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BAPTÊME DE DÉSIR ET PRINCIPES THÉOLOGIQUES (2000)  par l’abbé Anthony Cekada Quels principes les catholiques doivent-ils observer pour parvenir à la vérité ?  Au fil des années, j’ai eu plusieurs occasions de rencontrer des traditionalistes – laïcs ou clercs – qui suivaient les enseignements de feu l’abbé Leonard Feeney et du St. Benedict Center  relatifs à l’axiome « Hors de l’Église point de salut ». Ceux qui adhèrent entièrement à la position « feeneyite » rejettent l’enseignement ordinaire de l’Église touchant au baptême de désir et au baptême de sang. Les catholiques ne sont pourtant pas libres de rejeter cet enseignement, car il relève du magistère ordinaire universel  de l’Église. Pie IX a déclaré que les catholiques sont astreints à croire tout enseignement que les théologiens considèrent comme « appartenant à la foi » et de se soumettre à ces formes de doctrine communément tenues pour des « vérités et conclusions théologiques ». En 1998, j’ai photocopié des textes sur le baptême de désir et le baptême de sang que j’avais extraits des travaux de vingt-cinq théologiens préconciliaires (y compris deux Docteurs de l’Église), et j’en ai fait un dossier. Naturellement, tous enseignent la même doctrine. Derrière le rejet de cette doctrine par les feeneyites se cache celui des principes énoncés par Pie IX et qui forment la base même de toute la science théologique. Quiconque rejette ces critères rejette aussi les fondements de la théologie catholique et échafaude une théologie à lui, dans laquelle sa propre interprétation des déclarations papales est en tous points aussi arbitraire et idiosyncratique que l’interprétation de la Bible par les libre-penseurs baptistes. Il est absolument  vain de discuter du baptême de sang et du baptême de désir avec une telle personne, parce qu’elle n’accepte pas le seul critère d’après lequel doit être jugée une question théologique. On trouvera ci-après les notes d’un exposé que j’ai fait le 15 juillet 2000 quant aux principes à appliquer lorsqu’on étudie le baptême de désir et le baptême de sang. On peut se procurer le dossier susmentionné auprès de nos bureaux moyennant une somme modique. Section I Quels principes l’Église vous demande-t-elle d’observer ? 1. Vous devez croire les enseignements du magistère ordinaire de l’Église, qu’il soit solennel ou universel (Vatican I)  A. Principe général : - « Or, on doit croire d’une foi divine et catholique tout ce qui est contenu dans les Saintes Écritures et dans la tradition, et tout ce qui est proposé par l’Église comme vérité divinement révélée, soit par un jugement solennel, soit par son magistère ordinaire et universel. » (Concile Vatican I, Constitution dogmatique sur la foi catholique, 1870, DZ 1792). 1

Abbé Anthony Cekada, Baptême de Désir Et Principes Théologiques

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Traduction française du texte du Rev. Anthony Cekada : “Baptism of Desire and Theological Principles” (2000)Quels principes les catholiques doivent-ils observer pour parvenir à la vérité ?— Section I : Quels principes l’Église vous demande-t-elle d’observer ?— Section II : Pourquoi l’Église vous demande d’ajouter foi ou assentiment aux doctrines communément enseignées par ses théologiens— Explication supplémentaire de la part d’un autre théologien (Traduction résumée, par l’abbé Cekada, d’un texte De I. Salaverri SJ intitulé Tractatus de Ecclesia, 3ème éd., Madrid, BAC 1955, pp. 846 et suivantes)— Section III : Les théologiens d’avant Vatican II qui enseignent le baptême de désir et le baptême de sang— Section IV : Conclusions tirées de ce qui précède quant au baptême de désir et au baptême de sang— Section V : Application du principe du Pape Pie IX à l’enseignement de ces théologiens— Section VI : Degré d’erreur et de gravité du péché commis par rejet du baptême de désir et du baptême de sangSource traditionalmass.org : http://www.traditionalmass.org/images/articles/BaptDes-Proofed.pdf

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  • BAPTME DE DSIR ET PRINCIPES THOLOGIQUES (2000)

    par labb Anthony Cekada

    Quels principes les catholiques doivent-ils observer pour parvenir la vrit ?

    Au fil des annes, jai eu plusieurs occasions de rencontrer des traditionalistes lacs ou clercs qui suivaient les enseignements de feu labb Leonard Feeney et du St. Benedict Center relatifs laxiome Hors de lglise point de salut . Ceux qui adhrent entirement la position feeneyite rejettent lenseignement ordinaire de lglise touchant au baptme de dsir et au baptme de sang. Les catholiques ne sont pourtant pas libres de rejeter cet enseignement, car il relve du magistre ordinaire universel de lglise. Pie IX a dclar que les catholiques sont astreints croire tout enseignement que les thologiens considrent comme appartenant la foi et de se soumettre ces formes de doctrine communment tenues pour des vrits et conclusions thologiques . En 1998, jai photocopi des textes sur le baptme de dsir et le baptme de sang que javais extraits des travaux de vingt-cinq thologiens prconciliaires (y compris deux Docteurs de lglise), et jen ai fait un dossier. Naturellement, tous enseignent la mme doctrine. Derrire le rejet de cette doctrine par les feeneyites se cache celui des principes noncs par Pie IX et qui forment la base mme de toute la science thologique. Quiconque rejette ces critres rejette aussi les fondements de la thologie catholique et chafaude une thologie lui, dans laquelle sa propre interprtation des dclarations papales est en tous points aussi arbitraire et idiosyncratique que linterprtation de la Bible par les libre-penseurs baptistes. Il est absolument vain de discuter du baptme de sang et du baptme de dsir avec une telle personne, parce quelle naccepte pas le seul critre daprs lequel doit tre juge une question thologique. On trouvera ci-aprs les notes dun expos que jai fait le 15 juillet 2000 quant aux principes appliquer lorsquon tudie le baptme de dsir et le baptme de sang. On peut se procurer le dossier susmentionn auprs de nos bureaux moyennant une somme modique.

    Section I

    Quels principes lglise vous demande-t-elle dobserver ?

    1. Vous devez croire les enseignements du magistre ordinaire de lglise, quil soit solennel ou universel (Vatican I) A. Principe gnral : - Or, on doit croire dune foi divine et catholique tout ce qui est contenu dans les Saintes critures et dans la tradition, et tout ce qui est propos par lglise comme vrit divinement rvle, soit par un jugement solennel, soit par son magistre ordinaire et universel. (Concile Vatican I, Constitution dogmatique sur la foi catholique, 1870, DZ 1792).

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  • B. Le Code de droit canon impose la mme obligation : Canon 1323.1 C. Par consquent, vous devez croire dune foi divine et catholique ce qui est : 1. contenu dans les critures ou la tradition ; 2. ET propos pour tre cru comme divinement rvl par lautorit de lglise : a. soit par des dclarations solennelles (faites par des conciles cumniques ou par les papes ex cathedra : b. soit par le magistre ordinaire universel (enseignement des vques en union avec le pape, soit en concile, soit dans leurs diocses respectifs). D. Ce nest ni facultatif , ni une question dopinion : - Cela dfinit lobjet de la foi cest--dire ce que vous tes tenu de croire. - En outre, cest de fide definita autrement dit, cest une dclaration infaillible, immuable et solennelle. II. Vous devez croire ces enseignements du magistre ordinaire universel considrs par les thologiens comme tant de foi (Pie IX) - Car, mme sil sagissait de cette mission qui doit se manifester par lacte de foi divine, elle ne saurait tre limite ce qui a t dfini par les dcrets exprs des conciles cumniques ou des pontifes romains de ce Sige apostolique, mais elle doit aussi stendre ce que le magistre ordinaire de toute lglise rpandue dans lunivers transmet comme divinement rvl et, par consquent, qui est retenu dun consensus unanime et universel par les thologiens catholiques, comme appartenant la foi (Tuas Libenter, 1863, DZ 1683). III. Vous devez vous soumettre aux dcisions doctrinales du Saint-Sige et aux autres formes de doctrine communment tenues pour des vrits thologiques et des conclusions (Pie IX). A. Principe gnral - Mais quand il sagit de cette soumission qui oblige en conscience tous les catholiques qui sadonnent aux sciences de lesprit, pour rendre de nouveaux services lglise par leurs crits, les membres de ce congrs doivent reconnatre quil est absolument insuffisant pour des savants catholiques de recevoir et de rvrer les dogmes de lglise dont nous avons parl, mais quil est aussi ncessaire de se soumettre aux dcisions touchant la doctrine qui sont dictes par les congrgations pontificales, ainsi quaux points de doctrine que le consensus commun et constant des catholiques tient pour des vrits thologiques et des conclusions si certaines que les opinions qui leur sont contraires, mme si elles ne peuvent tre dites hrtiques, mritent cependant quelque censure thologique (Tuas Libenter, 1863, DZ 1684).

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  • B. Vous devez donc adhrer : 1. aux dcisions doctrinales des congrgations vaticanes (par exemple, le Saint Office). 2. aux formes de doctrines considres comme : a. des vrits thologiques et des conclusions ; b. si certaines que sy opposer mrite quelque censure thologique, dfaut dtre qualifi d hrtique . IV. Vous devez rejeter, en la matire, les propositions condamnes que voici : A. Les thologiens ont obscurci les principales vrits de la foi (proposition condamne par Pie VI) - La proposition selon laquelle dans ces derniers sicles, a t rpandu un obscurcissement gnral sur des vrits de grande importance relatives la religion et qui sont la base de la foi et de la doctrine morale de Jsus-Christ est HRTIQUE (Auctorem Fidei, 1794, DZ 1501). B. Les catholiques ne sont obligs de croire que ce qui est infailliblement propos comme dogme (proposition condamne par Pie IX) - En consquence, toutes et chacune des opinions drgles et des doctrines rappeles en dtail dans ces Lettres, Nous les rprouvons, proscrivons et condamnons de Notre Autorit Apostolique ; et Nous voulons et ordonnons que tous les fils de lglise catholique les tiennent absolument pour rprouves, proscrites et condamnes (Quanta Cura, 1864, DZ 1699). PROPOSITION CONDAMNE. 22. Lobligation qui concerne les matres et les crivains catholiques, se borne aux choses qui ont t dfinies par le jugement infaillible de lglise, comme des dogmes de foi qui doivent tre crus par tous (Syllabus, 1864, DZ 1722). PROPOSITION CONDAMNE. C. Les encycliques ne commandent pas lassentiment, car les papes ny exercent pas leur pouvoir suprme (proposition condamne par Pie XII). - Et lon ne doit pas penser que ce qui est propos dans les lettres Encycliques nexige pas de soi lassentiment, sous le prtexte que les Papes ny exerceraient pas le pouvoir suprme de leur magistre. Cest bien, en effet, du magistre ordinaire que relve cet enseignement, et pour ce magistre vaut aussi la parole : Qui vous coute, mcoute, et le plus souvent, ce qui est propos et impos par les Encycliques appartient depuis longtemps dailleurs la doctrine catholique (Humani Generis, 1950, DZ 2313).

    Section II

    Pourquoi lglise vous demande dajouter foi ou assentiment

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  • aux doctrines communment enseignes par ses thologiens Traduction rsume, par labb Cekada, du livre du Rv. Pre Reginald-Maria SCHULTES OP intitul De Ecclesia Catholica : Praelectiones Apologeticae (Confrences apologtiques sur lglise catholique), 2me d., Paris, Lethielleux 1931, pp. 667 et suivantes). Cet ouvrage servait aux doctorants en thologie des universit romaines au dbut des annes 1900. Le Rv. Pre Schultes, titulaire du diplme le plus lev en thologie au sein de lOrdre dominicain (magister), tait professeur lUniversit pontificale de lAngelicum, Rome. Les parties signales par des astrisques (*) dont des commentaires de labb Cekada. I. Notions introductives A. Dfinition du thologien : rudit qui, aprs lpoque des Pres de lglise, enseignait scientifiquement la doctrine sacre de lglise . 1. au sein de lglise : en union avec lglise, soit en vertu dune mission spcifique assigne par lglise, soit avec le consentement exprs ou tacite de celle-ci. 2. doctrine : relevant du dogme ou de la morale. B. Types gnraux de thologie : 1. positive : recherchant et exposant le contenu de lcriture et les crits des Pres. 2. scholastique : cherchant comprendre la foi en recourant lcriture, aux crits des Pres, la raison (syllogismes) ou aux principes philosophiques (en expliquant la rvlation, en tirant des conclusions et en formulant des dfinitions. C. * Formation et carrire dun thologien * - Petit sminaire : six ans ; latin et humanits - Philosophie : deux ou trois ans ; logique, mtaphysique, cosmologie, psychologie, critriologie, etc. - Thologie : tudie dans une universit pontificale ; cours dogmatiques, moraux, pastoraux suivis par le clerg ordinaire pendant quatre ou cinq ans (en premire anne, tude des critres permettant de rgler les questions thologiques) ; licence de thologie sacre. Ordination lge approximatif de vingt-cinq ans. tudes de doctorat pendant deux quatre ans. Recherche, dissertation, soutenance publique de dissertation devant les examinateurs dune universit pontificale ; doctorat de thologie sacre. - Dbut de carrire : enseignement des tudiants en licence. Assistance aux recherches des professeurs plus anciens. Recherches personnelles en vue de la rdaction darticles. Publication darticles dans la presse (ces derniers tant soumis la supervision de professeurs plus anciens, la rvision des suprieurs ecclsiastiques et limprimatur.) Rvision de tous ces travaux par des professeurs chevronns.

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  • - Milieu de carrire (en cas de succs jusqualors) : professeur assistant dans une universit pontificale. Slection par un thologien reconnu en vue de co-rdiger un ouvrage ambitieux. Poursuite des recherches, publication darticles dans des journaux (le tout tant soumis la rvision des pairs et une approbation ecclsiastique). - Fin de carrire (en cas de succs jusqualors) : professeur titulaire dans une universit pontificale. Rdaction dun ouvrage considr comme important dans un certain domaine. Poursuite des recherches, publication darticles dans des journaux (le tout tant soumis la rvision des pairs et une approbation ecclsiastique). - Le dessus du panier (seulement les tout meilleurs) : doyen de facult dans une universit pontificale. Rdaction dun ouvrage de thologie dogmatique et morale en plusieurs tomes considr comme un apport remarquable en la matire et utilis dans les sminaires et universits du monde entier. Nomination par le Pape comme consultant auprs des dpartements de la Curie romaine. Invitation rdiger une encyclique ou un texte lgislatif pontifical. Chapeau de cardinal. Canonisation. Attribution du titre de Docteur de lglise . - Conclusion tirer : Les thologiens reconnus comme tant les meilleurs dans leur partie avant Vatican II possdaient, en matire de doctrine catholique, des connaissances et des comptences incommensurablement suprieures celles dun lac ou dun prtre de paroisse. II. Opposants lautorit des thologiens A. Les humanistes (rejetaient les principes surnaturels, mettaient lhomme au centre de lunivers). B. Les protestants (rejetaient les doctrines dfendues par les thologiens) : 1. Luther - Selon lui, la thologie scholastique, ctait lignorance de la vrit et linepte fausset . 2. Mlanchton Selon lui, la thologie scholastique, ctait lvangile obscurci, la foi teinte . C. Les jansnistes (prtendaient que les thologiens obscurcissaient la doctrine rvle ). D. Les modernistes et les rationalistes libraux (rejettent la nature immuable de la vrit). III. Doctrine de lglise ce sujet A. Dclarations des papes 1. Pie VI Condamnation des propositions suivantes du Synode de Pistoia (1794) :

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  • a. lassertion selon laquelle la mthode scholastique ouvre la voie la dcouverte de systmes nouveaux et contradictoires au sujet des vrits du plus grand prix, et enfin elle a conduit au probabilisme et au laxisme (DZ 1576) ; b. des attaques et des invectives contre certaines opinions agites dans les coles catholiques et dont le Sige apostolique na rien dfini, ni prononc (DZ 1578) ; c. proposition selon laquelle dans ces derniers sicles a t rpandu un obscurcissement gnral sur des vrit de grande importance relatives la religion et qui sont la base de la foi et de la doctrine morale de Jsus-Christ : proposition hrtique (DZ 1501). 2. Pie IX Rprobation de ceux qui rejettent les enseignements de la thologie scholastique : - Nous nignorons pas non plus quen Allemagne une opinion fausse sest dveloppe contre lcole ancienne et contre la doctrine de ces minents docteurs que lglise universelle vnre en raison de leur sagesse admirable et de la saintet de leur vie. Par cette fausse opinion lautorit de lglise elle-mme est mise en doute, puisque lglise elle- mme, non seulement a permis, pendant des sicles, que la science thologique soit cultive selon la mthode de ces docteurs et selon les principes consacrs par le consensus reconnu de toutes les coles catholiques, mais a en outre trs souvent accord les plus grands loges leur doctrine thologique et la fortement recommande comme le rempart le plus fort de la foi et comme une arme redoutable face ses ennemis (Tuas Libenter, 1863, DZ 1680). 3. Lon XIII Prescription du recours saint Thomas et ses mthodes. B. Pratique de lglise 1. Condamnation des doctrines contraires lenseignement des thologiens 2. Application de la doctrine et des mthodes scholastiques dans ses dclarations 3. Nomination de thologiens comme Docteurs de lglise (saint Thomas, saint Bonaventure, etc.) C. Le Code de droit canonique - Les professeurs doivent ordonner les tudes de philosophie rationnelle et de thologie, de mme que la formation des lves dans ces disciplines, selon la mthode du docteur Anglique, et s'en tenir religieusement sa doctrine et ses principes (Canon 1366.2). IV. Thse : lenseignement unanime des thologiens en matires de foi et de moral est source de certitude pour ltablissement dun dogme

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  • A. Premire preuve : le lien entre les thologiens et lglise 1. En tant quhommes tudiant la science thologique, les thologiens nont quune autorit scientifique et historique. Mais en tant que serviteurs, organes et tmoins de lglise, ils possdent une autorit la fois dogmatique et certaine. 2. La doctrine de lglise en matires de foi et de morale possde une autorit dogmatique et certaine. (a) Lenseignement unanime des thologiens atteste et exprime la doctrine de lglise, parce que celle-ci accepte lenseignement commun des thologiens comme vritable et comme tant le sien lorsquelle lapprouve tacitement ou expressment. (b) Les thologiens, en tant que ministres et organes de lglise, instruisent les fidles dans les doctrines de la foi. Donc, en fait, tout ce qui est prch, enseign, conserv et cru nest autre que ce que les thologiens proposent et enseignent. 3. Et en raison, par consquent, du lien entre les thologiens et lglise, laccord entre ceux-l et celle-ci sur une doctrine donne revt une autorit la fois dogmatique et certaine, car dans le cas contraire, lglise elle-mme verrait son autorit compromise dans la mesure o elle admettrait, favoriserait ou approuverait la [fausse] doctrine des thologiens. 4. Cette preuve trouve sa confirmation dans le fait que lautorit dogmatique des thologiens est nie par tous ceux et seulement ceux qui, soit nient ou refusent dadmettre lautorit dogmatique de lglise, soit refusent du moins de prendre en compte le lien entre les thologiens et lglise. On ne doit pas stonner que tous les ennemis de lglise ou de la vrit catholique soient galement des ennemis de la thologie catholique. B. Deuxime preuve : faux principes derrire les arguments des opposants - Les opposants rejettent lautorit dogmatique des thologiens : (1) en rompant le lien entre ceux-ci et lglise, ou du moins en niant ou minimisant lautorit dogmatique de lglise elle-mme ; (2) en contestant directement la doctrine catholique que les thologiens proposent et dfendent ; (3) en essayant dintroduire une philosophie errone ou dautres ides fausses incompatibles avec lenseignement de la foi. C. Troisime preuve : les effets - Lenseignement des thologiens, surtout les scholastiques, explique et dfend de manire optimale la doctrine de la foi, engendre et nourrit la foi, soutient et perfectionne la vie chrtienne. Au contraire, lorsque la doctrine des thologiens est abandonne, notamment celle des thologiens scholastiques, il surgit coup sr des erreurs thologiques, mme des hrsies, et la vie chrtienne dprit. Toute lhistoire de lglise en tmoigne, depuis le moyen ge jusqu notre poque. Dun ct, il y a lexplication et llucidation splendides de la doctrine chrtienne par les thologiens scholastiques qui ont pour tche de juger de la vrit de la doctrine thologique , ainsi que la foi et la vie chrtienne exemplaire ; de lautre, il y a les hrsies, les erreurs thologiques, le recul de la vie chrtienne. On en trouve la dmonstration dans lhistoire du protestantisme, du baanisme, du jansnisme et de toutes les coles thologiques de fondation rcente. V. Objections et rponses (objections : Rv. Pre Schultes ; rpliques : abb Cekada)

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  • A. Les thologiens, donc, crent des doctrines. Les thologiens nont pas pour tche de dterminer si telle doctrine est de fide, certaine ou catholique. - Rplique : Les thologiens ne dterminent pas si une doctrine est de fide , certaine ou catholique . Ils se bornent dmontrer, manifester ou attester quune doctrine donne est de fide , certaine ou catholique. B. Mais les thologiens se sont tromps dans le pass Tout au long de lhistoire, les thologiens ont dfendu diverses erreurs, et ils ont diverg entre eux sur de graves questions. - Rplique : Je laisse passer laccusation selon laquelle les thologiens scholastiques se sont tromps sur certaines questions de foi. En revanche, ils nont jamais dfendu unanimement une erreur en la prsentant comme une doctrine de foi. C. Ils ne peuvent pas expliquer de faon certaine la signification de la doctrine dfinie. Les thologiens peuvent attester de faon fiable dune doctrine dfinie par lglise, mais non pas de la signification dune doctrine quils proposent. Cest pourquoi il ne faut voir en eux que des matres privs qui interprtent le dogme et lappliquent selon leur propre philosophie. - Rplique : Les thologiens attestent non seulement du fait quune doctrine est dfinie ou non, mais aussi de sa signification. (a) En dterminant et en expliquant la signification des dogmes, les thologiens sont considrs comme des matres privs quant leurs mthodes (arguments et autres), mais non pas quand ils proposent une doctrine comme tant une doctrine de foi ou de lglise, mme sils expliquent sa signification des personnes recourant dautres ides et formules queux. (b) Lopinion oppose pche manifestement contre lenseignement de lglise relatif lautorit des thologiens. (c) En outre, il est absurde de prtendre que les Pres de lglise et ses thologiens se sont tromps en exposant la signification de la doctrine de la foi. Cette opinion rejoint lerreur jansniste selon laquelle la foi a t obscurcie au sein de lglise. D. * Les thologiens et Vatican II *. Les enseignements des thologiens furent la cause des erreurs doctrinales de Vatican II. Parce que ces thologiens ont err et que nous rejetons leurs enseignements, nous sommes donc galement libres de rejeter les enseignements des thologiens antrieurs eux si ces enseignements nont aucun sens nos yeux . - Rplique : Les thologiens modernistes europens essentiellement responsables des erreurs de Vatican II taient des ennemis de la thologie scholastique traditionnelle et furent censurs ou rduits au silence par lautorit de lglise : Murray, Schillebeeckx, Congar, de Lubac, Teilhard, etc. Lorsque Jean XXIII leva les restrictions qui les tenaient en laisse jusqualors, ils purent rpandre librement leurs erreurs. Si le silence qui leur tait impos auparavant dmontre quelque chose, cest bien la vigilance de lglise contre lerreur pouvant se glisser dans les crits de ses thologiens. E. * Interprtation prive des dclarations magistrielles *. Je pense que les dclarations infaillibles de lglise sont toutes assez claires. Je nai pas besoin dinterprtations ou dexplications de la part des thologiens. Il me suffit de tout prendre au pied de la lettre . - Rplique : Les interprtations et explications bricoles , cest bon pour des protestants, pas pour des catholiques. La thologie est une science qui opre sous lil

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  • vigilant de lglise, et non un concours de bavardage ouvert tout catholique muni dune traduction franaise du Denziger. Comme toute autre science, elle observe des critres reconnus et objectifs dont ses experts se servent pour arriver la vrit sur diverses propositions. Si vous ntes pas form dans cette science, vous navez donc pas venir avec vos propres interprtations de ce qua dclar le magistre. Au mieux, vous passerez pour ignorant ; au pire, vous finirez hrtique.

    Explication supplmentaire de la part dun autre thologien

    Traduction rsume, par labb Cekada, dun texte

    De I. Salaverri SJ intitul Tractatus de Ecclesia, 3me d., Madrid, BAC 1955, pp. 846 et suivantes

    Thse 21. Le consensus des thologiens en matires de foi et de morale est un critre certain de Tradition divine A. Valeur dogmatique de cette thse : 1. Elle relve de la doctrine catholique (lenseignement de Pie IX cit prcdemment) 2. Elle est thologiquement certaine (daprs la pratique du Concile de Trente et de Vatican I) B. Preuve de la thse : 1. Prmisse majeure : Le consentement des thologiens en matires de foi et de morale est si intimement li lenseignement de lglise quune erreur dans le consensus des thologiens conduirait forcment lglise dans lerreur. 2. Prmisse mineure : Mais lglise entire ne peut errer sur la foi et la morale (car lglise est infaillible). 3. Conclusion : Le consensus des thologiens en matires de foi et de morale est un critre certain de Tradition divine. C. Preuves de la prmisse majeure 1. Citation douvrages thologiques. Depuis le huitime sicle, les papes, les vques et autres hirarques enseignent des choses quils tirent de lenseignement des thologiens. 2. Supervision. Entre le douzime et le seizime sicles, lglise a fond, dirig et surveill toutes les coles de thologie. 3. Lgislation. Depuis lpoque du Concile de Trente, les ouvrages thologiques ont t tudis dans des sminaires superviss par les vques et les papes. 4. Consultation. Lglise a recouru aux thologiens en tant que consultants sur des points de doctrine.

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  • 5. Approbation implicite. Lglise approuve implicitement la teneur des ouvrages crits par les thologiens en ne les censurant pas, alors quelle est tenue de les censurer en cas derreurs thologiques. 6. Recommandation. Les crits des diverses coles thologiques sont lous par les papes et prsents comme exemples suivre.

    Section III

    Les thologiens davant Vatican II qui enseignent le baptme de dsir et le baptme de sang

    Tir dun dossier de 122 pages comprenant des textes phocopis

    Le tableau ci-aprs contient une liste de thologiens davant Vatican II qui enseignent le baptme de dsir (desiderii, flaminis, in voto, etc.) et le baptme de sang (sanguinis, martyrii, etc.), assortie dun renvoi par page au dossier photocopi que jai constitu. Deux dentre eux saint Alphonse de Liguori et saint Robert Bellarmin sont des Docteurs de lglise. On trouve aussi beaucoup dautres thologiens dans ce cas. Ma bibliothque personnelle ntait compose que de leurs uvres. Le tableau indique galement la catgorie thologique (ventuelle) que chaque thologien a assigne au baptme de sang et au baptme de dsir. En thologie, cette catgorie (appele aussi note thologique, qualification , etc.) indique quel point un enseignement est proche des vrits que Dieu a rvles et quIl nous astreint croire, que cet enseignement soit thologiquement certain , une doctrine catholique , de fide , etc. (Certains thologiens se contentent denseigner les doctrines sans leur assigner de catgorie.)

    Tableau de catgories thologiques

    Thologien Page du CatgorieThol. Catgorie Thol. ou canoniste dossier 1. Abarzuza 2 de fide, tholog. certaine tholog. certaine 2. Aertnys 7 de fide enseigne 3. Billot 10-20 enseigne enseigne 4. Cappello 23 enseigne certaine 5. Coronata 28 de fide enseigne 6. Davis 32 enseigne enseigne 7. Hermann 35 de fide appartient la foi 8. Herv 38 tholog. cert. Au moins tholog. certaine 9. Hurter 44 enseigne enseigne 10. Iorio 47 enseigne enseigne 11. Lennerz 49-59 enseigne enseigne 12. Liguori 61-62 de fide enseigne 13. McAuliffe 67 doctrine catholique enseignement certain 14. Merkelbach 71 certaine certaine 15. Noldin 74 enseigne enseigne

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  • 16. Ott 77 fidei proxima fidei proxima 17. Pohle 81 doctrine catholique doctrine certaine 18. Prmmer 89 de fide doctrine constante 19. Regatillo 91, 96 de fide enseigne 20. Sabetti 98 enseigne enseigne 21. Sola 102 fidei proxima tholog. Certaine 22. Tanquerey 107, 111 certaine certaine 23. Zalba 114 enseigne enseigne 24. Zubizarreta 118 enseigne enseigne 25. Bellarmin 120 enseigne enseigne Rsum des catgories thologiques Baptme de dsir Baptme de sang Enseignement commun des doctrines 25 (tous) 25 (tous) Thologiquement certain, certain 3 8 Doctrine catholique, constante 2 1 Fidei proxima, appartient la foi 2 2 De fide (de foi) 7 0

    Section IV

    Conclusions tires de ce qui prcde quant au baptme de dsir et au baptme de sang

    1. Ces vingt-cinq thologiens enseignent le baptme de sang et le baptme de dsir, et

    aucun ne rejette lenseignement correspondant lun ou lautre, do il ressort que ces deux doctrines sont soutenues par consentement mutuel.

    2. Certains thologiens qualifient les deux doctrines de thologiquement certaines. 3. Certains thologiens classent les deux doctrines comme tant des doctrines

    catholiques. 4. Certains thologiens classent les deux doctrines comme tant de fide (de foi).

    Section V

    Application du principe du Pape Pie IX

    lenseignement de ces thologiens 1. Principe gnral (cf. Pie IX ; voir section I, parties II et III ci-dessus) : Tous les catholiques sont tenus dadhrer un enseignement si les thologiens catholiques le soutiennent soit par consentement mutuel, soit de fide, soit comme doctrine catholique, soit comme thologiquement certain. 2. Cas particulier (cf. les sections III et IV ci-dessus ; voir dossier) : Mais les thologiens catholiques nen soutiennent pas moins lenseignement sur le baptme de dsir et le baptme de sang soit par consentement mutuel, soit de fide, soit comme doctrine catholique, soit comme thologiquement certain. 3. Conclusion (1 + 2) :

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  • Par consquent, tous les catholiques sont tenus dadhrer lenseignement sur le baptme de dsir et le baptme de sang.

    Section VI

    Degr derreur et de gravit du pch commis par rejet du baptme de dsir et du baptme de sang

    Chaque catgorie thologique est assortie dune censure thologique exprimant le degr derreur et de pch commis par quiconque a dchu en niant un enseignement qui relve de ladite catgorie. On trouvera ci-dessous lindication des diverses catgories que les thologiens attribuent au baptme de dsir et au baptme de sang, ainsi que les censures correspondantes et une note sur la gravit du pch commis. Les thologiens catgorisent Votre degr derreur Gravit du pch les enseignements sur les (la censure) si vous niez commis contre la Foi baptme de dsir et de sang lenseignement : si vous niez comme appartenant aux lenseignement : catgories suivantes : Thologiquement certain Erreur thologique Pch mortel Commis indirectement contre la foi Doctrine catholique Erreur dans la doctrine Pch mortel Catholique Commis indirectement contre la foi De fide Hrsie Pch mortel Commis directement Contre la foi

    Section VII

    Conclusion gnrale

    Tous les catholiques sont tenus dadhrer lenseignement commun sur le baptme de sang et le baptme de dsir. Selon les normes exposes ci-dessus, la position feeneyite constitue soit une erreur thologique, soit une erreur dans la doctrine catholique, soit encore une hrsie. Les catholiques qui adhrent la position feeneyite sur le baptme de dsir et le baptme de sang commettent un pch mortel contre la foi.

    _______ Source traditionalmass.org : http://www.traditionalmass.org/images/articles/BaptDes-Proofed.pdf

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