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PROF. IBRAHIMA THIOUB SUR LES RELATIONS SÉNÉGAL-GAMBIE “Si notre pays cède, il s’affaiblit” P. 3 C M J N AFFAIRE DES 2% DE LA LICENCE DE SUDATEL ISSN • 2230-133X 100 F www.enqueteplus.com LUNDI 3 SEPTEMBRE 2012 NUMÉRO 370 LE CASA-SPORT CHAMPION DU SÉNÉGAL Un sacre, après 52 ans d’efforts P.12 COMITÉ DIRECTEUR DU PDS Rififi entre Oumar Sarr, Innocence Ntap et Malick Guèye P. 2 P. 5-8 Le rapport qui a enfoncé Sakho Comment 1,6 milliard avait été partagé à l’ARTP La défense du Conseil de régulation

AFFAIRE DES 2% DE LA LICENCE DE SUDATEL Le rapport€¦ · C'est peut-être mécontent de la politique de Macky Sall que le PDS envisage de voter contre le projet de suppression de

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PROF. IBRAHIMA THIOUB SUR LESRELATIONS SÉNÉGAL-GAMBIE

“Si notre pays cède, il s’affaiblit”P. 3

CMJN

AFFAIRE DES 2% DE LA LICENCE DE SUDATEL

I S S N • 2 2 3 0 - 1 3 3 X

100 F www.enqueteplus.com

LUNDI 3 SEPTEMBRE 2012 NUMÉRO 370

LE CASA-SPORT CHAMPION DU SÉNÉGAL

Un sacre, après 52 ansd’efforts P.12

COMITÉ DIRECTEUR DU PDS

Rififi entre Oumar Sarr,Innocence Ntap et Malick Guèye P. 2

P. 5-8

Le rapportqui a enfoncéSakho Comment 1,6 milliard

avait été partagé à l’ARTPLa défense du Conseil de régulation

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Suppression du Sénat, les Assisardssaluent une “décision courageuse”Le directoire des Assises natio-

nales du Sénégal a exprimé sa “vivesatisfaction” au président de laRépublique Macky Sall pour avoirdécidé de supprimer le Sénat et lavice-présidence. Dans un communi-qué daté du 29 août dernier, le direc-toire des Assises, présidé par le pro-fesseur Amadou Makhtar Mbow,estime que c'est une “décision coura-geuse et opportune” et conforme auxconclusions “consensuelles et à l’at-tente de l’immense majorité de nosconcitoyens”. Le directoire exhorte leChef de l’Etat à “faire consolider cesdécisions judicieuses dans le cadredes prochaines concertations à orga-niser autour du projet deConstitution”.

Amath Sall : La presqu’île du Cap-Vert est une “véritable bombe hydrique”La presqu’île du Cap-Vert est une

“véritable bombe hydrique”, adéclaré Amath Sall, ancien ministrede l’Agriculture sous AbdoulayeWade, et ancien directeur général del’Agence nationale pour l’aménage-ment du territoire (Anat), hier àl'émission dominicale "Grand Jury" dela Rfm. Pour M. Sall, il faut desmesures urgentes car “l’eau n’ab-dique pas et si on ne fait rien, il y aurabientôt une île à la place”. D'aprèslui, la presqu'île du Cap Vert ne peutplus absorber une seule goutte del'eau car la nappe est saturée. Del'avis d'Amath Sall, la faute incombeà l’État et aux populations, pointantdu doigt la construction de l’auto-route à péage : “Si elle fait pour l’ins-tant fonction de digue, il faut reconnaître que les ouvrages d’assai-nissement n’ont pas été réalisés, cequi a rajouté au désordre et au laisser-aller.” M. Sall a également déploré lefait que la zone des Niayes, naturelle-ment vouée à des activités agricoles,notamment au maraîchage, soitaujourd’hui envahie de lotissementsqu’il faut stopper.

Sarkozy, conférencier pour 250 000dollars, sinon rien !En voilà un qui vend cher sa vie

d'ex-président. Comme l'AméricainBill Clinton ou l'Anglais Tony Blair(ancien Premier ministre), le Français

Nicolas Sarkozy réclamerait 250 000dollars (environ 130 millions F Cfa !),“sinon rien” pour animer une confé-rence, selon Le Canard Enchaîné,repris par le site oumma.com. Ainsi,“Nicolas Sarkozy fait une entrée très'bankable' dans le Mercato des prési-dents déchus, reconvertis en confé-renciers de luxe ! Des petits extrasjuteux qui font plus qu’arrondir lesfins de mois de ces retraités VIP de lapolitique, ils les multiplient par centen un temps record”, commente lejournal. Lequel ajoute qu'après“l’ivresse du pouvoir jalousement pré-servé, la griserie exaltante de l’argentfacilement gagné, qui plus est enmoins d’une heure (45 minutes exac-tement !), devrait suffire à étourdirl’ancien souverain hyperactif, connu

pour n’avoir qu’un seul moteur, etc’est un turbo : l’enrichissement per-sonnel...”

Sarkozy, conférencier pour 250 000dollars, sinon rien ! (SUITE)A en croire le confrère hexagonal,

c'est la banque d’investissementaméricaine Morgan Stanley qui a jetéson dévolu sur l'avocat d'affaires deformation Sarkozy, “champion toutescatégories des effets de manche quine brassent que du vent”. “Aprèss’être tristement donné en spectacletout au long de son mandat, on sedemande bien sur quelle thématiquecruciale, sur quel sujet brûlant leslumières de Nicolas Sarkozy pourrontfaire des étincelles, et donner l’illu-sion que sa parole vaut de l'or”, pour-suit le canard satirique. Lequel sedemande : “Dissertera-t-il sur le bonusage du népotisme et de l’endoga-mie de classe, livrera-t-il ses secretsde fabrication des peurs irrationnelleset de la stigmatisation anti-musul-mans, philosophera-t-il sur l’art d’êtredémagogue et de remettre en selle leFN, ou de faire la guerre 'humanitaire'en Libye ? En tout cas, on peut êtresûr d’une chose : il ne parlera pas lit-térature...” A EnQuête, on sedemande ce qu'attend un autre célè-bre retraité présidentiel, “l'homme leplus diplômé du Caire au Cap”, et

boulimique financier, pour s'engagerdans ce marché hyper juteux.

Match Libye-Algérie, un site algériendénigre l’arbitre Diatta Badara L'arbitre sénégalais Badara Diatta,

désigné par la Confédération afri-caine de football (Caf) pour officier lematch Libye-Algérie prévu le 9 sep-tembre à Casablanca, fait l'objet d'undénigrement de mauvaise foi par lesite algérien liberte-algerie.com.D'après l'organe de presse, M. Diatta“pourrait poser problème pour lasélection nationale algérienne, exci-pant de la dénonciation de l’arbitragescandaleux de M. Benouza en juindernier à Kampala lors de la rencon-tre Ouganda-Sénégal qui s’est soldéepar un match nul (1-1). “Ce jour-là,les Sénégalais ont ouvertementaccusé l’arbitre algérien Benouzad’avoir 'offert un pénalty' imaginaireaux Ougandais à la 85 mn de jeu quileur a permis de revenir à la marque(…) Pis encore, les dirigeants du foot-ball du Sénégal avaient soupçonnéBenouza d’avoir été envoyé par laCAF pour casser leur sélection enguise de représailles par rapport à laposition de la Fédération sénégalaisequi n’avait pas porté sa mention desoutien à Hayatou, le président de laCAF, lors du dernier congrès de l’ins-tance africaine”, selon l'organe de

presse. Lequel ajoute que “même letout puissant Badara Séné qui est denationalité sénégalaise, le trèsinfluent membre de la commissiond’arbitrage de la CAF, a juré d’avoir lapeau de Benouza, qui a défavoriséson pays. Il l’a même mis au frigo. Ilaura fallu l’intervention de l’Algériepour que cette “sanction” soit levéedans la mesure où il a été récemmentdésigné pour le match Ghana-Malawidu 6 septembre prochain”.

Match Libye-Algérie, un site algériendénigre l’arbitre Diatta Badara (suite)L'article anti-Badara Diatta ne s'ar-

rête pas là, notant avoir appris que“les Sénégalais ont récusé DjamelHaïmoudi qui devait officier le matchCôte d’ivoire-Sénégal pour le comptede la 3e journée des éliminatoires dela CAN-2013 prévu le 8 septembreau stade Félix-Houphouët-Boignyd'Abidjan, tout simplement parcequ’il est de même nationalité queBenouza, algérienne”. Ah bon, etc'est nouveau ça ! Liberte-algerie.com affirme même que “lademande [a été ] acceptée par le pré-sident de la commission d’arbitragede la CAF qui était donc obligé derevoir sa désignation en remplaçantHaïmoudi par le Marocain AhrachBouchaïb qui sera assisté de soncompatriote marocain, AchirRedouane et de l’Algérien AbdelhakEtchiali alors que le 4e arbitre estMokhtar Amalou”. Mais le pluscocasse dans ces récriminations àl'encontre de l'arbitre internationalsénégalais est à venir. “Tenantcompte de tous ces développements,le public algérien (sic) est en droit dedouter sur l’arbitrage et l’impartialitéde Diatta Badara”. Surtout ajoute,pince sans rire, le site algérien... “cetarbitre n’a jamais porté chance auxVerts, on se rappelle du match inau-gural de la CAN-2010 où les cama-rades de Halliche furent nettementbattus par le Malawi sur le score de 3à 0 et il a clôturé le parcours des Vertsen cette CAN-2010 par une autredéfaite face au Nigeria par 1 à 0 pourle compte de la 3e place disputée àBenguela. Devant cet état de fait et lerisque de velléité de revanche de lapart des Sénégalais, il aurait été pré-férable pour la Fédération algériennede football de demander le remplace-ment du Sénégalais Diatta Badaraafin d’éviter toute suspicion et toutepolémique”. Rigolo non !

H ouleux. Tel a été le Comité directeur du Partidémocratique sénégalais (PDS) de samedi à lapermanence Oumar Lamine Badji, sur le VDN,

à Dakar. A en croire des informations concordantes, laréunion, qui a duré de 17h à environ 21h, a été uneséance d'explications aigre-douce, entre des responsa-bles comme Malick Guèye de Latmingué et InnocenceNtap d'un côté, le coordonnateur national des libéraux,Oumar Sarr et Modou Diagne Fada de l'autre. La respon-sable politique de Ziguinchor a particulièrement chargéOumar Sarr qu'elle a accusé d'ostracisme à son encontredans la mise à disposition des fonds de campagne élec-torale pour les législatives du 1er juillet dernier. A en croire nos sources, Mme Ntap aurait même traité

M. Sarr de “menteur” et aurait été sur le point de le char-ger physiquement n'eût été l'intervention de MadickéNiang. Lequel a pu calmer une belliqueuse “Madame laministre d'État”. Il faut dire, d'après nos interlocuteurs,que d'autres responsable ont critiqué le maire de Daganapour sa gestion jugée “nébuleuse” des fonds campagne.Mais Oumar Sarr s'est défendu de mauvaise gestion,notant que les gens pensent que qu'Abdoulaye Wade luia remis des milliards alors qu'il n'en était rien.Restons sur ce bilan des législatives libérales pour

ajouter qu'à l'endroit de Modou Diagne Fada, il lui estreproché d'avoir fait une liste de candidatures largementfavorable à ses proches. Notamment ceux avec qui leprésident du groupe parlementaire du PDS a cheminé àWaar-wi durant sa courte période de dissidence.Cela dit, les pontes libéraux qui ont pris part à la ren-

contre, dont El hadj Amadou Sall, ont encore chargé leprésident du Sénat Pape Diop, coupable d'avoir faitbande à part en créant Bokk Gis-Gis lors des dernièreslégislatives. M. Sall aurait même suggéré des poursuitesjudiciaires à l'encontre de l'ancien baron PDS accusé de

micmacs sur le budget de 7 milliards que lui aurait remisAbdoulaye Wade pour les besoins de la campagne élec-torale au premier tour de la présidentielle de février-mars2012. Cela aurait poussé Wade à confier à Mamour Cisséles fonds de la campagne pour le second tour de l'élec-tion à l'issue de laquelle le PDS a été défait par MackySall et la coalition Benno Bokk Yaakaar.

Sortie sur les audits et boycott en vuePar ailleurs, le PDS entend faire une sortie média-

tique au sujet des audits qui concernent la plupart deses barons entendus par la section de recherche de lagendarmerie et la Division des investigations crimi-nelles requises par le procureur de la République, dansle cadre de la traque des biens mal acquis. En l'ab-sence notoire de Ousmane Ngom, Farba Senghor,Souleymane Ndéné Ndiaye et Aliou Sow (qui a créé unmouvement et exècre Oumar Sarr), le Comité directeura en outre critiqué la démarche du président MackySall à propos du Sénat. L'instance libérale reproche auchef de l'État un manque de concertation avant l'an-nonce du projet de suppression du Sénat par le biaisd'une procédure d'urgence à l'Assemblée nationale.C'est peut-être mécontent de la politique de MackySall que le PDS envisage de voter contre le projet desuppression de la chambre haute et de boycotter ladéclaration de politique générale (DPG) du Premierministre Abdoul Mbaye, prévue ce 4 septembre. Lorsdu Comité directeur, auquel pour la première fois a prispart la député de Keur Massar, Fatou Sow, les libérauxentendent se rendre à Paris pour assister, le 23 sep-tembre, à la cérémonie de remise à Abdoulaye Wadedu Prix du Forum des intellectuels africains et de ladiaspora qui “lui rend un hommage sur sa vie et sonœuvre pour l’Afrique, le Sénégal et le monde”.

COMITÉ DIRECTEUR DU PDS, SAMEDI

Frictions entre Oumar Sarr et Innocence Ntap

1er Septembre 20101er septembre 2012

Deux ans déjà que nous quit-tait notre cher époux, père, ami, OMAR WONE. Vous qui l'avezconnu et aimé, souvenez-vousde lui ! Priez pour lui ! Que laterre lui soit légère et que sonsouvenir reste encore vivace

dans vos esprits !

SOUVENIR

EN COULISSES page 2

numéro 370 • lundi 3 septembre 2012

Publications - Société éditriceBoulevard de l’Est-Point EImmeuble Samba Laobé Thiam DakarTél. : 33 825 07 31E-mail : [email protected]

Directeur de la publication :Mahmoudou WaneDirecteur de la rédaction :Mamadou Lamine BadjiRédacteur en chef : Momar DiengRédacteur en chef délégué :Bachir FofanaChefs de desk :Momar Dieng - PolitiqueBachir Fofana - Économie / SocialMaquette : Renaud Lioult (Directeur artistique), Penda Aly Ngom, Fodé BaldéPhotographe : Amadoune Gomis Impression : Graphic Solutions

Régie publicitaire :[email protected]él. : 77 834 11 [email protected]él. : 33 825 07 31 / 77 299 96 72

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PAR ALIOU NGAMBY NDIAYE

Professeur, jusqu’où peut aller cebras de fer entre le Sénégal et laGambie, après l’exécution de 9condamnés à mort par le présidentYaya Jammeh, dont deuxSénégalais ?Tout dépendra de l'attitude et de la

réaction de la Gambie sur le dossier descondamnés qui attendent dans le couloirde la mort. Si le régime gambien s’en-ferme dans sa logique de mort, un défi àl'opinion internationale, pour exécuterd’autres détenus, je pense que le bras defer va se durcir avec le Sénégal. En dépitde la volonté du président Macky Sall, quia eu le geste assez symbolique de consa-crer sa première visite en terre africaine àla Gambie même si cette visite avait desliens avec une préoccupation interne auSénégal qui est la crise casamançaise, la situation risque de s’envenimer davan-tage. Cette visite, pour ce qu'on en sait parla presse, avait donné des résultatsencourageants dans le sens du bon voisi-nage. Et tout récemment, l'accord de laGambie en faveur de la construction d’unpont sur le fleuve constituait un autresignal fort d’une embellie des relationsqui s’étaient quelque peu embrouilléesdans les dernières années du régime deWade. Tout cela était très encourageantdans le sens d’un désenclavement de laCasamance et la mise en œuvre d’un pro-cessus de paix crédible et qu’on en finisseavec la guerre dans le sud du Sénégal, laplus vieille guerre d'Afrique. Donc cetespoir suscité par ces premières relationsentre le nouveau régime du Sénégal et le

régime gambien a été totalement refroidipar les récents événements. Du côtégambien plusieurs éléments peuventavoir joué. Aveuglé par son pouvoir répres-sif, le président gambien n’a pas pris encompte l’émoi que pourrait susciter lamesure annoncée le jour de l’Aïd el-Fitr.Si l'exécution n’avait concerné que desSénégalais, on aurait pu immédiatementen déduire que Banjul cherche à provo-quer une tension diplomatique pour reve-nir sur les résultats qu’il juge trop avanta-geux pour le Sénégal. Ce serait lié à larecherche d’un casus belli pour revenirsur ses accords et surtout maintenir lasituation en Casamance, avoir une épinedans le pied du Sénégal et s’en servircomme pour maintenir le Sénégal dansune position de vulnérabilité.

Quel en serait l'objectif ?Une telle stratégie de maintien d’une

situation de ni paix ni guerre en Casa-mance envenimerait la situation entre lesdeux pays d’autant que récemment, dessoupçons d’approvisionnement desrebelles en armes sophistiquées ont pesésur la Gambie avec les armes à destina-tion de Banjul via le Nigeria. Le deuxièmeaxe de l’analyse pointe la différence derégime entre le Sénégal et la Gam-bie. Le régime de Yaya Jammehest tout sauf démocratique. Il setrouve que le président gambien,comme tous les dictateurs tropi-caux, s'entoure de rituel et de céré-monial qui peuvent faire penser àun cas pathologique. Peut-êtreaussi que Jammeh donne ducrédit à la voyance. Tout récem-

ment, cela a défrayé la chronique, lavoyante Selbé Ndom avait prédit un coupd'Etat contre lui cette année. La presseavait fait cas de la préoccupation de safamille par rapport à de pareilles fabula-tions. Est-ce que cela a contribué à ren-forcer la peur de Jammeh ? La paranoïaqui habite tous les dictateurs d’être ren-versés les conduit souvent à une foliemeurtrière pour transférer la peur chezleurs populations et dans leur entourageimmédiat en premier. En revanche, s’ils’agit d’une stratégie diplomatique endirection de son voisin le Sénégal, en sedisant que l’épine de la Casamance peut lui permettre ce jeu-là, le risqued’escalade est alors énorme.

Les deux pays ont-il eu à vivrenaguère un bras de fer aussi complexe ?Il faut dire que les relations entre les

deux pays sont faites de hauts et de bas,de périodes de bon voisinage, de relationstrès cordiales, mais parfois elles enregis-trent quelques grincements de dents etdes difficultés, ce qui, en restant à unniveau d’intensité tolérable, est tout à faitnormal entre des voisins. D’abord, il fautobserver qu’à elle seule, la configurationterritoriale, l’imbrication des deux terri-toires nationaux, suffit comme sourcepotentielle de problèmes. Le partagecolonial de la Sénégambie a abouti à lamise en place de territoires qui n’étaientpas destinés à être le réceptacle desEtats-nations qui y sont aujourd’hui

implantés. Ni l’empire britannique, nil’empire français encore moins lePortugal n’envisageaient d’accueillir unquelconque projet de construction natio-nale sur les territoires qu’ils se sont taillésdans la sous-région. Ce sont les régimesissus des indépendances qui ont procédéavec beaucoup de volontarisme à undétournement d’objectifs pour se coulerdans la logique territoriale coloniale trans-formée en nations qui, du reste, ont dumal à se stabiliser parce que chevauchantd’autres logiques mieux enracinées decohabitation entre les peuples. Les conti-nuités religieuses, linguistiques, cultu-relles sont parfois plus fortes que les dis-continuités frontalières héritées de lacolonisation avec leurs prétentions natio-nalistes contredisant les professions de foi panafricanistes plutôt creuses.Pendant la première décennie des indé-pendances, le Sénégal en 1960, la Gam-bie en 1965, ces logiques contradictoiresont été voilées par la belle conjonctureéconomique portée par les «trente glo-rieuses». L’économie mondiale connais-sait alors une embellie portée par les pro-grammes de reconstruction consécutiveà la deuxième guerre mondiale. Lesanciennes colonies devenues indépen-dantes ont tiré profit de cette logique debonne conjoncture.

Et notre pays ?Le Sénégal a alors fermé les yeux, pour

ainsi dire, sur l’économie de contrebande,venant de sa voisine, mais animée par ses

propres citoyens. Cette période est carac-térisée par des relations amicales voireternes entre les deux pays ; rien ne sepasse. Avec l’arrivée d’Abdou Diouf aupouvoir, la tendance s’est inversée. On estdans des difficultés économiques quiexpliquent les programmes d’ajustementstructurel mis en œuvre. Le régime deDiouf coïncide également avec un coupd’Etat militaire en Gambie et l’interventionde l’armée sénégalaise en Gambie pourremettre au pouvoir le président déchuDaouda Diawara. C’est aussi le début dela rébellion en Casamance. La confédéra-tion de la Sénégambie issue de l’interven-tion armée sénégalaise fit long feu. LesGambiens estimant que le Sénégal s’estoctroyé la part du lion dans le partage duleadership institutionnel et la suprématiemilitaire, entre autres griefs. L’arrivée deYaya Jammeh au pouvoir par un coupd’Etat militaire n’a pas tellement amélioréla situation d’autant que le Sénégal ne voitpas d’un bon œil ses accointances avec leMouvement des forces démocratiques deCasamance (MFDC).

C’est pour cela que cette confédération n’a pas duré ?Cette confédération n’a duré que le

temps d’une rose parce que justement lesGambiens ont eu quelques ressentimentsface à l’ogre sénégalais. Le sentimentnational étant largement aussi développéen Gambie qu’au Sénégal, on n’arrive pas à s’accorder sur l’orientation et ladirection de cette confédération qui vadisparaître très rapidement en laissant laplace à des relations plus souvent deméfiance que de fraternité. Au mêmemoment, le Sénégal connaît une rébelliondans le sud, qui se transforme en uneguerre qui dure depuis et dans laquelle,la Gambie va de plus en plus être impli-quée, jouant tantôt le rôle de facilitateurdes négociations si elle n’est accuséed’alimenter la rébellion en armes et del’utiliser comme un instrument diploma-tique pour affaiblir le Sénégal et négocieren meilleure posture avec un voisin enve-loppant.

(À suivre)

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numéro 370 • lundi 3 septembre 2012www.enqueteplus.com

POLITIQUEPR. IBRAHIMA THIOUB (HISTORIEN) SUR LES RELATIONS SÉNÉGAL - GAMBIE

“Si notre payscède, il s’affaiblit”Suite à l’exécution de neuf condamnés à mort par le présidentYaya Jammeh, dont deux Sénégalais, le climat est un peu tenduentre le Sénégal et la Gambie. Enseignant chercheur au départe-ment d’histoire de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, le professeur Ibrahima Thioub revient dans cet entretien sur les relations politiques qui ont marqué l’histoire de ces deux pays, lerôle joué par la Gambie dans le conflit casamançais et la postureque le Sénégal pourrait prendre dans ce climat un peu tendu.

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ECO / SOCIAL

BACHIR FOFANA

Par décision N°1523/ARTP/DG endate du 28 août 2012, ThiernoAlassane Sall (photo), Directeur

général de l’Autorité de régulation des télé-communications et des postes (ARTP) ainstauré un nouvel organigramme carac-térisé par un “recentrage sur le cœur demétier” de l’agence, “une structurationramassée permettant une mutualisationdes compétences (techniques, juridiques,économiques et financières)…”, “unediminution des niveaux hiérarchiques pourmieux responsabiliser les agents”, entreautres. Ce qui se traduit par un recentrageautour de 4 grandes directions et une ving-taine de départements et services. “L’idéede mettre fin à l’armée mexicaine qui pré-valait à l’ARTP”, explique une source ausein de cette agence. En effet, avant d’êtrelimogé en avril dernier, Ndongo Diao avaitlaissé 48 personnes avec rang de directeur,de chef département ou chef de service.Ce qui n'avait pas manqué de créer desconflits de compétence et même installéun certain immobilisme, voire une ineffi-cacité.Dans la foulée, le Directeur général a

aussi promu à ces postes. Thierno Ly, misau frigo du temps de Ndongo Diao, revient

au devant avec le poste de Directeur desaffaires juridiques et de la coopération.Abdou Ndiaye qui était jusque-là chef dela division radio communautaire, estpromu Directeur du spectre tandis queBoubacar Dramé voit ses prérogatives élar-gies en devenant Directeur de l’adminis-tration et des finances.

Un pion de Karim Wade promuMais la nomination la plus contro-

versée, c’est celle d’Oumar DièneSakho à la Direction de l’économie, desmarchés et de la stratégie. Pour lapetite histoire, M. Sakho a été, jusqu’àla chute de Wade, un conseiller tech-nique de Karim Wade. Certaines per-

sonnes l’accusent d’avoir inspiré ledécret n°2011-311 du 7 mars 2011instituant une taxe parafiscale dénom-mée Contribution au développementdu service universel des télécommuni-cations et du secteur de l’énergie(CODETE) ; décret qui siphonne 95%

des ressources du Fonds de dévelop-pement universel au profit du plan Tak-kal. Seulement à la Direction générale,on avance les compétences del’homme. “A ce poste, il est le seulcapable de faire des résultats”, dit-on,du côté des proches du DG. Par contre, cette nouvelle restructu-

ration à l’ARTP a mis au placard bonnombre de collaborateurs directs del’ex-DG Ndongo Diao qui ont notam-ment travaillé sur les dossiers polé-miques des appels entrants (de GlobalVoice à MTL) ou l’acquisition d’immeu-bles avec Cheikh Amar. Ils ont tous éténommés membres de la “Cellule ingé-nierie et gestion des projets”. L’on peutciter parmi eux Amadou Mbengue,Amadou Lamine Dial, Mouhamed Tall,Elymane Ly, Pape Ciré Cissé,Maïmouna Hanne Diallo, LamotheMbaye. Mais la Direction générale neparle pas de mise au placard, maisd’une cellule regroupant des “hommesexpérimentés” qui assistent leDirecteur général. D’ailleurs, l’onsignale que le nouvel organigramme amême été proposé par cette Cellule quiexistait du temps de Ndongo Diao sousl’appellation de “Commissaires”.

ALIOU NGAMBY NDIAYE

M a part de vérité ! Le titrerésume tout. Dans ce livre de133 pages, le professeur

Abdoulaye Sakho crache “ses vérités“suite à son inculpation par le Doyen desjuges pour une affaire de détournementde deniers publics portant sur “une créa-tion et une distribution de prime excep-tionnelle à tous les travailleurs de l’agencede régulation des télécommunications etdes postes suite à la vente d’une licenceglobale de télécommunication à l’entre-prise Sudatel“. Le Pr Sakho a apporté, àtravers ce livre, les éclaircissementsrelatifs à cette question. “Comment nepas être perplexe face à des conclusionscontenant d’aussi grossières erreurs

venant d’un corps d’élite (l'Inspectiongénérale d'État, NDRL) ?”, se demandeM. Sakho qui déplore ce rapport

accablant de l’inspection générale d’État“qui est à l’origine de tout“. Pour cela, ilappelle à une meilleure connaissance de

la régulation qui “reste encore méconnuedans notre pays”, une nécessité impé-rieuse pour la Présidence de la Répu-blique, autorité de tutelle de l’IGE, d’en-gager une réflexion approfondie sur lesprocédures de contrôle. “La structure derégulation doit nécessairement être indé-pendante. L’indépendance des membresd’une institution financière est fonda-mentale pour celle de l’institution elle-même“, soutient le professeur Sakho, àtravers ce livre. Mais aussi, il appelle àune réflexion sur les procédures decontrôle.L’affaire remontre en 2008 quand une

prime de 1,6 milliard de francs Cfa a étépartagée entre les travailleurs et le Conseilde régulation de l'ARTP, à la suite de lavente de la troisième licence detéléphonie à Sudatel. À la suite d'un rap-port de l'Inspection générale d'État, l'an-cien Directeur général, Daniel Seck et les7 membres du Conseil de régulation del'ARTP sont poursuivis par les tribunauxpour détournement de deniers publics.Mais, malgré la médiatisation, le profes-seur Abdoulaye Sakho est resté dans sonmutisme. Après que la procédure a suivison cours et que la justice sénégalaise luia accordé “un non lieu“, il apporte main-tenant sa “part de vérité“ sur cette affairequi avait, en son temps, défrayé la chro-nique. C’est à travers ce livre-entretienqu’Abdoulaye Sakho, interviewé par les

journalistes Bachir Fofana, chef du deskÉconomie du quotidien EnQuêteet BayeDame Wade, directeur de publication dumagazine Réussir, apporte les éclaircis-sements sur les tenants et lesaboutissants de cette question. “Ce livre,je l’ai écrit pour mon honneur mais aussipour vous. Je ne fais de reproche à per-sonne mais j’ai voulu tout simplementmontrer qu’il y avait des irrégularités danscette affaire“, soutient M. Sakho devantune forte assistance composée de sesétudiants, anciens étudiants, amis etproches collaborateurs qui ont pris d’as-saut la salle où se tenait la cérémonie dedédicace. “Ce livre est paru pour donnertoutes les explications et les réponsesliées à cette affaire de détournement dedeniers publics. Nous avons voulu, à tra-vers cela, faire des questions-réponses,en lui posant toutes les questions aux-quelles les Sénégalais s'attendaient“,explique Bachir Fofana. Le livre est com-posé de 133 pages et structuré commesuit : une introduction ; le pourquoi dupaiement par anticipation de la prime ;les irrégularités du rapport de l'IGE ; pour-quoi le paiement de cette prime n'est pasun détournement de deniers publics ?etune conclusion. Mais en trame de fond,c'est un ouvrage sur la régulation, l'indé-pendance des organes de régulation, letravail des corps de contrôle, entre autres,souligne Bachir Fofana.

NOUVEL ORGANIGRAMME À L’ARTP

Thierno Sall dégraisse “l’arméemexicaine” de Ndongo DiaoUn nouvel organigramme, institué par le nouveau directeur général de l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP), consacre la mise à l’écart de certains proches collaborateursde Ndongo Diao et des retours au premier plan dont certains suscitent beaucoup de commentaires.

DÉDICACE DU LIVRE MA PART DE VÉRITÉ

Abdoulaye Sakho appelle à une réflexionsur les procédures de contrôleC’est samedi qu’a eu lieu la cérémonie de dédicace du livre Ma part de vérité, du Pr AbdoulayeSakho. Dans ce livre, ce dernier donne sa version des faits suite à son inculpation pour détournements de deniers publics. Il appelle à une large réflexion sur les procédures de contrôle et une meilleure connaissance de la régulation.

DEPUIS L’INCARCÉRATION DE L’ACPLes inspecteurs du Trésor boycottent l’ARTP

I ncarcéré pour détournement de deniers publics depuisle début du mois de juillet dernier en même temps queNdongo Diao et Léon Pierre Sagna, le responsable finan-

cier, l’inspecteur du Trésor Mamadou Yaké Ba et non moinsAgent comptable particulier (Acp) de l’Autorité de régulationdes télécommunications et des postes (ARTP), n’a toujourspas trouvé un remplaçant. Pour cause, les autres inspecteursdu Trésor refusent d’aller le remplacer. En effet, en protestationcontre l’incarcération de leur collègue, tous les inspecteurs duTrésor sollicités pour le remplacer ont décliné l’invitation. Ducoup, c’est Seynabou Seck Cissé, le chef du départementcomptabilité et finances qui assure les fonctions d’ACP, enattendant que cette situation soit décantée.Il faut dire que l’Amicale des inspecteurs du Trésor avait déjà

donné le ton en organisant le 8 juillet (une semaine après l’in-

carcération de Mamadou Yaké Ba), une assemblée généraleextraordinaire pour “apporter un soutien indéfectible à leurcamarade”. “Il vient d’être mis sous les verrous parce queaccusé de complicité dans cette affaire de l’argent détourné àl’ARTP. Nous disons que les conditions de mise àresponsabilité ne se justifient pas. On pouvait se passer d’unevoie pénale car l’on ne voit pas là où il a fauté”, avait soulignéMamadou Oumar Bocoum, le président de l’Amicale des ins-pecteurs du Trésor. Mais au-delà de cette affaire, c’est le maintien même de

l’Agent comptable particulier au sein de l’Autorité derégulation des télécommunications et des postes (ARTP) quipose problème. Car au vu de la loi d’orientation n°2009-20du 4 mai 2009 sur les agences d’exécution, un ACP n’a passa place à l’ARTP car c’est une Autorité administrative indé-pendante (AAI) comme l’est l’Autorité de régulation des mar-chés publics (ARMP). De plus, son budget ne provient pasdes recettes de l’État (pour nécessiter la présence d’un comp-table public) mais des redevances perçues dans le secteurdes télécommunications. B. FOFANA

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IGE / ARTP

“Les membres du Conseil derégulation de l’ARTP : Mes-sieurs Abdoulaye Sakho,

Issakha Guèye, Cheikh Tidiane Touré,Mamour Niang, Abdoulaye Ndiaye,Babacar Thouré et Oumar Diouf, par desrésolutions des 5 et 7 mars 2008, ontcréé, sans base juridique, une primeexceptionnelle à leur compte personnel,à celui des agents de l’ARTP ainsi qu’auprofit de tiers. Ils ont, en outre, autorisé larépartition d’une somme de un milliardsix cents millions (1.600.000 000), cen-sée provenir de la contrepartie financièresuite à l’attribution de la licence globaleà la SUDATEL. Or, un pourcentage de 2%de cette contrepartie doit être affecté àl’ARTP, pour la réalisation de ses missionset non à des fins personnelles.”Telle est l’entame de la “Constatation

n°5” (chapitre Présidence de la Répu-blique) du Rapport n°30/2008 du 3

juin 2008 “relatif à l’utilisation du prélè-vement des 2% au profit de l’Agence derégulation des télécommunications etdes postes (ARTP) sur la contrepartiefinancière versée à l’Etat par la Sudatel”.Sous la conduite des Inspecteurs

généraux d’Etat Mamadou MoustaphaTall (chef de mission), Fallou Diop etMamadou Diop, les investigations rela-tives à la répartition et au paiement dela somme de 1,6 milliard de francs Cfaau profit des membres du Conseil derégulation de l’ARTP, entre autresbénéficiaires, ont conclu que cettesomme a été retenue “sur la base d’hy-pothèses et non de documents fiableset justifiés”. Pour l’IGE, “il appartientau ministre chargé des Finances decalculer et de déterminer la part quirevient à l’Agence pour l’exécution deses missions”. Et, poursuit-il, “il en estde même des critères de répartition qui

ont été appliqués”.Selon l’Inspection générale d’Etat, “ce

partage des deniers publics sans baselégale ou réglementaire et à des fins toutà fait personnel” s’est fait dans des condi-tions particulières.

“Sans base légale”Premièrement, le Conseil de régulation

a établi quatre résolutions entre le 5 marset le 7 mars 2008 “sur la base du décretn°2008-222 du 05 mars 2008 (celui quifixe le taux de prélèvement à 2%) sanspour autant avoir jamais consulté leministre des Finances.

Deuxièmement, notent les IGE, àaucun moment “le ministre des Financesn’a notifié aux autorités de l’ARTP ni laquote-part revenant à l’Agence, encoreprésenté à l’Assemblée nationale unprojet de loi de finances rectificative pre-nant en charge la recette extraordinaire

correspondant au montant de la contre-partie financière de la licence globaleoctroyée à la société de droit soudanaisSUDATEL, avec la répartition de sonmontant”.

Troisièmement,“le Trésor public n’adonc effectué aucun versement au pro-fit de l’ARTP au titre de sa quote-partprovenant de la contrepartie financièresuite à l’attribution de la licenceglobale SUDATEL”. Dans la “Consta-tation n°1” (chapitre Présidence de laRépublique toujours”, l’Inspectiongénérale d’Etat rappelle et précise quele partage du 1,6 milliard de francs Cfa“s’est fait par prélèvement sur lesavoirs de l’Agence.” Et même s’il yavait eu transfert de fonds légal, “cesdeniers publics seraient affectés aufinancement des dépenses de fonc-tionnement et d’investissement, et nonà un partage entre responsables del’ARTP”.

“Documents non applicables”Par analogie, indique la note, “si les

personnels des impôts, des Douanes etdu Trésor utilisaient de tels procédés,l’Etat n’aurait pas les moyens de financerses charges”.

Quatrièmement, relève-t-on dans laNote de Transmission au président de laRépublique signée par le Vérificateurgénéral Nafy Ngom Keïta, “déjà dans leprojet de budget 2008, l’ARTP avaitprévu une inscription budgétaire de 5%alors que le décret n°2008-222 précitén’a fixé que 2% du montant devant êtreaffecté à l’exécution de ses missions”.

Cinquièmement, “le Conseil de régu-

lation, contrairement aux dispositions del’article 3 du décret 2008-222 du 05mars 2008, a affecté une partie de cemontant au personnel, sous la forme deprime exceptionnelle”.

Sixièmement,“la création d’une primeexceptionnelle, au profit des organes del’Agence, viole les dispositions de l’accordd’établissement qui n’a pas prévu cetteprime”.Enfin, tranche l’IGE, “le Directeur

général de l’ARTP (NDLR : à l’époqueDaniel Goumalo Seck) a soustrait lasomme de 1,6 milliard de francs desavoirs bancaires de l’ARTP pour réglerà des non ayants droit une primeexceptionnelle non fondée. Il s’agit, là,d’un abus de biens sociaux, aggravépar un détournement de denierspublics commis à partir de documentsnon applicables”.

AFFAIRE DES 2% DE LA LICENCE SUDATEL “DISTRAITS” PAR LE CONSEIL DE RÉGULATION DE L’ARTP

“Abus de biens sociaux aggravé parun détournement de deniers publics”Les investigations conduites par l’Inspection générale d’Etat (IGE) sur les modalités du prélèvementde 2% effectué par le Conseil de régulation de l’ARTP (Autorité de régulation des télécommunica-tions et des postes) sur le prix de la licence accordée à Sudatel sont accablantes pour les membresde ladite instance. Les chefs d’accusation sont : “détournement de deniers publics, abus de biens sociaux et insouciance notoire pour l’efficacité, l’économie et l’efficience”. D’où l’information judiciaire ouverte plus tard à leur encontre avant qu’ils soient blanchis par un juge.

DÉCRET N°2008-222 DU 5 MARS2008

Article 1 :Fixe à 2% le pourcentageà accorder à l’ARTP sur la contrepartiefinancière versée à l’Etat à l’occasionde chaque attribution de licence d’ex-ploitation des réseaux et services detélécommunications ouverts aupublic.

Article 2 :Détermine les conditionsde versement de la contrepartie parles services du Trésor.

Article 3 : Définit les conditionsd’utilisation, par l’ARTP, du montantdu prélèvement opéré.

PAR MOMAR DIENG

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D ans l’exécution du prélèvement et dela répartition du 1,6 milliard defrancs Cfa par le Directeur général et

par le Conseil de régulation de l’ARTP, les ins-pecteurs généraux d’Etat soulignent avoirrelevé “une violation systématique des texteslégislatifs et réglementaires” en vigueur auSénégal dans ce domaine. C’est l’Etat du Sénégal qui est en premier

lieu pris en flagrant délit de non transparenceavec “le non respect de la formalité essen-tielle, que constitue la publicité” autour de laconvention de cession de la licence à Sudatelet des impératifs du cahier de charges établià cet effet.Ensuite, l’Etat du Sénégal, après encaisse-

ment des 200 millions de dollars en contre-partie de cette licence téléphonique, auraitdû initier une loi de finances rectificative“permettant ainsi la prise en compte et larépartition de cette recette extraordinaire”.Selon l’IGE, c’est à partir de cette loi definances rectificative que le ministre desFinances aurait pu “procéder à la notificationet au versement du montant destiné à l’ARTP(2% sur la contrepartie financière versée àl’Etat) en application de l’article premier du

décret 2008-222 précité”.Or, ajoute l’IGE, au momentoù la somme de 1,6 milliardde francs Cfa était “dis-traite”, “aucun projet de loide finances rectificative n’aété examiné par leParlement, ce que le minis-tre Délégué chargé duBudget a confirmé aux véri-ficateurs le 28 mai 2008”. Dans le même ordre

d’idée, le Payeur général duTrésor, Demba Diallo, audi-tionné par les enquêteurs de

l’Inspection générale d’Etat le 22 mai 2008,a dit : “Je n’ai reçu aucun titre de règlementau profit de l’ARTP. En conséquence, je n’aieffectué aucun versement à cet effet.” Pourl’IGE, il est évident alors que “les dispositionsde l’article 2 qui prévoit que la “somme équi-valente au pourcentage fixé à l’article premierest viré dans les comptes de l’ARTP, à la dili-gence du Trésorier payeur général, dès le ver-sement total ou partiel de la contrepartiefinancière de la licence”, n’ont pas été misesen œuvre”. Par conséquent, “la violation desdispositions de l’article 2 est établie”.La prise de liberté des “régulateurs” s’est

caractérisée également par rapport à l’article3 du décret précité. Celui dispose en effetque “la somme susvisée (NDLR : 1,6 milliardde francs Cfa) est destinée à la réalisation desmissions de l’ARTP et sa répartition est faitedans le budget approuvé par le Conseil deRégulation”.

Des avoirs bancaires de l'ARTPLe second pôle de la “violation systéma-

tique” des textes législatifs et réglementairespar l’Autorité de régulation des télécoms estdans l’usage du montant tiré des avoirs ban-caires de l’Agence. Ainsi, le budget 2008 del’ARTP (15,843 milliards de francs Cfa)“approuvé par le Conseil de Régulation parune résolution du 16 janvier 2008 (…) n’apas fait l’objet de réaménagement en coursd’année pour prendre en compte la ressourceexceptionnelle devant provenir du versementpar l’Etat du pourcentage de 2% prévu par ledécret 2008-222 du 5 mars 2008”.Pourtant, note l’IGE, dans la rubrique 1.4

dudit budget intitulé “Revenus exception-nels”, l’Agence dit : “Conformément aux dis-positions du Code des télécommunications,l’ARTP a fait une requête auprès des autoritéscompétentes pour disposer de sa quote-partrelative aux ressources tirées de la cession dela licence globale du groupe Sudatel pour unmontant de 200 millions de dollars améri-cains. A cet effet, des ressources exception-nelles s’élevant à 4,500 milliards de francsCfa (soit 5% du prix de cession de la licenceglobale) sont attendues par l’ARTP en 2008.Ces ressources servent à améliorer l’exercicedes missions de l’ARTP, notamment accroîtreet diversifier le soutien institutionnel del’Agence. Le reliquat fait l’objet d’une primeexceptionnelle au profit des organes del’agence à raison de 25% pour le Conseil deRégulation et 75% pour le Directeur général.Les modalités de répartitions de la primeexceptionnelle sont déterminées par leConseil de régulation”.

Quatre manquements Pour l’Inspection générale d’Etat, quatre

observations sont nécessaires à ce niveau.Primo : “Le taux de change retenu par

l’ARTP est de 450 francs Cfa par dollar amé-ricain alors que le taux réel appliqué sur lemontant réparti est de 400 francs Cfa.” Deuxio : “L’ARTP a retenu une inscription

budgétaire de 5% alors que le décret 2008-222 précité n’a retenu que 2%.”Tertio : “L’ARTP a affecté, contrairement

aux dispositions de l’article 3 du décret2008-222 du 5 mars 2008, une partie de cemontant au personnel sous la forme de primeexceptionnelle.” En plus, l’article 28 dudécret n°2003-63 du 17 février 2003 sti-pule : “Les ressources de l’ART sont entière-ment et exclusivement affectées à la réalisa-tion de ses missions organiques oustatutaires.”Quarto : “La création d’une prime excep-

tionnelle, au profit des organes de l’Agence,viole les dispositions de l’accord (collectif)d’établissement qui n’a pas prévu cette caté-gorie de prime.” Pour justifier cette prime versée à ses mem-

bres et au personnel de l’Agence, le Conseilde Régulation a posé le postulat suivant :

“Considérant qu’il est de règle dans lesFinances publiques de la République que lespersonnes ayant concouru à la collecte desrecettes publiques puissent avoir droit à unpourcentage des dites recettes.”

“Éthique et déontologieprofessionnelle”Pour l’IGE, “ce motif” avancé par le Conseil

de Régulation “est inquiétant pour un organeaussi important” et “ne peut en aucun casservir de base légale ou réglementaire pourdistribuer des deniers publics à des tiers”.Par ailleurs, “sur le plan de l’éthique et de ladéontologie professionnelle, l’acte ne peut sejustifier. Pourquoi (dans la même logique) lesDirecteurs généraux des Régies financières nese partageraient pas avec leurs personnels lesrecettes encaissées au titre de la loi definances ?”, s’interroge l’Inspection généraled’Etat. Qui rappelle avec force au Conseil deRégulation de l’ARTP la règle de base sui-vante : “Les fonds publics à répartir auxagents de l’Etat autres que les salaires etavantages financiers, relèvent de textes spéci-fiques portant notamment sur le produit desamendes et confiscations ou sur les fondsalloués aux comptables publics.” En créant une prime exceptionnelle, les

membres du Conseil de Régulation “s’oc-troient un avantage financier non prévu parles textes en vigueur et se considèrent (defait, de droit ou les deux) comme agents del’ARTP. Ce qui n’est pas le cas. Il s’agit là(donc) d’un cas manifeste d’abus de bienssociaux”.

Des textes législatifs et réglementaires“systématiquement violés”

Nafi Ngom Keïta, Vérificateur général (IGE)

Daniel Goumalo Seck, ancien DG ARTP

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IGE / ARTP PAR MOMAR DIENG

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IGE / ARTP PAR MOMAR DIENG

S ur les 2% du 1,6 milliardde francs Cfa, 6% ont étéalloués à l’Agence natio-

nale pour l’organisation de laconférence islamique, soit 94 mil-lions de francs Cfa, en guise “d’ap-pui”. Le reste (94%) est revenu àl’ARTP, soit 1,504 milliard defrancs Cfa.Sur ce montant, 25% sont allés

aux membres du Conseil de régula-tion, soit une somme de 376 mil-lions de francs Cfa. A partir de là, leprésident du Conseil de régulation(Abdoulaye Sakho) s’est adjugé unequote-part personnelle de 16%,soit 60,160 millions de francs Cfa.Le reste de la cagnotte (315,600millions de francs Cfa) a été distri-bué aux autres membres du Conseil

à parts égales (14% chacun). Cequi donne un montant de 52,640millions de francs Cfa à : IssakhaGuèye, Cheikh Tidiane Touré,Mamour Niang, Abdoulaye Ndiaye,Babacar Touré et Oumar Diouf. A noter que pour chaque membre

du Conseil, “une retenue de 5% aété opérée et reversée au Trésor”,mais, précise l’IGE, “aucune justi-fication n’a été fournie”.Pour les employés de l’ARTP (du

Directeur général à l’employé debase), 1,128 milliard de francs Cfaa été réparti. La part du Directeurgénéral (Daniel Goumalo Seck)s’est élevée à 135,360 millions defrancs Cfa. Quant à la Mutuelle destravailleurs de l’Agence, elle a

encaissé 180,480 millions defrancs Cfa.Dernier maillon de cette chaîne,

les “stagiaires recrutés en 2008”et auxquels le restant a été réparti,soit 1,077 million de francs Cfa.L’inspection générale d’Etat a

fait quelques observations à ceniveau. Pour elle, non seulement“le coût de la licence à 80 milliardsde francs Cfa n’est pas justifié”,mais aussi “le cours du dollar à400 francs Cfa est un taux imagi-

naire, alors qu’à la même période lecours du dollar était aux environsde 440 francs Cfa”.Par ailleurs, poursuit l’IGE, “le

représentant du Ministère desFinances au niveau du Comité depilotage est madame AïssatouDiallo Gaye, laquelle est la seule àn’avoir pas encaissé la part qui luiest attribuée, probablement à soninsu”.Pour les vérificateurs, “la somme

de 5% retenue sur les montantsversés aux membres du Conseil deRégulation ne correspond pas àl’imposition correcte ; ces mon-tants doivent être déclarés dans lesrevenus des bénéficiaires et impo-sés comme tels”.

Comment le Conseil de Régulation a partagé le 1,6 milliardL’inspection générale d’Etat ne s’est fait pas d’illusion sur les modalités de la répartition des 2% tirés du montant de la redevance de Sudatel par le Conseil de régulation de l’ARTP :des critères subjectifs ont été utilisés car ceux auxquels le Conseilde régulation a recouru n’ont été justifiés à aucun moment.

La défense du Pr. Abdoulaye Sakho...

Dans le rapport n°30/2008 del’Inspection générale d’Etat,le Président du Conseil de

Régulation, Abdoulaye Sakho,affirme : “Je constate que le pré-rapport, contenant des accusationsgraves contre ma personne et lesautres membres du Conseil deRégulation, a été établi et m’a étécommuniqué sans que je ne soisentendu par les vérificateurs.” A cetégard, poursuit M. Sakho, “le pré-rapport viole la Constitution de laRépublique du Sénégal qui disposeen son article 9 : “La défense est undroit absolu dans tous les Etats et à tous les degrés de la procédure”. Le pré-rapport a ignoré le principe du contradictoire et la présomption d’innocencequi en découle. Ce fait est susceptible d’annuler le pré-rapport car, dans lecas d’espèce, la forme est susceptible de préjudicier le fond.Pour Abdoulaye Sakho, les textes applicables liés à la “consécration juri-

dique de l’autonomie financière et de gestion” de l’ARTP ont été passés soussilence par les vérificateurs de l’IGE. “Tous les actes effectués sur le prélè-vement sont autorisés par le statut financier de l’ARTP consacré, entreautres, par l’article 42 du Code des Télécommunications et par l’article 2,alinéa 2, de la loi n°2002-23 du 4 septembre 2002”, argumente le Pr.Sakho. Pour ce dernier, et par ailleurs, “le contenu et le sens de l’autonomie

financière et de gestion” ont une conséquence logique : “l’indépendancebudgétaire”. Celle-ci, note le professeur Sakho, “regroupe trois paramè-tres : l’indépendance financière, qui vise les ressources propres del’agence ; l’indépendance de programmation et d’exécution budgétaires,qui permet à l’Agence de décider de l’utilisation de son budget et deconduire les dépenses qui lui paraissent nécessaires à l’exécution de samission ; et l’autonomie de gestion budgétaire, qui désigne la capacité del’Agence à effectuer ses dépenses (faire les achats, signer les baux, opérerles paiements…)”.Plus fondamentalement, explique Abdoulaye Sakho, “l’abus de biens

sociaux (retenu par l’IGE) ne peut prospérer ici car, s’agissant d’une infra-ction propre au droit des sociétés (article 891 Acte Uniforme sur les sociétéscommerciales) et, au regard du principe d’interprétation stricte, en droitpénal, un tel délit est inopérant dans le droit des autorités administrativesindépendantes”.En ce qui concerne le “détournement de deniers publics”, le Pr. Sakho

soutient : “L’article 152 du Code pénal qui le prévoit suppose deux condi-tions cumulatives : l’existence d’un acte matériel ou de soustraction et l’exis-tence d’un élément intentionnel résultant de la dissipation des fonds (…)qui décide qu’en l’absence d’élément intentionnel résultant de la dissipa-tion des fonds, le délit de détournement de deniers publics n’est pas consti-tué par le simple constat d’un manquant.”Pour le Pr. Abdoulaye Sakho, une vérité se dégage. “Titulaire d’une

créance certaine, liquide et exigible contre une personne bénéficiant del’immunité d’exécution, l’ARTP est en droit de demander, sans aucunecontrainte possible sur le Trésorier Payeur Général, le virement de la sommedans les comptes qu’elle lui aura indiqués. C’est ce qui a été fait par leDirecteur général de l’ARTP par un courrier en date du 5 mars 2008 avecampliation dès le 7 mars, pour information, au Directeur général du Trésoret au ministre d’Etat, ministre de l’Economie et des Finances.”

PROPOSITIONS DE SANCTIONSL’inspection générale d’Etat a proposé une palette de sanctionscontre les membres du Conseil de Régulation et contre leDirecteur général.

Proposition 1Au président de la République : “Traduire devant les Tribunauxles sept membres du Conseil de régulation et le Directeurgénéral de l’ARTP pour détournement de deniers publics d’unmontant de 1,6 milliard de francs Cfa sur la base des articles152 à 155 du Code pénal et 140 du Code de procédurepénale, sans préjudice de leur traduction devant la Chambrede discipline financière de la Cour des comptes.”Proposition 2“Faire rembourser sans délai les sommes indûment perçuespar tous les autres bénéficiaires, notamment les membres dupersonnel de l’ARTP.”Proposition 3Au Directeur général de l’ARTP, l’IGE demande d’”annulerles 6% attribués à l’ANOCI, soit 96 millions de francs Cfa,

et les 16% alloués à la Mutuelle, soit 180,480 millions defrancs Cfa.”Proposition 4Au président de la République, “licencier immédiatementpour faute lourde et détournement de deniers publics le Direc-teur général de l’ARTP, monsieur Daniel Goumalo Seck”.Proposition 5Au président de la République, “nommer un nouveauDirecteur général de l’ARTP”.Proposition 6“Mettre fin aux fonctions des sept membres du Conseil derégulation pour manquement grave, par décision du présidentde la République conformément aux dispositions de l’article47 de la loi n°2001-15 du 27 décembre 2001 portant Codedes Télécommunications, modifiée par la loi n°2006-02 du04 janvier 2006.”Proposition 8“Présenter au Parlement une loi de Finances rectificativepour prendre en charge dans le budget de l’Etat la recetteextraordinaire provenant de l’attribution de la licence globaleSUDATEL.”

Page du procès verbal de réunion du conseil de régulation, 5 mars 2008

Procès verbal d’audition de l’IGE, 23 juin 2008

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PAR MOMAR DIENG

L’ IGE est formelle :“Contrai-rement aux affir-mations du président du

Conseil de Régulation, le pré-rapportlui a été communiqué pour respecterle caractère contradictoire de la pro-cédure, norme obligatoire dans laconfection des rapports de vérifica-tion produits par l’Inspection géné-rale d’Etat.” Pour l’organe decontrôle étatique, il est clair doncque “le droit de la défense a été res-pecté”. “Il appartenait au présidentdu Conseil de Régulation, signataire

des résolutions et des procès-ver-baux, de partager le contenu du pré-rapport avec les autres membres afinde rédiger une réponse commune.”A propos de l’autonomie financière

et de gestion de l’ARTP, l’Inspectiongénérale d’Etat répond : “Le prési-dent du Conseil de régulation argu-mente à partir de la loi n°2002-23du 4 septembre 2002 portant cadrede régulation pour les entreprisesconcessionnaires de service public etse réfère souvent au principe de l’au-tonomie financière. Or, la loi précitée

n’est pas encore appliquée à l’ARTPdans la mesure où selon les disposi-tions de l’article 10 de ladite loi, l’or-ganisation des institutions de régula-tion devrait faire l’objet d’une loipour chaque secteur régulé. Cette loin’a jamais été prise.”Sur “l’indépendance budgétaire”,

“l’autonomie financière et de ges-

tion”, l’Inspection générale d’Etatnote que “ces principes reconnus onttoujours été encadrés par les lois etrèglements en vigueur en particulierle décret n°2003-63 du 17 février2003 fixant les règles d’organisationet de fonctionnement de l’ARTP,notamment en ses articles 26 et sui-vants et la loi n°2003-23 précitéeportant cadre de régulation pour lesentreprises concessionnaires de ser-vice public en ses articles 12, 15,16, 18 et 19”.“Par conséquent, les développe-

ments du président du Conseil derégulation ne remettent pas encause les constatations et conclu-sions des vérificateurs qui lesmaintiennent.”

La contre-attaque de l’IGEPour les vérificateurs de l'IGE, les arguments du Conseil de Régulation liés à l'indépendance financière et à l'autonomie budgétaire et de gestion se heurtent à une loi qui n'est pas encore appliquée à l'ARTP.

Les vérités de Bouki !

L' Agence de régulation destélécommunications etdes postes est décidément

une entreprise particulière. NdongoDiao, son ex-directeur généralnommé par Abdoulaye Wade, estprésentement en prison. Le prédé-cesseur de celui-ci, Daniel GoumaloSeck, l'y a précédé, en compagnie desmembres du Conseil de régulation,pour détournement de denierspublics et abus de biens sociaux,selon les conclusions de l'Inspectiongénérale d'Etat, avant que le juge neles libère. Pour un régime politiquecupide, l'ARTP est une vraie vache àlait qui permet la capture indued'énormes masses d'argent, presquesans coup férir. Dans ce jeu de massa-cre des finances publiques, émergentdes cols blancs n'éprouvant aucuneespèce de pitié pour ce que l'onappelle communément “l'intérêtnational”. Nuit et jour, qu'il pleuveou qu'il vente, ils tournoient autourdes grandes sucettes afin d'en tirer lemaximum de profits, avant de passerà d'autres urgences. Pour cette caté-gorie-là d'individus, la vie est elle-même urgence et l'accumulationcapitalistique d'avoirs financiers nesaurait souffrir de quelque considé-ration civico-morale.

Pour l'affaire que voilà, nous avonsune intime conviction : des per-sonnes placées au cœur de l'une desentreprises les plus florissantes dupays (l'une des rares qui gagnent del'argent en dormant presque) ontprofité de leurs positions de pouvoirpour tenter de s'enrichir. Pour atté-nuer et la suspicion et le caractèrescandaleux d'un complot indignedes responsabilités qui étaient leurs,elles (qui ne sont pas des agents del'ARTP) ont eu l'intelligencemafieuse d'intéresser opportuné-ment 116 autres agents. Ainsi, toutle monde il est mouillé ! La quote-part financière de l'ARTP sur lalicence Sudatel les intéressait un peutrop, elles ont forcé le coffre-fortbancaire de l'Agence pour satisfaireleurs appétits. Avec le pouvoir-pas-soire alors en vigueur sous le régimeWade, se servir indûment sur desfonds publics, affronter la prisonpour quelque semaines, et se faireensuite blanchir par un juge com-plaisant, était un jeu d'enfant pourdes “experts” sachant slalomer entreles circuits d'influence dans l'espacegouvernant.

Dans toute histoire, malsainecomme géniale, il y a toujours desparts de vérité qui font sortir de l'or-dinaire des protagonistes plus oumoins crédibles. Mais dans cettegigantesque conspiration d'argentsurvenu au cœur de l'ARTP, on doitplus que jamais s'interroger sur l'uti-lité pour le pays de cette franged'”experts” dont les motivations psy-chologiques inavouées sont enconflit perpétuel avec les intérêtsbien compris de la collectivité natio-nale.

POST-POINT

La sarabande des coïncidences

A l’issue de “l’analyse de plusieurs documents”, l’Inspection généraled’Etat a formulé un certain nombre d’observations.D’abord, unedate fétiche à laquelle correspondent plusieurs événements. Le 5

mars 2008, c’est la date du décret n°2008-222 (voir supra). Le 5 mars2008, c’est le jour du procès-verbal du Conseil de Régulation relatif auxmodalités de répartition du prélèvement au profit de l’ARTP suite à la ces-sion de la licence globale. Le 5 mars 2008, enfin, c’est la date à laquelle“la lettre (référencée) n°0495/ARTP/DG/SG/DSA a été adressée au Payeurgénéral du Trésor public par le Directeur général de l’ARTP pour réclamer leversement du prélèvement de 2%”.Ensuite, une légèreté qui incite le Directeur général de l’ARTP, également

membre de la Commission communication et TIC de l’Agence nationalepour l’organisation de la conférence islamique (ANOCI), à “présenter unerequête orale” pour faire obtenir à cette dernière des subsides de 96 millionsde francs Cfa.Puis, le Conseil de régulation a adopté d’autorité, à travers trois résolu-

tions arrêtées le 07 mars 2008, des clefs de répartition du 1,6 milliard defrancs Cfa “sans pour autant justifier les critères qui ont prévalu à leur fixa-tion”.Enfin, note l’IGE, “la non identification du bon interlocuteur pour mobili-

ser la ressource financière justifie l’envoi, par le Directeur général de l’ARTP,des correspondances n°0590ARTP/DG et n°0591ARTP/DG du 07 mars2008, comportant les mêmes tenants, respectivement au Directeur généraldu Trésor et au ministre d’Etat, ministre de l’Économie et des Finances”.

D ans cette affaire, deux institutions impor-tantes ont fait l’objet d’investigations de lapart des limiers de l’Inspection générale

d’Etat. Il s’agit du Ministère de l’Economie et desFinances (MEF) et de l’Agence de régulation destélécommunications et des postes (ARTP). Pour le MEF, ainsi que le précise la “Constata-

tion n°2”, les faits sont limpides. “Les agents del’ARTP et des tiers ont indûment perçu, au titre dela prime exceptionnelle, des sommes provenant dumilliard six cents millions de francs suite aux réso-lutions des 5 et 7 mars 2008 du Conseil de régu-lation.” De là découle la “Proposition n°2” selonlaquelle il faut “faire rembourser, par tous les béné-ficiaires, les sommes indûment perçues”. Du côté de l’ARTP, la “Constatation n°3” est

sans ambiguïté : “les autorités de l’Agence natio-nale pour l’organisation de la conférence islamique(ANOCI) n’ont pas formulé de demande d’assis-tance financière auprès de l’ARTP, néanmoins leConseil de régulation de l’ARTP leur a attribué 96millions de francs Cfa”. Et selon la même“Constatation”, “la mutuelle de l’ARTP a aussibénéficié d’une dotation de 180,480 millions defrancs Cfa”. Pour les vérificateurs, s’il devait y avoirversement au profit de l’ANOCI, il devait êtremotivé par une requête formulée et “portée par lesautorités habilitées de l’ANOCI” et non être lerésultat d’une initiative des membres du Conseil derégulation de l’ARTP. Pour l’IGE, “ces fonds sont tirés des avoirs ban-

caires de l’Agence et non de la contrepartie finan-cière versée par Sudatel, comme le prétendent le

Directeur général et les membres du Conseil derégulation”. “En conséquence, indique l’IGE, lesvérificateurs proposent la restitution des dits fondsainsi détournés de leur objet.”En parallèle, la “Proposition n°3” de l’IGE est la

suivante : “annuler les décisions relatives au verse-ment de 96 millions de francs à l’ANOCI et180,480 millions à la mutuelle des travailleurs del’Agence. Abdoulaye Diop, ex-ministre des Finances

Karim Wade, 96 millions généreusement accordés à l’Anoci

L’Anoci bénéficiaire malgré elle

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SERVICES & LOISIRS

HumourNuméros UtilesMOTS FLÉCHÉS • N°327 (FORCE 2)

MOTS MELÉS • N°279

SUDOKU N°277

“La récompense de Dieu, c'est Dieului-même... Demandez autre chose si vous trouvez quelque chose demieux.”

SAINT AUGUSTIN

Citatio

ns

- Plus de la moitié des mariages se terminent par un divorce, vous ne trouvez pas ça triste,demande le curé lorsd'une table ronde à la télé ?- Non, répond unevoix, si on considèreque les autres finis-sent par la mort.

Dans une école en Israël :L'instituteur demandeà un élève :- Qui était Moïse ?- Un gars pas bienmalin. - Comment ! Tu n'aspas honte de parlerainsi de Moïse, notregrand ancêtre ?- Non, il n’est pas ingénieux car aprèsavoir traversé la merrouge, il a tourné àgauche. S'il avaittourné à droite, c'estnous qui aurions eutout le pétrole...

SECURITEGendarmerie Nationale :800 00 20 20Police secours : 17Sapeurs Pompiers : 18

TELEPHONERenseignements Annuaire :1212Service Dérangements :1213Service Clients : 1441

EAU - SDEService dépannage & Renseignements800.00.11.11(appel gratuit)

ONASEgoûts, collecteursNUMERO ORANGE (appel gratuit)

81 800.10.12

SENELECService Dépannage : 33 867.66.66

TRANSPORTSSociété nationale de Chemins de Fer du Sénégal(SNCS): 33 823.31.40Aéroport Léopold S. Senghorde Yoff : 33 869.22.01 / 02Port Autonome de Dakar(24H/24) : 33 849.45.45Heure non ouvrableCapitainerie : 33 849.79.09Pilotage : 33 849.79.07

URGENCESS.U.M.A : 33 824 24 18SUMA-MEDECIN : 33 864 05 6133 824 60 30S.O.S MEDECINS : 33 889 15 15

HOPITAUXPrincipal : 33 839.50.50Le Dantec : 33 889.38.00Abass Ndao : 33 849.78.00Fann : 33 869.18.18HOGGY (ex-CTO) : 33 827.74.68 / 33 825.08.19

Autocar très confortable

“Celui qui confesse son ignorance lamontre une fois ; celui qui essaie dela cacher la montre plusieurs fois.”

PROVERBE JAPONAIS

HEURES DE MESSE• Cathédrale : 7H

• Martyrs de l'Ouganda :

6H30-18H30

• Saint Joseph :

6h30 - 18h30

HEURES DE PRIERES MUSULMANES• Fadiar : 05:58• Tisbar : 14:15• Takussan : 17:00• Timis : 19:32• Guéwé : 20:32

Prières

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EN VUE

BIGUÉ BOB

“L e Sénégal est un exem-ple de démocratie enAfrique. Ce pays a une

histoire sur tout. Mais dans ledomaine de l'audiovisuel, il y a ungap. On s'est fait dépasser par beau-coup”. C'est le constat peu reluisantfait par l'ancien directeur général dela Radiotélévision du Sénégal (RTS),Mactar Sylla, samedi à Dakar, à pro-pos notamment du financement del'audiovisuel public. C'était au coursd'une table ronde axé sur le thème :

“Projet de code de la presse : quelfinancement pour le secteur audiovi-suel au Sénégal ?”, organisé à l'initia-tive du Groupe futurs médias qui fêteses dix ans d'existence.L'ancien directeur de Tv5 Afrique

trouve anormal que des pays commele Bénin financent leur télévisionnationale à hauteur de 12 milliards FCfa par an et que le Sénégal nepuisse même pas faire la moitié. LaRTS, a-t-il fait savoir, vit au gré de lapublicité ; elle dispose de seulement3 milliards F Cfa par an. Une somme

jugée dérisoire par les professionnelsqui ont pris part à la rencontre. Del'avis de Mactar Sylla, l’État pourraitappliquer une taxe sur la fiscalitépour le financement de l'audiovisuel.Il est aussi possible d'user du secteurde la téléphonie dans le même sensavec le transport des chaînes, celapourrait alléger les charges, à l'encroire. Dans la même veine, M. Syllase dit favorable à une politiqueaudiovisuelle extérieure : “On pour-rait avoir un portail des médias duSénégal et vendre cela à travers le

monde.” Venu exprès du Camerounpour la rencontre, M. Sylla a proposéen outre différents créneaux à exploi-ter suivant son expérience profes-sionnelle. Pour lui, il est temps auSénégal de faire de la presse unlevier économique à part entière. “Lacommunication est une activité éco-nomique. Ici, on croit que la commu-nication est accessoire et [alors que]cela a des incidences sur le dévelop-pement économique du pays”, a-t-ildit. M. Sylla a insisté sur le fait quele pays doit faire de ce secteur “unerampe de lancement vers les voies dudéveloppement”. Par conséquent,un budget doit être dégagé pour sou-tenir le secteur public, a-t-il indiqué,en présence de nombreux profession-nels de l'information et de la commu-nication, ainsi que de représentantsdu Conseil national de régulation del'audiovisuel (CNRA) et l'Autorité derégulation des télécommunicationset des postes (ARTP). Selon lui, cela

permettrait à la presse privée debénéficier plus du marché de publi-cité. De son côté, le président du

Conseil des diffuseurs et éditeurs depresse du Sénégal (Cdeps),Madiambal Diagne, a estimé qu”'onne peut pas faire une pressesérieuse, professionnelle et rigou-reuse sans financement”. Le patrondu Groupe Avenir Communication,éditeur notamment du journal LeQuotidien, a ajouté “qu'on ne peutpas faire de la presse le parent pau-vre de l'économie”.

MÉDIAS -INAUGURATION DE BAYAAN FMLa voix de laTidjaniya voit le jour

Bayaan Fm (éclairage enarabe), captée sur la 90.5, a étéinaugurée samedi à Thiaroye

Azur, banlieue de Dakar, par SerigneAbdoul Aziz Sy al Amin, porte-parole du khalife général desTidianes. “L’objectif de cette radio,c’est d'en faire le prolongement del’école de Seydi El hadji Malick. Cesera une radio proche de la popula-tion, qui va éduquer et qui sera géné-raliste, mais à vocation religieuse”, aexpliqué Hamid Sy, président duconseil d'administration (PCA) de lachaîne radiophonique.

Selon les promoteurs, ce supportmédiatique permettra aussi de défen-dre les préceptes religieux mais ausside contrecarrer les idéologies del’Occident visant à ternir l'image del’islam. “Cette radio sera différente decelle que connaît le paysage média-tique sénégalais où on ne passe que dela musique, des programmes qui per-vertissent. Mais ce sera une radio dereligion car dans un pays où seule laparole est maîtresse, qui se tait se tue”,a dit Serigne Abdoul Aziz Sy AlAmin. D'après lui, “le constat est quel’Occident travaille tous les jours ànuire à l’islam à cause des informa-tions qu’il véhicule. Ce sera l’occasionpour nous, à travers cette radio, de lecontrecarrer en ne diffusant que desprogrammes qui vont tourner autourde l’islam”. Serigne Abdoul Aziz Sy aaussi invité les gérants à faire preuvede transparence et à œuvrer pour uneparticipation plurielle dans l'anima-tion de la radio.

S'agissant des programmes, il y aurades émissions interactives dans plu-sieurs langues dont le Wolof et leSérère, des débats qui tournerontautour de l’islam, en général, et desautres tarikhas (confréries) en parti-culier. Bayaan Fm, qui n'émet pourl’heure que dans la région de Dakar,sera élargie aux autres localités dupays dont Thiès, Louga, Tivaouane,Kaolack, Ziguinchor et Saint-Louis.“Nous allons aussi passer à l’étapesupérieure avec la mise en place d’unefréquence de télévision. Nous n’atten-dons que la réponse de l’ARTP(Autorité de régulation des télécom-munications et des postes), a annoncéM. Sy, en présence de plusieurs per-sonnalités religieuses et administra-tives dont le député Serigne MansourSy Diamil, le directeur du Bureausénégalais des droits d'auteurs(BSDA) Mounirou Sy, et du célèbreprêcheur Oustaz Alioune Sall.

CHEIKH THIAM

E n plus de souffrir du piratageindustriel de leurs œuvres, lesartistes doivent faire face à

des faussaires de tickets d'entrée auxsoirées. Le chanteur Djiby Dramé ensait quelque chose. Des personnesmal intentionnées ont tenté de luifaire le coup en confectionnant destickets de soirée pareils à ceux que luiet son staff ont fait pour la huitièmeédition de la “Nuit du basin”, samediau Théâtre national Daniel Sorano. Etn'eût été la vigilance de la sécuritépostée à l'entrée, le chanteur man-dingue aurait beaucoup perdu. Lesubterfuge a été vite découvert et lasituation maîtrisée à temps. Mais nonsans conséquences. En effet, il a fallubeaucoup plus de minutie et de sur-veillance provoquant une très longuequeue d'aficionados de Djiby Dramé àl'entrée du théâtre.Passée cette frayeur, l'événement a

été une réussite. Le défilé des plusbeaux boubous ganila, diezner et“basin riche” sur tous les tons et soustoutes les coutures. Cependant, enbons maîtres de cérémonie, le chan-teur et sa femme ont ravi la vedette àtous les sapeurs. “Papa Daddy” et“Maman Chérie”, comme les deux sesurnomment affectueusement, ontchangé d'accoutrement à l'entame dechaque chanson, . On aurait dit qu'ilsavaient transporté l'ensemble de leurgarde-robe à Sorano. Au tonnerred'applaudissements qui les accueil-lait à chaque numéro d'exhibitionrépondait une pluie de billets debanque.Avec leurs invités, le couple a

chanté une dizaine de titres. L'artistemontante, Aïda Samb, Mbaye DièyeFaye et la danseuse Ndèye Guèye ontfait des bœufs avec les Dramé.

B. BOB

SOPHIANE BENGELOUN

G orée sur la route de l’es-clave : de la mémoire au par-don. C'est le titre de l'exposi-

tion de l'artiste Lamine Barroqu'abritent les locaux de la Galerienationale à Dakar. Fer, argile, bois ouhuile sur canevas impriment,jusqu’au 23 septembre, l’esprit desvisiteurs grâce à des reconstitutionsminiatures de scènes d’époque où lesacteurs en terre cuite sont frappantsde réalisme. Des toiles et une collec-tion d’objets d’époques et des repro-ductions de gravures originales à l’ef-figie de personnalités historiquesd’envergure (le Général Faidherbe,Victor Schœlcher, etc.) sont égale-ment de la partie... De même qu’unesérie de mini-documentaires, faitd’images d’archives, qui retracentégalement, via la vidéo projection, les

temps forts de la traite des esclaves,cette période sombre de l’histoireafricaine.Peintre, sculpteur et céramiste,

Lamine Barro expose une collectionqu’il a, 16 ans durant, amassée dansle but d’offrir une “narration visuelle”de l’histoire de la traite négrière auxgénérations futures de l’Afrique.L'artiste se veut avant tout didac-tique : “Je ne suis ni un écrivain ni uncinéaste mais j’essaie, à travers mamain et mon intelligence, de retracerl’histoire. Cette exposition est le tra-vail de plusieurs années et de mavolonté d’offrir à l’enfant africain unoutil pédagogique par lequel il pourraphysiquement voir ce qui s’est passéà cette époque”. Le vernissage a eu lieu le 23 août,

date retenue comme journée mon-diale du Souvenir de la traite desesclaves et de son abolition.

MÉDIAS - FINANCEMENT DE L'AUDIOVISUEL PUBLIC

Le très gros retard du SénégalUne démocratie exemplaire mais avec un audiovisuel bancal. C'est le constat fait par des professionnelsdes médias, samedi, lors d'un débat sur le financement de l'audiovisuel public organisé par le Groupefuturs médias (GMF) dans le cadre de la célébration de ses dix ans d'existence.

MUSIQUE - 8e ÉDITION DE LA “NUIT DU BASIN”

Djiby Dramé échappe de peu à une bande de fraudeursUn groupe de personnes non encore identifiées a failli jour un mauvais coup au chanteur Djiby Dramé, en tentant de frauder sur les billets d'entrée à la 8e édition de la “Nuit du basin”, samedi.

ARTS PLASTIQUES - EXPOSITION LAMINE BARROUne “narration visuelle” de l'esclavagisme

Djiby Dramé avec le micro entouré de fans

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SPORTS

ADAMA COLY

Et de 2 pour Dame !Ce sera sans doute l'une des bonnes nouvelles pour le

sélectionneur des Lions, Joseph Koto. À moins d'unesemaine du match aller contre la Côte d'Ivoire en élimina-toires de la Coupe d'Afrique des Nations (CAN) 2013, sonattaquant Dame Ndoye (photo) affiche actuellement laforme. Transféré cet été en Russie, l'ancien joueur du FCCopenhague (Danemark) a brillé lors du derby de Moscoucontre le Spartak. Mené très tôt au score à domicile, l'at-taquant du Lokomotiv a remis les pendules à l'heure eninscrivant son second but en trois matches de champion-nat (61e) avant que Pavlyuchenko (66e) ne donne la vic-toire aux siens lors de cette 7e journée du championnatrusse.

Papiss toujours en panneSi Dame Ndoye a vite trouvé ses repères avec son nou-

veau club, Papiss Demba Cissé, en revanche, ne rassurepas avec Newcastle. L'attaquant des Magpies tarde à ral-lumer sa flamme de “tueur” de la saison dernière. Aprèstrois journées de championnat, l'ex-buteur de Metz(France) n'a toujours pas trouvé le chemin des filets.Opposé hier à Aston Villa (1-1), le capitaine des Lions aété une fois de plus muselé. Un signe inquiétant avant levoyage à Abidjan, samedi prochain.

La bourde de Sané !Lamine Sané va certainement s'en vouloir. N'eût été son

geste maladroit, son club aurait peut-être tenu sa victoire.Le défenseur international sénégalais a laissé ses parte-naires à dix à la 64e minute de jeu. Venu protéger son gar-dien, Lamine Sané a commis un mauvais geste surCvitanich qui lui a valu l'expulsion. Malgré cette inférioriténumérique, Bordeaux a ouvert le score par son compa-triote Saivet (84e) mais a, par la suite, cédé à domiciledans les arrêts de jeu (1-1) face à Nice.

M ené, et parfois malmené,par Southampton ce di-manche au St Mary's

Stadium lors de la 3e journée dePremier League, Manchester Uniteda pu s'appuyer sur sa recrue phare del'été, Robin van Persie, pour arracherla victoire au bout du temps addition-nel (3-2). L'ancien Gunner, qui amanqué le penalty du 2-2 en ratantcomplètement sa panenka, s'est faitpardonner en signant un joli triplé,dont deux buts dans les cinq der-nières minutes, alors que son équipeétait toujours derrière au score (88e,90e+2, son 100e but en PremierLeague).Auteur d'un début de saison pour

le moins décevant (deux revers enautant de matches au coup d'envoi),le promu Southampton semblaitpourtant en mesure de signer ungrand coup. Grâce à Lambert, auteurde l'ouverture du score (16e), etMorgan Schneiderlin, milieu de ter-rain français passé par Strasbourg etancien international Espoir (55e), leshommes de Nigel Adkins semblaientse diriger vers leur premier succès dela saison. Mais c'était sans comptersur la persévérance, et le talent, devan Persie, qui avait déjà égalisé à 1-1 (23e). Du coup, MU remonte à la 5e

place, à trois points de Chelsea.Southampton reste dernier.

(FRANCEFOOTBALL.FR)

FOOT - UN WEEK-END, TROIS LIONS

Dame Ndoye rassure, Papiss inquiète À moins d'une semaine du match contre la Côte d'Ivoire à Abidjan, les Sénégalais retenus par le coach Joseph Koto n'ont pas beaucoup brillé. Seul Dame Ndoye a rassuré avec un but lors du derby de Moscou.

du championnat du Sénégal avec sept réa-lisations. Il s’envole cette semaine pour laFrance.

ANGLETERRE - PREMIERSHIP

Diouf ouvre son compteur

El Hadji diouf respire la forme. Arrivérécemment à Leeds sans contrat le badboy sénégalais fait parler son talent.L’ancien attaquant des Lions qui a suconvaincre ses nouveaux dirigeants surtoute l’étendue de son génie au point de lesconvaincre à lui signer un contrat,retrouve une seconde jeunesse sous sesnouvelles couleurs. Dioufy a ouvert soncompteur-buts avec les “Peacocks” cesamedi lors du match qui opposait Leedsà …son ancienne équipe Blackburn (3-3).Leeds United a d'ailleurs annoncé la pro-longation de contrat de Diouf (31 ans). Etceci malgré le pseudo intérêt de quelquesformations françaises. Son engagementcourt désormais jusqu’en janvier 2013.(avec senego.com)

FOOT FÉMININ - FINALES 2012Les Sirènes et l’ASCOd’Oussouye sacrées

Les Sirènes de Grand-Yoff ont remporté(4-3) samedi, devant les Aigles de laMédina, la finale du championnat natio-nal de football féminin 2012 pour la D1,l’ASCO d’Oussouye s’étant imposéedevant Diamono de Diourbel (2-1) pourla finale de la D2. Après le nul (1-1) dutemps réglementaire, il a fallu les tirs aubut pour départager les Sirènes et lesAigles. Les deux finales (D1 et D2) se sontjouées au stade Iba Mar Diop de Dakar.

TOTTENHAMLloris, simple doublure ?

“Tottenham, c'est un tremplin pouraller encore plus haut, car Hugo mérite unautre club que Tottenham”, a salué JoëlBats sur Canal +. L'entraîneur des gar-diens de l'OL voit grand pour HugoLloris, qui a fait ses adieux émouvants àGerland samedi. Pourtant, de l'autre côtéde la Manche, on n'est visiblement pasencore du même avis et on lui a souhaité labienvenue d'une manière moins plaisante.Après le match nul concédé face àNorwich (1-1) à White Hart Lane, AndréVillas-Boas a laissé entendre que le portiernuméro 1 de l'équipe de France pourraitêtre numéro... 2 chez les Spurs. “Laconcurrence est encore plus forte, mais ilreste le titulaire car c'est un excellent gar-dien et qu'il mérite sa place”, a déclaré l'en-traîneur des Spurs quand la BBC l'a inter-rogé sur la performance de Brad Friedel.

MAN CITYBalotelli sera opérédes yeux

L'attaquant de Manchester City, MarioBalotelli (22 ans, 2 matchs en PremierLeague cette saison), devrait manquer lesprochains matchs de son équipe.L'international italien va en effet subir uneopération des yeux mais fera son retour àla compétition assez rapidement. “Mariova subir une opération dans quelquesjours. Ce n'est pas une interventionmajeure et il sera rapidement de retour. J'aientendu qu'il serait absent un mois, ce n'estpas vrai et je ne sais pas d'où viennent cesbruits. Ca corrigera un problème qu'il adepuis quelque temps”, a déclaré le mana-ger adjoint des Citizens David Platt sur lesite officiel du club mancunien. La natureexacte de l'opération n'a pas été précisée.ITALIE

Avec PazziniLe sélectionneur italien, Cesare

Prandelli, a convoqué les attaquantsGiampaolo Pazzini, de l'AC Milan, etLorenzo Insigne, de Naples, dans la listepour les deux premiers matches des élimi-natoires du Mondial 2014, publiée cedimanche. Pazzini, 24 sélections (4 buts),n'avait pas été appelé lors de l'Euro 2012tandis qu'Insigne, né en 1991, est appelépour la première fois.

Antonio Cassano et Mario Balotellin'ont pas été convoqués pour le matchcontre la Bulgarie, le 7 septembre, etcontre Malte, le 11 septembre. L'atta-quant de Manchester City est indisponi-ble en raison d'un problème à un oeil pourlequel il doit se faire opérer. Pazzini s'est luiillustré lors de la 2e journée duChampionnat d'Italie, offrant la victoire àl'AC Milan sur la pelouse de Bolognegrâce à un triplé.

CHAMP. EUROPEFrance - 4e JournéeLyon-Valenciennes 3-2Brest-Troyes 2-1Bastia-Saint-Etienne 0-3AC Ajaccio-Evian TG 2-0Toulouse -Reims 1-1Sochaux-Montpellier 3-1Lorient-Nancy 3-0Bordeaux-Nice 1-1Marseille-Rennes 3-1Lille-PSG 1-2

Angleterre - 3e J.Mercredi 22 aoûtChelsea-Reading 4-2West Ham-Fulham 3-0Swansea-Sunderland 2-2Tottenham-Norwich 1-1West Brom-Everton 2-0Wigan-Stoke City 2-2Man City-QPR 3-1Liverpool-Arsenal 0-2Newcastle-Aston Villa 1-1Southampton-Man United 2-3

Espagne - 3e J.Celta Vigo-Osasuna 2-0Saragosse-Málaga 0-1La Corogne-Getafe 1-1Majorque-Sociedad 1-0Vallecano-FC Séville 0-0Ath. Bilbao-Valladolid 2-0Levante-Espanyol 3-2Real Madrid-Granada 3-0Barcelone-Valence 1-0Lundi19h30 Betis-Atl. Madrid

Italie - 2e J.Torino-Pescara 3-0Bologne-AC Milan 1-3Udinese-Juventus 1-4Catane-Genoa 3-2Cagliari-Atalanta 1-1Inter Milan-AS Rome 1-3Lazio Rome-Palerme 3-0Naples-Fiorentina 2-1Parme-Chievo Vérone 2-0Sampdoria-Sienne 2-1

Allemagne - 2e J.Mayence-Greuther Fürth 0-1Schalke 04-Augsburg 3-1Leverkusen-Fribourg 2-0Werder Brême - Hambourg 2-0Nuremberg-Dortmund 1-1Hoffenheim-Francfort 0-4Düsseldorf-M'Gladbach 0-0Wolfsburg-Hanovre 0-4Bayern-Stuttgart 6-1

PREMIER LEAGUE - 3e JOURNÉE

Van Persie libère Manchester CASA SPORTÉmile Paul Tendeng etPape Sané sur le départ

Les attaquants du Casa Sports, PaulÉmile Tendeng (photo) et Pape Sané, ontété respectivement transférés au Dynamode Bucarest (élite roumaine) et àBoulogne Sur Mer (Nationale 1 deFrance), a appris l’APS auprès du clubziguinchorois. “Paul Emile Tendeng asigné un contrat de quatre ans au Dynamode Bucarest. Il part demain”, a annoncéSiaka Bodian, le sécrétaire général du CasaSports. Tendeng, qui a confirmé cetteinformation, n’a pas joué la finale duchampionnat du Sénégal de Ligue 1, rem-portée dimanche par son club devantDiambars de Saly. Ce joueur capabled'évoluer au milieu et au flanc, surnommé“Zola”, vient de boucler sa troisième saisonavec le Casa Sports. Il a remporté laCoupe de la Ligue (2010) et la Coupe duSénégal (2012), avec ce club. Arrivé cetteannée au Casa Sports, en provenance duJaraaf de Dakar, Pape Sané, qui a signé àBoulogne Sur Mer, a été meilleur buteur

REVUE TOUT TERRAIN

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MAMADOU LAMINE SANÉ (Envoyé spécial à Saly)

L es Ziguinchorois peuvent exulter sous leciel de Saly Portudal, 52 ans après lafondation du club. Car il faudra désor-

mais ajouter le titre de champion du Sénégaldans l'armoire à trophées du Casa Sport. Pour lapremière fois de son histoire, le club deZiguinchor vient de remporter le Graal. Aprèsavoir titillé les sommets (Vice-champion en1980, 1982, 1991, 2008, 2009), le Casa Sporta vu sa régularité de ses dernières années récom-pensée, hier, à l'issue de la 6e et dernière jour-née des play-offs du championnat de Ligue 1 dufootball sénégalais.

Après s'être livré à un mano à mano de hautefacture contre le Diambars durant ces play-offs,les expérimentés protégés du coach DembaRamata Ndiaye, plus réguliers et malgré unretard de deux points avant cette ultime journée,ont finalement eu le dernier mot. Grâce à laforce de son collectif, sans doute. De son vécuaussi (vainqueur de la Coupe de la Ligue en2010 et de la Coupe du Sénégal 2011). Et deses leaders (Aliou Coly, Abdoulaye Diallo…) por-tés en étendards. Hier encore, les “Vert etBlanc” se sont montrés costauds et soudés,comme ils savent le faire lors des grands rendez-vous. Le Casa Sports succède ainsi à l'Unionsportive de Ouakam au palmarès.

Casa chante, Diambars pleureC’est dans un stade Fodé Wade de Saly plein à

craquer que les deux équipes ont démarré la ren-contre. Conscients que seule une victoire leur ouvri-raient les portes du paradis, les joueurs du Casa ontpressé haut leurs adversaires Diambars, les empê-chant de dérouler leur football alléchant. Une stra-tégie qui a été rapidement payante. A la suite d'unefaute sur un attaquant casaçais à l'entrée de la sur-face de réparation, Aliou Coly a exécuté un coupfranc tendu qui a mis en difficulté le portier deDiambars, Ousmane Mané. Lequel a repoussé leballon dans les pieds du défenseur central du Casa,Abdoulaye Diallo, tout heureux de mettre, d'un tirrageur, le cuir au fond des filets (20e). LesZiguinchorois ont ainsi pris les devants et étaientmême tout près de doubler la mise dans la foulée.Mais l'attaquant Aliou Coly, trouvé en profondeurpar Christian Diatta, a manqué son face-à-face avecMané (23e). Pris à la gorge, Diambars a réagi parune balle arrêtée mais le coup franc de MignaneDiouf (30e) est bien maîtrisé par le gardien sudisteMaguette Gningue.Dès le retour des vestiaires, le coach de

Diambars, Pape Boubacar Gadiaga, dos au mur,a joué la carte offensive en faisant entrer SalimNdao et Aristide Diédhiou. Les remplaçants ontalors porté leur équipe vers le haut et installé ledanger dans le camp du Casa. Mais la domina-tion de Diambars est restée stérile car MignaneDiouf (75e et 87e) et Ousseynou Thioune (78e)n’arriveront pas à conclure leurs belles occa-sions. La situation s'est compliquée pourl’équipe de Saly quand le jeune frère de MameSaher Thioune du Casa, Ousseynou deDiambars, est exclu à la (86e).Solide du début à la fin et galvanisé par les

chants de ses nombreux supporters, le CasaSports (11 points) résiste jusqu'au coup de sif-flet final, et aurait même pu aggraver la marquen'eût été la maladresse de ses attaquants et d'unOusmane Mané auteur d'une claquette declasse. Ainsi, le Casa a coiffé le promu Diambars(10 points), dont les joueurs n'ont pu retenirleurs larmes sur leur propre terrain.Niary Tally termine 3e de ce championnat

grâce à sa victoire (1-0) sur l'Us Ouakam, hier,au stade Demba Diop de Dakar.

P. B.GADIAGA, COACH DE DIAMBARS“Le Casa en voulaitplus que nous”“Mes joueurs étaient crispés et le

Casa Sport en voulait plus quenous. C’est la loi du football, leCasa est un beau champion. Nous,on a fait aussi un beau parcours etune belle saison de foot. Je féliciteles joueurs.”

DEMBA R. NDIAYE, COACH DU CASA“Un bel adieu”“C’est un au revoir pour moi (Il a

été nommé entraîneur de l'équipenationale locale - Lions locaux, Ndlr).Dans mon discours avant le match,j’avais dit aux joueurs qu'ils avaientdeux objectifs pour cette rencontre.'Remportez le titre pour moi car jevous quitte, et pour Jules Bocandécar vous en avez fait la promesse.'C’est un bel adieu.”

EMMANUEL GOMIS, CAPITAINE DEDIAMBARS“C’est très dur...”

“C’est dommage et c’est vrai-ment dur aussi. On a eu des occa-sions pour revenir au score mais onn’a pas réussi à le faire. Le Casaavait plus envie que nous. C’est trèsdur mais le foot est ainsi fait.”

MAMANDING KIDIÉRA, CAPITAINE DU CASA“Le titre ne pouvait pasnous échapper”“C’est une grande fierté et un

grand honneur pour nous de rame-ner le titre à Ziguinchor. On savaitque le titre ne pouvait pas nouséchapper cette année. Je suis heu-reux et je suis content pour lesCasamançais.”

ABDOULAYE DIALLO, AUTEUR DU BUT DÉCISIF DU CASA“C’est ma façon dedire merci”“C’est une grande fierté pour moi

de marquer le but du titre. C’est mafaçon de dire merci et de rendre auCasa tout le bonheur qu’il m’adonné. Je suis aux anges et je suiscontent pour les Casamançais.”

SAER SECK, PRÉSIDENT DE DIAMBARS, “On n’a rien à regretter”“Le Casa est un bon vainqueur. C’est

une déception pour nous mais je suissatisfait du parcours des joueurs. On afait une belle saison, on n’a rien àregretter. Il faut bien se reposer et bienpréparer la saison prochaine. Je disbravo et félicitation aux deux équipes.”

NOUHA CISSÉ, PRÉSIDENT CASA“Je suis combl锓Je suis un président heureux et

comblé. Cette performance arrivedans un contexte où nous continuonsà pleurer Jules François Bocandé. Lesjoueurs avaient pris l’engagement degagner ce titre pour lui, d’une part.D’autre part, nous savions qu’aucuneéquipe de la Casamance n’avait rem-porté ce trophée ; nous nous sommesfixés pour objectif de corriger cela”.

AMSATOU FALL, EX-DIRECTEUR TECHNIQUE NATIONAL“Le Casa Sports a faitpreuve de disciplinetactique et de rigueur”

“Le Casa Sports a fait preuve dediscipline tactique et de rigueur dansle jeu. Les joueurs du Casa étaienttactiquement présents et répondaientsur tous les détails. Diambars a péchésur le plan jeunesse. Ils avaient beau-coup plus de ballon mais n’ont pas sule déployer sur la longueur.”

CMJN

page 12SPORTS

numéro 370 • lundi 3 septembre 2012www.enqueteplus.com

FOOT - DERNIÈRE JOURNÉE DES PLAY-OFFS DE LIGUE 1

Un Casa historique ! La fin d'un long stress

L e championnat sénégalaisde football de Ligue 1 a prisfin hier avec la victoire

finale du Casa Sport de Ziguinchorà l'issue de la 6e et dernière journéedes play-offs. Enfin  ! Oui, enfin  !Car la saison, pourtant jouée endeux poules avec de surcroît moinsde matches qu'en 2010-2011, sem-blait interminable. Avec ce bout dutunnel, les dirigeants du foot séné-galais peuvent pousser un ouf desoulagement après une saison telle-ment stressante, hachurée par plu-sieurs facteurs. D'abord, les vio-lences préélectorales qui ont fait setirer en longueur les compétitionsnationales. Ensuite, le déroulementdes matches également émaillés deviolences imposant une trêve for-cée.

De fait, les dirigeants, notam-ment de la Ligue sénégalaise defootball professionnel (LSFP), ontété à plusieurs reprises pris entre lemarteau des décisions impopu-laires de la Commission de disci-pline qui ont failli interrompredéfinitivement la saison, et l'en-clume de la pression des clubs et deleurs supporters qui menaçaient deboycotter les compétitions. Et lecomportement des “autorités” dufoot sénégalais donnait l'impres-sion d'incompétence notoire cartout rimait avec amateurisme béatdans un championnat “profession-nalisé” il y a deux ans.

Depuis que le Sénégal a décidé depasser à un palier supérieur, rien n'achangé fondamentalement. Leniveau des arbitres a encore étédécrié par les acteurs et les férus defoot. Amadou Diop alias “Boy ban-dit”, membre de l'encadrementtechnique du Jaraaf à l'époque,disait durant la saison 2010-2011que “nos arbitres n'avaient pas leniveau”. Cette saison, le désormaisex-coach du Casa Sport, DembaRamata Ndiaye, a fait savoir queces hommes en noir “ne sont (enfait) contre personne mais plutôtnuls”.

Espérons que toutes les erreursseront corrigées pour permettre ànotre football d'avancer, gage debonne performance au niveau afri-cain.

ADAMA COLY

COMMENTAIRE

Le Casa Sports de Ziguinchor a remporté, hier, son premier titre de champion de Sénégal, grâce à sa victoire (0-1) sur Diambars, lors de l'ultime journée des play-offs.

La pluie qui s’est abattue, toute lajournée d'hier, sur Ziguinchor, aempêché les supporters et sympathi-sants du Casa Sport de sortir mani-fester leur joie dans les rues de lacapitale méridionale, à la la fin dumatch victorieux contre Diambars.Obligés de se terrer chez eux, lesZiguinchorois ont néanmoins poussédes cris de joie au coup de siffletfinal de la rencontre à l'issue de

laquelle le coach Demba Ramata Ndiaye et ses poulains ont été sacréschampions du Sénégal pour la première fois de l’histoire du club. Outre lescris de joie, des klaxons de taxis ont aussi retenti un peu partout dans lesrues de la ville pour fêter la victoire de la formation sudiste. “C’est une vic-toire méritée, même si je déplore le fait que le Casa n’ait pas joué sur savraie valeur”, a déclaré Moussa Sonko, rencontré à quelques mètres durond-point Amadou Bélal Ly. HUBERT SAGNA

RÉACTIONS…

ZIGUINCHORJoie immense pour une première