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L’analyse préliminaire d’un projet Bien qu’il ne participe pas nécessairement à l’identification d’un projet, lors de la prise en charge, l’ingénieur devrait analyser les divers aspects dont il aura la responsabilité, afin de clarifier les objectifs du client ainsi que ceux de son entreprise, et s’assurer de sa compréhension des enjeux. En, effet, ces derniers peuvent être négligés dans la fébrilité des activités de démarrage du projet et les obligations professionnelles quotidiennes. Cette analyse peut être mentale ou écrite, mais dans tous les cas, l’ingénieur devrait s’y astreindre avec rigueur. Elle portera sur l’environnement du projet, les parties prenantes, les risques et la préfaisabilité. L’utilisation de l’outil appelé cadre logique aidera l’ingénieur à mieux effectuer et synthétiser son analyse avant la mise en forme au moyen du Mémoire d’identification de projet (MIP). L’analyse de l'environnement Tout projet se déroule dans un environnement qui peut être complexe et varier d’un projet à un autre. Par exemple, un projet exécuté dans un milieu syndiqué ne sera pas géré de la même façon qu’un projet issu d’un cadre de travail non syndiqué. 1

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L’analyse préliminaire d’un projet

Bien qu’il ne participe pas nécessairement à l’identification d’un projet, lors de la prise en charge, l’ingénieur devrait analyser les divers aspects dont il aura la responsabilité, afin de clarifier les objectifs du client ainsi que ceux de son entreprise, et s’assurer de sa compréhension des enjeux. En, effet, ces derniers peuvent être négligés dans la fébrilité des activités de démarrage du projet et les obligations professionnelles quotidiennes. Cette analyse peut être mentale ou écrite, mais dans tous les cas, l’ingénieur devrait s’y astreindre avec rigueur. Elle portera sur l’environnement du projet, les parties prenantes, les risques et la préfaisabilité. L’utilisation de l’outil appelé cadre logique aidera l’ingénieur à mieux effectuer et synthétiser son analyse avant la mise en forme au moyen du Mémoire d’identification de projet (MIP).

L’analyse de l'environnement

Tout projet se déroule dans un environnement qui peut être complexe et varier d’un projet à un autre. Par exemple, un projet exécuté dans un milieu syndiqué ne sera pas géré de la même façon qu’un projet issu d’un cadre de travail non syndiqué. Avant de commencer le projet, le gestionnaire analysera de manière exhaustive son environnement et celui du projet, afin d’en comprendre les enjeux et les contraintes potentielles.

Dans son édition 2004 du PMBOK®, le Project Management Institute (PMI) énumère trois types d’environnement :

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l’environnement culturel et social; l’environnement international et politique; l’environnement physique.

Bien que ces trois catégories englobent la majorité des environnements d’un projet, il est de la responsabilité de l’ingénieur gestionnaire de bien définir ceux de son projet.

O’Shaughnessy (1992), pour sa part, définit l’environnement interne et externe du projet. L’environnement interne fait référence aux diverses variables de l’organisation d’où est issu le projet, alors que l’environnement externe touche aux variables qui sont indépendantes de la volonté de l’entreprise et qui peuvent influencer la bonne marche du projet. Le tableau 1 résume la pensée de cet auteur.

 

Tableau 1 : Les principales composantes de chaque environnement selon O’Shaughnessy (1992)

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Figure 11 : Un exemple de document type pour une analyse de l’environnement d’un projet

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Tableau 2 : Un exemple d’analyse de l’environnement d’un projet de déplacement d’une entreprise11

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L’analyse des parties prenantes

Le gestionnaire de projet doit aussi s’assurer de bien connaître toutes les parties prenantes du projet. Une partie prenante est ainsi définie par le PMI (2004) : « les personnes et les organisations activement impliquées dans le projet. Elles peuvent aussi influencer les objectifs et les résultats du projet. L’équipe de management de projet doit identifier ces parties prenantes, déterminer leurs exigences et leurs attentes et, dans la mesure du possible, gérer leur influence par rapport aux exigences de façon à assurer le succès du projet. » D’autres méthodes peuvent être utilisées, comme celle proposée par ProjectWare (figure 12) ou encore pour un projet de déplacement d’une entreprise (tableau 3).

 

Figure 12 : Un exemple d’analyse des parties prenantes par ProjectWare

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Tableau 3 : Un exemple (partiel) d’analyse des parties prenantes pour un projet de déplacement d’une entreprise

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La gestion du risque

Durant la phase d’identification, l’analyse du risque demeure au stade préliminaire. Le gestionnaire de projet effectuera une analyse des risques plus approfondie lors de la planification détaillée du projet. Cependant, il doit cerner dès le départ les principaux risques du projet, et ce, de façon aussi rigoureuse que durant la phase de définition, même s’il ne possède pas toute l’information nécessaire pour une analyse plus poussée. Il est clair qu’elle sera bonifiée au fur et à mesure que de nouvelles données seront disponibles ou découvertes. Le cadre logique apporte un premier éclairage sur les risques en repérant les conditions critiques du projet. Cependant, pour la planification détaillée, cette première analyse devient rapidement dépassée.

Le PMI définit le risque comme étant « un événement ou situation dont la concrétisation, incertaine, aurait une incidence positive ou négative sur les objectifs du projet ». Le PMBOK® établit des catégories de risques et une structure de découpage des risques, selon leurs origines : techniques, externes, organisationnels, environnementaux ou de gestion du projet. La figure 13 

Figure 13 : Un exemple de structure de découpage des risques11

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Toujours selon le PMBOK®, on distingue l’analyse quantitative de l’analyse qualitative du risque. La première analyse évalue la gravité du risque et la probabilité de modification inhérente au

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projet. Dans la seconde, le gestionnaire veille à la mise en place de mesures de probabilité du risque et de son effet sur le projet. Selon le domaine d’application, il existe un grand nombre d’outils portant sur la reconnaissance des dangers et des risques associés à un procédé ou à une installation. Lors de l’analyse plus approfondie, l’ingénieur utilisera des méthodes informatiques plus élaborées, comme les analyses de scénarios, de sensibilités, de simulation Monte Carlo, ainsi que des logiciels, comme Crystal Ball d’Oracle et @Risk de Palisade. L’ingénieur pourra s’approprier le tableau 4, qui porte sur l’analyse préliminaire du risque en milieu pharmaceutique, et le modifier selon les besoins et l’environnement du projet dont il est responsable.

Tableau 4 : Un exemple d’analyse préliminaire du risque en milieu pharmaceutique

 

Figure 14 : La définition d’échelles d’impact pour quatre objectifs du projet

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Source : PMI, Corpus des connaissances en management de projet, 3e édition (2004) p. 245

  

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La réponse aux risques13

La mise en œuvre de stratégies de réponse est le processus qui consiste à élaborer des solutions et à déterminer des actions visant à susciter les occasions de réduire les menaces qui modifieraient les objectifs du projet. Elle nécessite l’identification des parties ou des individus auxquels sera confiée la responsabilité de chacune des stratégies de réponse approuvées. Ce processus permet de s’assurer que les risques repérés seront gérés de façon appropriée. L’efficacité de la planification des stratégies de réponse aura une influence directe sur l’augmentation ou la baisse du niveau global de risques du projet.

Plusieurs stratégies de réponse sont envisageables. Pour chaque risque, le choix doit porter sur la plus efficace selon le contexte, les circonstances, la ou les culture(s) en place (ex. d’entreprise, professionnelles, locales) ou tout autre aspect pouvant influer sur le projet et les décisions à prendre. L’ingénieur retiendra essentiellement les quatre stratégies de réponse aux risques suivantes : le rejet ou l’évitement, le transfert, l’atténuation ou la réduction, et l’acceptation.

Le rejet d’un risque consiste à modifier le plan de projet afin d’éliminer le risque ou la circonstance, ou encore de préserver l’atteinte des objectifs du projet de ses conséquences. Le fait d’opter pour un type de langage plutôt qu’un autre (ex. C++) pour le développement d’un logiciel, parce que les membres de l’équipe connaissent ce langage, est une stratégie de rejet type.

Le transfert des risques vise à transférer à une tierce partie les conséquences d’un risque et la responsabilité de la stratégie de réponse correspondante. Transférer le risque à une tierce partie n’élimine pas le risque. Une assurance automobile est l’exemple type de transfert de risque.

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La réduction d’un risque a pour objet d’atténuer la probabilité ou les conséquences d’une menace jusqu’à un seuil acceptable. Prendre à temps des mesures visant à réduire la probabilité de la concrétisation d’un risque ou de son effet sur le projet est plus efficace que d’essayer d’en réparer les conséquences une fois le risque concrétisé. Les coûts de la réduction doivent être proportionnels à la probabilité du risque et de ses conséquences. Les cautionnements de soumission sont des exemples de réduction de risque.

L’acceptation d’un risque indique que l’équipe de projet a décidé de ne pas modifier le plan de projet pour affronter le risque, ou qu’elle n’est pas en mesure de trouver d’autres stratégies de réduction convenables. L’acceptation active peut inclure l’élaboration d’un plan de remplacement à mettre en œuvre au cas où un risque devenait réalité.

  

L’analyse de préfaisabilité

Les études de préfaisabilité et de faisabilité portent essentiellement sur les mêmes variables ou composantes du projet, mais à des niveaux d’analyse qui diffèrent en matière de profondeur ou de détails, et de l’effort, en heures et en coût financier. L’étude de préfaisabilité consiste à énoncer un ensemble de questions clés, dont les réponses permettront de porter un premier jugement sur le projet. Cependant, selon O’Shaughnessy (1992, p. 64), il faut rappeler que ce type d’étude a pour principaux objectifs d’analyser de façon non détaillée la faisabilité du projet sous divers angles (marché, technique, financier, etc.), de cerner les aspects du projet nécessitant une étude approfondie, de déterminer si on doit poursuivre le projet avec ou sans étude de faisabilité, de réviser le projet s’il y a lieu, ou de décider de l’abandonner à ce stade. Il est clair cependant que l’ingénieur ne sera pas appelé à exécuter certaines analyses qui n’entrent pas dans son champ de compétence. En sa qualité de professionnel, l’ingénieur doit être ouvert à un questionnement afin

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de mieux comprendre les raisons qui ont conduit à la réalisation du projet. Ce questionnement ne peut qu’être avantageux et sain pour le succès du projet, ne serait-ce que pour mieux définir les besoins du client.

Préfaisabilité de marché ou des services Le produit ou le service déterminé est-il le bon produit, répond-il aux besoins et aux

exigences du client? Le produit ou le service est-il clairement défini, et le client approuve-t-il sa définition? Dans un environnement de production donné, le marché peut-il absorber une quantité

raisonnable de ce genre de produit ou service pour le promoteur? À quel prix peut-on espérer vendre le produit ou le service, et quelle sera l’évolution du

marché? Est-ce que tous les participants ont la même compréhension du projet?

Préfaisabilité technique Le projet fait-il appel à une technologie connue et maîtrisée ou faut-il d’abord maîtriser la

technologie proposée? Le projet est-il techniquement réalisable? Les ressources techniques nécessaires pour l’exécution du projet sont-elles disponibles? Le personnel est-il convenablement formé pour la technologie proposée? Le calendrier d’exécution est-il réaliste et les ressources humaines sont-elles disponibles

durant les périodes de réalisation du projet? Quelles sont les conséquences du projet sur le fonctionnement actuel de l’entreprise?

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Préfaisabilité économique et financière Les estimations préliminaires du projet sont-elles réalistes? Les revenus projetés sont-ils réalistes comparativement à ce qui a été réalisé dans le passé? Quels sont les flux monétaires préliminaires du projet? Une analyse financière préliminaire a-t-elle été réalisée? Divers scénarios financiers ont-ils été élaborés? Comment le projet sera-t-il financé? Quelles sont les perspectives de rentabilité du projet, à court, moyen et long termes?

Préfaisabilité sociopolitique L’entreprise dispose-t-elle des ressources humaines nécessaires à l’exécution du projet? Quelles sont les possibilités de recrutement dans les domaines visés en cas de manque de

ressources, à court, moyen et long termes?

Préfaisabilité institutionnelle et légale Quels sont les règlements, les lois et les us et coutumes (éthique, culture professionnelle et

d’association) qui régissent la réalisation du projet?

Préfaisabilité organisationnelle L’entreprise dispose-t-elle de l’organisation appropriée pour la réalisation du projet? Selon le financement prévu, sera-t-il nécessaire d’approcher des partenaires? Comment un partenariat serait-il perçu par les dirigeants de l’entreprise?

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Préfaisabilité environnementale Le projet a-t-il un impact social? Quel sera l’effet sur l’organisation? Existe-t-il des normes environnementales et sociales pouvant empêcher ou menacer les

objectifs du projet? Si le projet se réalise sur un site autre que celui où œuvre l’entreprise, existe-t-il des

contraintes environnementales ou sociales qui peuvent nuire au projet?

  

Le cadre logique

La méthode du cadre logique est un outil qui permet de synthétiser les données connues d’un projet. Il existe plusieurs modèles, dont celui élaboré par l’Agence canadienne de développement international (ACDI) (voir La méthode du cadre logique de l’ACDI). Le tableau 5 propose une explication de la matrice du cadre logique. Nous reconnaissons que cette méthode peut comporter certaines faiblesses, mais elle demeure un point de départ et une excellente réflexion sur les grands enjeux du projet.

 

Tableau 5 : Les détails de la matrice du cadre logique19

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