S T O I R E

Il y a cinquante ans, le secrétaire d’Etat américain proposait aux pays européens épuisés par la guerre de remettre sur pied leur économie. Refusée par ce qui allait devenir le bloc de l’Est, l’aide massive fournie par les Etats-Unis passe pour « un acte extraordinaire de générosité stratégique »

LE 5 juin 1947, le se-crétaire d’Etat améri-cain George Mars-hall a profité d’unevieille invitationpour venir pronon-cer un discours àHarvard. C’est le jourdu commencement,

la remise des diplômes. C’est aussila veille du troisième anniversairedu D-Day, le débarquement enNormandie. A l’époque, le généralMarshall était chef d’état-major del’armée américaine. Le présidentTruman l’a appelé auprès de luipour diriger la diplomatie améri-caine depuis le mois de janvier. Ce5 juin, à Harvard, il parle des dan-gers qui menacent de nouveaul’Europe et le monde. En completveston, au milieu des professeursen toge et des étudiants en robe, ilprononce d’une voix basse, sanspassion, un court texte qu’il a faitpréparer par ses conseillers. Leplan Marshall est né qui changerale destin du Vieux Continent, maispersonne ne semble s’en être aper-çu. Les applaudissements sonttièdes. Le célèbre commentateurJoe Aslop, qui a assisté au discours,le reconnaît : « Je n’avais pas lamoindre idée de ce que le secrétaired’Etat avait voulu dire et j’imaginaisencore moins qu’il avait fait uneoffre qui changerait le monde. »George Marshall lui-même ne lesait pas. Revenant plus tard au dé-partement d’Etat, il demande :« Quelqu’un pourrait-il m’expliquerle plan qui, maintenant, porte monnom ? »

En Europe, l’hiver 1946-1947 aété terrible, un des plus durs dusiècle. A peine sortis de la guerre,les Européens, vainqueurs et vain-cus confondus, doivent affronter lafaim, le froid, la maladie. Les filesd’attente s’allongent devant lesmagasins, les grèves se multiplient.En France et en Italie, les partiscommunistes participent encore augouvernement mais soutiennentles mouvements sociaux. Les Etats-Unis ont accordé une aide alimen-taire de 9 milliards de dollars àl’Europe, en deux ans, mais lecontribuable américain a l’impres-sion de verser des subsides dans un

puits sans fond. En ce début de ladeuxième année de l’après-guerre,le climat international aussi se dé-tériore rapidement. Il apparaît deplus en plus que la coalition anti-nazie est en train de se défaire. Sta-line a avancé ses pions en Europecentrale. Sous la signature de « X »,George Kennan, spécialiste del’URSS au département d’Etat, aproposé dans la revue Foreign Af-fairs une nouvelle attitude enversl’Union soviétique : le containment(endiguement) qui doit protégerl’Europe occidentale de la conta-gion communiste. Traduite en poli-tique, elle devient officiellement, le12 mars 1947, la « doctrine Tru-man ». George Marshall tente unenouvelle démarche auprès de Mos-cou ; il présente des nouvelles pro-positions à Staline et à Molotov,son ministre des affaires étran-gères, mais il se heurte à un refussystématique. De retour à Was-hington, il demande à son équipede rassembler des idées pourmettre l’Europe occidentale à l’abrides appétits soviétiques. Il s’agitd’éviter que les Etats-Unis conti-nuent à soutenir l’Europe à bout debras, mais au contraire qu’ilsl’aident à remettre en route sonéconomie pour que l’Europe puissesubvenir à ses besoins. Les pré-misses sont favorables ; l’Europe ade bons ouvriers et de bons pa-trons, des institutions démocra-tiques (dans les pays alliés), les tra-ditions d’une économie capitaliste.La deuxième idée est de traiterl’Europe comme un tout, d’inciterles Européens à s’entendre plutôtque de présenter individuellementleurs requêtes à Washington.

13 MILLIARDS EN 4 ANSLe discours de Harvard est pré-

paré sur cette base. « Il ne serait nicorrect ni efficace, dit le secrétaired’Etat, que ce gouvernement déter-mine unilatéralement un pro-gramme destiné à remettre l’Europesur ses pieds (...). L’initiative doit ve-nir d’Europe. » Les Européens ne sele font pas dire deux fois. « Nousavons saisi l’offre à deux mains »,écrit, quelque temps plus tard, Er-nest Bevin, le secrétaire britan-nique au Foreign Office. AvecGeorges Bidault, le ministre fran-çais des affaires étrangères, il inviteimmédiatement à Paris tous lespays européens, sauf l’Espagnefranquiste et l’Allemagne occupée.

Une question se pose : le planaméricain s’étend-il à la partie del’Europe en passe d’être contrôléepar les Soviétiques et à l’URSS elle-même ? En principe oui. L’offrevaut pour tous les pays situés àl’ouest de l’Asie, dit Marshall.D’ailleurs, Molotov arrive à Paris,le 27 juin, à la tête d’une délégationqui ne compte pas moins de centvingt personnes. Les communistesfrançais avaient qualifié le discoursde Harvard de « piège occidental ».Si Moscou est d’accord, ils révisentleur jugement. Mais Staline n’estpas prêt à accepter les conditionsposées par les Américains concer-nant les investissements étrangers,la transparence des statistiques etla coordination des demandes.

Finalement, après avoir essayé

de diviser les Occidentaux, l’URSSdénonce le plan Marshall. La Tché-coslovaquie, qui a accepté, est obli-gée de revenir sur sa décision deuxjours plus tard ; quant au gouver-nement polonais en train de déli-bérer sur la question, il apprendpar Radio-Moscou qu’il a rejeté leplan ! « Nous comptions que les So-viets refuseraient », devait déclarerCharles Bohlen, éminent collabo-rateur du département d’Etat. Tou-tefois, ce n’est pas le plan Marshallqui est à l’origine de la division del’Europe ; c’est la coupure de l’Eu-rope, pratiquement acquise en1947, qui a provoqué le refus des

Tchèques et des Polonais. L’URSSimposera à ses satellites un « planMolotov » qui débouchera sur leComecon (abréviation d’origineanglo-saxonne pour « Conseild’aide économique mutuelle »).

Pendant ce temps, seize pays eu-ropéens ont dressé la liste de leursbesoins. Il y en a pour 28 milliardsde dollars. Le président Truman re-voit la somme à la baisse (17 mil-liards) avant de la soumettre auCongrès. Finalement, ce sont13 milliards qui seront utilisés enquatre ans, l’équivalent d’une cen-taine de milliards de dollars actuels(570 milliards de francs). Cette

aide, constituée à 90 % de dons, re-présente 13 % du budget américain.Encore faut-il la « vendre » auxdeux Chambres du Congrès domi-nées par les républicains. C’est peudire que ceux-ci sont réticents. Lesisolationnistes donnent le ton. Lesénateur Taft, qui prépare la cam-pagne présidentielle de 1948 contreTruman, mène la bataille contre leplan Marshall. C’est pourquoi leprésident n’est pas mécontent qu’ilporte le nom du secrétaire d’Etat.

George Marshall se bat pour ar-racher l’accord des parlementaires.Des campagnes d’information sontmenées à travers tous les Etats-

Unis ; des élus sont envoyés en Eu-rope pour constater sur placel’étendue et l’urgence des besoins.Parmi eux, un certain RichardNixon qui, comme la majorité deses électeurs de Californie, est hos-tile au plan Marshall. Il rentre du« Vieux Monde » convaincu quec’est la bonne solution.

Le gouvernement de Washing-ton explique aux congressmen quel’aide sera dépensée pour acheterdes produits américains et qu’uneEurope florissante offrira des dé-bouchés à l’économie américaine.Il y a, en plus, des petits à-côtésqui permettent à la CIA de distri-buer des « sucreries » aux hommespolitiques européens. Et Staline ymet aussi du sien. En mars 1948,c’est le coup de Prague. Lescommunistes s’emparent du pou-voir. Le ministre des affaires étran-gères, Jan Mazarik, accusé d’êtrepro-occidental, est défenestré. Lescommentateurs affirment qu’onest passé de l’après-guerre à unnouvel avant-guerre. « Parfois, ilfaut rendre les choses plus clairesque la vérité », dit le sous-secré-traire d’Etat, Dean Acheson. LeCongrès se laisse convaincre. Le3 avril, Truman signe la loi sur l’Eu-ropean Recovery Program, maisGeorge Marshall avoue qu’il n’a ja-mais aussi durement travaillé de savie. L’Organisation européenne decoopération économique (OECE,qui deviendra plus tard l’OCDE)est créée pour coordonner les de-mandes et l’utilisation de l’aide, demême que l’Union européenne despaiements.

Un quart de l’aide ira à laGrande-Bretagne, un peu plus de20 % à la France et environ 10 % àl’Italie ainsi qu’à l’Allemagne occi-dentale. Dans les pays qui, commela France et l’Italie, ont des partiscommunistes puissants, le planMarshall est plutôt mal accueilli.On dénonce la colonisation par lesproduits et les films américains.Des inscriptions « Yankees gohome » fleurissent sur tous lesmurs. En 1950, 40 % des Parisienspensent que l’aide américaine estun affront à la souveraineté fran-çaise, indique un sondage Gallup.Même un MRP (démocrate-chré-tien) comme Georges Bidault dé-clare à l’Assemblée nationale :« Nous avons besoin des Etats-Unispour pouvoir nous passer d’eux. »

Cinquante ans après, les effetsdu plan Marshall sur le redresse-ment économique de l’Europesont diversement appréciés. Cer-tains experts soulignent que lacroissance a déjà redémarré quandles premières aides arrivent.D’autres font valoir que l’impor-tant n’est pas dans les sommesd’argent mais dans les encourage-ments qu’ont reçus les Européensà s’entendre, à ouvrir leurs mar-chés, à renouer avec les règles dulibre-échange et de l’économie demarché. Face au monde commu-niste, l’ambition universaliste amé-ricaine y trouvait son compte.C’était, comme l’écrit Newsweek,« un acte extraordinaire de généro-sité stratégique ».

D. V.

Christian de Boissieu, professeur d’économie à Paris-I

« Après 1989, en Europe centrale, ça a été le chacun pour soi »

Le discours de Harvard

« LA VÉRITÉ, déclare GeorgeMarshall à Harvard le 5 juin 1947,c’est que les besoins de l’Europepour les trois ou quatre prochainesannées en nourriture et autres pro-

duits de pre-mière nécessité– principale-ment améri-cains – sont tel-lement plusgrands que leurcapacité à payerqu’elle doit re-

cevoir une aide supplémentairesubstantielle sous peine de faireface à une détérioration écono-mique, sociale et politique extrême-ment grave (...).

» Il est normal que les Etats-Unisfassent tout ce qui est en leur pou-voir pour aider à un retour d’une si-tuation économique saine dans lemonde, sans laquelle il ne peut pasy avoir de stabilité politique et depaix garantie. Notre politique n’estdirigée contre aucun pays ou doc-trine, mais contre la faim, la pau-vreté, le désespoir et le chaos. Sonobjectif doit être le rétablissementd’une économie qui fonctionne afinde permettre l’émergence de condi-tions politiques et sociales dans les-quelles puissent exister des institu-tions libres (...).

» Il est déjà évident que, avantque le gouvernement américainpuisse avancer dans ses efforts pouraméliorer la situation et aider l’Eu-rope à se redresser, il doit y avoir unaccord entre les pays européens surleurs besoins et sur la part que cespays européens veulent prendredans cet effort de redressement.

» Il ne serait ni correct ni efficaceque ce gouvernement [américain]détermine unilatéralement un pro-gramme destiné à remettre l’Eu-rope sur ses pieds.

» C’est l’affaire des Européens.L’initiative, je pense, doit venir del’Europe. »

George Marshall au secours du Vieux Continent

Ci-dessus, une affichesoviétique de 1949 met enexergue une citationattribuée à Staline : « Les peuples du mondene veulent pas d’une nouvelle guerredésastreuse. »Le personnage, qui symboliseles Etats-Unis, tient undocument intitulé « Pactede l’Atlantique nord ».Ci-contre,une affiche néerlandaisede Louis Emmerick,datant de 1947 :« La coopération signifie prospérité ».

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IRIP

« On a beaucoup parlé d’un“plan Marshall pour l’Europe del’Est” après la chute des régimescommunistes. Mais il n’a rien eude comparable avec le pro-gramme de 1947. Pourquoi ?

– Les conditions qui avaient per-mis le plan Marshall n’étaient res-pectées ni du côté des récipien-daires ni de celui des donateurs. En1947, le plan Marshall a bien fonc-tionné grâce à la rencontre d’uneoffre et d’une demande, chaquepartie y trouvant son intérêt. En re-vanche, après 1989-1990, les paysde l’Est ont voulu gérer la transi-tion de manière individuelle. Alorsque le plan Marshall s’était appuyésur une volonté des Etats d’Europeoccidentale de coopérer, et avaitencouragé cette volonté, chacundes pays de l’Europe centrale etorientale s’est arrimé à l’économiemondiale en appliquant la mé-thode du chacun pour soi, en selançant même dans une sorte decompétition les uns avec les autres.

» Il y a eu quelques tentatives decoopération régionale, comme legroupe de Visegrad (à l’origine laPologne, la Hongrie et la Tchécos-lovaquie), mais ses ambitionsétaient très limitées. La coopéra-tion ne dépasse guère la circulationdes marchandises, sans compo-sante monétaire ou financière.

– L’Europe centrale avait faitune mauvaise expérience de di-vision internationale du travailavec le Comecon.

– En effet, toute suggestion enfaveur d’une coopération régionaleà l’Est a été rejetée parce que celle-ci était assimilée au Comecon danslequel l’Union soviétique jouait unrôle dominant. De plus, les Etatsd’Europe centrale ont cru voir dansl’insistance occidentale sur la coo-pération régionale un moyen de lestenir à l’écart de l’Union euro-péenne. La coopération entre euxaurait été un substitut à l’élargisse-ment de l’UE. Or ce qu’ils veulent,c’est rejoindre l’Europe occiden-

tale, et aucun ne veut attendre quele voisin remplisse les conditions.Au contraire, ils sont en concur-rence pour savoir qui entrera lepremier.

– La situation de la Russien’est-elle pas différente ?

– En effet, il faut distinguer entreles anciennes démocraties popu-laires et les anciennes Républiquessoviétiques. Les pays d’Europe cen-trale et orientale, malgré les diffi-cultés inhérentes aux réformes, ontrapidement dépassé le stade où unplan Marshall était nécessaire.C’est la CEI (Communauté desEtats indépendants) qui en avait leplus besoin, mais les forces centri-fuges rendaient difficile une ap-proche régionale.

– Et du côté des donateurs ? – Les Etats occidentaux, les in-

vestisseurs privés et les organismesinternationaux ont craint que lessommes allouées ne se perdentdans les sables, compte tenu dupoids de l’économie parallèle dans

ces pays. Pas seulement du secteurmafieux, mais de l’économie sou-terraine dans son ensemble. Laconditionnalité, qui était une descaractéristiques du plan Marshallpuisque les crédits étaient affectésà des investissements précis, nepeut fonctionner. On peut contrô-ler la destination des fonds pour lapremière vague, mais ensuite il estimpossible de suivre les différentesphases de recyclage. Il n’y avait pasle même risque de déperdition enEurope en 1947.

– L’aide qui a été accordée àl’Europe de l’Est était-elle adap-tée ?

– Les organismes internationauxont hésité entre trois types d’aide.Premièrement, les transferts finan-ciers, avec le choix entre les dons etles prêts (le plan Marshall compor-tait une large part de dons condi-tionnels). Or la Banque mondiale etle Fonds monétaire internationalont longtemps calqué leur aide àl’Europe de l’Est sur les conditions

définies pour l’Asie ou l’Amériquelatine. Deuxièmement, l’assistancetechnique, qui est restée insuffi-sante. Une des grandes préoccupa-tions, notamment pour la Russie,est la faiblesse des investissements,qui entraîne un retard de l’innova-tion technologique. Et troisième-ment, l’ouverture de nos marchés.C’est la requête de tous les respon-sables est-européens : « Trade, notaid » (du commerce plutôt que del’aide). On n’est sans doute pas alléassez loin dans l’ouverture de nosfrontières aux produits d’Europecentrale parce que la chute ducommunisme est survenue à unmoment où la conjoncture étaitmauvaise, alors que ces pays pou-vaient être concurrentiels dans dessecteurs eux-mêmes en crise àl’Ouest. C’est un des gros pro-blèmes de l’élargissement del’Union européenne vers l’Est. »

Propos recueillis par Daniel Vernet

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LE MONDE / DIMANCHE 8 - LUNDI 9 JUIN 1997 / 13H O R I Z O N S - A N A L Y S E S

IL Y A 50 ANS, DANS 0 123

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ÉDITORIAL

LE COURRIER DES LECTEURS La loi s’impose à tout lemonde, y compris aux journalistes – on serait même tenté dedire : surtout aux journalistes – s’il est vrai que ceux-ci se consi-dèrent comme des acteurs importants du jeu démocratique etque le débat civique dont ils se réclament ne peut avoir lieu que

dans le cadre de la législation en vigueur. De ce point de vue, lerespect de la déontologie passe d’abord par le respect de la loi.Pourtant, il peut arriver qu’au nom du droit à l’information lesjournaux décident d’ignorer certaines interdictions prévues parla loi. Comment justifier de telles entorses à la morale publique ?

Transgresser la loipar Thomas Ferenczi

LA LOI, on le sait, interdit en France la publica-tion de sondages préélectoraux dans la semainequi précède chaque tour de scrutin.A peu près respectées depuis leur instauration ily a vingt ans, ces dispositions ont été transgres-

sées par plusieurs journauxà l’occasion des dernièresélections législatives.

Le Monde, pour sa part, achoisi de ne pas enfreindreles dispositions en vigueur,mais a estimé, dans son édi-torial du 31 mai, que cetteloi est aujourd’hui « obso-

lète » et qu’« il est urgent de remettre à plat la lé-gislation ». La question posée aux journalistes estde savoir s’ils se donnent le droit de violer la loisous prétexte que celle-ci est devenue, selon eux,inapplicable.

Cette question n’est pas nouvelle, et elle ne sepose pas qu’aux journalistes. Les intellectuelsont, à plusieurs reprises, au cours de l’histoire ré-cente, appelé à la « désobéissance civique ». DuManifeste des 121, en 1960, pour le droit à l’insou-mission à celui des 343, en 1971, pour l’avorte-ment libre, il s’est trouvé des personnalités émi-nentes, au républicanisme au-dessus de toutsoupçon, pour soutenir que, dans certaines situa-

tions, la voix de la conscience doit l’emporter surl’application de la loi. Il y a quelques mois, lesmultiples pétitions contre le projet de Jean-LouisDebré sur l’immigration ont encore hautementaffirmé ce principe.

L’éventuelle violation des lois sur la presse nerelève pas, en général, de circonstances aussi so-lennelles. Il arrive même qu’elle obéisse à desconsidérations purement mercantiles, notam-ment lorsqu’elle méconnaît le droit de chacunsur sa propre image, destiné à protéger la vie pri-vée des personnes, y compris celle des vedettes.Mais, dans de nombreux cas, lorsqu’un journaldécide de passer outre à une interdiction, il le faitau terme d’une réflexion sérieuse sur la liberté del’information et l’intérêt public.

L’une des entorses les plus fréquentes aux obli-gations de la loi est sans doute celle qui concernele secret de l’instruction : au nom du « droit àl’information », la presse n’hésite pas à rendrepubliques des procédures en cours au risqued’encourir des poursuites judiciaires. De mêmeest-il interdit de « jeter le discrédit sur un acte ouune décision juridictionnelle, dans des conditionsde nature à porter atteinte à l’autorité de la justiceou à son indépendance » : interprété strictement,cet article du Code pénal pourrait rendre impos-sible le commentaire critique d’une décision de

justice. Il est une autre disposition que la plupartdes médias ont choisi d’ignorer il y a trois se-maines, lorsque deux adolescentes se sont donnéla mort dans une petite ville du Nord : celle quiprohibe « la publication, par le livre, la presse, laradiophonie, le cinématographe ou de quelquemanière que ce soit, de tout texte ou illustrationconcernant le suicide de mineurs ». Le Monde, enparticulier, a pensé que ce fait divers, en raisonde son exemplarité, justifiait l’inobservationd’une loi tombée en désuétude.

Quelles sont donc les conditions qui peuvent,selon nous, autoriser les journalistes à transgres-ser la loi ?

Il faut d’abord, bien entendu, que la transgres-sion soit l’exception, non la règle : la règle, c’estde respecter les textes en vigueur ; l’exceptionn’est recevable que lorsque ces textes appa-raissent inadaptés à une grande partie de l’opi-nion.

Il faut ensuite que les faits révélés en violationde la loi soient considérés comme indispensablesà l’information du public : Le Monde a jugé queles sondages préélectoraux ne répondaient pas àce critère.

Il faut enfin que les personnes éventuellementmises en cause le soient avec une grande pru-dence.

SONDAGESET MANIPULATION

La publication de sondages préé-lectoraux – en principe interdits,mais également accessibles par In-ternet ou par simple Minitel – im-pose évidemment une modificationd’une loi hypocrite, à condition dene pas oublier l’essentiel. Personnene sait, à ce jour, si les sondages in-fluencent les électeurs. Mais est-cebien grave ? Toute information neles influence-t-elle pas ? La « une »du Monde n’a-t-elle pas plus d’effetsqu’un sondage ? Personne ne saitdans quel sens les sondages les in-fluenceraient : savoir que son camppeut gagner est-il facteur de mobili-sation (« il ne faut pas laisser passerl’occasion ») ou de démobilisation(« c’est acquis, inutile que je me dé-range ») ? Dès lors toute manipula-tion serait impossible. Mais c’estdans la mesure où les sondagesexistent et sont connus de certainsque, précisément, toute manipula-tion devient possible. Car je sais quele journaliste politique, qui a le droitde donner ses pronostics, a connais-sance de ces sondages, et il sait queje le sais... Il peut donc en jouer, enme faisant croire que ses pronostics– qui sont, en fait, ses vœux – sontle reflet des sondages... En re-vanche, il est inadmissible de laisserles instituts tricher – c’est le termeexact – en masquant leur marged’erreur.

Elie Arié,Paris

RIDICULELe ridicule ne tue pas, heureuse-

ment ! Avant le second tour, l’agita-tion a repris de la même façonqu’avant le premier. Des sondages« interdits » ont été publiés. De làun concert d’exclamations pour le

« droit à l’information », auquel s’estadjoint Le Monde (dans son éditorialdu 31 mai). On en vient à parlerd’« une inégalité des citoyens ». Ex-cusez du peu. Ainsi, le sondaged’opinion (pour la fortune de cer-tains politologues) devient informa-tion sur laquelle il est bon de dis-cuter, débattre, interpréter. Et quenaturellement chaque citoyen doitconnaître pour pouvoir voter. Le pa-radoxe est atteint quand, alors quela campagne électorale n’est qu’unlong catalogue de sondages, un son-dage « annonce » le désintérêt desFrançais pour celle-ci. Voilà unepreuve supplémentaire de l’incapa-cité des hommes politiques à fairede « la » politique.

Antoine Ollivier,Jouy-en-Josas (Yvelines)

RÈGLEMENTSDE COMPTES

Je m’étonne, comme sans doutede nombreux lecteurs, que LeMonde ait cru devoir accorder cettesemaine tant de place, et tant decomplaisance, aux propos de M. Til-linac. Présenter sa supplique sousl’étiquette « Témoignage » n’enlèverien au caractère outrageusementpartisan de l’écrit en question.Certes M. Tillinac, comme tout ci-toyen, est parfaitement fondé à ten-ter de faire connaître à la collectivi-té, par voie de presse, sa proprevision de l’actualité politique et ins-titutionnelle de la France. Pour au-tant, est-ce la mission de votre/notre journal que de lui réserver untel accueil ? (...) Nous attendonstous du Monde des faits, des ana-lyses, des commentaires. Des prisesde position solennelles – l’édito –sur des événements importants oudes échéances cruciales dans la viedu pays. Mais pas qu’il se prête à

une opération de règlements decomptes obscure au sein de telle outelle faction de l’ancienne majorité(...) M. Tillinac se sent orphelin ?C’est là un problème intime qui nenous concerne pas.

David Simon(par courrier électronique)

LÂCHETÉUn homme, hilare, fier de la bas-

sesse de son acte, a osé présenterdevant une foule vociférante dehaine la tête d’une femme qui a lecourage de lui résister. Cette scènesurréaliste, hideuse, ne se passe pasdans un quelconque pays où la bar-barie régirait encore les rapportssociaux, où la tolérance ne seraitqu’une lointaine utopie. Elle nes’est pas déroulée dans un passé deténèbres où l’homme, au sortir descavernes, ne reconnaissait queceux de son clan comme ayant ledroit de vivre sur son territoire.Cette scène de cauchemar a eu lieule 29 mai 1997 à Paris, France, d’oùest parti, il y a un peu plus de deuxsiècles un cri qui voulait que tous,nous naissions libres et égaux endroits. On savait l’auteur de cetacte raciste, antisémite, bien peudémocrate. Il a ajouté à ce tristeflorilège un autre chapitre : la lâ-cheté. Car il faut être lâche pourprocéder à une telle exécution de-vant une foule fanatique. Car seulun homme lâche peut ainsi décapi-ter une femme, avec plaisir et sa-disme.

Daniel Duillon,Strasbourg (Bas-Rhin)

SUICIDEDeux petites filles de douze et

treize ans se sont suicidées d’uneballe dans la tête. Les commenta-teurs relient cet acte à leur vénéra-

tion pour un groupe de rock, dontun chanteur s’est suicidé il y a quel-que temps. Et de gloser sur l’éven-tuelle nocivité des chansons dugroupe, sur l’adhésion des jeunes àleurs modèles, jusque dans la mort...Pas du tout, dit un pédopsychiatre :l’adolescence est fragile, les raisonsd’un suicide ne peuvent en aucuncas être univoques, c’est trèscompliqué... Moi, j’attends la ré-ponse à une question qu’on n’a pasposée : comment ont-elles pu dis-poser d’une arme et de balles ?

C. DesbuquoisParis

LA CORRIDAET LE PLAISIR

Il y a sûrement dans la corridaquelque chose, que je devine, qui aà voir avec quoi ? Un rituel, danscette société qui ne les a plus ? Unface-à-face avec la mort, la souf-france, quand nous ne voulons plusvoir ça et nous voilons la face ? Desauteurs l’ont sûrement mieux cernéque moi, mais en tout cas il y a quel-que chose, je le sens à lire ou en-tendre ceux qui en parlent. Alors,laissons les intégristes à leur intégri-té morale, proposons-leur d’autrescombats, plus urgents pour sauverdes vies, humaines celles-là, un peupartout dans le monde, et pas si loinque ça de chez nous (combien demorts par an sur nos routes ? Bar-barie ?). Et puis interrogeons-noussur cette « jouissance » qui scanda-lise tant : on aurait le droit de tuer(chasse, vivisection...) si c’est pourune noble cause, mais pas pour leplaisir ! Allons donc ! Qu’on medonne la définition d’une jouissancequi ne serait pas trouble ; et le plai-sir ne serait pas une noble cause ?

Patrick Bourdin,Gard

PRÉCISION

COTONOUDans sa chronique sur Cotonou

(Le Monde du 22 mai), Jean-PierrePéroncel-Hugoz citait un poèmesur cette ville, recueilli auprèsd’étudiants béninois qui neconnaissaient pas son auteur. Ce-lui-ci s’est signalé à nous. Il s’agitde l’ambassadeur Noureini Tidja-ni-Serpos, membre du conseil exé-cutif de l’Unesco. Ledit poème,Quartier latin, avait été publié en1968, aux éditions Oswald, dans lerecueil Agbanla.

RECTIFICATIFS

OUSSAMA BEN LDENDans notre article sur Oussa-

ma ben Lden, le banquier de la« djihad » (Le Monde du 28 mai),il fallait lire que l’intéressé af-firme s’être assuré le soutien demilliers de Saoudiens, et non dePakistanais comme nous l’avonsécrit par erreur.

LOIREContrairement à ce qu’indi-

quait le sous-titre de notre ar-ticle sur la baisse du débit de laLoire (Le Monde du 28 mai), lescentrales nucléaires risquent deconnaître cet été des problèmespour le refroidissement de leursréacteurs.

Grève des cheminotsIL Y A trois ans, le débarque-

ment allié, que M. Georges Bidaultcommémorait hier à Cherbourg,donnait le signal de la Libération.Délivré de l’ennemi, le pays nel’est pas encore, il s’en faut, de sesdémons intérieurs, de ses dissen-sions, de ses chimères. Une grèvedes chemins de fer, venant aprèsune série d’autres grèves, marquecet anniversaire. Où sont les res-ponsables, dans quelle mesure cetarrêt d’un trafic essentiel, qui pa-ralyse notre vie économique etsuspend le relèvement national,pourrait-il être justifié ?

Les cheminots furent au premierrang des combattants de la Résis-tance et de la Libération. Lestransports par rail, désorganiséspar la guerre, ont été rétablis ma-gnifiquement depuis deux ans. Lepays pouvait en être fier. Dans sesappels et ses adjurations, le pré-sident Paul Ramadier a rendu aux

travailleurs du rail l’hommagequ’ils ont mérité. Cette grève né-faste est en même temps doulou-reuse. Un effort considérablepourrait être annihilé en quelquesjours. Le bénéfice de ce qui a étéfait de mieux en France pourraitêtre dissipé. Il n’est pas possibleque les cheminots ne se rendentpas compte de la gravité de leuracte.

On comprend bien que M. PaulRamadier n’ait encore envisagéaucune mesure de réquisition,qu’il ne désespère pas, mêmeaprès les refus d’hier, du bon senset du patriotisme de la classe ou-vrière. Mais on conçoit aussi par-faitement qu’il n’admette pas dedébat sous la menace et sous lechantage, surtout quand il s’agitd’un service public vital.

Rémy Roure(8-9 juin 1947.)

ImprévisibleAfghanistanSuite de la première page

Quand les talibans ont pénétrédans Mazar et que leurs mollahsont imposé leur version ultra-or-thodoxe du Coran, les Ouzbeks,l’ethnie locale, et les chiites se sontrévoltés. Certains avaient, certes,trahi leurs anciens maîtres au pro-fit des « étudiants ». Mais quandles talibans, des « sudistes » d’eth-nie pachtoune, entreprirent de lesmettre en coupe réglée, ce fut lacolère, suivie d’une nouvelle trahi-son des traîtres...

Depuis trois ans, et en dépit desrevers de ces derniers jours, les ta-libans ont gagné parce que l’his-toire de l’Afghanistan post-communiste n’a été qu’un longcortège d’horreurs, de règlementsde comptes, de ralliements oppor-tunistes et d’affaires de gros sous.

A l’heure où ce pays basculedans un régime islamiste qui, dansle registre de l’intégrisme, n’a au-cun équivalent dans le monde ara-bo-islamique – ni en Iran ni enArabie saoudite –, on ne peut quefrémir devant l’« ordre » qu’im-posent peu à peu les « étudiants ».Mais il ne faut pas oublier que les

talibans sont nés d’une réaction derejet contre ceux qui les avaientprécédés au pouvoir, voirecommandés lors du djihad contreles « infidèles » soviétiques.

Tout n’est donc pas joué pour lesultra-orthodoxes, dont la seule ob-session est d’obliger les Afghans àvivre comme au temps du Pro-phète. Leur ascension pourrait pré-céder une chute tout aussi rapide,estiment certains Afghans. On n’enest pas encore là puisque dans leSud, en pays pachtoune, ils sontsolidement implantés. Leur vic-toire au Nord aurait, certes, sym-bolisé la réunification du pays etdonné tort aux prophètes qui pré-voyaient un démantèlement dupays.

RESPONSABILITÉS Rien ne permet non plus d’affir-

mer que ce mouvement restera unidans un Afghanistan paisiblepuisque dans ce pays acéphale, oùle concept de pouvoir centraln’existe pas, les Afghans ont ten-dance à se soulever contre qui-conque revendique le pouvoir avectrop de vigueur.

La cohésion de ce mouvementest d’ailleurs d’autant plus sujette àcaution que les talibans se divisenten trois groupes principaux : les ta-libans originels, conduits par lemollah Omar, mystérieux chefborgne qui, depuis Kandahar, s’est

autoproclamé « commandeur descroyants » ; les talibans ex-commu-nistes, issus de la faction Khalq del’ancien PC afghan, et qui ont re-joint le mouvement pour des rai-sons essentiellement ethniques (cesont des Pachtounes, tout commeles chefs talibans). Il y a, enfin, lestalibans issus de différents partisde la mouvance anti-soviétique quiont rallié sur le tard les « étu-diants », et dont beaucoup sonttrop jeunes pour avoir connu ledjihad contre les « infidèles ».

En dépit de leur popularité au-près de nombreux Afghans, il n’estdonc pas sûr que les talibans par-viendront à unifier une nation dé-chirée et à repousser le spectred’un démantèlement. Quel quesoit l’avenir, il ne faudra jamais ou-blier les lourdes responsabilités ex-térieures. Celle de l’Union sovié-tique, d’abord, qui a détruit le paysen le divisant pour mieux régner.Celle des Etats-Unis, ensuite, quiont soutenu, à l’époque de l’arméerouge, les islamistes les plus extré-mistes, parce que leur priorité étaitd’abord d’arrêter l’expansionnismesoviétique. Celle du Pakistan, en-fin, dont tous les dirigeants, ycompris Benazir Bhutto, n’ont eude cesse d’essayer d’installer à Ka-boul un régime qui leur soit favo-rable, fût-il obscurantiste.

Bruno Philip

Le verrou allemandL IONEL JOSPIN aurait

pu s’arrêter à Bonn deretour de Malmö pouravoir très vite un

contact direct avec Helmut Kohl.Il a préféré respecter leséchéances fixées avant son arri-vée à Matignon et attendre lesommet franco-allemand dePoitiers, le 13 juin. La précipita-tion eût été mauvaise conseil-lère. Un entretien téléphonique,« nourri et très cordial », dit-onofficiellement, lui a permis derassurer le chancelier sur sa vo-lonté de poursuivre dans la voietracée par ses prédécesseurs.Après tout, Helmut Kohl n’a euqu’à se féliciter de la coopéra-tion établie avant 1995 avec unsocialiste français.

La concertation et l’ententefranco-allemandes restent labase de la construction euro-péenne. Mais la situation achangé depuis les septennats deFrançois Mitterrand. A Parisvient d’arriver une majorité quin’est pas disposée à entérinerpurement et simplement les dé-cisions prises auparavant sousla pression de l’idéologie moné-tariste, dont le meilleur repré-sentant est la Bundesbank. ABonn, Helmut Kohl est affaiblipar les divisions de ses parti-sans, par l’incapacité de sa coa-lition à faire passer les réformesindispensables à la réductiondes dépenses publiques et par leconflit entre la Banque centraleet son ministre des finances. Il aannoncé son intention de bri-guer, pour la cinquième fois, lachancellerie, au nom de l’Eu-rope, mais risque de ne plus êtreen mesure d’imposer ses convic-tions européennes à une opi-nion réticente.

Lionel Jospin ne pourra don-ner un nouveau contenu à laconstruction européenne, touten respectant les engagementsde la France, que s’il parvient àfaire sauter le verrou allemand.Car c’est le gouvernement deBonn qui, obnubilé par le strictrespect des critères, a insistépour qu’un pacte de stabilité ga-rantisse une politique finan-cière rigoureuse pour la pro-chaine décennie et en a fait unpréalable à l’acceptation du ca-lendrier de l’euro.

Des quatre conditions misespar la gauche française àl’union monétaire, la révisiondu pacte est certainement laplus difficile à satisfaire. Les so-lutions, pour les trois autres, setrouvent dans le texte de Maas-tricht. En revanche, le pacte destabilité a été présenté à l’opi-nion allemande comme la ga-rantie que l’euro serait aussifort que le deutschemark. Hel-mut Kohl peut-il accepter d’ytoucher sans se mettre à dos laBundesbank, le Tribunal consti-tutionnel, une grande partie desdéputés, y compris ses amis, etsans renforcer l’euroscepti-cisme grandissant des Alle-mands ?

Les résultats économiques etfinanciers ne permettent plusaux dirigeants de Bonn de s’éri-ger en donneurs de leçons, maisla fragilité de leur position inté-rieure leur interdit, en mêmetemps, de faire trop de conces-sions aux nouvelles demandesfrançaises.

Il faudra beaucoup d’habiletéà l’équipe diplomatique queLionel Jospin a constituée au-tour de lui pour passer entre cesdeux écueils.

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E N T R E P R I S E SLE MONDE / DIMANCHE 8 - LUNDI 9 JUIN 1997

La Chine renforce sa participationdans Hongkong Telecom

HONGKONGcorrespondance

Le mouvement de nationalisa-tion de l’économie de Hongkongpar l’Etat chinois vient de franchirune étape cruciale. Vendredi 6 juin,Cable & Wireless (C & W), holdingde contrôle à 59,2 % de HongkongTelecom (HKT), et le ministère despostes et télécommunicationschinois, sont parvenus à un accordhistorique : C & W va céder, pour6,9 milliards de francs, 5,5 % del’opérateur privé à China Telecom,l’opérateur public chinois. Dans undélai non précisé, China Telecompourra porter sa participation dansHKT au même niveau que C & W,qui verrait ainsi la sienne réduitede moitié, à quelque 30 %. Avec7,7 % du capital cédés le 9 mai àChina Everbright, une holding del’Etat chinois, la Chine est donc po-tentiellement le premier action-naire de Hongkong Telecom.

Cette opération crée une brècheprofonde dans le système écono-mique de Hongkong – dont la règlea toujours été la non-interventionde l’Etat dans l’économie – en fai-

sant entrer Pékin au conseil d’ad-ministration de l’opérateur. Maispour Hongkong Telecom, c’est unenouvelle ère qui s’annonce : les au-torités chinoises lui ont assurél’ouverture du marché national –même si les modalités ne sont pourl’instant pas claires –, jusque-là fer-mé à tout opérateur étranger.

Pour C & W, c’est l’opération dusiècle, même s’il a dû brader ses5,5 % du capital avec une décote de25 % sur le dernier cours deBourse, et s’il deviendra à terme ledeuxième actionnaire de HKT.Alors que son retrait était tôt outard inéluctable, il reste dans lapartie, et gagne l’espoir d’être l’ac-tionnaire d’un des plus gros opéra-teurs téléphoniques au monde.

Cet accord est peut-être aussi unprélude à une certaine forme deprivatisation de l’opérateurchinois : HKT pourrait à termeprendre une participation dansChina Telecom, aidant ainsi ce der-nier à accélérer l’équipement télé-phonique de la Chine.

Valérie Brunschwig

AIRBUS ne sera pas Boeing. Lefrançais Aerospatiale, l’allemandDaimler-Benz Aerospace (DASA),le britannique British Aerospace(BAe) et l’espagnol Casa ont déci-dé de renoncer à leur projet deconstitution d’une société aéro-nautique européenne qui aurait in-tégré l’ensemble de leurs activitésde recherche, de développement etde production. Yves Michot, le pré-sident d’Aerospatiale, a révélé,vendredi 6 juin, « l’accord » inter-venu entre les présidents desquatre sociétés membres duconsortium Airbus, mardi 27 mai àToulouse, qui contredit la lettred’intention signée par les mêmesparties le 13 janvier.

Les industriels s’étaient fixécomme objectif de substituer àl’actuel groupement d’intérêtéconomique, avant la fin 1999, une« société unique » regroupant l’en-semble des activités nécessaires audéveloppement, à la production et

au service après-vente des avionseuropéens. Il n’en sera rien : lesbureaux d’étude et les usines deToulouse, de Nantes, de Saint Na-zaire, de Hambourg et de Chesterresteront la propriété de chacundes industriels. Les ailes sontconstruites en Grande-Bretagne, lefuselage en Allemagne, le cockpitet la partie centrale en France.

S’agit-il pour autant d’un échecde la restructuration européenneengagée pour répliquer aux gigan-tesques opérations américaines, etnotamment à la fusion de Boeinget McDonnell Douglas, les deux ri-vaux d’Airbus ? Les industriels af-firment le contraire. « Nous noussommes rendu compte que, face à lamenace américaine, un avionneurdont l’activité serait strictement limi-tée au secteur civil n’était pasviable », explique Yves Michot. « Ilne bénéficierait plus de la synergietechnologique avec les autres sec-teurs, comme les hélicoptères, les sa-

tellites et les missiles, serait privéd’un soutien politique national sansbénéficier pour autant d’un équi-valent européen et serait frappé deplein fouet par les cycles écono-miques de l’aviation ciivile sans lesamortir avec d’autres activités »,poursuit-il.

INTÉGRATION PRÉSERVÉELes partenaires européens n’ont

pas pour autant renoncé à leur en-gagement de parvenir à une indus-trie européenne intégrée dans l’en-semble des segments del’aéronautique civile et militaire etdu spatial. Au contraire, selon eux,le nouveau schéma d’intégrationd’Airbus « est désormais compatibleavec cet objectif ultime », explique-t-on chez DASA.

Le GIE Airbus sera transforméen société anonyme avant la fin del’année 1999. Les industriels, quideviendront ses actionnaires, luiconfieront un « mandat de gestion

sur l’ensemble des actifs », sans quela nature juridique de ce contratsoit encore définie. Le manage-ment d’Airbus devrait donc dispo-ser de l’autonomie de gestion, sousréserve du contrôle normal de sesactionnaires. Ce dernier pourraitcependant faire naître des conflitsd’intérêt, la décision de fermer unsite ou même d’investir davantagesur un autre site risquant d’indis-poser des actionnaires-industriels,à la fois juge et partie.

Autre incertitude : les industrielseuropéens affirment que l’en-semble des profits seront remontésau niveau d’Airbus. Aujourd’hui, leGIE réalise un profit entre sesventes et les coûts d’achat auprèsdes industriels : plus de 2 milliardsde francs en 1996. Mais chacun despartenaires dégage aussi unemarge sur son activité de fournis-seur d’Airbus : Aerospatiale a ainsigagné 1,1 milliard de francs en1996.

Aerospatiale, qui revendiqueune productivité supérieure à cellede ses partenaires, n’est pas enmesure d’expliquer quels méca-nismes compensatoires lui permet-tront d’accepter d’abandonner sesprofits contre 37,9 % du capital dela future société. Les parités duGIE (détenu à 37,9 % chacun parAerospatiale et DASA, 20 % parBAe et 4,2 % par Casa) pourront-elles être maintenues ?

ZONES D’OMBRECes zones d’ombre expliquent

certainement que BAe, interrogépar Le Monde, tout en reconnais-sant les grandes lignes de la nou-velle orientation, précise que « lapartie française doit encore appor-ter des garanties pour obtenir defaire coïncider la restructurationd’Airbus et la restructuration euro-péenne ». Le Britannique s’inter-roge aussi sur les « conséquencespour Aerospatiale du résultat desélections françaises ». La fusionavec les avions de combat de Das-sault et la privatisation rapide dunouvel avionneur est aujourd’huicompromise. Or Aerospatiale avaitgagné du poids dans les négocia-tions, grâce à cette perspective quila rapprochait de la physionomieindustrielle et juridique de ses par-tenaires.

Le management d’Airbus, qui se

contente aujourd’hui de réaliserles études de marché des nouveauxappareils et de commercialiser lagamme existante, sera déçu. Lanouvelle transparence financièrelui permettra certes d’accroître saproductivité et de mieux connaîtresa marge de manœuvre dans lesnégociations commerciales avecses clients. Mais le futur Airbus,privé d’actifs industriels, pourradifficilement être coté en Bourse.

Jean Pierson, l’administrateurgérant du GIE, comptait sur laBourse pour être en mesure de le-ver les fonds nécessaires notam-ment au financement du super-jumbo A-3XX (environ 60 milliardsde francs), capable de concurren-cer le 747 de Boeing qui procure auconstructeur américain des margesconfortables utilisées pour atta-quer Airbus sur les autres seg-ments, selon l’avionneur de Tou-louse. L’ouverture du capital étaitégalement censée « faciliter la né-gociation de nouvelles alliances in-ternationales et ouvrir la voie, sur lelong terme, à des prises de partici-pations extérieures », selon lecommuniqué du 13 janvier. Airbusdevra donc encore trouver auprèsde ses actionnaires, de plus en plussoucieux de leur rentabilité finan-cière, les fonds nécessaires.

Christophe Jakubyszyn

VICTOIRE FRAGILE La réorganisation d’Airbus

consacre la victoire d’Aerospatiale.Elle vient d’obtenir que les bureauxd’études et les usines restent la pro-priété des différentes partenaires –le français Aerospatiale, l’allemandDasa, le britannique BAe et l’espa-gnol Casa –. Les Allemands récla-maient encore, il y a quelques se-maines, l’intégration de leurs usinesdans la nouvelle structure. Et Aero-spatiale expliquait perfidementqu’ils voulaient « laisser Airbus fairele sale boulot de restructuration ».

Paradoxe : au moment où Aero-spatiale a fait prévaloir sa vision, lecontexte politique français risque dela fragiliser dans les futures négocia-tions sur la restructuration euro-péenne de l’aéronautique. L’éloi-gnement de la perspective deprivatisation de l’avionneur inquièteses alliés, réticents à partager le capi-tal d’un future ensemble européenavec l’Etat français comme action-naire.

La fusion avec les avions militairesde Dassault semble aussi compro-mise. Serge Dassault avait fait de la

privatisation immédiate du futuravionneur une condition sine quanon de ce regroupement. Pour Ae-rospatiale, celui-ci devait lui per-mettre de disposer d’une paletted’activités semblable à celle de sespartenaires européens et de négo-cier en bonne position une intégra-tion globale.

Grâce à cette perspective, Aero-spatiale avait convaincu ses alliésque la restructuration européennene pouvait se faire sans elle et dé-joué les projets de coalition germa-no-britannique au sein d’Airbus. Sesfougueux partenaires, qui fusti-geaient il y a quelques semaines lalenteur française et l’anomalie dustatut public d’Aerospatiale, sontrentrés dans le rang.

Pour combien de temps ? En avril,Dasa a déjà abandonnéson allié tra-ditionnel Aerospatiale pour se rap-procher du groupe Lagardère dansles missiles et satellites. BAe pourra-t-elle résister longtemps aux sirènesde Boeing et de Lockheed Martinqui lui proposent de s’associer aufutur avion de combat américain,un contrat global de 170 milliardsde dollars pour 3 000 appareils ?

C. J.

COMMENTAIRE

AÉRONAUTIQUE Le françaisAerospatiale, l’allemand Daimler-BenzAerospace, le britannique British Aero-space et l’espagnol Casa ont renoncé àleur projet de constitution d’une société

aéronautique européenne qui aurait in-tégré l’ensemble des bureaux d’étudeet des usines. b LA FUTURE SOCIÉTÉAirbus disposera simplement d’un« mandat de gestion sur l’ensemble des

actifs » de ses partenaires. Les indus-triels ont estimé que, face à la menaceaméricaine, un avionneur limité au sec-teur civil, n’était pas viable. b CE SCHE-MA inédit soulève de nombreuses

questions, notamment sur la réparti-tion des profits de la future société. Lesévaluations pourraient conduire à la re-mise en cause des parités de l’actuelGIE. b AEROSPATIALE, qui a rallié ses

partenaires à son schéma, est para-doxalement dans une position délicate.Sa fusion avec Dassault et sa privatisa-tion ne sont plus acquises après l’arri-vée de la gauche au pouvoir.

La future société Airbus n’aura ni usines, ni bureaux d’étudesLes partenaires du consortium européen ont renoncé à regrouper l’ensemble de leurs actifs industriels au sein de la nouvelle entité pour ne pas

compromettre des rapprochements plus globaux. Elle disposera d’un simple mandat de gestion

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E N T R E P R I S E S LE MONDE / DIMANCHE 8 - LUNDI 9 JUIN 1997 / 15

La Banque d’Angleterre célèbre sa nouvelle indépendance en relevant son taux directeur

La hausse d’un quart de point, à 6,50 %, vise à lutter contre l’inflationSans surprise pour les économistes, la Banqued’Angleterre a relevé son taux d’intérêt vendre-di 6 juin, utilisant sa toute nouvelle indépen-

dance, octroyée le mois dernier par le gouverne-ment travailliste britannique. L’unique tauxdirecteur de la Banque d’Angleterre a été aug-

menté d’un quart de point, à 6,50 %. Ce tour devis monétaire marque la détermination de labanque centrale à lutter contre l’inflation.

LONDRESde notre correspondant

dans la CityLa Banque d’Angleterre a relevé

ses taux d’intérêt vendredi 6 juin, àl’issue de la première réunion les 5et 6 juin de son comité de poli-tique monétaire dont la toute nou-velle indépendance a été octroyéele mois dernier par le gouverne-ment travailliste britannique.

Ce nouvel organisme de neufmembres fixe le niveau des tauxd’intérêt en fonction d’objectifsd’inflation toujours déterminéspar le chancelier de l’Echiquier,Gordon Brown.

La City a favorablementaccueilli cette mesurequi a l’avantaged’accroître lacrédibilité de la BoE

L’unique taux directeur de laBanque d’Angleterre a été aug-menté d’un quart de point, à6,50 %. Le gouverneur de la Banqued’Angleterre, Eddie George militaitdepuis plusieurs mois pour un telgeste, et avait jugé insuffisant ledernier resserrement monétaire,déjà d’un quart de point, opéré il ya un mois par le chancelier del’Echiquier.

Ce tour de vis monétaire marquela détermination de la banque cen-trale à endiguer les pressions infla-tionnistes alimentées par la forteconsommation. Il suscite cepen-

dant l’inquiétude des entreprisesexportatrices qui craignent un nou-veau renforcement de la livre ster-ling, déjà à des sommets.

Malgré la libéralisation de l’insti-tut d’émission annoncée le 6 maipar Gordon Brown, la Banqued’Angleterre ne ressemble guère àla plupart des autres banques cen-trales européennes, véritablementindépendantes des gouvernements.La BoE bénéficie désormais de l’in-dépendance opérationnelle, maisles objectifs en matière d’inflationrestent dictés par le ministère desfinances et confirmés dans le bud-get. Les eurosceptiques de tousbords, qui croyaient distinguer der-rière cette indépendance partielleune étape capitale sur la route del’euro, peuvent être rassurés car laréforme reste très éloignée desconditions prévues par le traité deMaastricht pour adhérer à la mon-naie unique.

La City a favorablement accueillicette mesure qui a l’avantage d’ac-croître la crédibilité de la BoE au-près des marchés en dépolitisant ladécision de maintenir ou de modi-fier le loyer de l’argent. Par ailleurs,

le gouverneur n’a plus à jouer cerôle ingrat d’avocat du diable et àutiliser des arguments extrêmespour tenter de faire plier sa tutelle,comme c’était le cas sous le cabinetconservateur de John Major.

Deux zones d’ombre toutefoisdemeurent. La première concernela composition de ce comité deneuf membres qui comprendquatre personnalités extérieures. Sila compétence des deux profes-seurs d’université, du chef desconseillers économiques du Trésorou du responsable des étudeséconomiques de la British Airwaysn’est pas en doute, leur réellemarge de manœuvre face aux fonc-tionnaires suscite bien des interro-gations. Autre sujet d’inquiétude,comme l’indique une étude du bu-reau européen du courtier améri-cain Paine Webber : « La fixation dutaux de change restant une préroga-tive du pouvoir, les désaccords avecla Banque d’Angleterre pourraientdès lors se cristalliser sur les ques-tions de change. »

A l’inverse de la réforme de laBanque d’Angleterre, l’autre voletde la réorganisation du paysage fi-

nancier britannique, à savoir le re-groupement des autorités de régu-lation des marchés sous l’égide duSecurities and Investment Board(SIB), semble en revanche plus pro-blématique. Au « super-SIB »échoit également la surveillance ducontrôle prudentiel des banques.Or cette fonction est un élémentimportant de la stabilité du sys-tème financier que la Banque d’An-gleterre place au rang de ses mis-sions. Bien des opérateurssoulignent les possibles inconvé-nients d’une réorganisation à lahussarde : l’affaiblissement de l’ef-ficacité de la BoE dans la gestiondu système de paiement, l’identifi-cation plus difficile des établisse-ments de crédit à problèmes ou lacréation d’une énorme bureaucra-tie de plusieurs milliers d’employés.

Toutes ces incertitudes ont ame-né certains régulateurs à mettre engarde les professionnels de la Citycontre la tentation de tirer profit decette phase transitoire en multi-pliant les opérations risquées. Ain-si, la victoire de la gauche enFrance, conjuguée à l’épreuve deforce entre la Bundesbank et lechancelier Kohl, a amené des cour-tiers à se lancer dans des aventuresspéculatives, grâce notamment auxproduits dérivés, en pariant surl’assouplissement des critères deconvergence de Maastricht et surl’avènement à la date prévue d’uneuro « soft ». Aussi, le décourage-ment du personnel chargé actuelle-ment de la supervision au sein de laBanque d’Angleterre, incertainquant à son sort, pourrait encoura-ger les traders à commettre desfraudes pour tirer bénéfice de l’ac-tuelle volatilité des marchés.

Marc Roche

Source : Bloomberg9694929088868482801978

Un taux directeur à 6,50 %

TAUX DIRECTEUR DE LA BANQUE D'ANGLETERRE

6,50 % le 6 juin 97

1816141210

864

L'institut d'émission craint une remontée des tensions inflationnistes

17 % le 30 juin 80

5 % le 31 oct. 77

La Lyonnaise des eauxse renforce en Asie LE GROUPE français, associé à l’indonésien Salim, a remporté lecontrat de gestion d’eau de la zone ouest de Djakarta, qui compte5 millions d’habitants. D’une durée de vingt-cinq ans, il repré-sentera à terme un chiffre d’affaires de 200 millions de dollars par an(1,16 milliard de francs).Depuis le début de l’année, la Lyonnaise des eaux a remporté septgrands contrats internationaux, représentant un chiffre d’affaires totalannuel de 4 milliards de dollars. La partie est de Djakarta (4,5 millionsd’habitants) a été confiée aux britanniques de Thames Water, égale-ment adossés à des partenaires indonésiens.

DÉPÊCHESa SAT : les 280 salariés de l’activité chantiers du fabricant d’équipe-ments de télécommunications, filiale de la Sagem (4 500 employés),sont en grève depuis le 4 juin et occupent les quatre centres de tra-vaux (Paris, Massy, Lyon et Toulouse) pour protester contre la déci-sion de la direction d’« externaliser l’activité chantiers, sans aucune ga-rantie pour les salariés », ont indiqué vendredi 6 juin les syndicatsCFDT et FO.a EXCEL : la compagnie texane de téléphone longue distance ra-chète son homologue de Virginie, Telco, leur fusion devant donnernaissance, d’ici à fin 1997, à une société de 2 milliards de dollars dechiffre d’affaires et 6,3 millions d’abonnés.a NORTHERN TELECOM : le groupe canadien de télécommunica-tions a annoncé un investissement de 250 millions de dollars cana-diens (près de 1 milliard de francs) au cours des quatre prochaines an-nées dans la région d’Ottawa (Ontario). Cet investissement permettrala création de 5 000 emplois.a AIR FRANCE : le Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL),majoritaire chez les pilotes d’Air France, a appelé vendredi 6 juin sestroupes à arrêter leur grève du zèle afin d’« établir un premier contactdans un climat de sérénité et de confiance avec notre nouvelle autorité detutelle ». Le SNPL voulait protester contre l’instauration d’une doubleéchelle des salaires, permettant d’embaucher les jeunes pilotes avecdes rémunérations inférieures à celles pratiquées actuellement.a MARIE BRIZARD : le groupe de spiritueux a vendu sa filialebourguignonne SLJFB Védrenne (crème de cassis) à la société Re-naud-Cointreau. Cette cession s’inscrit dans la stratégie de recentragede Marie Brizard autour des activités « bénéficiant de réelles synergiesou complémentarités », explique le groupe.a AXA : le groupe d’assurances a franchi en baisse vendredi23 mai 1997 le seuil de 10 % des droits de vote de la BNP, à la suite dela cession de blocs, a indiqué le Conseil des marchés financiers (CMF).a LUKOIL : le premier groupe pétrolier russe espère retirer 2 mil-liards de dollars de la vente de 15 % de son capital, qui est prévue en1998. Lukoil est actuellement en négociations avec Moscou : le groupe,qui produit déjà 58,5 millions de tonnes de pétrole, voudrait investirpour accroître sa production.a AVIS : HFS, le groupe américain diversifié de services, va intro-duire 75 % du capital de la société de location de voitures Avis enBourse ; il en conservera 25 %. Ces 75 % du capital d’Avis, le deuxièmeloueur de voitures au monde, représentent environ 225 millions dedollars (1,3 milliard de francs).a MITSUBISHI : Mitsubishi Heavy Industries, le premier groupejaponais de mécanique lourde, sera frappé de sanctions, pour sespratiques commerciales déloyales aux Etats-Unis, a annoncé un res-ponsable du département américain du commerce. Les sanctions, sousforme de droits de douane, seront fixées avant le 16 juin.

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P L A C E M E N T SLE MONDE / DIMANCHE 8 - LUNDI 9 JUIN 1997

ÉPARGNE Les épargnants fran-çais ont fait, depuis plusieurs années,de l’assurance-vie leur placement fi-nancier préféré et de loin. L’offre n’ajamais été aussi abondante, et les

formules se multiplient. Elles cachentparfois des pièges et des inconvé-nients. b PREMIÈRE PRÉCAUTION,l’intermédiaire auquel l’épargnant varemettre ses fonds doit avoir une ga-

rantie en responsabilité civile profes-sionnelle et une caution financière.b LES BONS CONTRATS se re-connaissent souvent à la possibilitéqu’ils offrent d’obtenir des avances à

un coût modique. b LES VERSE-MENTS PÉRIODIQUES peuvent êtretrès dangereux, surtout quand ilsobligent leur souscripteur, souspeine de pénalités, à poursuivre des

versements par trimestre... pendantvingt ans ! b ENFIN, LES AVANTAGESFISCAUX en matière d’imposition desplus-values et de successions pour-raient un jour être remis en cause.

La Retraite mutualiste du combattantoffre une rente exceptionnelle

DERRIÈRE les motivations ci-viques de la Retraite mutualiste ducombattant se cache un petit outilde défiscalisation très efficace. Ce-lui-ci ouvre aux titulaires d’unecarte d’ancien combattant l’accèsà un fonds de pension bénéficiantd’avantages fiscaux que la loi surl’épargne retraite n’aurait jamaisosé prévoir. Outre une majorationde la rente par l’Etat – une répara-tion accordée aux anciens combat-tants, y compris ceux de la guerredu Golfe et de l’ex-Yougoslavie –,les cotisations sont déductibles durevenu imposable, dans la limite

d’une rente de 7 000 francs par an. La sortie se fait obligatoirement

en rente viagère, elle aussi non im-posable dans cette limite de7 000 francs. Et en cas de décès, lecapital peut être transmis horsdroits de succession. Un régimedigne d’un paradis fiscal !

Pour en bénéficier, certains an-ciens combattants, qui n’avaientjamais cotisé jusqu’à présent,commencent à le faire, mêmeaprès 55 ans. Leur capital est blo-qué pendant au moins quatre ans,mais ils touchent ensuite une rentenette d’impôt. La Carac, caisse au-tonome nationale de l’union desmutuelles de retraite des ancienscombattants et victimes de guerre,qui gère l’épargne de240 000 adhérents, donne unexemple qui maximise l’avantagefiscal. Un ancien combattantd’Afrique du Nord âgé de 55 ansadhère à la retraite mutualiste ducombattant en 1997 avec un verse-ment annuel de 10 669,79 francs(frais inclus) pendant dix ans. A65 ans, il touchera une rente an-nuelle de 4 950 francs, majorée de2 050 francs par l’Etat, soit7 000 francs, à laquelle s’ajoutentles excédents financiers dégagéspar les gestionnaires de la Carac.La retraite totale peut donc dépas-ser 8 000 francs. Et, pendant qu’ilcotise, cet adhérent, imposé à35 %, profite d’une réduction d’im-pôt de 3 734 francs par an. S’il pré-fère cotiser cinq ans seulement, enfaisant un versement unique im-portant la première année, il peutverser 114 636 francs, déductiblesde son revenu imposable (soit uneéconomie de plus de28 000 francs), puis 520 francs paran.

Sophie Fay

Prendre en compte les caprices de la loiEN MATIÈRE d’assurance-vie,

tout épargnant doit savoir, lorsqu’ils’engage, qu’un gouvernement peutmodifier la loi, en supprimant desavantages fiscaux à l’entrée (cela adéjà été fait), en allongeant la duréede conservation (de 8 à 10 ans ?) enajoutant des prélèvements variés(CSG, CRDS), voire en plafonnantl’exonération totale des droits desuccession pour les contrats à venirou même déjà conclus.

L’administration fiscale peut,quant à elle, requalifier un contratlorsqu’une personne âgée cède tousses biens pour mettre les sommesreçues sur un contrat d’assurance-vie. Elle s’appuiera alors sur la no-

tion de versement manifestementexcessif pour réintégrer les sommesdans la succession, ce qui peut aussisurvenir sur plainte d’un héritierpour atteinte à la quotité dispo-nible. Il arrive en effet que des pèrespeu scrupuleux déshéritent par cebiais leur épouse et leurs enfants auprofit d’une tierce personne. Dèslors que cette personne aura accep-té d’être la bénéficiaire du contratauprès de la compagnie, il n’y auraplus aucun recours du souscripteurpour le modifier sans l’accord dubénéficiaire... peu probable.

A l’inverse, si une personne âgéesouscrit un contrat vie au profitd’un neveu sans l’avertir et sans le

déclarer par écrit au notaire, il sepeut qu’il n’en sache jamais rien,même après le décès de son oncle,et que les sommes restent en dés-hérence. Précisons que ce type decontrat peut tout aussi bien favori-ser un enfant handicapé ou payerdes droits de succession, ce qui per-mettra à certains héritiers deconserver l’entreprise familiale endésintéressant les autres.

Enfin, la jurisprudence peut éga-lement modifier l’application d’uncontrat vie, en déclarant que s’il aété payé avec les revenus communsd’un ménage, son bénéfice appar-tient aux deux conjoints, mêmeaprès un divorce.

Bien remplir sa déclaration d’ISFC’est au plus tard le 15 juin que les

contribuables dont la valeur nette dupatrimoine excédait 4,7 millions de francs au1er janvier 1997 devront remettre leurdéclaration à la recette des impôts et régler

leur ISF. Sauf raresexceptions, les couplesmariés, de même que lespersonnes vivant enconcubinage notoire, sontsoumis à impositioncommune. La plupart desbiens dont le contribuableou son conjoint sont

propriétaires sont taxables : résidencesprincipale et secondaire, meubles, valeursmobilières, contrats d’assurance-vie ayant unevaleur de rachat, bons du Trésor et bonsd’épargne, PEP, PEL, PEA, valeur decapitalisation des rentes viagères non versées...

Sous certaines conditions, les biensprofessionnels – exploitation individuelle, partsou actions de société, biens ruraux – sont enrevanche exonérés. Exonération aussi des actifssuivants : objets d’antiquité, d’art ou decollection, bois et forêts et parts degroupements forestiers (exonération portantsur les trois quarts de leur valeur sous certainesconditions), biens ruraux loués par bail à longterme et parts de groupements fonciersagricoles (exonération totale ou partielle),droits de propriété littéraire et artistique, droitsde la propriété industrielle... Les biensimposables doivent être évalués à leur valeurvénale au 1er janvier de l’année d’imposition. Lecontribuable qui occupe la résidence principaledont il est propriétaire est autorisé à pratiquerun abattement qui ne peut excéder 20 % de lavaleur de ce bien libre. Par ailleurs, les dettes,emprunts, impôts non réglés à condition que

leur fait générateur se situe au plus tard le1er janvier 1997, les découverts bancaires... sontdéductibles de l’actif taxable. Une foisdéterminée la valeur nette du patrimoine, lebarème de l’ISF est appliqué pour déterminerl’impôt. Le contribuable pourra alors bénéficierd’une réduction de 1 000 francs par personne àcharge (enfant de moins de 18 ans ou infirmeou personne titulaire de la carte d’invalidité).D’autre part, un plafonnement de l’ISF estprévu. En effet, le total de cet impôt sur lerevenu ne peut dépasser 85 % des revenus netsimposables de l’année précédente. Faute dequoi, l’excédent viendrait en diminution del’ISF à payer. L’avantage pouvant résulter de ceplafonnement a été limité pour lescontribuables dont le patrimoine excède15,16 millions en 1997.

Laurent Edelmann

Un contrat d’assurance-vie peut réserver des surprises désagréablesLe placement financier préféré des Français offre des avantages fiscaux enviables et une variété toujours plus grande de formules.

La complexité croissante des produits n’est pas forcément à l’avantage du souscripteur et recèle parfois des pièges qu’il faut savoir détecterSI L’ASSURANCE-VIE draine

aujourd’hui plus de 60 % del’épargne financière des ménages,c’est parce qu’il s’agit d’un disposi-tif souple et varié très avantageuxfiscalement, permettant de se pro-téger – ou de protéger la personnede son choix – contre les risques fi-nanciers susceptibles de naître del’allongement de la durée de la vieou d’un décès. A la distinction tra-ditionnelle entre assurance-vie etassurance-décès s’ajoutent denombreuses formules dépendantlargement de l’âge du souscripteur,de sa situation sociale et de sa si-tuation familiale et patrimoniale. Ilfaut savoir, enfin, si l’épargnant estprêt à payer le « prix du risque »pour essayer d’obtenir un meilleurretour sur investissement.

Il faut aussi faire preuve de pru-dence dans le domaine des perfor-mances et se méfier de l’argumentde certains conseillers, selon le-quel, sur une durée de cinquanteans, les actions rapportent plusque les obligations. Dès lors que laplupart des gens commencent às’intéresser à ces placements à par-tir de l’âge de quarante ans etsouvent bien plus tard, c’est-à-direaprès s’être « remis » de l’achat deleur résidence principale, l’argu-ment concerne au mieux leurs hé-ritiers, et encore... Doivent égale-ment être lues avec circonspectionles simulations montrant que10 000 francs placés avec un rende-ment net de 10 % sur sept ans per-mettent de doubler son capital...en occultant le fait que ces 10 %comprennent des participationsaux bénéfices non contractuelles,donc fluctuantes. Mais les contratsprésentent aussi d’autres pièges.

b La prime uniqueLa souscription d’un contrat à

prime unique intervient le plus fré-quemment au moment de la sur-venance d’un héritage – souventvers l’âge de cinquante ou cin-quante-cinq ans. Il est prudent deprendre en compte certains para-

mètres « apparemment » se-condaires, tels que le poids desfrais d’entrée et des frais de ges-tion, les rendements nets que l’as-sureur donne sur ce type decontrat depuis cinq ans et le faitqu’il faut légalement laisser cetargent pendant huit ans au moinspour bénéficier d’une exonérationfiscale quasi totale – hors rem-boursement de la dette sociale(RDS) et de la contribution socialegénéralisée (CSG). Les bonscontrats se reconnaissent à cequ’ils permettent d’obtenir desavances à un coût modique. Trèsimportant : l’intermédiaire auquell’épargnant va remettre ses fondsdoit avoir une garantie en respon-sabilité civile professionnelle etune caution financière, obliga-toires mais rarement contrôlées.Celles-ci doivent d’ailleurs figurersur le papier à en-tête des cabi-nets.

Même si les situations litigieusessont exceptionnelles, mieux vautlibeller le chèque à l’organismed’assurance et lui adresser undouble du contrat signé et remisau professionnel « utilisé » : agent,courtier, salarié de compagnie oude mutuelle, notaire, gestionnairede patrimoine...

b Les versements périodiquesLes versements périodiques sont

souvent recommandés par lesconseils, qui y voient un moyend’inciter leurs clients à épargner.Mais certains contrats – souventvendus par des « tireurs de son-nettes » – sont dangereux. Ilsobligent le souscripteur à verser1 000, 2 000 ou 3 000 francs par tri-mestre... pendant vingt ans ! Encas d’interruption, les pénalitéssont très lourdes et tous les fraissont précomptés dès le premierjour. Dans ce cas, 4 % de frais paran sur la base de vingt ans nelaissent à l’épargnant que 20 % del’investissement initial à la fin de lapremière année... une somme quipeut encore être réduite si une

partie de l’épargne a été affectée àune garantie prévoyance (accident,invalidité, décès). En cas de retraitanticipé au bout de quelques an-nées, l’épargnant peut constaterqu’il a perdu une bonne partie deson épargne.

b Les versements libresIl y a vingt et un ans, Gérard

Athias (président de l’AFER) lan-çait un contrat associatif en francsrévolutionnaire, comportant desfrais modérés et autorisant lesépargnants à placer leur argent li-

brement, en quantité et en fré-quence, à effectuer des retraits ouà demander des avances. En outre,pour l’attribution des participa-tions aux bénéfices, l’actif était sé-paré de celui de tout autre orga-nisme, ce qui permettait d’en« apprécier » les évolutions plusnettement.

Depuis, de nombreux contratsvoisins ont vu le jour – Gaipare,Agipi, ADIF... –, y compris chezcertaines compagnies ou mu-tuelles. Mais, s’ils ont donné detrès bons rendements à ce jour –de 5 % à 6 % de plus que l’inflationen moyenne annuelle –, ilssouffrent aujourd’hui d’un handi-cap structurel, provoquant leurlente érosion. Leurs fonds sontpresque totalement investis enobligations, dont les rendementsbaissent au fur et à mesure que lesanciennes (excellentes, à 9 % ou10 %) arrivent à échéance et sontremplacées par du papier moinsrémunérateur, à 6 %. Voilà pour-quoi ces associations commencentà proposer des sicav, tandis que lesassureurs lancent des contratsmultisupports.

b Les multisupportsComme leur nom l’indique, les

multisupports sont des contratsadossés à des valeurs mobi-lières – actions françaises, diversi-fiées, voire exotiques, qui peuventréaliser des performances de trèsforte amplitude, à la haussecomme à la baisse. Sauf en cas declause spécifique, ils necomportent ni plancher de valeurni cliquet permettant à l’investis-seur de récupérer au moins samise, si ce n’est parfois sur lesparts de fonds en francs qu’ellescontiennent. Si un assuré qui asouscrit un contrat décès multi-supports en versant 500 000 francsmeurt alors que la valeur en francsa baissé de moitié, ses ayants droit(veuve, enfants...) ne toucheront –en franchise d’impôts – que250 000 francs, sauf si une contre-assurance, ou garantie plancher, aété prévue. Tout épargnant peuteffectuer des arbitrages mensuel-lement, trimestriellement ou à vo-lonté (selon les contrats), mais illui en coûtera généralement de0,75 % à 1 % de frais à chaque opé-ration. Voilà pourquoi il vautmieux confier la gestion à l’orga-nisme choisi, tout en tranchantclairement entre un profil prudent,équilibré ou dynamique, c’est-à-dire comportant une part d’actionsde plus en plus grande au regarddes obligations ou des francs.

Il n’y a jamais eu en France, pourle public, le moindre problème lié àl’insolvabilité d’un assureur-vie,grâce aux efforts de la commissionde contrôle des assureurs et à la so-lidarité de place. Mais, en toute hy-pothèse, nul ne devrait jamais sous-crire un contrat incompréhensibleou qui annonce des performancesincroyables... Tant il est vrai que,sur le long terme – de dix à quinzeans –, les formules simples et sûresne sont pas nécessairement lesmoins rémunératrices.

Didier Verneuil

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LE MONDE / DIMANCHE 8 - LUNDI 9 JUIN 1997 / 17

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Des journalistes, des universitaires, des écrivains etdes scientifiques enquêtent et s’expriment pourmieux nourrir la réflexion de ceux qui, quotidienne-ment, transmettent des savoirs, permettent l’accès

aux œuvres et forment les citoyens d’aujourd’hui etde demain. Chaque mois, Le Monde de l’éduca-tion a rendez-vous avec celui de la culture et dela formation.

Rencontre-débat Le Monde de l’éducation - la FNAC, le mercredi 18 juin à 17 h 30 à la FNAC Saint-Lazare (passage du Havre, 109, rue Saint-Lazare) sur le thème : « La parole politique »

Bulletin à retourner à : Le Monde de l’éducation. Service abonnements, 24, avenue du Général-Leclerc, 60646 Chantilly CedexOffre valable jusqu’au 31 décembre 1997 et réservée à la France métropolitaine. Pour l’étranger et les DOM-TOM, nous consulter au (33) 01-42-17-32-90 de 8 h 30 à 17 heures

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Avec la participation de Julia Kristeva, Philippe Breton, Patrick Champagne, Roger-Pol Droit, Marc Fumaroli, Jean-Michel Gaillard, Hervé Hamon, Albert Jacquard, Alain Rey, Paul Ricœur, Michel Serres...

a Le renouveau du conte

a Le printemps des militants

a Profession orthophonisteAL

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PAROLEPAROLEPAROLEPAROLEMENSUEL NO 249 JUIN 1997

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P L A C E M E N T S E T M A R C H É S18 / LE MONDE / DIMANCHE 8 - LUNDI 9 JUIN 1997

REVUEDES ACTIONS

ENERGIE06-06-97 Diff.

Coflexip 342,60 + 4,80Elf Aquitaine 651 + 12,82Esso 548 + 5,38Total 564 + 6,81Elyo 321,50 + 1,41

PRODUITS DE BASE06-06-97 Diff.

Air Liquide 941 + 6,32Eramet 290 + 0,34Gascogne (B) 498,80 + 2,12Metaleurop 71 + 8,89Pechiney 202,30 + 2,69Rhone Poulenc A 201,10 + 7,54Rochette (La) 25,30 + 3,26Usinor Sacilor 96,10 + 10,96Vallourec 347,80 + 5,39CFF.(Ferrailles) 377 – 3,08Oxyg.Ext-Orient 5180 – 3,17

CONSTRUCTION06-06-97 Diff.

Bouygues 519 + 3,84Ciments Fr.Priv.B 207,50 + 4,79Colas 810 + 1,12Eiffage 310 + 1,30GTM-Entrepose 309 + 3,03Imetal 805 + 5,92Lafarge 390 + 5,69Lapeyre 360 + 7,78Saint-Gobain 828 + 3,88SGE 126 + 3,70Vicat 508 – 1,16

BIENS D’EQUIPEMENT06-06-97 Diff.

Alcatel Alsthom 642 + 2,72Carbone Lorraine 1280 – 4,47CS Signaux(CSEE) 221,30 – 8,47Dassault-Aviation 1071 – 1,29Dassault Electro 527 – 7,38De Dietrich 250 + 1,62Fives-Lille 440 + 4,24Intertechnique 1261 – 2,24Legrand 1045 + 12,48Legris indust. 280,80 + 12,32Sagem SA 2900 ....Sat 1550 ....Schneider SA 306,50 + 10,53SFIM 912 – 1,93Sidel 438 + 8,14Thomson-CSF 162,80 – 1,03Zodiac ex.dt divid 1521 + 9,34Machines Bull# 47,90 + 8,86CNIM CA# 231,60 + 7,72Faiveley # 260 + 1,96Gebo Industries # 970 – 0,71GFI Industries # 860 + 5,52HIT Ly # 412 + 1,22Manitou # 807 + 1,50Mecatherm 1535 + 7,71NSC Schlum. Ny 760 ....Radiall # 675 – 0,58Sediver 134 + 2,29

AUTOMOBILE06-06-97 Diff.

Bertrand Faure 290,90 + 8,54Labinal 1330 + 5,97Michelin 334 + 5,93Peugeot 569 – 0,35Plastic-Omn.(Ly) 509 + 5,38Renault 136,90 + 10,58Sommer-Allibert 202,50 + 10,05Valeo 359 + 4,75Ecia 930 + 6,16Sylea 530 + 4,95

AUTRES BIENS DE CONSOMMATION06-06-97 Diff.

BIC 905 + 6,47Chargeurs 325 + 5,51Clarins 737 + 6,81Deveaux(Ly)# 839 + 6,87DMC (Dollfus Mi) 119 ....Essilor Intl 1595 + 8,94Filipacchi Medias 1330 + 6,74L’Oreal 2243 + 7,06Moulinex 140 + 3,78Salomon (Ly) 444,90 + 6,69Sanofi 558 + 11,37S.E.B. 1077 + 9,22Skis Rossignol 129,50 + 1,96Strafor Facom 394 – 1Synthelabo 713 + 5,62Arkopharma# 329 – 1,20Boiron (Ly) # 662 – 1,92

Devanlay 550 – 6,46Gautier France # 259 – 4,42Guerbet 234,10 – 2,45Hermes internat.1# 570 + 8,98Info Realite # 229,40 + 0,61Pochet 750 – 5,66Reynolds 360 + 2,56Robertet # 1275 + 4,50Smoby (Ly)# 620 – 1,58Virbac 560 + 2

INDUSTRIE AGROALIMENTAIRE06-06-97 Diff.

Bongrain 2200 – 0,63Danone 936 + 7,71Eridania Beghin 871 + 7,79Fromageries Bel 4390 – 0,22LVMH Moet Hen. 1479 + 5,79Pernod-Ricard 302,30 + 9,72Remy Cointreau 144 + 2,85Saint-Louis 1343 + 0,90SEITA 199 + 1,32Brioche Pasq.(Ns) 655 + 2,82L.D.C. 1065 + 7,79

DISTRIBUTION06-06-97 Diff.

Bazar Hot. Ville 597 + 1,18Carrefour 3980 + 5,01Casino Guichard 287,70 + 10,61Castorama Dub.(Li) 840 + 5,66Comptoirs Mod. 2900 + 10,60

Damart 4560 + 2,74Galeries Lafayette 2250 + 7,14Groupe Andre S.A. 513 + 4,26Guilbert 940 + 9,68Guyenne Gascogne 1880 + 6,21Pinault-Print.Red. 2630 + 8,67Primagaz 570 + 6,34Promodes 2174 + 11,20Rexel 1707 + 10,84Monoprix 249 + 2,04But S.A. 308,40 – 1,46Grandoptic.Photo # 854 – 1,04IMS(Int.MetalSer)# 875 – 0,56Manutan 435,70 + 7,84Rallye(Cathiard)Ly 237 + 7,72Rubis et Cie # 155 + 2,64

AUTRES SERVICES06-06-97 Diff.

Accor 879 + 9,87Axime 676 + 2,73BIS 490 ....Canal + 1042 + 6,54Cap Gemini 341 + 11,80Cipe France Ly # 740 + 2,06Club Mediterranee 439 + 7,99Dassault Systemes 380 + 2,98Degremont 440 + 4,63Eaux (Gle des) 732 + 3,09Euro Disney 9,05 ....Europe 1 1198 + 3,27Eurotunnel 6,10 – 4,68Gaumont # 438,90 + 2,54

Havas 409 + 5,14Havas Advertising 660 + 7,84Infogrames Enter. 790 + 2,59Lyonnaise Eaux 548 – 3,35NRJ # 850 + 0,59Pathe 1354 + 1,80Publicis # 567 + 8,41S.I.T.A 1131 + 5,79Sodexho Alliance 2900 + 8,20Spir Communication 455 – 2,15Technip 592 – 0,16G.T.I (Transport) .... ....Louvre # 220,90 + 8,81Sligos 850 + 4,29Altran Techno. # 1842 – 0,43Assystem # 347,20 – 11,42Fraikin 2# 375 + 8,69Groupe Partouche # 399 – 11,33M6-Metropole TV 555 ....Norbert Dentres.# 800 – 1,96Sogeparc (Fin) 789 + 1,15TF1-1 550 – 0,36

IMMOBILIER06-06-97 Diff.

Bail Investis. 791 – 2,34Finextel 111,40 + 1,27G.F.C. 546 + 0,73Immeubl.France 368 + 1,65Klepierre 830 + 2,46Rue Imperiale(Ly) 5400 – 7,69Sefimeg CA 401 – 2,19Silic CA 870 + 1,51

Simco 488 – 2,40UIF 425 – 3,18Unibail 579 + 3,20Fonciere (Cie) 580 + 5,45Fonciere Euris 258 + 0,78Fonc. Lyonnaise # 734 + 0,68Foncina # 485,20 + 0,02Imm.Plaine Monc. 226 – 5Im.Marseillaise 7800 – 1,88Frankoparis # 84,55 + 3,10Immob.Batibail Ny# 240 – 0,41Immob.Hotel. # 47 + 13,66

SERVICES FINANCIERS06-06-97 Diff.

AGF-Ass.Gen.France 172 – 1,99Axa 345,50 ....Bancaire (Cie) 687 + 7,51B.N.P. 228 – 3,75C.C.F. 242 – 0,86Cetelem 680 + 10,21CPR 431,90 – 2,96Cred.Fon.France 66,30 + 1,84Credit Lyonnais CI 227 + 5,09Credit National 314 + 2,51Dexia France 565 + 4,82GAN 119 – 7,96Interbail 229 – 1,07Locindus 853 + 0,35Paribas 365,70 – 1,61SCOR 232 – 0,42Selectibanque 70 + 0,86Societe Generale 624 – 2,65Sophia 223 + 0,90Suez 286 – 2,85UFB Locabail 521 – 3,51UIS 203 + 2,11Union Assur.Fdal 636 – 9,14Via Banque 174,50 + 3,31Worms & Cie 345 ....France S.A 1176 + 0,85Immobanque 647 – 2,56SAFR # .... ....Cardif SA 610 – 9,09C.A. Paris IDF 777 + 0,38Factorem 670 – 0,74Fructivie 615 ....I.C.C. 136,80 + 7,71Union Fin.France 668 – 2,90

SOCIETES D’INVESTISSEMENT06-06-97 Diff.

Bollore Techno. 727 – 0,41Cerus Europ.Reun 30,85 – 2,06CGIP 1680 + 2,50Christian Dior 930 + 2,76Dynaction 146 + 1,81Eurafrance 2380 + 0,29Fimalac SA 504 – 5,79Gaz et Eaux 2495 + 0,60Lagardere 172,50 + 1,59Lebon 212 + 0,95Marine Wendel 609 + 4,45Nord-Est 128,20 – 0,62Salvepar (Ny) 416 + 2,46Acmer .... ....Albatros Invest .... ....Burelle (Ly) 260,10 + 0,03Carbonique 10310 + 0,78Centenaire Blanzy 460 ....F.F.P. (Ny) 230 + 1,32Finaxa 294 – 2Francarep 292 + 0,34Invest.(Ste Cle.) 740 + 2,77Sabeton (Ly) 871 + 8,19Finatis(ex.LocaIn) 166,90 – 2,90Montaignes P.Gest. 2710 + 1,87Siparex (Ly) # 123 – 0,80

LES PERFORMANCESDES SICAV DIVERSIFIEES(Les premieres et les dernieres de chaque categorie) le 30 mai

L I B E L L EOrganisme

RangPerf. %

RangPerf. % Valeur

promoteur 1 an 5 ans liquid.

DIVERSIFIEES FRANCEPerformance moyenne sur 1 an : 11,07 %, sur 5 ans : 38,50 %EMERGENCE POSTE SOGEPOST 1 23,29 .... .... 133,13NATIO EPARGNE RETRAITE BNP 2 17,10 1 65,28 154,73INTERSELECTION FRANCE SG 3 16,93 6 46,17 661,55OBJECTIF PATRIMOINE LAZARD 4 14,87 2 56,46 978,68OUEST VALEURS (C) CIO 5 14,54 8 40,52 1822,69OUEST VALEURS (D) CIO 6 14,54 9 40,18 1567,99VALEURS DE FRANCE BRED 7 14,53 .... .... 504,22STATE STREET ALLOCATION EURO STATE ST 8 14,45 .... .... 1275,77NORWICH SELECTION NORWICH 9 14,36 15 35,52 152,17PERVALOR SG 10 13,59 10 40,10 714,27BSD AVENIR BSD 11 12,08 18 30,56 125,22ALLIAGE (D) BGP 12 11,76 .... .... 1132,41ALLIAGE (C) BGP 13 11,76 .... .... 1219,31CM OPTION EQUILIBRE (C) CDT MUTU 14 11,61 19 30,38 250,68CM OPTION EQUILIBRE (D) CDT MUTU 15 11,57 20 30,32 228,27

CM OPTION EQUILIBRE (D) CDT MUTU 15 11,57 20 30,32 228,27AVENIR ALIZES (C) CDT MUTU 16 10,99 16 32,06 2231,70AVENIR EPARGNE CM ASSUV 17 10,99 3 54,66 17690,57AVENIR ALIZES (D) CDT MUTU 18 10,98 17 32,05 2028,52FEDERAL CROISSANCE (C) FEDFIN 19 10,67 4 50,13 193,32FEDERAL CROISSANCE (D) FEDFIN 20 10,67 5 50,11 174,93INOGESTION (D) ECOFI FI 21 9,17 11 38,81 16913,29INOGESTION (C) ECOFI FI 22 9,17 12 38,81 17464,42SEVEA CNCA 23 8,80 .... .... 112,46MIDLAND OPTIONS PLUS MIDLAND 24 8,52 21 12,42 49606,61TRESOR AVENIR CDC TRES 25 6,51 7 42,19 113,75ACTI 2 (C) BBL FRAN 26 5,67 13 35,80 16656,99ACTI 2 (D) BBL FRAN 27 5,67 14 35,78 14330,68PARIBAS TRESORERIE 2 PLUS B PARIBA 28 1,48 .... .... 113244,91STARDEX FRANCE CAPSTARD 29 – 5,24 22 8,69 11312,21

DIVERSIFIEES INTERNATIONALESPerformance moyenne sur 1 an : 15,28 %, sur 5 ans : 49,81 %CHINA EUROPE FUND IFDC LTD 1 70,66 .... .... 3024,83ATLAS MAROC ATLAS 2 52,32 .... .... 16377,72SOGINTER SG 3 31,56 3 79,12 2333,93SOGEVAR SG 4 29,66 18 64,53 1610,87PARAMERIQUE B PARIBA 5 29,61 8 71,04 1295,17PROVENCE EUROPE HOTTINGU 6 29,10 .... .... 1444,25PAREUROPE B PARIBA 7 28,64 4 77,47 1781,80CAPITAL-FRANCE EUROPE PALUEL 8 27,39 34 49,54 1958,07FINARVAL COURCOUX 9 25,85 42 46,01 2429,55HORIZON ECUREUIL 10 25,60 11 69,37 2099,49C.I.P.E.C. CIPEC 11 25,25 6 74,03 1526,92PLACEMENT NORD (C) SMC 12 24,76 25 59,45 1552,94PLACEMENT NORD (D) SMC 13 24,75 26 59,45 1548,75LE LIVRET PORTEFEUILLE CDC 14 23,39 16 65,17 1029,16LOTUS ATLAS 15 22,85 56 31,70 13064,88ATHENA VALEURS ATHENA B 16 22,21 29 54,92 283,02NATIO EPARGNE VALEUR BNP 17 21,49 7 72,56 646,17EAGLE INVESTISSEMENT EAGLE ST 18 20,82 10 69,52 212,13EPARGNE UNIE CNCA 19 19,41 12 68,91 195,88GESTION INDOSUEZ (C) INDOSUEZ 20 19,08 22 61,78 1337,16GESTION INDOSUEZ (D) INDOSUEZ 21 19 23 61,42 1043,82SAINT-HONORE VIE & SANTE CF ROTHS 22 18,99 2 84,73 1787,16CONSERVATEUR SAINT-HONORE CF ROTHS 23 18,90 15 66,43 1459,36SLIVAM CL 24 18,52 24 59,61 544,97BIOSPHERE CYRIL FI 25 18,19 20 63,76 1879,17GESTION MOBILIERE NSM 26 18,01 35 49,08 670,51VICTOIRE VALEURS VICTOIRE 27 17,92 9 69,95 271,61ELAN CLUB ROTHSCHI 28 17,86 54 33,75 72963,66NATWEST CROISSANCE (C) NATWEST 29 17,54 52 35,53 129,04NATWEST CROISSANCE (D) NATWEST 30 17,52 53 35,48 120,97CICAMONDE CIC PARI 31 17,46 39 47,83 1481,54SAINT-HONORE INVESTISSEMENTS CF ROTHS 32 17,34 14 66,73 1267,20ELAN CONCERTO ROTHSCHI 33 16,83 62 26,40 57816,27

PREPARVAL BRED 59 11,54 33 51,96 1189,96SAINT-HONORE INDICES CLIQUET CF ROTHS 60 10,57 41 46,58 321,59TECHNO-GAN GAN 61 9,99 17 64,77 8783ACTI-RENDEMENT (C) BBL FRAN 62 9,45 .... .... 1094,45ACTI-RENDEMENT (D) BBL FRAN 62 9,45 .... .... 1094,45LEUMI LONG TERME (D) CDT MUTU 64 9,09 46 39,33 8349,79LEUMI LONG TERME (C) CDT MUTU 65 9,08 47 39,33 9073,92GESTION ASSOCIATIONS B PARIBA 66 8,63 40 47,23 250,57

PARIBAS OPPORTUNITES B PARIBA 67 8,21 48 37,22 174,16PARIBAS CROISSANCE (D) B PARIBA 68 8,16 43 44,32 799,55PARIBAS CROISSANCE (C) B PARIBA 69 8,16 44 44,32 801,89FRANCE JAPAQUANT SICAV B PARIBA 70 7,97 61 27,49 536,12VENDOME PATRIMOINE SICAV CHEUVREU 71 7,64 5 76,16 197,50EGEVAL (C) BRED 72 7,60 49 36,45 155,95EGEVAL (D) BRED 73 7,59 50 36,44 143,14STE FRA D’EPARGNE ET DE RETR. ABEILLE 74 7,48 .... .... 123,28ETOILE PATRIMOINE EQUILIBRE C CDT NORD 75 6,96 .... .... 117ETOILE PATRIMOINE EQUILIBRE D CDT NORD 76 6,95 .... .... 114,60ATALANTE GESTION CDC GEST 77 6,23 .... .... 1218435,21NOVACTIONS BQ EUROF 78 6,02 .... .... 1199,16ORSAY ARBITRAGE ORSAY 79 5,19 51 35,73 17722,27LAFFITTE JAPON BARCLAYS 80 2,99 67 17,27 380,22ALLIANCE VIA BANQ 81 1,59 65 25,03 12256,05INSTITUTIONS OPPORTUNITES B PARIBA 82 0,52 59 31,10 223,40OPTIGEST-BMM STRATEGIE INT (D) OPTIGEST 83 0,01 57 31,29 1589,99OPTIGEST-BMM STRATEGIE INT (C) OPTIGEST 84 0,01 58 31,29 1602,54ORSAY INVESTISSEMENT ORSAY 85 – 6,62 68 14,99 12543,71ORSAY STRATEGIES ORSAY 86 – 26,17 .... .... 9787,96

IMMOBILIERES ET FONCIERESPerformance moyenne sur 1 an : 13,40 %, sur 5 ans : 29,23 %MDM IMMOBILIER MDMASSUR 1 18,28 4 41,48 124HAUSSMANN PIERRE (D) WORMS 2 17,59 18 27,78 1045,71HAUSSMANN PIERRE (C) WORMS 3 17,59 17 27,84 1164,88PLACEMENT IMMOBILIER (C) SMC 4 17,49 23 22,59 126,55PLACEMENT IMMOBILIER (D) SMC 5 17,48 24 22,58 125,54CONSERVATEUR UNISIC CONSERVA 6 16,53 1 49,41 463,48CNP ASSUR PIERRE CNP 7 15,57 2 49,28 587,54ABF FONCIERE SELECTION ABF 8 15,22 28 12,72 3894,35FONCIER INVESTISSEMENT (D) CFF 9 14,79 26 21,35 1009FONCIER INVESTISSEMENT (C) CFF 10 14,79 27 21,35 1032,88UAP AEDIFICANDI UAP 11 14,57 19 26,92 483,18NATIO IMMOBILIER BNP 12 14,31 3 44,59 1322,17CROISSANCE IMMOBILIERE EPARGNE 13 14,10 15 28,74 590,35FRANCIC PIERRE CIC PARI 14 13,83 13 30,59 129,60GESTION IMMOBILIER INTE. (C) INDOSUEZ 15 13,63 7 36,06 759,54

GESTION IMMOBILIER INTE. (D) INDOSUEZ 17 13,50 8 35,71 516,91OBJECTIF ACTIFS REELS LAZARD 18 13,33 25 22,34 12652,12FRUCTI-ACTIONS RENDEMENT GRP BP 19 13,08 16 28,08 34,57AGF FONCIER AGF 20 12,70 20 26,63 89,36UNI-FONCIER CNCA 21 11,75 12 32,80 1331,92INDOSUEZ RENDEMENT ACTIONS (D) INDOSUEZ 22 11,16 10 33,70 650,33INDOSUEZ RENDEMENT ACTIONS (C) INDOSUEZ 23 11,15 9 33,81 855,43FONCIVAL BRED 24 10,78 6 37,61 309,57PARTNER IMMOBILIER LA MONDI 25 10,66 11 33,49 10685,74ZURICH ACTIONS PIERRE ZURICH 26 10,44 .... .... 1080,09FONCIERE LONG TERME (C) VERNES 27 10,26 22 25,34 640,01FONCIERE LONG TERME (D) VERNES 28 10,22 21 25,35 496,04AGFIMO AGF 29 9,72 14 29,01 533,68ALIZES PIERRE CDT MUTU 30 9,66 30 3,05 1095,86CAPITAL PIERRE INVESTISSEMENT PALUEL 31 7,58 29 6,92 581,26

OR ET MATIERES PREMIERESPerformance moyenne sur 1 an :– 8,37 %, sur 5 ans : 63,25 %PREMIOR CDT NORD 1 11,02 7 53,31 360,07

OBJECTIF GEO-CROISSANCE LAZARD 2 9,21 8 29,10 12028,55SELECTION GEOLOGIA CCF 3 8,84 6 65,52 141,80ENERGIA GAN 4 3,95 5 67,51 428,09ORACTION CNCA 5 – 1,82 4 84,57 1783,09ACTI MINES D’OR (D) BBL FRAN 6 – 11,77 3 86,88 1771,89ACTI MINES D’OR (C) BBL FRAN 7 – 11,78 2 86,92 2164,76ORVALOR SG 8 – 16,45 1 102,86 1342,47GROUPAMA OR GROUPAMA 9 – 30,49 .... .... 8983,37AURECIC CIC PARI 10 – 44,41 9 – 7,41 1047,20

CONVERTIBLESPerformance moyenne sur 1 an : 11,35 %, sur 5 ans : 48,92 %OBJECTIF CONVERTIBLE LAZARD 1 19,68 5 53,22 2562,48CPR CAPITAL EXPANSION (D) CPRGESTI 2 14,35 2 54,68 1202,08CPR CAPITAL EXPANSION (C) CPRGESTI 3 14,35 3 54,68 1251,12PASQUIER CONVERTIBLES (C) BIMP 4 14,12 .... .... 13286PASQUIER CONVERTIBLES (D) BIMP 5 14,09 .... .... 12792,32VICTOIRE CONVERTIBLES ABEILLE 6 13,99 .... .... 118,23FINEUROPE CONVERTIBLES COURCOUX 7 13,95 7 51,85 1773,66CONVERTIBLES MONDE (D) VERNES 8 13,12 8 50,26 14699,04CONVERTIBLES MONDE (C) VERNES 9 13,11 9 50,25 16417,26

NATWEST CONVERTIBLES (D) NATWEST 19 10,65 .... .... 1124,20SG CONVERTIBLES SG 20 10,01 .... .... 55837,47OFIMA CONVERTIBLES (C) OFIVALMO 21 9,14 11 33,55 21209,66OFIMA CONVERTIBLES (D) OFIVALMO 22 9,14 12 33,53 20259,02PYRAMIDES CONVERTIBLES (D) VERNES 23 8,26 .... .... 11613,81PYRAMIDES CONVERTIBLES (C) VERNES 24 8,25 .... .... 13057,18PROVENCE CONVERTIBLES HOTTINGU 25 7,43 .... .... 12380,68NRG-CONVERTIBLES NOMURA F 26 6,87 .... .... 10902,02YAMA C.B ASIA YAMAGEST 27 1,61 .... .... 10550,85

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(PubliciteÂ)

http://www.fininfo.fr

L’affaire du gisement Bre Xpèse sur les sicav or

DEPUIS qu’il s’est avéré que lamine de Bre X, en Indonésie, n’étaitqu’un tas de cailloux, les actions dela société ne valent plus rien, et l’af-faire plombe le cours de l’ensembledes sicav aurifères. A la lecture desrapports optimistes écrits par unekyrielle de géologues et d’analystesde sociétés de courtage, le gestion-naire d’Aurecic, un fonds du groupeCIC, a investi jusqu’à 20 % de sesfonds dans les sociétés qui gravi-taient autour de la Bre X. Sur un an,la sicav a perdu 44 %. Pourtant,cette chute n’est pas vraiment sur-prenante. « L’affaire Bre X a provo-qué une onde de choc qui a touchél’ensemble du compartiment or », ex-plique Jean-Bernard Guyon, ges-tionnaire d’Acti mine d’or, une sicavde la Banque Bruxelles Lambert àParis. En moyenne, les sicav or re-culent de plus de 8 %, et toutes lessociétés d’exploration minière, àl’exception des grands conglomé-rats qui exploitent des mines an-ciennes, vont devoir s’employer àrassurer les marchés.

« Les résultats du premier trimestredes sociétés qui exploitent des minesd’or montrent qu’il est très difficile degagner beaucoup d’argent avec unprix de l’or qui n’a jamais été aussibas depuis quatre ans », souligneJean-Bernard Guyon. « Malgré labaisse des cours de ces entreprises, jene crois pas que nous soyons à un ni-veau d’achat, car le prix de l’once

d’or devrait rester à son niveau ac-tuel encore longtemps », surenchéritVéronique Rosier, gestionnaired’Oraction, une sicav du Créditagricole. « Le niveau bas des tauxd’intérêt, la hausse du dollar, la vented’une partie des stocks d’or desbanques centrales européennes et duFMI sont autant de facteurs qui tirentvers le bas les cours de l’or, même sil’on constate une reprise de laconsommation de métal jaune dansles pays asiatiques », ajoute-t-elle.

DIVERSIFICATIONSeules les sicav qui ont la possibi-

lité de diversifier leurs investisse-ments sur des sociétés qui ex-ploitent des mines de métaux nonprécieux ou sur des valeurs pétro-lières s’en sortent bien. Premoir,une sicav du Crédit du Nord, neconsacre que 30 % de son porte-feuille aux grandes sociétés qui ex-ploitent des mines d’or. L’essentielde ses investissements portent surles sociétés liées aux métaux debase et au pétrole. Sa gestionnaire,Veronika Schachenmayr Schlick,vient d’alléger la part des valeurspétrolières « car le pétrole devraitrester à son cours actuel » pour ren-forcer ses positions sur les métauxde base « qui devraient continuer debénéficier de la reprise de la crois-sance en Europe ».

Joël Morio

La consommation et le dollar mènent le balAPRÈS LES RECORDS battus pendant la

campagne électorale et la chute brutale del’entre-deux-tours, la Bourse de Paris a pris lesobservateurs à contre-pied cette semaine en ef-fectuant une remontée impressionnante en dé-

pit de l’arrivée au pouvoird’une majorité de gauchequ’elle semblait redouter.L’indice CAC 40 a gagnépas moins de 5,24 % d’unvendredi à l’autre. Lesmêmes investisseurs, quiont continué à se séparerdes valeurs des secteurs de

la banque, de l’assurance et de l’armement enjugeant que le gouvernement socialiste va ra-lentir les restructurations en cours et geler lesprivatisations, ont acheté à tour de bras destitres de sociétés devant bénéficier de la relancede la consommation et de la hausse du dollar.

La distribution s’est mis plus particulière-ment en évidence avec des hausses, d’un ven-dredi à l’autre, de 11,20 % pour Promodès, de10,61 % pour Casino, de 8,68 % pour Pinault-Printemps-Redoute et de 5,01 % pour Carre-four. L’agroalimentaire a suivi, à l’image dePernod-Ricard (+ 9,73 %), Danone (+ 7,71 %),tout comme les spécialistes du crédit à laconsommation avec une envolée de 10,21 % duCetelem.

Les valeurs considérées comme sensibles à lahausse du dollar ont bénéficié de l’apprécia-tion, cette semaine, de la devise américaine parrapport à toutes les monnaies européennes etau franc. Les pétrolières en ont plus particuliè-rement profité, avec des hausses sur la semainede 12,82 % pour Elf et de 6,82 % pour Total.Considérées aussi comme des « titres dollars »,L’Oréal et LVMH ont respectivement enregistrédes gains de 7,06 % et 5,79 %.

Toujours au chapitre des hausses, Rhône-Poulenc s’est adjugé 7,54 % d’un vendredi àl’autre, bénéficiant de l’annonce, par sa filialePasteur-Mérieux-Connaught, que l’un de sesvaccins contre le sida venait d’entrer en étudeclinique aux Etats-Unis et de la vente de 50 %de ses activités chlore, soude et javel à LarocheIndustries. La progression d’Accor (+ 9,88 %) aété encore plus impressionnante : elle tient auxprévisions faites par la société d’un double-ment de son résultat net d’ici à l’an 2000 et àune information selon laquelle George Sorosaurait pris 2,1 % de son capital.

Usinor-Sacilor s’est réveillé (+ 10,97 %) aprèsl’annonce par Thyssen de son intention de rele-ver certains de ses prix à partir du 1er juillet. Desintervenants mentionnent également la publi-cation, dans une revue spécialisée, d’un articlefaisant état d’un raffermissement des prix del’acier. Renault a poursuivi son rebond tech-

nique (+ 10,58 %) en dépit de l’annonce par leParti socialiste de l’intention du gouvernementde demander au constructeur de suspendre leprocessus de fermeture de l’usine belge de Vil-vorde. Enfin, Bertrand Faure (+ 8,54 %) a étéporté par sa prévision d’une hausse « significa-tive » de son activité et de ses résultats.

A l’opposé, les groupes financiers ont conti-nué à être victimes des craintes d’un gel desrestructurations et des privatisations attenduespar les analystes. En dépit d’un petit rebond enfin de semaine, le certificat d’investissementCrédit lyonnais a encore perdu 5,09 %, la BNP acédé 3,76 %, la Société générale a baissé de2,65 % et Paribas de 2,61 %. Dans l’assurance, leGAN et les AGF ont enregistré des reculs derespectivement, 7,97 % et 1,99 %.

Le secteur de l’armement, qui avait beaucoupsouffert la semaine dernière, a fait preuved’une plus grande résistance. Lagardère a re-gagné 1,59 % et Thomson-CSF n’a perdu que1,09 %. En revanche, Dassault électronique aencore lourdement chuté (– 7,38 %).

La Lyonnaise des eaux (– 3,35 %) et Suez(– 2,85 %) ont aussi baissé, pénalisées par lesvelléités des pouvoirs publics belges de fusion-ner Tractebel et Electrabel, opération qui rédui-rait le poids du groupe français dans Tractebel.

Eric Leser

Page 19: scholar.lib.vt.edu · 2018. 3. 26. · LeMonde Job: WMQ0806--0001-0 WAS LMQ0806-1 Op.: XX Rev.: 07-06-97 T.: 11:21 S.: 111,06-Cmp.:07,11, Base : LMQPAG 33Fap:99 No:0355 Lcp: 196 CMYK

LeMonde Job: WMQ0806--0019-0 WAS LMQ0806-19 Op.: XX Rev.: 07-06-97 T.: 10:52 S.: 111,06-Cmp.:07,11, Base : LMQPAG 34Fap:99 No:0373 Lcp: 196 CMYK

P L A C E M E N T S E T M A R C H É S LE MONDE / DIMANCHE 8 - LUNDI 9 JUIN 1997 / 19

TOKYO NEW YORK PARIS LONDRES FRANCFORTINDICE NIKKEI DOW JONES CAC 40 FT 100 DAX 30

p+ 2,08% p+ 1,43% p+ 5,24% p+ 0,51% p+ 4,16%20 485,75 points 7 435,78 points 2 719,25 points 4 645 points 3 695,29 points

Le dollar profite des anticipations d’un euro faible L’arrivée au pouvoir en France des socialistes et de leurs alliés n’inquiète pas les opérateurs. Le scénario

d’une Union monétaire large et souple, conforme aux vœux de Lionel Jospin, renforce le billet vert face aux devises européennes La victoire de la gauche aux élections législa-tives en France n’a guère inquiété les investis-seurs internationaux. Le franc s’est appréciéface au deutschemark, la Bourse de Paris a ga-gné du terrain, les taux d’intérêt à court et

long terme se sont détendus. Les opérateurssemblent persuadés que les socialistes enviendront vite à la politique orthodoxe quiétait celle de Pierre Bérégovoy. L’arrivée àl’hôtel Matignon de Lionel Jospin n’a pas da-

vantage remis en cause, aux yeux des investis-seurs, le projet monétaire européen. Elle a, enrevanche, renforcé le scénario de créationd’un euro faible. Le dollar est monté, vendredi6 juin, à son plus haut niveau depuis trente-

mois mois face au deutschemark et au franc.En Allemagne, le gouvernement a étécontraint de renoncer à son projet de rééva-luer dès cette année le stock d’or de la banquecentrale afin de réduire la dette publique.

L’ACCUEIL favorable des inves-tisseurs internationaux à la victoirede la coalition de gauche, dimanche1er juin, lors des élections législativesfrançaises, a surpris la plupart desobservateurs. Les turbulences ob-servées lundi 2 juin en début de ma-tinée, qui avaient vu le franc tomberà son cours le plus bas depuis dé-cembre face à la monnaie allemande(3,3850 francs pour un mark), ontvite disparu. D’un vendredi surl’autre, la devise française s’est ap-préciée de près d’un centime, pourterminer à 3,3720 francs pour unmark. Les taux d’intérêt à courtterme et à long terme se sont, pourleur part, détendus. Le rendementde l’emprunt d’Etat à dix ans est re-venu de 5,82 % à 5,74 %. A troismois, ils se sont repliés de 3,40 % à3,26 %.

Même si les opérateurs avaient puse préparer, la semaine dernière, à cedénouement électoral en prenantconnaissance sur le réseau Internetdes sondages qui indiquaient tousune défaite de la droite, la réactiondes marchés n’en a pas moins pris lesanalystes à contre-pied. Tous prédi-saient, après l’annonce des résultats,une baisse des marchés français,d’autant plus forte que le Parti socia-liste n’avait pas obtenu une majoritéabsolue. Rien de tel ne s’est produit.

Les difficultés économiques del’Allemagne et la confusion quirègne outre-Rhin, avec le conflit

Source : Bloomberg

Vigueur du billet vert

COURS DU DOLLAR CONTRE MARK

Le dollar profite des anticipations d'une union monétaire élargie et d'un euro faible

1,67

1,68

1,69

1,70

1,71

1,72

1,73

MAI JUIN26 30 2 6

1,7360 mark le 6 juin

entre le gouvernement et la Bundes-bank, expliquent pour partie le boncomportement des marchés fran-çais. Malgré une hausse de 0,5 % duproduit intérieur brut au premier tri-mestre, le nombre de chômeurs s’estaccru en Allemagne de 56 000 en maien données corrigées des variationssaisonnières. Le ministre allemand

des finances, Theo Waigel – qui resteà son poste malgré le revers qu’il asubi –, a par ailleurs renoncé à sonprojet de réévaluer, dès cette année,le stock d’or de la Bundesbank. Cesdeux éléments rendront plus difficilel’assainissement des finances pu-bliques allemandes et mettront lechancelier Helmut Kohl en positionde faiblesse face à ses partenaires.

Mais la force du franc et du mar-ché obligataire français s’expliquesurtout par la conviction des opéra-teurs que le programme écono-mique du nouveau gouvernementne sera pas, pour l’essentiel, appli-qué. Ils estiment que le premier mi-nistre, Lionel Jospin, se rangera trèsvite à une politique ultra-orthodoxesur le plan budgétaire, ce qui leconduira à renoncer à la plupart desmesures envisagées pour luttercontre le chômage.

A l’optimisme des marchés àl’égard de la politique économiquequi sera menée par l’équipe deM. Jospin s’ajoute celui concernantl’avenir de l’Union monétaire. L’arri-vée au pouvoir de la coalition degauche n’a pas remis en cause le pro-jet de monnaie unique. Les investis-seurs restent persuadés que l’eurosera lancé à la date prévue, commeen témoigne l’affaiblissement dudeutschemark observé face auxautres devises européennes, notam-ment des pays du Sud. La lire est pas-sée de 994 à 983 lires pour un mark

cette semaine. Dès le 1er janvier 1999,la monnaie allemande disparaîtra,pour se transformer en euro, et elleperdra donc son statut de devise deréférence en Europe. Cette méta-morphose est perçue avec une cer-taine inquiétude par les investisseursinternationaux qui détiennent des

Relèvement des taux en vue aux Etats-Unis et au JaponSoutenu par les anticipations de création d’un euro faible, le dol-

lar bénéficie aussi du dynamisme de l’économie américaine. Celui-cia été confirmé par l’annonce, vendredi 6 juin, d’un recul du taux dechômage, à 4,8 %, son plus bas niveau depuis octobre 1973. Lescommandes à l’industrie ont, pour leur part, progressé de 1,2 % aumois d’avril aux Etats-Unis. La probabilité de voir la Réserve fédé-rale relever ses taux directeurs, lors de son prochain conseil qui setiendra début juillet, s’en trouve accrue.

Au Japon aussi, un resserrement de la politique monétaire est àl’ordre du jour. Le gouverneur de l’institut d’émission, Yasuo Mat-sushita, a affirmé cette semaine que « des mesures préventives »pourraient être prises en fonction de l’évolution des prix des actifsfinanciers et de la masse monétaire. Le taux d’escompte nippon estfixé à 0,5 % depuis le mois de septembre 1995.

capitaux outre-Rhin. Les gestion-naires des compagnies d’assuranceou des caisses de retraite japonaises,notamment, préfèrent d’ores et déjàse protéger en transférant leursavoirs financiers de l’Allemagne versles Etats-Unis.

La victoire des socialistes françaiset de leurs alliés a aussi, aux yeux desinvestisseurs, renforcé la probabilité

d’assister à la naissance d’une Unionmonétaire large et souple, incluantl’Italie, moins orthodoxe que prévusur le plan budgétaire et désireusede privilégier le soutien à la crois-sance et l’emploi sur la stabilité mo-nétaire. M. Jospin s’était déclaré fa-vorable, durant la campagne

électorale, à une « réorientation de laconstruction européenne » dans cesens. Les opérateurs misent sur lescénario d’un euro faible. Le billetvert est monté, vendredi 6 juin, jus-qu’à 1,7420 mark et 5,8770 francs,ses cours les plus élevés depuistrente-neuf mois.

La dépréciation de l’ensemble desdevises européennes – et bien sûr dudeutschemark – face au dollar est denature à renforcer le scepticisme dela Bundesbank à l’égard de la formequ’est en train de prendre l’Unionmonétaire, totalement contraire à sapropre vision d’un euro fort, assissur des bases budgétaires solides.Plusieurs de ses membres ont appelécette semaine à un report de l’Unionmonétaire. Une remise en cause parle gouvernement français du pactede stabilité adopté en décembre1996 à Dublin, et dont la version dé-finitive devrait être ratifiée au som-met d’Amsterdam, les 16 et 17 juin,pourrait accroître le nombre d’op-posants au sein du conseil de labanque centrale allemande etconduire son président, Hans Tiet-meyer, lui-même à réclamer publi-quement, à son tour, un ajourne-ment du lancement de l’euro. Lasituation est délicate pour M. Jospin,qui, lors de la campagne, s’était fer-mement opposé à ce pacte qu’ilavait qualifié de « super-Maastrichtet de concession que le gouvernementfrançais a faite absurdement aux Alle-mands ou à certains milieux alle-mands ». Entre provoquer une crisepolitique majeure en Europe ou re-venir sur son engagement électoralet décevoir ses alliés de la nouvellemajorité, la marge de manœuvre estétroite. Mais rien n’empêche M. Jos-pin de gagner du temps en deman-dant le report de toute décision surle pacte de stabilité.

Pierre-Antoine Delhommais

Marché international des capitaux : vif appétit pour la monnaie américaineL’APPÉTIT pour les placements en titres à

revenu fixe en dollars semble insatiable. Denombreux grands emprunts internationauxont été lancés durant la première semaine dejuin, qui, apparemment, ne sont de loin pasparvenus à le satisfaire. De nouvelles transac-tions sont en préparation, elles aussi libelléesdans la devise américaine, dont les promo-teurs (les intermédiaires financiers) prévoientqu’elles remporteront la même faveur auprèsdes investisseurs.

Leur confiance repose sur plusieurs élé-ments, dont un des principaux est lié aux diffi-cultés de la construction monétaire euro-péenne, dont souffrent les devises de notrecontinent. Le volume des liquidités à disposi-tion des investisseurs est un autre argument,lui aussi très important. Pour s’en faire uneidée, il suffit d’examiner la liste des empruntsinternationaux, en dollars, venant prochaine-ment à échéance. Il y en a pour 8,5 milliards enjuin et pour plus de 30 milliards au cours dutroisième trimestre, dont environ 17 milliardsen juillet. Et ces montants ne tiennent pascompte des intérêts qui s’y ajouteront.

Dans une telle conjoncture, les emprunteursne devraient guère être confrontés qu’à uneincertitude majeure : peut-on continuer à of-frir autant de transactions de longue duréeque cela a été le cas, ces derniers jours, oùc’est par milliards qu’ont été émis des em-prunts de dix ans et plus ? Le marché est unpeu engorgé à ce niveau. C’est pourquoi plu-sieurs candidats, sur le point de lever bientôtdes fonds en grande quantité, songent à des

durées plus courtes, de l’ordre de trois, cinq ousept ans.

Electricité de France, qui est l’émetteurd’une des transactions en dollars les plus réus-sies de la semaine, a bien montré le bénéficequ’il peut y avoir à sortir du lot en proposantdes obligations d’une durée différente de laplupart des autres. L’entreprise publique avaitattendu la fin de la campagne électorale pourmettre à bien un projet qui allait lui permettretout à la fois d’obtenir des fonds et se rappelerau souvenir des investisseurs. Elle est, depuisquelques années en plein désendettement,remboursant bien plus qu’elle n’emprunte.

Mais, passé le cap de l’an 2000, elle pourraitavoir à nouveau à se procurer des ressources,pour des volumes élevés. Il lui faut confirmerde temps en temps l’extraordinaire réputationqu’elle s’est acquise sur le marché des capitauxdurant les années 80. EDF s’était alors illustréedans plusieurs compartiments, aussi bien ceuxqui s’adressent aux bailleurs de fonds profes-sionnels que ceux qui dépendent davantagedes souscripteurs individuels et des gérants defortunes. Cela l’a notamment conduite à solli-citer souvent le marché suisse, qui fait plutôtpartie de la seconde catégorie.

Ces mêmes souscripteurs, dont les porte-feuilles sont gérés en Suisse, se montrent, de-puis des semaines, très friands de dollars. Ilsont largement contribué au succès de plu-sieurs des dernières émissions de longue du-rée et continuent, comme ils l’ont toujoursfait, de s’intéresser aux échéances moyennes.EDF a lancé des obligations de cinq ans,

conformément à l’intention qu’on lui prêtaiten avril, avant la dissolution de l’Assemblée,quand cette échéance était la plus recherchée.

Ce faisant, elle avait un obstacle à surmon-ter, constitué par une autre émission fran-çaise, récente (elle date du mois de mars et estd’une même durée) : celle de 1 milliard de dol-lars de la Caisse d’amortissement de la dettesociale (Cades), qui, elle, n’a pas été bien ac-cueillie. Comme cet autre débiteur est uneémanation de l’Etat et qu’en outre il dispose,sur le plan technique, de privilèges certains, ilétait délicat de s’y mesurer directement. Unesolution élégante a été trouvée. EDF, qui sou-haitait obtenir 500 millions de dollars, a pro-posé un rendement de 1 centième de point depourcentage supérieur à celui que procuraitalors la Cades.

Le résultat ne s’est pas fait attendre. Lessouscripteurs ont manifesté un véritable en-gouement pour la nouvelle émission, dont levolume a été rapidement augmenté à 600 mil-lions et dont les cours ont progressé jusqu’à luifaire rapporter un peu moins que la Cades.EDF fait aujourd’hui partie du cercle restreintdes emprunteurs internationaux, dont lestitres se situent à moins de 10 centièmes depoint de pourcentage des bons du Trésor amé-ricain. L’entreprise, qui voulait en fait desfrancs français, les a obtenus grâce aux deuxbanques qui s’occupaient de son affaire,l’américaine JP Morgan et la Société debanque suisse.

Christophe Vetter

Source : Bloomberg19971996

Hausse du coton

COURS EN CENTS/LIVRE

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6 déc. 4 juin

70,62 le 4 juin 97

MATIÈRESPREMIÈRES

BONNES RÉCOLTES, bon prix :le coton se fait léger sur le marchémondial. A New York, sa place decotation, il se maintient au-dessusdes 70 cents par livre-balle(1 balle = 217,7 kg ou 480 LB). Il afini le 3 juin à 73,42 cents pour lecontrat de juillet (74,95 cents pourcelui d’octobre). Si le prix ne s’estpas effondré, ce n’est pas parceque la production est importante –cela est habituellement un facteurde baisse. La fin des « loans », auxEtats-Unis, aurait aggravé la situa-tion. En effet, le départementaméricain à l’agriculture (USDA) adécidé, il y a un mois, de mettre unterme à ses prêts destinés à soute-nir les producteurs. Ceux-ci ontdonc été tentés de mettre beau-coup de fibre blanche sur le mar-ché pour ne pas avoir à rembour-ser leurs prêts ni à supporterd’onéreux frais de stockage.

En fait, ce sont les prévisions derécolte qui gardent aux prix cetterelative fermeté. Les experts duComité consultatif internationaldu coton (International CottonAdvisory Comittee, ICAC), qui re-groupe 41 pays producteurs etconsommateurs, s’attendent à uneprogression de la demande mon-diale supérieure aux récoltes enmême temps qu’ils pronostiquentun recul des textiles synthétiques.La consommation devrait at-teindre cette année, selon l’ICAC,un record de 19,04 millions detonnes de coton, chiffre qui cor-respond, grosso modo, à celui dela production. Mais il devrait êtredépassé les deux années suivantes,et avec des récoltes inférieures.

Les Etats-Unis et la Chine, unefois n’est pas coutume, devraientêtre des consommateurs mo-destes. En revanche, l’Afriqueconsommera beaucoup, ce qui luipermettra d’absorber une partiede sa propre production. Les pre-miers résultats de la campagne ducontinent africain font d’ailleursétat de campagnes satisfaisantes,comme en Côte-d’Ivoire (265 000tonnes de coton-graine, contre218 000 précédemment) ou auTchad (212 000 tonnes contre157 000 l’an passé) et au BurkinaFaso (208 000 tonnes prévues).Seul le Bénin n’a pas atteint sesobjectifs, avec 350 000 tonnes,alors qu’il en espérait 100 000 deplus.

Carole Petit

Rebond à Paris, recordsà New York et à Francfort

TOUS LES VOYANTS étaientau vert, vendredi 6 juin, à la fer-meture de l’ensemble des grandesplaces internationales. Certaines,au passage, terminant de surcroîtà leur plus haut niveau historiquede clôture. Wall Street et Franc-fort étaient au nombre de ces pri-vilégiées.

Mais la meilleure performancehebdomadaire, et la plus surpre-nante, est celle de la Bourse deParis, qui a gagné 5,24 % en cinqséances. Il y a huit jours, pas unopérateur n’aurait envisagé un re-bond de cette ampleur. Ils étaientd’ailleurs fort peu nombreux àparier sur une simple hausse,même dans l’hypothèse d’une vic-toire de l’ex-majorité.

Mais l’annonce de la composi-tion du nouveau gouvernementet les premières déclarations deses membres, comme l’ idéed’« une relance maîtrisée », la vi-gueur du dollar et le contexteboursier mondial en ont décidéautrement, en portant les valeurs

françaises à 3 % de leur recordhistorique atteint le 16 mai(2 804,51 points).

Le nouveau gouvernement, endépit de l’arrivée de ministrescommunistes, n’a pas bouleverséles boursiers. Même la perspec-tive de la suspension ou de l’an-nulation des procédures de priva-tisation, la remise en cause desfonds de pension, le frein mis auxrestructurations sectorielles, toutce qui avait permis aux gestion-naires de « vendre » la Bourse deParis aux investisseurs non rési-dents depuis six mois n’a pas af-fecté le marché. Ce dernier est ap-paremment prêt à faire crédit àLionel Jospin, comme il l’avait faitjadis à Pierre Bérégovoy. Mais sila politique menée par le premierne s’attire pas les mêmes faveursque le second, la chute pourraêtre très dure.

Le billet vert a donné un boncoup de pouce aux valeurs fran-çaises, mais aussi le contexteboursier international. Que l’on

en juge : vendredi, Francfort etWall Street ont battu en clôturede nouveaux records d’altitude.Soutenue, à l’image de la placeparisienne, par le dollar, la Boursede Francfort a atteint un nouveausommet après cinq séancesconsécutives de hausse. Dès mer-credi, le billet vert atteignait1,73 deutschemark ; à l’origine decette poussée, la victoire de lagauche en France ainsi que les dé-bats en Allemagne sur la délicatesituation budgétaire, ces deuxfacteurs renforçant le rôle de va-leur refuge de la devise améri-caine. Vendredi, en clôture, l’in-dice DAX terminait la séance à3 695,29 points, soit un gain de4,16 % par rapport au vendredi30 mai.

La Bourse de Londres a mieuxfini la semaine qu’elle ne l’avaitcommencé ; elle termine enhausse, profitant d’un horizonpartiellement dégagé après le re-lèvement des taux d’intérêt, ven-dredi, par la Banque d’Angleterre.

L’attention de la Bourse va désor-mais se reporter sur le budget quedoit présenter le 2 juillet le chan-celier de l’Echiquier, GordonBrown. L’indice Footsie a clôturévendredi à 4 645 points, en haussede 23,7 points sur la semaine, soitune progression de 0,51 %.

RECORD À WALL STREETAprès une semaine en dents de

scie, Wall Street a affiché un nou-veau record grâce à une bonneprogression des valeurs descompagnies multinationales et àune baisse des rendements sur lemarché obligataire après l’an-nonce des chiffres du chômagepour mai. L’indice Dow Jones a fi-ni vendredi à 7 435,78, en haussede 104,74 points (1,43 %), aprèsune semaine marquée par l’évolu-tion irrégulière des valeurstechnologiques.

Le rapport sur l’emploi, publiévendredi, a donné matière à réflé-chir aux gestionnaires de porte-feuilles. Le département du tra-

vail américain a en effet annoncé138 000 créations d’emploi en maicontre 233 000 attendues par lesanalystes, et une hausse de 0,3 %du salaire horaire contre 0,4 % at-tendu. Mais le taux de chômageest tombé à 4,8 %, son plus bas ni-veau depuis vingt-quatre ans, etle nombre de créations d’emploipour avril a été révisé en nettehausse à 323 000 contre une esti-mation initiale de 142 000.

Les investisseurs boursiers ontsalué la hausse du dollar qui a sui-vi la publication de ce rapport.« L’enthousiasme s’est concentrésur les multinationales », a indiquéMace Blicksilver, analyste du Cré-dit Lyonnais Securities. Ce der-nier estime que la Bourse new-yorkaise devrait rester soutenuejusqu’à la fin du mois, qui marqueégalement la fin du trimestre.« On ne gagnera pas 100 pointstous les jours – comme vendredi –,mais la note restera soutenue », a-t-il relevé, en rappelant qu’unecertaine « volatilité » sera visible

d’ici quelques semaines lorsqueles opérateurs se livreront à desopérations de mise à jour avant lafin du mois et du trimestre.

La Bourse de Tokyo devraitévoluer dans une marge étroite lasemaine prochaine, en l’absenced’incitations nouvelles, même siles institutionnels japonaisrestent des acheteurs potentiels.« Les investisseurs vont avoir dumal à bouger, avant l’expirationdes contrats à terme de juin, ven-dredi prochain », estimait le 6 juinun opérateur de l’une des quatregrandes maisons de courtage nip-ponnes. « Mais une hausse de laBourse reste possible si les investis-seurs institutionnels japonaisachètent des valeurs indexéesavant l’expiration du terme dejuin », a-t-il ajouté. Au cours de lasemaine écoulée, l’indice Nikkeides valeurs vedettes a gagné416,94 points, soit 2,08 %, pourterminer à 20 485,75 points.

François Bostnavaron

Page 20: scholar.lib.vt.edu · 2018. 3. 26. · LeMonde Job: WMQ0806--0001-0 WAS LMQ0806-1 Op.: XX Rev.: 07-06-97 T.: 11:21 S.: 111,06-Cmp.:07,11, Base : LMQPAG 33Fap:99 No:0355 Lcp: 196 CMYK

LeMonde Job: WMQ0806--0020-0 WAS LMQ0806-20 Op.: XX Rev.: 07-06-97 T.: 11:07 S.: 111,06-Cmp.:07,11, Base : LMQPAG 34Fap:99 No:0374 Lcp: 196 CMYK

20 / LE MONDE / DIMANCHE 8 - LUNDI 9 JUIN 1997 C A R N E T

L É G I S L A T I V E S 1997Retrouvez tous les résultats sur INTERNET

http://www.lemonde.frLe journal de la campagne, ses enjeux

et un forum de discussion

Roland-Garros 97Retrouvez les articles du Monde sur

INTERNET

http://www.lemonde.fr

JOURNAL OFFICIEL

Au Journal officiel du dimanche1er juin sont publiés :

b Santé : un décret relatif à laConférence nationale de santé.Elle est composée de soixante-dix-huit membres, notamment desprofessionnels de santé et des re-présentants des hôpitaux ; deuxdécrets relatifs aux unions régio-nales des caisses d’assurance-ma-ladie ; un décret relatif à la compo-sition du conseil d’orientation desfilières et réseaux de soins ; un dé-cret relatif à la composition et aufonctionnement du conseil d’ad-ministration des établissementspublics de santé.

b Travail au noir : un décretmentionnant les aides à l’emploi età la formation professionnelle quel’administration peut refuser encas d’infraction à la législation surle travail illégal ; un décret prispour l’application de la loi du11 mars 1997 relative au renforce-ment de la lutte contre le travail il-légal.

b Etrangers : un décret pris enapplication de la loi du 2 août 1989relative aux conditions de séjouret d’entrée des étrangers enFrance.

b Création d’entreprise : undécret relatif à l’aide à la créationou à la reprise d’entreprise par lesdemandeurs d’emploi, et un arrêtéfixant la composition du dossierde demande d’aide.

b Nucléaire : deux arrêtés rela-tifs au contenu de la formationspécifique des médecins du travailet aux modalités d’habilitation desservices médicaux du travail char-gés de la surveillance médicale destravailleurs dans des entreprisesextérieures intervenant dans les

installations nucléaires de base.b Bronzage : un décret relatif à

la vente et à la mise à dispositiondu public de certains appareils debronzage utilisant des rayonne-ments ultraviolets (Le Monde du5 juin).

b Catastrophe naturelle : unarrêté portant constatation del’état de catastrophe naturelledans plusieurs départements.

b Crédit lyonnais : un décretrelatif à la mission de contrôle dessociétés de cantonnement du Cré-dit lyonnais et du Comptoir desentrepreneurs, modifiant les sta-tuts de l’établissement public de fi-nancement et de restructuration.

b Huissiers : un décret fixant lestatut particulier des huissiers duTrésor public.

b Ouvriers de l’Etat : un décretrelatif au régime de travail à tempspartiel des personnels ouvriers del’Etat rémunérés sur une basemensuelle, et déterminant les mo-dalités d’expérimentation de l’an-nualisation du service à temps par-tiel.

b Rapatriés d’Algérie : une cir-culaire relative à la commissiond’aide au désendettement immo-bilier des anciens membres desformations supplétives et assimiléset un décret prévoyant une me-sure d’aide financière destinée àcontribuer au désendettement desFrançais musulmans rapatriés,dans le cadre d’une opérationd’accession à la propriété d’un lo-gement.

b Expropriation : un décretportant déclaration d’utilité pu-blique pour l’expropriation parl’Etat des biens exposés au risquenaturel majeur d’éboulement des

Ruines de Séchilienne (Isère).b Aménagement du territoire :

un décret relatif au schéma régio-nal d’aménagement et de dévelop-pement du territoire.

b Immigrés : un décret portantréforme du statut du fonds d’ac-tion sociale pour les travailleursimmigrés et leurs familles.

b PME : une circulaire relativeau fonctionnement des centres deformalités des entreprises.

b Réforme de l’Etat : un décretrelatif à la déconcentration en ma-tière disciplinaire ; un décret relatifaux organismes consultatifs lo-caux ; un décret relatif à la dé-concentration en matière de miseà disposition de fonctionnaires.

b CIRA : un rapport au premierministre et un décret sur la rému-nération de certains services ren-dus par les centres interministé-riels de renseignementsadministratifs (CIRA).

b Fonction territoriale : plu-sieurs décrets portant statut parti-culier du cadre d’emploi desagents territoriaux d’animation.

Au Journal officiel daté lundi 2-mardi 3 juin sont publiés :

b Gouvernement : un décretrelatif à la cessation des fonctionsdu premier ministre, Alain Juppé ;un décret portant nomination dupremier ministre, Lionel Jospin.

b Délocalisations : un arrêtéportant agrément du transfert deParis à Chasseneuil-du-Poitou (sitedu Futuroscope) de l’Ecole supé-rieure d’encadrement de l’éduca-tion nationale ; un arrêté portantagrément du transfert de Paris àChasseneuil-du-Poitou du centrede formation de l’administrationdu ministère de l’éducation natio-

nale, de l’enseignement supérieuret de la recherche ; un arrêté por-tant agrément du transfert, de Pa-ris à Roanne, de la commission na-tionale des titres-restaurant.

b Bourses : un arrêté fixant à3 830 francs par mois le montantdes bourses accordées aux étran-gers boursiers du gouvernementfrançais.

b Hôpitaux : un décret relatifau retrait de certaines autorisa-tions accordées aux établisse-ments de santé. Ce texte confieaux agences de l’hospitalisation lepouvoir de fermer les services hos-pitaliers chroniquement sous-utili-sés (Le Monde du 5 juin).

b AOC : plusieurs décrets rela-tifs aux appellations d’originecontrôlée « pommeau de Bre-tagne », « pacherenc-du-vic-bilh »et « pacherenc-du-vic-bilh sec »,« madiran » ; un décret relatif àl’agrément du foin bénéficiant del’appellation d’origine contrôlée« foin de Crau ».

b Cantines : un arrêté relatif auprix des cantines scolaires et de lademi-pension pour les élèves del’enseignement public pour l’an-née scolaire 1997-1998.

Au Journal officiel du mercredi 4juin sont publiés :

b Premier ministre : deux arrê-tés du premier ministre, LionelJospin, relatifs à la composition deson cabinet. Il nomme Henry Pra-deaux chef de cabinet et Jean-Pierre Jouyet, inspecteur des fi-nances, directeur adjoint.

Au Journal officiel du jeudi 5 juinest publié :

b Gouvernement : un décretrelatif à la composition du gouver-nement (Le Monde du 6 juin).

DISPARITION

Ronnie LaneLe bassiste des Small Faces

RONNIE LANE, bassiste dugroupe de rock britannique TheSmall Faces, est mort mercredi 4 juinà Trinidad (Colorado). Atteint desclérose en plaques, il était âgé decinquante et un ans. Avec le chan-teur Steve Marriott, disparu en 1991,Lane avait formé un des plus bril-lants tandems d’auteurs-composi-teurs des années 60. Les jeunes gensde la britpop citent régulièrement lesSmall Faces comme influence et cer-tains d’entre eux ont payé leur tributen 1996 avec un album-hommage,qui a permis d’aider financièrementRonnie Lane.

Cet ancien guitariste reconverti àla basse avait débuté sa carrière demusicien en 1965. Repérés par An-drew Loog Oldham, le manager desRolling Stones, les Small Facessignent chez Decca et publient unpremier single, Watcha Gonna DoAbout it. Leur hymne, All or Nothing,leur donnera leur premier – etunique – numéro un dans les classe-ments. Vêtus de parkas et de vestesen mohair, obsédés par la soul musicet le rhythm and blues, les SmallFaces sont vénérés, comme les Whoet les Kinks, par le mouvement mod,fasciné par leur jeu de scène sauvage.

Les Small Faces entrent dans l’èrepsychédélique avec le tube ItchycooPark suivi d’un concept-album ambi-tieux, Ogden’s Nut Gone Flake (1968).Mais Marriott choisit, en 1969,d’autres horizons. Deux transfugesdu Jeff Beck Group, le chanteur Rod

Stewart et le guitariste Ron Wood ar-rivent. Les Small Faces sont morts,les Faces sont nés. Le travail d’écri-ture de Lane sera bientôt éclipsé parle personnage extravagant et sexy deRod Stewart. Lane s’en va en 1973,après une série de tournées haras-santes aux Etats-Unis.

Au pays de Galles, il installe unstudio mobile dans une roulotte ettente de relancer sa carrière avecSlim Chance, formation de folk-rock.En tournée, le groupe s’entoure dejongleurs, d’acrobates et de cra-cheurs de feu. Ces fantaisies vontcoûter très cher et mettre Lane– dont le mal est diagnostiqué en1977 – sur la paille. Cette même an-née pourtant, la collaboration tantattendue avec Pete Townshend, leguitariste des Who, voit enfin le joursous la forme d’un album, RoughMix, acclamé par la critique.

Un concert sera organisé en 1983au Royal Albert Hall de Londres auprofit de la recherche sur la scléroseen plaques. Après Eric Clapton, Ste-vie Winwood, Jeff Beck et JimmyPage, Lane apparaîtra – sur sa chaiseroulante – et donnera une versionbouleversante de Goodnight Irene.C’est l’une des dernières images quel’on aura de ce musicien brisé qui eutl’heur de prendre le rock pour cequ’il est : une musique spontanée etfestive, à ne pas trop prendre ausérieux.

Bruno Lesprit

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AU CARNET DU « MONDE »

Mariages

M. et M me Bernard VINCENTIont le plaisir d’apprendre le mariage deleur fille et belle-fille,

Anne-Cécileavec

M. Hervé GATTEGNO.

Décès

– Mme Catherine Combescot,Et toute sa famille

font part du décès de

Charles COMBESCOT,docteur en médecine, pharmacien,

doyen émérite de la facultéde pharmacie de Tours,correspondant national

de l’Académie de médecine,officier de la Légion d’honneur,

survenu le 4 juin 1997.

– Mme Pernette Debat,son épouse,

Toute sa famille,Et son fidèle entourage,

ont la douleur de faire part du décès du

docteur Jacques DEBAT,

survenu le 5 juin 1997.

La cérémonie religieuse sera célébréele mardi 10 juin, à 11 heures, en l’égliseNotre-Dame-des-Ai rs , 13, avenueBelmontet, à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine).

Ni fleurs ni couronnes.

– Sa famille,Et ses amis

font part du décès de

Mathilda,duchesse d’ARGYLL,

née MORTIMER,

survenu le 6 juin 1997, à Paris.

L’inhumation aura lieu dans l’intimité,le mercredi 11 juin, à Vézelay (Yonne).

– Nicole Macaire,Ses enfants et petits-enfants,

ont la grande tristesse de faire part dudécès de

Paul MACAIRE,

survenu le 5 juin 1997, des suites d’uncancer.

La cérémonie religieuse sera célébréele mardi 10 juin, à 14 heures, en l’égliseNotre-Dame de Poissy.

78, île de Migneaux,78300 Poissy.

– M. Henry Saltiel,son époux,

M. et Mme Hubert Saltiel,ses enfants,

Et son petit-fils, Nicolas,Jérémy et Elodie,Ainsi que leur famille,Et sa dévouée Mila,

ont la douleur de faire part du décès de

M me Henry SALTIEL,née Pierrette REY,

survenu le 2 juin 1997.

Les obsèques ont eu lieu dans l’intimitéau cimetière de Passy.

15, rue du Conseiller-Collignon,75116 Paris.

Anniversaires de décès

– Le 9 juin 1987, il y a dix ans,

Charles KANTORnous quittait.

Sa famille,Ses amis,

ne l’ont pas oublié.

– Il y a dix ans,

Zsuzsa NOVAK

nous quittait.

Il y a dix ans que nous essayonsd’apprendre à vivre sans elle. Il y a dixans qu’elle nous manque tous les jours.

Christine, Martine, Julie, Sébastian,Marie, Lily et Jean-Jacques.

– Il y a deux ans, Dieu rappelait à lui

Bruno PONS.

Son dernier ouvrage, Architecture andPanelling, sera présenté lors d’unejournée consacrée à sa mémoire, le 18 juin1997, à Waddesdon Manor.

Ses très nombreux amis s’uniront par lapensée et la prière aux messes qui serontcélébrées à son intention.

– Le 8 juin 1996,

Michel TALÉGHANI

nous a quittés.

Il manque profondément à sa famille,qui, dans une pensée affectueuse, associetous ceux qui l’ont connu et aimé.

Conférences

PENSER LA TÉLÉVISIONSous la direction de Jérôme Bourdon

(INA) et de François Jost (universitéSorbonne nouvelle-Paris-III).

Du samedi 14 juin au samedi 21 juin1997.

En collaboration avec l’Institut nationalde l’audiovisuel (INA) et avec le soutiende l’université Paris-III, au Centre culturelinternational de Cerisy-la-Salle, avecl’Association des amis de Pontigny-Cerisy.

Conférences, débats, tables rondes,projections (exploration du patrimoinetélévisuel).

Programme complet sur demande etinscriptions au : CCIC, 50210 Cerisy-la-Salle. Tél. : 02-33-46-91-66. Fax :02-33-46-11-39.

A c c u e i l : c h â t e a u d e C e r i s y(monument historique), F - 50210 Cerisy-la-Salle.

Participation aux frais : séjourcomple t (7 jours) : 2 975 f rancs ;é t u d i a n t s d e m o i n s d e 2 8 a n s :1 505 francs.

Séjour fractionné : 510 francs par jour ;étudiants : 255 francs par jour.

Communications diverses

Au-delà du profitVivre et travailler autrement

Conférence d’Alain Mamou-Mani,fondateur de Décision environnement,dojo zen de Paris, 175, rue de Tolbiac,Par is-13e, le mard i 10 ju in 1997,20 h 30. PAF : 40 francs.

– L’Association des amis de Passageset la revue PASSAGES organisent unesoirée-débat sur le thème :

« Questions poséesà l’ethnopsychiatrie ».

Le mardi 10 juin 1997 – 20 h 30 dansles locaux de la revue PASSAGES.

Autour d’Emile Malet et de larédac t i on de PASSAGES, avec :Claude Dumézil, Rachid Bennegadi,Robert Lévy, Rose-Marie Moro, MichelAudisio, Françoise Fabre.

Réservations et inscriptions au tél. :01-45-86-30-02. Fax : 01-44-23-98-24.

La revue Passages : 17, rue Simone-Weil, 75013 Paris.

(Accès par le 79-83, avenue d’Ivry,75013 Paris).

Thèses

– M. Lionel Lévy a soutenu avecsuccès, le mardi 13 mai 1997, à l’Ecolepratique des hautes études, section dessciences religieuses, en Sorbonne, unethèse de doctorat intitulée :

« Itinéraires portugais de Tunis, deL i v o u r n e e t d ’ A m s t e r d a m a uXIX e siècle ; nation, communautés,familles, entreprises »

devant un jury composé de :

M. Gérard Nahon, directeur d’études àl’EPHE (directeur de thèse),

M. Jean-Pierre Filippini, professeur àl’université de Haute-Alsace, à Mulhouse,

M. R ichard Ayoun, maî t re deconférences à l’Inalco,

M. Maurice Vaïsse, professeur del’université Champagne-Ardenne, àReims,

Mme Mireille Hadas-Lebel, professeur àl’université Paris-IV.

Il a été déclaré digne du titre de docteurde l’Ecole pratique des hautes études,sciences des religions, avec la mentionTrès Honorable et les félicitations dujury.

CARNET DU MONDETéléphone Télécopieur :

01-42-17-29-94 01-42-17-21-36

THÈSESTarif Étudiants

65 F la ligne H.T.

Nos abonnés et nos actionnaires,bénéficiant d’une réduction sur lesinsertions du « Carnet du Monde»,sont priés de bien vouloir nous com-muniquer leur numéro de référence.

Page 21: scholar.lib.vt.edu · 2018. 3. 26. · LeMonde Job: WMQ0806--0001-0 WAS LMQ0806-1 Op.: XX Rev.: 07-06-97 T.: 11:21 S.: 111,06-Cmp.:07,11, Base : LMQPAG 33Fap:99 No:0355 Lcp: 196 CMYK

LeMonde Job: WMQ0806--0021-0 WAS LMQ0806-21 Op.: XX Rev.: 07-06-97 T.: 11:27 S.: 111,06-Cmp.:07,11, Base : LMQPAG 34Fap:99 No:0375 Lcp: 196 CMYK

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A U J O U R D ’ H U ILE MONDE / DIMANCHE 8 - LUNDI 9 JUIN 1997

La vraie finale du championnat de France de rugbyMONTRÉAL (Gers)

de notre envoyé spécialNaguère, c’était la place de l’Eglise. Parce

qu’elle était en face de l’église, tout simple-ment. En 1978, elle fut rebaptisée, et sancti-fiée. L’Union sportive montréalaise venaitd’être sacrée champion de France de troi-sième série. Elle devint donc la place desChampions-de-France-de-Rugby, afin que nuln’en ignore dans tout l’Armagnac-Bigorre.Aujourd’hui, Montréal se prend à nouveau àrêver. Ses 1 200 habitants s’apprêtent à chan-ter la gloire des « petits » en jaune et bleu, às’égosiller dans les tribunes, en l’honneur du« clocher ». Dimanche 8 juin à Lavaur (Tarn),huit jours après les « grands » de la premièredivision, Montréal-du-Gers disputera à Saint-Jean-de-Védas, une banlieue de Montpellier, letitre de champion de France de quatrième sé-rie, la onzième et la plus modeste des divisionsdu rugby.

Ce n’est pourtant pas du rugby pour rire.Montréal prend la chose très au sérieux. Entreles vignes d’Armagnac et les bâtisses de pierre,on ressent trop la passion de l’Ovale pour se

moquer. Bien sûr, les moyens sont modestes.A l’heure du professionnalisme naissant, lesquinze joueurs ne toucheront pas un centime,vainqueurs ou vaincus. Le budget annuel duclub s’élève péniblement à 200 000 francs,cent fois moins que celui de Toulouse et deBourgoin. Agriculteurs, employés de la muni-cipalité, étudiants exilés à la ville, se re-trouvent difficilement deux fois par semaine,histoire de s’entraîner un peu. Ni muscula-tion, ni diététique au programme, les entraî-neurs sont des joueurs et des copains plus quedes experts en tactique ou en préparation.

A Montréal, les piliers font figure de poidsplumes dont les quatre-vingts kilos semblentune gasconnade, un outrageant défi au quin-tal nécessaire pour occuper confortablementle poste. Alors, on joue « à la bayonnaise »,tout pour l’attaque et le spectacle. Car les ar-rières sont des cavaliers, des « amateurs »éclairés de crochets et de sprints vers la ligned’essai. Contre Saint-Jean-de-Védas, c’est pro-mis, c’est juré : ils prouveront encore qu’ils nesont pas « des manches ». A Montréal, dans laliesse rituelle des après-matches, on ne dit ja-

mais non à un bon armagnac, sous peine depasser pour un prétentieux. Les troisièmes mi-temps « Chez Simone », café des sports etsiège du club, sont réputées dans tout le can-ton. Rires, beuveries et chansons grasses, aumenu.

Dans un pays qui se vide de ses habitants, lerugby reste une fête, dix mois de l’année. Elleenchante les dirigeants bénévoles, souventdes retraités, qui trouvent ainsi à s’occuper, àse souvenir qu’eux aussi, autrefois, ils ont fou-lé l’herbe des terrains. Elle offre aux jeunesl’occasion de s’amuser « entre copains »,d’oublier les tracas de la ville, des études ou dutravail. Pourtant, la fête est menacée. L’exoderural risque de tuer le rugby de village, oud’obliger à des regroupements de communes,que beaucoup de Montréalais jugent contrenature. Voilà pourquoi, cette finale, ce titre,peut-être, leur importent tant. C’est une for-midable chance de survie, celle de pouvoircrier encore et pour longtemps, « allez Mon-tréal ! ».

Pascal Ceaux

Guy Forget fera ses adieux à BercyUne génération passe la main. Après le skieur Luc Alphand, Guy

Forget a annoncé, vendredi 6 juin, sa retraite sportive. Présent cetteannée aux Internationaux de France non sur les courts mais dans lescabines de télévision, comme consultant de la chaîne Eurosport, ildevrait faire ses adieux à la compétition lors de l’Open de Paris, dis-puté en novembre au Palais omnisports de Paris-Bercy. D’ici là, il es-père avoir récupéré d’une douleur récurrente au genou pour s’ali-gner aux championnats de Wimbledon en simple et en double (il estengagé auprès de Jean-Philippe Fleurian). « La décision a été difficileà prendre, mais il faut savoir partir », a déclaré l’ancien numéro unfrançais, âgé de trente-deux ans. Successeur de Yannick Noah et deHenri Leconte dans l’élite, il a été classé quatrième joueur mondialen simple (1991) et troisième en double (1988). En quinze ans de car-rière, il a gagné onze tournois en simple et vingt-huit en double. For-get a été, surtout, l’artisan des deux succès de l’équipe de France enCoupe Davis (1991 et 1996).

Le Brésil et Roland-Garros cèdent à la « Gugamania »Gustavo Kuerten, nouvelle étoile du sport carioca, sera opposé, en finale des Internationaux de France, à l’Espagnol Sergi Bruguera,

qui s’est déjà imposé deux fois sur le central de la porte d’AuteuilLORSQU’ELLE a reçu la

consigne de son rédacteur en chef,Marta Avencini a cru à une blague :« Oublie les législatives et Lionel Jos-pin, occupe-toi de Guga. » Depuis,la correspondante à Paris de LaFohla, le journal de Sao Paolo, suitpas à pas la nouvelle star du sportbrésilien : Gustavo Kuerten, dix-neuf ans, no 66 au classement mon-dial des joueurs de tennis profes-sionnels, qui devait rencontrer, di-manche 8 juin, au stadeRoland-Garros, l’Espagnol SergiBruguera en finale des Internatio-naux de France. « Je vais partoutavec lui, dit-elle, j’assiste à tous sesmatches. C’est difficile, car j’ignoraistout du tennis. »

Malgré un penchant pour lesquestions politiques, Marta Avenci-ni a fait connaissance avec « lesfemmes » de Gustavo Kuerten, dé-barquées à Paris pour le dénoue-ment du tournoi : la mère, Alice,qui a mis un point d’honneur à ceque son fils réussisse l’équivalentdu bac, et la grand-mère mater-nelle, Olga, émigrée de Dusseldorf(Allemagne) en 1936, âgée desoixante-quinze ans, et qui se mêlede coaching (Le Monde du 5 juin).Mercredi 4 juin, chez elles, à Floria-nopolis, au sud du Brésil, cesdames ont tremblé devant la re-transmission en direct du quart definale de « Guga » contre le Russetenant du titre, Evgueni Kafelnikov,et les caméras de quatre chaînesbrésiliennes installées dans la mai-son pour immortaliser leur réac-tion.

L’épopée du fiston a ouvert etconclu les journaux de 20 heures.

La couverture quotidienne assuréepar la filiale brésilienne de la chaînecâblée ESPN assurant le service pa-naméricain n’a plus suffi. La télé-vision brésilienne Rede Manchete,qui depuis des années ne diffuse deRoland-Garros qu’un résumé quo-tidien de dix minutes et les finalesmasculine et féminine, s’est décar-cassée. Vendredi 6, dix millions detélespectateurs ont pu assister endirect à la victoire de leur nouveauhéros sur le qualifié belge Filip De-wulf, no 122 mondial (6-1, 3-6, 6-1,7-6), et des reporters de la chaîneprivée Bandeirantes sont arrivés enmasse pour tourner des sujets ma-gazines.

En moins de deux semaines,Gustavo Kuerten, 66e mondial maisno 1 national, est devenu la nou-velle star du sport brésilien, relé-guant les footballeurs au secondplan. « Certains de mes confrères af-fectés au tournoi de France ontchangé de sujet en cours de route »,affirme Marta Avencini. La presseécrite brésilienne, rompue aux par-cours banals de ses joueurs de ten-nis, n’avait dépêché que deux re-présentants à la porte d’Auteuil endébut de tournoi. Vendredi 6 juin,ils étaient une bonne trentaine.

Jorge Salkeld, l’agent du joueur,s’est efforcé de satisfaire les médiassans hypothéquer la récupérationde son champion. Mais « Guga »est de bonne composition. Après laconférence de presse obligatoire, ils’est prêté à trois quarts d’heured’interview réservée aux journa-listes de son pays avant de se plieraux caprices d’un photographe.Plus de deux heures après la fin de

son match, il répondait encore àdes questions dans le bar en-combré de la presse : du jamais vupour un finaliste des Internatio-naux de France.

Il y a chez le jeune homme unpeu de Stefan Edberg. Non pasqu’il ait la plastique et la retenue duSuédois, mais dans l’éclat des yeux,dans le sourire, dans la disponibili-té et dans les expressions du visage.« Malheureusement, il va falloir luiapprendre à dire “non” pour préser-ver sa concentration », a regrettéSalkeld après avoir réclamé au di-recteur du tournoi, Patrice Clerc,un garde du corps pour son proté-gé jusqu’à la finale de dimanche8 juin contre l’Espagnol Sergi Bru-guera. Connaisseur, il a repéré lejeune Gustavo il y a trois ans dansun tournoi juniors. Il a aimé « sasouplesse et sa frappe franche ».

DIX ANS DE MARKETINGIl a fallu trouver au gamin un

équipementier. Diadora s’est enga-gé six mois plus tard. Aujourd’hui,la firme italienne pourrait lancer enAmérique du Sud une ligne de vê-tements chamarrés (ceux qui dé-plaisent tant aux membres ducomité du Grand Chelem) à sonnom. « Une finale ou une victoiredans un tournoi du Grand Chelemcompte pendant dix ans sur le plandu marketing », dit Salkeld. Le Bré-sil n’a plus connu un tel succès surles courts depuis Maria-EstherBueno, no 1 mondial pendant troisans (1959, 60, 64), quatre fois victo-rieuse à l’US Open (1959, 63, 64, 66)et trois fois à Wimbledon (1959, 60,64). Mais, à l’époque, on jouait au

tennis pour la gloire. La période oùLarri Passos, entraîneur de « Gu-ga » depuis sept ans, devait secontenter d’un salaire inférieur auSMIC pour un temps complet estrévolue. Son joueur est en passe demultiplier ses gains annuels « pardix, au moins » : une aubaine, pourqui a gagné à peine plus de 1 mil-lion de francs en deux ans pourpayer coach, voyages et héberge-ments. Et Salked négocie déjà avecles directeurs des tournois à venir.L’assurance de la participation d’unfinaliste de Roland-Garros se paye.Kuerten ne s’en doute même pas. Ila la tête à son tennis, à son rêved’enfant. « Il ne changera pas, as-sure Diana Gabanyi, une de sesamies reporter au journal brésilienA Gazeta Esportiva. Il se balade en-core en chaussettes dans le hall del’hôtel. »

Avec une poignée de passionnés,elle a lancé en février un bimestrielconsacré au tennis , Tennis View : leseul au Brésil. Le succès de « Gu-ga » vient à point nommé. Moinsséduisant que le blond aux yeuxverts, Jaime Oncins, ou les téné-breux Luiz Mattar ou Casio Mota,retirés des raquettes, plus expansifque Fernando Meligeni (parvenuen huitièmes de finales à Roland-Garros en 1993), « Guga a trouvéd’instinct l’équilibre entre la vie dé-contractée que tout Brésilien privilé-gie et le tennis », dit Paulo Cleto, lecapitaine brésilien de Coupe Davis.Et de conclure : « Il apportera plusau tennis par son excellente mentali-té que par son jeu. »

Patricia Jolly

Sergi Bruguera a soigné son retourILS SOUFFRENT. C’est cruel et

beau. Ils cognent, geignent, râlent,supplient, s’injurient. Leursjambes sont raides, leurs yeuxbrûlent. Patrick Rafter et SergiBruguera s’empoignent depuisdeux heures sur le central de Ro-land-Garros en une demi-finalequi est une parfaite confrontationde deux styles et de deux carac-tères extrêmes. L’Australien at-taque, l’Espagnol contre – deux

méthodes radicales pour une issueétrangement incertaine sur labrique pilée.

On est ainsi allé au tie-breakdans la première manche. Au prixde courses magnifiques, Rafter asauvé deux balles de set pour em-pocher la première manche. Lasuite lui a été moins favorable. Illaisse filer le deuxième set et nepeut retenir le troisième, où il apourtant mené 2-5.

Le public exulte quand l’Austra-lien obtient deux balles d’égalisa-tion à deux manches partout. Maisc’est un nouveau tie-break qui dé-partagera les deux hommes. Raf-ter, qui a réussi 43 volées, est épui-sé. Bruguera aligne despassing-shots (25 au total) sur me-sure et gagne (6-7 [6-8], 6-1, 7-5,7-6 [7-1]). C’est un enfant de laterre qui ira en finale.

Le poing fermé, Sergi Bruguera,le visage enfin lisse, se tourne versson père, qui se contient moinsbien. Il est en finale. Des cinq têtesde série espagnoles, Bruguera estcelle que l’on attendait le moins. Ilne doit, d’ailleurs, ce statut qu’auforfait du Suédois Thomas Enq-vist. Au début du tournoi, per-sonne ne lui a vraiment prêté at-tention : « Je suis un doublechampion déjà trop vieux. » Vain-queur en 1993 et en 1994, il vivait làses années d’or.

Il avait vingt-deux ans, la pre-mière fois, quand il vint à bout deJim Courier, double tenant dutitre. Il avait battu l’Américain àson propre jeu. Sergi était déjà unorfèvre. Une nouvelle victoire, en1994, sur Alberto Berasategui et il

se lance à l’assaut de terres qui nesont pas les siennes : le gazon deWimbledon, le ciment de FlushingMeadows. Son organisme sup-porte mal ce surcroît de travail.

Une cheville qui s’évade, uneépaule qui flanche, et le voilà quijoue Roland-Garros 1995 en piècesdétachées. Il s’accroche jusqu’à lademi-finale, mais renonce à Wim-bledon. A la fin de l’année, il sedistend les ligaments de la che-ville. En janvier 1996, il est81e mondial ; il était quatrièmedeux ans auparavant. On l’opère.

Il revient, repart de loin. Sontennis a changé. En avril, il bous-cule Pete Sampras sur le ciment deKey Biscayne avant de s’incliner enfinale devant Thomas Muster,autre monstre de la terre battue envoie de réinsertion. Il rejoint lesvingt meilleurs. Ce Roland-Garros,il le vit comme une revanche, cellede l’oublié. « Quand je gagnais ici,je jouais avec beaucoup de bonheur,j’étais insouciant. Aujourd’hui, toutest difficile. Je ne joue jamais unmatch légèrement. » Sergi n’estplus un enfant.

Bénédicte Mathieu

Une confrontation inéditeLe jeune Brésilien Gustavo Kuerten doit affronter dimanche 8 juin l’Es-

pagnol Sergi Bruguera en finale du simple messieurs des Internationaux deFrance de tennis. Ce sera la première confrontation entre les deux joueurs.

b Sergi Bruguera (Espagne), vingt-six ans. 1,88 m, 76 kilos, droitier.19e joueur mondial.

– Palmarès : 14 tournois sur terre battue entre 1991 et 1994, dont deuxtitres à Roland-Garros (1993, 1994), Monte-Carlo (1991 et 1993).

– Palmarès en grand chelem : vainqueur (1993 et 1994) et demi-finaliste(1995) à Roland-Garros, huitième de finaliste aux Internationaux d’Austra-lie (1993), aux championnats de Wimbledon et aux Internationaux desEtats-Unis (1994).

– Pour atteindre la finale, Bruguera a battu l’attaquant australien PatrickRafter (6-7 [6-8], 6-1, 7-5, 7-6 [7-1]) après avoir éliminé en huitièmes de fi-nale l’ancien champion américain Michael Chang (3-6, 6-4, 6-3, 6-4) et enquarts de finale l’espoir marocain Hicham Arazi (4-6, 6-3, 6-2, 6-2).

b Gustavo Kuerten (Brésil), vingt ans, 1,90 m, 82 kilos. Droitier.66e joueur mondial.

– Palmarès : aucun tournoi de simple gagné sur le circuit ATP Tour ; deuxvictoires en double avec son compatriote Fernando Meligeni à Santiago(1996) et Estoril (1997).

– Palmarès en grand chelem : premier tour aux Internationaux de Francede Roland-Garros, deuxième tour aux Internationaux d’Australie 1997.Gustavo Kurten n’a jamais disputé les championnats de Wimbledon ni lesInternationaux des Etats-Unis.

– Pour arriver en finale, Kuerten a battu en demi-finale l’autre révélationdu tournoi, le Belge Filip Dewulf (6-2, 6-7 [2-7], 6-4, 6-3), après avoir élimi-né deux anciens vainqueurs, l’Autrichien Thomas Muster en seizièmes definale et le Russe Evgueny Kafelnikov en quarts de finale.

b Les clés du match. Ce sont deux spécialistes de la terre battue qui serencontrent. Les points décisifs pourront néanmoins être gagnés au filet.Bruguera est le favori d’une finale où son expérience et sa solidité serontdes atouts importants. Kuerten est techniquement plus brillant que l’Es-pagnol, mais la qualité de son jeu dépend beaucoup de sa première ballede service. Il n’a jamais joué à ce niveau.

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TENNIS Le Brésilien GustavoKuerten, vingt et un ans, révélationdes Internationaux de France, devaitaffronter l’Espagnol Sergi Bruguera,vingt-sept ans, dimanche 8 juin, en

finale du tournoi. b « GUGA »,comme le surnomment déjà tous lesBrésiliens et les spectateurs de laporte d’Auteuil, a battu le Belge Fi-lip Dewulf, autre demi-finaliste sur-

prise. b BRUGUERA, double vain-queur de l’épreuve (1993, 1994), estvenu à bout de l’attaquant austra-lien Patrick Rafter, à l’issue de l’unedes plus belles rencontres de la

quinzaine. b ROLAND-GARROS s’en-flamme déjà pour le jeune Brésilien,ses tenues chamarrées, son jeu pré-cis, son sourire et sa grand-mère ex-perte en « coaching », venue du Bré-

sil pour assister à la partie. b AUBRÉSIL, les exploits de GustavoKuerten éclipsent les performancesde l’équipe de football, qui participeactuellement au Tournoi de France.

DÉPÊCHESa BASKET-BALL : les Utah Jazz, grâce à trente sept points de KarlMalone et malgré un réveil tardif de Michael Jordan et Scottie Pippen,ont dominé les Chicago Bulls (104-93), vendredi 6 juin, dans leur sallede Salt Lake City en finale du championnat professionnel américain(NBA). Chicago tenant du titre, victorieux, chez lui, des deux pre-mières rencontres, ne mène plus que par deux victoires à une. Le titrese joue en sept matches. – (AFP).a CYCLISME : une brigade de police italienne a opéré, jeudi 6 juin,une descente à Carano (Nord), dans l’hôtel de l’équipe MG-Techno-gym, avant le départ de la dix-neuvième étape du Tour d’Italie. Les po-liciers, dans le cadre d’une enquête sur le commerce des anabolisants,ont été informés grâce à l’interception d’un coup de téléphone donnépar un membre de l’équipe. L’opération s’est soldée par la saisie d’unlot de médicaments (anabolisants et hormones de croissance). Reste àsavoir si ces produits, découverts dans la chambre d’un masseur,étaient destinés aux coureurs de l’équipe ou si les nombreux déplace-ments de la formation permettaient aux trafiquants de les écoulerplus facilement. Quoi qu’il en soit, les sociétés MG et Technogym ontannoncé qu’elles ne reconduiraient pas leur partenariat en 1998.a FOOTBALL : l’équipe palestinienne s’est mesurée, pour la pre-mière fois, vendredi 6 juin, à celle de Jordanie lors d’un match amical,à Jéricho, qui s’est achevé sur le score de 0 à 0. Près de 10 000 specta-teurs et plusieurs officiels ont assisté à la rencontre. Les médias pales-tiniens, notamment les quotidiens Al Qods et Al Ayyam, avaient consa-cré leur « une » vendredi à la présentation de la rencontre, qu’ils ontqualifiée d’« historique ». – (AFP).

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LeMonde Job: WMQ0806--0022-0 WAS LMQ0806-22 Op.: XX Rev.: 07-06-97 T.: 10:56 S.: 111,06-Cmp.:07,11, Base : LMQPAG 34Fap:99 No:0376 Lcp: 196 CMYK

22 / LE MONDE / DIMANCHE 8 - LUNDI 9 JUIN 1997 A U J O U R D ’ H U I

3615 LE MONDE

SPORTSRÉSULTATS, RECORDS

et PALMARÈS

2,23

F/m

n

LIEU

Un palaisdu cristalà Ségovie

EN EXPOSANT quelque centcinquante pièces « historiques » àla Granja de San Ildefonso, fonda-tion espagnole qui accueillechaque année l’un des grands ver-riers du monde, Baccarat visaitsans doute à étendre son renomdans un pays mal instruit du cristalfrançais, au moment de multiplierles corners dans les grands maga-sins espagnols.

En retour, la marque lorraine re-met sous les feux de l’actualité l’undes plus beaux édifices de l’indus-trie verrière européenne. Avec safaçade blanche aux portails feston-nés d’armoiries, la cristallerie de laGranja passait inaperçue dans uneprovince généreuse en cloîtres eten châteaux. Les nuées de vacan-ciers qui à Ségovie admirentl’aqueduc romain n’allaient à laGranja que pour l’ancien palaisd’été royal. Dessinés à l’imitationde Versailles, les jardins agrémen-tés de fontaines racontent assez lanostalgie de Philippe V, comman-ditaire du château et premierBourbon à monter sur le trôned’Espagne. A l’intérieur, on re-trouve la multiplicité des salons deVersailles, interprétés avec la ma-jestueuse austérité des successeursde Charles-Quint.

Fasciné par un ensemble uniquede tapisseries Renaissance desFlandres, c’est à peine si le visiteurremarque les lustres. Tous pro-viennent de la cristallerie locale,établie en 1727 puis érigée en Ma-nufacture royale. Dévastée par unincendie, elle sera ressuscitée parCharles III, à la fin du XVIIIe siècle.

Acquise par le Centre nationaldu verre, après avoir fonctionnéjusqu’en 1969, la cristallerie de laGranja abrite une école spécialisée,un riche centre de documentationet les premières collections d’unfutur musée du verre. L’immense« nef des fours » expose la vaissellede la Granja, ainsi que 4 500moules et une rare collection deces machines qui, au siècle dernier,servaient dans toutes les cristalle-ries d’Europe.

ARCHITECTURE INDUSTRIELLEMais la magie du lieu tient da-

vantage à ses belles coupoles enbriques roses, mieux conservéesqu’en aucune église d’Istanbul, et àla grâce extérieure de ce vaste édi-fice où les cheminées d’usineémergent des tuiles romaines,entre les deux clochers octogonauxoù claquettent des familles de ci-gognes. Cette architecture indus-trielle ne déparerait pas le voisi-nage d’Arc-et-Senans de notreLedoux.

Très prisée dans les anciennescolonies américaines, la produc-tion de la Granja reste d’une fac-ture assez rustique pour que lespièces exceptionnelles prêtées parBaccarat brillent, par comparaison,de tous leurs feux. Pour l’occasion,la manufacture lorraine a sorti deses trois musées – Paris, Baccarat-ville et Tokyo – les gigantesqueschandeliers du tsar Nicolas II et dela tsarine, ainsi que le mobilier encristal exporté dans l’Inde des ma-harajas. Au milieu de ce ruisselle-ment fastueux, de plus petits ob-jets exaltent deux siècles demaîtrise : vases japonisants enlacésd’un feuillage en or, verres gravésde Georges Chevalier, le stylistemaison des années folles, formesépurées de l’art déco ou prouessesrécentes, comme l’élégante carafede Van Day Truex, millésimée 1974.

Dans un même élan, Baccaratpromeut la parfumerie françaiseau travers d’une quarantaine deflacons de la première moitié de cesiècle, à l’époque où les plaisirs dunez s’alliaient aux vertiges de l’œil.Mitsouko pour Guerlain, Amouramour pour Jean Patou, sans ou-blier « Le Roy soleil » que SalvadorDali dessina pour Schiaparelli. Cetâge d’or s’estompe. Il n’est pas ré-volu : certains flacons « histo-riques » – tel le Djedi de Guerlain –sont réédités en série limitée. Cer-tains couturiers parfumeurs (Mon-tana, Versace) continuant à faireappel à Baccarat, comme pour dé-mentir la standardisation crois-sante des emballages.

Jacques Brunel

. Centro nacional del Vidrio, pa-seo del Pocillo. 40100 San Ildefon-so, Segovia. Tél. : (911) 47-17-12.Exposition Baccarat jusqu’au30 septembre.

Salle de séjour en style 1950 : bibliothèque de Jean Prouvé et Charlotte Perriand (qui a signéaussi la table basse), gamme chromatique de Sonia Delaunay. Banquette en Skaï de George

Nelson. Côté salle à manger, table et chaises « Fourmi » à trois pieds d’Arne Jacobsen (1952).

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Au Havre,un appartementtémoin de son tempsExposition de design des années 50,dans un immeuble de Perret, architectede la reconstruction de la cité haut-normande

A LA RENCONTRE de l’art et del’industrie, le design accompagnesous des noms variés le développe-ment économique de l’après-guerre. Alexandra Midal, directricedu Fonds régional d’art contempo-rain de Haute-Normandie (FRAC),organisme doté par l’Etat et la ré-gion, n’ignore pas cette discipline.Elle avait exposé, fin 1995, les créa-tions des années 60 dans un im-meuble de la banlieue de Rouen.Cette fois, elle transporte son pro-pos au Havre, non loin de l’égliseoù l’architecte Auguste Perret a pudonner libre cours à la géométriede son art décoratif et devenir unclassique du modernisme à la fran-çaise.

A l’heure où l’on commémore leplan Marshall, le retour sur ces an-nées de pénurie anxieusementtournées vers une production demasse qui n’avait pas encore définison esthétique, dans ce qui n’étaitpas encore la société de consom-mation, relève déjà de l’exercicehistorique. Pour les générationsd’âge scolaire, cela prend un tourd’amusement quand, devant leposte de télévision Téléavia, mo-dèle luxe, sur sa table roulante,avec sa forme massivement aéro-dynamique, ils s’entendent dire« qu’en ce temps-là », la télévisionétait un objet de luxe, avec unechaîne, une seule, et... en noir etblanc.

Appartement meublé et décoréde tapisseries, vases, revues, vais-selle et jouets millésimés fifties, ce-lui-ci ne ressemble à aucun deceux dans lesquels on vivait alors,entre meubles de famille et de ré-cupération. Mais chacun peut sesouvenir d’un fragment de cet in-ventaire et le temps est venu de re-garder ces créations d’un œil neufet de relire leur message : la formelibre, symbole des espérancesd’une époque qui se mettait à res-pirer autrement, en même tempsque les coins carrés et les lignesdroites de l’ère machiniste, vitecompensés par l’explosion descouleurs.

D’abord rejetés comme il estnormal, on trouve les rescapésdans les marchés aux puces et chezde rares spécialistes : ces meublespar éléments et ces étagères avecdes cloisonnements rouges oujaunes, ces lampes en tôle perfo-rée, au bout d’un bras articulé, cer-tains fauteuils en skaï, sièges enplastique moulé, tables ovoïdes,pendules Spoutnik et autres objetsdescendus d’un ciel de bande des-sinée.

Souvent, les auteurs sont ano-nymes ; parfois, ils s’appellentCharles et Ray Eames, un couplede designers californiens connuspour un confortable fauteuil decuir et de bois moulé, mais qui enont dessiné et produit des dizainesd’autres. Ou bien Arne Jacobsen, leDanois dont la chaise en boismoulé, légère et empilable, sur sespieds de métal, continue d’être fa-briquée aujourd’hui dans unegamme de coloris acidulés qui enont refait un objet à la mode.

Parmi les Français, Jean Prouvé,infatigable ingénieur d’un confortsimple, rustique, pensé à partir dematériaux industriels comme lemétal perforé mais qu’il aimait as-socier au bois massif. Et CharlottePerriand, vaillant témoin, à quatre-vingt-dix ans passés, des annéespionnières, elle dont on ne cessed’explorer la part qui lui revientdans les créations de ses amis ar-chitectes des années 30, Pierre

Jeanneret et Le Corbusier, et lesenseignements qu’elle a su tirer deson séjour au Japon dans les an-nées 40. Et Pierre Guariche, avecses lampadaires à balancier ouplus confidentiel et raffiné, le créa-teur Serge Mouille, avec ses lumi-naires en tôle peinte, dont on ap-

précie à nouveau les formesasymétriques et la poésie.

Dans une Italie qui ne dominaitpas encore la scène mondiale, unTurinois, Carlo Mollino, amateurde bolides qui dessinait sesmeubles comme s’ils allaientfendre l’air. Au Japon, un certainNogushi, qui fait venir la lumière àtravers des architectures légères enpapier de riz. Enfin l’expatrié, Ray-mond Loewy, Français célèbre en

Amérique pour avoir silhouettédes locomotives... ou le paquet deLucky Strike. Toutes ces signaturessont représentées par leursœuvres, dans un petit logement defonction d’une école publique, aucentre du Havre. Les dimensionsétroites des pièces représentent leminimum en dessous duquel lesarchitectes estimaient ne pas pou-voir descendre pour assurer lesfonctions vitales. L’invention ducoin-repas et de la cuisine-labora-toire datent de ces années-là et, siles pièces nous semblent étriquées,le visiteur peut se souvenir qu’àl’époque des chambres séparéesou une cuisine autonome pou-vaient représenter un luxe par rap-port aux habitations ordinaires del’avant-guerre.

C’est peut-être aussi l’occasiond’un regard nouveau sur la citénormande. La reconstruction decette ville martyre de la fin de laguerre selon les principes de l’ur-banisme contemporain est un mo-dèle pour les historiens, mais elle amis du temps à convaincre ses ha-bitants. Tracée au cordeau par lesarchitectes de 1945 sous la direc-tion du maître français du bétonarmé, la ville a conservé cette al-lure d’ouverture au grand large etune respiration particulière autourdu grand bassin où Oscar Nie-meyer a posé, toute blanche, une

maison de la culture que l’onnomme ici le Volcan. La largeurdes avenues qui conduisent au ri-vage, le calme, que d’autres nom-meront ennui, de la modénaturerépétitive des façades, l’étrange at-mosphère de retenue générale queles commerces et les caféscombattent par une surenchère denéons et d’enseignes colorées,donnent à ces alignements aus-tères une personnalité ambiguë,une proximité familière que sesauteurs n’avaient sans doute pasimaginée ainsi.

Michèle Champenois

. Exposition « Appartement-té-moin, les années cinquante ».Ecole élémentaire de la Maille-raye, 38, rue de Séry, 76600 LeHavre. Du mardi au samedi, de13 heures à 18 heures. Jusqu’au30 juin. Entrée gratuite. Cataloguebilingue français-anglais, avec destextes d’Alexandra Midal et de Jo-seph Abram sur la reconstructiondu Havre, l’architecture de Perretet celle de Le Corbusier. Matérielpédagogique à l’intention des sco-laires. Renseignements pour les vi-sites de groupe au Fonds régionald’art contemporain, les Impéni-tents, 46, rue Saint-Hilaire, 76000Rouen. Tél. : 02-35-88-68-22. Télé-copie : 02-35-89–82-09.

C’est peut-être aussi l’occasion d’un regardnouveau sur la cité normande.La reconstruction de cette ville martyrede la fin de la guerre selon les principesde l’urbanisme contemporain est un modèlepour les historiens mais elle a mis du tempsà convaincre ses habitants

Des ongles arc-en-cielRevanche des lolitas sur leurbelle-mère ? Attaque à main coloréecontre baise-main beige ? Comme autemps où les collants mousse vendus enpetits pots venaient défier le vertueux« naturel », les vernis à ongless’émancipent. Nouvellement installée àSaint-Germain-des-Prés, laLondonienne Mary Quant, qui lança samini-jupe comme une bombe dans lesannées yéyé, ne propose pas moins dequatre-vingts références. Orange juice,green grass, banana yellow, electricpink : Mavala ressort les « crazy colors »du début des années 1970. Du « melonglacé » d’Arcancil (28 F) au « vertamande » de Lancôme (90 F) en passantpar le gloss vert nO 13 d’Estée Lauder, la

tendance Spice Girls de l’été 97enflamme tout le marché dans unerégression sur ordonnance. La grande distribution, qui vend enFrance quatre fois plus de flacons que lecircuit spécialisé, semble donner le la :entre 1994 et 1996, les ventes de vernis àongles de couleur dans lessupermarchés ont augmenté de 75 % envolume (sources Cecodip). « J’ail’impression de jouer à la poupée, deredevenir une enfant », affirme unenouvelle fan de ces vernis aux alluresde bonbons interdits. Chaque soir, elles’offre des doigts à colorier comme desimages. Du mandarine au lilas, unepluie arc-en-ciel s’abat sur Bourjois etses Pastel Folies, rehaussant égalementjoues, lèvres, paupières.Inspirés par « l’influence anglaise » etles succès des créateurs de maquillages

pour stars (MAC), les grands du luxevoient l’occasion de séduire lesyoungsters de Hongkong, du Japon, làoù, dans les boutiques duty free, lescosmétiques s’achètent comme desaccessoires, derniers faire-valoir d’une« French touch ». Le rouge noir deChanel, cadeau égoïste, est devenu enquelques saisons un classique. Lesmarques de luxe signalent leurdifférence dans les nuances et lestextures. Dior affiche une gammepsychédélique plus subtile que lesautres : violet marin, baby blue, bleuvinyle, vert chrome... Guerlain présentesa collection « couture sans fils » : « Lebleu est violet au regard, mais àl’application il est seulement nacré »,prévient Elisabeth Leriche, chef deproduit chez Guerlain ; les pastelstransparents d’Helena Rubinstein sont

vendus pour « transformer l’ongle enéclat de lumière ».Les jeux d’illusion comme les couleursde lagon et de soda justifient encoreplus la pose express à l’américaine, etcette « french manucure » ourlée deblanc qui fait fureur. En témoigne lesuccès de L’Onglerie, société franchiséecréée en 1983, et qui affiche 74 millionsde chiffre d’affaires en 1996, 200 000mains manucurées par an. Parmi l’unedes spécialités : la création et la posed’ongles « Top model » fabriqués enrésine acrylique. Ophélie Winter et sesongles blancs ou Sybill Buck avec sesongles bleu chewing-gum dans LeCinquième Elément, de Luc Besson,fixent le prêt-à-frimer de l’été. Toutesgriffes dehors.

Laurence Benaïm

Page 23: scholar.lib.vt.edu · 2018. 3. 26. · LeMonde Job: WMQ0806--0001-0 WAS LMQ0806-1 Op.: XX Rev.: 07-06-97 T.: 11:21 S.: 111,06-Cmp.:07,11, Base : LMQPAG 33Fap:99 No:0355 Lcp: 196 CMYK

LeMonde Job: WMQ0806--0023-0 WAS LMQ0806-23 Op.: XX Rev.: 07-06-97 T.: 10:41 S.: 111,06-Cmp.:07,11, Base : LMQPAG 34Fap:99 No:0377 Lcp: 196 CMYK

10o 20o0o

40 o

50 o

Belfast

Belgrade SofiaToulouse

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Lyon

Nantes

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Bucarest

Strasbourg

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Kiev

MadridLisbonne

Séville

Alger

Rabat

Tunis

Berne

Milan

RomeNaples

Athènes

Istanbul

Varsovie

Prévisions vers 12h00

Ensoleillé

Peu nuageux

Couvert

Averses

Pluie

Orages

Brume brouillard

Brèves éclaircies

Vent fort

Neige

PRÉVISIONS POUR LE Ville par ville, les minima/maxima de température et l’état du ciel. S : ensoleillé ; N : nuageux ; C : couvert ; P : pluie ; * : neige.FRANCE métropole AJACCIO BIARRITZ BORDEAUX BOURGES BREST CAEN CHERBOURG CLERMONT-F. DIJON GRENOBLE LILLE LIMOGES LYON

NANCY NANTES NICE PARIS PAU PERPIGNAN RENNES ST-ETIENNE STRASBOURG TOULOUSE TOURS FRANCE outre-mer CAYENNE FORT-DE-FR.

PAPEETE POINTE-A-PIT. ST-DENIS-RÉ. EUROPE AMSTERDAM ATHENES BARCELONE BELFAST BELGRADE BERLIN BERNE BRUXELLES BUCAREST BUDAPEST COPENHAGUE DUBLIN FRANCFORT GENEVE HELSINKI

KIEV LISBONNE LIVERPOOL LONDRES LUXEMBOURG MADRID MILAN MOSCOU MUNICH NAPLES OSLO PALMA DE M. PRAGUE ROME SEVILLE SOFIA ST-PETERSB. STOCKHOLM TENERIFE

VENISE VIENNE AMÉRIQUES BRASILIA BUENOS AIR. CARACAS CHICAGO LIMA LOS ANGELES MEXICO MONTREAL NEW YORK SAN FRANCIS. SANTIAGO/CHI TORONTO WASHINGTON AFRIQUE ALGER DAKAR

LE CAIRE MARRAKECH NAIROBI PRETORIA RABAT TUNIS ASIE-OCÉANIE BANGKOK BOMBAY DJAKARTA DUBAI HANOI HONGKONG JERUSALEM NEW DEHLI PEKIN SEOUL SINGAPOUR SYDNEY

08 JUIN 1997

15/26 S 16/26 S 16/25 S 14/22 P 11/18 P 15/19 P 11/18 P 14/24 N 15/23 P 15/27 N 15/21 S 14/21 S 16/25 N

13/21 P 15/22 P

17/24 N 15/24 P 14/25 N 17/27 N 13/22 P 14/24 N 16/24 N 16/26 N 14/24 P

23/28 P 25/30 C

19/27 S 18/24 S 16/22 N

21/25 P

25/29 S 25/32 C

12/18 N 14/25 S 13/23 S 16/23 P 17/24 S 13/23 P 13/23 S 12/20 S 10/16 C 16/24 P 16/22 P 10/26 S

19/27 S 13/25 S 16/23 N

14/17 P 15/23 N

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14/20 P 11/24 P 18/27 S 11/23 S 20/27 S 9/21 S

16/24 S 15/27 S 12/21 P 17/24 S 9/21 S

14/20 N

13/20 N 26/31 S 8/14 N

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20/25 N 15/20 N 16/22 P 13/26 S 14/21 S 16/23 S 6/15 C 15/25 S 12/22 S

19/29 S 24/27 S

19/31 S 16/27 S

14/22 N 3/21 S

24/37 S 16/27 S

29/38 S 28/31 P 27/31 P 28/37 S 28/37 C 27/30 N 18/31 S 27/35 S 17/26 S 17/25 P 27/31 P 7/17 S

08 JUIN 1997

LE MONDE / DIMANCHE 8 - LUNDI 9 JUIN 1997 / 23A U J O U R D ’ H U I

MOTS CROISÉS PROBLÈME No 97118

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11

I

II

III

IV

V

VI

VII

VIII

IX

X

XI

HORIZONTALEMENTI. Il cherche vraiment les pépins. – II.Serait centenaire cette année. Coule àPérigueux. – III. La moitié de rien. Onl’imagine affriolante et sexy. – IV. Saintrusse complètement retourné. Sortentdu trou. Personnel. – V. Rejetée. On luidoit le premier monastère sur le Nil. –VI. Lettres explosives. Un ton qui a ledon de nous horripiler. – VII. Marquela surprise. « Etre » est la plus fré-quente. – VIII. La masse ne l’intéressepas. Un nom pour une Lady. – IX. Titreanglais. Note. En Afrique. – X. Mettonsla batterie à neuf. Avant Danone. – XI.

Titres du passé en France, mais pas enAngleterre.VERTICALEMENT

1. S’ouvrent et se ferment à certainspropos. – 2. Fait toujours la différence.

– 3. Possessif. A demi retiré. Me dépla-cerai. – 4. Tout feu, tout flamme. Dansun pacte. Petite anglaise. – 5. Tiennenttêtes. N’est souvent qu’un sale gosse. –6. Attaché. Aide à digérer. – 7. Les che-minots se battent pour le garder.Appris. – 8. Sa femelle est plus grossed’une moitié. – 9. D’un auxiliaire. Faitle saut. Porté par le Nippon. – 10. Pointfinal. Est censée surveiller les entréeset les sorties. – 11. Assurent le retour àla Chambre.

Philippe Dupuis

SOLUTION DU No 97117HORIZONTALEMENT

I. Réclamation. – II. Ecouteur. No. –III. Mouton. Alun. – IV. Pli. Mafiosi. –V. Léché. Engin. – VI. As. Craies. – VII.Priam. CNC. – VIII. Abée. Bibi. – IX.Normale. Epi. – X. Tue. Cerclât. – XI.Sécheresses.VERTICALEMENT

1. Remplaçants. – 2. Ecoles. Boue. –3. Couic. Pérec. – 4. Lut. Harem. – 5.Atome. Ace. – 6. Mena. Câbler. – 7. Au.Fermière. – 8. Traîna. Cs. – 9. Logiciels.– 10. Onusien. Pae. – 11. Non-inscrits.

0123 est édité par la SA Le Monde. La reproduction de tout article est interdite sans l’accordde l’administration. Commission paritaire des journaux et publications n° 57 437.

ISSN 0395-2037

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Président-directeur général : Dominique AlduyDirecteur général : Gérard Morax

ÉCHECS No 1744

CHAMPIONNAT D’EUROPEPAR ÉQUIPES (Tula, 1997)Blancs : Chusman (Israël).Noirs : Minasjan (Arménie).Défense Benoni.

1. d4 Cf62. Cf3 ç53. d5 g6 (a)4. Cç3 Fg75. é4 0-0 (b)6. é5! (c) Cg4 (d)7. Cg5! (e) Ch68. h4! f6 (f)9. Cg-é4 Cf7

10. h5! f511. Cg5 C×g5 (g)12. F×g5 F×é5 (h)

13. h×g6 h×g614. d6! Ff6 (i)15. F×f6 T×f616. Fç4+ é6 (j)17. Dd2 Df8 (k)18. Cd5!! é×d5 (l)19. F×d5+ Té6+ (m)20. F×é6+ d×é621. Dg5 Fd7 (n)22. 0-0-0! Fé8 (o)23. Dd8! (p) abandon

NOTESa) Ou 3..., b5 ; 4. Fg5!, Cé4 ; 5. Fh4,

Da5+ ; 6. Cb-d2, Fb7 ; 7. a4, F×d5 ; 8.a×b5, Dç7 ; 9. Ta4, Db7 ; 10. ç4, C×d2 ;11. Dd2, Fé4 ; 12. é3, d6 ; 13. Fd3, F×f3 ;14. g×f3, D×f3 ; 15. Tg1, avec avantageaux Blancs selon Kasparov. Ou aussi3..., é6 ; 4. Cç3, d6 ; 5. é4, é×d5 ; 6.é×d5, Fé7 ; 7. Fé2, 0-0 ; 8. 0-0, Ca6 ; 9.Té1, Cç7 ; 10. a4, et les Blancs sont unpeu mieux.

b) 5..., d6 est plus naturel, mais lesNoirs veulent éviter la suite 6. Fb5+,Fd7 ; 7. a4, et ne craignent pasl’avance du pion é.

c) Une tentative de réfutation plusénergique que la continuation posi-tionnelle 6. Fé2, b5 ; 7. é5, Cg4 ; 8. Ff4,b4 ; 9. Cé4, d6 ; 10. é×d6, é×d6 ; 11. 0-0.

d) Après 6..., Cé8 ; 7. h4!, d6 (si 7...,h5 ; 8. Fç4!) ; 8. é6!, f×é6 ; 9. h5!, les

Blancs obtiennent une forte attaque(Yermolinsky-Khmelnitzky, cham-pionnat des Etats-Unis, 1995).

e) Une idée forte : si 7..., C×é5 ; 8.f4!, f6 ; 9. C×h7!, R×h7 ; 10. f×é5, F×é5 ;11. h4! suivi de h5 et de Fd3.

f) Le pion é5 n’est toujours pas àprendre car, après 8..., F×é5 ; 9. h5,Cf5 ; 10. h×g6, h×g6 ; 11. Fd3, d6 ;12. Dg4, la situation du R noir est cri-tique.

g) Evidemment, le parcours du C-R(f6-g4-h6-f7) ne peut pas être satis-faisant, même s’il allège un peu la dé-fense. L’aile-D des Noirs est entière-ment paralysée par les pions centrauxd5 - é5. En même temps, le pion é5,cette terrible épine dans le camp en-nemi, ne peut toujours pas être pris.En effet, après 11..., F×é5, l’attaqueblanche commence par 12. C×h7! Parexemple, 12..., F×ç3+ ; 13. b×ç3, R×h7 ;14. h×g6+, R×g6 ; 15. Dh5+, Rf6 ; 16.Dh4+, Ré5 (si 16..., Rg7 ; 17. Fh6+, et si16..., Rg6 ; 17. Th3) ; 17. Fç4, Rd6 ; 18.Ff4+, Cé5 ; 19. F×é5+, R×é5 ; 20. 0-0-0 !

h) 12..., h6 perd ainsi : 13. h×g6!,h×g5 ; 14. Th8+!, F×h8 ; 15. Dh5, Tf7 ;16. g×f7+, Rg7 ; 17. Fd3 et 18. 0-0-0.

i) Si 14..., Cç6 ; 15. d×é7, C×é7 ;16. Cd5.

j) Si 16..., Rg7 ; 17. Dd2.k) Une erreur qui hâte le dénoue-

ment. 17..., Tf7 ne sauvait pas lesNoirs, mais était préférable même siles Blancs conservaient une positionsupérieure par 18. Th6, Df6 ; 19. Cb5,Ca6 ; 20. 0-0-0 suivi de 21. Td-h1 ouencore plus directement par 18. 0-0-0,Df6 ; 19. Cd5, é×d5 ; 20. F×d5.

l) Que faire d’autre ? Si 18..., Tf7 ; 19.Cç7 ou 19. Dç3!

m) Si 19..., Rg7 ; 20. Dh6 mat.n) Si 21..., Dg7 ; 22. Th6.o) Si 22..., Cç6 ; 23. Th6, Fé8 ;

24 . d7! , Ff7 ; 25 . Dh4, Dh-g7 ;26. d8=D+.

p) Menace 24. d7, Ff7 ; 25. Th8+avec gain de la D.

SOLUTION DE L’ÉTUDE No 1743V. A. BRON (1927)

(Blancs : Rç2, Tç7, Cf5, Pç3 et é4.Noirs : Rb5, Df8, Pç4 et f6.)

1. Tç8!, Da3 ; 2. Cd4+, Rb6 ; 3. Tb8+,Rç5 ; 4. Tb5+, Rd6 ; 5. Td5+, Ré7 ; 6.Ta5!!, D×a5 (d6) ; 7. Cç6 (f5)+ avecgain.

ÉTUDE No 1744V. et M. PLATOV (1927)

a b c d e f g h

8

7

6

5

4

3

2

1

Blancs (7) : Ra6, Td6, Fç1, Pa2, d2,é5, f6.

Noirs (6) : Ré4, Pa3, b4, f2, f7, g6.Les Blancs jouent et gagnent.

Claude Lemoine

g SOS Jeux de mots :3615 LEMONDE, tapez SOS (2,23 F/min).

Situation le 7 juin à 0 heure TU Prévisions pour le 9 juin à 0 heure TU

b Les conseils de classe du troisième trimestre auront lieudu 9 au 14 juin pour les classes de troisième, seconde, première et terminale ; à partir du 18 juin en sixième et cinquième, et du 23 juin en quatrième.b La procédure d’orientation est régie par le décret 90-484 du 14 juin 1990, modifié par le décret 92-169 du 20 février 1992.Les parents peuvent passer outreà la décision du conseil de classeen cours de cycle : décret 96-465du 29 mai 1996. Au lycée, cettepossibilité concerne la première.

Au collège, en raison de l’application progressive de la réforme, les classes-paliersd’orientation sont, en 1997, la sixième, la cinquième à titretransitoire, et la troisième. En 1998, cinquième et quatrièmeconstitueront un cycle ; c’est en cinquième que la décision reviendra aux parents.b Le redoublement est de droit,sauf si l’élève est déjà redoublant.b L’orientation en lycéeprofessionnel ne peut avoir lieusans l’accord de la famille.

Vade-mecum de fin d’année scolaire

PRATIQUE

Comment faire appel de la décision du conseil de classeLE VERDICT est tombé : « doit

redoubler ». En principe, l’élève etses parents ne devraient pas êtresurpris car la décision a dû être pré-parée en concertation avec euxtout au long de l’année. Le conseilde classe du troisième trimestre estdéterminant pour le passage dansla classe supérieure, et l’affectationau lycée, dans la série de son choix.

Si les parents ne sont pas d’ac-cord avec la décision du conseil declasse, ils peuvent passer outre, àcondition que leur enfant ne soitpas dans une classe de fin de cycle :cette année, seulement en qua-trième et en première au lycée.Dans les autres classes (sixième,cinquième, troisième et seconde),le seul recours possible est la pro-cédure d’appel.

Il faut réagir vite, car le délai esttrès court : trois jours ouvrables, àdater de la notification de la déci-sion et de la fin du dialogue avec lechef d’établissement. En effet, ce-lui-ci peut revenir sur la décisiondu conseil de classe, mais il le faitrarement, car il a généralement lui-même présidé ce conseil et ré-pugne à désavouer les professeurs ;il doit cependant motiver son refus.

Il faut donc se renseigner sur ladate du conseil de classe, contacter

un parent-délégué pour enconnaître le résultat, et demandersans tarder un rendez-vous au chefd’établissement ou à son adjoint. Sicette démarche n’est pas couron-née de succès, on peut entamer laprocédure d’appel.

Si l’élève est un champion del’absentéisme, ou si ses notes sonten chute libre depuis le début del’année, il est inutile de tenterl’aventure. En revanche, si ses ré-sultats sont proches de lamoyenne, si le fléchissement est dûà des raisons exceptionnelles (pro-blèmes de santé de l’élève, divorce,chômage, maladie, décès dans lafamille), ou si les parents ont laconviction que certains professeursont réglé leurs comptes avec unélève turbulent, on peut conseillerl’appel.

Celui-ci se justifie également sil’orientation proposée est in-compatible avec les projets d’ave-nir de l’adolescent. Par exemple, s’ila besoin du baccalauréat scienti-fique (série S) pour devenir méde-cin. Il faut cependant que ces vœuxsoient réalistes : avec une moyennede cinq sur vingt, envisager desétudes médicales relève du mirage.

Si les notes de l’élève sontproches de la moyenne, il est in-

téressant de le situer par rapportau reste de la classe. S’il a 8,5 enmathématiques, mais que lamoyenne de la classe est à 9 danscette matière, cela montre que l’en-seignant est sévère, et l’on a deschances d’obtenir le passage. Enprincipe ces renseignements fi-gurent sur le bulletin trimestriel ; sice n’est pas le cas, on peut les de-mander aux représentants des pa-rents au conseil de classe. On peutégalement se renseigner auprès desdélégués-parents sur le nombre

d’appels dans l’établissement, quipeut varier de 3 % à 25 %. S’il estélevé, on a de meilleures chancesd’obtenir satisfaction.

CHOIX TACTIQUEIl importe de bien préciser

l’orientation souhaitée, car lacommission d’appel ne statueraque sur ce qui lui est demandé : parexemple, pour un élève de se-conde, « appel pour passage en pre-mière S ». Si l’on refuse toute idéede redoublement, il est recomman-

dé de mentionner plusieurs vœux :passage en première économiqueet sociale (ES), littéraire (L) ousciences et technologies tertiaires(STT).

Les parents ou l’élève majeurdoivent faire ensuite un choix tac-tique : soit exposer ses raisons dansune lettre détaillée jointe au dos-sier, soit se présenter en personnedevant la commission d’appel. Ence cas, la lettre sera plus succincte,car il est inutile de dévoiler ses ar-guments et de lasser l’auditoire enrépétant ce que l’on a déjà écrit.

La commission est présidée parl’inspecteur d’académie ou son re-présentant. Elle se compose dedeux chefs d’établissement, troisprofesseurs, un conseiller principald’éducation, un directeur de centred’information et d’orientation(CIO), un médecin scolaire et troisreprésentants des parents d’élèves.Tous viennent de différents hori-zons de l’académie, ce qui garantitleur impartialité. Lorsque lenombre d’appels est important, lacommission peut être dédoublée.

La dernière démarche à ac-complir est de contacter ceux quipeuvent se faire les avocats del’élève. Inutile de compter sur leprofesseur principal, qui se borne à

présenter le dossier en exposant lepoint de vue de ses collègues, et neprend pas part à la décision. En re-vanche, les représentants des asso-ciation de parents d’élèves et leconseiller d’orientation sont deprécieux alliés.

Enfin, s’il y a un problème fami-lial ou de santé, l’assistante socialeet le médecin scolaire auront leurmot à dire. Il est possible de leurfaire parvenir un pli confidentielpar l’intermédiaire de l’assistantesociale du secteur ou du médecintraitant. Sans trahir le secret pro-fessionnel, ils témoigneront du sé-rieux de la demande.

Les parents – ou l’élève majeur –qui auront décidé de se présenterdevant la commission ont intérêt àpréparer soigneusement leur inter-vention, car ils ne disposeront quede quelques minutes et ne devrontpas se laisser impressionner : lacommission prend parfois des al-lures de tribunal. Il importe de fairepreuve de diplomatie : ne pas incri-miner le professeur, mais parlerd’incompatibilité d’humeur réci-proque. Inutile de promettre quel’élève travaillera pendant les va-cances, personne ne sera dupe.

Michaëla Bobasch

LE CARNETDU VOYAGEUR

a ÉTHIOPIE. La compagnie Ali-talia qui avait interrompu ses volsRome-Addis Abeba depuis 1992les a repris le 3 juin. Les vols ontlieu deux fois par semaine, lesmardi et vendredi.a ISRAËL. Quatre hôtels israé-liens ont rejoint la chaîne hôte-lière américaine Howard JohnsonInternational dans le cadre d’unprogramme d’expansion de cettedernière au Proche-Orient. a ITALIE. A l’occasion de l’ouver-ture de leurs deux nouvelles liai-sons quotidiennes directes Paris-Vérone et Paris-Gênes, les compa-gnies Lufthansa et Air Dolomitiproposent, jusqu’au 30 juin, untarif « attractif » à 1 500 F A/R.a INDONÉSIE. La Thai dessertdésormais trois fois par semaineSurabaya, ville de tourisme etd’affaires de l’île de Java, au dé-part de Bangkok et via Bali. Lesvols, effectués en Airbus, sont encorrespondance avec le vol Paris-Bangkok.

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C U LT U R ELE MONDE / DIMANCHE 8 - LUNDI 9 JUIN 1997

Les plans-reliefs sont dans la caveLILLE

de nos envoyés spéciauxLes premiers plans-reliefs ont été créés par

Vauban, à la demande de Louis XIV. Ils avaientpour but de présenter, à une échelle unique au 1/600e, des villes-frontières du royaume, avec leursfortifications et leur environnement (Lille,Douai, Arras, Strasbourg, Perpignan...). Desplaces-fortes prises à l’ennemi figuraient aussidans la collection royale (Ostende, Charleroi,Tournai...). Ce programme fut poursuivi jus-qu’au milieu du XIXe siècle (Maastricht, Luxem-bourg, Brest, Verdun...). Chaque maquette estréalisée avec minutie. Le moindre édifice est re-produit avec tous ses détails. On a d’ailleursconservé les innombrables carnets de croquisqui ont servi aux relevés. Certains de ces planssont gigantesques : Cherbourg couvre165 mètres carrés. Ils servaient de support àd’éventuels Kriegspielen mais exaltaient aussi lapuissance du roi, qui ne manquait pas de fairevisiter ses « conquêtes ».

Installés dans la grande galerie du Louvre, ilsfurent déplacés dans les combles des Invalides. Ilrestait environ quatre-vingt-dix plans-reliefsquand, en 1985, il fut décidé de les transporter àLille, à la demande de Pierre Mauroy. L’ancienpremier ministre désirait, en effet, faire figurer

dans le hall de sa mairie le plan-relief de sabonne ville. Comme la collection était classée« monuments historiques », il proposa d’enleverle tout au nom de la décentralisation. Lesconservateurs qui en étaient chargés – et ne s’enoccupaient guère – s’indignèrent d’un déména-gement si cavalier. D’où querelles et polé-miques. A Lille, rien n’était prêt pour recevoir lesmaquettes : l’hospice qui leur était destiné se ré-véla inadéquat. Vint, en 1986, la première coha-bitation. Que faire de ces plans dont la moitiéétaient déjà dans le Nord ? François Léotard,successeur de Jack Lang rue de Valois, vouluttransiger : seize d’entre eux resteraient à Lille.Les autres reviendraient aux Invalides où ils se-raient exposés avec une muséographied’« avant-garde », qu’on attend toujours dix ansplus tard.

INTÉRÊT EXCEPTIONNELCette décision irréfléchie fut sans doute la pire

des solutions. Elle manifestait une incompré-hension totale de l’intérêt exceptionnel de cetensemble, véritable mémoire de la ville, mineinépuisable pour les historiens de l’architectureet de l’urbanisme, sans parler des spécialistes del’environnement ou des fortifications. Les mi-nistres et les élus locaux ont, hélas, considéré ces

plans-reliefs sous l’angle du gadget municipal oudu jouet pour militaires à la retraite. La manièredont sont disposés les plans-reliefs dans lessous-sols obscurs du Palais des beaux-artsmontre bien que leur valeur historique n’a pasété réévaluée. Ni par le conservateur, à qui ilsont été imposés, ni par les architectes, qui lesont considérés sous l’angle de l’encombrementet de la fragilité. Personne ne s’est demandéquel parti on pouvait en tirer, et à qui on pouvaitconfier le soin d’une présentation efficace.

Regroupés quatre par quatre dans une séried’aquariums étanches, ils sont invisibles, illi-sibles, donc incompréhensibles. Le visiteur n’au-ra même pas le loisir de tourner autour d’eux, ildevra se contenter de défiler devant un vague etlointain paysage dont la troisième dimension setrouve presque gommée. Or, pour en arriver là,le conservateur a dû – faute de place – évacuerune très belle collection d’art océanien, au-jourd’hui logée au Museum d’histoire naturelle,et qui aurait sans doute trouvé place avec jus-tesse derrière les grandes vitrines si peu adap-tées aux plans-reliefs, mais parfaitement équi-pées pour accueillir ces pièces méconnues. Est-ilvraiment trop tard pour revenir à la raison ?

F. E. et E. de R.

Rubens, David, Goya, Delacroix, Courbet... LILLE

de nos envoyés spéciauxIssu du saint des saints de la

conservation – le département despeintures du Louvre –, ArnauldBrejon de Lavergnée a pris la direc-tion du Musée de Lille lorsque lamunicipalité s’est décidée à mettrece trésor en valeur. Et c’est naturel-lement autour de la peinture, l’undes tout premiers ensembles fran-çais, que s’est organisé le Palais ré-nové.

Les cent cinquante tableaux, tousprésentés au premier étage, sontjudicieusement accrochés autourd’une idée ou d’une œuvre ma-jeure. Se succèdent de salle ensalle, sur un fond rouge qui les meten valeur, l’admirable Descente decroix, de Rubens, un bel ensembledes maniéristes du Nord, une sériede sept tableaux d’autel, dont leconservateur est, à juste titre, parti-culièrement fier. Puis un panoramade la peinture parisienne vers 1780,avec le fameux Bélisaire, de David,la peinture lilloise autour de 1800avec Watteau (de Lille), Boilly etWicar. Et enfin le face-à-face Dela-croix-Courbet, La Médée du pre-mier (1838) et l’Après-Dînée à Or-nans du second.

Trois galeries blanches pré-sentent le XVIIe français (quelquesbeaux Desportes et un portraitéblouissant de Largillière) et hol-landais (De Witte, Verspronck, deHooch, Ruisdael) ainsi que leXVIIIe français, un peu faible en dé-pit du Chardin. La sélection ita-lienne souffre de la trop forte pré-sence des deux Goya qui, à euxseuls, suffiraient à faire la réputa-tion du musée.

Comme la plupart des grandesinstitutions provinciales, le Palaisdes beaux-arts de Lille doit sonexistence à un empereur et à uncollectionneur. Napoléon Ier le créa

par décret, en même temps quequatorze autres établissementssemblables. Jean-Baptiste Wicar(1762-1834), médiocre barbouilleurdans la lignée de David, confrèrejaloux mais amateur éclairé, passaune partie de sa vie en Italie et ras-sembla une série de collections : lapremière lui fut volée, il vendit laseconde en Angleterre et légua latroisième au musée de sa ville na-tale. Ce dernier s’était déjà consti-tué un joli fonds grâce aux saisiesrévolutionnaires. De la fin de l’Em-pire à 1850, les envois de l’Etat nemanquèrent pas. La Médée, de De-lacroix, ou L’Après-Dînée à Ornans,de Courbet, font honneur auxchoix du ministère parisien. De1841 à 1879, un conservateur avisé,Edouard Reynart, l’enrichit à sontour, notamment avec l’achat desdeux merveilles de Goya : LesVieilles et Les Jeunes.

ACHATS JUDICIEUXA partir de la première guerre

mondiale, le musée entre dans uneère de somnolence, jusqu’à la déci-sion d’une rénovation totale, en1990. Celle-ci fut l’occasion d’uneréévaluation des collections, d’unerestauration d’un grand nombred’œuvres et de quelques achats ju-dicieux comme le Gobelet d’argent,de Chardin, et surtout la Vanité, deVan Hemessens, ange flamand dubizarre.

Après 1850, les lacunes sontcriantes. Trop de pompiers, parmilesquels on sauvera un solide Puvisde Chavannes et un Homme blessé,de Carolus Duran, d’une factureproche de celle de Courbet ; unepoignée d’impressionnistes, un VanGogh séduisant mais mineur ; unXXe siècle étique que le conserva-teur tente de faire exister, sansgrande conviction, en obtenantquelques dépôts du Musée national

d’art moderne. Fallait-il s’essouflerà rassembler de telles pièces alorsqu’à Villeneuve-d’Ascq, sur le terri-toire de la communauté urbaine deLille, un musée réunit des œuvresmodernes et contemporaines ?

ALLÉGORIES TÉTONNEUSESD’autant que, malgré ses la-

cunes, le Musée de Lille a une voca-tion encyclopédique : peintures,sculptures, objets d’art, céra-miques, archéologie... Le circuitMoyen Age et Renaissance, pein-tures et sculptures mélées, pré-sente avec brio deux cents piècesd’une qualité exceptionnelle. No-

tamment, un grand Christ en croixentouré des deux larrons (Pays-Basdu Sud, XVe siècle), deux panneauxde Dirk Bouts (Enfer et Paradis), ungrand retable de Saint-Georges, untravail tyrolien en bois polychrome,une admirable vierge, taillée dansun bloc de calcaire rehaussé decouleurs (XVe siècle), venue del’église Saint-Sauveur de Lille, et unbas-relief de Donatello, Le Festind’Hérode. Une section qui n’a rien àenvier au Musée de Cluny – tapis-series mises à part.

La sculpture, rassemblée dansune galerie du rez-de-chaussée, vade Houdon à Bourdelle, à travers

Carpeaux, Barrias, Fremiet, Le-quesnes, Jouvray et quelques il-lustres pompiers honorés par laIIIe République. Elle offre surtoutun panorama d’allégories téton-neuses et fessues, à la nudité tour àtour héroïque et mythologique,mais dans l’ensemble d’une grandeplatitude, qu’elles soient modeléesdans la terre ou le plâtre, tailléesdans le marbre ou coulées dans lebronze. Quelques pièces auraientpu rester en réserve, laissant unpeu d’air et d’espace aux plus va-leureuses d’entre elles.

F. E. et E. de R.

PATRIMOINE Le Palais desbeaux-arts de Lille rouvre ses portesaprès six ans de travaux. Le pré-sident de la République, JacquesChirac, devait, samedi 7 juin, inaugu-

rer un bâtiment entièrement rénovéet flanqué d’un nouvel édifice dessi-né par les architectes Jean-Marc Iboset Myrto Vitart. b LES COLLECTIONSdu musée sont particulièrement

riches dans le domaine de la pein-ture et de la sculpture médiévale.Son département de peinture pro-pose un beau panorama, de Rubensà Courbet, de David à Goya et de

Chardin à Delacroix. Si les tableauxreprésentant la fin du XIXe siècle etla totalité du XXe siècle sont nette-ment plus faibles, le cabinet des des-sins est l’un des plus importants de

France. b EN REVANCHE, les plans-reliefs installés dans les sous-sols del’établissement trouvent difficile-ment leur place dans un ensemblepar ailleurs cohérent.

Rénové, le Musée de Lille rouvre ses portesSix ans de travaux ont été nécessaires pour mener à bien la refonte totale du vieux Palais des beaux-arts, fermé au public depuis 1991,

et qui possède une collection exceptionnelle. Restituer et agrandir sont les deux idées simples des architectes Jean-Marc Ibos et Myrto Vitart

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La préfecture se reflète sur la paroi du Palais des beaux-arts. La cheminée de la chaufferien’est pas un « signal », elle devrait disparaître. Architectes : Jean-Marc Ibos et Myrto Vitart.

5 000 mètres carrés supplémentairesLes travaux entrepris au Palais des beaux-arts de Lille lui auront

fait gagner 5 000 mètres carrés, dévolus aux espaces d’exposition, sasurface totale passant de 17 000 à 22 000 mètres carrés. 550 tableauxsont au mur, et 1 900 dans les réserves, mais peu méritent d’être sor-tis de ce purgatoire. En revanche, son cabinet des dessins, riche de4 000 pièces, a trouvé un espace et sera présenté par roulement. Lasalle d’exposition temporaire, logée sous la cour-jardin, en présente,pour l’ouverture, une très belle sélection choisie parmi les écolesitaliennes (Raphaël, Fra Bartolomeo, Filippino Lippi, Pontormo,Jules Romains, Guido Reni, Guardi...). En 1990, les travaux étaient es-timés 140 millions de francs, mais l’addition a atteint 240 millions defrancs. Il faut ajouter 16 millions de francs pour la restauration desœuvres dont beaucoup étaient dans un état pitoyable.

PALAIS DES BEAUX-ARTS, placede la République, Lille 59. Tél. :03-20-06-78-00. De 12 heures à18 heures ; le lundi de 14 heuresà 18 heures ; le vendredi de12 heures à 20 heures. Fermé lemardi. 20 F et 30 F.

LILLEde nos envoyés spéciaux

Branle-bas de combat à Lille. Lavisite de Jacques Chirac, samedi 7juin, qui devrait intervenir devantle congrès de la Fédération natio-nale de la mutualité française, se-rait aussi l’occasion pour le pré-sident de la République d’inaugureren compagnie du nouveau ministrede la culture, Catherine Trautmann,le Palais des beaux-arts rénové. Al’instar du chaud-froid de la nou-velle cohabitation, l’équipe du mu-sée a vécu ces dernières heures auxbords de la crise de nerfs, apparentrésultat du mariage forcé d’ArnauldBrejon de Lavergnée, un conserva-teur pur jus comme seule l’adminis-tration des musées sait en fabri-quer, et d’une équipe d’architectes,Jean-Marc Ibos et Myrto Vitart, is-sue, elle, d’un univers différentmais tout aussi corseté : celui del’avant-garde des années 80. Larencontre de l’eau et du feu.

C’est en 1990 que la mairie lançale concours pour la rénovation etl’agrandissement du Palais desbeaux-arts, qui fut fermé au publicen 1991. La municipalité étaitconvaincue qu’elle détenait nonseulement un archétype de l’archi-tecture des musées du XIXe siècle,mais aussi une collection excep-tionnelle, de celles justement quen’ont pas toujours les municipalitésquand elles veulent se doter d’unmusée. Situé au cœur de la ville,face à la préfecture, la grande bâ-tisse lilloise, construite en 1895,était restée inachevée : la moitié dela surface prévue par les premiersarchitectes, Bérard et Delmas, res-tait en plan. Dans les années 30, lacour centrale fut recouverte d’uneverrière, initiative aujourd’hui

confirmée. En revanche, une verruemétallique éclose dans le dos del’édifice, au début des années 70,est heureusement retournée aunéant. Ce n’est pas le cas de l’in-vraisemblable chaufferie, installée àl’extrémité sud du terrain. A ces al-térations, il fallait enfin ajouterl’entresolement d’une partie de lagrande galerie, au premier étage.

Ibos et Vitart ont gagné leconcours sur une idée judicieuse etsimple : restituer d’abord, agrandirensuite. Restituer au plus près l’édi-fice d’origine, un modèle du stylebeaux-arts, avec ses colonnades,ses chapiteaux, sa symétrie obses-sionnelle, ses pavillons d’angle, sesvoûtes composites... Mais aussi unexemple de générosité grâce à sesvastes espaces, ses plafonds ensor-celés et la belle part laissée à l’inu-tile. Restituer la vérité d’origine,c’était aussi interpréter la couleurdes murs, désormais voués à unbeau rouge d’esprit pompéien ;c’était récupérer en la modernisant

la vertu de l’éclairage zénithal et re-trouver la virginité de la cour deve-nue atrium couvert. Agrandir en-suite. Le tandem d’architectes ainvesti le dédale des caves voûtées,aux briques bellement dessinées,comme si les premiers bâtisseursavaient prévu leur conversion ensalles d’exposition. Au- delà, toutétait à faire, à inventer, en partant

d’un principe simple : préserver lestransparences et les circulations, etmettre celles-ci en dialogue avec laville. A partir de là, la signatured’Ibos et Vitart prend une allurenettement plus affirmée. Ils ont ca-sé sous le jardin une salle d’exposi-tion temporaire, plafonnée deverre, élément de liaison avec lenouvel édifice administratif, une

« lame » faisant aussi office de mi-roir infidèle qui double de manièreillusoire le palais inachevé. La« lame » – pont-aux-ânes de larhétorique architecturale des an-nées 80 – on aime ou on aime pas.Le conservateur plutôt pas, semble-t-il.

Comme le voulaient les stan-dards du moment, les volumes decette « lame », grand bâtiment platcomme une limande, sont minima-listes à souhait, et la sophisticationdes détails, éblouissante en soi, pa-raît relever d’un luxe un peu décaléaujourd’hui. Tout a été dessiné« jusqu’au moindre boulon ». Lescirculations ont lieu en façade, der-rière un mur de verre sérigraphié,une « peau », comme il se doit, autravers de laquelle scintille le va-et-vient de silhouettes fugaces.

PLUS NOIR QUE NUITAu rez-de chaussée, le café, aussi

serré que le béton est brut, tout en-tier tourné vers le vocabulaire sup-posé du futur, exige du client unebonne dose d’ascétisme. On ne ba-dine pas chez Ibos et Vitart, ni ici,ni dans les espaces dont ils se sontréservé le dessin, la matière, l’es-sence. Ciment ou béton brut, acierperforé et grandes lames de verre –fenêtres ou cloisons – sont les élé-ments basiques d’une alchimie quidoit tout convertir en or par le biaisd’une lumière soigneusement do-sée ou par celui d’un noir plus noirque nuit. Sous réserve de quelquesréglages, l’alchimie réussit auxœuvres et objets d’art.

C’est dans la nuit, aussi, que lesarchitectes ont installé les vastesplans-reliefs, logés dans d’im-menses aquariums aux parois im-perceptibles, ce qui ne veut pas direimpalpables. Alors qu’ailleurs toutconcourt à une meilleure approchedes œuvres, ici on se casse le nez àvouloir saisir ce qui se passe dansces paysages désormais inacces-sibles, comme jetés aux oubliettes.Cette fosse tragique est un ajout de« dernière minute » au programme.Sans logique muséographique ou

architecturale, elle appartient à unautre monde. Mais elle révèle en lesconcentrant les faiblesses, seraient-elles secondaires, du musée, refletsde dialogues inexistants ou rom-pus, de positions intransigeantes,voire dogmatiques.

Les nouveaux espaces créés parIbos et Vitart auraient pu accueillirtous les vocabulaires de la créationcontemporaine, mais cette archi-tecture, faite pour se suffire à elle-même, est exclusive de toutemarque autre que la leur. Ibos et Vi-tart sont plus laxistes, en revanche,pour les espaces du XIXe siècle. Ilsont ainsi fait appel à deux artistes –Pesce et Paolini –, pour leur fairejouer des partitions insolites, car, àl’inverse des œuvres que le muséeaccueille, elles ont un impact telqu’elles modifient l’architecture etla perception que l’on peut enavoir.

Le travail de Gaetano Pesceconsiste en deux énormes « sacs quicontiennent des objets en fragments,témoins de la réalité de chaquejour ». Faits de morceaux de verrescolorés, ils sont placés sous les oculides rotondes dans les deux pavil-lons latéraux. Selon l’inspiration, ilsévoqueront deux majestueuxlustres art nouveau, ou bien deuxbonnets de bain pour fortes têtes.Rien, en tout cas, qui rappelle l’aus-térité d’Ibos et Vitart. L’idée estd’inverser le principe de la voûte.Très bien, mais pourquoi cela ?Pour abaisser les plafonds des en-trées, rendre l’espace du muséeplus hospitalier. Fort bien encore,mais fallait-il pour autant masquerl’un à l’autre l’envol des deux esca-liers de l’entrée ? L’architecture iciest curieusement contredite, maisau moins, on s’en consolera, l’art dePesce se trouve-t-il célébré.

Giulio Paolini, pour sa part, a éla-boré une œuvre complexe, im-mense jeu de cubes en verre trans-parent qui portent, efflorescences àpeine gravées, un plan fragmentédu musée. Elégant et conceptuel, cetravail a trouvé place dans l’atriumdont il verrouille l’espace. Manifes-tement les architectes ont vouluéviter que la piètre sculpture dumusée ne vienne perturber la no-blesse de ce volume pur et central.Juste cause. Fallait-il pour autantcondamner l’atrium à un immobi-lisme sans le moindre rapport –autre que laborieusement rhéto-rique – avec les collections ? LeMartin-Gropius-Bau, le « GrandPalais » de Berlin, qui bénéficie,toutes proportions gardées, d’un telespace « vierge », en a fait le lieud’incessantes inventions muséogra-phiques. A Lille, il aurait fallu qu’ensus de leurs qualités respectives etde leurs incontestables talentsconservateur et architectespoussent plus loin leur dialogue.

Frédéric Edelmannet Emmanuel de Roux

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C U L T U R E LE MONDE / DIMANCHE 8 - LUNDI 9 JUIN 1997 / 25

Le monde des rêves d’Elisabeth au Studio-théâtre de Vitry

Le comédien Alain Ollivier dirige « La Révolte », de Villiers de L’Isle-AdamDepuis 1983, l’excellent comédien et metteur en scèneAlain Ollivier dirige le Studio-théâtre de Vitry. Dans unancien atelier de la rue de l’Insurrection, il a aménagé

une belle salle, où il crée plusieurs spectacles mar-quants – comme Les Bonnes, de Jean Genet, en 1991, etPartage de midi, de Paul Claudel, en 1993.

LA RÉVOLTE, de Villiers deL’Isle-Adam. Mise en scène :Alain Ollivier. Avec Agnès Sour-dillon et Alain Ollivier.STUDIO-THÉÂTRE, 18, avenuede l’Insurrection, Vitry-sur-Seine. RER C Vitry-sur-Seine.Tél. : 01-46-82-40-17. Du lundi ausamedi à 20 h 45. Durée : 1 h 20.70 F et 120 F. Jusqu’au 28 juin.

Ibsen avait-il lu La Révolte de Vil-liers de L’Isle-Adam quand il écrivitMaison de poupée ? On jurerait queoui tant les pièces se ressemblent.Maison de poupée date de 1879, LaRévolte, de 1869. Toutes deuxmettent en scène une femme qui an-nonce brutalement à son mari sonintention de le laisser. Nora et Elisa-beth veulent échapper à l’horreurd’une vie qui les étouffe. Quitter lemonde des ombres bourgeoises au-quel leur rôle les contraint. Pour lemari d’Elisabeth, un mot contienttout : positivement. La vie, l’argent,les sentiments, tout doit être vu« positivement » – comme, au-jourd’hui, un supermarché incite àfaire ses courses. Villiers de L’Isle-Adam haïssait cette philosophie. Savie a été traversée par la tentationde l’absolu et l’obsession de l’échec– et cela se sent dans La Révolte. Dèsles premières répliques, le spectateur

pressent que tout est fini entre lemari et la femme. Il leur reste à boirela coupe jusqu’à la lie.

La Révolte est une pièce stupé-fiante. Elle dure un peu plus d’uneheure, contient trois scènes, deuxpersonnages et de larges pans de lacondition humaine. Elle est jouée auStudio-théâtre de Vitry. L’endroit s’yprête. C’est un laboratoire de l’art,niché dans un pavillon aux voletsbleus qui évoque une maison de va-cances.

Alain Ollivier s’est installé là en1983. Il a aménagé la salle dans l’an-cien atelier jouxtant le pavillon. Desmurs de briques, un plancher, desgradins : l’endroit est sobre, simple-ment beau. Au fond de la scène,deux rangées de vitres donnent surles arbres du jardin. D’ordinaire,elles sont masquées. Pour La Révolte,non : elles dessinent le décor lointaind’un monde d’arbres dans la nuitbleue. Le monde des rêves d’Elisa-beth.

JUSQU’AU BOUTLa voilà donc, cette jeune femme

interprétée par Agnès Sourdillon.Assise sur une chaise, droite, avec unchignon et une austère robe agré-mentée d’un long collier. Son mariporte un veston. Il est presquechauve, avec un visage rond : AlainOllivier. Assis à côté d’elle, qui ne le

regarde pas. Leurs mains parlent.Celles de Félix sont affectées, mo-biles, presque trop délicates : desmains de tueur propre. Pour lui,l’argent c’est du sang. Elisabeth, elle,joue de ses longs doigts avec le mé-daillon suspendu au pendentif. Elleira jusqu’au bout. Plus loin que No-ra. Après son départ dans la nuit, quilaisse son mari effondré sur le sol,elle revient à la maison. Alors, dansun silence terrifiant, elle dit le pire :partir ne sert à rien, puisque tout estconsommé, sa vie défaite. Elle vadonc rester auprès de son mari, quin’a rien compris et ne comprendrajamais rien.

« Le théâtre se nourrit de tout, etrien d’autre que le théâtre n’est utileau théâtre », dit Alain Ollivier. Samise en scène de La Révolte magnifiece propos. Tout est théâtre, à Vitry :l’espace, le temps, les arbres dans lanuit, le silence qui enveloppe la soli-tude déchirée du couple. Il faut pos-séder l’inquiétude d’un clown pourtenir le rôle impossible du mari,comme le fait Alain Ollivier. Il fautavoir la gravité fièvreuse d’AgnèsSourdillon pour donner à Elisabethla grâce sans laquelle l’épouse de LaRévolte devient une discoureuse.Cette comédienne a trouvé un rôlemarquant. A sa mesure.

Brigitte Salino

DÉPÊCHESa CINÉMA : « Le Cinquième Elément » dépasse les 100 millions dedollars de recettes dans le monde (environ 550 millions de francs) enmoins d’un mois, selon Le Film français. Le film de Luc Besson, sortipour l’instant dans vingt et un pays, a enregistré ses plus gros succès auxEtats-Unis (51,4 millions de dollars) et en France (28,8 millions de dol-lars), où il atteindra les cinq millions d’entrées au cours de son actuellecinquième semaine d’exploitation. a La nouvelle commission d’avance sur recettes, qui attribue desaides à la production selon une procédure réformée, a été constituée inextremis entre les deux tours des élections législatives. La commissionsera présidée par le réalisateur Pascal Thomas. Elle est divisée en quatrecollèges, celui voué aux premiers films est dirigé par le réalisateurJacques Rozier, celui pour les autres films par Véronique Cayla, direc-trice de MK2, celui consacré aux aides après réalisation est piloté par leproducteur Patrice Haddad, et celui des aides à l’écriture par le spécia-liste de la distribution Denis Chateau.a PHOTOGRAPHIE : l’Américain Dennis Hopper est l’invité demarque du 7e Printemps de Cahors (Lot), un des principaux rendez-vousde la photographie contemporaine en France, qui a lieu jusqu’au 22 juin.Le lien entre la photographie et le cinéma est au cœur des vingt-cinq ex-positions. Dennis Hopper est acteur, réalisateur, peintre et photographe,proche, dans les années 60, d’artistes comme Andy Warhol.a ROCK : le corps du chanteur américain Jeff Buckley, qui avait dis-paru après être parti nager le 29 mai dans une marina près de Memphis(Tennessee), a été retrouvé, mercredi 4 juin, dans le Mississippi. Agé detrente ans, Jeff Buckley préparait un nouvel album après le succès deGrace, en 1994 (Le Monde du 4 juin).

Les deux tours de magiede Georges Lavaudant

A l’Odéon, le metteur en scène propose ce comblede course-poursuite qu’est le « Chapeau de paille d’Italie »

d’Eugène Labiche et « La Dernière Nuit », dont il est l’auteur

UN CHAPEAU DE PAILLE D’ITA-LIE, d’Eugène Labiche. Mise enscène : Georges Lavaudant. AvecSylvie Orcier, Philippe Morier-Genoud, Gilles Arbona, Emile Ta-vernier, Marie-Paule Trystram,Patrick Pineau, Annie Perret. LADERNIÈRE NUIT, de GeorgesLavaudant, mise en scène del’auteur. Avec Anne Alvaro etBouzid Allam.ODÉON THÉÂTRE DE L’EUROPE,1, place de l’Odéon, Paris 6e. Mo :Odéon. Tél. : 01-44-41-36-36. Jus-qu’au 29 juin.

Un chapeau de paille d’Italie estun merveilleux titre. Il lance desimages de soleil, de vacances. Unvent de liberté. Il nous promet,séance tenante, une crise de bon-heur. Et le « bis » de la préposi-tion : « de » et « d » apostrophe,esquisse un pas de danse, commelorsqu’on saute sur un pied, à lamarelle. C’est là un privilège du« de » jeté deux fois. « La puretéde la transparence de cristal dubouchon de la carafe d’eau de fleurd’oranger », c’est trop. Mais Unchapeau de paille d’Italie, une-deux, c’est presque sauter de joie.Labiche n’a pas raté son coup.Baptisée Une capeline de Florence,ou autre chose du même tonneau,sa pièce n’aurait pas eu le mêmeavenir. Triomphal. Elle n’est pasplus forte, ni plus drôle, que biend’autres pièces de Labiche, mêmeplutôt moins, mais elle est reprisesans cesse, emportée par son titrede « pièce de plaisir », comme il yavait, du temps de Labiche, versTrouville et les plages, le di-manche, des « trains de plaisir ».

Et c’est vrai, le plaisir est là,violent, dès les premières scènes.Labiche improvise une cascaded’événements qui dépassent lesbornes de l’inénarrable, du déri-soire, du bouffon, qui se font l’unl’autre des croche-pieds. A s’étran-gler de rire, d’autant plus que La-biche, d’une forme d’enfer commesouvent à ses premiers actes, in-vente de piquer là-dessus des motsqui font tilt. C’est sa spécialité. Sagrande force. Des mots simples, etmême rebattus, prennent soudainun éclat, une fraîcheur, inouïs. Ce-la s’accompagne d’un effet de pro-pulsion, fou, car c’est l’impossibleabsolu des situations qui restitueaux mots leurs couleurs naturelles,qui les « lave plus blanc ».

La donne du Chapeau de pailled’Italie est connue : une mariée,ses parents et les invités de la nocese font transbahuter d’un flop à unautre, parce que le marié est à lapoursuite du double du chapeauqu’un cheval de fiacre a mangé,pendant que la dame du chapeau,une épouse en promenade, em-brassait un beau militaire. GeorgesLavaudant reprend ce comble decourse-poursuite, qui lui vacomme un gant car c’est duthéâtre libre, aérien, des acteurs-oiseaux, du jeu à l’état pur. Dans leprospectus-programme que distri-

buent les ouvreuses, Ingmar Berg-man, Brecht, Shakespeare, sontappelés en renfort, un vrai kidnap-ping de parrains malgré eux, etmême Œdipe roi, de Sophocle, etallez-y donc les Grands Cérébraux,bourrez-nous le crâne !

Lavaudant est moins débile, il nesurcharge rien, il a l’œil juste,l’oreille juste, il rythme les images,les mouvements, les chansons, il ades inventions charmantes, il atout au plus demandé à sonhomme des décors, Jean-PierreVergier, de laisser planer, sur cesinconscients, des orages, un bric-à-brac de saletés de derrière latête, qui reste dans l’ombre, là-haut, vous le verrez à peine, n’ypensons plus. C’est une farandole,une fête à plusieurs qui se tiennentpar la main, pas d’acteur qui chipela couverture à l’autre, personne àmoucharder ou fleurir en parti-culier, c’est la bande à Lavaudant,la fine équipe. Ils sont épatants. Ilsne peuvent pas empêcher, Lavau-dant non plus, ce célèbre chef-d’œuvre de donner de la bande, aucours des actes.

Il rythme les images,les mouvements,les chansons,il a des inventionscharmantes

La donnée de base était tropmince, pour tenir plus de quelquesbrasses. L’action vasouille. Les pa-roles flanchent. Un chapeau depaille d’Italie prend le départ surdes chapeaux de roue et s’achèvecouché sur la paille (et voilàl’exemple type de la plaisanteriedont il aurait mieux valu se pas-

ser). Un bien beau soir tout demême.

Dans la seconde salle du théâtrede l’Odéon, Georges Lavaudantoffre La Dernière Nuit. A ne pasmanquer, surtout. Lavaudant a su(ce n’est pas un secret) que GamalAbdel Nasser, quand il dirigeaitl’Egypte, ne manquait pas un seulconcert d’une chanteuse, OumKalsoum. Il imagine que Nasser,après des mois ou des années derencontres, éconduit Oum Kal-soum. Elle sait le secret de for-mules magiques et elle changeNasser en un petit Nasser, qui estNasser à huit ou dix ans, peut-être,mais qui est aussi une « réduc-tion » du grand Nasser, car il est là,sur scène, en uniforme, avec un vi-sage d’homme âgé, mais tout pe-tit. Oum Kalsoum est grande, trèsbelle – c’est l’actrice Anne Alvaro –et sur la tête grise de son mini-Nasser muet elle fait tomber,d’une voix d’enchanteresse, desvérités, tout un très beau chant demémoire, toute une poésie desterres et du fleuve de l’Egypte,tout un témoignage descompagnes de l’ombre.

Georges Lavaudant est un écri-vain, il l’a plus d’une fois fait en-tendre. Bouzid Allam est fascinanten Nasser miniaturisé, Anne Alva-ro, masquée, irradie mystère, té-nèbres, douleur, ironie. L’auditoireretient son souffle. Ce combat, pa-role contre silence, a lieu dans unechambre secrète (décor de Jean-Pierre Vergier) dont les parois sonttoutes incisées par les caractèresde l’alphabet arabe : la lumière dujour s’infiltre par les ciselures, etc’est comme si la vérité et le men-songe de toute vie se confondaientdans les ors ombreux de laconscience. Lavaudant joue de sonthéâtre comme d’une calebasse derésonance, magique.

Michel Cournot

Page 26: scholar.lib.vt.edu · 2018. 3. 26. · LeMonde Job: WMQ0806--0001-0 WAS LMQ0806-1 Op.: XX Rev.: 07-06-97 T.: 11:21 S.: 111,06-Cmp.:07,11, Base : LMQPAG 33Fap:99 No:0355 Lcp: 196 CMYK

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26 / LE MONDE / DIMANCHE 8 - LUNDI 9 JUIN 1997 G U I D E C U L T U R E L

Carte blancheà Pierre BarouhLe label Saravahfête ses trente ansd’indépendanceà l’Espace Kiron

EN 1965, Pierre Barouh avait in-vesti une partie des royalties ga-gnées avec Francis Lai pour labande originale du film Un hommeet une femme dans un tout nou-veau label de disques, Saravah. Saphilosophie, celle du droit à la pa-resse, résumée par une devise mai-son (« Il y a des années où l’on a en-vie de ne rien faire ») lui a permisde produire Brigitte Fontaine,Jacques Higelin, Maurane, et au-jourd’hui Françoise Kucheida ouFred Poulet.

Trente ans après, Saravah achangé de slogan (« Les rois duslow-bizz »), mais pas de ligne di-rectrice – réfractaire aux obses-sions de rentabilité des multinatio-nales. L’un des derniers labelsindépendants du paysage français

survit. Il se porte mentalementbien, à défaut de trouver les che-mins de l’équilibre financier. Pourfêter son anniversaire, Saravah in-vente un Musikiron – du nom de lasalle où se produiront les poulainsde l’écurie Barouh, et les musicale-ment proches. Entre autres : le trèsdansant Paris Combo et l’acerbeGrande Sophie (les 7 et 12), l’Haï-tienne Dominique Sylvain (le 13),les Petits Assassins (voix, accor-déon, les 14 et 20), le vétéranPierre Louki (le 18). Mami Chans’amuse avec les synthétiseurs mi-nimalistes (le 11), les Silverd’Argent font du rock (les 7 et 21).. Espace Kiron, 10, rue La Vacque-rie, Paris-11e . Mo Voltaire. Jusqu’au21 juin Tél. : 01–44–64–11–50. 80 F,gratuit le 21.

UNE SOIRÉE À PARIS

Matinée classique au ChâteletSi tous les musiciens parisiensétaient aussi admirables queceux-là, Paris serait une capitalede la musique.Vincens Prats (flûte), RenéGuillamot (hautbois), PascalMoraguès (clarinette), AmauryWallez (basson), André Cazalet(cor), Philippe Aïche, JoëlleCousin (violon), Jean Dupouy,Ana Bela Chavez (alto)Mozart : Quintette pour cor etcordes KV 407, Quintette pourclarinette et cordes KV 581.Spohr : Nonet.Châtelet, 1, place du Châtelet,Paris-1er. Mo Châtelet. 11 h 30, le8 juin. Tél. : 01-40-28-28-40. 80 F.David Thomasand Two Pale Boys, RaptusL’ancien leader de Père Ubu,groupe essentiel de la scèneaméricaine de la fin desannées 70, est resté un conteurhors pair. Ce poète surréaliste à lavoix caverneuse est accompagnéd’un trompettiste, d’un guitaristeet de son propre accordéon.Saint-Germain-en-Laye (78).La Clef-L’Eclipse, 46, rue deMareil. 21 heures, le 7 juin.Tél. : 01-39-21-54-90. 60 F.John McEnroeC’est devenu une habitude. Al’époque de Roland-Garros, entredeux matchs commentés pour latélévision américaine, l’ex-enfantterrible des courts troque laraquette pour la guitareélectrique, déclinant dans labonne humeur un répertoire declassiques blues et rock’n’roll.Chesterfield Café, 124, rue LaBoétie, Paris-8e. Mo Saint-Augustin.22 heures, les 7 et 8 juin. Tél. :01-42-25-18-06. Entrée libre.

SanacoreAprès s’être consacré aurépertoire populaire italien, cequatuor féminin, qui s’est nourriun temps à la sève créatrice deGiovanna Marini, élargit sonchamp d’investigation. Sonnouveau spectacle met en scènepolyphonies anciennes, berceuseset esthétiques contemporaines.Tourtour, 20, rue Quincampoix,Paris-4e. Mo Châtelet. 22 heures,les 7, 10, 11, 12, 13 et 14 juin.Tél. : 01-48-87-82-48. 90 F.Kan’nidaMilitant pour la défense du gwoka, la musique traditionnelle de laGuadeloupe, le groupe Kan’nidatisse un lien fort et secret entrepassé et présent. Emportés par legalop farouche des percussions,les textes vifs chantent en créolel’âme et les mœurs de la sociétéguadeloupéenne. (CDIndigo/Harmonia Mundi).New Morning, 7-9, rue desPetites-Ecuries, Paris-10e.Mo Château-d’Eau. 20 h 30,le 7 juin. Tél. : 01-45-23-51-41.De 110 F à 130 F.M’Bady et Diaryatou KouyateOriginaire de Guinée, ce couplede griots perpétue la traditionmandingue avec une intensevigueur. La kora égrène ses notesde pluie fine, la voix, majestueuseet lyrique, vante la beauté deMariama ou chante les louangesde Mamadou Bitiki, « homme trèsaudacieux qui alla jusqu’àdétourner la femme du chef decanton » (CD Guinée : Kora etchant du N’Gabou/Adès Musidisc).Maison des cultures du monde,101, boulevard Raspail, Paris-6e.Mo Saint-Placide. 20 h 30, le 7.Tél. : 01-45-44-72-30. 80 F et 100 F.

CINÉMANOUVEAUX FILMSANNA KARENINEFilm britannique de Bernard RoseVO : Gaumont Les Halles, 1er (01-40-39-99-40) (+) ; Gaumont Opéra Impérial,2e (01-47-70-33-88) (+) ; 14-JuilletOdéon, 6e (+) ; Gaumont Champs-Ely-sées, 8e (01-43-59-04-67) (+) ; 14-JuilletBastille, 11e (+) ; Gaumont Grand EcranItalie, 13e (01-45-80-77-00) (+) ; Gau-mont Parnasse, 14e (+) ; 14-Juillet Beau-grenelle, 15e (+) ; 14-Juillet-sur-Seine,19e (+).ÉTOILE DU SOIRFilm américain de Robert HarlingVO : UGC Ciné-Cité Les Halles, 1er ; Gau-mont Opéra Impérial, 2e (01-47-70-33-88) (+) ; 14-Juillet Hautefeuille, 6e (+) ;UGC George-V, 8e.GRIDLOCK’D (*)Film américain de Vondie Curtis HallVO : UGC Ciné-Cité Les Halles, 1er ; Gau-mont Opéra I, 2e (01-43-12-91-40) (+) ;14-Juillet Odéon, 6e (+) ; Gaumont Am-bassade, 8e (01-43-59-19-08) (+) ; UGCGeorge-V, 8e ; Majestic Bastille, 11e (01-47-00-02-48) (+) ; Gaumont GobelinsFauvette, 13e (01-47-07-55-88) (+) ;Gaumont Alésia, 14e (01-43-27-84-50)(+) ; Sept Parnassiens, 14e (01-43-20-32-20) ; Pathé Wepler, 18e (+).HELLRAISER 4 (*)Film américain de Kevin YacherVF : Rex, 2e (01-39-17-10-00).MADAME JACQUESSUR LA CROISETTEFilm français de Emmanuel FinkielAction Christine, 6e (01-43-29-11-30).MICHAELFilm américain de Nora EphronVO : UGC Ciné-Cité Les Halles, 1er ; UGCOdéon, 6e ; Gaumont Marignan, 8e (+) ;UGC George-V, 8e ; Gaumont OpéraFrançais, 9e (01-47-70-33-88) (+) ; Bien-venüe Montparnasse, 15e (01-39-17-10-00) (+).TONKAFilm français de Jean-Hugues Anglade

UGC Ciné-Cité Les Halles, 1er ; UGCDanton, 6e ; UGC Montparnasse, 6e ;UGC Normandie, 8e ; UGC Opéra, 9e ;UGC Lyon Bastille, 12e ; UGC Gobelins,13e ; Mistral, 14e (01-39-17-10-00) (+) ;Gaumont Convention, 15e (01-48-28-42-27) (+) ; Pathé Wepler, 18e (+) ; LeGambetta, 20e (01-46-36-10-96) (+).UN PRISONNIER DE LA TERREFilm américano-soviétique de JohnBerryVO : Espace Saint-Michel, 5e (01-44-07-20-49) ; Elysées Lincoln, 8e (01-43-59-36-14) ; Sept Parnassiens, 14e (01-43-20-32-20).LA VIE DE JÉSUSFilm français de Bruno DumontUGC Ciné-Cité Les Halles, 1er ; Saint-An-dré-des-Arts II, 6e (01-43-26-80-25) ;UGC Rotonde, 6e ; UGC George-V, 8e ;14-Juillet Bastille, 11e (+) ; Le Cinémades cinéastes, 17e (01-53-42-40-20) (+).VOYAGE AU DÉBUT DU MONDEFilm franco-portugais de Manoel deOliveiraVO : Gaumont les Halles, 1er (01-40-39-99-40) (+) ; Gaumont Opéra I, 2e (01-43-12-91-40) (+) ; Latina, 4e (01-42-78-47-86) ; Europa Panthéon (ex-Reflet Pan-théon), 5e (01-43-54-15-04) ; La Pagode,7e (+) ; Le Balzac, 8e (01-45-61-10-60) ;Escurial, 13e (01-47-07-28-04) (+).

LES EXCLUSIVITÉSAFRIQUES : COMMENT ÇA VA AVEC LA DOULEUR ? (Fr.) : 14-JuilletBeaubourg, 3e (+).LES ANGES DÉCHUS (H., v.o.) : Lucer-naire, 6e.ASSASSIN(S) (**) (Fr.) : UGC Ciné-CitéLes Halles, 1er ; 14-Juillet Odéon, 6e (+) ;UGC George-V, 8e ; UGC George-V, 8e ;14-Juillet Bastille, 11e (+) ; UGC Gobe-lins, 13e ; Gaumont Parnasse, 14e (+) ;Gaumont Alésia, 14e (01-43-27-84-50)(+) ; Pathé Wepler, 18e (+).L’ASSOCIÉ (A., v.o.) : Gaumont LesHalles, 1er (01-40-39-99-40) (+) ; Gau-mont Marignan, 8e (+) ; UGC Triomphe,8e ; v.f. : Rex, 2e (01-39-17-10-00) ; Para-mount Opéra, 9e (01-47-42-56-31) (+) ;

UGC Lyon Bastille, 12e ; UGC Gobelins,13e ; Gaumont Parnasse, 14e (+) ; Gau-mont Alésia, 14e (01-43-27-84-50) (+) ;Gaumont Convention, 15e (01-48-28-42-27) (+) ; Pathé Wepler, 18e (+).L’AUTRE CÔTÉ DE LA MER (Fr.) : UGCCiné-Cité Les Halles, 1er ; GaumontOpéra I, 2e (01-43-12-91-40) (+) ; LeSaint-Germain-des-Prés, Salle G. deBeauregard, 6e (01-42-22-87-23) (+) ; LeBalzac, 8e (01-45-61-10-60) ; Saint-La-zare-Pasquier, 8e (01-43-87-35-43) (+) ;La Bastille, 11e (01-43-07-48-60) ; Es-curial, 13e (01-47-07-28-04) (+) ; Gau-mont Alésia, 14e (01-43-27-84-50) (+) ;Bienvenüe Montparnasse, 15e (01-39-17-10-00) (+) ; Gaumont Convention,15e (01-48-28-42-27) (+) ; Pathé Wepler,18e (+) ; 14-Juillet-sur-Seine, 19e (+).LE BAISER DU SERPENT (Fr.-All.-Brit.,v.o.) : 14-Juillet Hautefeuille, 6e (+) ;Gaumont Marignan, 8e (+) ; GaumontParnasse, 14e (+) ; Le Cinéma des ci-néastes, 17e (01-53-42-40-20) (+).LE CINQUIÈME ÉLÉMENT (Fr., v.o.) :UGC Ciné-Cité Les Halles, 1er ; GaumontOpéra I, 2e (01-43-12-91-40) (+) ; Bre-tagne, 6e (01-39-17-10-00) (+) ; UGCDanton, 6e ; Gaumont Ambassade, 8e

(01-43-59-19-08) (+) ; Publicis Champs-Elysées, 8e (01-47-20-76-23) (+) ; Majes-tic Bastille, 11e (01-47-00-02-48) (+) ;Gaumont Grand Ecran Italie, 13e (01-45-80-77-00) (+) ; 14-Juillet Beaugre-nelle, 15e (+) ; Gaumont Kinopanora-ma, 15e (+) ; Majestic Passy, 16e (01-42-24-46-24) (+) ; UGC Maillot, 17e ; 14-Juillet-sur-Seine, 19e (+) ; v.f. : Rex (leGrand Rex), 2e (01-39-17-10-00) ; UGCMontparnasse, 6e ; Gaumont OpéraFrançais, 9e (01-47-70-33-88) (+) ; LesNation, 12e (01-43-43-04-67) (+) ; UGCLyon Bastille, 12e ; Gaumont GobelinsFauvette, 13e (01-47-07-55-88) (+) ;Gaumont Parnasse, 14e (+) ; GaumontAlésia, 14e (01-43-27-84-50) (+) ; Gau-mont Convention, 15e (01-48-28-42-27)(+) ; Pathé Wepler, 18e (+) ; Le Gambet-ta, 20e (01-46-36-10-96) (+).LE COMMENT ET LE POURQUOI (Esp.,v.o.) : Latina, 4e (01-42-78-47-86).EMMA L’ENTREMETTEUSE (A., v.o.) :Gaumont Les Halles, 1er (01-40-39-99-40) (+) ; Gaumont Opéra Impérial, 2e

(01-47-70-33-88) (+) ; UGC Danton, 6e ;UGC Rotonde, 6e ; Gaumont Ambas-sade, 8e (01-43-59-19-08) (+) ; UGC Nor-mandie, 8e ; Gaumont Grand Ecran Ita-lie, 13e (01-45-80-77-00) (+) ; GaumontAlésia, 14e (01-43-27-84-50) (+) ; 14-Juil-let Beaugrenelle, 15e (+) ; UGC Maillot,17e ; Pathé Wepler, 18e (+) ; v.f. : Gau-mont Opéra Français, 9e (01-47-70-33-88) (+) ; Gaumont Parnasse, 14e (+).LA FÊTE BLANCHE (Rus., v.o.) : Lucer-naire, 6e.GÉNÉALOGIES D’UN CRIME (Fr.) : 14-Juillet Beaubourg, 3e (+).GOODBYE SOUTH, GOODBYE (Taï.,v.o.) : 14-Juillet Beaubourg, 3e (+) ; 14-Juillet Hautefeuille, 6e (+).GRAINS DE SABLE (Jap., v.o.) : 14-Juil-let Beaubourg, 3e (+).HAMLET (Brit., v.o.) : UGC Ciné-Cité LesHalles, 1er ; Max Linder Panorama, 9e

(01-48-24-88-88) (+).JOURS DE COLÈRE (Fr.) : L’Entrepôt, 14e

(01-45-43-41-63).KIDS RETURN (Jap., v.o.) : 14-JuilletBeaubourg, 3e (+) ; Epée de Bois, 5e (01-43-37-57-47).LEVEL FIVE (Fr.) : Accatone, 5e (01-46-33-86-86).LOOKING FOR RICHARD (A., v.o.) : Ac-tion Ecoles, 5e (01-43-25-72-07).MA VIE EN ROSE (Fr.) : UGC Ciné-CitéLes Halles, 1er ; UGC Montparnasse, 6e ;UGC Odéon, 6e ; Saint-Lazare-Pasquier,8e (01-43-87-35-43) (+) ; UGC George-V,8e ; UGC Opéra, 9e ; La Bastille, 11e (01-43-07-48-60) ; UGC Gobelins, 13e ; Mis-tral, 14e (01-39-17-10-00) (+) ; 14-JuilletBeaugrenelle, 15e (+) ; GaumontConvention, 15e (01-48-28-42-27) (+) ;Pathé Wepler, 18e (+) ; 14-Juillet-sur-Seine, 19e (+) ; Le Gambetta, 20e (01-46-36-10-96) (+).LES MARCHES DU PALAIS (Fr.) : RacineOdéon, 6e (01-43-26-19-68) (+) ; Le Bal-zac, 8e (01-45-61-10-60).MARION (Fr.) : Reflet Médicis I, 5e (01-43-54-42-34).MARS ATTACKS ! (A., v.o.) : PublicisChamps-Elysées, 8e (01-47-20-76-23)(+).LES MÉDIATEURS DU PACIFIQUE (Fr.) :14-Juillet Odéon, 6e (+).MICROCOSMOS, LE PEUPLEDE L’HERBE (Fr.) : Cinoches, 6e (01-46-33-10-82).LA MOINDRE DES CHOSES (Fr.) : Epéede Bois, 5e (01-43-37-57-47).NOUS SOMMES TOUS ENCORE ICI (Fr.-Suis.) : Saint-André-des-Arts I, 6e (01-43-26-48-18).LE PATIENT ANGLAIS (A., v.o.) : Gau-mont Les Halles, 1er (01-40-39-99-40)(+) ; 14-Juillet Odéon, 6e (+) ; UGC Ro-tonde, 6e ; Gaumont Ambassade, 8e

(01-43-59-19-08) (+) ; UGC George-V,8e ; v.f. : Gaumont Opéra I, 2e (01-43-12-91-40) (+) ; Gaumont Parnasse, 14e (+).LES PLEINS POUVOIRS (A., v.o.) : UGCCiné-Cité Les Halles, 1er ; UGC Odéon,6e ; Gaumont Marignan, 8e (+) ; UGCNormandie, 8e ; UGC Opéra, 9e ; La Bas-tille, 11e (01-43-07-48-60) ; GaumontGobelins Fauvette, 13e (01-47-07-55-88)(+) ; Gaumont Parnasse, 14e (+) ; 14-Juillet Beaugrenelle, 15e (+) ; UGC Mail-lot, 17e ; 14-Juillet-sur-Seine, 19e (+) ;v.f. : Rex, 2e (01-39-17-10-00) ; UGCMontparnasse, 6e ; Paramount Opéra,9e (01-47-42-56-31) (+) ; Les Nation, 12e

(01-43-43-04-67) (+) ; UGC Lyon Bas-tille, 12e ; UGC Gobelins, 13e ; Miramar,14e (01-39-17-10-00) (+) ; Mistral, 14e

(01-39-17-10-00) (+) ; UGC Convention,15e ; Pathé Wepler, 18e (+).PORT DJEMA (Fr.-Gr.-It.) : Les TroisLuxembourg, 6e (01-46-33-97-77) (+).LA PROMESSE (Bel.) : Epée de Bois, 5e

(01-43-37-57-47).LA RENCONTRE (Fr.) : Saint-André-des-Arts I, 6e (01-43-26-48-18).REPRISE (Fr.) : Saint-André-des-Arts I,6e (01-43-26-48-18).SCHIZOPOLIS (A., v.o.) : Lucernaire, 6e.SHINE (Austr., v.o.) : UGC Forum OrientExpress, 1er ; 14-Juillet Hautefeuille,6e (+) ; Gaumont Ambassade, 8e (01-43-59-19-08) (+) ; Gaumont Gobelins Fau-vette, 13e (01-47-07-55-88) (+) ; v.f. :Gaumont Parnasse, 14e (+).

LE SORT DE L’AMÉRIQUE (Que.) : Lati-na, 4e (01-42-78-47-86).THE PILLOW BOOK (Fr.-Brit., v.o.) : LeQuartier Latin, 5e (01-43-26-84-65).TOUT LE MONDE DIT « I LOVE YOU »(A., v.o.) : Reflet Médicis II, 5e (01-43-54-42-34) ; UGC Triomphe, 8e.TYKHO MOON (Fr.) : Lucernaire, 6e.UN ÉTÉ A LA GOULETTE (Fr.-Tun., v.o.) :Epée de Bois, 5e (01-43-37-57-47).UN INSTANT D’INNOCENCE (Fr.-Ira.,v.o.) : 14-Juillet Parnasse, 6e (+).LA VÉRITÉ SI JE MENS ! (Fr.) : UGC Ci-né-Cité Les Halles, 1er ; Rex, 2e (01-39-17-10-00) ; UGC Danton, 6e ; UGCMontparnasse, 6e ; UGC Normandie,8e ; Gaumont Opéra Français, 9e (01-47-70-33-88) (+) ; UGC Opéra, 9e ; Les Na-tion, 12e (01-43-43-04-67) (+) ; UGCLyon Bastille, 12e ; Gaumont GobelinsRodin, 13e (01-47-07-55-88) (+) ; Gau-mont Parnasse, 14e (+) ; Mistral, 14e (01-39-17-10-00) (+) ; 14-Juillet Beaugre-nelle, 15e (+) ; UGC Convention, 15e ;Majestic Passy, 16e (01-42-24-46-24)(+) ; UGC Maillot, 17e ; Pathé Wepler,18e (+) ; 14-Juillet-sur-Seine, 19e (+) ; LeGambetta, 20e (01-46-36-10-96) (+).LE VILLAGE DE MES RÊVES (Jap., v.o.) :Epée de Bois, 5e (01-43-37-57-47) ; 14-Juillet Parnasse, 6e (+).WHEN WE WERE KINGS (A., v.o.) : UGCForum Orient Express, 1er ; Epée deBois, 5e (01-43-37-57-47) ; Elysées Lin-coln, 8e (01-43-59-36-14) ; Sept Parnas-siens, 14e (01-43-20-32-20) ; Le Cinémades cinéastes, 17e (01-53-42-40-20) (+).Y AURA-T-IL DE LA NEIGE A NOËL ?(Fr.) : 14-Juillet Parnasse, 6e (+).

LES REPRISESCARAVAGGIO (Brit., v.o.) : 14-JuilletBeaubourg, 3e (+) ; Accatone, 5e (01-46-33-86-86).L’EMPIRE CONTRE-ATTAQUE (A., v.f.) :Grand Pavois, 15e (01-45-54-46-85) (+) ;Saint-Lambert, 15e (01-45-32-91-68).LES ENSORCELÉS (A., v.o.) : Le Champo- Espace Jacques-Tati, 5e (01-43-54-51-60) (+).LE GOUFFRE AUX CHIMÈRES (A., v.o.) :Reflet Médicis, salle Louis-Jouvet, 5e

(01-43-54-42-34).LA GUERRE DES ÉTOILES (A., v.f.) :Club Gaumont (Publicis Matignon), 8e

(01-42-56-52-78) (+) ; Grand Pavois, 15e

(01-45-54-46-85) (+) ; Saint-Lambert,15e (01-45-32-91-68).L’HOMME DES HAUTES PLAINES (A.,v.o.) : Grand Action, 5e (01-43-29-44-40).PEAU-D’ÂNE (Fr.) : Action Ecoles, 5e

(01-43-25-72-07).LE RETOUR DU JEDI (A., v.o.) : UGC Fo-rum Orient Express, 1er ; v.f. : Les Mont-parnos, 14e (01-39-17-10-00) (+) ; GrandPavois, 15e (01-45-54-46-85) (+) ; Saint-Lambert, 15e (01-45-32-91-68).SUEURS FROIDES (A., v.o.) : Le QuartierLatin, 5e (01-43-26-84-65).

LES SÉANCES SPÉCIALESCABARET (A., v.o.) : Studio des Ursu-lines, 5e (01-43-26-19-09) samedi19 h 45.DEUX OU TROIS CHOSESQUE JE SAIS D’ELLE (Fr.) : Accatone, 5e

(01-46-33-86-86) samedi 21 h 50.GOOD MEN, GOOD WOMEN (Taï.,v.o.) : 14-Juillet Beaubourg, 3e (+) di-manche 11 h 30.HENRY V (Brit., v.o.) : 14-Juillet Beau-bourg, 3e (+) dimanche 11 h 30.L’HONNEUR DES PRIZZI (A., v.o.) : Stu-dio Galande, 5e (01-43-26-94-08) (+) di-manche 20 h.IF (*) (Brit., v.o.) : Accatone, 5e (01-46-33-86-86) samedi 16 h 10.MASCULIN-FÉMININ (Fr.-Su.) : Acca-tone, 5e (01-46-33-86-86) samedi18 h 10.METROPOLIS (All., v.o.) : Studio Ga-lande, 5e (01-43-26-94-08) (+) dimanche16 h 15.LES MILLE ET UNE NUITS (It., v.o.) : Ac-catone, 5e (01-46-33-86-86) dimanche15 h 50.LE MIROIR (Sov., v.o.) : 14-Juillet Beau-bourg, 3e (+) dimanche 11 h 25.MON ONCLE (Fr.) : Grand Pavois, 15e

(01-45-54-46-85) (+) samedi 17 h.LA PASSION DE JEANNE D’ARC (Fr.,v.o.) : Reflet Médicis I, 5e (01-43-54-42-34) dimanche 12 h 10.LA PETITE AMIE D’ANTONIO (Fr.) : 14-Juillet Beaubourg, 3e (+) dimanche11 h 40.LES PETITES MARGUERITES (Tch., v.o.) :Accatone, 5e (01-46-33-86-86) di-manche 21 h 50.LE RAPACE (Fr.-It.-Mex.) : Brady, 10e

(01-47-70-08-86) samedi 18 h, 21 h 35.SALO OU LES 120 JOURNÉES DE SODOME (**) (It., v.o.) : Accatone,5e (01-46-33-86-86) dimanche 13 h 50.THÉORÈME (**) (It., v.o.) : Accatone, 5e

(01-46-33-86-86) dimanche 18 h 20.

FESTIVALS50 ANS DE CANNES, UN FESTIVAL DERÉVÉLATIONS (v.o.), Studio des Ursu-lines, 5e (01-43-26-19-09). Fitzcarraldo,lun. 21 h 15.ACID, LES INDÉPENDANTS AU RÉPUBLIQUE, Le République, 11e

(01-48-05-51-33). Nénette et Boni, lun.20 h 30.CANNES DANS VOTRE SALLE (v.o.),Studio des Ursulines, 5e (01-43-26-19-09). La Dolce Vita, mar. 20 h 15 ; Mash,dim. 22 h 15.CARL DREYER, LE MAÎTRE DANOIS(v.o.), Le Quartier Latin, 5e (01-43-26-84-65). Ordet, sam. 19 h 35, mar.15 h 30, 19 h 35 ; Gertrud, dim. 15 h 30,19 h 35 ; Le Maître du logis, lun.15 h 30, 19 h 35.CINÉ-CLUB CLAUDE-JEAN PHILIPPE,L’Arlequin, 6e (01-45-44-28-80 +). J’aihorreur de l’amour, dim. 11 h.CINÉ-CLUB JUNIORS (v.o.), Le Cinémades cinéastes, 17e (01-53-42-40-20 +).Les Contrebandiers de Moonfleet,sam. 16 h, dim. 11 h 40, 16 h.CINÉMA À TOUS LES COINSDE L’HEXAGONE, Studio des Ursulines,5e (01-43-26-19-09). Le Petit prince adit, dim. 18 h 10 ; Hexagone, lun.19 h 30 ; Les Gens normaux n’ont riend’exceptionnel, mar. 18 h 15 ; Le Paysdes sourds, sam. 16 h, lun. 13 h 45 ; A lavie, à la mort!, sam. 22 h 05, dim.20 h 15, mar. 13 h 45.

LE CINÉMA FÊTE LA MUSIQUE (v.o.), LeChampo-Espace Jacques-Tati, 5e (01-43-54-51-60 +). Hair, sam. 22 h 05 ; RudeBoy, dim. 22 h 05 ; Janis, lun. 22 h 05 ;Jimi Hendrix at Monterey, mar.22 h 05.CRIS DE FEMMES NOIRESSUR GRAND ÉCRAN (v.o.), Images d’ail-leurs, 5e (01-45-87-18-09). Kodou, mar.17 h 15 ; Demain, au bord du fleuve,sam. 17 h 05, mar. 13 h 30 ; Leyla et lesloups, lun. 15 h 50 ; Profession reven-deuse, dim. 16 h ; Leon Gontran Da-mas, dim. 17 h 20, lun. 14 h 10 ; Whatmy Mother Told Me, dim. 14 h ; Ibaniou l’Echarpe bleue, mar. 15 h 30 ; LesOubliés, lun. 17 h 30 ; Daughters of theDust, sam. 17 h 30 ; Dem Muso, dim.19 h 45 ; Welcome to the Terror-Dome,dim. 14 h 05 ; Au-delà des mers bleues,mar. 18 h ; L’Herbe sauvage, lun.19 h 30 ; Contes et comptes de la cour,dim. 21 h 50 ; A Bamako, les femmessont belles, sam. 16 h, mar. 19 h 40 ;Une saison blanche et sèche, sam.19 h 40, lun. 14 h, mar. 21 h 15 ; CesariaEvora, sam. 21 h 30, lun. 18 h ; Yelema,dim. 15 h 45, mar. 16 h ; Visages defemmes, dim. 17 h 45, lun. 21 h 45,mar. 14 h ; Wale Chantal femme Ekon-da, lun. 16 h.CYCLE ABEL LE REBELLE (v.o.), Les TroisLuxembourg, 6e (01-46-33-97-77 +). Bo-dy Snatchers, sam. 16 h, 18 h, 20 h,22 h ; L’Ange de la vengeance, dim.14 h, 16 h, 18 h, 20 h, 22 h ; The Addic-tion, lun. 14 h, 16 h, 18 h, 20 h, 22 h ;Nos funérailles, mar. 14 h, 16 h, 18 h,20 h, 22 h.CYCLE DAVID LYNCH (v.o.), Le Cham-po-Espace Jacques-Tati, 5e (01-43-54-51-60 +). Sailor et Lula, dim. 21 h 50 ;Twin Peaks, lun. 21 h 50 ; Dune, sam.21 h 50 ; Eraserhead, mar. 21 h 50.DEMY TOUT ENTIER, Denfert, 14e (01-43-21-41-01 +). Les Parapluies de Cher-bourg, lun. 20 h ; La Luxure, lun.12 h 10.DOCUMENTAIRESUR GRAND ÉCRAN, Le Cinéma des ci-néastes, 17e (01-53-42-40-20 +). Dieusait quoi, dim. 11 h 30 ; Un homme quidort, dim. 14 h ; Un chant d’amour,dim. 18 h ; Chouette aveugle, dim.20 h 15.FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM D’ANNECY, Le Cinéma des ci-néastes, 17e (01-53-42-40-20 +). Pro-gramme Raoul Servais, sam. 17 h 10,18 h 30, lun. 21 h 30, 23 h ; Cartoon 14,lun. 14 h 20, 15 h 50, 17 h 20 ; Hom-mage à Fedor Chitruk, mar. 13 h 30,15 h 10, 19 h 30.FILMS ART, Centre Pompidou. Petitesalle. Jean Renoir. Studio, 4e (01-44-78-12-33). Georges Rouault, sam. 16 h ;Bagdad-sur-mer, sam. 19 h ; Matisse etla simplification, dim. 16 h ; SimonHantai ou les Silences rétiniens, dim.19 h.LES GRANDS BOGART (v.o.), ActionChristine, 6e (01-43-29-11-30). Le Fau-con maltais, dim. 14 h, 16 h, 18 h, 20 h,22 h ; Le Port de l’angoisse, sam. 16 h,18 h, 20 h, 22 h, mar. 14 h, 16 h, 18 h,20 h, 22 h ; La Comtesse aux pieds nus,lun. 14 h, 16 h 30, 19 h, 21 h 30.HOMMAGE À JOHN BERRY (v.o.), Mac-Mahon, 17e (01-43-29-79-89). Tension,dim. 14 h, 16 h, 18 h, 20 h, 22 h 10 ;Claudine, sam. 16 h, 18 h, 22 h ; Cas-bah, lun. 20 h ; Le Voyage à Paimpol,sam. 20 h ; Ça va barder, lun. 14 h,18 h ; Je suis un sentimental, lun. 16 h,22 h.HOMMAGE À ROBERT BRESSON, LeQuartier Latin, 5e (01-43-26-84-65). LeJournal d’un curé de campagne, sam.17 h 50 ; Une femme douce, dim.17 h 50 ; Les Dames du bois de Bou-logne, lun. 17 h 50 ; Le Diable proba-blement, mar. 17 h 50.HOMMAGE À ROLAND TOPOR, Acca-tone, 5e (01-46-33-86-86). Les Rêves deTopor, mar. 13 h.HOMMAGE À YOUSSEF CHAHINE(v.o.), Studio des Ursulines, 5e (01-43-26-19-09). Gare centrale, sam. 17 h 45,dim. 14 h, lun. 17 h 45 ; L’Emigré, dim.15 h 15, mar. 15 h 45.JEUNE CINÉMA FINLANDAIS (v.o.), Ins-titut finlandais, 5e (01-40-51-89-09). Aa-po, sam. 16 h.KATHARINE HEPBURN (v.o.), Le Cham-po-Espace Jacques-Tati, 5e (01-43-54-51-60 +). Madame porte la culotte,dim. 14 h 05, 18 h 05 ; Holiday, sam.18 h 05, lun. 14 h 05, 18 h 05 ; SylviaScarlett, mar. 14 h 05, 18 h 05.KEN MCMULLEN (v.o.), L’Entrepôt, 14e

(01-45-43-41-63). Zina, dim. 14 h, 16 h,18 h, 20 h, 22 h ; Partition, sam. 16 h,18 h, 20 h ; 1871, lun. 14 h, 16 h, 18 h,20 h, 22 h ; Résistance, mar. 14 h, 16 h,18 h, 20 h, 22 h.NUIT DE LA TRILOGIE (v.o.), Max LinderPanorama, 9e (01-48-24-88-88 +). Le Re-tour du Jedi, sam. 0 h 30.ODYSSÉE DE L’ÉQUIPE COUSTEAU À TRAVERS LES OCÉANS, Institut océa-nograpique, 5e (01-44-32-10-90). Balle-nas, un film d’Océanopolis de Brest,sam. 16 h, dim. 15 h, 16 h.PABST, SES PLUS BEAUX FILMS (v.o.),Le Quartier Latin, 5e (01-43-26-84-65).Le Journal d’une fille perdue, sam.16 h 05, 20 h 05, lun. 16 h 05, 20 h 05 ;La Rue sans joie, dim. 16 h 05, 20 h 05 ;L’Opéra de quat’sous, mar. 16 h 05,20 h 05.PALESTINE : ÉCRANS DE MÉMOIRE(v.o.), Institut du monde arabe, 5e (01-40-51-39-91). Au-delà des murs, sam.17 h ; Biram pour toujours, dim. 15 h ;La Vie selon Agfa, dim. 17 h.

RÉTROSPECTIVE CLINT EASTWOOD(v.o.), Grand Action, 5e (01-43-29-44-40). Le Retour de l’Inspecteur Harry,sam. 16 h 30, 19 h, 21 h 30 ; HonkytonkMan, dim. 14 h, 16 h 30, 19 h, 21 h 30 ;Josey Wales hors-la-loi, lun. 14 h,16 h 30, 19 h, 21 h 30 ; L’Inspecteur nerenonce jamais, mar. 14 h, 16 h, 18 h,20 h, 22 h.SCRATCH PROJECTION (v.o.), L’Entre-pôt, 14e (01-45-43-41-63). The ManWho Could not See Far Enough, mar.20 h.SÉANCE SPÉCIALE, Le Gambetta, 20e

(01-46-36-10-96 +). Rendez-vous au tasde sable, mar. 21 h.SOIRÉE HOMMAGE AUX FRÈRES PRÉVERT, Accatone, 5e

(01-46-33-86-86). Paris, la Belle, mar.21 h 30.SOIRÉE PHILIPPE JAMET , Théâtrecontemporain de la danse, 4e (01-42-74-44-22). Le Secret du bal, lun. 19 h.STANLEY KUBRICK (v.o.), Action Chris-tine, 6e (01-43-29-11-30). Ultime Razzia,dim. 22 h, mar. 22 h ; Le Baiser dutueur, sam. 22 h, lun. 22 h.THÉATROTHÈQUE, Studio-Théâtre, 1er

(01-44-58-98-58). Le Soulier de satin,dim. 14 h 30, lun. 20 h.WILLIAM SHAKESPEAREAU CINÉMA (v.o.), Action Ecoles, 5e (01-43-25-72-07). Henry V, sam. 14 h,16 h 30, 19 h, 21 h 30 ; Hamlet, dim.14 h 30, 17 h 30, 20 h 30 ; Jules Cesar,lun. 14 h, 16 h 30, 19 h, 21 h 30 ; Prospe-ro’s Books, mar. 14 h, 16 h 30, 19 h,21 h 30.WOODY ALLEN, LE FESTIVAL (v.o.), LeChampo-Espace Jacques-Tati, 5e (01-43-54-51-60 +). Tout ce que vous avez tou-jours voulu savoir, sam. 19 h 50 ;Tombe les filles et tais-toi, sam.17 h 50 ; Quoi de neuf Pussycat ?, dim.12 h 10, 15 h 50, 19 h 50 ; Annie Hall,dim. 14 h 10, 17 h 50 ; Bananas, lun.12 h 10, 15 h 50, 19 h 50 ; Radio Days,lun. 14 h 10, 17 h 50 ; Meurtre mysté-rieux à Manhattan, mar. 12 h 10,15 h 50, 19 h 50 ; Ombres et Brouillard,mar. 14 h 10, 17 h 50.

LA CINÉMATHÈQUEPALAIS DE CHAILLOT (01-47-04-24-24)DIMANCHESéance jeune public : Pour épater lespoules (1926), de Charles R. Bowers ;Un original locataire (1926), de CharleyBowers ; Non, tu exagères (1926), deCharley Bowers, 15 h ; Robert Dorf-mann : La Grande Vadrouille (1966), deGérard Oury, 16 h 30 ; Jeux interdits(1950), de René Clément, 19 h ; Fortu-nat (1960), d’Alex Joffé, 21 h.LUNDISoirée en hommage à Jacques Robert : Les Trois Ages(1923), de Buster Keaton et EddieCline ; L’Athlète incomplet (1926), deFrank Capra ; Les Enfants désaccordés(1964), de Philippe Garrel, 20 h 30.MARDIComiques oubliés,soirée d’ouverture : Programme d’ex-traits de films, 20 h.SALLE RÉPUBLIQUE (01-47-04-24-24)DIMANCHEFabienne Babe, portrait d’une actrice : La Duchesse des bas-fonds (1944, v.o.), de Mitchell Leisen,18 h ; Indiscret (1958, v.o.), de StanleyDonen, 19 h 30 ; Le Mirage (1992), deJean- Claude Guiguet, 21 h 30.

CENTRE GEORGES-POMPIDOUSALLE GARANCE (01-42-78-37-29)DIMANCHELe Cinéma japonais : L’Empire des sens(1976, v.o. s.t.f.), de Nagisa Oshima,14 h 30 ; L’Empire de la passion (1978,v.o. s.t.f.), de Nagisa Oshima, 17 h 30 ;Désir meurtrier (1964, v.o. s.t.f.), deShohei Imamura, 20 h 30.LUNDILe Cinéma japonais : Rue de la joie(1974, v.o. s.t.f.), de Tatsumi Kumashi-ro, 14 h 30 ; Les Plaisirs de la chair(1965, v.o. s.t.f.), de Nagisa Oshima,17 h 30 ; Akira (1988, v.o. s.t.f.), de Kat-suhiro Otomo, 20 h 30.

VIDÉOTHÈQUE DE PARIS2, grande galerie,porte Saint-Eustache,Forum des Halles (01-44-76-62-00)DIMANCHEMaîtres et valets : Boeing Boeing(1965, v.o. s.t.f.), de John Rich, 14 h 30 ;Don Quichotte (1958, v.o. s.t.f.), de Gri-gori Kozintsev, 16 h 30 ; Jane Eyre(1944, v.o. s.t.f.), de Robert Stevenson,19 h ; Le Journal d’une femme dechambre (1964), de Luis Bunuel, 21 h ;Camps et Génocides à l’écran (v.o.), :Site 2 (1989, v.o. s.t.f.), de Rithy Pan,14 h ; Une République devenue folleRwanda: 1894-1994 (1996), de Luc deHeusch, 16 h ; Les Camps du silence(1989), de Bernard Mangiante, 21 h.MARDIMaîtres et Valets : Les Contes des chry-santhèmes tardifs (1939, v.o. s.t.f.), deKenji Mizoguchi, 14 h 30 ; L’Homme àtout faire, v.f.), de Thomas Koerfer,16 h 30 ; Le Long Voyage d’Esperanza(1970), de Claude Souef ; Vies d’es-claves (1996), d’Alec Feuz, 19 h ; Ce-leste (1981, v.o. s.t.f.), de Percy Adlon,21 h ; Film surprise, 20 h 30.(*) Films interdits aux moins de 12 ans.(**) Films interdits aux moins de 16ans.(+) Réservation au 01-40-30-20-10.

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LeMonde Job: WMQ0806--0027-0 WAS LMQ0806-27 Op.: XX Rev.: 07-06-97 T.: 08:31 S.: 111,06-Cmp.:07,11, Base : LMQPAG 34Fap:99 No:0381 Lcp: 196 CMYK

R A D I O - T É L É V I S I O N LE MONDE / DIMANCHE 8 - LUNDI 9 JUIN 1997 / 27

SAMEDI 7 JUIN

TF 120.30

FOOTBALLFrance - AngleterreTournoi de France. En direct deMontpellier. 20.45 Coup d’envoi. 21.30Mi-temps (130 min). 3896295Défaits par l’Italie à Wembley(0-1), les Anglais ne sont pasassurés de participer auMondial en 1998.

22.40

HOLLYWOOD NIGHTUne sale arnaque.Téléfilm 4 de Ruben Preuss(100 min). 2711945La femme d’un riche hommed’affaires, souvent absent, apris pour amant un séducteur.Leur relation est de plus en pluspassionnée jusqu’au jour où ellereçoit une lettre qui luidemande de l’argent...0.20 Patinage artistique.

1.25 et 2.05, 2.40, 3.40 TF 1 nuit. 1.35Les Rendez-vous de l’entreprise (re-diff.). 2.15 Les Grandes Espérances.Feuilleton [6/12]. 2.50 et 3.50, 4.45,5.15 Histoires naturelles (rediff.). 5.10Musique (5 min).

France 220.50

ÉTONNANTET DRÔLEDivertissement présentépar Patrick Sébastien.Invités : Isabelle Mergault, LaurentRuquier, Jean Amadou, LaurentBaffie, Dieudonné, Liane Foly(135 min). 54289842

23.05

FARCE ATTAQUE...TOULOUSEDivertissement (75 min). 62406240.20 Journal, Météo.0.30 Côté court 2.0.40 La 25e heure.

Spéciale "courts-métrages".Rouen, cinq minutesd’arrêt ; Faux départ ;Omnibus ; Gueuled’atmosphère ; Un certaingoût d’herbe fraîche(90 min). 9745040

2.15 Tennis. Finale femmes (rediffu-sion en intégralité). 3.45 Bouillon deculture (rediff.). 4.50 Taratata (rediff.,80 min).

France 320.55

DOCTEURSYLVESTRE Silence... hôpital.Téléfilmde Christiane Leherissey,avec Jérôme Anger, Maria Pacôme(90 min). 438991

22.25

LES DOSSIERSDE L’HISTOIREDocumentaire de Jacques Barsac.Clovis et son temps(55 min). 3089823Faire revivre Clovis et sonépoque, avec des documents etdes objets dont aucun n’estpostérieur au IXe siècle et grâceà l’utilisation d’images desynthèse.23.20 Journal, Météo.23.45 Musique et compagnie0.45 La Grande Aventure

de James Onedin.1.35 Musique graffiti. (25 min).

Arte20.45

L’AVENTURE HUMAINE :SUMATRADocumentaire d’Ebbo Demant (60 min). 8762755Malgré sa superficie (473 600 km2 ) et sesimportantes ressources naturelles, l’île deSumatra est très peu peuplée (60 habitants aukm2 ). Mais l’arrivée récente d’immigrantsindonésiens, poussés par leur gouvernement,oblige des cultures très diverses à cohabiter.

21.45

L’AVOCATCasses en série. Série de Werner Masten (45 min). 39337822.30 E Metropolis. Magazine. Serge Rezvani ;

Egypte [1/5] : Ecriture sous surveillance(60 min). 43910

23.30 Music Planet : La Guerre des tubes.Les variétés allemandes des années 60,documentaire (60 min). 49194

0.30 No Man’s Land. Téléfilm de Ben Bolt, avecTrevor Eve (1994, 90 min). 4737392

2.00 Hale and Pace. Série (rediff.).2.25 Silence... on tue ! (Silent Panic)

Court métrage d’Arthur Dales(1960, rediff., 25 min). 4771717

2.50 Le Roman de mon âme. Court métrage(rediff., 10 min). 2567156

M 620.45

AU-DELÀ DU RÉELL’AVENTURE CONTINUE.Série (165 min) 14379026Au royaume des sables [1/2et 2/2], avec Beau Bridges.Un chercheur d’un laboratoired’Etat étudie des créatures,anatomiquement proches duscorpion, ramenées de laplanète Mars. Sans raisonapparente, le gouvernementstoppe le programme et licenciele chercheur qui dérobequelques œufs...La nouvelle génération 4,avec Richard Thomas.Un chercheur met au point uneformule qui doit permettre àl’humanité de se prémunircontre toutes les formes demaladie.23.30 Psychose IV.

Téléfilm 5 de Mike Garris(105 min). 3421543Norman Bates, victime dedédoublement de lapersonnalité, sombredans la démence.1.15 La Nuit des clips(400 min).

Canal +20.35

BLAKEET MORTIMERLe piège diabolique.Série [6/13] (45 min). 849007Après avoir hérité du châteaudu professeur Miloch, Mortimerdécouvre une bien étrangemachine à remonterle temps...

21.20

L’HOMMEDE NULLE PARTPris au piège.Série [6/25] (45 min). 47099122.05 Nancite, la plage des

tortues. Documentaire.23.00 Les K.O. de Canal Plus.0.00 Le Journal du hard.0.05 Aventures galantes dans

l’Orient Express(1996, 105 min). 2359330

1.50 Comédie érotiqued’une nuit d’été a a aFilm de W. Allen(1982, v.o., 85 min). 4268021

RadioFrance-Culture20.45 Fiction : Nouveau

répertoire dramatique.L’Homme aux orchidées enplastique, de Bernard DaCosta.

22.35 Opus. Présences 97.Festival de créationmusicale.

0.05 Fiction : Tard dans la nuit. LaCantatrice, de Maurice Renard. 0.55Chroniques du bout des heures.1.00 Les Nuits de France-Culture(rediff.).

France-Musique20.00 Opéra. L’Argia, de Cesti.

Donné le 28 février, auThéâtre municipal deLausanne, par le ConcertoVocale, dir. René Jacobs.

0.00 Le Bel Aujourd’hui. 1.00 LesNuits de France-Musique.

Radio-Classique20.40 Le Violoniste

Christian Tetzlaff.Concerto pour violon op. 12,de Weill, par lePhilharmonique de chambreallemande ; Œuvres deJanacek ; Dvorak ;Tchaïkovski ; Bach.

2 2 . 3 0 D a C a p o . Πu v r e s d eBeethoven, Schubert, Strauss. 0.00Les Nuits de Radio-Classique.

Chaînesd’informationCNNInformation en continu, avec, ensoirée : 20.00 World Business ThisWeek. 20.30 Computer Connection.21.00 Moneyweek. 21.00 Science andTechnology. 22.30 Best of Insight.23.00 Early Prime. 23.30 WorldSport. 0.00 World View.

EuronewsJournaux toutes les demi-heures,avec, en soirée : 19.45, 22.45 Click 7.20.15 90 Est. 20.45, 23.45, 0.15, 1.15No Comment. 21.15 360 Nord. 21.45Eurozoom. 22.15, 23.15 Sport. 0.45Visa. 1.45 Art Collection.

LCIJournaux toutes les demi-heures,avec, en soirée : 19.12 et 23.12 Votreargent. 19.30 et 22.30 Le Grand Jour-nal. 19.45 et 0.15 Box Office. 20.15Nautisme. 20.42 et 0.43 Emploi.20.56 et 23.56 Découvertes. 21.10Journal de la semaine. 21.26 et 23.51Auto. 21.38 Ça s’est passé cettesemaine. 21.56 et 0.56 Place au livre.22.12 L’Evénement de la semaine.22.44 D’une semaine à l’autre. 23.45Multimédia.

TV 520.00 Manipulations.

Téléfilm de Claude Faraldo(100 min). 83063674

21.40 Déjà le retour. Magazine.22.00 Journal (France 2).22.35 Faites la fête.0.30 Soir 3 (France 3).

Planète20.35 91, quai de la Gare.21.30 Paroles d’exil.21.50 15 jours sur Planète.22.15 Un jour ou l’autre.

Animaux21.00 Le Monde sauvage.

Les abeilles.21.30 Le Magazine

de Jack Hannah.22.00 Le Monde de la nature.

Le défi des éléphants.23.00 Wildlife International.

La forêt boréale.23.30 Animaux sauvages.

Le guépard.

Paris Première20.30 Equitation.

Jumping de Cannes(160 min). 11613197

23.20 Nova. Magazine.0.15 Ici Londres. Magazine.

FranceSupervision20.55 Concerti grossi

de Haendel.21.25 Cap’tain Café.22.25 Hors limites : Mariages

à la bulgare.Téléfilm de Dennis Berry,avec Patrick Rocca(90 min). 25714649

Ciné Cinéfil20.45 Le Club.

Invité : Alain Sarde.22.00 Hollywood Backstage.23.00 La Belle que voilà a

Film de Jean-Paul Le Chanois(1949, N., 115 min). 92877674

Ciné Cinémas20.30 Mer de Chine,

le pays pour mémoire.Téléfilm de Pierre Dumayetet Jacques Perrin(100 min). 5366281

22.10 Ciné Cinécourts. 23.15 L’Argent de poche a a

Film de François Truffaut(1975, 105 min). 25779668

Festival20.30 Fantômes en héritage.

Téléfilmde Juan Luis Buñuel [2/2](105 min). 44437197

22.15 Les Trains.Téléfilm de Gyorgy Gat(55 min). 37800282

23.10 Le Voyageur.Profession libérale. Les amants (50 min).

Série Club20.45 Le Saint, la saga.

Dalila a disparu. La route de l’évasion.

23.30 Les Aventures du jeuneIndiana Jones (60 min).

Voyages20.30 et 23.30

L’Heure de partir.21.00 Suivez le guide.22.45 Deux jours en France.23.00 Blue Ocean. Tahiti.

Canal Jimmy21.00 Friends (3e année).

The One Where ChandlerCan’t Remember Which Sister.The One With All The Jalousy.

22.10 Chroniquecalifornienne.

22.15 T’as pas une idée ?Magazine. Invitée :Marie-France Pisier.

23.15 Des agentstrès spéciaux.

Disney Channel21.00 Des couacs en vrac.21.25 Animalement vôtre.21.50 Documentaire.22.45 Sinbad.23.10 Petite fleur.

Téva20.30 Téva débat. Magazine.20.55 Francesca.

Téléfilm de Giovanni Ricci[3/3] (95 min). 501071378

22.30 Jo. Téléfilmde Philippe Monnier[1/3], avec Corinne Touzet(90 min). 500043295

0.00 Sherpani.De Claude Andrieux.

0.30 Miss ethniques (20 min).

Muzzik20.25 Penderecki dirige

Chostakovitch. Concert.La Sinfonietta de Cracovie,dir. Krzysztof Penderecki(35 min). 500747736

21.00 David Oïstrakh.Artiste du peuple ?

22.20 Cosi fan tutte.Opéra en deux actesde Mozart(145 min). 526275945

0.45 Salsa Meets Latin Jazz.Concert(60 min). 502437934

Eurosport13.00 et 18.30 Motocyclisme.

En direct. Grand Prixde France. Essais des 125 cc,au Castellet (60 min). 659804

14.30 Tennis. En direct.Internationaux de France :Finale dames : MartinaHingis - Iva Majoli(120 min). 890281

16.30 Cyclisme.Le Tour de France.

18.00 et 21.30 Automobilisme.Les 24 heures du Mans.Pré-qualifications.

20.00 Basket-ball.La saison Pro A.

21.30 et 0.00 Formule Indy.En différé. Grand Prixde Detroit (Michigan).

22.00 Football. Coupe du monde 1998. Eliminatoires.

1.00 Pole Position (60 min).

DIMANCHE 8 JUIN

TF 116.50 Disney Parade.

Donald aime Daisy ; etc.17.55 Vidéo gag.18.30 30 millions d’amis.

Magazine. Troubadours destemps modernes.

19.00 7 sur 7. Magazine.Invité : Philippe Séguin.

20.00 Journal, Imagesdu sport ; Tiercé ;Météo ; Simplecomme...

20.45

LE JOURLE PLUS LONGFilm de Darryl F. Zanuck, AndrewMarton, Ken Annakin, BernhardWicki, Elmo Williams et Gerd Oswaldavec John Wayne(1962, colorisé, 185 min). 82697427Le revoilà colorisé, donc altéré.23.50 Ciné dimanche.

0.00

LA PREMIÈRE FOIS aFilm 5 de Claude Berri,avec Alain Cohen,Charles Denner(1976, 90 min). 98737Les premières expériencessexuelles et sentimentales d’unadolescent des années 50, filsd’artisans juifs à Paris. ClaudeBerri a raconté ses propressouvenirs avec humour etnostalgie.

1.30 et 3.35, 4.15 TF 1 nuit. 1.45 LaCréation de Haydn. Concert. 3.50 Casde divorce. Série. Dutois contre Du-tois. 4.25 et 5.10 Histoires naturelles.Documentaire. 4.55 Musique. Concert(15 min).

Les films sur les chaîneseuropéennesRTL 920.30 Mad Dog and Glory. Film de John McNaughton(1992, 100 min). Avec Robert De Niro. Comédie drama-tique.22.10 Darkman. Film de Sam Raimi (1990, 100 min). AvecLiam Neeson. Fantastique.23.50 Le Bonheur. Film de Marcel L’Herbier (1935, N.,110 min). Avec Gaby Morlay. Drame.1.40 Marianne de ma jeunesse. Film de Julien Duvivier(1954, N., 105 min). Avec Marianne Hold. Drame.

TMC20.35 La moutarde me monte au nez. Film de Claude Zidi(1974, 100 min). Avec Pierre Richard. Comédie burlesque.

France 317.50 Corky, un ado

pas comme les autres.Série.

18.55 Le 19-20de l’information.19.10 Journal régional.

20.00 Météo.20.10 La Vipère noire. Série.

Poisson d’avril.20.40 Côté court.

En direct.

20.55

INSPECTEURDERRICKUn mort à gagner.Serrons-nous la main.Série, avec Horst Tappert(125 min). 486804023.00 Les Titres du journal.23.05 Dimanche soir. présenté

par C. Ockrent.23.50 Journal, Météo.

0.15

OTHELLO a a aFilm d’Orson Welles,avec Orson Welles, Suzanne Cloutier(1952, N., v.o., 90 min). 2732557Au XVIe siècle, un chef de guerremaure au service de laRépublique de Venise a épouséla fille d’un sénateur.Extraordinaire adaptation, parle pur langagecinématographique, de latragédie de Shakespeare,reconstruite sur un retour enarrière. C’est génial. Grand Prixdu Festival de Cannes 1952.

1.45 A Tribute to Orson Welles. Courtmétrage de Hilton Edwards (1992, v.o30 min) . 2.15 Musique graffit i(20 min).

Arte19.00 Cartoon Factory. Dessins animés.19.30 Maestro : Jean-Claude Casadesus

dirige à Notre-Dame.Concert enregistré le 11 avril 1997(60 min). 9040

20.30 8 1/2 Journal.

20.40

SOIRÉE THÉMATIQUE :LES ESCROCSSoirée proposée par Frank Eskenaziet Christophe Jörg.b 0123 daté samedi 7.20.45 Le Magicien.

Téléfilm de Jeff Pope et Terry Windsor, avec JayAcovone, Clive Owen(1993, 100 min). 276040Un homme d’affaires américain et unpolicier anglais entreprennent dedémanteler un réseau de fausse monnaie.

22.25 Barry Gray, profession escroc.Documentaire de Vassili Silovic(1997, 70 min). 1614972Barry Gray, quarante ans de métier dansles « affaires ».

23.35 L’Ecole des escrocs. Documentaire dePhilippe Truffault (1997, 70 min). 5659885

0.45 L’Homme qui a coulé la banque Barings.Documentaire d’Adam Curtis(1996, 60 min). 1837373Ce documentaire décortique la faillite de labanque, survenue en 1995, et brosse leportrait de Nick Leeson, un escroc hors ducommun.

1.45 E Une mort programmée. L’histoire vraied’un monde parallèle, documentaire (rediff., 75 min). 7712441

La Cinquième18.25 Va savoir. Les bâtisseurs de cathédrales -Lesgendarmes sur le Rhin. 18.55 Le Journal du temps.

Canal +E En clair jusqu’à 18.00.17.00 Caméra sauvage.

Australie, le chantdu kookaburra.

18.00 La Course sauvage aFilm de Duncan McLachlan(1994, 90 min). 16408

E En clair jusqu’à 20.30.19.30 Flash d’information.19.40 Ça cartoon.20.05 Dimanche en famille.

20.15

FOOTBALLItalie - BrésilTournoi de France.En direct de Lyon.20.30 Coup d’envoi ; à la mi-temps,le journal du foot(135 min). 659033022.30 Flash d’information.

22.35

L’ÉQUIPEDU DIMANCHEMagazine présentépar Thierry Gilardi(175 min). 6137944623.50 Personne ne parlera de

nous quand nous seronsmortes a aFilm d’Agustin Diaz Yanes(1995, 100 min).

1.30 Basket NBA.Finale (4e manche) :Utah-Chicago (180 min).

France 214.35 Tennis. En direct.

Internationaux de France(finale homme)(205 min). 41075175

18.00 et 4.55 Stade 2.Magazine.

18.50 Déjà dimanche.Magazine.

19.25 Déjà le retour. Magazine.20.00 Journal, Image du jour :

Roland-Garros ; Acheval ! ; Météo.

20.50

THELMAET LOUISE a aFilm 4 de Ridley Scott,avec Susan Sarandon, Geena Davis(1991, 140 min). 54257243Un film-spectacle, un film dedétente qui tient à la fois duroad movie et de la comédie.

23.10

KM 0 : LA ROUTEDE MARILYNDocumentaire (55 min). 3276345La route de Marilyn, quireprend l’itinéraire du film BusStop (Joshua Logan, 1956),commence à Phoenix (Arizona)et se termine dans le Montana.0.05 Journal, Bourse, Météo.0.20 Côté court 2.0.25 Musiques au cœur.

Brigitte Engereret ses amis (75 min). 8283828

1.45 Tennis. Roland-Garros. Finalehommes (rediffusion en intégralité)(rediff.). 4.30 Chip et Charly. Dessinanimé. Fuzzi Bienfaiteur (25 min).

M 617.05 Le Saint.

Téléfilm de Paolo Barzman, avec Simon Dutton.O.P.A. sauvage(110 min). 6837917

18.55 Los Angeles Heat. Série.Le faucon.

19.54 Six minutesd’information.

20.00 E = M 6. Magazine.20.35 et 0.55 Sport 6.

20.45

E CAPITALMagazine présentépar Emmanuel Chain.Les inventeurs font-ils fortune ?(125 min). 976663Rares sont les brevets, parmi lesmilliers déposés chaque année,qui apportent la fortune à leursinventeurs.

22.50

CULTURE PUBMagazine présentépar Christian Blachaset l’équipe de Culture pub.La guerre des polices(35 min). 926159523.25 Passion torride.

Téléfilm 6de Neal Sundstrom,avec Anoushka Renzi(90 min). 8960175

1.05 Motocyclisme.Grand Prix de France :la course des 500 cc.

2.45 Best of 100 % nouveautés. 3.45Fan de. Magazine (rediff.). 4.35 Faitescomme chez vous. Magazine (rediff.).5.20 Mister Biz. Magazine (25 min).

Chaînesd’informationCNNInformation en continu, avec, ensoirée : 20.00 World Report. 22.30Best of Insight. 23.00 Early Prime.23.30 World Sport. 0.00 World View.0.30 Style With Elsa Klench. 1.00Diplomatic Licence. 1.30 Earth Mat-ters. 2.00 Prime News.

EuronewsJournaux toutes les demi-heures,avec, en soirée : 19.45 Hi Tech. 20.15Euro 7. 20.45 23.45, 0.15, 1.15 NoComment. 21.15 Art Collection. 21.45Euro Forum. 22.15 Eurozoom. 22.45Media. 23.15 0.45, 1.45 Sport.

LCIJournaux toutes les demi-heures,avec, en soirée : 19.15 et 19.45, 0.15La Vie des idées. 19.30 et 22.30 LeGrand Journal. 20.12 L’Hebdo dumonde. 21.11 En l’an 2000. 21.39 BoxOffice. 21.56 et 0.56 Mode. 22.12 et22.48 Photo hebdo. 22.45 Multimé-dia. 22.53 Auto. 22.56 Découvertes.23.12 Police Justice. 23.45 Décideurs.

RadioFrance-Culture20.35 Le Temps de la danse.

Laurent Barré ; Eric Quilleré,Pina Bausch.

21.00 Atelier de créationradiophonique.De Dieu sait quoi à Dieu saitqui - Jean-Daniel Pollet.

22.25 Poésie sur parole. Jean Coc-teau.22.35 Le Concert.

Musique traditionnelle del’Inde : Shubendra Rao,Shubankar Banerjee.Enregistré le 13 mars, auThéâtre de la Ville à Paris.

0.05 Clair de nuit. 1.00 Les Nuits deFrance-Culture (rediff.).

France-Musique20.05 Voix souvenirs.

Gaston Micheletti, ténor.

21.00 Table d’écoute.

22.30 Transversales.1. Variations transversales :Pleins feux sur la musique auxmultiples couleurs d’Aaron JayKernis. - 2. Les Magiciens de laTerre : Œuvres traditionnellesd’Inde du Sud, Japon. - 3.Chansons : Les Mers àordures, par Blanchard, chantet accordéon ; Gino, par lesTêtes Raides. - 4. Le jazz,probablement : Quelquesfrancs-tireurs d’ici : GuillaumeOrti, Thierry Madiot, BenoîtDelbecq, Hélène Labarrière,Michel Godard.

1.00 Les Nuits de France-Musique.

Radio-Classique20.00 Soirée lyrique.

I Puritani, opéra en troisactes, de Bellini, par le Chœuret l’Orchestre de la Scala deMilan, dir. Serafin, Callas(Elvira), Di Stefano (LordArthur Talbot), Rossi-Lemeni(Sir George Walton).

2 2 . 2 5 L a C a l l a s . Πu v r e s d ePonchielli, Verdi, Bizet, Rossini. 0.00Les Nuits de Radio-Classique.

TV 520.00 7 sur 7. Magazine.21.00 Temps présent. Magazine.21.55 Météo

des cinq continents.22.00 Journal (France 2).22.35 Mes nuits

sont plus bellesque vos jours a aFilm d’Andrzej Zulawski(1988, 115 min). 22288601

0.30 Soir 3 (France 3).

Planète19.40 Phoques :

le peuple de la mer.20.35 Charles Manson. 21.25 Je suis née

transsexuelle.21.55 Deaf. [2/2].22.55 Sauveurs de cloches.23.40 Nous les jeunes MC.0.35 Le Voyage

du Sarimanok (55 min).

Animaux20.00 ABC : Histoire naturelle.

Ombres portées sur l’aigle.21.00 Le Monde sauvage.

La saga des baleines.21.30 Le Magazine

de Jack Hannah.22.00 Les Animaux

d’Australie.Les survivants.

23.00 Wildlife International. 23.30 Faune ibérique.

Paris Première20.00 Paroles de danse.

Bouvier. Obadia.20.30 Top Flop. Magazine.21.00 Le Voyage du capitaine

Fracasse a aFilm d’Ettore Scola(1990, 130 min). 44317576

23.10 Eco, Ecu et quoi ? 23.40 Art Farmer

& Benny Golson.Concert enregistréau festival Jazz à Vienneen 1995. 51448866

FranceSupervision20.30 Mazeppa.

Opéra de Tchaïkovski, d’aprèsPouchkine. Enregistré authéâtre Maryinskyde Saint-Pétersbourg(160 min). 69215205

23.10 Europa Jazz.Concert enregistré au Festivaldu Mans (90 min). 12104243

Ciné Cinéfil20.30 La Cinquième

Victime a aFilm de Fritz Lang (1956, N., 95 min). 5338408

22.05 Deux nigaudsdans la neige Film de Charles Lamont(1943, N., v.o., 80 min).

9291440823.25 Le Dernier des six a

Film de Georges Lacombe(1941, N., 95 min). 24190311

Ciné Cinémas20.30 Miller’s Crossing a a a

Film de Joel et Ethan Coen(1990, 110 min). 5939717

22.20 Zombie, le crépusculedes morts-vivants aFilm de George A. Romero(1978, 120 min). 57484392

0.20 Piège en haute mer aFilm d’Andrew Davis(1992, v.o., 100 min).

37073267

Festival20.30 Guerre et paix.

Téléfilm de John Davies [1/5],avec Anthony Hopkins(120 min). 67816682

22.30 Emma Zunz.Téléfilm de Benoît Jacquot,avec Judith Godrèche,Sandrine Kiberlain (60 min). 26614214

Série Club19.55 Highlander.

Le colonel.20.45 La Famille Addams.

Le problème du cousin.21.15 Zéro un Londres.

Les plaisirs du ciel.21.40 Sherlock Holmes.

L’imposteur.22.05 Chasse au crime.

L’incendiaire.22.20 Code Quantum.

La dernière porte.23.10 Les Aventures du jeune

Indiana Jones.Transylvanie, janvier 1918.

0.00 Le Saint, la saga.Dalila a disparu. La route del’évasion (180 min).

Canal Jimmy20.00 Seinfeld.

Les lunettes (v.o.).20.25 Dream On.

Le téléphone rose (v.o.).20.55 Le Meilleur du pire. 21.25 La Semaine sur Jimmy.

Magazine.21.35 Absolutely Fabulous.

Leur dernier délire (v.o.).22.20 Portrait. Magazine.22.30 New York Police Blues.

Salade russe (v.o.).23.15 Le Guide du parfait

petit emmerdeur.23.45 Spin City.

Le temps des cadeaux (v.o.).

Disney Channel20.35 Richard Diamond.21.05 Les Monstres.

Vive les affaires.21.35 Honey West.22.05 Un vrai petit génie.

Rien en va plus.23.00 Sport Académie.23.35 Art Attack. Magazine.

Téva20.30 Téva débat. Magazine.20.55 Le Chat botté.

Ballet de Piotr IlitchTchaïkovski. Enregistréau palais des Congrèsà Paris, en 1985(90 min). 501031750

22.30 Josepha a aFilm de Christopher Frank(1981, 115 min). 501301408

Eurosport11.00 et 19.00 Motocyclisme.

En direct du Castellet.Championnat du mondede vitesse. Grand Prixde France. La coursedes 125, 250 et 500 cc(240 min). 67165359

15.00 Tennis. En direct.Internationaux de France :Finale messieurs :Gustavo Kuerten -Sergi Brugera(180 min). 22077088

20.00 Formule Indy.Grand Prix de Detroit (EU).20.30 En direct. La course(150 min). 1107040

23.00 Football.Coupe du monde 1998.Eliminatoires (120 min).

Voyage20.30 et 23.30 L’Heure

de partir. Magazine.21.00 Suivez le guide.22.55 Chronique Polac.23.00 Blue Ocean.23.25 Les Clés du luxe (35 min).

Muzzik21.00 HIRIO en concert.

Enregistré au Festivalinterceltique de Lorient(50 min). 500017514

21.50 Solo Tango.22.20 Le Journal de Muzzik.22.50 Dame Joan Sutherland

et Marilyn Horne.Concert(145 min). 503949682

LES CODES DU CSA

4 Accord parentalsouhaitable.

5 Accord parentalindispensable ouinterdit aux moins de 12 ans.

6 Public adulte ouinterdit aux moins de 16 ans.

Les programmes complets de radio,

de télévision et une sélection

du câble et du satellite sont publiés

chaque semaine dans notre supplément

daté dimanche-lundi.

Signification des symboles :

E Signalé dans « Le Monde

Télévision-Radio-Multimédia ».

a On peut voir.

a a Ne pas manquer.

a a a Chef-d’œuvre ou classique.

d Sous-titrage spécial pour les sourds

et les malentendants.

LES CODES

DU CSA

4 Accordparentalsouhaitable.

5 Accordparentalindispensableou interditaux moinsde 12 ans.

6 Publicadulteou interditaux moinsde 16 ans.

Page 28: scholar.lib.vt.edu · 2018. 3. 26. · LeMonde Job: WMQ0806--0001-0 WAS LMQ0806-1 Op.: XX Rev.: 07-06-97 T.: 11:21 S.: 111,06-Cmp.:07,11, Base : LMQPAG 33Fap:99 No:0355 Lcp: 196 CMYK

LeMonde Job: WMQ0806--0028-0 WAS LMQ0806-28 Op.: XX Rev.: 07-06-97 T.: 11:06 S.: 111,06-Cmp.:07,11, Base : LMQPAG 34Fap:99 No:0382 Lcp: 196 CMYK

Société des rédacteurs du « Monde »a LES ASSOCIÉS de la Société des rédacteurs du Monde, société ci-

vile à capital variable, sont convoqués, conformément aux statuts,lundi 16 juin, à 15 heures, pour leur assemblée générale ordinaire. Cetteréunion se tiendra au siège social du Monde, 21 bis, rue Claude-Bernard,Paris, 5e , au sixième étage, dans la salle des réunions. Ordre du jour : 1.Mouvement d’associés ; 2. Rapport d’activité du conseil d’administra-tion ; 3. Approbation des comptes ; 4. Election de cinq administrateurs ;5. Pouvoirs à conférer ; 6. Questions diverses.

ne sait s’il implique un peu deterre aux semelles des intona-tions. En tout cas, la candidate araconté l’histoire à différentsjournaux : « C’est de la pure dis-crimination. On m’a traitéecomme une vulgaire bouseuse . »

Depuis, on est un peu embar-rassé, à la KLM. On admet quecette affaire d’accent est lamen-table. En effet. Dès lors qu’auxépreuves de sélection la candi-date ne s’était pas essayée à un« Cré nom, hue donc, serait tempsd’embarquer ! », on voit mal oùse situe la barre. Accent ? Pasd’accent ? Et quel accent ? Parlélisse ? Parlé flûté ? Parlé façonmusique d’ascenseur ? Sabir vo-lant ? Ou parlé Pays-Bas danstoute la diversité des pays bas ?

Bref, elle n’avait pas l’accent del’emploi. Comme d’autres, pas latête, la couleur de peau, le sexe,ou les diplômes. Et, même, pas larégion et le parti. A preuve, lesconsidérations grandioses et tou-ristico-politiques de Rudy Salles,député UDF des Alpes-Mari-times, sur la nomination de Mi-chelle Demessine, comme secré-taire d’Etat au tourisme.

Pour M. Salles, Mme Demessinea deux graves défauts : elle estcommuniste, elle est du Nord.Donc, a priori, elle est disquali-fiée. Pour appartenance à un par-ti « dont les options n’ont que peude points communs avec ce quedoit être la politique touristique dela France ». Et pour apparte-nance à un département « parmiles moins touristiques de France ».Formidable argumentaire.M. Salles se la joue « ma visitechez Germinal », passeport entreles dents, Intourist chez les chti-mis, ciel plombé et drapeaurouge. Là, ce n’est plus vraimentgrossier. C’est franchementcomique.

IL FAIT toujours dans la fi-nesse, Marc Blondel. Portant àNicole Notat une affection no-toire, il l’a qualifiée, sur Europe 1,de « femme seule depuis qu’AlainJuppé est parti ». Séduite et aban-donnée, la rivale ! En consé-quence de quoi, il a précisé sapensée : « Ou bien Mme Notat per-siste dans son syndicalisme d’ac-compagnement. Ou bien elle faitune pirouette. Mais il y a un âge oùon ne peut plus en faire. »

Il n’y a pas d’âge limite pour lagoujaterie. Dans le genre, MarcBlondel aura été aussi brillantavec Nicole Notat que JacquesToubon le fut avec Elisabeth Gui-gou. Lors de la passation de pou-voirs, jeudi, le garde des sceaux,ordinairement plus civil, a eu cesparoles exquises : « En termesd’images, vous n’aurez pas de malà me succéder. Mais pour l’actionce sera plus difficile. » Mieux vau-drait parfois perdre une électionque son savoir-vivre. Ou, en fran-çais moderne, que ses boulons.

Au rayon balourdises, uneautre trouvaille : l’offense faitepar une responsable de la KLM,compagnie aérienne des Pays-Bas, à une candidate hôtesse.Celle-ci, une jeune femme origi-naire de l’est des Pays-Bas, avaitsatisfait à tous les critères de pré-sélection. Ne restait à franchirque le dernier obstacle, l’entre-tien.

L’entretien a tourné court.Deux minutes. Son interlocutrice,l’entendant parler, l’a, immédia-tement et brutalement, interrom-pue. « Vous n’êtes pas faite pour lejob. Vous avez un accent de l’Est. Sij’étais vous, je prendrais d’aborddes leçons de logopédie. »

On ignore, irrévocablement, cequ’est l’accent de l’Est néerlan-dais. On le suppose ni frison duNord ni brabançon du Sud. On

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DIMANCHE 8 - LUNDI 9 JUIN 1997

Délicatesses par Pierre Georges

Tirage du Monde daté samedi 7 juin1997 : 541 997 exemplaires 1 3

A nos lecteurs7,50 FRANCS : tel sera, à compter

de lundi après-midi, c’est-à-diredans nos éditions datées mardi10 juin, le prix de votre quotidien.Nous vous devons évidemment des

explications.Car cette déci-sion ne va pasde soi : lapresse quoti-dienne fran-çaise est chère,trop chère si

on la compare à la presse des autrespays européens, trop chère en cestemps de crise et de chômage quifrappent d’abord les jeunes.

Aussi est-ce après mûre réflexionque nous avons décidé cette aug-mentation de 50 centimes.

Pendant ces cinq dernières an-nées, le prix du Monde est restéstable. Pendant cette mêmepériode, les prix en France ont aug-menté de près de 9 %. Notre haussesera de 7 % ; soit moins que l’ajuste-ment rendu nécessaire par cettefaible inflation.

Au cours de ces cinq années, LeMonde a failli périr, c’est-à-dire, enraison d’une situation catastro-phique, perdre son indépendance.Chargés de le sauver, puis de le re-dresser, nous nous étions engagés àne pas faire du prix du quotidienune arme pour le redressement, le-quel n’a été assuré que par les ef-forts consentis par l’entreprise surelle-même. Nous n’avions pas da-vantage, contrairement à plusieursde nos confrères parisiens, répondupar une hausse de 1 franc à l’explo-sion du prix du papier survenue en1995.

Le conseil de surveillance nousavait vivement incités à ne pas aug-

menter le prix du quotidien durantcette période, nous y autorisant dèslors que le redressement serait ac-compli. C’est, comme vous le savez,chose faite : vous y avez puissam-ment contribué, car depuis le lance-ment de la nouvelle formule dujournal, le 9 janvier 1995, notre dif-fusion n’a cessé de se développer.

Je vous invite aujourd’hui, enconsentant à cette hausse, à confor-ter l’indépendance et à assurerl’avenir du Monde.

Cette augmentation ne sera pasuniforme : elle concerne la venteaux numéros. Mais le prix des abon-nements reste stable. Et, surtout,nous souhaitons inciter les étu-diants, nos lecteurs de demain, à setourner plus nombreux vers LeMonde. C’est pourquoi le prix parabonnement consenti aux étudiantsva baisser de façon significative,afin que nous puissions nous rap-procher de ceux qui ont le plus d’ef-forts à consentir pour l’achat dujournal. Cette incitation forte à lalecture du quotidien – les abonnésétudiants d’aujourd’hui seront lesacheteurs fidèles de demain – nepouvait être consentie qu’à lacondition d’augmenter le prix de lavente au numéro.

Ce passage à 7,50 francs est en ef-fet, pour nous, une nécessité abso-lue, que, j’espère, vous compren-drez. Il ne s’agit pas de fairesupporter aux lecteurs le prix d’unemauvaise gestion, puisque désor-mais le redressement est engagé. Ils’agit, tout au contraire, de vous in-viter à participer à nos efforts afinde préserver durablement Le Mondedes aléas de la conjoncture en assu-rant le développement de notregroupe.

En premier lieu, de lourds inves-tissements doivent être réalisés àbref délai : ils concernent la chaîneéditoriale, c’est-à-dire notre équipe-ment informatique, et nos rotatives,qu’il est urgent d’équiper afin decorriger leur vieillissement etd’améliorer leur capacité d’impres-sion en couleurs.

En second lieu, nous sommes dé-sormais dans l’obligation de nousdévelopper. Nous savons d’expé-rience que, quels que soient nosbons résultats actuels et prévisiblespour 1997, la vie du quotidien et sonindépendance restent fragiles.

EXIGENCESNous sommes, en effet, exposés

en permanence à des aléas contrelesquels il nous faut nous prémunir.Qu’il s’agisse de la hausse program-mée des tarifs postaux, du prix dupapier qui devrait se réorienter à lahausse, du climat social ou de la re-cette publicitaire qui, si elle s’est re-dressée, n’est pas encore revenue àun niveau compatible avec noséquilibres économiques. Cette der-nière, au temps d’Hubert Beuve-Méry, était à peu près stable, autourde 40 % de l’ensemble des recettes ;sous la gestion d’André Fontaine,elle s’était rapprochée de 60 % ;lorsque j’ai pris la direction de l’en-treprise, elle était tombée à 22 %, etdevrait atteindre cette année 30 %.

Pour nous prémunir d’éventuelsretournements de situation, éviterque le quotidien ne soit de nouveaumis en péril, garantir à la rédactionde pouvoir travailler à l’abri despressions extérieures, et donc vousassurer d’un contenu déterminé entotale liberté, nous devons imaginerde nouvelles recettes.

Donc nous développer. Donc in-vestir.

Trois axes s’offrent à nous et fe-ront l’objet d’investissements et departenariats qui seront engagés d’icià la fin de l’année. D’abord, unchamp large d’édition, de coéditionet d’accords est à l’étude, qui doitpermettre une présence active etrentable du Monde dans le secteurde l’édition et de la presse. Ensuite,à partir de l’édition électronique duquotidien et des premiers CD-ROM,nous allons définir une stratégied’activités et services multimédias.Enfin, sollicités par les principauxopérateurs de télévision par satellitepour définir des contenus théma-tiques nouveaux, nous étudions lesmodalités de collaboration à desémissions et à des chaînes théma-tiques.

Ces développements indispen-sables non seulement ne nous dé-tourneront pas de l’essentiel, maisnous permettront d’y être plus at-tentifs encore : le contrat de lecturequi nous lie, que nous voulons conti-nuer d’enrichir ; le confort de lectureque nous vous devons, que nouschercherons encore à améliorer.

Depuis trois ans, Le Monde a re-conquis ses lecteurs grâce à une exi-gence constante de rigueur, de qua-lité et d’innovations rédactionnelleset graphiques. Nous vous deman-dons aujourd’hui de nous donner,pour les cinq ans qui viennent – carnotre prix restera stable jusqu’à lamise en place de l’euro –, lesmoyens de poursuivre la dynamiquerédactionnelle et la modernisationdu Monde.

Votre fidélité est notre seule arme.

J.-M. C.

É

« Le Figaro » à nouveau en kiosquesN’AYANT PAS PU SORTIR,

vendredi matin 6 juin, en raisond’un mouvement de grève des ou-vriers du Livre CGT appartenantau pré-presse (photograveurs ettypographes), Le Figaro était nor-malement vendu en kiosques sa-medi. Un litige oppose la directionet les syndicats du principal quoti-dien du groupe Hersant sur l’inter-prétation de textes élaborés lors derécentes négociations (Le Mondedu 7 juin). Ces textes portent sur larépartition des tâches entre lespostes de secrétaires techniques,

destinés aux salariés venus duLivre, et les postes de secrétairesde rédaction, tenus par des journa-listes.

Les débrayages s’étaient pro-duits à la Sirlo, l’atelier chargé de lapréparation des pages du journalet de ses suppléments (correction,photocomposition, photogravure).De nouvelles discussions de plu-sieurs heures ont eu lieu, vendredi,entre les représentants du LivreCGT et Yves de Chaisemartin, pa-tron de la Socpresse (maison mèredu groupe Hersant), du Figaro et

président du Syndicat de la presseparisienne, qui rassemble les édi-teurs des quotidiens nationaux. Al’issue de ces discussions, Yves deChaisemartin se serait engagé àproposer au Livre CGT, lors de né-gociations qui devraient reprendrelundi 9 juin, une nouvelle mouturedes textes faisant l’objet du litige.

De son côté, Josseline Abon-neau, déléguée du syndicat desjournalistes FO du Figaro, affirmeavoir été exclue des réunions avecla direction et a saisi l’inspectiondu travail.