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Chrystele PHILIPPS-BERTIN Patricia CHAMPELOVIER Hervé CHANUT Programme PRIMEQUAL 2/PREDIT 80 entretiens pour comprendre le rôle de la perception et des représentations dans la construction de la demande sociale de réduction de la pollution atmosphérique Rapport final Rapport LTE 0903 Février 2009 Convention ADEME : 0403C0119 Date : 23 juin 2006 Durée : 31 mois

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Chrystele PHILIPPS-BERTIN Patricia CHAMPELOVIER Hervé CHANUT

Programme PRIMEQUAL 2/PREDIT 80 entretiens pour comprendre le rôle de la perception

et des représentations dans la construction de la demande sociale de réduction de la pollution

atmosphérique

Rapport final Rapport LTE 0903 Février 2009 Convention ADEME : 0403C0119 Date : 23 juin 2006 Durée : 31 mois

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Les auteurs : Chrystèle Philipps-Bertin : psychologue, chargée de recherche à l’INRETS-LTE [email protected] Patricia Champelovier : psychologue, ingénieur de recherche à l’INRETS-LTE [email protected] Hervé Chanut : Responsable Emissions à Coparly [email protected] Les organismes : Laboratoire Transports et Environnement (LTE) de l’INRETS 25, ave François Mitterrand, case 24, 69 675 Bron Cedex tel : 04 72 14 23 00 – télécopie : 04 72 37 68 37 Coparly (Comité pour le contrôle de la Pollution Atmosphérique dans le Rhône et la région Lyonnaise) 3, allée des sorbiers, 69500 Bron tel : 04 72 14 54 20 – télécopie : 04 72 14 54 21

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Fiche bibliographique

Responsable scientifique Chrystele PHILIPPS-BERTIN – INRETS- Laboratoire Transports et Environnement – 25 ave François Mitterrand – 6975 BRON Cedex

Titre 80 entretiens pour comprendre le rôle de la perception et des représentations dans la construction de la demande sociale de réduction de la pollution atmosphérique due aux transports

Sous-titre Rapport final

Langue F

Auteurs Chrystele PHILIPPS-BERTIN, Patricia CHAMPELOVIER, Hervé CHANUT

Organisme INRETS-LTE INRETS-LTE Coparly

Financeur ADEME

N° convention 0403 C0119

Date de publication février 2009

Résumé Cette recherche avait pour objectif principal d’expliquer le peu de disposition à la modification de comportements en matière de déplacements, en explorant les articulations entre la perception de la pollution de l’air, les représentations des phénomènes la perception du risque encouru et l’attribution des responsabilités. Il s’agissait également d’observer les convergences et divergence dans les discours de différents types d’acteurs de la société.

Elle est basée sur une méthodologie qualitative qui comprend la conduite d’entretiens semi-directifs et leur analyse thématique. 80 entretiens ont été menés auprès de deux groupes d’individus : 60 issus de la populations générale et 20 autres issus des décideurs locaux, experts en pollution ou membres d’associations.

Les grands thèmes abordés dans ces entretiens sont la perception de la pollution de l’air, les connaissances de ces phénomènes, les inquiétudes et préoccupations vis-à-vis de la pollution, les actions menées au niveau collectif et les efforts à consentir au niveau individuel.

Mots clés Pollution atmosphérique – transports - perception – représentation Nombre de pages : 82p. (+7p. annexes)

Bibliographie : OUI

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Sommaire

Note de synthèse ........................................................................................................... 1

Introduction................................................................................................................... 5

Problématique ............................................................................................................... 7

1. Des résultats d’enquête contradictoires .................................................................... 7

2. La pollution : objet de représentation complexe....................................................... 8

3. Les individus : victimes et acteurs de la pollution.................................................... 9

Méthodologie .............................................................................................................. 13

1. Elaboration des grilles d’entretien .......................................................................... 13 1.1. La grille d’entretien… ................................................................................ 13 1.2. La fiche signalétique................................................................................... 17

2. Détermination des sites........................................................................................... 17 2.1. La structure « exposition à la pollution de l’air » ....................................... 17 2.2. Le cadastre des émissions ........................................................................... 18 2.3. Le choix du polluant : les oxydes d’azote NOx.......................................... 19 2.4. Le classement des communes ..................................................................... 20 2.5. La structure « géographique » .................................................................... 21

3. Exploitation des données de qualité de l’air pour l’analyse des résultats de l’enquête...................................................................................................................... 23

3.1. Différenciation des territoires ..................................................................... 23 3.2. Indicateurs « émissions » et « immission » ................................................ 25 3.3. Caractérisation de la qualité de l’air de l’agglomération lyonnaise............ 27

L’analyse des entretiens auprès de la population générale ......................................... 29

1. L’échantillon........................................................................................................... 29 1.1. Les caractéristiques de l’échantillon........................................................... 29 1.2. La répartition de l’échantillon sur la zone géographique ........................... 30

2. L’analyse de contenu .............................................................................................. 31 2.1. Evaluation du cadre de vie.......................................................................... 31 2.2. Thème 1 : La perception de la qualité de l’air ............................................ 35 2.3. Thème 2 : Niveaux de connaissance sur le thème de la pollution .............. 41 2.4. Thème 3 : Inquiétude et préoccupation vis-à-vis de la pollution

atmosphérique............................................................................................. 46 2.5. Thème 4 : Les actions à mener au niveau collectif..................................... 48 2.6. Thème 5 : Les efforts à consentir au niveau individuel pour limiter la

pollution ...................................................................................................... 51 2.7. Thème 6 : Etat de la pollution dans 20 ans ................................................. 52 2.8. Synthèse de l’analyse des entretiens auprès de la population générale ...... 53

L’analyse des entretiens auprès des « experts » ......................................................... 57

1. Constitution du groupe............................................................................................ 57

2. L’analyse de contenu .............................................................................................. 57 2.1. Description générale de la qualité de l’air .................................................. 57

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2.2. Thème 1 : Causes et effets de la pollution atmosphérique ......................... 59 2.3. Thème 2 : Information et connaissances sur le thème de la pollution........ 63 2.4. Thèmes 3 : inquiétude et préoccupation vis-à-vis de la pollution

atmosphérique............................................................................................. 70 2.5. Thème 4 : actions à mener au niveau collectif ?......................................... 71 2.6. Thème 5 : Effort à consentir au niveau individuel...................................... 74 2.7. Thème 6 : Etat de la pollution dans 20 ans ................................................. 75 2.8. Synthèse de l’analyse de contenu des entretiens des « experts »................ 75

Conclusion .................................................................................................................. 79

Références bibliographiques....................................................................................... 82

Annexe 1 : La grille d’entretien population générale ................................................. 83

Annexe 2 : La grille d’entretien experts/décideurs/membres d’associations.............. 87

Annexe 3 : la fiche signalétique.................................................................................. 89

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Note de synthèse L’objet de cette recherche est d’appréhender la demande sociale de réduction de la pollution atmosphérique et de mettre à jour les freins aux modifications de comportements ou l’adhésion à des politiques publiques qui visent à réduire la pollution. Les articulations entre la perception de la pollution de l’air, les représentations des phénomènes, la perception du risque encouru et l’attribution des responsabilités sont explorées par la réalisation d’une d’entretiens semi-directifs. De plus, afin de comprendre ce qui rassemble et distingue les représentations, attitudes et comportements de différents acteurs de la société vis-à-vis de la réduction de la pollution atmosphérique due aux transports, deux groupes d’individus ont été distingués : la population générale d’une part, et de l’autre des décideurs locaux, des experts dans le champ de la pollution atmosphérique, et des membres d’associations Six thèmes composent la grille d’entretien :

- La perception de la pollution de l’air, - Les connaissances sur la pollution de l’air, - Les inquiétudes et préoccupations vis-à-vis de la pollution atmosphérique, - Les actions menées au niveau collectif, - Les efforts à consentir au niveau individuel, - L’évolution de l’état de la pollution dans les 20 ans.

Tous ces entretiens ont eu lieu sur la zone de la communauté urbaine du Grand Lyon. Bien qu’il s’agisse d’une étude qualitative qui n’implique pas de traitement statistique, un certain nombre de critères ont été déterminés pour sélectionner les sites où ont eu lieu les entretiens auprès de la population générale. Il s’agissait bien sûr de s’assurer d’une bonne répartition des lieux de résidence des personnes interviewées sur la zone d’étude, mais aussi de s’assurer d’une diversité de discours. Le choix a donc été fait :

- de structurer l’échantillon en fonction d’un zonage basé sur des données de pollution,

- de contrôler la répartition géographique sur la zone d’étude, - de tenir compte également de la structure socio-démographique de la zone

d’étude. Concernant les 20 personnes constituant le groupe « experts », il n’a bien sûr pas été appliqué de quotas. Les décideurs et membres d’association ont été recrutés sur la zone d’étude. Pour les experts, le seul critère était d’être spécialiste d’un champ concernant la pollution de l’air que ce soit au niveau des émissions de polluant, des effets sur la santé. Les décideurs devaient être en charge d’environnement au niveau d’une commune de la zone d’étude, de la communauté urbaine, ou de la région. Les membres d’associations devaient militer pour préserver l’environnement ou promouvoir des modes de déplacements alternatifs à la voiture. Les 60 entretiens auprès de la population générale ont été effectués en face à face au domicile de la personne interviewée. Ils ont été enregistrés puis intégralement retranscrits.

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Globalement dans l’échantillon « population générale », pour plus de la moitié des personnes interrogées, la qualité de l’air dans leur quartier ou leur commune de résidence est bonne ou par comparaison « pas pire qu’ailleurs ». La perception de la pollution de l’air se fait de manière indirecte par la densité de la circulation ou une température extérieure élevée et donc l’été avec souvent cité l’épisode de canicule de 2003. Elle est aussi perçue directement par la vue notamment des salissures à l’intérieur des logements ou à l’extérieur sur les bâtiments, d’un voile ou nuage sur la ville, mais aussi par les odeurs, et assez minoritairement par des manifestations physiques telles que les yeux qui piquent ou des réactions allergiques attribuées à la pollution de l’air. Même si dans le discours elle est présente dans le registre du sensible, la pollution atmosphérique reste une préoccupation assez abstraite, et n’est pas vraiment source d’inquiétude immédiate. Au niveau local, l’indice Atmo est quasiment inconnu, les alertes aux pics de pollution ne sont pas des événements marquants, et la question sur les réactions aux alertes déclenchent plutôt des réponses spontanées en terme de limitation de la contribution à la pollution qu’en terme de protection et d’évitement de l’exposition. Les effets et conséquences de la pollution atmosphérique sont principalement à long terme que ce soit les effets sur la santé ou au niveau global. L’expression pollution atmosphérique renvoie surtout aux transports en général et aux voitures et pots d’échappement en donc aux sources d’émissions de polluants. Mais cela n’engage pas pour autant dans le discours la responsabilité des individus, ce qui est désigné est l’objet sans une quelconque référence à l’activité humaine « on ne va pas dire à la voiture de ne pas rouler ». Pour répondre à la question de la contribution individuelle à la limitation de la pollution atmosphérique, le discours est plutôt en relation avec des préoccupations vis-à-vis de la préservation de l’environnement en général et donc les actions envisagées sont aussi bien celles liées aux économies d’énergie au niveau de l’habitat que ce soit l’eau et l’électricité, que le tri des déchets. Pour les déplacements la seule chose qui fasse l’unanimité dans le discours est « allez chercher son pain à pied » qui illustre la problématique des très courtes distances. Les actions collectives au niveau international ou national ne sont pas vraiment connues et font l’objet de peu de citations. Le moyen de réduction de la pollution atmosphérique dû aux transports qui est le plus souvent envisagé n’implique pas pour les individus de changement de mode de déplacements puisqu’il s’agit de l’innovation technologique, avec l’idée que les véhicules actuellement mis sur le marché sont peu polluants et qu’ils le seront de moins en moins. Le groupe « experts » considère la qualité de l’air sur la zone du Grand Lyon comme médiocre ou à peine moyenne. Ils estiment qu’elle s’est plutôt dégradée ces dernières années. En effet, si ils reconnaissent des améliorations concernant les polluants de type industriels, du fait essentiellement d’une réglementation forte, ils soulignent aussi l’augmentation des polluants dus aux transports à cause d’un trafic routier en constante augmentation et malgré les améliorations techniques au niveau des véhicules. Les experts pensent que pour la population, ce sont bien les transports, et plus particulièrement le trafic routier et la voiture, qui sont à l’origine de la pollution de l’air, associés dans une moindre mesure aux industries. La façon dont la population se forge cette opinion serait largement dépendante de son expérience personnelle. On retiendra

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Note de synthèse

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que pour les experts, le rôle des médias est quasiment inexistant dans la construction de l’opinion des individus. Pour près de la moitié des experts, l’information a un impact faible sur la population en terme de modification des comportements, qui est le rôle principal qu’il lui confère. Les raisons évoquées sont en partie liées au fait que les causes de la pollution ne sont pas suffisamment expliquées mais aussi que la population ne fait pas le lien entre cette information qui se situe trop souvent au niveau global et leurs comportements au quotidien. Ils pensent donc que l’information devrait ambitionner une plus grande sensibilisation de la population au problème. Ce qui n’est pas présent dans le discours des experts est qui doit prendre en charge concrètement cette communication. Pour la majorité des experts, les préoccupations de la population vis-à-vis de la pollution existent. Cette opinion s’appuie principalement sur les résultats des sondages d’opinion. Elles porteraient sur les effets sur la santé et les effets globaux tels que les changements climatiques. Les inquiétudes de la population existeraient et seraient relatives aux mêmes effets. Les actions actuellement mises en place pour lutter contre la pollution atmosphérique, sont évaluées par les plus optimistes partiellement efficaces ou comme ayant une efficacité naissante. Les actions estimées les plus efficaces sont le plus souvent celles qui se rapportent aux comportements en matière de déplacement et principalement à l’usage de la voiture, soit en termes d’incitation à l’utilisation des TC, soit restrictives en limitant l’accès au centre-ville. L’acceptabilité de mesures en faveur de la réduction de la pollution par la population en raison de leur efficacité, ne semble possible dans le discours des experts que sous certaines conditions et de coût et de contraintes pour les individus, de cohérence et d’explication de ces actions. Malgré tout, plus de la moitié de l’échantillon est optimiste est prévoit une amélioration notamment au niveau de la pollution de l’air locale, d’une part du fait de l’augmentation du prix du pétrole et d’autre part grâce aux innovations technologiques sur les véhicules individuels. La mise en parallèle des deux discours a donc montré la coexistence de deux logiques de discours différentes basées sur une divergence principale qui concerne la description de la principale source de pollution désignée par les deux groupes et l’attribution des responsabilités. La population générale désigne l’objet qui sert aux déplacements, en d’autres termes le véhicule. Le groupe « experts » désigne l’usage du véhicule. Les mesures à mettre en œuvre pour lutter contre la pollution atmosphérique ne situent donc pas sur le même plan. Innovation technologique pour les premiers, et limitation de l’usage pour les seconds. Nous avons donc renoncé à organiser un focus groupe qui avait pour thème la mise en œuvre de mesures pour lutter contre la pollution due aux transports. Avant de vouloir impliquer la population dans des actions qui impliquent des modifications de comportements en matière de déplacements, il est nécessaire de sensibiliser les individus sur leur contribution.

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Introduction L’objet de cette recherche est d’appréhender la demande sociale de réduction de la pollution atmosphérique et de mettre à jour les mécanismes psychologiques qui freinent les modifications de comportements ou l’adhésion à des politiques publiques qui visent à réduire la pollution. Pour cela, elle se propose d’explorer le rôle que jouent la perception et les représentations sociales dans la construction de la demande sociale. Contrairement à d’autres nuisances dues aux transports comme le bruit, la pollution atmosphérique n’est pas toujours directement perceptible. Elle est de plus, un objet de représentation particulièrement complexe. Elle s’applique à des phénomènes présents à différentes échelles spatiales et temporelles. Elle peut à la fois porter atteinte à l’intégrité physique de chaque individu du fait de sa proximité (effets sur la santé) et également susciter des interrogations sur l’avenir de l’humanité (changements climatiques). Dans un premier temps, il convient d’analyser quels sens recouvrent pour les différents acteurs de la société les phénomènes de pollution en resituant les discours sur différentes échelles : les effets perçus, les effets connus et les effets source de craintes et d’inquiétudes. Il est important de mettre à jour les concordances et différences, du point de vue de la perception des effets, de la connaissance des phénomènes (causes, conséquences mais aussi moyens pour y remédier), de la perception des risques encourus, et de l’attribution des responsabilités. Ces facteurs contribuent à la construction de la demande sociale de réduction de la pollution atmosphérique, et permettront d’éclairer, si elles existent, des différences dans la nature et l’expression de cette demande sociale chez différents acteurs de la société. Ainsi, dans ce travail 2 groupes d’individus sont distingués, la population générale d’une part, et de l’autre des décideurs locaux, des experts dans le champ de la pollution atmosphérique, et des membres d’associations. Afin de comprendre ce qui rassemble et distingue les représentations, attitudes et comportements de différents acteurs de la société vis-à-vis de la réduction de la pollution atmosphérique due aux transports, cette recherche s’appuie sur une méthodologie qualitative qui utilise la technique de l’entretien semi-directif.

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Problématique La réduction des nuisances environnementales est devenue un enjeu important dans les sociétés occidentales. La pollution atmosphérique pose un réel problème sanitaire, environnemental et climatique. Elle est présente à différentes échelles [1]:

- Au niveau global, elle se manifeste notamment par une augmentation de l’effet de serre, responsable des changements climatiques,

- A un niveau régional, l’ozone est le principal indicateur et le principal responsable des alertes à la qualité de l’air,

- A un niveau local, la pollution est surtout marquée par l’augmentation des émissions du trafic automobile.

Dans le domaine des transports, les progrès techniques ont conduit à réduire les émissions unitaires des véhicules. Mais la croissance continue de la circulation automobile atténue la baisse escomptée [2]. Ainsi, les perspectives d’une solution exclusivement technologique sont elles, à ce jour, limitées. Il s’impose de plus en plus l’idée que des modifications des comportements, notamment vis-à-vis des choix de modes de transports, sont inévitables [3]. Dans ce cadre une des questions principales posées aux sciences humaines est « comment impliquer l’ensemble des acteurs concernés et les mobiliser dans une démarche participative ? ». Le comportement des individus vis-à-vis des problèmes environnementaux est une problématique de la psychologie depuis de nombreuses années. Il s’agit d’analyser la propension à modifier les comportements en fonction de l’information reçue et de la perception des problèmes et des risques [4].

1. Des résultats d’enquête contradictoires Les résultats des enquêtes par questionnaire, sur le thème de l’environnement, s’ils ne sont pas approfondis peuvent paraître contradictoires mais aussi paradoxaux lorsqu’on les met en parallèle avec les données d’évolution de la qualité de l’air fournies par les organismes de mesure. Ainsi, 70% des Français pensent que la pollution de l’air dans les grandes villes augmente et 22 % qu’elle reste stable (4% seulement pensent qu’elle diminue) [5]. Dans un même temps, les experts s’accordent à dire que les émissions des principaux polluants dans l’air (si on ne prend pas en compte les gaz à effet de serre) sont en baisse depuis le début des années 90 [6] [7]. Cela impose d’explorer les critères d’évaluation de la qualité de l’air par les individus au niveau de leur cadre de vie. Qu’est ce qui permet de dire que la qualité de l’air est bonne ou mauvaise ? Est-ce que cette évaluation repose sur l’information donnée dans les médias par la diffusion de la valeur de l’indice Atmo, ou bien sur l’expérience personnelle ? En 2002, 38% des Français se disent préoccupés par la pollution de l’air [8], mais 69% sont pas ou peu inquiets de la qualité de l’air « là où ils vivent » [9]. On peut voir également dans deux enquêtes réalisées au cours de l’an 2000 (ADEME [10] et OIP [11]), que 77% des Français ne sont pas inquiets concernant la qualité de l’air, et dans le

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Problématique

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même temps que 32,5% de Français déclarent avoir ressenti personnellement des troubles ou des gênes liés à la pollution atmosphérique. Pour 92% de la population française, la pollution représente des « risques importants ou légers » pour la santé [10]. Ce pourcentage varie en fonction de nombreux facteurs comme, par exemple, la taille de la ville de résidence ou la sensibilité à l’environnement. La question qui demeure est : que recouvrent pour les individus les notions de qualité de l’air et de pollution de l’air ? Seuls 11% des européens estiment avoir de nombreuses raisons de se plaindre de la qualité de l’air, mais ils sont 35% à être inquiets au niveau national de chaque pays et 48% au niveau mondial [12]. Lorsque sont exprimées des préoccupations, des plaintes, des craintes ou des inquiétudes, quelles sont les perceptions et représentations des phénomènes associées ? Les plaintes seraient du domaine de l’expérience sensible. Les craintes et inquiétudes seraient du registre de l’opinion et des valeurs. Pour qu’il y ait une plainte, il ne suffirait pas d’une dégradation de la qualité de vie, il faudrait également qu’il y ait une connaissance des phénomènes en cause. Selon le niveau auquel on se place, local ou global, perception ou état des connaissances, plaintes ou inquiétudes, les résultats des enquêtes peuvent avoir des résultats divergents. Il conviendra donc de toujours situer le discours par rapport à un référentiel en termes de :

- cadre de vie, c'est-à-dire les effets perceptibles immédiats,

- santé : les effets supposés à moyen ou long terme pour les individus,

- écologie : les effets perceptibles ou supposés pour la communauté.

2. La pollution : objet de représentation complexe L’art 2 de la loi n°96-1236 du 30/12/19996 sur l’air et l’utilisation rationnelle de l’énergie définit la pollution atmosphérique par « l’introduction par l’homme, directement ou indirectement dans l’atmosphère et les espaces clos, de substances ayant des conséquences préjudiciables de nature à mettre en danger la santé humaine, à nuire aux ressources biologiques et aux écosystèmes, à influer sur les changements climatiques, à détériorer les biens matériels, à provoquer des nuisances olfactives excessives ». Mais qu’en est-il pour la population ? Qu’est ce que représente pour elle le terme de « pollution atmosphérique » ? L’étude des représentations sociales est une première étape indispensable à la compréhension des comportements des individus, dans le sens où elles jouent un rôle important dans l’orientation des conduites. Les comportements des individus ne sont pas déterminés simplement par les caractéristiques « objectives » de la situation. Interviennent également leurs représentations à propos de cette situation. L’analyse de la façon dont les individus interprètent et construisent leur environnement social permet de mieux appréhender les conduites. Le concept de représentation sociale au sens large correspond à une façon de voir un aspect du monde qui se traduit dans le jugement et dans l’action [13]. Il ne s’agit pas seulement d’une perception. Pour qu’il y ait représentation sociale, il faut qu’il y ait reconstruction de la réalité, l’individu est actif. « La représentation sociale est le produit et le processus d’une activité mentale par laquelle un individu ou un groupe d’individus

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Problématique

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reconstitue le réel auquel il est confronté et lui attribue une signification spécifique »[14]. Elle forme une connaissance pour un groupe qui est différente de la connaissance scientifique. Le contenu d’une représentation renseigne sur les croyances, les attitudes, les opinions, les connaissances partagées par un ensemble d’individus par rapport à un « objet » donné [15]. Elles servent aussi de support aux prises de décisions et sont déterminées par les expériences individuelles et les pratiques sociales [16]. Différentes fonctions sont reconnues aux représentations sociales :

- des fonctions cognitives : elle permettent aux individus d’intégrer des données nouvelles dans leur cadre de pensée ;

- des fonctions d’interprétation et de construction de la réalité ;

- des fonctions d’orientation des conduites et des comportements ;

- des fonctions ayant un aspect prescriptif en définissant ce qui est licite, tolérable ou inacceptable dans un contexte social donné ;

- des fonctions identitaires en permettant l’élaboration d’une identité sociale et personnelle compatible avec des systèmes de normes et de valeurs socialement déterminés.

La pollution atmosphérique est un objet de représentation particulièrement complexe. Elle s’applique à des phénomènes présents à différentes échelles spatiales et temporelles. Elle se décline en effet sur une échelle qui commence par la pollution intérieure et se termine par des phénomènes planétaires. Elle peut à la fois porter atteinte à l’intégrité physique de chaque individu du fait de sa proximité (effets sur la santé) et également susciter des interrogations sur l’avenir de l’humanité (changements climatiques). Trois dimensions des représentations sociales seront particulièrement approfondies dans cette recherche :

- La dimension temporelle, afin de comprendre comment les sujets se représentent le futur et en quoi ces représentations sont associées à des comportements, des choix, des intentions ;

- La dimension spatiale, qui met en jeu le positionnement de l’individu au niveau de l’espace dans lequel il évolue, du local au planétaire ;

- La dimension sociale qui introduit la notion d’interaction sociale et de groupe : les individus font partie d’un réseau collectif au sein duquel ils vont non seulement faire évoluer leur comportements mais aussi ceux des autres.

3. Les individus : victimes et acteurs de la pollution Si la dégradation de l’environnement est proposée parmi d’autres problèmes de société, elle arrive seulement à la cinquième position des préoccupations des Français [17]. Pourtant, globalement il ressort des différentes enquêtes réalisées auprès de la population que la protection de l’environnement est un problème urgent et immédiat [18]. De plus, si 43% pensent que, dans le domaine de la protection de l’environnement, l’Etat doit mener prioritairement des actions pour réduire la pollution de l’air et de l’atmosphère, 11% seulement pensent pouvoir contribuer individuellement à la réduction de la pollution de l’air et de l’atmosphère [19].

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Problématique

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Les résultats des enquêtes auprès de la population permettent de pointer les écarts entre des attitudes et des attentes vis-à-vis de la protection de l’environnement, et dans un même temps l’absence de modification de comportements notamment en matière de choix de modes de déplacements. Alors que l’opinion attend des Pouvoirs Publics qu’ils agissent prioritairement pour réduire la pollution atmosphérique, 62% des actifs et des étudiants utilisent un véhicule personnel motorisé pour se rendre sur leur lieu de travail ou d’études [20]. Identifier les freins aux changements de comportements est une étape incontournable pour répondre à la question des conditions de l’acceptabilité sociale de l’action publique environnementale. Il est en effet important d’établir comment se construisent les liens entre la reconnaissance de l’existence du problème, l’appréhension de la responsabilité de chacun, la nécessité d’apporter des solutions et l’implication à la fois au niveau individuel et collectif. Dans la problématique de cette recherche qui s’attache à éclairer la demande sociale de réduction de la pollution due aux transports, il convient de tenir compte du fait que les individus, pour la plupart, ne sont pas seulement victimes des nuisances mais aussi acteurs par l’utilisation d’un véhicule particulier. Les automobilistes, entendus comme personnes disposant d’un véhicule et ayant conduit au cours des 12 derniers mois, représentent 72% de la population des 18 ans et plus. Ils sont donc bien souvent une source de nuisances par l’utilisation d’un véhicule personnel. Cette position à l’origine d’une situation de dissonance doit éclairer l’ensemble de la réflexion. La dissonance cognitive apparaît chaque fois que nos cognitions s’avèrent incohérentes entre-elles. De façon typique, un conflit entre notre comportement et nos attitudes entraîne une situation de dissonance. Festinger [21], à l’origine de cette théorie, postule que les individus aspirent à éliminer les faits de pensées ou les faits comportementaux présents en eux et qui sont contradictoires. En d’autres termes, il s’agit d’intégrer dans l’analyse la gestion par les individus des attitudes et comportements contradictoires de « pollué » et de pollueur. Différents travaux ont montré de fortes contradictions et dissonances entre les aspirations du public (soucieux de l’environnement) et ses comportements déterminés en partie par les contraintes quotidiennes qui rendent les individus plus sensibles au confort, à la qualité du cadre de vie, à des considérations économiques et financières. En conclusion, cette recherche vise à comprendre comment les perceptions / représentations, l’attribution des responsabilités et la perception du risque vis-à-vis de la pollution atmosphérique interviennent dans la demande sociale de la réduction de la pollution de l’air des transports, et quels sont les freins aux changements de comportements. Les questions posées sont :

- Quelles représentations la population a-t-elle de la pollution atmosphérique : pollution sensible locale ou à l’autre extrémité de l’échelle l’effet de serre ?

- Comment s’articulent la perception de la pollution sensible et les connaissances des phénomènes (causes et moyens pour y remédier) dans la préoccupation vis-à-vis de la pollution atmosphérique ?

- Est-ce que les individus prennent en compte ou non les enjeux écologiques pointés aujourd’hui par les scientifiques ou passent-t-ils outre ces questions ?

- Dans quelle mesure les individus se sentent-ils responsables, à un niveau individuel et collectif, de la pollution de l’air ?

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Problématique

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- Est-ce que, vis-à-vis de la pollution de l’air, risque encouru n’est pas synonyme d’acceptabilité sociale ?

- La perception du risque par les individus implique la mise en œuvre d’un certain savoir. Même si ce n’est pas l’objet de cet appel d’offre, il conviendra d’aborder le type de connaissances auxquelles les individus se réfèrent pour définir les situations de risque. La connaissance exacte de la présence des risques et de leur gravité a traditionnellement été la tâche des scientifiques et de ce fait difficilement accessible au reste de la population. Existe-t-il un écart entre le risque perçu par la population et le danger identifié par les experts ?

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Méthodologie

1. Elaboration des grilles d’entretien Cette recherche s’inscrit dans une démarche qualitative. Contrairement à une méthodologie quantitative, elle implique un échantillon de taille réduite, et des résultats qui ne s’exprimeront pas en pourcentages mais en termes descriptifs et explicatifs. Cette démarche est tout à fait indiquée dans le cadre de ce travail qui vise en effet :

- à appréhender les contenus des représentations sociales de la pollution atmosphérique en explorant notamment les différentes articulations entre perception des nuisances, connaissances des phénomènes, perception du risque encouru et attribution des responsabilités,

- à expliciter la construction de la demande sociale de réduction de la pollution atmosphérique notamment grâce à l’analyse du rôle des représentations sociales de la pollution atmosphérique,

- et enfin à comparer la nature et l’expression de la demande sociale pour différents types d’acteurs.

Les représentations sociales n’étant accessibles qu’au travers d’une analyse du discours, l’entretien constitue un bon instrument méthodologique. Il s’agit d’un procédé d’investigation scientifique, utilisant un processus de communication verbale pour recueillir des informations en relation avec le but fixé. Il permet la production de discours, de la part des interviewés sur leur vécu, sur les aspects comportementaux et les facteurs cognitifs (croyances sur les conséquences), conatifs (intention d’agir) et affectifs (évaluation des coûts) qui les modulent. L’entretien incite à la construction d’un discours sur un thème proposé sans imposer pour autant un système de référence. Plus précisément, la technique de l’entretien semi-directif, caractérisée par son organisation à partir de questions ouvertes, a été retenue. Celui-ci est structuré grâce à l’utilisation d’une grille d’entretien dans laquelle figurent des thèmes précis que le chercheur souhaite approfondir. Cette grille n’est pas un cadre rigide. L’ordre des thèmes prévus est le plus logique possible, mais il n’est pas imposé. Chaque entretien a sa dynamique propre. Le seul point important est que tous les interviewés aient abordé tous les thèmes avant de terminer l’entretien.

1.1. La grille d’entretien… La grille d’entretien a été construite à partir des éléments de la bibliographie. Elle est basée sur la problématique de cette recherche qui est, rappelons-le, d’appréhender le contenu des représentations de la pollution atmosphérique dans ses différentes dimensions (connaissances, actions, importance de ce phénomène etc …) afin de mieux comprendre, de mieux expliciter la construction de la demande sociale. Il est important d’analyser quel sens ont, pour les différents acteurs de la société, les phénomènes de pollution du point de vue de la perception des effets, de la connaissance des phénomènes, de la perception des risques encourus, et de l’attribution des responsabilités.

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Méthodologie

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1.1.1. … du groupe « population générale » Cette grille (présentée en Annexe 1) a fait l’objet d’un test auprès de 5 personnes habitant la communauté urbaine du Grand Lyon, ayant des âges et des situations professionnelles différents. L’objectif était de vérifier la compréhension et la clarté des questions, que l’ordre des questions suive la logique globale du discours des personnes interrogées, ainsi que la durée d’un entretien (1 heure maximum). A l’issue du test, des questions ont été rajoutées, d’autres modifiées car elles manquaient de précision, et enfin pour certains thèmes, l’ordre a été changé pour assurer une cohérence à l’entretien. La grille d’entretien comporte 6 thèmes répartis sous forme d’une trentaine de questions. Il est bien sûr évident que toutes les questions ne sont pas forcément posées, les individus peuvent spontanément aborder un sujet au cours de l’entretien, sans être directement interrogé. L’entretien débute par des questions introductives concernant le lieu d’habitation. Il s’agit de connaître les avantages et inconvénients du quartier et de mettre en évidence la place de l’environnement dans le choix du logement (critère ou non). Est ensuite abordée la qualité de l’air et son évolution, au niveau local (quartier, Grand Lyon), mais aussi plus largement selon l’appréciation de l’interviewé. Le thème 1 concerne la perception de la pollution de l’air en général. Il a pour but d’inciter les personnes interrogées à donner des éléments concrets de description de ce phénomène : est-ce que cela se voit ou se sent ? Comment ? Dans quelles circonstances, à quels moments ? Dans ce thème est abordée aussi la question de la sensibilité individuelle à la pollution atmosphérique ainsi que ses manifestations en termes d’effets sur la santé, ou de troubles ressentis, mais aussi en termes de comportements d’évitement, en particulier. Dans le thème 2, ce sont les connaissances sur la pollution de l’air qui sont abordées. Ce type de question est assez délicat dans un entretien, car il ne faut pas que la personne interrogée ait l’impression d’être évaluée, jugée. Le rôle de l’interviewer est d’instaurer un climat de confiance qui permette à l’interviewé de s’exprimer sans crainte. En premier lieu, il est important de savoir ce qu’évoque cette notion de pollution atmosphérique, qu’est-ce qu’elle suggère, à quoi elle fait penser de manière un peu spontanée et naturelle. Pour cela une question portant sur l’évocation de l’expression même de pollution atmosphérique est posée ainsi qu’une autre dans laquelle on demande à la personne interrogée d’imaginer qu’elle explique ce phénomène à une personne qui ne le connaîtrait pas. Dans les questions suivantes sont détaillés les différents niveaux de la pollution atmosphérique, de la pollution de l’air locale aux changements climatiques du point de vue :

- de la familiarité avec un vocabulaire spécifique comme par exemple « indice Atmo », « pic de pollution »,

- de la contribution des différents secteurs d’activité avec comme objectif d’identifier la place des transports dans les propos des interviewés,

- des conséquences de la pollution à différents niveaux (local, national, mondial). - des comportements à adopter.

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Méthodologie

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Le thème 3 traite des inquiétudes et préoccupations vis-à-vis de la pollution atmosphérique. Il est tout d’abord abordé sur un plan collectif à travers ce que les interviewés savent ou pensent des préoccupations des gens en général, avant que soient évoquées leurs propres craintes ou inquiétudes. L’objectif de ces questions est d’approfondir si, au-delà des craintes et des inquiétudes qui peuvent exister concernant des effets de la pollution directement pour soi, il existe des préoccupations plus générales par exemple concernant les changements climatiques. Il s’agit donc d’appréhender la perception du risque encouru : est-ce pour soi ? Pour les générations futures ? Les actions à mener au niveau collectif sont ensuite abordées dans le thème 4. La question est bien de savoir si, pour les personnes interrogées, il y a des actions qui sont menées, si ils en ont une idée plus ou moins précise. Le sujet de l’efficacité des actions mises en œuvre est ensuite traité d’une manière générale dans un premier temps, puis en recentrant la discussion au niveau des transports. La question de l’acceptabilité de ces actions est aussi posée, en opposition avec l’efficacité. En d’autres termes que doit-on privilégier : une action efficace mais imposée ou une action acceptable même si moins efficace ? Et par ailleurs, y a-t-il urgence à mettre en place des actions ? Enfin, figure aussi dans ce thème, la place du progrès technique dans ce tour d’horizon des actions : contribue t-il à la réduction de la pollution atmosphérique, mais aussi va-t-il ou peut-il tout résoudre, est-il, à lui seul, « la » solution ? Le thème 5 porte sur les efforts à consentir au niveau individuel (et non plus collectif comme précédemment). En d’autres termes, existe-t-il des actions ou des comportements que chacun pourrait adopter dans sa vie quotidienne pour limiter les effets de la pollution et quels sont ceux qui sont effectivement mis en oeuvre. L’objectif de ce thème est de mettre en évidence la contribution personnelle effective ou non, la participation active des personnes interviewées, ce que chacun est prêt à faire et fait réellement pour limiter sa contribution. Ces questions devraient permettre ainsi de montrer si il y a une implication individuelle réelle ou si ces dernières restent sur un plan collectif si c’est plutôt le « je » qui est utilisé dans le discours ou plutôt le « on » ou encore « il faut que les gens … ». Le thème 6 est le dernier abordé et il concerne l’évolution de l’état de la pollution de l’air dans les 20 ans à venir. Où en sera-t-on dans 20 ans tant au niveau local (son quartier, sa commune) qu’au niveau du Grand Lyon ou de la planète ? Vers quel type d’évolution allons-nous : aggravation, pas de changement, amélioration ? Le but ici est, à travers le sentiment que l’on a à propos de l’évolution de ce phénomène de la pollution, de pouvoir mesurer l’importance qui lui est accordée. Sentiment qui lui aussi aura un impact sur l’acceptabilité des mesures qui sont ou pourront être prises.

1.1.2. …du groupe « experts »

La grille d’entretien (présentée Annexe 2) utilisée a été élaborée sur la base de celle mise au point pour l’échantillon issu de la population générale du Grand Lyon. Elle a simplement été adaptée pour cet échantillon spécifique. L’objectif principal, qui est d’analyser quel sens ont, pour les différents acteurs de la société, les phénomènes de pollution du point de vue de la perception, des effets, de la connaissance des phénomènes, de la perception des risques encourus et de l’attribution des responsabilités, reste le même.

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Cette grille a fait l’objet de 3 tests : auprès de 2 experts, et d’un membre d’une association. Au-delà de la compréhension et de la clarté des questions, l’objectif était de connaître le temps de passation exacte de cette grille (information importante auprès d’une population à l’emploi du temps souvent chargé), mais aussi de vérifier que cette grille ne s’écartait pas de celle utilisée auprès de la population générale. La grille d’entretien destinée aux experts, élus et membres d’association, comprend aussi 6 thèmes répartis sous forme d’une quarantaine de questions. Ce chiffre peut paraître élevé, mais il s’agit plus d’un aide-mémoire car les questions ne sont pas forcément toutes posées, et sont souvent abordées spontanément au cours de l’entretien. L’entretien débute par des questions introductives relatives à la description de la qualité de l’air, dans les grandes agglomérations en France en général, et sur la zone du Grand Lyon, en particulier, ainsi que son homogénéité et son évolution. Dans le thème 1 ce sont les causes et effets de la pollution qui sont traités et non la perception de celle-ci comme abordée avec la population générale. L’accent est mis ici sur ce que les experts, élus ou membres d’associations savent ou imaginent ce que la population pense ou sait sur ce thème. Le thème 2 ne concerne évidemment pas les connaissances sur la pollution de l’air tel que cela était abordé dans la grille de la population, mais vise à recueillir, ici aussi, ce que les experts, élus ou membres d’associations connaissent de ce que la population en général pense des différentes sources d’informations disponibles, son impact, ses attentes à ce sujet. Les inquiétudes et préoccupations de la population du Grand Lyon vis-à-vis de la pollution atmosphérique, telles que les experts, élus et membres d’associations les perçoivent font l’objet du thème 3. Le thème 4 permet de traiter de la question des actions à mener au niveau collectif, du point de vue de leur efficacité, de leur acceptabilité ou de la priorité accordée à ces actions. La contribution du progrès technique sur les véhicules est aussi abordée ici. Ce sont les mêmes questions dans les 2 grilles. Les efforts à consentir au niveau individuel (et non plus collectif) font l’objet du thème 5. Les questions sont ici les mêmes dans les 2 grilles. Il s’agit de savoir quels sont les comportements ou actions que chacun pourrait adopter dans sa vie quotidienne pour limiter la pollution atmosphérique. Enfin, le thème 6 portait sur l’évolution de l’état de la pollution dans les 20 ans à venir. Ce thème est traité de la même façon dans les deux grilles. Comme on peut le constater, les thèmes abordés sont identiques dans l’une et l’autre grille. Simplement, le plus souvent, ont été ajoutées dans chacun de ces thèmes des questions relatives aux représentations que peuvent avoir les décideurs locaux, les experts et les membres d’associations du discours de la population générale. Il s’agit bien ensuite de pouvoir comparer les discours de ces 2 types de population vis-à-vis de la pollution atmosphérique, de repérer d’éventuels décalages, par exemple, entre ce que dit un habitant du Grand Lyon et ce que « son » élu pense qu’il dit. Il s’agit aussi de comparer des comportements, en particulier sur le thème des efforts à consentir au

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niveau individuel, de confronter les opinions sur les actions à mener au niveau collectif ou sur l’évolution de l’état de la pollution de l’air.

1.2. La fiche signalétique La fiche signalétique (présentée en Annexe 3) est globalement la même pour les deux groupes. Elle comporte des questions ayant trait à l’âge, la situation familiale, le niveau d’étude et la situation professionnelle actuelle (actif/non actif, étudiant, chômeur, retraitée …) de la personne interrogée est remplie à la fin de l’entretien. Cette fiche comprend aussi une question concernant l’indice Atmo du jour de l’entretien. En effet, on demande à la personne interviewée de situer sur une échelle, reprenant les 3 couleurs (vert, jaune, rouge) et la graduation (en 10 points) de celle de l’indice Atmo telle que présentée sur le site de Coparly, le niveau de la qualité de l’air le jour de l’interview. Cette réponse sera ensuite confrontée à l’indice Atmo réel donné par Coparly.

2. Détermination des sites Bien qu’il s’agisse d’une étude qualitative qui n’implique pas de traitement statistique, un certain nombre de critères ont été déterminés pour sélectionner les sites où ont eu lieu les entretiens auprès de la population générale. Il s’agissait bien sûr de s’assurer d’une bonne répartition des lieux de résidence des personnes interviewées sur la zone d’étude, mais aussi de pouvoir mettre en relation la perception des individus avec des données d’exposition à la pollution de l’air. Le choix a donc été fait :

- de structurer l’échantillon en fonction d’un zonage basé sur des données de pollution,

- de contrôler la répartition géographique, - de tenir compte également de la structure socio-démographique de la zone

d’étude. Concernant les 20 personnes constituant le groupe spécifique, il n’a bien sûr pas été appliqué de quotas. Les décideurs et membres d’association ont été recrutés sur la zone d’étude. Pour les experts, le seul critère était d’être spécialiste d’un champ concernant la pollution de l’air que ce soit au niveau des émissions de polluant, des effets sur la santé…..

2.1. La structure « exposition à la pollution de l’air » Dans le cadre de cette recherche, il a été demandé à Coparly de fournir des informations sur la pollution de l’air. L’objectif est de générer une matrice permettant d'identifier différentes zones où la perception de la pollution atmosphérique pourrait être différente. Pour cette étude, il y a donc nécessité d'avoir des informations localisées relatives à la qualité de l'air, afin de faire la différence entre différents secteurs de la zone d’étude. Les sites de mesure fixes de référence permettent d’avoir une vision globale de la qualité de l'air de l'agglomération et d'autre part de surveiller des situations de pollution potentielle très spécifiques (comme à proximité de voies de circulation ou de sites industriels). Mais ce réseau de sites fixes n'est pas dimensionné pour fournir une information précise pour chaque rue. Des travaux de modélisation sont en cours afin de

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Méthodologie

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fournir cette information à l'échelle de la rue, en utilisant des modèles fins tels que SIRANE. Pour avoir des informations plus précises au niveau géographique, Coparly effectue des campagnes de mesures qui permettent de faire un échantillonnage sur une zone donnée en utilisant des tubes à diffusion passive. L’information recueillie par cette technique est plus précise géographiquement que celle obtenue par le réseau de sites fixes. Cependant, elle ne permet pas de connaître la part de chaque source. Il a donc été décidé d'utiliser le cadastre des émissions pour cibler les différentes zones de la ville qui peuvent potentiellement être soumises aux différents types de pollution, même s’il est bien convenu que cette méthode ne permet pas de prendre en compte les phénomènes de dispersion des polluants engendrés par la météorologie locale.

2.2. Le cadastre des émissions Dans le cadre des études sur la pollution de l’air, il est nécessaire de connaître les sources de pollution, de les identifier et de quantifier leurs émissions. L'identification des sources et l'évaluation des rejets de polluants passent par la réalisation d'inventaires d'émissions. Il s’agit d’estimer la quantité d’une substance polluante émise par une entité donnée pour une zone géographique et une période de temps données. La dénomination de cadastre d’émissions (figure 1) fait référence à la spatialisation de cet inventaire sur une grille géographique.

Figure 1 : Etapes pour la constitution d’un cadastre des émissions

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Méthodologie

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Deux méthodes principales peuvent être utilisées pour la réalisation d’un inventaire :

- la méthode top-down : des données globales (nationales, régionales, départementales) sont utilisées et réparties sur les communes ou les mailles d’un cadastre à l’aide de clés de répartition (population, zones bâties, zones cultivées, forêts, …) ;

- la méthode bottom-up : des données locales (communales, par maille, par source) sont utilisées et agrégées pour aboutir au niveau local/régional.

La seconde méthode est privilégiée par COPARLY à l’échelle de la région Rhône-Alpes. Un inventaire national privilégie la méthode top-down alors qu’un inventaire local va privilégier la méthode bottom-up, tout en s’assurant de boucler à un niveau géographique supérieur. Par exemple, il faut s’assurer de la concordance entre les consommations régionales de carburants estimées avec les ventes rapportées à cette zone, aux phénomènes de transit près. Lorsque les données locales ne sont pas disponibles, elles sont estimées à l’aide de variables de répartition (nombre de salariés par exemple) en utilisant les données d’activité du niveau géographique supérieur. Des outils informatiques développés par COPARLY permettent d'extraire les résultats de cadastres d'émissions :

- sous différentes nomenclatures : les classifications SECTEN du CITEPA et Grand Public sont généralement les plus utilisées pour la présentation des inventaires d’émissions (par exemple pour dresser l’état des lieux en matière de qualité de l’air, dans le cadre des PPA et des PDU, et ainsi mieux cibler les sources majoritaires sur lesquelles des efforts doivent être réalisés). Les émissions peuvent être agrégées par commune ou groupe de communes (agglomérations, départements, région…) ;

- par brin routier pour caractériser la pollution automobile en entrée de modèle de simulation à l’échelle de la rue (modèle SIRANE) ;

- par maille kilométrique : ce type de rendu est utile pour cartographier les émissions, améliorer la spatialisation des concentrations de polluants (en tant que variable explicative) ou encore comme donnée d’entrée de modèles de simulation de la qualité de l’air.

2.3. Le choix du polluant : les oxydes d’azote NOx Les principales sources de NOx sont les activités liées à la combustion. A haute température, l'azote et l'oxygène de l'air se décomposent et se combinent pour former notamment du monoxyde d'azote (NO) et du dioxyde d'azote (NO2). La première source d'émissions d'oxydes d'azote est le transport routier, que ce soit à l’échelle d'une agglomération ou de la région. Le secteur industriel arrive en seconde position. Ces deux sources représentent plus des trois quarts des émissions d’oxydes d’azote au niveau du Grand Lyon.

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60,6%

3,6%

10,5%

0,0%

1,1%

24,2%

Transport routierAutres sources mobilesRésidentiel tertiaire artisanatSources naturellesAgriculture, sylvicultureIndustrie

Figure 2 : Répartition des émissions de NOx sur le Grand Lyon

(Année 2003 - version 2006-1 : 16793 tonnes) COPARLY a donc fourni pour chaque commune du Grand Lyon les émissions d'oxydes d'azote réparties par secteurs émetteurs, ainsi que les résultats issus des campagnes de mesures portant sur le dioxyde d'azote (la corrélation entre cadastre des émissions et cartographie de la pollution pour ce polluant étant très bonne). Un classement des communes a ainsi été établi, en fonction des émissions totales mais également des émissions spécifiques du transport routier. Cela devrait permettre, dans le cadre des entretiens, de travailler sur la perception de la population. Le classement est également établi en fonction de la surface et du nombre d'habitants.

2.4. Le classement des communes La communauté urbaine de Lyon regroupe 55 communes et s'étend sur 51 500 hectares. Comme cette recherche s’effectue dans le cadre de la pollution due aux transports, 3 communes où la pollution est majoritairement due à l’industrie ont été retirées de la zone de d’étude :

- Rillieux-la-Pape au Nord de Lyon : part de l’industrie =57%,

- Saint-Fons et Feyzin au Sud de Lyon : part de l’industrie respectivement de 64 et 89%.

Pour faciliter la sélection des lieux d’enquête, les 52 communes constituant la zone d’étude ont été classées à partir des valeurs de NOx par km2. Les quartiles ont été calculés sur les données ordonnées fournies par Coparly pour constituer 4 groupes égaux.

Tableau 1 : Valeurs des 3 quartiles de la distribution des NOx/km2

Q(0,25) 9,16

Médiane 15,63

Q(0,75) 28,22

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Méthodologie

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Tableau 2 : Répartition des communes de la zone d’étude dans les 4 groupes

Communes NOx par km2

POLEYMIEUX-AU-MONT-D'OR 2,74 JONAGE 5,12 SATHONAY-VILLAGE 5,58 MONTANAY 5,64 SAINT-CYR-AU-MONT-D'OR 6,52 CURIS-AU-MONT-D'OR 6,81 SAINT-GERMAIN-AU-MONT-D'OR 6,96 CHARLY 7,26 SAINT-GENIS-LES-OLLIERES 7,43 SAINT-ROMAIN-AU-MONT-D'OR 7,67 VERNAISON 7,94 CAILLOUX-SUR-FONTAINES 8,81 FONTAINES-SAINT-MARTIN 8,85 SAINT-DIDIER-AU-MONT-D'OR 9,26 COUZON-AU-MONT-D'OR 10,53 LA TOUR-DE-SALVAGNY 11,07 MEYZIEU 11,77 LIMONEST 12,25 IRIGNY 12,28 FRANCHEVILLE 12,95 FLEURIEU-SUR-SAONE 13,38 CORBAS 13,49 MARCY-L'ETOILE 14,26 CRAPONNE 14,26 SATHONAY-CAMP 14,68 ALBIGNY-SUR-SAONE 15,40

Communes NOx par km2

CHARBONNIERES-LES-BAINS 15,86 GENAY 16,98 NEUVILLE-SUR-SAONE 17,06 CHASSIEU 17,76 DECINES-CHARPIEU 19,04 SOLAIZE 19,34 SAINTE-FOY-LES-LYON 19,69 SAINT-GENIS-LAVAL 20,24 DARDILLY 20,29 MIONS 21,50 VAULX-EN-VELIN 25,10 COLLONGES-AU-MONT-D'OR 27,69 SAINT-PRIEST 27,96 TASSIN-LA-DEMI-LUNE 28,99 ROCHETAILLEE-SUR-SAONE 29,15 ECULLY 34,97 FONTAINES-SUR-SAONE 37,01 OULLINS 38,93 VENISSIEUX 44,54 CALUIRE-ET-CUIRE 47,10 BRON 60,72 CHAMPAGNE-AU-MONT-D'OR 61,54 VILLEURBANNE 66,14 LA MULATIERE 67,51 PIERRE-BENITE 70,48 LYON 74,45

En ne tenant compte que de ce classement des communes en fonction des NOx /km2, l’objectif est d’interroger 15 personnes dans chacun des groupes. Mais à cette structure « exposition à la pollution » va se superposer une condition de répartition « géographique » qui a imposé d’assouplir le critère « exposition à la pollution ».

2.5. La structure « géographique » Toujours pour faciliter la sélection des personnes à interroger, et dans un souci de répartition sur la zone d’étude, le territoire du Grand Lyon a été découpé en 5 grandes zones géographiques : le centre, représenté exclusivement par la commune de Lyon et des zones est, ouest, sud et nord. La répartition géographique de l’échantillon sera assurée par le recrutement de 12 personnes dans chacune des 5 zones géographiques. Sur la figure 3 sont représentées à la fois les 5 grandes zones géographiques et la classification des communes en fonction des NOx par km2.

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Figure 3 : Représentation de la structure géographique

La figure 3 illustre la difficulté de concilier strictement la répartition « géographique » et la structure « exposition à la pollution ». Les communes avec les valeurs les plus élevées de NOx / km2 étant regroupées au centre de la zone d’étude et à l’inverse celles avec les plus faibles valeurs étant pour les 2/3 situées dans la zone Nord du Grand Lyon. Le choix a donc été fait d’assouplir le critère « exposition » et de recruter : 30 personnes résidant dans des communes avec des niveaux de NOx inférieurs à la médiane et 30 personnes résidant dans des communes avec des niveaux de NOx supérieurs à la médiane. La répartition finale des 12 personnes interrogées par zone géographique en fonction du critère « pollution » est synthétisée dans la figure 4.

zone nord

zone ouest

zone sud

zone centre

zone est

zone nord

zone ouest

zone sud

zone centre

zone est

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Figure 4 : Nb de personnes interrogées par zone géographique et classification NOx

3. Exploitation des données de qualité de l’air pour l’analyse des résultats de l’enquête

Il s’agit de déterminer des indicateurs susceptibles d’être mis en relation avec la perception de la qualité de l’air par chaque personne enquêtée. Les objectifs recherchés consistent :

- à différencier les sources d’émissions et la qualité de l’air selon les lieux d’habitation de chaque personne enquêtée ;

- à caractériser la qualité de l’air en différenciant notamment les journées où ont eu lieu les enquêtes, le questionnaire portant sur le ressenti de la qualité de l’air le jour de l’enquête. Un recensement des journées polluées ayant fait l’objet d’une communication par les médias a également été réalisé.

3.1. Différenciation des territoires

L’idéal serait de disposer d’une modélisation fine sur l’ensemble de l’agglomération lyonnaise. A ce jour, seuls quelques arrondissements de Lyon, ainsi que Villeurbanne disposent d’une telle modélisation (SIRANE). Les modélisations disponibles à une échelle régionale ne permettent pas une restitution précise de la qualité de l’air aux échelles qui sont en jeu dans cette étude. Afin de disposer d’une approche homogène sur l’ensemble du territoire enquêté, deux informations spatiales ont été exploitées.

3.1.1. Indice synthétique d’émissions Le cadastre des émissions de COPARLY permet de disposer d’une information à la maille kilométrique. Ainsi chaque personne enquêtée a été géoréférencée, ce qui a permis de lui associer une maille du cadastre. Il a fallu ensuite déterminer une information synthétique à exploiter. Si la restriction au dioxyde d’azote était justifiée pour établir l’échantillonnage, le ressenti de la qualité de l’air doit intégrer un plus grand nombre de polluants.

Centre

Est

Ouest

Sud

Nord

zones

12

2 10

8 4

8 4

12

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Méthodologie

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Une analyse polluant par polluant serait difficile à interpréter, c’est pourquoi un indicateur synthétique d’émissions a été retenu. Cet indicateur a été pensé initialement pour les besoins du Grand Lyon qui souhaitait différencier les zones du Grand Lyon en termes d’émissions et intégrer cet indicateur dans les différents projets d’urbanisation pour éviter toute nouvelle construction sensible (école, hôpital..) dans une zone déjà fortement émissive… Cet indicateur a été élaboré à partir de quatre polluants réglementés (NOX, COVNM, SO2 et PM10). Chaque polluant est discrétisé en trois classes, la définition des classes ayant été réalisée de sorte que chacune de ces classes soit représentée sur les agglomérations rhône-alpines de plus de 250 000 habitants (Lyon, Grenoble et St-Etienne), en lien avec le but recherché pour cet indicateur. On obtient ainsi un sous-indicateur par polluant. Chaque sous-indicateur est ensuite pondéré selon la problématique qu’il pose localement :

- ce sont les niveaux de particules et d’oxydes d’azote qui sont les plus préoccupants actuellement sur l’agglomération lyonnaise (non respect des valeurs limites), c’est pourquoi un coefficient 3 leur a été affecté ;

- bien qu’ayant un impact sanitaire significatif, le SO2 a des niveaux en très forte diminution ces dernières années, c’est pourquoi un coefficient 1 lui a été attribué ;

- enfin un coefficient 2 a été attribué aux COVNM, en raison de leur implication dans la production d’ozone, bien que peu d’épisodes aient été observés depuis 2007.

Les sous-indicateurs pondérés sont enfin sommés puis ajustés afin d’obtenir un indicateur global compris entre 1 et 10 (carte ci-dessous).

Figure 5 : Cartographie de l'indicateur émissions retenu

3.1.2. Cartographie régionale du NO2 Un cadastre des émissions a pour objectif de localiser et quantifier les sources d’émissions. Il ne tient donc pas compte des phénomènes de dispersion ni des transformations physico-chimiques. Concrètement, une zone dépourvue de source d’émission significative, située sous le vent d’un panache industriel ou d’un grand axe

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Méthodologie

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routier, aura un bon indicateur d’émission. Toutefois, la qualité de l’air pourra être impactée par ces émetteurs. L’exploitation des résultats de la cartographie annuelle régionale du NO2 permet de tenir compte de ces phénomènes. Bien que réalisée en 2005, elle renseigne sur les zones les plus touchées par ce polluant d’origine essentiellement automobile sur l’agglomération lyonnaise. Plus de 500 tubes passifs ont été répartis sur l’ensemble de la région, avec une densification plus importante dans les centres urbains, où les variations spatiales sont plus importantes. Quatre campagnes de deux semaines, réalisées à différentes périodes de l’année, permettent une restitution statistiquement acceptable de la moyenne annuelle.

Figure 6 : Cartographie annuelle du dioxyde d’azote sur la région Rhône-Alpes

3.2. Indicateurs « émissions » et « immission » Le graphique présenté figure 7 synthétise la façon dont sont construits les deux indicateurs (cadastre des émissions et cartographie du NO2). Le tableau 3 liste la valeur de ces indicateurs pour chaque personne enquêtée.

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Méthodologie

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Figure 7 : Description du calcul des deux indicateurs pour chaque personne enquêtée, sur la base du cadastre des émissions et de la cartographie annuelle au

dioxyde d’azote.

Tableau 3: Valeur des indicateurs retenus pour chaque personne enquêtée. N° enquête Commune Indice émissionsImmissions NO2 N° enquête Commune Indice émissionsImmissions NO2

1 bron 6 34.6 31 bron 4 33.82 lyon 3 9 37.7 32 oullins 5 31.43 ecully 4 29.9 33 corbas 4 26.44 lyon 9 8 39.1 34 lyon 2 8 40.15 ecully 4 29.9 35 lyon 2 8 40.16 villeurbanne 7 36.1 36 neuville 7 25.67 mions 4 31.8 37 st germain aux mont d'o 1 18.18 villeurbanne 6 35.6 38 poleymieux 1 13.99 lyon 3 9 38.2 39 cailloux 4 22.210 saint priest 5 36.9 40 st genis laval 4 27.111 chassieu 4 29.0 41 corbas 4 26.412 vaulx en velin 9 35.8 42 corbas 4 26.413 st germain aux mont d'o 1 18.1 43 irigny 4 24.214 st priest 5 36.9 44 vernaison 2 23.815 venissieux 6 39.3 45 charly 2 22.416 decines 4 28.1 46 vernaison 2 21.517 decines 4 28.1 47 charly 2 22.418 vaulx en velin 5 35.0 48 albigny sur saone 4 24.419 lyon 5 5 26.5 49 cailloux 4 22.220 lyon 5 5 26.5 50 cailloux 4 22.221 lyon 9 6 36.8 51 lyon 3 9 38.222 lyon 4 6 38.3 52 craponne 4 19.223 lyon 3 6 36.8 53 limonest 1 25.424 irigny 6 36.8 54 fontaine st martin 1 24.825 irigny 6 36.8 55 craponne 4 19.826 meyzieu 1 24.4 56 limonest 1 22.127 meyzieu 1 24.4 57 limonest 1 27.228 francheville 1 13.9 58 satonay village 4 26.329 francheville 1 13.9 59 francheville 4 20.030 lyon 7 9 38.2 60 craponne 4 18.5

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Méthodologie

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3.3. Caractérisation de la qualité de l’air de l’agglomération lyonnaise Les indicateurs présentés jusqu’à présent sont représentatifs d’une situation moyenne annuelle. Afin de caractériser plus précisément l’évolution temporelle de la qualité de l’air sur l’agglomération lyonnaise, deux autres indicateurs ont été pris en compte :

- l’indice ATMO, calculé quotidiennement et représentatif de la qualité de l’air sur la majeure partie de l’agglomération lyonnaise,

- l’identification des épisodes de pollution ayant fait l’objet d’une communication au moins par les médias locaux.

3.3.1. Indice ATMO L’indice ATMO est calculé quotidiennement dans toutes les agglomérations de plus de 100 000 habitants. Il permet d’avoir une idée précise de la qualité de l’air à l’échelle d’une agglomération et de comparer « simplement » la qualité de l’air entre agglomérations. De la même façon que l’indicateur synthétique relatif aux émissions, l’indice ATMO est calculé à partir de quatre sous-indices représentant chacun un polluant (NOX, PM10, SO2, O3). Pour chaque polluant est calculée la moyenne des maxima horaires des sites de fond de l’agglomération. Pour les poussières, il s’agit de la moyenne de la moyenne journalière. Ces moyennes sont ensuite transcrites sur une échelle de 1 (très bon) à 10 (très mauvais). L’indice ATMO final est le plus élevé des quatre sous-indices. Le graphique ci-dessous représente la variation de l’indice ATMO durant la période des enquêtes.

Figure 8:Evolution de l’indice ATMO de l’agglomération lyonnaise de juin à décembre 2007

3.3.2. Episodes de pollution Les épisodes de pollution sont généralement relayés par les médias locaux (télévision, radio, presse), ainsi que par les panneaux à messages variables pour la réduction de vitesse. Il peut être intéressant de rapprocher cette information avec les résultats des enquêtes, en particulier lorsque celles-ci ont eu lieu pendant ou peu après un tel épisode de pollution.

0

1

2

3

4

5

6

7

8

9

10

01/06/2007 01/07/2007 01/08/2007 01/09/2007 01/10/2007 01/11/2007 01/12/2007

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Méthodologie

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Depuis 2004, les arrêtés préfectoraux permettent le déclenchement du dispositif préfectoral en cas de risque élevé de dépassement des seuils réglementaires (O3, NO2 et PM10) pour le lendemain. Le critère étudié concerne donc les journées pour lesquelles le dispositif préfectoral est activé (graphique ci-dessous). Il existe deux niveaux de déclenchement :

- niveau d’information ou de recommandations aux personnes sensibles. Ce premier seuil donne lieu notamment à des réductions de 20 km/h de la vitesse maximale réglementaire sur les voies rapides ;

- niveau d’alerte (associé à des risques pour l’ensemble de la population). Ce niveau est atteint en cas de franchissement du seuil d’alerte, ou en cas de persistance du niveau d’information durant deux jours consécutifs associée à un maintien du dispositif pour le lendemain.

Figure 9 : Bilan des activations du dispositif préfectoral sur l’agglomération lyonnaise

01/06/2007 01/07/2007 01/08/2007 01/09/2007 01/10/2007 01/11/2007 01/12/2007

Information

Alerte

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L’analyse des entretiens auprès de la population générale

1. L’échantillon 60 entretiens ont été réalisés entre le 20 juin et le 10 décembre 2007. Ils se sont déroulés en face-à-face au domicile des personnes interrogées, sur prise de rendez-vous. La durée moyenne des entretiens est de 38 minutes. Ils ont été enregistrés avec un dictaphone numérique, puis retranscrits intégralement.

1.1. Les caractéristiques de l’échantillon Les critères de nature socio-démographiques ont permis de fixer les quotas d’échantillonnage. Ils ont été observés pour assurer une diversité du discours et sous la contrainte d’un échantillon de petite taille, ils sont restreints:

- au sexe, - à l’âge réparti en 4 tranches (18-25 ans, 26-45 ans, 46-60 ans, 61 ans et plus), - à l’activité classée en 3 catégories (actif, inactif ou retraité, étudiant).

L’ensemble des critères établis à partir de la répartition observée sur la zone du Grand Lyon a globalement bien été respecté : 28 femmes et 32 hommes ont été interrogés.

Tableau 4 : Echantillon "population générale"

Total Actif Inactif ou Retraité Etudiant Total

18-25 ans 4 (3) 2 (2) 5 (5) 11 (10) 26-45 ans 17 (17) 5 (6) 22 (23) 46-60 ans 12 (10) 3 (4) 15 (14) 61 ans et plus 12 (13) 12 (13)

Total 33 (30) 22 (25) 5 (5) 60 (60)

28 hommes Actif Inactif ou Retraité Etudiant Total

18-25 ans 4 (2) 1 (1) 2 (2) 7 (5) 26-45 ans 8 (9) 1 (2) 9 (11) 46-60 ans 7 (5) 0 (2) 7 (7) 61 ans et plus 5 (5) 5 (5)

Total 19 (16) 7 (10) 2 (2) 28 (28)

32 femmes Actif Inactif ou Retraité Etudiant Total

18-25 ans 0 (1) 1 (1) 3 (3) 4 (5) 26-45 ans 9 (8) 4 (4) 13 (12) 46-60 ans 5 (5) 3 (2) 8 (7) 61 ans et plus 7 (8) 7 (8)

Total 14 (14) 15 (15) 3 (3) 32 (32) NB : Les chiffres entre parenthèses sont les effectifs théoriques fixés à partir de la répartition de la population de la zone du Grand Lyon

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L’analyse des entretiens auprès de la population générale

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L’échantillon se répartit entre 27 personnes habitant en appartement, et 33 occupant une maison individuelle. Parmi ces 60 personnes, 26 ont un niveau d’études inférieur au baccalauréat, 12 ont le niveau bac, et 22 ont un niveau d’études supérieur au baccalauréat. 39 personnes vivent en couple dont 23 avec enfants à charge (1 personne seule avec enfant). 9 personnes seulement ne possèdent pas de véhicules. Les ¾ des interviewés qui possèdent une automobile, l’utilisent tous les jours.

1.2. La répartition de l’échantillon sur la zone géographique Pour atteindre l’objectif d’une diversité de discours, la répartition géographique sur la zone du Grand Lyon a été fixée à l’aide des critères « zone d’habitation » croisés avec des critères « pollution due aux transports ». Cinq zones (Nord, Est, Sud, Ouest et Centre) ont été définies sur le territoire du Grand Lyon. La moitié de l’échantillon devait résider dans une commune dont les valeurs moyennes de NO2 par km2 étaient inférieures à la médiane de la distribution et l’autre moitié de l’échantillon dans des communes dont les valeurs moyennes de NO2 étaient supérieures à la médiane. En ce qui concerne les zones et les critères de pollution la répartition finale de l’échantillon est la suivante :

Figure 10 : Répartition géographique de l'échantillon population générale

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L’analyse des entretiens auprès de la population générale

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Les illustrations qui suivent montrent que les cadres de vie sur le Grand Lyon sont très diversifiés :

Poleymieux (Zone rurale) Vaulx-en-Velin (Zone urbaine/HLM)

Lyon 8ème (Zone urbaine dense) Craponne (Zone pavillonnaire)

2. L’analyse de contenu Nous présentons l’analyse de contenu réalisée à partir de l’ensemble des entretiens menés auprès de 60 personnes appartenant au Grand Lyon et ayant répondu à la grille d’entretien. L’analyse porte sur l’ensemble des discours produits par les interviewés et retranscrits. Après une première étape correspondant à l’analyse entretien par entretien qui avait donné lieu au compte rendu de chacun d’eux1, nous nous sommes intéressées à l’analyse thématique. Les résultats de cette analyse de contenu sont présentés selon les thèmes définis par la grille d’entretien. L’objectif ici était de rechercher comment un même thème est abordé par la diversité des personnes interrogées, quelles sont les constantes, les différences.

2.1. Evaluation du cadre de vie La partie introductive de la grille d’entretien était centrée sur l’évaluation du lieu d’habitation de la population enquêtée. 6 questions portant respectivement sur l’ancienneté d’occupation du logement, les avantages et les inconvénients du quartier, 1 Ils sont présentés dans le rapport d’avancement n°2, réalisation et compte rendu des entretiens, rapport LTE n°0817, juin 2008.

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L’analyse des entretiens auprès de la population générale

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l’évaluation de la qualité de l’air ainsi que les endroits où cette dernière leur paraît meilleure ou pire ainsi que les évolutions de la qualité de l’air étaient abordées.

2.1.1. L’ancienneté dans le logement La première question concernait l’ancienneté dans le logement. Les résultats sont présentés dans le tableau suivant.

Classes en années Nombre de personnes

%

De 0 à 5 ans 25 42 De 6 à 10 ans 9 15 De 11 à 15 ans 6 10 De 16 à 20 ans 4 7 Plus de 16 ans 16 26 Total 60 100

Tableau 5 : Ancienneté dans le logement de la population enquêtée Nous avons affaire à une population qui pour plus de la moitié (57 %) occupe son logement depuis moins de 10 ans. Une population qui vit dans le Grand Lyon et est sans doute en capacité de donner son avis sur par exemple une éventuelle évolution.

2.1.2. L’appréciation du quartier

• Ce que l’on aime dans son quartier En ce qui concerne l’appréciation positive du quartier, les réponses sont très diverses. Ce qui est le plus souvent cité c’est la tranquillité, le calme (soit 30 % des citations). Vient ensuite l’environnement qui se décline de la façon suivante : le paysage, la nature, la verdure, les arbres, le côté campagne, le cadre de vie, l’éloignement de la ville ou encore le fait que ce soit un village. Cela représente 27 % des citations des personnes interrogées. La proximité de la ville, du centre-ville avec les commerces, les restaurants, les marchés est mentionnée 15 fois. Dans une moindre mesure, la proximité des transports en commun est aussi une raison d’appréciation de son quartier. Le fait que le quartier soit vivant, animé le voisinage agréable contribue aussi à rendre le quartier apprécié (3 % des citations). Enfin, ont été cités une fois : l’espace, le fait d’aller travailler à pied, les équipements, le fait qu’il n’y ait pas de pollution, le fait d’être dans la Courly et de bénéficier de ses services.

• Ce que l’on n’apprécie pas A l’inverse, les personnes enquêtées ont été interrogées sur ce qu’elles n’appréciaient pas dans leur quartier. Les réponses sont là aussi multiples. Dépendantes du lieu

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L’analyse des entretiens auprès de la population générale

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d’habitation, il est difficile de faire une synthèse, presque chaque personne ayant une réponse différente. Cependant nous pouvons retenir que 17,5 % des citations font référence à la circulation automobile en termes de bruit, de présence du boulevard périphérique, de passages des voitures, des heures de pointe … Viennent ensuite à égalité (12 % des citations), d’une part le manque ou l’éloignement des transports en commun, et d’autre part, ce qui concerne l’animation d’une ville, ce qui se traduit par : le manque d’activités culturelles, et/ou d’activités pour les jeunes, le manque de commerces ou d’écoles. Le « trop de bâti » n’est pas apprécié. Il concerne la présence d’immeubles HLM, trop de béton, ou des immeubles partout. 3 personnes ont mentionné l’absence de centre-ville, ou une ville sans âme. Le voisinage est évoqué, il s’exprime à travers le bruit des tondeuses (cité 1 fois), les voisins (2 sans précision) ou à travers la « mentalité » des voisins considérés comme « froids » ou « trop bourges ». L’éloignement des commerces (3 citations) ou le stationnement (2 citations) sont évoqués. Enfin, on notera que seulement 2 personnes ont cité soit la pollution, soit la saleté, ce qui représente 3,5 % des citations et que 10 fois les personnes ont répondu « rien » ou qu’elles ne voyaient pas de points négatifs.

2.1.3. Evaluation de la qualité de l’air du lieu d’habitation A la question « que diriez-vous de la qualité de l’air là où vous habitez ? » les réponses se répartissent entre :

- ceux qui considèrent que la qualité de l’air chez eux, ou dans leur commune est bonne, correcte, que « ça va » : il s’agit de 34 % des citations recueillies ;

- ceux qui décrivent la qualité de l’air chez eux en la comparant avec d’autres lieux qu’ils considèrent comme bien plus pollués : il s’agit de Feyzin qui désigne au niveau local le « couloir de la chimie » (cité 2 fois), mais aussi de Lyon (cité 9 fois), du quartier de la Croix-Rousse ou encore de Villeurbanne. Une personne a dit que c’était pollué chez elle mais « comme partout ». Cela représente 26 % des réponses obtenues ;

- ceux qui mettent en avant l’orientation de leur logement : le « côté rue », ou le « côté autoroute » est pollué alors que « côté verdure », ou « côté jardin », ça va. Cela a été cité 2 fois ;

- 6 qualifient la qualité de l’air de moyenne, « entre les 2 », « normale », « ça dépend des jours » ;

- 6 la trouvent « polluée », « mauvaise », « monstrueuse », et même « pourrie » en règle générale et d’autres (2 citations) en fonction de paramètres météorologiques : « quand il fait chaud on sent davantage la pollution, on étouffe » ;

- 8 personnes interrogées ont répondu ne pas savoir ou ne pas y faire attention.

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2.1.4. Les endroits où la qualité de l’air est meilleure que chez eux Les endroits où la qualité de l’air est jugée meilleure que chez eux, sont qualifiés comme tels, parce qu’il y a moins de circulation, moins de monde, plus de végétation, de verdure, « là où il y a beaucoup d’arbres », « les endroits où il y a de la végétation », « les endroits où il y a des arbres, beaucoup d’arbres ». Ce sont aussi des lieux qui sont d’après la population enquêtée, en hauteur, plutôt aérés, où il y a des « odeurs végétales et animales », « l’Auvergne, là où il y des odeurs végétales et animales » et « en fonction de l’odeur » et qui sont situés loin des grandes villes. L’Ouest lyonnais en général, « les monts du lyonnais », « les monts d’or », « plus on s’éloigne vers l’Ouest » « parce qu’il y a moins d’usines et moins de circulation » est évoqué spontanément mais aussi à travers un certain nombre de villes : Dardilly, Charbonnières, Cailloux, Tassin, l’Arbresle, La tour de Salvagny, Yzeron, St Martin etc Cela représente 21 citations, soit 31 %. Viennent ensuite, la campagne et la montagne (l’altitude, les Hautes-Alpes, la Savoie) citées réciproquement 10 fois. L’éloignement de la ville en général et plus particulièrement de Lyon est évoqué 6 fois. Le bord de la mer est mentionné par 4 personnes. Le parc de Miribel situé au nord-est de Lyon , représente 6 % de l’ensemble des réponses (soit 4 citations). 2 personnes ont cité « des endroits où l’air est pas pollué » sans précisé leur localisation ni les définir. Ensuite, ce sont des réponses difficiles à classer, citées une seule fois, elles concernent : « les endroits où il y a moins de monde », « le Sud-Ouest de la France, l’air y est meilleur », « Bron c’est mieux », « l’Ardèche ». Enfin, 7 personnes n’ont rien cité, ne savent pas.

2.1.5. Les endroits où la qualité de l’air est pire que chez eux

En ce qui concerne les endroits où la qualité de l’air est pire que chez eux, c’est le Centre-Ville de Lyon qui est cité le plus souvent : 24 fois soit 34 % des réponses obtenues. « En ville » ou « en ville à cause de la circulation », sans localisation précise, apparaissent 4 fois. Ensuite c’est Feyzin (cité 14 fois) et là où il y a des usines (cité 2 fois) qui ressort dans l’ensemble des réponses, soit 22,5 % des citations. Des lieux précis ont souvent été nommés, que ce soit une ville, une rue ou un quartier. Il s’agit de : Irigny, Neuville, Bron, Villeurbanne, Vaise, la Croix-Rousse, la gare de la Part-Dieu, Garibaldi, Gambetta ou encore le long du périphérique ou le long des grands axes. Cités chacun une fois, ils représentent 14 réponses soit 20 % des citations. Paris ou la région parisienne, et plus largement les grandes villes, parce que c’est plus pollué qu’à Lyon, sont cités 6 fois. Les odeurs sont évoquées une fois. Une réponse évoque l’effet de serre : « Ici on n’a pas le phénomène d’effet de serre où l’air reste bloqué. Les endroits qui font cuvette où il n’y a pas de ventilation ».

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Enfin, 9 personnes n’ont rien répondu, ne savent pas.

2.1.6. L’évolution de la qualité de l’air dans son quartier Prés de la moitié des personnes interrogées (26 personnes) ont répondu ne pas avoir constaté d’évolution depuis leur installation dans leur logement. 20 autres disent ne pas savoir ou ne pas avoir fait attention. Parmi les personnes ayant noté une évolution 9 ont constaté une évolution négative « ça c’est aggravé », « ça c’est dégradé » ou « ça a empiré ». Cette dégradation se manifeste par : plus de pollution, plus de voitures, de plus en plus de circulation, peu de TC, ou de plus en plus de personnes. 2 personnes ont répondu que cela ne s’était « pas trop dégradé » ou « un peu dégradé ». 2 personnes ont noté une amélioration et une autre : « un effort a dû être fait au niveau des industries chimiques ».

2.2. Thème 1 : La perception de la qualité de l’air 4 questions constituaient ce thème. Différentes dimensions étaient abordées. Elles portaient respectivement sur une description de la pollution, comment, quand et où se manifeste-t-elle, est-ce que les personnes interrogées pensent être sensibles à la pollution, ont-elles ou connaissent-elles des gens qui ont ressenti une gêne, des troubles à cause de la pollution, et enfin, est-ce qu’il leur arrive de modifier leurs habitudes ou comportements à cause de la pollution.

2.2.1. Description de la qualité de l’air A la question comment est perçue la pollution, à travers quoi, les réponses sont très nombreuses et très variées. Il y a cependant 2 aspects qui se détachent nettement. Il y a ce que l’on sent, ou ressent : les odeurs, la chaleur, les allergies ou les yeux qui piquent, d‘une part. Et, d’autre part, il y a ce que l’on voit : les salissures, l’atmosphère brumeuse, la circulation automobile. La pollution de l’air est dans une moindre mesure associée à des lieux : Feyzin, les zones industrielles ou les endroits où il y a des usines, ainsi que ceux où il n’y a pas d’espaces verts. Enfin, les saisons et plus spécifiquement l’été lui est parfois associé, ainsi que la météo en termes de vent, pluie ou brouillard.

• Ce que l’on voit lorsqu’on évoque la pollution de l’air

C’est avant tout la circulation automobile qui est évoquée : les camions, « toutes ces voitures », « quand il y a beaucoup de voitures », « quand il y a beaucoup de bouchons », « on est entouré de voitures », « quand on voit toutes ces voitures qui se collent, tous ces pots d’échappement … » sont autant de citations qui représentent 18 % de l’ensemble des réponses obtenues. Les personnes interrogées voient aussi les salissures, aussi bien à l’intérieur des logements qu’à l’extérieur. Il s’agit tout autant de :

- « tout ce qui rentre dans les appartements », « la pollution dans l’appartement, la poussière qu’il y a autour des bouches d’aération », « les dépôts qui se mettent sur les radiateurs », « les rideaux noirs », « les poussières dans l’appartement »,

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- que de « de la poussière grasse que l’on a sur le salon du jardin », « les murs noirs », « les vitres sales », « les fenêtres sales », « les dépôts sur le mobilier urbain », « les façades sont ternes », « les fumées et les poussières », « les poussières noires sur les voitures » etc …

Toutes ces réponses représentent 14 % des citations. Pour évoquer leur perception de la pollution de l’air, les personnes interrogées font aussi référence à une altération de la pureté de l’air créant un effet nuageux, brumeux, voire coloré : « on voit un nuage noir qui se forme autour de Lyon », « une brume bleutée au dessus de l’autoroute, c’est de la pollution», « le nuage de pollution on le voit bien », « quand je vois ce nuage un peu jaune », « des fois c’est blanc, c’est pas très net », « on est en hauteur et on voit bien la pollution sur Lyon », « quand on est en avion au dessus de Lyon, on voit bien la pollution », « on le voit c’est comme un voile dans l’air », « la luminosité, des fois, c’est blanc, ce n’est pas très net », « parfois l’air est coloré », « aux heures de pointe, Lyon n’a pas la même couleur qu’en journée » Cet aspect représente 12 % de l’ensemble des citations.

• Ce que qui est senti et ressenti quand la pollution de l’air est évoquée Cette sensation est principalement évoquée au travers des odeurs. Celles-ci concernent 18 % des réponses. Les personnes interrogées se sont exprimées de la façon suivante : « je sens des odeurs, c’est répugnant », « des fois il y a des odeurs polluées … », « il y a souvent des odeurs désagréables, chimiques, je le sens il y a des odeurs … », « au niveau des odeurs », « …ça sent mauvais … », « ça sent mauvais, ça sent l’essence tout le temps », « les mauvaises odeurs », « en ville quand on marche dans la rue, on sent que c’est pollué, c’est l’odeur », « tu as des odeurs, en voiture quand tu passes dans Lyon, tu sens, d’ailleurs on ferme les fenêtres et on met le recyclage automatique », « en ville, il y a les odeurs de gaz d’échappement ». Assez souvent associée à ces odeurs, la chaleur est aussi fréquemment mentionnée, cela dans 10 % des citations. Cette dimension s’exprime ainsi : « quand il y a les grosses chaleurs, on sent la pollution … », « la chaleur peut faire que l’air est plus pollué », « … l’air est lourd, tu sens cette chaleur », « … et surtout en cas de fortes chaleurs », « quand il fait chaud », « de toute façon elle est là cette pollution, mais quoi qu’il en soit on la ressent quand il fait très chaud … », « il y a plus de pollution quand il fait extrêmement chaud », « les périodes de canicule », « l’été, quand il fait chaud les gaz ont plus tendance à stagner dans l’air », « les périodes de canicule ». 12 % des citations concernent les manifestations physiques que l’on peut éprouver et qui sont souvent considérées comme des signes de pollution. Les personnes interrogées se sont exprimées de la façon suivante : « … et puis j’ai les yeux qui piquent », « mon baromètre, c’est ma fille qui est poly-allergique, dès qu’il y a des pics de pollution, systématiquement, elle fait des crises d’asthme », « j’ai du mal à respirer, les jambes lourdes », « cette sensation d’étouffement … je me mouche plus en ville … », « quand je rentre en ville, je tousse, j’ai les yeux qui pleurent et le nez qui coule, on sent que l’air est pollué parce qu’on n’arrive pas à respirer correctement », « ça me fait des allergies », « quand on revient d’Auvergne, on a les yeux qui piquent, la respiration qui est plus courte … », « je le ressens physiquement parce qu’ici j’ai des allergies au printemps et en automne », « je prends des maux de tête à chaque fois que je vais en ville, j’ai également les yeux qui piquent des gaz des voitures ».

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• Des lieux Le nom de la commune de « Feyzin », qui en fait désigne sur le couloir de la chimie, est associée à la description de la pollution et a été évoquée 3 fois : « sur le périphérique, en passant à Feyzin, j’ai les yeux qui coulent », « quand je passe à Feyzin, je sens les odeurs de souffre », « à Feyzin, l’odeur est intenable », … les zones industrielles et les espaces où il y a des usines ont été cités 3 fois : « probablement les endroits où il y a des usines »

• L’association avec la météo 5 % des citations font référence aux situations météorologiques pour décrire la pollution de l’air. Il s’agit de :

- la pluie : « quand il pleut il y a une couche de je ne sais pas trop quoi qui tombe », « on le voit après la pluie, on voit que ça s’évapore »,

- du brouillard ou des nuages : « par temps de brouillard, le ciel est bas et très nuageux », « lorsque c’est nuageux, l’air ne part pas, on est enfermé dans une bulle gazeuse »,

- des effets du vent : « il y a plus de pollution quand il n’y a pas de vent, que le temps est bas », « … si il n’y a pas de vent », « quand le vent vient du sud et nous apporte les odeurs de Feyzin … », « tout dépend comment le vent tourne », « il y a plus de pollution, quand il n’y a pas de vent » …

• La référence à l’été

Déjà présente avec l’association forte à la chaleur pour décrire la pollution de l’air, l’été est évoqué 6 fois dans les réponses des personnes interviewées : « En été je la ressens plus que l’hiver », « en été j’ai l’impression que je sens plus les gaz des pots d’échappement », « l’été, quand il fait plus chaud, les gaz ont plus tendance à stagner dans l’air », « l’été c’est encore plus prononcé … », « … l’été, je le sais par les informations », « … d’après ce que j’entends, l’été » …

• L’habitude d’être exposé à la pollution 3 citations portent respectivement sur : l’habituation que l’on peut avoir vis-à-vis de la pollution : « à mon avis l’organisme s’habitue à la pollution et je ne me rends pas forcément compte si l’air est pollué ou pas », la différence entre la pollution observable, visible et celle qui ne l’est pas, « il y a la pollution que l’on voit et celle que l’on ne voit pas ». Enfin une personne ne semble pas percevoir la pollution : « non, je n’ai pas de perception particulière … ».

2.2.2. La sensibilité à la pollution de l’air A la question, « Pensez-vous être sensible à la pollution de l’air et pourquoi, qu’est-ce que vous le fait dire ? » 26 personnes ont répondu oui, 24 ont répondu non, 5 ne savent pas et 5 pensent qu’« on doit tous l’être », ou, « comme tout le monde », ou « moins que d’autres parce que je suis moins fragile, moins qu’un bébé ou une personne âgée ».

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Les raisons pour lesquelles on se dit sensible à la pollution de l’air sont de natures différentes. Ce peut être à cause :

- d’allergies: « parce que j’ai des allergies respiratoires », « maintenant, je suis allergique », « je suis plus enrhumée, plus allergique » ;

- des odeurs et des difficultés à respirer : « si ça sent mauvais », « quand je sens l’odeur, ça me donne envie d’arrêter de respirer », « je le sens ça me dérange », « parce que quand je suis dans ces odeurs, je n’ai plus envie de respirer », « parce que j’ai des problèmes respiratoires », « je sais que je respire mal à Lyon », « il y a des moments c’est difficile de respirer » ;

- de problèmes de santé : « parce que ça joue sur notre santé », « parce que je fais des allergies respiratoires, j’ai de l’asthme » ;

- de l’âge : « par rapport à mon age et à mon cœur ». Une personne justifie sa sensibilité un peu comme une fatalité : « parce qu’on n’a pas le choix ». Pour une autre cela est dû au fait « parce que j’ai toujours vécu à la campagne ». Une autre se dit sensible mais sans pour cela qu’il y ait (encore) des effets sur sa santé : « oui, mais j’ai de la chance, je n’ai pas de répercussions physiques ». Lorsque que l’on demande aux 24 personnes qui disent ne pas être sensibles à la pollution, d’expliquer pourquoi, les raisons invoquées sont « parce que je n’ai pas de problème de santé », ou « je n’ai jamais ni douleur, ni irritation », « je ne fais pas d’allergies », ou « comme je ne peux pas y faire grand-chose, je vis sans trop me poser de questions ».

2.2.3. La gêne ressentie ou les troubles dus à la pollution de l’air

• Lorsque l’on ressent des troubles 22 personnes ont répondu ressentir ou constater sur leurs proches des troubles ou une gêne directement liés à la pollution de l’air.

- 9 d’entre elles ont repéré des troubles pour elles-mêmes, en termes d’allergie principalement : « la pollution favorise mon allergie », « j’ai des allergies », « mes yeux deviennent rouges et le médecin dit que c’est à cause de la pollution », « j’ai le nez pris toute l’année », mais aussi d’asthme ou de problèmes respiratoires : « j’ai des moments de fatigue et des problèmes respiratoires », « j’ai de l’asthme et de l’eczéma ».

- 13 d’entre elles ont constaté des troubles chez d’autres personnes de leur entourage. Il s’agit souvent de leurs enfants ou petits enfants : « mon fils est allergique, c’est pour cela qu’il habite à la campagne », « j’ai 2 petits fils qui font des allergies », « mon petit fils ne fait que tousser quand il est chez lui à Genas et à la montagne au bout de 2 jours c’est fini », « mon fils est asthmatique et en fonction des endroits où il va il est plus ou moins gêné », « ma fille fait de l’asthme et je pense que ça vient de là », d’autres membres de leur famille : parents, frère ou sœur. Les amis sont aussi évoqués : « j’ai 2 amis qui depuis 5 ans sont réellement asthmatiques et ont des réactions allergiques, l’une d’elles a du partir à la campagne à cause de la pollution ».

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L’analyse des entretiens auprès de la population générale

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• Comment se manifestent-ils ?

En ce qui concerne ces différentes manifestations, on demandait aux personnes interviewées si elles pensaient que les effets de la pollution allaient ou pourraient se manifester plus tard et sous quelle forme. 7 personnes ne savent pas ou restent sceptiques sur d’éventuels effets de la pollution de l’air : « certainement une gêne, mais le retentissement, je ne sais pas », « non, je ne sais pas, je sors mon joker parce que les experts eux-mêmes ne sont pas d’accord entre eux », « c’est possible mais après c’est un problème de nature humaine », « je n’y crois pas » …. La fragilisation ou une augmentation de la sensibilité en général est citée 4 fois : « je pense que l’on n’est moins protégé contre certaines maladies », « je pense que la pollution reste un temps dans le corps avant que ça s’évacue totalement », « elle doit rendre les gens plus fragiles », « à long terme, je pense qu’on peut être plus sensible aux microbes et aux allergies ». Les autres donnent des noms de maladies ou des problèmes de santé plus précis :

- ce qui revient le plus souvent ce sont les troubles ou les difficultés respiratoires ou les problèmes pulmonaires (19 citations) : « si on ne se nettoie pas de l’intérieur de ce que l’on respire des pots d’échappement, cela peut entraîner des difficultés respiratoires »,

- vient ensuite le risque de cancers ou l’augmentation du nombre des cancers (cité 12 fois) et plus particulièrement le cancer du poumon (cité 6 fois),

- l’augmentation des allergies est évoquée 11 fois,

- les problèmes de peau représentent 7 citations,

- Ensuite on trouve une ou deux fois dans les discours : les problèmes cardiovasculaires, les conjonctivites, les maux de tête, les atteintes au système immunitaire.

Il est important de remarquer que des conséquences pouvant aller jusqu’à la mort, une augmentation de la mortalité ou une diminution de la vie est mentionnée 5 fois : «la mort … », « je pense que cela peut avoir une influence sur la diffusion des maladies, voir peut-être une augmentation de la mortalité », « je pense à une diminution de l’espérance de vie » … Enfin pour une personne : « à long terme je pense qu’il y aura plein de maladies dont on n’avait pas compris qu’elles avaient un lien avec la pollution ».

• Lorsque aucun trouble n’est ressenti 36 ont répondu ne ressentir aucune gêne due à la pollution. Les propos de 2 personnes sont cependant modulés : « non, mais je commence à avoir des allergies », et la seconde dit : « non, parce qu’on est habitué à cette vie-là et on ne ressent rien ». Enfin, 2 personnes ne se sont pas exprimées.

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2.2.4. Modification des habitudes ou adoption de comportements pour éviter d’être exposé à la pollution de l’air

• Ceux qui n’ont rien modifié

32 personnes soit plus de la moitié des personnes interrogées déclarent ne pas modifier leurs habitudes ou comportements à cause de la pollution de l’air. Ce peut être :

- parce qu’ils n’ont pas le choix, disent-ils : « en ville, non, je n’ai pas le choix, je ne peux pas changer ma façon de faire », « non parce qu’on n’a pas le choix », ou parce qu’ils estiment qu’ils subissent la pollution, un peu par fatalisme : « non, on est comme tout le monde on subit », « de toute façon partout où on va c’est la même chose », « non, parce que je ne peux rien changer », « non parce que si j’ai quelque chose à faire, je le fais » ;

- pour certains, c’est davantage par ignorance, parce qu’ils estiment ne pas savoir : « non, je ne fais pas très attention parce que je sais rarement quand il y a des pics de pollution. Il me semble que c’est davantage signalé quand on a une voiture », « je changerais quelque chose si je pouvais, mais il faudrait que je sache quoi », « non parce qu’on n’y pense pas et puis il faudrait le savoir » ;

- d’autres n’y pensent tout simplement pas : « non je n’y pense pas, je ne suis pas anti-pollution à ce point là », « non je ne regarde pas tout ça », ou même, se disent habitués : « moi non parce que je suis habitué ».

• Ceux qui ont modifié leurs comportements :

Plus que des habitudes, ce sont certains de leurs comportements que 20 personnes parmi celles interrogées disent avoir modifiés à cause de la pollution de l’air. Le plus souvent il s’agir de ne pas sortir (cité 6 fois) : « oui, quand je sais qu’il y a pas mal de pollution, que la télé l’annonce, je ne sors pas surtout l’été », « je ne sors pas, je m’enferme, en cas de vent fort, je reste chez moi », « on ne sort pas, on évite de sortir », et parfois cela va jusqu’à éviter d’aller en ville (3 citations) : « … je mets un diffuseur d’huiles essentielles, puis j’évite de sortir, j’évite la ville », « éviter d’aller en ville parce qu’il y a beaucoup de voitures », « j’évite d’aller trop en ville ». Ce peut être aussi éviter les endroits considérés comme particulièrement pollués : « Quand j’habitait à Villeurbanne, j’évitais le cours Lafayette et je prenais les rues parallèles parce que je me rendais compte que mon petit (enfant dans une poussette) était au niveau des pots d’échappement ». 4 personnes ont mentionné l’utilisation des circuits d’air de leur véhicule : « je mets la clim en circuit fermé dans ma voiture », « si je suis en voiture, je mets l’air en circuit fermé », « en voiture, je mets le recyclage de l’air », « quand je rentre dans un tunnel, je mets la ventilation en recyclage ». Eviter de faire des efforts, ou moins de sport revient 4 fois dans les citations : « je respire moins, fort, je reste tranquille, j’évite de faire des efforts », « « en été quand il fait chaud, je ne cours pas … si je pouvais je quitterais la ville pour la campagne », « faire moins de sport quand ils disent qu’il y a un pic de pollution ».

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La fermeture des portes et des fenêtres est citée 2 fois : « on n’ouvre pas la fenêtre du salon, parce qu’il y a pas mal de circulation et de poussière », « Peut-être que je mettrais un mouchoir devant la bouche », « oui, je ferme les portes à cause de mes allergies ». L’aération de l’habitation à des moments précis est un comportement qui a été mentionné 2 fois : « oui, je reste chez moi, j’aère très tôt puis je ferme … », « … je sais par expérience qu’il y a des heures pour aérer, tôt le matin ou plutôt le soir … ».

• Ceux qui ne savent pas 8 personnes n’ont pas répondu à cette question ? Ce peut être tout simplement parce qu’ils ne savent pas ce qu’est une pollution importante : « je crois que je n’ai jamais eu d’alerte », le plus souvent parce que simplement, ils n’ont rien à répondre à cette question.

2.3. Thème 2 : Niveaux de connaissance sur le thème de la pollution Ce thème avait comme objectif d’appréhender le niveau des connaissances ou d’information de la population enquêtée sur cette notion de pollution de l’air : qu’est-ce qu’elle évoque spontanément, à qui est-elle attribuée, quelles sont ses conséquences sont les questions abordées au préalable. Ensuite, nous nous sommes intéressées à différentes dimensions telles que l’indice Atmo, les pics de pollution mais aussi les changements climatiques..

2.3.1. La définition de pollution atmosphérique Cette expression renvoie pour près de la moitié des citations aux sources de pollution avec en premier lieu les voitures et les pots d’échappements (28 citations), et les usines et l’industrie (15 citations). Viennent ensuite les émissions de polluants sous la dénomination de fumées « tout ce qui fait de la fumée », particules, déversements (17 citations), gaz carbonique (7 citations), et gaz à effet de serre (1 citation). Pour 7 personnes, il s’agit de quelque chose d’indéfini « c’est l’air qu’il y a autour de nous, c’est quelque chose que l’on ne voit pas et qui peut nous faire du mal ». Enfin, elle est également caractérisée par les conséquences visibles qui sont à reliées avec la perception comme la saleté, le noir, le gris (7 citations) « je la décrirais comme bien noire », mais aussi en référence aux problèmes de santé avec « les difficultés respiratoires » (5 citations). 19 personnes seulement définissent la pollution en se situant au niveau local, comme si ce niveau avait plus un lien avec la perception que des connaissances acquises par l’information. On retrouve la référence aux sources de pollution (entreprises, industries, voitures et transport). 30 personnes se situent au niveau de la planète, cette fois plutôt en termes de conséquences avec l’idée de catastrophe, dégradation, destruction (8 personnes) « ça tue toutes vies sur terre », « c’est la destruction, il y a des endroits où c’est la catastrophe ». Ils citent également le réchauffement de la planète et les gaz à effet de

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serre (6 personnes), la couche d’ozone (4 citations) «l’ozone, le trou dans l’atmosphère ».

2.3.2. La contribution à la pollution atmosphérique Alors que la pollution atmosphérique renvoie en premier aux voitures, la contribution est elle plus spontanément attribuée dans un premier lieu aux industries et entreprises (35 personnes). Viennent en deuxième lieu, les voitures (26 personnes) et les transports (5 personnes). On notera que seulement 9 personnes de l’échantillon ne possèdent pas de véhicule et que 4 possesseurs de véhicule sur 5 l’utilisent tous les jours, et que dans le discours, les individus n’expriment pas de sentiment de responsabilité vis-à-vis de la pollution due « aux voitures », ils ne se positionnent pas comme automobilistes. 16 personnes humanisent la contribution à la pollution atmosphérique dans leur réponse : 12 en utilisant des termes qui les incluent comme « nous », « la population », « tout le monde » et 4 au contraire en s’excluant, accusant les autres « qui ne respectent pas la nature », « qui arrachent les arbres », « les américains », « la société de consommation ». 3 personnes évoquent le chauffage et 2 l’agriculture. Quand on leur demande de déterminer le secteur qui contribue le plus à la pollution, 18 personnes citent l’industrie. Parmi ces dernières, 5 personnes mentionnent uniquement l’industrie, 13 autres attribuent une part supérieure à l’industrie (par rapport aux transports par exemple) et enfin 6 personnes mettent à égalité industrie et transports. 7 personnes citent uniquement les voitures, la circulation, et 15 autres donnent une part aux transports plus importante, il est intéressant de noter que ce ne sont pas spécialement celles qui ne possèdent pas de voitures puisque sur les 7, seule 1 déclare ne pas avoir de voiture. Enfin10 personnes attribuent une faible part de la pollution aux individus « le reste chacun pollue ».

2.3.3. Les conséquences de la pollution atmosphérique

6 personnes n’ont pas d’idées précises sur les conséquences de la pollution atmosphérique : « On nous dit que c’est catastrophique, mais on n’est pas vraiment au courant. On sait qu’il se passe quelque chose, mais on ne sait pas vraiment quoi. C’est quand même dans l’air, tout le monde ramasse ». La moitié des individus (28 personnes) qui ont répondu à la question évoquent spontanément des problèmes de santé en progression supposée : problèmes respiratoires, allergies, cancers, « le développement de nouvelles pathologies, les manifestations allergiques en augmentation », « les gens qui sont de plus en plus malades ». 7 personnes font référence aux personnes sensibles, aux enfants : «la multiplication des allergies et des problèmes respiratoires chez les bébés et les enfants ». Aucune référence n’est faite à des conséquences subies par les individus eux-mêmes ou leurs proches, le discours reste à un niveau très général.

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En dehors des effets sur la santé, les autres conséquences évoquées se situent à un niveau global :

- 14 personnes évoquent le réchauffement de la planète,

- 15 personnes citent les conséquences sur la couche d’ozone,

- enfin, 9 personnes mentionnent la dégradation de l’écosystème. On assiste parfois à des tentatives de théorisation des phénomènes « un réchauffement très important de la planète terre qui détruit la couche d’ozone, et du coup les ultra violets arrivent de manière directe ».

2.3.4. Prise d’information sur les niveaux de pollution Cette question concernait les pratiques en matière de prise d’information : est-ce qu’ils s’intéressent aux niveaux de pollution de l’air dans leur commune ? Ont-ils l’habitude de se renseigner à ce propos, comment ? Dans les réponses obtenues, nous retrouvons la non familiarité de la pollution : seules 4 personnes déclarent se renseigner, les autres ne se renseignent pas. 6 ont cependant un « capteur personnel », ou « s’en rende compte tout seul », et 5 l’entendent à la radio ou à la TV.

2.3.5. Qualité de l’information sur la pollution atmosphérique Même si ils n’ont pas une démarche active pour aller chercher des informations sur les niveaux de pollution au niveau local et leurs conséquences, nous leur avons demandé leur avis sur l’information diffusée. 10 personnes pensent être bien informées sur les niveaux de pollution et leurs conséquences « oui de A jusqu’à Z, on est informé des niveaux et des conséquences par la TV ». Pour 6 personnes cependant, l’information porte plus sur les niveaux que les conséquences « au niveau des conséquences, on ne sait pas pourquoi il ne faut pas courir ». 7 personnes estiment que l’information est disponible pour celui qui veut se renseigner. 33 personnes pensent ne pas être bien informées sur les niveaux de pollution et leurs conséquences. Certains ont des explications qui sont liées des enjeux supposés « il y a des enjeux et des intérêts politiques, industriels et financiers » ou à la gravité des conséquences et donc il s’agit de « ne pas alarmer la population », « ça ferait peur ».

2.3.6. Connaissances au niveau local : l’indice Atmo et les pics de pollution Nous les avons interrogés sur des termes qui sont relatifs à la pollution locale comme l’indice Atmo et les « pics de pollution ».

• L’indice atmo Le terme « Indice Atmo » n’évoque rien à 46 personnes, elles ne le connaissent pas, « j’ai du en entendre parler », « vaguement, mais je serai incapable de vous dire ce que c’est ».

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4 personnes savent qu’il s’agit d’un indice ou d’une échelle mais ils ne savent pas de quoi « oui ça me dit quelque chose, on le voit sur l’autoroute, il faut ralentir parce que l’indice est élevé ». 4 personnes font effectivement référence à la qualité de l’air, « c’est l’indice atmosphérique de la météo qui mesure la qualité de l’air ». 6 personnes parlent d’une mesure de pollution ou de polluants particuliers, comme le taux de carbone ou le pourcentage de CO2 : « indice du pourcentage de CO2 dans l’atmosphère, plus c’est saturé et plus c’est dangereux ».

• Le pic de pollution En ce qui concerne le pic de pollution 30 personnes évoquent un dépassent de seuil, ou de niveau critique. D’autres ont des explications beaucoup plus personnelles « c’est un endroit où il y a vraiment beaucoup de pollution, il ne faut pas s’en approcher », « il est causé par la couche d’ozone qui est trop épaisse et qui empêche l’air de respirer », « je dis que c’est la nature ». Les raisons évoquées à l’apparition de pics de pollution sont : une circulation accrue (9 citations), ou une augmentation des températures « c’est surtout quand il fait chaud », (12 citations), et enfin une combinaison des deux : « c’est souvent l’été donc la chaleur contribue au fait que les échappements n’ont pas été évacués » (8 citations). Enfin 4 personnes connaissent les pics de pollution par les panneaux à messages variables sur les grands axes : « c’est réduire la vitesse quand on est sur l’autoroute ». On remarque également que les 2 personnes qui ne connaissent pas l’expression « pic de pollution » n’ont pas de voitures. Un pic de pollution n’est pas un événement marquant, en effet :

- 15 personnes ne se rappellent pas avoir connu un épisode de pic de pollution,

- 8 le datent pendant la canicule de 2003,

- 12 personnes se rappellent en avoir connu l’été,

- 3 disent en avoir connu un récemment,

- 6 ne peuvent pas le dater. Par ailleurs, 7 l’associent à un déplacement sur l’autoroute et 3 en centre ville. Aux personnes qui se rappelaient avoir connu un épisode de pic de pollution, nous avons demandé quelle avait été leur réaction à ce moment-là :

- 19 personnes déclarent n’avoir eu aucune réaction particulière, soit parce qu’ils ne constatent pas de différence par rapport à d’autres moments « je me dis que l’on va avoir du mal à respirer mais concrètement c’est pareil », « c’est un peu idiot leur pic de pollution, parce que l’on est tout le temps dans la pollution, on devrait toujours faire attention », soit parce qu’ils avouent ne pas connaître de gestes ou de comportements à adopter en cas de pics de pollution « rien, parce que je ne sais pas quoi faire ».

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- 17 personnes n’évoquent que des comportements pour limiter sa contribution à la pollution atmosphérique. 11 répondent en se positionnant en tant qu’automobilistes. Ils indiquent avoir roulé moins vite en respectant les consignes de réduction de la vitesse de 20 km/h, « on nous dit de ralentir alors on ralentit », parfois sans réelle conviction sur l’efficacité de cette mesure : «on a réduit la vitesse, mais on se demande si c’est efficace et si tout le monde le fait », « j’essaie de ralentir mais je me dis que si on traverse Lyon plus vite, il y aurait moins de pic de pollution ». Une seule personne indique ne pas prendre sa voiture les jours de pics de pollution.

- Seulement 7 personnes répondent spontanément par des gestes de protection quand on les interroge sur leur réaction au pic de pollution : 5 disent rester chez soi ou fermer les fenêtres et 2 déclarent fermer les fenêtres de la voiture.

2.3.7. Connaissances au niveau global : les changements climatiques Nous avons ensuite testé leurs connaissances sur un phénomène global qui est « les changements climatiques ». Pour 8 personnes c’est un cycle naturel au pire aggravé par l’homme, « même s’il n’y avait pas eu d’activité humaine, le changement climatique était inévitable ». Spontanément, ce sont les conséquences qui sont directement associées au terme changements climatiques. Celles qui sont éventuellement observables, perceptibles comme « le bouleversement des saisons », « il n’y a plus de saison ». D’autres plus globales comme le réchauffement de la planète (15 citations) et les dérèglements climatiques « bientôt on va se retrouver au Sahara ». 13 personnes évoquent des phénomènes extrêmes et utilisent des termes comme catastrophes, inondations, et enfin 3 personnes un dérèglement de la terre.

• Les causes des changements climatiques 3 personnes n’ont aucune hypothèse explicative au phénomène des changements climatiques. 10 personnes écartent la possibilité que les changements climatiques et la pollution soient liés : « pour moi la pollution peut influencer un petit peu, mais c’est un faible pourcentage, c’est plutôt un cycle de réchauffement ». 13 personnes ne vont pas au-delà dans leur explication que d’exprimer le lien entre pollution et changements climatiques « la pollution est la cause des changements climatiques ». 4 personnes utilisent les expressions de « gaz à effet de serre » et 2 autres le terme de « CO2 » : « en résumé la pollution fait effet de serre et l’effet de serre change le climat », autrement ils emploient le nom général de gaz (5 personnes), « certains gaz montent dans l’atmosphère et empêche les rayons UV de ressortir de l’atmosphère ». Les changements climatiques sont expliqués par les dégâts occasionnés à la couche d’ozone (5 personnes) « les gaz percent la couche d’ozone qui laisse passer plus de rayons qui réchaufferait la planète et on serait moins protégé ».

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Enfin pour 5 personnes la pollution chauffe la terre : « la pollution fait qu’il fait plus chaud, donc il y a plus de fermentation de certains gaz ».

• Les conséquences les plus importantes dues aux changements climatiques

Même si souvent ils l’avaient déjà évoqué pour expliquer en spontané le phénomène des changements climatiques, une question portait spécifiquement sur les conséquences qu’ils jugeaient les plus importantes. On retrouve à nouveau des expériences vécues relatives au problème des saisons (14 personnes), « on le vit parce que les saisons ne se font plus », « on n’a plus de saison » ou à l’inverse des phénomènes qui auront lieu ailleurs (7 personnes), « certaines régions vont être asséchées et les déserts vont augmenter », « des îles vont disparaître à cause des changements climatiques ».. 8 personnes utilisent des mots de la famille de destruction ou de catastrophe lorsqu’ils évoquent les conséquences des changements climatiques « la catastrophe mondiale », « ça peut faire des catastrophes », d’autres (16 personnes) citent des phénomènes comme la fonte des glaciers et, la montée du niveau des mers et les inondations. 11 parlent des effets sur les écosystèmes « la disparition de certaines espèces », « les animaux meurent » et 5 personnes seulement évoquent des effets sur la santé

• Qui va subir ces conséquences ? Lorsqu’ils sont interrogés sur qui va subir les conséquences des changements climatiques, on note l’utilisation de grands termes génériques : les hommes, les humains (11 personnes) parfois associées aux animaux, la faune, la flore (7 personnes). D’autres évoquent seulement la nature et les animaux (4 personnes), ou bien sur les autres (10 personnes) soit ailleurs : « le Groenland », « ceux qui sont proches de la mer », soit certaines catégories de la population et notamment les personnes fragiles ou démunis « en particulier le tiers monde, surtout les pauvres et puis les petites gens », 9 personnes ont évoqué les générations futures : « nos enfants et nos petits enfants », « les générations à venir ». Si 5 personnes qui rejettent les conséquences des changements climatiques dans le futur ont plus de 50 ans, on remarque que les 4 autres ont moins de 40 ans. Enfin 10 personnes disent qu’ils auront à subir les conséquences des changements climatiques avec notamment l’utilisation du pronom personnel « nous » dans la réponse.

2.4. Thème 3 : Inquiétude et préoccupation vis-à-vis de la pollution atmosphérique

Ce thème est tout d’abord abordé sur un plan collectif c’est-à-dire ce que les personnes interrogées disent des préoccupations des autres en général, avant de les interroger sur leurs propres préoccupations ou craintes.

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2.4.1. La pollution atmosphérique : une préoccupation générale ? 23 personnes répondent de manière positive à cette question mais les mots utilisés sont davantage de l’ordre de la sensibilité, et de la prise de conscience que d’une réelle inquiétude ou préoccupation, d’ailleurs 4 personnes précisent que ça n’implique pas pour autant de changement dans les comportements. Plus de la moitié ne pensent pas qu’en général les gens soient inquiets ou préoccupés vis-à-vis de la pollution atmosphérique avec comme explication lorsqu’il y en a :

- seulement ponctuellement en fonction de l’information donnée par les médias lors d’un évènement particulier type catastrophe ou élection (5 personnes) « parfois ponctuellement lors des élections présidentielles ou de la sortie du film d’Al Gore »,

- d’autres estiment qu’il y a un lien avec le fait de ne pas être prêt à modifier les comportements (3 personnes) « ils ne sont pas prêts à changer leurs habitudes » ou bien avec un sentiment d’impuissance (3 personnes) « les gens savent qu’à leur échelle, ils ne peuvent rien faire »,

- la pollution n’est pas réellement un problème « au quotidien on ne pense pas à la pollution » ou bien ils ont d’autres problèmes « ils sont plus préoccupés par ce qu’ils vont manger » (7 personnes),

- la pollution n’est pas réellement perceptible « les gens ne se sentent pas concernés, ils ne voient pas les effets sur eux » ( 4 personnes).

2.4.2. La pollution atmosphérique : une préoccupation individuelle ? Lorsqu’on leur demande si eux-mêmes sont préoccupés ou inquiets vis-à-vis de la pollution, les réponses sont les suivantes.

21 répondent négativement : 11 personnes expliquent qu’ils se sentent peu concernés « je ne me pose pas la question, ça ne me touche pas vraiment », « je sais que la pollution existe mais je ne suis pas trop au courant des effets néfastes », et les 10 autres qu’ils se sentent impuissants « moi personnellement, je n’y peux pas grand-chose ». Pour les autres, pas de réelles inquiétudes pour le présent mais plutôt :

- pour les générations futures (13 personnes), « on se demande ce qui va se passer dans quelques années, surtout pour les enfants »,

- d’éventuels effets sur la santé mais rien de précis (9 personnes) ; « j’ai la hantise de voir arriver de nouvelles maladies qui soient directement liées à la pollution »,

- d’évènements climatiques type canicule (5 personnes) ; « on a peur d’une canicule pire qu’en 2003 » ou de catastrophes (12 personnes), « j’ai peur que la terre disparaisse », « parfois je me demande ce que va devenir le monde »

Pour 27 personnes, il s’agit d’un sujet de conversation avec sa famille et ses proches, « entre ami, pas la pollution mais les saisons qui changent », « on parle du réchauffement de la planète ».

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2.5. Thème 4 : Les actions à mener au niveau collectif Ce thème est relatif aux actions menées, les connaissent-ils, comment sont-elles jugées en termes d’efficacité, d’acceptabilité mais aussi d’urgence.

2.5.1. Qui doit prendre en charge le problème de la pollution atmosphérique ?

Près de la moitié des personnes interrogées (28 personnes) envisagent une prise en charge du problème de la pollution atmosphérique seulement au niveau du gouvernement ou de l’Etat, associé parfois aux industriels (3 personnes) et enfin au niveau des industriels seuls (3 personnes). Si on cumule ceux qui répondent tout le monde (14 personnes) et l’Etat plus les individus (4 personnes), on a seulement 18 personnes pour qui le problème de la pollution atmosphérique implique une prise en charge par les individus ; « on a tous un rôle à jouer, mais je pense qu’il devrait y avoir des personnes hauts placées qui structurent un peu plus, nous on ne va pas dire à la voiture de ne pas rouler ». 3 personnes seulement font référence aux compétences des villes ou des régions en la matière.

2.5.2. Des exemples d’actions existantes… Nous leur avons ensuite demandé de citer des exemples d’actions qui étaient menées à l’heure actuelle pour lutter contre la pollution atmosphérique. Spontanément, 19 personnes ne sont pas parvenues à donner des exemples d’actions, « au niveau de la France, elles sont tellement petites qu’on ne doit pas les voir », « on commence à faire je ne sais pas quoi avec Nicolas Hulot », « je m’en suis jamais préoccupée ». 5 personnes se situent au niveau d’actions internationales en citant le protocole de Kyoto. Viennent ensuite l’amélioration des véhicules (11 personnes), « peut être que les voitures sont moins polluantes avec les pots catalytiques », « les différents types d’essence pour les voitures comme le GPL, mais je ne sais pas ce que c’est », les économies d’énergies, les énergies renouvelable et le tri sélectif au niveau de l’habitat (9 personnes), « ne pas gaspiller l’eau, éteindre les lumières quand on en a pas besoin », « les énergies renouvelables dans les systèmes de chauffage », et enfin la mise en place du système de location de vélos « les velo’v » (4 personnes) et le développement des transports en commun (7 personnes). Nous avons essayé de relancer ce thème au niveau de la commune et de la communauté urbaine de Lyon. A nouveau 15 personnes, qui globalement sont les mêmes qui n’avaient pas répondu en spontané, n’ont pas d’action à citer, « non, mon ignorance est grande », « je ne les connais pas ». Il n’est jamais dit que les actions n’existent pas. L’installation des velo’v à Lyon est reconnue comme une action pour lutter contre la pollution par 16 personnes, le développement des transports en commun et plus précisément l’installation de nouvelles lignes de tramway par 11 personnes, la limitation

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de la vitesse en ville par 5, et enfin, 4 personnes citent uniquement le tri sélectif des déchets.

2.5.3. ….. aux actions à mettre en oeuvre Lorsqu’il leur est demandé de se prononcer quant aux actions les plus efficaces à mettre en œuvre pour lutter contre la pollution atmosphérique due aux transports, les améliorations technologiques sur les véhicules recueillent 31 citations dont 19 personnes qui n’envisagent que cette action. Les réponses se concentrent sur le changement d’énergie utilisée dans les véhicules « on ne peut pas se passer de voitures, il faut espérer qu’ils nous trouvent de l’énergie moins polluante », « on garde nos voitures et on met de la betterave ou autre chose ». La diffusion des véhicules électriques est citée 7 fois. L’utilisation de modes de déplacements alternatifs à la voiture recueille moins d’adhésion. 15 personnes suggèrent d’augmenter la fréquence des TC et 10 de diminuer le prix des tickets ou de rendre les transports en commun gratuits. Les actions visant à restreindre l’usage de la voiture sont également très peu citées : interdire l’accès au centre ville ou le limiter par la mise en place d’un péage urbain n’est évoquée que 4 fois, par contre il s’agit de possesseurs de voitures. 10 citations concernent la circulation des camions et notamment l’alternative du ferroutage.

2.5.4. Efficacité et acceptabilité A la question : Est-ce que les actions efficaces sont d’après vous toujours acceptables, 17 personnes répondent négativement « non, parce qu’individuellement chacun pense à soi » et 6 positivement « les gens ont conscience quand même » « on râle, mais on accepte ». Un certain nombre répond à la question en donnant les conditions de l’acceptabilité des actions visant à réduire la contribution du secteur des transports à la pollution :

- qu’elles soient peu coûteuses (8 citations), « il y a des bonnes volontés », mais il ne faut pas que ça touche au porte feuille », avec parfois l’idée d’inégalités sociales « le péage urbain par exemple c’est acceptable par celui qui a les moyens »,

- que leur efficacité soit avérée (7 citations), « oui si c’est efficace, mais par exemple réduire la vitesse, on le fait, mais on ne sait pas les retombées ».

Ou au contraire ils expliquent pourquoi elles ne sont pas acceptables et principalement parce qu’elles sont susceptibles de modifier les habitudes, ou d’imposer des contraintes et des efforts (13 personnes), « si on demande de moins utiliser la voiture ce n’est pas faisable », « non, c’est trop de contraintes », « non, parce que ça demande un effort ».

2.5.5. Imposer des actions reconnues efficaces

Nous les avons ensuite interrogés sur la nécessité d’imposer des actions lorsqu’elles sont reconnues efficaces.

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L’analyse des entretiens auprès de la population générale

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Pour 1/3 des personnes interrogées (21personnes) il faut imposer les actions « il faut imposer parce que si on impose pas ce sera difficile de changer les gens », Pour 25 autres il faut au préalable que des actions pédagogique soient menées pour faire comprendre l’intérêt des actions, « il faut d’abord informer réellement pour que les gens puissent les accepter », et les rendre acceptables «je pense qu’il vaut mieux les rendre acceptables pour que les gens adhèrent au système ». Enfin pour 11 individus, il n’est pas possible d’imposer des actions malgré leur efficacité avérée « il ne faut pas imposer, c’est rebutant pour les gens », mais il vaut mieux encourager les individus à mettre en œuvre des actions « il faut encourager fortement et les rendre accessibles » ou leur proposer des actions « je pense qu’il faut proposer et mettre en valeur ce qui serait le mieux ».

2.5.6. Les actions pour lutter contre la pollution de l’air sont prioritaires ? Nous leur avons demandé si ils estimaient que les actions pour réduire la pollution atmosphérique sont prioritaires. 4 personnes répondent négativement à cette question, « l’environnement fait partie de notre vie, mais ce n’est pas si important ». Pour 17 personnes, les actions pour lutter contre la pollution sont prioritaires et urgentes, « j’ai compris que c’était très urgent de changer nos habitudes », « oui, parce qu’il faut environ 50 ans pour faire machine arrière », « oui, parce que c’est une question de vie ou de mort », « sinon je donne pas longtemps à la planète ». Pour 10 personnes, ces actions sont prioritaires et urgentes parce qu’il y va de la santé et de la qualité de vie, et pour 5 autres de l’avenir des enfants. Pour les autres il s’agit d’actions prioritaires mais leur discours vient nuancer cette réponse :

- il y a d’autres problèmes plus graves (13 personnes), notamment celui de la famine qui est citée très souvent « il y a des problèmes plus urgent comme les enfants qui sont dans la rue et qui meurent de faim », « pour l’instant même si la pollution doit avoir des conséquences sur les gens, je ne suis pas au courant, mais la famine ça tue »,

- malheureusement c’est trop tard (7 personnes), « de toute façon s’est trop tard, à mon avis le mal est fait ».

2.5.7. Le rôle du progrès technique dans la réduction de la pollution Il leur était demandé de se positionner sur la contribution des progrès techniques sur les véhicules à la réduction de la pollution atmosphérique. 6 individus se déclarent peu ou pas informés sur ce sujet « on ne les voit pas beaucoup, on est pas au courant ». 21 personnes se sont prononcées sur les véhicules actuels, en mettant en avant les améliorations techniques au niveau des pots catalytiques ou de la moindre

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consommation d’essence « ça a évolué assez vite, nous avons des véhicules qui consomment moins et qui ont moins de rejets ». Les technologies telles que les véhicules hybrides et électriques ne sont citées que par 12 personnes comme alternative aux véhicules actuels mais sous certaines conditions « je serais ravie de rouler dans une voiture électrique si elles étaient au point, pratiques et pas chères ». Enfin pour 13 personnes, des technologies au niveau des véhicules sont disponibles, mais ils ne savent pas préciser lesquelles. Ils les jugent trop chères « ils ne faut pas non plus payer ta voiture 50 000€ au lieu de 20 000€ », « c’est bien d’innover, mais les gens ne peuvent pas se le permettre au niveau financier », ou bien ils les imaginent non diffusées à cause des intérêts financiers liés au pétrole, « ils font des voitures propres, mais comme l’essence rapporte beaucoup d’argent, ils les laissent de côté », « le moteur à eau existe déjà, mais on le commercialise pas parce qu’il y a trop d’intérêts économiques en jeu ».

2.6. Thème 5 : Les efforts à consentir au niveau individuel pour limiter la pollution

Les questions ne se situent plus au niveau collectif comme précédemment mais bien au niveau de l’individu, dans sa vie quotidienne. Il s’agit bien ici de mettre en évidence les contributions personnelles ou individuelles pour limiter les effets de la pollution de l’air, les implications réelles des personnes interrogées.

2.6.1. Des actions ou des comportements que les individus en général, pourraient adopter dans la vie de tous les jours

Les actions se situent essentiellement au niveau du logement et des déplacements pour toutes les personnes qui pensent que des actions au niveau individuel peuvent être menées pour limiter la contribution à la pollution. Au niveau de l’habitat on trouve de manière très présente le tri sélectif des déchets (21 citations) et les économies d’énergies (21 personnes) avec des références à la consommation d’électricité et d’eau, une seule personne évoque les ampoules basse consommation, et 4 l’installation des énergies renouvelables. 6 personnes ont évoqué le changement mode de consommation. En ce qui concerne les déplacements, il y a une phrase qui revient très souvent et qui illustre l’appropriation par les individus du problème des courtes distances effectuées en voiture, il s’agit de « ne pas prendre la voiture pour acheter le pain » (26 citations). Le fait de prendre les transports en commun est cité 19 fois, le vélo et les pistes cyclables par 8 personnes, et adopter une conduite douce : 10 fois.

2.6.2. Des actions menées ou des comportements adoptés par les individus Nous les avons interrogés sur leurs propres comportements : au cours des 12 derniers mois, est-ce qu’eux-mêmes ont eu une action ou un comportement pour limiter la pollution de l’air.

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Le nombre de citations est nettement moins important, « ce n’est pas facile comme question ». Lorsqu’il s’agit de dire ce qu’il est possible de faire, 4 personnes seulement n’envisageaient pas d’actions possibles au niveau individuel, et la grande majorité des interviewés citaient au minimum une action au niveau du logement et une action concernant les déplacements. Lorsqu’on leur demande quelles sont les actions qu’ils ont mises en œuvre concrètement, les citations sont beaucoup moins nombreuses. 13 avouent ne rien faire de particulier. Il est apparemment plus facile de mettre en œuvre des actions au niveau de son logement, et sont englobées dans les réponses toutes les solutions pour préserver l’environnement en général somme le tri sélectif des déchets (15 citations) « je trie le plastique et le verre », les économies d’énergie (9 citations) « on a changé toutes les fenêtres et mis du double vitrage, c’est vrai que l’on regarde son porte monnaie mais d’un autre côté ça contribue », l’utilisation de produits ménagers biodégradables (8 citations) « pour mes vitres j’utilise de l’eau avec un peu de vinaigre et un chiffon » . Même si on n’exclut les 9 personnes qui n’ont pas de voiture, le nombre de personnes (12 au total) qui déclarent mettre en œuvre une action dans le cadre de leurs déplacements est faible :

- limiter les déplacements en voiture est cité 4 fois,

- prendre les TC représente 5 citations : « de temps en temps, je prends le tramway », parmi ces dernières, 4 ont donné une l’explication « c’est très difficile pour se garer, les parkings sont chers et c’est plus simple avec le bus ». mais une personne tout de même déclare « parce que je me sentais coupable de prendre ma voiture, mais si tu mets 15 mn en voiture et 40 mn en bus, il faut être très motivé ou avoir beaucoup de culpabilité »,

- circuler en vélo ou à pied : 4 citations. Enfin 7 personnes déclarent faire des efforts en tant qu’automobilistes telle que la conduite douce (5 citations) « j’ai essayé de réduire ma vitesse, alors qu’avant j’étais tout le temps à fond », ou changer sa voiture « j’ai changé un gros véhicule qui consommait beaucoup contre un gros véhicule qui consomme moins, je suis passé au diesel ».

2.7. Thème 6 : Etat de la pollution dans 20 ans

Ce dernier thème abordé concerne l’évolution de l’état de la pollution de l’air dans les 20 ans à venir. L’objectif ici est à travers cette projection dans le futur de mesurer l’importance accordée à ce phénomène : cela va s’arranger ou s’aggraver ? Seulement 13 personnes « espèrent » une évolution positive du niveau de la pollution atmosphérique. Personne ne déclare que la situation va s’améliorer. A l’opposé, 13 personnes envisagent une dégradation inéluctable avec des représentations très pessimistes de la situation « au mieux on sera tous avec des masques pour respirer, et au pire on sera enfermer dans nos maisons avec des machines pour recycler l’air ».

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Pour les autres le positionnement est conditionnel. Les expressions « si on ne fait rien », « si ça continue », « si on ne change pas » sont très présentes dans les discours. Le pronom indéfini « on » sert à désigner d'une manière imprécise, indéterminée à la fois les responsables de la pollution atmosphérique « si on continue comme ça, ça va empirer » et les acteurs du changements « « si on ne fait rien de mieux, ça ne fera qu’augmenter ». Enfin 6 personnes font dépendre l’évolution du niveau de pollution atmosphérique « d’une volonté politique ».

2.8. Synthèse de l’analyse des entretiens auprès de la population générale Le cadre de vie est apprécié par les personnes interrogées pour sa tranquillité, la qualité de l’environnement exprimée en terme de nature, et de présence de verdure, et la qualité de vie par l’accessibilité des commerces et services et les relations avec le voisinage. A l’inverse l’absence de ces différents éléments, déprécie le cadre de vie : la densité de l’habitat, le manque de service et de commerces et la présence marquée de circulation automobile plutôt comme source de nuisances sonores. Les références à la qualité de l’air ou à la pollution atmosphérique sont quasiment inexistantes et n’interviennent donc pas spontanément comme critère dans l’évaluation du cadre de vie. Pour plus de la moitié des personnes interrogées, la qualité de l’air dans leur quartier ou leur commune de résidence est bonne ou par comparaison « pas pire qu’ailleurs ». 6 personnes seulement l’estiment dégradée ou polluée. La perception de la pollution de l’air se fait de manière indirecte par la densité de la circulation ou une température extérieure élevée et donc l’été avec souvent cité l’épisode de canicule de 2003. Elle est perçue directement par la vue notamment des salissures à l’intérieur des logements ou à l’extérieur sur les bâtiments, d’un voile ou nuage sur la ville, mais aussi par l’odorat, mais assez minoritairement par des manifestations physiques telles que les yeux qui piquent ou des réactions allergiques attribuées à la pollution de l’air. Plus de la moitié des personnes interrogées déclarent ne pas avoir ressenti de troubles ou de gêne due à la pollution de l’air. 9 d’entre elles ont directement ressenti des troubles, notamment par des problèmes respiratoires ou des allergies, et 13 les ont constaté principalement sur leurs enfants ou leurs petits enfants. Cela n’empêche pas près de la moitié des personnes interrogées de se déclarer sensibles à la pollution de l’air. Le terme de sensibilité renvoie dans les discours à la perception par les sens et donc en partie aux odeurs sans qu’elles aient forcément de répercussions au niveau physique. 20 personnes déclarent modifier leurs comportements pour éviter d’être exposées à la pollution, il est à noté que 4 personnes se placent pour répondre à cette question en tant qu’automobiliste et parle de l’utilisation du circuit d’aération de l’habitacle. Les individus devaient évaluer la qualité de l’air, le jour de l’entretien sur une échelle de 1 à 10, de 1 « très bon » à 10 « très mauvais ». Ces données recueillies auprès de chaque personne interviewée ont été rapprochées des données objectives fournies par Coparly. Aucune relation n’a pu être établie entre cette évaluation par les individus et l’indice d’émissions ou l’indicateur d’immissions NO2. Le thème 2 abordait les niveaux des connaissances de la pollution atmosphérique. Dans un premier temps l’expression « pollution atmosphérique » revoie pour près de la moitié

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des personnes interrogées aux voitures et aux pots d’échappements, sans qu’il soit fait référence aux automobilistes ou à une quelconque lien avec une activité humaine, comme si l’objet lui-même était polluant en dehors de tout usage. Par contre quand on les interroge sur la contribution principale à la pollution atmosphérique, les personnes interrogées font alors référence aux industries. Concernant les conséquences de la pollution atmosphérique on distingue deux types de réponses : les effets sur la santé à long terme et les effets au niveau de la planète comme la couche d’ozone, et le réchauffement de la planète. On retrouve cet absence d’ancrage dans la vie quotidienne de la pollution atmosphérique quand on pose la question de la prise d’information à propos des niveaux de pollution : seules 4 personnes sur 60 déclarent s’informer sur les niveaux de pollution. Ceci est corroboré par le fait que pour 46 personnes l’expression « indice Atmo » n’évoque rien. De même, 7 personnes seulement répondent par des gestes de protection lorsqu’on leur demande leur réaction au pic de pollution, tous les autres évoquant des actions pour limiter leur contribution. L’alerte au pic de pollution n’apparaît pas vraiment comme un signal de danger. Les alertes concernant les pics de pollutions ne sont pas des événements marquants, et peu de personnes interrogées sont capable de se remémorer un souvenir précis. Plus de la moitié des personnes interrogées pensent être mal informées sur les niveaux de pollution et leurs conséquences. Lorsqu’on leur demande ce qu’évoquent pour eux les changements climatiques, la plupart se situe au niveau de conséquences directement expérimentées comme le bouleversement des saisons. Si on les interroge sur les causes des changements climatiques, il n’y a pas de réelle unité de discours, 10 personnes écartent l’idée que les changements climatiques et la pollution soient liés et 13 ne peuvent aller au-delà que de constater le lien entre pollution et effet de serre. Les conséquences des changements climatiques apparaissent dans la plupart des discours comme distantes dans le temps ou l’espace il s’agit par exemple des effets sur les écosystèmes ou des phénomènes comme la montée des eaux ou la fonte des glaciers. Les individus n’expriment pas de réelles inquiétudes vis-à-vis de la pollution atmosphérique, ceci est sans doute à mettre en relation avec le fait qu’ils sont peu nombreux à ressentir des troubles ou de la gêne due à la pollution locale et qu’ils sont également peu nombreux à penser qu’ils auront à subir les conséquences des changements climatiques. Du reste s’ils imaginent la population en général peu préoccupée par la pollution atmosphérique, eux-mêmes déclarent des préoccupations plutôt pour le futur avec des hypothèses de nouvelles maladies ou de catastrophes écologiques. La plupart des personnes interrogées pensent que le problème de la pollution atmosphérique doit être pris en charge par L’Etat. Mais si on leur demande des exemples d’actions mises en place, 19 personnes ne sont pas capables spontanément de trouver un exemple. Quand on oriente le discours vers le niveau local, sont cités alors la mise en place des velo’v et le développement des transports en commun et des nouvelles lignes de tramway. Concernant les actions à mettre en oeuvre les innovations technologiques au niveau des véhicules et notamment le changement d’énergie recueille l’adhésion d’une grande partie de l’échantillon, et il s’agit pour 20 personnes sur 60 de la seule action envisagée.

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Concernant les actions que les individus pourraient mettre en œuvre pour limiter leur contribution à la pollution, ils répondent en se situant à un niveau plus général de préservation de l’environnement. Les deux pôles envisagés sont le logement et les déplacements : sont très présents le tri sélectif des déchets et les économies d’énergies que ce soit l’électricité ou l’eau, et les déplacements de courtes distances, illustrés très souvent par l’expression « aller chercher son pain à pied ». Lorsqu’ils doivent exposer les actions concrètes qu’ils ont mises en œuvre au cours des 12 derniers mois pour limiter leur contribution à la pollution atmosphérique, 13 disent ne rien faire de particulier. La majorité des actions sont mises en place au domicile. 9 automobilistes sur 51 déclarent utiliser un mode de déplacement alternatif à la voiture notamment pour se rendre au centre ville, par contre la motivation n’est bien souvent pas la réduction de la pollution mais des problèmes de congestion ou de stationnement. 11 automobilistes citent des actions qui n’impliquent pas de changement de mode comme par exemple la limitation du nombre de ses déplacements et l’adoption d’une conduite douce. Dans le discours sur l’évolution de l’état de la pollution dans 20 ans, le positionnement le plus fréquent est conditionnel de la mise en d’actions visant la réduction des émissions avec une indétermination des acteurs. En résumé, la pollution atmosphérique est « on nous dit que c’est catastrophique, mais on est pas vraiment au courant. On sait qu’il se passe quelque chose, mais on ne sait pas vraiment quoi ». Même si dans le discours elle est présente dans le registre du sensible, la pollution atmosphérique reste une préoccupation assez abstraite, et n’est pas vraiment source d’inquiétude immédiate. Au niveau local, l’indice Atmo est quasiment inconnu, les alertes aux pics de pollution ne sont pas des événements marquants « je me dis que je vais avoir du mal à respirer, mais concrètement c’est pareil », et la question sur les réactions aux alertes déclenchent plutôt des réponses en terme de limitation de la contribution à la pollution qu’en terme de protection et d’évitement de l’exposition. Les effets et conséquences de la pollution atmosphérique sont principalement à long terme que ce soit les effets sur la santé ou au niveau global. L’expression pollution atmosphérique renvoie surtout aux transports en général et aux voitures et pots d’échappement en donc aux sources d’émissions de polluants. Mais cela n’engage pas pour autant dans le discours la responsabilité des individus, ce qui est désigné est l’objet sans une quelconque référence à l’activité humaine « on ne va pas dire à la voiture de ne pas rouler ». Pour répondre à la question de la contribution individuelle à la limitation de la pollution atmosphérique, le discours est plutôt en relation avec des préoccupations vis-à-vis de l’environnement en général et donc les actions envisagées sont aussi bien celles liées aux économies d’énergie au niveau de l’habitat que ce soit l’eau et l’électricité, que le tri des déchets. Pour les déplacements la seule chose qui fasse l’unanimité dans le discours est « allez chercher son pain à pied » qui illustre la problématique des très courtes distances. Les actions collectives au niveau international ou national ne sont pas vraiment connues et font l’objet de peu de citations. Au niveau local ce sont les propositions de moyens de déplacement alternatifs à la voiture qui sont identifiées et notamment le système de location de vélo et le développement des nouvelles lignes de tramway. Le moyen de réduction de la pollution atmosphérique dû aux transports qui est le plus souvent envisagé n’implique pas pour les individus de changement de mode de déplacements puisqu’il s’agit de l’innovation

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L’analyse des entretiens auprès de la population générale

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technologique, avec l’idée que les véhicules actuellement mis sur le marché sont peu polluants et qu’ils le seront de moins en moins.

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L’analyse des entretiens auprès des « experts »

1. Constitution du groupe Vingt entretiens ont aussi été réalisés auprès de :

- 7 experts couvrant les différentes dimensions de la pollution de l’air : émissions, qualité de l’air et effets sur la santé,

- 7 élus ou décideurs chargés des questions d’environnement ou de transport, au niveau d’une commune de la zone d’étude, de la communauté urbaine du Grand Lyon ou de la région Rhône-Alpes,

- 6 représentants d’associations traitant des questions d’environnement ou de transport.

Ces entretiens ont tous été enregistrés et ont fait l’objet d’un décryptage intégral, puis d’une synthèse, comme pour les entretiens réalisés auprès de la population générale. Leur durée moyenne est de 50 minutes.

2. L’analyse de contenu

2.1. Description générale de la qualité de l’air La première question portait sur l’évaluation que font les experts de la qualité de l’air dans les grandes agglomérations et plus spécifiquement sur la zone du Grand Lyon. Aucune des personnes interrogées n’a donné un qualificatif positif pour apprécier la qualité de l’air. Une seule personne dit « globalement nous n’avons pas trop à nous plaindre dans le Grand Lyon ». 45 % l’ont déclarée médiocre, pas très bonne, ou sans amélioration ou encore avec des progrès à faire : « elle est médiocre, il y a des odeurs du couloir de la chimie importantes, plus le trafic automobile », « médiocre, à Vénissieux où on est un peu plus exposé que certaines villes de l’agglomération, on a la raffinerie », « elle n’est pas bonne », « pas très bonne, principalement dans les grands axes routiers », « déplorable », « il y a encore des progrès à faire », « on ne voit guère d’amélioration en ce moment sur le Grand Lyon ». Pour 15 % des personnes interrogées elle est moyenne : « moyenne, peut-être que l’air est plus pollué ici que là », « moyenne parce qu’il y a une augmentation des maladies respiratoires et des allergies », tandis que 30 % pensent qu’elle s’est améliorée qu’il y a des évolutions positives concernant certaines émissions : « elle s’est améliorée pour les polluants connus », « globalement elle s’est améliorée depuis une trentaine d’années », « il y a du mieux sur les polluants historiques », « elle s’est améliorée sur certains points », « elle a évolué favorablement ces dernières années , même si globalement notre connaissance intime de l’atmosphère est encore très imparfaite ».

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L’analyse des entretiens auprès des « experts »

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Si la qualité de l’air dans le Grand Lyon est comparée avec le reste de la France, près de la moitié des experts ont un avis positif et pensent qu’elle est meilleure dans la zone du Grand Lyon que dans d’autres villes françaises comme par exemple, Paris, Marseille, Grenoble ou Strasbourg : « on est bien meilleur en qualité de l’air qu’à Grenoble avec les vents qui balayent, par rapport à la région parisienne, on s’en sort mieux aussi », « on est loin de ce que vivent des villes comme Paris, Marseille, Strasbourg », « Au Grand Lyon il y a plus de transparence, on analyse plus de paramètres, il y a plus de contrôles ». Pour les autres, le Grand Lyon n’a rien à envier au reste de la France et demeure une agglomération très polluée : « je pense que ce n’est quand même pas terrible », « le Grand Lyon fait partie des agglomérations les plus polluées de France », « c’est pire, forcément le Grand Lyon c’est pire ». Sur la question de l’homogénéité, à l’exception de 2 personnes, tous les experts s’accordent à dire que la qualité de l’air n’est pas homogène sur le territoire du Grand Lyon. Selon eux, elle est très variable en fonction de :

- la proximité de sources comme la présence d’industrie ou des grands axes routiers : « il y a des secteurs pollution urbaine et des secteurs pollution industrielle », « non, il reste des polluant émergents dans les zones industrielles », « elle est plus dégradée au centre, c’est là qu’il y a le plus de trafic », « elle est variable, il y a différentes sources de pollution : celle liée à l’automobile qui concerne les grands boulevards, les grands axes, les centre-ville, les zones éloignées sont moins impactées »,

- mais aussi de la situation géographique: « les vents qui balayent sur un axe nord-sud ont tendance à étaler la pollution sur l’axe Est-Ouest », « non, il y a des zones par rapport aux vents, quand on regarde les cartes on voit que c’est pas du tout homogène, c’est quand même le déplacement qui provoque une grosse pollution ». Ils sont nombreux à insister sur les phénomènes de dispersion de la pollution : « il est clair que le long des autoroutes ou des grandes voies de circulation, il y a plus de polluants mais il y a le déplacement de ces polluants selon les vents dominants, le polluant ne reste pas stagnant à l’endroit où il a été produit », «au sein du Grand Lyon c’est encore plus compliqué, les problème d’ozone par exemple, ce sont ceux qui n’ont pas de circulation qui reçoivent les doses d’ozone importantes ».

En ce qui concerne l’évolution de la qualité de l’air, les avis sont très convergents : 85% des experts interrogés estiment que la qualité de l’air s’est plutôt dégradée dans le sens où même si la pollution liée à l’industrie a diminué, celle liée au trafic ne cesse d’augmenter. A un avis global sur la qualité de l’air, ils préfèrent une analyse par polluant ou au moins par type de source d’émissions :

- pour ce qui est des polluants industriels une diminution conséquente est soulignée en particulier du fait de la réglementation, « les entreprises ont fait des progrès sur les émissions, surtout parce qu’il y a une réglementation »

- pour les polluants dus au trafic automobile, le constat est plutôt celui d’une augmentation liée à l’accroissement du trafic : « on a augmenté la qualité en termes de rejets industriels, par contre, la pollution liée aux transports continue d’augmenter », « de toute façon ça s’améliore, il y a des paramètres qui sont

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améliorés drastiquement : le SO2 on n’en parle plus, le plomb on n’en parle plus, mais l’augmentation du trafic fait qu’il n’y a pas de progrès de ce truc-là », « ça c’est dégradé du fait de l’automobile, du fait de l’étalement des agglomérations qui génèrent des déplacements », « il faut faire la différence entre les polluants de la pollution atmosphérique et les polluants liés à l’industrie (soufre) qui eux ont nettement diminué. C’est clairement la circulation automobile qui pose problème ».

Quelques uns pensent quand même que globalement il y a une amélioration de la qualité de l’air : « on a engrangé des données et constaté la diminution des concentrations de certains polluants et la stabilité d’autres, une légère augmentation pour l’ozone troposphérique », tout en nuançant leur jugement par l’existence de polluants pas encore mesurés « de nombreux polluants ont vu leur concentration dans l’atmosphère diminuée, on peut dire que la situation s’est globalement et pour ce qu’on en connaît améliorée, reste tout le champ de ce qu’on ne connaît pas ».

2.2. Thème 1 : Causes et effets de la pollution atmosphérique

2.2.1. Les causes principales de la pollution atmosphérique dans les grandes agglomérations

Parmi les 32 citations obtenues en réponse à la question des secteurs d’activités à l’origine de la pollution atmosphérique, 18 soit 56 %, concernent la circulation automobile, le trafic routier, les embouteillages, les transports. Viennent ensuite le chauffage urbain ou individuel, ou plus largement l’habitat, soit 25% des citations et l’industrie 19 % des citations. Les transports en général ou l’automobile est non seulement le secteur le plus souvent cité, mais c’est aussi celui à qui est donné la part la plus importante des émissions de polluants de 50 à 80 %, la part des autres secteurs allant de 20 à 40 %. Quant à une éventuelle spécificité des sources de pollution sur la zone du Grand Lyon, parmi les 14 réponses :

- 8 personnes n’en reconnaissent pas : « je doute très fort que Lyon soit spécifique par rapport à n’importe quelle agglomération d’un million d’habitants », « non, c’est les grandes agglomérations, malgré les politiques de transport, elles sont quand même très encombrées de voitures » ;

- pour les autres, il s’agit principalement d’une caractéristique liée à l’implantation industrielle : « les industries dans le couloir de la chimie qui provoque un type de pollution que l’on ne retrouve pas forcément dans d’autres agglomérations », « des spécificités industrielles, ça c’est sûr, spécificité de part la vallée de la chimie, une spécificité historique parce que le Grand Lyon a été impacté par les pollutions au soufre », « pour la zone du Grand Lyon, il est clair que l’impact de la vallée de la chimie dans le sud et du pôle industriel, au nord sont des caractéristiques importantes de la qualité de l’air » ;

- une personne cite une particularité géographique : « la particularité de l’agglomération c’est d’abord des particularités géographiques à la fois de vents, de bordure par les monts du lyonnais, les monts d’or qui en font quand même une cuvette ».

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L’analyse des entretiens auprès des « experts »

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2.2.2. Les causes principales de la pollution atmosphérique dans les grandes agglomérations, pour la population

Les experts interrogés pensent, pour 41 % d’entre eux, que pour la population, ce sont les transports, et plus particulièrement le trafic routier et la voiture qui sont principalement à l’origine de la pollution atmosphérique : « le trafic routier est dans l’esprit des gens assez présent », « le trafic routier, l’industrie, plus le routier avec un assommage sur la voiture », « je donnerais le trafic en premier, en tout cas pour l’hyper-centre », « je pense qu’elle parle de la circulation », « les voitures, 60 % au moins, plus la voiture que les industries ». 35 % des citations concernent conjointement les transports et l’industrie : « la pollution automobile et puis les industriels », « le trafic et l’origine industrielle », « l’industrie et les voitures », « il est encore très répandu que ce sont les industries qui polluent », « souvent, il y a les industries qui sont pointées du doigt, elle représente une part plus grande que ce qu’elle est réellement ». Un certain nombre de citations (14 %) font référence au fait que le lieu où l’on vit peut avoir une influence sur la perception des causes de la pollution : « suivant où elle (la population) est, elle va penser plutôt à la proximité, les gens raisonnent à proximité : si il y a une usine, les poussières c’est l’usine, les odeurs c’est l’usine, en centre-ville elle va dire c’est la voiture, ça sent les gaz d’échappement », « les gens du sud (de la zone du grand Lyon) vont dire la raffinerie ailleurs, plus intra-muros, on parlera plus de trafic ». La majorité s’accorde pour dire que le chauffage est que très peu présent dans les causes de pollution citées par la population car elle ne serait pas informée sur ce type de pollution et ne l’évoquerait donc pas.

2.2.3. Comment la population se forge-t-elle cette opinion ? 7 citations sur l’ensemble des 16 recueillies mettent en avant l’expérience, par le fait de voir, sentir ou être à proximité de sources d’émissions de polluants, comme ayant un impact fort sur l’opinion de la population vis-à-vis de la pollution de l’air : « les gens limitent la pollution à la fumée, donc les voitures, les usines et c’est ce qu’on voit en premier à Lyon, les chaudières on ne voit pas les fumées, après il y a l’olfactif, une voiture et des usines ça sent pas bon, le chauffage c’est en hauteur », « ils regardent leur environnement immédiat », « un ressenti lié aux odeurs, quand on a une industrie qui sent on pense à l’industrie, quand on a des gaz d’échappement qui puent devant chez soi, un arrêt de bus, on pense voiture ou bus, le chauffage personne n’en parle », « c’est la vue », « il y a un lien direct en terme de perception de la proximité des axes de déplacement ». Pour certains il semblerait qu’il y ait une sorte de tradition, de lien culturel : « l’industrie c’est parce que traditionnellement dans les villes industrielles c’est perçu comme le prix à payer pour avoir de l’emploi, les voitures, la perception vient de la fin de la deuxième moitié du XXième siècle, les campagnes médiatiques ont accentué le rôle de la voiture, de la voiture individuelle », « la culture, les choses qui sont ancrées pour les personnes qui sont nées dans les années 50 et ont connu des épisodes importants de pollution. Lyon est culturellement connu pour la vallée de la chimie et le bouchon de Fourvière ».

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Seulement 2 citations font référence au rôle de la presse et des médias en général : « les émissions à la télé, à la radio, les journaux, pratiquement tout le monde parle de la pollution due à la voiture », « plutôt par la presse, les journaux, des titres sur les encombrements, les bouchons, dans les tunnels ».

2.2.4. Les principales conséquences ou effets de la pollution atmosphérique pour les experts

Les réponses à cette question sont évidemment très nombreuses (75 citations) diversifiées, parfois argumentées avec une distinction entre les effets de la pollution locale et ceux dus à la pollution globale mais aussi les effets à court terme et les effets à long terme. Les conséquences les plus souvent citées sont les effets sur la santé (46 citations au total soit 61 % de l’ensemble des citations). Ils concernent plutôt des effets locaux de court et long terme. Ils se déclinent en termes de :

- santé de manière globale (30 % des citations concernant la santé),

- affection du système respiratoire (28 %) (poumons, bronches, toux, diminution de la capacité respiratoire, asthme…),

- raccourcissement de la durée de vie, une mortalité plus importante ou une augmentation du nombre des décès (13 %),

- allergies (7 %),

- problèmes cardiovasculaires (4 %),

- augmentation des admissions hospitalières (6 %),

- cancer (7 %),

- consommation de médicaments (2 %),

- voire, une sensibilisation et une fragilité augmentée (2 %). Le deuxième effet cité concerne l’effet de serre et les impacts au niveau climatique, réchauffement, changement climatique, évènements extrêmes (canicule, tempêtes, inondations entraînant des déplacements de population). Il est considéré comme un effet global et représente 16 % de l’ensemble des citations. Viennent ensuite les effets sur les écosystèmes et la végétation, soit 12 % des citations et enfin l’impact sur le bâti (6 % des citations). Les effets sur l’alimentation, l’absentéisme au travail ou les odeurs ont chacun fait l’objet d’une seule citation.

2.2.5. Les outils pour évaluer les effets de la pollution atmosphérique Les réponses à cette question sont vagues et montrent que les experts interrogés n’ont pas une idée très précise de la façon dont sont évalués les effets de la pollution atmosphérique, et ne connaissent pas précisément les outils utilisés « des outils, j’en vois pas, j’en connais pas », « je suppose qu’au niveau de l’Etat, il y a un suivi », « je ne connais pas bien, ce sont des études épidémiologiques ? ».

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Ils sont un certain nombre à penser :

- que ces effets sont mal évalués, que le lien entre la pollution et la santé n’est pas fait : « ils sont mal évalués au niveau de la recherche je pense qu’on ne fait pas un lien systématique entre santé publique et pollution »,

- que les données sont de mauvaise qualité : « à partir d’études épidémiologiques qui font des corrélations entre les données de pollution, or la qualité des données sanitaires n’est pas satisfaisante, elles ne sont pas récupérées dans un objectif sanitaire mais fait dans une optique économique »,

- ou encore qu’il y a des contradictions entre les différentes études réalisées : « aujourd’hui on ne sait pas vraiment où on en est, on observe des contradictions dans des études faites par des organismes d’Etat »,

- et même qu’il y a une absence de volonté de recueil de données : « j’ai pas l’impression qu’il y ait de grandes campagnes de dépistage, y’a pas une grande campagne d’épidémiologie, ni des maladies sur les zones polluées ».

Les outils cités sont le plus souvent les études épidémiologiques (6 citations) : « par des études épidémiologiques, c’est ce qu’il y a de plus solide pour les effets à court terme, ou les effets sanitaires, et pour les effets non sanitaires : à la louche », d’autres parlent de modèles ou d’outils statistiques (3 citations). Un expert a mentionné des études faites dans le cadre du PPA de Lyon, un autre cite l’Institut de Veille sanitaire, un autre des dépistage médicaux: « des examens respiratoires, l’état des poumons, la façon de respirer, le rythme respiratoire, la qualité des poumons, je crois que c’est essentiellement ce qui est évalué ».

2.2.6. Et pour la population, quels sont les effets les plus graves ? Là encore les réponses à cette question sont imprécises, les experts n’ont pas une vision claire de ce que les individus en général attribuent comme conséquences les plus graves à la pollution atmosphérique. Les réponses convergent cependant sur les effets sur la santé ressentis directement (55 % des citations soit 10 sur 18) : « la santé, beaucoup de familles aujourd’hui sont touchées », ou observés chez les personnes sensibles comme les enfants ou les personnes âgées : « je pense qu’ils vont dire une augmentation des bronchiolites pour leurs enfants », « l’effet sur la santé et les problèmes respiratoires, la population est sensible aux effets immédiats sur la santé humaine, parce que c’est immédiatement perceptible un enfant régulièrement malade, plus que des modifications des éco-systèmes », « santé des enfants, des bronchiolites, de l’asthme et peut-être des risques de cancer », « l’aspect maladie, des parents confrontés à des soins pour jeunes enfants, ou les personnes âgées ». Vient ensuite la problématique de « l’effet de serre » en lien avec la médiatisation des conséquences sur le climat en termes de réchauffement planétaire, changement climatique ou catastrophes : « au niveau de la planète les risques, les tempêtes », « ils parlent de réchauffement climatique, on ne parle que de ça à la télé, quand vous dites aux gens impact de la pollution, on vous parle fonte de la banquise et réchauffement de la planète », « probablement le climat, je pense que le climat est très médiatisé », « l’effet de serre en premier d’autant plus qu’on en parle beaucoup, sur les effets sur la

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santé on n’arrive pas à communiquer ». Cela représente 4 citations soit 22 % de l’ensemble des citations. Certains ont seulement accordé aux individus un sentiment général vis-à-vis des effets les plus graves de la pollution atmosphérique qui peut être de l’inquiétude : « la population a peur de la pollution atmosphérique, la population pense que c’est grave parce qu’on lui a dit que c’est grave », ou au contraire de l’indifférence : « franchement les gens, leur souci c’est le pouvoir d’achat » et pour un autre : « les individus n’ont que des préoccupations théoriques ».

2.3. Thème 2 : Information et connaissances sur le thème de la pollution

2.3.1. Les principales sources d’information sur la pollution atmosphérique

Cette question obtient 50 citations. Les sources d’information citées le plus fréquemment se scindent presque également entre :

- le niveau local avec le Coparly (cité 11 fois soit 22 % des citations), et les médias locaux qui regroupent aussi bien les radios locales, la presse locale et les TV régionales (soit 12 % des citations),

- et le niveau national avec la presse nationale, (20 %), et la télévision soit par les journaux télévisés, les documentaires ou des émissions spéciales (14 % des citations),

Dans une moindre mesure, les experts ont mentionné : Internet (cité 4 fois) mais plutôt comme vecteur d’information principalement pour accéder au site du Coparly par exemple, le milieu associatif (cité 2 fois), les informations ponctuelles délivrées par les panneaux lumineux (2 fois). Ensuite sont cités une fois : des parutions, l’AASQA, l’INVS, les publications des collectivités, la préfecture et l’affichage urbain.

2.3.2. Le contenu de l’information Pour les experts, l’information porte le plus souvent sur les phénomènes climatiques (réchauffement climatique, changement climatique) et l’effet de serre (5 citations sur 21), sur des recommandations, des consignes ou des préconisations (3 citations), les conséquences sur la santé ou les effets sanitaires (3 citations). Viennent ensuite, cités 2 fois : des informations au niveau local, les causes de la pollution, les pollutions locales. Enfin, sont cités une seule fois les problèmes de qualité de l’air, les dispositions prises par l’Etat, les pollutions liées aux pollens, et les pics de pollution. Quant à la question de l’orientation du contenu de l’information plutôt vers les causes ou vers les conséquences de la pollution, nous n’avons obtenu que des réponses extrêmement vagues et peu nombreuses. Ce sont les conséquences et spécifiquement celles sur la santé qui d’après les experts constituent surtout l’information sur la pollution atmosphérique et très peu son origine et les causes. Une seule personne dit que les 2 sont présents dans l’information diffusée.

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2.3.3. L’opinion des experts sur l’information diffusée Les experts sont plutôt critiques vis-à-vis de la qualité de l’information diffusée sur la pollution atmosphérique. Si quelques uns l’estiment de bonne qualité : « globalement, elle se structure et elle est de plus en plus de qualité », « probablement pas mauvaise ». Elle est le plus souvent qualifiée avec des termes comme :

- insuffisante et trop succincte en particulier sur le sujet de la pollution de l’air au niveau local : « on est informé sur la partie effet de serre, mais ça manque d’information, c’est assez succinct », « il y a insuffisamment d’info sur ce thème (pollution de l’air) par rapport à d’autres thèmes comme l’effet de serre et le réchauffement climatique. La quantité et la qualité sont à améliorer », « elle est très insuffisante, la qualité de ce qui est donné est généralement bonne d’autant plus bonne que la qualité du travail du réseau Atmo et de Coparly est admis par tous », « je crois que l’on peut en faire toujours plus », « elle est relativement importante en termes d’effet de serre, plus faible en termes de pollution de l’air locale parce que l’effet de serre est à la mode », « c’est une info trop rare, elle est assez fidèle mais il faudrait que le sujet soit abordé plus fréquemment ».

- partiale et peu crédible : « on a des données chiffrées, après est-ce qu’elles sont complètes ou pas », « il y a des interprétations qui sont sujettes à caution, cela relève parfois plus du ressenti que de la vérité scientifique », « les enquêtes faites ne sont pas toujours très objectives ».

- inconstante car trop axée sur des évènements ponctuels ou à caractère sensationnel : « dire que les jours où c’est mauvais, il n’y a que ça qui reste dans la tête des gens, c’est très mauvais », « l’info faut toujours qu’elle soit sensationnelle, quand il n’y a pas d’évènement, ça n’intéresse pas les journalistes », « elle est trop ponctuelle, pas assez régulière et du coup c’est une info évènementielle », « Aucun, c’est trop ponctuel, on communique pas à bon escient, les rares fois où il y a communication, c’est quand il y a un accident, un pic de pollution, alors que ce n’est pas là qu’on doit communiquer ».

- inadaptée au grand public car pas toujours compréhensible par le plus grand nombre : « le problème c’est que toutes les infos ne sont pas accessibles à tout le monde au niveau compréhension, au niveau local », « bien évident que l’on ne touche pas tous les publics », « c’est trop compliqué, même l’indice Atmo national, les ¾ du temps situé entre 3 et 5 niveaux qualifiés de bon à mauvais, comment voulez-vous que les gens comprennent quand on leur dit que l’air est bon et qu’il faut changer », « l’information n’est pas adaptée et on utilise très mal les supports médiatiques qui existent. Les médias on les subit, ils viennent nous voir quand on est en pic de pollution, on communique qu’à ces moments-là, par leur biais ».

2.3.4. Une information locale disponible : l’indice Atmo Les experts interrogés citent en majorité le réseau Coparly comme « fournisseur » officiel et incontournable de l’information locale sur la pollution de l’air. Lorsque l’on demande aux experts si ils pensent que la population consulte l’indice Atmo, la réponse de la plupart d’entre eux est négative. Ils expliquent qu’il reste inadapté, difficile à trouver ou simplement inconnu de la population en général, et que sa consultation serait donc marginale, : « non, on ne connaît même pas », « non, ça ne

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les intéresse pas , sauf peut-être les familles où il y a des enfants asthmatiques », « non, elle s’en fout, elle a bien d’autres problématiques, quand vous avez pas les moyens de manger, vous allez pas savoir ce que vous respirez », « non, c’est une horreur, c’est super compliqué et en plus l’échelle est inversée par rapport à ce qu’on apprend pendant 15 ans à l’école ! Cet indice est nul, il est agrégé, personne ne comprend ! », « non, c’est marginal, c’est un peu des consultations d’initiés », « non, l’indice Atmo, où le trouve-t-on ? Si on fait un micro trottoir les gens vont vous regarder avec des yeux d’ahuris » Une personne pense qu’il est consulté : « oui, je pense que pour eux ça peut être une référence d’autant plus qu’il est diffusé facilement », même si ce n’est que ponctuellement : « en phase de pollution, sans doute ».

2.3.5. Opinion de l’impact de l’information sur la population Il était demandé aux experts d’évaluer l’impact de l’information sur la pollution de l’air sur la population. Ils ont tous répondu en évaluant cet impact en terme de modification des comportements. Majoritairement, il est estimé comme étant essentiellement faible voire nul, une seule personne pense qu’il est très important. Pour 9 experts, l’impact de l’information est faible ou inexistant « Ca n’a pas d’effet, il est vrai que les gens en parlent de plus en plus mais je ne suis pas sûr qu’ils soient prêts à vendre leur 4X4, pour acheter une voiture qui pollue 20 fois moins », « je n’ai pas l’impression qu’elle serve à grand chose, elle n’est peut-être pas donnée de façon à être utilisée et à servir ! » et cela pour différentes raisons, liées pour la plupart aux critiques formulées vis-à-vis du contenu de l’information :

- il n’a pas une vocation pédagogique : «non, parce qu’elle n’est pas donnée de façon à ce qu’elle puisse avoir un effet sur la population, on a un gros déficit sur les prévisions de pollution, on donne aucun moyen aux habitants, aux populations de limiter l’effet ou de se prémunir de l’effet ».

- les causes de la pollution atmosphérique ne sont pas suffisamment communiquées : « Si on veut avoir un changement de comportement, il faut expliquer pourquoi on en est arrivé là et quelles sont les causes de cette dégradation de la qualité de l’air, et qu’est-ce qu’il faudrait faire pour enrayer cette dégradation ».

- il s’agit d’éviter d’effrayer la population : « Elle n’a pas tout à fait l’impact qu’elle devrait avoir, je crois que c’est volontaire, il ne faut pas affoler les populations, il faut y aller à petites doses ».

Le manque d’impact de l’information ne doit pas seulement être imputé aux différents médias, certains experts évoquent également la responsabilité des individus :

- qui ne la prend pas au sérieux : « non, peut-être un contexte qui fait que les gens ne croient pas les discours ministériels, on essaie de donner des infos et on n’est pas pris au sérieux, on n’est pas cru ».

- pour qui cette information reste très abstraite : « les gens sont sensibles à la pollution de l’air quand ils sont pris dans les bouchons, quand il se promènent à pied le long des grands axes à grande circulation. Ils sont sensibilisés aux enjeux aussi, par l’évolution du prix des matières premières », et donc ne font pas le lien avec leurs comportements quotidiens : « regardez la quantité

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phénoménale d’info qu’on reçoit sur l’effet de serre et le nombre phénoménal de 4X4 vendu, c’est clair que l’info n’implique pas un changement de comportements », « L’autre jour, à la Part-Dieu, ils affichaient un indice pas très bon, les gens avaient l’air de s’y intéresser ... après l’impact ...un impact sur les modes de vie, je ne pense pas, moi en tant qu’expert, je vais pas spécialement m’y intéresser avant de faire du vélo », « personnellement, je n’y crois pas, nous sommes rarement sollicités dans les débats publiques, et quand c’est le cas, c’est tellement peu de monde qu’on peut dire que quasiment cela n’a aucun effet », et parfois même adoptent des comportements inappropriés « l’impact il est contradictoire par rapport à l’information, il n’est pas en adéquation. Les gens ne font pas de vélo parce que c’est pollué dans la rue donc ils prennent leur voiture !! ».

2.3.6. Réactions de la population aux alertes de pics de pollution Pour les experts, face aux alertes sur les pics de pollution, la population :

- ne réagit pas ou très peu ou faiblement : « le grand public ne l’utilise pas », « je pense que les réactions sont faibles », « j’ai pas d’éléments sur ce sujet, jusqu’ici il y a eu très peu de changements de comportements », « Cela ne déclenche rien ! Tout le monde dit il y a trop de voitures, ça roule trop vite, mais personne dit il y a trop de voitures et ça pollue, non ils disent ça me gêne d’avoir des voitures devant moi, ou ça me gêne d’être dans les embouteillages mais jamais, jamais personne ne m’a parlé de pollution atmosphérique ».

- n’a pas l’information suffisamment tôt pour réagir : « déjà, il faudrait qu’elle soit informée on est capable d’anticiper, ça, ça paraît important, il faut trouver le moyen d’informer les gens sans les paniquer », « ça doit pas changer grand chose, il y a le problème du moment où l’alerte est lancée, il est possible que les gens aient déjà pris leur voiture et il est difficile de changer ses habitudes comme ça sur des alertes occasionnelles, si il y avait une sensibilisation plus régulière, les personnes pourraient modifier leurs comportements, sur des alertes ponctuelles, c’est très difficile », « déjà, il faut qu’ils le sachent, moi c’est mon métier et je ne le sais pas toujours, globalement je pense qu’ils ne réagissent pas parce qu’ils ne le savent pas, sauf quand il y a un gros pic qui dure longtemps et qu’il est corrélé avec un épisode de canicule ».

- est lassée, cela devient banal, voire insignifiant et elle n’y accorde pas d’attention : « un peu de lassitude maintenant, quelques personnes, des gestionnaires d’établissements de petite enfance qui se posent des questions sur comment ils doivent agi », « il n’y a pas forcément d’impact, ça ne les fait pas réagir », « elle prend ça de manière dérisoire, ce sont des recommandations assez futiles, ça n’a pas prouvé son efficacité en tout cas », « ils ne réagissent pas du tout, c’est devenu plus ou moins banal, c’est un message stéréotypé. Pour moi ces trucs de pics de pollution c’est de la rigolade, il vaudrait mieux éduquer les gens sur de la pollution chronique » et même ne s’en préoccupe pas « elle s’en fout, c’est pas ça qui les fera changer leurs modes de déplacement ».

- ne réagit que si ces alertes de pics de pollution sont associées à des contrôles notamment concernant la vitesse de circulation des automobiles : « souvent en particulier avec les radars, le mode de fonctionnement est plutôt lié à la contrainte qu’à l’incitation, vous annoncez que demain sur Lyon il va y avoir 50 radars, là c’est sûr les gens ils rouleront moins vite », « les gens ne le respectent

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pas ils ne sont pas réceptifs, ils le seraient si on mettait des radars, mais les gens ne comprennent pas l’effet, ne voient pas l’intérêt, on n’a pas démontré son efficacité, on n’a pas communiqué ».

2.3.7. Les attentes de la population en matière d’information sur la pollution atmosphérique

En ce qui concerne les attentes de la population vis-à-vis de l’information sur la pollution atmosphérique, les experts pour la plupart, pensent qu’elles existent et aurait trait à :

- son contenu que ce soit sur les effets et les conséquences de la pollution atmosphérique d’abord sur la santé mais aussi sur l’environnement en général : « les conséquences sur la santé », « oui, des informations sanitaires ... la population attend quelque chose mais surtout pas qu’on l’ennuie, donc plutôt des informations sur les effets », « les informer sur l’impact de la pollution atmosphérique sur la santé, sur l’environnement, montrer que ce n’est pas que l’effet de serre », « elle attend une information sur les effets parce que ça la concerne et sur ce qu’il faut faire pour arranger les choses », mais aussi les causes et les sources d’émissions de polluants: « quand on discute avec les gens, ils disent on ne sait pas les causes », et enfin les comportements à adopter: « ils aimeraient bien savoir ce qu’il faut faire », « ils ont aussi une attente de savoir ce qu’il faut faire, comment je peux agir, qu’est-ce qui est réellement efficace »,

- sa forme, et notamment qu’elle soit plus didactique et pédagogique « ils sont intéressés à ce qu’on leur dise quelque chose, voir même qu’on leur explique de quoi il s’agit, c’est quand même des sujets qui ne sont pas simples donc les gens ils sont assez ignares, ils ignorent ces choses-là, en tout cas les mécanismes, ce qui y mènent », « expliquer les mesures de lutte et pourquoi elles sont efficaces, quel est l’impact de la diminution de la vitesse ? les mesures prises vis-à-vis des industriels ... si on arrivait à leur expliquer et qu’ils comprennent que c’est pour se protéger, ils seraient beaucoup plus actifs », « on ne regarde pas l’impact que ça (l’information) a eu, le retour qu’il peut y en avoir, elle attend je pense des grandes synthèses ». Mais il faut également qu’elle soit précise, claire, transparente, argumentée, tout en restant accessible à tous : « de la connaissance chiffrée, solide, scientifique », « je pense qu’ils sont persuadés qu’on leur cache plein de choses ... l’attente forte pour eux, c’est un problème de transparence, qu’ils sont mal informés », « une information plus aisément accessible, plus didactique », , « elle demande à avoir accès aux niveaux de pollution, elle est intéressée par tous les éléments de cartographie, pour connaître les différentes émetteurs, les différents types de polluants et puis effectivement les impacts », « ils se doutent bien qu’il y a eu des progrès sur l’essence, tout ce qu’on impose aux usines de la chimie, ils voient bien les efforts qui sont faits pour transférer une partie de la circulation automobile vers les TC, mais ils ne savent pas comment formuler tel niveau, telle chose, surtout que c’est complexe ».

Pour une personne, la population n’est pas en attente d’information sur la pollution atmosphérique : « je n’en suis pas sûr, en revanche, ils veulent circuler avec leur bagnole et que les autres la posent mais pas pour que l’air soit plus pur, mais pour qu’eux roulent mieux ».

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2.3.8. Le rôle de l’information sur la pollution atmosphérique Les experts devaient dans un premier temps donner leur avis sur le rôle que remplit actuellement l’information telle qu’elle existe auprès de la population puis dans un deuxième temps sur celui dont elle devrait s’acquitter. Le rôle donné à l’information peut être très important: « énorme ! A partir du moment où tout le monde est préoccupé par ça, plus personne ne pourra transgresser les règles élémentaires, plus personne, parce que tout le monde aura l’oeil rivé, c’est ce qu’on appelle le contrôle social et c’est très fort », surtout quand il concerne les modifications de comportements, « primordial si on veut accepter un certain nombre de contraintes, l’info il faut qu’elle soit bien digérée pour qu’elle soit prise en considération, et là on aura peut-être une transformation de leurs habitudes, c’est ce qu’il faut viser en priorité », « pour moi, elle n’a d’intérêt que si elle aboutit à l’action, sachant que les gens ils ne sont pas prêts à changer ». Mais ses attentes fortes peuvent êtres déçues « elle est informative au sens strict », « elle a un rôle bien en de ça, elle ne se donne pas les moyens ». Même si elle n’a pas une influence directe sur les comportements, cette information joue un rôle de sensibilisation, progressivement elle peut avoir une influence à force de répétition : « ils en entendent parler, c’est une piqûre de rappel pour le jour où il y a des restrictions », « Les gens sont de plus en plus sensibilisés à la pollution mais par le biais de l’effet de serre ... il y a quand même quelques personnes qui doivent essayer de changer leur comportement pour essayer d’être moins émetteur », mais aussi parce que les individus se sentent concernés : « oui je crois que les gens sont de plus en plus citoyens par rapport à ça, il y a une vraie sensibilisation aux question de protection de l’environnement aujourd’hui et les gens ont envie de réagir et de s’adapter, ils ont envie de faire des efforts ».

Elle participerait donc à une prise de conscience des problèmes environnementaux : « ça participe à la prise de conscience des problèmes environnementaux, ça permet aux gens d’objectiver une conscience environnementale assez vague, peu précise, générale et de mettre derrière des chiffres ». Mais elle ne remplirait pas suffisamment son rôle pédagogique « elle ne touche qu’une frange de la population relativement faible, si on parle de résultats à court terme. A plus long terme, il faut continuer à le faire mais ça signifie qu’il faut le faire de façon beaucoup plus profonde que ce qu’on le fait à l’heure actuelle, c’est-à-dire que ce n’est pas seulement de l’information, c’est aussi de la formation ». Une personne regrette qu’il n’y ait pas d’évaluation des campagnes de sensibilisation : « si on fait des campagnes qui sont couplées avec la pollution, il faudrait être capable après 6 mois ou un an de dire voyez comment ça a diminué. Il faut des évaluations parce que sinon, si on a toujours l’impression que c’est du bricolage, ça ne marchera pas ... les citoyens sont prêts à changer mais il faut qu’ils en comprennent l’intérêt ». Le rôle de l’information au niveau locale est très peu évoqué, et les avis sont partagés. Si la fiabilité des mesures n’est pas remise en cause : « Elle remplit de mieux en mieux son rôle, il y a Coparly qui surveille l’atmosphère est une instance où il n’y a pas suspicion dans les résultats, quand ça sort personne ne dit c’est truqué, il y a une crédibilité de l’information, ça c’est important », leur diffusion par l’indice Atmo ne semble pas être satisfaisante « elle remplit moyennement son rôle, il y a un biais et

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l’indice Atmo y participe : il a l’avantage d’être bien diffusé, d’être simple mais il insiste sur le court terme et ça c’est une erreur, par construction, on ne sait pas bien sur quoi il est basé, même les experts, je ne sais pas si on le sait bien ». Pour les experts qui ont répondu à la deuxième partie de la question, le rôle de l’information est principalement de motiver des changements de comportements ou de faciliter l’acceptabilité de mesures politiques, « elle devrait avoir un rôle déterminant, son rôle s’est d’avoir une sensibilisation plus précise, plus exacte, pour que les vrais enjeux soient combattus, et les vrais enjeux s’est limité les sources, mais aussi faire participer chacun, parce qu’on n’y arrivera pas que par des décisions politiques, les gens ils aiment pas qu’on leur disent ce qu’ils doivent faire... », « il faut sensibiliser les gens à une prise de conscience, à moins utiliser des énergies beaucoup trop polluantes », « elle devrait avoir un objectif de prévention pour faire passer probablement des mesures, si un jour y’a des mesures ». Cette sensibilisation plus forte de la population implique une information :

- plus complète, « il faut faire une information un peu générale sur les causes, les effets et les conséquences à court et moyen termes et des gens mieux informés va engendrer une meilleure efficacité », « il faut plus les sensibiliser, faire la véritable relation entre les comportements et les conséquences sur la santé. Elle doit avoir un rôle d’alerte beaucoup plus prenant », « elle devrait apporter aussi un petit plus sur les causes et les conséquences, surtout les conséquences, parce qu’on n’en parle pas de peur d’effrayer les gens »,

- mais aussi plus fréquente « des rubriques régulières, on devrait avoir une action pédagogique quotidienne »,

- et qui s’adresse aux plus jeunes « « elle devrait évoluer vers la distribution quand même de beaucoup d’informations par l’intermédiaire des écoles, faire un petit guide spécial donné aux enfants pour toucher aussi un certain nombre de parents ».

2.3.9. L’information scientifique

Les propos des répondants à cette question montre une certaine confusion de ceux-ci entre place et rôle de l’information scientifique, ce qu’elle est actuellement et ce qu’elle pourrait ou devrait être. Nous avons néanmoins repris fidèlement ces réponses sur l’information scientifique qui on le voit ne laisse pas indifférent. La place donnée à l’information scientifique est considérée par les experts comme étant insuffisante, trop peu présente, voire nulle, et cela dans 26 % des citations recueillies : « L’information scientifique n’a pas une place suffisante », « il y en a trop peu, elle est largement insuffisante », « elle est nulle et insuffisante », « pas suffisante justement », « Elle ne me semble pas suffisamment présente, mais il faut qu’elle soit présente », « elle est nulle et négligeable, l’information est tout sauf scientifique ». 30 % des citations mettent en évidence le fait qu’elle est indispensable mais n’est pas compréhensible directement par les non-initiés. Elle doit être vulgarisée pour rendre accessible des connaissances parfois difficiles à intégrer par la population : « Elle permettrait de comprendre les phénomènes, elle peut être banalisée pour être plus efficace. Informer la population s’est partir sur des bases scientifiques et arriver à les transformer en quelque chose d’accessible et de compréhensible par tout le monde »,

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« Par contre, ce qu’il manque c’est une vulgarisation des conclusions scientifiques sur les causes et les effets », « Il faut qu’elle soit simplifiée, elle doit s’adapter à Monsieur Tout le Monde, qu’elle soit pédagogique », « il faut vulgariser les connaissances scientifiques pour qu’elles soient accessibles à tout le monde », « il faut la rendre accessible, la travailler, on ne peut pas la restituer telle quelle ». Il est certain qu’elle reste un passage obligé pour la compréhension des phénomènes: « elle doit permettre aux gens de comprendre, si on veut comprendre on est obligé de passer par des questions scientifiques, par la science et l’idée c’est de développer l’esprit critique des gens, qu’ils se fassent leur propre opinion », « le truc c’est qu’on croit que quand on fait scientifique on fait compliqué et quand on fait compliqué on va s’ennuyer, il ne faut pas prendre les gens pour des idiots et avoir une certaine exigence intellectuelle, le rôle d’une information scientifique c’est d’expliquer aux gens comment le monde qui les entoure fonctionne ». L’information scientifique apparaît aussi comme une sorte de garantie de qualité : « Elle doit vérifier la qualité de la mesure pour être sûr, pour garantir que c’est fait dans de bonnes conditions, que c’est bien tel effet qui est l’effet traceur pris en compte », « elle est utilisée comme caution pour les messages qu’on fait passer ». Le support de communication est très peu précisé : « elle devrait être donnée sous forme de fiches techniques qui accompagnent les principaux problèmes sur le plan de la pollution atmosphérique, un guide mais pas trop technique ». « c’est quand même une info complexe et si l’on veut être crédible il faut que ce soit transparent, c’est pour ça que je reviens à la notion de relais qui adapte le niveau d’information au public concerné »

2.4. Thèmes 3 : inquiétude et préoccupation vis-à-vis de la pollution atmosphérique

2.4.1. La population est-elle préoccupée par la pollution atmosphérique ?

Tous les experts (18 personnes) qui ont répondu à cette question déclarent que la population est préoccupée par la pollution atmosphérique, avec comme sources principales de préoccupation , les effets sur la santé (4 citations) et les effets globaux comme les changements climatiques et les effets sur le climat (7 citations). Mais certains déplorent le manque de connaissances sur les liens entre pollution atmosphérique et contribution individuelle (5 citations) et notamment sur les actions pour réduire sa contribution à la pollution « ils ne savent pas quoi faire, ils attendent qu’on leur tienne la main », « ils n’ont pas conscience que par leur propre action, par exemple poser la voiture et prendre les transports publics, il peuvent agir » Cette opinion que la préoccupation existe au sein de la population est basée pour 6 personnes sur les sondages d’opinion « quand on interviewe les lyonnais sur la qualité de l’air, c’est sûr que c’est une préoccupation majeure », « tous les sondages le disent : la première préoccupation environnementale des grands lyonnais c’est la qualité de l’air » et pour 4 autres sur la place donnée dans les médias au problème de la pollution atmosphérique « parce que si les médias parlent de pollution et de réchauffement climatique c’est pas pour en faire de la propagande, c’est que maintenant ils sentent que c’est une préoccupation ».

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Pour 7 personnes cette préoccupation s’est accrue avec la médiatisation de phénomènes ou catastrophes climatiques « il y a un battage médiatique avec le problème de la banquise qui recule, les glaciers qui montent de plus en plus haut », mais aussi l’expérience notamment de la canicule de 2003 ( 4 personnes) « il me semble que les tempêtes de je ne sais plus quelle années et l’été hyper chaud de 2003 ont beaucoup fait pour la prise de conscience sur l’effet de serre et sur les changements climatiques ».

2.4.2. La pollution atmosphérique est-elle une source d’inquiétude pour la population ?

L’idée que la pollution ne serait pas une source d’inquiétude pour la population est assez minoritaire (5 personnes). Cela s’expliquerait par le fait que « quand ils comparent avec d’autres villes, Lyon finalement n’est pas si mauvais que ça », « je ne suis pas persuadée que dans le quotidien, on soit inquiet, quand on le voit à la télé on se dit oui effectivement, mais dans le quotidien, on ne transpose pas » ; Pour 4 personnes, cette inquiétude n’est pas très présente dans la population du fait du manque de connaissances des phénomènes « ce qui les inquiète c’est leur santé, bien qu’ils ne savent pas exactement les conséquences, ils savent que c’est pas bon, pour le moment on en est là », « ils sont inquiets mais ne savent pas trop pourquoi ». L’inquiétude de la population vis-à-vis de la pollution atmosphérique porterait principalement sur les impacts au niveau de la planète (6 citations) « c’est plus le climat, le climat a pris le pas sur la pollution », et sur les effets sur la santé (4 citations) « l’inquiétude de la population aujourd’hui, c’est les problèmes de santé liés à l’environnement ».

2.5. Thème 4 : actions à mener au niveau collectif ?

2.5.1. Qui doit prendre en charge le problème de la pollution atmosphérique ?

Deux catégories de réponses se dégagent :

- 8 personnes placent le problème à un niveau général « Tout le monde », « chacun à son niveau tout le monde doit s’y mettre »,

- 8 autres le positionne au niveau de « la puissance publique » : avec soit une déclinaison de tous les niveaux de l’Etat au municipalités, soit seulement l’Etat avec parfois cité plus précisément le ministère de l’écologie et celui de la santé.

Une personne situe le problème au niveau international « si de grandes nations ne jouent pas le jeu, ça ne sert à rien que de petits Etats fassent quelque chose ». Une seule personne cite les industriels comme acteur, et enfin une autre parle du principe « pollueur-payeur » en général sans préciser à quel type d’acteurs il doit être appliqué.

2.5.2. Des exemples d’actions existantes Elles se déclinent à tous les niveaux que ce soit international Kyoto (1 citation), européen : normes d’émissions (4 citations) et quotas d’émission pour les industriels (4

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citations), mais il est à noter que le plus grand nombre de citations concerne la région ou l’agglomération. Les actions citées sont le développement des transports en commun et la diminution de la part de la voiture (10 citations), la mise en place des Pédibus, velo’v, pistes cyclables (7 citations), le PPA et le PDU (5 citations) et enfin les informations lors des dépassements de seuil (2 citations).

2.5.3. Efficacité de ces actions ? Le jugement sur l’efficacité des actions mises en œuvre est plutôt mitigé :

- les réponses les plus positives (5 citations) affirment un début d’efficacité, une efficacité partielle « oui pour la pollution locale, non pour la pollution régionale et globales qui augmentent : les teneurs en ozone et en CO2 augmentent, on ne sait pas quoi faire », ou une efficacité à venir « c’est difficilement mesurable, je pense qu’à terme ce sera efficace, autrement on ne le ferai pas » .

- les réponses les plus négatives (8 citations) dénoncent des actions contradictoires entre les niveaux décisionnels « au niveau local il y a des actions contre-productives par exemple le contournement ouest, le doublement des autoroutes, on met en place des infrastructures qui augmentent la pollution atmosphérique », l’absence d’actions en faveur de l’environnement « je peux vous dire on ne prend jamais la décision de faire telle ou telle ligne au regards des effets environnementaux », ou des actions avec une efficacité faible « les transports en commun ne répondent pas à tous les besoins, tout n’est pas mis en œuvre, on peut en faire beaucoup plus dans tous les domaines ».

2.5.4. Les actions les plus efficaces ? Les actions estimées comme les plus efficaces vont quasiment toutes dans le sens d’un changement de comportement en matière de déplacement et principalement concernant l’usage de la voiture. Elle peuvent être incitatives comme le développement des transports en commun (12 citations), ou « inciter les gens à prendre leurs voitures que quand ils n’ont pas d’autres alternatives » (2 citations) ou « des publicités sur les transports en commun et notamment sur leur coût » (2 citations). Des actions restrictives sont également envisagées, notamment concernant le stationnement en centre ville (5 citations) et même l’usage de la voiture en ville (6 citations) « à terme, je ne souhaite pas que les voitures continuent de rentrer dans l’agglomération » avec 2 personnes qui citent des actions de type fiscale « une TIPP environnementale qui augmente progressivement ». 3 personnes proposent une réorganisation de l’urbanisme «il faut aussi arrêter de construire à 60 km de Lyon et puis de venir polluer tous les jours les grands lyonnais avec son véhicule diesel ». Les actions au niveau de l’habitat et du chauffage ne sont citées que 3 fois « inciter à l’isolation des bâtiments »

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2.5.5. Efficacité et acceptabilité A la question de l’acceptabilité par la population de mesures dont l’efficacité est démontrée, les réponses positives sont presque (sauf 1 personne) toujours sous conditions :

- « dans la mesure où elles sont expliquées, cohérentes » (2 citations),

- le coût « il ne faut pas que ce soit exorbitant, parce que tout le monde n’a pas les moyens de pouvoir faire quelque chose » (5 citations).

10 personnes ont répondu négativement et expliquent pour certains que l’efficacité ne peut être un facteur d’acceptabilité face par exemple aux contraintes « il y a une inacceptabilité par la population générale parce que c’est des contraintes donc les français refusent les contraintes », « non, si c’est une remise en question complète de leurs habitudes », ou aux coûts « je ne crois pas que les gens soient prêts à dépenser de l’argent sur le seul argument écologiste ». Enfin, certains pensent que l’acceptabilité n’est pas un facteur à considérer (3 citations) : « c’est quoi acceptable, ce qui est sûr, c’est que si l’on veut faire quelque chose pour la planète, on va être obligé de se passer d’un certain nombre de choses ».

2.5.6. Faut-il imposer des actions efficaces ? Pour 5 personnes il faut imposer des actions efficaces parce que « l’urgence va commander d’imposer une solution », « il n’y aura qu’en imposant que l’on aura quelque chose d’efficace », ou bien « parce qu’au final, on s’apercevra que c’est bien ». A l’inverse pour d’autres (6 citations), il n’est pas possible d’imposer des actions qui ne soient pas au préalable acceptées par la population « on ne peut pas imposer des solutions dans une démocratie », « sinon, on a des retours des bâton, tout ce qui ne se fait pas avec la transparence et l’adhésion des gens, petit à petit, les gens se rebellent ». Enfin les derniers adoptent une position intermédiaire en proposant une première phase d’éducation ou d’information (4 citations) « il ne faut pas y renoncer, mais ça demande que l’on se donne les moyens de sensibilisation, d’éducation, de pédagogie », « il faut y aller, mais il faut déjà informer et convaincre ».

2.5.7. Ces actions sont-elle prioritaires, ont-elles un caractère d’urgence ? : 7 personnes sont convaincues de la priorité « à cause de l’effet de serre et de la santé » et de l’urgence de la mise en œuvre d’actions pour réduire la pollution atmosphérique « on a une fenêtre de 15 ans, si on ne met pas en place les graines d’un changement radical de société, on est foutu », « on arrive à un stade où si on ne se préoccupe pas de la pollution, on va se faire enterrer » Ces actions peuvent également être déclarées prioritaires mais au même niveau que d’autres problèmes de société (6 citations) : « il n’y a pas que l’environnement, le problème du pouvoir d’achat, les problèmes d’équité, sont tout aussi importants que les problèmes d’environnement », « La pauvreté est également une urgence », Enfin 3 personnes ne placent pas ces actions au tout premier plan : « c’est difficile de dire qu’on va lutter contre la pollution alors qu’on a une exclusion très forte ».

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2.5.8. Le rôle du progrès technique dans la réduction de la pollution? 2 citations résument bien la teneur des réponses à la question de la contribution des progrès technique à la réduction de la pollution atmosphérique « on ne s’en sortira pas simplement avec des progrès techniques », « ça va contribuer mais ça ne sera pas suffisant ». Ce qui est donc évoqué est un apport limité des progrès techniques parce que:

- l’accroissement du parc automobile limite l’amélioration faite au niveau des véhicules (4 citations) : « c’est bien de réduire les émissions à l’échelle du véhicule, mais le parc continue d’augmenter donc au bout du compte les efforts des constructeurs ne servent pas à grand-chose »,

- la réponse est partielle (6 citations) : « pour abaisser les taux de CO2, vous êtes obligés d’augmenter le NO2 qui a un impact direct sur la santé, est ce que ça sert à quelque chose de sauver la planète pour des enfants cancéreux ? »,

- la diffusion des nouvelles technologies est lente (3 citations) : « les progrès techniques ne concernent que les véhicules neufs, et tout le monde ne peut pas s’acheter de voitures neuves », « c’est bien les voitures hybrides, certaines voitures électriques présentes des perspectives intéressantes, mais pour l’instant ça reste minoritaire ».

2.6. Thème 5 : Effort à consentir au niveau individuel

2.6.1. Actions qui pourraient être adoptées au niveau individuel ? Le type d’actions le plus souvent cité concerne les déplacements et notamment la limitation de l’usage de l’automobile (5 citations) : « avant de prendre sa voiture se demander si c’est bien nécessaire », « au niveau des transports se poser la question comment je vais faire tel ou tel déplacement ? » et le changement de mode en privilégiant les transports en commun (5 citations) « il faut réapprendre les TC », la marche à pied pour les petits déplacements (5 citations) : « au lieu d’aller chercher son pain à 500m en voiture, on peut y aller à pied », « emmener ces enfants à l’école à pied », ou enfin le vélo (3 citations). Sont souvent associées aux déplacements les actions au niveau de l’habitat, avec principalement les économies d’énergie (9 citations) « au niveau de l’habitat, ne pas laisser ses lumières allumées, ne pas prendre de bain, ne pas chauffer à outrance », « engager des travaux d’isolation », et 2 fois seulement les énergies renouvelables . Enfin deux personnes synthétisent en parlant de sobriété au niveau du mode de vie plus généralement.

2.6.2. Actions concrètement mises en œuvre dans leur vie quotidienne

2 personnes seulement déclarent ne pas vraiment mettre d’actions en œuvre pour limiter leur contribution à la pollution « oui et non par facilité, les façons de faire polluantes sont en même temps très agréables et confortables », « pas vraiment et je n’en suis pas fier ». Les 17 autres personnes qui ont répondu à la question déclarent des actions individuelles au niveau de l’habitat et de leurs déplacements avec l’utilisation des transports en commun ou d’un vélo « je fais mes trajets en vélo, et au niveau de la

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maison je fais le maximum pour ne pas consommer trop d’énergie », « avec l’ouverture de LEA je viens travailler en transports en commun » . A la question de leur motivation et des raisons qui les ont poussés à adopter ces comportements sont cités principalement :

- des préoccupations écologiques « c’est un comportement écologique », « le facteur pollution est un élément qui me pousse à choisir plutôt la formule la moins polluante »,

- l’habitude : « depuis toujours », « je prends les TC depuis que je suis toute petite »,

- l’efficacité des transports en commun : « avec la mise en place du tram je mets 20 minutes »,

- et enfin une sensibilisation ou une exemplarité professionnelle « je m’occupe d’environnement, si je ne suis pas capable de donner l’exemple, je ne sais pas qui va le faire ».

2.7. Thème 6 : Etat de la pollution dans 20 ans 4 personnes ne se prononcent pas et font dépendre l’évolution de la pollution des actions qui seront mises en œuvre « si on ne fait rien, ça risque d’être grave », « ça dépendra de notre capacité à prendre les choses en main ». Pour 4 autres, la situation globalement va s’améliorer du fait de l’augmentation du prix du pétrole : « la situation dans 20 ans sera modifié par des raisons qui sont indépendantes de la prise en compte de l’environnement, c’est le prix du pétrole ». Enfin les derniers distinguent le niveau local pour lequel il voit une amélioration notamment grâce aux innovations technologiques (7 citations) « au niveau local, je pense que ça s’améliorera grâce au développement des nouvelles technologies sur les véhicules individuels « du niveau global qui au contraire irait en se dégradant « sur les gaz à effet de serre, ça sera assez catastrophique ».

2.8. Synthèse de l’analyse de contenu des entretiens des « experts »

Les experts ont été interrogés sur leurs propres opinions vis-à-vis de la pollution atmosphérique en termes de causes ou de conséquences mais aussi sur l’information, son contenu, son impact et enfin sur les actions collectives et individuelles pour y remédier. Ils l’ont été aussi sur ce qu’ils pensaient savoir des connaissances, des préoccupations et des opinions de la population sur le même thème. Le groupe d’experts a tout d’abord été répondu à des questions sur la qualité de l’air. Elle est très souvent considérée comme médiocre ou à peine moyenne par les experts interrogés. Elle est cependant estimée comme « pas si mauvaise » sur la zone du Grand Lyon, ou en tout cas comparable à celle observée dans les autres grandes agglomérations françaises. La description de la qualité de l’air sur le Grand Lyon fait apparaître une certaine hétérogénéité due en particulier aux différentes sources de pollution rencontrées. En effet selon que l’on se trouve à proximité d’industries (couloir de la chimie) ou proche de grands axes routiers ou selon que l’on est en centre-ville ou en périphérie,

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l’exposition à la pollution serait différente. Les vents complexifient encore ce phénomène d’inégalité face à la pollution atmosphérique. Les experts estiment que la qualité de l’air s’est plutôt dégradée ces dernières années. En effet, si ils reconnaissent des améliorations concernant les polluants de type industriels, du fait essentiellement d’une réglementation forte, ils soulignent aussi l’augmentation des polluants dus aux transports à cause d’un trafic routier en constante augmentation et malgré les améliorations techniques au niveau des véhicules. Les causes de la pollution de l’air ont ensuite été abordées par les experts. La cause principale de la pollution atmosphérique dans les grandes agglomérations est le transport, avec tout ce qui y est associé c’est-à-dire le trafic routier, les embouteillages, les automobiles ... Viennent ensuite le chauffage, urbain ou individuel et l’industrie. Les experts pensent que pour la population, ce sont bien les transports, et plus particulièrement le trafic routier et la voiture, qui sont à l’origine de la pollution de l’air, associés dans une moindre mesure aux industries. Ils notent que le chauffage est très peu identifié comme source d’émissions par la population, parce que cette dernière n’a pas suffisamment d’information sur ce type de pollution. La façon dont la population se forge cette opinion est largement dépendante du lieu où elle vit. Selon ce qu’elle voit (une autoroute, la fumée d’une usine), ce qu’elle sent (des odeurs industrielle ou de gaz d’échappement en centre-ville par exemple), cela va voir un impact fort sur l’idée que les gens ont des causes de la pollution de l’air. On retiendra que pour les experts, le rôle des médias est quasiment inexistant dans la construction de l’opinion des individus (cités seulement 2 fois).

Nous avons ensuite interrogé les experts sur les conséquences de la pollution de l’air. Ils distinguent les effets dus à la pollution locale et ceux dus à la pollution globale, mais aussi les effets à court terme et de ceux à long terme. Les effets sur la santé sont le plus souvent cités, viennent ensuite les impacts au niveau climatique. Le problème qui reste posé est celui de l’évaluation des effets sur la santé, qui serait actuellement insuffisante. On retrouve cette même distribution des effets dans ce qu’ils disent de l’avis de la population : une prédominance des effets sur la santé, puis les cons équences de l’augmentation des gaz à effet de serre et tout ce qui est lié au climat en général. Le thème suivant portait sur l’information et les connaissances de la population en matière de pollution atmosphérique. Coparly, mais aussi les médias nationaux (presse et TV) et dans une moindre mesure les médias locaux sont, pour les experts, les principales sources d’information sur la pollution atmosphérique. Cette information porte surtout, d’après eux, sur les changements climatiques et l’effet de serre, mais aussi sur des recommandations ou sur les conséquences sanitaires de la pollution atmosphérique. Les causes ne sont, sinon jamais, du moins trop rarement reprises dans cette information. De l’avis des experts, l’information est à la fois insuffisante, succincte et rare en particulier au niveau local. Elle peut être de bonne qualité comme manquée d’objectivité. Ils critiquent son manque d’accessibilité (pas assez adaptée au grand public), mais aussi son caractère trop évènementiel et sensationnel.

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Les experts pensent que la population ne consulte pas l’indice Atmo qui renseigne sur la pollution de l’air au niveau local. Ils estiment que cet indicateur est à la fois inconnu, difficile à trouver et inadapté. De même l’information diffusée lors des alertes au pic de pollution, ne provoque pas vraiment de réactions de la part de la population, ou alors faiblement, parce qu’elle est lassée par cette information qui est même considérée comme banale. Par contre elle est suivie d’effets si elle est associée à des recommandations et des contrôles (type limitation de vitesse, présence de radars). Malgré la reconnaissance d’un faible intérêt de la population pour l’information au niveau local, les experts lui concèdent des attentes en matière d’information. Elle attendrait notamment des informations sur les effets sur la santé et sur l’environnement en général, mais aussi sur les causes de la pollution atmosphérique et enfin sur les actions concrètes à mettre en oeuvre pour limiter ce phénomène. Pour près de la moitié des experts, l’information a un impact faible sur la population en terme de modification des comportements, qui est le rôle principal qu’il lui confère. Les raisons évoquées sont en partie liées au fait que les causes de la pollution ne sont pas suffisamment expliquées mais aussi que la population ne fait pas le lien entre cette information qui se situe trop souvent au niveau global et leurs comportements au quotidien. Ils pensent donc que l’information devrait ambitionner une plus grande sensibilisation de la population au problème en s’attachant à une diffusion plus régulière et couvrant les phénomènes dans leur globalité. Les individus les plus jeunes et notamment les enfants devraient faire l’objet d’une attention particulière. Ce qui n’est pas présent dans le discours des experts est qui doit prendre en charge concrètement cette communication. La place donnée à l’information scientifique n’est pas apparue spontanément dans le discours et a donc fait l’objet d’un questionnement spécifique. Elle est considérée par les experts comme insuffisante et peu présente. Elle doit impérativement être vulgarisée pour être comprise du plus grand nombre. Mais ils reconnaissent aussi qu’elle constitue un passage obligé pour comprendre ce phénomène qu’est la pollution atmosphérique et qu’elle représente une garantie de qualité et d’objectivité. Pour la majorité des experts, les préoccupations de la population vis-à-vis de la pollution existent. Cette opinion s’appuie principalement sur les résultats des sondages d’opinion. Elles porteraient sur les effets sur la santé et les effets globaux tels que les changements climatiques. Les inquiétudes de la population existeraient et seraient relatives aux mêmes effets. Le thème des actions à mener au niveau collectif regroupait un grand nombre de questions qui portaient non seulement sur les actions à mener et leur prise en charge, mais aussi sur leur efficacité, leur acceptabilité et leur priorité. Sur la question de la prise en charge du problème de la pollution atmosphérique, les réponses des experts se partagent en 2 catégories : ceux pour qui cela relève de « tout le monde » et ceux pour qui il s’agit d’un problème de l’Etat au sens de puissance publique décliné de la municipalité au ministère de l’écologie ou de la santé. Les exemples cités comme actions existantes peuvent être internationales (Kyoto), ou européennes (normes d’émissions, quotas d’émissions) mais ce sont surtout celles connues au niveau local qui ont été mentionnées. Il s’agit du développement des

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transports en commun, de la restriction de la place de l’automobile, la mise en place des Pédibus, vélo’v ou autres pistes cyclables, le PPA et PDU, et les alertes lors des dépassements de seuils. Les actions actuellement mises en place pour lutter contre la pollution atmosphérique, sont évaluées par les plus optimistes partiellement efficaces ou comme ayant une efficacité naissante, les autres les qualifient de contradictoires ou sans réelle efficacité. Les actions estimées les plus efficaces sont le plus souvent celles qui se rapportent aux comportements en matière de déplacement et principalement à l’usage de la voiture, soit en termes d’incitation à l’utilisation des TC, soit restrictives en limitant l’accès au centre-ville. L’acceptabilité de mesures en faveur de la réduction de la pollution par la population en raison de leur efficacité, ne semble possible dans le discours des experts que sous certaines conditions et de coût et de contraintes pour les individus, de cohérence et d’explication de ces actions. Cela pose la question de savoir si l’on doit ou pas imposer des mesures pour limiter la pollution. Un quart des experts répondent positivement en particulier du fait de l’urgence. Un autre quart déclare qu’il est impossible d’imposer des actions qui ne soient au préalable acceptées. Les autres pensent qu’il est nécessaire d’avoir une phase d’éducation, de formation ou d’information. Près de la moitié des experts se disent convaincus du caractère prioritaire et de l’urgence de la mise en oeuvre d’actions de réduction de la pollution de l’air. D’autres au mieux les placent au même niveau que d’autres problèmes de société (6 personnes) et 3 personnes enfin estiment qu’elles ne sont pas de premier plan. Le rôle du progrès technique apparaît limité dans les propos des experts. En effet, pour eux l’accroissement du parc automobile limite le gain technique obtenu sur les véhicules, la réponse technique est partielle, la diffusion des nouvelles technologies est lente. De la même façon que nous avons abordé les actions au niveau collectif, nous avons interrogé les experts sur les efforts à consentir au niveau individuel. Le type d’actions le plus souvent cité implique les déplacements et la limitation de l’usage de l’automobile, en privilégiant l’usage des transports en commun, la marche à pied ou le vélo. L’habitat est cité aussi en termes d’économie d’énergie et parfois d’énergies renouvelables. En ce qui concerne les comportements individuels des experts interrogés, si 2 personnes ont répondu ne pas avoir mis en oeuvre d’actions pour limiter leur contribution à la pollution atmosphérique, les autres déclarent des actions au niveau de leur habitat et de leurs déplacements (utilisation des TC, vélo ...). Leurs motivations sont des préoccupations écologiques, l’habitude, l’efficacité des transports en commun ou une sensibilisation due à leur profession. La conclusion de ces entretiens avait trait à une projection dans 20 ans sur l’état de la pollution. Plus de la moitié est optimiste est prévoit une amélioration notamment au niveau de la pollution de l’air locale,d’une part du fait de l’augmentation du prix du pétrole et d’autre part grâce aux innovations technologiques sur les véhicules individuels.

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Conclusion Cette recherche avait pour objectif d’approfondir à partir de l’analyse d’entretiens semi-directifs ce que recouvre pour un échantillon issu de la population générale la problématique de la pollution atmosphérique. Cela concerne aussi bien la perception de la pollution, les connaissances des phénomènes, la perception du risque et les préoccupations que les actions mises en œuvre au niveau individuel ou envisagées d’un point de vue collectif pour y remédier. Les individus interviewés ont été choisis dans un souci de pluralité de discours par l’établissement de critères socio-démographiques, de dispersion sur la zone d’étude et de diversité d’exposition à la pollution de l’air. Pour cet échantillon « population générale » le terme pollution atmosphérique renvoie à une représentation dichotomique avec un versant source de pollution de l’air qui est basée sur l’expérience et la perception et un versant conséquences de la pollution atmosphérique qui lui à l’inverse est de l’ordre des connaissances, sans qu’il y ait forcément de lien entre les deux. Les sources de pollution principalement citées par cet échantillon sont les voitures et les pots d’échappements. Ce qui est désigné est l’objet lui-même et non pas l’usage. La pollution est à ce niveau de l’ordre du perceptible et du sensible par les odeurs mais surtout par la vue de la densité du trafic, des salissures, et d’une coloration de l’air. Elle est également ressentie au travers de manifestations physiques comme les picotements des yeux. Très peu désignent des effets sur la santé et à l’inverse juge la qualité de l’air comme « normale ». Aucun lien n’a pu être établi entre l’évaluation subjective de la qualité de l’air par les personnes interrogées le jour de l’entretien et des indices objectifs d’émissions ou d’immissions founis par Coparly. L’appréhension de la qualité de l’air n’est pas quotidienne. Elle est une synthèse de différents éléments signifiants pour les individus. Les connaissances de l’échantillon population générale sur la pollution atmosphérique sont assez floues. On peut noter qu’un certain nombre de termes sont inconnus ou mal interprétés. Au niveau local par exemple l’indice Atmo n’est pas du tout connu. Nous avons noté un nombre important de références à la couche d’ozone et nous pensons qu’il y a confusion avec les alertes au pic de pollution à l’ozone. Malgré une diffusion notable de publicités automobiles y faisant référence, l’utilisation du terme « CO2 » est quasiment inexistante dans le discours de la population générale. La description de la pollution atmosphérique s’effectue à l’aide de termes génériques comme par exemple les gaz ou les fumées. Même si 40 personnes sur 60 se déclarent préoccupées par la pollution il s’agit plutôt de craintes pour le futur. Si elle est intégrée dans les préoccupations générales vis-à-vis de l’environnement elle ne fait pas l’objet d’inquiétudes particulières. Cela est manifeste à travers la méconnaissance et la non consultation de l’indice local de la qualité de l’air, mais aussi la quasi-indifférence aux alertes aux pics de pollution notamment en terme d’évitement d’exposition. De même, les conséquences les plus graves de la pollution atmosphérique désignées par les individus sont basées sur des connaissances, il n’est

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Conclusion

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pas évoqué ici d’effets vécus. Il s’agit des problèmes de santé en progression supposée et les conséquences des changements climatiques au niveau de la planète. Il n’y a pas véritablement l’expression de risque encouru au niveau individuel. Ces préoccupations globales et cette absence d’inquiétude expliquent en partie que les individus envisagent très peu de modifications de comportements en matière de déplacements. Il faut également ajouter qu’ils expriment guère de responsabilité vis-à-vis de la pollution d’origine automobile, même si les voitures sont la principale source de pollution désignée par les individus. Elles le sont sans lien avec le fait de les utiliser. Il est alors assez logique que la mesure la plus citée pour résoudre le problème de la pollution atmosphérique soit les améliorations technologiques sur les véhicules actuels. Plus de la moitié des personnes, constituant le groupe « population générale » envisage une prise en charge du problème par la puissance publique. En effet la pollution atmosphérique est mis sur le même plan que d’autres grands problèmes de société comme celui du pouvoir d’achat ou de la faim dans le monde sur lesquels les individus s’imaginent avoir peu d’emprise. Pour autant, ils ne connaissent quasiment pas d’actions mises en œuvre actuellement. De même la priorité et l’urgence accordées aux actions pour lutter contre la pollution atmosphérique sont à mettre en relation avec une perception du risque qui ne se situe pas aujourd’hui et pour soi mais dans le futur et pour la planète. Les efforts à consentir au niveau individuel pour limiter sa contribution s’appliquent aux déplacements de très courte distance pouvant être effectués à pied et est illustré par la phrase « aller chercher son pain à pied ». Les efforts au niveau du logement sont plus volontiers cités et notamment le tri des déchets et les économies d’énergie dans l’habitat que ce soit l’eau ou l’électricité. Il n’est jamais évoqué la possibilité de limiter ses dépenses en matière de déplacement. L’obligation de se déplacer est également présente dans les discours. Le discours de l’échantillon population générale a été confronté à celui d’un petit groupe nommé « experts » et constitué de décideurs politiques, de membres d’associations et d’experts scientifiques dans le domaine de la pollution. L’objectif était d’observer les points de convergence et de divergence dans les discours des deux échantillons. Nous pensions arriver à constituer un focus group avec les éléments les plus caractéristiques de chacun des deux échantillons. Nous avons renoncé à l’organiser du fait de l’unicité du discours de la population générale, et de la coexistence de deux logiques de discours globalement différentes entre les deux échantillons. Pour les experts, la qualité de l’air sur la zone du Grand Lyon comme dans toutes les grandes agglomérations est médiocre. Leur évaluation est plutôt basée sur leurs connaissances en termes de sources d’émissions, de type de polluants émis et des phénomènes de dispersions. Ils pensent que la population évalue la qualité de l’air par la perception à la fois des sources mais aussi des effets sur la santé avec le sentiment que la population perçoit un risque pour sa santé. Les actions envisagées pour réduire la pollution due aux transports renvoient à la représentation des sources de pollution et à une divergence importante entre les discours des deux groupes au niveau de l’attribution des responsabilités. Si dans les deux

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Conclusion

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groupes la source principale citée est le transport et plus précisément le trafic routier, pour le groupe « population générale » ce qui est désigné sont les véhicules et donc l’objet et pour « les experts » les déplacements et donc l’usage fait par les individus. Cela explique en partie que les actions pour remédier à la pollution ne soit pas du tout les mêmes. Dans la population générale le moyen de remédier à la pollution est donc l’amélioration technologique des véhicules et dans le groupe des experts les changements de comportements en matière de déplacements. Les deux échantillons accordent beaucoup d’importance à l’information, mais si le discours tourne beaucoup autour de son contenu et de sa forme, cela reste une notion assez vague sans acteurs clairement identifiés. Les experts donnent comme rôle à l’information la motivation de changements de comportements des individus, car ils estiment quasiment impossible d’imposer des mesures politiques pour réduire l’usage de la voiture parce que les individus n’accepteraient pas ces mesures. Ce qui peut être interprété comme un moyen d’éviter d’exprimer une responsabilité dans la prise en charge du problème de pollution. Chaque groupe renvoie donc l’initiative des actions pour remédier à la pollution à un type d’acteurs assez flou que ce soit l’Etat pour la population générale ou l’Information pour le groupe d’experts. . Une caractéristique similaire au discours des deux groupes est l’expression d’une urgence relative par rapport à la mise en œuvre des actions, d’un scepticisme par rapport à l’efficacité des actions actuelles pour lutter contre la pollution due aux transports, d’une certaine passivité vis-à-vis des actions à engager, et d’une représentation assez flou des acteurs. La réduction de la pollution atmosphérique ne fait pas véritablement l’objet d’une demande spécifique elle est intégrée dans une attente d’amélioration de l’environnement en général. Un champ beaucoup plus large d’actions possibles s’offrent ainsi aux individus et surtout des actions qui entrent en concordance avec l’intérêt individuel, il s’agit notamment des économies d’énergies qui préservent l’environnement et sont compatibles avec les intérêts économiques des individus, mais aussi d’actions comme le tri des déchets n’impliquant pas de coût ou de contraintes élevés. Les actions au niveau du logement sont plus faciles à mettre en œuvre car elles ne touchent pas au cadre. En matière de déplacements, dans notre échantillon population générale il n’est clairement pas envisagé d’abandonner volontairement l’usage d’un véhicule particulier qui est synonyme de déplacements.

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3. IFEN (2006), Les ménages acteurs des émissions de gaz à effet de serre, col. le 4 pages.

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5. Etude IPSOS/ Fédération française des automobiles clubs (juin 2001), la perception par les Français de la pollution de l’air dans les grandes villes.

6. Lepeltier S. (dec. 2001), Les nuisances environnementales de l’automobile, rapport d’information au Sénat, n°113, 216p.

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13. Flament C. et Rouquette M.L. (2003), Anatomie des idées ordinaires : comment étudier les représentations sociales, Armand Colin, Paris, 175p.

14. Abric J.C. (1994), Représentations sociales et pratiques, PUF, paris, 251 p.

15. Moliner P. (sous la dir. De) (2001), La dynamique des représentations sociales, PUG, Grenoble, 303p.

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17. IPSN (2002), Baromètre de l’opinion sur les risques et la sécurité.

18. IFEN (2000), La sensibilité écologique des Français, col. Les dossiers.

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21. Festinger, L. (1957), A theory of cognitive dissonance, Stanford, CA : Stanford University Press

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Annexe 1 : La grille d’entretien population générale Introduction : évaluation du cadre de vie

Votre lieu d’habitation • Depuis combien de temps habitez-vous ici ? • Quels sont ses avantages ? ses inconvénients ? (qu’est ce que vous appréciez

dans votre quartier et à l’inverse qu’est ce que vous n’appréciez pas) • Quels ont été vos critères de choix ? (est ce que l’environnement a fait partie de

vos critères de choix) • Qu’est-ce qui a été déterminant dans votre choix ( si aspect environnement

abordé)?

De manière générale : • Que diriez-vous de la qualité de l’air là où vous habitez ? dans votre commune ? • Est ce que vous avez noté une évolution depuis que vous êtes ici ? • Si vous la comparez avec d’autres communes de Lyon et sa région, ou d’autres

endroits que vous connaissez, est ce qu’il y a pour vous des endroits où la qualité de l’air est meilleure et/ou pire ? Qu’est ce qui vous fait dire ça ?

Thème 1 : La perception de la pollution

• Qu’est ce qui vous fait dire qu’il y a plus ou moins de pollution ? - comment ? avec la vue ? avec l’odorat ? - dans quelles circonstances ? - à des moments ou des périodes particulières ? - chez vous ou d’autres endroits que vous avez l’habitude de fréquenter

• Pensez-vous être sensible à la pollution atmosphérique ? - Pourquoi oui ?(fragilité physio, asthme, allergies, ou plutôt liée à histoire

perso, expérience logements précédents …) - Pourquoi non ?

• Avez-vous vous-même ou vos proches, ressenti de la gêne ou des troubles dus à la pollution atmosphérique : comment cela se manifeste … - En ressentez vous les effets sur votre santé ou sur la santé de vos proches ? - Si oui : quels peuvent être les effets à long terme - Si non : ça veut dire pas beaucoup de pollution donc pas beaucoup d’effets

ou est ce que vous pensez que ces effets vont se manifester plus tard • Vous arrive t-il de modifier vos habitudes ou vos comportements pour éviter

d’être exposé à la pollution lorsque vous pensez qu’elle est importante. - si oui, lesquels et dans quelles circonstances (d’éviter des endroits que vous

pensez polluer) Thème 2 : Niveaux de connaissances sur le thème de la pollution

• Qu’évoque pour vous le terme de pollution atmosphérique ?

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Annexe1 : grille d’entretien « population générale »

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- comment vous l’expliqueriez ? - à quoi vous fait-il penser ? … (seulement local ou plus global,…)

• Qui contribue à la pollution atmosphérique (secteur, le plus …) - si pas cité transports : quelle est d’après vous la part due aux

transports ? • Que savez-vous des conséquences de la pollution atmosphérique ? (différents

niveaux : commune, planète …). • Avez-vous l’habitude de vous renseigner sur le niveau de pollution dans votre

commune ? - Avec quelle fréquence ? - Comment ? où ? (Internet, journaux)

• Pensez-vous être bien informé sur les niveaux de pollution et leurs conséquences - Savez-vous ce qu’est l’indice atmo et à quoi il sert ?

• Qu’est-ce qu’un pic de pollution ? les causes ? - En avez-vous le souvenir ? - si oui : Quel a été votre sentiment à ce moment-là ? qu’avez-vous fait …

• Avez-vous le sentiment de bien connaître les gestes ou comportements à adopter en cas de pics de pollution ? - Quels sont-ils ? - A qui s’adressent-t-ils ? - Est ce que vous personnellement (si vous le savez) vous vous protégeriez et

comment ? • Avez vous déjà entendu parler des changements climatiques, qu’est-ce que cela

évoque pour vous ? - quels liens faites-vous avec la pollution atmosphérique … - quelles sont d’après vous les conséquences les plus importantes ? - qui va subir les conséquences (évoquées)?

• Est ce que vous connaissez d’autres effets de la pollution au niveau de la planète ? - Si oui lesquels ?

Thème 3 : Inquiétude et préoccupation vis-à-vis de la pollution atmosphérique

• Avez-vous l’impression que les gens, en général sont préoccupés par la pollution atmosphérique ? - A quel niveau : commune ou planète ? - depuis quand ? est que les préoccupations ont évolué (augmenté ou baissé) - Si non : pourquoi d’après vous ne le sont-ils pas ?

• La pollution atmosphérique est-elle pour vous une source d’inquiétude ou de préoccupations ? - est ce qu’il vous arrive d’en parler en famille ou avec vos amis ? - qu’est ce qui vous préoccupe le plus concernant la pollution atmosphérique ? - est ce que la pollution est un sujet d’inquiétude pour vous ? et qu’est ce qui

vous inquiète ?

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Annexe1 : grille d’entretien « population générale »

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- Pensez vous que votre préoccupation vis-à-vis de la pollution a évolué ? depuis quand ? pour quelles raisons ?

Thème 4 : Actions à mener au niveau collectif

• Qui doit prendre en charge le problème de la pollution atmosphérique (décideurs politiques, science, individus…….) essayer d’orienter transports et déplacements

- pouvez me citer des exemples d’actions (en fonction des niveaux cités)? - (au moins) au niveau de la France, au niveau de la ville - est ce que vous pensez que ces actions sont efficaces

• Quelles seraient d’après vous les actions les plus efficaces par exemple pour lutter contre la pollution due aux transports

- et à un niveau plus local (ville) est ce qu’on peut envisager des actions pour réduire la pollution due aux transports ?

• Est-ce que les actions efficaces sont d’après vous toujours acceptables par la population générale et par vous ?

• A votre avis, faut il imposer des actions si on sait qu’elles sont efficaces ou bien faut il privilégier des actions acceptables par les individus même si elles sont moins efficaces ? expliquer

• Est ce que ces actions (pour lutter contre la pollution) vous semblent prioritaires ? - Est ce que c’est un problème dont on doit s’occuper rapidement ou pas ? - Est ce que vous pensez qu’il y a d’autres problèmes plus urgents ?

• Que pensez-vous des progrès techniques au niveau des véhicules ? est-ce que cela peut contribuer à la réduction de la pollution ?

Thème 5 : Efforts à consentir au niveau individuel

• Est-ce qu’il existe, d’après vous, des actions ou des comportements que les individus pourraient adopter dans la vie de tous les jours pour limiter la pollution

- au niveau de l’habitat, des transports…. • Au cours des 12 derniers mois, vous-même avez-vous eu une action ou un

comportement pour limiter la pollution atmosphérique ? - si ne voit pas relancer : chez vous, au niveau de votre habitation, de vos

déplacements - Par exemple comment réagissez vous à la consigne de limitation de vitesse

en cas de pics de pollution ? - Si oui, comportement habituel ou occasionnel ? à quelle occasion ? qu’est-ce

qui vous a incité à le faire. - Si non, les raisons. Pourquoi on n’y pense pas ?

Thème 6 : Evolution de l’état de la pollution dans 20 ans

• D’après vous, comment va évoluer la pollution atmosphérique, quel sera son niveau dans 20 ans ?Au niveau de votre commune, au niveau du grand Lyon, au niveau de la planète

- Si aggravation : pourquoi est-ce qu’on va en arriver là ? est-ce que ça veut dire que rien ne sera fait ?

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Annexe1 : grille d’entretien « population générale »

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- Si pas de changement : pourquoi ? - Si amélioration : pourquoi ?

Avez-vous des choses à rajouter ?

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Annexe 2 : La grille d’entretien experts/décideurs/membres d’associations Introduction : Description générale de la qualité de l’air

• En tant qu’Expert/élu/membre d’assoc. que diriez-vous de la qualité de l’air dans les grandes agglomérations ? Et comme le Grand Lyon ?

• Pour vous, est-elle homogène dans l’ensemble du Grand Lyon ?

• D’une manière générale, que diriez-vous de l’évolution de la qualité de l’air ? Thème 1 : Causes et effets de la pollution de l’air

• Pour vous, quelle est la cause principale de la pollution atmosphérique dans les grandes agglomérations ?

• Y a t il une spécificité propre au Grand Lyon ?

• D’après vous, pour la population, quelles sont les causes de la pollution atmosphérique ?

• En tant qu’expert/élus, membre d’assoc., quelles sont à votre avis les principales conséquences ou effets de la pollution atmosphérique :

• Comment sont évalués ces effets, avec quels outils ?

• Et dans votre commune ? (Pour les Elus)

• D’après vous, quelles sont pour la population les conséquences les plus graves ? Thème 2 : Informations et connaissances sur le thème de la pollution

• A votre avis, quelles sont les principales sources d’information sur la pollution atmosphérique? (canal d’info : presse, TV, radio …)

• De quoi parlent-elles ? (Causes ? Effets ?)

• Que pensez-vous de l’info donnée ?

• Est-ce qu’il existe une info disponible au niveau local ? Et dans votre commune ? (Pour les Elus)

• A votre avis, est-ce que la population consulte l’indice Atmo?

• Est-ce que vous pensez que cette info à un effet ou un impact sur la population ?

• Comment la population réagit-elle aux alertes de pics de pollution ?

• D’après vous, est-ce que la population a des attentes en matière d’information sur la pollution atmosphérique ?

• Que diriez-vous du rôle de l’info sur la pollution atmosphérique ?

• A votre avis, quelle place est donnée à l’information scientifique ?

Thème 3 : Inquiétude et préoccupation vis-à-vis de la pollution atmosphérique • A votre avis, la population est-elle préoccupée par la pollution atmosphérique ?

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Annexe2 : la grille d’entretien du groupe « experts »

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• La pollution atmosphérique est-elle une source d’inquiétude pour la population ? Thème 4 : Actions à mener au niveau collectif

• Qui doit prendre en charge le problème de la pollution atmosphérique (décideurs politiques, science, individus…….) ?

• Avez-vous des exemples d’actions (en fonction des niveaux cités) ?

• En tant qu’Elus/Experts ou Membre d’assoc., quelles seraient d’après vous les actions les plus efficaces pour réduire la pollution atmosphérique ?

• En tant qu’Elus/Experts ou Membre d’assoc., quelles seraient d’après vous les actions les plus efficaces pour réduire la pollution atmosphérique due aux transports ?

• Que pensez-vous des progrès techniques au niveau des véhicules ? est-ce que cela peut contribuer à la réduction de la pollution ?

• Est-ce que les actions efficaces sont d’après vous toujours acceptables par la population ?

• En tant qu’Elus/Experts ou Membre d’assoc., faut-il imposer des actions si on sait qu’elles sont efficaces ou bien faut-il privilégier des actions acceptables par les individus même si elles sont moins efficaces ?

• Est ce que ces actions (pour lutter contre la pollution) vous semblent prioritaires ?

Thème 5 : Efforts à consentir au niveau individuel

• Est-ce qu’il existe, d’après vous, des actions ou des comportements que les individus pourraient adopter dans la vie de tous les jours pour limiter la pollution ?

• Au cours des 12 derniers mois, vous-même avez-vous eu une action ou un comportement pour limiter la pollution atmosphérique ?

• Par exemple comment réagissez vous à la consigne de limitation de vitesse en cas de pics de pollution ?

• Est-ce qu’il vous arrive de consulter l’indice atmo ? Thème 6 : Evolution de l’état de la pollution dans 20 ans • D’après vous, comment va évoluer la pollution atmosphérique, quel sera son niveau

dans 20 ans ? Si vous vous projetez dans 20 ans, comment imaginez-vous la pollution atmosphérique :

Avez-vous des choses à rajouter ?

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Annexe 3 : la fiche signalétique Date :………………………………….. N° entretien : ……………… Sexe : ……………………………. Age : ……………………………. Commune :..................................................................................................................................... Situation de famille actuelle 1. Marié(e) ou vivant maritalement 2. Séparé(e) ou divorcé(e) 3. Veuf, veuve 4. célibataire vivant chez ses parents 5. Célibataire indépendant(e) 6. Autre : .................................................................................................................................. Niveau d’étude :

Bac - :…………………… Bac :…………………… Bac+ ............................................. Situation professionnelle actuelle :

1. Actif (ve) ; profession .................................................................................................... 2. Inactif (ve) ou retraité 3. Etudiant ; section ...........................................................................................................

Date d’entrée dans votre logement : .......................................................................................... Possédez-vous un véhicule :

1. OUI : que vous utilisez : Tous les jours Occasionnellement Rarement

2. NON Que pensez-vous de la qualité de l’air dans votre quartier aujourd’hui ? 1-2 : Très bon ; 3-4 : Bon ; 4-5 : Moyen ; 6-7 : Médiocre ; 8-9 : Mauvais ; 10 : Très mauvais

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 Accepteriez-vous d’être contacté de nouveau :

OUI : tel :……………………………………… NON Description du cadre de vie :

1. Immeuble : résidentiel locatif HLM 2. Maison 3. Espaces Verts : ....................................................................................................

Description de la rue :………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………