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RECUEIL DE CONTES Sorcières, génies et autres monstres 8 contes merveilleux P R O G R A M M E S 6 e - 5 e N O U V E A U X Le monstre Univers nouveaux Contemporains Classiques

8 contes merveilleux - Decitre · 10 Charles Perrault Il était une fois une veuve qui avait deux filles ; l’aînée lui res-semblait si fort et d’humeur 1 et de visage, que qui

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R E C U E I L D E C O N T E S

Sorcières, génies et autres monstres8 contes merveilleux

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Présentation, notes, questions et après-texte établis par

Sylvie Colyprofesseur de Lettres

Sorcières, génieset autres monstres

8 contes merveilleux

Présentation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

Textes

Les Fées, Charles PerraultTexte intégral . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

Histoire du pêcHeur, Mille et Une NuitsExtraits choisis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15

Le prince cHéri, Mme Leprince de BeaumontTexte intégral . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25

La Jeune FiLLe sans mains, Jacob et Wilhelm GrimmTexte intégral . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45

Le BarBier de L’empereur, Joseph KesselTexte intégral . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55

samBa-de-La-nuit, Birago DiopTexte intégral . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61

La petite FiLLe vendue avec Les poires, Italo CalvinoTexte intégral . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79

BaLaaBiLou, J .-M . G . Le ClézioTexte intégral . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85

Sommaire

Après-texte

Pour comprendreÉtape 1 Les Fées, Histoire du pêcheur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98 questions Lire – Écrire – Oral – Chercher à savoir Le schéma narratif du conteÉtape 2 Le Prince Chéri . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100 questions Lire – Écrire – Oral – Chercher à savoir Le merveilleux et les monstresÉtape 3 La Jeune Fille sans mains,

Le Barbier de l’empereur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102 questions Lire – Écrire – Oral – Chercher à savoir Les personnages des contesÉtape 4 Samba-de-la-Nuit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104 questions Lire – Écrire – Oral – Chercher à savoir Contes européens et contes d’ailleursÉtape 5 La Petite Fille vendue avec les poires,

Balaabilou . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106 questions Lire – Écrire – Oral – Chercher à savoir Les temps du récitÉtape 6 Le monstre et l’imagination dans les contes . . . . 108 questions Lire – Écrire – Oral – Chercher à savoir Qu’est-ce qu’un monstre ?

Groupements de textesDes géants et des ogres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110Aux confins du conte : des monstres de légende . . . . . . . 117

Information/DocumentationBibliographie, filmographie, théâtre et sites Internet . . . . 125

Charles PerraultLes Fées

Charles Perrault10

Il était une fois une veuve qui avait deux filles ; l’aînée lui res-semblait si fort et d’humeur1 et de visage, que qui la voyait voyait la mère . Elles étaient toutes deux si désagréables et si orgueil-leuses qu’on ne pouvait vivre avec elles . La cadette, qui était le vrai portrait de son père pour la douceur et pour l’honnêteté, était avec cela une des plus belles filles qu’on eût su voir . Comme on aime naturellement son semblable, cette mère était folle de sa fille aînée, et en même temps avait une aversion effroyable2 pour la cadette . Elle la faisait manger à la cuisine et travailler sans cesse .

Il fallait entre autres choses que cette pauvre enfant allât deux fois le jour puiser de l’eau à une grande demi-lieue du logis, et qu’elle en rapportât plein une grande cruche . Un jour qu’elle était à cette fontaine, il vint à elle une pauvre femme qui la pria de lui donner à boire .

– Oui-da3, ma bonne mère, dit cette belle fille .Et rinçant aussitôt sa cruche, elle puisa de l’eau au plus bel

endroit de la fontaine, et la lui présenta, soutenant toujours la cruche afin qu’elle bût plus aisément . La bonne femme, ayant bu, lui dit :

– Vous êtes si belle, si bonne, et si honnête, que je ne puis m’empêcher de vous faire un don (car c’était une fée qui avait pris la forme d’une pauvre femme de village, pour voir jusqu’où irait l’honnêteté de cette jeune fille) . Je vous donne pour don,

1. De caractère.2. Un très grand dégoût.3. Oui, bien sûr.

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poursuivit la fée, qu’à chaque parole que vous direz, il vous sortira de la bouche ou une fleur, ou une pierre précieuse .

Lorsque cette belle fille arriva au logis, sa mère la gronda de revenir si tard de la fontaine .

– Je vous demande pardon, ma mère, dit cette pauvre fille, d’avoir tardé si longtemps .

Et en disant ces mots, il lui sortit de la bouche deux roses, deux perles, et deux gros diamants .

– Que vois-je ? dit sa mère tout étonnée ; je crois qu’il lui sort de la bouche des perles et des diamants ; d’où vient cela, ma fille ? » (Ce fut là la première fois qu’elle l’appela sa fille .)

La pauvre enfant lui raconta naïvement1 tout ce qui lui était arrivé, non sans jeter une infinité2 de diamants .

– Vraiment, dit la mère, il faut que j’y envoie ma fille . Tenez, Fanchon, voyez ce qui sort de la bouche de votre sœur quand elle parle ; ne seriez-vous pas bien aise d’avoir le même don ? Vous n’avez qu’à aller puiser de l’eau à la fontaine, et quand une pauvre femme vous demandera à boire, lui en donner bien honnêtement .

– Il me ferait beau voir, répondit la brutale, aller à la fontaine .– Je veux que vous y alliez, reprit la mère, et tout à l’heure .Elle y alla, mais toujours en grondant . Elle prit le plus beau

flacon d’argent qui fût dans le logis . Elle ne fut pas plus tôt arrivée à la fontaine qu’elle vit sortir du bois une dame magnifiquement vêtue qui vint lui demander à boire : c’était la même fée qui avait

1. Avec confiance et simplicité.2. Un très grand nombre.

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apparu à sa sœur mais qui avait pris l’air et les habits d’une prin-cesse, pour voir jusqu’où irait la malhonnêteté de cette fille .

– Est-ce que je suis ici venue, lui dit cette brutale orgueilleuse, pour vous donner à boire, justement j’ai apporté un flacon d’argent tout exprès pour donner à boire à madame ! J’en suis d’avis, buvez à même si vous voulez .

– Vous n’êtes guère honnête, reprit la fée, sans se mettre en colère ; hé bien ! puisque vous êtes si peu obligeante1, je vous donne pour don qu’à chaque parole que vous direz, il vous sortira de la bouche ou un serpent ou un crapaud .

D’abord que sa mère l’aperçut, elle lui cria :– Eh bien, ma fille !– Eh bien ! ma mère ! lui répondit la brutale, en jetant deux

vipères, et deux crapauds .– Ô ciel ! s’écria la mère, que vois-je là ? C’est sa sœur qui en

est cause, elle me le paiera .Et aussitôt elle courut pour la battre . La pauvre enfant

s’enfuit, et alla se sauver dans la forêt prochaine . Le fils du roi qui revenait de la chasse la rencontra et la voyant si belle, lui demanda ce qu’elle faisait là toute seule et ce qu’elle avait à pleurer .

– Hélas ! monsieur c’est ma mère qui m’a chassée du logis .Le fils du roi, qui vit sortir de sa bouche cinq ou six perles, et

autant de diamants, la pria de lui dire d’où cela lui venait . Elle lui conta toute son aventure . Le fils du roi en devint amoureux,

1. Serviable.

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et considérant qu’un tel don valait mieux que tout ce qu’on pouvait donner en mariage à un autre, l’emmena au palais du roi son père où il l’épousa .

Pour sa sœur, elle se fit tant haïr que sa propre mère la chassa de chez elle ; et la malheureuse, après avoir bien couru sans trouver personne qui voulût la recevoir alla mourir au coin d’un bois .

MORALITÉLes diamants et les Pistoles1, Peuvent beaucoup sur les esprits ; Cependant les douces paroles Ont encore plus de force, et sont d’un plus grand prix .

AUTRE MORALITÉL’honnêteté coûte des soins, Elle veut un peu de complaisance2, Mais tôt ou tard elle a sa récompense, Et souvent dans le temps qu’on y pense le moins .

1. Ancienne monnaie.2. Soin, gentillesse.

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Après-texte

POUR COMPRENDREÉtapes 1 à 6 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98Questions sur l’œuvre et notions à connaître

GROUPEMENTS DE TEXTESDes géants et des ogres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110Aux confins du conte : des monstres de légende . . . . . . . . . . 117

INFORMATION/DOCUMENTATIONBibliographie, filmographie, théâtre et sites Internet . . . . 125

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LireLes Fées (p. 10-13)1 Page  10, lignes 1-12  : quel est le temps principal du début de ce conte ?

2 Page  10  : quelles sont les quali-tés de la sœur cadette  ? Quels sont les défauts de sa mère et de sa sœur aînée ? Justifiez votre réponse.

3 Page 10, lignes 1-9 : quel autre per-sonnage d’un conte de Charles Perrault la cadette qui mange « a la cuisine » et travaille « sans cesse » rappelle-t-elle ?

4 Page 10, lignes 10-14 : quel chan-gement de temps observe-t-on dans ce paragraphe  ? Quelle expression introduit cette rupture ?

5 Page 10, ligne 20 : a quelle classe grammaticale appartiennent les mots « belle », « bonne » et « honnête » ? Désignent-ils des qualités physiques ou morales  ? Donnez l’antonyme de chacun de ces termes.

6 Page 10, ligne 21  : qu’est-ce qu’un « don » ? Après avoir donné la défini-tion de ce terme, citez deux mots de la même famille.

7 Pages  10-12, lignes 12-61  : rem-plissez le tableau a l’aide des termes : la vertu, l’orgueil, la bonté, la douceur, la paresse, les défauts moraux, la gen-tillesse, la malhonnêteté, la brutalité, la beauté, le fait d’être serviable.

La fée punit… La fée récompense…

8 Dans ce conte, que peuvent repré-senter symboliquement les pierres pré-cieuses et les fleurs qui sortent de la bouche de la cadette ? Et les serpents et les crapauds jetés par l’aînée ? Jus-tifiez votre réponse. Quels sont donc les personnages monstrueux ?

Histoire du pêcheur (p. 16-24)9 Page 16, lignes 1-12  : a l’aide de l’encadré «  À savoir  », repérez la situation initiale et l’élément per-turbateur.

10 Page  16, ligne 20  : cherchez l’étymologie du terme «  fortune  », employé par le pêcheur, et déduisez son sens dans le contexte. Que fait le pêcheur en commençant sa phrase par l’expression « Ô fortune » ?

11 Page 16, ligne 20 : que signifie le terme « pitoyable » ? Citez trois mots de la même famille.

12 Page  18, lignes 51-69  : quelles caractéristiques du génie le rendent monstrueux ?

13 Page  19, ligne 82  : quelle est l’étymologie du mot « superbe » ? Que signifie-t-il donc dans l’expression « esprit superbe » ?

14 Page 20, lignes 96-108 : comment pourriez-vous qualifier le comporte-ment du génie ?

15 Pages  20-21  : selon vous, la «  fortune  » implorée par le pêcheur au début du conte lui est-elle venue en aide en lui faisant découvrir le génie ?

LES FÉES

HISTOIRE DU PÊCHEUR

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LE SCHÉMA NARRATIF DU CONTECommençant souvent par la formule « il était une fois », les contes se développent selon un plan précis. Ils débutent ainsi par la situation ini-tiale, présentant les personnages et le contexte. Cette première étape, écrite généralement à l’imparfait de l’indicatif, est bien vite troublée

par un élément modificateur ou perturbateur qui déclenche l’action. Il est introduit par une expression exposant une rupture, et les verbes sont conjugués au passé simple. Viennent ensuite les péripéties, qui s’achèvent grâce à un événement permettant le dénouement, l’élément de résolution. La situation finale, enfin, conclut le conte.

À SA

VOIR

16 Pages 20-21 : quels traits moraux effrayants complètent la monstruosité physique du génie ?

17 Page 22, ligne 156 : a quel temps se trouve le verbe «  donner  »  ? À quels temps est principalement rédigé le conte ? Pourquoi observe-t-on donc ici ce changement ?

18 Pages  22-24, lignes 156-195  : quelle qualité permet au pêcheur de vaincre le génie ?

19 Inventez une morale a ce conte.

Écrire20 Page  13, lignes 79-86  : refor-mulez les deux morales des Fées en termes simples.

21 Comme le pêcheur des Mille et Une Nuits, un personnage libère un être magique (elfe, fée, lutin, etc.) enfermé dans un objet. S’ensuivent alors des événements imprévus. Écri-vez ce conte et sa morale.

Oral 22 Lisez a haute voix la partie des Mille et Une Nuits consacrée a Aladin et la Lampe merveilleuse, et comparez le génie qui y figure avec celui de l’Histoire du pêcheur.

Exposé

23 Expliquez a vos camarades les mots du pêcheur, page 17, lignes 40-42  : «  Je vous supplie de me rendre la mer favorable, comme vous l’avez rendue a Moise. »

Chercher24 Dressez une rapide biographie de Charles Perrault en indiquant le titre de ses plus célèbres contes.

25 Les contes des Mille et Une Nuits ont été rapportés d’Orient par Antoine Galland. À quelle époque a-t-il publié ce recueil ? Qui est la narratrice des contes ? Pourquoi les raconte-t-elle ?

Pages 9 à 24

Sorcières, génies et autres monstres8 contes merveilleux

ISBN 978-2-210-75673-1 Pour télécharger gratuitement le Livret du professeuret de nombreuses ressources complémentaires,tapez www.classiquesetcontemporains.com(NUMEN obligatoire).

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COLLÈGE cycle 3 : Le monstre, aux limites de l’humain (6e)COLLÈGE cycle 4 : Imaginer des univers nouveaux (5e)

Classiques Contemporains

Perrault, Les Mille et Une Nuits, Leprince de Beaumont, Grimm, Kessel, Diop, Calvino, Le Clézio

Qu’est-ce qu’un monstre ? Comment ne pas se poser cette question lorsque l’on rencontre, au détour des contes, un génie, des sorcières ou même le diable ? Le conte, en effet, sous la plume des frères Grimm, de Birago Diop, d’Italo Calvino ou de Le Clézio, traverse les siècles et les continents, offrant de multiples représentations de mondes imaginaires et merveilleux, tout en ne cessant de nous ramener à l’étude de ces terribles figures, qui nous effraient, nous fascinent ou nous amusent.

Variété des émotions suscitées, complexité d’un thème explorant les limites de l’humain : les huit contes merveilleux réunis dans ce recueil conduiront d’une part les élèves à percevoir les règles de ce genre narratif et d’autre part à envisager la thématique du monstre dans toute sa richesse, au travers de l’imaginaire volubile et foisonnant de ces auteurs classiques et contemporains.