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ALLIANCE OUVRIÈRE ET PAYSANNE Membre de l’Association des Travailleurs et des Peuples de la Caraïbe (ATPC) et de l’Entente Internationale des Travailleurs et des Peuples (EITP) Tribune libre de la lutte des classes et de la lutte anticolonialiste N° 53 Septembre - Octobre 2016 Sa ki sav sav Sa ki pa sav pa sav Sa ki pa sav pou sav - Prix: 2 € . Félix SOQUET (ex secrétaire adjoint de la CSTM aux côtés de Marc PULVAR) sous la plaque "Chemin Félix SOQUET nègre authentique" qui lui rend hommage ( interview pages 8 - 9) Ce jeune camarade haïtien a été assassiné à 23 ans dans la fleur de l'âge. Une campagne internationale est en cours pour le châtiment de ses meurtriers. Article Page 13. Directrice de publication: Jacqueline PETITOT 0696 866193 - CP: N° 66903 POURSUITE DU DEBAT PREPARATOIRE A LA CONFERENCE «AN NOU SANBLE POU SOVE MATINIK» CONTRE LE GENOCIDE PAR SUBSTITUTION. Une importante contribution d'Armand Nicolas, Historien, ancien Secrétaire Fédéral du PCM. (Page 4) SOMMAIRE Pages Éditorial : Le projet de loi pour l'égalité réelle Outre mer : une machine de guerre contre nos peuples……………………………… 2 Réactions de lecteurs sympathisants militants ………………………. 3 Débat préparatoire à la conférence contre le génocide par substitution ………………………. ……………………….…………….. 4 - 5 La part d'ombre de Michel Rocard ……………………….…………… 6 L'immigration Indienne en Martinique …………………………………. 7 Interview de Félix SOQUET, ancien secrétaire général adjoint de la CSTM ………………………. ……………………….…………………… 8 - 9 Commémoration de septembre 1870………………………………….. 10 Nouvel Gwadloup : 2ème partie de l'interview d'Eli DOMOTA……… 11 Nouvel Lagwyann ……………………….………………………………. 12 Ayiti Châtiment des assassins de Davidtchen Siméon ! …………….. 13 France: un gouvernement de plus en plus isolé et rejeté……………. 14 Nouvelles de l'Entente: Brésil, séisme en Italie, Algérie, Togo……… 15 Hommage à Léon SÉDOV fils de Trotski assassiné par les agents de Staline ………………………. ………………………. ……………… 16 Dimanche 25 septembre 14 H 30 - 21H départ: statue de D'ESNAMBUC (sur la savane) Arrivée: polygone DESCLIEUX Commémoration de septembre 1870 par le Liyannaj Nasyonal pou gloriyé Septanm 1870 (Page 10)

ALLIANCE OUVRIÈRE ET PAYSANNELe projet de loi relatif à l'égalité réelle Outre mer, machine de guerre contre nos peuples L'essence de ce projet de loi réside dans son article

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Page 1: ALLIANCE OUVRIÈRE ET PAYSANNELe projet de loi relatif à l'égalité réelle Outre mer, machine de guerre contre nos peuples L'essence de ce projet de loi réside dans son article

ALLIANCE OUVRIÈREET PAYSANNE

Membre de l’Association des Travailleurs et des Peuples de la Caraïbe (ATPC)et de l’Entente Internationale des Travailleurs et des Peuples (EITP)

Tribune libre de la lutte des classes et de la lutte anticolonialiste

N° 53 Septembre - Octobre 2016 Sa ki sav sav Sa ki pa sav pa sav Sa ki pa sav pou sav - Prix: 2 €

. Félix SOQUET (ex secrétaire adjoint de laCSTM aux côtés de Marc PULVAR) sous la

plaque "Chemin Félix SOQUET nègreauthentique" qui lui rend hommage

( interview pages 8 - 9)

Ce jeune camarade haïtien a été assassiné à23 ans dans la fleur de l'âge. Une campagneinternationale est en cours pour le châtiment

de ses meurtriers.Article Page 13.

Directrice de publication: Jacqueline PETITOT 0696 866193 - CP: N° 66903

POURSUITE DU DEBAT PREPARATOIRE A LA CONFERENCE

«AN NOU SANBLE POU SOVE MATINIK»

CONTRE LE GENOCIDE PARSUBSTITUTION.

Une importante contribution d'Armand Nicolas, Historien,

ancien Secrétaire Fédéral du PCM.(Page 4)

SOMMAIREPages

Éditorial : Le projet de loi pour l'égalité réelle Outre mer : une machine deguerre contre nos peuples……………………………… 2

Réactions de lecteurs sympathisants militants ………………………. 3

Débat préparatoire à la conférence contre le génocide par substitution………………………. ……………………….…………….. 4 - 5

La part d'ombre de Michel Rocard ……………………….…………… 6

L'immigration Indienne en Martinique …………………………………. 7

Interview de Félix SOQUET, ancien secrétaire général adjoint de la CSTM………………………. ……………………….…………………… 8 - 9

Commémoration de septembre 1870………………………………….. 10

Nouvel Gwadloup : 2ème partie de l'interview d'Eli DOMOTA……… 11

Nouvel Lagwyann ……………………….………………………………. 12

Ayiti Châtiment des assassins de Davidtchen Siméon ! …………….. 13

France: un gouvernement de plus en plus isolé et rejeté……………. 14

Nouvelles de l'Entente: Brésil, séisme en Italie, Algérie, Togo……… 15

Hommage à Léon SÉDOV fils de Trotski assassiné par les agents deStaline ………………………. ………………………. ……………… 16

Dimanche 25 septembre 14 H 30 - 21Hdépart: statue de D'ESNAMBUC

(sur la savane)Arrivée: polygone DESCLIEUX

Commémoration de septembre 1870par le

Liyannaj Nasyonal pougloriyé Septanm 1870

(Page 10)

Page 2: ALLIANCE OUVRIÈRE ET PAYSANNELe projet de loi relatif à l'égalité réelle Outre mer, machine de guerre contre nos peuples L'essence de ce projet de loi réside dans son article

É D I T O R I A LÀ l'heure du projet de loi «relatif à l'égalité réelle outre mer» fondé sur la négation de l'existence de

nos peuples, un vibrant appel d'Armand NICOLAS, ancien secrétaire du PCM, pour «diriger nous mêmes nos affaires».

Le projet de loi relatif à l'égalitéréelle Outre mer, machine de

guerre contre nos peuples

L'essence de ce projet de loiréside dans son article 1er qui stipule:«Dans un objectif d'égalité réelle, laréduction des écarts de développementque connaissent les populationsd'outre mer au sein du peuple françaisconstitue une priorité de la nation».

Jusqu'à la révisionconstitutionnelle de mars 2003 dans lecadre de laquelle ont été rédigés lesarticles 73 et 74, nous étions considéréscomme «peuples» ayant droit ipso facto àleur autodétermination.

C'est par exemple sur la base decette reconnaissance que, au titred'«originaires» des peuples deMartinique, Guadeloupe, Guyane,Réunion, nous avons obtenu unebonification pour permettre à nosenseignants d'être prioritaires sur ceux deFrance.

Devenus depuis 2003«populations au sein du peuple

français» , la notion d'originaire liée àcelle de peuple est devenue anticonstitutionnelle. Nos acquis entermes de priorité d'emploi et decongés bonifiés sont amenés à

constitutionnellement disparaître. Etce projet de loi prétend nous priver à

vie de notre droit àl'autodétermination.

Plusieurs analystes ont observéque les rares propositions du rapportLUREL (préparatoire au projet de loi)destinées à nous protéger au nom denos «spécificités» en ont été écartées.

Exit la proposition n° 5 quiproposait «d'élargir les possibilités de lanotion d'adaptation pour mieux tenircompte des handicaps permanents, descaractéristiques et contraintesparticulières des départements d'outremer», de même que la proposition n°24 préconisant une préférence localeaccordée aux TPE et PME pour un tiersdes commandes publiques.

En clair, ce projet de loiprévoit de sacrifier les entreprises denos pays au profit des entreprises

françaises, européennes et desmultinationales. Totalement assimilationniste etdéjà fortement contesté, il est gros d'unerévolte généralisée dans les dits Outremer et là est sans doute la raison de lacrise qui a conduit à la démission de laministre PAU LANGEVIN.

Que faire? Débattons de l'appeld'Armand NICOLAS

Nos lecteurs liront dans cenuméro la contribution d'ArmandNICOLAS qui a décidé de s'associer à lapréparation de la conférence «An nousanblé pou sové Matinik» rendueurgente pour lutter contre le fléau dugénocide par substitution. Il lance un vibrant appel: «Nous devonsnous battre pour être responsableschez nous, pour diriger nous mêmesnos affaires. Cela doit être lapréoccupation majeure de la CTM.(Collectivité Territoriale de Martinique).

Ne pas laisser le pays aux mainsdes capitalistes, des affairistes, desprofiteurs, des capitalistes d'Europe. Cene sont pas ces gens là qui apporteront laprospérité, le mieux être, qui renforcerontnotre culture et notre identité.

Être Martiniquais. LaMartinique aux Martiniquais, telle doitêtre notre volonté, notre priorité. C'est leseul moyen d'assurer dignement la survieet l'avenir de notre nation. Pour ce faire,il faut se rassembler, s'unir autour dece projet sans considérationd'étiquette politique ou d'originesociale. C'est cela l'essentiel. C'estune question de vie ou de mort denotre peuple.

C'est pourquoi je souscris àl'appel de ceux qui proposent de tenir unColloque pour réfléchir, échanger surcette question vitale.»

Débattons du mot d'ordred'assemblée constituante lancé

par 15 organisations deMartinique, Guadeloupe, Guyane,et de la Réunion réunies en 1971en Convention au Morne Rouge

«A la Martinique, le Ministre

MESSMER a dit, en Mai dernier, quec'est le Parlement de France qui auraitle dernier mot. Nous repoussonscatégoriquement ce processus. […] LESTATUT NOUVEAU SERA L'AFFAIREDE NOTRE PEUPLE. Il ne s'agit pas quenotre peuple soit consulté par voie dereferendum, processus qui , de primeabord pourrait venir à l'esprit. Non pas,car ce serait une violation du droit àl'autodétermination. Par cette procédure, en effet, c'est legouvernement et ses technocrates plusou moins inféodés , soumis aucolonialisme et au capitalisme local, quirédigeraient les articles du statut. Quant ànotre Peuple, il serait convié toutsimplement à répondre par oui ou par non, sans être en mesure de porter desamendements, contraint de voter en blocun texte qu'il n'aurait ni conçu, ni élaboré,ni mis au point.

La Convention a parlé d'or quand,reprenant la proposition des

délégations de la Réunion, elle aarrêté que C'EST UNE ASSEMBLÉE

DE RESPONSABLES ÉLUS AUSUFFRAGE UNIVERSEL DE TELLE

MANIÈRE QUE TOUTES LESTENDANCES SOIENT

REPRÉSENTÉES QUI DEVRA AVOIRMANDAT DE TRAVAILLER À UNE

CONSTITUTION.»(Extrait de la brochure du PPM de 1971

consacrée à cette convention).

Peut on croire que le peuple , lajeunesse, les travailleurs martiniquais,

accepteront indéfiniment que ceuxqu'ils ont majoritairement élus

opposent à leurs revendications leslimites institutionnelles de leurs

compétences? Ne seront ils pas amenés à dire: «Si cesinstitutions sont incompatibles avec nosbesoins vitaux, au lieu que nouscrevions collectivement la boucheouverte, unissez -vous avec nous et nosorganisations pour arracher nousmêmes des institutions allant dans lesens de nos intérêt s»?

D'ores et déjà, la préparation dela conférence «An nou sanblé pou sovéMatinik» met ces questions à l'ordre dujour et commence doucement à constituerune force pour agir en ce sens.

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RÉACTIONS DE LECTEURS MILITANTS SYMPATHISANTS

Travayè doubout an pèyi a!

L'éditorial du n° 52 parle d'unesituation sociale explosive. Je suisd'accord. Les travailleurs ne sont pasprêts à se laisser marcher sur les pieds .

Ceux de Fontaine Didiersyndiqués CGTM se sont mobilisésplus d'un mois du 18 mai au 22 juinavec un résultat positif. La prime annuelle de 300 € qu'ils avaientobtenue après deux jours de lutte en2013, ramenée à 200 en 2014 et 2015 aété rétablie au niveau de 300€ en 2016,soit + 50%. Tous les employésbénéficieront d'une prime mensuelle de60€ alors que ,la direction prétendait enexclure les chauffeurs.

J'ai beaucoup apprécié leursystème de solidarité : caisse degrève de 8000€, visites desgrévistes dans les entreprises, rôledéterminant des municipaux…

Une autre mobilisationvictorieuse est celle des Gliricidias( Ehpad du François) dont j'ai lu avecplaisir le résultat dans France Antilles du24 août:

« Le personnel affilié à laCSTM, syndicat majoritaire au seinde l'Ehpad exposait une série derevendications relatives auxconditions de travail au sein del'établissement, la gratuité perduedes repas, le non remplacementdes postes vacants, une sanctionenvers un salarié. Le personnel apu obtenir le maintien des repasservis, le maintien du lundi grascomme jour chômé, la levée de lasanction prise à l'encontre d'unsalarié, la régularisation descontrats à temps partiel à tempsplein, la requalification en CDI despostes vacants occupés par descontrats en CDD, l'obtention d'unlocal pour le comité d'entreprise etle comité d'hygiène, de sécurité etdes conditions de travail ( CHSCT)».

Loi EL KHOMRI ou pas, enMartinique non plus, les travailleurs ne selaisseront pas faire.

N.M

Deux articles d'AOP n° 52 ontété publiés dans

l'hebdomadaire du PartiOuvrier Indépendant,

Informations ouvrières. Il s'agit de l'interview de Manuel

GALAP intitulée «Premier syndicalistemartiniquais avec Serge ARRIBO àavoir subi une demande deprélèvement d'ADN » et de celui portantsur «un cas hallucinant de répressionsyndicale : les grévistes CSTM deSuper U Longpré condamnés chacunet solidairement à 10 000€ par jour»

Mais je tiens à faire observerqu'un autre cas de demande deprélèvement d’ADN s'est présenté en lapersonne de Raymond GRANVILLE,secrétaire du syndicat CGTM du bâtimentqui a été convoqué au commissariat depolice sous le soupçon «d'avoir commisou tenté de commettre l'infraction dedégradation» lors d'une manifestationcontre la Loi El KHOMRI. Ce militant,comme Jocelyne LEBORGNE enGuadeloupe, comme GALAP et ARRIBOen Martinique, a refusé ce prélèvement.Je regrette ces réactions en ordredispersé au lieu d'une unité intersyndicalepour résister ensemble à ces tentativesde criminaliser l'activité syndicale. Est iltrop tard pour bien faire?

JM. M. syndicaliste du bâtiment.

Répression anti syndicale enGuadeloupe et en Espagne: une

brochure du Comité Internationalcontre la répression (CICR) à lire

absolument. Extraits

La question des tests génétiquesen France et en Guadeloupe

Le fichier national automatisédes empreintes génétiques (FNAEG) aété créé sur la base de l'article 706-54du Code de procédure pénale; issu dela loi 98-468 du 17 juin 1998 relative àla prévention et à la répression desinfractions sexuelles ainsi qu'à laprotection des mineurs. […] C'est donc sur la base de la loi de1998 que le FNAEG a été constitué àl'origine et nulle autre. Déjà élargie en2001 , la loi 2003-239 du 18 mars pour lasécurité intérieure, notamment dans sonarticle 29, va changer la donne et

bouleverser définitivement la nature dufichier.

Comment et pourquoi? A partir de cette loi, le FNAEG va êtreétendu à une multitude d'infractionstels le vol à l'étalage, les TAGS sur lespanneaux publicitaires, les arrachagesd'OGM ou les dégradations volontairesetc. Ainsi, la plupart des infractionsprévues par le Code pénal entrent-ellesdorénavant dans le cadre du FNAEG. Le fichier national qui comptait environ2000 prélèvements en l'an 2000, estpassé 150 000 en 2005, et atteint deuxmillions de personnes en 2012.L'évolution actuelle est estimée à 30 000nouvelles inscriptions par mois. On ytrouve des auteurs de viols, destrafiquant de drogue… et des militantssyndicalistes. […] C'est la loin de 2001, signée par leministre de l'intérieur du gouvernement deLionel JOSPIN qui a créé le « délit derefus de prélèvement d'ADN », qui ne serten réalité, quasi exclusivement ; qu'àréprimer les militants qui ne veulent pasentrer dans le FNAEG initialementréservé aux délinquants sexuels.[…]Puis, pour couronner l'ensemble, ,c'est legouvernement Hollande, sous la signaturede Manuel Valls et de Jean Marc Ayrault,qui a multiplié les informations à inclurepar décret du 7 mai 2013. IL suffit qu'unofficier de police judiciaire ( OPJ) exigepar exemple , au cours d'unrassemblement , d'une grève, d'unemanifestation, d'un piquet de grève…d'un militant syndical, d'un salarié, unprélèvement d'ADN, et que celui cirefuse de s'y soumettre, pour qu'ilrisque un an d'emprisonnement et 15000 euros d'amende. Telle est l'épée deDamoclès qui plane au dessus de la têtedes organisations syndicales ouvrières,de ses responsables et militant. […]Comble de cette procédure inique, lerefus est considéré comme un délit« infini », ce qui signifie qu'après unecondamnation pour refus , par exemple àune peine de prison avec sursis, lesautorités peuvent demander au prévenude se soumettre une nouvelle fois au testADN. Ce qui implique dans ce cas qu'onse trouve en situation de récidive légale,c'est à dire dans une situation où le sursispeut devenir de la prison ferme etl'amende augmenter évidemment.

LE COMITÉ DE RÉDACTION.

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DÉBAT PRÉPARATOIRE À LA CONFÉRENCE CONTRE LE GÉNOCIDE PAR SUBSTITUTION.

BARRER LA ROUTE AU «GÉNOCIDE PAR SUBSTITUTION»Contribution d'Armand NICOLAS, historien,

ancien secrétaire fédéral du Parti Communiste Martiniquais.

Je m'associe avec beaucoup de résolution à l'appel des anticolonialistes à l'union pour sauver la Martinique contre la menace du génocide par substitution. Pour moi aujourd'hui,c'est la question fondamentale Oui, je le dis avec gravité, non pas pour effrayer ou pour faire un

coup médiatique: le peuple martiniquais est menacé de disparition.L'Histoire de l'Humanité montre quedes peuples entiers peuventdisparaître à la suite de guerres, decatastrophes naturelles, de faminesetc.

Les actes barbares deshitlériens pour exterminer les juifsdans les camps de concentration,dans les fours crématoires et partoutes sortes de procédés deviolences en sont des exemplesrécents.

Au début du 20ème siècle,des milliers d'Arméniens , d'originairesd'autres nationalités opprimées ontété victimes du génocide Turc.

La colonisation pour lepartage du monde en est un

exemple évident. Les colonisateurs ont

massacré en Asie, en Afrique, enAmérique, en Océanie, pours'emparer des terres et des richessesnaturelles de ceux qu'ils appelaientdes «indigènes». Les Maoris enNouvelle Zélande, les kanaks enNouvelle Calédonie en témoignent.

Les canons, les épidémies,les transferts de populations ont faitque les «indigènes» étaient devenusdes minorités dans leur propre pays.La France de Giscard d'Estaing avaitentrepris de «peupler» la NouvelleCalédonie en y introduisant descolons français dont le nombredépassa le nombre le nombre deskanas. ( Un referendum doit s'y tenirprochainement: il n'est pas évidentque les kanaks soient majoritaires etobtiennent l'indépendance qu'ilsréclament).

Beaucoup de petites nations ontété victimes de génocide. C’est lecas de notre pays, la Martinique.

Débarqués en 1635, lescolons français massacrèrent ouexpulsèrent dès 1658 les «indigènes»amérindiens. Cela explique ladisparition des Caraïbes commeélément notable de notre population; Ily a eu un «génocide» caraïbe donton parle peu.

Aujourd'hui, le colonialismefrançais veut nous «faire le coup» dela Nouvelle Calédonie: diminuer aumaximum le nombre des «indigènes»martiniquais par l'émigration. Cesjours ci, des milliers de noscompatriotes, surtout des jeunes, desdiplômés en quête de de travail sontinvités ou contraints de partir «sedébrouiller en France et à travers lemonde». Mais en même temps, legouvernement français envoie enMartinique du personnel administratif,des chercheurs d'emploi et créateursd'entreprises.

Le résultat est évident: déjàdans certaines communes( Diamant, Trois Îlets, etc) laproportion de résidents venusd'ailleurs dépasse les 25%d'électeurs. En même temps, lesMartiniquais vont «chercherl'aventure» ailleurs; au point que,bientôt, ils seront la minorité dans leurpays. Au point que bientôt les seniorsseront la majorité: ce sera le déclin denotre pays, le renforcement de ladomination des colonisateurs.

C'est cela, le génocide parsubstitution. La menace est d'autantplus grande: un peuple de vieillardsqui disparaîtrait en laissant la place ànos nouveaux maîtres «européens».

Il est effarant que certainsmartiniquais pensent que c'estune aubaine pour la Martinique,qui deviendrait le «Paradis des

seniors» et proposent de couvrirle pays de «maisons de retraites».Ces gens là sont aveugles. Il faut

leur ouvrir les yeux , car leuraveuglement risque d'être mortel.

Nous devons nous battre pourêtre responsables chez nous,pour diriger nous mêmes nos

affaires. Cela doit être lapréoccupation majeure de laCTM. ( Collectivité Territoriale

de Martinique).

Ne pas laisser le pays auxmains des capitalistes, des affairistes,des profiteurs, des capitalistesd'Europe. Ce ne sont pas ces gens làqui apporteront la prospérité, le mieuxêtre, qui renforceront notre culture etnotre identité.

Être Martiniquais. LaMartinique aux Martiniquais, telle doitêtre notre volonté, notre priorité. C'estle seul moyen d'assurer dignement lasurvie et l'avenir de notre nation.

Pour ce faire, il faut se rassembler,s'unir autour de ce projet sans

considération d'étiquette politiqueou d'origine sociale. C'est cela

l'essentiel. C'est une question devie ou de mort de notre peuple.

C'est pourquoi jesouscris à l'appel de ceux quiproposent de tenir un Colloquepour réfléchir, échanger surcette question vitale.

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DÉBAT PRÉPARATOIRE À LA CONFÉRENCE CONTRE LE GÉNOCIDE PAR SUBSTITUTION

2ème partie de la contribution de RAMOS Rodolphe- Rasco (septembre 2016) TERRE TERRITOIRE TERROIR

La TERRE martiniquaise a émergé du socle centre

Américain à la fin de l'époquequaternaire.

Le TERRITOIREmartiniquais

s'est enrichi de la présence desCaraïbes, des Kaliganos. Ces martiniquais ont été

pourchassés par les barbares

venus d'Occident. Retranchés au Prêcheur ,

certains se sont sacrifiés et ontchoisi de se suicider à Sainte

Philomène plutôt que d'accepterla servilité.

Le TERROIR deMARTINIQUE ,

joyau de la planète, regorge derichesses, ses atouts sont

innombrables et mal appréciésde la tutelle: café, cacao, sucre,

pouzzolane, pétrole,géothermie, agro-industrie,situation géo stratégique.

TERROIR, expression aboutied'une entité historique multi-

ethnique, avant-gardiste,malheureusement bâillonnéepar une autorité européenne,

héritière de Colbert.

Pour information en particulier aux jeunes générations, le comité de rédaction adécidé de republier ce document montrant avec limpidité le cynique mécanisme

du génocide par substitution.

Dans une lettre du 19 juillet 1972, Pierre Messmer, alors Premier ministre,écrit à son secrétaire d’État aux DOM-TOM:

«La Nouvelle-Calédonie, coloniede peuplement, bien que vouée àla bigarrure multiraciale, estprobablement le dernier territoiretropical non indépendant aumonde où un pays développépuisse faire émigrer sesressortissants.

Il faut donc saisir cette chanceultime de créer un paysfrancophone supplémentaire. Laprésence française en Calédoniene peut être menacée, sauf guerremondiale, que par unerevendication nationaliste despopulations autochtonesappuyées par quelques alliéséventuels dans d’autrescommunautés ethniques venantdu Pacifique.

À court et moyen terme,l’immigration massive de citoyensfrançais métropolitains ouoriginaires des départements

d’outre-mer (Réunion) devraitpermettre d’éviter ce danger enmaintenant et en améliorant lerapport numérique descommunautés.

À long terme, la revendicationnationaliste autochtone ne seraévitée que si les communautésnon originaires du Pacifique

représentent une massedémographique majoritaire.

Il va de soi qu’on n’obtiendraaucun effet démographique àlong terme sans immigrationsystématique de femmes et

d’enfants.

Afin de corriger le déséquilibredes sexes dans la population nonautochtone, il conviendrait sansdoute de faire réserver desemplois aux immigrants dans lesentreprises privées. Le principeidéal serait que tout emploi

pouvant être occupé par unefemme soit réservé aux femmes(secrétariat, commerce,mécanographie).

Sans qu’il soit besoin de textes,l’administration peut y veiller.

Les conditions sont réunies pourque la Calédonie soit dans vingtans un petit territoire françaisprospère comparable auLuxembourg et représentantévidemment, dans le vide duPacifique, bien plus que leLuxembourg en Europe.

Le succès de cette entrepriseindispensable au maintien depositions françaises à l’est deSuez dépend, entre autresconditions, de notre aptitude àréussir enfin, après tantd’échecs dans notre Histoire,une opération de peuplementoutre-mer.»

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Reçu d'un lecteur La part d'ombre de Michel Rocard

Nous avons reçu d'unlecteur, après le décès de MichelROCARD le 2 juillet dernier, cet

article recueilli sur le site deMontray Kréyol.

Nous le publions d'autant plusvolontiers que l'Entente internationaledes Travailleurs et des Peuples dontnous sommes membres, lors de saconférence constitutive en 1991 àBarcelone, rassemblant des délégués de53 pays dont la Kanaky, avait pris ladécision de constituer une commissiond'enquête sur la situation en NouvelleCalédonie 3 ans après la signature desaccords Matignon. Cette enquête, dontles conclusions ont été transmises par leFULK(Front Uni de Libération Kanak,représenté à la conférence de Barcelonepar son dirigeant Yann Céléné UREGEI) àla commission de décolonisation del'ONU, s'est menée autour des 5questions suivantes:

I) La Nouvelle Calédonie est-elle une colonie? Le peuple kanak est-ilun peuple colonisé?

II) En 1979, le Parti socialistedont le Premier secrétaire étaitFrançois MITTERRAND, reconnaissaitau peuple kanak son droit àl'autodétermination. La politique desgouvernements successifs de FrançoisMITTERRAND jusqu'à la signaturedes accords Matignon a-t-elle respectécet engagement?

III) La signature des accordsMatignon a-t-elle été le produit d'unelibre discussion du peuple kanak ou dumoins de son organisation la plusreprésentative du FLNKS?

IV) Les accords Matignonouvrent-ils la voie à la libredétermination du peuple kanak?V) Les accords Matignon: le bilan socio-économique.

Place à l'article envoyépar notre lecteur.

«Michel Rocard fut l'apôtrede la "discussion entre partenairessociaux" substituée à la lutte desclasses. Sa fameuse "deuxièmegauche" est représentée,notamment, par la CFDT: lenaufrage du syndicalisme.[…]

Rocard a conduit, au début du

second septennat de Mitterrand, etmalgré leurs conflits personnels, unepolitique de droite. Il a fait amnistierl'assassinat de Kanaks par desgendarmes lors de l'assaut contrela grotte d'Ouvéa, ainsi qu'il l'areconnu il y a quelques années.

Ouvea-1988. C'est à coups de bottes, d'une

balle dans la tête, ou en arrachant leurperfusion, que les blessés kanaks ont étéachevés, et les responsables de cetteabomination, grâce à Michel Rocard, ontéchappé aux sanctions légitimesqu'auraient dû leur valoir ces actes debarbarie.

"À la suite d'une enquête decommandement, Jean-PierreChevènement, ministre de la Défense dugouvernement Rocard, relève« qu'aucunélément de l’enquête ne fait apparaîtrequ'il y a eu des exécutions sommaires» tout en évoquant des «actescontraires au devoir militaire » et «despoints lui paraissant obscurs aprèsl'évacuation d'Alphonse Dianou».Parmi les cas suspects, celui deWenceslas Lavelloi, surnommé « Rambo », retrouvé mort d’une balledans la tête et dont plusieurstémoignages récents confirment qu’il étaitencore vivant après la fin de l’assaut ; le cas d’Alphonse Dianou, chef ducommando, blessé d’une balle au genou,laissé plusieurs heures sans soins et quidevait finalement décéder ; le cas dePatrick Amossa Waina, un porteur dethé de 18 ans qui ne faisait pas partiedes preneurs d’otages, retrouvé mortd'une balle dans la tête alors qu'il étaitvivant à la fin de l’assaut ; de Martin Haïwé qui tentait de s’enfuiravant l’attaque et de Samuel Wamo, leblessé évacué entre les deux assauts.

Les deux médecinslégistes ayant pratiqué lesautopsies constateront égalementun nombre anormalement élevé devictimes - douze sur dix-neuf -tuées d’une balle dans la tête, laplupart présentant par ailleurs demultiples blessures. Certains participants de l'opérationinterrogés par Le Figaro assurentqu'aucun tir n'a été entendu sur zone

après la fin des combats. Mais PhilippeLegorjus (ancien responsable du GIGNqui a démissionné après les événementsd'Ouvéa NDLR) reconnaîtra plus tardavoir entendu des coups de feu alorsqu'il quittait les lieux.

L'officier de gendarmerieresponsable des blessures subies parAlphonse Dianou (qui en est mort avantson transport à l'aéroport d'Ouloup) a étébrièvement suspendu après l'enquête quia suivi. Il achèvera sa carrière avec legrade de colonel."(Source: Wikipedia)A l'occasion de la sortie du film deMathieu Kassowitz, un rappel succinct deces événements sanglants a été publiéici:h ttp://www.corsicainfurmazione.org/3086/selon-lancien-patron-du-gign-des-kanaks-ont-ete-executes-en-1988-a-ouhvea/2011/

Bien entendu, Michel Rocard,qui devient Premier Ministre après cesexactions, n'en porte aucunement laresponsabilité. C'est lui, cependant, quia "couvert", puis amnistié, lesmilitaires tortionnaires et assassins.»

Commentaire de l'internaute PierreCarpentier | 07/07/2016 - 08:23: ]

La signature des accords Matignonaurait été extorquée à Tjibaou suite àun odieux chantage de Michel Rocard

(Titre de la rédaction) )

Et Michel Rocard de dire (demémoire et à quelques mots près) àJean-Marie Tjibaou l'emblématiquenégociateur Kanak de l'accord dedécolonisation de la NouvelleCalédonie : "Si vous cherchez laguerre, vous savez, la France saitla faire, alors il vaut mieux que cetaccord soit signé"... Les dires deM. Rocard (certes de mémoire) sontextraits d'un documentaire surl'historique des "négociations" quiont mené à l'accord de Nouméa. (Les Kanaks Coutumierstraditionnels en parlent, du reste,comme d'une Capitulation qui,comme nous le savons coûta lavie à Jean-Marie Tjibaou).

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Contribution de Claire Ania VIRGILE, étudiante, à la notion de peuple martiniquais

L'INDE EN NOUS: L'IMMIGRATION INDIENNE À LA MARTINIQUELe 6 Mai 1853, le bateau l'Aurélie, en provenance du Sud de l'Inde, débarque les tous premiers

travailleurs engagés tamouls en Martinique.Sur un fond de profondes souffrances et de discriminations à l'encontre de ces êtres humains, ils font

désormais partie intégrante de notre peuple martiniquais. Cette composante a grandement contribué à la création de l’identité plurielle qui nous représente.

Suite à l'abolition del'esclavage en 1848, de nombreuxnouveaux libres abandonnent leshabitations.

Les propriétaires de cesderniers estiment que le nombre detravailleurs ne répond pas à lademande. Ils présagent les pirescatastrophes pour l'économie de l’îleen production de sucre, qui reposaitantérieurement sur l’exploitationgratuite du travail des esclaves noirs.On cherche donc une alternative. L'immigration semble être la seule

issue possible. Plusieurs tentatives ont eu

lieu, premièrement une immigrationeuropéenne, l'immigration «congos»,l'immigration chinoise et finalementl'immigration indienne.

Ainsi, de 1853 à 1885, laFrance importe plusieurs milliersd'hommes et de femmes à partirdes comptoirs français de l'Inde.Suite à de longs mois en mer, dansdes conditions inhumaines,«esclavage déguisé», ilsdébarquent à Saint-Pierre enMartinique.

Quelques jours après leurarrivée, les indiens sont placés dansun dépôt. Ce n'est qu'après qu'ilsrepartent sur les habitations enfonction de la demande despropriétaires.

Les conditions sont dures etplus difficiles que dans leur pays. Eneffet, on y trouve un taux élevé desuicides et une mortalité précoce.

L'immigration indienne a soulevébeaucoup de polémiques.

En effet, leur présence,comme celle de l'émigration congo aeu pour effet de baisser les salaires.L'historien Armand NICOLAS lemontre clairement dans sa brochure«L'Insurrection du sud de laMartinique» ( republiée en septembre2014 aux éditions Nécessités):

«Faire pression pour baisserles salaires, créer une réserve dechômeurs pour imposer les conditionsdes patrons, tel est le but avoué del'immigration. Elle avait en plus, auxyeux des employeurs, le mérite demettre à leur disposition une maind’œuvre taillable et corvéable à merci,de véritables esclaves. […] L'effetescompté par les Békés et legouvernement ne se fit pas attendre. Ily eut une baisse immédiate dessalaires. Dès 1854, le gouverneur ,satisfait, écrivait au ministre: «Lesalaire vient d'être abaissé presquepartout à 1 franc». J

C'est ce qui explique qu'on aitstigmatisé l'émigration indienne sousl'appellation à connotation hautementpéjorative de «coolies» et qu'elle ait

été si maltraitée dans la populationmartiniquaise.

Toutefois, l'insurrection deseptembre 1870 a vu l'unité entreles différentes catégories detravailleurs opprimés.

Armand NICOLAS évoque lecas de la commune du Vauclin dontdes propriétaires ont écrit augouverneur que «les incendies àdéplorer sont l’œuvre d'Indiens etd'Africains appartenant auxpropres habitations incendiées».

Cette main d’œuvre post-esclavagiste a donc contribué auxluttes sociales et, d'après lesstatistiques, au développement del'économie martiniquaise. Sans parler de son riche apportculturel en matière vestimentaire(madras...) culinaire ( colombo…) deses rites de pratiques de bien êtrephysique et mental ( yoga) et de salittérature.

Tout comme il estnécessaire de réhabiliter lesapports de l'Afrique à l'Humanité ,je crois indispensable de réhabiliterceux de l'Inde. Nous y reviendrons dans unprochain article.

Deux aperçus opposés: à gauche, état misérable des travailleurs indiens immigrés piégés dans les habitations postesclavagistes, à droite beauté physique et raffinement de la tradition vestimentaire indienne.

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Interview de Félix SOQUET ancien secrétaire général du syndicatCSTM des municipaux, ancien secrétaire adjoint de la CSTM

aux côtés de Marc PULVAR

AOP: Tu as reçu l'hommaged'une plaque où il est écrit

«Chemin Félix SOQUET, nègreauthentique». Pourquoi cette

appellation?

F.S: C'est quelque chose quiest venu par rapport à mes parentsqui disaient qu'il fallait avoir unebonne conscience de tout ce qu'onfait: aider autrui, éviter d'avoir desambiguïtés avec nos voisins, réfléchirà ce que l'on dit parce que si ce n'estpas le cas, cela peut donnernaissance aux dangers de lamédisance. Il m'ont élevé en sorte que j'aie unétat de conscience, un état d'espritpositif, assez flamboyant.

AOP: Est-ce qu'on ne t'appellepas également ainsi parce que

tu es très proche de la nature, àla manière de nos ancêtres neg

mawon?

F.S: Pour moi unmartiniquais doit être capable devivre en autosuffisance, encommençant par produire sanourriture. Sur mon terrain deTerrier j'élève des poissons, des«kribich», j'ai des avocats en troisvariétés, des goyaviers , orangers,ignames (sasa, bokodji, yanm bwa)bananiers, choux, etc. Je n'ai jamaisvendu un produit. Je les ai toujoursdonnés.

AOP: Tu as été membre de lapremière heure de la CSTM, àlaquelle tu as adhéré en 1976.Peux-tu nous parler des tout

débuts de la CentraleSyndicale?

F.S: Je suis venu à laCentrale syndicale une année aprèsla scission avec FO en 1975. Ce quim'a touché, c'est que le camaradeAGASTA à l'époque souhaitait queles hommes politiques soient plus

proches de la classe ouvrièremartiniquaise . Les hommes et lesfemmes qui partageaient son analysel'ont suivi, ont convaincu d'autres, etc'est ainsi que la CSTM s'est créée ets'est agrandie. A cette époque , «l'association destortionnaires» nous suivait pas à pasavec leurs renseignements généraux.Ce sont eux qui avaient assassiné lestravailleurs en lutte au François en1900, à Chalvet en 1974, et j'enpasse.

En 1981, la CSTM a adoptéle mot d'ordre d'indépendance avecl'arrivée à la direction de ceux quej'appelais «les trois abbés»: l'«abbé»PULVAR,LABBÉJOF, MonseigneurMARIE SAINTE. La Centrale a adopté le drapeaurouge vert noir. Je faisais entourer lepapier et les enveloppes CSTM pardes bandes à ces trois couleurs.MARIE SAINTE citait souvent CheGUEVARRA; «Peu importe si mesurprend la mort, pourvu qu'unautre saisisse l'arme et continue lecombat».

Nous obéissions à unediscipline stricte: être à l'heure enréunion, faire le plein d'essenceavant de partir , observer les arbresau cas où quelqu’un y serait caché,éviter de se laisser surprendre, faireson possible pour ne pas retournerpar le même chemin qu'à l'aller, lorsdes conflits ne pas se disperser ,rester groupés , protéger lesdirigeants, toujours conserver soncalme tout en restant courtois. Je respectais à la lettre cesconsignes: pour moi la disciplineest le nerf de la guerre et mwen térèd anlè sa.

AOP: Tu as été secrétaire dusyndicat des municipaux et

secrétaire adjoint aux côtés deMarc PULVAR.

Qu'as tu retenu comme tempsforts de cette période?

F.S: J'ai été secrétairegénéral de la CSTM municipaux en1979. Je n'avais pas fait acte de

candidature. Ce sont les travailleursdes différentes communes qui sontvenus me chercher parce qu'ilsm'avaient vu travailler avec les «troisabbés». Je suis resté à ce postejusqu'en 2001.

J'ai œuvré à la mise enapplication des décrets de loi visant àaméliorer les conditions de travaildes municipaux: indemnités de départà la retraite, revenu de remplacementen cas de perte involontaire d'emploi,congés pour événements familiaux,titularisations, etc.

J'étais agent de maîtrise à laville de Fort de France qui comptaitprès de 4000 employés et nous avonsété amenés à négocier avec AiméCÉSAIRE puis Serge LETCHIMY audébut de sa mandature. Notresyndicat était présent dans 24communes sur 34.

Comme temps forts, je me souviensde deux combats très durs , à

Bellefontaine et à Sainte Marie.

A Bellefontaine, avec l'appuides employés municipaux desdifférents services ( administratifs,techniques, etc. la commune a étéentièrement bloquée. Quatre cars detouristes ont été immobilisés et ceuxci sont tous descendus pour sedésaltérer, visiter la commune, voircomment fonctionnaient les marinspêcheurs avec leurs poissons. Ducoup, la population de Bellefontainea été acquise à notre cause. C'étaitd'ailleurs le but recherché, car j'aipour principe qu'il faut toujoursréfléchir aux moyens de rendre lesmobilisations populaires.

L'escadron de 11 gendarmesest parti une fois que nous avonsobtenu l'ouverture des négociationsavec le maire Ernest RENARD. Tousles points de la plate formerevendicative ont été satisfaits:revenu de remplacement en cas deperte involontaire d'emploi, congéspour événements familiaux,titularisations, y compris duchauffeur du maire qui était audépart enragé contre nous et quenous avons stratégiquement

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défendu. A Sainte Marie, face à la

mauvaise volonté du maire GuyLORDINOT qui ne voulait rienentendre de nos revendications deréintégration de ceux qui étaient souscontrat et de titularisations, nousavons dû nous contorsionner pourlutter contre les dispositions rebellesde ce maire et aboutir à unenégociation qui a finalement abouti.

Concernant MarcPULVAR, il était quelqu’un detrès «rocailleux» qui détestaitl’indiscipline. Mais pour lui,discipline ne voulait pas direobéissance aveugle. Lors desconflits, il disait: «O n discuteavant, après, mais pas pendant ».J'ai trouvé en cet homme unrocher dans la mer que lesvagues viennent frapper et quiretombent toujours sur ellesmêmes.

Dans beaucoup de conflits,les patrons avaient descollaborateurs à qui il avaitenseigné!

Les patrons békés letrouvaient tellement dangereuxqu'ils ont essayé à plusieursreprises de l'assassiner.

J'étais présent le jour où le«dog» ( homme de main NDLR)Victor LEDOUX a tenté de le tuer surordre d'un béké bien connu enMartinique. Ça s'est passé auLamentin dans un dépôt de l'usine duLAREINTY où étaient rassemblés lestravailleurs en grève.

Le dog a pourchasséPULVAR qui s'est trouvé acculéentre deux containers. Face à sonassaillant armé d'un longcouteau de boucher, il a sorti sonarme à feu et a tiré, le blessant àl'épaule. Lorsqu'il est allé porterplainte à la gendarmerie, c'est luiqui s'est fait arrêter! Il n'a été libéré qu'après deuxmois d'une mobilisation qui alargement dépassé les frontièresde la Martinique. Quelque temps après, on aincendié son véhicule.

Un autre temps fort a été le

combat pour la reconnaissancedu 22 mai

La première commune oùnous avons obtenu satisfaction a étéFort de France. CÉSAIRE nous amême dit qu'on aurait dû se battredessus depuis longtemps! On aobtenu immédiatement notre 22 maisans même négocier car pour luicela coulait de source.

Par contre, je me souviens dupatron d'un magasin qui refusaitd'accorder cette date et qui a failliavaler un mégaphone.

Face à un autre patronrécalcitrant, nous avons fait tousles clients dégager du magasinsans passer par la caisse. Encoreun moyen de rendre notre actionpopulaire! Vive réaction de lapartie patronale qui s'estprécipitée pour la fermeture del'établissement!

AOP: Tu as animé desformations syndicales.

Comment se déroulaient elles?

F.S: Notre syndicat desmunicipaux a pris l'initiative deréunions mensuelles de formation àl'attention des responsables des 24secteurs communaux. J'ai animé cesformations de 1986 à 2001. Lesséances duraient de 8h à 13h. Ellescommençaient toujours à l'heure.

Chaque participantrecevait un justificatif deprésence. Pas question qu'ilutilise ses heures de délégationpour aller faire du n'importequoi. J'expliquais inlassablementque «la CSTM pa ka soutirékotjen».

Nos slogans; dignité,responsabilité, droits et devoirs:pas de droits sans devoirs.

Les travailleurs apprenaientla législation du travail.

Ma pédagogie consistait àfaire en sorte que tous soientsuffisamment motivés pour suivrejusqu'au bout sans se lasser.

Mon objectif était qu’ilssoient bien imprégnés de ce qu'ilsavaient appris pour le restituer auxsyndiqués de leurs sections et même àleurs familles!

AOP: La très forte personnalitéde Marc PULVAR ne pesait ellepas trop sur le fonctionnement

de la Centrale?

F.S: Par moments, elle pesait.Mais il acceptait les critiques bienfondées et n'avait pas peur de faireson mea culpa. L’essentiel c'est qu'il avait uneconception profondément collégialede la Centrale réellementreprésentée par ses trois secrétairesgénéraux et ses trois secrétairesgénéraux adjoints qui n'étaient pasdes figurants.

Je me souviens qu'une fois, lepréfet de l'époque a téléphoné à laCentrale et a demandé à parler àDaniel MARIE SAINTE. PULVAR luia répondu qu'il n'avait pas à choisirson interlocuteur car la Centralefonctionnait de manière collégiale.Et il lui a raccroché au nez.Quelques minutes plus tard, cemonsieur a rappelé et a demandé àparler à un secrétaire général !

AOP: Comment vois-tu lapoursuite de la CSTM?

F.S: Ce que je vois c'est quela CSTM doit être unie, resserrer sesliens, redoubler d'efforts pourfonctionner collégialement et faireconfiance à ses statuts que nousavons mis beaucoup de soin àrédiger.

AOP: As-tu quelque chose àajouter à nos lecteurs?

F.S: Je veux parler d'un faitd'actualité qui m'a beaucoup choqué:l'individu actuellement en cavaleprésumé djihadiste, fiché S, mis enrésidence surveillée en Martiniquesans que le représentant de lacommune concernée ait été aucourant, ce qui est scandaleux .

Une fois de plus, lestortionnaires facilitent la tâche auxvils malfaiteurs au détriment deshonnêtes gens.

Il n'y a pas de logementspour satisfaire les demandeurs maison en trouve toujours pour ceuxvenus d'ailleurs, même pour lesprésumés terroristes.

De ce fait, je peux direqu'une menace pèse sur notre petiteMartinique.

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L'insurrection de septembre 1870 Alliance Ouvrière et Paysanne arejoint un regroupement impulsépar Lotorité nasyonal Matinik,appelé «liyannaj nasyonal pougloriyé septanm 1870» et dont

l'objectif est de faire du polygoneDesclieux où ont été fusillés leschefs de l'insurrection un lieu

mémoriel martiniquais unitaire.

Ce liyannaj nasyonalorganise une

commémoration del'insurrection dimanche 25septembre de 14h30 à 21h.

Au programme: Marche avec le groupe à pied SanChenn de la statue de D'Esnambuc surla savane de Fort de France jusqu'aupolygone Desclieux, interventionshistoriques avec Armand NICOLAS,notre jeune camarade Claire AniaVIRGILE, un militant panafricainrelatant des épisodes de résistanceanticolonialiste sur le continentafricain au 19ème siècle, un aperçudes résistances caribéennes par MilkaHUMBERT, universitaire militante,une exposition de planches de labande dessinée consacrée par l'artistepeintre José CLAVOT à cetévénement, un «moman bèlè». AOP invite tous ses lecteurs,militants et sympathisants etnotamment les jeunes, à s'organiserpour participer à cettecommémoration .

Extraits de la brochured'Armand NICOLAS

«L'insurrection du Sud de laMartinique» rééditée en 2014

sous forme bilingue

( français martiniquais) auxéditions Nécessité

«Fin septembre 1870, des milliersd'hommes et de femmes, ouvriers,agriculteurs, artisans du Sud dela Martinique se lèvent, lecoutelas et la torche à la main. Par son ampleur, par son contenusocial et historiquerévolutionnaire, l'Insurrection duSud fut, après 1848, la plus

importante révolte martiniquaise ,un de ces événements quimarquent toute une époque. […]

Il est significatif quel'insurrection eut pour origine

un déni de justice:

l'affaire LUBIN

En février 1870, un jeunenoir du Marin, Léopold LUBIN,cultivateur, est sauvagementcravaché par deux colons blancs. ( NDLR Augier de Maintenon aidecommissaire de la Marine et son amiPellet De Lautrec) sur la route prèsde l'habitation Grand Fond,parce qu'il n'a pas écarté assezvite son cheval pour laisser lepassage aux représentants de laclasse supérieure.

Lubin dépose une plainteet demande justice et c'est lui quiest emprisonné le 19 août 1870 etcondamné à 5 ans de bagne.

Dans toute la Martinique,ce fut un tollé de protestations.Une campagne de souscriptions'organise pour financer lesdémarches de Lubin. Il faut sevenger des blancs. La colèregronde.

Mais en France, le régimede Napoléon III s'effondre suite àla défaite française ( NDLR de Sedanle 2 septembre) dans la guerre contrela Prusse. C'est la proclamationde la troisième République .

Celle ci fut célébrée le 22septembre 1870 à Rivière Pilotequi était le centre du complot dela vengeance. Des milliers depersonnes manifestèrent aux crisde «mort aux blancs, mort àCodé», le juge ( NDLR assesseur)raciste qui s'était acharné contreLubin. C'est l'insurrection desDamnés de la Terre. Codé en serala seule victime blanche. Ce fut la lutte contre le méprisraciste , pour la dignité, contrel'exploitation féroce des masses,pour une redistribution de la terre.Au cours des combats, trois

habitations furent partagées entreles travailleurs.

Ce fut aussi la lutte pour suivrel'exemple d'Haïti dans l'esprit

de certains chefs insurgés. Cefut un échec.

Mais l'insurrection du Sudde la Martinique a ouvert l'avenircomme le dit Henri CORBIN dansson magnifique et long poème «LeSud rebelle» paru en 1990.«N'importe, le Sud rebelleagrippé à ses vagues, illumine deson ampleur notre présent depeuple qui s'obstine».

Pour la terre, contrel'oppression des békés.

Tout au long des procès,malgré des pressions destinées àterroriser les accusés, on découvreles motivations . Tels se plaignentdes impôts, d'autres déclarent:«les békés nous ont fait asseztravailler sans nous payer». Lecommandant Mourat,commandant supérieur du Sud,souligne dans un rapport augouverneur:«Eugène LACAILLEa soulevé les Congos en leurpromettant leur libération desengagements contractés».La revendication de la terre, d'unesorte de réforme agraire, figuraitaussi au premier plan: CHASSERLES BÉKÉS POUR AVOIR LATERRE. Aussi bien le gouverneurMENCHE de LOISNE que lesBékés estimèrent que celle ci futun puissant moteur de la lutte.

Le fait que, dans le feu de lalutte, le partage des terres ait

commencé sur troishabitations, témoigne que lasoif de terre était généralisée

et correspondait à unerevendication fondamentale

des masses rurales.»

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N O U V E L G W A D L O U PDEUXIÈME PARTIE DE L'INTERVIEW D'ELIE DOMOTA (par Maeva)

Contre la privatisation-corruption qui gangrène la gestion de l'eau confiée auxmultinationales , le combat pour une régie publique de l'eau

Maeva: Qu'as tu à nous dire surla question de l'eau et la récentegrève des salariés de ce secteur?

E.D: En droit français, il y aune règle: c'est l'eau qui paye l'eau .Cela signifie que l'argent que versentles contribuables pour leurconsommation d'eau doit servir à laproduction, l'investissement, lepaiement des salaires et ladistribution de l'eau. Mais voilà cequi se passe depuis un certainnombre d’années: la maintenancen'a pas été assurée suite à desdétournements d'argent.

Les collectivités, notammentles maires, ont signé une conventionavec des multinationales VéoliaCompagnie générale des eaux, laCompagnie générale des servicespublics. Ce sont des opérateurs privésqui viennent pour faire de l'argent. Et,pour rémunérer leurs actionnaires, ilsn'ont aucune notion de service public,ils ne sont pas pour l'intérêt général, ilssont pour remplir leurs poches.

Nous avons alors constaté uneaugmentation du prix de l'eau, maiségalement une diminution de laqualité et pire encore, aujourd'hui,pratiquement 60% de l'eau produiteen Guadeloupe disparaît sous terre.Parce que les canalisations sontpourries, parce que depuis unecinquantaine d'années l'argent del'eau a servi au financement decampagnes électorales, à payer desbillets d'avion, etc.

Les opérateurs privésaugmentent le prix de l'eau et reversentune partie de l'argent gagné pourfinancer un bâtiment, un gymnase etconsort. Comme ça le maire peut dire :«J'ai fait ceci, j'ai fait cela». Donc l'argent de l'eau est détourné etnous sommes face à un énormeproblème: les tuyaux sont pourris.

Aujourd'hui, on remplace10m, 15 m de tuyaux parce qu'ils ontéclaté. Mais c'est du bricolage: ilfaut un réseau neuf de production etde distribution d'eau potable enGuadeloupe. Et ça coûte entre 800millions et un milliard d'euros. Or

tout cet argent a disparu! C'est pour tout cela que

nous nous battons pour la mise enplace d'un service public de

production et de distribution del'eau dans le cadre d'une régie

directe, avec bien évidemment lesmoyens techniques et opérationnelspour intervenir et donner de l'eau à

tout le monde. Ça veut dire quoi? Si nous

avons un établissement public, il n'y ani délégation de service public ni deprestation de service public avecaucune multinationale.

Comme cela se faisait avant,c'est un service public qui assure lagestion dans le cadre d'un servicepublic. Bien évidemment avec lesélus, avec des usagers, avec desreprésentants de salariés, nouspouvons contrôler l'utilisation del’argent. Et exit les multinationalesqui nous volent notre argent.

Bien entendu, les éluscorrompus, l'État mafia complice nesont pas d'accord. Ils ont envie decontinuer à profiter de ce système quiles engraisse. Mais nous n'avons rien inventé.Aujourd'hui, la mairie de Paris amunicipalisé la gestion de l'eau, et acréé un établissement public «Eau deParis », qui gère l'eau sans délégationde service public, sans le groupeSUEZ qui gérait l'eau auparavant, dasle cadre d'une régie publique. Mêmechose pour Grenoble, pour Toulouse,et pour une série de grandes villes àtravers le monde. Aujourd'hui, ilfaut arrêter de mettre l'eau sous latutelle des multinationales, il fautrevenir à l'intérêt général, à lagestion publique dans le cadre d'unerégie directe de ce qui est notre eau:dlo a montàn-la sé dlo an nou!

Maeva: Et la grève des salariés?

E.D: La grève étaitprincipalement axée sur lesrevendications des travailleurstransférés du groupe Véolia-

Compagnie générale des eaux(multinationale française) ausyndicat intercommunal. Lorsqu'ontransfère des travailleurs, il faut lestransférer avec les garanties socialesqu'ils avaient déjà. Et le nœud duproblème était qu'on voulait leursupprimer un certain nombre de cesgaranties. Donc ils ont fait grève etau bout d'une semaine ils ont obtenudes garanties non seulement dusyndicat intercommunal, mais aussides structures, des collectivités quiadhèrent à ce syndicat pour financerle transfert des salariés et maintenirle même niveau de revenus qu'ilsavaient dans leur ancien emploi.

Maeva: Les élus seraient doncles principaux responsables de

cette gabegie?

E.D: En final de compte,nous payons deux fois quelque chosedont nous ne voyons pas la couleur. Ce dossier est particulièrementbrûlant, parce que nos élus sonttotalement irresponsables sur cettequestion.

C'est pour cela que depuisun certain temps avec LKP nousavons participé à la mise en place deplusieurs associations de défensed'usagers dans différentescommunautés d'agglomération quimènent l'offensive sur le terrain.Elles s'apprêtent aujourd'hui àattaquer en justice un certainnombre de communautésd'agglomération sur la distributionde l'eau, la production, ladistribution, le prix de l'eau etc.Parce que trop c'est trop. Il y a troptrop et trop d'abus. Pour conclure, encore unefois, les élus guadeloupéenssont directement responsablesde cette situation déplorable,par méconnaissance peut être,mais surtout par fainéantise etpar appât du gain.

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NOUVEL LAGWIYAN' AOP a rencontré des militants du Komité Drapo et du MDES

( Mouvement de Décolonisation et d'Émancipation Sociale) .

Lors du séjour en Guyane d'une de ses membres, Alliance Ouvrière et Paysanne a eu contact avec des camaradesdu Komité Drapo dont un des responsables, ALPHONSINE Servais, auteur d'une brochure sur le drapeau Guyanais,( parue en 2014, avant les élections de décembre 2015 qui ont transformé la Guyane en collectivité unique) nous adéjà gratifiés d'articles de haute tenue, ainsi qu'avec des camarades du MDES qui nous ont offert le n° de juillet deleur mensuel ROT KOZÉ. Nous proposons à nos lecteurs des extraits de ces deux publications.

Extrait de la brochure LE DRAPEAU GUYANAIS

Ce drapeau a été adopté en1967 au congrès de fondationdu syndicat UTG, symbolisant

donc la fusion entre lutted'émancipation nationale et

lutte d'émancipation sociale.

«Un drapeau , le plussouvent, émerge dans des conditionshistoriques et sociales particulières,notamment dans des périodes delutte, de résistance ou de révolution.Quoi qu'il en soit, l'apparition de cetemblème constitue toujours un actepolitique important correspondant àune volonté d’affirmation de soi.

L'adoption du drapeauguyanais lors du congrès fondateurde l'Union des Travailleurs Guyanaisen 1967 à Sinnamary, n'échappe pasà cette logique. En effet, nous sommesalors dans la période des luttes delibération nationale et desrévolutions anti impérialistes auniveau mondial et dans cedépartement-colonie qu'est la Guyanefrançaise, le syndicat ouvrier estalors à la pointe du combat et seprésente comme une forceanticolonialiste déterminée, à lalimite pure et dure. D'admettrel'existence d'un drapeau guyanais,c'est reconnaître du même coupl'existence d'un Peuple guyanais etdonc la possibilité de sonaffranchissement de la tutelleséculaire. (Elie STÉPHENSON-éminentepersonnalité culturelle Guyanaise qui apréfacé la brochure) .

Un drapeau adopté en 2010 parle Conseil Général de Guyane!

«Le 22 janvier 2010 est unjour historique pour tous les

Guyanais car, pour la première fois,une grande institution , leDépartement de la Guyane, a adoptéen assemblée plénière le drapeau dela Guyane. En faisant adopter par le ConseilGénéral un symbole fort,représentant notre Guyane, j'aivoulu, par une délibérationsolennelle, délivrer un acte denaissance qui officialise l'existencedu peuple Guyanais. Désormais, cet emblème flotte sur lafaçade de l'hôtel du Département. Le Komité Drapo pourra toujourscompter sur mon total soutien pourque le drapeau de la Guyane soitmieux reconnu et présent dans tousles édifices publics de notreterritoire. (Mot introductif d'Alain TIEN-LONGprésident du Conseil Général de Guyane)

Extraits de ROT KOZÉ ( directeur de publication, Maurice

PINDARD par ailleurs un desresponsables du syndicat enseignant

STEG-UTG)

Ce numéro consacre unepleine page à la victoire remportéepar une longue mobilisation unitairepour transformer toute la Guyane enRéseau d'éducation Prioritaire +, c'està dire en zone où sont reconnuesd'importantes difficultés nécessitantdes moyens supplémentaires, incluantdes mesures financièrescompensatoires pour les enseignants.

Bravo à la mobilisation desparents, des enseignants, et de lacommunauté scolaire en général.

Bravo aux syndicats qui ontconservé la dynamique unitairejusqu'au bout malgré les couacsinévitables.

Un bravo spécial pour lesmarcheurs de Saint Laurent avec ousans parapluie.»

Toutefois, certaines

personnes ont refusé de rejoindre lemouvement de grève, considérant quece qu'il faut c'est non pas undispositif de plus mais une réforme enprofondeur de l'école en Guyane.

[…] Il faut dire que leprincipal frein au recrutement localest dans la doctrine de l'Éducationen Guyane.

En effet, parce que noussomme gérés par la France, il nousfaut appliquer les normes françaises.

[…] Le Rectorat va à lachasse à l'enseignant à chaquerentrée scolaire et fait venir deFrance des contractuels, prétextantqu'il n'y a pas de candidats enGuyane. Il faut signaler que lesGuyanais lauréats au concours sontaffectés à Versailles ou Créteil et queles syndicats doivent se battre àchaque rentrée scolaire contre cette«déportation» sans sens.

Dans le même temps, le turn-over, dénoncé par les syndicatslocaux s'aggrave. Cette année, 130titulaires s'en vont, 300 arrivent…qui vont encore repartir. Et lamajorité des enseignants de nosenfants ne sont pas adaptés à l'écoleen Guyane!! Malgré leur bonnevolonté qu'il faut saluer, il necomprennent pas la langue de leursélèves et peinent à pendre en compteleur psychologie guyanaise,amazonienne. Quant à certainesparties du programme qu'ilsdevraient aborder, comme laquestion de l'esclavage en Histoire,seule une minorité tentel'expérience, les autres préférantzapper un face à face déstabilisantavec leurs élèves, en c ollège et enlycée ( confidence d'enseignant enHistoire en collège…).

AOP, engagé dans la préparation dela conférence contre le génocide par

substitution, estime qu'il seraitimportant d'y inviter des militants

de Guadeloupe et de Guyane…

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N O T R E C A R A I B E AYITI: assassinat de notre jeune camarade Siméon DAVIDTCHEN

Appel d'Ayiti du 19 août 2016 aux organisations syndicales, populaires, auxpartis politiques attachés à la démocratie et à la défense des droits humains

Le samedi 13 août, à 3 h 30dans l’après-midi, dans lequartier populaire Fort-

National, à la sortie d'uneréunion du Mouvement de

liberté, d’égalité des Haïtienspour la fraternité (Moleghaf ),

un groupe d'hommes armés ontassassiné lâchement

Davidtchen Siméon, un jeunemilitant de vingt-trois ans de

l’organisation populaireprogressiste Moleghaf, très

engagé dans la lutte contre lesforces d’occupation onusiennes(Minustah), l’impérialisme etl’oppression des travailleurspar le capital transnational.

Il est important de signalerque, quelques jours avant cetassassinat odieux, le mercredi 10 et lejeudi 11 août 2016, Davidtchen avaitdéjà été violemment agressé etmenacé par des policiers.

La raison de ces actes debarbarie est le fait que, dans unpremier temps, Davidtchen Siméona exprimé sa position critique parrapport à un projet de constructionde bâtiments et d’une route quel’Unops, une agence de l'ONU,voulait implanter dans son quartieret dans un second temps, dénoncé lesalaire misérable des ouvrierstravaillant dans cette construction.

En fait, comme tout le mondele sait, en Haïti sous occupation,l'implantation des « projets» dans lesquartiers populaires est souvent faiteavec l'aide des bandits de grandchemin pour intimider la population.Le Moleghaf, l'organisation àlaquelle appartenait Davidtchen,est connu en Haïti pour son combatpour la défense de la souveraineténationale et pour le retrait de laMinustah d'Haïti, sans quoi leMoleghaf considère qu'il n'y a pasde conditions pour l'exercice réel dela démocratie.

Mais, indépendamment des opinionspolitiques qu'on puisse avoir sur cessujets, l'assassinat de Davidtchen doitêtre condamné avec la plus grandefermeté par tous ceux qui sontattachés à la défense de la démocratieet des droits humains les plusélémentaires.En ce sens, nous, la tribune deconférence-débat autour de laproblématique de l’occupation enHaïti, réunis à Port-au-Prince, cevendredi 19 août 2016, au local duBureau des avocats internationaux(BAI), sis au #3, 2 e impasse Lavaud,Lalue, faisons appel à la solidariténationale et internationale de toutesles organisations, pour prendreposition afin d’exiger des autoritéscompétentes, particulièrement duministère de la Justice et de laSécurité publique, de l’Officeprotecteur citoyen (OPC) et del’Instruction générale de la policenationale d’Haïti (PNH),l'identification et la condamnation descommanditaires et des exécutants del’assassinat de Davidtchen Siméon.

A bas l’occupation, à bas labarbarie ! Minustah dehors !

Pour la défense de ladémocratie, contre la barbarie :

punition des responsables del’assassinat de notre camarade

Davidtchen Siméon !

Premières signatures : Confédération des travailleurs des secteurspublic et privé (CTSP) :[email protected];Bureau des avocats internationaux (BAI) :[email protected] ; Syndicat national destravailleurs de l’art(Syntart) :[email protected]; Mouvement desétudiants pour libérer Haïti (Mela):[email protected] ; RésistanceBenoît Batraville ; Association des victimesdu choléra de Boucan-Carré ; SESP-Syndicat; USCPH-Union syndicale des constructeursprofessionnels d’Haïti – affiliée à la CTSP ;Regroupement des victimes du choléra deLachapelle : 3871 9112.

Envoyer vos messages (avec copieaux premiers signataires) à :

Ministère de la Justice et de la Sécurité

publique (MJSP), avenue Charles-Summer,18, Port-au-Prince ; Inspection générale de lapolice nationale d’Haïti (PNH) : 07, autoroutede Delmas (zone Delmas 2, Haïti) ; Officeprotecteur citoyen (OPC) : avenue John-Brown, Lalue (Port-au-Prince) ; tél. (+ 509)2940 3065/3702 065 [email protected]/[email protected].

copie à : [email protected] [email protected]

Premières réactions desolidarité d'AOP

Dès réception de cet appelurgent relayé par l'EntenteInternationale des Travailleurs etdes Peuples AOP a envoyé uncommuniqué aux autorités Haïtiennesindiquées dans l'appel , avec copie àla presse et aux organisationsouvrières et démocratiques deMartinique. Le Président de la radiodu MIM ( Radio Lévé DouboutMatinik, RLDM) a aussitôt priscontact avec nous pour une interviewle vendredi 27 août 2016, dont nousavons largement informé noscamarades et sympathisants et qui aprovoqué plusieurs réactionsindignées et solidaires.

Notre communiqué se termine ainsi, :«Dans l'attente d'une réponsepositive de votre part, veuillezrecevoir, Mesdames et Messieurs lesResponsables de ces honorablesinstitutions de la PremièreRépublique Noire du monde,l'expression de notre détermination àaccompagner nos frères Haïtiensjusqu'à satisfaction de leur élémentaireexigence de justice.» Comme nous l'avons dit sur radio RLDM: « Lè bab kanmarad ou pri di fé, wouzé taw». Et nous avons rappelé à ce sujet la tentative d'assassinat de feu le dirigeant de la centrale syndicale CSTM Marc PULVAR. (Voir circonstances de cette tentative dans l'interview de l'ancienresponsable syndical CSTM Félix SOQUET pages 8 et 9) .

Ne pas réagir fermement etconcrètement contribuerait à banaliserdans notre Caraïbe ces pratiquescriminelles.

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F R A N C EÉDITORIAL DU JOURNAL INFORMATIONS OUVRIÈRES n°417 du 1er au 7 septembre 2016

Quand le temps de l’action est venu par ” Emmanuelle PERRIÈRE membre du bureau national du POI

«La sécurité, priorité desécoles face au risque terroriste », titreLe Figaro, le 24 août. « Cette année,trois exercices seront organisés dansles établissements scolaires de lamaternelle au lycée, dont l’un porteraobligatoirement sur un nouveauscénario : celui de l’attentat-intrusiond’un terroriste venu pour tuer. » Du jamais vu depuis la guerre d’Algérie !

La ministre de l’Éducationnationale et le ministre de l’Intérieur quifont cette annonce voudraient instaurer unclimat de terreur qu’ils ne s’y prendraientpas autrement.

Cambadélis, premiersecrétaire du PS, a déjà vendu la mèche.Pour lui, « le terrorisme est devenu lapremière préoccupation des Français.On ne parle plus de la hiérarchie desnormes, mais de la hiérarchie desenjeux» (Le Monde, 17 août).

Quant à la ministre du Travail,au mépris de toutes les règles de droit etcontre l’avis motivé de l’inspecteur dutravail, elle autorise le licenciement dudélégué syndical CGT d’Air France.Décision « illégale » contre laquelle sedressent tous les syndicats d’Air France,CFDT exceptée.

Ce gouvernement aux abois, sansbase sociale, à la majorité en

lambeaux, cherche à faire peur. Il a

besoin de faire peur. C’est pourquoi ila renforcé l’arsenal répressif de la V e

République contre le mouvementouvrier.

Et pourtant, malgré ce « climatde terreur », les salariés de SFR sontappelés à se mobiliser, le 6 septembre, àl’appel de leurs syndicats CGT et CFE-CGC, contre le plan social de masseavalisé par la CFDT et l’Unsa.

Le 8 septembre, ce sont lesenseignants du second degré qui sontappelés à la grève par leur intersyndicalepour l’abrogation de la réforme descollèges.

Rien n’est joué. Malgré tousses efforts, le gouvernement n’a pas

réussi à faire refluer la lutte desclasses, ni à diviser l’intersyndicale.

Au contraire ! Après le meeting historique du

6 juillet, au gymnase Japy, à Paris, lemeeting de rentrée des unionsdépartementales CGT, FO, FSU,Solidaires et Unef de Loire-Atlantique,le 7 septembre, à Nantes, verra lessecrétaires généraux de la CGT, de FO,de la FSU, le porte- parole deSolidaires et le président de l’Unefprendre la parole ensemble, à moinsd’une semaine de la « journée d’actionet d’initiative » du 15 septembre « pour

l’abrogation de la loi travail ». Alors que la privatisation

annoncée du service public de l’énergieou de la collecte de l’impôt constitueraitune véritable « contre- révolution », à neufmois de la présidentielle, Le Monde (24août) s’inquiète : « La situation estimprévisible comme rarement àpareille échéance. »

Car ils auront beau faire, tousles « présidentiables » candidats aux

primaires n’arriveront pas à fairedisparaître la lutte de classe.

Dans ces conditions, quelle peutêtre l’utilité des comités de liaison etd’échange que nous constituons dans lafoulée de la conférence du 4 juin ?

Le 22 juin dernier, lors d’uneréunion à Poitiers, un cheminot,militant du PCF, répondait :

« Ces discussions, cetteliaison et ces échanges sont capitaux,car ils nous permettront d’aborderl’étape suivante mieux informés etplus soudés. Ce n’est pas paridéologie qu’on constitue cescomités, c’est vraiment dans et parl’expérience de la lutte qu’ons’aperçoit qu’on a besoin d’un tel outilpertinent de contact et de débat pourpouvoir agir ensemble quand le tempsde l’action est venu.»

TRÉLAZÉ (Maine-et-Loire), manifestation syndicale lors de la venue de Hollande, le 24 août

Ce 24 août, alors queFrançois Hollande s’apprêtait àvisiter l’entreprise APMA à Trélazé(ville de 13 000 habitants, prèsd’Angers, en Maine-et-Loire), pourannoncer les chiffres du chômage, aeu lieu à la Bourse du travail deTrélazé une conférence de presseintersyndicale. A l’issue de cette conférence depresse, une centaine de syndicalistes,

drapeaux déployés, ont manifestédans les rues de la ville (photo).“ABROGATION DE LA LOITRAVAIL ! LES SALARIÉS NELÂCHENT PAS”

Un journaliste demande si lasuite de la mobilisation ne va pas êtreplus difficile maintenant que la loitravail a été adoptée. XavierDupeyroux, du bureau de l’UD CGT,rappelle que le CPE a été retiré après

avoir été adopté. Il souligne que lessyndicats présents sont toujours sur lesmêmes bases et demandent l’abrogationde la loi travail, en précisant que laCFDT se retrouve quasiment seulepuisque la CFE-CGC, attachée à lahiérarchie des normes, rejette elle aussicette loi. Pour lui, «la journée de mobilisationdu 15 septembre va montrer que lessalariés ne lâchent rien».

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NOUVELLES DE L'ENTENTE INTERNATIONALE DES TRAVAILLEURS ET DES PEUPLES

BRÉSIL après la destitution de DILMA

ROUSSEF journée demobilisation le 22 septembre

A l’initiative de la Centrale uniquedes travailleurs (CUT) et avec commeperspective la préparation d’une grèvegénérale, une journée de mobilisation aété décidée pour le 22 septembre,conjointement avec d’autres centralessyndicales. Cette journée intègre lesrevendications de plusieurs secteurs :celles des travailleurs de la banque, de laposte, de l’industrie chimique et pétrolière,ainsi que l’opposition au programme anti-ouvrier et anti- démocratique annoncé parMichel Temer. Il faut dire que, pendantces trois mois et demi, le gouvernementusurpateur de Michel Temer a étéincapable de mettre en application le «programme social » du coup d’État,programme qui intègre, entre autres, laprivatisation de la compagnie pétrolièrenationale Petrobras, une nouvelleréforme du régime des retraites et descoupes claires dans les budgets del’éducation, de la santé et desprogrammes sociaux. Le capitalfinancier international et l’oligarchiebrésilienne espèrent que la destitutionde Dilma Rousseff facilitera la mise enœuvre du programme annoncé parMichel Temer. A suivre…

SÉISME EN ITALIE LES ENTREPRENEURS , LES

POLITICIENS CORROMPUS ET LESDIRECTIVES EUROPÉENNES EN

ACCUSATION

La Repubblica (27 août) révèleque des morceaux de polystyrène et degrillage ont été découverts par les pompiersinsérés dans des murs porteurs. Dans lemême article, le procureur de Rieti, encharge de l’enquête, déclare : « J’ai vu unehabitation de trois étages avec lescloisons écroulées. Je pense qu’elle aété construite avec plus de sable que deciment. » De plus, le responsable d’une entreprise aobtenu la mise aux normes d’une école, à lasuite d’un appel d’offres en 2012, laquelles’est effondrée dans la nuit. Cetentrepreneur est le neveu d’un individuimpliqué dans de multiples affairesjudiciaires, et jamais condamné. Mieux,

ce dernier a obtenu du tribunal administratifrégional et du Conseil d’État l’annulation decertaines directives anti-mafieuses.

En plus de protéger lacorruption, les politiciens italiens ontfait le choix de dépenser l’argent des

citoyens pour construire le porte-avions Garibaldi, sur lequel ont

paradé lundi dernier, précisément aularge de l’île de Ventotene, les

Hollande, Merkel, Renzi et consortspour nous reparler « de la relanceeuropéenne », des banques, et de

« l’organisation militaire européennecommune ».

Mais, concernant lesinvestissements pour préserver réellementla population italienne, ses habitations, lepatrimoine culturel et historique du paysface à la corruption généralisée et auxconséquences dramatiques destremblements de terre, une fois de plus,après les embrassades de retrouvailles, cefut un grand silence.

Rome, le 28 août 2016

Algérie extrait de l'éditorialde Fraternité organe du Partides Travailleurs d'Algérie.

Oui, comme jamais par lepassé, depuis l’été 1962, notre pays estdans l’œil du cyclone. Car, et ce n’est

pas un hasard, les rapports trèshostiles des ONG internationales etdes centres américains tombent en

cascade, accablant l’État algérien detous les maux, y compris la traite des

humains. Et le média américain Politico

vient de franchir un pas qualitatif puisqu’ilpublie des déclarations de responsableseuropéens qui participent de laprovocation, voire de la menace. En effet,il est écrit que « l’obstacle c’est A.Bouteflika » et qu’« ils (les responsablesalgériens) savent que cela doit changer ».Puis d’exiger la suppression de larègle 51/49 dans le secteur deshydrocarbures. Donc, pour cesresponsables européens, intervenantau compte de l’impérialisme américain,l’Algérie doit être alignée sur les payssous tutelle étrangère.

Pourtant, déjà, la loi de finances2016 et le Code des investissements sontune offre de service directe au capital

international. Il s’agit donc d’en finir avec le peud’attributs de souveraineté qui reste.

Alors, l’heure est à la mobilisationunie sur le terrain des travailleurs etde la jeunesse entraînant toutes lescouches populaires dans un sursaut

national pour, en défendant les acquisde la révolution algérienne et de

l’indépendance nationale,sauvegarder les bases matérielles dela nation algérienne, son unité et sonintégrité et par là-même, ouvrir uneréelle issue positive à la crise qui

menace de disloquer le pays. Louisa HANOUNE Alger le 24 août 2016

Togo: budget 2014

Le budget 2014 a prévu 1 000milliards pour étendre le port de Lomé, 75milliards pour agrandir l’aéroport deLomé,2000 milliards pour étendre leréseau routier et construire 760 km dechemin de fer Lomé- Cinkassé.

Financements usuriers et suspectsLe financement du port de

Lomé, ce n’est un secret pour personne,a été fait par le groupe Bolloré commeprêt remboursable sur plusieurs dizainesd’années par le contribuable togolais.

Le même Bolloré s’attribue lemarché de la voie ferrée Lomé- Sinkassé,socialement vitale pour vertébrer àmoindre coût pour les populations,letransport des denrées agricoles et lebétail dans le sens nord-sud et vice versa,pour un écartement des railstechniquement défavorable comparé àcelui proposé par Nigeria auquel onl’aurait préféré.Nul n’a été surpris que lapresse internationale révèle que Bolloréa financé la campagne présidentielle deFaure Gnassingbé…

L’aéroport de Lomé vientd’être livré. Un emprunt à la Chine de 75milliards pour payer l’entrepriseconstructrice chinoise. Dette laissée à lapostérité. La main d’œuvre nationale enquête d’emploi n’y a trouvé aucuncompte à l’exception de quelquesmanœuvres qui ont vendu leur force detravail dans des conditionsesclavagistes, contre parfois des gifleset autres humiliations de patrons chinoisqui ont fonctionné en territoire conquis.

(In lettre de liaison de nos camarades Togolaisdu Parti démocratique des travailleurs

( PA.DE.T)

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TRIBUNE LIBRE DU COURANT QUATRIÈME INTERNATIONALE

Hommage à Léon SEDOV fils de TROTSKI assassiné le 16 février 1938 à32 ans par les agents de STALINE dans un hôpital parisien.

Enterré au cimetière de Thiais, lasection française de la 4ème

Internationale lui rend chaqueannée un hommage sur sa

tombe . Nous publions cet extraitde l'émouvante et poignante

brochure «Léon SÉDOV, le fils, l'ami, le

militant» écrite par Trotskiquelques jours après sa mort.

“ Ce que n’avaient pu faire lesbagnes du tsar, la déportation

rigoureuse, les souffrances desannées d’émigration, la guerre

civile et les maladies, a étéaccompli […] au cours des

dernières années par Staline, lepire fléau de la révolution.

Après l’ancienne génération, lameilleure partie de la suivante, c’est-à-dire celle que 1917 avait engendrée et quis’était formée dans les vingt-quatrearmées du front révolutionnaire, a été elleaussi anéantie, puis la meilleure partie dela jeunesse, la génération de Léon, a étépiétinée sans qu’il en reste de trace. .[…]

Léon était le seul qui nous avaitconnus jeunes ; il faisait partie de nosvies depuis le moment où il a prisconscience de lui-même. Bien que jeunepar l’âge, il nous apparaissait commenotre contemporain. […]

Son adolescence s’est passéedans une grande tension. Il s’était vieillid’un an pour pouvoir entrer plus viteaux jeunesses communistes, oùbouillonnaient alors toutes les ardeursde la jeunesse qui s’éveillait.

Les jeunes boulangers, aumilieu desquels il menait sapropagande, le gratifiaient d’un petitpain frais, et il le rapportaitjoyeusement sous sa veste auxmanches trouées. Ce furent desannées brûlantes et froides,grandioses et affamées.

De sa propre volonté, Léon quitta leKremlin pour vivre au foyer des

étudiants prolétariens, afin de ne pas

se distinguer des autres.Il refusait de monter avec nous en

auto, afin de ne pas user de ceprivilège des bureaucrates.

En revanche, il prenaitjalousement part à tous les “samediscommunistes” et autres “mobilisationsde travail”, déblayait la neige dans lesrues de Moscou, “liquidait”l’analphabétisme, déchargeait le painet le bois des wagons, puis, en qualitéd’étudiant polytechnicien, réparait leslocomotives.

S’il n’est pas allé combattre surle front, c’est seulement parce que sevieillir de deux ou même de trois annéesn’aurait pu l’y aider : il n’avait pas encorequinze ans quand la guerre civile s’estterminée.

Mais, plus d’une fois, il m’avaitaccompagné au front, s’imprégnantd’impressions fortes, et comprenaitfermement le pourquoi de cette luttesanglante.

Les dernières dépêchesd’agence indiquent que Léon Sedovvivait à Paris, “dans les conditions lesplus modestes”. Ajoutons : beaucoupplus modestes que celles d’un ouvrierqualifié.

Mais même à Moscou, dans cesannées où son père et sa mèreoccupaient de hautes fonctions, il nevivait guère mieux et plutôt plus mal queles derniers temps à Paris. C’était peut-être la règle dans la jeunesse de labureaucratie ? Nullement. Même alors,c’était une exception. Chez ce garçon etplus tard chez l’adolescent et chez lejeune homme, le sentiment du devoir etdes grandes actions s’est éveillé debonne heure.

En 1923, Léon s’estimmédiatement et entièrement plongédans le travail de l’Opposition. Il serait injuste de ne voir là rien deplus que l’influence de ses parents.Après tout, quand il avait quitté unconfortable appartement au Kremlinpour ce foyer affamé, froid et sale, ill’avait fait contre notre volonté, mêmesi nous ne l’en avions pas empêché.Son orientation politique a étédéterminée par ce même instinct qui

l’incitait à préférer les tramwaysbondés aux limousines du Kremlin.

La plate-forme de l’Oppositiona seulement donné une expressionpolitique aux traits organiques de sanature.

Léon rompit sans concessionsavec ses amis étudiants que leursbureaucrates de pères arrachaientavec leurs griffes au “trotskysme”, etretrouva le chemin de ses amisboulangers.

Ainsi, à dix-sept ans, acommencé sa vie pleinement conscientede révolutionnaire. Il a vite assimilé l’artdu travail conspiratif, des réunionsclandestines, de la publication et de ladiffusion en secret des documents del’Opposition.Le Komsomol (Organisationde la jeunesse communiste, créée en 1918NDLR) a rapidement développé sespropres cadres de dirigeants del’Opposition.

Léon avait des capacitésexceptionnelles pour lesmathématiques. Il était infatigable pouraider les étudiants ouvriers quin’avaient pas fait d’étudessecondaires. Il s’engageait dans cetravail de toute son ardeur, corrigeait,dirigeait, secouait les paresseux. Cejeune enseignant voyait dans ce travailcomme un service rendu à sa classe.

Ses propres études à l’Instituttechnique supérieur se poursuivaientavec succès. Mais elles ne lui prenaientqu’une partie de sa journée de travail. Leplus gros de son temps, de ses forces, deson cœur, il les consacrait à la cause dela révolution. […]

Adieu Léon! Nous livrons tonirréprochable mémoire à la jeune

génération de travailleurs du monde.Tu auras droit de cité dans les cœursde tous ceux qui travaillent, souffrent

et luttent pour un monde meilleur.Jeunesse révolutionnaire de tous lespays, accepte de nous le souvenir denotre Léon, adopte-le comme ton fils.Il en est digne, et que désormais, il

participe invisible à tes luttes,puisque le sort lui a refusé de

prendre part à ta victoire finale.