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  • Les grammaires antiqueset

    les grammaires classiques.Il est bon de faire le point sur les grandes orientations qui ont prsid la rflexion

    grammaticale.

    L'Antiquit:

    Comme le montre G. Mounin dans son "Histoire de la linguistique des origines au XXme sicle"(PUF, 1970 ), nous avons peu de certitudes concernant l'Antiquit l'exception des Grecs : ils ontmontr un grand intrt pour la langue et ont produit de nombreux crits. Si la grammaire hindoue"n'ignorait pas les espces de mots (noms, verbes, particules...), en Grce, s'bauche la classificationformelle ou fonctionnelle des mots avec la recherche et l'laboration des parties du discours"(Mounin, p 93).Platon va distinguer le nom et le verbe auxquels vient s'ajouter l'article et laconjonction avec Aristote (voir La Potique). Les grammairiens grecs vont constater des variationssystmatiques du verbe et du nom et ajoutent les notions de temps et de flexions. (En grammaireclassique, la flexion est un procd morphologique consistant pourvoir les racines verbales ounominales d'affixes ou de dsinences qui expriment les fonctions grammaticales ou cas, les catgoriesgrammaticales du genre, du nombre et de la personne.). Cest dans Potique qu'Aristote englobedans le concept de "cas" des rapports tels que le genre, le nombre, la dclinaison, les marquesverbales. C'est toujours Aristote qui va jeter les bases d'une analyse syntaxique avec la thorie de lastructure de la phrase (sujet et prdicat).

    La premire grammaire grecque qui distingue 8 parties du discours apparat sous "la plume"de Denys de Thrace (-170 -9O) : article, nom, pronom, verbe, participe, adverbe, prposition,conjonction. L'adjectif est tantt class parmi les noms, tantt parmi les verbes d'o la notiond'adjectif verbal en "ndus" en latin ("secundus" signifie "qui suit" et "suivant"); l'adjectif est alorsconsidr comme un nom priv de son dterminant. La distribution nom-adjectif n'apparatra quedans la grammaire de Lhomond la fin du XVIII me sicle.

    Morphologie et syntaxe vont achever de se constituer avec les Romains qui "sont la base detout notre enseignement traditionnel" (Mounin). Les principaux grammairiens sont Varron (I er sicleavant J-C), Alius Donatus (IV me sicle) et Priscien (VI me sicle); ils s'appuient (en particulierVarron) sur 3 notions importantes pour la tradition grammaticale jusqu' nos jours: la "natura" de lalangue, l"analogie" c'est--dire les rgles grammaticales la "consuetudo" ou usage et "l'auctoritas" ouexemple des bons auteurs.

    Le Moyen-Age:

    Au Moyen Age et pendant des sicles, la description grammaticale se borne au latin (on peutcomprendre pourquoi le grammairien Henri Estienne ne reconnat pas l'article comme une partie dudiscours puisqu'il n'existe pas en latin). La "grammatica" est synonyme de latin classique. Lagrammaire scolaire se souviendra de cet hritage : "On va analyser les parties du discours, la foisd'aprs Aristote et d'aprs Varron, ou bien d'aprs les grammaires latines mdivales qui en sont leschos" (Mounin, Histoire de la linguistique, p 123).

    Au XIII me sicle, le franais gagne toute l'Europe. En 1298, Marco Polo crit le rcit de sesvoyages en langue franaise. En Angleterre, la conqute normande (1066) donne au franais, selon F.Brunot, le mme statut que le latin en France. Pendant plusieurs sicles, le franais resterapuissamment implant. Les premires grammaires du franais seront d'ailleurs l'oeuvre d'Anglais, aumoment o notre langue, moins bien domine outre-Manche, aura besoin d'un soutien. On parlefranais en Sicile, en Allemagne... Si le franais n'atteint pas le prestige du latin, il s'en rapproche.

    Les premires tentatives d'tude de notre langue sont guides par des besoins pratiques. Il nes'agit pas de dcrire la langue franaise dans un but scientifique mais bien pour l'enseigner. Plusexactement, pour lui conserver une certaine correction: les Anglais "perdent leur franais"; la tche

  • des premiers descripteurs sera donc de leur fournir un outil de rfrence, afin de leur permettred'viter des erreurs. D'une manire encore vague, c'est d'une part l'ide de norme qui s'installe etd'autre part, celle de grammaire des fautes. Le descripteur va pointer les domaines de difficults,s'attacher en rendre compte comme il lui sera possible, un moment o la science grammaticale nes'occupe pas des langues vulgaires. Le Donat franais (vers 1400), dont l'auteur anglais est anonyme,comporte cette justification:

    "Pour que les bonnes gens du royaume d 'Angleterre sont embarasss savoir lire etcrire, entendre et parler droit franais, afin qu'ils puissent entrecommuner bonnementavec leurs voisins, c'est dires les gens du royaume de France".

    Plus la grammaire s'enrichira au plan thorique et mthodologique plus l'intrt pour lesfautes potentielles s'affirmera et ce jusqu'au XVII me sicle, avec des manuels bilingues voiretrilingues ou quadrilingues, comparant les langues et s'attachant aux interfrences potentielles.

    A ct de cet intrt de correction se manifeste le souci d'ancrer l'apprenant dans la socit, parune manipulation efficace, norme de la langue, qui contribue lui donner une image valorise (Onne peut s'empcher de tracer un parallle avec la situation actuelle.: au XX me sicle, aprs lapriode du "franais neutre", du franais de tout le monde qui n'est le franais de personne ( leFranais fondamental), les didacticiens proposent des franais varis ( la mthode C'est le printemps.)

    Au XV me sicle, si les manuels de grammaire restent embryonnaires, les Manires delangage qui connatront un vif succs, se dveloppent avec la finalit pragmatique que nous venonsd'voquer

    "Quant un homme encontrera aucun en matine, il lui dira courtoisement ainsi: "Monsignour, Dieu vous donne boun matin et bonne aventure!" (...) A pitaille vous direz:"Dieu vous gart!n ou "reposez bien" Et aux laboureurs et ouvriers vous direz ainsi:"Dieu vous ait! Mon amy"."(Manire de langage, 1396, Caput)

    Au XV me sicle, sans que le latin perde son prestige, le franais deviendra la langue uniquede composition littraire.

    Quelles sont alors les conditions de l'enseignement du franais? Il ne peut se fondervritablement sur la grammaire. En rgle gnrale, il se pratique par imitation qui s'effectue dans uncadre prceptoral ou en France, sur le terrain (beaucoup d'trangers frquentent les cours del'Universit de Paris, habitent dans des cits telle que celle de Robert de Sorbon, qui loge en 1257,seize tudiants dans une maison qu'il transforme ensuite en Collge de l'Universit de Paris).L'imitation mthodique s'appuie sur une prparation pdagogique. Le pdagogue a le sentiment del'utilit de certaines tournures, de certains mots, dans certaines situations, pour un certain public enfonction d'un but pratique (commercer, voyager...). Il slectionne structures et lexique autour decentres d'intrt, dfinit un type de discours (dialogue, lettres...) et propose un matriel acqurir. Lamthode pdagogique prend le pas sur la description grammaticale ce qui guide le prcepteur c'estl'lgance des tournures car il tend de donner l'apprenant les moyens de produire l'imagelinguistique de lui mme qui lui convient le mieux. L'ide de norme prcde ici l'laboration desmanuels de grammaire qui viendront la codifier. Ce dernier courant est vritablement pr-grammatical.

    Il y a eu beaucoup d'agitation autour du concept de norme; des considrations idologiques,des notions de didactisme, d'autoritarisme et de centralisme s'y sont trouves mles. La grammaireest une didactique; elle est normative car elle nomme les choses de la langue pour les dcrire et lesclasser et elle est aussi oblige de dfinir cette langue dans ses conditions optima de fonctionnement.La norme dont il est question au XVI me et XVII me sicle va voluer avec la langue (Bon usage,bel usage, norme socialement dlimite, idologiquement circonscrite). Il appartient l'enseignant dedterminer ce qui est norme et ce qui est simple usage. Sur ce point et les enjeux pour la classe, nousrenvoyons l'article: " Quelle langue parler l'cole? Propos sur la norme du franais." in Languefranaise N 13 de fvrier 1972.

  • Au XVI me sicle, le langage est tudi "comme une chose de nature" et "ses lments ont,comme les animaux les plantes, les toiles, leurs lois d'affinit et de convenance, leurs analogiesobliges" (M. Foucault, Les mots et les choses, Gallimard, 1966, p 59). Les grammaires (A. Cauchie,Robert Estienne, Louis Maigret, Jean Pillot..) les traits de rhtorique (P.Fabri, H. Rambaud..) et deprononciation (Th de Bze, E. Dolet) fleurissent. La grammaire de P. Ramus contenait dans sondition de 1572 deux parties. La premire tait consacre l'tymologie et s'attachait la recherche"des proprits intrinsques des lettres, des syllabes enfin des mots entiers"; la seconde partie traitaitde la syntaxe pour "enseigner le btiment des mots entre eux par leurs proprits". Louis Meigretprsente dans le Trett de la grammere francoeze (1550) ce que sera la grammaire traditionnelle.

    Le mouvement pdagogique s'affirme et substitue la comprhension la rptitionmcanique; cela constitue un terrain favorable la pdagogie qui dcoulera de la Grammaire de PortRoyal.

    C'est des tudes antrieures, de celles des praticiens enseignant aux trangers, que partentArnauld, et Lancelot.

    Port-Royal : le rapport langage / pense.

    Port-Royal dsigne la grammaire gnrale et raisonne contenant les fondements de l'art deparler expliqus d'une manire claire et naturelle: les raisons de ce qui est commun toutes leslangues, et des principales diffrences qui s'y rencontrent. Et plusieurs remarques nouvelles sur lalangue franaise.

    Le franais, tudi pour lui-mme, se retrouve sur un pied d'galit avec les autres langues etpermet d'atteindre aux universaux. Cette recherche d'universaux a videmment une fonctionpdagogique . Ici, le noeud entre grammaire et raison, c'est la proposition:

    Tous les philosophes enseignent qu'il y a trois oprations de notre esprit, concevoir,juger, raisonner. Concevoir n'est autre qu'un simple regard de notre esprit sur les choses;juger c'est affirmer qu'une chose que nous concevons est telle ou n'est pas telle; raisonnerc'est se servir de ces deux jugements pour en faire un troisime.. Le jugement que nousfaisons des choses, comme quand je dis la terre est ronde, s'appelle proposition

    ( Arnauld, Oeuvres Compltes, II, 1, p6)

    Avec Port-Royal(1660), la tentative de rendre compte des rapports du langage et de la penseau travers d'une armature logique va se superposer au souci de former la notion d'une rgle et d'un"bon usage franais" ou d'une norme. Ainsi, on peut lire au tout dbut de la grammaire de Port-Royald'Antoine Arnauld et Claude Lancelot:

    On ne peut bien comprendre les diffrentes sortes de significations qui sontenfermes dans les mots, qu'on n'ait bien compris auparavant ce qui se passe dans nospenses, puisque les mots n'ont t invents que pour les faire connatre

    Le grand intrt de cette grammaire de Port-Royal est de dfinir un certain nombre deprincipes et de phnomnes valables pour toutes les langues comme rsultant de rgles logiquesuniverselles. Mme si la base de l'ouvrage reste un enregistrement de l'usage, l'objectif est unerflexion sur le langage en gnral et sur le rapport que celui-ci entretient avec l'universalit.

    Apparatront cette mme poque des termes tels que mthode, clart, facilit: les principescohrents d'analyse substituent une vision rationnelle une collection de faits et rendent ainsil'apprentissage plus ais.

    D'autres ouvrages vont marquer le XVII me sicle, il s'agit des Remarques sur la langue franaise(l647) de Vaugelas, des Observations sur la langue franaise (1672) de Mnage, des Entretiens du PreBouhours (1671).

  • La proccupation prcdente tait et demeure la fixation d'une rgle et d'un bon usage ounorme. Le nouveau souci va tre d'difier un dispositif scolaire qui sera prt vers 1920: c'est lagrammaire scolaire dite "traditionnelle".

    A ce propos, la confusion ne doit pas exister entre grammaire scolaire et grammairetraditionnelle dans la mesure o elle oppose l'ancien, le scolaire, le traditionnel d'une part et d'autrepart le moderne c'est--dire le linguistique. Il est prfrable de parler de tradition grammaticale cequi permet d'englober des ouvrages divers qui n'ont parfois rien de scolaire. La grammaire scolaire(appele tort traditionnelle) est un dispositif scolaire comprenant l'analyse grammaticale d'une partet l'analyse logique d'autre part. Cette grammaire encore enseigne l'cole ou au collge provientpour l'essentiel d'ouvrages qui ont vu le jour vers 1820 (La nouvelle grammaire franaise de Nol etChapsal est de 1823). Elle s'est gnralise tout au long du sicle prsent avec des grammaires commela grammaire de Hamon par exemple. A ct de cette tendance dominante, existent une grammairernove d'inspiration linguistique.

    Il va rester pour la grammaire un vide combler: Ni les observations parses de Vaugelas, niles principes des Messieurs de Port-Royal ne constituent un trait de grammaire de la languefranaise (D. Coste in Histoire littraire de la France, Tome 3, Les Editions Sociales, 1969, p 100). Unefois publi le Dictionnaire de 1694, l'Acadmie projetait la rdaction d'une grammaire. On n'a pudfinir alors une doctrine claire. Faute d'une grammaire, on aura des Commentaires d'auteursclassiques puis en 1738 des Remarques de grammaire sur Racine Tout se passe comme si les auteursdu XVIII me sicle distinguaient une grammaire gnrale et des grammaires particulires, lessecondes dpendant troitement de la premire.

    Si l'on consulte l'article Grammaire de l'Encyclopdie: La grammaire gnrale est donc lascience raisonnable des principes immuables et gnraux de la parole prononce ou crite danstoutes les langues,. une Grammaire particulire est l'art d'appliquer aux principes immuables etgnraux de la parole prononce ou crite, les institutions arbitraires et usuelles d'une langueparticulire .

    Beauze choisit en 1767 le titre de "Grammaire gnrale ou exposition raisonne des lmentsncessaires du langage; pour servir de fondement l'tude de toutes les langues". Pour le maintien et leprogrs de l'ordre nouveau, la langue a un rle jouer et trs tt, les membres des assemblesrvolutionnaires se proccupent de dfinir une politique linguistique

    Il faut donc au XVIII me sicle dfinir un systme de fonctionnement:

    Les langues ont beau se former sans systme et sans dlibration, elles n'en sont pasmoins systmatiques ni moins fondes e n raison " (Les vrais principes de la languefranaise ou la parole rduite en Mthode, conformment aux Lois de l'Usage, Paris,1747.)."

    Mais ce systme d'analyse devra se fonder sur la logique afin d'en faciliter l'enseignement:La grammaire est donc l'art de peindre les ides par la parole; elle devra nous apprendre1) quelles sont les diverses espces de mots que l'on employe dans cet Art etncessairement pour marquer tous les rapports possibles avec les objets, 2) la Forme qu'ilfaut donner chaque espce de ces mots (...) 3) I'Arrangement qu'il faut donner tousceux qui entrent dans ces phrases(...) Ce qui divise la grammaire en trois parties: lapremire qui traite des diffrentes parties du discours. La seconde des Formes diffrentesque doit prendre chaque mot suivant le rle dont il est revtu ou la place qu'il doitoccuper. La troisime de la Place que doit avoir chaque mot (...) De ces trois parties lapremire constitue la Grammaire Universelle. "(Court de Gbelin, Le Monde Primitif analys et compar avec le monde moderneconsidr dans l'histoire naturelle de la parole, PARIS, 1773.).

    Par cette grammaire, nos connaissances sont le fruit des comparaisons. On voit poindre alorsle comparatisme du XIX me sicle. La grammaire devient cl de la connaissance, d'o sonimportance au moment de la rvolution.

  • Peu peu, la grammaire, devenue trop thorique, abandonnera les pdagogues despratiques isoles. S'amorce alors le divorce entre pratique et thorie. La grammaire pdagogique n'estplus qu'une pratique dessche et desschante, rductrice. Les praticiens arguent de leurdtachement de la rflexion thorique. Peu peu les enseignants s'enlisent dans la pratique et ilfaudra attendre les annes cinquante du XX me sicle pour que naisse, pniblement, unereconsidration du problme.

    Survient la cration des coles primaires (1793-1794) dont la loi sera rvise dans le sens d'unabandon, faute notamment d'instituteurs. En 1798 sont publis les Elments de la grammaire franaisede Lhomond. On veut rduire la place du latin dans l'enseignement du franais au profit de cedernier. Puis c'est l'organisation des coles centrales (qui deviendront les lyces impriaux). Onenseigne avant tout la grammaire gnrale qui remplace la philosophie. Le Consulat et l'Empirerectifieront le tir par mfiance pour la parent entre effort rvolutionnaire et travail desgrammairiens. C'est donc le retour au purisme avec la Grammaire des grammaires ou analyse raisonnedes meilleurs traits de la langue franaise de Girault-Duvivier (1811), sorte de code Napolon de lalangue classique et de l'orthographe acadmique selon M.Cohen (Histoire d'une langue: le franais,Les Editions Sociales, 1967).

    Avec des dveloppements constants jusqu' la fixation de ce que Chervel a apppel laseconde grammaire scolaire (vers 1920) o enseignement de la grammaire et de lorthographes'associent troitement, le premier se mettant au service du second, la description de la grammairedite classique (par opposition structural) tient pour l'essentiel dans le ternaire: espces-modalits-relations.

    Avant l'apparition de l'analyse structurale des noncs, la grammaire classique est le modlede rfrence- mme dfigur- des grammaires scolaires qu'on qualifie aujourd'hui de traditionnelles.Cependant, il existe des grammaires scolaires qui ont pour modle de rfrence l'analyse structuraledes noncs. Les rfrents culturels, les fonctionnements de la grammaire classique et de lagrammaire structurale renvoient des moments diffrents de l'histoire des ides. Il faut donc viterl'amalgame entre grammaire scolaire et grammaire traditionnelle.

    Afin de mieux mettre en relief les notions fondamentales qui distinguent ces diffrents typesde grammaires, il convient de dfinir certains concepts de base et d'en dcrire les caractristiques.