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146 Analyse des alternances codiques dans la production orale des futurs enseignants en classe de français langue étrangère (FLE) a l’école normale supérieure de Somanya au Ghana. James Kofi Agbo (PhD) Department of Applied Modern Languages & Communication Ho Technical University [email protected] Résumé Cette recherche porte sur l’alternance codique dans la production orale des futurs enseignants en classe de français langue étrangère (FLE. L’étude vise à examiner comment les futurs enseignants déploient l’alternance codique comme stratégie de communication orale au cours de FLE. Pour effectuer ce travail, notre étude adopte une approche mixte (quantitative et qualitative d’analyse des données. Les instruments utilisés pour la collecte des données comprennent questionnaire et l'enregistrement audiovisuel. La population cible de notre étude comprend 77 apprenants de l’École Normale Supérieure de Somanya au Ghana. Les résultats de l’analyse quantitative nous servent d’indices pour appréhender l’intensification de l’emploi alternatif des deux langues (français et anglais) dans la production orale. Par ailleurs, l’articulation des deux approches, macro et micro, nous permet de mettre en valeurs les fonctions que revêt l’alternance codique aussi bien dans le discours épilinguistique des locuteurs que dans leurs pratiques langagières réelles. L’étude montre également que l’alternance codique est une façon de parler, qui contribue chez nos enquêtés, d’une part au développement du répertoire verbal en interaction et amène à une convergence codique. D’autre part, elle remplit plusieurs fonctions en tant que stratégie stylistique et fonctionne comme une ressource permettant de réguler les tours de parole en interaction. Mots-clés : Alternance codique, production orale, choix de langue, discours épilinguistique, FLE Abstract This research focuses on code switching in the oral presentation of trainee teachers in French as a foreign language (FLE) class. The study seeks to examine how future teachers deploy code switching as an oral communication strategy during FLE. To draw on the intricacies of this phenomenon, this study adopts a mixed approach (quantitative and qualitative data analysis. The instruments used for data collection include questionnaire and audiovisual recording. The target population of our study includes 77 learners from the Mount Mary College of Education Somanya in Ghana. The results of the quantitative analysis serve as clues to comprehend and appreciate the intensification of the alternate use of the two

Analyse des alternances codiques dans la production orale

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Page 1: Analyse des alternances codiques dans la production orale

146

Analyse des alternances codiques dans la production orale

des futurs enseignants en classe de français langue

étrangère (FLE) a l’école normale supérieure de Somanya

au Ghana.

James Kofi Agbo (PhD)

Department of Applied Modern Languages & Communication

Ho Technical University

[email protected]

Résumé Cette recherche porte sur l’alternance codique dans la production orale

des futurs enseignants en classe de français langue étrangère (FLE. L’étude vise à

examiner comment les futurs enseignants déploient l’alternance codique comme

stratégie de communication orale au cours de FLE. Pour effectuer ce travail, notre

étude adopte une approche mixte (quantitative et qualitative d’analyse des données.

Les instruments utilisés pour la collecte des données comprennent questionnaire et

l'enregistrement audiovisuel. La population cible de notre étude comprend 77

apprenants de l’École Normale Supérieure de Somanya au Ghana. Les résultats de

l’analyse quantitative nous servent d’indices pour appréhender l’intensification de

l’emploi alternatif des deux langues (français et anglais) dans la production orale.

Par ailleurs, l’articulation des deux approches, macro et micro, nous permet de

mettre en valeurs les fonctions que revêt l’alternance codique aussi bien dans le

discours épilinguistique des locuteurs que dans leurs pratiques langagières réelles.

L’étude montre également que l’alternance codique est une façon de parler, qui

contribue chez nos enquêtés, d’une part au développement du répertoire verbal en

interaction et amène à une convergence codique. D’autre part, elle remplit

plusieurs fonctions en tant que stratégie stylistique et fonctionne comme une

ressource permettant de réguler les tours de parole en interaction.

Mots-clés : Alternance codique, production orale, choix de langue, discours

épilinguistique, FLE

Abstract This research focuses on code switching in the oral presentation of trainee

teachers in French as a foreign language (FLE) class. The study seeks to examine

how future teachers deploy code switching as an oral communication strategy

during FLE. To draw on the intricacies of this phenomenon, this study adopts a

mixed approach (quantitative and qualitative data analysis. The instruments used

for data collection include questionnaire and audiovisual recording. The target

population of our study includes 77 learners from the Mount Mary College of

Education Somanya in Ghana. The results of the quantitative analysis serve as clues

to comprehend and appreciate the intensification of the alternate use of the two

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147

languages (French and English) in oral presentation. Moreover, the articulation of

the two approaches, macro and micro, allows us to highlight the functions of code

alternation both in the epilinguistic discourse of the speakers than in their actual

language practices. The study also shows that code switching is a way of speaking,

which in our investigations contributes on the one hand to the development of the

verbal repertoire in interaction and leads to code convergence. On the other hand,

it fulfills several functions such as serving as a stylistic strategy and a resource for

regulating turns during a speech event.

Keywords: Code switching, oral presentation, choice of language, epilinguistic

discourse, FLE

1. Introduction

L’emploi d’une langue autre que la langue cible dans un cours de langue a

été le sujet de réflexion de nombreux chercheurs notamment Causa (2002),

Christensen et Palani (1999), Cambra et Naussbam (1997), Castelloti

(1991) et Kramsch (1991). Ces études considèrent le passage d’une langue

a l’autre dans un cours de langue comme un fait ordinaire. La plupart des

chercheurs ont noté même que l’alternance codique est une stratégie

d’appui importante dans la classe de langue puisqu’elle remplit des

fonctions importantes comme encadrer les activités et aussi organiser les

activités et la circulation de la parole en classe. Selon Hamers et Blanc

(1983) : « L’alternance de codes (code-switching) est une stratégie de

communication utilisée par des locuteurs bilingues entre eux ; cette

stratégie consiste à faire alterner des unités de longueur variable de deux ou

plusieurs codes à l’intérieur d’une même interaction verbale. » C’est l’une

des stratégies les plus courantes des bilingues entre eux, l’alternance met en

œuvre des stratégies verbales qui construisent du sens et elle constitue une

ressource communicative complexe au service des bilingues. En ce qui

concerne la problématique, la présente étude est née d’une interrogation sur

les phénomènes d’alternance et de mélange de langue, sur ce qui permet,

dans des situations de contacts de langues, de les identifier, de les

comprendre et de les différencier. L’alternance et le mélange du français

avec l’anglais ont attiré notre attention dès la première recherche que nous

avons effectuée au niveau de master sur l’analyse des interactions verbales,

il y a de cela 5 ans. Notre questionnement sur le mélange de ces langues a

pris forme lors de nos enquêtes de terrain effectuées à l’École Normale

Supérieure de Somanya où nous avions eu l’occasion d’observer des

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148

pratiques langagières diverses. Les apprenants de français au Ghana ne

peuvent pas s’exprimer à l’oral (Associates for Change, 2010 : 32). Bien

peu d’entre eux sont capables de soutenir une petite conversation

improvisée en français après des centaines d’heures de cours. Notre

observation aussi révèle que les futurs enseignants ont tendance à alterner le

code pour assurer la communication en classe.

Dans cet article, nous examinons l’emploi d’alternance codique comme

stratégies de communication orale dans la production orale en classe.

Comme problématique, nous partons du fait qu’une étude sur l’acquisition

d’une langue étrangère (LE) ne peut faire abstraction du rôle joué par les

langues en présence et en contact, ce qui nous amène à prendre en compte

les phénomènes de l’alternance quoiqu’autrement dit en acquérant une LE,

l’apprenant peut faire appel à ces connaissances antérieures. La recherche

que nous nous proposons de mener part de l’hypothèse que l’emploi de

l’alternance codique en classe de langue, loin de représenter une solution de

facilité pour l’apprenant ou un simple indice d’incompétence, constitue une

aide, qui assure l’efficacité de la communication et constitue un tremplin

pour l’apprentissage (Moore 1996).

Notre recherche s’articule autour des questionnements suivants : 1)

Quel est l’apport de l’alternance codique dans la prise en charge des

difficultés d’expression pouvant survenir lors de la communication orale ?

2) Faut-il sanctionner les différents recours à la langue seconde, ou bien au

contraire permettre la compréhension des interlocuteurs ? 3 Est-ce que les

professeurs de français encouragent les futurs enseignants à l’emploi de

l’anglais durant les cours de français ?

Pour répondre à nos questions de recherche, nous avons proposé

trois hypothèses :

1. les futurs enseignants de FLE à l’école Normale Supérieure

sont persuadés que l’usage d’anglais dans un cours de français

est efficace.

2. l’alternance codique est employée pour éviter les difficultés de

compréhension.

3. le professeur exige que les futurs enseignants recourent à

l’anglais d’un temps à l’autre.

L’alternance codique comme stratégie de communication orale a suscité

beaucoup d’intérêts chez des linguistes et des didacticiens. La manifestation

de cet intérêt se définit par les nombreuses études réalisées dans le domaine

surtout en français langue étrangère. Yiboe (2010) a effectué une étude sur

« Enseignement/Apprentissage du Français au Ghana : Écarts entre la

culture d’enseignement et la culture d’apprentissage ». Joakim (2011) a

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effectué un travail intitulé l’alternance codique dans l’enseignement du

FLE. Kodjo (2012) a aussi travaillé sur l’alternance codique dans la classe

de FLE au niveau Junior High School. Abdelmalek & Adel (2016), ont

travaillé sur l’alternance codique dans l’enseignement/apprentissage des

langues étrangères au lycée : cas de Bejaia. Boukhemis & Redjeb (2017) a

abordé un travail sur l’alternance codique chez les apprenants du cycle

secondaire Cas des apprenants de la troisième année du cycle secondaire.

En considérant les études abordées par les chercheurs ci-dessus et d’autres,

nous avons constaté que leurs travaux portent sur l’interaction verbale en

classe de FLE. Nous voulons aussi indiquer que ces études que nous avons

citées, se situent dans le même contexte que la nôtre. Notre article est

subdivisé en quatre parties. Dans un premier temps, nous avons commencé

par l’introduction. La deuxième partie est consacrée au cadre théorique et

les études empiriques. Ensuite, nous avons présenté la méthodologie du

travail. Nous consacrons la quatrième partie à l’analyse des données

recueillies et enfin tiré une conclusion.

2. Cadre théorique

Dans cette partie, nous abordons la notion d’alternance codique dans un

cours de FLE. Nous définissons quelques concepts pertinents pour notre

travail. En plus, nous présentons quelques travaux relatifs à notre sujet.

Nous présentons ensuite quelques-unes des caractéristiques définitoires de

l’alternance codique afin de mettre en valeur quelques aspects communs à

toutes les définitions, et ce, dans le but de rendre compte des critères qui

amènent à caractériser les pratiques langagières « bilingues » entre

locuteurs apprenants/enseignants.

Théorie du choix des langues

Pour l’application de certains procédés dans notre travail, il est nécessaire

pour nous d’inscrire notre analyse à une théorie étant donné les

caractéristiques sociales des participantes et de leurs pratiques langagières.

Découvrir comment se fait le choix des langues chez un locuteur bilingue

n’est pas une chose aisée vu le nombre de facteurs d’ordre différents

(sociologiques, psychologiques et situationnels) qui le motivent.

Les dimensions socio-psychologiques : la théorie de l’accommodation

Les recherches en psychologie sociale ont contribué à l’enrichissement de

l’étude sociolinguistique sur la question du choix de langue et sur le

bilinguisme. La théorie de l’accommodation de Giles, et al., 1987 ; Giles et

Page 5: Analyse des alternances codiques dans la production orale

150

al., 1991) s’est appuyée, en partie, sur les facteurs proposés par Fishman,

Blom et Gumperz (1986) en prenant en compte à la fois les facteurs

psychologiques et les facteurs sociaux pour déterminer le choix des

langues. La théorie de l’accommodation est une théorie de la psychologie

sociale de la communication qui met l’accent sur l’ensemble des

comportements relatifs au changement de langue et aux modifications

langagières qui résultent de l’interaction entre les interlocuteurs. À côté de

ces considérations on peut ajouter les stratégies d’accommodation de Giles

et al. (1991) divisées en stratégies de convergence et de divergence. Pour la

première, les locuteurs s’adaptent au comportement communicatif de leurs

interlocuteurs, ce qui donne à ces derniers l’avantage de réduire les écarts.

Pour la seconde, le locuteur cherche la conformité à la situation tout étant

conscient des différences. En s’intéressant au phénomène de choix des

langues comme un cas de divergence ou de convergence, aux niveaux

macro-sociolinguistique et micro-sociolinguistique, la théorie de

l’accommodation adoptée par Giles et al. (ibid.) distingue entre

l’accommodation totale et partielle. Ce qui a amené, au plan micro-

sociolinguistique, à différencier l’alternance codique comme un cas

d’accommodation totale, du mélange de codes comme un cas

d’accommodation partielle.

Parler bilingue, locuteurs bilingues, plurilinguisme

L’étude de l’alternance codique (ou « code switching » dans la terminologie

anglosaxonne) comme phénomène résultant du bilinguisme remonte au

début des années soixante-dix, notamment avec Gumperz (1972). Cela

s’explique que l’usage alternatif de deux langues était si longtemps défini

comme une incapacité langagière et non comme une compétence bilingue.

Depuis un certain temps, l’étude de l’alternance codique a connu un nouvel

essor notamment avec l’élargissement du champ conceptuel autour du

terme de bilinguisme. La notion de parler bilingue permet de mettre

l’accent sur la compétence bilingue du sujet parlant qui lui permet « de

passer d’une langue à l’autre dans de nombreuses situations si cela est

possible ou nécessaire, même avec une compétence considérablement

asymétrique » (Lüdi & Py, 2003 : 131). Être bilingue, c’est choisir lors des

échanges des formes linguistiques appartenant aux langues que le locuteur

maîtrise peu ou prou. Ainsi, dans une perspective plus large, on a tendance

à parler de plurilinguisme en s’écartant des points de vue qui mettent

l’accent sur l’usage parfait de deux langues comme le souligne Matthey

(2000 : 5) : « mettre l’accent sur le plurilinguisme revient souvent à

valoriser les compétences partielles dans les différentes langues du

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151

répertoire, alors que le terme bilinguisme renvoie le plus souvent à une «

maîtrise parfaite » des deux ».

La notion d’alternance codique

Il convient de souligner de prime à bord, que les recherches portant sur

l’alternance codique ont fourni une terminologie abondante (Zongo, 2004 :

14) du fait de la complexité de chaque situation observée et/ou étudiée sous

des angles divers. Dans la configuration des conversations des locuteurs

immigrés/non-immigrés, l’examen de l’alternance codique constitue un

observable essentiel pour mettre en évidence les caractéristiques du parler

bilingue comme conséquence du contact des deux langues. La mobilisation

stratégique des ressources langagières bilingues au niveau de la

conversation montre en effet la complexité de la tâche aussi bien au niveau

de la connaissance des langues que la capacité de communiquer en se

servant de celles-ci. Comme tous les phénomènes qui découlent des

contacts des langues, l’alternance codique requiert une attention particulière

dans la recherche sociolinguistique du fait des caractéristiques des pratiques

langagières de chaque communauté linguistique et des langues qu’elle

emploie. En effet, l’étude de cas permet d’une manière ou d’une autre de

dégager des types d’alternance codique et par conséquent de proposer

d’autres traits définitoires. À la différence de l’emprunt lexical, l’alternance

codique apparaît comme un phénomène englobant tous les autres

phénomènes qui découlent du plurilinguisme. De même, pour Hamers et

Blanc (1983 :445), il s’agit « d’une stratégie de communication utilisée par

des locuteurs bilingues entre eux ; cette stratégie consiste à faire alterner

des unités de longueur variable de deux ou plusieurs codes à l’intérieur

d’une même interaction verbale ». Quant à Lȗdi et Py (2003 : 146), ils

confirment que « l’alternance codique est un passage d’une langue à l’autre

dans une situation de communication définie comme bilingue par les

participants”, cette définition s’avère peu satisfaisante dans la mesure où

elle n’apporte pas assez de précision sur la manière qui permet de passer

d’une langue à l’autre. Calvet (2003 :28) dit : « Lorsqu’un individu est

confronté à deux langues qu’il utilise tour à tour, il arrive qu’elles se

mélangent dans son discours et qu’il produise des énoncés bilingues ».

[Ceci s’explique que dans une situation de communication où l’individu

s’est confronté par le manque du lexical], il ou elle est obligé(e) d’utiliser

une autre langue pour combler le vide.

Page 7: Analyse des alternances codiques dans la production orale

152

L'alternance codique d'un point de vue interactif et communicatif Le code linguistique est l’une des stratégies d’expression et de

communication, le sujet bilingue peut, à travers ce dernier, résoudre des

problèmes, s’exprimer librement et intervenir dans des échanges

quelconques. En Algérie, en tant que pays plurilingue, ce phénomène est

trop remarqué dans des différentes situations de communication et les gens

parlent environ quatre langues. Ils ont l’habitude d’alterner l’arabe dialectal

et le français dans leurs discours d’une manière quotidienne. Dans le

domaine éducatif, l’arabe est la langue dominante depuis les années 1962.

Par contre, le français et l’anglais sont présents beaucoup plus dans le

domaine scientifique. Comme nous avons déjà signalé, l’alternance ne peut

être réalisée si un locuteur maîtrise seulement une seule langue. Par ailleurs,

le changement du sujet de discussion n’a aucune relation avec le passage

d’une langue à une autre parce que ce dernier est lié au statut de seconde

langue. Si un algérien discute sur un sujet d’informatique, il parle en arabe

mais il faut exprimer les instruments de l’informatique en français

puisqu’ici il s’agit d'un sujet scientifique. Les types de l'alternance codique

: La typologie de code switching se diffère d'un chercheur à un autre selon

la vision de chacun. Selon Gumperz (1989), l'alternance codique peut avoir

deux types majeurs :

L'alternance codique situationnelle : Ce type est caractérisé par les

circonstances de la communication, c’est-à-dire, tous ce qui concernent la

conversation, les changements de sujet ou l’objet de discussion, le contexte,

le lieu et les interlocuteurs, « […] l’alternance codique situationnelle qui

prévaut dans le cadre d’une diglossie voire d’un bilinguisme attesté ou des

variétés distinctes ». L’alternance situationnelle est également présente

dans tous les échanges diglossiques qui sont en contact d’un bilinguisme et

elle dépend des variétés utilisées dans diverses situations associées avec le

genre d’activité et le contact entre le locuteur et l’interlocuteur doit être

différent.

L’alternance codique conversationnelle (métaphorique) : Elle représente

les différentes modifications inconscientes qui se fournissent d'une façon

automatique dans un même échange verbal, contrairement au premier type,

sans changer le sujet de discussion ou d'interlocuteur à condition que le

code utilisé soit compréhensible pour les usagers, c'est-à-dire, ils doivent

avoir des langues dans lesquelles leurs façons d’interpréter sont communes

pour les participants. Elle est aussi appelée code switching ou code mixing,

utilisée dans les conversations quotidiennes et familières des locuteurs.

Selon la perspective de Poplack (1988), pour distinguer les types de

Page 8: Analyse des alternances codiques dans la production orale

153

l'alternance, il faut analyser la structure syntaxique des segments combinés.

Par la suite, elle a constaté qu'il existe trois types d'alternances :

Intra-phrastique

Inter-phrastique

Extra-phrastique

L’alternance intra-phrastique : Elle se manifeste par la combinaison de

deux structures syntaxiques de deux langues différentes à l'intérieur d'une

même langue, « des structures syntaxiques appartenant à deux langues

coexistent à l'intérieur d'une même phrase. » (Poplack1988). Par exemple :

Demain, je serai à Ain-Timouchent inchallah. Dans cet exemple, le type de

l'alternance est marqué par la juxtaposition de deux structures qui

appartiennent à des langues différentes (français et arabe) dans un même

énoncé.

L’alternance inter-phrastique : Elle concerne l'association de deux unités

plus longues dans une même chaîne parlée. Le locuteur fait le recours à ce

type pour faciliter l'échange ou pour éclaircir la conversation (le tour de

parole est partagé par deux locuteurs différents).

Exemple : My name is Mohamed, je suis un étudiant à l'Université de

Tébessa.

3. L’alternance extra-phrastique : Ce type intervient lorsqu' il s'agit des

proverbes ou des expressions idiomatiques. Aussi, Gumperz (1989) ajoute

que l'alternance codique conversationnelle est composée, à son tour, d'une

multitude de fonctions en citant : la citation, la désignation d'un

interlocuteur, la réitération qui désigne la reformulation de discours,

personnalisation vs objectivation qui sert à insister sur le degré

d'implication du locuteur dans un message, c’est-à-dire, exprimer le point

de vue de l'interlocuteur. Selon Dabene et Billiez (1984) : cette typologie

consiste à analyser les parlers des jeunes immigrés, elle s'appuie beaucoup

plus sur l'intégration des éléments des langues en présence. Il s'agit ici, de «

l'alternance - intervention » selon la prise de parole de chaque locuteur dans

un échange verbal. D'une manière complémentaire, ces deux sociologues

ajoutent une autre classification en ce qui concerne leurs typologies de

code-switching : l’alternance interintervention qui ne peut être réalisée qu'à

l'intérieur d'une même intervention. En outre, celle-ci est segmentée en

deux catégories : (i) l'alternance inter-acte : réalisée entre deux actes de

parole différents. (ii) l'alternance intra-acte : qui se produit dans un même

acte de parole.

Page 9: Analyse des alternances codiques dans la production orale

154

Études empiriques

Cette partie de notre article évoque quelques thèses et articles

portant en partie sur notre sujet.

Ali-Bencherif, (2009) a fait une étude sur « l’alternance codique arabe

dialectal/français dans des conversations bilingues de locuteurs algériens

immigrés/non-immigrés ». L’objectif principal de sa recherche est de

décrire et de comprendre les usages alternatifs de l’arabe dialectal et du

français dans les pratiques langagières des locuteurs immigrés/non-

immigrés et leur impact sur la réactivation et la transformation des

répertoires verbaux lors des conversations. Son étude a privilégié une

approche mixte d’analyse des données. Ses instruments de collecte des

données comportent une observation participante de classe, un

questionnaire et un entretien semi-dirigé adressé aux immigrés/non-

immigrés. Les analyses des données quantitatives tirées de l’enquête

‘‘macro’’ (questionnaire écrit et un entretien semi-dirigé), qui concernent

les contributions des enquêtés sur les langues qu’ils pratiquent ou qu’ils

estiment maîtriser, ont permis de constater que les faits résultant de la

présence de plusieurs langues, que ce soit l’immigré ou les non-immigrés,

s’accompagnent de différentes représentations et attitudes envers les

pratiques socio-langagières. En fait, les enquêtés sont conscients des

caractéristiques bilinguistiques nées du contact de l’arabe dialectal avec le

français, notamment de la pratique courante de l’alternance codique que la

majorité juge nécessaire et normale.

Yiboe (2010) a effectué une étude intitulée

Enseignement/Apprentissage du Français au Ghana : Ecarts entre la culture

d’enseignement et la culture d’apprentissage. Il consacre une partie de son

étude à l’alternance codique en classe de FLE, ce que nous trouvons

nécessaire pour notre étude. Dans cette thèse, Yiboe explique que

l’alternance des langues joue plusieurs rôles pouvant faciliter l’acquisition

de la langue étrangère dans un milieu où le français n’est parlé qu’en classe

de FLE. Selon lui, l’alternance codique constitue une source de motivation

pour le jeune apprenant à qui les expressions manquent pour s’exprimer

dans la langue étrangère. Yiboe avance donc une hypothèse selon laquelle

les perceptions de l’alternance qu’ont les lycéens ghanéens opèrent

prioritairement dans l’expression de leur point de vue en anglais dans le

cours de français. Il dit, alors, que les apprenants n’ont pas de besoin

linguistique en français pour communiquer. Un discours métalinguistique

en français n’intéresse pas les apprenants, ajoute-t-il. Le changement de

code en classe de FLE vise donc à faciliter la compréhension des notions

grammaticales plutôt que de contribuer à une pratique de communication.

Page 10: Analyse des alternances codiques dans la production orale

155

Nous allons aller au-delà des affirmations de Yiboe pour voir les formes de

la notion d’alternance des langues qui se jouent en classe de FLE et

comment l’enseignant les emploie en tant que stratégie interactive.

Joakim (2011) a abordé un travail sur l’alternance codique dans

l’enseignement du FLE sur l’étude. Étude quantitative et qualitative de la

production orale d’interlocuteurs suédophones en classe de lycée. L’objectif

de son étude est d'étudier la quantité de suédois et de français produite par

les enseignants et les élèves dans la classe de langue étrangère et, d'autre

part, d'examiner dans quelles situations les interlocuteurs commutent les

codes et à quelles fins les deux langues sont utilisées. Son étude est basée

sur des données empiriques consistant en enregistrements audio

d'interactions ayant lieu dans deux classes différentes en Suède. L'étude est

menée dans une perspective interactionniste sur l'enseignement et

l'apprentissage des langues, en soulignant que l'apprentissage se situe dans

les pratiques sociales et interactionnelles des apprenants. Le matériel

empirique a été classé en cinq groupes différents selon la structure de

participation de chaque interaction, puis analysé en deux parties différentes,

l’une est quantitative et l’autre est qualitative. L'analyse quantitative du

corpus a établi que la langue suédoise est présente dans chacune des

catégories. Les résultats du décompte de chaque tour et mot prononcé dans

chaque langue du corpus montrent que de nombreux tours exprimés par les

enseignants et les élèves consistent en un mélange de suédois et de français.

Cette commutation entre différents codes est l'objet principal de l'analyse

qualitative du corpus. Les résultats de l’analyse qualitative indiquent que la

structure de participation et le choix des types d’activités et la manière dont

ils sont organisés en classe sont déterminants pour le changement de code

des enseignants et des élèves. En outre, les actions des enseignants

concernant le choix de la langue pour l'interaction ainsi que leurs stratégies

pour faire face à la présence des deux langues sont concluantes pour la

production orale des élèves en français en classe. L'analyse révèle

également que plus les enseignants utilisent la langue cible de manière

cohérente, plus les élèves essaient de s'exprimer en français même s'ils

changent souvent de code. L'étude souligne la complexité de parler français

dans un contexte de classe, où les enseignants doivent faire face au fait que

la langue suédoise est presque toujours présentée et utilisée par les

apprenants à des fins différentes.

Une autre étude qui mérite notre attention est celle de Kodjo (2012). Ce

dernier a travaillé sur l’alternance codique dans la classe de FLE au niveau

Junior High School à Ho. Selon le chercheur, la problématique à enquêter

consiste à déterminer, à partir des pratiques pédagogiques, la place de

Page 11: Analyse des alternances codiques dans la production orale

156

l’alternance codique en classe de FLE. Il a indiqué que le problème n’est

pas seulement ce qu’il faut enseigner mais comment l’enseigner. En ce qui

concerne les instruments pour la collecte des données, Kodjo (2012) a

déployé l’observation et le questionnaire pour recueillir des informations

fiables : (a) la fréquence de l’alternance codique chez les apprenants de

français au Collège, (b) les méthodes employées par les enseignants dans

l’enseignement du FLE au Collège, et (c) les conditions dans les écoles, sur

le plan de l’effectif par niveau, les manuels et les compétences et diplômes

des enseignants. Il a utilisé un appareil enregistreur pour recueillir le corpus

oral. Enfin, dans cette étude, il a voulu focaliser son attention sur le

traitement d’un phénomène linguistique circonscrit, à savoir les passages

d’un code à l’autre dans les interactions entre l’enseignant et de l’apprenant

en classe de FLE. Cette étude a également comme finalité de proposer des

pistes pédagogiques pouvant contribuer à l'amélioration de l'enseignement

et favoriser la pratique du FLE au Junior High School au Ghana.

Marte (2013) a abordé un travail sur l’usage de l’alternance codique dans

les cours de français en Norvège : Analyse de son utilisation dans trois

cours de première année au lycée. L’objectif de ce travail est d’examiner si

l’usage de l’alternance codique favorise la communication ou

l’apprentissage dans les cours. La problématique posée dans ce travail est

comme ceci : « comment est-ce que l’alternance codique est utilisée dans

l’enseignement au lycée en Norvège chez l’enseignant et l’apprenant ?» Le

chercheur a employé la méthodologie qualitative pour les collectes des

données. Les instruments utilisés pendant la recherche sont notamment les

entretiens et l’observation durant trois cours de langue étrangère au lycée.

Les participants sont des enseignantes et des apprenants et aussi une

assistante française qui a été observée et interviewée. Les entretiens et les

observations sont enregistrés en audio et ensuite les enregistrements sont

transcrits. Les enseignantes changent de langue le plus souvent, notamment

en basculant vers la LM. Cependant, quand il y a des séquences plutôt

spontanées nous remarquons que les apprenants prennent l’initiative de

changer le code. Ces choix peuvent avoir plusieurs raisons, mais la

compréhension est souvent impliquée soit par les enseignantes soit par les

apprenants. Les apprenants, dans tous les cours observés emploient la LM

parce qu’il est plus facile de s’exprimer dans celle-ci plutôt qu’en LM. De

plus, il nous semble qu’ils se sentent plus à l’aise quand ils emploient le

norvégien. Alors, les apprenants utilisent leur LM pour faciliter la

communication et la compréhension.

Page 12: Analyse des alternances codiques dans la production orale

157

Enfin, l’étude de Boukhemis & Redjeb (2017) porte sur

l’alternance codique chez les apprenants du cycle secondaire Cas des

apprenants de la troisième année du cycle secondaire. L’objectif de cette

recherche est de démontrer que les apprenants alternent les codes après un

sentiment d’insécurité linguistique en français. Pour la réalisation de cet

article, il a opté pour une méthode d’investigation et de la recherche du

terrain. Il a élaboré alors des questionnaires à l’intention des apprenants et

des professeurs. Le questionnaire vise à recueillir des données qui pourront

répondre à nos hypothèses du départ qui est le rôle de l’alternance des

codes dans le processus de l’apprentissage du français comme étant une

langue étrangère. En ce qui concerne le résultat, nous avons constaté qu’à

partir de son enquête effectuée sur le terrain et en analysant les réponses des

apprenants nous concluons que ces derniers éprouvent une grande difficulté

en communiquant en français, ils considèrent ainsi qu’il s’agit d’une langue

assez difficile pour la majorité d’où le recours à l’alternance des codes. Il

faudrait ajouter également que de ce fait, le passage à la langue française

qui est une langue cible se fait par un va-et-vient à la langue maternelle

(langue source) qui appuie leurs communications en français. De même,

notre recherche nous révèle que l’apprenant est partagé entre deux milieux

différents, un milieu formel, son lycée et son milieu informel, sa famille,

son entourage, qui devraient éveiller son intérêt à l’apprentissage du

français vu la place primordiale qu’il occupe dans la société algérienne et

surtout qu’il est la première langue des études académiques cependant, ces

apprenants sont confrontés au manque de motivation et d’aide parentale.

Pour conclure cette partie de l’étude, nous pouvons dire que les

concepts et les travaux évoqués dans cette partie sont très importants pour

notre étude dans la mesure où ils nous expliquent et nous présentent des

exposés sur notre domaine d’étude, alternance codique en classe de FLE.

Par exemple, nous sommes exposés aux différentes théories et concepts qui

sont à la base de la communication orale dans une classe de langue. Nous

pouvons aussi parler des méthodologies employées pour chercher des

solutions aux problèmes identifiés dans les travaux empiriques.

3. Méthodologie de la recherche

Cette étude est une recherche exploratoire en classe de FLE à

l’Ecole Normale Supérieure de Somanya au Ghana. Ce travail relève d’une

recherche menée dans le but d’enquêter sur analyse des alternances

codiques dans la production orale des futurs enseignants en classe de FLE à

l’École Normale Supérieure de Somanya au Ghana. Notre étude a adopté

Page 13: Analyse des alternances codiques dans la production orale

158

une approche mixte (quantitative et qualitative) d’analyse des données.

Alors, afin de collecter des données sur la stratégie (alternance codique) en

question, nous avons utilisé deux outils de collecte des données qui

comprennent le questionnaire et l’enregistrement audiovisuel. Le

questionnaire a permis de recueillir des données quantitatives sur les

procédés adoptés par les futurs enseignants pendant les cours en classe

tandis que la production orale a permis d’enregistrer des données verbales

se prêtant à une analyse qualitative. Notre public d’enquête est composé de

80 futurs enseignants en deuxième année de licence qui sont à la formation

initiale à l’Ecole Normale Supérieure de Somanya. Pour remplir le

questionnaire, 77 sur 80 futurs enseignants en cours de licence au

Département de français de l’École Normale Supérieure de Somanya se

sont portés volontaires. En ce qui concerne l’enregistrement audiovisuel

comme outil de collecte des données, nous avons d’abord sélectionné 34

futurs enseignants par échantillon aléatoire simple au sein de 2 groupes. Par

l’usage d’une caméra et d’un enregistreur numérique, les échanges

caractérisant la partie compréhension et argumentation de l’épreuve ont été

enregistrés. Ce dispositif d’enregistrement nous a permis de collecter des

données extra-langagières (gestuelles, mimiques, signes d’inconfort,

silences et pauses, bégaiements, signes de panique, etc.) qui révèlent le

handicap des étudiants et permettent aussi de vérifier les données recueillies

par questionnaire. Alors 34 futurs enseignants (soit 60,1%) ont fait l’objet

de notre enregistrement. Pour identifier les participants aux échanges

communicationnels, nous avons adopté les abréviations suivantes : EN :

représente l’enseignant, A1, A2, etc. renvoient aux participants au débat A

qui correspond aux futurs enseignants du premier groupe (première séance).

B1, B2, etc. renvoient aux participants au débat B qui correspond aux futurs

enseignants du deuxième groupe (deuxième séance). L’abréviation Einc:

représente l’apprenant inconnu. L’identité de ces futurs enseignants n’est

pas connue parce qu’ils ne sont pas captés par l’appareil quand ils prennent

la parole et GC : représente le groupe classe, tous les futurs enseignants.

Nous allons à présent présenter les résultats de l’enquête. Dans ce qui suit,

nous allons analyser l’alternance codique des apprenants dans les deux

cours que nous avons enregistrés.

Page 14: Analyse des alternances codiques dans la production orale

159

4. Présentation et analyse de données quantitatives et qualitatives

Analyse quantitative : description du questionnaire

Cette partie prend en compte l’analyse de données quantitatives et

qualitatives. En ce qui concerne le questionnaire, des diverses questions

posées et les réponses fournies ont permis d’obtenir des taux de

pourcentages par question. Pour permettre une meilleure visibilité des

données recueillies, nous les avons rangées dans des tableaux.

Tableau 1 : Fréquence de communication en classe

Réponse Fréquence

Pourcentage

Souvent 28 36,4

Quelquefois 38 49,4

Rarement 6 7,8

Non réponse 5 6,5

Total 77 100

Dans les salles de cours, la présence des enseignants oblige les futurs

enseignants à communiquer en français. Selon le tableau ci-dessus, 28

apprenants, soit 36,4%, disent qu’ils parlent souvent le français en classe de

FLE. Quant au thème choisi par leur enseignant en classe de FLE, 38

apprenants, soit 49,4%, stipulent qu’ils parlent parfois le français durant un

cours de français. Par contre, 6 apprenants, représentant 7,8%, disent qu’ils

parlent rarement le français en classe.

Tableau 2 : Pourcentage des enquêtés ayant des difficultés à

communiquer avec les professeurs

Réponse Fréquence Pourcentage

Oui 62 80,5

Non 15 19,5

Total 77 100

Le tableau 2 montre qu’une majorité des apprenants, soit 80,5%, éprouvent

des difficultés à communiquer oralement en français avec leurs professeurs

de français, alors que 15 apprenants, soit 19,5%, indiquent qu’ils n’ont pas

de difficultés à parler en français avec leurs professeurs de français.

Page 15: Analyse des alternances codiques dans la production orale

160

Tableau 3 : La langue la plus parlée par les professeurs en classe

Réponse Fréquence Pourcentage

Anglais 72 6,5

Français 5 93,5

Total 77 100

Le tableau 3 montre la langue la plus parlée par les professeurs de FLE au

cours de français. À partir de ce tableau, nous avons remarqué que 72

apprenants, soit 93,5 %, indiquent que la langue la plus parlée par les

professeurs est le français, 5 apprenants, soit 6, 5%, stipulent que la langue

la plus parlée par les professeurs est l’anglais.

Nature de difficultés à communiquer avec les professeurs

Tableau 4 : Pourcentage des enquêtés ayant difficultés à communiquer

avec les professeurs

Réponse Fréquence Pourcentage

Oui 62 80,5

Non 15 19,5

Total 77 100

Le tableau 4 ci-dessous montre qu’une majorité des apprenants, soit

80,5%, éprouvent des difficultés à communiquer oralement en français avec

leurs professeurs de français, alors que 15 apprenants, soit 19,5%, indiquent

qu’ils n’ont pas de difficultés à parler en français avec leurs professeurs de

français.

Tableau 5 : Nature des difficultés des enquêtés à communiquer avec

leurs professeurs de français

Réponse Fréquence Pourcentage

1 Peur de faire des fautes 38 22,1

Manque de vocabulaire pour

exprimer.

55 31, 9

2

Problème de conjugaison en

grammaire

29 16,9

3

Difficulté de constructions

grammaticales

29 16,9

4 Manque de fluidité 21 12,2

Total 172 100

Page 16: Analyse des alternances codiques dans la production orale

161

D’après le tableau 5, les difficultés des enquêtes peuvent être catégorisées

sous formes de :

Difficultés d’ordre psychologique (réponse 1), Difficultés d’ordre

linguistique : lexique (réponse 2) et morphosyntaxe (3 & 4), Difficultés

liées à la prosodie (réponse 5).

Considérant le tableau ci-dessus, nous avons constaté que 38 apprenants,

soit 22,1%, affirment avoir peur de faire de fautes (difficulté d’ordre

psychologique). Ils semblent être concernés par le souci de ménager leur

image devant leurs camarades. Alors que, les difficultés d’ordre

linguistique sont prédominantes. Pour la majorité des enquêtés, les

problèmes de communication se manifestent en terme de lacunes lexicales

(réponse 2) morphosyntaxiques (réponses 3& 4). Pour ces enquêtés, les

problèmes de communication en français concernent la compétence

linguistique, à savoir la maitrise des règles syntaxiques et l’utilisation du

vocabulaire approprié. De ce fait, 55 apprenants, (représentant 31,9%), ont

signalé qu’ils manquent de vocabulaire pour s’exprimer en français au

cours de FLE, alors que 29 apprenants, soit 16,9%, ont aussi indiqué qu’ils

ont des problèmes de conjugaison en grammaire quand ils parlent en classe

de français ; de plus, 29 futurs enseignants, soit 16,9%, ont dit qu’ils ont

des difficultés de constructions en grammaire.

Enfin, pour le manque de fluidité des apprenants enquêtés, les difficultés

portent sur des phénomènes prosodiques. 21 apprenants enquêtés, soit

12,2%, affirment que la lenteur du débit est un frein à une communication

fluide lorsqu’ils sont en cours de FLE. Il est effectivement probable que

cette lenteur du débit soit interprétée comme un signe d’incompétence par

les apprenants. Par ailleurs, le manque de fluidité peut ralentir la

communication dans certaines situations et provoquer le changement de

code.

Tableau 6 : Utilisation de l’alternance codique en classe

Item Fréquence Pourcentage

Jamais 11 14,3

Rarement 19 24,7

Quelquefois 30 39,0

Souvent 12 15,5

Toujours 5 6,5

Total 77 100

Page 17: Analyse des alternances codiques dans la production orale

162

Selon le tableau 6, 30 apprenants, soit 39,0%, ont répondu qu’ils alternent

quelquefois le code dans une classe de FLE, 19 apprenants, soit 24,7%, ont

dit qu’ils alternent rarement le code en classe. En plus, 12 apprenants, soit

15,6%, ont indiqué qu’ils alternent souvent le code pendant les cours de

classe, 5 apprenants, représentant 6,5%, ont affirmé qu’ils alternent

toujours les langues en classe de FLE ; quant à 11 apprenants, soit 14,3 %,

ils ont répondu qu’ils n’alternent jamais le code au cours de français.

Analyse qualitative des matériaux enregistrés

Les séquences ci-dessous montrent bien le recours à l’alternance codique

qui est provoqué, soit par la non-connaissance de certains mots en français,

soit par le manque lexical dans la langue cible.

Recours à alternance codique (emploie de l’anglais)

Les recours à l’anglais dans les extraits ci-dessous (exemples…), la

difficulté lexicale se manifeste dans la plupart des cas par une hésitation

suivie d’une pause et/ou par une répétition qui indique l’activité de

recherche lexicale effectuée par le sujet qui opte finalement pour

l’alternance codique (passage à l’anglais) comme stratégie de

compensation. La séquence suivante, tirée de la production orale des

apprenants, aborde le phénomène de manque lexical dans les interactions

orales.

Cours I

Extrait I

A3 Mais ce qu’on va faire, par exemple prenons le cas de la

Ghana, le Ghana ce n’est pas un pays c’est-à-dire l’Anglais

n’est pas notre langue maternelle donc arrive à le parler, donc

depuis ce CP ou bien à base âge, on introduit à l’enfant, donc

il arrive à acquérir les mots et les vocabulaires, donc de CEP1

let’s say class 6, de basic up

to basic six.

En ce qui concerne extrait 1 du premier cours, on constate que l’apprenant,

au cours de son interaction, recours à l’anglais « … donc il arrive à acquérir

les mots et les vocabulaires, donc de CEP1 « let’s say class 6, de basic up

to basic six ». Cette attitude de l’apprenant n’est pas considérée comme

manque de vocabulaires mais plutôt l’apprenant a choisi d’employer

l’anglais pour transmettre son message.

Page 18: Analyse des alternances codiques dans la production orale

163

Extrait 2

A8 Les pays Francophones et Ghana sont des voisins, donc, c’est

nécessaire pour prendre leur culture euh au nous sommes euh,

euh…

EN1 Tu peux dire ça en anglais, c’est-ce que tu …

A8 When we come together, we all perform our culture to

appreciate it.

EN1 C’est-à-dire si euh nous nous réunissons, euh c’est bon

d’apprécier les cultures des uns et des autres. N’est-ce pas ?

A8 Oui

Extrait 5

A8 Quand euh personne, euh va apprendre euh euh langue

étrangère euh que cette personne ne peut pas prêter lui-même

ou bien parler avec d’autre personne qui n’est pas euh, il ne

peut pas parler cette langue-là. Donc que euh cette personne

associe lui-même avec d’autre personne et parler avec euh avec

leur euh il va euh euh monsieur I forgot

Comme montre l’extrait 2, l’apprenant A8 est confronté à la difficulté

lexicale. Celle-ci se manifeste par une hésitation suivie d’une pause et/ou

par une répétition qui indique l’activité de recherche lexicale par

l’apprenant. Il opte finalement pour l’alternance codique (le recours à la

langue anglaise) comme stratégie de compensation pour résoudre ses

lacunes d’expression. En effet, en observant cet exemple, nous constatons

que l’apprenant A8 a du mal à achever son énoncé. Il a beaucoup hésité et a

essayé de chercher un mot approprié pour transmettre son message.

Toutefois, il n’a pas réussi à le trouver, car il ne dispose pas du terme

adéquat dans son répertoire. Devant cette situation, il n’a pas décidé

d’utiliser l’anglais « when we come together we all perform our culture to

appreciate it » pour combler sa lacune lexicale momentanée et pour ne pas

rompre la chaîne parlée. Cet emploi l’a vraiment aidé à surmonter ce

malaise. Les mots qui lui manquent montre ainsi sa tentative d’éviter la

rupture de l’interaction comme le souligne Causa (2002 : 24) :

Dans une situation de contact des langues, la réussite de la

communication tient à la capacité qu’ont les interlocuteurs en

présence de saisir et de s’adapter linguistiquement à la situation

dans laquelle ils sont engagés. Différentes stratégies sont mises

en œuvre pour s’adapter à son interlocuteur pour atteindre un but

Page 19: Analyse des alternances codiques dans la production orale

164

communicatif commun et dans certains cas pour résoudre un

problème qui pourrait empêcher l’efficacité de l’échange.

D’ailleurs, les extraits ci-dessus montrent le nombre de recours à

l’anglaise par des apprenants se manifestent également par le manque du

lexical de la langue cible.

Extrait 3

A5 Il a dit quelque chose là-bas mais il a dit que c’est nécessaire

pour introduire la langue à euh…

EN

1

à l’enfant oui

A5 à l’enfant, dans le première classe, class one to three je veux

dire que là-bas ce n’est pas nécessaire donc quand on enseigne

enfant il n’a pas utilisé les, la langue français, donc nous avons

au Ghana, nous avons va utiliser nos euh nos langue maternelle

pour leur enseigne donc je vais euh if I remember the euh l’école

que je, j’ai, je, j’ai fréquenté on n’a pas utilisé français pour

enseigne, français seulement pour enseigne, SHS.

L’extrait 3 ci-dessus, révèle que l’apprenant A5 fait recours à l’anglais

deux fois dans ses énoncés, « … class one to three …», « je vais euh if I

remember the euh… ». De façon générale, le recours à l’alternance codique

met en relief un effort de la part des apprenants par tous les moyens

possibles et par l’exploitation des ressources linguistiques disponibles dans

leur langue seconde. La partie suivante nous amène à discuter l’emploi des

alternances codiques dans le deuxième cours.

Cours II

Extrait 1

B12 …Avec la presse, le gouvernement peut envoyer ses informations

ou bien ses paroles tout le monde peut écouter ça et comme on

peut savoir et on peut savoir aussi ce qui se passe dans les autres

pays et euh back to on peut développer nos pays, ce que les autres

pays font pour développer leurs pays, nous aussi avec la presse on

peut faire ça, pour que notre pays soit développé.

Dans l’extrait 1 ci-dessus, nous avons remarqué dans le discours de

l’apprenant B12 fait recours à l’alternance codique « et euh back

to on peut développer nos pays ». Dans ce cas on peut dire que

l’apprenant manque les mots a employé alors décide de faire

recours à l’anglais pour combler le vide. Ceci peut être confirmé

dans l’énoncé de l’apprenant, quand il a utilisé la pause

d’hésitation avant d’enchainé avec l’alternance codique.

Page 20: Analyse des alternances codiques dans la production orale

165

Extrait 3

B1 On utilise langue comme Twi, Asante and the rest, donc tout le

monde a dit que even, même le prix du cacao dans le marché

international sans la presse nous ne saurons pas, nous les

cultivateurs qui n’ont jamais été à l’école nous ne saurons le prix

sur le marché international, donc la presse qui nous montre que le

cacao se vend à tel prix, dans le marché de cacao international,

donc euh la porte de la presse de doit pas être négligé dans notre

société.

Dans l’extrait 3 ci-dessus, nous avons noté que l’apprenant B1 fait recours à

l’alternance codique deux fois dans son énoncé. « On utilise langue comme

twi, Asante and the rest, donc tout le monde a dit que even, même le prix

du cacao dans le marché international ». L’apprenant a utilisé alternance

codique ou le mélange de code à cause de manque de lexique. Cette

stratégie leur permet d’éviter la rupture de l’interaction, de maintenir un

équilibre interactionnel et de créer une sorte de « passerelle facilitant

l’accès à L2 à partir de L1. » (Py, 1991 : 130) ou encore « un pont vers

l’autre langue » (Moore, 1996 : 95). L’alternance codique peut donc

constituer une source de motivation et de sécurité pour les apprenants à qui

les expressions manquent pour s’exprimer dans le FLE. Ces conclusions

rejoignent largement celles de Lüdi (1999) qui souligne le fait que la grande

majorité des apprenants n’atteindront jamais un degré de maîtrise natif en

L2, mais devront se débrouiller avec des compétences approximatives. La

valorisation des modes de communication bilingues ou en classe de FLE

devrait, selon l’auteur, amener les apprenants à apprendre à exploiter au

maximum les ressources communicatives dont ils disposent pour continuer

à communiquer et à apprendre en dehors de la classe. Bref, nous venons de

présenter, d’expliquer, d’analyser et d’interpréter les résultats des stratégies

déployées par nos enquêtés quant à l’alternance codique en classe de FLE à

l’École Normale Supérieure de Somanya.

Page 21: Analyse des alternances codiques dans la production orale

166

Synthèse

Le tableau ci-dessous donne toutes les alternances codiques déployées par

les apprenants des deux groupes durant la production orale en classe.

Les stratégies

déployées

Fréquences d’emploi des stratégies

Groupe 1 Groupe 2 Total

L’alternance codique 5 7 12

D’après tous ce dont nous avons discuté ci-dessus, nous sommes

arrivés à confirmer que le phénomène de l’alternance codique se manifeste

toujours dans les échanges verbaux des futurs enseignants consciemment ou

inconsciemment dans une situation de communication. D’une part,

l’alternance codique représente un secours pour ceux qui peuvent perdre le

fil de discussion à cause de fatigue, mal concentration, insécurité

linguistique ou pauvreté lexicale. D’autre part, nous le considérons comme

une preuve de compétence que possède un bilingue pour des fins

communicatives dans une situation de communication.

5. Conclusion

Il était question dans ce travail d’analyser l’emploi d’alternance

codique dans la production orale des futurs enseignants en classe de

français langue étrangère (FLE) à l’École Normale Supérieure de Somanya

au Ghana. Cette étude nous a révélé que les futurs enseignants appliquent

souvent l’alternance codique comme stratégie pour compenser des

difficultés lexicales pendant des interactions orales en FLE. Les données

ont mis en évidence un certain nombre d’alternance codique qui sont

déployées par les futurs enseignants pendant un cours de FLE. Dans ce

sens, l’alternance codique ne devrait pas être sanctionnée au cours des

interactions en classe. Elle doit au contraire être exploitée comme un outil

pédagogique. Donc le répertoire langagier des apprenants est une ressource

qu’il faut exploiter pour faciliter l’apprentissage de la langue cible et pour

ne pas rompre l’échange dans la conversation en classe de FLE. Il peut

ensuite répondre à un besoin d’ordre essentiellement interactionnel. Le

recours à la langue seconde par les futurs enseignants éviterait alors des

interruptions gênantes dans le déroulement communicatif comme c’est

Page 22: Analyse des alternances codiques dans la production orale

167

d’ailleurs le cas dans des interactions ordinaires. Enfin, l’enseignant peut

exprimer la volonté de s’intégrer, voire de s’assimiler, à la communauté

d’accueil. Ces trois aspects, qui apparaissent souvent simultanément,

montrent qu’une description de ce phénomène ne peut que prendre en

compte des enjeux socio-culturels qui dépassent l’espace-classe.

Enfin, nous pouvons dire que les alternances codiques jouent un

rôle important dans l’organisation de la parole en interaction dans ses

dimensions bilingue et exolingue. Elles apparaissent tout à la fois comme

indices de la dynamique interactionnelle et comme signaux vivants de

l’interlocution. L’alternance codique est aussi une ressource exploitée,

adaptée et «bricolée » compte tenu du contexte et de la situation pour servir

ainsi de stratégie à la régulation et à l’organisation de la parole en

interaction. Il ressort également de l’analyse quantitative de la composition

codique des dyades que les énoncés mixtes sont majoritaires. Ceci nous

permet de valider notre hypothèse sur le rôle de l’alternance codique

comme alternative permettant de réduire l’asymétrie et d’assurer la

convergence codique.

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