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  • Houcine RAHOUI

    Evolution des formes de management urbain, la lumire des mutations socio-politiques et conomiques, en Algrie. Cas dune ville

    Historique : Tlemcen (Algrie)

    Ville-Management 7

  • Houcine RAHOUI - Socio-anthropologue, Urbaniste - Doctorant EPAU-El Harrach, Alger, Algrie. - Matre Assistant Associ, Dpartement. Architecture, Universit Aboubekr Belkaid Tlemcen - Directeur Technico-Commercial, au Centre dEtudes et de Ralisations en Urbanisme (URBAT) B.P.567-URBAT-Tlemcen, 13000, Algrie -tl : [+213] 43.27.41.54 / 58 fax :[+ 213]43.27.14.50 - GSM : [+ 213] 62 32 50 30 --- Email : [email protected]

    Autres informations personnelles :

    - Affili au rseau " Chercheurs " de l' APERAU-Internationale, Section Maghreb. (Reconnue par le Rseau Institutionnel de l'A.U.F.)

    - Membre du Laboratoire Architecture et Environnement (L.A.E.). (Ecole Polytechnique d'Architecture et d'Urbanisme d'ElHarrach, Alger, Algrie).

    Evolution des formes de management urbain, la lumire des mutations socio-politiques et conomiques, en Algrie.

    Cas dune ville Historique : Tlemcen (Algrie)

    Evolution des formes de management urbain, la lumire des mutations socio-politiques et conomiques, en Algrie.

    Cas dune ville Historique : Tlemcen (Algrie) Rsum : La ville est souvent perue comme un organisme vivant qui volue en fonction des vnements et situations conomiques, socio-historiques et politiques. Cette volution est fonction du concours conjugu de facteurs exognes et de facteurs endognes. Les facteurs exognes sont constitus par les vnements extra nationaux majeurs et dispositifs mis en place tels que la Globalisation, la Mondialisation, le Dveloppement Durable, les termes des changes, le commerce international, la tendance linstauration de systmes dits dmocratiques, la bonne gouvernance, etc. qui interviennent, par le biais de mesures prises localement par les tats, modeler les contours des mode de vie et des structures, souvent traditionnels, qui les sous-tendent, sous le vocables de Modernit-citoyennet- dmocratie . Ceci a des consquences certaines sur plusieurs plans, y compris sur les processus durbanisation des villes et de leur structuration, objet de notre communication. Les facteurs endognes, quant eux, sont constitus par les politiques locales de planification et de gestion urbaines, des moyens mis en place, des qualifications et comptences sur le terrain et des diffrents acteurs et enjeux en cours, dune part, et des pratiques citoyennes qui aspirent au quotidien, avec ou sans, la bndiction de ltat, dfinir un espace vital de rsidence et de travail. Quant aux revendications ayant trait au confort que constituent les quipements de premire ncessit, les raccordements aux rseaux, et lamlioration urbaine et environnementale, elles se font, presque toujours, par le biais de comit de cits et/ou de quartiers. Aussi, entre les exigences dictes par les institutions et la pratique sculaire de lacte de btir, la ville se dveloppe souvent dans une logique dont seuls les dcideurs

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    connaissent les tenants et aboutissants, et que les gestionnaires de lespace urbain et le citoyen peroivent diffremment au quotidien. La ville de Tlemcen, qui fait partie de lensemble maghrbin, donc dun ensemble nouvellement indpendant et en voie de dveloppement, quoi quayant ses particularits et ralits, nchappe pas cette problmatique gnrale que partagent, des degrs divers, les pays en voie de dveloppement, en ce qui concerne les formes dappropriation et de gestion de lespace urbain qui se font toujours sous la pression sociale, les urgences et les politiques du moment. Ces pays qui connaissent, entre autres problmes, une dmographie galopante, un exode rural continu, un appauvrissement tendanciel des couches moyennes, un sous quipement criant, une couverture sanitaire insuffisante et une dsarticulation de lespace urbain qui dnote dune non matrise du processus durbanisation, et o les demandes multiformes crasent des offres trs en de des esprances. Introduction

    LAlgrie, pays dAfrique du Nord, mis en contact ds la haute antiquit avec les

    phniciens et les romains, attach organiquement au monde arabo-musulman et

    ancienne colonie franaise situe sur la rive mditerranenne Sud, prsente,

    travers son parcours une exprience riche en matire de Management (et de

    gestion) de la Ville.

    A ce titre, Tlemcen, ville historique (Agadir, Pomaria, Tagrart, Tlemcen) a t une

    cit, successivement, berbre, romaine, intgre dans le rseau interurbain romain

    au limes occidental de la Maurtanie Csarienne, arabo-musulmane, capitale du

    royaume Zianide, consolidant la voie de communication Est-Ouest dans laxe

    Kairouan-Tlemcen-Fez, impulsant et contrlant la Route de lOr dans un axe Nord-

    Sud reliant lAfrique, par Sidjilmassa et Tlemcen, lEurope ; ville-garnison Ottomane

    coupe des principaux itinraires qui dvirent vers la Mer, nouvel espace

    dchanges, tandis que les autres voies steignaient sous le souffle de la

    concurrence qui montait en puissance dune Europe renaissante. Nanmoins,

    Tlemcen demeurait, cot dAlger et Constantine, comme ple industriel et

    commercial participant activement la vie conomique du pays.

    La France va, quant elle, faire dpendre administrativement Tlemcen (Sous

    Prfecture) au Dpartement dOran.

    Aprs 1962, Tlemcen fut rehausse au statut de chef lieu de Wilaya (Dpartement),

    lors du premier dcoupage administratif post-colonial, qui fut suivi par deux autres,

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    portant successivement 31, puis 48 le nombre des wilayas, et o Tlemcen

    occupe le sixime rang.

    Tlemcen dont lessentiel des fonctions, activits et services taient circonscrits dans

    lespace intra-muros et ses limites immdiates, est vite sortie de ses gonds pour

    stendre au-del de ses limites communales ; dabord en continuit urbaine, lEst,

    sur lespace communal de Mansourah, puis, au Nord, sur celui de Chetouane

    (ex :Ngrier) sur des terres, haut rendement agricole, constituant jusque l, le

    jardin potager du Grand Tlemcen .

    De 1962 nos jours, l'Algrie est passe dune conomie planifie de type socialiste,

    avec une centralisation des dcisions et un dirigisme, la limite autoritaires, o ltat

    tait omniprsent tous les niveaux du quotidien du citoyen, une conomie de

    march, avec une multiplication dacteurs agissant sous limpulsion de nouveaux

    mcanismes juridiques et technico-rglementaires, montre, comme un cas dcole, le

    passage graduel dun tat-Providence pourvoyeur dides et dargent, et par l

    mme, cataloguant et /ou censurant les talons des pratiques culturelles locales,

    un tat reconnaissant son dpassement face aux multiples imprvus tels que les

    variations macro-conomiques et les changements que connat le contexte

    international, avec la tombe en dsutude de la guerre froide des blocs

    idologiques de lEst et de lOuest et lmergence danciens et de nouveaux

    concepts tels que la globalisation, la mondialisation, le dveloppement durable, la

    dmocratie et la bonne gouvernance.

    Le management urbain (ou management des villes) en Algrie a suivi, pour ainsi

    dire, la trace, l'volution qu'a connu le pays, de l'Indpendance nos jours, tant

    aux niveaux sociopolitique et conomique qu' celui des rformes institutionnelles.

    Cette volution peut tre apprhende par tape dcennale, et ce, en rapport avec

    les politiques, les instruments, mcanismes et dispositifs mis en place, mais aussi les

    acteurs et agents de mise en uvre et selon les enjeux de la priode considre.

    Priode 1962-1970

    Lindpendance de lAlgrie dans un tat d'inscurit (OAS, Main Rouge, etc..) a vu

    un dpart massif et prcipit des colons et agents de lEtat sortant, qui ont laiss un

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    vide que seuls un nationalisme port au cur et une solidarit internationale

    pouvaient tant bien que mal combler. Aussi, les luttes intestines pour le pouvoir et les

    problmes de frontires, qui ont surgi, aussi bien lOuest qu lEst du pays, ont

    dtermin dans une large mesure les priorits de cette priode et qui visaient :

    - Asseoir l'autorit du nouvel Etat Indpendant en constitution (institutions et

    administrations).

    - Relancer ce qui restait encore de viable de lappareil productif

    - Tenter de rpondre avec les moyens de bord aux demandes pressantes et

    multiples dune population laisse pour compte pendant plus dun sicle.

    Le choix du Socialisme comme projet de socit, le discours sur la nationalisation

    des richesses du sous-sol, qui a abouti en 1969 la nationalisation du secteur

    minier, et le dpassement au dpart de certaines clauses des Accords dEvian, nont

    pas permis le passage graduel dune gestion assiste par la France une gestion

    nationale terme.

    Les centres urbains, pris d'assaut ds 1962, ont connu une occupation anarchique,

    pour ne pas dire illicite dj, des biens vacants laisss par les europens qui ont

    quitt en masse le pays. La rue des ruraux vers les centres urbains, qui navait pas

    encore pos problme, au regard des donnes dmographiques de lpoque (RGPH

    1966), ont induit une cohabitation socio ethnique htrogne impose de fait par une

    nouvelle socit qui se voulait galitaire

    Aussi, durant cette dcennie, ladministration fonctionnait encore, dans une large

    mesure lheure coloniale en ce qui concernait, notamment, l'organisation

    administrative et les procdures (imprims de base, formes de transcriptions, actes

    et justificatifs de Proprit, hritage, mariage, etc ) en concomitance avec les

    modes de transcription traditionnels par la Djema, le Cadi et les tmoins selon la

    charia musulmane), les circuits commerciaux, etc Nanmoins, le 1er Code

    Communal est n en 1969, entre autres textes caractre organisationnel et

    dorientation gnrale.

    Priode 1970-1980

  • 4

    Cest une priode trs fructueuse en vnements et dcisions politiques durant

    laquelle ont t poses les premires assises institutionnelles et juridictionnelles,

    dans lesprit dune socit en transition vers le Socialisme.

    Souverainet-Nationalisation-Rforme-Rvolution-Algrianisation-Formation

    taient les concepts-cls qui caractrisaient cette priode historique de construction

    nationale qui a connu de grandes ralisations conomiques et sociales.

    Sur le plan externe, la nationalisation des hydrocarbures en 1974 et l'ide d'un

    nouvel ordre conomique mondial prn par l'Algrie vont mettre cette dernire, pour

    un long moment, dans le collimateur des puissances capitalistes.

    Sur le plan interne, les trois rvolutions Agraire, Industrielle et Culturelle vont

    bouleverser lordre tabli dans les campagnes et en milieu urbain. Dans les

    campagnes, les nationalisations des terres, leur redistribution et la construction des

    fameux villages socialistes agricoles (V.S.A.) vont contribuer saper les structures

    traditionnelles de la paysannerie qui, pass le temps de leuphorie, les fellahs,

    transforms en ouvriers agricoles, se sont dirig vers les villes la recherche dun

    niveau de confort suprieur et dun travail moins reintant, mieux rmunrant et plus

    scurisant.

    La ville de Tlemcen ne va pas chapper ce mouvement densemble. Les emplois

    demands en masse dans la zone industrielle (220 hectares) et la zone dactivits

    conomiques (45 hectares) et la mise en chantier dun nombre impressionnant de

    cits rsidentielles, qui vont tre qualifies par certains de Cits Ouvrires, et par

    dautres de Cits Dortoirs, vont drainer un nombre considrable, non seulement, de

    corps de mtiers en rapport avec les besoins des chantiers mais aussi et surtout, une

    main d'uvre d'origine rurale sans aucune qualification professionnelle.

    Cette concentration en milieu urbain va crer la premire vague de surpeuplement

    de la ville de Tlemcen de lre post coloniale, au regard des infrastructures daccueil

    de cette poque.

    L'habitat illicite va s'imposer comme phnomne urbain et social incontournable dans

    une ville historique, qui a pu circonscrire jusque l, l'habitat spontan dans les limites

  • 5

    du quartier populaire historique de Boudghne, nid et creuset de la rsistance arme

    (1954-1962), l'image de la Casbah d'Alger.

    Ce quartier en progression continue du volume de population, depuis les annes

    cinquante (1950) va connatre, dabord, un trop-plein puis un dbordement lEst par

    la prolifration de lhabitat illicite sur le terrain priv dit Djenane El-Arafi, o des lots

    btir ont t cds par le propritaire du dit terrain sans Permis de Lotir, et par

    consquent, sans Permis de Construire qui requiert au pralable le titre de proprit

    et le permis de lotir en question. Ensuite, cet espace surcharg va enclencher

    linvasion, lOuest dun espace rocailleux, o la pente la plus douce se situe plus

    de 25%, dnomm Riat par la population et renomm Hai Ouali Mustapha

    officiellement.

    Tableau n 1 : volution de la population du quartier de Boudghne (Tlemcen) 1

    anne 1950 1954 1962 1966 1977 1993

    population 2 000 3 000 6 450 7 788 12 632 35 000

    Ces trois entits vont constituer une seule unit spatiale sur les plans morphologique

    et spatial, car construits par ses habitants btisseurs selon les principes immuables

    de besoin-utilit-moyens et voisinage .

    cot de cette production illicite et /ou populaire induite par une forte pousse

    dmographique et un exode rural sans prcdent, ltat a entrepris de reconstruire la

    ville selon le projet de socit arrt (modle socialiste) et en rapport avec les

    expriences vcues ou en vogue dans les pays socialistes et pays en voie de

    dveloppement. Les Zones dHabitat Urbaines Nouvelles (ZHUN) et les Lotissements

    Individuels furent les formes dominantes de construction urbaine, auxquels il faudrait

    ajouter les formules daide la construction (auto construction) et les programmes

    spcifiques de logements OPGI, EPLF, etc.

    Tlemcen a vu durant cette priode ses espaces urbain et priurbain stendre sur de

    vastes domaines agricoles, publics et privs sans interface de protestation

    consquente ni dactions citoyennes de contre poids aux dcisions

    gouvernementales.

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    La promulgation de lordonnance 74 sur les rserves foncires communales 2 et du

    droit dexpropriation pour motif dutilit publique, auxquels il faut ajouter les terrains

    du Domaine Public et les expropriations opres dans le cadre de la Rvolution

    Agraire, ont permis lEtat, et surtout aux collectivits locales, davoir les coudes

    franches pour une consommation hors normes de lespace.

    Les instruments dUrbanisme3, organisant et grant loccupation des Sols de

    lpoque, savoir les Plans dUrbanisme Directeurs (P.U.D.) pour les agglomrations

    urbaines et semi urbaines et les Plans dUrbanisation Provisoires (P.U.P.), pour les

    communes caractre rural, et leurs territoires communaux, ont permis de planifier

    lespace sans le grer 4.

    Linvasion du Croissant Fertile, sur une superficie de plus de 1000 hectares darbres

    fruitiers et terres haut rendement agricole en irrigu, par la zone industrielle, les

    grands quipements (Universit et Rsidences) et les ensembles d'habitat

    programm et illicite ont fini par sinscrire comme une plaie indlbile sur lespace

    Tlemcenien. Cest dire tout le gaspillage et les folies de grandeur permises cette

    poque de grand faste que le prix du Baril autorisait.

    Le quartier de Kiffane, limitrophe du Primtre Urbain prexistant, l'est, va recevoir

    les quipements complmentaires de la ville (Mairie, Tribunal, Banques, Trsor

    public, etc.), quelques projets dhabitat collectifs, mais surtout des lotissements

    individuels dont la superficie des lots varie entre 300 et 400 m2 chacun.

    Le quartier dImama, avec ltude et lapprobation de la ZHUN, va devenir un

    gigantesque chantier avec une premire tranche de 1079 logements et recevoir une

    base de vie qui va sinscrire dans la dure, mais galement des quipements

    daccompagnement et de vastes espaces verts, en mal de verdure.5 [Les chantiers

    dure indtermine offraient en spectacle permanent un curieux ballet o bulldozers

    et camions de dmnagement sentrecroisaient presque sans se toucher.]

    Il y a lieu de rappeler que toutes les oprations durbanisation ont t opres sous

    forme dextension des tissus existants sur site vierge.

    Le monopole exclusif de ltat et des collectivits locales sur les transactions

    foncires qui se faisaient sur la base de certificats administratifs, en l'absence de

    transcriptions notariales, ont donn loccasion lcrivain public de devenir agent

  • 7

    daffaires, lintermdiaire le statut social de dmarcheur et courtier, dans un

    environnement informel, non rglement, totalement opaque et ferm.

    Ce contexte va tre exacerb par le comportement d'un Etat enferm dans la

    comptabilit, les statistiques et les grilles thoriques des besoins en habitat,

    quipements et infrastructures.

    Un processus mthodique de nivellement socioculturel, dont les effets retardement

    vont se sentir un peu plus tard, s'est mis en marche, avec la conception et la

    ralisation en srie de plans types A ; B ; C ; etc d'quipements tels que les Souk

    El Fellah (quipements commerciaux de consommation de masse), les Lyces, les

    Collges d'Enseignement Moyen, les Centres de Sant-type, les salles polyvalentes,

    les Stades, etc qui vont, avec la manne ptrolire, fleurir non en tenant compte

    des besoins et des spcificits locales mais sur la base des chiffres transmis par la

    base sociale, qui n'en est pas une, proprement parler, mais une sorte de

    reprsentation locale du pouvoir central dans un circuit ferm : Parti Etat- Parti.

    Les concepts tels que Centralisation - Dconcentration - Centralisme Dmocratique

    et autres, constituaient, tantt le fil conducteur, le lien ombilical, et tantt l'acte de

    divorce entre les masses populaires, ou strates sociales, et le pouvoir central,

    travers les organisations de masse, qui lui sont organiquement rattaches.

    Le management urbain, en tant que forme de gestion des moyens et ressources, va

    se limiter la ralisation des objectifs politiques et ceux des quelques segments

    intgrs de la socit, sinon comment expliquer la prolifration de l'habitat illicite

    malgr le nombre considrable de logements produits paralllement aux lots de

    terrains btir qui retombaient, chaque fois, entre les mains des mmes couches

    sociales, et personnes, par les mmes circuits de quotas (anciens moudjahiddins,

    Cadres du Parti, Organisations de Masse, Corporations, etc.. qui excluaient,

    chaque fois aussi, de larges pans de la socit, et les non pistonns, c'est--dire les

    simples citoyens devenus, par la force des choses, citoyens de seconde zone.

    Les gestionnaires du secteur public, des entreprises conomiques, dcideurs de

    l'tat et les lus locaux, rgionaux et nationaux devraient tre membres du Parti

    F.L.N. tel que le stipulait le fameux article 120 de la Constitution.

  • 8

    Dans ces conditions, le management de la ville, limit la seule expression

    partisane, ne pouvait plus contenir, ni exprimer, les multiples besoins matriels et

    immatriels croissants d'une socit en mutation ; mutation induite par le contexte

    international, sur le plan externe, et le sentiment frustrant de mal vie sur le plan

    interne. C'est dire que la ville ne pouvait plus tre gre comme une entreprise

    conomique et /ou sociale selon des schmes imports, o seules les Directions de

    la Planification et de l'Amnagement du Territoire (DPAT), de l'Urbanisme et des

    Infrastructures de Base prsidaient aux destines de la ville, sous la houlette des

    dcideurs politiques.

    Transforme en chantier d'exprimentation des pays de l'Est et de l'Ouest, par une

    des tentatives de modlisation idalise et /ou socialise du cadre de vie, la ville

    algrienne a perdu sa cohrence aux niveaux urbain et socioculturel.

    Aussi, l'inadquation entre des mentalits en changement (dynamique) et un

    systme politique fig (statique) a fini par imposer de fait l'amorce d'un changement

    de cap partir des annes 1980-1990

    Il fallait donc reformuler et replacer le dbat de la gestion urbaine, comme dans tous

    les autres domaines de la vie politique conomique et sociale, au diapason du

    contexte international et des ralits nationales.

    Priode 1980-1990

    La planification conomique intersectorielle rflchie en termes de volume et de

    quantit, la centralisation et le dirigisme face aux limites budgtaires (chute des

    entres ptrolires) et la crise multiforme (faillite dun nombre important dentreprises

    publiques, le chmage dguis, la crise ascendante et alarmante de logements, la

    consommation effrne de terres agricoles, entre autres problmes non moins

    importants), a remis les pendules lheure des moyens et du contexte international.

    En ce qui concerne lamnagement du territoire et lurbanisme, instructions et

    circulaires tombaient en rafales pour la protection des terres agricoles, des sites

    dexpansion touristique, des domaines forestier et maritime, etc. .

    Les instruments nouveaux dAmnagement du Territoire sont venus pour dfinir,

    analyser et faire ressortir en amont les vocations des units damnagement

  • 9

    homognes qui serviront de guide aux instruments durbanisme aux chelles

    communale et urbaine6, intgres aux contextes rgional et national.

    Dautre part, lEtat-Providence qui garantissait un logement pour chaque citoyen7,

    corrigeait la formulation par celui de participation et facilitation laccession la

    proprit dun logement ; en termes plus clairs, cela veut dire : Aide toi ! le ciel

    taidera . Ainsi, de nouvelles formules et mcanismes ont t mis en place pour, la

    fois, rpondre la pression sociale en logements et reconsidrer les mthodes

    dapproche, dappropriation de lespace urbain et de sa gestion.

    En ce qui concerne Tlemcen, comme cest le cas pour les autres agglomrations

    urbaines lchelle nationale, le nouveau discours, suivi deffet, va porter sur la

    densification des tissus urbains (particulirement les ZHUN) et la restructuration des

    tissus anciens gnrateurs de la prolifration de lhabitat spontan et illicite.

    Comme premire forme participative citoyenne, les citoyens sont invits, dans la

    formule des Coopratives Immobilires, se constituer en cooprateurs, avec un

    statut tabli pour la premire fois devant un vrai notaire et le dposer aprs

    transcription auprs de ladministration comptente, pour construire leur ensemble

    dhabitat individuel, aprs obtention des permis de lotir et de construire.

    A cet effet, la ZHUN dImama va connatre une juxtaposition effrne de lots

    individuels aux logements collectifs prexistants offrant une lamentable perspective

    o la ligne dhorizon se transforme en ligne brise, brisant les effets de la volumtrie

    et lharmonie densemble. Cest dire, quon est encore au stade de la satisfaction

    quantitative des besoins.

    Le portefeuille foncier transfr aux Agences Foncires Intercommunales, et gr

    par des conseils dadministration, va dans le sens dune ouverture vers une forme de

    transaction foncire librale, o le prix du mtre carr nest plus le Dinar symbolique,

    ou le prix de vente drisoire consenti par ltat durant la dcennie coule.

    Cependant, malgr ces mesures plus souples, ladaptation des OPGI, EPLF et

    CNEP au nouveau contexte, le march foncier ne connat la rgulation attendue,

    bien au contraire, comme on dit les petits poissons chappent, presque toujours,

    au filet do mergence de courtiers clandestins de limmobilier qui seront chargs

    dcouler les lots acquis moindre prix, ct dagences immobilires agres qui

  • 10

    ont pouss comme des champignons et baignant dans les eaux tides de la

    spculation foncire.

    Cest dire aussi que cela na pas empch cette dcennie davoir son quartier illicite :

    le quartier dEl koudia situ presque en bordure de la voie Tlemcen Oran, narguant

    visiteurs et autorits leurs passages, sur un terrain en faible pente ( 3 7%), non

    agricole mais aisment constructible.

    Ceci a amen linscription des tudes de restructuration de Boudghne et dEl

    Koudia dans une optique de viabilisation et de travaux effectifs sur une partie des

    voies principales de circulation et des rseaux dassainissement.

    Aussi, dans le cadre de lopration de rgularisation foncire des constructions

    illicites, les autorits municipales de Tlemcen avanaient en 1986 le chiffre de 10 000

    habitations concerns par cette opration, sur un total estim 500 000 logements

    par le ministre de lhabitat, lchelle nationale, la mme priode8.

    Priode allant de 1990 nos jours

    Le recentrage de la politique sociale et conomique, qua dict la nouvelle

    constitution de 1989, avec l'ouverture du champ politique toutes les tendances par

    la conscration du multipartisme et des associations caractre politique a induit la

    promulgation dune srie de textes lgislatifs et technico-rglementaires visant

    harmoniser la lgislation en cours avec les nouvelles directives et dispositions allant

    dans le sens et lesprit de linstauration dune conomie de march libral.

    Parmi ces textes qui concernent les modes de gestion territoriale, urbaine et foncire,

    nous citons en substance :

    - les deux (02) Lois n 90/08 et n 90/09 du 07 Avril 1990, relatives

    respectivement la Commune et la Wilaya.

    - La Loi n 90/25 du 18 Novembre 1990, portant Orientation Foncire

    - La Loi n 90/29 du 1ier Dcembre 1990, relative lAmnagement et

    lUrbanisme, complte en Aot 2004.

    - La Loi n 90/30 du 1ier Dcembre 1990, portant Loi Domaniale.

  • 11

    Cet arsenal lgislatif constitu de dispositions rglementaires et rgles caractres

    technique et normatif va permettre une rforme au plan foncier, avec linstauration

    dun march foncier libre qui charge les reprsentants de ltat et des collectivits

    locales de sa rgulation.

    Les agences foncires sont devenues des Agences Locales de Gestion et de

    Rgulation Foncire Urbaines (ALGRFU) dont les attributions ont t fixes par le

    Dcret Excutif n90/405 du 22 Dcembre 1990. Actuellement, ils sont rorganiss

    en Direction de Wilaya, fonctionnant avec le statut dEntreprise publique caractre

    conomique et commercial.

    Les dispositions fiscales vont induire une meilleure fluidit du march foncier en

    dcourageant le gel des assiettes foncires (imposition).

    Le passage de lconomie planifie lconomie de march a rendu impratif le

    passage dune planification spatiale perue lhectare celui dune gestion effective

    de ce dernier valorise au mtre carre et opposable au tiers9.

    Ceci sest fait travers les nouveaux instruments damnagement et durbanisme : le

    Plan Directeur dAmnagement et dUrbanisme (P.D.A.U.), aux chelles des

    agglomrations urbaines et de la commune, et le Plan dOccupation des Sols,

    ramen lchelle de la parcelle urbaine et /ou du quartier.

    Dans cet esprit, ltat a pris des mesures visant une production mieux contrle du

    cadre bti, aussi bien en ce qui concerne la taille des lots qui est revue la baisse

    dans un double de souci dconomie despace constructible et de cot de

    viabilisation, qu celui de rduire lcart encore important entre la demande et loffre.

    Les formules du logement social participatif avec aide consquente de ltat du

    citoyen par le biais de la Caisse Nationale du Logement (CNL), limplication de la

    CNEP, les banques, EPLF, OPGI, AADL, etc. et la diversification des intervenants

    dans le secteur du btiment avec, notamment, les entreprises prives, les

    promoteurs immobiliers, etc. ont permis de satisfaire, ou dfaut, de donner espoir

    aux jeunes couples, de rduire les marges de bnfice et de manuvre des

    spculateurs fonciers Tlemcen.

  • 12

    Cependant force est de constater que le phnomne du secteur informel, par suite

    de la situation scuritaire des annes 90 a gnr de nouveaux quartiers illicites

    Tlemcen. Les plus importants sont : Hai Zitoun qui se situe en continuit spatiale

    du nord de lagglomration de Chetouane ; et limportante poche dhabitat illicite de

    MCellah, situ deux (02) kilomtres environ, au nord de Chetouane, dans la

    continuit de lagglomration secondaire dOuzidane.

    Sur le plan du management de la ville, de nouveaux concepts, avec de nouveaux

    critres et de nouvelles formes de communication se mirent en place :

    Tableau n2 : critres de mutation socioconomique

    Les nouveaux Concepts

    Les nouveaux critres

    Les nouvelles formes de Communication

    conomie de March Comptence Consultation, Dveloppement Durable Performance coute, Mondialisation Comptitivit Consensus Dmocratie Rentabilit

    Bonne Gouvernance Mise Niveau

    Socit plurielle (multipartisme)

    Dans ce nouveau contexte :

    Loprateur du secteur Priv devient lgal, en droits et en devoirs, de celui du Public LAssociation socioculturelle, le Partenaire privilgi du Parti Politique

    Ce qui a permis :

    Le Dveloppement dune gestion spatiale au mtre carr, avec les valeurs ajoutes de Centralit , de Commodits et des cots rels de viabilisation

    La Dfinition de ce qui est la charge de lEtat, des Collectivits Locales et des Particuliers

    L'Impulsion de la participation de plusieurs intervenants.

    LEtat tend se limiter :

    la rgulation des flux

    larbitrage entre les diffrents acteurs de la vie conomique et sociale

  • 13

    Conclusion :

    Le management de la ville en Algrie s'est inscrit dans une perspective de pluralit

    irrversible des rles partags entre les diffrents acteurs et agents issus des divers

    horizons composant le large ventail du champ sociopolitique national, avec des

    enjeux o l'tat, reconfigur par les urnes, et les citoyens, aux mentalits remodeles

    par les vnements et les volutions que connat le contexte international, en

    constituent les fils de trame d'une socit en qute d'une meilleure gouvernance.

    Pour ce qui est de la ville de Tlemcen, sa proximit de Maghnia (Marnia) situe dix

    kilomtres dOujda, ville Marocaine, et qui sert de courroie de transmission aux

    changes, pour linstant informels ; de limportant port de marchandise de

    Ghazaouet (ex : Nemours), situ proximit du dtroit de Gibraltar (Espagne) et

    retenu comme Zone Franche dchanges internationaux ; louverture du pays

    lconomie de march, la bande ctire, les sites dexpansion touristique, lAutoroute

    Maghrbine Est-Ouest en cours de ralisation, ltude de laroport de Laouedj, au

    sud, en plus de l'existence de l'aroport de Zenata Messali El-hadj, sont autant

    datouts pour en faire de Tlemcen, moyen terme, la plaque tournante de cette

    partie du territoire.

    Aussi, Tlemcen, Ville dArt et dHistoire , linstar des villes algriennes nest plus

    cette cit dantan quon peut protger par le simple fait dlever les murailles et de

    renforcer les portes daccs. Louverture aux marchs intrieur et extrieur, la

    concertation intersectorielle, la participation citoyenne, la mondialisation,

    lenvironnement urbain et le Dveloppement Durable sont des concepts, parmi tant

    dautres, avec lesquels il faut dsormais composer, voire adopter, pour se mettre au

    diapason du contexte international, et vivre lre du troisime millnaire.

    Ere o la ville, en tant qu'espace vital de l'Homme, ne peut tre assimile aux cits

    ouvrires ou cits-dortoir, mais un espace communautaire d'panouissement

    d'expression citoyenne.

    Fin de communication.

  • 14

    Rfrences Bibliographiques 1 Rabia BEKKAR : Les habitants btisseurs Tlemcen : Comptence et savoir-faire , L'IPRAUS, Les annales de la recherches urbaines n66,Universit Paris X Nanterre, France. 2 Ordonnance n 74 / 26 du 20 fvrier 1974, portant constitution des rserves foncires au profit des communes. 3 Cf : Ordonnance 75 /65, relative aux Plans dUrbanisme Directeurs et Plans dUrbanisme Provisoires et les dcrets subsquents dapplication 75/109 et 75/110. 4 Houcine RAHOUI : Sur les formes d'appropriation de l'Espace Tlemcnien . LAE APERAU

    Epau- El Harrach, Alger 5-6-7 dcembre 2004 5 Ce qui a permis de dire, juste titre, quil y avait plus despace rsiduel que despace rsidentiel.

    6 Cf : Plan dAmnagement de Wilaya (P.A.W.) , Schma Rgional dAmnagement du Territoire (S.R.A.T.) et Schma National dAmnagement du Territoire (S.N.A.T.) 7 cf : Charte Nationale de 1976. 8 Source: Enqute Mnage 2003, Service de l'Habitat ; Direction de l'Urbanisme de Tlemcen 9 Cf : dispositions du P.D.A.U. et du P.O.S.