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Evidence Based Medicine Recommandations officielles Avis des experts Décembre 2007 Prise en charge pratique des patients sous rituximab Deux types de posologies ont été utilisés dans la polyarthrite rhumatoïde : Chez les patients en échec d’au moins un traitement par anti-TN, le rituximab est administré de façon séquentielle en deux perfusions de 1g à 14 jours d’inter valle (1). Chez les patients en échec d’au moins un traitement de fond conventionnel, deux schémas ont été évalués : - Le schéma classique de deux perfusions de 1g à 14 jours d’inter valle. - Un schéma « allégé » de deux perfusions de 500mg à 14 jours d’inter valle (2). Ces deux schémas ont montré une efficacité notable, largement supérieure au placebo. Dans l’étude comparant ces deux modalités de perfusions (1g versus 500mg) au placebo, le pourcentage de patients répondant aux critères ACR 20 et ACR 50 était similaire dans les deux groupes rituximab. En revanche, le pourcentage de patients répondeurs aux critères ACR 70 était supérieur dans le groupe ayant reçu le schéma classique de rituximab par rappor t au groupe avec schéma allégé (2). La réponse thérapeutique obser vée est supérieure lorsque l’administration de rituximab est combi née au méthotrexate, à des posologies entre 10 et 25mg/semai ne, comparée au rituximab seul. Même si le rituximab n’a reçu l’AMM qu’en association avec le métho- trexate, il faut noter que le rituxi mab en monothérapie a démontré une efficacité supérieure à celle du placebo (3). Il n’existe pas encore de données concernant l’asso- ciation du rituximab avec d’autres traitements de fond conventionnels, en dehors du cyclophosphamide. Un groupe d’exper ts international a considéré que les effets indé- sirables potentiels de la cyclosphosphamide sont trop impor tants pour pouvoir recommander l’utilisation de cette drogue en routine en traitement de la polyar thrite rhumatoïde (4). Afin de limiter les réactions allergiques, une perfusion de methylprednisolone de 100mg est associée à celle de rituximab. Elle est for tement recommandée au cours de la premre perfusion de chaque cycle, et est conseillée au cour s de la deuxième perfusion du cycle (4). Chez les patients répondeurs, la durée de l’efficacité du rituxi mab (2 x 1g) est en moyenne de 6 à 9 mois mais peut largement dépasser ce délai chez certai ns patients (5). Initiation du rituximab 1 T r aite ment initial pa r r ituxi ma b au cou r s de la PR, suivi clinique, b iologique et r adiologique

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●Chez les patients répondeurs,la durée de l’efficacité du rituximab (2 x 1g) est en moyenne de 6 à 9 mois mais peut largement dépasser ce délai chez certains patients (5). Initiation du rituximab Recommandations officielles Avis des experts Prise en charge pratique des patients sous rituximab Evidence Based Medicine Décembre 2007 1

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Evidence Based Medicine Recommandations officielles Avis des experts

Décembre 2007

Prise en charge pratique des patients sous rituximab

● Deux types de posologies ont été utilisés dans la polyarthrite rhumatoïde : • Chez les patients en échec d’au moins un traitement par anti-TN�, le rituximab est

administré de façon séquentielle en deux perfusions de 1g à 14 jours d’intervalle (1). • Chez les patients en échec d’au moins un traitement de fond conventionnel, deux

schémas ont été évalués : - Le schéma classique de deux perfusions de 1g à 14 jours d’intervalle.- Un schéma « allégé » de deux perfusions de 500mg à 14 jours d’intervalle (2).Ces deux schémas ont montré une efficacité notable, largement supérieure auplacebo. Dans l’étude comparant ces deux modalités de perfusions (1g versus 500mg)au placebo, le pourcentage de patients répondant aux critères ACR 20 et ACR 50 étaitsimilaire dans les deux groupes rituximab. En revanche, le pourcentage de patientsrépondeurs aux critères ACR 70 était supérieur dans le groupe ayant reçu le schémaclassique de rituximab par rapport au groupe avec schéma allégé (2).

● La réponse thérapeutique observée est supérieure lorsque l’administration de rituximabest combinée au méthotrexate, à des posologies entre 10 et 25mg/semaine, comparéeau rituximab seul. Même si le rituximab n’a reçu l’AMM qu’en association avec le métho-trexate, il faut noter que le rituximab en monothérapie a démontré une efficacitésupérieure à celle du placebo (3). Il n’existe pas encore de données concernant l’asso-ciation du rituximab avec d’autres traitements de fond conventionnels, en dehors ducyclophosphamide. Un groupe d’experts international a considéré que les effets indé-sirables potentiels de la cyclosphosphamide sont trop importants pour pouvoirrecommander l’utilisation de cette drogue en routine en traitement de la polyarthriterhumatoïde (4).

● Afin de limiter les réactions allergiques, une perfusion de methylprednisolone de 100mgest associée à celle de rituximab. Elle est fortement recommandée au cours de lapremière perfusion de chaque cycle, et est conseillée au cours de la deuxièmeperfusion du cycle (4).

● Chez les patients répondeurs, la durée de l’efficacité du rituximab (2 x 1g) est en moyennede 6 à 9 mois mais peut largement dépasser ce délai chez certains patients (5).

Initiation du rituximab

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Traitement initial par rituximab au cours de laPR, suivi clinique, biologique et radiologique

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Le suivi a pour objectif d’évaluer l’efficacité et la tolérance du traitement.

● Évaluation de l’efficacité du rituximabL’évaluation de l’efficacité du traitement sera clinique, biologique et radiologique. Cetteévaluation ne diffère pas du suivi habituel des polyarthrites rhumatoïdes. En suivant les recommandations de pratique clinique (6), les données cliniques minimalesà recueillir sont :• les éléments nécessaires pour le calcul du DAS 28 ou du SDAI, ou au moins des para-

mètres objectifs tels que le nombre d’articulations gonflées et la CRP (7)• la liste des autres localisations symptomatiques articulaires et périarticulaires• la recherche de manifestations extra-articulaires• la durée du dérouillage matinal• l'existence de réveils nocturnes

Les données biologiques minimales à recueillir sont la vitesse de sédimentation et laprotéine C-réactive.

L’évaluation de l’évolution structurale sera fera en comparant les articulations pincéeset/ou érosives sur des radiographies annuelles des mains, des poignets et des pieds.On pourra aussi comparer l’évolution des autres articulations symptomatiques.

Dans la majorité des essais thérapeutiques, l’efficacité du traitement était mise enévidence 16 semaines après la première perfusion (1-3). Cependant, l’efficacité peutapparaître plus précocement entre le 2ème et le 3ème mois. Il faut savoir que la prémédicationavec les corticoïdes induit une réponse rapide, habituellement transitoire avant la8ème semaine (8).

● Évaluation de la tolérance du rituximab• Hémogramme

Le seul élément de suivi biologique justifié par le rituximab est un hémogramme tousles 3 mois en raison des risques de neutropénie tardive observée chez près de 8% depatients traités par le rituximab pour un lymphome.

• Dosage des IgGBien qu’il ne soit pas indispensable pour juger de l’efficacité ou initier un retraitement,d’après les RCP (résumé caractéristiques produit), de doser le taux d'immunoglobulineset le taux de lymphocytes B circulants, le dosage des IgG avant retraitement est utileen cas de retraitements itératifs pour dépister des patients qui pourraient avoir unrisque infectieux augmenté. Il est donc recommandé de l’effectuer avant le début dutraitement et avant chaque cycle (voir fiches “Bilan pré-thérapeutique” et“Retraitement”).

Quel suivi après un traitement par le rituximab ?

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• PhénotypageL’évaluation des lymphocytes B circulants avant chaque cycle de traitement, même sielle n’a pas démontré aujourd’hui son intérêt en terme de prédiction de réponse, pour-rait être utile en cas de retraitements itératifs pour dépister des patients qui pourraientavoir un risque infectieux augmenté, et peut donc être conseillé avant chaque traite-ment (voir fiches “Bilan pré-thérapeutique” et “Retraitement”).

Ce suivi biologique doit également tenir compte des traitements associés, en particulierle méthotrexate qui justifie un suivi biologique spécifique.

1) Cohen SB, Emery P, Greenwald MW, Dougados M, Furie RA, Genovese MC, et al. Rituximab for rheumatoid arthritis refractory to anti-tumor necrosis factor therapy: Results of a multicen-ter, randomized, double-blind, placebo-controlled, phase III trial evaluating primary efficacy and safety attwenty-four weeks. Arthritis Rheum 2006;54:2793-806.

2) Emery P, Fleischmann R, Filipowicz-Sosnowska A, Schechtman J, Szczepanski L, Kavanaugh A, et al. The efficacy and safety of rituximab in patients with active rheumatoid arthritis despite methotrexatetreatment: results of a phase IIB randomized, double-blind, placebo-controlled, dose-ranging trial.Arthritis Rheum 2006;54:1390-400.

3) Edwards JC, Szczepanski L, Szechinski J, Filipowicz-Sosnowska A, Emery P, Close DR, et al. Efficacy of B-cell-targeted therapy with rituximab in patients with rheumatoid arthritis. N Engl J Med 2004;350:2572-81.

4) Smolen JS, Keystone EC, Emery P, Breedveld FC, Betteridge N, Burmester GR, et al. Consensus statement on the use of rituximab in patients with rheumatoid arthritis. Ann Rheum Dis 2007;66:143-50.

5) van Vollenhoven RF, Cohen S, Pavelka K, Kavanaugh A, Tak PP, Greenwald M, et al. Response to rituximab in patients with rheumatoid arthritis is maintained by repeat therapy: results ofan open-label trial. Ann Rheum Dis 2006;65(Suppl 2):510.

6) Pham T, Gossec L, Fautrel B, Combe B, Flipo RM, Goupille P, et al. Physical examination and laboratory tests in the management of patients with rheumatoid arthritis:development of recommendations for clinical practice based on published evidence and expert opinion.Joint Bone Spine 2005;72:222-8.

7) Smolen JS. What is the place of recently approved T cell-targeted and B cell-targeted therapies in the treatment ofrheumatoid arthritis? Lessons from global clinical trials. J Rheumatol Suppl 2007;79:15-20.

8) Smolen JS, Keystone EC, Emery P, Breedveld FC, Betteridge N, Burmester GR, et al. Consensus statement on the use of rituximab in patients with rheumatoid arthritis. Ann Rheum Dis 2007;66:143-50.

Références