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Acquis de la crise rizicole : politiques pour la sécurité alimentaire en Afrique Ar f caR ce A f ric a R ic e C e n t e r C e n t r e d u ri z p o u r lA f r i q u e CGIAR

Acquis de la crise rizicole : politiques pour la sécurité ... from the rice crisis-fr.pdf · élaboré une stratégie en vue de la redynamisation du secteur rizicole au Nigeria

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Acquis de la crise rizicole :politiques pourla sécurité alimentaire en Afrique

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Centre

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CGIAR

Sommaire

Une longue tradition de politique de recherche 1

De nouveaux défis : 2006–2007 5

La tempête fait rage : la crise des prix des denrées alimentaires 9

Et que réserve le futur ? 14

États membres d’AfricaRice et pays où AfricaRice a effectué des travaux sur les politiques

Pays membres d’AfricaRice

Pays couverts par des activités de politiques et d’impact

Pays non membre d’AfricaRice

Pays membres d’AfricaRicePays couverts par des activités de politiques et d’impactPays non membres d’AfricaRice

iPolitiques pour la sécurité alimentaire en Afrique

Acquis de la crise rizicole :politiques pourla sécurité alimentaire en Afrique

Afric

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Centre

du riz pourl’A

frique

A r f caR ce

Centre du riz pour l’Afrique (AfricaRice)01 B.P. 2031 Cotonou, BéninTéléphone : (229) 21 35 01 88Fax : (229) 21 35 05 56 Courriel : [email protected]

2011

Acquis de la crise rizicoleii

© Centre du riz pour l’Afrique (AfricaRice) 2011

AfricaRice exhorte les lecteurs à faire un bon usage de cet ouvrage. Une citation correcte est requise. Les désignations utilisées dans la présentation du matériel de cette publication n’impliquent pas l’expression de quelque opinion que ce soit de la part du Centre du riz pour l’Afrique (AfricaRice) concernant le statut juridique d’un pays, territoire, ville ou zone ou de ses autorités ou concernant la délimitation de ses frontières.

Citation

Centre du riz pour l’Afrique (AfricaRice). 2011. Acquis de la crise rizicole : politiques pour la sécurité alimentaire en Afrique. Cotonou, Bénin: ii+26 pp.

ISBN

978-92-9113-349-9 (imprimé)

978-92-9113-350-5 (pdf)

Texte :Guy Manners

Impression :Pragati Offset Pvt Ltd, Hyderabad, Inde.

Crédits photo

Toutes les photos sont l’œuvre du personnel du Centre du riz pour l’Afrique.

1Politiques pour la sécurité alimentaire en Afrique

Une longue tradition de politique de recherchePendant plus de 25 ans depuis les années 1980, le Centre du riz pour l’Afrique (AfricaRice) et ses États membres ont lutté contre les prescriptions politiques découlant des programmes d’ajustements structurels en promouvant la production de riz local en Afrique de l’Ouest. Un des piliers des politiques d’ajustement structurel, qui ont été appliquées dans la sous-région, a été la réduction des investissements dans la riziculture, probablement parce que cette denrée n’était pas considérée comme une culture vivrière traditionnelle en Afrique et peut-être parce que le riz importé était peu coûteux. Cependant, elles n’ont pas tenu compte de la longue tradition rizicole dans la sous-région notamment dans la région côtière (Gambie, Guinée Bissau, Guinée, Sierra Leone, Liberia et l’Ouest de la Côte d’Ivoire), où le riz était historiquement la principale culture vivrière et représentait 46 %–85 % de la consommation de céréales dans les années 1960.

AfricaRice a été créé en 1971 à l’aube de la révolution verte en Asie, en vue d’importer les technologies de la révolution verte en Afrique de l’Ouest. Le fait que la révolution verte asiatique a failli en Afrique constitue l’une des plus importantes frustrations des 40 dernières années depuis l’avènement d’AfricaRice. À l’orée du millénaire, AfricaRice adopta une approche holistique relative à la politique rizicole, rassemblant les acteurs de la filière riz issus de différents ministères (et pas uniquement ceux de l’Agriculture) et de tous les « maillons » de ce qu’on appelle à présent la chaîne de valeur. Une des premières activités a été un projet de deux ans sur le secteur rizicole financé par l’USAID, avec pour objectif la formulation d’une stratégie pertinente et viable sur le plan économique pour l’économie rizicole du Nigeria. Le Nigeria avait été choisi comme étude de cas car il s’agit du pays le plus peuplé en Afrique de l’Ouest avec une consommation de riz (alors et aujourd’hui) qui croit très rapidement. Il s’agit d’un microcosme de la sous-région qui couvre une vaste superficie et qui inclut toutes les écologies rizicoles potentielles, il a connu un contexte

Étude du secteur rizicole du NigeriaLe projet intitulé « Économie rizicole du Nigeria dans un monde compétitif : contraintes, opportunités et choix stratégiques » a élaboré une stratégie en vue d’améliorer la compétitivité de la riziculture au Nigeria par la recherche et le dialogue politique. Le projet a utilisé le dialogue politique et la consultation avec les partenaires pour développer une vision partagée des enjeux relatifs au développement de la riziculture et formuler la stratégie voulue. Le projet avait deux objectifs principaux : (1) renforcer la capacité du secteur rizicole nigerian en vue de concurrencer le riz importé en termes de qualité et de prix, et (2) augmenter la part de marché du riz local au Nigeria.Le document de stratégie final a émis un certain nombre de recommandations sous les titres :• Agriculture et politique de commercialisation du riz, notamment la protection du riz local• Amélioration de la gestion de la qualité tout au long de la chaîne de valeur du riz • Amélioration de l’efficacité tout au long de la chaîne de valeur • Renforcement du dialogue politique entre les acteurs et le gouvernement y compris l’établissement d’un

forum national des acteurs de la riziculture.Par conséquent, les acteurs nigerians de la riziculture ont créé l’Alliance rizicole du Nigeria et le gouvernement fédéral a encouragé l’ouverture d’un débat sur la réforme politique. Les politiques mises en œuvre ont inclus l’augmentation des taxes à l’importation de 100 % en 2003 et de 150 % en 2005, tout en maintenant les subventions gouvernementales des engrais et autres intrants agricoles. De plus, 400 millions de dollars américains ont été décaissés en vue de relancer la production agricole, notamment le riz. Les donateurs ont également tenu compte des recommandations dans leurs projets.

Acquis de la crise rizicole2

de politiques rizicole mouvementé des années 1970 à 1990. En 2003, AfricaRice a élaboré une stratégie en vue de la redynamisation du secteur rizicole au Nigeria.

Au cours de la période 2000–2006, AfricaRice a également conduit une revue générale des questions liées à la politique en Afrique de l’Ouest, le plus souvent en appliquant un outil connu sous l’appellation Matrice d’analyse de politiques (MAP), entretenu par la banque de données de statistiques rizicoles d’Afrique de l’Ouest à partir de laquelle sa publication phare Tendances rizicoles est élaborée régulièrement. AfricaRice a également examiné l’efficience du marché rizicole, et étudié la compétitivité du secteur rizicole dans les pays suivants : Bénin, Côte d’Ivoire, Guinée, Nigeria et Sénégal. Une grande partie de ces recherches et données connexes apporteront un aperçu inestimable sinon essentiel sur les événements futurs.

Recherche collaborative« Lorsqu’il s’agit des travaux sur les politiques, AfricaRice n’a qu’une petite équipe », affirme Aliou Diagne, Chef du programme Politique, systèmes d’innovation et évaluation d’impact. « Nous travaillons toujours avec les partenaires nationaux, car il s’agit de l’unique moyen de couvrir tout le continent ».

Renforcement des capacités Renforcer les capacités des organisations et des individus afin qu’ils mènent leurs travaux de façon efficace et efficiente fait partie intégrale de la majorité des projets d’AfricaRice. Pendant plusieurs années, le secteur agricole a été sous-financé en Afrique subsaharienne si bien que

plusieurs Systèmes nationaux de recherche agricoles (SNRA) ont vieilli et vu leurs effectifs décliner, du fait du manque de jeunes chercheurs qualifiés qui devraient remplacer « la vieille garde » lors de son départ. Ainsi, plusieurs activités mentionnées dans ce livret impliquent la formation intensive, y compris l’élaboration de questionnaires et l’administration d’enquêtes, la manipulation du tableur sur l’Initiative d’urgence sur le riz (ERIS) en vue d’orienter les stratégies d’amélioration

Chantal Ingabire boursière de l’Institut rwandais de recherche agricole (ISAR) – à gauche avec les membres de l’Unité d’évaluation d’impact Florent Kinkingninhoun et Perpetue Kouamé – a passé trois mois au siège d’AfricaRice pour s’initier à l’utilisation du logiciel d’analyses de données et effectuer l’analyse des résultats d’une enquête sur les contraintes de la production rizicole au Rwanda

3Politiques pour la sécurité alimentaire en Afrique

de la production, la construction et la gestion des exploitations de même que les équipements de transformation et tout « simplement » une meilleure « manipulation » du riz pour assurer la qualité du grain.

En vue d’aborder la question de la diminution des ressources humaines dans les SNRA, AfricaRice possède une longue tradition de collaboration avec les universités à la fois au sein et hors de son mandat géographique. La liste des stagiaires post-master et des formations données peut être consultée dans les annexes des rapports annuels du Centre.

Depuis la délocalisation temporaire du siège du Centre à Cotonou, Bénin, le programme de politique a développé des liens forts informels avec la faculté des sciences agronomiques de l’université d’Abomey-Calavi également située à Cotonou. Prof. Gauthier Biaou explique que les étudiants qui souhaitent travailler sur le riz au sein de la faculté sont soit mis en contact avec

Le modèle de renforcement des capacités d’AfricaRiceLa philosophie d’AfricaRice relative au renforcement des capacités est étroitement liée à son approche de recherche et développement dans la région, il s’agit de renforcer les SNRA (et autres partenaires) afin qu’ils puissent mener une grande partie des travaux de recherche et de développement. Par conséquent, le modèle de renforcement des capacités est une combinaison des éléments suivants : • AfricaRice ne met pas en œuvre directement dans les pays – c’est le rôle des SNRA• AfricaRice fournit un support technique de même que la formation • Le Centre organise tous les ans un atelier de formation d’une ou deux semaines sur l’analyse des

politiques et l’évaluation d’impact• AfricaRice met au point des outils logiciels en vue d’automatiser le traitement et l’analyse de données

collectées par les SNRA • Le programme de chercheur-visiteur du Centre implique les chercheurs des SNRA, il a pour objectif

de les former et de les outiller pour leurs travaux ; les chercheurs analysent leurs propres données et élaborent eux-mêmes les rapports de leurs pays (ils restent généralement six semaines à AfricaRice), alors qu’AfricaRice se focalise sur les analyses comparées entre pays et les rapports de synthèse

• AfricaRice facilite les liens entre les universités et les SNRA en vue d’offrir aux étudiants une « expérience réelle » dans le monde de la recherche.

Atelier de formation sur l’évaluation d’impact, juin 2011

Acquis de la crise rizicole4

AfricaRice, soit avec l’Institut national de recherches agricoles du Bénin (INRAB). Les étudiants impliqués dans cette collaboration poursuivent une formation en licence ou des études de troisième cycle comme le Diplôme d’études approfondies (DEA). À AfricaRice, Aliou Diagne définit le programme de thèse et est aussi impliqué dans le développement du protocole de recherche avec Biaou et l’étudiant. Diagne ainsi qu’un professeur de la faculté supervisent les travaux de thèse. « Nous avons au début de chaque année entre un et trois programmes de thèse avec AfricaRice », a ajouté Biaou. De nombreux étudiants leur DEA obtenu, ont l’opportunité d’effectuer un stage de six mois à AfricaRice en vue d’être formés avant d’entreprendre des études doctorales. « Un certain nombre de nos étudiants choisissent de poursuivre leurs études aux États-Unis » affirme Biaou.

AfricaRice entretient des relations similaires avec l’Université d’Ibadan, Nigeria, l’Université Gaston Berger, Saint-Louis, Sénégal, et l’Université de Lomé, Togo.

5Politiques pour la sécurité alimentaire en Afrique

Tendances historiques et estimations de la production de riz usiné et de la consommation de riz en Afrique jusqu’en 2020 (Note : les données estimées sont basées sur les tendances précédant l’année 2008, c.-à-d. avant la relance de la production suite à la première crise des prix du riz)

De nouveaux défis : 2006–2007

Nouveau DG : nouvelle visionEn 2006, l’agro-économiste, Papa Abdoulaye Seck, fut nommé Directeur général d’AfricaRice. Il apporta, entre autres, une solide expérience en terme de plaidoyer en faveur des politiques, ayant été Directeur général de l’Institut sénégalais de recherches agricoles

(ISRA) et conseiller technique du Premier ministre du Sénégal, président du Forum pour la recherche agricole en Afrique (FARA) et membre du Conseil d’administration du Conseil ouest et centre africain pour la recherche et le développement agricoles (CORAF/WECARD).

Seck était déjà préoccupé par l’état du secteur rizicole africain, et entama immédiatement une revue des travaux passés et en cours sur les politiques. Il fut évident pour un agro-économiste expérimenté comme Seck que des changements considérables se profilaient à l’horizon dans les principaux pays asiatiques exportateurs de riz, et que les prix du riz sur le marché international pourraient significativement augmenter. Il a travaillé en étroite collaboration avec le programme des politiques du Centre en vue de distiller et de formater des messages incontournables découlant de la recherche et des signaux des marchés internationaux. Ce formatage a pris la forme d’articles synthétiques basés sur les preuves, de brèves politiques et de messages simples facilement compréhensible pour les preneurs de décision de haut niveau et la population (voir Encadré : Messages clés distillés, page 6).

La position unique et privilégiée d’AfricaRiceAfricaRice est unique parmi les membres du Consortium des centres internationaux de recherche agricole et reste une association intergouvernementale d’États africains. En cette qualité, la plus

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Acquis de la crise rizicole6

Messages clés distillés• Le riz est devenu indispensable pour la sécurité alimentaire et la stabilité politique à travers toute

l’Afrique, notamment en Afrique de l’Ouest. Pendant plusieurs décennies, le riz a connu le taux de croissance de la consommation le plus rapide parmi toutes les cultures vivrières, cela est en grande partie dû à la croissance importante de la demande dans les centres urbains. Toutefois, entre 40 % et 80 % du riz consommé sur le continent a été importé. Outre le fait qu’il s’agit d’une culture importante sur le plan mondial, seul 7 % de la production mondiale est commercialisée. Les signaux du marché impliquaient des changements considérables et majeurs dans les principaux pays exportateurs de riz en Asie. Par conséquent, la dépendance de l’Afrique sur le marché international reste une stratégie très risquée si l’approvisionnement du marché mondial venait à prendre fin, il y aurait des répercussions politiques importantes du fait du nombre de personnes – notamment dans les villes – qui consomment le riz quotidiennement.

• La recherche a montré que le potentiel de production de la riziculture sur le continent est supérieur aux niveaux de consommation et que le riz local peut être compétitif. Bien que les rendements agrégés suggèrent que les rendements rizicoles sont plus faibles en Afrique qu’en Asie, une étude plus précise des rendements par écologie et par saison suggère que les rendements rizicoles en Afrique sont au moins aussi élevés que ceux en Asie. De plus, l’Afrique dispose de considérables ressources naturelles non exploitées sous la forme de terres et d’eau – des ressources qui se raréfient dans d’autres parties du monde telles que l’Europe, l’Asie et l’Amérique du Nord. Bien que le riz local a pendant longtemps souffert de la réputation selon laquelle il est de mauvaise qualité, de nombreux consommateurs préfèrent son goût à celui des variétés importées. Si les normes de qualités sont respectées, de nombreux consommateurs sont prêts à payer un supplément pour les variétés locales.

• Les technologies rizicoles – variétés et techniques de gestion des cultures – sont disponibles en Afrique. Bien qu’il ne soit pas l’acteur principal dans ce secteur, AfricaRice a pendant 40 ans mis au point de nouvelles variétés adaptées aux écologies rizicoles africaines et a peaufiné les modèles de gestion des cultures pour les différentes écologies rizicoles.

En comparant les écologies, les rendements du riz en Afrique ne sont pas significativement différents de ceux d’Asie, comme l’illustre une sélection de rendements de riz irrigué nationaux

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haute autorité de supervision du Centre reste le Conseil des ministres de l’Agriculture de tous ses États membres. Cette disposition donne à AfricaRice un accès incomparable aux plus hautes instances de prise de décision des gouvernements africains.

Tournée de plaidoyer et réunions de haut niveau Seck n’a pas tardé à alerter les États membres de la forte probabilité de l’imminence d’une crise des prix du riz.

Dès sa prise de fonction, il initia une tournée dans les États membres en vue de les prévenir de la tempête prochaine. Lors de ces visites, il rencontra les ministres de l’Agriculture et dans certains cas, les chefs de cabinets des Premiers ministres et Présidents.

En juin 2007, Seck lance un atelier de deux jours du Groupe de recherche sur les politiques et le plaidoyer en Afrique (APRAG) – une plateforme régionale de plaidoyer et de recherche sur les poli tiques rizicoles créée par les experts en politique rizicole, y compris AfricaRice en 2005. Un com muniqué de presse publié à l’issue de l’atelier intitulé « Les économistes tirent la sonnette d’alarme sur la crise rizicole imminente en Afrique », a été relayé par les médias régionaux et internationaux.

La réunion statutaire biennale du Conseil des ministres tenue à Abuja, Nigeria en septembre 2007 a été la tribune à laquelle Seck a présenté son message à tous les États membres d’AfricaRice

Les réunions du Conseil des ministres et la tournée de plaidoyer du Directeur général Papa Seck ont attiré l’attention des médias locaux et internationaux

Acquis de la crise rizicole8

dans une communication intitulée « Crise rizicole en Afrique : mythe ou réalité ? » Dans cette présentation, il a non seulement prévenu les ministres de l’imminence de la crise, mais les a également exhorté à transformer cette crise en opportunité (voir Encadré : Transformer cette crise en opportunité, page 9).

Un engagement renouvelé dans la recherche et le développement rizicole Le statut d’Association du Centre du riz pour l’Afrique signifie que le Centre est la propriété des États membres. Dans cette perspective, les États membres ont une obligation statutaire de soutenir les travaux du Centre par une cotisation financière annuelle ou une subvention. Cette obligation a été ignorée ou considérée comme non prioritaire par de nombreux États membres pendant plusieurs années. Toutefois, suite à la visite du DG et à ses efforts de plaidoyer, les cotisations annuelles des États membres ont été multipliées par 10 sur la période 2007–2008 comparé à la contribution moyenne sur la période 2001–2006. Plusieurs États membres ont pris des mesures en vue de régler les arriérés de cotisation et promirent de payer leur cotisation annuelle à l’avenir. Le fait que des pays tels que le Niger et le Tchad, qui font partie des pays les plus pauvres, ont payé la majeure partie (pour ne pas dire l’intégralité) de leurs arriérés de cotisations à AfricaRice démontre l’engagement croissant au plus haut niveau politique de ses actionnaires dans la recherche rizicole pour le développement au plus haut niveau politique, et de la valeur qu’ils confèrent aux résultats de recherche et au plaidoyer d’AfricaRice.

9Politiques pour la sécurité alimentaire en Afrique

La tempête fait rage : la crise des prix des denrées alimentaires

Un homme averti en vaut deuxLa réaction immédiate à l’alerte fut mitigée. Malgré le volume considérable des importations de riz du Sénégal et l’immense potentiel de la vallée du fleuve pour la production rizicole, les avertissements d’AfricaRice n’ont pas été « pris au sérieux », affirme Taïb Diouf, conseiller du ministre de l’Agriculture et ancien Directeur général de l’ISRA. Toutefois, le pays a rapidement réagit en lançant sa Grande offensive agricole pour la nourriture et l’abondance (GOANA) le 18 avril 2008 comme réponse directe à la crise qui a touché de plein fouet le pays fin 2007.

À l’autre bout du spectre, le Bénin « depuis 2006 avait pressenti l’imminence d’une crise et mis en place des programmes de production rizicoles », a déclaré Cyriaque Akakpo, Directeur adjoint et chef du programme riz à l’INRAB. Des liens ont été établis par un accord signé entre l’Initiative africaine sur le riz (ARI) abritée par AfricaRice et Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit (GTZ) en vue d’accroître la production de riz usiné pour atteindre 600 000 tonnes en 2015.

Quant au Nigeria, il avait déjà capitalisé les résultats de la recherche d’AfricaRice entreprise au début des années 2000. En 2003, le gouvernement fédéral à lancé une initiative présidentielle – en vue d’accroître la production, la transformation et les exportations rizicoles – qui a réintroduit le soutien direct aux paysans sous la forme de subventions d’intrants agricoles (semences, engrais, produits agrochimiques, équipements agricoles et de transformation), a réhabilité et amélioré les infrastructures d’irrigation, adopté le NERICA 1 pour les plateaux. En outre, cette initiative a lancé une campagne de sensibilisation à l’intention des producteurs et transformateurs sur le potentiel du riz local et établit des taxes à l’importation pour décourager les importations de riz et mobiliser des fonds pour la recherche rizicole. L’Initiative avait pour objectif une production autosuffisante à l’horizon 2005. Bien que cet objectif n’ a pas été atteint, des progrès ont été faits pendant cette initiative avant que la crise ne survienne en 2007–2008.

Transformer cette crise en opportunitéLors de la réunion du Conseil des ministres tenue à Abuja, en septembre 2007, le Directeur général d’AfricaRice Pape Seck, a exhorté les États membres à faire de cette crise rizicole imminente une opportunité en vue d’assurer l’autosuffisance du continent en terme de production rizicole. Les recommandations spécifiques étaient les suivantes : • Créer une législation semencière et inciter l’implication du secteur privé dans l’approvisionnement et la

commercialisation de semences ; • Réduire les taxes à l’importation sur les petites exploitations et les équipements de transformation ; ce

qui peut accroître l’efficience des travaux des riziculteurs et améliorer la qualité du grain ; • Collaborer pour réduire les prix des engrais – les engrais en Afrique coûtent 2 à 6 fois plus cher que ceux

en Asie et en Europe ; • Renforcer les capacités de recherche, de vulgarisation, de transformation et de commercialisation ;• Promouvoir l’utilisation à grande échelle des variétés NERICA de plateau et de bas-fond ;• Accroître de façon significative la part des variétés à haut rendement dans la riziculture irriguée et de

bas-fonds.

Acquis de la crise rizicole10

La réaction d’AfricaRice Lorsque la crise annoncée frappe fin 2007 et en 2008, la réponse immédiate d’AfricaRice fut de mettre en place une Initiative d’urgence sur le riz (ERI), qui fut présentée en mars 2008 à l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) par Seck et le Directeur général adjoint. La FAO a approuvé ERI dans le cadre de son initiative sur la Flambée des prix des denrées alimentaires et appuyé AfricaRice pour l’organisation rapide d’un atelier de planification visant à assister les États membres dans l’élaboration de propositions concrètes en vue d’augmenter la production locale de riz en 2008 et 2009. L’atelier de formulation du programme ERI a été tenu au siège d’AfricaRice à Cotonou, du 9 au 12 juin 2008, avec l’appui technique de la FAO, du Centre international pour la fertilité des sols et le développement agricole (IFDC) et du Secours catholique (CRS). Parmi les participants figuraient la Banque africaine de développement (BAD), la Banque ouest africaine de développement (BOAD), le Département américain de l’Agriculture (USDA), et le Fonds international de développement agricole (FIDA).

Deux projets majeurs ont résultés de cet atelier. Le premier projet, d’une durée de deux ans, était intitulé « l’Initiative d’urgence pour la relance de la production rizicole » au Ghana, Mali, Nigeria et Sénégal. Cette initiative financée par l’USAID a assisté 56 420 producteurs dans ces quatre pays en améliorant l’accès aux semences de variétés améliorées et engrais subventionnés, et en promouvant des méthodes améliorées de gestion des cultures. Les partenaires du projet étaient le CRS, l’IFDC et les organisations de recherche et de vulgarisation nationales. L’approche « bon d’achat semences » et de « foire aux semences » a été utilisée pour faciliter l’accès aux semences. Les producteurs ont également été formés en utilisant des vidéos en langue locales dans toutes les zones d’intervention du projet. Dans les quatre pays, en 2010, les paysans ont produit 51 279 tonnes de riz de plus qu’en 2008 ; par ailleurs, leurs coûts de production ont connu une baisse pendant les deux années du projet.

Le second projet majeur « Amélioration de l’accès aux semences de riz et établissement d’un système de données rizicoles pour l’Afrique subsaharienne » – aussi connu comme le Projet d’urgence sur le riz – a été financé par le gouvernement japonais en tant que projet court d’une année.

Semences de variétés améliorées de riz au Malawi dans le cadre du volet semence du projet ERI financé par le Japon

11Politiques pour la sécurité alimentaire en Afrique

La composante semence avait pour objectif de fournir des semences de riz de qualité à au moins 2 500 producteurs vulnérables dans les 20 pays ciblés en Afrique de l’Ouest, de l’Est et australe.

Le projet a produit au total 106,9 tonnes de semences de base de 29 variétés dans les 20 pays et 668,4 tonnes de semences certifiées soit une moyenne de plus de 30 tonnes par pays. L’équipe du projet (chercheurs d’AfricaRice et coordonnateurs des SNRA) a directement formé 562 personnes, dont 190 femmes, à la production de semences de qualité, principalement les techniciens et agents de vulgarisation des SNRA, ONG et des compagnies semencières privées. Au niveau institutionnel, la composante semence a travaillé avec 73 organisations – 20 SNRA, 11 compagnies semencières, 19 revendeurs d’intrants et 23 ONG – fournissant à un total de 58 226 paysans vulnérables des semences de riz de qualité pour une amélioration de la production. Parallèlement, la composante statistiques rizicoles a impliqué les SNRA et les services nationaux de statistiques agricoles (NASS) des 21 pays membres de la Coalition pour le développement de la riziculture en Afrique (CARD)1 en vue de collecter un ensemble important de données et informations rizicoles détaillées à partir d’échantillons représentatifs sur le plan national.

Statistiques rizicoles – qualité des données Les données agricoles peuvent s’avérer difficiles à collecter. Toutefois, la disponibilité d’informations fiables et détaillées sur la production, transformation et consommation agricole reste indispensable lors de l’élaboration de politiques et plans de développement agricole, notamment au niveau national en vue d’accroître la disponibilité générale des denrées alimentaires sur le marché. En décembre 2007, AfricaRice a lancé une initiative en vue d’améliorer la disponibilité des statistiques et informations rizicoles fiables et pertinentes requises pour une recherche rizicole de qualité, la formulation de politiques basée sur les preuves et le suivi et évaluation des investissements rizicoles en Afrique subsaharienne. La collecte et l’analyse de données constituent une discipline spécialisée et la plupart des pays ont des services nationaux de statistiques. Les 21 États membres de la CARD qui ont été identifiés pour être couverts par cette initiative ne font pas exception, et AfricaRice a joué un rôle central dans le rapprochement du personnel des SNRA et des NASS pour collaborer dans l’éxécution de cette activité, parfois pour la première fois.

Statistiques rizicoles au Nigeria : une collaboration sans précédentLe Nigeria cultive une large gamme de cultures vivrières et de rentes, dont le riz qui est le secteur et la culture vivrière avec la plus forte croissance de la consommation, en particulier pour les populations urbaines. Le riz est cultivé au Nigeria dans presque toutes les zones agro écologiques, des écologies de mangroves et marécageuses du delta du fleuve Niger dans les zones côtières aux zones arides au nord du Sahel. La superficie de terres utilisées pour la riziculture s’est accrue passant de 150 000 hectares dans les années 1960 à près de 1,8 million d’hectares actuellement.2

AfricaRice a été en mesure de rassembler les quatre acteurs clés portant un intérêt particulier pour les statistiques agricoles au Nigeria – l’Institut national de recherche sur les céréales/National Cereals Research Institute (NCRI), le Bureau national des statistiques/National Bureau of Statistics (NBS), l’Institut nigerian pour la recherche en science économiques et sociales/Nigeria Institute for Social and Economic Research (NISER), et le Département de l’économie agricole/Department of Agricultural Economics, de l’Université d’Ibadan. Ces quatre organisations ont formé en 2008 le Réseau d’information et de statistiques rizicoles et ont constitué le groupe de travail technique pour le projet statistique. Les fonds alloués au Nigeria ; soit 93 000 US$ issus du financement japonais étaient insuffisants pour couvrir les 36 États du pays. Toutefois, le BNS a porté un tel interêt à cette première étude relative à une culture qu’il a fourni 50 000 $ afin que l’étude soit menée sur tout le territoire. Les résultats de l’étude ont été publiés dans un livret en 2010.2

Acquis de la crise rizicole12

Avec les financements du gouvernement japonais dans le cadre de ERI (voir La réaction d’AfricaRice ci-dessus), AfricaRice a été en mesure de faciliter les ateliers de renforcement des capacités statistiques pour guider les SNRA et NASS dans la conception et les activités de collecte d’informations détaillées et fiables et spécifiques à une culture. Après une revue des méthodes utilisées à travers les 21 pays, les participants ont été encouragés à adopter de nouveaux cadres méthodologiques et d’échantillonage en vue de l’harmonisation des données visant à simplifier l’exercice d’agrégation et d’analyse comparée des données régionales.

La conséquence directe de ces efforts a été la disponibilité d’un ensemble de données pour 20 pays participants, et la base de données compilée se trouve à AfricaRice. Ces données offrent non seulement un aperçu détaillé des secteurs rizicoles des pays à un moment donné, mais fourniront une base solide pour l’analyse des tendances futures alors que les pays continuent d’accroître la production domestique dans la poursuite de l’atteinte à l’autosuffisance alimentaire.

Le tableur ERIS Le tableur sur l’Initiative d’urgence sur le riz (ERIS) v1.0 a été mis au point par AfricaRice avant l’atelier de formulation de ERI en vue d’aider les États membres à analyser leur production de riz et leurs besoins en intrants. ERIS est conçu pour permettre de calculer les gains de rendement potentiels ainsi que les besoins associés en engrais et semences. Il permet d’anticiper les gains de production dans les principales régions rizicoles du pays, et par conséquent la réduction attendue des importations de riz au niveau national. Lors de sa première utilisation pendant l’atelier de ERI, le tableur de chaque pays avait été pré rempli (par AfricaRice) avec les données primaires et secondaires sur les prix et la production rizicole issues de plusieurs sources, notamment les enquêtes d’AfricaRice, de FAOSTAT et de l’USDA. Les utilisations suivantes de ERIS par les équipes des pays ont nécessité qu’ils renseignent leurs propres données.

ERIS contribue à la politique nationale de développement rizicole au BéninCyriaque Akakpo est le coordonnateur du programme de recherche rizicole et Directeur adjoint de l’Institut national de recherches agricoles du Bénin (INRAB). À ce titre, il est impliqué dans les travaux de développement rizicole du Bénin. À l’instar d’AfricaRice, l’INRAB a pressenti l’imminence d’une crise depuis 2006. Cette année là, le ministère de l’Agriculture signa un accord avec GTZ en vue de recevoir l’assistance requise pour revitaliser la production nationale pour atteindre 600 000 tonnes de riz blanchi d’ici 2015 – l’équivalent de 900 000 tonnes de paddy. L’INRAB a également organisé les activités de production rizicole dans le cadre de l’Initiative africaine sur le riz (ARI). Un problème fondamental alors était de déterminer les étapes nécessaires pour atteindre cet objectif.En 2008, Akakpo participa à l’atelier qui lança ERI, et fut formé à l’utilisation de l’outil d’aide à la prise de décision dénommé ERIS. Il était à présent doté d’un support qui lui permettrait de suivre la progression requise pour atteindre l’objectif de développement rizicole du pays.La production de 900 000 tonnes de paddy d’ici 2015 a été entré dans ERIS, mais les prévisions des ressources nécessaires pour atteindre cet objectif – fonds, semences et engrais – n’étaient pas réalistes. Par conséquent, l’INRAB a opté pour l’objectif inférieur de 300 000 tonnes de riz blanchi (450 000 tonnes de paddy). ERIS détermina les besoins en vue d’accroître la production annuelle de paddy de 100 000 tonnes : 60 tonnes de semences de base pour fournir 2 200 tonnes de semences certifiées aux paysans. Ces chiffres constituent la base de la stratégie nationale de développement de la riziculture au Bénin.

13Politiques pour la sécurité alimentaire en Afrique

Stratégies nationales de développement de la riziculture La CARD a été créée pour aider l’Afrique à doubler sa production rizicole d’ici 2018. La CARD s’est engagée à soutenir 23 pays d’Afrique subsaharienne pour le développement de leurs Stratégies nationales de développement de la riziculture (SNDR). Il a ainsi été demandé à AfricaRice de proposer un cadre général pour les SNDR et de fournir une assistance technique aux groupes de travaux des pays qui développent les stratégies. AfricaRice a par conséquent élaboré un avant-projet et format pour les documents de même qu’un processus requis dans l’établissement de SNDR et a participé activement à la révision des documents préliminaires du premier groupe de 12 pays lors d’une réunion technique en février 2009. « Certains pays élaboraient leurs SNDR avant la création de la CARD », a affirmé Ibrahima Bamba, économiste des politiques à AfricaRice, « mais celles-ci furent par la suite adaptées au cadre de la CARD ».

Fort de son potentiel de développement agricole, le Nigeria a pris la décision ambitieuse de pratiquement quadrupler la production nationale de riz qui passerait de 3,4 millions de tonnes en 2007 à 12,85 millions de tonnes en 2018.3 Selon M.A.A. Adewuyi, Directeur de la transformation agro industrielle de l’Agence nationale des réserves alimentaires/National Food Reserve Agency (NFRA), l’ancienne initiative présidentielle sur le riz (voir Un homme averti en vaut deux ci-dessus, page 9) a été remplacée par la SNDR, « avec un changement d’objectif passant des interventions à petite échelle aux interventions à moyenne et grande échelle en vue d’améliorer la qualité ». « L’avant-projet » de la SNDR du Nigeria a été élaboré par NFRA lors d’un atelier qui réunit une grande diversité de partenaires au développement et d’acteurs du développement agricole international. Selon Karima M. Babangida, Directeur adjoint de la transformation agroalimentaire et du marketing à NFRA, la SNDR du Nigeria a été citée comme étant la meilleure version préliminaire lors de la réunion technique de revue tenue en février 2009, du fait de son approche chaîne de valeur. Bien que lancée au début 2010, la stratégie devait être juridiquement exécutoire pour le gouvernement fédéral. Elle a été toutefois revue méticuleusement lors d’un atelier d’acteurs tenu en décembre 2010. L’avant-projet final sera présenté au Président par le ministre fédéral de l’Agriculture en vue de son approbation par le gouvernement. À ce stade, « NFRA demandera l’organisation d’un atelier de donateurs en vue d’obtenir les soutiens requis pour la stratégie », a déclaré Babangida.

Les chercheurs d’AfricaRice et des SNRA se rencontrent à Dar es Salaam, Tanzanie pour l’atelier de lancement des « Systèmes de données d’urgence sur le riz »

Acquis de la crise rizicole14

Et que réserve le futur ?« Le foisonnement d’activités politiques depuis le début de la crise en 2007–2008 a eu un impact positif sur la production rizicole en Afrique subsaharienne », a déclaré Wopereis. Les réponses de la production locale aux politiques incitatives du gouvernement ont été remarquables dans plusieurs pays d’Afrique, notamment en Afrique de l’Ouest où la production de paddy s’est consécutivement accrue de 26,9 % en 2008, 5,3 % en 2009 et 9,7 % en 2010 (voir Encadré : Pays dont l’accroissement de la production rizicole était spectaculaire en 2008). « Toutefois, les travaux ont mis en exergue les contraintes et goulots d’étranglement persistents de la production et consommation de riz local sur le continent », affirme Wopereis.

Plusieurs études montrent qu’il existe toujours de sérieuses contraintes à l’expansion et à l’intensification de la riziculture à travers le continent. Cela inclut le manque d’accès aux intrants agricoles, le manque d’équipements pour les tâches pénibles telles que la préparation des parcelles, le désherbage et la chasse des oiseaux. La récolte et la transformation post-récolte viennent avec leur lot de contraintes, notamment relatif au control de la qualité et au respect du calendrier cultural. La commercialisation reste également un goulot d’étranglement car le riz local n’a pas encore réussi à pénétrer en particulier les marchés urbains inondés par le riz importé, malgré le fait que de nombreux Africains préfèrent en réalité les variétés locales. Une contrainte présente tout au long de la chaîne de valeur du riz reste l’accès au crédit ; plusieurs « innovations » restent inaccessibles pour ceux qui n’ont pas de capital (voir Encadré : Des produits financiers appropriés pour la chaîne de valeur du riz local, page 20).

Le riz : fer de lance de la révolution verte en AfriqueMalgré les contraintes, AfricaRice reste convaincu que l’Afrique a non seulement le potentiel de devenir autosuffisant en riz, mais de devenir un exportateur net à destination du marché mondial. L’Afrique possède les terres, l’eau, les écologies et le climat pour produire de millions de tonnes de riz. La recherche a fourni les technologies sous la forme de nouvelles variétés et options de gestion des cultures en vue de faire de la production intensive et extensive de riz, ainsi que de la transformation des activités réellement rémunératrices à grande échelle si le défi de la mécanisation est relevé. De plus, avec sa démographie galopante, l’Afrique dispose des ressources humaines pour fournir la main-d’œuvre requise pour mener une révolution verte rizicole à travers le continent.

Pays dont l’accroîssement de la production rizicole était spectaculaire en 2008

Pays Augmentation (à partir des chiffres de 2007)

Gambie 236,1 %

Burkina Faso 135,3 %4

Éthiopie 117,3 %

Sénégal 111,1 %

Ghana 62,9 %

Mali 50,1 %

Bénin 36,1 %

Rwanda 32,3 %

Nigeria 31,2 %

15Politiques pour la sécurité alimentaire en Afrique

Systèmes à base-rizL’agriculture africaine ne se limite pas exclusivement au riz. À travers le continent, ce sont probablement les plaines inondables et les bas-fonds qui fournissent les terres les plus fertiles et productives pour tout type d’agriculture. L’intensification est synonyme d’optimisation de l’utilisation des terres, notamment en se conformant au calendrier agricole pour intégrer deux saisons culturales dans une année. Dans certains endroits, tels que la vallée du fleuve Sénégal, cette deuxième culture peut être le riz du fait de l’abondance de l’eau pour l’irrigation. Cependant, dans de nombreux autres endroits, il est bien plus utile pour les paysans de cultiver une plante différente pendant la contre-saison. Par conséquent, pendant plusieurs années AfricaRice a adopté un mandat qui couvre les « systèmes à base-riz » plutôt que le riz uniquement. Cela est évident dans le Consortium bas-fonds5 abrité par AfricaRice. Cette focalisation sur les systèmes agricoles au sens plus large est d’autant plus importante étant donné qu’AfricaRice et ses États membres ne ménagent aucun effort pour atteindre l’autosuffisance en riz du continent.

Développement de la chaîne de valeurIl ne s’agit pas uniquement de la diversification du système de cultures. Le riz touche des milliers pour ne pas dire des millions d’individus qui ne sont pas des riziculteurs. En amont des sites de production, on compte les producteurs et fabricants d’intrants (semences, engrais, pesticides), d’équipements et les négociants qui les commercialisent. En aval de la production, se trouvent les transformateurs, commerçants, grossistes, détaillants et consommateurs.

Matty Demont est agro-économiste à la station du Sahel d’AfricaRice. « Les Sénégalais consomment principalement du riz importé et pourquoi ? » se demande-t-il. « La réponse doit être liée aux chaînes de valeurs au Sénégal et cela nous donnera des indications sur l’orientation à donner à la stratégie rizicole destinée aux bénéficiaires finaux – en rendant les chaînes plus orientées vers le consommateur ». La grande majorité des Sénégalais consomment du riz importé. Cette préférence est influencée en grande partie par le fait que le riz produit localement – notamment dans la vallée du fleuve Sénégal (VFS) au Nord – a été traditionnellement de qualité médiocre comprenant des mélanges de variétés, une qualité de grain hétérogène avec un niveau d’impuretés inacceptable. Que se passerait-il si ce riz était adapté aux préférences du marché en termes de qualité et de présentation, les populations l’achèteraient-ils ? Par un système de ventes aux enchères expérimentales et du riz local étiqueté (Rival – une marque déposée de riz produit localement et commercialisée par la Plateforme d’appui aux initiatives du nord, PINORD), Demont et son équipe ont trouvé que les consommatrices étaient prêtes à payer un

Session de groupe-consensus, ventes aux enchères expérimentales de riz, Serre Kunda, Gambie

Acquis de la crise rizicole16

supplément pour Rival équivalent de près du double de ce qu’elles paieraient pour le riz importé (38 % cf. 16 %). En somme, près de 20 % des participants ont préféré le riz conventionnel VFS. « L’implication politique est la suivante ; nous ne devons pas imposer que tout le riz de la VFS fasse l’objet de la démarche qualité », a déclaré Demont. « Il existe un segment du marché qui n’est pas prêt à payer pour la qualité. Le développement de la chaîne de valeur devra s’assurer que le riz VFS conventionnel reste disponible pour ces consommateurs si l’amélioration de sa qualité implique des prix plus élevés ».

Les acquis principaux issus des travaux sur la chaîne de valeur menés dans la station du Sahel sont les suivants : la disponibilité du riz local de qualité (VFS) doit être promue au sein de la population, la production de riz de qualité demande des investissements, et les politiques rizicoles doivent être séquencées – en commençant par augmenter la qualité du riz local pour atteindre le niveau de celui importé, ce qui valorise le produit, produire du riz à grande échelle, et mettre en place des programmes promotionnels en vue de commercialiser l’excédent pour le substituer au riz importé sur les marchés urbains. Un exercice de labellisation à Saint-Louis en 2006 n’a pas eu l’impact espéré du fait du manque de promotion.

MécanisationLa mécanisation est essentielle à la production et à la transformation de riz. Si les producteurs souhaitent intensifier leur production, ils doivent accélérer les opérations réalisées manuellement et à forte main-d’œuvre. Par exemple, lorsque que la production de NERICA a été doublée en Gambie entre 2007 et 2010, les paysans ont trouvé difficile de récolter et de battre l’excédent de riz, ce qui a eu pour conséquence la perte de qualité du fait des retards. Au Sénégal, les prix élevés du riz en 2009 ont incité de nombreux producteurs à cultiver une seconde denrée, mais ils se rendirent compte que la récolte de cette culture empiétait sur la période à laquelle ils auraient dû procéder à la préparation des terres pour la culture de la grande saison.

Une récente évaluation de l’impact ex-ante menée par l’équipe des politiques d’AfricaRice a donné une estimation prudente de 0,9 million de tonnes de riz blanchi économisés grâce à la réduction de moitié des pertes post-récoltes avec l’utilisation des technologies appropriées. Le gain additionnel de production émanant de la réduction des pertes post-récoltes équivaut à près de 17 % des importations actuelles de riz. Cette baisse des importations potentielles correspond à une économie de devises de 410 millions de dollars américains en 2011. La réduction de moitié des pertes post-récoltes pourrait sortir de la pauvreté 2,8 millions d’individus issus des ménages agricoles.

En juillet 2011, un certain nombre d’acteurs de la riziculture en Afrique subsaharienne se sont réuni pour mettre au point une feuille de route en vue de la mécanisation durable du secteur rizicole. La réunion a souligné l’importance de la petite machinerie adaptée localement et ciblant

Préparation du riz pour une vente aux enchères expérimentale, Saint-Louis, Sénégal

17Politiques pour la sécurité alimentaire en Afrique

les activités à forte intensité de main-d’œuvre telles que la préparation des terres, le désherbage, la récolte et la transformation. Plusieurs recommandations de cette réunion se trouvent dans ce livret, toutefois, les participants ont également recommandé que les gouvernements consultent la recherche lors de l’importation d’équipements afin d’assurer leur efficacité et leur durabilité en condition de culture africaine, et que les capacités soient créées en vue de fournir des services après vente pour les équipements agricoles (c.-à-d. entretien et réparation).

AfricaRice a une longue tradition d’adaptation et de promotion des équipements appropriés en Afrique de l’Ouest. La plus connue reste la batteuse-vanneuse ASI qui est à présent utilisée par la majorité des producteurs sur la rive sénégalaise de la Vallée du fleuve Sénégal. La dernière machine importée et adaptée par le Centre est une mini moissonneuse-batteuse provenant des Philippines. Cet équipement devrait aborder les questions relatives à l’insuffisance dans l’approvisionnement de riz local, la récolte lente et de mauvaise qualité qui mine les activités de production et de commercialisation. Le prototype adapté de moissonneuse est en train d’être testé ne se limite pas uniquement à être plus rapide à la récolte de petites parcelles (environ un quart du temps passé à la récolte manuelle) mais aussi fournit des grains de haute qualité, les rendant plus attrayants aux yeux des commerçants locaux.

Une vision du futur « Nous avons accompli beaucoup de choses au cours des cinq à dix dernières années », a déclaré Diagne, « et nous avons beaucoup appris ». Il a une vision du futur dans laquelle l’Afrique deviendra une puissance globale pour la production mondiale de riz. Dans cette vision, les paysans géreront des exploitations familiales modernes, dont la plupart seront mécanisées – dans plusieurs cas, les producteurs cultiveront une seconde denrée ( le riz ou une autre culture), les associations de paysans ou d’usiniers réuniront du paddy de qualité, tout le riz sera blanchi par des usiniers entièrement dédiés à la qualité, le crédit sera accessible à tous les acteurs de la chaîne de valeur du riz , les accords contractuels seront la norme, entre les producteurs ou entre les associations de producteurs et les transformateurs, et entre les transformateurs et les grossistes ou importateurs, les grossistes auront du riz de qualité en vue de l’étiquetage et de la vente aux détaillants, et le produit commercial portera un label indiquant non seulement son origine, mais également sa qualité.

Diagne explique : « travailler avec les producteurs et les petits transformateurs m’ont convaincu qu’encourager les producteurs à assurer eux même la transformation ne contribue pas à l’amélioration et au maintien de la qualité ». Pour cette raison, il préconise un système dans lequel les producteurs se focalisent sur la production en utilisant les équipements appropriés en

Une qualité de paddy uniforme est un autre avantage de l’utilisation d’une mini moissonneuse-batteuse, cela permettra aux transformateurs et aux commerçants de rassembler du paddy de plusieurs petits producteurs

Acquis de la crise rizicole18

vue d’optimiser leurs récoltes en termes de quantité et de qualité. « Encourager les producteurs à utiliser des mini moissonneuses-batteuses adaptées localement est une autre méthode qui permettrait d’accroître la quantité et la qualité du riz produit localement », ajoute Diagne. « Plutôt que de voir la qualité du paddy affectée par l’attente avant la récolte, la moisson et le battage se feront en une seule et même opération, et les grains récoltés sont immédiatement prêts à être livrés au transformateur » (voir Encadré : Le cas d’une moissonneuse-batteuse adaptée et accessible localement). La transformation sera assurée avec des équipements de taille moyenne et des équipements lourds détenus par les associations de producteurs ou les entrepreneurs du secteur privé. Ces derniers auront des contrats avec les producteurs pour produire du riz avec des variétés spécifiques à partir de semences de qualité et des intrants spécifiques et d’autres pratiques de gestion culturales – une sorte de programme d’aide aux petits producteurs. Ainsi, le transformateur collectera et rassemblera du riz issu d’une seule variété et de qualité similaire, ce qui permettra de produire des grains de qualité uniforme et prêts à être commercialisés (voir Encadré : Promotion des investissements dans les technologies améliorées de transformation, page 20).

Le cas d’une moissonneuse-batteuse adaptée et accessible localementLa récolte et le battage du paddy constituent de sérieuses contraintes pour les riziculteurs. Les grandes moissonneuses-batteuses sont inadaptées aux petites exploitations des paysans. Par conséquent, le paddy peut rester au champ pendant des semaines avant d’être récolté ou battu, pendant ce temps sa qualité se détériore du fait de l’exposition aux aléas climatiques. Ainsi, de nombreux producteurs ont recours aux longues opérations de récoltes et de battages manuels, qui affectent la qualité du paddy. La récolte tardive du paddy dans les exploitations empiète sur la seconde campagne, empêchant l’option d’une seconde culture rentable.AfricaRice est en train d’introduire et d’adapter une mini moissonneuse-batteuse accessible dans la vallée du fleuve Sénégal pour permettre la récolte et le battage à temps opportun. Cela inciterait les producteurs à vendre rapidement leur paddy et à se focaliser sur la production d’une seconde culture (le riz ou une culture maraîchère telle que la tomate, la pomme de terre ou les haricots verts). La récolte rapide du paddy dans les champs permettra aux paysans non seulement de se focaliser sur la produc tion agricole (c.-à-d. culture), mais aussi d’ouvrir la voie à une commercialisation à grande échelle de grandes quantités de riz. La fragmentation de la commercialisation du paddy découlant du fait que les producteurs assurent seuls la transformation et la vente de leur excédent de paddy – constitue une contrainte majeure qui dissuade l’investissement du secteur privé dans la chaîne de valeur du riz local.

Essais au champ de la mini moissonneuse-batteuse, Vallée du fleuve Sénégal, Sénégal

19Politiques pour la sécurité alimentaire en Afrique

Qu’adviendra-t-il des grandes exploitations rizicoles mécanisées ?« La riziculture est principalement assurée par les petits producteurs », affirme Ali Touré, agro-économiste à AfricaRice. « Toutefois, l’agriculture à grande échelle gagne du terrain avec l’implication du secteur privé dans les zones où les terres sont encore disponibles et dans les pays où les dispositions relatives à l’achat de terres existent et sont souples ». Vu le potentiel considérable de l’Afrique pour la riziculture, s’engager dans cette voie semble être logique pour tout décideur. « La première condition pour l’agriculture mécanisée à grande échelle pourrait être la question du capital investi », ajoute Touré. « L’agriculture mécanisée à grande échelle demande des investissements nécessaires tout au long de la chaîne de valeur qui ne sont pas à la portée des petits producteurs ».La crise des denrées alimentaires de 2008 à suscité une prise de conscience et pas uniquement pour l’Afrique, d’autres pays dans le monde à la démographie croissante et aux ressources insuffisantes pour nourrir leurs populations ont égale ment réagit à cette alerte. Certains gouvernements africains louent des terres à des coûts minimums à de grands investisseurs étrangers et d’autres investisseurs qui ont vu le potentiel rémunérateur de la production alimentaire. Les investisseurs étrangers principaux incluent la Chine, l’Inde et l’Arabie Saoudite, mais les nationaux riches et expérimentés se sont également « lancés » dans ce qu’on appelle désormais « l’accaparement des terres ».6 En Éthiopie, par exemple, des centaines de milliers d’hectares de terres ont été louées à de grandes firmes agricoles commerciales, qui ont mis en valeur des terres en jachère non utilisées appartenant aux communautés, et déplacé des villages pour mettre en place une agriculture commerciale mécanisée à grande échelle.Des préoccupations émergent dans le sens où de telles exploita tions pourraient se concentrer sur une production destinée à l’exportation ou sur les cultures de rente, là où les terres était utilisées pour la subsistance et les cultures vivrières locales. Il a été dit que l’Afrique regorge de ressources et que les pays ne peuvent pas nourrir leurs propres populations à partir de la petite agriculture uniquement. Il y a des « perdants » dans cette affaire – des gens qui ne veulent pas quitter leurs terres, d’autres qui ont été dépossédés de leurs terres, et ceux qui ne veulent pas abandonner leur mode de vie traditionnel. Il semble qu’ils aient à payer le prix pour le développement et ceci pourrait mener à des rancunes et être source de conflit. « L’aspect positif », reste que ces grandes exploitations agricoles seraient pourvoyeuses d’emploi et les entreprises créent de nouveaux villages pour loger les travailleurs et leurs familles. Si les promesses sont tenues, ces villages seront dotés d’infrastructures pour améliorer le bien-être de leurs habitants – notamment des écoles, de l’eau courante et des dispensaires. Cependant, des craintes persistent, relatives au fait que les nouveaux propriétaires terriens puissent avoir recours à de la main-d’œuvre importée « expérimentée » plutôt que d’employer des nationaux. Le chômage local accru pourrait être un problème sérieux, car les autres secteurs pourraient difficilement absorber cet excédent de main-d’œuvre.« AfricaRice préconise les consultations larges impliquant et rassemblant des acteurs ruraux et agricoles en Afrique », déclare Diagne. « En vue de minimiser le risque politique de l’acquisition des terres, les pays doivent examiner de plus près les termes des accords de location à long terme (25 à 50 ans) au lieu de céder les terres agricoles aux firmes privées ou gouvernements étrangers ». De plus, les gouvernements, devraient encourager les nouveaux propriétaires terriens à ne pas s’isoler des communautés locales. Par contre, ils devraient fournir des emplois aux populations locales et investir dans le renforcement des capacités lorsque nécessaire. Étant donné qu’ils auront probablement à construire des rizeries de haute capacité dont ils pourraient difficilement optimiser le fonctionnement, ils devraient être motivés à recourir aux services des paysans locaux qui produiront le paddy sur leurs propres champs en vue faire marcher la rizerie à pleine capacité. Par l’achat du paddy des populations locales pour l’usinage, les nouveaux propriétaires terriens contribueront au développement de la chaîne de valeur du riz local.

Une moissonneuse-batteuse utilisée en Ouganda qui peut récolter 192 ha de riz en un mois

Acquis de la crise rizicole20

La commercialisation reste un autre important aspect. Il est bien documenté que les Africains préfèrent les variétés de riz local et sont disposés à payer un supplément pour ce riz « s’il est de qualité », des accords contractuels pour la livraison de grains de qualité entre les transformateurs et les grossistes et une labellisation correcte sont des étapes logiques en vue d’augmenter la valeur et la consommation de riz local sur le continent. Ainsi, l’étape « finale » dans la chaîne de valeur sera la suivante : les grossistes achèteront et labéliseront (conditionnement et marquage) du riz local de qualité pour la revente aux détaillants et aux consommateurs. En terme d’investissement public (et privé), Diagne reste convaincu que les pays doivent poursuivre la réhabilitation et

Promotion des investissements dans les technologies améliorées de transformationLa transformation du riz est dominée par les petites décortiqueuses, dont la majorité donnent un produit fini qui ne répond pas aux normes de qualité des consommateurs urbains. Par ailleurs, la plupart des usiniers n’offrent que des services d’usinage – ils n’achètent pas le riz paddy ni ne revendent le riz blanchi. Cette pratique contribue à la fragmentation du marché du riz local usiné et décourage l’investissement privé. La promotion de l’investissement privé dans des technologies de transformations efficaces du riz, telles que les « mini-rizeries » avec fonction intégrée d’épierrage, de polissage et de triage du riz de qualité, stimuleront le développement de la chaîne de valeur du riz local. Les investissements publiques dans les technologies modernes de transformation du riz devront inclure des mécanismes qui incitent les transformateurs à optimiser leurs technologies, telle que l’importation en franchise de droit d’équipements de transformation, les incitations fiscales ou l’accès aux financements. Alors que la production de paddy augmente, il existe un besoin urgent de produire du riz blanchi de qualité qui concurrence les normes de qualité du riz importé. Toutefois, l’objectif n’est pas de répéter les politiques gouvernementales mal orientées du passé qui consistaient à exploiter des rizeries industrielles à grande échelle. En revanche, il s’agit de promouvoir les technologies modernes de transformation qui sont en mesure de produire du riz de qualité en grande quantités, notamment des rizeries de moyenne capacité pour les centres urbains et des « mini rizeries » pour les zones rurales.

Des produits financiers appropriés pour les acteurs de la chaîne de valeur du riz localL’accès aux financements agricoles reste une importante préoccupation en Afrique. Le développement de produits financiers adaptés aux besoins de tous les acteurs de la chaîne de valeur est essentiel pour stimuler une amélioration de l’offre et de la compétitivité du riz local. Par exemple, l’accès limité au crédit de production pour acquérir les intrants améliorant la productivité peut entraver les bonnes décisions. Sans l’accès adéquat aux produits financiers, les riziculteurs se retrouvent souvent en train de vendre leur paddy à crédit à des commerçants qui pourraient retarder le paiement à ces derniers du fait du manque d’accès à un financement suffisant. L’absence d’un système de crédit approprié constitue un goulot d’étranglement majeur dans le développement d’une chaîne de valeur bien intégrée pour la production de riz local, qui affecte de façon négative la compétitivité de toute la chaîne. Les investissements en capital fixe dans les technologies améliorées de transformation, magasin de stockage et équipement agricole nécessitent un financement sur le long terme comparé aux besoins de financement à court terme des crédits pour la production de paddy. La construction d’infrastructures de stockage (dépôts) nécessitera des produits financiers appropriés en vue de garantir des stocks de riz. Dans de nombreux pays, le riz produit localement se raréfie dans les centres urbains. Pendant que la production de paddy augmente, il faudra promouvoir la disponibilité et la commer-ciali sation sur les marchés pendant toute l’année. Ainsi, davantage d’investissements devront être faits dans le développement de systèmes de stockage efficaces. Par exemple, des expériences réussies du système de ticket entrepôt7 pourraient être intensifiées et diffusées à grande échelle. Des mesures incitatives devraient être données aux usiniers pour faciliter leur accès aux financements pour obtenir l’investissement et le fond de roulement nécessaire pour acquérir et stocker du paddy et du riz blanc.Des mécanismes de financement adéquats et des infrastructures pour la commercialisation du riz devraient être étendus aux grossistes de riz local.

21Politiques pour la sécurité alimentaire en Afrique

l’expansion des infrastructures d’irrigation qui ont un impact direct sur le rendement du riz, afin que davantage de petits producteurs aient accès à une meilleure gestion de l’eau. Toutefois, dans la perspective d’une production accrue, il existe un besoin en investissements dans les opérations de récolte, de transformation et de commercialisation décrites précédemment, afin que l’ensemble des acteurs de la chaîne de valeur travaillent ensemble pour s’assurer que davantage de riz local de qualité arrive sur la table des consommateurs. Les produits financiers (ex. crédit) doivent être adaptés pour cibler l’emprunteur – il n’existe pas de « crédit standard » pour tous les acteurs de la chaîne de valeur du riz (voir Encadré : Des produits financiers adaptés pour les acteurs de la chaîne de valeur du riz local). De plus, l’accès aux bonnes infrastructures de stockage tout au long de la chaîne de valeur devrait être étendu en vue d’améliorer les activités de stockage et de commercialisation du riz de qualité.

« Si tous ces principes sont respectés, l’Afrique et les diverses sous-régions devraient être en mesure d’atteindre l’autosuffisance en riz », conclut Diagne.

Objectifs de recherche – tirer des leçons des réussites et des échecs « La recherche est au coeur d’AfricaRice, soit dans le cadre du développement de nouvelles technologies, soit pour le développement », affirme Wopereis. « Même lorsque nous menons des activités s’apparentant au développement, il y a toujours une composante recherche, car nous essayons de déterminer ce qui marche le mieux sous la forme d’essais « de validation de concept » sur les sites pilotes. La mini moissonneuse-batteuse qui est en train d’être adaptée au Sénégal constitue un exemple. Les travaux à ce jour ont consisté en l’adaptation et l’évaluation y compris le test au champ et la collecte de données pour évaluer sa rentabilité financière, son potentiel économique et son impact social. Si cette « validation de concept » suggère que la machine sera utile, nous comptons la diffuser à grande échelle en 2012 en se rapprochant des projets de développement ».

Le lien avec le développement s’effectue par l’Unité RiceTIME – « TIME » signifie « Formation, gestion de l’information et liens avec la vulgarisation » en anglais. « Le rôle de RiceTIME est de fournir le lien entre la recherche et la vulgarisation », déclare Inoussa Akintayo, responsable de l’Unité « jouer un rôle de facilitation dans l’intensification et la diffusion à grande échelle de toutes technologies, que ce soit des variétés, des connaissances ou des modèles ». RiceTIME a été très impliqué dans ERI en collaboration avec les projets de l’USAID et du Japon, et d’autres projets relatifs à la chaîne de valeur financés par l’Agence canadienne de développement international (ACDI), le Fonds commun pour les produits de base (CFC) et la Fondation Syngenta pour une Agriculture durable.

« Sommes-nous à l’abri d’une autre crise ? »Deux ans après avoir tiré la sonnette d’alarme lors du Conseil des ministres de 2007, Seck a exprimé ses récentes préoccupations dans un exposé intitulé « Sommes-nous à l’abri d’une autre crise ? » lors du Conseil des ministres de 2009 à Lomé, Togo. L’urbanisation et les taux de consommation du riz continuent d’augmenter alors que l’Afrique dépend considérablement des importations, soit pour 40 % de son riz. Parallèlement, le taux de consommation mondiale de riz surpasse celui de la production. Les stocks mondiaux de riz déclinent et la production asiatique est

Acquis de la crise rizicole22

menacée par le changement climatique. Tous ces signes indiquent que l’Afrique vit dangereusement en dépendant des importations de riz.

Dans ce contexte, l’Afrique dispose d’importantes ressources foncières, hydriques et de suffisamment d’énergie solaire. « L’accroissement de 15 % de la superficie rizicole en Afrique et l’adoption de technologies, telles que les variétés NERICA et la gestion intégrée des cultures en vue de combler les écarts de rendement, pourraient rendre le continent autosuffisant en riz avec 5 millions tonnes d’excédent à exporter tous les ans », a déclaré Seck, qui a recommandé des solutions politiques aux gouvernements pour atteindre cet objectif :

• Appuyer la recherche et la vulgarisation – « l’efficience économique des investissements ne peut être garantie sans des investissements solides dans la recherche »

• Adopter des technologies pour cibler la productivité (rendements), la qualité et la double-culture

• Assurer la qualité des stocks de semences

• Améliorer la maîtrise de l’eau – les rendements de la riziculture irriguée peuvent être le quadruple de ceux du riz pluvial

• Développer des infrastructures de base pour les activités post-récolte, de transformation, de commercialisation et génératrices de revenus

• Fournir des subventions ciblées, notamment les engrais – « une augmentation durable des rendements reste impossible sans subventions ».

Moins de deux ans après ce discours, les marchés mondiaux des denrées alimentaires ont une fois encore été perturbés. L’indice des prix des denrées alimentaires mesuré par la FAO a atteint un niveau record en janvier 2011, et la Banque mondiale a estimé qu’environ 44 millions d’individus

Kossi Messan Ewovor, ministre de l’Agriculture de l’Elevage et de la Pêche, République du Togo et Papa Abdoulaye Seck lors du Conseil des ministres de Lomé, Togo en 2009

23Politiques pour la sécurité alimentaire en Afrique

se sont retrouvés dans la pauvreté extrême subséquemment à la hausse des prix des denrées depuis juin 2010. Le blé a enregistré la plus forte augmentation de prix, avec près du doublement de son prix sur les marchés internationaux entre juin et décembre 2010. Alors que le riz connaissait une augmentation de 17 % de son prix.

Il semble que la flambée des prix du blé a été un des facteurs du malaise socio-politique qui a secoué le monde arabe en décembre 2010 et en 2011. Ainsi, la résilience apparente en Afrique subsaharienne face à l’augmentation récente des prix des denrées alimentaires pourrait être due à sa dépendance traditionnelle sur le maïs, et la dépendance croissante sur le riz ainsi que la hausse de la production rizicole après la crise de 2008. Alors que les prix du maïs sur le marché international augmentaient de 60 %, la plupart des pays d’Afrique subsaharienne ont été protégés par leur autosuffisance en cette culture vivrière. De plus, les incitations à la production mis en place à l’orée de la crise 2007–2008 auraient contribué à protéger la population de l’accroissement des prix du riz. Au niveau mondial, les stocks de « réserve » ont protégé le riz du sort qu’ont connu les autres céréales – le prix du riz Thaï Grade B, référence sur le marché international, a augmenté de « juste » 22 % jusque qu’en février 2011, près de 50 % de moins que ses niveaux record de mai 2008.

Survivre à cette tempête et à la prochaine Les décideurs politiques doivent poursuive l’investissement dans les capacités de production locales. Les programmes d’investissements en vue de réhabiliter et d’étendre les zones irriguées devraient continuer, ainsi que l’appui fourni pour accroître la productivité des petits riziculteurs par l’accès aux variétés améliorées, aux semences et engrais de bonne qualité. Cependant, nous avons appris que concentrer les efforts d’investissement uniquement sur la production pourrait créer un goulot d’étranglement lors de la récolte du fait des faibles capacités des maillons de transformation et de commercialisation de la chaîne de valeur. Par conséquent, il est vital de stimuler les investissements dans les activités de récolte, de transformation et de commercialisation de la chaîne de valeur du riz local par un appui gouvernemental aux paysans et en privilégiant les investissements du secteur privé.

Intégration régionaleUn des problèmes soulignés par Seck lors de sa présentation de 2009 faite devant le Conseil des ministres concernait le déclin des stocks mondiaux de riz. La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) étudie la faisabilité de la constitution d’un stock de réserve de grains pour l’Afrique de l’Ouest, car des prix du riz stables bénéficieront aux populations de la région. Deux autres aspects de l’intégration régionale sont également examinés par la CEDEAO. Premièrement, la Stratégie régionale de développement de la riziculture pour compléter les SNDR et promouvoir l’intégration régionale. Et deuxièmement, l’harmonisation des politiques d’importation de riz et la faisabilité de l’achat groupé de riz sur les marchés internationaux. En tant que premier importateur de riz qui consomme 30 % de l’offre commerciale mondiale, la région pourrait s’allier pour bénéficier de l’économie d’échelle de l’achat groupé si un mécanisme institutionnel approprié dépendant principalement du secteur privé est conçu et mis en œuvre.

Acquis de la crise rizicole24

Face à un futur incertain, les travaux en cours de plaidoyer politique d’AfricaRice se concentrent sur les recommandations suivantes :

• Promouvoir l’accès à de nouvelles technologies appropriées telles que la mini moissonneuse- batteuse au niveau paysan en vue d’encourager les producteurs à se spécialiser dans la production

• Accroître les capacités de stockage tout le long de la chaîne de valeur, et encourager les transformateurs à acheter et commercialiser du riz plutôt que de fournir uniquement des services de transformations aux producteurs

• Mettre en contact les acteurs au sein de la chaîne de valeur du riz local et faciliter les accords contractuels, notamment montrer aux producteurs que de tels arrangements peuvent être bénéfiques pour toutes les parties

• Fournir l’accès aux produits financiers adaptés aux besoins de chaque type d’acteur de la chaîne de valeur du riz

• Constituer des stocks de riz local (régional) bien gérés – pas nécessairement par le secteur public – pour protéger à court terme la région des chocs des prix sur le marché international.

25Politiques pour la sécurité alimentaire en Afrique

Notes1. La Coalition pour le développement de la riziculture en Afrique (CARD) a été lancée par

l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA) et l’Association pour une révolution verte en Afrique (AGRA) en mai 2008 comme rassemblement consultatif de partenaires au développement bilatéral et multilatéral et les institutions africaines internationales en vue de doubler la production rizicole d’ici 2018. Une des orientations principales de la CARD est le renforcement des capacités institutionnelles et la coordination des interventions des donateurs dans le secteur rizicole. La CARD a assisté 23 pays africains dans l’élaboration de leurs stratégies nationales de développement de la riziculture (SNDR) : Bénin, Burkina Faso, Cameroun, République du Centrafrique, Côte d’Ivoire, République démocratique du Congo, Éthiopie, Gambie, Ghana, Guinée, Kenya, Liberia, Madagascar, Mali, Mozambique, Nigeria, Rwanda, Sénégal, Sierra Leone, Tanzanie, Togo, Ouganda et Zambie. Le Secrétariat de la CARD est abrité par AGRA à Nairobi.

2. Ojehomon VET, Adebayo SB, Ogundele OO, Okoruwa VO, Ajayi O, Diagne A et Ogunlana O. [2010]. Rice Data Systems in Nigeria : Building a Rice Data System for Sub-Saharan Africa (National Rice Survey 2009). Institut national de recherche sur les céréales/National Cereals Rice Research Institute (NCRI), Bureau national des statistiques/National Bureau of Statistics (NBS), Institut nigerian des sciences économiques et sociales/Nigeria Institute for Social and Economic Research (NISER), et le Département de l’économie agricole/Department of Agricultural Economics, Université d’Ibadan, Nigeria. 58 p.

3. L’Agence nationale pour les réserves alimentaires/National Food Reserve Agency (NFRA) (Ministère fédéral de l’Agriculture et des Ressources en Eau) et l’Agence japonaise de coopération internationale/Japan International Cooperation Agency (JICA). 2009. National Rice Development Strategy (NRDS). Élaboré pour la Coalition pour le développe ment de la riziculture en Afrique (CARD). NFRA, Abuja, République fédérale du Nigeria. 60 p.

4. Dans le passé, AfricaRice a rapporté que la production de paddy au Burkina Faso s’est accrue, passant de 68 916 tonnes à 235 000 tonnes de 2007 à 2008 – une augmentation de

Parallèlement à la production, des investissements sont requis en capacité de transformation, à l’instar de la rizerie de Hohoe, établie par le gouvernement du Ghana avec le financement de la Banque africaine de développement

Acquis de la crise rizicole26

241 % (cf Comité Permanent Inter Etats de lutte contre la Sécheresse dans le Sahel – CILSS – données de 2009). Cependant, les données de FAOSTAT (http://faostat.fao.org) indiquent un accroissement de la production, passant de 68 916 tonnes à 195 102 tonnes entre 2007 et 2008. Bien que les données de FAOSTAT et CILSS proviennent de la même source (Office des statistiques agricoles), ils publient les chiffres à différents moments : les chiffres relatifs à la production fournis par FAOSTAT ont été donnés deux ans après ceux du CILSS. Pendant cette période, les données sur la production culturale peuvent être actualisées et revues par les fournisseurs de données, ce qui est apparemment le cas pour la production de riz au Burkina Faso en 2008.

5. Le Consortium bas-fonds est un programme éco-régional pour l’Afrique subsaharienne, une plateforme pour la coopération régionale pour promouvoir l’aménagement durable des bas-fonds et le partenariat de diverses institutions en vue de créer conjointement la masse critique et planifier, de même que mettre en œuvre un programme de recherche intégré de commun intérêt.

6. L’accaparement des terres n’est pas un phénomène africain mais plutôt mondial. Il touche les paysans et bien d’autres en Asie et en Amérique latine.

7. « Les systèmes de ticket entrepôt » sont « des documents délivrés par les gérants de dépôts comme preuve que des denrées spécifiques ont été déposées sur des sites précis par des déposants nommés » (Coulter J et Onumah GE. 2002. The role of warehouse receipt systems in enhanced commodity marketing and rural livelihoods in Africa. Food Policy 27 : 319–337).

Remerciements

La majorité des travaux documentés dans ce livret ont été menés grâce au financement de l’Union européenne et à l’appui technique du FIDA. Le gouvernement du Japon et le gouvernement des États-Unis ont également apporté un appui suite à la crise rizicole qui a contribué à l’amélioration de la disponibilité des statistiques rizicoles dans les États membres d’AfricaRice.

AfricaRice n’aurait pas pu conduire ses activités de recherche pour le développement sans l’aide financière et le soutien moral de ses donateurs. AfricaRice souhaite remercier sincèrement tous ceux qui ont généreusement contribué à son budget depuis l’an 2000 :

• Académie chinoise des sciences agricoles (CAAS) • Agence nationale de la recherche (ANR), France • Allemagne (BMZ/GIZ) • Australie (ACIAR) • Banque africaine de développement (BAD) • Banque arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA) • Banque mondiale • Belgique (DGDC) • Bioversity International • Canada (ACDI) • Centre technique de coopération agricole et rural ACP-UE (CTA) • Challenge programmes du GCRAI : Generation, HarvestPlus, Eau & Alimentation • Commission européenne (CE) • Danemark • ENI Congo S.A. • Esso Tchad • États-Unis (USAID) • Fondation Gatsby • Fondation Rockefeller • Fondation Syngenta • Fonds commun pour les produits de base / Common Fund for Commodities (CFC) • Fonds international de développement agricole (FIDA) • Fonds international pour la recherche agricole / International Fund for Agricultural Research (IFAR) • Fonds pour la conservation, l’alimentation et la santé / Conservation, Food & Health Fund (CFH) • France • Institut international de recherche sur le riz (IRRI) • Japon (MOFA, MOF, MAFF, JICA) • Norvège• Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) • Pays membres d’AfricaRice • Pays-Bas • Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) • Programmes des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) • République de Chine (Taïwan) • Royaume-Uni (DFID) • Suède (SIDA) • Université d’État du Michigan • Université de Sheffield, RU • Université de Wageningen

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À propos de ce livret

La politique de recherche et de plaidoyer menée par AfricaRice immédiatement avant et pendant la crise rizicole de 2008 a contribué à la disponibilité d’informations pertinentes et de solutions qui ont aidé les États membres et les partenaires au développement à identifier et promouvoir des politiques et projets. Ces interventions ont contribué à l’accroissement significatif de la production rizicole et à l’intérêt renouvelé dans la production locale de riz en Afrique.

Ce livret examine le rôle d’AfricaRice lors de l’alerte relative à la crise imminente, les réponses des pays et les travaux en cours pour assurer que les pays africains ne soient plus otages des marchés internationaux.

À propos du Centre du riz pour l’Afrique (AfricaRice)

Le Centre du riz pour l’Afrique (AfricaRice) est une organisation de recherche panafricaine leader œuvrant pour la réduction de la pauvreté et l’atteinte de la sécurité alimentaire en Afrique par des activités de recherche, développement et partenariat. AfricaRice est membre du Consortium des Centres soutenus par le Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (GCRAI). C’est aussi une association de recherche intergouvernementale composée de pays membres africains.

Le Centre a été créé en 1971 par 11 États africains. À ce jour, il compte 24 pays membres couvrant les régions de l’Afrique de l’Ouest, du Centre, de l’Est et du Nord, notamment le Bénin, le Burkina Faso, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, l’Égypte, le Gabon, la Gambie, le Ghana, la Guinée, la Guinée Bissau, le Liberia, Madagascar, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Nigeria, l’Ouganda, la République centrafri caine, la République démocratique du Congo, la République du Congo, le Sénégal, la Sierra Leone, le Tchad et le Togo.

Le siège temporaire d’AfricaRice se trouve à Cotonou, Bénin et une partie du personnel de recherche est également basée au Sénégal, au Nigeria, en Tanzanie et en Côte d’Ivoire.

Pour plus d’informations, visiter : www.AfricaRice.org

Centre du riz pour l’Afrique (AfricaRice)01 B.P. 2031 Cotonou, BéninTéléphone : (229) 21 35 01 88Fax : (229) 21 35 05 56 Courriel : [email protected]