Animisme Et Spiritisme

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    Animisme

    etSpiritismeEssai dun examen critique

    Des phnomnes mdiumniques

    Spcialement en rapport avec les hypothses de la forcenerveuse ,

    De l hallucination et de l inconscient

    Comme rponse louvrage du Dr Ed. von Hartman, intitul : Le Spiritisme

    Par

    Alexandre Aksakof

    Directeur des Psychische Studien (Recherches psychiques), LeipzigAvec portrait de lauteur, et dix planches

    Traduit de lditeur russe par Berthold Sandow

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    AVANT-PROPOS DU TRADUCTEUR

    Selon un arrangement pass avec M. Alexandre Aksakof, conseiller d'tat actuel de S. M. l'Empereur deRussie, j'ai assum la responsabilit de publier en franais son uvre si connue l'tranger : Animismusund Spiritismus. Le philosophe bavarois M. Carl Du Prel me recommandait cette uvre comme

    indispensable tout chercheur consciencieux ; j'tais de son avis. J'ai confi la traduction de l'ouvrage M. B. Sandow, notre collaborateur, en raison de ses connaissances linguistiques ; j'ajouterai que lespreuves dfinitives ont t soumises l'approbation de l'auteur. Je laisse au traducteur le soin de

    prsenter au public franais quelques considrations sur Animisme et Spiritisme et sur les origines dece volume.

    L'diteur : P.-G. Leymarie.

    Luvre que nous prsentons au public n'a pas t crite dans le but spcial de dfendre la cause spirite,mais plutt pour prserver cette doctrine contre les attaques srieuses futures auxquelles elle seraitindubitablement expose, ds le moment o les faits sur lesquels elle se base seront admis par la science.La lecture de ce livre produira certainement une impression profonde sur l'esprit de tous ceux que captive

    le problme de la vie et qui mditent sur les destines humaines. Les spirites n'y trouveront sans douteque la confirmation, scientifiquement formule, de leurs croyances ; les incrdules, qu'ils le soient de parti

    pris ou qu'ils se complaisent simplement dans la quitude d'un scepticisme indiffrent, seront au moinsconduits vers le doute, qui rsume, malgr tout, la suprme sagesse chez l'homme, lorsqu'il n'a pas, poursanctionner ses convictions, une certitude absolue.C'est une plume beaucoup plus autorise que la mienne qu'il appartiendrait de prsenter Animisme etSpiritisme aux lecteurs franais. Mais aucune ncessit de ce genre ne s'impose, car le nom de l'crivainsuffit pour recommander son uvre ; et d'ailleurs, sa Prface justifie amplement, devant tous les

    penseurs, la publication du livre : elle expose d'une faon admirable la profession de foi de l'auteur et faitconnatre nettement le but qu'il a poursuivi. On ne saurait rien y ajouter.Mon rle doit donc, ici, se borner mentionner brivement quelques dtails ayant trait aux origines de cetravail.Ainsi qu'on peut le voir en tte du volume, il a t crit en rponse une brochure que le philosopheallemand bien connu Edouard von Hartmann, - continuateur de Schopenhauer, - publia en 1885, sur leSpiritisme.La premire dition originale (allemande) de Animismus und Spiritismus1 (Leipzig, 1890) provoqua de la

    part du docteur von Hartmann, une rplique intitule l'Hypothse des esprits et ses fantmes (Berlin,1891), dans laquelle il revient, avec insistance, sur les arguments qu'il avait dj donns. Cette fois, ce futle savant Carl Du Prel qui se chargea de continuer contre cet adversaire si redoutable la polmique quel'tat de sa sant forait malheureusement M. Aksakof suspendre.

    Ni la rponse du Dr Carl Du Prel ni les deux publications du Dr von Hartmann n'ont jusqu' prsent t

    traduites en franais ; mais cette lacune ne diminuera pas sensiblement l'intrt que le lecteur attentiftrouvera dans cette uvre, tant donn que l'auteur y reproduit in extenso les principaux arguments de sonadversaire.Il me reste fournir quelques indications sur les sources dont je me suis servi pour donner cettetraduction une fidlit aussi scrupuleuse que possible.J'ai traduit du texte allemand mme les nombreuses citations extraites du livre du Dr von Hartmann. Lesrenvois se rapportent donc naturellement l'dition allemande, puisque, comme je l'ai dit plus haut, iln'existe aucune traduction franaise de ce livre. La partie du texte primitif d'Animisme et Spiritisme,crite par l'auteur en langue franaise, m'a permis de fixer dans la traduction une terminologie consacredj par l'auteur lui-mme. Pour les changements apports dans l'dition russe, parue en 1893, j'aisoigneusement consult cette dition ; quant aux citations de source anglaise, je n'ai pas eu sous les yeux

    tous les textes originaux et me suis ainsi trouv oblig, pour beaucoup d'entre eux, de m'en tenir aux

    1Une seconde dition vient de paratre, avec le portrait de l'auteur.3

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    traductions allemande et russe, qui ne laissent, je m'empresse d'ajouter, rien dsirer. Ai je encore besoin,aprs ces constatations, de solliciter l'indulgence du lecteur ?Mes efforts seront, j'espre, apprcis d'une faon quitable par ceux qui s'intressent ces questionsd'une importance si capitale.Je ne puis omettre, en terminant, d'exprimer ma plus vive reconnaissance mon savant ami, le Dr H.,

    pour le prcieux concours qu'il a bien voulu me prter. J'ai eu recours ses lumires pour la traduction dedivers passages d'ordre scientifique et technique, et je puis dire que j'ai toujours trouv auprs de lui des

    conseils aussi clairs que bienveillants.Je dois enfin remercier M. Leymarie d'avoir bien voulu me confier ce travail aussi dlicat qu'intressant.

    B. Sandow

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    PRFACE DE L'EDITION ALLEMANDE

    Aujourd'hui que ma rponse M. Hartmann, aprs quatre annes de travail accompli au milieu desouffrances morales et physiques, est enfin prte, je ne crois pas inutile de donner aux personnes qui meliront quelques mots d'explication pour les guider dans leur lecture.M. Hartmann, en crivant son ouvrage sur le Spiritisme , a imagin, pour en expliquer les

    phnomnes, une thorie base uniquement sur l'acceptation conditionnelle de leur ralit, c'est--dire neles admettant que provisoirement, avec les caractres qui leur sont attribus dans les annales duspiritisme. Par consquent, le but gnral de mon travail n'a pas t de prouver et de dfendre tout prixla ralit des faits mdiumniques, mais d'appliquer leur explication une mthode critique, conforme auxrgles indiques par M. Hartmann.C'est donc un travail comparable la solution d'une quation algbrique dont les inconnues n'auraientqu'une valeur suppose.Seul, le premier chapitre, traitant des matrialisations, se distingue, sous ce rapport, du reste de l'ouvrage,car ici M. Hartmann, tout en admettant la ralit subjective ou psychique du phnomne considr par luicomme une hallucination, avait exig, pour l'adoption de sa ralit objective, certaines conditionsd'exprimentation auxquelles j'ai tch de satisfaire. Ainsi donc, je n'ai prendre la dfense des faits ni

    devant les spirites, qui n'en doutent pas, ni devant ceux qui les nient priori, car il s'agit ici non de lesdiscuter, mais d'en chercher l'explication.II est indispensable que cet tat de choses soit prcise de prime abord, pour que les personnes non spiritesqui pourraient songer me critiquer ne fassent pas fausse route en se rabattant, comme d'ordinaire, surl'impossibilit, linvraisemblance, la fraude inconsciente ou consciente, etc.Quant aux critiques qui auront pour objet de faire ressortir les erreurs d'application de la mthode, ellesseront pour moi les bienvenues.Cela dit une fois pour toutes, je prciserai que le but spcial de mon travail a t de rechercher si les

    principes mthodologiques proposs par M. Hartmann suffisent, comme il l'affirme, pour dominerl'ensemble des phnomnes mdiumniques et pour en donner une explication naturelle - selon sonexpression - qui soit la fois simple et rationnelle. Mieux encore : les hypothses explicatives de M.Hartmann, une fois admises, excluent-elles vraiment toute ncessit de recourir l'hypothse spiritique ?Or les hypothses proposes par M. Hartmann sont bien arbitraires ; bien hardies, bien larges ; parexemple :Une force nerveuse qui produit, en dehors du corps humain des effets mcaniques et plastiques ; deshallucinations doubles de cette mme force nerveuse et produisant galement des effets physiques et

    plastiques ; une conscience somnambulique latente qui est capable - le sujet se trouvant l'tat normal -de lire, dans le fond intellectuel d'un autre homme, son prsent et son pass ; et enfin, cette mmeconscience disposant, aussi l'tat normal du sujet, d'une facult de clairvoyance qui le met en rapportavec l'Absolu, et lui donne, par consquent, la connaissance de tout ce qui est et a t !Il faut convenir qu'avec des facteurs aussi puissants et dont le dernier est positivement surnaturel ou

    mtaphysique , - ce dont M. Hartmann convient, - toute discussion devient impossible. Mais il fautrendre M. Hartmann cette justice qu'il a tent lui-mme de fixer les conditions et les limites danslesquelles chacune de ses hypothses est applicable.Ma tche tait donc de rechercher s'il n'existe pas des phnomnes que les hypothses de M. Hartmann -dans les limites ou conditions o elles sont applicables d'aprs ses propres rgles - sont impuissantes expliquer.En affirmant l'existence de ces phnomnes, ai-je bien soutenu ma thse ? Ce n'est pas moi de me

    prononcer sur ce point.Je me suis intress au mouvement spirite ds 1855, et depuis lors, je n'ai cess de l'tudier dans tous sesdtails et travers toutes les littratures. Longtemps j'acceptai les faits sur le tmoignage d'autrui ; ce n'estqu'en 1870 que j'assistai la premire sance, dans un cercle intime que j'avais form. Je ne fus pas

    surpris de constater que les faits taient bien tels qu'ils m'avaient t rapports par d'autres ; j'acquis laprofonde conviction qu'ils nous offraient - comme tout ce qui existe dans la nature, - une base vraimentsolide, un terrain ferme, pour le fondement d'une science nouvelle qui serait peut-tre capable, dans unavenir loign, de fournir l'homme la solution du problme de son existence. Je fis tout ce qui tait en

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    mon pouvoir pour faire connatre les faits et attirer sur leur tude l'attention des penseurs exempts deprjugs.Mais, pendant que je me dpensais ce travail extrieur, un travail intrieur se faisait.Je crois que tout observateur sens, ds qu'il se met tudier ces phnomnes, est frapp de ces deux faitsincontestables : l'automatisme vident des communications spiritiques et la fausset impudente, et toutaussi vidente, de leur contenu ; les grands noms dont elles sont souvent signes sont la meilleure preuveque ces messages ne sont pas ce qu'ils ont la prtention d'tre ; de mme, pour les phnomnes physiques

    simples, il est tout aussi vident qu'ils se produisent sans la moindre participation consciente du mdium,et rien, au premier abord, ne justifie la supposition d'une intervention des esprits . Ce n'est que dans lasuite, quand certains phnomnes d'ordre intellectuel nous obligent reconnatre une force intelligenteextra mdiumnique, qu'on oublie ses premires impressions et qu'on envisage avec plus d'indulgence lathorie spiritique, en gnral.Les matires que j'avais accumules tant par la lecture que par l'exprience pratique taient considrables,mais la solution du problme ne venait pas. Au contraire, les annes se passant, les cts faibles duspiritisme ne devenaient que plus apparents : la banalit des communications, la pauvret de leur contenuintellectuel, mme quand elles ne sont pas banales, le caractre mystificateur et mensonger de la plupartdes manifestations, l'inconstance des phnomnes physiques quand il s'agit de les soumettre l'exprience

    positive, la crdulit, l'engouement, l'enthousiasme irrflchi des spirites et des spiritualistes, enfin la

    fraude qui fit irruption avec les sances obscures et les matrialisations, - que je connus non seulementpar la lecture, mais que je fus forc de constater par ma propre exprience, dans mes rapports avec lesmdiums de profession les plus renomms, - en somme une foule de doutes, d'objections, decontradictions et de perplexits de toute sorte, ne faisaient qu'aggraver les difficults du problme.Les impressions du moment, les arguments qui viennent vous assaillir, font passer l'esprit d'un extrme l'autre et le jettent dans le doute et l'aversion les plus profonds. En se laissant entraner sur cette pente, onfinit souvent par oublier le pour, pour ne plus voir que le contre. Souvent, en m'occupant de cettequestion, mon esprit s'est arrt sur les grandes illusions par lesquelles l'humanit a pass dans sonvolution intellectuelle ; en rcapitulant toutes les thories errones, depuis celle de l'immobilit de laterre et de la marche du soleil, jusqu'aux hypothses admises par les sciences abstraites et positives, je medemandai si le spiritisme n'tait pas destin tre une de ces illusions ? En me laissant aller cesimpressions dfavorables, je me serais aisment dcourag, mais j'avais pour me soutenir desconsidrations plus leves et une srie de faits incontestables qui avaient, pour plaider leur cause, undfenseur tout-puissant : la Nature elle-mme.Je dsirais, depuis longtemps, m'orienter dans cet ensemble imposant de faits, d'observations et d'ides ;aussi suis-je trs reconnaissant M. Hartmann d'avoir bien voulu nous donner sa critique du spiritisme ; ilm'a forc me mettre au travail et, en mme temps, m'a beaucoup aid en me fournissant le cadre, lamthode ncessaire pour me diriger dans ce chaos.Je me suis d'autant plus volontiers mis l'uvre, que les armes cres par M. Hartmann pour l'attaque ontt bien puissantes, mme toutes-puissantes : ne dit-il pas lui-mme que sous le coup de ces armes aucunethorie spirite ne rsistera ?

    Son distingu traducteur anglais, M. C. C. Massey, admet aussi que cet ouvrage est le coup le plus fortqui ait t port au spiritisme. Et, comme un fait exprs, l'ouvrage de M. Hartmann parut juste au momento la disposition sceptique de mon esprit prenait le dessus.Si donc, aprs un examen attentif de tous les phnomnes mdiumniques, j'avais trouv que leshypothses de M. Hartmann peuvent les embrasser tous, en en donnant une explication simple etrationnelle, je n'aurais pas hsit abjurer compltement l'hypothse spiritique. La vrit subjugue.Je ne pus me retrouver dans ce ddale de faits qu' l'aide d'un index systmatique, compos au fur et mesure de mes lectures ; en les groupant sous diffrentes rubriques, genres et sous-genres, selon la valeurde leur contenu et les conditions de leur production, nous arrivons (par voie d'limination ou pargradation) des faits simples des faits plus complexes, ncessitant une nouvelle hypothse.Les ouvrages spiritiques, et surtout les journaux, manquent compltement d'index systmatique. Celui,

    par exemple, que vient de publier M. Blackburn, pour toutes les annes du Spiritualist, ne peut tred'aucune utilit pour une tude critique. Mon travail sera le premier essai de ce genre, et j'espre qu'ilpourra servir au moins de manuel ou de guide pour la composition des index systmatiques des

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    phnomnes mdiumniques, index indispensables pour rtablissement et la vrification de toute mthodecritique, applique l'examen et l'explication de ces faits.Le groupement des phnomnes et leur subordination, voil la vraie mthode qui a donn de si grandsrsultats dans l'tude des phnomnes du monde visible, et qui en donnera de tout aussi importants quandelle sera applique l'tude des phnomnes du monde invisible ou psychique.Ce qui a valu au spiritisme un accueil si peu raisonnable et si peu tolrant, c'est que, ds son invasion enEurope sous sa forme la plus lmentaire, les tables tournantes et parlantes, l'ensemble de tous ses

    phnomnes fut immdiatement attribu, par la masse aux esprits .Cette erreur tait pourtant invitable et, par consquent, excusable en face des faits toujours plusnombreux, aussi nouveaux que mystrieux et de nature frapper d'tonnement les tmoins abandonns leurs propres conjectures. De leur ct, les adversaires du spiritisme tombaient dans l'extrme oppos, nevoulant rien savoir des esprits et niant tout. La vrit ici, comme toujours, se trouve entre les deux.La lumire pour moi ne commena poindre que le jour o mon Index me fora d'introduire la rubriquede l'Animisme, c'est--dire lorsque l'tude attentive des faits m'obligea admettre que tous les

    phnomnes mdiumniques, quant leur type, peuvent tre produits par une action inconsciente del'homme vivant, - conclusion qui ne reposait pas sur une simple hypothse ou sur une affirmation gratuite,mais sur le tmoignage irrcusable des faits eux-mmes, - d'o cette consquence, que l'activit psychiqueinconsciente de notre tre n'est pas limite la priphrie du corps et qu'elle ne prsente pas un caractre

    exclusivement psychique, mais quelle peut aussi franchir les limites du corps, en produisant des effetsphysiques et mme plastiques ; donc, que cette activit peut tre intra-corporelle et extracorporelle.Cette dernire offre un champ d'exploration tout nouveau, plein de faits merveilleux, gnralementconsidrs comme surnaturels ; c'est ce domaine, aussi immense, sinon plus, que celui du Spiritisme, que

    j'ai dsign sous le nom d'Animime, afin de l'en diffrencier d'une faon catgorique.Il est extrmement important de reconnatre et d'tudier l'existence et l'activit de cet lment inconscientde notre nature, dans ses manifestations les plus varies et les plus extraordinaires, comme nous lesvoyons dans lAnimisme. Ce n'est qu'en prenant ce point de dpart qu'il est possible d'accorder une raisond'tre aux phnomnes et aux prtentions du spiritisme, car si quelque chose survit au corps et persiste,c'est prcisment notre inconscient ou, mieux, cette conscience intrieure que nous ne connaissons pas

    prsent, mais qui constitue l'lment primordial de toute individualit.De cette faon, nous avons notre disposition non une, mais trois hypothses, susceptibles de fournirl'explication des phnomnes mdiumniques, hypothses dont chacune a sa raison d'tre pourl'interprtation d'une srie de faits dtermins ; par consquent, nous pouvons ranger tous les phnomnesmdiumniques en trois grandes catgories qu'on pourrait dsigner de la manire suivante :

    1 Personnisme. - Phnomnes psychiques inconscients, se produisant dans les limites de la sphrecorporelle du mdium, ou intra-mdiumniques, dont le trait distinctif est, principalement, la

    personnification, c'est--dire l'appropriation (ou l'adoption) du nom et souvent du caractre d'unepersonnalit trangre celle du mdium. Tels sont les phnomnes lmentaires du mdiumnisme : latable parlante, l'criture et la parole inconsciente. Nous avons ici la premire et la plus simple

    manifestation du ddoublement de la conscience, ce phnomne fondamental du mdiumnisme. Les faitsde cette catgorie nous rvlent le grand phnomne de la dualit de l'tre psychique, de la non-identitdu moi individuel, intrieur, inconscient, avec le moi personnel, extrieur et conscient ; ils nous prouventque la totalit de l'tre psychique, son centre de gravit, n'est pas dans le moi personnel ; que ce derniern'est que la manifestation phnomnale du moi individuel (noumnal) ; que, par consquent, les lmentsde cette phnomnalit (ncessairement personnels) peuvent avoir un caractre multiple, - normal,anormal ou fictif, - selon les conditions de l'organisme2. Cette rubrique donne raison aux thories de la crbration inconsciente de Carpenter, du somnambulisme inconscient ou latent du docteurHartmann, de l'automatisme psychique de MM. Myers, Janet et autres.Par son tymologie, le mot personne serait tout fait apte rendre compte du sens qu'il faut attacher aumot personnisme. Le latin persona se rapportait anciennement au masque que les acteurs mettaient sur

    leur visage pour jouer la comdie, et plus tard on dsigna par ce mot l'acteur lui-mme.

    2Sommeil naturel, somnambulisme, mdiumnisme.7

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    2 Animisme. - Phnomnes psychiques inconscients se produisant en dehors des limites de la sphrecorporelle du mdium, ou extra-mdiumniques3. Nous avons ici la manifestation culminante duddoublement psychique ; les lments de la personnalit franchissent les limites du corps et semanifestent distance par des effets non seulement psychiques, mais encore physiques et mme

    plastiques, et allant jusqu' la pleine extriorisation ou objectivation, prouvant par l qu'un lmentpsychique peut tre non seulement un simple phnomne de conscience, mais encore un centre de forcesubstantielle pensante et organisatrice, pouvant aussi, par consquent, organiser temporairement un

    simulacre d'organe, visible ou invisible, et produisant des effets physiques.Le mot me (anima), avec le sens qu'il a gnralement dans le spiritisme et le spiritualisme, justifiepleinement l'emploi du mot animisme. D'aprs la notion spiritique, l'me n'est pas le moi individuel (quiappartient l'esprit), mais l'enveloppe, le corps fluidique ou spirituel de ce moi. Par consquent, nousaurions, dans les phnomnes animiques, des manifestations de l'me, comme entit substantielle, ce quiexpliquerait que ces manifestations peuvent revtir aussi un caractre physique ou plastique, d'aprs ledegr de dsagrgation du corps fluidique ou du prisprit , ou encore du mtaorganisme , selonl'expression de Hellenbach. Et, comme la personnalit est le rsultat direct de notre organisme terrestre, ils'ensuit naturellement que les lments animiques (appartenant l'organisme spirituel) sont aussi les

    porteurs de la personnalit.

    3 Spiritisme. - Phnomnes de personnisme et d'animisme en apparence, mais qui reconnaissent unecause extra-mdiumnique, supraterrestre, c'est--dire en dehors de la sphre de notre existence. Nousavons, ici, la manifestation terrestre du moi individuel au moyen de ceux des lments de la personnalitqui ont eu la force de se maintenir autour du centre individuel, aprs sa sparation d'avec le corps et qui

    peuvent se manifester par la mdiumnit ou l'association avec les lments psychiques homognes d'untre vivant. Ce qui fait que les phnomnes du spiritisme, quant leur mode de manifestation, sontsemblables ceux du personnisme et de l'animisme et ne s'en distinguent que par le contenu intellectuelqui trahit une personnalit indpendante.

    Les faits de cette dernire catgorie une fois admis, il est clair que l'hypothse qui en ressort peutgalement s'appliquer aux faits des deux premires catgories ; elle n'est que le dveloppement ultrieurdes hypothses prcdentes. La seule difficult qui se prsente, c'est que, souvent, les trois hypothses

    peuvent servir titre gal l'explication d'un seul et mme fait. Ainsi, un simple phnomne depersonnisme pourrait aussi tre un cas d''animisme ou de spiritisme. Le problme est donc de dcider laquelle de ces hypothses il faut s'arrter, car on se tromperait en pensant qu'une seule suffit dominertous les faits. La critique dfend d'aller au-del de celle qui suffit pour l'explication du cas soumis l'analyse4.Ainsi donc, la grande erreur des partisans du Spiritisme est d'avoir voulu attribuer tous les phnomnes,gnralement connus sous ce nom, aux esprits . Ce nom, lui seul, suffit pour nous engager dans unemauvaise voie. Il doit tre remplac par un autre, par un terme gnrique, n'impliquant aucune hypothse,aucune doctrine, comme par exemple le mot mdiumnisme, dnomination que nous avons depuis

    longtemps introduite en Russie.Toute nouvelle vrit, dans le domaine des sciences naturelles, fait son chemin lentement, graduellement,mais srement. Il a fallu cent ans pour faire accepter les faits du magntisme animal, quoiqu'ils soient

    bien plus faciles obtenir et tudier que ceux du mdiumnisme. Aprs bien des vicissitudes, ils ontenfin rompu les barrires hautaines de l' ignorabimus des savants ; la science a d leur faire bonaccueil, et elle a fini par adopter ce fils bien lgitime, en le baptisant du nom d'hypnotisme. Il est vrai quecette science nouvelle s'en tient principalement ses formes lmentaires, sur le terrain physiologique.Mais la suggestion verbale conduira fatalement la suggestion mentale, et dj des voix s'lvent quil'affirment.

    3Transmission de pense, tlpathie, tlcinsie, mouvements d'objets sans contact, matrialisation.4

    Je viens de trouver dans le numro d'octobre du Sphinx, 1889, page 227, brivement formuls en trois points, et tels qu'ilsrsultent d'une correspondance entre l'diteur et le Dr Hartmann, les signes caractristiques de l'intervention des dfunts dansles communications faites par les voyants et les mdiums. C'est prcisment le critrium que j'ai eu vain cherch chez M.Hartmann et que je me suis vu oblig d'tablir moi-mme, en prenant pour base l'argumentation ngative de M. Hartmann. Jecrois avoir expos dans mon travail nombre de cas en conformit avec les signes caractristiques en question.

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    C'est le premier pas dans la voie du suprasensible. On arrivera, tout naturellement et invitablement, reconnatre l'immense domaine des phnomnes tlpathiques et un groupe de savants intrpides etinfatigables les ont dj tudis, accepts et classs. Ces faits ont une haute valeur pour l'explication et lalgitimation des autres faits tant animiques que spiritiques. Encore un peu, et nous voici arrivs aux faitsde clairvoyance, - ils frappent dj aux portes du sanctuaire !L'hypnotisme est le coin qui forcera les remparts matrialistes de la science, pour y faire pntrerl'lment suprasensible ou mtaphysique. Il a dj cr la psychologie exprimentale5 qui finira

    fatalement par comprendre les faits de lAnimisme et du Spiritisme, lesquels, leur tour, aboutiront lacration de la mtaphysique exprimentale, comme Schopenhauer l'a prdit.Aujourd'hui, grce aux expriences hypnotiques, la notion de la personnalit subit une compltervolution. Ce n'est plus une unit consciente, simple et permanente, comme l'affirmait la vieille cole,mais une coordination psychophysiologique un ensemble cohrent, un consensus, une synthse, uneassociation des phnomnes de la conscience, bref un agrgat d'lments psychiques ; par consquent,une partie de ces lments peut, dans certaines conditions, se dissocier, se dtacher du noyau central, au

    point que ces lments prennent pro tempore le caractre d'une personnalit indpendante. Voil uneexplication provisoire des variations et des ddoublements de la personnalit, observs dans lesomnambulisme et l'hypnotisme. Dans cette explication nous voyons dj le germe d'une hypothse

    plausible pour les phnomnes du mdiumnisme, et effectivement on commence l'appliquer aux

    phnomnes lmentaires, que messieurs les savants veulent bien reconnatre prsent, sous le nom d'automatisme psychologique6 .Si la science n'avait pas ddaign les faits du magntisme animal, ds le dbut, ses tudes sur la

    personnalit auraient fait un pas immense et seraient entres dans le domaine du savoir commun ; lamasse se serait alors comporte autrement l'gard du spiritisme, et la science n'aurait pas tard voir,dans ces phnomnes suprieurs, un nouveau dveloppement de la dsagrgation psychologique, et cettehypothse, avec certains dveloppements, aurait pu mme s'appliquer aussi tous les autres genres de

    phnomnes mdiumniques ; ainsi dans les phnomnes suprieurs d'ordre physique (mouvementsd'objets sans contact, etc.), elle aurait vu un phnomne de dsagrgation effet physique, et dans lesfaits de matrialisation, un effet de dsagrgation effet plastique.Un mdium, d'aprs cette terminologie, serait un sujet chez lequel l'tat de dsagrgation psychologiquesurvient facilement, chez lequel, pour employer l'expression de M. Janet, la puissance de synthse

    psychique est affaiblie et laisse chapper, en dehors de la perception personnelle, un nombre plus oumoins considrable de phnomnes psychologiques7. Comme l'hypnotisme est de nos jours un instrument au moyen duquel certains phnomnesd'automatisme psychologique (de dissociation des phnomnes de la conscience, ou de dsagrgationmentale) peuvent tre obtenus volont et soumis l'exprimentation, de mme, nous n'hsitons pas l'affirmer, l'hypnotisme deviendra bientt un instrument au moyen duquel presque tous les phnomnesde l'animisme pourront tre soumis une exprimentation positive, obissant la volont de l'homme ; lasuggestion sera l'instrument au moyen duquel la dsagrgation psychique franchira les limites du corps et

    produira des effets physiques volont8.

    Ce sera l aussi le premier pas vers la production volont d'un effet plastique, et le phnomne connu denos jours sous le nom de matrialisation subira son baptme scientifique. Tout cela impliquencessairement la modification des doctrines psychologiques et les ramnera au point de vue monistique

    5 Le Congrs de psychologie physiologique tenu Paris en 1889 a fini par adopter ce titre pour ses travaux futurs. Jesignalerai ici, titre de curiosit, que la premire revue franaise consacre l'tude scientifique du sommeil, dusomnambulisme, de l'hypnotisme et du spiritualisme, parut par mes soins, et aux frais d'un ami russe, feu M. Lvoff, sous letitre suivant : Revue de psychologie exprimentale, publie par le Dr F. Puel, Paris, en 1874-1876 (boulevard Beaumarchais,73). Il en a paru en tout six livraisons en 1874, deux en 1875 et une en 1876 ; aujourd'hui cette revue est une raret

    bibliographique.6Voir MM. Myers, Ch. Richet, P. Janet.7LAutomatisme psychologique. Essai de Psychologie exprimentale sur les formes infrieures de l'activit humaine, par

    Pierre Janet, professeur de philosophie au lyce du Havre ; Paris, 1889.8Je m'explique : un mdium effets physiques ou a matrialisation doit tre hypnotis ; une fois endormi, ses mains doiventtre lies, aprs quoi on lui ordonne de faire mouvoir quelque objet plac la porte de ses mains, comme si elles taientlibres, et alors son organe invisible, fluidique ou astral, obissant l'ordre donn, mettrait l'objet indiqu eu mouvement(voir ma lettre au Religio-Philosophical Journal de Chicago, du 27 aot 1892).

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    selon lequel chaque lment psychique est porteur non seulement d'une forme de conscience, mais aussid'une force organisatrice9. L'auteur de ce remarquable ouvrage, fond sur les bases de la psychologie deBeneke, arrive la conclusion suivante : Les forces psychiques constituent une substance relle. L'mehumaine est un organisme compos de ces substances psychiques, aussi ternelles et indestructibles quen'importe quelle substance d'ordre le plus matriel. (P. 529.)En dissquant la personnalit, l'exprimentation psychologique finira par rencontrer l'individualit, qui estle noyau transcendant des forces indissociables, autour duquel viennent se grouper les lments multiples

    et dissociables qui constituent la personnalit. C'est alors que le spiritisme fera valoir ses droits. Lui seulpeut prouver l'existence et la persistance mtaphysique de l'individu. Et le temps viendra o, au sommetde la puissante pyramide que la science lvera avec les innombrables matriaux rassembls dans ledomaine des faits non moins positifs que transcendants, on verra briller, allums par les mains de laScience elle-mme, les feux sacrs de l'Immortalit.En dernier lieu, il me reste faire appel l'indulgence de mes lecteurs. Mon travail termin, je vois mieuxque tout autre ses dfauts. Dsireux de ne pas diffrer ma rponse M. Hartmann jusqu' l'achvementcomplet de mon travail, c'est--dire une poque indtermine, je commenai le publier immdiatementdans les Psychische Studien par articles mensuels, ce qui ncessite toujours une certaine hte et rendimpossible la rvision d'un chapitre dans son ensemble et, fortiori, de tout le travail. Il en est rsult unecertaine disproportion des parties et des dfauts dans l'exposition, les dfinitions, etc., contre lesquels je

    me heurte actuellement. Certains chapitres sont trop longs et trop dtaills, d'autres trop brefs, sans parlerdes rptitions dans l'argumentation.C'est ainsi que je regrette de n'avoir pas donn, dans le chapitre consacr la photographietranscendantale, le texte complet des expriences de Beattie, que je considre comme trs importantes. Jen'ai fait que renvoyer aux Psychische Studien. Pour ma traduction russe, j'ai remani toute cette partie del'ouvrage, et c'est cette dernire qui sert de base l'dition franaise. D'autre part, je regrette d'avoir, aucontraire, donn trop de dveloppement, dans le chapitre des matrialisations, aux expriences demoulage et de photographie, au lieu de m'en tenir aux faits rpondant directement aux exigences du DrHartmann ; ce n'tait, pas la peine de perdre tant de temps une simple question de faits dont la ralitobjective ne fait pas l'ombre d'un doute pour ceux qui ont eu occasion de l'observer, et qui ne tarderont

    pas acqurir droit de cit avec l'ensemble des phnomnes mdiumniques ; du reste, leur importancethorique n'est que de second ordre.Je regrette aussi de n'avoir pu donner au chapitre Animisme, qui est la partie la plus essentielle pour la

    justification du Spiritisme, un dveloppement plus systmatique et plus complet.La grande difficult pour moi a t le choix des faits. J'ai insist sur ce point au dbut de ma prface et j'yreviens en la terminant. J'ai bien dit que le but de mon ouvrage n'est pas de prendre la dfense des faits, etc'est vrai, lorsque je me place au point de vue de M. Hartmann ; mais j'avoue que j'avais aussi devant lesyeux un objectif plus gnral et que j'ai toujours cherch prsenter les faits qui rpondaient le mieux auxexigences de la critique, par les conditions mmes de leur production. C'est l le point vulnrable ; caraucune condition, aucune mesure de prcaution prise, ne suffit convaincre de la ralit d'un fait, tant quece fait reste pour l'opinion publique une impossibilit. Et puis la possibilit de la fraude - consciente ou

    inconsciente, - possibilit qu'on peut toujours supposer et dont l'absence ne peut se prouver, - vient encoreaggraver la difficult. Les phnomnes intellectuels offrent, sous ce rapport, un champ d'tude moinsingrat, car ils prsentent bien souvent des preuves intrinsques de leur authenticit, qu'aucun recours lafraude n'est en mesure de donner, moins de conclure l'hypothse d'un mensonge universel. Larfutation de cette hypothse-l est hors de tout pouvoir humain.Donc, la foi morale est ici, comme dans toute autre tude humaine, la base indispensable du progrs versla Vrit.Je ne puis faire autre chose que d'affirmer publiquement ce que j'ai vu, entendu ou ressenti ; et, quand descentaines, des milliers de personnes affirment la mme chose, quant au genre du phnomne, malgr lavarit infinie des dtails, la foi dans le type du phnomne s'impose.Ainsi, je ne viendrai pas affirmer avec insistance que chaque fait que j'ai relat s'est produit exactement

    tel qu'il est dcrit, - car il n'y a pas de cas qui ne puisse prter objection, - mais j'insiste sur le genre dufait, voil l'essentiel. Je sais qu'il existe, et cela me suffit pour en admettre les varits. Voyez les faits de9Carl Du Prel, Die monistische Seelenlehre: Leipzig, 1888. C.-G. Raue. Psychology as a natural science, applied to thesolution of occult psychic phenomena, Philadelphie, 1889.

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    tlpathie prouvs et collectionns avec tant de soin et de zle par les travailleurs infatigables de laSocit des Recherches psychiques de Londres. Ont-ils convaincu la masse ? Pas du tout, - et encoremoins la science. Il leur faudra du temps, comme il en a fallu pour l'hypnotisme ; et pour les faits dont j'aitrait dans ce livre, il en faudra plus encore.Jusque-l ce ne seront que des jalons plants le long de la route qu'un avenir peut-tre pas trop loignremplacera par des colonnes de granit.Un mot encore : au dclin de ma vie, je me demande quelquefois si j'ai vraiment bien fait de consacrer

    tant de temps, de travail et de ressources l'tude et la propagation de tous ces phnomnes. N'ai-je pasfait fausse route ? N'ai-je pas poursuivi une illusion ? N'ai-je pas sacrifi toute une existence sans que rienne justifit ou ne rtribut les peines que je me suis donnes ?Mais toujours je crois entendre la mme rponse : pour l'emploi d'une existence terrestre, il ne peut trede but plus lev que de chercher prouver la nature transcendante de l'tre humain, appel unedestine bien plus sublime que l'existence phnomnale !Je ne puis donc regretter d'avoir consacr toute ma vie la poursuite de ce but, quoique par des voiesimpopulaires et illusoires, selon la science orthodoxe, mais que je sais tre plus infaillible que cettescience. Et, si j'ai russi, pour ma part, apporter ne ft-ce qu'une seule pierre l'rection du temple del'Esprit, - que l'humanit, fidle la voix intrieure, difie travers les sicles avec tant de labeur, - celasera pour moi la seule et la plus haute rcompense laquelle je puisse aspirer.

    Alexandre AksakofSaint-Ptersbourg, le 3/15 fvrier 1890

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    INTRODUCTION

    La publication de l'ouvrage du Dr Hartmann sur le Spiritisme m'a procur la plus vive satisfaction.Mon dsir le plus sincre avait toujours t qu'un minent philosophe n'appartenant pas au camp spirites'occupt de cette question d'une manire absolument srieuse, aprs avoir acquis une connaissanceapprofondie de tous les faits qui s'y rattachent ; je souhaitais qu'il les soumt un examen rigoureux, sans

    tenir compte des ides modernes, des principes moraux et religieux qui nous gouvernent ; cet examendevait appartenir la logique pure base sur la science psychologique.Dans le cas o il arriverait cette conclusion que l'hypothse propose par le spiritisme tait illogique, jedsirais qu'il m'en indiqut les raisons, le pourquoi, et quelle serait, selon lui, l'hypothse qui rpondrait lemieux aux lois de la logique et aux exigences de la science contemporaine.Sous ce rapport, l'ouvrage du Dr Hartmann constitue une uvre de matre et prsente la plus hauteimportance pour le spiritisme.Dans notre journal hebdomadaire, le Rbus, se publiant Saint-Ptersbourg, j'ai annonc l'apparition decet ouvrage dans un article intitul : unvnement dans le monde du Spiritisme, article dans lequel je dis,entre autres : Le livre de M. von Hartmann est pour les spirites un guide qui les mettra mme d'tudierune question de cette nature, et de se faire une ide du soin avec lequel ils doivent conduire leurs

    expriences, et de la circonspection dont ils doivent user en tirant leurs conclusions pour affronter avecconfiance la critique de la science contemporaine. J'ai immdiatement propos au Rbus de publier la traduction de cet ouvrage, comme l'avait fait le journalLight de Londres ; actuellement le livre du Dr Hartmann a paru tout la fois dans le Rbus et en unvolume spar.

    Nous pouvons donc esprer qu'avec le secours d'un penseur tel que M. Hartmann (nous avons tout lieu decroire que, dans l'avenir, il ne nous refusera pas le concours de ses lumires) - cette question, dontl'incommensurable importance pour l'tude de l'homme commence apparatre, sera enfin mise l'ordredu jour, commandera et provoquera l'apprciation laquelle elle a droit.Tous mes efforts en Allemagne (pays considr par nous comme occupant le premier rang dans l'tudedes questions philosophiques) ont eu pour but d'attirer sur le spiritisme l'attention impartiale de sessavants, dans l'espoir d'obtenir leur appui et les indications ncessaires pour poursuivre l'tude rationnellede cette question.L'Allemagne offrait pour l'investigation et la discussion d'un tel sujet le terrain libre que je ne pouvaistrouver en Russie il y a de cela vingt ans ; je procdai de la manire suivante : j'ai publi en traductionallemande les matriaux les plus importants puiss dans la littrature anglaise, sur ce sujet ; ensuite,

    partir de l'anne 1874, j'ai dit, Leipzig, un journal mensuel, Psychische Studien, qui avait pourmission de populariser ces crits. Mes efforts furent accueillis par une violente opposition ; les savantsallemands en majeure partie ne voulaient rien savoir de cette question rpute indigne ; ils niaient lesfaits, condamnaient la thorie, et cela malgr l'attitude encourageante de plusieurs crivains clbres, telsque : Emmanuel Fichte, Franz Hoffmann, Maximilien Perty et autres, qui me prtrent leur appui, tant en

    parole que par le fait en publiant des articles dans mon journal. L'entre en scne de M. Zllner a donnune nouvelle direction cette controverse. Les matriaux que j'avais prpars pour la commission spirite,nomme en 1870 par l'Universit de Saint-Ptersbourg, matriaux qui consistaient dans la dmonstrationad oculos de faits tangibles, en la personne du Dr Slade, et qui ne furent point utiliss par laditecommission, qui avait hte de se dissoudre, ne tardrent pas nanmoins porter leurs fruits en Allemagne.Lorsque le professeur Zllner, par le fait de la russite de ses premires expriences avec Slade, voulutacqurir une plus ample connaissance en cette matire, il trouva, sa satisfaction, tout ce qui lui taitncessaire, dans mes diverses publications. Plus d'une fois, il m'en a tmoign sa gratitude, et laconstatation qu'il fit de la ralit des phnomnes mdiumniques produisit en Allemagne une sensationimmense.Bientt aprs parurent les ouvrages du baron Hellenbach, qui fut, en Allemagne, le premier chercheur

    indpendant dans cet ordre de phnomnes. Il fut bientt suivi dans cette voie par un autre penseurdistingu, le Dr Carl du Prel. D'ailleurs, depuis Zllner, la question spirite avait engendr en Allemagnetoute une littrature.

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    En mme temps, les dmonstrations publiques du magntiseur hypnotiseur Hansen produisirent unervolution dans le domaine du magntisme animal. Ces phnomnes, nis et dnigrs systmatiquement

    pendant un sicle, furent enfin recueillis par la science ; les merveilles de l'hypnotisme, aujourd'huireconnues dans toute leur ralit, prparent la voie qui doit conduire l'acceptation des merveillesmdiumniques.Peut-tre est-ce mme ce concours de circonstances que nous devons l'apparition du livre de Hartmann,car c'est prcisment sur la thorie de la suggestion mentale en gnral et de la suggestion des

    hallucination s en particulier, que ce philosophe a bas une partie essentielle de son hypothse.L aussi, mon humble travail prparatoire rendit de notables services, car c'est en majeure partie dans mespublications allemandes et dans mon journal Psychische Studien que Hartmann a puis les faits qui lui ontservi formuler son jugement sur la question spirite. Il m'a mme fait cet honneur de recommander mon

    journal comme particulirement utile l'tude de ce sujet.Enfin, du moment que Hartmann insiste sur la ncessit de soumettre les phnomnes mdiumniques unexamen scientifique et demande que le gouvernement nomme cet effet des commissions scientifiques, je

    puis en toute confiance considrer mon activit en Allemagne comme ayant pleinement atteint son but ;j'ai toutes les raisons de croire que, du moment o une voix aussi autorise s'est fait entendre pourproclamer la ncessit d'une pareille investigation, la question spirite fera toute seule son chemin enAllemagne. Il est donc temps que je m'efface pour consacrer le reste de mes forces la continuation de

    mon uvre en Russie.Cependant, avant de me retirer, il serait peut-tre utile que j'exposasse aux lecteurs de mon journal lesraisons qui ne me permettent pas d'accepter sans rserves les hypothses et les conclusions du DrHartmann, lesquelles doivent tre d'une autorit trs grande, non seulement pour l'Allemagne, mais pourle monde philosophique entier. Le motif qui m'y pousse ne provient aucunement de ce fait que le DrHartmann s'est dcidment prononc contre l'hypothse spirite ; pour le moment, je considre le ctthorique comme plac au second plan, comme d'une importance secondaire, et mme prmature au

    point de vue strictement scientifique ; M. Hartmann le reconnat du reste lui-mme, lorsqu'il dit : Lesmatriaux dont nous disposons ne sont pas suffisants pour considrer cette question comme mre pour ladiscussion. (Der Spiritismus, p. 14.) Mon programme a toujours t de poursuivre avant tout larecherche des faits, pour en tablir la ralit, suivre leur dveloppement et les tudier, en tant que faits,dans toute leur prodigieuse varit. A mon avis, on passera par bien des hypothses avant d'arriver unethorie susceptible d'tre universellement adopte comme la seule vraie, tandis que les faits, une fois bientablis, resteront acquis jamais. J'ai nonc cette pense il y a de cela vingt ans, en publiant matraduction russe de l'ouvrage du Dr Hare10, en ces termes : La thorie et les faits sont deux choses distinctes ; les erreurs de la premire ne pourront jamais dtruirela force de ces derniers, etc. (d. all., p. LVIII.)Dans ma prface l'dition russe de W. Crookes, j'crivais encore : Lorsque l'tude de cette question fera partie du domaine de la science, elle subira plusieurs phases quicorrespondront aux rsultats obtenus : 1 constatation des faits spiritualistes ; 2 constatation del'existence d'une force inconnue ; 3 constatation de l'existence d'une force intelligente inconnue ; 4

    recherche de la source de cette force, savoir : se trouve-t-elle en dedans ou en dehors de l'homme ? Est-elle subjective ou objective ? La solution de ce problme constituera l'preuve dfinitive, lexperimentumcruels de cette question ; la science sera alors appele prononcer le plus solennel verdict qui ait jamaist demand sa comptence. Si ce jugement est affirmatif pour la deuxime alternative, c'est--dire sielle dcide que la force en question drive d'une source en dehors de l'homme, alors commencera lecinquime acte, une immense rvolution dans la science et dans la religion. (dition allem., p. XI-XIII.)O en sommes-nous actuellement ? Pouvons-nous affirmer que nous soyons au quatrime acte ? Je ne le

    pense pas. Je crois plutt que nous sommes encore au prologue du premier acte, car la question, quant auxfaits mmes, n'est pas encore admise par la science, qui ne veut pas les connatre ! Nous sommes bienloigns encore de la vraie thorie, en Allemagne surtout, o la partie phnomnale de cette question estsi peu dveloppe qu'on y est totalement dpourvu de mdiums possdant une force suffisante pour les

    exigences de l'tude exprimentale.

    10Recherches exprimentales sur les manifestations des esprits.13

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    Tous les faits sur lesquels Hartmann base son argumentation ont t acquis en dehors de l'Allemagne ; M.Hartmann n'a mme pas eu l'occasion de les observer en personne. Il est vrai qu'il a eu le courage trsmritoire d'accepter les tmoignages d'autrui, mais personne ne pourra nier que, dans cette question, lesexpriences personnelles soient d'une importance capitale. Bien plus, la limite o peuvent atteindre cesfaits est loin d'tre trace ; leur expansion, leur dveloppement sont lents, mais constants ; ce queHartmann en exige au point de vue de la critique doit encore tre acquis.Comme preuve que je ne tiens pas au triomphe exclusif de l'une ou de l'autre des hypothses spirites, j'en

    appelle ce fait : J'ai laiss mon estim collaborateur, M. Wittig, pleine libert de publier sur lesphnomnes en question ses ides personnelles ! qui tendent en chercher l'explication dans la thoriedite psychique, plutt que dans la thorie spirite.Mais, tout en professant une parfaite tolrance l'gard des diverses thories proposes, je ne puis garderla mme attitude passive en prsence de l'ignorance des faits, leur oubli, leur suppression, ds qu'ils ne

    paraissent pas tre d'accord avec l'hypothse mise. Celui qui dsire tre absolument impartial dansl'tude d'un problme aussi compliqu ne doit ncessairement jamais perdre de vue la totalit, l'ensembledes faits dj acquis ; mais, malheureusement, l'une des erreurs ordinaires que commettent les promoteursd'une hypothse, c'est qu'en voulant tout prix donner raison leur systme, ils oublient ou passent soussilence les faits qu'il s'agit prcisment d'expliquer.C'est dans cet ordre d'ides que je me suis vu forc d'entamer une polmique avec M. Wittig, lequel

    poussa le dveloppement de son hypothse jusqu' parler de la photographie d'une hallucination, ce quiest une flagrante contradictio in adjecto.C'est probablement cette polmique que vise M. Hartmann lorsqu'il dit que M. Wittig n'a pu lever la voix

    pour la dfense de sa thorie que dans une lutte contre l'diteur mme du journal (Spiritismus, p. 2).S'il y a eu lutte, elle n'a pas t engage pour la dfense de l'hypothse mme, mais pour la cause de lalogique et de l'impartialit que l'on doit aux faits.La critique de M. Hartmann est entirement base sur l'acceptation provisoire (conditionnelle) de laralit des faits spirites, l'exception des phnomnes de la matrialisation, qu'il nie purement etsimplement. Cette licence, elle seule, ne pourrait tre laisse sans rplique. Mais, indpendamment de lamatrialisation, il existe de nombreux faits qui ont chapp la connaissance de M. Hartmann, ou surlesquels il a gard le silence, ou bien dont il n'a pas dment apprci les particularits. Or je crois de mondevoir de prsenter tous ces faits, en faisant ressortir leur juste valeur. Je profiterai de cette occasion pourdonner enfin les conclusions auxquelles je suis arriv aprs de longues tudes sur ce sujet, conclusionsque je n'ai pas publies avant l'apparition de cet ouvrage.

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    APERU HISTORIQUE DES THORIES ANTISPIRITES

    Par rapport aux thories, l'ouvrage de M. Hartmann ne prsente rien de nouveau. La force neurique, latransmission de la pense, le somnambulisme, tout cela avait dj, ds le dbut, t mis contribution

    pour donner des phnomnes spirites une explication naturelle.Plus tard, lorsqu'on eut compter avec les phnomnes de matrialisation, on recourut l'argument des

    hallucinations.Le mrite capital du travail de M. Hartmann consiste dans le dveloppement systmatique de cesprincipes et dans la classification mthodique de tous les faits qui ont trait cette question. Je croisnanmoins qu'un coup d'il rapide sur les travaux de ceux qui ont prcd M. Hartmann ne serait passans intrt, ni pour les lecteurs, ni pour M. Hartmann lui-mme.Il serait certainement bien difficile et d'ailleurs inutile d'entrer dans des dtails minutieux. Sur ces travaux

    je ne donnerai qu'un bref aperu des principaux ouvrages traitant de la question qui nous intresse.Procdant par ordre chronologique, il faut d'abord citer :

    THE DAIMONION, OR THE SPIRITUAL MEDIUM, ILLUSTRATED BY THE HISTORY OF ITSUNIFORM MYSTERIOUS MANIFESTATIONS WHEN UNDULY EXCITED. BY TRAVERSE

    OLDFIELD11. (Boston, 1852, 157 pages, petit in-8.) Le vritable auteur est G. W. Samson. Le SpiritualMdium dont il s'agit, c'est le principe nerveux.

    L'ouvrage le mieux labor et le plus systmatique dans cet ordre d'ides est certainement celui-ci :PHILOSOPHY OF MYSTERIOUS AGENTS, HUMAN AND MUNDANE, OR THE DYNAMICLAWS AND RELATIONS OF MAN, EMBRACING THE NATURAL PHILOSOPHY OFPHENOMENA STYLED : SPIRITUAL MANIFESTATIONS12. Par E. G. Rogers. (Boston, 1853, 336

    pages, petit in-8.)A l'apparition de cet ouvrage, il y eut une discussion intressante dans les journaux amricains TheTribune et The Spiritual Tlgraphe entre le Dr Richmond et le Dr Brittan, au sujet des manifestationsspirituelles. Le premier soutenait qu'il tait possible d'expliquer ces phnomnes sans admettre, pour cela,l'intervention des esprits. Le second maintenait l'opinion contraire. Les quarante-huit lettres publies parles deux partis ont t dites en un volume, sous ce titre : A DISCUSSION OF THE FACTS ANDPYLOSOPHY OF ANCIENT AND MODERN SPIRITUALISM. BY S. B. BRITTAN AND B. W.RICHMOND. (New-York, 1853, 377 pages gr. in-8.)

    MODERN MYSTERIES EXPLAINED AND EXPOSED (Mystres modernes expliqus et dmasqus) ;par. Rev. A. Mahan, First Prsident of Cleveland University. (Boston, 1855, 466 pages in-8.) Cetouvrage a pour but de dvelopper et de dfendre les deux thses suivantes : 1 La cause immdiate deces manifestations est identique non seulement avec la force odique13, mais aussi avec la force quiengendre les phnomnes du mesmerisme et de la clairvoyance (p. 106). - 2 Nous possdons des

    preuves positives et concluantes que ces manifestations proviennent exclusivement de causes naturelles etnon de l'intervention d'esprits dtachs du corps (p. 152).

    MARY JANE, OR SPIRITUALISM CHEMICALLY EXPLAINED ; ALSO ESSAYS BY AND IDEAS(PERHAPS ERRONEOUS) OF A CHILD AT SCHOOL14. (London, 1863, 379 pages, gr. in-8, avecfig.) C'est un des livres les plus curieux sur cette matire. L'auteur, M. Samuel Guppy, matrialisteaccompli, s'tait propos de publier un recueil d'essais sur divers sujets, tels que : Lumire, Instinct etintelligence. lments de l'homme. Gnration spontane, des Principes de l'intelligence humaine, la Vie,

    11Le Daimonion, ou le mdium spirituel et sa nature, illustr par l'histoire de ses manifestations uniformment mystrieuseslorsqu'il est indment excit.12Philosophie des agents mystrieux, humains et terrestres, ou les lois et les relations dynamiques de l'homme, comprenantl'explication naturelle des phnomnes dsigns comme Manifestations des esprits .13Le baron von Reichenbach dsigne sous le nom de force odique Od-Kraft le fluide impondrable et pntrant tous les corps,au moyen duquel il explique diffrents phnomnes mystrieux.14Mary Jane, ou le spiritualisme expliqu chimiquement ; ainsi que essais et ides peut-tre errones d'une colire.

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    l'Astronomie, la Cration, l'Infini, etc. Or, son livre tait dj imprim jusqu' la page 300, lorsque dans sapropre maison se produisirent soudain des phnomnes mdiumniques des plus extraordinaires :dplacement spontan d'objets, criture automatique, rponses des questions mentales, jeu d'instrumentsde musique, criture directe, excution directe (sans le contact d'une personne) de dessins et de peintures,etc. Le mdium tait sa propre femme.

    ON FORCE, ITS MENTAL AND MORAL CORRELATES, AND ON THAT WHICH IS SUPPOSED

    TO UNDERLIE ALL PHENOMENA ; WITH SPECULATIONS ON SPIRITUALISM AND OTHERABNORMAL CONDITIONS OF MIND15. By Charles Bray, author of The Philosophy of Necessity, TheEducation of Feelings, etc. (London, 1867, 164 pages in-8.)

    EXALTED STATES OF THE NERVOUS SYSTEM IN EXPLANATION OF THE MYSTERIES OFMODERN SPIRITUALISM, DREAMS, TRANCE, SOMNAMBULISM, VITAL PHOTOGRAPHY16,etc. Par Robert H. Collyer, M. D. (Londres, 1873, 140 pages in 8.) Ce livre ne prsente pas un travailsystmatique ; il contient plutt des indications, des allusions divers sujets intressant cette question.

    SPIRITIALISM AND ALLIED CAUSES AND CONDITIONS OF NERVOUS DERANGEMENTS, BYWILLIAM A. HAMMOND, M. D. PROFESSOR OF DESEASES OF THE MIND AND NERVOUS

    SYSTEM IN THE MEDICAL DEPARTEMENT OF THE UNIVERSITY OF THE CITY OF NEWYORK17. (Londres, 1876.) Un gros volume de 366 pages in-8, dans lequel l'auteur ne veut parler que desfaits qui peuvent s'expliquer d'une faon naturelle.

    Passons aux ouvrages crits en langue franaise. Ils ne sont pas nombreux. Le premier appartenant cettecatgorie est celui du comte Agenor de Gasparin, publi Paris, en 1854, sous ce titre : DES TABLESTOURNANTES, DU SURNATUREL EN GNRAL ET DES ESPRITS (2 volumes in-8,500 pages),dans lequel l'auteur donne d'amples dtails sur une longue srie d'expriences physiques tentes par lui etquelques amis particuliers, chez lesquels cette force se trouvait considrablement dveloppe. Ces essaisfurent trs nombreux et furent poursuivis dans des conditions de contrle des plus rigoureuses. Le fait dumouvement de corps pesants sans contact mcanique fut reconnu, prouv et dmontr. De srieusesexpriences furent faites pour mesurer la force, tant d'accroissement que de diminution de poids, qui secommuniquait ainsi aux substances mises l'preuve, et le comte Gasparin adopta un moyen ingnieux,qui lui permit d'obtenir une valuation numrique approximative du pouvoir de la force psychique quiexistait dans chaque individu. L'auteur arrivait cette conclusion finale, qu'on pouvait expliquer tous ces

    phnomnes par l'action de causes naturelles, et qu'il n'tait pas besoin de supposer des miracles nil'intervention d'influences spirituelles ou diaboliques.Il considrait comme un fait pleinement tabli par ses expriences que la volont, dans certainesconditions de l'organisme, peut agir distance sur la matire inerte, et la plus grande partie de son livreest consacre tablir les lois et les conditions dans lesquelles cette action se manifeste.

    En 1855, M. Thury, professeur l'Acadmie de Genve, a publi un ouvrage sous le titre : LES TABLESPARLANTES (Genve, Librairie allemande de J. Kessmann, 1855), dans lequel il passe en revue lesexpriences du comte de Gasparin ; il entre dans de longs dtails sur les recherches qu'il a faites en mmetemps. L, aussi, les essais furent faits avec l'aide d'amis intimes et furent conduits avec tout le soin qu'unhomme de science est capable d'apporter en cette matire. L'espace ne me permet pas de citer lesimportants et nombreux rsultats obtenus par M. Thury, mais par les titres suivants de quelques-uns deschapitres, on verra que l'enqute n'a pas t faite superficiellement : Faits qui tablissent la ralit des nouveaux phnomnes ; Action mcanique rendue impossible ;Mouvements effectus sans contact ; Leurs causes ; Conditions requises pour la production et l'action de

    15De la force, ses corrlations mentales et morales, et de ce qui est suppos tre la base de tous les phnomnes ; y joint des

    spculations sur le Spiritualisme et autres conditions anormales de l'esprit.16tats de super activit du systme nerveux au point de vue de l'explication des mystres du spiritualisme moderne, dessonges, du somnambulisme, de la photographie vitale, etc.17Le spiritualisme et les causes et conditions congnres des troubles nerveux, par le DrVill. A. Hammond, professeur demaladies mentales et de maladies des nerfs au dpartement de la mdecine, l'Universit de la ville de New-York.

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    la force ; Conditions de l'action eu gard aux oprateurs ; La volont ; Est-il ncessaire qu'il y aitplusieurs oprateurs ? Ncessits prliminaires. Condition mentale des oprateurs ; Conditionsmtorologiques ; Conditions relatives aux instruments employs ; Conditions relatives au mode d'actiondes oprateurs sur les instruments ; Action des substances interposes ; Production et transmission de laforce ; Examen des causes qu'on lui assigne ; Fraude ; Action musculaire inconsciente produite par un tatnerveux particulier ; Electricit ; Nervo-magntisme ; Thorie de M. de Gasparin d'un fluide spcial ;Question gnrale au sujet de l'action de l'esprit sur la matire. Premire proposition : dans les conditions

    ordinaires des corps, la volont n'agit directement que dans la sphre de l'organisme. Deuximeproposition : dans l'organisme lui-mme, il y a une srie d'actes mdiats. Troisime proposition : lasubstance sur laquelle l'esprit agit directement, le psychode, n'est susceptible que de modifications trssimples sous l'influence de l'intelligence. Explications bases sur l'intervention des esprits. M. Thury rfute toutes ces explications et croit que ces effets sont dus une substance particulire, unfluide ou un agent, lequel, -d'une manire analogue celle de l'ther des savants, - transmet la lumire,

    pntre toute matire nerveuse, organique ou inorganique, et qu'il appelle psychode. Il entre dans la pleinediscussion des proprits de cet tat ou forme de matire, et propose le nom de FORCE ECTNIQUE(extension} au pouvoir qui s'exerce quand l'esprit agit distance par le moyen de l'influence du

    psychode18.

    ETUDES EXPRIMENTALES SUR CERTAINS PHNOMNES NERVEUX, ET SOLUTIONRATIONNELLE DU PROBLME SPIRITE, par CHEVILLARD, professeur l'cole nationale desBeaux-Arts (Paris, 1872, 90 pages, in-8). Le fond de sa thorie, laquelle se rapporte seulement auxfrappements (raps) et au mouvement des objets, se rsume en ces lignes : Les vibrations de la table,aprs que ses parties se sont mises en quilibre de temprature, ne sont autres que les vibrations fluidiquesmises par la fonction maladive qui constitue l'tat nerveux du mdium. En l'tat normal, chacun met dufluide nerveux, mais non de manire faire vibrer sensiblement la surface d'un corps solide, que l'ontouche. Le mdium est sans doute aussi aid par l'mission naturelle des assistants crdules, toujoursnombreux, car tout envoi fluidique, mme trs faible, vers la table, doit s'y rpartir de suite, cause de latemprature dj convenable. La table est vritablement magntise par l'mission du mdium, et le motmagntis n'a d'autre sens que de faire entendre qu'elle est couverte ou imprgne de fluide nerveuxvibrant, c'est--dire vital du mdium. La table est alors comme un harmonica qui attend le coup demarteau de la pense de celui qui l'a imprgne. Le mdium veut un coup un moment qu'il se donne enregardant attentivement le crayon courir sur l'alphabet, et cette pense, en se fixant subitement, engendreun choc crbral nerveux qui se rpercute instantanment, par l'intermdiaire des nerfs, sur la surfacetabulaire vibrante. Le coup rsonne en intgrant les vibrations de la table en un fort clat ou tincelleobscure, dont le bruit est la consquence de cette condensation instantane faite dans l'air ambiant (pp. 25et 26). - Il n'y a dans tout acte typtologique (Produisant des coups.) ou nervostalique que descondensations ou intgrations de vibrations en tincelles obscures (p. 38). Quant aux mouvements des objets, l'auteur met la thorie suivante : Les mouvements, dits spirites,d'un objet inanim sont un effet rel, mais nervo-dynamique, des soi-disant mdiums, qui transforment

    l'objet en organe extrieur momentan, sans en avoir conscience (p. 54). Plus loin, M. Chevillarddveloppe davantage cette mme proposition : L'ide de l'action volontaire mcanique se transmet parle fluide nerveux du cerveau jusqu' l'objet inanim suffisamment chauff ; aprs quoi celui-ci excuterapidement l'action en qualit d'organe automatique li par le fluide l'tre voulant, que la liaison soit aucontact ou distance courte ; mais l'tre n'a pas la perception de son acte, attendu qu'il ne l'excute pas

    par un effort musculaire (p. 62). En somme : les phnomnes dits spirites ne sont que desmanifestations inconscientes de l'action magnto-dynamique du fluide nerveux (p. 86).

    18La force ectnique du professeur Thury et ma force psychique sont videmment des termes quivalents. Si j'avais connucette expression, il y a trois mois, je l'aurais adopte. Or, l'ide d'une semblable, hypothse de fluide nerveux nous est depuis

    parvenue d'une autre source, compltement diffrente, expose sous un point de vue particulier et exprime dans le langage

    d'une des professions les plus importantes. Je veux parler de la thorie dune atmosphre nerveuse mise en avant par le DrBenjamin W. Richardson, M. D., F. R. S., dans le journal Mdical Times, n 1088, 6 mai 1871 (Rem. de W. Crookes, dans sonouvrage, Recherches sur la force psychique.

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    Dernirement parut un ouvrage fort intressant, ayant pour titre : ADOLPHE D'SSIER, ESSAI SURL'HUMANIT POSTHUME ET LE SPIRITISME, PAR UN POSITIVISTE. (Paris, 1883, 303 p. in-12.)L'ouvrage cit prsente cet intrt que l'auteur a t forc, par sa propre exprience, de reconnatre laralit objective de certains phnomnes, habituellement dsigns comme surnaturels et dont M.Hartmann ne fait pas mention dans son livre sur le spiritisme ; et cependant, ces phnomnes ont unrapport immdiat avec le spiritisme ; ils s'imposent d'ailleurs, si l'on veut tablir une hypothse gnrale.Dans sa prface, l'auteur expose l'volution qui s'est opre dans son esprit et donne une ide gnrale de

    son travail. Nous en donnerons quelques extraits : Le titre de cet essai paratra peut-tre certaines personnes en dsaccord avec les opinionsphilosophiques que j'ai professes toute ma vie et avec la grande cole vers laquelle m'avait acheminl'tude des sciences. Que ces personnes se rassurent, la contradiction n'est qu'apparente. Les ides que

    j'expose s'loignent autant des rveries du mysticisme que des hallucinations des spirites. Ne sortant pasdu domaine des faits, n'invoquant aucune cause surnaturelle pour les interprter, j'ai cru pouvoir donner mon livre l'estampille du positivisme. Voici, au surplus, comment j'ai t conduit des recherches sidiffrentes de mes travaux ordinaires. L'auteur parle ensuite du sort qu'ont eu les arolithes, si longtemps nis par la science, et de la rponseque fit un jour Lavoisier au nom de l'Acadmie des Sciences : Il n'existe pas de pierres dans le ciel ; ilne saurait, par consquent, en tomber sur la terre ; il fait aussi mention du rcit des crapauds qui

    tombent avec les fortes pluies, rcit que les savants accueillirent en disant qu'il n'existait pas decrapauds dans les nuages ; il ne peut, par consquent, en tomber sur la terre. Aprs cela, M. D'Assier continue : Il tait permis de supposer que de telles leons ne seraient pas perdues et que les personnes se disantsrieuses se montreraient l'avenir plus circonspectes dans leurs dngations systmatiques. Il n'en futrien. Les notions fausses que nous puisons dans nos prjugs, ou dans une ducation scientifiqueincomplte, impriment notre cerveau une sorte d'quation personnelle dont nous ne pouvons nousdbarrasser. Pendant trente ans j'ai ri de la rponse de Lavoisier sans m'apercevoir que j'invoquais lemme argument dans l'explication de certains phnomnes non moins extraordinaires que les pluies de

    pierres ou de crapauds. Je veux parler des bruits tranges qu'on entend parfois dans certaines habitationset qu'on ne peut rapporter aucune cause physique, du moins dans le sens vulgaire que nous donnons cemot. Une circonstance digne de remarque vient doubler la singularit du phnomne. C'est que ces bruitsn'apparaissent d'ordinaire qu'aprs la mort d'une personne du logis. tant enfant, je vis en moi tous leshabitants d'un canton. L'abb Peyton, cur de la paroisse de Sentenac (Arige), venait de mourir. Les

    jours suivants, il se produisit dans le presbytre des bruits insolites et si persistants que le desservant quilui avait succd fut sur le point d'abandonner son poste. Les gens du pays, aussi ignorants quesuperstitieux, n'taient point embarrasss pour expliquer ce prodige. Ils dclarrent que l'me du dfunt tait en peine parce qu'il n'avait pas eu le temps de dire avant sa morttoutes les messes dont il avait reu le prix. Pour mon compte, je n'tais nullement convaincu. Elev dansle dogme chrtien, je me disais que l'abb Peyton avait dfinitivement quitt la plante pour une des troisrsidences posthumes : le ciel, l'enfer, le purgatoire, et je supposais les portes des deux pnitenciers trop

    solidement verrouilles pour qu'il lui prt fantaisie de retourner en arrire. Plus tard, tant entr dans unautre courant d'ides, autant par l'tude compare des religions que par celle des sciences, je devinsencore plus incrdule, et je prenais en piti ceux qui prtendaient avoir assist de pareils spectacles. Les esprits, ne cessai-je de rpter, n'existent que dans l'imagination des mdiums ou des spirites ; on nesaurait donc en rencontrer ailleurs. En 1868, me trouvant dans le Berry, je me fchai tout rouge contre une

    pauvre femme qui persistait affirmer que, dans un logement qu'elle habitait une certaine poque,chaque soir une main invisible lui tirait les couvertures de son lit, ds qu'elle avait teint la lumire. Je latraitai d'imbcile, de pcore, d'idiote. Bientt aprs survint l'anne terrible. J'en sortis pour ma part avec la perte de la vue, et chose encore

    plus grave, avec les premires atteintes d'une paralysie gnrale. Ayant t tmoin des curesmerveilleuses que produisent les eaux d'Aulus, dans le traitement de certaines maladies, notamment

    quand il s'agit de rveiller l'nergie vitale, je m'y rendis vers le printemps de 1871, et je pus arrter leprogrs du mal. La puret de l'air des montagnes autant que l'action vivifiante des eaux me dtermina yfixer mon sjour. Je pus alors tudier de prs ces vacarmes nocturnes que je ne connaissais que par ou-dire.

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    Depuis la mort de l'ancien propritaire des sources, l'tablissement thermal tait presque chaque nuit lethtre de scnes de ce genre. Les gardiens n'osaient plus y coucher seuls. Parfois les baignoiresrsonnaient au milieu de la nuit comme si on les et frappes avec un marteau. Ouvrait-on les cabinesd'o partait le bruit, il cessait aussitt, mais recommenait dans une salle voisine. Quand les baignoiresrestaient en repos, on assistait d'autres manifestations non moins singulires. C'taient des coups frappssur les cloisons, les pas d'une personne qui se promenait dans la chambre du gardien, des objets lancscontre le parquet, etc. Mon premier mouvement, lorsqu'on me raconta cette histoire fut, comme toujours,

    l'incrdulit. Cependant, me trouvant en contact journalier avec les personnes qui avaient t tmoins deces scnes nocturnes, la conversation revenait assez souvent sur le mme sujet. Certaines particularitsfinirent par veiller mon attention. J'interrogeai le rgisseur et les gardiens de l'tablissement, les diverses

    personnes qui avaient pass la nuit dans les thermes, tous ceux, en un mot, qui, un titre quelconque,pouvaient me renseigner sur ces mystrieux vnements. Leurs rponses furent toutes identiques, et lesdtails qu'ils me donnrent taient tellement circonstancis que je me vis accul ce dilemme : les croireou supposer qu'ils taient fous. Or je ne pouvais taxer de folie une vingtaine d'honntes villageois vivant

    paisiblement mes cts, par l'unique motif qu'ils reprsentaient ce qu'ils avaient vu ou entendu, et queleurs dpositions taient unanimes. Ce rsultat inattendu me remit en mmoire des circonstances du mme genre qu'on m'avait relates d'autres poques. Connaissant les localits o ces phnomnes avaient eu lieu, ainsi que les personnes qui

    en furent tmoins, je procdai de nouvelles enqutes, et, l encore, je fus forc de me rendre l'vidence. Je compris alors que j'avais t aussi ridicule que ceux dont je m'tais si longtemps moqu, enniant des faits que je dclarais impossibles, parce qu'ils ne s'taient pas produits sous mes yeux, et que jene pouvais les expliquer. Cette dynamique posthume qui, en certains points, semble l'antithse de ladynamique ordinaire, me donna rflchir, et je commenai entrevoir que dans certains cas, d'ailleursassez rares, l'action de la personnalit humaine peut se continuer encore quelque temps aprs la cessationdes phnomnes de la vie. Les preuves que je possdais me paraissaient suffisantes pour convaincre lesesprits non prvenus. Toutefois, je ne m'en tins pas l, et j'en demandai de nouvelles aux crivains les plusaccrdits de divers pays. Je fis alors un choix parmi celles qui prsentaient tous les caractres d'uneauthenticit indiscutable, m'attachant de prfrence aux faits qui avaient t observs par un grandnombre de tmoins. Restait interprter ces faits, je veux dire les dbarrasser du merveilleux qui voile leur vritable

    physionomie, afin de les rattacher, comme tous les autres phnomnes de la nature, aux lois du temps etde l'espace. Tel est le principal objet de ce livre. Devant une tche si ardue, je ne saurais avoir la

    prtention de donner le dernier mot de l'nigme. Je me suis content de poser nettement le problme etd'indiquer quelques-uns des coefficients qui doivent entrer dans sa mise en quation. Mes continuateurstrouveront la solution dfinitive dans la voie que je leur ai trace..... L'ide philosophique du livre peutdonc se rsumer ainsi : faire entrer dans le cadre des lois du temps et de l'espace les phnomnes d'ordre

    posthume nis jusqu'ici par la science, parce qu'elle ne pouvait les expliquer, et affranchir les hommes denotre poque des nervantes hallucinations du spiritisme (pp. 5, 6, 7, 8, 9 et 11). Dans le premier chapitre, l'auteur recueille de premire source une srie du faits qui confirment l'existence

    posthume de la personnalit humaine : bruits insolites, rsonance de pas, frlement d'habits, dplacementd'objets, attouchements, apparition de mains et de fantmes, etc. Au commencement du deuximechapitre, l'auteur dit : L'existence de la personnalit posthume tant dmontre par des milliers de faitsobservs dans tous les sicles et chez tous les peuples, il reste rechercher sa nature et son origine. Elle

    procde videmment de la personnalit vivante, dont elle se prsente comme la continuation avec saforme, ses habitudes, ses prjugs, etc. ; examinons donc s'il ne se trouve pas dans l'homme un principequi, se dtachant du corps lorsque les forces vitales abandonnent ce dernier, continue encore pendantquelque temps l'action de l'individualit humaine. De nombreux faits dmontrent que ce principe existe, etqu'il se manifeste quelquefois pendant la vie, offrant en mme temps les caractres de la personnalitvivante et ceux de la personnalit posthume. Je vais en rapporter quelques-uns, puiss aux meilleuressources, et qui paraissent concluants (p. 4.7).

    Aprs avoir cit de remarquables faits d'apparition de personnes vivantes ou de ddoublement, l'auteurtermine ainsi ce chapitre : D'innombrables faits observs depuis l'antiquit jusqu' nos jours dmontrentdans notre tre l'existence d'une seconde personnalit, l'homme interne. L'analyse de ces diversesmanifestations nous a permis de pntrer sa nature. A l'extrieur, c'est l'image exacte de la personne dont

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    il est le complment. A l'intrieur, il reproduit le calque de tous les organes qui constituent la charpentedu corps humain. On le voit, en effet, se mouvoir, parler, prendre de la nourriture, remplir, en un mot,toutes les grandes fonctions de la vie animale. La tnuit extrme de ses molcules constitutives, quireprsentent le dernier terme de la matire organique, lui permet de passer travers les murs et lescloisons des appartements. De l le nom de fantme, par lequel il est gnralement dsign. Nanmoins,comme il est reli au corps d'o il mane par un rseau musculaire invisible, il peut, volont, attirer lui, par une sorte d'aspiration, la plus grande partie des forces vives qui animent ce dernier. On voit alors,

    par une inversion singulire, la vie se retirer du corps, qui ne prsente plus qu'une rigidit cadavrique, etse porter tout entire sur le fantme, qui prend de la consistance, au point de lutter quelquefois avec lespersonnes devant lesquelles il se manifeste. Ce n'est qu'exceptionnellement qu'il se montre du vivant des individus. Mais, ds que la mort a rompules liens qui le rattachent notre organisme, il se spare d'une manire dfinitive du corps humain etconstitue le fantme posthume (pp. 81 et, 82). Mais son existence est de courte dure. Son tissu se dsagrge facilement sous l'action des forces

    physiques, chimiques et atmosphriques qui l'assaillent sans relche, et rentre, molcules par molculesdans le milieu plantaire (p. 298). Voici le sommaire du chapitre IV : CARACTRE DE L'TRE POSTHUME. - SA CONSTITUTIONPHYSIQUE. - SON MODE DE LOCOMOTION. - SON AVERSION POUR LA LUMIRE. - SON

    VESTIAIRE. - SES MANIFESTATIONS. - SON RSERVOIR DE FORCE VIVE. - SA BALISTIQUE.- TOUT HOMME POSSDE SON IMAGE FLUIDIQUE. - LA VOYANTE DE PRVORST.Chapitre V : FLUIDE UNIVERSEL. - FLUIDE NERVEUX. - ANALOGIE ET DISSEMBLANCE DECES DEUX FLUIDES. - ANIMAUX LECTRIQUES. - PERSONNES LECTRIQUES. - PLANTESLECTRIQUES. - ACTION DU FLUIDE NERVEUX SUR LA PERSONNALIT INTERNE. Lefantme humain ne se rvle pas toujours d'une manire aussi nette que dans les exemples que j'ai cits. Il y a aussi, parfois, des manifestations obscures, de nature trs varie, qui en font une sorte de Protinsaisissable. Le mesmrisme reproduisant des manifestations analogues chez le somnambule, le mdium,l'extatique, etc., il est souvent difficile de dire si la cause premire de ces phnomnes doit tre rapporte la personnalit interne ou au fluide nerveux, ou bien encore l'action combine de ces deux agents.Dans un grand nombre de cas, leur liaison parat si intime qu'on est amen se demander si ce n'est pasdu second que le premier tire son origine et ses nergies (p. 117). Chapitre VI : L'THER MESMRIEN ET LA PERSONNALIT QU'IL ENGENDRE. - LESOMNAMBULE. - LE SOMNILOQUE. - LE VOYANT.Voici les conclusions de l'auteur : 1 Le somnambulisme, spontan chez quelques individus, est l'tat latent chez les autres. Dans cesderniers, on ne l'entrevoit qu'imparfaitement, mais il peut atteindre toute son ampleur sous l'influenced'une forte tension d'esprit, d'une commotion morale ou d'autres causes physiologiques. Cesmanifestations frquentes, mais incompltes, dans l'enfance, s'accusent mieux pendant la jeunesse, puisdiminuent avec l'ge et semblent s'teindre chez le vieillard. 2 Les choses extraordinaires qu'accomplit le somnambule, notamment dans le domaine intellectuel,

    accusent en lui l'existence d'une force active et intelligente, c'est--dire d'une personnalit interne. Cettepersonnalit semble compltement diffrente de la personnalit ordinaire et parat avoir pour sige lesganglions nerveux de la rgion pigastrique, ainsi qu'on l'a vu pour la somnambule cite par Burdach, etcomme nous le retrouverons d'une manire plus tranche et plus prcise dans d'autres manifestations dumesmrisme. On s'explique ainsi pourquoi le somnambule ne reconnat pas la voix des personnes qui luisont familires et ne conserve aucun souvenir de ce qu s'est pass pendant son sommeil. On se rendcompte de la mme manire de ce fait, qu'on n'a jamais observ en lui aucun acte immoral, comme si sonmystrieux guide tait affranchi des liens de l'animalit. 3 La personnalit qui apparat dans le somnambulisme rvle une intelligence gale, parfois mmesuprieure celle de la personnalit ordinaire. Mais, comme cette dernire, elle a aussi son quation

    personnelle, ses obscurits, ses dfaillances. Pour me contenter d'un exemple, je rappellerai ce

    somnambule, cit par Burdach, qui, aprs avoir mis ses bottes, montait califourchon sur une fentre, etdonnait de l'peron contre le mur pour faire avancer un coursier imaginaire. 4 Le somnambulisme est d un dgagement anormal du fluide nerveux ; plusieurs causes peuventamener ce rsultat : frayeur, grande tension d'esprit, exubrance de la jeunesse, etc., en un mot tout ce qui

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    tend rompre l'quilibre des fonctions physiologiques dont le systme nerveux est le sige. Lorsque lefluide est peu abondant, les effets du somnambulisme ne s'accusent que d'une faon obscure et paraissentse confondre avec ceux du rve. Mais ds qu'il se dgage en quantit convenable, on voit aussittapparatre la personnalit interne, et le somnambule offre alors les caractres d'un homme veill, car il aen lui un guide qui possde toutes les nergies de l'intelligence et du mouvement (pp. 149-151).

    Nous voil enfin au chapitre VII, qui traite spcialement du sujet qui nous intresse ; le sommaire en est :L'THER MESMRIEN ET LA PERSONNALIT QU'IL ENGENDRE (suite). - la TABLE

    TOURNANTE. - la TABLE PARLANTE. - le MDIUM.Voici comment l'auteur rattache les phnomnes du spiritisme sa thorie de l'tre fluidique : L'agentmystrieux qui mettait en branle les tables parlantes tait videmment le mme que celui qui animait lecrayon mobile du mdium, je veux dire la personnalit mesmrienne des assistants ou du mdium lui-mme. S'il diffrait dans ses modes d'action, cela tenait uniquement la nature des intermdiaires parlesquels il se manifestait. Il n'est pas, en effet, difficile de voir que le guridon n'est qu'un instrument

    passif, une sorte de syllabaire acoustique mis en action par le fluide de celui qui interroge. En d'autrestermes, c'est la personnalit mesmrienne de ce dernier qui remplit l'office de souffleur dans le dialoguetabulaire (p. 183). - On a souvent assimil le mdium un somnambule veill. Cette dfinition nous

    parat parfaitement juste. Ce sont les ples extrmes de la chane mesmrienne, deux modes d'actiondiffrents d'une mme cause, qui passent de l'un l'autre par degrs insensibles. On dirait une

    transformation de force analogue celle qu'on observe dans les fluides impondrables, chaleur, lumire,lectricit, magntisme, qui ne sont, comme on sait, que des manifestations diverses d'un mme agent,l'ther. On a vu des femmes tomber dans un sommeil magntique en faisant la chane autour d'une table ;des phnomnes lectriques d'attraction et de rpulsion se manifester chez des personnes qui se livraient la pratique du spiritisme ; des mdiums devenir somnambules, et vice versa parfois ces deux caractres se

    prsentent en mme temps, de sorte qu'il est difficile de dire si l'on a affaire un sujet veill ou endormi.Rien d'ailleurs, sauf la manire de procder, qui diffrencie le somniloque du mdium ; l'un parle, l'autrecrit, mais tous deux avouent qu'ils sont sous l'influence d'un inspirateur mystrieux qui dicte leursrponses. Interrog sur son origine et sa personnalit, ce souffleur invisible se donne tantt comme unesprit sans nationalit, tantt comme l'me d'un dfunt. Dans ce dernier cas, il se dit volontiers l'ami ou le proche du mdium, et il vient l'aider de ses conseils.Ici se place un des effets les plus surprenants du mesmrisme. Le personnage mystrieux, invit tracerquelques lignes par l'intermdiaire du crayon mobile ou de la main du mdium reproduit l'criture, leslocutions et jusqu'aux fautes d'orthographe qui taient familires l'ami ou au proche dont il se dit lereprsentant posthume. Un tel argument parat premire vue irrfutable, et c'est sur des faits de ce genrequ'on s'appuya pour fonder la thorie du spiritisme (p. 185-187). L'vocation des fantmes par le mdium est donc un mirage, mme lorsqu'ils revtent une formeoptique, comme cela a lieu pour certains mdiums privilgis. Ceux-ci n'en sont pas moins le jouet d'unehallucination, analogue celle des somnambules qui voient leur apparatre tous les fantmes qu'il plat aumagntiseur de leur montrer (p. 191). On le voit, chez le mdium comme chez le somnambule, c'est le mme principe qui agit, le fluide vital

    (fluide nerveux, ther mesmrien). Il obtient son summum d'nergie dans le premier, car c'est de lui-mme, je veux dire du centre de production, que celui-ci tire la force vive qui engendre les effetsmesmriens, tandis que le second, l'empruntant une source trangre, la reoit limite et amoindrie dansson action. Aussi le spiritisme reproduit-il, en les agrandissant encore, tous les prodiges du sommeilmagntique. Comme le somnambule, et mieux que le somnambule, le mdium, mme illettr, devient

    polyglotte, compose des posies, crit des discours suivant les rgles de l'art oratoire ; il devine lespenses de ceux qui sont auprs de lui, possde la facult de la vue distance, lit dans le pass et arriveparfois la prescience de l'avenir (p. 193). Quant aux auteurs allemands qui ont trait de cette question, il est inutile que j'en fasse ici mention.

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    CHAPITRE PREMIER - DES PHNOMNES DE MATRIALISATION

    Insuffisance, au point de vue des faits, de l'hypothse hallucinatoire mise par le Dr Hartmann

    La ressemblance entre la thorie de D'Assier et celle du Dr Hartmann saute aux yeux. La personnalitmesmrique du premier n'est autre chose que la conscience somnambule du dernier ; l'hypresthsie

    (surexcitation) de la mmoire, la transmission des penses, la clairvoyance, tels sont les points qui leursont communs. Pour ce qui est de la connaissance du sujet trait et du dveloppement systmatique de lathorie, l'ouvrage de D'Assier ne peut videmment pas tre compar au livre de M. Hartmann ; par contre,l'hypothse de D'Assier possde un avantage indiscutable sur celle de M. Hartmann, celui d'admettre laralit objective et indpendante, ft-ce temporellement, de la personnalit mesmrique ou fluidique ; celalui permet de donner une explication assez plausible de toute cette srie de phnomnes, dits mystiques,

    pour lesquels la thorie de M. Hartmann ne suffit plus.Il tait facile de trouver une rponse l'opinion de M. D'Assier, que les fantmes voqus par lemdium ne sont autre chose que des hallucinations, mme lorsqu'ils revtent une forme optique (p. 191). Ce n'tait qu'une erreur de logique de sa part, car, du moment o il admettait la ralit du fantmefluidique et le fait visible et tangible de son ddoublement , il ne pouvait plus, logiquement, parler

    d'hallucination. Il en est autrement pour la thorie du Dr Hartmann, qui nie l'existence de l'tre humainfluidique, comme l'appelle M. D'Assier. Il admet bien le fait de l'apparition, mais lui refuse une ralitobjective. Cette ralit doit tre dmontre autrement que par la voie des perceptions des sens del'homme, lesquels sont toujours sujets des illusions.C'est prcisment par ce ct que je commencerai mon tude critique des opinions du Dr Hartmann,attendu que nous divergeons compltement sur ce point, et, en outre, parce que de tous les problmes duspiritisme, c'est celui qui se prte le mieux la vrification au moyen d'expriences physiques, mmedans l'tat actuel de la question.Or j'affirme que les phnomnes qu'en spiritisme on dsigne habituellement sous le nom de matrialisations , ne sont pas des hallucinations, des produits de la fantaisie, privs de tout lment lesrendant perceptibles aux sens , comme le reprsente le Dr Hartmann, se basant sur les faits dont il a euconnaissance ; j'avance que ces phnomnes sont des productions doues d'une certaine matrialit

    passagre, ou bien, pour employer l'expression du Dr Hartmann, possdant des lments qui les rendentperceptibles aux sens. Le Dr Hartmann semble dispos admettre cette ralit, la condition qu'onfournisse l'appui des preuves suffisantes, lesquelles, dit-il, peuvent tre fournies seulement par la

    photographie, et la stricte condition que le mdium et l'apparition soient photographis simultanment.Dans sa conclusion , M. Hartmann est encore plus explicite et entre dans des dtails que je trouve utilede citer : Une question du plus haut intrt au point de vue thorique, c'est de savoir si un mdium a la facultnon seulement de provoquer l'hallucination visuelle d'une forme chez une autre personne, mais encore de

    produire cette forme comme quelque chose de rel, quoique consistant en une matire rarfie, dans le

    lieu objectivement rel, o se trouvent runis tous les exprimentateurs, et ceci, en dgageantpralablement de son propre organisme la matire ncessaire pour former l'image. Si les limitesinaccessibles de la sphre d'action d'un mdium taient connues, la ralit objective des phnomnes dematrialisation aurait pu tre tablie au moyen de procds mcaniques effet durable, obtenus au del dela sphre d'action du mdium. Mais, du moment que ce n'est pas ici le cas et que les images matrialisesne franchissent jamais les limites de la sphre d'action physique du mdium, il ne reste, parat-il, que ladmonstration photographique, pour prouver que l'image matrialise possde, dans l'espaceobjectivement rel, une surface capable de reflter la lumire. La condition indispensable d'une pareille preuve photographique, c'est, mon avis, que ni un

    photographe de profession ni le mdium ne soient admis approcher de l'appareil, de la chambre noire oude la plaque, afin d'carter tout soupon, soit d'une prparation antrieure de la chambre noire ou de la

    plaque (non encore recouverte de collodion), soit d'une manipulation ultrieure quelconque. A maconnaissance, ces mesures de prudence ne sont pas encore observes ; en tout cas, on nen fait pasmention dans les comptes rendus, ce qui prouve que les exprimentateurs n'en ont pas encore reconnul'importance. Et cependant, sans l'observation de ces mesures, les ngatifs sur lesquels apparaissent en

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    mme temps et le mdium et l'image ne fournissent pas la moindre preuve ; il va de soi que les preuvespositives tires sur papier, voire les reproductions mcaniques faites d'aprs ces plaques, peuvent encoremoins servir de tmoignage convaincant. Seul, un chercheur, inspirant une confiance absolue, quiapporterait la sance ses propres appareils et fournitures et qui oprerait en personne, pourrait obtenirune solution positive et convaincante de cet experimentum crucis ; aussi devrait-on toujours, autant que

    possible, chercher avoir le concours de pareilles personnes toute sance de matrialisation. A cet gard, je ne puis m'empcher de remarquer que ces prcautions auront beau tre strictement

    observes, jamais on n'arrivera carter toute espce de doute, car la valeur de l'exprience dpendratoujours de l'ascendant moral de l'exprimentateur, qui ne s'tend gnralement que sur le nombre limitde personnes qui le connaissent bien. On ne peut pas tracer de limites aux conjectures ou aux soupons.Ces expriences acquerraient toute leur porte alors seulement que les phnomnes mdiumniquesseraient plus rpandus et par consquent mieux apprcis qu'ils ne le sont actuellement. Ce qui se passe

    prsent dans le domaine de l'hypnotisme peut nous servir d'exemple.

    Matrialisation d'objets chappant la perception par les sens. Photographie transcendantaleIl y a deux genr