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69271 Togo Note de politique sur le climat dinvestissement Projet de rapport 7 juin 2010 Développement des secteurs financier et privé Région Afrique Document de la Banque mondiale Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized

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69271

Togo

Note de politique sur le climat

d’investissement

Projet de rapport

7 juin 2010

Développement des secteurs financier et privé

Région Afrique

Document de la Banque mondiale

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ÉQUIVALENTS MONÉTAIRES (Taux de change du 6 mai 2010)

Unité monétaire = franc CFA (CFAF)

1 dollar EU = 513,188 francs CFA

Abréviations et acronymes

BAD Banque africaine de développement

CE Commission européenne

CEB Communauté électrique du Bénin

CEDEAO Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest

CEET Compagnie d'énergie électrique du Togo

DB Doing Business

DfID Département pour le développement international du Royaume-Uni (Department

for International Development)

DSRP Document de stratégie pour la réduction de la pauvreté

ECI Évaluation du climat d'investissement

ECP Emerging Capital Partners

EI Enquête sur les indicateurs

ESMID Développement institutionnel de marchés de titres efficaces (Efficient Securities

Markets Institutional Development)

FRPC Facilité pour la réduction de la pauvreté et la croissance

FUCEC Faîtière des unités coopératives d’épargne et de crédit

GME Moyennes et grandes entreprises

IDE Investissement direct étranger

IDH Indice de développement humain

NPCI Note de politique sur le climat d'investissement

OMD Objectif du Millénaire pour le développement

PAL Port autonome de Lomé

PIB Produit intérieur brut

PME Petite et moyenne entreprise

PMGE Petites, moyennes et grandes entreprises

PNP Prêt non performant

SAZOF Société d’administration de la zone franche

TEC Tarif extérieur commun

TIC Technologies de l’information et de la communication

TVA Taxe sur la valeur ajoutée

UEMOA Union économique et monétaire de l’Afrique de l’Ouest

ZES Zone économique spéciale

ZFTE Zone franche de transformation pour l’exportation

Vice-président : Obiageli K. Ezekwesili

Directeur pays : Madani M. Tall

Directeur secteur : Marilou Jane D. Uy

Responsable secteur faisant fonction : Peter Mousley

Chef de projet : Asya Akhlaque

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Remerciements

L’équipe de projet était dirigée par Asya Akhlaque (AFTFE). Les principaux auteurs ont été

Manju Shah (consultant), Elke U. Kreuzwieser (consultant) Andre Ryba (consultant), ainsi que

Asya Akhlaque. Manju Shah a réalisé l’analyse des données pour le rapport, en étroite

collaboration avec le Chef de projet et les membres de l’équipe. Elke Kreuzwieser a servi de

conseiller à l’équipe. Celle-ci a également bénéficié des suggestions utiles et intéressantes de

Leonardo Iacovone (AFTFW). Elle remercie pour leurs précieux commentaires Alvaro

Gonzalez, Guillemette Sidonie Jaffrin, Haroune Ould Sidatt (AFTFW), Philip English (AFTP4)

et Daniel Kwabena Boakye (AFTFW).

La rédaction du rapport a été guidée par Peter Mousley et Joseph Baah-Dwomoh. L’équipe

remercie chaleureusement Andrea Vasquez-Sanchez pour l’excellent appui administratif qu’elle

lui a apporté. Syed Akhtar Mahmood (Sr. Program Manager CSABI), Alice Ouedraogo (Sr.

Private Sector Development Specialist, CICRA) et Thomas Farole (Trade Specialist, PRMTR)

ont effectué l’examen par les pairs.

L’équipe souhaite exprimer sa reconnaissance aux responsables togolais pour le soutien qu’ils lui

ont apporté, en particulier, M. Aharh (secrétaire permanent, ministère de la Planification et des

Finances), et les représentants du secteur privé pendant les consultations préliminaires organisées

en janvier 2010 à Lomé. Toute notre reconnaissance va aux dirigeants et au personnel des 300

entreprises qui ont participé à l’enquête en 2009.

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TABLE DES MATIÈRES

RÉSUMÉ ANALYTIQUE .......................................................................................................................................... I

I. CONTEXTE DU PAYS .................................................................................................................................... I

II. CONSTATS CLES DE LA NPCI ..................................................................................................................... II

INTRODUCTION ....................................................................................................................................................... 1

CHAPITRE 1: CONTEXTE DU PAYS .................................................................................................................... 5

I. TOILE DE FOND : LE STATUT FRAGILE DU TOGO .........................................................................................5

II. PROGRES DES REFORMES, DEFIS ET STRATEGIE DE CROISSANCE .................................................................6

III. PROFIL DE L’ECONOMIE TOGOLAISE : PARTICIPATION, PERFORMANCES ET STRUCTURE .............................8

CHAPITRE 2: PERFORMANCES DES ENTREPRISES .................................................................................... 13

I. PRODUCTIVITE DES ENTREPRISES TOGOLAISES ......................................................................................... 13

II. PRODUCTIVITE DE LA MAIN D’ŒUVRE ...................................................................................................... 14

III. COUTS DE LA MAIN D’ŒUVRE ................................................................................................................... 16

IV. DETERMINANTS DE LA PRODUCTIVITE DE LA MAIN D’ŒUVRE ................................................................... 18

CHAPITRE 3: L’ENVIRONNEMENT DES AFFAIRES AU TOGO .................................................................. 21

I. PERCEPTIONS DU CLIMAT D’INVESTISSEMENT PAR LES ENTREPRISES ....................................................... 21

II. PRINCIPAUX OBSTACLES DU CLIMAT D’INVESTISSEMENT ...........................................................................2

CHAPITRE 4: LES MICRO-ENTREPRISES AU TOGO .................................................................................... 19

I. INFORMALITE ET MICRO-ENTREPRISES ...................................................................................................... 19

II. PRODUCTIVITE ET COUTS DE LA MAIN D’ŒUVRE DES MICRO-ENTREPRISES ............................................... 22

III. CLIMAT D’AFFAIRES DES MICRO-ENTREPRISES ......................................................................................... 25

CHAPITRE 5: ACCÈS AU FINANCEMENT........................................................................................................ 29

I. LE SECTEUR FINANCIER TOGOLAIS ............................................................................................................ 29

II. PERSPECTIVES ET PREOCCUPATIONS DU SECTEUR PRIVE ........................................................................... 31

CHAPITRE 6: PROMOUVOIR LA COMPÉTITIVITÉ À TRAVERS UNE ZONE FRANCHE DE

TRANSFORMATION POUR L’EXPORATION (ZFTE) .............................................................. 38

I. CADRE STRATEGIQUE DE LA ZONE FRANCHE DE TRANSFORMATION POUR L’EXPORTATION (ZFTE) ......... 38

II. EXAMEN DE LA PERFORMANCE DE LA ZFTE ........................................................................................... 42

III. SOUTENABILITE DU MODELE DE ZFTE ET BESOIN DE REFORMES ............................................................. 46

IV. RECOMMANDATIONS : PRINCIPES DES MEILLEURES PRATIQUES ET MODELES DE ZFTE ......................... 48

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Tableaux

TABLEAU ‎1.1 : CLASSEMENT DOING BUSINESS POUR LE TOGO ........................................................ 6 TABLEAU ‎1.2 : TOGO – CONTRIBUTION DES SECTEURS ET TAUX DE CROISSANCE ANNUEL .............. 9

TABLEAU ‎1.3 : CROISSANCE REELLE PAR SECTEUR D’ACTIVITE ..................................................... 10 TABLEAU 3.1: CLASSEMENT DES CONTRAINTES COMMERCIALES SELON LE TYPE D’ENTREPRISE AU

TOGO ............................................................................................................................................... 1 TABLEAU 3.2: TOGO : ANALYSE DES DIFFERENTS TYPES DE PAIEMENTS ILLICITES .......................... 7 TABLEAU 3.3: TRAITEMENT DES PERMIS DE CONSTRUIRE ................................................................ 8

TABLEAU 3.4: PROCEDURES D’OCTROI DE PERMIS D’EXPLOITATION DANS LES PAYS DE REFERENCE 8 TABLEAU 3.5: ADMINISTRATION FISCALE DANS LES PAYS DE REFERENCE ..................................... 12 TABLEAU 3.6: COMMERCE TRANSFRONTALIER .............................................................................. 12 TABLEAU 4.1 : CARACTERISTIQUES TECHNOLOGIQUES : MICRO-ENTREPRISES PAR RAPPORT AUX

ENTREPRISES DE PLUS GRANDE TAILLE........................................................................................... 21

TABLEAU 4.2 : CARACTERISTIQUES FINANCIERES : MICRO-ENTREPRISES COMPAREES AUX

ENTREPRISES DE PLUS GRANDE TAILLE........................................................................................... 22

TABLEAU 4.3 : PRODUCTIVITE ET COUT DE LA MAIN D’ŒUVRE : MICRO-ENTREPRISES PAR RAPPORT

AUX PMGE (EN DOLLARS EU) ....................................................................................................... 23

TABLEAU 4.4 : CARACTERISTIQUES DES ENREGISTREMENTS DES ENTREPRISES AU DEBUT DE LEURS

ACTIVITES ...................................................................................................................................... 24

TABLEAU 4.5 : INDICATEURS DOING BUSINESS – CREATION D’UNE ENTREPRISE ............................ 24 TABLEAU 4.6 : CONTRAINTES PESANT SUR LES AFFAIRES SIGNALEES (POURCENTAGE CLASSANT LE

PROBLEME COMME MAJEUR OU SEVERE) ........................................................................................ 26

TABLEAU 4.7 : POIDS DE LA BUREAUCRATIE : PAIEMENTS DE POTS-DE-VIN ET VISITES

D’INSPECTEURS .............................................................................................................................. 27

TABLEAU 5.1 : TOGO – UTILISATION DES SERVICES FINANCIERS PAR CATEGORIE D’ENTREPRISE .. 32

TABLEAU 6.1: ENTREPRISES DE LA ZFTE ET ENTREPRISES HORS ZFTE AU TOGO – CLASSEMENT

DES CONTRAINTES ......................................................................................................................... 41 TABLEAU 6.2: RENDEMENT PAR TRAVAILLEUR DANS LA ZFTE DU TOGO ..................................... 44

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Graphiques

GRAPHIQUE 2.1 : FREQUENCE DES CREATIONS ET DESTRUCTIONS D’EMPLOIS .......................... 14 GRAPHIQUE 3.2: LES PLUS GRANDS OBSTACLES AUX OPERATIONS ET A LA CROISSANCE DES

ENTREPRISES AU TOGO .................................................................................................................... 2 GRAPHIQUE 3.3: TOGO - COMPARAISON ENTRE 2006, 2007 ET 2004 .......................................... 3 GRAPHIQUE 3.4: EFFICACITE DU GOUVERNEMENT (2008) ........................................................... 4

GRAPHIQUE 3.5: QUALITE DE LA REGLEMENTATION (2008) ....................................................... 5 GRAPHIQUE 3.6: ENTREPRISES IDENTIFIANT LA CORRUPTION COMME UNE CONTRAINTE MAJEURE

......................................................................................................................................................... 6 GRAPHIQUE 3.7: CLASSEMENT DES TAUX D’IMPOSITION ET DE L’ADMINISTRATION FISCALE

COMME DES CONTRAINTES MAJEURES : COMPARAISONS ENTRE PAYS .............................................. 9

GRAPHIQUE 3.8 : TOTAL DES TAXES PAYEES ............................................................................. 10 GRAPHIQUE 4.1 : NIVEAU D’ETUDES DES ENTREPRENEURS AU TOGO : MICRO-ENTREPRISES PAR

RAPPORT AUX PMGE ..................................................................................................................... 20 GRAPHIQUE 4.2 : PLUS GRANDE CONTRAINTE SIGNALEE PAR LES ENTREPRISES DU TOGO ......... 27 GRAPHIQUE 6.1: POURCENTAGE D’ENTREPRISES CLASSANT LES PROBLEMES SOIT IMPORTANTS

SOIT GRAVES .................................................................................................................................. 40

GRAPHIQUE 6.2: COMPOSITION DES EXPORTATIONS TOTALES DU TOGO PAR PRODUIT .............. 43

Encadrés

ENCADRE ‎1.1 – TOGO : INSTABILITE POLITIQUE ET CHOCS ECONOMIQUES ................................................... 5

ENCADRE ERROR! NO TEXT OF SPECIFIED STYLE IN DOCUMENT..1: TAXES APPLICABLES SUR UNE ENTREPRISE

FORMELLE AU TOGO ........................................................................................................................... 10

ENCADRE 4.1 : INSTRUMENT D’ECHANTILLONNAGE ET D’ENQUETE SUR LES MICRO-ENTREPRISES AU TOGO : SAISIR

LES DIMENSIONS DE L’INFORMALITE ........................................................................................................ 19

ENCADRE 6.1: INCITATIONS ET GARANTIES DE LA LOI TOGOLAISE DE 1989 SUR LA ZONE FRANCHE INDUSTRIELLE

D’EXPORTATION ................................................................................................................................. 39

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i

RÉSUMÉ ANALYTIQUE

I.

Togo: Une situation fragile mais un gouvernement réformiste

Le Togo a progressivement repris le chemin de la croissance après une longue période de

stagnation politique et économique, suivie d’une quadruple crise : alimentaire, pétrolière,

inondations et financière. Malgré ce contexte difficile, le Gouvernement togolais a maintenu des

politiques macroéconomiques prudentes et poursuivi la mise en œuvre de réformes de grande

envergure. Les résultats sur le terrain sont encourageants, avec une hausse du taux de croissance

réel de 1,8 % en 2008 à 2,5 % en 2009. Les réformes structurelles commençant à porter leurs

fruits et avec la reprise de l’économie mondiale, le PIB réel pourrait enregistrer une hausse de

3,5 % d’ici 2011 (FMI, 2009).

Il subsiste cependant des défis institutionnels et économiques majeurs. Plus de 61 % de la

population togolaise vit en dessous du seuil de pauvreté. Le pays est classé 159e sur 182 pays

pour l’indice de développement humain (Rapport IDH, 2009) et 165e sur 183 pays pour les

indicateurs Doing Business 2010. Les données sur la gouvernance montrent que les

performances du Togo en matière d’efficacité de gouvernement, de qualité de la réglementation

et de lutte contre la corruption restent faibles tant en valeur absolue que par rapport aux pays de

référence de la région. La faiblesse de la gouvernance et des capacités administratives est

exacerbée par le contrôle étatique sur les « hautes sphères » de l’économie, notamment sur un

pourcentage important du secteur bancaire, les services publics infrastructurels opérant dans un

contexte de monopole, et les entreprises étatiques gérant les deux principales industries du

secteur des exportations, à savoir le phosphate et le coton.

Vision et stratégie de croissance

Le document de stratégie pour la réduction de la pauvreté du Togo (DSRP, 2009) requiert une

croissance économique annuelle de plus de 7,5 % pour la réalisation des Objectifs du Millénaire

pour le développement (OMD). Le défi pour le Gouvernement sera de veiller à ce que la hausse

des taux de croissance se traduise en augmentation du niveau d’emplois. Il sera donc essentiel de

promouvoir les industries à haute intensité de main d’œuvre. Le deuxième pilier définissant les

orientations stratégiques du DSRP souligne à la fois l’importance de créer de nouvelles bases

pour encourager une croissance plus forte et soutenue, et de redynamiser les secteurs

traditionnels qui ont, par le passé, contribué de manière significative à la croissance du pays.

Note de politique sur le climat d’investissement pour le Togo Pour réaliser ses objectifs de croissance, le Gouvernement togolais devra renforcer ses efforts en

faveur de l’émergence d’un secteur privé fort et moderne qui sera un vecteur de croissance, de

compétitivité, de diversification de l’économie et de promotion des exportations. La première

étape dans ce sens consiste à identifier les principales contraintes rencontrées par les entreprises

existantes et de promouvoir la création de nouvelles entreprises, et d’élaborer par la suite, des

politiques et mesures visant à favoriser la croissance du secteur privé et à placer le Togo sur une

trajectoire de croissance plus élevée.

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ii

Sur la base des données de la première enquête sur les indicateurs (EI) au niveau des entreprises,

récemment réalisée par la Banque mondiale au Togo et qui a porté sur 300 entreprises urbaines

de transformation et de services opérant à Lomé et dans ses environs, la Note de politique sur le

climat d’investissement (NPCI) s’est fixé pour objectif d’identifier les éléments du climat

d’investissement togolais qui continuent à faire obstacle à l’amélioration des perspectives de

croissance ; de comparer le climat d’investissement et les performances des entreprises

togolaises à ceux d’autres pays ; et de proposer des recommandations de politiques pour

renforcer le secteur privé. L’EI couvre tout l’éventail des micro- (comptant moins de cinq

employés), petites (avec 5 à 19 employés), moyennes (avec 20 à 99 employés) et grandes

entreprises (avec 100 employés et plus). Enfin, l’enquête inclut les entreprises opérant sous le

statut de zone franche d’exportation (ZFE), permettant ainsi une comparaison entre les

entreprises de la zone franche et celles qui n’en font pas partie.

II.

Performances des entreprises : Faible productivité et coûts relativement élevés de la main

d’œuvre

En moyenne, toutes les catégories d’entreprises ont signalé une croissance de leur chiffre

d’affaires au cours des trois dernières années, mais cette augmentation a été plus forte pour les

grandes entreprises que pour les petites. L’accroissement de l’emploi est également plus

important pour les grandes entreprises du secteur des services. Étant donné les signes

macroéconomiques indiquant une croissance rapide du secteur des micro entreprises formelles et

informelles au Togo, le fait est quelque peu perturbant dans la mesure où il indique que seul un

petit segment du secteur privé bénéficie des avantages de la réforme économique, et que les

obstacles à la croissance des micros et petites entreprises persistent. Bien que les entreprises du

secteur tant des services que de la transformation aient fait état d’une croissance du chiffre

d’affaires, seules celles du secteur des services ont rapporté une hausse de l’emploi au cours des

trois dernières années.

La productivité de la main d’œuvre dans le secteur togolais des services est inférieure à celle des

pays de référence de la région, alors que les coûts de la main d’œuvre sont comparables à ceux

des autres pays de l’UEMOA. La production par travailleur est utilisée ici comme mesure de

base de la productivité de la main d’œuvre. Pour une entreprise moyenne du secteur togolais des

services, elle est de l’ordre de 7 800 dollars EU, une valeur inférieure à celle des pays de

référence de la région (Burkina Faso, Cap-Vert, Sénégal, et Togo) mais supérieure à celle des

entreprises du Ghana.

Le coût de la main d’œuvre au Togo est comparable à celui des autres pays de l’UEMOA. Pour

l’entreprise togolaise médiane (tous secteurs), le coût annuel de la main d’œuvre est de l’ordre de

1 357 dollars EU par travailleur, soit l’équivalent d’environ 110 dollars EU par mois. Ces coûts

sont nettement inférieurs à ceux des entreprises de Maurice et du Cap-Vert, supérieurs à ceux des

entreprises ghanéennes, mais similaires à ceux des entreprises de l’UEMOA (Burkina Faso et

Sénégal).

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iii

Les coûts de la main d’œuvre sont plus élevés dans le secteur des services du Togo que des pays

de référence de la région. Les entreprises peuvent rester compétitives si la moins bonne

productivité s’accompagne de salaires peu élevés. Les entreprises qui ont des coûts unitaires de

main d’œuvre élevés sont moins compétitives que celles dont les coûts sont moindres. Au Togo,

la faible productivité de la main d’œuvre n’est cependant pas compensée par des coûts de main

d’œuvre proportionnellement moins élevés. Les coûts unitaires de main d’œuvre – mesurés par le

ratio entre les coûts de main d’œuvre et le chiffre d’affaires – sont plus élevés dans le secteur des

services du Togo que dans l’ensemble des autres pays de la région. Les coûts de la main d’œuvre

au Togo représentent 23 % des ventes dans le secteur des services contre 13 % seulement au

Cap-Vert et 17 % à Maurice.

Il existe de grandes différences de productivité de la main d’œuvre entre les entreprises

togolaises, ce qui affecte également leur compétitivité au niveau régional. Les moyennes (20 à 99

employés) et grandes entreprises (100 employés et plus) ont une productivité nettement

supérieure à celle des petites entreprises (5 à 19 employés). La productivité moyenne des grandes

entreprises est pratiquement dix fois plus élevée que celle des petites entreprises, tandis que celle

des moyennes entreprises est encore plus du double de celle des petites entreprises.

Les micro entreprises togolaises (moins de cinq employés) ont des performances comparables à

celles des petites entreprises. La productivité de la petite entreprise médiane est de 6 500 dollars

EU contre 5 000 dollars EU pour les micro entreprises. La distribution de la productivité des

entreprises autour de la médiane montre un recouvrement important entre les micro- et petites

entreprises. Par contre, la productivité de ces deux catégories se recouvre peu avec celle des

moyennes et grandes entreprises et se situe à un niveau nettement plus faible. Ce type de

segmentation des entreprises (c’est-à-dire grandes entreprises par rapport aux plus petites) va

souvent de pair avec des marchés mal intégrés et une faible concurrence.

Les différences de productivité en fonction de la taille des entreprises togolaises peuvent

s’expliquer par les différences dans le niveau d’instruction des cadres dirigeants, l’utilisation

des TIC et l’accès au financement. La productivité de la main d’œuvre est nettement plus élevée

dans les entreprises où le gestionnaire principal a fait des études universitaires. Elle est

également plus élevée pour les entreprises qui utilisent les TIC pour communiquer avec leurs

fournisseurs et clients. L’accès au financement à court terme, en particulier aux découverts

bancaires, est positivement corrélé avec la productivité des entreprises togolaises. Les entreprises

étrangères au Togo affichent une productivité nettement plus élevée, même en tenant compte des

autres caractéristiques cités plus haut, mettant ainsi en évidence d’autres avantages non mesurés

de l’investissement direct étranger, tels que l’expertise technique, les meilleures pratiques

internationales, et un meilleur accès au financement à long terme nécessaire pour

l’investissement et la croissance.

Les différences dans les coûts de la main d’œuvre ne reflètent pas les différentiels de

productivité. Si les marchés du travail étaient flexibles, les entreprises plus petites auraient des

salaires nettement moindres, en raison de leur plus faible productivité, que ceux des grandes

entreprises. Cependant, les coûts unitaires de la main d’œuvre au Togo sont beaucoup plus élevés

pour les petites entreprises (23 %) que pour les moyennes et grandes (12 %), témoignant d’une

segmentation du marché du travail et du coût élevé de la main d’œuvre dans le secteur formel

togolais.

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iv

Les coûts élevés de la main d’œuvre pour les petites entreprises du secteur formel sont un signe

de la rigidité du marché du travail et du coût élevé des seuils pour les entreprises du secteur

formel togolais. Les coûts moyens pour les micro- et petites entreprises sont similaires, de l’ordre

de 85 dollars EU par mois. Par contre, les petites entreprises des pays de référence non membres

de l’UEMOA – tels que le Ghana et le Nigeria – ont des coûts de main d’œuvre moyens de 40 à

60 dollars EU par mois.

Les entreprises du secteur formel contournent ces coûts de main d’œuvre élevés en recrutant des

travailleurs temporaires. Les entreprises sont tenues de payer les cotisations sociales et d’autres

avantages pour leur personnel permanent, des frais qui viennent s’ajouter aux coûts de la main

d’œuvre. Près de la moitié des entreprises togolaises disent recourir à des employés temporaires :

pour une entreprise togolaise sur quatre, ces travailleurs temporaires représentent un tiers du

personnel. Les entreprises utilisant une plus grande proportion de travailleurs temporaires

encourent des coûts de main d’œuvre par travailleur nettement moins élevés que celles qui

n’emploient que du personnel permanent. Il y a cependant un compromis à faire pour l’utilisation

des travailleurs temporaires étant donné qu’ils ont généralement moins de compétences et que les

entreprises n’investissent habituellement pas dans leur formation. Nos résultats montrent que le

recours aux travailleurs temporaires est corrélé avec la plus faible productivité de la main

d’œuvre.

Les coûts élevés de la main d’œuvre dans les entreprises formelles peuvent également

encourager l’informalité et l’utilisation de la main-d’œuvre familiale. Même si l’échantillon de

notre étude ne permet pas d’aborder directement la question de l’informalité, les entreprises qui

ont déclaré avoir démarré dans le secteur informel, et celles ayant commencé sans faire de

déclarations à la sécurité sociale (obligatoire pour ceux qui emploient une main d’œuvre non

familiale) ont des coûts de main d’œuvre nettement inférieurs par travailleur (environ 50 dollars

EU par mois) que les entreprises qui ont commencé avec tous les agréments requis. Les

différences dans les coûts de main-d’œuvre entre ces groupes demeurent même après prise en

compte des autres paramètres tels que l’âge de l’entreprise et le secteur d’activité.

Le moyen le plus indiqué et le plus durable d’améliorer la compétitivité est d’augmenter la

productivité de la main d’œuvre car cela améliore également le niveau de vie. L’accroissement

de la productivité des micro- et petites entreprises du Togo est essentielle pour la croissance du

secteur privé. La productivité de ces entreprises est étroitement liée au niveau d’instruction de

l’entrepreneur, à l’utilisation des technologies et à l’accès au financement, notamment aux fonds

de roulement à court terme.

D’autres obstacles structurels, tels que la corruption, la faiblesse du système judiciaire et les

taux d’imposition élevés font peser un fardeau supplémentaire sur les entreprises, non seulement

en diminuant la productivité – et donc en augmentant les coûts unitaires de main d’œuvre – mais

également en contribuant à fragiliser encore plus le climat général de l’investissement. Ces

contraintes sont abordées ci-dessous.

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v

Principales contraintes liées à l’environnement des affaires qui entravent le fonctionnement et

la croissance des entreprises

L’instabilité politique, la corruption et l’accès au financement ont le plus souvent été cités par les

responsables d’entreprises en tant que contraintes-clés pesant sur le fonctionnement des

entreprises : près des trois quarts ont signalé l’instabilité politique et la corruption comme

contraintes majeures, tandis que l’accès au financement a été cité par près de 60 % des

entreprises. La concurrence des entreprises informelles, l’électricité, les taux d’imposition et

l’administration fiscale ont été identifiés respectivement par plus de 40 ou 50 % des entreprises

comme des contraintes majeures.

Corruption liée à la gouvernance et aux rapports avec les administrations

Tout comme dans la plupart des pays en développement, les entreprises togolaises ont des

contacts fréquents avec les administrations et services publics – notamment les administrations

fiscale, des douanes, de la réglementation du commerce, du travail, celles chargées du respect

des normes, ainsi que certains services publics.. Dans beaucoup de cas, l’application des textes

relève parfois d’un pouvoir discrétionnaire et est, par conséquent, associé à un harcèlement

bureaucratique et à la corruption. Par exemple, les entreprises disent offrir des paiements

« informels » pour obtenir des raccordements électriques (17 %) et de lignes de téléphonie fixe

(16 %).

Sur les 183 pays couverts par Doing Business, le Togo occupe les rangs les plus défavorables en

matière de création d’entreprise (170) ; législation du travail (159) ; transfert de propriété et

fiscalité (155) ; exécution des contrats (154) ; octroi des permis de construire (152), et obtention

des prêts (150). Les procédures pour obtenir différents permis et autorisations pour les

entreprises prennent plus de temps au Togo que dans la quasi-totalité des autres pays de

référence. Selon les entreprises togolaises, il leur aurait fallu en moyenne 56 jours pour obtenir

une autorisation d’installation et plus de deux mois pour un permis de construire. Même si

l’obtention d’un permis de construire prend également du temps dans presque tous les autres

pays, il ne faut que 3 jours pour obtenir une autorisation d’installation au Maroc, et seulement 6

au Ghana.

Administration fiscale et poids de la fiscalité

Selon les données de l’EI, le poids de la fiscalité est cité comme préoccupation majeure par 40 %

des entreprises togolaises, et une proportion similaire inscrit l’administration fiscale au nombre

des problèmes majeurs. L’édition 2010 de Doing Business classe le Togo vers le bas de l’échelle

(155e sur 183 pays) par rapport à son taux d’imposition total, ce qui confirme la préoccupation

exprimée par de nombreux gestionnaires d’entreprise. Le taux d’imposition total calculé pour les

entreprises représente 53 % du bénéfice total, ce qui est beaucoup plus élevé que celui de

Maurice (23 %) ou du Ghana (32 %), mais semblable à celui d’autres pays de la région. La

périodicité du paiement des impôts est fréquente au Togo – 53 fois contre 38 pour les pays de

l’Afrique subsaharienne – ce qui dénote des problèmes au niveau de l’administration fiscale.

L’imposition est perçue comme une des raisons clés de l’informalité et des études montrent que

la majorité des entreprises togolaises sont informelles. Les données de l’EI sur lesquelles

reposent la présente étude n’incluent pas les entreprises informelles, et d’autres recherches

devraient être menées sur la question.

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vi

Accès au financement

L’accès au financement est la troisième grande contrainte identifiée par toutes les entreprises

formelles couvertes par l’enquête. La taille de l’entreprise fait une grande différence puisque plus

de 60 % des micro- et petites entreprises considèrent l’accès au financement comme une

contrainte majeure, contre 44 % des moyennes entreprises, et 27 % des grandes entreprises. En

termes de politique économique, il convient de rappeler que le Togo ne compte pas beaucoup de

grandes entreprises, et que l’amélioration de l’accès des PME et micro entreprises au

financement est donc un enjeu crucial.

L’utilisation des services financiers reste faible. Parmi les entreprises couvertes par l’enquête,

94 % des entreprises formelles disposent d’un compte courant bancaire, 54 % ont une

autorisation de découvert et 21 % un prêt bancaire ou une ligne de crédit. L’amélioration de

l’accès aux découverts reflète l’accent mis par les banques sur les prêts à plus court terme. La

taille de l’entreprise et l’existence d’états financiers audités ont l’effet attendu, avec un accès au

financement plus facile pour les grandes entreprises et celles ayant des états financiers audités.

Les entreprises dépendent fortement des financements sur fonds propres, notamment les

bénéfices non distribués, pour leurs fonds de roulement et investissements – environ 80 % dans

les deux cas. L’utilisation des fonds propres pour financer les fonds de roulement est un moyen

inefficace d’utiliser le capital étant donné que les entreprises pourraient en tirer un plus grand

effet de levier. Le financement bancaire représente une petite partie des fonds de roulement

(10 %) et des nouveaux investissements (13 %). Quelque 19 % des entreprises qui ont des états

financiers audités ont recours aux banques contre 5 % de celles qui n’ont pas d’états audités, ce

qui confirme l’importance de la transparence pour l’accès au financement bancaire. La situation

est similaire pour le financement de l’investissement.

Qu’est-ce qui explique le niveau d’utilisation du crédit parmi les entreprises ? Le faible recours

au financement des banques et institutions de micro-finance (IMF) peut en partie s’expliquer par

la situation fragile du secteur bancaire. Plusieurs banques ont des capitaux propres négatifs, avec

un grand nombre de prêts non productifs (PNP), et les prêts massifs aux entreprises publiques

réalisés par trois banques commerciales publiques ont eu un effet d’éviction pour les

emprunteurs du secteur privé. L’amélioration de l’efficacité des banques commerciales est un

élément important de la restructuration actuelle du secteur bancaire au Togo. Même si le secteur

des IMF est jugé plus robuste, il n’a pas les ressources et la capacité technique pour jouer son

rôle. Les constats de l’EI montrent que les contraintes ont aussi une dimension liée à demande.

Une très grande partie des entreprises ne demandent pas de prêt bancaire ou de ligne de crédit,

renonçant ainsi aux avantages de l’effet de levier financier ainsi qu’aux ressources nécessaires

pour maintenir ou développer leurs activités. Le caractère non bancable des projets peut être un

obstacle critique tant pour les PME que pour les micro entreprises, d’où la nécessité d’aborder la

question en même temps pour ces deux catégories. L’amélioration de l’accès passe par la prise

de mesures tant du côté de l’offre que de la demande.

Infrastructure – accès et coût

Plus de 50 % des entreprises togolaises inscrivent l’électricité au nombre des contraintes

majeures. Les problèmes d’électricité reviennent communément dans la plupart des pays de

référence, notamment le Bénin, le Burkina Faso, le Sénégal et le Cap-Vert, mais les coupures

d’électricité entraînent des pertes plus importantes pour les entreprises togolaises que pour

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celles des autres pays. Les entreprises togolaises ont perdu l’équivalent de 11 % de leur chiffre

d’affaires annuel à cause des coupures d’électricité, soit le taux le plus élevé parmi les pays de

référence.

Très peu d’entreprises du Togo ont leurs propres générateurs. Les fortes pertes signalées

s’expliquent en partie par le fait que très peu d’entreprises disposent d’une source alternative

d’énergie. Seules 4 % des entreprises disent avoir leur propre générateur et la plupart sont de

grandes entreprises. La crise énergétique est un phénomène récent, et les grandes entreprises sont

beaucoup plus susceptibles de pouvoir s’équiper en générateurs.

Les délais de raccordement à l’électricité, à l’eau et aux lignes téléphoniques fixes sont plus

longs que ceux de la plupart des autres pays de la région. Les entreprises signalent une moyenne

de 54 jours pour obtenir un branchement électrique et de 34 jours pour un raccordement au

réseau municipal des eaux. Ces délais sont nettement plus courts que ceux que connaissent les

entreprises du Bénin, mais beaucoup plus longs qu’au Sénégal et au Nigeria par exemple. Un

délai de 51 jours est nécessaire pour obtenir une ligne téléphonique fixe au Togo, ce qui est

nettement plus long qu’au Sénégal (9 jours), en Côte d’Ivoire (6 jours) et au Burkina Faso (20

jours). Par contre, le Bénin (89 jours) et le Ghana (184 jours) font encore moins bien que le

Togo. Le pays a aussi des coûts de télécommunications nettement plus élevés que ceux des pays

de référence dans la région, autant pour les appels entrants que sortants. En même temps, la

qualité des appels – mesurée par le taux moyen de coupures – est de l’ordre de 21 %. Le coût des

connexions Internet est également prohibitif au Togo. Pour une capacité de 1 mégaoctet, les prix

Internet togolais représentent 2,5 fois ceux de la Côte d’Ivoire et 12 fois ceux du Sénégal, où le

gouvernement poursuit une politique agressive pour attirer les entreprises TIC.

Commerce transfrontalier

Étant un petit pays, la réussite du développement du Togo repose sur sa capacité à tirer avantage

d’une meilleure intégration avec ses voisins et sur une orientation vers l’exportation. En ce qui

concerne le climat des affaires pour les exportations, plus d’un quart des entreprises considèrent

la réglementation douanière et commerciale du Togo comme une contrainte majeure par rapport

à celle de certains de ses principaux concurrents tels que le Ghana (10 %), le Sénégal (15 %) et la

Côte d’Ivoire (19 %). Dans l’ensemble, le meilleur classement du Togo concerne le « commerce

transfrontalier » (87e sur 183 pays). Même si le Togo dépasse largement la moyenne des pays

d’Afrique subsaharienne, cette comparaison peut ne pas être tout à fait pertinente : le Togo n’est

pas en concurrence avec la moyenne des pays africains – comprenant de nombreux pays enclavés

– mais avec des ports concurrents de la côte ouest-africaine. Il reste donc encore des efforts

importants à faire.

Zone franche d’exportation du Togo

Avec un petit marché intérieur, une économie relativement ouverte et le port de Lomé qui ouvre

un accès facile aux marchés mondiaux, le Gouvernement togolais a adopté une orientation vers

l’exportation comme axe central de sa stratégie de développement. À cette fin, la mise en place

d’une zone franche d’exportation (ZFE) a été un outil important. Le principal élément du cadre

incitatif de la ZFE comprenait essentiellement un paquet d’avantages fiscaux et douaniers même

si d’autres mesures de facilitation et des services étaient également offerts pour attirer les

investisseurs. Ce cadre fiscal et règlementaire de la ZFE a-t-il aussi aidé à établir un climat

d’investissement concurrentiel dans la zone franche ?

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Climat d’investissement dans la zone franche : L’analyse des données de l’EI démontre qu’il n’y

a pas d’avantages particuliers en termes de climat des affaires à faire partie de la ZFE, sauf en

ce qui concerne les transports (une contrainte majeure pour une entreprise sur trois situées en

dehors de la ZFE, mais seulement pour une sur quatre entreprises de la zone) et une exposition

un peu plus faible à la corruption (qui reste pourtant un problème majeur pour plus de la moitié

des entreprises de la ZFE). L’efficacité des réglementations douanières et commerciales, la

qualité et la fiabilité des infrastructures (notamment l’électricité) et la disponibilité de services

tels qu’une main-d’œuvre qualifiée – des facteurs essentiels pour le succès de la zone – sont plus

ou moins les mêmes à l’intérieur qu’à l’extérieur de la zone. L’accès aux terrains et les relations

avec la justice sont même d’avantage perçus comme problème par les entreprises de la zone

franche que par celles située en dehors. La SAZOF n’ayant plus de terres à allouer, le problème

de l’accès aux terrains est loin d’être surprenant. Les problèmes judicaires peuvent être liés au

fait que les entreprises étrangères sont plus vulnérables à la corruption à ce niveau. Le fait que

les perceptions négatives de l’administration fiscale et du poids de la fiscalité soient aussi élevées

pour les entreprises de la zone franche que pour celles qui n’en font pas partie (alors que les

entreprises de la zone franche bénéficient d’exonérations ou réductions fiscales très généreuses et

ont par conséquent peu d’interactions avec les agents du fisc) est probablement lié à un

mécontentement par rapport aux dernières modifications législatives (Loi des Finances 2009) et à

la nouvelle mise en œuvre effective de la législation en vigueur (tel que le paiement de droits de

douane sur les marchandises vendues sur le marché intérieur).

Performances de la ZFE : Si l’objectif d’augmentation des exportations a été atteint, une

caractéristique surprenante et atypique de la composition sectorielle de la ZFE togolaise est

l’importance de la part des industries à forte intensité de capitaux : les industries chimiques et de

production de clinker représentaient plus de la moitié du chiffre d’affaires de la zone franche en

2008. La plupart des exportations sont destinées aux pays voisins, contre 3 % seulement aux

pays développés. Près de 9 000 emplois ont été créés dans la zone franche. Les liens avec

l’économie nationale sont faibles et en déclin. En considérant l’ensemble des critères de

performance évoqués ci-dessus, l’impact global de la zone franche sur l’économie est mitigé. Il

est positif en ce qui concerne la hausse des exportations, mais mitigé pour ce qui est de la

création d’emplois et la génération de revenus, en plus d’être onéreux en termes de pertes de

recettes fiscales. Le cadre actuel de la ZFE soulève deux préoccupations quant à : 1) sa

soutenabilité budgétaire, et 2) la soutenabilité de son modèle dans le contexte de l’intégration

régionale et de l’Union douanière de la CEDEAO. Le gouvernement pourrait être amené à

adopter une approche progressive de repositionnement de la zone. Le défi pour les autorités sera

d’assurer la soutenabilité financière de la ZFE en réformant le système d’incitations et

d’anticiper les problèmes résultant de la mise en œuvre effective de l’Union douanière de la

CEDEAO en proposant, à l’avance, des solutions appropriées.

Comment aller de l’avant

Pour réaliser sa stratégie de croissance, le Gouvernement togolais est bien conscient qu’il doit

maintenir le cap, tout en approfondissant les réformes destinées à rendre le climat des affaires

plus attrayant pour les investissements et le commerce régional ainsi que la création d’emplois.

Des efforts continus et concertés s’imposent pour lever les contraintes transversales décrites ci-

dessus qui pèsent sur les entreprises. En même temps, si le secteur privé doit se tailler une plus

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grande place, le rôle de l’État doit être réduit au fil du temps – en combinant les réformes du

secteur public et de la gouvernance avec la poursuite des privatisations quand les conditions sont

favorables.

Le gouvernement togolais a lancé une série de réformes pour résoudre certains problèmes du

climat des affaires identifiés dans cette note. Le défi sera de mettre en œuvre de façon accélérée

et efficace des réformes au niveau micro. Le coût d’un report de ces réformes est élevé dans

l’environnement concurrentiel international de plus en plus agressif. Si le gouvernement arrive à

faire des progrès concrets dans les domaines clés, il devrait être rapidement récompensé par une

augmentation des investissements, de la création d’emplois et de la croissance. Des actions

peuvent être rapidement entreprises : la réforme de l’administration fiscale, l’allègement de la

réglementation pesant sur les entreprises, l’augmentation de la concurrence dans les

télécommunications et les services Internet, et la mise en place de normes de service pour les

principaux services publics. S’attaquer à certaines des autres contraintes – à savoir l’amélioration

des infrastructures énergétiques et autres – peut prendre plus de temps et exiger des réformes

institutionnelles à long terme, mais il est impératif de poser des actes forts dès maintenant.

Nous espérons que les résultats de ce rapport aideront les décideurs à déterminer les priorités et à

faciliter les réformes en créant un consensus en faveur du renforcement du programme de

réformes et de l’élaboration d’un plan concret et volontariste de mise en œuvre. L’une des

principales contributions de ce rapport est l’élaboration, pour différents aspects du climat

d’investissement, de références (benchmarks) internationales en matière de performances, qui

peuvent être utilisées par les différentes parties prenantes pour éclairer et faire avancer les

réformes. Un plan d’action prioritaire, accompagné de résultats mesurables et définis dans le

temps, et de responsabilités clairement identifiées pour chacun des départements ministériels et

des principaux services publics pourrait être commandé par le gouvernement pour produire des

rapports annuels sur ses normes de service. Les domaines et les actions politiques prioritaires

sont résumés dans la matrice des recommandations de politiques ci dessous.

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TOGO : MATRICE DES PRIORITES ET OPTIONS DE REFORMES POLITIQUES POUR LE CLIMAT DES AFFAIRES

Contraintes prioritaires du climat des affaires Recommandations de politiques – Court terme (CT) et moyen terme (MT)

Réformes récentes et en cours, et appui des partenaires au développement

PREFORMANCE DES ENTREPRISES ET DEVELOPPEMENT DE LA MAIN D’OEUVRE

La productivité de la main d’œuvre est faible par

rapport à celles des autres pays africains

Agir sur les causes probables de la faible productivité, telles que les faibles niveaux d’instruction et de formation professionnelle, les contraintes en matière de TIC et les problèmes du marché du travail en affectant des ressources spéciales (taxe de 2 % sur les salaires) au Fonds national de formation professionnelle (voir ci-dessous les recommandations concernant la fiscalité).

Envisager l’utilisation d’instruments tels que des fonds à frais partagés en appui aux programmes de formation des entreprises (FE)

Encourager une plus grande concurrence dans les télécommunications et la prestation des services Internet

« State and Peace Building » SPF (fonds fiduciaire, juillet 2009-déc. 2010)

Amélioration du climat des affaires

Encouragement du dialogue entre les secteurs public-privé

Promotion de l’entreprenariat, du développement des PME et de la formation.

Nouveau Projet d’appui au Développement du Secteur Privé (Ex. 2011)

Problèmes liés au climat des investissements Développement de l’entreprenariat

AFD Formation et développement des PME PNUD Stratégie de promotion du secteur privé

AMELIORATION DU CLIMAT DES AFFAIRES

Corruption et gouvernance 3 entreprises sur 4 citent la corruption comme contrainte majeure

Mettre l’accent sur la lutte anti-corruption dans le cadre des formalités administratives et les services publics.

Améliorer le classement du pays pour les indicateurs règlementaires de Doing Business où la performance est faible (voir recommandations ci-dessous)

Améliorer l’administration fiscale et réduire le niveau de la fiscalité (voir recommandations ci-dessous ).

Le 3e Don pour la Relance Economique et la Gouvernance (DREG) a mis l’accent sur deux domaines principaux des politiques : i) Gestion des finances publiques ii) Gouvernance et transparence dans les secteurs clés de

l’économie (coton, phosphate et énergie)

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Création d’entreprise (170e sur 183 pays)

Selon le rapport Doing Business, les délais plus longs sont dus à l’administration fiscale et au ministère du Commerce.

Autorisations requises par les ministères sectoriels avant même le début des formalités juridiques de création de l’entreprise. Souvent pas de textes clairs sur les conditions à remplir, avec à la clé, des rejets arbitraires.

Accélérer la mise en œuvre des recommandations issues de l’atelier sur les réformes du climat des affaires.

Mettre en place un groupe de travail qui devrait se réunir au moins une fois par mois pour suivre les progrès et identifier les obstacles

Restructurer le guichet « création des entreprises » pour en faire un « guichet unique » efficace avec délégation de signatures

Faire un inventaire des autorisations sectorielles. Ne conserver que celles qui sont justifiées (en adoptant des règles claires sur les conditions d’obtention) et supprimer les autres

L’équipe des services consultatifs en matière d’investissements de la Banque mondiale /SFI, spécialisée dans les réformes du climat des affaires s’est rendue au Togo en avril 2009. Le Ministre du Commerce a présidé l’atelier; les recommandations ont proposé une simplification des procédures. Elles doivent être mises en œuvre avant la date butoir de fin mai 2010 afin d’être prises en compte dans le Doing Business de 2011. SPF (fond fiduciaire, juillet 2009-déc. 2010)

Climat des affaires (création d’entreprise ; code des investissements, Lois sur les ZFE)

Renforcement du dialogue public-privé

Promotion de l’entreprenariat et du développement des PME Nouveau Projet d’appui au Développement du Secteur Privé (Ex.2011)

Problèmes liés au climat des investissements Doing Business, administration fiscale, facilitation des

échanges

Le Guichet « Création d’entreprise » créé au sein de la Chambre de commerce, n’est en fait pas un guichet

unique mais un guichet supplémentaire – qui se

contente de faire circuler les demandes entre les différents ministères. Il est payant et donne à la Chambre de Commerce l’occasion de se constituer une base de données des « membres ». Doing Business trouve que le processus global est encore plus long (75 jours pour 9 procédures dans l’édition 2010 contre 53 jours pour 13 procédures dans l’édition 2009)

Obtention des permis de construire (159e sur 183)

Mettre en place des guichets uniques pour les permis de construire au niveau des mairies des principales villes, comme les autres pays africains, pour aider à réduire les délais

DB/SFI Appui AT aux reformes DB

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FISCALITË (niveau des impôts et taxes) ET ADMINISTRATION FISCALE

Réduire le fardeau fiscal des entreprises et moderniser l’administration fiscale.

Forte concurrence pour attirer les investisseurs en Afrique, et certains pays ont réduit leurs impôts sur le bénéfice à 25 %.

Réduire le niveau général de la fiscalité permet à un pays de se passer de régimes fiscaux spéciaux inventifs (code de l’investissement, etc.) qui sont difficiles à gérer et entraînent des pertes de recettes pour l’État.

Améliorer l’administration fiscale en réduisant le temps de préparation et de paiement des taxes.

En lien avec cet objectif, la taxe sur les salaires devrait être rapidement réduite à 2 % comme dans les autres pays de l’UEMOA, et totalement convertie en taxe d’apprentissage et de formation professionnelle qui sera gérée par le Fonds national pour l’apprentissage et la formation professionnelle, en cogestion avec le secteur privé.

Rationaliser la fiscalité et éliminer les sources d’interprétation divergente contribuent à améliorer l’administration fiscale.

Mettre l’accent sur le développement de ressources humaines

Nouveau Projet d’appui au Développement du Secteur Privé (Ex.2011)

Problèmes liés au climat des investissements Doing Business, administration fiscale, facilitation des

échanges

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La taxe sur les salaires de 7 % est contre-productive dans un pays à fort taux de chômage

Le Togo et le Benin sont les seuls pays de l’UEMOA qui continuent à percevoir une taxe aussi élevée sur les salaires. Les autres pays de l’UEMOA perçoivent une taxe d’apprentissage et de formation professionnelle de l’ordre de 2 % sur le total des salaires, qui est affectée à un fonds spécial de formation professionnelle auquel les entreprises peuvent avoir recours pour financer les activités de formation de leurs employés éligibles.

Au Togo, seule une petite partie de la taxe sur salaires (environ 1 %) est affectée au fonds de formation, les autres 6 % constituent des recettes fiscales pour le Trésor.

La taxe professionnelle était payée par anticipation, au moment de la création de l’entreprise, avant que le Fisc ne délivre la carte d’opérateur économique. Elle a été remplacée par une redevance. Mais comme le montant est le même pour toutes les entreprises, il pèse particulièrement lourd pour les petites entreprises, au moment de leur création.

A court terme, le paiement par anticipatition des taxes au moment de la création d’entreprises pourra être supprimé et remplacé par une procédure d’enregistrement auprès du Fisc, comme c’est le cas dans de nombreux autres pays.

Cette mesure peut s’accompagner de l’annonce simultanée d’autres mesures d’allègement, telles que la réduction de la taxe sur les salaires, dans le cadre d’une bonne campagne médiatisée sur les avantages que les petites entreprises auront à rejoindre le secteur formel.

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Accès au financement

60 % des entreprises considèrent ce point comme une contrainte majeure. Elle affecte beaucoup plus les PME et les micro entreprises

Le secteur financier togolais est à la traîne par rapport aux autres pays de l’espace UEMOA

Manque de garanties

Manque de capacités à présenter des projets bancables

Du côté de l’offre

Restructuration des banques publiques achevée

Privatisation de quatre banques publiques à achever

Les banques et les IMF doivent renforcer leurs capacités à offrir des prêts aux PME et aux micro entreprises – ex. : garantie partielle du portefeuille + AT (IDA-SFI)

Développement des activités de crédit-bail – financement des PME

Du côté de la demande

Renforcer (par l’AT) les capacités des entreprises à produire des états financiers fiables et des plans d’affaires.

Fournir une AT aux entreprises pour préparer la documentation nécessaire à l’obtention de fonds sur le marché financier régional (BRVM) comme alternative importante aux banques pour des financements à plus long terme.

Projet Secteur Financier et Gouvernance - mars 2009-juin 2014 a) Restructuration bancaire b) Microfinance c) Sécurité sociale Mise en œuvre de réformes dans le FPD

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INFRASTRUCTURE

Électricité

Coûts élevés et accès limité

Les entreprises togolaises perdent chaque année l’équivalent de 11 % de leur chiffre d’affaires à

cause des coupures d’électricité – le taux le plus

élevé parmi les pays de référence.

La crise énergétique de 2006-2009 a imposé de sérieux obstacles à la croissance du secteur privé au Togo

Un approvisionnement stable en électricité au Togo sera obtenu en deux étapes: a) La production au départ de 100 MW par la

centrale de ContourGlobal fonctionnant dans un premier temps au carburant lourd ;

b) La livraison de gaz naturel, source d’énergie durable et moins chère, par la West-Africa Gas Pipeline Company (WAGPCo) à la centrale de ContourGlobal.

À long terme, seule la construction du barrage d’Adjarala (prévu depuis plus de 20 ans, mais non réalisé faute de financement) pourrait sensiblement réduire le coût de l’énergie au Togo.

Les efforts visant à attirer les industries à forte intensité d’énergie devraient donc être analysés en tenant compte de cette contrainte.

Le Gouvernement a pris plusieurs mesures pour atténuer l’impact de la crise énergétique :

Pour réduire la fréquence et la durée des coupures d’électricité, il a acheté 20 groupes électrogènes diesel d’une puissance installée de 14MW. Cela implique des coûts d’exploitation élevés ;

Réhabilitation de 2 turbines existantes ;

Signature d’un accord de concession avec un producteur

indépendant d’électricité – ContourGlobal – pour

l’installation d’une centrale de production de 100 MW à Lomé, dans le cadre d’une concession de 25 ans.

Les initiatives prises par le secteur privé local ont également contribué à atténuer la crise:

Installation – par le producteur de clinker – de sa propre

centrale électrique de 30 MW fonctionnant au charbon importé – cette initiative a réduit la demande d’électricité à satisfaire par la CEE ;

Le 3ème Don de Relance Economique et de Gouvernance (DREG) met l’accent sur deux domaines clés des politiques : i) Gestion des finances publiques ii) Gouvernance et transparence dans les secteurs clés de

l’économie (coton, phosphate et énergie)

Télécommunications

Coûts élevés des télécommunications au Togo

Absence d’une vision sectorielle plaçant l’objectif de compétitivité de l’économie au dessus de la poursuite de la rentabilité financière à court terme pour une entreprise étatique.

Examiner l’efficacité et la pertinence du cadre réglementaire existant et l’impact des monopoles sur la compétitivité globale de l’économie.

SPF (fond fiduciaire, juillet 2009-déc. 2010)

Favoriser le renforcement du dialogue secteurs public-privé

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Commerce transfrontalier (87e sur 183)

Les performances en termes de délai et de coût sont de loin supérieures à la moyenne de l’Afrique subsaharienne, d’autant plus que le temps d’importation et d’exportation d’un conteneur semble largement surestimé par rapport aux délais réels.

Mais cette comparaison n’est pas très pertinente : le Togo n’est pas en concurrence avec la moyenne des pays africains (une moyenne qui comprend de nombreux pays enclavés), mais avec des ports

concurrents de la côte ouest-africaine.

Des recommandations détaillées sont fournies dans le rapport CEM d’avril 2010

Memorandum Economique du Pays (CEM) de la Banque mondiale (2010) Aborde en profondeur les problèmes liés au commerce et au transport, entre autres Nouveau Projet d’appui au Développement du Secteur Privé (Ex.2011)

Problèmes liés au climat des investissements Doing Business, facilitation des échanges

Zone franche (ZFE)

Réformer le système d’incitatif pour assurer la soutenabilité financière

Repositionnement pour attirer les investissements à forte intensité de main d’œuvre

AT pour la révision du Code de l’investissement, fournie par le Groupe de la Banque en décembre 2009.

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Encadré 1 : Outils de diagnostic du Groupe de la Banque mondiale pour l’examen du climat des affaires :

Évaluation du climat des affaires par rapport à Doing Business

La Banque mondiale dispose de deux outils de diagnostic puissants et complémentaires pour examiner l’environnement

des affaires d’un pays et son impact sur la croissance et la compétitivité du secteur privé : l’évaluation du climat

d’investissement (ECI) et le rapport annuel Doing Business.

Évaluation du climat d’investissement :1 sur la base d’enquêtes auprès des entreprises locales, analyse

systématiquement la situation de l’investissement privé et de la croissance des entreprises dans un pays, afin

d’identifier les domaines où des réformes sont le plus nécessaires pour améliorer la productivité et la compétitivité du

secteur privé. En offrant un fondement pratique à des recommandations de politiques et en impliquant des partenaires

locaux dans le processus, l’évaluation est conçue pour renforcer la dynamique en faveur de réformes susceptibles

d’accélérer la croissance du secteur privé afin d’arriver à une plus grande croissance économique et réduction de la

pauvreté.

Produite par le groupe de la Banque mondiale, en étroite collaboration avec une institution publique ou privée du pays,

l’évaluation du climat d’investissement s’appuie sur des entretiens avec les propriétaires et dirigeants d’entreprises pour

identifier les difficultés qu’ils rencontrent pour créer et faire fonctionner leurs affaires, et en cas de faillite, pour les

clôturer. L’enquête s’intéresse à l’expérience des entreprises dans différents domaines : le financement, la gouvernance,

la réglementation, la politique fiscale, la législation du travail, la résolution des conflits, les services d’infrastructure,

l’approvisionnement et la commercialisation, les technologies et la formation. Tous ces domaines peuvent comporter

des difficultés qui augmentent substantiellement le coût des affaires. L’enquête cherche à quantifier ces coûts. En

appliquant une méthode standard, l’évaluation compare ensuite les constats de l’enquête avec ceux obtenus pour des

pays similaires, afin d’évaluer comment le secteur privé du pays se comporte et à quel point il est compétitif.

Rapport Doing Business : sur la base d’enquêtes réalisées auprès de différents experts,2 le rapport DB se concentre

sur le cadre des politiques, juridique et réglementaire d’un grand nombre de pays et établit des mesures comparatives

des coûts supportés par les entreprises pour se conformer aux lois et règlements. Le cadre des politiques, juridique et

réglementaire mesuré par les indicateurs du rapport Doing Business constitue une part importante du climat

d’investissement d’un pays, parce qu’il a un effet sur la manière dont les entreprises sont capables de réagir à

l’évolution de l’économie. Dans les économies dynamiques, les entreprises sont obligées de s’adapter en permanence

aux changements du marché. Néanmoins, si les exigences réglementaires et juridiques rendent les transactions

nécessaires à cette adaptation trop lourdes ou impossibles à mener, augmentent les coûts, entraînent de longues

procédures ou empêchent d’apporter les réponses les plus adéquates aux changements, les entreprises peuvent être

obligées de fonctionner de manière moins efficace ou de ralentir les adaptations qui pourraient augmenter leur

productivité. Doing Business fournit les outils pour comparer le poids de la réglementation entre les pays et pour

identifier les domaines où des réformes doivent être menées pour réduire les coûts de transaction.

Valeur ajoutée de l’ECI par rapport à DB : La valeur ajoutée de l’ECI se situe à plusieurs niveaux : i) tandis que DB

mesure les améliorations au coût et au poids de la réglementation, l’ECI examine une plus large panoplie de moteurs de

la compétitivité agissant sur les résultats macroéconomiques. L’enquête ECI récolte de l’information sur les différents

domaines du climat d’investissement, tels que les infrastructures, la criminalité, le niveau d’études et les compétences

des travailleurs et la corruption. Cette information est d’autant plus précieuse que les décisions d’investissement des

entreprises dépendent de variables non mesurées par les indicateurs DB, tels que le coût de l’infrastructure et l’accès à

celle-ci, les compétences de la main d’œuvre et la gouvernance ; ii) l’ECI rassemble des données permettant

d’entreprendre une analyse de la productivité des entreprises. Les enquêtes ECI entreprises dans la grande majorité des

pays clients de la Banque permettent de disposer de données pour déterminer la productivité et les coûts des entreprises

dans un contexte régional ou transnational, et analyser les facteurs déterminant les différences. En dehors des données

relatives à la productivité, l’ECI recueille deux autres types d’information directement auprès des entrepreneurs : a) des

perceptions ou mesures subjectives de ce que les responsables considèrent comme les obstacles majeurs auxquels leurs

entreprises sont confrontées ; et b) des indicateurs objectifs tels que les pertes de production dues aux coupures

électriques ou le temps passé par les gestionnaires à se conformer à la réglementation.

Des partenariats complémentaires et collaboratifs : Grâce à leurs approches et méthodes différentes, l’ECI et DB

fournissent des informations et des analyses complémentaires. En consolidant leurs constats, le Groupe de la Banque

œuvre de manière collaborative avec ses clients au développement d’un environnement plus propice aux affaires dans

les pays.

1 Les évaluations du climat d’investissement (ECI) peuvent prendre la forme d’un rapport ou d’une note de politique (NPCI) suivant la

profondeur de l’enquête auprès des entreprises et de l’analyse. La NPCI utilise une enquête sur les indicateurs qui se concentre sur un

ensemble plus restreint d’indicateurs de performance des entreprises et sur certaines dimensions du climat d’investissement. Elle est généralement produite pour des pays plus petits, comme le Togo, à cause de l’échantillon relativement petit d’entreprises issues du

secteur formel de la manufacture. Les NPCI n’incluent pas d’estimations ni d’analyses de la productivité des facteurs au niveau des

entreprises. 2 Principalement des comptables et juristes.

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1

INTRODUCTION

1. La Note de politique sur le climat d’investissement (NPCI) pour le Togo évalue

l’environnement des affaires du pays en analysant les obstacles à l’investissement du

secteur privé et à la croissance, ainsi que la façon dont ils varient selon les différents

types d’entreprises ; en comparant le climat d’investissement et les performances des

entreprises du Togo à ceux des autres pays ; et en recommandant des options de

politiques pour le renforcement du secteur privé. La NPCI s’appuie sur l’analyse

statistique d’une enquête sur les indicateurs (EI) récemment réalisée au niveau des

entreprises par la Banque Mondiale – la première du genre au Togo – et portant sur les

entreprises urbaines de transformation et de services opérant à Lomé et dans ses environs,

où se trouve le cœur de l’activité économique du Togo. L’EI couvre tout l’éventail des

micros, petites, moyennes et grandes entreprises. La NPCI est complétée par des

informations tirées d’autres sources, telles que le dernier Mémorandum économique

(CEM 2010), le rapport Doing Business (2010) et les Indicateurs de gouvernance (2010).

2. La NPCI est un nouveau produit analytique qui se distingue de la traditionnelle

évaluation du climat d’investissement (ECI) de plusieurs manières. Tout d’abord, alors

qu’autant l’ECI que la NPCI s’appuient sur des enquêtes auprès des entreprises, la NPCI

exploite des enquêtes sur les indicateurs (EI) qui sont en train d’être réalisées dans des

économies plus petites à travers le monde. L’EI porte sur un ensemble plus réduit

d’indicateurs de performance des entreprises et se concentre sur certaines dimensions du

climat d’investissement. Ensuite, la NPCI met davantage l’accent sur les comparaisons

entre les pays et avec des valeurs de référence plutôt que sur les performances au niveau

des entreprises, pour lesquelles il est difficile de faire une évaluation solide sur un

échantillon aussi petit. Etant donné la taille relativement limitée des échantillons qui

peuvent être constitués avec des entreprises choisies dans le secteur formel de la

production dans des pays comme le Togo, une NPCI n’inclut pas d’évaluations ni

d’analyses entre pays de la productivité totale des facteurs au niveau des entreprises (qui

nécessitent des données sur les matières premières et autres produits intermédiaires). Des

données sur le chiffre d’affaires global, le coût de la main d’œuvre et les effectifs ont été

recueillies de manière à permettre le calcul des indices de productivité de la main

d’œuvre, c’est-à-dire le rendement par travailleur, ainsi que les coûts salariaux par

travailleur. Ces informations peuvent être utilisées pour comparer les niveaux d’efficacité

à travers les diverses catégories d’entreprises, y compris les différences liées à la taille de

l’entreprise, au statut d’exportateur ou de non-exportateur, et à la nationalité du capital

(contrôle étranger ou national) des sociétés.3

3. Au sens le plus large, le climat d’investissement inclut des facteurs fixes tels que

le climat d’un pays, sa dotation en ressources naturelles et sa localisation. À des fins

opérationnelles, la NPCI se concentre néanmoins sur les facteurs directement affectés par

les politiques gouvernementales. Ceux-ci incluent la stabilité macroéconomique, l’état de

3 Nous faisons l’hypothèse qu’il n’y a pas de différences significatives d’intensité du capital entre ces

catégories ou que s’il y en a, elles peuvent être contrôlées.

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2

l’infrastructure du pays, l’environnement juridique des affaires, l’accès au financement,

ainsi que d’une façon générale l’état de droit et la gouvernance. Les politiques appliquées

dans ces domaines affectent le rendement attendu de l’investissement et de l’innovation,

ainsi que l’incertitude et le risque associés aux différentes activités économiques.

4 Les coûts liés à la gestion des affaires, ou coûts de transactions, sont également

des facteurs importants pour la qualité du climat d’investissement. Pour produire des

biens et services, les entreprises réalisent une multitude de transactions et rencontrent des

difficultés ou obstacles auxquels des firmes similaires dans d’autres économies ne sont

peut-être pas exposés. Le rapport Doing Business et les indicateurs suivis par les

enquêtes auprès des entreprises constituent un outil important pour l’évaluation des coûts

de transaction d’une économie.

5. Les objectifs de la NPCI comportent quatre volets : i) fournir aux responsables des

politiques, à la société civile et aux partenaires au développement, une analyse de

l’environnement des affaires basée sur les faits ; ii) faire l’analyse comparative du climat

d’investissement et des performances des entreprises au Togo par rapport à ceux des

autres pays ; iii) définir les priorités pour l’amélioration de l’environnement des affaires

et suggérer des options de politiques ; et iv) offrir des bases analytiques en appui au

dialogue sur les politiques actuellement en cours entre le gouvernement togolais et le

Groupe de la Banque mondiale, y compris des informations utiles au Country Economic

Memorandum (CEM), au nouveau projet d’appui au développement du secteur privé et à

la nouvelle stratégie d’aide-pays en cours de préparation.

6. Problèmes liés aux données, à la couverture et à l’échantillon des enquêtes : La

première enquête auprès des entreprises a été menée d’avril à octobre 2009. L’EI porte

sur un total de 300 entreprises dont 155 du secteur formel (au moins 5 employés) et 145

micro-entreprises (moins de 5 employés) (Tableau 1). Bien que l’échantillon offre une

base utile pour l’analyse, il est important de rappeler qu’il ne couvre que le seul secteur

urbain de Lomé, même si celui-ci représente le cœur de l’activité économique du Togo.

Tableau 1: Description de l’échantillon : par secteur et taille de l’entreprise

Micro (1-4) Petite (5-19) Moyenne (20-99) Grande (100+) Total

Production 12 32 14 11 69

Services 133 67 27 4 231

Total 145 99 41 15 300

7. Micro-entreprises : – caractéristiques partagées avec le secteur informel : Il faut

noter que le cadre de l’échantillon pour les micro-entreprises a été élaboré à partir d’une

liste des entreprises enregistrées auprès du Centre de formalités des entreprises de la

Chambre de Commerce et d’Industrie du Togo, ce qui signifie qu’il n’était pas prévu d’y

inclure des entreprises « informelles », définies précisément par l’absence

d’enregistrement. Cependant, pendant l’enquête sur le terrain, les entreprises figurant sur

cette liste n’ont pas toutes pu être localisées et certaines substitutions qui ont été faites

comprenaient des entreprises qui n’ont pas signalé d’enregistrement.

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3

8. Portée : L’enquête couvre un large éventail de questions incluant, entre autres,

l’impact de l’environnement des affaires, les caractéristiques de l’entreprise et de

l’entrepreneur, l’accès au financement, le rôle de la règlementation de l’État. Deux types

d’informations sont recueillies : i) des informations subjectives ou perceptions de ce que

les gestionnaires considèrent comme des obstacles majeurs auxquels leur entreprise est

confrontée ; et ii) des indicateurs objectifs tels que la production perdue en raison des

coupures d’électricité ou le temps passé par les gestionnaires à satisfaire la

règlementation de l’État. La NPCI présente les caractéristiques clés et la dynamique pour

l’ensemble des tailles et types d’entreprises, aussi bien micros que grandes, informelles

que formelles.

9. Perception et mesures objectives : La NPCI analyse le classement des perceptions

et les indicateurs objectifs détaillés pour déterminer les facteurs qui entravent la

compétitivité des entreprises togolaises. Les perceptions des entreprises offrent un point

de départ utile pour l’analyse du climat des affaires. Les dirigeants d’entreprises en

savent probablement plus sur les problèmes immédiats auxquels leurs entreprises sont

confrontées que les fonctionnaires, les chercheurs ou autres experts. Il est donc logique

de prendre au sérieux leurs préoccupations à propos du climat d’investissement.

Toutefois, en se fiant trop aux perceptions, on risque pour plusieurs raisons d’aboutir à

des conclusions erronées. Premièrement, il est difficile d’agréger les perceptions sur

l’ensemble des entreprises. Même si des contraintes affectent différentes entreprises à des

degrés divers, les données basées sur la perception ne peuvent pas être aussi facilement

agrégées que les données objectives. Cela rend difficile le classement des obstacles.

Deuxièmement, les intérêts des dirigeants d’entreprises en place peuvent ne pas toujours

être compatibles avec ceux de la société ou des nouveaux entrants potentiels. La plupart

des dirigeants souhaiteraient un taux subventionné du crédit ou des prix de l’électricité

inférieurs aux coûts s’ils pensent que le coût de ces services pourrait être supporté par

quelqu’un d’autre. De même, la plupart des dirigeants seraient ravis d’avoir à affronter

moins de concurrence même si les coûts pour la société dépassaient les avantages pour

leur entreprise. Troisièmement, les perceptions des dirigeants des entreprises existantes

peuvent ne pas refléter tous les obstacles à l’investissement privé et à la croissance

notamment ceux qui ne sont pas directement liés aux caractéristiques et au statut de leur

entreprise. C’est ainsi que les dirigeants des entreprises existantes ayant déjà accompli les

formalités de création peuvent ne pas se sentir concernés par les coûts de création d’une

entreprise même si ceux-ci sont élevés. En outre, si les contraintes liées au climat

d’investissement sont particulièrement fortes dans un domaine, il peut n’y avoir qu’un

très petit nombre d’entreprises dépendant fortement de ce domaine.4 Ainsi par exemple,

si les installations portuaires et douanières sont particulièrement médiocres, il se peut que

très peu d’entreprises ont des activités d’exportation. L’un ou l’autre de ces facteurs

risque d’affecter le classement des contraintes. Quatrièmement, même si les dirigeants

4 Hausmann et Velasco (2005) illustrent ce point par une analogie avec les chameaux et les hippopotames. Ils notent

que le peu d’animaux que l’on trouve dans le Sahara sont des chameaux, qui se sont adaptés à la vie dans le désert, et

non les hippopotames, dont la survie dépend essentiellement de la présence d’eau. Interroger les chameaux sur les

problèmes associés à la vie dans le désert pourrait ne pas représenter de manière adéquate les opinions des

hippopotames absents.

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4

sont conscients d’un problème, ils peuvent ne pas en connaître les causes sous-jacentes.5

Des informations supplémentaires sont donc nécessaires pour évaluer les moyens de

réduire une contrainte donnée. Cinquièmement, bien que les études récentes suggèrent

que les mesures basées sur la perception correspondent assez bien aux indicateurs

macroéconomiques objectifs, il est difficile de comparer les perceptions entre les pays.6

En fait, les différences culturelles ou dans les attentes relatives à ce que devrait être le

climat d’investissement peuvent affecter les perceptions.

10. À cause de ces préoccupations et bien que ce rapport utilise des données basées

sur la perception comme point de départ pour l’analyse, ces informations sont

complétées par des mesures objectives du climat d’investissement également tirées de

l’enquête auprès des entreprises et d’autres sources, le cas échéant. Les données

objectives supplémentaires nous permettent de faire une analyse comparative du climat

d’investissement du Togo par rapport à celui d’autres pays.

11. Pays de comparaison : La Banque mondiale a mené des enquêtes similaires

auprès des entreprises dans environ 100 pays de par le monde. La méthodologie

d’échantillonnage et d’enquête ainsi que le questionnaire étant les mêmes partout, il est

possible de comparer les résultats et les performances des entreprises ainsi que le climat

d’investissement entre les pays. Les comparaisons entre pays utilisent trois groupes de

pays : i) les pays de l’UEMOA dont les entreprises sont en concurrence avec celles du

Togo (le Sénégal, le Bénin, la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso) ; ii) les autres pays

d’Afrique subsaharienne à revenu faible pour lesquels les données sur les entreprises sont

disponibles (le Ghana, le Nigeria et le Cap Vert) ; et iii) d’autres économies africaines qui

ont de bonnes performances (Maurice et le Maroc).

5 Par exemple, les dirigeants pourraient savoir qu’il est difficile d’obtenir des prêts bancaires pour financer de nouveaux

investissements, mais ne pas en connaître les raisons : l’absence de concurrence dans le secteur bancaire, les problèmes

causés par la dette de l’État qui réduisent les possibilités d’emprunt pour l’investissement privé, ou les problèmes

d’enregistrement des droits fonciers qui empêchent les entreprises d’utiliser la terre comme garantie bancaire.

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5

CHAPITRE 1: CONTEXTE DU PAYS

I.

1.1 Le Togo est un petit pays francophone de l’Afrique de l’Ouest, d’une population

6,5 millions d’habitants. Avec un revenu par habitant qui a diminué en moyenne d’1 %

par an depuis le début des années 1980, le Togo affiche la croissance économique la plus

basse de tous les pays de l’Afrique

subsaharienne.7 Le revenu par habitant (400

dollars EU en 2008, selon la méthode Atlas de

la Banque mondiale) est faible par rapport aux

moyennes de l’Afrique subsaharienne (1 082

dollars EU) et des pays à faible revenu (524

dollars EU).8 Selon l’indice de développement

humain (rapport IDH de 2009), le pays se

classe à la 159e place sur 182 pays.

9 Plus de

61 % des Togolais vivent en dessous du seuil

de pauvreté.10

1.2 Alors que le pays essayait de sortir

d’une longue période de stagnation politique et

économique, son économie a été sévèrement

affectée par une série de chocs intérieurs et

extérieurs – flambée des prix alimentaires et

pétroliers, inondations, et pour couronner le

tout, crise financière mondiale de 2009 – qui a

encore retardé la reprise économique (Encadré

1.1). Étant donné que l’économie du Togo est

relativement ouverte, la récession mondiale a

lourdement pesé sur le pays et réduit les gains

potentiels du début des réformes économiques

lancées grâce à la mise en place d’un

gouvernement inclusif en 2007. On estime que

l’impact a été particulièrement fort sur l’IDE et

la réexportation.11

7 La population croît à un taux annuel de 2,5 % 8 Source : DDP 2008. 9 L’indice de développement humain (IDH) est un indice composite mesurant les résultats moyens dans trois domaines

de base du développement humain : une vie longue et saine, l’accès au savoir, et un niveau de vie décent. 10 Une analyse de la situation du pays par rapport aux objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) montre

clairement qu’aucun des objectifs ne sera atteint d’ici 2015, à moins que des progrès significatifs ne soient réalisés. 11 Les réexportations ont chuté, passant de 25 % du PIB en 2007 à 14 % en 2009 (suite également à la détérioration des

infrastructures causée par les inondations), tandis que l’IDE a chuté d’une moyenne de 3 % du PIB pendant la période

2004-2007 à 0,8 % en 2009.

Encadré 1.1 – Togo : Instabilité

politique et chocs économiques 2005

Décès du président Gnassingbé Eyadéma, après 38 ans de pouvoir.

Élection du président Faure Gnassingbé

2007 Elections législatives loyales et

transparentes Mise en place d’un cabinet

inclusif 2008

Flambée des prix alimentaires Flambée des prix des carburants Inondations affectant les

infrastructures, le commerce et la production agricole.

2009 Crise financière mondiale

2010 Élection présidentielle en mars

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6

II.

1.3 Malgré le contexte défavorable, le gouvernement Togolais a maintenu des

politiques macroéconomiques prudentes et poursuivi la mise en œuvre d’un ambitieux

programme de réformes. Des progrès considérables ont été accomplis au cours des trois

dernières années et des étapes significatives ont été franchies au niveau de la

gouvernance. Des réformes ont été entreprises pour renforcer les banques publiques de

l’État fragile togolais. En plus de la mise en œuvre d’un large éventail de réformes de la

gestion des finances publiques, deux audits financiers de la compagnie cotonnière

publique, un audit stratégique du secteur, la liquidation des arriérés dus aux agriculteurs

par la compagnie, ainsi que l’introduction de contrôles internes et de mesures de

réduction des coûts ont renforcé la gestion du secteur du coton et ouvert la voie à une

plus large réforme de celui-ci. De plus, les autorités ont mis en place un Conseil

d’administration pour la compagnie nationale d’électricité et adopté de nouveaux statuts

harmonisés avec le droit des sociétés de l’UEMOA.

1.4 Le pays a progressivement retrouvé le chemin de la croissance. Le taux de

croissance réel était de 1,8 % en 2008 et de 2,5 % en 2009. On prévoit une accélération

du taux réel de croissance du PIB de 2,6 % en 2010 à 3,8 % en 2011, à mesure que les

réformes structurelles commenceront à porter leurs fruits, que l’investissement

augmentera et que l’économie mondiale rebondira (FMI, 2009). Le nouveau

gouvernement, élu en mars 2010, devrait poursuivre l’agenda des réformes – comme

prévu dans son Document de stratégie pour la réduction de la pauvreté (DSRP).

1.5 Défis à relever : Il

subsiste d’importants défis

institutionnels et économiques.

D’après le rapport Doing

Business 201012

, le Togo se

classe en 165e position sur 183

pays. Comme l’indique le

Tableau 1.1, les domaines où le

Togo se classe le moins bien

concernent la création

d’entreprise (170e sur 183), la

législation du travail (159e), le

transfert d’une propriété et les

impôts (155e), l’exécution des

contrats (154e), l’obtention des

permis de construire (152e), et l’obtention de crédit (150

e). Le Togo obtient son meilleur

classement (87e) pour le commerce transfrontalier.

12 Les indicateurs Doing Business sont basés sur le coût et le temps normalement nécessaires pour satisfaire la

réglementation et les procédures en vigueur, et non sur le coût et le temps moyens réels ou sur la perception de la

sévérité des contraintes évaluée par les enquêtes auprès des entreprises.

Tableau 1.1 : Classement Doing Business pour le Togo

Classement

2010

Classement 2009

Changement dans le

classement

Doing Business 165 166 +1

Créer une entreprise 170 181 +11

Obtenir un permis de construire

152 145 -7

Législation du travail 159 148 -11

Transférer une propriété 155 158 +3

Obtenir un crédit 150 147 -3

Protéger les Investisseurs 147 143 -4

Payer les taxes 155 160 +5

Commerce transfrontalier 87 90 +3

Exécuter les contrats 154 151 -3

Fermer une entreprise

97

97

0 Source : Rapport Doing Business 2010

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7

1.6 En dehors de l’environnement réglementaire des affaires, les principaux

problèmes qui entravent l’émergence d’un secteur privé fort incluent une médiocre

gouvernance et une faible capacité administrative, l’accès au financement, et un sous-

investissement dans les infrastructures (notamment le transport et l’énergie).

1.7 Vision stratégique de la croissance : Le Document de stratégie pour la réduction

de la pauvreté (DSRP), qui définit la direction stratégique et les domaines d’action pour

favoriser la croissance et réduire la pauvreté au Togo, repose sur quatre piliers : i) le

renforcement de la gouvernance ; ii) la consolidation des bases d’une croissance forte et

continue ; iii) le développement du capital humain ; et iv) la réduction des déséquilibres

régionaux et la promotion du développement communautaire. Le deuxième pilier du

DSRP souligne l’importance de la création de nouvelles fondations pour promouvoir une

croissance plus forte et soutenue. Pour ce faire, la stratégie souligne en particulier la

nécessité de poursuivre les réformes dans les domaines suivants : amélioration de

l’environnement des affaires pour le développement du secteur privé ; développement de

l’infrastructure pour soutenir la croissance économique ; et redynamisation de

l’extraction des ressources minières. Pour accélérer la croissance économique, le

gouvernement entend, en premier lieu, revitaliser les secteurs traditionnels qui, par le

passé, ont contribué à la croissance du pays de façon substantielle. Dans cette optique, la

stimulation de la productivité industrielle et agricole et l’amélioration de la compétitivité

du secteur tertiaire ont été présentées comme les objectifs stratégiques du DSRP.

1.8 Le Togo étant un petit pays, la réussite de son développement repose sur sa

capacité à tirer profit d’une plus grande intégration avec ses voisins et d’une orientation

vers l’exportation. Le Togo est membre de l’Union économique et monétaire ouest-

africaine (UEMAO)13

et de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest

(CEDEAO).14

Pour tirer parti de l’avantage géographique du pays, il lui faut exploiter

son corridor de transit et faire du port autonome de Lomé (PAL) – le seul port en eau

profonde de la zone ouest-africaine – une plaque tournante maritime. Le fonds de

développement de la CEDEAO et la banque de développement de l’UEMOA sont basés à

13 L’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) est une organisation composée de huit États d’Afrique

de l’Ouest, créée pour promouvoir l’intégration économique entre les pays qui partagent une même monnaie, le franc

CFA. Ces pays sont : le Togo, le Sénégal, le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, le Mali, le Niger et la Guinée-

Bissau. L’UEMOA est une union douanière et une union monétaire entre certains membres de CEDEAO. Ses objectifs

sont : une plus grande compétitivité économique, grâce à des marchés compétitifs et ouverts et à une rationalisation et

harmonisation de l’environnement juridique ; la convergence des indicateurs et politiques macroéconomiques ; la

création d’un marché commun ; la coordination des politiques sectorielles ; et l’harmonisation des politiques fiscales.

En ce qui concerne ses réalisations, les membres de l’UEMOA ont mis en place des critères de convergence

macroéconomique et un mécanisme de surveillance efficace ; ils ont adopté une union douanière et un tarif extérieur

commun (début 2000) ; ont harmonisé les réglementations de la taxation indirecte ; et ont entrepris des politiques

sectorielles et structurelles au niveau régional. 14 La mission des 15 membres de la CEDEAO est de promouvoir l’intégration économique dans « tous les domaines de

l'activité économique, notamment l'industrie, les transports, les télécommunications, l'énergie, l'agriculture, les

ressources naturelles, le commerce, les questions monétaires et financières, les questions sociales et culturelles .. ». La

Commission de la CEDEAO et la Banque de Développement et d’Investissement de la CEDEAO, plus souvent

dénommée le Fonds, sont les deux institutions principales conçues pour mettre en œuvre les politiques, poursuivre un

certain nombre de programmes et réaliser des projets de développement dans les États membres. La CEDEAO et

l’UEMOA ont développé un programme d’action commun pour la libéralisation du commerce et la convergence des

politiques macroéconomiques. La CEDEAO et l’UEMOA se sont également entendus sur des règles d’origine

communes pour améliorer les échanges, et la CEDEAO a décidé d’adopter les formulaires de déclaration des douanes

et les mécanismes de compensation de l’UEMOA.

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8

Lomé. En tant que membre de l’UMEOA, le Togo devrait être capable de retrouver son

ancienne position de plate-forme financière régionale,15

à condition de formuler des

réformes de son secteur financier et de les mettre en œuvre de façon cohérente, d’attirer

des investisseurs privés stratégiques, de maintenir le cap des réformes par rapport à ses

voisins et d’encourager le secteur des services.

1.9 Opportunité de la NCPI : le DSRP du Togo vise une croissance économique

annuelle supérieure à 7,5 % pour atteindre les objectifs du Millénaire pour le

développement (OMD). Pour réaliser ses ambitions de croissance, le nouveau

gouvernement devra renforcer ses efforts en faveur de l’émergence d’un secteur privé

fort et moderne pour piloter la croissance, la compétitivité, la diversification de

l’économie et la promotion des exportations. La première étape dans cette direction

consiste à identifier les facteurs clés qui freinent les entreprises existantes et ceux qui

encouragent la création de nouvelles entreprises, et d’ensuite prendre des mesures qui

favoriseront la croissance du secteur privé et placeront le Togo sur la voie d’une plus

forte croissance. La NPCI du Togo fournira au gouvernement togolais un diagnostic

précieux de l’environnement des affaires. Les réformes du climat d’investissement

renforceront également la capacité de l’économie à s’adapter plus facilement aux chocs

économiques.

1.10 Afin d’exposer les opportunités et les défis à relever pour réaliser le programme

de croissance du gouvernement, la section suivante donne un aperçu de l’économie

togolaise.

III.

1.11 Participation – un secteur public dominant mais l’espace pour le secteur privé

s’élargit. Aujourd’hui, les grandes entreprises publiques du Togo occupent les « postes

de commande » de l’économie. Le gouvernement togolais possède d’importantes

participations dans quatre banques commerciales représentant 56 % du marché. Les

phosphates et le coton – deux exportations majeures – sont traités et commercialisés par

des entreprises publiques. Les services d’infrastructure sont assurés par des d’entreprises

publiques sur des marchés non concurrentiels. L’électricité est produite par la

Communauté électrique du Bénin (CEB), détenue conjointement par les États du Togo et

du Bénin, tandis que le transport et la distribution sont pris en charge par une entreprise

publique, la Compagnie d’énergie électrique du Togo (CEET). Dans le domaine des

télécommunications, l’entreprise publique Togo-Telecom détient le monopole de la

téléphonie fixe. Le sous-secteur de la téléphonie mobile compte deux opérateurs :

Togocel, une filiale entièrement détenue par Togo-Telecom, et Moov appartenant au

secteur privé. Une troisième licence de téléphonie mobile est en cours d’attribution.

15 Le Togo a longtemps été un centre bancaire régional, mais cette position a été affaiblie par l’instabilité politique et le

déclin économique du début des années 1990. Certains ont soutenu que la place de plate-forme financière occupée par

le Togo était surtout due au dysfonctionnement des secteurs financiers de ses voisins, en particulier le Bénin, le Ghana,

le Nigeria, le Niger et le Mali. Avec la restructuration des secteurs financiers de ces pays, il pourrait y avoir peu de

raisons pour que le Togo retrouve son rôle de centre financier, à moins que ses réformes réussissent mieux que celles

de ses concurrents.

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9

Togo-Telecom domine le marché internet et deux entreprises privées occupent une place

marginale.

1.12 Le secteur privé domine les activités économiques dans les domaines de

l’agriculture, de la construction, des services et dans certaines industries. Au sein de

l’industrie manufacturière, la branche ciment/clinker, principale industrie exportatrice, est

dominée par des entreprises privées.

1.13 Comme dans la plupart des pays de l’Afrique subsaharienne, l’économie du Togo

se compose d’un petit secteur formel et d’un secteur informel important et en croissance.

Le secteur informel se définit de manière large comme composé d’entreprises qui ne

respectent pas la totalité des lois et réglementations de l’État. Selon des évaluations

antérieures, le secteur informel urbain emploierait 0,4 million de travailleurs au Togo.16

Pour l’emploi, l’économie repose sur les micro-, petites et moyennes entreprises

(MPME).

1.14 Performances récentes : le Tableau 1.2 donne la structure de l’économie

togolaise, dominée par le secteur tertiaire/des services en termes de contribution au PIB,

suivi par l’agriculture et ensuite par l’industrie. Malgré quelques fluctuations depuis

1980, le classement sectoriel est resté relativement stable.

Tableau 1.2 : Togo – Contribution des secteurs et taux de croissance annuel

Source : Development Economics, Development Data Group, (DECDG), 2009

1.15 L’amélioration des taux de croissance entre 1990 et 2007 provient essentiellement

des secteurs primaires et secondaires, tandis que la contribution du secteur tertiaire est

restée très faible voire négative sur certaines sous-périodes (Tableau 1.2). La contribution

des industries extractives a diminué suite au fléchissement de la production des

phosphates. Par contre, les contributions respectives au PIB des industries

manufacturières, de la construction et des travaux publics ont augmenté.

16 Revue africaine de sociologie 1998. La plupart des 1,3 million de travailleurs sont employés dans le secteur agricole,

le principal employeur du Togo. À cause du manque de données actuellement disponibles, il y a peu d’information sur

les caractéristiques du secteur informel au Togo aujourd’hui.

1980 1990 2000 2007 1980-1990 1990-2000 2000-2007

(% du PIB) Taux de croissance moyen annuel (%)

Agriculture 27,5 33,8 34,2 43,7 5,6 4,0 2,8

Industrie / Secteur sec.

24,8 22,5 17,8 24,0 1,1 1,8 8,1

dont ind. manufacturière

7,8 9,9 8,4 10,1 1,7 1,8 7,5

Services 47,7 43,7 47,9 34,5 -0,3 3,9 -0,7

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10

Tableau 1.3 : Croissance réelle par secteur d’activité

2005-2007 2008 2009 (P) 2010 (P)

Secteur primaire 1,9 2,9 2,3 3,1

Agriculture 1,3 3,1 2,4 3,0

Élevage, foresterie et pêche 3,7 2,9 2,0 3,5

Secteur secondaire 3,9 0,8 2,8 4,5

Industries extractives -7,2 -0,6 -2,0 7,2

Industries manufacturières 7,9 5,0 -1,0 2,5

Construction et travaux publics 11,1 0,9 20,0 9,0

Electricité, eau et gaz 2,6 -11,0 3,0 2,5

Secteur tertiaire 0,7 -0,1 0,9 3,0

Secteur tertiaire marchand 0,6 0,4 0,9 2,6

Commerce 3,5 -0,5 1,0 2,0

Transports, entreposage et communications 1,4 1,7 1,0 3,5

Banques et assurance -17,3 14,2 1,0 3,0

Autres services -7,7 0,0 0,2 3,0

Secteur tertiaire non-marchand 0,9 -1,3 1,0 3,8

PIB 2,4 1,1 1,7 3,3

Source : autorités togolaises – FMI, 25 février 2009 ; Note : P signifie prévision

1.16 Structure : Une analyse plus approfondie de l’économie révèle l’existence d’une

base productive étroite au Togo. L’exploitation minière, l’agriculture et la réexportation

ont traditionnellement constitué les principaux contributeurs à la croissance de

l’économie. Le secteur générant les revenus d’exportation les plus élevés est celui du

clinker/ciment, suivi par les phosphates et le coton. Le Togo produit d’autres cultures de

rente, principalement le café et le cacao. Des études récentes exécutées à la demande du

gouvernement ont confirmé l’existence d’un véritable potentiel de croissance et

d’opportunités de renverser l’actuelle tendance à la baisse. 17

1.17 Industrie : Dans le secteur industriel, les phosphates sont la production la plus

importante. Par le passé, ils représentaient la principale exportation du Togo et la plus

importante source de recettes de l’État, mais aujourd’hui, c’est le clinker/ciment18 qui est

devenu l’industrie d’exportation numéro un. Les phosphates et le coton se disputent la

deuxième place, suivant leurs cours internationaux. Alors que le clinker et le ciment sont

produits par des entreprises privées exploitant des gisements de calcaire et de gypse, les

phosphates et le coton sont traités et commercialisés par des entreprises publiques. Ces

deux produits connaissent des difficultés principalement liées à des problèmes de

gouvernance, d’obsolescence du matériel de production et de pénuries d’électricité, qui

affaiblissent les performances du secteur. Au cours des dernières années, la production de

phosphates est tombée en dessous du tiers de sa capacité, principalement à cause d’une

mauvaise gestion.

1.18 Commerce : Le commerce représente une importante activité économique au

Togo, et Lomé est une plateforme commerciale régionale. Le port autonome de Lomé

(PAL) fonctionne 24 heures sur 24. D’après les statistiques officielles disponibles, 25 %

du trafic (commerce de transit) est généré par le transport de marchandises à destination

et en provenance de l’arrière pays : Mali, Burkina Faso, et Niger. D’autres sources

estiment que la réexportation et le commerce de transit à destination et en provenance des

17 Etudes sur les sources de la croissance économique et l’environnement des affaires au Togo. 18 Pour des besoins nationaux de comptabilité, le clinker et le ciment sont classés dans le secteur minier.

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11

pays enclavés représentent à eux deux 50 % du trafic total. Le rôle du PAL dans le trafic

de transit vers les pays enclavés dépend de la construction/réhabilitation des

infrastructures routières menant à ces pays, ainsi que de la promotion de services

compétitifs fournis par le secteur privé, de la simplification des procédures et de la

suppression des barrières inutiles – officielles ou non. L’UEMOA et la CEDEAO ont mis

au point des accords pour le commerce de transit afin d’en harmoniser et faciliter d’autres

aspects – tels que les conventions sur les transports routiers entre États – mais à ce jour,

ces accords n’ont pas encore été effectivement mis en œuvre.

1.19 Outre le commerce de transit, le Togo est aussi un centre important de

réexportation vers les pays voisins et le Nigeria, de voitures d’occasion, textiles, alcool,

cigarettes, cosmétiques et autres produits de consommation. Des améliorations des

politiques commerciales restrictives de ces pays ont cependant affaibli la position du

Togo en tant que plateforme du commerce.

1.20 Agriculture : l’agriculture vivrière représente les deux tiers de la production

agricole. Le Togo produit également des cultures de rente, principalement le coton,

l’arachide, le café et le cacao. La production de coton a augmenté de façon continue, pour

atteindre un niveau record de 187 000 tonnes en 2002/2003. Depuis lors, elle a connu un

déclin constant à cause de facteurs extérieurs et intérieurs, notamment la chute des cours

mondiaux, une appréciation de la monnaie, la mauvaise gestion de l’entreprise publique

SOTOCO. Le coton reste une source majeure de revenu dans la partie nord du Togo.

Environ 250 000 producteurs et 100 000 travailleurs saisonniers sont concernés, ce qui

signifie qu’approximativement la moitié de la population rurale du Togo bénéficie de

revenus du coton. Le cacao et le café sont les deuxièmes sources d’exportation agricole,

bien qu’elles soient beaucoup moins importantes que le coton et aient baissé de manière

régulière au cours des dix dernières années. Leur production combinée a chuté de 35 000

tonnes en 1996/1997 à 11 000 tonnes en 2005/2006, à cause d’un manque d’entretien et

de replantation.

1.21 Etant donné les conditions agro-climatiques généralement favorables du pays et

son accès facile à l’océan, une série de cultures d’exportation pourraient être produites.

Elles incluent le caoutchouc, l’huile de palme, la noix de coco, le beurre de karité, les

fruits et légumes, les épices, les plantes aromatiques et les fleurs. La plupart de ces

cultures sont principalement laissée à l’initiative du secteur privé, étant donné les

ressources limitées et les autres priorités de l’État.

Zone franche de transformation pour l’exportation du Togo

1.22 Conscient qu’une orientation vers l’exportation et l’intégration régionale offraient

à un petit marché comme le Togo des possibilités de développement des plus

prometteuses, le gouvernement a mis en place la zone franche de transformation pour

l’exportation (ZFTE) en 1990.19

L’objectif de la ZFTE était de « stimuler au Togo le

développement des activités de transformation et de services pour l’exportation en

19 La loi portant création de la ZFTE a été votée en 1989. Celle-ci était la troisième zone du genre après celle de la

Mauritanie (1970) et du Sénégal (1974). Deux autres ZFTE ont été créées au Libéria (1976) et en RDC (1981) mais

n’ont jamais été opérationnelles.

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12

garantissant, aux entreprises opérant sous ce régime, les meilleures conditions de

compétitivité ». Le principal effort du cadre de cette politique consistait en un train de

mesures incitatives fiscales, même si d’autres services et mesures de facilitation ont été

offerts pour attirer les investissements potentiels. Tous ces aspects seront discutés dans

un chapitre séparé.

1.23 Croissance, composition sectorielle et destination des exportations de la ZFTE :

Entre 1990 et 2008, 276 projets ont été approuvés –la moitié a effectivement réalisé les

investissements – et 79 entreprises ont fermé. En 2008, 58 entreprises étaient en exercice

et 34 investisseurs avaient été approuvés et en étaient à différents stades de réalisation.20

Les ventes totales s’élevaient à 325 millions de dollars EU en 2008,21

dont 87,5 % ont été

exportés et les 12,5 % restants ont été vendus sur le marché local. Trois entreprises

représentaient à elles seules 46 % de la totalité des ventes et les 10 plus grandes

entreprises constituaient 82 % des ventes totales. Plus de 9 000 emplois permanents ont

été crées.

1.24 La caractéristique quelque peu surprenante et atypique de la composition

sectorielle de la ZFTE togolaise est l’importance de la part des industries à forte intensité

capitalistique : les industries chimiques et de production de clinker représentaient plus de

la moitié des ventes de la ZFTE en 2008 (56,3 %). Le secteur des services représente un

quart des ventes totales tandis que le reste (16,2 %) compte principalement des industries

à haute intensité de main d’œuvre.

1.25 Comment la ZFTE s’est-elle comportée par rapport aux objectifs établis ? Quels

sont les facteurs qui ont contribué à établir un climat d’investissement compétitif au sein

de la ZFTE ? Comment la ZFTE a-t-elle contribué à la vision du développement du

gouvernement et aux résultats escomptés ? Ces questions seront discutées dans le chapitre

consacré à la ZFTE.

Structure du rapport

1.26 La NPCI sera organisé comme suit. Le Chapitre 2 passe en revue les

performances des entreprises du secteur privé au Togo. Le Chapitre 3 aborde les

principaux obstacles à la conduite des affaires et met en évidence les contraintes du

climat d’investissement handicapant la création, les opérations et la croissance des

entreprises au Togo. Le Chapitre 4 analyse les performances et les contraintes de la

croissance des micro-entreprises togolaises. Le Chapitre 5 se concentre sur les facteurs

limitant l’accès au financement suivant les caractéristiques des entreprises et par rapport

aux pays de comparaison. Le Chapitre 6 examine les performances de la ZFTE, en se

basant sur les meilleures pratiques internationales. Le dernier chapitre résume la

conclusion et propose des options pour les politiques.

20 Ceci inclut l’installation, la mobilisation des fonds pour la construction. Sur la base des résultats enregistrés pour la

période 1990-2008, on peut supposer que certains dossiers approuvés n’ont pas abouti à une réelle création

d’entreprise. 21 Tous les montants exprimés en dollars EU ont été convertis au taux de change moyen (FMI) de 2008 : 1dollar EU =

477,5 francs CFA (XOF).

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13

CHAPITRE 2: PERFORMANCES DES ENTREPRISES

2.1. À quel point les entreprises togolaises sont-elles compétitives ? Les différentes

mesures des performances des entreprises fournies par l’enquête 2009 sur les indicateurs

permettent de calculer, entre autres, le taux de croissance des ventes et de l’emploi, la

productivité et le coût de la main d’œuvre par travailleur.22

Le présent chapitre expose

dans un premier temps la croissance de l’emploi et des ventes par type d’entreprises,

entre 2006 et 2009. Dans un deuxième temps, il traite des mesures de la productivité de

la main d’œuvre au Togo comparées à celles d’autres pays africains, et en fonction des

caractéristiques des entreprises, notamment leur taille et leur secteur.

I.

2.2. En moyenne, toutes les catégories d’entreprises ont déclaré une augmentation de

leurs ventes au cours des trois dernières années. Les données de l’enquête sur les

indicateurs permettent de calculer les taux de croissance des ventes et de l’emploi sur

trois ans. Les ventes de l’entreprise médiane togolaise ont augmenté de 20 % depuis

2006. Comme le montre le Tableau 1.1 ci-dessous, la croissance médiane des ventes

déclarée a été plus rapide dans les grandes entreprises que dans les petites et dans les

entreprises du secteur manufacturier que du secteur des services.23

Seules les grandes

entreprises et celles du secteur des services ont signalé une augmentation de l’emploi au

cours des trois dernières années.

Tableau 2.1 : Évolution des ventes et de l’emploi, 2006-2009

Emploi Ventes

Échantillon complet 0 % 20 %

Petites entreprises 0 % 12 %

Entreprises moyennes 5 % 23 %

Grandes entreprises 8 % 42 %

Services

Secteur manufacturier

6 %

0 %

15 %

28 %

Entreprises nationales 3 % 18 %

Entreprises étrangères 0 % 26 %

2.3. Ce résultat est surprenant étant donné que, dans le modèle habituel de croissance

des entreprises, les petites entreprises connaissent une croissance plus rapide que les

grandes, jusqu’à atteindre leur dimension optimale. Au Togo, la situation est inversée.

22 Il convient de noter que la productivité de la main d’œuvre n’est qu’une mesure partielle de la performance des

entreprises ; en effet, elle ne tient pas compte des autres facteurs de production. A cause d’un manque de données sur le

capital, la présente étude n’évalue pas la productivité globale des facteurs. Les données de l’exercice 2008 ont été

converties sur la base du taux de change en fin d’année : 495 francs CFA pour 1dollar EU. 23 Ces résultats doivent être analysés avec prudence. En effet, ils sont basés sur des données communiquées de

mémoire : il est demandé aux personnes interrogées de se rappeler ce qu’étaient leurs ventes et leurs effectifs trois ans

auparavant. Voir Deaton A. 1997 : The Analysis of Household Surveys: A Micro-econometric Approach to

Development Policy. Baltimore: Johns Hopkins University Press. La précision de ce type de données est souvent remise

en cause et est une source de débats.

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Deux explications sont possibles. La première pourrait être un dysfonctionnement du

marché lié soit au besoin d’investissements massifs dans les infrastructures (notamment

électriques), soit aux difficultés d’accès au financement. La deuxième pourrait être

l’importance des coûts de sortie pour les entreprises installées dans un pays où les coûts

d’entrée sont élevés, ce qui est incontestablement le cas du Togo (Doing Business de

2010).

2.4. Les entreprises togolaises créatrices d’emplois sont deux fois plus nombreuses

que celles dont les effectifs diminuent. Près de 50 % des entreprises ont déclaré que leurs

effectifs ont augmenté au cours des trois dernières années, tandis que 22 % disent avoir

réduit leur personnel. Dans ce domaine, la situation du Togo est comparable à celle des

autres pays, à l’exception du Ghana et du Burkina Faso où plus de 60 % des entreprises

ont déclaré avoir créé des emplois. Il est important de noter qu’il y aura toujours des

entreprises en déclin ou réduisant leur personnel. Les raisons sont multiples : départs à la

retraite, consolidation des pratiques commerciales, adaptation aux nouvelles

technologies, évolution de la demande, ou perte de compétitivité. Au Togo, les

entreprises créatrices d’emplois sont deux fois plus nombreuses que les celles dont les

effectifs baissent. Ce constat est encourageant car il révèle un certain dynamisme et le

développement de nouvelles opportunités.

Graphique 2.1 : Fréquence des créations et destructions d’emplois

II.

2.5. Au Togo, la productivité de la main d’œuvre dans le secteur des services est

inférieure à celle des pays de comparaison de la région. La production par travailleur est

la mesure de base de la productivité de la main d’œuvre. Pour que les résultats des

différents pays soient comparables, l’analyse a été limitée aux entreprises de services.24

24

Ce n’est que dans le secteur des services que l’enquête sur les indicateurs disposait de suffisamment

d’observations. Comme seules 36 entreprises du secteur manufacturier avaient fourni des données

complètes sur leurs ventes et leurs coûts de main d’œuvre, elles n’ont pas fait l’objet d’une analyse séparée.

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15

Le graphique 2.2 ci-dessous montre qu’au Togo, la production par travailleur de

l’entreprise médiane du secteur des services est d’environ 7 800 dollars EU, ce qui est

inférieur à celle des pays de comparaison, à l’exception du Ghana.25

Graphique.2.2 : Productivité de la main d’œuvre dans le secteur des services :

chiffre d’affaires par travailleur (en dollars EU).

Source: Enquêtes 2006-2009 auprès des entreprises (sur base du taux de change courant).

2.6. La productivité de la main d’œuvre varie fortement entre les entreprises, en

fonction de leurs caractéristiques. Comme le montre le Tableau 2.2 ci-dessous, sur les

145 entreprises de l’enquête, les entreprises manufacturières sont nettement plus

productives que les autres, les petites entreprises le sont beaucoup moins que les grandes,

et la productivité des entreprises étrangères est supérieure à celle des entreprises

nationales.26

Les entreprises exportatrices qui opèrent en dehors de la zone franche sont

plus productives que celles qui en font partie ; et celles-ci le sont plus que les entreprises

alimentant le marché intérieur.27

L’évaluation de la productivité de la main d’œuvre sur la

base de la valeur du chiffre d’affaires par travailleur pose un problème ; elle est en effet

généralement plus faible pour les entreprises à haute intensité de main d’œuvre (c'est-à-

dire celle qui utilisent peu de capital par travailleur). Étant donné que l’échantillon

d’entreprises manufacturières comprend des entreprises à haute intensité de capital,

comme les cimenteries, les différences de productivité peuvent résulter tout simplement

de différences dans l’utilisation du capital. Les données disponibles ne permettent pas

25

Comme pour toutes les comparaisons entre pays, ces résultats doivent être utilisés avec prudence. Outre

le fait que les enquêtes ont porté sur des années différentes, la productivité peut varier à cause de l

appartenance à différents secteurs, de différences dans l’utilisation du capital et de la taille des entreprises,

etc. La petite taille des échantillons de certaines industries n’a pas permis une analyse plus détaillée des

causes des écarts de productivité entre les pays. 26

Un examen statistique multicritères de l’importance de chacun de ces facteurs est présenté dans la section

suivante. 27

Les entreprises exportatrices n’appartenant pas à la zone franche, dont beaucoup sont étrangères,

alimentent à la fois les marchés intérieur et international, en exportent moins de 80 % de leur production.

Dans le secteur manufacturier, elles produisent notamment des tôles de toiture, du lait, de la bière, du fer à

béton, du savon et de l’ananas transformé (ananas séchés). Les entreprises du secteur des services opèrent

dans les services de transport, l’importation et l’exportation d’alcool, la vente d’automobiles, le fret, et les

services de courrier express, etc.

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16

d’évaluer la productivité totale des facteurs, qui mesure la productivité résiduelle après

prise en compte des différences dans l’apport de tous les facteurs.28

Tableau 2.2. Productivité et coûts médians de la main d’œuvre en fonction des

caractéristiques des entreprises

N Ventes/travailleur (en dollars EU)

Coûts unitaires de la main d’œuvre (Coûts/ventes en %)

Coûts de la main d’œuvre/travailleur (en dollars EU)

Echantillon complet 145 8081 15 1357

Petites entreprises 74 6487 24 1074

Entreprises moyennes 54 14610 14 1865

Grandes entreprises 17 55479 3 2289

Entreprises nationales 99 4714 26 938

Entreprises étrangères 46 42512 9 2330

Secteur des services 105 7800 23 1410

Secteur manufacturier 38 14366 11 1238

Marché intérieur 92 4579 29 938

Exportateurs zone franche 15 11770 13 1165

Autres exportateurs 38 48107 11 2605

III.

2.7. Le coût de la main d’œuvre au Togo est semblable à celui de l’ensemble des pays

de l’UEMOA. Pour une entreprise togolaise médiane, tous secteurs confondus, le coût

annuel de la main d’œuvre est de l’ordre de 1 357 dollars EU par travailleur, soit

l’équivalent d’environ 110 dollars EU par travailleur et par mois. Ces coûts sont

nettement inférieurs à ceux des entreprises de Maurice et du Cap-Vert, supérieurs à ceux

des entreprises ghanéennes, mais similaires à ceux des pays de l’UEMOA (Burkina Faso

et Sénégal).29

Cependant la faible productivité de la main d’œuvre n’est pas compensée

28

La question sur la valeur de remplacement du capital (machines et équipement) n’a été posée qu’aux

entreprises du secteur manufacturier. Sur les 38 entreprises manufacturières interrogées, seules 27 ont

répondu à cette question. Après élimination des observations aberrantes, il ne reste que 23 réponses

exploitables. Les médianes de ce petit sous-échantillon montrent que l’intensité de capital des entreprises

exportatrices de la zone franche (capital/travail = 8,6) est beaucoup plus élevée que celle des entreprises

orientées vers le marché intérieur (C/T = 4,9), qui à leur tour sont à plus haute intensité de capital que les

entreprises exportatrices hors zone franche (C/T = 2,3). 29

Il est important de noter que les enquêtes couvrent des périodes différentes. En raison de l’ajustement

périodique du salaire minimum, les salaires actuels des autres pays peuvent être plus élevés que ceux

présentés ici, même après ajustement en fonction des taux d’inflation. En outre, les fluctuations du franc

CFA (lié à l’euro) par rapport au dollar EU rendent les comparaisons en dollars plus difficiles à interpréter.

Néanmoins, nos observations sont dans l’ensemble conformes aux références constituées par les salaires

minima. Après une augmentation de 100 % en août 2008, le salaire minimum togolais a atteint aujourd’hui

28 000 francs CFA par mois et est proche de celui d’autres pays de la zone CFA, comme le Burkina Faso

(30 684 francs CFA/mois), le Sénégal (36 219 francs CFA/mois) et la Côte d’Ivoire (36 607 francs

CFA/mois). Les salaires réels des travailleurs non qualifiés sont habituellement corrélés avec le salaire

minimum, mais ceux des autres catégories de travailleurs peuvent s’en écarter sensiblement étant donné

qu’ils sont déterminés dans le cadre de conventions collectives, c’est-à-dire une négociation collective entre

employeurs et syndicats, dont les résultats sont ensuite entérinés par le gouvernement.

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17

par des coûts proportionnellement plus bas. Les coûts unitaires de la main d’œuvre –

mesurés par le ratio entre les coûts de la main d’œuvre et le total des ventes – sont plus

élevés au Togo, dans le secteur des services, que dans l’ensemble des autres pays de la

région. Au Togo les coûts de la main d’œuvre représentent 23 % des ventes dans le

secteur des services, contre seulement 13 % au Cap Vert et 17 % à Maurice.

Graphique 2.3 : Coûts de la main d’œuvre par travailleur (en dollars EU) et coûts unitaires

de la main d’œuvre (en pourcentage) dans le secteur des services

Source : Enquêtes auprès des entreprises 2006-2009.

(Note : sur la base des taux de change courants).

2.8. Les coûts de la main d’œuvre sont nettement plus élevés dans les grandes

entreprises. Au Togo, les coûts de la main d’œuvre diffèrent considérablement d’une

entreprise à l’autre : ils sont nettement plus élevés dans les grandes entreprises (2 289

dollars EU par an) que dans les petites (1 074 dollars EU par an). Les entreprises

étrangères accordent des salaires beaucoup plus importants que les entreprises nationales.

Les niveaux de salaires sont semblables dans les services et dans le secteur

manufacturier, et les entreprises exportatrices de la zone franche pratiquent des salaires

équivalents à ceux des entreprises non exportatrices. Les salaires médians des

exportateurs ne faisant pas partie de la zone franche sont nettement supérieurs à ceux

pratiqués par les exportateurs de la ZFTE.

2.9. Les coûts unitaires de la main d’œuvre sont beaucoup plus élevés dans les petites

entreprises et dans celles desservant le marché intérieur. Les coûts unitaires de la main

d’œuvre sont mesurés par le ratio entre les coûts de la main d’œuvre et le chiffre

d’affaires. Les entreprises peuvent rester compétitives si une faible productivité

s’accompagne de niveaux de salaires proportionnellement plus bas. Les entreprises dont

les coûts unitaires de la main d’œuvre sont élevés sont moins compétitives que celles

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18

dont les coûts sont plus faibles.30

L’examen du tableau ci-dessus montre que les coûts de

la main d’œuvre représentent 26 % du chiffre d’affaires dans les petites entreprises,

contre seulement 3 % dans les grandes entreprises, reflétant une utilisation beaucoup plus

efficace de la main d’œuvre. De même, les coûts unitaires de la main d’œuvre des

entreprises étrangères sont deux fois plus faibles que ceux des entreprises nationales.

Quant aux coûts de la main d’œuvre des exportateurs non ZFTE, ils sont inférieurs à ceux

des entreprises non exportatrices et des exportateurs de la zone franche.

2.10. Le marché du travail est relativement rigide. L’indicateur Doing Business classe

le Togo à la 159e place (sur 183 pays) en ce qui concerne l’emploi de la main d’œuvre.

Tableau 2.3 : Indice de l’emploi pour les pays de comparaison

Emploi de la main d’œuvre

Pays Classement

Indice de la difficulté de recrutement

(0-100)

Indice de la rigidité des

horaires (0-100)

Indice des problèmes de

sureffectifs (0-100)

Indice de la rigidité de l’emploi (0-100)

Coûts du sureffectif (semaines

de salaires)

Bénin 139 39 40 40 40 36

Burkina Faso 82 33 20 10 21 34

Cap-Vert 167 33 33 70 46 93

Côte d'Ivoire 129 33 47 20 33 49

Ghana 133 11 20 50 27 178

Maurice 36 0 33 20 18 4

Maroc 176 89 40 50 60 85

Nigeria 37 0 0 20 7 50

Sénégal 172 72 53 50 59 38

Togo 159 83 40 40 54 36

2.11. L’indice Doing Business de rigidité globale de l’emploi, qui tente d’évaluer les

difficultés de recrutement et de licenciement des travailleurs ainsi que la rigidité des

horaires, est plus élevé au Togo que dans tous les autres pays de comparaison à

l’exception du Sénégal et du Maroc.

IV.

2.12. Le Tableau 1 de l’Annexe 2.1 présente une analyse multicritères des déterminants

de la productivité de la main d’œuvre. Nous examinons les différences de performance

des entreprises, après prise en compte des effets liés à leur âge, à leur taille et à leur

30

Il s’agit là d’une mesure partielle de la compétitivité, qui ne prend pas en compte les différences de

productivité liées à l’utilisation du capital, ni les coûts externes résultant de l’environnement des affaires. À

cause du manque de mesures du capital dans l’ensemble actuel des données, il est impossible d’estimer la

productivité totale des facteurs.

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19

secteur d’activité.31

Quatre séries de facteurs sont ainsi étudiés : la nationalité du capital

de l’entreprise, son insertion dans le commerce mondial (exportateur ou non), le recours

au système financier formel, ainsi que l’éducation, la technologie et les qualifications des

travailleurs. La dernière colonne assemble toutes les variables en une seule régression.

Les paragraphes suivants résument les principaux résultats de cette analyse.

2.13. Le capital humain et l’utilisation des technologies de l’information et de la

communication (TIC) sont importants. Les entreprises les plus productives sont dirigées

par des universitaires. Leur productivité est supérieure de 82 % à celle des autres, après

prise en compte de l’influence d’autres facteurs tels que l’accès au financement, la

nationalité du capital de l’entreprise, etc. De même, la productivité des entreprises

utilisant internet pour communiquer avec leurs fournisseurs et clients est plus de deux

fois supérieure à celle des entreprises n’ayant pas accès à internet.

2.14. L’emploi de travailleurs temporaires est corrélé avec une productivité de la main

d’œuvre nettement plus faible. Les entreprises investissent rarement dans la formation de

ces travailleurs. L’emploi de travailleurs temporaires s’accompagne d’une plus faible

productivité et peut être motivé par son moindre coût et un niveau plus faible de

protection sociale.

2.15. Les entreprises étrangères sont plus efficaces. Les entreprises togolaises détenues

totalement ou partiellement par des étrangers sont nettement plus efficaces que les

entreprises détenues par des nationaux. L’investissement direct étranger dans une

entreprise est très souvent accompagné d’une expertise technique, d’une application des

pratiques modèles internationales et d’un meilleur accès au financement.

2.16. Le financement extérieur, notamment l’accès aux découverts bancaires pour

financer les fonds de roulement, s’accompagne d’une meilleure productivité. Les prêts et

lignes de crédit sont aussi positivement corrélés avec la productivité, mais deviennent

insignifiants quand on prend en considération d’autres variables telles que le capital

étranger.

2.17. L’exportation est positivement associée à la productivité. Nous avons séparé les

entreprises exportatrices en deux groupes : celles opérant en dehors de la ZFTE et celles

qui en font partie. Il apparaît que les exportateurs opérant en dehors de la ZFTE sont

nettement plus productifs que ceux en faisant partie. L’essentiel de cet écart de

productivité peut s’expliquer par d’autres caractéristiques des entreprises telles que la

nationalité du capital, le niveau d’éducation, l’utilisation d’internet et l’accès aux

découverts bancaires.

31

Il nous semble important de souligner une nouvelle fois que nous ne disposons pas de mesures du capital

sous forme d’immobilisations corporelles, et que nos mesures sont donc partielles et peuvent ne pas refléter

la compétitivité globale des entreprises. Néanmoins, des estimations multicritères permettent d’étudier les

facteurs statistiquement significatifs, corrélés avec la productivité de la main d’œuvre, après neutralisation

des effets du secteur et de la taille des entreprises.

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20

2.18. La plupart des différences de productivité selon la taille des entreprises sont liées

à des caractéristiques sous-jacentes de ces entreprises,32

telles que l’orientation vers

l’exportation, l’appartenance aux capitaux étrangers, l’utilisation des TIC, le niveau

d’éducation et l’accès aux découverts bancaires. Les entreprises plus grandes sont plus

efficaces que les plus petites et sont aussi capables d’affronter la concurrence régionale

parce qu’elles sont plus susceptibles de présenter ces caractéristiques et parce que leur

meilleure productivité n’est pas amoindrie par des coûts de main d’œuvre

proportionnellement plus élevés. Des politiques donnant aux petites entreprises l’accès

aux mêmes avantages et services auraient un impact positif sur leur productivité et leur

croissance.

32

La valeur des coefficients de corrélation relatifs à la taille (grande ou moyenne) des entreprises diminue

et devient insignifiante quand on prend en considération d’autres facteurs (Le Modèle 10 au lieu du Modèle

1).

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21

CHAPITRE 3: L’ENVIRONNEMENT DES AFFAIRES AU TOGO

3.1. Le chapitre portant sur l’environnement des affaires est structuré comme suit : la

première section donne une vue d’ensemble des principaux goulets d’étranglement

entravant les activités économiques, goulets identifiés par les gestionnaire d’entreprises

togolaises. Les différences dans le classement des contraintes seront examinées à la

lumière des caractéristiques des entreprises. La seconde section analyse de manière

approfondie les principales contraintes graves : gouvernance et corruption ;

réglementations étatiques, y compris taux d’imposition et administration des impôts;

commerce transfrontalier ; et fourniture et coût des infrastructures. Le problème de

l’accès au financement sera étudié séparément dans le chapitre 5.

3.2. Pour attirer de nouveaux investisseurs et pour aider les entreprises nationales à

entrer en compétition dans le marché régional, le Togo doit continuer à progresser dans

son processus de réforme du CI. En s’attachant aux contraintes du CI à travers divers

pays, y compris des pays régionaux de référence, cette analyse met en lumière les

obstacles et les opportunités que le Togo rencontrera s’il veut réaliser sa vision : devenir

une plaque-tournante régionale pour les services et le commerce.

I.

3.3. Afin d’évaluer le climat général d’investissement, il a été demandé aux

entreprises de définir dans quelle mesure certains aspects de l’environnement des affaires

représentaient des obstacles à leur bonne marche.

Graphique 3.1: Perceptions relatives à l’environnement des affaires

Source : Enquête à Indicateurs du Togo, 2009

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1

L’enquête demande aux chefs et gestionnaires d’entreprises d’évaluer l’effet de quinze

différents types d’obstacles sur leurs activités33

. Le classement de ces contraintes est

présenté dans le graphique 3.1.

3.4. L’instabilité politique, la corruption et l’accès au financement ont été le plus

souvent identifiés par les gestionnaires comme des contraintes majeures aux opérations

et à la croissance de leur entreprise. Comme l’indique le graphique 3.1., près des trois

quart de l’ensemble des entreprises ont identifié l’instabilité politique et la corruption

comme des contraintes majeures, tandis que l’accès au financement était noté comme une

contrainte majeure par 60 % des entreprises. La concurrence des entreprises informelles,

l’électricité, les taux d’imposition et l’administration fiscale ont été signalés comme des

contraintes majeures par plus de 40 à 50 % des entreprises.

3.5. La perception des obstacles varie selon les entreprises. La corruption et

l’instabilité politique demeurent une préoccupation majeure pour les entreprises de toutes

les tailles et de tous les secteurs. Toutefois, les petites entreprises sont plus de deux fois

plus susceptibles (67 %) que les grandes entreprises (27 %) de considérer l’accès au

financement comme un obstacle majeur, mais deux fois moins susceptibles.

Tableau 3.1: Classement des contraintes commerciales selon le type d’entreprise au Togo

TAILLE SECTEUR PROPRIÉTÉ

Échantillon complet

Petite Moyenne Grande Non Manuf.

Manufacturière Nationale Étrangère

Électricité 51 % 52 % 45 % 63 % 54 % 38 % 53 % 37 %

Transport 32 % 36 % 12 % 38 % 33 % 30 % 35 % 11 %

Douanes et réglementation du commerce

28 % 27 % 30 % 21 % 25 % 38 % 26 % 35 %

Concurrence des entreprises informelles

55 % 57 % 46 % 60  % 52 % 65 % 58 % 38 %

Accès au foncier 17 % 20 % 7 % 5 % 19 % 10 % 19 % 7 %

Crime, vol et troubles civils

23 % 24 % 15 % 27 % 26 % 8  % 23 % 18 %

Taux d’imposition 44 % 45 % 36 % 31 % 39 % 61 % 47 % 25 %

Administration fiscale 42 % 42 % 41 % 40  % 39 % 55 % 46 % 14 %

Obtention de permis d’exploitation commerciale

16 % 14 % 25 % 17 % 17 % 14 % 18 % 7 %

Instabilité politique 74 % 77 % 66 % 64 % 73 % 79 % 79 % 46 %

Corruption 70 % 71 % 63 % 75 % 68 % 78 % 75 % 38 %

Tribunaux 34 % 33 % 32 % 66 % 31 % 44 % 36 % 16 %

Réglementation du travail 3 % 4 % 0 % 0 % 4 % 0 % 4 % 0 %

Compétences de la main-d’œuvre

17 % 19 % 8  % 25 % 20 % 5 % 16 % 27 %

Accès au financement 59 % 62 % 44 % 27 % 56 % 72 % 63 % 31 %

N 155 81 55 19 113 42 108 47

33

L’Enquête à Indicateurs demande aux gestionnaires des entreprises d’évaluer, dans chacun des 15 domaines du

climat d’investissement, la magnitude des obstacles auxquels ils se heurtent dans la conduite de leurs opérations. Ils

répondent en évaluant chaque obstacle sur une échelle de cinq points, allant de « pas un obstacle »  à « obstacle très

sérieux ». La Figure 3.1 montre le pourcentage de chaque type d’entreprise qui a évalué chaque domaine comme

« obstacle majeur »  ou « obstacle très sérieux ».

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1

(33 %) que les grandes entreprises (66 %) de considérer le fonctionnement des tribunaux

comme une préoccupation majeure. Plus de la moitié des entreprises manufacturières ont

signalé les taux d’imposition (61 %) et l’administration fiscale (55 %) comme constituant

une contrainte majeure, contre 39 % des entreprises du secteur tertiaire.

3.6. Les entreprises étrangères perçoivent en général moins de contraintes. Les

douanes et la réglementation du commerce, ainsi que les compétences de la main-

d’œuvre, étaient les seuls domaines que les entreprises étrangères étaient plus

susceptibles de signaler comme une contrainte majeure : 26 % des entreprises nationales

considèrent la réglementation comme une contrainte majeure, contre 35 % des entreprises

étrangères, tandis que 16 % des entreprises nationales considèrent la question des

compétences comme une contrainte majeure, contre 27 % des entreprises étrangères34

.

3.7. Contrainte unique la plus importante : En plus de devoir classer les contraintes à

partir d’une liste de goulets d’étranglement, il a été demandé aux gestionnaires des

entreprises d’identifier leur plus grande contrainte35

. L’accès au financement, l’instabilité

politique et la concurrence des entreprises informelles ont été cités comme la contrainte

unique la plus importante aux activités : un quart des entreprises ont signalé l’accès au

financement comme le plus grand obstacle à leurs opérations (graphique 3.2.). Un autre

quart a identifié l’instabilité politique comme le problème unique le plus important qui

affectait leurs activités, . Environ un dixième des entreprises ont identifié la concurrence

des entreprises informelles, la corruption et l’électricité comme l’obstacle le plus

important. Les thèmes de l’accès au financement et de l’instabilité politique sont revenus

fréquemment.

34 Mise en garde : il faut noter que certaines de ces contraintes sont endogènes et que leur agrégation peut s’avérer

difficile. 35 En théorie, les réponses à cette question peuvent être assez différentes des réponses à la question de savoir si certains

domaines du climat d’investissement constituent de sérieux problèmes. Par exemple, nous supposerons qu’un groupe

important d’entreprises (disons 20 % des entreprises) est fortement préoccupé par un seul problème, qui ne préoccupe

pas du tout les autres. Si les entreprises qui sont très préoccupées classent toutes ce problème comme le plus grand

auquel elles font face, celui-ci figurerait alors parmi les principales contraintes à cause du pourcentage d’entreprises qui

l’ont mentionné comme problème principal. Cependant, si peu des autres entreprises le considèrent comme une

contrainte sérieuse, alors il ne figurerait pas parmi les préoccupations principales (par exemple, pour les principaux

obstacles, 35 à 40 % des entreprises les ont identifiés comme tels). En résumé, la première question mesure quelque

chose qui se rapporte à l’étendue du problème (c.-à-d. combien d’entreprises ont affirmé qu’il s’agissait d’un problème

sérieux), tandis que la seconde mesure la profondeur du problème (c.-à-d. combien d’entreprises ont affirmé qu’il

s’agissait du plus grand problème auquel elles se heurtent).

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2

Graphique 3.1: Les plus grands obstacles aux opérations et à la croissance des entreprises

au Togo

II.

3.8. Cette section examine en détail certains goulets d’étranglements critiques.

Premièrement, nous examinerons l’instabilité politique et les questions de gouvernance.

Ensuite, nous nous pencherons sur la question connexe de la corruption, en séparant ses

multiples manifestations, telles que les réglementations étatiques, y compris les taux

d’imposition et l’administration fiscale, les douanes et la réglementation du commerce,

les cartes d’opérateur économique et autres autorisations d’installation, et la

réglementation du travail. Les contraintes associées à la gouvernance et à la fourniture de

services seront aussi abordées. Enfin, les contraintes en matière de provision et de coût

des infrastructures - électricité et télécommunications - seront aussi étudiées. Cette

analyse s’appuie sur de multiples sources d’informations, y compris les indicateurs Doing

Business et les Indicateurs de gouvernance de la Banque mondiale.

3.9. Instabilité politique et développement du secteur privé : En tant que première

contrainte signalée par les entreprises au Togo, l’instabilité politique est une entrave

majeure au développement du secteur privé36

. L’instabilité politique et l’incertitude qui

en résulte rendent l’exploitation et l’expansion des entreprises risquées et coûteuses du

point de vue des investisseurs, en particulier des investisseurs étrangers. Parallèlement,

l’instabilité politique influence la gouvernance et, en conséquence, la capacité du

gouvernement à entreprendre des réformes.

36 Il est peut-être utile de préciser que le Togo est dirigé depuis 43 ans par la même famille. L’expression « instabilité

politique » n’y a apparemment pas la même connotation que dans les autres pays : au Togo, elle peut être interprétée

comme la suppression des revendications démocratiques.

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3

Graphique 2.3: Togo - Comparaison entre 2006, 2007 et 2004

Source : Kaufmann D., A. Kraay and M. Mastruzzi 2009 : Governance Matters VIII : Governance

Indicators for 1996-2008

Note : les indicateurs de gouvernance présentés ici agrègent les vues d’un grand nombre d’entreprises, de

citoyens et de réponses à des enquêtes d’experts, dans les pays industrialisés et dans les pays en

développement, sur la qualité de la gouvernance. Ces données proviennent d’un certain nombre d’instituts

de sondages, de think tanks, d’ONG et d’organisations internationales. Ils ne reflètent pas les vues

officielles de la Banque mondiale, de ses administrateurs ou des pays que ces derniers représentent. Ils ne

sont pas utilisés par la Banque mondiale à des fins d’allocation de ressources.

3.10. Comme l’indique le graphique 3.3, le Togo n’affiche pas une bonne performance

sur les multiples dimensions de la gouvernance, même si certaines améliorations ont été

notées depuis 2004 (Kaufmann, Kraay et Mastruzzi 2008)37

.Le Togo se situe dans le

quartile inférieur pour tous les indicateurs de gouvernance sauf un - ces indicateurs sont

tous critiques pour le climat d’investissement. Si l’on s’attache à l’indicateur « Efficacité

du Gouvernement », la performance du Togo n’est pas seulement mauvaise en termes

absolus mais aussi par rapport aux pays régionaux de référence (graphique 3.4)

37 Les six dimensions de la gouvernance regroupent la stabilité politique ; la voix et la redevabilité ; la stabilité

politique et l’absence de violences ; l’efficacité et la qualité de la réglementation étatique ; l’État de droit ; et le contrôle

de la corruption.

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4

Graphique 3.33: Efficacité du Gouvernement (2008)

Source : Kaufmann D., A. Kraay and M. Mastruzzi 2009 : Governance Matters Viii : Governance

Indicators for 1996-2008

Note : les indicateurs de gouvernance présentés ici agrègent les vues d’un grand nombre d’entreprises, de

citoyens et de réponses à des enquêtes d’experts dans les pays industrialisés et dans les pays en

développement sur la qualité de la gouvernance. Ces données proviennent d’un certain nombre d’instituts

de sondages, de think tanks, d’ONG et d’organisations internationales. Ils ne reflètent pas les vues

officielles de la Banque mondiale, de ses administrateurs ou des pays que ces derniers représentent. Ils ne

sont pas utilisés par la Banque mondiale à des fins d’allocation de ressources.

3.11. Corruption et Gouvernance : La gouvernance est étroitement liée à la question de

la corruption, qui demeure une préoccupation principale pour les cadres du Togo, plus

que dans tout autre pays de référence, à l’exception de la Côte d’Ivoire (voir graphique

3.6) : 71 % des entreprises du Togo l’identifient comme une contrainte majeure. A

première vue, ce résultat peut sembler ne pas s’accorder avec les résultats des autres pays,

en particulier des pays comme le Nigéria, où la gouvernance est traditionnellement

considérée comme mauvaise. Outre la mise en garde générale concernant l’utilisation

prudente des indicateurs de perception selon les pays38

, une explication pourrait être que

la corruption n’est pas un problème endémique au Togo auquel les entreprises se seraient

ajustées (comme c’est probablement le cas au Nigéria), mais indique plutôt des

38Les points de repère des entreprises différent peut-être selon les pays : une famille pauvre d’un pays de

l’OCDE  pourra se sentir « plus pauvre » qu’une famille plus indigente d’un pays à faible revenu; de même, une

entreprise d’Afrique du  Sud pourra considérer la corruption comme un problème plus grave qu’une entreprise du

Nigéria, par exemple, même si la corruption est plus endémique dans ce dernier pays.

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5

changements récents dans l’environnement des affaires. Le graphique 3.3. permet

d’étayer ce raisonnement : la performance du Togo en ce qui concerne le contrôle de la

corruption était meilleure en 2004 qu’en 2008.

3.12. Dissocier les nombreuses facettes de la corruption. Tout comme dans la plupart

des pays en développement, les entreprises togolaises ont des contacts fréquents avec les

autorités fiscales et les organismes de réglementation qui cherchent à mettre en œuvre un

ensemble de normes – notamment pour les taux d’imposition et l’administration fiscale,

les douanes et la réglementation du commerce, les diverses autorisations, et la

réglementation du travail, Dans beaucoup de cas, les normes sont économiquement ou

socialement souhaitables, mais leur application relève souvent d’un pouvoir

discrétionnaire et est, par conséquent, associée à un harcèlement bureaucratique et à la

corruption. Tout ceci se traduit par une imprévisibilité et des coûts financiers, les

entreprises gaspillant du temps et de l’argent à chercher des mesures de mitigation, ce qui

est aussi très coûteux pour l’économie. Par rapport aux pays de référence, la « qualité de

la réglementation » du Togo est mauvaise en termes relatifs et absolus (graphique 3.5.)

Graphique 3.4: Qualité de la réglementation (2008)

Source : Kaufmann D., A. Kraay and M. Mastruzzi 2009 : Governance Matters Viii : Governance

Indicators for 1996-2008

Note : les indicateurs de gouvernance présentés ici agrègent les vues d’un grand nombre d’entreprises, de

citoyens et de réponses à des enquêtes d’experts dans les pays industrialisés et dans les pays en

développement sur la qualité de la gouvernance. Ces données proviennent d’un certain nombre d’instituts

de sondages, de think tanks, d’ONG et d’organisations internationales. Ils ne reflètent pas les vues

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6

officielles de la Banque mondiale, de ses administrateurs ou des pays que ces derniers représentent. Ils ne

sont pas utilisés par la Banque mondiale à des fins d’allocation de ressources.

3.13. Il existe aussi des indications de corruption au niveau de la fourniture des services

- par exemple, verser des paiements illicites pour être raccordé plus vite au réseau

électrique - et pour influencer les transactions fiscales ou le système judiciaire. L’on peut

soutenir que les nombreuses facettes de la corruption ont probablement contribué à

l’expansion du secteur informel, au manque de diversification et à d’autres stratégies

visant à éviter les risques.

Graphique 3.5: Entreprises identifiant la corruption comme une contrainte majeure

3.14. La corruption n’est pas toujours complètement prise en compte par les

indicateurs « objectifs » : alors que 71 % des entreprises du Togo perçoivent la

corruption comme une contrainte majeure, moins de 20 % signalent qu’elles ont dû faire

des paiements illicites pour que leurs demandes soient exécutées (Graphique 3.6).

Comment expliquer la différence apparente entre les indicateurs de perception et les

indicateurs objectifs ? En premier lieu, les questions relatives aux perceptions sont posées

en termes généraux alors que les indicateurs objectifs sont particuliers aux entreprises.

Les premières n’engagent à rien et il est donc facile d’y répondre. En revanche, les

indicateurs objectifs amènent à reconnaître que l’entreprise a été impliquée dans un cas

de corruption - ce qui, dans un pays avec peu de « voix et de redevabilité », peut motiver

l’autocensure. En second lieu, une analyse plus approfondie des différents types de

paiements illicites (tableau 3.2) indique qu’il existe certains types d’autorisations ou de

contrats pour lesquels la recherche d’avantages personnels semble plus courante, Cette

situation a des répercussions sur l’ensemble de l’économie. En ce qui concerne la

prestation de services, la recherche d’avantages personnels est plus courante pour accéder

aux services électriques et téléphoniques qu’aux services d’approvisionnement en eau :

environ 17 % des entreprises signalent avoir effectué des paiements illicites pour obtenir

une connexion au réseau électrique et 16 % pour obtenir une ligne de téléphone fixe,

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7

alors que 6 % seulement signalent avoir effectué ce type de paiement pour obtenir un

raccordement d’eau.

Tableau 3.2: Togo : Analyse des différents types de paiements illicites

% des entreprises

devant faire

un cadeau pour obtenir

une licence d’exploitation

% des

entreprises devant

faire un

cadeau pour

obtenir un permis de

construire

% des entreprises

devant

faire un cadeau

pour

obtenir une

connexion électrique

% des

entreprises

devant faire un cadeau

pour obtenir

une connexion

téléphonique

% des

entreprises

devant faire un cadeau

pour obtenir

un raccordement

d’eau

% des entreprises

devant

faire un cadeau

lors de

réunions avec les

services fiscaux

% des

entreprises devant

faire un

cadeau pour

obtenir un contrat

public

Bénin 44,63 47,3 48,84 31,35 48,29 26,82 60,6

Burkina

Faso

4,07 14,72 16,12 5,96 5,76 7,09 18,79

Cap-

Vert

0 2 3,77 1,67 2 10,42 14,08

Côte d’Ivoire

31,8 11,65 16,06 5,24 3 13,62 32,34

Ghana 22,6 47,6 32,31 16,1 31,79 18,08 61,23

Île

Maurice

0 15,87 55 4,01 0 28 8,81

Maroc 0 15,28 5 4,08 4,17 10,74 6,38

Nigéria 40,29 52,97 39,33 24,23 32,81 22,85 44,57

Sénégal 21,09 13,84 3,48 3,19 3,58 18,66 36,32

Togo 11,76 25,0 17,1 16,0 6,3 13,5 30,0

3.15. La recherche d’avantages personnels de la part de fonctionnaires est plus

fréquente lors des demandes de permis de construire par les entreprises ou dans les

contrats de fourniture de produits ou de services commerciaux à l’État: un quart des

entreprises signalent que des paiements illicites sont nécessaires dans ces situations. En

troisième lieu, les entreprises peuvent attribuer la corruption à des questions liées au

népotisme ou à la culture des « relations » qui est parfois difficile à mesurer ou à suivre.

En quatrième lieu, l’enquête auprès des entreprises ne capture pas forcément toutes les

dimensions saillantes de la corruption au  Togo, ce que renforce une analyse des résultats

du rapport Doing Business au Togo. La section ci-dessous met en lumière les domaines

spécifiques de contraintes réglementaires - mesurées par les Indicateurs Doing Business -

qui peuvent servir d’instrument puissant pour réduire la corruption au  Togo.

Réduction de la corruption au moyen des Indicateurs Doing Business

3.16. Le Togo est classé 165e sur 183 pays dans le monde, et 30

e sur 43 pays d’Afrique

subsaharienne, selon l’édition 2010 de  Doing Business (Tableau 1.1)39

. Sur les 183 pays

couverts par Doing Business, les notes les plus défavorables concernent la création

39

Le rapport Doing Business fournit des informations complémentaires sur dix dimensions de la réglementation (voir

Tableau 1.1). En s’appuyant sur des études d’experts, les indicateurs Doing Business apportent une perspective

comparative transnationale sur un ensemble détaillé de réglementations, mais ne donnent pas la perspective des

entreprises sur la véritable envergure des obstacles en matière de réglementation et d’infrastructures dans un pays.

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8

d’entreprise (170) 40

; la réglementation du travail (159) ; le transfert de propriété et la

fiscalité (155) ; l’exécution des contrats (154) ; l’octroi des permis de construire (152), et

l’obtention de crédit (150).

Tableau 3.3: Traitement des permis de construire

Traitement des permis de construire Togo Afrique

subsaharienne

Moyenne

OCDE

Procédures (nombre) 15 17 15

Durée (jours) 277 251 157

Coût (% du revenu par habitant) 1 285 % 1 956 % 56 %

Enregistrement de la propriété Togo Afrique

subsaharienne

Moyenne

OCDE

Procédures (nombre) 5 7 5

Durée (jours) 295 81 25

Coût (% du revenu par habitant) 13 % 10 % 5 %

3.17. Autorisation d’installation : Peu d’entreprises ont mentionné que les procédures

d’autorisation d’installation / d’obtention de la carte d’opérateur économique

représentaient une contrainte sévère pour leurs opérations. Ce n’est pas surprenant

puisque l’enquête ne comprend que des opérateurs qui sont déjà sur le marché et qu’elle

ne donne donc pas une image complète de la réalité. Un système complexe

d’autorisations dissuade toutefois fortement de créer une entreprise.

Tableau 3.4: Procédures d’octroi d’autorisation et de permis dans les pays de référence

Nb de jours pour

obtenir une

autorisation

d’installation

Nb de jour pour

obtenir un permis de

construire

Bénin 2009 64 44

Burkina Faso 2009 36 61

Cap-Vert 2006 10 80

Côte d’Ivoire 2009 15 91

Ghana 2007 6 41

Île Maurice 2009 19 72

Maroc 2007 3 61

Nigéria 2007 13 11

Sénégal 2007 21 39

Togo 2009 56 62

40

Pour le sous indicateur « création d’entreprise », le Togo se situe en 170e position, principalement en raison du

nombre excessif de jours nécessaires (75) pour cette création, selon le rapport. Actuellement, les procédures de création

d’entreprises prennent en moyenne 53 jours (alors que la norme réglementaire est de 14 jours).

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9

3.18. Les procédures d’obtention de l’autorisation d’installation sont très coûteuses au

Togo par rapport à tous les autres pays de référence. L’édition 2010 de Doing Business

rapporte que les coûts de création d’une entreprise représentent l’équivalent de 1 285 %

du revenu par habitant, soit bien plus que dans tous les autres pays de référence sauf le

Ghana.

3.19. Les procédures d’obtention d’autorisations et de permis prennent plus longtemps

au Togo que dans presque tous les autres pays de référence. Au Togo, les entreprises

signalent qu’il leur a fallu en moyenne 56 jours pour obtenir l’autorisation d’installation

et plus de deux mois pour un permis de construire. Même si l’obtention d’un permis de

construire prend également du temps dans presque tous les autres pays, il ne faut que 3

jours pour obtenir une autorisation d’installation au Maroc et 6 au Ghana (Tableau 3.4).

3.20. Administration fiscale et taux d’imposition : Les taux d’imposition sont classés

comme une préoccupation majeure par 40 % des entreprises togolaises, et une proportion

similaire inscrit l’administration fiscale au nombre des problèmes majeurs (graphique

3.7). L’administration fiscale constitue une plus grande préoccupation pour les

entreprises togolaises que pour celles de beaucoup des pays de référence. C’est aussi le

cas des taux d’imposition, mais dans une moindre mesure.

Graphique 3.6: Classement des taux d’imposition et de l’administration fiscale comme des

contraintes majeures : Comparaisons entre pays

3.21. Le taux d’imposition total au Togo est plus élevé que celui de plusieurs pays de la

région. Selon l’enquête 2010 de Doing Business, le taux d’imposition total41

calculé pour

les entreprises représente 53 % du bénéfice total, ce qui est beaucoup plus élevé que celui

de Maurice (23 %) ou du Ghana (33 %), mais semblable à celui d’autres pays de la région

(Graphique 3.8). L’édition 2010 de Doing Business classe le Togo vers le bas de l’échelle

41

Le taux d’imposition total est la somme des taxes sur les bénéfices, des taxes et contributions salariales et

d’autres impôts sur les sociétés.

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10

(155e e sur 183 pays) par rapport à son taux d’imposition total, ce qui confirme la

préoccupation exprimée par de nombreux gestionnaires d’entreprise.

Graphique 3.7 : Total des taxes payées

Source : Enquête à Indicateurs, 2009

3.22. Une analyse plus approfondie du

système fiscal révèle de multiples taxes dont

une entreprise formelle au Togo doit s’acquitter

(Encadré 3.1). Les récentes Lois des Finances

de 2009 et 2010 ont réduit l’impôt sur les

bénéfices (IS) de 37 à 27 % pour les entreprises

industrielles et de 40 à 30 % pour toutes les

autres catégories. Le nouveau taux d’imposition

sur les bénéfices est aligné sur celui de la

plupart des autres pays UEMOA.

3.23. La taxe sur les salaires de 7 % est

considérée contre-productive dans un pays où le

taux de chômage est élevé et où la création

d’emplois constitue une priorité42

. Le Togo et le

Bénin sont les deux seuls pays UEMOA  qui

42

Le secteur formel (à l’exception des administrations centrales et locales) n’emploie qu’une petite partie de la

population active. Les estimations varient considérablement selon la source. L’estimation la plus fiable du point de vue

méthodologique semble être celle qui a été faite dans le rapport Le marché du Travail au Togo, CERDI / Maxwell

Stamp, 1999, de Jean-Michel Marchat. Ce rapport estime à 73 000 le nombre d’employés du secteur moderne (formel),

dont 18 000 dans le secteur privé (1,1 % de la population active, c.-à-d. la population âgée entre 15 et 64 ans) et 65 000

dans les administrations centrales et locales, les entreprises parastatales et organisation assimilées (4 % de la population

active). Ces estimations demeurent essentiellement valides, avec toutefois quelques ajustements. La plupart des

privatisations avaient été complétées en 1999 ; en conséquence, aucun transfert important d’entreprises parastatales

vers le secteur privé ne devrait avoir eu lieu depuis cette année. Si des changements s’étaient produits, cela aurait été

probablement une chute des emplois dans le secteur privé due à la crise économique que le pays a traversé.

Encadré 3.1: Taxes pour une enterprise formelle au Togo Taxes directes

Taxe sur les bénéfices: 27 % pour les

enterprises industrielles ; 30 % pour les

autres, ou une taxe minimum périodique sur

le chiffre d’affaires annuel au lieu de la taxe

sur les bénéfices

Taxe sur les salaires : 7 %

Impôt foncier

Taxe professionnelle

Taxes indirectes

TVA : 18 %

Taxe sur les activités financières : 10 %

Impôts indirects : produits pétroliers par

exemple (DAPP)

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perçoivent toujours des taxes si élevées sur les salaires. Les autres pays

UEMOA  perçoivent une taxe d’apprentissage et de formation professionnelle

représentant environ 2 % des salaires totaux, et qui est ensuite versée dans un fonds

spécial de formation professionnelle dans lequel les entreprises peuvent puiser pour

financer la formation de leurs employés.

3.24. Les entreprises du secteur formel contournent les coûts de main d’œuvre élevés en

recrutant des travailleurs temporaires. Comme l’indique le graphique 3.8, les taxes

salariales constituent une part très importante (28 %) du total des taxes. Les entreprises

sont tenues de payer la sécurité sociale, l’assurance santé et d’autres avantages pour leur

personnel permanent, charges qui viennent s’ajouter aux coûts de la main d’œuvre. Près

de la moitié des entreprises togolaises disent recourir à des employés temporaires, la main

d’œuvre d’un quart d’entre elles comprenant plus d’un tiers de travailleurs temporaires.

Les entreprises utilisant une plus grande proportion de travailleurs temporaires encourent

des coûts de main d’œuvre par travailleur nettement moins élevés que celles qui

n’emploient que du personnel permanent. Il y a cependant un compromis à faire pour

l’utilisation des travailleurs temporaires étant donné qu’ils ont généralement moins de

compétences et que les entreprises n’investissent habituellement pas dans leur formation.

Nos résultats montrent que le recours aux travailleurs temporaires est en relation directe

avec une plus faible productivité de la main d’œuvre.

3.25. Deux composantes constituent l’assiette fiscale de la taxe professionnelle : i) le

chiffre d’affaires hors TVA ; et ii) la valeur locative des terrains et bâtiments utilisés pour

l’exploitation de l’entreprise, y compris tous les agencements également pris en compte

dans l’assiette fiscale de la taxe foncière. Dans sa forme actuelle, la taxe professionnelle :

a) est une taxe antiéconomique - à l’instar de la taxe salariale - car elle taxe les moyens de

production des entreprises ; et b) vient répliquer d’autres taxes dont l’assiette est la

même, telles que la TVA (chiffre d’affaires) et la taxe foncière (terrains, bâtiments et

agencements). Ceci va à l’encontre de l’objectif de simplification du système

d’imposition. La justification de la taxe professionnelle semble principalement historique;

elle remplace l’ancienne patente, qui servait à financer les administrations locales.

Actuellement, une partie de cette taxe est effectivement destinée aux administrations

locales, tandis que le reste est intégré dans le budget général43

.

3.26. L’administration fiscale est aussi identifiée comme un problème majeur au Togo.

La discussion ci-dessus en explique certaines des raisons. Le Togo exige un paiement

fréquent des impôts – 53 fois contre 38 pour les pays de l’Afrique subsaharienne. Cette

préoccupation ne semble pas liée au besoin de rencontrer les agents de l’administration

fiscale ou au versement de paiements illicites nécessaires au cours de ces réunions. Les

entreprises ont signalé en moyenne ne rencontrer les agents de l’administration fiscale

qu’une fois par an, et 16 % d’entre elles affirment qu’il leur a été nécessaire de faire des

« cadeaux » au cours de ces réunions. En cela, le Togo ne se démarque pas des autres

pays de la région (Tableau 3.5). La préparation des taxes, leur soumission et leur

43 Un pourcentage fixe de cette taxe est utilisé pour reconstituer un fonds spécial destiné à financer les augmentations

de salaire des employés du Service des impôts. L’argument de la rémunération incitative n’est pas remis en question.

Toutefois, de telles rémunérations devraient être basées sur la réalisation d’objectifs de performance annuels et non pas

représenter simplement un pourcentage fixe d’une taxe existante.

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paiement prend beaucoup de temps au Togo. Rationaliser les formulaires d’impôts, de

même qu’éliminer l’entrée des informations redondantes et les ambiguïtés dans les

déclarations d’impôts, pourraient contribuer à la simplification de l’administration

fiscale.

Tableau 3.5: Administration fiscale dans les pays de référence

Année

Nombre moyen de

visites ou de

réunions

nécessaires avec

les agents de

l’administration

fiscale

% des

entreprises

devant faire un

cadeau lors de

réunions avec

les services

fiscaux

Rang en

matière de

paiement

des taxes

(Doing

Business)

Paiements

(nombre

par an)

Temps

(heures

par an)

Bénin 2009 1,23 26,82 167 55 270

Burkina Faso 2009 1,56 7,09 144 46 270

Cap-Vert 2006 0,82 10,42 112 56 100

Côte d’Ivoire 2009 3,7 13,62 152 66 270

Ghana 2007 4,33 18,08 79 33 224

Île Maurice 2009 0,56 0,28 12 7 161

Maroc 2007 0,99 10,74 125 28 358

Nigéria 2007 3,01 22,85 132 35 938

Sénégal 2007 1,31 18,66 172 59 666

Togo 2009 1,16 16,42 155 53 270

3.27. Commerce transfrontalier : La meilleure note du Togo concerne le « commerce

transfrontalier » (87e sur 183 pays). Comme l’indique le Tableau 3.6, le Togo dépasse

largement la moyenne des pays de l’Afrique subsaharienne. Néanmoins, le Togo n’est pas en

concurrence avec la moyenne des pays africains

Tableau 3.6: Commerce transfrontalier

Commerce transfrontalier Togo Afrique subsaharienne

Moyenne OCDE

Documents à exporter (nombre) 6 7,8 4,3

Durée d’exportation (jours) 24 33,6 10,5

Coût d’exportation (en $ EU par conteneur) 940 1 941,8 1 089,7

Documents à importer (nombre) 8 8,8 4,9

Durée d’importation (jours) 29 39,4 11,0

Coût d’importation (en $ EU par conteneur) 963 2 365,4 1 145,9

- qui inclut de nombreux pays enclavés – mais avec des ports concurrents de la côte ouest-

africaine. Comme l’indique le graphique 3.7, plus d’un quart des entreprises considèrent les

réglementations douanières et commerciales comme une contrainte majeure au Togo, par

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rapport à ses principaux concurrents tels que le Ghana, le Sénégal et la Côte d’Ivoire.

L’agenda est donc loin d’être complet.

Graphique 3.9: Pourcentage des entreprises qui identifient les réglementations douanières

et commerciales comme une contrainte majeure

Infrastructures - accès et coût

3.28. Cette section sur les infrastructures s’attache à la prestation et au coût des services

tels que l’électricité et les télécommunications au Togo - tous deux considérés comme

des goulets d’étranglement critiques par le secteur privé. Au Togo, la prestation de

services d’infrastructure est assurée par des entreprises publiques (EP)44 qui opèrent sur

des marchés non concurrentiels.

3.29. Les délais de raccordement à l’électricité, à l’eau et aux lignes téléphoniques

fixes sont plus longs que ceux de la plupart des autres pays de la région. Les entreprises

signalent une moyenne de 54 jours pour obtenir un branchement électrique, de 34 jours

pour un raccordement au réseau municipal des eaux et de 51 jours pour l’obtention d’une

ligne téléphonique fixe, si l’on en croit les demandes effectués au cours des deux

dernières années (Tableau 3.7). Ces délais sont nettement plus courts que ceux que

connaissent les entreprises du Bénin, mais nettement plus longs qu’au Sénégal et au

Nigeria par exemple.

44Dans le cadre de la réforme du secteur, la distribution de l’électricité avait été confiée, en 2001, à une compagnie

privée sous contrat, Togo Électricité (filiale de la multinationale française Elyo), mais suite à un désaccord sur les

obligations d’investissement et les prix de l’électricité, le gouvernement a annulé la concession en 2006, au début de la

crise énergétique, et réintroduit la CEET.

Togo Électricité s’en est alors remise à l’arbitrage international.

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Tableau 3.7 : Obtention d’un raccordement à l’électricité, à l’eau et à une ligne

téléphonique dans les pays de référence

Délai d’obtention d’un raccordement électrique (jours)

Délai d’obtention d’un raccordement à l’eau (jours)

Délai d’obtention d’un raccordement à une ligne téléphonique (jours)

Togo 2009 54 34 51

Bénin 2009 87 86 89

Burkina Faso 2009 23 16 20

Cap-Vert 2006 8 133 8

Côte d’Ivoire 2009 21 15 6

Ghana 2007 24 16 184

Île Maurice 2009 19 30 39

Maroc 2007 19 13 6

Nigéria 2007 8 11 8

Sénégal 2007 9 14 9

3.30. Électricité : Plus de 50 % des entreprises togolaises inscrivent l’électricité au

nombre des contraintes majeures. Toutefois, les problèmes d’électricité reviennent

fréquemment dans la plupart des pays de référence, y compris le Bénin, le Burkina Faso,

le Sénégal et le Cap-Vert, de même que dans plus des trois quarts des entreprises du

Nigéria et du Ghana (graphique 3.10).

3.31. Mais les coupures d’électricité entraînent des pertes plus importantes pour les

entreprises togolaises que pour celles des autres pays. Les entreprises togolaises ont

perdu l’équivalent de 11 % de leurs ventes annuelles à cause des coupures d’électricité,

soit le taux le plus élevé parmi les pays de référence (graphique 3.10 ci-dessous).

3.32. A partir de 2006, le niveau d’approvisionnement électrique au Togo a fortement

chuté 45 et le pays a traversé une série de crises46. Cette situation a eu de sévères

répercussions sur la production du secteur privé, à cause de l’irrégularité de

l’approvisionnement électrique et de l’augmentation des coûts de production. Dans le but

de rationner l’électricité de manière ordonnée, le Togo a commencé à organiser des

coupures d’électricité quotidiennes durant de quatre à six heures, par rotation entre

différentes villes et différents quartiers. Il n’était toutefois pas rare que ces coupures

durent jusqu’à 14 heures. Selon les estimations, cette crise énergétique a coûté au Togo

près d’un point de pourcentage de son PIB (environ 10 milliards de Francs CFA) en

2008.

45Quelque 90  % de l’ensemble de la demande électrique quotidienne du Togo et du Bénin est assurée par CEB, tandis

que les 10 % restants sont produits par des centrales thermiques au fuel de CEET (c.-à-d. des centrales thermiques aux

coûts élevés). La majeure partie (75-80 %) de l’électricité fournie au Togo et au Bénin par CEB est importée du Ghana

et de Côte d’Ivoire, et, depuis peu, du Nigéria. 46Cette crise était due à un ensemble de facteurs. Premièrement, la sécheresse que de nombreux pays ouest africains ont

connue a entraîné une forte réduction de la production d’énergie hydroélectrique. Deuxièmement, l’exploitation de

petites centrales nationales pour compléter la production énergétique s’est avérée de plus en plus onéreuse suite à

l’augmentation des cours mondiaux du pétrole, qui s’est produite à peu près au même moment.

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Graphique 3.10: Classement de l’électricité comme contrainte majeure dans les différents

pays

3.33. Très peu d’entreprises du Togo ont leurs propres générateurs. Les fortes pertes

signalées s’expliquent en partie par le fait que très peu d’entreprises disposent d’une

source alternative d’énergie. Seules 4 % des entreprises disent avoir leur propre

générateur et la plupart sont de grandes entreprises (tableau 3.8). Deux facteurs peuvent

expliquer pourquoi seules les grandes entreprises

Tableau 3.8: Coupures d’électricité et coûts selon les entreprises au Togo

Problèmes électriques Échantillon

complet Petite Moyenne Grande Non Manuf Manuf Nationale Étrangère

% d’entreprises

signalant des coupures

80 % 76 % 97 % 100 % 79 % 87 % 79 % 89 %

% d’entreprises

disposant de leur propre

générateur

4 % 2 % 9 % 57 % 2 % 12 % 3 % 11 %

Nombre de coupures (en

jours) par mois

11,59 10,60 15,12 14,89 11,45 12,06 11,84 10,50

Durée moyenne (en

heures) des coupures

5,71 5,49 6,05 9,41 5,34 7,75 5,70 5,75

% de ventes perdues à

cause des coupures

11,97 12,90 8,51 9,75 12,48 9,99 13,66 4,83

disposent de leurs propres générateurs. D’une part, la crise énergétique est un phénomène

récent et les grandes entreprises ont probablement plus les moyens de s’équiper de

générateurs. D’autre part, en dehors du prix d’achat, la production d’électricité à partir de

générateurs au fuel est très coûteuse pour les petites entreprises, en particulier si elles ne

peuvent pas répercuter le coût plus élevé de production au consommateur.

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3.34. Le coût moyen de l’électricité basse tension47 au Togo se situait à 100 Francs

CFA/KWh (environ 0,22 dollar EU) à la mi-2009. Le prix moyen était estimé à environ 56

Francs CFA équivalents en Afrique subsaharienne, 30 Francs CFA/KWh en Amérique latine

et 17 Francs CFA/KWh en  Asie du  Sud48. En juillet 2009, le tarif moyen de l’électricité à

basse tension (utilisateurs industriels) a augmenté de 12 % tandis que le tarif aux particuliers

est resté identique49.

3.35. Pleinement conscient des conséquences de la crise énergétique de 2006-2009 sur la

croissance du secteur privé au Togo, le Gouvernement a mis en œuvre plusieurs mesures

pour en atténuer l’impact. Celles-ci seront abordées dans le dernier chapitre de

recommandations politiques.

3.36. Télécommunications : Les télécommunications modernes sont cruciales pour

l’environnement des affaires, en particulier pour les entreprises du secteur tertiaire (banques,

assurances, transports) et dans le commerce régional ou international. Les coûts des

télécommunications contribuent à la compétitivité de l’économie dans de nombreux secteurs

et constitue un élément déterminant des décisions en matière d’investissement. Les coûts ont

fortement baissé à travers le monde, grâce aux avancées technologiques et aux réformes de la

réglementation, en particulier celles favorisant la concurrence. Cependant, au Togo, l’accès et

le coût constituent toujours des goulets d’étranglement de premier ordre.

3.37. Un délai de 51 jours est nécessaire pour l’obtention d’une ligne téléphonique fixe

au Togo, selon les demandes effectuées au cours des deux dernières années (Tableau 3.8).

Ce délai est nettement plus long qu’au Sénégal (9 jours), en Côte d’Ivoire (6 jours) et au

Burkina Faso (20 jours). Le Bénin (89 jours) et le Ghana (184 jours) font nettement

moins bien que le Togo.

3.38. Au Togo, les coûts de télécommunications sont nettement plus élevés que ceux des

pays de référence dans la région, ce que le Tableau 3.9 met en évidence en présentant

une comparaison internationale des coûts des appels internationaux.

Tableau 3.9: Comparaison régionale des coûts des appels internationaux (Franc CFA/min)

Togo Côte

d’Ivoire

Sénégal Mali

UE et CEDEAO 354 250 130 148

Reste du monde 354 341 130 185 Source : Togo Telecom et sites Web d’autres compagnies nationales de télécommunications.

47 Utilisée par les ménages et les petites entreprises - pour une comparaison plus facile entre pays. Les entreprises plus

grandes utilisent une tension moyenne et quelques centrales très intensives en énergie possèdent leur propre ligne à

haute tension. 48Source : Eberhard et autres (2008) et CEET. 49 Le coût additionnel associé à l’exploitation des centrales thermiques sont couverts par des subventions de l’État.

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17

3.39. Ces coûts élevés concernent aussi bien les appels entrants que sortants. En même

temps, la qualité des appels – mesurée par le taux moyen d’abandon des appels– est de

l’ordre de 21 %50

.

3.40. Téléphonie mobile : Togocel (entreprise publique) et Moov (secteur privé) sont

actuellement les opérateurs de mobile au Togo, tandis qu’une troisième licence de

téléphonie mobile est en cours d’octroi. Entre 2000 et 2008, le nombre d’abonnés a

fortement augmenté, passant de 55 800 à 1 660 500, dont 70 % de clients de Togocel et

30 % de Moov. La télédensité mobile est passée de 1,3 % en 2000 à 29,1  % en 2008.

Les connexions mobiles internationales doivent passer par le monopole Togo Telecom,

une situation qui se reflète dans la structure des prix : la connexion coûte environ

300 Francs CFA par minute (0,65 dollar EU) dans les pays de la CEDEAO (2008) et 490

Francs CFA par minute (environ 1,10 dollar EU) dans les autres pays. A titre de

comparaison, les appels internationaux à partir de téléphone mobile coûtent 170 Francs

CFA par minute au Sénégal, soit un tiers du tarif pratiqué au Togo.

3.41. L’expansion de nouvelles solutions technologiques, telles que le VOIP, qui

pourraient considérablement réduire les coûts pour les entreprises et les utilisateurs

particuliers, est limitée par la politique règlementaire du secteur, dont l’objectif principal

semble être la rentabilité du monopole public. L’arrivée d’un troisième opérateur de

téléphonie mobile n’entraînera pas nécessairement une baisse des prix.

3.42. Le coût des connexions Internet est également prohibitif au Togo. Pour une

capacité de 1 mégaoctet (le minimum acceptable pour une utilisation commerciale), les

prix Internet togolais représentent 2,5 fois ceux de la Côte d’Ivoire et 12 fois ceux du

Sénégal, où le gouvernement poursuit une politique agressive pour attirer les entreprises

TIC (Tableau 3.10).

Tableau 3.10 : Frais mensuels de connexion Internet pour les entreprises (en Francs CFA,

TVA comprise)

Togo

(Togo-Telecom)

Burkina Faso Côte d’Ivoire

(Aviso)

Sénégal

(Sonatel)

ADSL 128 K 63 200 19 900 19 500 -

ADSL 256 K 82 600 34 900 20 000 -

ADSL 512 K 116 820 59 900 42 000 12 500

ADSL 1 M 212 400 114 900 85 000 17 000

ADSL 2 M 1 062 000 219 900 169 000 39 200

Source : Togo-Telecom et recherches sur Internet des tarifs pratiqués par les autres

opérateurs, 2008

3.43. De plus, la qualité du service est médiocre, la connexion étant intermittente et le

taux de défaillance élevé51

.

50 Source : Enquête Togo-Telecom. 51

Avec la structure des prix des télécommunications - et surtout de l’Internet - il est très difficile pour le Togo de se

positionner sur le marché des TIC  comme le font le Ghana ou le Sénégal dans la sous-région.

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3.44. Les coûts élevés des télécommunications au Togo peuvent s’expliquer par les

deux facteurs suivants. En premier lieu, les études menées ont révélé une corrélation

inversée entre les coûts des télécommunications et le degré d’ouverture du secteur. Les

pays ayant établi des conditions réglementaires pour une concurrence efficace bénéficient

de tarifs plus bas. Le secteur des télécommunications est libéralisé en Côte d’Ivoire et au

Mali, alors que Togo Telecom détient toujours le monopole des appels internationaux. En

second lieu, le Togo a raté l’occasion de se relier à Sat-3, le câble sous-marin qui va du

Portugal jusqu’en Afrique du Sud, et que est détenu par sept entreprises africaines de

télécommunications. Les points de « raccordement » relient le Sénégal, la Côte d’Ivoire,

le Ghana, le Bénin, le Nigéria, le Cameroun, le Gabon et l’Angola au câble, sur la cote

atlantique. Le Togo, sans point de raccordement et sans connexion directe, doit acheter

son accès auprès du point de raccordement du Bénin ou passer par la technologie satellite

(V-SAT), ce qui fait monter les coûts de manière significative.

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19

CHAPITRE 4: LES MICRO-

ENTREPRISES AU TOGO

4.1. Ce chapitre examine les performances et les

contraintes de la croissance des micro-entreprises au

Togo.52

Cette analyse se concentre sur les différences

entre entreprises au sein du groupe des micro-

entreprises, ainsi qu’entre les micro-entreprises et les

autres, en particulier les petites entreprises.53

4.2. La première partie examine les

caractéristiques du secteur des micro-entreprises au

Togo, ainsi que son degré d’informalité. Les

différences entre les micro-entreprises et les

entreprises des catégories de plus grande taille sont

étudiées. L’impact de ces caractéristiques sur la

productivité et les coûts des entreprises est analysé

dans la deuxième partie. La troisième partie étudie le

climat d’affaires des micro-entreprises et examine les

différences existant au sein du secteur des micro-

entreprises au Togo afin de mettre en évidence les

déterminants de la productivité des micro-entreprises,

ainsi que les différences entre les entreprises

formelles et informelles. La dernière section présente

une conclusion.

I.

4.3. Le concept d’ « informalité » est

multidimensionnel et couvre un continuum.54

Il n’est

pas possible d’utiliser un critère unique, tel que

l’enregistrement ou la taille, afin de distinguer de manière claire les entreprises

informelles des opérateurs formels. Les caractéristiques typiques du secteur informel sont

52 Les micro-entreprises sont définies comme des entreprises employant moins de cinq salariés. Le plan initial prévu

pour étudier les entreprises non immatriculées a été abandonné parce qu’il aurait été difficile d’obtenir des

renseignements détaillés et fiables de la part de ces entreprises, qui craignent des répercussions de la part des autorités

fiscales. Le Togo possède des codes de conformité stricts et une administration fiscale efficace. 53 En raison des différences d’instrument d’échantillonnage et d’enquête, il n’est pas possible de réaliser des

comparaisons entre les pays. Au Togo, l’échantillonnage a été basé sur une liste d’entreprises déclarées, tandis qu’un

échantillonnage par zone a été utilisé dans les pays de comparaison. L’instrument d’enquête utilisé au Togo est presque

identique à celui utilisé pour les PMGE formelles, tandis qu’un instrument spécial a été utilisé dans les pays de

comparaison. 54 L’informalité peut comprendre i) des entreprises qui demeurent dans le cadre de la réglementation sans toutefois la

respecter et qui s’arrangent en conséquences (soit la catégorie « informelle illégale ») ; ii) des entreprises qui

s’arrangent pour sortir du cadre de la réglementation (la catégorie « informelle légale ») ; et iii) les entreprises qui

opèrent en dehors du cadre de la réglementation et n’ont donc pas besoin de s’arranger (la catégorie « non

concernée »), voir Kanbur R., 2010.

Encadré 4.1 : Instrument d’échantillonnage et d’enquête sur les micro-entreprises au Togo : saisir les dimensions de l’informalité

Un échantillon de micro-entreprises sélectionnées sur une liste d’entreprises inscrites au Centre de formalités des entreprises de la Chambre du commerce ;

Il a été demandé aux sociétés si elles avaient débuté leur activité en tant qu’opérateur informel ou en tant qu’entité déclarée.

À celles qui ont débuté en tant qu’opérateur informel, il a été demandé en quelle année elles se sont formellement déclarées ;

Dur la base de ce qui précède, il a été possible de recueillir des renseignements sur la durée durant laquelle ces sociétés sont demeurées informelles

Aux sociétés déclarées dès le début de leur activité, des questions détaillées ont été posées sur leur enregistrement à : i) l’impôt sur le revenu ; ii) la sécurité sociale ; et iii) la « taxe de mairie ».

L’enregistrement auprès de la sécurité sociale n’est pas obligatoire pour les sociétés n’employant pas de main d’œuvre non familiale, et la taxe de mairie n’est obligatoire que pour les marchands occupant une position dans espace public.

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20

sa facilité d’entrée, la petite taille de ses entreprises, de faibles niveaux de compétences et

une technologie à haute intensité de main d’œuvre, ainsi qu’une médiocre productivité.

En tant que telles, les micro-entreprises de l’échantillon de l’EI se situent le long d’un

spectre de l’informalité, selon les compétences de l’entrepreneur, le degré

d’enregistrement et les caractéristiques de l’emploi. Les entreprises employant moins de

cinq salariés et ne respectant pas l’ensemble des lois et réglementations sont considérées

comme « informelles » dans l’analyse ci-dessous (voir Encadré 4.1).

4.4. La plupart des micro-entreprises du Togo appartiennent aux secteurs de la vente

au détail et des services. Sur les 145 micro-entreprises ayant participé à l’enquête, 60 %

se livrent à la vente en gros et au détail,55

et 32 % offrent des services tels que le transport

de marchandises, les services comptables, les services TIC, le graphisme, l’entretien des

bureaux, des services de réparation, etc. Seuls 8 % des entreprises se livrent à une activité

de fabrication. Parmi ces dernières, presque toutes produisaient du matériel de

construction (par exemple, portes et fenêtres, etc.), à l’exception de deux entreprises qui

ont déclaré fabriquer des biens de consommation (détergents et vêtements, par exemple).

4.5. La micro-entreprise médiane togolaise a deux employés et a été créée il y a

quatre ans. La dispersion autour de cette moyenne est large : un quart des entreprises ont

plus de neuf ans et quelques unes plus de 30 ans.

4.6. Presque 40 % des entreprises actuellement déclarées ont débuté en tant

qu’entreprise informelle et le sont restées en moyenne pendant presque deux ans, avant

de se déclarer à l’administration fiscale. Près de la moitié des entreprises enregistrées

depuis le début employaient de la main d’œuvre familiale, plus de 40 % d’entre elles ne

payant pas de cotisations de sécurité sociale pour leurs employés.

4.7. Dans le secteur des micro-entreprises, le niveau d’études des entrepreneurs est

plus bas que dans les catégories de plus grande taille. La distribution du niveau d’études

des entrepreneurs est présentée dans le graphique 4.1.

Graphique 4.1 : Niveau d’études des entrepreneurs au Togo : micro-entreprises par rapport

aux PMGE

55 Cela inclut un spectre d’activités telles que la vente de vêtements, cosmétiques, pneus, chaussures, ustensiles de

cuisine, produits chimiques et ciment, l’importation de bois, les magasins de bijoux et la revente d’automobiles.

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21

4.8. Quelque 29 % des propriétaires de micro-entreprises n’ont qu’un niveau d’études

secondaire ou inférieur ; 25 % ont reçu une formation professionnelle ; 17 % sont allés à

l’université sans obtenir de diplôme ; tandis que 29 % possèdent un diplôme universitaire.

Le niveau d’études augmente avec la taille de l’entreprise : 41 % des entrepreneurs dans

la catégorie des petites entreprises ont un diplôme universitaire, contre plus de 60 % dans

la catégorie des moyennes et grandes entreprises. La plupart des entrepreneurs restants

ont un début de formation universitaire ou professionnelle.56

4.9. Les micro-entreprises togolaises font nettement moins usage de la technologie

que les entreprises de plus grande taille. Le Tableau 4.1 ci-dessous présente le

pourcentage des entreprises utilisant le courrier électronique pour communiquer avec

leurs fournisseurs, celles qui ont un site Web et le coût médian de l’accès à Internet. La

moitié des micro-entreprises utilisent le courrier électronique, contre 81 % des moyennes

et grandes entreprises.

Tableau 4.1 : Caractéristiques technologiques : micro-entreprises par rapport aux

entreprises de plus grande taille

Micro Petites MGE Pourcentage utilisant le courrier électronique 50 64 81 Pourcentage ayant un site Web 6 9 25 Coût médian d’Internet (mensuel) 72 dollars EU 109 dollars EU 173 dollars EU Nombre d’entreprises 145 81 74

4.10. Au Togo, les micro-entreprises ont un accès similaire aux prêts et au découvert

bancaire que les petites entreprises, mais le recours au découvert est bien plus important

chez les MGE. La majorité (91 %) des micro-entreprises a un compte de dépôt dans une

banque ; plus de la moitié ont accès à un mécanisme de découvert ; tandis que 15 % ont

soit une ligne de crédit, soit un prêt. L’accès n’est pas beaucoup plus élevé pour les

petites entreprises employant entre 5 et 19 salariés. Le pourcentage des MGE disposant

d’un accès au découvert est beaucoup plus important (74 %), mais seuls 16 % d’entre

elles ont une ligne de crédit ou un prêt. Il existe une différence significative en matière de

pratiques comptables entre les micro-entreprises et les MGE : seuls 26 % des micro-

entreprises font auditer leurs comptes, contre 36 % des petites entreprises et 73 % des

MGE.57

56 Les estimations probit déterminant la probabilité qu’un entrepreneur de micro-entreprise ait un diplôme universitaire,

utilise le courrier électronique, soit exportateur, utilise le découvert et les prêts, et fasse auditer ses compte, par rapport

aux petites entreprises et aux MGE, une fois prises en compte les différences dues au secteur et à l’âge de l’entreprise,

sont présentées dans le Tableau 1 en annexe. La plupart des différences observées ci-dessus sont statistiquement

significatives, une fois les autres caractéristiques prises en compte. 57 Si, les micro-entreprises de cette enquête figurent à l’extrémité supérieure du spectre de la formalité, il est surprenant

de constater qu’un quart d’entre elles déclarent faire auditer leurs comptes. Il se pourrait qu’elles aient interprété la

question comme « votre entreprise tient-elle des livres de comptes su une base annuelle ? » Nous ne pouvons pas le

confirmer, mais nous supposons que ceux qui ont déclaré faire auditer leurs comptes sont susceptibles de tenir des

livres de comptes annuels conformément aux pratiques comptables standard, tandis que les autres ne suivent pas des

procédures comptables formelles.

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22

Tableau 4.2 : Caractéristiques financières : micro-entreprises comparées aux entreprises de

plus grande taille

Micro Petites MGE % ayant un compte de dépôt 91 93 100 % utilisant le découvert 51 % 49 74 % ayant une ligne de crédit ou un prêt 15 % 23 16

% faisant auditer leurs comptes 26 % 36 73

Nombre d’entreprises 145 81 74

4.11. La plupart des entreprises togolaises desservent le marché national. Seuls 18 %

déclarent faire certaines exportations, contre 21 % des petites entreprises et 50 % des

MGE. La plupart des exportateurs du secteur des micro-entreprises vendent des biens de

consommation aux pays voisins, dont des produits tels que des ustensiles de cuisine,

parfums, vêtements, huile de palme, pièces détachées, etc. Il est intéressant de remarquer

que 58 % des non-exportateurs utilisant le courrier électronique ont déclaré s’en servir

pour chercher des opportunités commerciales en Afrique de l’Ouest, indiquant ainsi la

limitation des opportunités de croissance nationale.

II.

4.12. Nous avons vu plus haut que les micro-entreprises du Togo ont un niveau

d’études, d’accès au financement et d’accès aux TIC inférieur à ceux des entreprises de

plus grande taille. Quel impact cela a-t-il sur la performance des entreprises ?

4.13. La productivité des micro-entreprises au Togo est inférieure à celles des petites

entreprises et des MGE.58

Puisqu’une grande majorité des entreprises étudiée

appartiennent au secteur des services, la productivité en fonction des différentes tailles

d’entreprises est comparée en examinant les différences de chiffres d’affaires par

travailleur. Le volume des micro-entreprises est très faible : seulement 5 000 dollars EU

de ventes annuelles par travailleur contre plus de 80 000 dollars EU pour les grandes

entreprises.59

4.14. Les coûts médians de la main d’œuvre sont également plus faibles,

contrebalançant en partie le désavantage de la plus faible productivité. Les coûts

médians de la main d’œuvre sont de 1 000 dollars EU par an pour les micro-entreprises,

contre plus de 2 000 dollars EU par travailleur pour les grandes entreprises. Après avoir

calculé le pourcentage du coût de la main d’œuvre par rapport aux ventes, il apparaît que

les micro-entreprises souffrent d’un désavantage concurrentiel par rapport aux moyennes

et grandes entreprises, avec des coûts de main d’œuvre représentent en moyenne 21 %

58 L’enquête 2009 sur les indicateurs des micro-entreprises présente des renseignements sur différentes mesures de la

performance des entreprises permettant de calculer des indicateurs tels que la productivité et les coûts de la main

d’œuvre par travailleur. Il est important de noter que la productivité de la main d’œuvre n’est qu’une mesure partielle

de la performance des entreprises puisqu’elle ne prend pas en compte d’autres facteurs de production. En raison d’un

manque de renseignement sur le capital social, la PTF ne peut pas être calculée. 59 Les données pour les entreprises manufacturières et de services ont été regroupées afin de maximiser les

observations. Les schémas restent cependant les mêmes lorsqu’ils sont décomposés par secteur.

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23

des ventes, contre seulement 14 % pour les entreprises de taille moyenne et uniquement

4 % pour les grandes.

Tableau 4.3 : Productivité et coût de la main d’œuvre : micro-entreprises par rapport aux

PMGE (en dollars EU)

Micro Small Medium Large

Ventes annuelles par travailleur 5 051 6 487 14 610 55 479

Coûts moyens de la main d’œuvre par travailleur 1 077 1 074 1 865 2 289

Coûts de la main d’œuvre par rapport aux ventes 0,21 0,23 0,14 0,03

105 61 45 14

4.15. Les estimations multicritères de la productivité de la main d’œuvre montrent que

la productivité des micro-entreprises est plus basse en raison de facteurs comme leur

plus faible capital humain, l’accès au financement et l’utilisation des TIC. Les

différences de productivité entre les entreprises de différentes tailles peuvent largement

être expliquées par les différences de niveau d’études des entrepreneurs, d’utilisation des

TIC, de pratiques comptables plus appropriées, d’appartenance étrangère et d’accès à des

fonds de roulement grâce au découvert bancaire. Le Modèle 1 figurant à l’Annexe 4.1,

Tableau 2, qui ne reprend que la taille de l’entreprise en tant que variable explicative

supplémentaire, indépendamment de l’âge et du secteur de l’entreprise, montre que la

productivité des MGE est plus de deux fois supérieure (1,09 fois) à celle des micro-

entreprises. Cependant, lorsque les autres caractéristiques des entreprises sont prises en

compte, la différence de taille devient négative et insignifiante (Modèle 6). On observe

que les différences de productivité entre les entreprises togolaises sont fonction des

différences de niveau d’études des entrepreneurs, d’accès au capital à court terme et

d’utilisation des TIC. Chacune d’entre elles est positivement et significativement corrélée

avec la productivité de la main d’œuvre. D’autre part, la productivité des entreprises

employant des travailleurs temporaires et à temps partiel est nettement inférieure à celle

des entreprises n’employant que des travailleurs permanents.

4.16. Les estimations multicritères du coût de la main d’œuvre montrent que les coûts

de la main d’œuvre par travailleur sont significativement plus élevés pour les entreprises

de plus grande taille, mais qu’une partie de cette différence est expliquée par une plus

grande proportion de travailleurs permanents, ainsi que par la nationalité du capital

(contrôle étranger). Les coûts de la main d’œuvre des entreprises sous contrôle étranger

représentent presque le double de celui des entreprises nationales. Les coûts de la main

d’œuvre des entreprises employant une plus grande proportion de travailleurs temporaires

sont significativement plus faibles. Les entreprises plus anciennes offrent des salaires

plus élevés que les entreprises plus jeunes, toutes autres choses restant égales (Tableau 3

en annexe).

4.17. Micro-entreprises et informalité : Il a été demandé aux entreprises si elles étaient

ou non déclarées lorsqu’elles ont débuté leurs activités. Sur 145 entreprises ayant

participé à l’enquête dans le secteur des micro-entreprises, 89 ont répondu être déclarées

au début de leurs activités, tandis que 56 ne l’étaient pas. Des questions détaillées sur les

différents enregistrements ont été posées aux sociétés déclarées depuis le début de leurs

activités. Elles sont présentées dans le tableau ci-dessous :

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24

Tableau 4.4 : Caractéristiques des enregistrements des entreprises au début de leurs

activités

Micro (< 5 travailleurs) Petites (5-19 travailleurs)

Fabrication Services Fabrication Services

Direction des impôts 100 % 96 % 100 % 98 %

Registre de commerce 100 % 98 % 100 % 98 %

Sécurité sociale 57 % 54 % 100 % 71 %

Mairie 29 % 35 % 67 % 48 %

N 7 82 9 48

4.18. Dans tous les pays, les micro-entreprises couvrent l’ensemble du spectre de

l’informalité. Par exemple, les vendeurs de rue sans emplacement permanent ni

immatriculation sont plus informels que ceux ayant un emplacement semi-permanent au

coin d’une rue ou ayant un étal déclaré. La présente enquête excluait ceux n’ayant aucune

immatriculation ou n’ayant pas d’emplacement permanent. A partir de l’échantillon de

micro-entreprises ayant participé à l’enquête, nous avons classé les entreprises en

« informelles » si elles n’étaient pas déclarées au début de leurs activités ; « semi-

formelles » si elles étaient immatriculée au début de leurs activités mais pas déclarées à la

sécurité sociale, c'est-à-dire qu’elles avaient débuté avec de la main d’œuvre familiale

uniquement ; et « formelles » si elles avaient débuté leurs activités en ayant procédé à

tous les enregistrements requis. Les choix effectués au démarrage peuvent influencer ou

non les performances actuelles des entreprises, ainsi que leurs caractéristiques de coût,

qui sont examinées ici.

4.19. Pourquoi certaines entreprises choisissent-elles l’informalité ? La plupart des

études montrent que ce choix est lié au climat des affaires, au manque de compétences

entrepreneuriales, ainsi qu’aux faibles ressources des entreprises.

Les indicateurs Doing Business (2009) classent le Togo à la 170e place sur 183 pays en

matière de facilité de création d’une entreprise. Cette médiocre position est due au coût

d’entrée élevé et au temps nécessaire pour créer une entreprise déclarée, qui dissuadent

les entrepreneurs de faire enregistrer leur activité.

Tableau 4.5 : Indicateurs Doing Business – création d’une entreprise

Pays

Position

Doing

Business

Création d’une entreprise

Position

Procédures

(nombre)

Temps

(jours)

Coût (% du

revenu par

habitant)

Capital minimum

(% du revenu par

habitant)

Togo 165 170 7 75 205 514

Bénin 172 155 7 31 155,5 290,8

Burkina Faso 147 115 4 14 50,3 428,2

Cap Vert 146 136 9 24 17 38,9

Côte d'Ivoire 168 172 10 40 133,3 204,9

Ghana 92 135 8 33 26,4 13,4

Maurice 17 10 5 6 4,1 0

Maroc 128 76 6 12 16,1 11,8

Nigeria 125 108 8 31 76,7 0

Sénégal 157 102 4 8 63,7 206,9

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25

4.20. La productivité des entreprises ayant débuté en tant qu’opérateur informel est

inférieure à celle des entreprises ayant déclaré leur activité. Les résultats de la

régression, présentés dans le Tableau 5 de l’Annexe 4.1, montrent que la productivité des

entreprises ayant débuté en tant qu’opérateur formel est plus de deux fois supérieure à

celle des entreprises ayant démarré de manière informelle. Cette différence est plus petite,

mais demeure positive et significative une fois prises en compte les autres

caractéristiques des entreprises. Le choix de l’informalité est corrélé à des recettes par

travailleur plus faibles.

4.21. La productivité au sein des micro-entreprises est positivement corrélée à des

niveaux plus élevés d’études, d’utilisation des TIC, d’orientation vers l’exportation et

d’emploi de travailleurs permanents. Les entreprises observant de bonnes pratiques

comptables et tenant des comptes audités sont plus productives que les autres. Toutes ces

variables sont positivement corrélées les unes aux autres, ainsi qu’avec le comportement

exportateur – les micro-entreprises qui commercent au-delà des frontières sont nettement

plus productives que celles qui desservent uniquement le marché national. Les entreprises

dont la main d’œuvre est principalement constituée de travailleurs temporaires sont

moins productives que celles employant une plus grande proportion de salariés

permanents.

4.22. Les coûts de la main d’œuvre par travailleur sont significativement moins élevés

lorsque les micro-entreprises ont débuté leurs activités en tant qu’opérateur informel

qu’en tant qu’entreprise formelle ou semi-formelle. Les coûts moyens de la main d’œuvre

par travailleur de ces micro-entreprises sont inférieurs à 50 dollars EU par mois, contre

plus du double pour les entreprises ayant débuté leur activité après avoir effectué tous les

enregistrements voulus. La différence est grande et significative, même après prise en

compte des autres caractéristiques des entreprises, telles que le secteur d’activité, l’âge de

l’entreprises, le statut d’exportateur et la proportion de salariés temporaires, et l’on

observe que les entreprises informelles ont moitié moins de coûts de main d’œuvre que

les entreprises formelles.60

4.23. L’analyse ci-dessus indique que pour améliorer la productivité et la compétitivité

des micro-entreprises au Togo, il faudrait sans doute améliorer le capital humain, ainsi

que l’accès au financement et aux TIC. Les micro-entreprises peuvent également souffrir

d’un désavantage concurrentiel lorsqu’elles sont confrontées à des coûts externes plus

élevés dû à un climat des affaires défavorable. Ce dernier est examiné dans la partie

suivante.

III.

4.24. La plupart des micro-entreprises trouvent que l’instabilité politique, la corruption

et l’accès au financement constituent des obstacles sévères ou majeurs à leurs activités.

Plus de 60 % des micro-entreprises ont déclaré que ces derniers représentent des

contraintes majeures pour leurs affaires. La corruption et l’instabilité politique sont

60 Il se pourrait que les entreprises ayant démarré leurs activités en tant qu’opérateur informel les poursuivent

aujourd’hui en utilisant principalement une main d’œuvre familiale, échappant ainsi aux cotisations élevées liées à la

main d’œuvre. Cependant, cela ne peut pas être confirmé par les données dont nous disposons.

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26

également considérées comme des contraintes majeures par les petites, moyennes et

grandes entreprises (PMG).

Tableau 4.6 : Contraintes pesant sur les affaires (pourcentage classant le problème comme

majeur ou sévère)

Micro Petites MGE

Instabilité politique 68 77 66

Corruption 62 71 65

Accès au financement 61 62 42

Concurrence des entreprises informelles 50 57 47

Taux d’imposition 46 45 35

Électricité 41 52 47

Réglementations douanière et commerciale 38 27 29

Administration fiscale 36 42 41

Tribunaux 36 33 35

Crime 29 24 17

Transport 25 36 16

Octroi d’autorisations ou permis 21 14 24

Accès à la terre 19 20 7

Compétences des travailleurs 16 19 10

Réglementation de travail 5 4 0

4.25. Les autres contraintes pesant sur les affaires sont similaires parmi les différentes

catégories de taille, à l’exception de l’accès au financement, qui est d’avantage cité

comme contrainte sévère par les micro-entreprises par rapport aux entreprises de plus

grande taille. Presque la moitié des entreprises trouvent que les taux d’imposition sont

une contrainte majeure, de même que la concurrence des entreprises informelles. Environ

40 % des entreprises déclarent que l’électricité, la réglementation douanière et

l’administration fiscale constituent des contraintes majeures, tandis qu’environ un quart

déclarent que le système judiciaire, la criminalité et les transports sont des contraintes

majeures.

4.26. Les entreprises sont plus nombreuses à désigner l’accès au financement comme

plus grand obstacle du climat des affaires. L’accès au financement est sélectionné

comme l’obstacle unique le plus important par 30 % des micro-entreprises, suivi par

l’instabilité politique (18 %) et la corruption (12 %). Ce classement est différent pour les

entreprises de plus grande taille, dont 30 % désignent la compétition des entreprises

informelles comme la plus grande contrainte à leur activité (voir graphique 4.2).

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Graphique 4.2 : Plus grande contrainte signalée par les entreprises du Togo

Comment ces perceptions des affaires sont-elles corrélées avec les mesures objectives du

climat des affaires, telles que l’utilisation des services bancaires, la fréquence du

paiement de pots-de-vin, le taux d’imposition et l’administration fiscale ?61

4.27. Corruption : peu de micro-entreprises du Togo déclarent que le paiement de pots-

de-vin est exigé. Seuls 11 % des micro-entreprises déclarent que des paiements informels

ont été exigés l’année précédente pour « que les choses avancent », contre 2 % des petites

entreprises et 10 % des MGE. La moitié des entreprises déclarent avoir reçu la visite

d’inspecteurs, par rapport à 65 % des petites entreprises et 76 % des MGE.

Tableau 4.7 : Poids de la bureaucratie : paiements de pots-de-vin et visites d’inspecteurs

Micro Petites MGE

Pourcentage d’entreprises payant des pots-de-vin 11 % 2 % 10 %

Pourcentage d’entreprises ayant reçu la visite d’inspecteurs 48 % 65 % 76 %

145 81 74

4.28. Le faible pourcentage de ceux ayant déclaré payer des pots-de-vin indique la

réticence des responsables d’entreprises à en faire directement mention. Les résultats de

la régression (non déclarés) indiquent que le classement de la corruption n’est pas corrélé

aux paiements de pots-de-vin. Dans les pays possédant des moyens d’expression et une

redevabilité faibles, comme le Togo, cela indique que le classement des perceptions, en

particulier dans des domaines sensibles tels que la corruption, est une meilleure mesure

du climat des affaires que des indicateurs objectifs. Les gestionnaires d’entreprises au

Togo hésitent à parler directement des paiements de pots-de-vin. Ils peuvent dire que la

61 Une discussion détaillée de l’accès au financement et des différences dans l’accès aux banques, l’octroi et le coût des

prêts entre les différentes catégories de taille d’entreprises au Togo est présentée au chapitre sur le financement.

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corruption est un problème sans admettre qu’ils en ont payé ou qu’ils ont enfreint une

loi.62

4.29. Presque la moitié des micro-entreprises du Togo ont reçu la visite d’inspecteurs

des impôts. Moins de 10 % ont déclaré avoir été obligées d’effectuer des paiements

informels lors de ces visites. Cependant, comme mentionné plus haut, comme les

gestionnaires ne sont pas souvent disposés à signaler ces transactions, il est vraisemblable

que l’étendue de la corruption de ce type soit sous-estimée.

4.30. Pour conclure et résumer : de manière générale, les résultats de ce chapitre

indiquent que les micro-entreprises du Togo ont une productivité nettement plus faible

que celle des entreprises de plus grande taille. Cependant, une partie de ce désavantage

est compensé par des coûts de main d’œuvre par travailleur plus bas, en particulier dans

les entreprises informelles et celles employant des travailleurs temporaires et à temps

partiel. Les différences de productivité selon les tailles d’entreprises et au sein du secteur

des micro-entreprises peuvent être expliquées par les différences de capital humain,

d’accès au financement (en particulier aux fonds de roulement), l’orientation

commerciale (exportateur ou non) et l’utilisation des TIC.

4.31. Élever le niveau d’études, fournir un accès à Internet à faible coût, alléger la

réglementation commerciale afin d’encourager les échanges transfrontaliers, et

augmenter la disponibilité du financement, en particulier des fonds de roulement pour les

micro-entreprises, devrait avoir un impact positif sur la productivité des micro-

entreprises, ainsi que leur croissance vers une catégorie de taille plus importante. Comme

les autres entreprises du Togo, les micro-entreprises subissent les contraintes de la

corruption, d’un taux d’imposition élevé et de l’administration fiscale, qui entraînent des

coûts plus élevés et une compétitivité moindre.

62 C’est-à-dire que la corruption pourrait constituer un problème particulièrement important pour les entreprises refusant

de payer les pots-de-vin, parce qu’elles sont incapables de réaliser d’importantes transactions, d’obtenir des licences ou

d’être raccordées aux services publics. De manière anecdotique, au cours des entretiens pilotes, nous avons noté que, en

dépit du fait que les gérants d’entreprises sont souvent inconfortables lorsqu’on leur pose cette question lors d’un

entretien, ils semblent moins inconfortable lorsqu’on leur pose des questions plus directes, à savoir si ces pots-de-vin

étaient nécessaires pour une transaction spécifique ou combien « une entreprise comme la vôtre » coûte-t-elle en pots-

de-vin.

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29

CHAPITRE 5: ACCÈS AU FINANCEMENT

Introduction

5.1. Ce chapitre fournit une vision d’ensemble du secteur financier togolais. Il

examine l’accès aux services financiers et leur utilisation au sein des différents types

d’entreprises au Togo et dans les pays de comparaison.

I.

5.2. Fin 2008, le Togo possédait 11 banques commerciales et 2 établissements

financiers (voir Tableaux 1 et 2 à l’Annexe 5.1). Le secteur bancaire se caractérise par

une forte concentration, la plus grande banque (Ecobank) représentant 25 % du marché et

les trois plus grandes banques 62 %.

5.3. Dans le cadre du nouveau contexte international, la concurrence entre les banques

commerciales dépasse les frontières et s’étend à tout le continent africain.63

Au sein de la

région de l’UEMOA, cette tendance se caractérise par le développement de banques

commerciales opérant au sein de la sous-région et dans de nombreux cas sur l’ensemble

du continent africain. La régionalisation des banques donne naissance à des institutions

bénéficiant d’un capital bien plus solide, d’un savoir-faire plus développé et d’une

meilleure gouvernance. Le Togo n’a pas suivi cette tendance avec une grande vigueur :

seules trois banques de ce type y opèrent, représentant 33 % du total des actifs bancaires.

Le Burkina Faso compte sept banques commerciales privées internationales de ce type

qui représentent 83 % du total des actifs du système bancaire ; le Sénégal en a huit qui

représentent 80 % du total des actifs bancaires et le Mali six qui représentent 49 % du

total des actifs bancaires.

5.4. Banques commerciales : L’État togolais possédait une participation significative

dans quatre banques commerciales, soit 56 % du marché total. Au moment de la

réalisation de l’enquête auprès des entreprises, trois banques commerciales représentant

46 % du marché étaient en phase de restructuration et quatre banques – dont les trois

banques en cours de restructuration – étaient mises en vente par l’État. Le Togo est le

dernier des huit pays de l’UEMOA où des réformes bancaires de première génération

sont encore en cours.

5.5. D’une façon générale, les banques commerciales ne respectent pas les normes

prudentielles. Plusieurs avaient des capitaux propres négatifs, avec un grand nombre de

prêts non productifs (PNP).64

Des PNP élevés avaient été accordés pour couvrir la

63Il s’agit de banques telles qu’Ecobank, Bank of Africa, UBA, ACCESS, AttijariwafaAtijariwafa Bank, Banque

Atlantique, BGFI, etc 64 Spécifiquement, trois banques publiques affichent des ratios PNP bruts/prêts bruts respectifs de 70, 65 et 60 % (en

2008), ayant pour résultat des capitaux propres négatifs. Globalement, le Togo possédait le niveau le plus élevé de prêts

non productifs de la région de l’UEMOA (un ratio brut entre PNP et prêts brut à recouvrer de 41,3 % en 2003 contre

19,7 % pour l’UEMOA, 29 % contre 20,5 % en 2006 – voir Annexe 5.1. Tableau 3)..

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30

gouvernance médiocre et les arriérés d’entreprises publiques et privées. En grande partie,

ces prêts sont attribués à des entreprises publiques du secteur du coton et des phosphates

et à leurs fournisseurs privés.65

L’État a en outre accumulé des arriérés importants vis-à-

vis des fournisseurs du secteur privé, qui à leur tour sont dans l’incapacité de rembourser

leurs prêts bancaires66

. En raison du montant élevé des PNP sous-provisionnés, le crédit

net accordé par les banques commerciales, tout comme leurs actifs nets, sont surévalués.

Les prêts massifs accordés aux entreprises du secteur public par les banques

commerciales publiques ont eu un effet d’éviction des emprunteurs du secteur privé.

Deux banques – Ecobank et BTD – ont accordé des crédits aux PME.

5.6. La plupart des prêts bancaires sont à court terme. En 2007, ils représentaient 54,2

% du total des prêts, les prêts à moyen terme 30,3 % et les prêts à long terme 0,6 %. Pour

l’ensemble des banques de l'UEMOA, le crédit à court terme représentait 58,9 % du

portefeuille total, les prêts à moyen terme 24,5 % et les prêts à long terme 0,3 %.67

5.7. État d’avancement du processus de restructuration bancaire : Le processus de

restructuration des banques publiques a débuté en 2004/2005 et s’est accéléré en

2007/2008. Durant cette période, l’attribution de nouveaux crédits aux entreprises privées

et même la reconduite de crédits existants ont considérablement ralenti. En 2008, l’État a

remplacé 88,1 milliards de francs CFA de créances irrécouvrables par des obligations de

l’État dans trois banques commerciales publiques afin de ramener leur ratio de solvabilité

à un niveau supérieur ou égal à la norme prudentielle de 8 %68

. Cette action s’est avéré un

succès pour deux banques commerciales publiques ; en conséquence, elles ont repris

leurs activités de prêts en 2008/2009. C’est donc dans un contexte de reprise relative des

activités de prêts que les entreprises interrogées ont répondu à l’enquête. Il convient de

noter que même après avoir reçu un grand nombre d'obligations de l’État, la plus grande

banque publique ne respecte toujours pas la norme prudentielle de solvabilité et reste

prudente dans ses activités de prêts.

5.8. L‘amélioration de l’efficacité des banques commerciales est un élément important

de la restructuration du secteur bancaire. L‘introduction d’une bonne

gestion/gouvernance par le biais de procédures d’attribution et de suivi des prêts

satisfaisantes, de contrôles internes, etc. devrait être mise en place parallèlement à la

restructuration financière. Comme l’indique le Tableau 4, le Togo a le ratio d’exploitation

le plus élevé (ratio entre dépenses administratives et marge financière) au sein de

l’UEMOA, synonyme d’une faible efficacité.

65 À titre d’exemple, 58 % des prêts en cours de la plus grande banque publique ont été accordés à des entreprises

publiques et principalement à l'entreprise cotonnière (SOTOCO). La deuxième plus grande banque publique était un

prêteur important de la société des phosphates. Ces entreprises publiques étaient toutes deux confrontées à de graves

difficultés financières, la société des phosphates (OTP) ayant été mise en liquidation. Fin 2004, la dette de la SOTOCO

vis-à-vis du secteur bancaire s’élevait à 44 milliards de francs CFA et celle d’OTP à 26 milliards de francs CFA. 66 En mars 2005, la dette de l’État vis-à-vis du secteur privé s’élevait à 72,7 milliards de francs CFA. 67 La somme des données n’atteint pas 100 % car le total des prêts comprend d’autres éléments tels que les impayés. 68 Certaines banques ont réalisé ces opérations en 2008, d’autres en 2009, ce qui explique la forte chute des PNP en

2008. La chute moindre de 2006 et 2007 est le résultat de la restructuration mise en œuvre en 2005. L’opération de

2008 succède à une restructuration financière partielle de deux banques publiques pour un montant de 38,5 milliards de

francs CFA, portant les dépenses totales de l’État pour ces trois banques à 126 milliards de francs CFA.

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31

5.9. La deuxième étape du processus de restructuration est la privatisation de quatre

banques commerciales publiques.69

Un communiqué a été publié dans la presse fin

décembre 2009 ; c’est le premier pas vers un processus ouvert et transparent, qui

permettrait à chacune des quatre banques de se doter d’un solide partenaire bancaire

stratégique possédant au moins 51 % de son capital. Ces partenaires stratégiques seront

probablement des banques internationales opérant sur le continent africain et qui

devraient contribuer à moderniser et renforcer le secteur bancaire togolais.

5.10. Institutions de microfinance (IMF) : Alors que les banques rencontrent de

sérieuses difficultés, le secteur de la microfinance se développe très rapidement, ce qui

peut également représenter une source de préoccupation. En mars 2008, le secteur de la

microfinance comptait plus de 490 000 clients, pour un montant de dépôts de 54,5

milliards de francs CFA (environ 109 millions de dollars EU) et un montant de prêts de

44,9 milliards de francs CFA (environ 89 millions de dollars EU). À titre de

comparaison, en 2000 le nombre des clients s’élevait à près de 230 000, les dépôts à 14,9

milliards de francs CFA et les prêts en cours à 14,1 milliards de francs CFA. Les prêts en

cours et les dépôts du secteur togolais de la microfinance représentent respectivement

16,3 % et 15,3 % des prêts et dépôts bancaires (à la fin 2007).

5.11. La plupart des institutions de microfinance sont des coopératives d’épargne et de

crédit, dont certaines sont organisées en réseaux (Annexe 5.1, Tableau 5). Certaines

institutions indépendantes sont plus grandes que les réseaux. Le Tableau 6 (Annexe 5.1)

fournit des données sur les cinq principales institutions togolaises de microfinance, dont

trois sont des réseaux de coopératives d’épargne et de crédit (FUCEC, IDH et

UMECTO). Les deux autres sont des prêteurs directs en microfinance (WAGES et

TIMPAC). Ces cinq institutions représentent 79 % du total des clients de la microfinance,

83 % des dépôts et 80 % des prêts, comme le souligne le Tableau 7. La Faîtière des unités

coopératives d’épargne et de crédit (FUCEC) à elle seule domine fortement le secteur

avec 53 % des clients, 65 % des dépôts et 57 % des prêts. Le rapport 2006 de la Banque

mondiale sur le secteur financier constate qu’en 2005, les IMF togolaises ne

représentaient pas une source importante de crédits aux PME, ce qui est confirmé

effectivement par les résultats de l’enquête.

II.

5.12. Étant donné la situation difficile du secteur bancaire, on pourrait s’attendre à ce

que l’accès au financement occupe une place de choix dans la liste des contraintes

auxquelles sont confrontées les entreprises togolaises. Sur l’ensemble des entreprises

formelles du secteur couvertes par l’enquête, 59 % ont cité l’accès au financement

comme une contrainte majeure et 61 % des micro-entreprises couvertes par l'enquête

(graphique 5.1). Ces chiffres sont moins élevés qu’attendus. Le fait que l’enquête n’ait

été menée qu’à Lomé pourrait expliquer la sous-évaluation des difficultés de

financement, particulièrement par rapport à d’autres pays où des entreprises situées hors

de la capitale ont été interrogées

69 Les trois banques en phase de restructuration plus la banque de développement (BTD) qui jouit d’une bonne santé

financière.

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32

Graphique 5.1 : Accès au financement

Tableau 5.1 : Togo – Utilisation des services financiers par catégorie d’entreprise

Secteur bancaire % avec compte

courant

bancaire

% avec

autorisation

de découvert

% avec prêt

bancaire ou

ligne de crédit

Nombre

d’entreprises

Échantillon total 94 54 21 155

Micro 91 51 15 145

Petites 93 49 23 81

Moyennes 100 74 13 55

Grandes 100 78 36 19

Non manufacturières 95 55 22 113

Manufacturières 92 46 19 42

Nationales 93 51 23 108

Étrangères 99 71 13 47

Intérieur 93 45 20 101

Exportateurs non ZFTE 100 88 28 39

Exportateurs ZFTE 100 67 7 15

5.13. La taille de l’entreprise fait une grande différence puisque 60 % des petites

entreprises considèrent l’accès au financement comme une contrainte majeure, contre

44 % des moyennes entreprises, et 27 % des grandes entreprises (graphique 5.1). Des

résultats sans surprise. En termes d’implications pour la politique économique du pays, il

convient de rappeler que le Togo ne compte pas beaucoup de grandes entreprises70

, et que

l’amélioration de l’accès des PME et micro-entreprises au financement est donc un enjeu

important. Le sous-secteur des services semble bénéficier d’un accès au financement plus

facile que celui de la transformation. En effet, le secteur des services exige des

investissements moins importants et principalement à court terme. Des efforts devraient

être réalisés pour améliorer l’accès au financement à plus long terme. Les entreprises

faisant auditer leurs comptes bénéficient d’un accès plus facile au financement que celles

qui ne le font pas. La prise de risques fait partie de l’activité des banques. Mais pour ce

faire, elles doivent pouvoir les évaluer. Des états financiers fiables sont un outil important

d’évaluation des risques. La signature d’un auditeur est une indication de leur fiabilité.

70 Les participants à l’enquête étaient comprenaient 19 grandes entreprises, 55 moyennes, 81 petites, et 145 micro-

entreprises.

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33

Seuls 50 % des exportateurs ZFTE considèrent l’accès au financement comme une

contrainte majeure, probablement parce qu’ils ont accès à des facilités de financement à

l’étranger. Cependant, 64 % des exportateurs ne faisant pas partie de la zone franche

signalent des problèmes d’accès, un pourcentage étonnamment plus élevé que celui des

non-exportateurs (58 %).

5.14. Utilisation des services financiers : Quelque 94 % des entreprises formelles

possèdent un compte courant bancaire, 54 % une autorisation de découvert et 21 % un

prêt bancaire ou une ligne de crédit (Tableau 5.1). L’amélioration de l’accès aux

découverts reflète l’accent mis par les banques sur les prêts à plus court terme (même si

une autorisation de découvert peut se convertir en un crédit à plus long terme, en

particulier en cas de défaillance). La taille de l’entreprise et l’existence d’états financiers

audités ont l’effet attendu, avec un accès au financement plus facile pour les grandes

entreprises et celles ayant des états financiers audités.

5.15. Une comparaison internationale révèle quelques surprises. Le Togo affiche une

meilleure situation que la Côte d’Ivoire (même si cette différence est très faible), le

Burkina Faso, le Bénin et le Ghana, mais une moins bonne situation que le Nigéria et le

Sénégal (graphique 5.2). Comme le Burkina Faso et le Bénin ont un secteur financier en

meilleure santé que celui du Togo, ils devraient présenter un accès plus facile aux

services financiers, mais ce n’est pas le cas.. Ces résultats inattendus peuvent s’expliquer

de différentes manières. Tout d’abord, comme mentionné plus haut, l’enquête n’a été

menée qu’à Lomé où l’accès aux services financiers est plus facile qu’en dehors de la

capitale. En second lieu, la contrainte « accès au financement » est évaluée par les

interrogés par rapport à d’autres contraintes. Au Togo, elle constitue la troisième grande

contrainte derrière l’instabilité politique et la corruption, ce qui reflète la fragilité de la

situation du Togo. Le classement des contraintes est identique pour les petites

entreprises ; pour les entreprises moyennes, cette contrainte passe en quatrième position

derrière l’électricité.

Graphique 5.2 : Comparaison internationale de l’accès au financement

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34

5.16. Au Burkina Faso, l’accès au financement et le taux d’imposition se partagent la

première place en tant que contrainte majeure au développement des entreprises (Tableau

9). La corruption occupe la troisième position. Bien que le secteur bancaire soit en

relativement bonne santé, l’accès au financement est la contrainte numéro un puisque les

autres facteurs ne sont pas perçus comme aussi importants. Tel n’était pas le cas au Togo,

où la corruption et l’instabilité politique sont considérées comme des contraintes plus

importantes. (L’instabilité politique citée par 74 % des entreprises formelles togolaises

n’est mentionnée que par 33 % des interrogés au Burkina Faso).

5.17. Sources de financement : Les fonds de roulement sont financés par des ressources

internes chez 79 % des interrogés appartenant au secteur formel et pour 87 % des micro-

entreprises (Tableau 5.2). L'utilisation de ressources internes pour financer les fonds de

roulement est un moyen inefficace d’utiliser le capital. Les entreprises pourraient en tirer

un plus grand effet de levier. Parmi les entreprises formelles, 10 % ont recours aux

banques et 3 % aux IMF (presque toutes des petites entreprises). Les pourcentages sont

relativement semblables pour les petites et les grandes entreprises, ce qui confirme que

certaines banques ont développé une activité PME significative. Les grandes entreprises

ne font pas appel aux IMF, ce qui n’a rien de surprenant. Seuls 4 % des micro-entreprises

ont recours aux banques et 3 % aux IMF, ce qui dénote un accès plus difficile au

financement. La faible implication des IMF pourrait s’expliquer par des fonds

insuffisants pour satisfaire la demande (et par une faible capacité d’évaluation de la

demande de crédit). De plus, les IMF ont tendance à se concentrer sur les micro-

entreprises informelles (alors que l’étude se concentre sur les micro-entreprises plutôt

formelles). Enfin, 19 % des entreprises ayant des états financiers audités ont recours aux

banques contre 5 % de celles qui n’en ont pas, ce qui confirme l’importance de la

transparence dans l’accès au financement bancaire.

Tableau 5.2 : Togo – Sources de financement des fonds de roulement (%)

Mic

ro

For

mel

les

Pet

ites

entr

epris

es

Moy

enne

s

entr

epris

es

Gra

ndes

entr

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es

Ser

vice

s

Man

ufac

ture

Non

aud

itées

Aud

itées

Inté

rieur

Exp

orta

teur

s

non

ZF

TE

Exp

orta

teur

s

ZF

TE

Fonds internes 87,0 79,1 76,8 91,4 74,7 76,5 90,7 82,3 74,0 81,2 69,8 85,4

Banques 4,0 10,3 11,1 6,1 12 12,2 2,2 4,9 19,0 8,7 17,4 6,2

IMF 3,4 3,1 3,7 - - 3 3,4 2,7 3,8 2,5 6,0 -

Crédit fournisseur 1,8 2,6 2,5 1,9 13,2 2,8 1,7 2,7 2,5 1,8 5,3 8,4

5.18. La situation est similaire pour le financement de l’investissement (Tableau 5.3).

Pour financer leurs investissements, 70 % des entreprises formelles utilisent des fonds

internes contre 89 % des micro-entreprises ; 13 % des entreprises formelles ont recours

aux banques contre 5 % des micro-entreprises ; et 2,6 % des entreprises formelles (2,8 %

des petites entreprises) font appel aux IMF contre moins d’1 % des micro-entreprises. En

ce qui concerne les entreprises formelles ayant des états financiers audités, 21 % ont

recours au financement de banques commerciales.

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35

Tableau 5.3 : Togo – Sources de financement de l’investissement (%)

Mic

ro

For

mel

les

Pet

ites

entr

epris

es

Moy

enne

s

entr

epris

es

Gra

ndes

ent

repr

ises

Ser

vice

s

tran

sfor

mat

ion

Non

aud

itées

Aud

itées

Inté

rieur

Exp

ort.

Hor

s Z

FT

E

Exp

ort.

ZF

TE

Fonds internes 89,2 79,1 76,8 91,4 74,5 76,4 64,9 70,7 69,5 65,0 84,6 86,4

Banques 5,4 13,1 13,8 9,5 7,3 11,8 19,8 8,3 21,1 14,7 9,8 -

IMF 1,0 2,6 2,8 1,2 - 0,1 14,7 4,0 0,2 3,4 0,2 -

Crédit fournisseur - 5,5 5,7 4,8 2,3 6,6 0,2 6,7 3,6 5,8 5,0 3,6

5.19. Près d’un quart des entreprises formelles ont un prêt bancaire ou une ligne de

crédit contre moins de 15 % des micro-entreprises. L’accès au crédit bancaire augmente

avec la taille de l'entreprise formelle et est directement lié à l’existence ou non d’états

financiers audités (Tableau 5.4).

Tableau 5.4 : Raisons expliquant l’absence de demande de prêt bancaire ou de ligne de

crédit (%)

Mic

ro-e

ntre

pris

es

For

mel

les

Pet

ites

entr

epris

es

Moy

enne

s

entr

epris

es

Gra

ndes

entr

epris

es

Pas

d’é

tats

finan

cier

s au

dité

s

Éta

ts fi

nanc

iers

audi

tés

% d’entreprises avec ligne de crédit ou prêt 14,5 23,9 18,5 27,3 36,8 12,5 33,7

% d’entreprises ayant sollicité une ligne de crédit ou un prêt 18 28,4 25,9 27,25 42,1 18,1 37,4

Raisons expliquant l’absence de demande de prêt

Absence de besoin 30,2 34,6 22,0 40,0 81,8 20,7 50,0

Procédures de demande trop compliquées 28,6 30,0 40,7 22,5 41,4 17,3

Taux d’intérêt trop élevés 10,1 13,7 16,9 12,5 17,2 9,6

Garanties trop élevées 21,8 12,7 10,2 20,0 12,1 13,5

Ne pensait pas pouvoir en bénéficier 5,9 2,7 3,4 2,5 1,7 3,8

5.20. La situation est similaire pour les entreprises ayant sollicité un prêt bancaire ou

une ligne de crédit. Plus de 28 % des entreprises formelles ont sollicité un prêt ou une

ligne de crédit. Le pourcentage chute à 18 % pour les micro-entreprises et augmente avec

la taille des entreprises. Cela montre que plus l’entreprise est grande, plus la probabilité

qu’elle sollicite un prêt bancaire est élevée. De même, 37,4 % des entreprises ayant des

comptes audités ont sollicité un prêt bancaire ou une ligne de crédit contre 18,1 % des

entreprises qui n’en ont pas. Inversement, 70 % des entreprises formelles et 82 % des

micro-entreprises n'ont pas sollicité de prêt.

5.21. La raison principale de non demande de prêt bancaire ou de ligne de crédit est

l’absence de besoin d’un tel financement (Tableau 5.4). Cette absence de besoin est

directement liée à la taille de l’entreprise ou à l’existence d’états financiers audités. La

deuxième raison est la complication des procédures de demande. Cette raison est

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36

inversement proportionnelle à la taille de l'entreprise formelle ou à l’existence d’états

financiers audités. Moins l’entreprise est transparente ou plus elle est petite (une

caractéristique directement liée à l’absence de transparence), plus le prêteur aura de

difficultés à l’évaluer et plus la procédure de demande de prêt sera compliquée. En outre,

les banques n’ont pas encore mis au point des procédures efficaces d’évaluation des prêts,

ce qui se reflète en partie dans les ratios d’exploitation élevés donnés plus haut.

5.22. La troisième raison est le niveau élevé des garanties exigées. Il affecte davantage

les micro- et petites entreprises que les moyennes et grandes entreprises. Le ratio moyen

de la garantie par rapport au prêt est de 200 % pour les micro-entreprises, 145 % pour les

petites entreprises, 113 % pour les moyennes entreprises et égal à la valeur du prêt pour

les grandes entreprises (Tableau 5.5).

Tableau 5.5 : Garantie exigée des entreprises par les banques commerciales dans le cadre

d’un crédit

Micro-entreprises Petites entreprises

Moyennes entreprises

Grandes entreprises

Ratio moyen garantie/prêt 200 % 145 % 113 % 100 %

5.23. La principale garantie exigée par les banques est un titre foncier, dont les

petites/micro-entreprises ne disposent pas. De plus, il convient de noter qu'assez souvent

lorsqu’une banque veut refuser un prêt, elle demande une garantie qu’elle sait que

l'emprunteur ne possède pas plutôt que d’opposer un refus catégorique. La quatrième

raison expliquant l’absence de demande de prêt est le niveau trop élevé des taux d’intérêt.

Tableau 5.6 : Recours au financement formel et informel pour la création d’entreprises (%)

Micro-entreprises Petites entreprises

Moyennes entreprises

Grandes entreprises

Services Manufacture

Financement formel 11 9

16

38

11

12

Financement informel 10

11

2

- 9

8

5.24. Il convient enfin de noter qu'une faible proportion des créations d’entreprises

utilise un financement formel ou informel (Tableau 5.6), ce qui est normal étant donné

qu’une nouvelle entreprise ne dispose pas d’un historique financier, un facteur important

lors du processus d'évaluation des risques.

5.25. Pour résumer et conclure : Le Togo est à la traîne par rapport aux autres pays de

l’espace UEMOA en termes de développement de son secteur financier et en particulier

de son secteur bancaire. Il n’est entré que partiellement dans la régionalisation du secteur

bancaire et ne bénéficie donc pas de la solidité financière et opérationnelle qui

accompagne cette régionalisation. Même si le secteur des IMF est jugé plus robuste, il n’a

pas les ressources et la capacité technique pour jouer son rôle.

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37

5.26. Étant donné la situation difficile du secteur bancaire, on pourrait s’attendre à ce

que l’accès au financement occupe une place de choix dans la liste des contraintes

auxquelles sont confrontées les entreprises togolaises. Des PNP élevés avaient été

attribués à une gouvernance médiocre et aux arriérés d’entreprises publiques et privées.

Les prêts massifs accordés aux entreprises du secteur public par les banques

commerciales publiques ont eu un effet d’éviction des emprunteurs du secteur privé.

L‘amélioration de l’efficacité des banques commerciales est un élément important de la

restructuration actuelle du secteur bancaire au Togo. L’introduction d’une bonne gestion

et gouvernance par des procédures d’attribution de prêts et de contrôle satisfaisantes, de

contrôles internes, etc. devrait être mise en place parallèlement à la restructuration

financière.

5.27. L’analyse a montré que le faible recours au financement des banques et des IMF

s’explique en partie par les caractéristiques des institutions, c'est-à-dire le côté de l’offre.

Cependant, l’analyse de l’EI montre que cette question a aussi une dimension liée à la

demande. Les PME, micro-entreprises et entreprises ne faisant pas auditer leurs comptes

sont sans surprise confrontées à de sérieux obstacles en termes d’accès. Une très grande

partie des entreprises ne demandent pas de prêt bancaire ou ligne de crédit, se privant

ainsi des avantages d’un effet de levier financier ainsi que de ressources nécessaires pour

soutenir et étendre leurs activités. Cela démontre que le caractère non bancable de leurs

projets peut être un obstacle critique tant pour les PME que pour les micro-entreprises, et

que la question devrait donc être abordée en même temps pour les deux catégories.

L’amélioration de l’accès passe par des mesures portant aussi bien sur l’offre que sur la

demande. Elles sont présentées dans la Matrice 1 du résumé analytique.

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38

CHAPITRE 6: PROMOUVOIR LA COMPÉTITIVITÉ À TRAVERS

UNE ZONE FRANCHE DE TRANSFORMATION POUR

L’EXPORATION (ZFTE)

6.1. Avec un marché intérieur étroit, une économie relativement ouverte et le port

de Lomé qui offre un accès facile aux marchés mondiaux, l’État togolais a fait de

l’exportation l’axe central de sa stratégie de développement. À cette fin, il a mis en place

une zone franche de transformation pour l’exportation (ZFTE), outil important de cette

stratégie. Le Togo bénéficie d’avantages comparatifs pour la création de cette ZFTE,

dont : une main d’œuvre bon marché, des infrastructures (port et routes) en bon état et un

grand potentiel agricole pour la transformation des produits à valeur ajoutée.

6.2. La première section du chapitre présente le cadre général de la ZFTE au Togo.

Ce cadre a-t-il permis de créer un climat d’investissement concurrentiel dans la zone

franche ? Nous répondons à cette question en nous appuyant sur les données de l’IE qui a

porté à la fois sur les entreprises de la ZFTE et celles qui n’en font pas partie.

L’expérience et la performance des entreprises de la zone franche par rapport aux

objectifs fixés sont examinées dans la deuxième section. La troisième section aborde la

question de la viabilité du modèle de la ZFTE et le besoin de reformes. Enfin, en nous

basant sur les bonnes pratiques internationales, nous formulons des recommandations qui

contribueraient à une plus grande viabilité et efficacité de la zone. Étant donné la

configuration de l’économie politique togolaise, c’est une approche par étapes que nous

avons adoptée.

I.

6.3. Le principal objectif du cadre stratégique de la ZFTE du Togo est dicté par la

Loi ZFTE de 1989 qui offre de généreuses incitations fiscales. La Loi des Finances 2009

a réduit certaines d’entre elles (voir Encadré 6.1). Des mesures de facilitation ont été

ajoutées au cadre stratégique afin d’attirer les investisseurs potentiels.

6.4. Conception et critères d’éligibilité: La ZFTE togolaise a adopté le concept de

« point franc » par opposition à une zone clôturée qui regrouperait les entreprises de la

ZFTE. Les critères d’éligibilité au statut ZFTE ont été définis de façon large. A part

l’obligation d’exporter 80% du chiffre d’affaires, l’État n’impose pas de conditions

minimales pour le niveau d’investissement et la création d’emplois

6.5. Selon les principes généraux figurant dans la loi, la ZFTE devrait faire appel à

des sociétés à haute intensité de main d’œuvre qui utilisent des technologies de pointe ou

qui transforment les matières premières locales. La loi contient une longue liste de

secteurs éligibles, y compris les services tels que les banques et les assurances ainsi que

la fourniture d’intrants aux entreprises de la ZFTE; seules les opérations de vente en

gros/au détail, de reconditionnement et de transport sont spécifiquement exclues. La non

exclusion des opérations minières par cette loi crée un conflit potentiel avec le droit

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39

minier et surtout avec le fait que l’on s’attend généralement

à ce que l’État encaisse, par des redevances et des impôts

sur les bénéfices, des recettes auprès des sociétés minières

qui épuisent les ressources naturelles du pays. Ce principe

est incompatible avec l’exonération d’une société minière

de toutes les taxes au titre d’une loi sur la zone franche.

6.6. Gestion : La ZFTE du Togo est gérée par un

organisme public, la Société d’Administration de la Zone

Franche (SAZOF). Elle est dotée d’un budget annuel

d’environ 1,4 millions de dollars EU : environ 80% sont

alloués aux dépenses de fonctionnement et 20% aux

activités de promotion. Près de deux tiers de ses revenus

proviennent des recettes de baux fonciers et des frais divers

payés par les sociétés de la ZFTE, le dernier tiers étant

assuré par les subventions de l’État. La SAZOF a ouvert un

Guichet Unique qui s’occupe, au nom de l’investisseur, de

toutes les procédures administratives nécessaires à la

création d’une société et au raccordement aux services

publics, etc. Les investisseurs sont généralement satisfaits

de cette assistance et personne ne se plaint des procédures

administratives.

6.7. Rôle des infrastructures, localisation, facilitation

et services: L’examen des ZFTE en Afrique et ailleurs

montre que les incitations et les coûts salariaux ne sont pas

fortement liés aux résultats de la zone. Les incitations

fiscales peuvent être importantes au démarrage du

programme, mais s’avérer non soutenables à la longue. Les

principaux facteurs de succès de la zone résident dans

l’efficacité des douanes et le réseau élargi de transport et

logistique, la qualité et la fiabilité des infrastructures de la

zone, la compétitivité générale du pays, et la localisation.

Comment les entreprises de la ZFTE se comportent-elles

par rapport à celles situées hors de la zone, pour ce qui est

de ces facteurs de l’environnement des affaires au Togo?

Comme le montre le graphique 6.1, les trois principales

contraintes qui se posent à ces deux types d’entreprises

restent les mêmes : instabilité politique, corruption, et

électricité.

Encadré 6.1: Incitations et Garanties de la Loi togolaise de 1989 sur la zone franche d’exportation Exonération fiscale de

10 ans (impôts sur les bénéfices et autres)

Après 10 ans: impôts sur les bénéfices de 15% et réduction sur les autres impôts et taxes

Exonération des droits de douane et de la TVA sur les équipements et intrants importés

Exonération de la TVA sur les biens et services achetés localement

Liberté de rapatriement des capitaux propres, dividendes et autres revenus

Legislation du travail flexible

Loi des Finances 2009

Incitations fiscales

réduites et remplacées par une approche progressive: 5% d’impôts sur les bénéfices au cours des cinq premières années avec une progression à 10% et 15%, et un régime fiscal normal après 20 ans.

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40

Graphique 6.1: Pourcentage d’entreprises classant chaque problème comme important ou

grave

De gauche à droite : règlementation du travail, autorisations d’installation ou autres, transport, criminalité, qualification

de la main d’oeuvre, douanes et commerce, accès au foncier, secteur informel, administration fiscale, électricité, taux

d’imposition, tribunaux, corruption, instabilité politique.

Couleur bleue : entreprises hors ZFTE / couleur rouge : entreprises de la ZFTE

6.8. Une analyse plus poussée des données de l’EI confirme cette conclusion et

montre qu’il n’y a pas d’avantage particulier en termes d’environnement des affaires71

à

faire partie de la zone (Tableau 6.1), sauf en ce qui concerne le transport (une contrainte

majeure pour un tiers des entreprises situées hors de la zone contre seulement un quart

des entreprises de la zone) et une plus faible perception de la corruption (qui reste un

problème majeur pour plus de la moitié des entreprises de la ZFTE).

71

Hormis les incitations fiscales – la question du taux d’imposition sera abordée séparément.

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41

Tableau 6.1: Entreprises de la ZFTE et entreprises hors ZFTE au Togo – Classement des

Contraintes

hors ZFTE ZF

Même niveau bas ou moyen

Réglementation du travail 3% 0%

Qualification main d’œuvre 18% 22% Criminalité 21% 22%

Douanes & réglementation du commerce

30%

24%

Même niveau élevé

Électricité 51% 50%

Instabilité politique 68% 69% ZFTE < hors ZFTE

Corruption 68% 53%

Transport 34% 22%

Concurrence du secteur informel 53% 35%

ZFTE > hors ZFTE

Accès au foncier 15% 24%

Tribunaux 38% 50%

Non concluant Autorisation d’installation ou autres

18% 18%

ou problème données

Administration fiscale 39% 39%

Taux d’imposition 39% 50%

NB: > ou < signifie nettement supérieur ou inférieur d’au moins 10 points de pourcentage.

6.9. L’efficacité des règlementations douanières et commerciales, la qualité et la

fiabilité des infrastructures (l’électricité surtout), et la disponibilité de services tels

qu’une main d’œuvre qualifiée (facteurs essentiels pour le succès de la zone) sont plus ou

moins les mêmes à l’intérieur et à l’extérieur de la zone. L’accès au foncier et les

problèmes judiciaires (retards et corruption) sont perçus comme problèmes plus

importants par les entreprises de la zone franche que par celles situées en dehors. La

SAZOF n’ayant plus de terrains à attribuer, la plus forte proportion d’entreprises de la

zone franche citant l’accès au foncier comme problème est loin d’être surprenant. Les

problèmes judiciaires peuvent être liés au fait que les entreprises étrangères sont plus

vulnérables à la corruption judiciaire. Le fait que les entreprises de la zone franche aient

la même perception négative de l’administration fiscale et des taux d’imposition que

celles qui n’en font pas partie (même si les entreprises de la zone franche bénéficient

d’exonérations fiscales très généreuses, avec donc, peu d’interactions avec les agents du

fisc) reflète probablement un mécontentement dû aux dernières modifications législatives

(Loi des Finances 2009), et à une application plus stricte de la règlementation en vigueur

(telle que le paiement de droits de douanes sur les marchandises vendues sur le marché

intérieur).

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42

II.

6.10. Jusqu’à quel point la ZFTE du Togo a-t-elle atteint son objectif de « stimuler le

développement des activités orientées vers l’exportation et de créer des emplois » ?

Quelle a été la contribution de la ZFTE au développement de l’économie dans son

ensemble? Tout en abordant ces questions, la section ci-dessous procède à l’évaluation

globale de la ZFTE au Togo.

Exportations: Croissance, composition, diversification et destination

6.11. La ZFTE a atteint son objectif d’accroissement des exportations par les

entreprises de la zone, passant de 2 milliards de francs CFA en 1991 à 50 milliards en

2000 et 147 milliards en 200872

. Les entreprises de la ZFTE représentaient près de la

moitié (46 %) des exportations de marchandises du Togo sur la période 2005-2008, en

moyenne, et leur part est en hausse. En 2008, la part de la ZFTE dans les exportations

togolaises atteignait 55 %, reflétant ainsi la baisse des exportations traditionnelles des

entreprises hors ZFTE tels que le phosphate et le coton73

, et la stabilité des exportations

de clinker des entreprises de la zone franche.

6.12. Les entreprises de la ZFTE ont contribué de façon significative à la

diversification des exportations togolaises, en allant au-delà des produits traditionnels,

comme le montre le graphique ci-dessous.

6.13. En ce qui concerne la destination des produits de la ZFTE, 70 % sont destinés

à d’autres pays de l’espace CEDEAO, 12 % à d’autres pays africains, et seulement 3 %

aux pays développés. Les 15 % restants sont vendus sur le marché local.

72 Compte tenu de la longue période de fluctuation du taux de change (notamment la dévaluation de 50 % contre le

Franc français en 1994), nous avons choisi de ne pas exprimer les montants en dollars EU. 73

La baisse spectaculaire des exportations du phosphate et du coton peut être imputée à la mauvaise gestion des

entreprises publiques dans ces secteurs. La tendance pourrait être inversée une fois que ces exportations traditionnelles

auront repris à la faveur d’une restructuration complète du système.

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43

Graphique 6.2: Composition des exportations totales du Togo par produit

2000 2007

Sources: BCEAO et SAZOF

Emploi, revenus, et productivité

6.14. Création d’emploi: Quelques 9 000 emplois (dans le secteur manufacturier

surtout) ont été créés dans la ZFTE. La part de la ZFTE dans le nombre total d’emplois

dans le secteur privé formel au Togo est estimée entre 11 et 36 %74

. La zone franche du

Togo s’est bien comportée par rapport à la ZFTE du Sénégal (7,674 emplois) ou celle de

la Tanzanie (3,146), mais sa performance est, de toute évidence, en deçà de celles du

Ghana voisin (28,559) et de l’Afrique de l’Est, notamment le Kenya (30,658) et le

Lesotho (45,130)75

.

6.15. Création d’un nombre important d’emplois dans la ZFTE, mais à quel prix ?

L’investissement moyen par emploi créé peut être estimé à 29 000 dollars EU76

(22 200

dollars EU pour l’entreprise médiane), ce qui reflète la forte intensité capitalistique de la

plupart des entreprises de la ZFTE77

. Par ailleurs, l’investissement moyen par emploi

créé est en hausse, passant de 33 000 dollars EU en 2006 à 49 000 dollars EU en 2007

avant de culminer à 74 000 dollars EU en 2008, soit plus du double en deux ans.

74 Les estimations se situent entre 25 000 et 80 000 du fait du caractère non fiable et contradictoire des données sur

l’emploi total dans le secteur privé formel. 75

Farole, T. 2010. Investment climate in African SEZs (en cours). 76 Basé sur l’investissement cumulé par rapport à la valeur d’origine (valeur comptable), sans actualisation ni

dépréciation. Les auteurs ont conscience des limites de cette méthodologie: l’idéal serait de prendre en compte l’âge du

capital à travers une actualisation des séries chronologiques, mais si la valeur des investissements antérieurs a été

actualisée, la dépréciation devrait également avoir été prise en compte. Aucune information sur la composition du

capital (terrain, bâtiments et équipements) n’étant disponible, il était difficile de faire une hypothèse raisonnable sur les

coefficients de dépréciation. Les séries chronologiques du montant de l’investissement sont en francs CFA mais

l’investissement cumulé a été converti au taux de change du CFA/dollar EU de 2008. 77Le manque de données n’a pas permis d’évaluer le coût réel par emploi créé, qui devrait inclure la subvention prise en

compte dans les recettes fiscales cédées.

phosphates,

25.2%

clinker/ciment

, 19.1%

coton 30%cacao et

café, 9.2%

autres

13.3%

prod

fer/acier,

3.2%

phosphate,

8.1%

clinker/ciment,

38.7%

prod fer/acier,

9.2%

emb plastique,

7.3%

parfums/cosm

ét, 5.3%

coton 6.4%

boissons 3.4%

autres 19.3%

cacao et café,

2.3%

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44

L’investissement par emploi créé va de 1 300 000 dollars EU (un cas isolé de toute

évidence) à 3 700 dollars EU pour l’une des entreprises employant le plus de main

d’œuvre. Deux entreprises emploient à elles seules pratiquement le tiers de la main

d’œuvre, alors qu’elles ne comptent que pour 4 % de l’investissement total dans la ZFTE.

Inversement, les trois entreprises qui représentent un tiers des investissements cumulés de

la zone, n’utilisent que 6 % de la main d’œuvre.

6.16. Les revenus générés par les emplois de la ZFTE restent modestes. Le salaire

moyen (primes et prestations sociales incluses, pour tous les niveaux de qualification) se

situe autour de 70 Euros (95 dollars EU par mois), alors que le salaire minimum est

d’environ 43 Euros (58 dollars EU par mois), à égalité avec le salaire minimum à

l’extérieur de la zone. La masse salariale de 13,6 millions de dollars EU ne représente

que 4 % de la valeur du chiffre d’affaires de la ZFTE, ce qui représente une part très

faible, même en comparaison d’autres pays en développement. Il existe de grandes

différences entre les sociétés, avec des salaires représentant 1 % du chiffre d’affaires pour

certaines des entreprises à plus haute intensité capitalistique contre 15 % pour les deux

entreprises à haute intensité de main d’œuvre mentionnées ci-dessus et même 30 % pour

certaines activités agroindustrielles.

6.17. La productivité de la main d’œuvre (mesurée ici par la production par travailleur)

montre de grandes variations liées aux différences dans l’intensité capitalistique78

. Le

chiffre d’affaires par travailleur s’élevait à 29 000 dollars EU par an en 2008, et la valeur

ajoutée par travailleur79

à 13 800 dollars EU. Il convient de noter que l’utilisation de ces

ratios comme indicateurs de la productivité de la main d’œuvre est problématique dans

des contextes hétérogènes puisqu’ils ne montrent essentiellement que l’intensité

capitalistique relativement élevée de la plupart des industries de la ZFTE du Togo80

.

Tableau 6.2: Production par travailleur dans la ZFTE du Togo

Entreprise moyenne

Entreprise médiane

29 000 dollars EU

16 900 dollars EU

La plus élevée

600 000 dollars EU

Les 10 les plus élevées (quintile)

86 000 dollars EU

Moitié supérieure

59 000 dollars EU

La plus faible

1 300 dollars EU

Les 10 les plus faibles (quintile)

8 100 dollars EU

Moitié inférieure

16 000 dollars EU

78 En effet, le ratio du rendement par travailleur (O/L) est dans une large mesure déterminé par l’intensité du capital

(K/L), les rapports entre capitaux et produits (K/O), la valeur résiduelle étant prise en compte dans les facteurs

d’efficacité. 79 La valeur ajoutée définie comme les ventes totales moins les intrants importés et locaux. Les acquisitions de services

locaux par les entreprises de la ZFTE ne sont pas disponibles et n’ont donc pas été prises en compte. 80 La production de clinker (à très haute intensité de capitaux) et l’industrie chimique légère (relativement exigeante en

capitaux) représentent 56% des ventes totales de la ZFTE du Togo et sont à l’origine de la forte tendance à la hausse

dans les ratios moyens entre les Ventes /L et les VA/L. Les ratios auraient été nettement inférieurs pour le reste du

secteur manufacturier.

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45

6.18. La caractéristique quelque peu surprenante et atypique de la composition

sectorielle de la ZFTE du Togo est l’importance de la part des industries à forte intensité

capitalistique: les industries chimiques et la production de clinker représentaient plus de

la moitié des ventes de la zone franche en 2008 (56,3 %). Cette caractéristique

structurelle constitue évidemment une contrainte à la création d’emplois pour la main

d’œuvre togolaise. Le mécanisme d’incitation est neutre et n’impose pas de conditions

minimales pour les investissements et la création d’emplois. Toutefois, dans le cadre du

débat sur les manque-à-gagner fiscaux et la viabilité fiscale du cadre des incitations,

l’option de lier les avantages fiscaux à la création d’emplois (fondée sur la performance,

à savoir les emplois permanents réellement créés au profit des togolais, sans passer par

les conditions minimales) devrait faire l’objet d’un examen approfondi.

Autres impacts sur l’économie: PIB, recettes fiscales, liens

6.19. La contribution de la ZFTE au PIB togolais peut être estimée à 5 % (2007) dont

la plus grande part concerne le secteur manufacturier. En effet, les entreprises de la ZFTE

représentent à peu près le tiers de la valeur ajoutée de tout le secteur manufacturier au

Togo.

6.20. Pertes de recettes fiscales : Un peu partout dans le monde, les États offrent des

exonérations fiscales temporaires aux sociétés désireuses de s’installer dans les ZFTE et

les autres zones économiques spéciales pour stimuler les exportations et l’emploi, étant

entendu que les sociétés reviendront au statut normal à l’expiration de la période

d’exonération fiscale (ou paieront, au moins, des impôts réduits) et que l’État pourra ainsi

récupérer certaines pertes de recettes de la période précédente. La Loi initiale sur la zone

franche industrielle du Togo prévoyait une exonération fiscale de 10 ans et un taux

d’imposition sur les bénéfices de 15 % par la suite. Certaines sociétés ont fermé avant ou

juste après l’expiration de l’exonération fiscale81

. Pour les ventes sur le marché local

(limitées à 20 % des ventes totales), les sociétés de la ZFTE étaient légalement tenues de

payer tous les droits de douane et la TVA, mais apparemment cette disposition n’avait

jamais été appliquée avant 2009. La Loi des Finances 2009 a réduit ces avantages

fiscaux. Avant les changements de 2009, l’impact des recettes générées par les impôts et

taxes versées par les sociétés de la ZFTE (sur les bénéfices, les ventes sur le marché local

et sous forme d’impôt sur les salaires des employés) était donc très faible.

6.21. Effets d’entrainement sur l’économie nationale: les effets d’entrainement en

amont peuvent être mesurés par l’acquisition de biens et services à l’économie nationale.

Au cours de la période 2000-2008, la part des achats aux entreprises du territoire

douanier représentait, en moyenne, 19 % du total des intrants. On a pu observer une

tendance nette à la baisse : en 2000-2001, cette part était de 32 %, pour chuter à 15 % en

2007-2008. Par ailleurs, cette part inclut les achats de produits pétroliers auprès des

distributeurs locaux ; ces achats sont en fait des importations indirectes. En supposant que

le carburant représente probablement un minimum de 5 à 10 % de l’ensemble des

intrants d’une entreprise, la part réelle des intrants produits localement serait nettement

81 Pour des raisons indépendantes de la question fiscale selon l’Administration de la zone franche.

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46

inférieure, indiquant les faibles effets d’entrainement en amont sur l’économie

nationale82

.

6.22. Le manque relatif d’effet d’entrainement en amont n’est pas surprenant. Une

analyse importante réalisée par la Banque mondiale sur les ZFTE83

a révélé que « la

création d’effets d’entrainement en amont semble être largement conditionnée par le

potentiel industriel du pays. Dans les pays qui n’ont pas encore un tissu industriel

relativement développé et qui ont adopté les ZFTE aux fins de promouvoir ces effets

d’entrainement et de favoriser ce potentiel industriel national, seuls quelques effets

sporadiques et limités ont été observés ; en plus, des entreprises utilisatrices se

plaignaient de la mauvaise qualité ou de l’incompatibilité des intrants locaux… Par

contre, dans les pays déjà dotés d’un tissu industriel solide avant la création des ZFTE

(ex: Taiwan et Corée du Sud), ces effets d’entrainement ont bien eu lieu ».

Évaluation générale de la ZFTE 84

6.23. En considérant l’ensemble des critères de performance évoqués ci-dessus,

l’impact global de la ZFTE sur l’économie est mitigé. Il est positif en ce qui concerne la

hausse et la diversification des exportations, mais mitigé pour ce qui est de la création

d’emplois, la génération de revenus et les effets d’entrainement, en plus d’être onéreux en

termes de manque-à-gagner fiscal. Les industries à haute intensité de main d’œuvre n’ont

pas joué un rôle moteur dans les principales exportations en ce qui la création d’emplois

dont le Togo a tant besoin. La tendance combinée de la baisse de la valeur ajoutée

(relative au chiffre d’affaires) et le déclin des effets d’entrainement en amont devraient

faire l’objet d’une étude plus approfondie. Les résultats pourraient aider à mieux orienter

les incitations vers la création d’emplois, la valeur ajoutée et les effets d’entraînement en

amont.

III.

6.24. Le cadre actuel de la ZFTE soulève deux préoccupations quant à : 1) sa

soutenabilité financière; et 2) la viabilité du modèle dans le contexte de l’intégration

régionale et de l’Union douanière de la CEDEAO.

6.25. Soutenabilité financière: La Loi des Finances de 2009 a réduit les incitations

fiscales très généreuses de la loi ZFTE initiale et introduit un système d’imposition

progressive sur les bénéfices aux taux de 5, 10 et 15 %, suivis d’un retour au régime

d’imposition normal après 20 ans (Encadré 6.1). Ces changements tendent à rendre le

82

L’on peut ajouter qu’il n’y a pas d’explication évidente à la tendance à la baisse de la part des achats au niveau

national. Un des facteurs pourrait être le changement du statut de certains fournisseurs précédemment installés sur le

territoire douanier national (emballage de matériels et intrants semblables) en zone franche de transformation pour

l’exportation. Selon cette hypothèse, les achats au niveau national n’auraient pas été remplacés par des importations au

cours de la période en question, mais par la production des usines ayant maintenant intégré la ZFTE. 83

Madani, D., 1998. A Review of the Role and Impact of Export Processing Zones. Banque mondiale, Groupe de

recherche sur le développement, Commerce, Washington, D.C 84 Cette évaluation très élargie devra être affinée par une analyse complète des coûts bénéfices à l’aide d’une

méthodologie appropriée.

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47

système d’incitations de la ZFTE beaucoup plus soutenable sur le plan fiscal. Le nouveau

système s’est toutefois heurté à une forte résistance des entreprises de la ZFTE. Selon une

proposition de révision d’ensemble de la Loi ZFTE introduite depuis, il s’agira de

modifier de nouveau les changements introduits par la Loi des Finances de 2009 et de

réintroduire des incitations fiscales plus avantageuses, allant ainsi à l’encontre des

meilleures pratiques internationales en matière de cadres ZFTE efficaces. Un tel retour en

arrière enverrait en même temps des signaux contradictoires aux éventuels investisseurs

sur la cohérence de la politique étatique. En outre, la très large définition des critères

d’éligibilité reste une préoccupation. Les seules activités spécifiquement exclues des

incitations de la ZFTE par la précédente loi étaient la vente en gros/au détail, le

reconditionnement et le transport ; mais le projet de loi actuel n’exclurait même pas le

transport. Cette large couverture inclut également les exploitations minières, qui, dans des

circonstances normales, devraient être une source de recettes pour l’État, et les activités

de transformation primaire des matières premières locales (telles l’égrenage du coton) qui

se font nécessairement dans le pays où ils sont produits et qui n’ont donc besoin d’aucune

incitation.

6.26. Viabilité au sein de l’Union douanière de la CEDEAO. A l’origine, les entreprises

de la ZFTE togolaise ont été créées pour viser le marché régional. En effet, pour les

industries à haute intensité capitalistique, le Togo n’a pas d’avantage comparatif par

rapport aux pays développés. Par contre, et grâce à la combinaison d’un ensemble

d’incitations fiscales généreuses offert par le statut de ZFTE, ajoutée à l’efficacité

relative des douanes et des opérations portuaires du Togo et plus généralement de son

rôle de plateforme commerciale dans la région, les entreprises de la ZFTE sont

compétitives en ce qui concerne les exportations vers les pays voisins de l’UEMOA et de

la CEDEAO (70 % de la production de la ZFTE et 82 % de ses exportations vont vers la

CEDEAO). Mais en 2000, la zone d’échanges préférentiels de l’UEMOA85

a été

transformée en Union douanière à part entière. Après plusieurs faux départs, la zone

d’échanges préférentiels de la CEDEAO86

est maintenant opérationnelle et en passe de

devenir une union douanière87

. Les Accords régionaux incluent un Schéma de

Libéralisation des Échanges (SLE-CEDEAO) au titre duquel les exportations d’un pays

membre peuvent entrer dans d’autres pays membres sans droits de douane. Ce schéma a

été mis en œuvre par les pays membres en 2005-2007. Mais les entreprises de la ZFTE

n’y sont pas éligibles et les importateurs des produits de cette zone dans d’autres pays de

la CEDEAO devront payer tous les droits de douane88

, rendant ainsi les produits plus

chers. C’est pourquoi les exportations hors ZFTE du Togo vers la CEDEAO sont en

hausse, atteignant 114 millions de dollars EU en 2009 contre 220 millions de dollars EU

d’exportations pour les entreprises de la ZFTE.

6.27. Il y a des raisons de penser, en l’état actuel des choses, que soit les règles

applicables aux exportations de la ZFTE ne sont pas encore systématiquement

85 Bénin, Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal, et Togo. 86

Cap Vert, Gambie, Ghana, Guinée, Liberia, Nigéria, Sierra Leone et les 8 pays de l’UEMOA. 87 Un Tarif Extérieur Commun (TEC) a été adopté, mais n’est pas encore mis en œuvre par tous les pays membres,

surtout par le plus important (Nigéria) et est en cours de révision avec l’introduction d’une cinquième bande tarifaire. 88

Les importations des ZFTE (zones extraterritoriales au point de vue douanier) doivent être traitées exactement

comme toute importation de pays tiers.

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appliquées, soit certaines exportations suivent la voie habituelle des « réexportations »89

togolaises. Mais combien de temps cette situation va-t-elle durer? Des progrès en matière

d’intégration des échanges régionaux, avec, en définitive, la création de postes frontière

conjoints aboutiront, au fil du temps, à une application plus stricte des règles de la

CEDEAO. Les exportations de la ZFTE togolaise seront alors véritablement défavorisées.

Le paiement de droits d’importation augmentera les prix sur les marchés de destination,

ce qui rendra les produits de la ZFTE moins compétitifs. Ce mode opératoire de la ZFTE

togolaise, basé sur une application laxiste des règles commerciales de la CEDEAO,

deviendra alors non viable..

IV.

6.28. Au fil du temps, le concept de ZFTE a évolué vers le concept plus large de « Zone

Économique Spéciale » (ZES), grâce aux succès enregistrés par ces zones en Asie et

notamment en Chine. Les ZES se définissent généralement comme des zones

géographiquement délimitées et administrées par un seul organisme, et qui offrent

certaines incitations (généralement des importations en franchise de droits et des

procédures douanières simplifiées, par exemple) aux entreprises installées physiquement

dans la zone. Contrairement aux « zones enclavées » peu liées aux économies du pays

d’accueil, l’accent y est précisément mis sur l’intégration des zones dans l’économie

nationale.

6.29. Un rapport FIAS90

de 2008 décrit les caractéristiques souhaitables des ZES

comme suit:

Mise à disposition par l’État d’infrastructures et d’installations hors site (raccordements aux

services publics, routes) comme incitation au financement privé des infrastructures et des

installations sur le site. Mise à disposition par l’État de parcelles de terrains avec des titres sécurisés et des droits de

mise en valeur pour location par bail à des groupes privés d’aménagement de la zone ;

formulation de lois et élaboration de textes relatifs à l’utilisation et à la propriété foncières ; et

adoption de plans de zonage et d’utilisation des terres, plans qui doivent avoir force exécutoire.

Approches construction-exploitation-transfert (BOT) et construction-propriété-exploitation des

infrastructures et installations à l’intérieur et à l’extérieur de la zone, bénéficiant de garanties

et/ou d’un appui financier de l’État. Les zones privées, avantages, obligations, droits et

partenariats public-privé pour l’aménagement de la zone sont clairement définis.

6.30. En ce qui concerne le cadre incitatif et règlementaire, le rapport recommande

d’utiliser l’introduction ou la réforme de régimes spécifiques aux zones comme une

occasion de rationaliser les incitations fiscales sur les bénéfices. L’idéal serait d’aboutir à

l’harmonisation des politiques d’imposition des bénéfices des entreprises de la zone avec

la fiscalité de droit commun du pays, ou au moins à l’alignement des incitations de la

zone sur celles des entreprises bénéficiant d’un autre traitement préférentiel comme le

89

Voir le chapitre sur les réexportations du CEM. 90 FIAS, «Special Economic Zones: Performance, Lessons learned, and Implications for Zone Development» avril

2008. Washington, D.C.

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49

code des investissements. La meilleure approche pour les incitations fiscales en matière

d’impôt sur le bénéfice est d’avoir des incitations basées sur la performance dans le code

des impôts du pays plutôt qu’à travers une législation spéciale telle que les régimes de la

ZFTE.

Réformes nécessaires pour faciliter l’introduction des principes des bonnes pratiques

internationales et pour repositionner la ZFTE togolaise

6.31. La ZFTE du Togo a 20 ans. L’État devra, donc, pour des raisons d’économie

politique et pragmatiques, adopter une approche progressive de repositionnement de la

zone. Le défi pour les autorités sera d’une part d’assurer la soutenabilité financière de

celle-ci en réformant le système des incitations et d’autre part d’anticiper les problèmes

croissants qui résulteront de la mise en œuvre effective de l’Union douanière de la

CEDEAO, en proposant à l’avance des solutions appropriées. Toutes les réformes

devraient reposer sur les meilleures pratiques internationales évoquées ci-dessus afin que

l’orientation générale de la politique de l’État soit claire pour les investisseurs. Les

principales reformes sont présentées ci-dessous.

6.32. Reforme du régime fiscal de la ZFTE - harmonisation ou alignement des

politiques d’imposition des bénéfices des entreprises de la zone (et des autres taxes) avec

le code général des impôts. Le Togo est, en 2010, dans une situation exceptionnelle en ce

sens que sa loi ZFTE et son Code d’Investissement doivent tous deux être révisés. C’est

donc une occasion idéale d’aligner les régimes fiscaux et de rationaliser les incitations

fiscales sur les bénéfices, d’autant plus que le code des impôts - récemment dans la Loi

des Finances 2010 - a introduit un généreux crédit d’impôt à l’investissement91

qui

pourrait également s’appliquer aux entreprises de la ZFTE. L’État pourrait donc

incorporer dans le Code des impôts une imposition de droit commun plus faible qui

s’appliquerait à l’ensemble des entreprises, indépendamment du secteur d’activité et de la

destination des ventes (exportation ou marché local)92

. Les entreprises existantes de la

ZFTE auraient le choix entre : a) bénéficier d’une clause de droits acquis et fonctionner

donc selon l’ancienne loi (telle que révisée en 2009), mais avec l’inconvénient majeur

que les exportations vers leur principal marché (la CEDEAO) seront de moins en moins

compétitives lorsque les règlementations commerciales régionales seront appliquées

d’une façon plus stricte; ou b) renoncer volontairement au statut conféré par la ZFTE,

bénéficier du crédit d’impôt à l’investissement mentionné plus haut pour réduire leurs

impôts sur le bénéfice, et devenir éligibles pour les importations en franchise de droits de

leurs clients importateurs dans la CEDEAO selon le schéma de libéralisation des

91 Sous la forme d’un amortissement accéléré des dépenses d’investissement, avec des coefficients de 2 à 2,5 pour les

investissements dont la durée de vie dépasse 5 ans. Avec un coefficient 2, une entreprise peut déduire le double de la

valeur des dépenses d’investissement de son assiette fiscale, ce qui devrait considérablement diminuer ses impôts sur

les bénéfices (IS). Par ailleurs, la disposition - équivalente à un crédit d’impôt à l’investissement - peut être reportée de

façon indéfinie sur les années de pertes. Elle offre en outre les avantages les plus importants lorsque l’entreprise

commence à réaliser des bénéfices, contrairement aux exonérations fiscales limitées aux premières années de

fonctionnement. 92 Cela ne s’applique évidemment pas aux exemptions de droits de douane et de TVA sur les intrants qui sont la raison

d’être d’une ZFTE ou d’un système d’entrepôt de stockage. Les systèmes de draw-back des droits de douane ou de

restitution de la TVA auraient théoriquement le même effet, mais l’expérience à montré qu’ils ne fonctionnement pas

dans les pays africains.

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50

échanges de la CEDEAO. Cette réforme ambitieuse du système des incitations devrait

bénéficier d’une bonne préparation 93

et permettre de réduire le risque d’insoutenabilité

financière tout en facilitant une bonne transition des entreprises de la ZFTE vers l’Union

douanière de la CEDEAO.

6.33. Repositionnement de la ZFTE – attirer des activités à haute intensité de main

d’œuvre et créer des emplois. Réviser la loi ZFTE pour reserrer les conditions

d’éligibilité et, au moins, exclure les exploitations minières et les activités de

transformation primaire des matières premières locales (c.à.d. les activités

incontournables qui rendent le produit tout juste exportable, sans valeur ajoutée :

égrenage du coton par exemple) offrira le cadre fiscal nécessaire à l’introduction

d’incitations basées sur la performance et conçues pour attirer d’avantage d’activités à

haute intensité de main d’œuvre, et tenant ainsi compte des avantages comparatifs du

Togo : coûts salariaux bas et main d’œuvre disciplinée. Les autres conditions pour

atteindre cet objectif sont : 1) l’investissement dans le capital humain sous la forme d’une

augmentation des ressources destinées à l’enseignement et à la formation professionnelle

afin d’accroître la productivité de la main d’œuvre ; et 2) des efforts de promotion ciblés,

mieux entrepris par des structures privées de gestion des zones.

6.34. Résolution de la question foncière. Au regard de son potentiel agro-industriel, le

Togo devrait maintenir l’option de point franc qui offre une flexibilité accrue et qui a

l’avantage de minimiser les coûts de développement à l’intérieur et à l’extérieur d’une

zone géographiquement délimitée94

. Dans le cas du Togo, l’accès au foncier et la

sécurisation foncière, qui constituent des problèmes majeurs pour les entreprises

actuellement situées hors des terrains appartenant à l’État ou au Port (voir enquête : un

quart des entreprises de la ZFTE, sans compter les investisseurs potentiels, considèrent le

foncier comme une contrainte majeure) constituera un avantage certain au niveau des

infrastructures (avantage que l’on retrouve ailleurs sous la forme de zones enclavées dans

les modèles venant des meilleures pratiques internationales). La création de ZES

enclavées gérées par le privé au Togo nécessiterait : 1) une révision majeure et une

rationalisation des baux immobiliers concédés à proximité du Port (qui sont actuellement

proposés à une fraction des taux du marché) afin de dégager de l’espace pour des

aménagements futurs ; et/ou 2) des études de faisabilité pour la création d’une nouvelle

zone située hors de la capitale (y compris une enquête pour déterminer le caractère

acceptable de cet emplacement pour les investisseurs potentiels) et, si les résultats sont

concluants, la construction de nouvelles infrastructures de viabilisation de la nouvelle

zone95

.

93 Pour mener à bien ce processus de préparation, il faudra contre balancer la pression des intérêts particuliers

(responsables gouvernementaux ayant un pouvoir dans le processus d’approbation ; entreprises de la ZFTE

bénéficiant d’avantages fiscaux généreux, voire excessifs) en donnant une voix aux entreprises qui, à l’heure actuelle,

n’ont aucun droit à de tels avantages (notamment les PME sur le territoire douanier) et qui doivent assumer le niveau

d’imposition relativement élevé qui résulte du système d’incitations généreuses pour les entreprises de la ZFTE. 94

Les avantages concurrentiels du Togo pour une nouvelle génération d’entreprises ZFTE pourraient résider dans le

renforcement de la chaîne de valeur ajoutée des produits agricoles locaux. Ces entreprises, notamment les exploitations

intégrées verticalement, doivent être installées à proximité de leur source de matières premières et ne peuvent être

confinées dans une zone enclavée. Elles ne tirent pas d’avantages majeurs de leur présence à proximité du port comme

les entreprises qui importent la plupart de leurs intrants. 95 La SAFOZ a indiqué qu’elle a déjà acquis le terrain.

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51

6.35. Amélioration de la prestation des services, notamment dans les

télécommunications. La Loi ZFTE en vigueur offrait aux entreprises de la ZFTE la

possibilité d’avoir leur propre système V-SAT, mais ce droit a été abrogé par la Loi de

1996 sur les Télécommunications. Le rétablissement de ce droit (si l’on considère que le

coût global des communications internationales est plus élevé pour les entreprises de la

ZFTE que pour les entreprises qui opèrent sur le marché intérieur) serait une décision

dans le bon sens qui devrait également créer les conditions minimales pour attirer des

entreprises de télécommunication (centres d’appels, activités back office etc.) dans la

ZFTE.

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52

Annexe 2.1: Déterminants de la productivité

Modèle 1

Modèle 2

Modèle 3

Modèle 4

Modèle 5

Modèle 6

Modèle 7

Modèle 8

Modèle 9 Modèle 10

Intercept 7,15*** 7,25*** 7,22*** 7,28*** 7,17*** 7,2*** 6,7*** 7,34*** 6,69*** 6,47***

(0,394) (0,378) (0,388) (0,377) (0,389) (0,387) (0,419) (0,423) (0,46) (0,47)

Log(âge entreprise) 0,75*** 0,59*** 0,64*** 0,54*** 0,66*** 0,62*** 0,69*** 0,6***

0,58*** 0,39***

(0,178) (0,176) (0,181) (0,178) (0,180) (0,181) (0,175)

(0,17) (0,17)

Manufacture 0,01 -0,01 0,18 0,09 -0,33 -0,08 -0,1 0,2 0,17 0,18

(0,407) (0,390) (0,406) (0,395) (0,432) (0,452) (0,397) (0,387) (0,38) (0,41)

Moyennes 0,45 0,16 0,3 0,11 0,38 0,48 0,27 0,69* 0,48 0,14

(0,357) (0,350) (0,356) (0,351) (0,354) (0,357) (0,352) (0,357) (0,35) (0,35)

Grandes 1,44*** 0,91 0,89 0,65 1,24** 1,25** 1,32*** 1,21** 0,92* 0,37

(0,601) (0,592) (0,632) (0,618) (0,601) (0,597) (0,587) (0,576) (0,57) (0,58)

SARL

1,02*** 0,61

0,26

(0,413) (0,422)

-0,32

Exportateur

0,82**

(0,385)

Études univers.

0,83*** 0,66** 0,59**

(0,305) (0,30) (0,29)

Email

1,10*** 0,88***

(0,36) (0,35)

Ratio travaill. temporaires

-1,92***

-1,74*** -1,25***

(0,620) (0,60) (0,60)

Découverts

0,8***

0,69**

(0,337)

(0,31)

LC/prêts

0,64*

0,46

(0,374)

(0,34)

Exportateurs ZFTE

0,01

-0,49

(0,611)

(0,58)

Exportateurs non ZFTE

1,05***

0,35

(0,404)

(0,38)

Étrangères

1,35***

1,18***

0,88***

(0,364) (0,382) (0,38)

N 142 142 142 142 142 142 142 142 142 142

Ajust. Rsq 0,2014 0,2693 0,2299 0,275 0,2215 0,2322 0,2483 0,2893 0,33 0,4

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53

Annexe 4.1, Tableau 1: Capital humain, TIC, comportement financier et exportateur : Y a-t-il une différence

significative entre les micro-entreprises et les grandes entreprises ? Résultats probit

Exportateur Études univers. Email Découvert Audité Prêt/LC

Intercept 1,26*** -0,56*** -0,22 -0,06 -0,98*** -1,42***

(0,180) (0,157) (0,154) (0,152) (0,167) (0,200)

Log (âge

entreprise) -0,21*** -0,01 0,14* 0,04 0,25*** 0,25***

(0,085) (0,079) (0,079) (0,077) (0,081) (0,093)

Manufacture -0,24 0,02 0,24 0,29 0,07 -0,14

(0,203) (0,192) (0,214) (0,198) (0,199) (0,219)

Petites 0,001 0,3 0,3 -0,01 0,14 0,09

(0,208) (0,185) (0,184) (0,181) (0,188) (0,214)

Moyennes

ou grandes 0,58*** 0,67*** 0,99*** 0,59*** 0,93*** 0,3

(0,230) (0,221) (0,250) (0,228) (0,225) (0,243)

LLr -154,37 -190,02 -174,96 -192,74 -174,61 -138,23

N 297 297 297 297 297 297

***significatif à 1%, ** significatif à 5%, * significatif à 10%.

Catégories de variables omises : secteur des services et micro-entreprises

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54

Annexe 4.1, Tableau 2: Régressions productivité – échantillon complet

Modèle 1 Modèle 2 Modèle 3 Modèle 4 Modèle 5 Modèle 6

Intercept 7,75*** 7,69*** 7,77*** 7,55*** 7,46*** 7,34***

(0,221) (0,217) (0,241) (0,243) (0,231) (0,237)

Log (âge entreprise) 0,48*** 0,41*** 0,37*** 0,44*** 0,33*** 0,19*

(0,113) (0,112) (0,104) (0,113) (0,107) (0,098)

Manuf. 0,1 0,02 0,23 0,08 0,01 0,15

(0,277) (0,272) (0,256) (0,277) (0,256) (0,234)

Petites -0,13 -0,13 -0,33 -0,14 -0,12 -0,27

(0,266) (0,260) (0,245) (0,265) (0,245) (0,223)

Moyennes ou grandes 0,72*** 0,51 0,55* 0,63** 0,27 -0,17

(0,315) (0,313) (0,299) (0,315) (0,301) (0,290)

Exportateur

0,95***

0,3

(0,253)

(0,231)

Études univers.

0,51***

0,5***

(0,217)

(0,199)

Email

0,7***

0,56***

(0,226)

(0,209)

Ratio trav.temp.

-2,21***

-1,52***

(0,380)

(0,366)

Découvert

0,37 0,25 0,34*

(0,226) (0,211) (0,192)

LC/prêt

0,42 0,09 0,18

(0,279) (0,262) (0,238)

Audités

1,42*** 1,03***

(0,226) (0,211)

Étrangères

0,9***

(0,246)

Ajust. Rsq 0,13 0,17 0,27 0,14 0,25 0,39

N 279 279 279 279 279 279

***significatif à 1%, ** significatif à 5%, * significatif à 10%.

Catégories de variables omises : secteur des services et micro-entreprises

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55

Annexe 4.1, Tableau 3: Déterminants des coûts de la main d’œuvre par travailleur

Modèle 1 Modèle 2 Modèle 3

Constant 6,38*** 6,34*** 6,58***

(0,189) (0,188) (0,196)

Log (âge entreprise) 0,34*** 0,31*** 0,24***

(0,096) (0,097) (0,093)

Manufacture -0,37 -0,42* -0,26

(0,235) (0,234) (0,224)

Petites -0,1 -0,11 -0,13

(0,225) (0,223) (0,212)

Moyennes ou grandes 0,63*** 0,53* 0,41

(0,271) (0,272) (0,264)

Exportateur 0,47** 0,23

(0,216) (0,216)

Ratio trav.temp.

-1,16***

(0,332)

Étrangères

0,68***

(0,233)

Ajust. Rsq

0,1194 0,1343 0,2236

N 220 220 220

***significatif à 1%, ** significatif à 5%, * significatif à 10%.

Catégories de variables omises : secteur des services et micro-entreprises

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Annexe 4.1, Tableau 4: Déterminants de la productivité : micro-entreprises

Coûts main d’œuvre par travailleur

Modèle 1 Modèle 2 Modèle 3 Modèle 4 Modèle 5 Modèle 6 Modèle 1

Constant 8,83*** 8,12*** 8,35*** 8,11*** 8,03*** 8,17*** 7,28***

(0,305) (0,261) (0,265) (0,251) (0,276) (0,338) (0,27)

Log (âge entreprise) 0,19 0,16 0,13 0,14 0,12 0,1 0,049***

(0,136) (0,140) (0,130) (0,139) (0,136) (0,122) (0,11)

Manufacture -0,06 -0,05 -0,29 0,04 -0,24 -0,25 -0,06

(0,479) (0,495) (0,460) (0,489) (0,474) (0,429) (0,41)

Informelle -1,14***

-0,66** -0,67***

(0,321)

(0,292) (0,27)

Semi-formelle -0,59

-0,14 -0,08

(0,357)

(0,326) (0,29)

Études univers.

0,53*

0,4

(0,316)

(0,299)

Email

0,7***

0,43

(0,265)

(0,265)

Ratio trav.temp.

-2,23***

-1,85*** -1,51***

(0,484)

(0,478) (0,40)

Exportateur

0,94***

0,83*** 0,56*

(0,365)

(0,325) (0,30)

Découverts

-0,08 0,12

(0,275) (0,258)

Prêt/LC

-0,15 0,002

(0,381) (0,346)

Audité

1,29*** 0,96***

(0,304) (0,280)

Ajust. Rsq 0,0704 0,0084 0,1536 0,0369 0,0989 0,2837 0,1

N 132 132 132 132 132 132 111

***significatif à 1%, ** significatif à 5%, * significatif à 10%.

Catégories de variables omises : secteur des services et micro-entreprises

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57

Annexe 4.1, Tableau 5: Matrice de corrélation de toutes les variables indépendantes utilisées dans les

régressions

Âge entrep

rise

Manufactur

e

Petites

Moyennes ou

grande

s

Exportateurs

Études univers.

Email

Ratio trav.

temp.

Découverts

LC/prêt Audité Étrangères

Âge entreprise

1

Manufactu

re

0,161 1

Petites -0,023 0,042 1

Moyennes

ou grandes

0,342 0,349 -

0,348

1

Exportateu

rs

0,184 0,172 -

0,078

0,302 1

Études

univers.

0,082 0,094 0,019 0,205 0,04 1

Email 0,137 0,182 0,022 0,304 0,205 0,32 1

Ratio trav.temp.

-0,054 0,145 -0,072

0,118 -0,074 0,015 0,024

1

découvert 0,095 0,144 -

0,061

0,221 0,116 0,068 0,07

3

0,131 1

LC/prêt 0,144 0,033 -0,013

0,151 0,01 0,069 0,107

-0,015

0,194 1

Audité 0,241 0,16 -0,06 0,376 0,253 0,163 0,25

9

-

0,116

0,127 0,23 1

Étrangères 0,3 0,054 -0,14 0,342 0,398 0,104 0,122

-0,187

0,07 0,009 0,201 1

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58

Annexe 4.1, Tableau 6 : CARACTÉRISTIQUES DES PRÊTS : Secteur formel par rapport aux micro-entreprises

Secteur formel (155

entreprises)

Secteur micro (145

entreprises)

Fréquence Pourcentage Fréquence Pourcentage

Pourcentage des entreprises avec prêt ou LC 37 23,87 21 14,48

Type d’institutions financières

Banques commerciales privées 20 54,05 7 33,33

Banques ou agences publiques 11 29,73 4 19,05

NBFI (y compris Microfinance) 5 13,51 10 47,62

Autres 1 2,7

Pourcentage des entreprises avec prêts déclarant qu’une garantie est exigée

28 75,68 18 85,71

Type de garantie exigée

Terrains et bâtiments 11 14

Equipement 3 3

Comptes 7 3

Biens personnels 7 2

Autres 5 1

Demandes de prêts

Entreprises ayant demandé un prêt/LC 44 28,39 26 18%

Entreprises n’ayant pas demandé un prêt/LC 111 71,61 119 82%

Raisons de la non demande de prêts

Ne savent pas (spontané) 2 1,82 2 1,68

Pas besoin d’un prêt – l’entreprise a un capital suffisant 38 34,55 36 30,25

Procédure de demande prêt/LC est trop compliquée 33 30 34 28,57

Taux d’intérêt n’est pas favorable 15 13,64 12 10,08

Garantie exigée est trop élevée 14 12,73 26 21,85

Taille et durée du prêt sont insuffisantes 2 1,82

Ne pense pas qu’il aurait été approuvé 3 2,73 7 5,88

Autres 3 2,73 2 1,68

Moyenne Médiane Moyenne Médiane

Taux d’intérêt 11,9 11 15,3 13,5

Nombre d’entreprises 22 22 18 18

Ratio garantie/prêt 2,5 1,5 2,47 2

Nombre d’entreprises 17 17 12 12

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59

Annexe 5.1, Tableau 1 : Structure du secteur bancaire togolais

Banque Capital au 31/12/2008 (milliards de francs CFA)

Actionnariat (pourcentage des parts)

Avoirs au 31/12/2008 (milliards de francs CFA)

ECOBANK 2,0 Ecobank Transnational Incorporated (ETI) (80,8%) Privé (14,0%) CNSS (5,2%)

157,4

UTB 2,0 État (100,0%) 112,3

BTCI 1,7 CNSS (62,6%) SOTOCO (22,6%) Privé (14,8%)

119,7

BIA 4,8 État (60,2%)96 Autre privé (14,7%) Aiglon (10,5%) Cofipa (7,3%) BOAD (7,3%)

59,1

BTD 6,1 État (43,3%) BCEAO (20,0%) BOAD (13,4%) CNSS + SNI (18,5%) FAD (3,3%) BIA, BTCI, UTB (1,6%)

59,5

BPEC97 3,0 État (40,3%) Institutions (21,9%) Individus (35,9%) Autre privé (2,1%)

37,5

Banque Atlantique 5,0 Atlantic Financial Group (98,1%) Autres institutions (0,04%) Privé (1,5%)

35,3

BSIC 5,0 BSIC (99,98%) Privé (0,02%)

24,0

Financial Bank 3,5 Financial (85,0%)98 Privé (15,0%)

15,7

BRS 2,0 Holding BRS (99,99) Autres (0,01%)99

5,1

SIAB 2,8 État (14,0%) Libyan Arab Foreign Bank (86,0%)

5,3

Source : Commission bancaire, 2008

96 Après la sortie de la Belgolaise du capital de la BIA en 2008, la Belgolaise a apporté 24 millions d’euros pour la

résorption des pertes passées de la BIA au moment de son départ. 97 La BPEC a été créée en janvier 2008, suite à la restructuration de la CET (Caisse d’épargne du Togo). Le

Gouvernement possède toujours directement 40,9% et indirectement 49 % (si on considère l’actionnariat de la BTCI et

de la BIA). 98 Un changement récent dans l’actionnariat de la Financial Bank a amené 90 % des parts de la Financial Group à

Emerging Capital Partners (ECP). 99 Inclut la BOAD, FAC UEMOA et des actionnaires privés.

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60

Annexe 5.1, Tableau 2 : Établissements financiers

Capital au 31/12/2008 (milliards de francs CFA)

Avoirs au 31/12/2008 (milliards de francs CFA)

GARI 12,9 25,0

Cauris Investment 2,0 3,0

Source : Commission bancaire, 2008 Annexe 5.1, Tableau 3 : Ratio des PNP bruts par rapport aux prêts bruts

2003 2004 2005 2006 2007 2008

Bénin 10,3 14,4 16,0 19,4 17,1 17,5

Burkina 12,4 13,7 14,5 15,3 19,0 15,6

Côte d’Ivoire 25,1 26,5 22,3 22,2 18,1 17,9

Guinée-Bissau 27,4 2,9 12,8 8,0 6,6 7,0

Mali 15,6 23,1 29,5 24,8 24,2 27,6

Niger 26,5 21,0 21,6 21,8 16,7 15,9

Sénégal 14,0 12,9 12,3 16,9 17,1 16,7

Togo 41,3 31,0 33,5 29,0 22,3 13,5

UEMOA 19,7 20,7 19,9 20,5 18,9 18,3

Source : Rapport annuel de la Commission bancaire. Annexe 5.1, Tableau 4 : Ratios opérationnels nets

2006 2007 2008

Bénin 78,2 74,7 68,6

Burkina 65,2 71,1 72,2

Côte d’Ivoire 77,0 78,2 68,1

Guinée-Bissau 107,0 107,9 82,2

Mali 72,7 73,7 74,5

Niger 70,3 71,2 62,3

Sénégal 57,4 60,8 59,2

Togo 79,4 77,2 83,0

UEMOA 70,2 72,1 68,0

Annexe 5.1, Table 5: Six principales coopératives de crédit et d’épargne du Togo (juillet 2009)

Nombre de clients

Dépôts en cours Milliers de dollars EU

Prêts en cours Milliers de dollars EU

Qualité du portefeuille

FUCEC 305 814 85 217 63 033 4,95%

IDH 119 223 20 943 14 529 10,63%

UMECTO 12 219 2 410 3 200 5,21%

UCMECS 6 761 833 1 008 7,81%

FECECAV 15 006 2 043 2 358 0,73%

URCLEC 11 972 1 445 2 148 1,21%

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Annexe 5.1,Tableau 6 : Cinq principales institutions de microfinance (juillet 2009)

Nombre de clients Dépôts en cours Milliers de dollars EU

Prêts en cours Milliers de dollars EU

Qualité du portefeuille

FUCEC 305 814 85 217 63 033 4.95%

Wages 76 462 10 804 15 452 8.75%

IDH 119 223 20 943 14 529 10.63%

UMECTO 12 219 2 410 3 200 5.21%

TIMPAC 12 938 789 1 162 27.5%

Source : CAS-IMEC

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Annexe 5.2 : RÉSULTATS ÉCONOMÉTRIQUES

Indicateurs d’accès

Dans cette section, nous effectuons une analyse multicritères des indicateurs d’accès pour

vérifier les résultats monocritère discutés plus haut. Beaucoup des caractéristiques des

entreprises sont corrélées et une caractéristique peut donc être une variable de

remplacement pour l’effet d’une autre dans une analyse monocritère. Par exemple, les

SARL et les entreprises étrangères sont plus grandes et plus anciennes, tandis que les

entreprises plus jeunes ont tendance à être plus petites. Les entreprises manufacturières

sont plus grandes que les sociétés de services, les entreprises exportatrices sont également

plus susceptibles d’être étrangères.

Le Tableau 5.2 de l’Annexe 5.2 donne des régressions probit à plusieurs variables

dépendantes utilisées comme indicateurs d’accès : deux indicateurs subjectifs (à savoir si

l’entreprise déclare que l’accès est l’obstacle le plus important et si elle donne comme

raison pour ne pas en avoir demandé le fait qu’elle « n’a pas besoin d’un prêt ») ; et

plusieurs indicateurs objectifs (si l’entreprise a un produit de crédit – découvert et ligne

de crédit ou prêt – et si la firme a ou non demandé un prêt). Pour la comparaison, les

micro-entreprises sont incluses dans la même régression que les PMGE.

Les différences dans le classement subjectif du financement en tant qu’obstacle majeur

sont significativement et inversement corrélées avec l’âge des entreprises, les plus jeunes

étant plus susceptibles que les plus anciennes de classer le financement en tête de liste.

Les entreprises nationales ont nettement plus tendance à classer la finance en tant

qu’obstacle majeur que les entreprises étrangères. De même, les entreprises desservant le

marché intérieur déclarent plus souvent que le financement est un obstacle majeur que les

entreprises exportatrices. Il a été demandé aux entreprises qui n’ont pas de prêt et n’en

avaient pas fait la demande, pourquoi elles ne l’avaient pas fait. Celles qui ont déclaré ne

pas en avoir besoin sont supposées ne pas être limitées par le crédit ; elles sont comparées

aux autres firmes dans le Modèle 3. Nous constatons que les entreprises étrangères sont

nettement plus susceptibles de déclarer ne pas avoir besoin d’un prêt, tandis que les

entreprises manufacturières sont beaucoup moins susceptibles de faire la même

déclaration que les entreprises du secteur des services. Toutes les autres variables étaient

non significatives.

Il y a des différences plus importantes au niveau des indicateurs objectifs – en particulier

le recours aux produits de crédit, et les corrélations entre différentes caractéristiques qui

déterminent les autorisations de découvert à court terme par rapport aux prêts ou lignes

de crédit. La taille des entreprises a un impact significatif sur le recours aux découverts,

les grandes entreprises étant plus fréquemment autorisées à en avoir que les plus petites.

La taille n’est pas corrélée avec les prêts à cause du développement du secteur de la

microfinance, comme le montre l’analyse monocritère, et il y a peu de différence dans le

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pourcentage des entreprises ayant des prêts en fonction de la taille. Cependant, l’âge des

entreprises est corrélé de manière positive et importante avec les prêts. Il est intéressant

de constater que la tenue de livres de comptes est fortement corrélée avec les prêts mais

pas avec les découverts. La raison en est peut-être qu’un audit externe rend les états

financiers de l’entreprise plus fiables et réduit donc le déséquilibre d’information entre

celle-ci et l’institution financière, augmentant ainsi la probabilité d’octroi d’un prêt à long

terme. Néanmoins, la relation de cause à effet avec l’audit n’est pas certaine étant donné

que les banques peuvent exiger un audit externe en tant que condition préalable à un prêt.

L’examen des caractéristiques des entreprises qui ont demandé des prêts au cours de la

dernière année montre que les entreprises plus grandes sont plus susceptibles d’introduire

ces demandes que les plus petites, et que les entreprises étrangères le sont nettement

moins que les entreprises nationales. Comme le montre le Modèle 3, ces entreprises ont

également tendance à déclarer ne pas avoir besoin d’un prêt.

Annexe 5.2, Tableau 1 : L’accès au Togo

(1) (2) (3) (4) (5)

Accès au financement est l’obstacle principal

« Pas besoin d’un prêt »

Recours au découvert

Entreprise ayant un prêt

Entreprise ayant demandé un prêt

Intercept -0,1 -1,00*** -0,46*** -1,68*** -1,35*** (0,179) (0,183) (0,172) (0,224) (0,201) Log (âge entreprise) -0,16* -0,03 -0,01 0,22** 0,12 (0,089) (0,091) (0,083) (0,102) (0,094) Log(Total employés) -0,05 0,07 0,31*** 0,13 0,15* (0,082) (0,079) (0,082) (0,087) (0,082) SARL

0,35 -0,35 0,05 0,2

(0,250) (0,261) (0,276) (0,265)

Étrangères -0,59*** 0,4* 0,04 -0,37 -0,48** (0,249) (0,213) (0,211) (0,253) (0,245) Exportateur -0,57*** 0,32 0,06 -0,29 -0,16 (0,238) (0,209) (0,199) (0,238) (0,223) Manufacture 0,61*** -0,48* 0,11 -0,06 0,21 (0,244) (0,265) (0,232) (0,256) (0,234) Audit

0,1 0,53*** 0,28

(0,172) (0,195) (0,186)

Nombre d’observations

296 296 296 296 296

Log probabilité -155.61 -152.37 -188.13 -131.43 -149.98

Notes : Estimé par probit. Catégorie exclue : secteur des services. *Significatif à 10 %; ** Significatif à 5 %; *** Significatif à 1 %.

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Investissement

L’investissement dans les actifs productifs est une des conséquences souhaitables de

l’accès au financement. L’investissement est important en tant que source de croissance

et utilisation efficace du capital. Le Tableau 2 ci-dessous donne l’analyse de régression

de deux mesures de l’investissement : un indicateur précisant si l’entreprise a ou non

acquis des actifs en 2008 et le ratio du montant de l’investissement (total des actifs acquis

en 2008) par rapport aux ventes. Les variables de contrôle sont les caractéristiques des

entreprises déjà utilisées pour les régressions liées aux indicateurs d’accès. Plusieurs

indicateurs d’accès ont également été inclus pour tester si l’accès au financement est

associé avec une plus grande incidence ou un montant plus élevé de l’investissement.100

Annexe 5.2 Tableau 2 : L’investissement au Togo (1) (2) (3) (4)

Actifs acquis Actifs acquis Investissement/ventes Investissement/ventes

Intercept -0,37*** -0,63*** -0,03 -0,14

(0,18) (0,18) (0,101) (0,102)

Log(âge entreprise) -0,05 -0,06 -0,11*** -0,1**

(0,083) (0,085) (0,046) (0,046)

Log(Total employés) 0,13* 0,07 0,04 0,03

(0,074) (0,07) (0,041) (0,042)

SARL 0,37 0,41* 0,26** 0,27**

(0,245) (0,25) (0,129) (0,132)

Étrangère -0,45** -0,41* -0,29*** -0,25**

(0,213) (0,21) (0,117) (0,118)

Exportateur 0,33* 0,38* 0,15 0,17

(0,195) (0,19) (0,106) (0,106)

Manufacture 0,13 0,07 -0,02 -0,05

(0,221) (0,223) (0,118) (0,119)

Accès est obstacle majeur

-0,21

-0,17*

(0,17)

(0,097)

Découvert

0,44***

0,07

(0,163)

(0,088)

Prêts

0,27

0,07

(0,19)

(0,103)

Nombre d’observations

296 296 280 280

Log probabilité -193,62 -188,83 -195,05 -196,03

Notes : Estimé par probit (pour les actifs acquis) et tobit (ration investissement/ventes, avec la limite inférieure de zéro). Catégorie omise : secteur des services. * Significatif à 10 %; ** Significatif à 5 %; *** Significatif à 1 %

Les estimations probit, présentées dans les colonnes (1) et (2) et mesurant la probabilité

de réalisation d’un investissement en 2008, montrent que les entreprises plus petites sont

100

The regressions with Purchased Assets as dependent variable is estimated using Probit model and regressions with

Investment amount as dependent variable is estimated by Tobit model with a lower bound of zero, to account for those

firms which made no investments.

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moins susceptibles d’acquérir des actifs que les exportateurs et que les SARL le sont

plus. Les entreprises nationales ont tendance à faire plus d’investissements que les

entreprises étrangères.

L’accès au crédit est important pour les décisions d’investissement des entreprises – les

entreprises ayant accès aux découverts sont nettement plus susceptibles d’investir que

celles qui n’y ont pas accès. Cependant, l’ampleur de l’investissement peut être réduite –

le ratio de l’investissement par rapport aux ventes n’est pas corrélé avec les découverts ou

les prêts – comme le montrent les résultats monocritère donnés ci-dessus, la plupart des

entreprises utilisent les bénéfices non distribués pour financer leurs investissements. Les

entreprises plus anciennes font des investissements plus importants que les plus récentes,

et le ratio investissement par rapport aux ventes des SARL est plus élevé que celui des

sociétés privées immatriculées. Ce ratio est également plus faible pour les entreprises

étrangères comparées aux entreprises nationales. Les entreprises déclarant l’accès au

financement en tant qu’obstacle majeur ont un ratio investissement/ventes faible par

rapport aux autres.

Les résultats présentés dans cette section montrent que l’accès au financement est

positivement corrélé avec la taille, l’âge et le statut d’exportation des entreprises. La

tenue de comptes audités est fortement corrélée avec la disponibilité des prêts. Les

exportateurs, grandes entreprises, SARL immatriculées et entreprises ayant accès au

découvert bancaire sont plus susceptibles d’investir que les autres. Les entreprises plus

anciennes réalisent des investissements plus importants que les plus récentes ; le ratio

investissement/ventes des sociétés étrangères est inférieur à celui des entreprises

nationales. Sans données supplémentaires, il est toutefois impossible de déterminer les

causes de la relation entre l’investissement et l’accès.

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RÉFÉRENCES

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paper, shared with Government.

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