Apercus sur l'ésotérisme islamique et le taoïsme1.doc

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    RENEGUENON

    Avant-propos de Roger Maridort

    NRF

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    GALLIMARD

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    AVANT-PROPOS

    Dans lIslamisme, a crit Gunon, la tradition est dessence double,religieuse et mtaphysique ; on peut qualifier trs exactement dexotrique lect religieux de la doctrine, qui est en e!et le plus extrieur et celui qui est " la

    porte de tous, et dsotrisme son ct mtaphysique, qui en constitue le

    sens profond, et qui est dailleurs regard comme la doctrine de llite ; etcette distinction conser#e bien son sens propre ; puisque ce sont l" deux facesdune seule et m$me doctrine% &

    Il con#ient da'outer que, pour Gunon, lsotrisme est tou'ours et partout lem$me, quels que soient les noms quon lui donne sui#ant la #arit des pays etdes traditions% (i la connaissance #ritable de lultime )alit est lob'et final dela recherche sotrique, les mthodes utilises, bien que sou#ent analogues,ne sont pas forcment identiques ; elles peu#ent #arier comme #arient leslangues et les indi#idus% *a di#ersit des mthodes, nous cri#ait Gunon le +octobre -./, rpond " la di#ersit m$me des natures indi#iduelles pourlesquelles elles sont faites ; cest " la multiplicit des #oies conduisant

    toutes " un but unique% &Dans ce petit li#re, nous a#ons runi en chapitres un certain nombredarticles anciens relatifs au 01fisme 2Et-Taawwf3, c4est5"5dire " lsotrismeislamique% 6n compltera non seulement par quelques passages qui y fontallusion dans ses di!rents ou#rages, notamment dans Le Symbolisme de laCroix, mais aussi par deux articles reproduits dans les Symbolesfondamentaux 7 *es mystres de la lettre 81n & et (ayful5Islam &%

    8ous a#ons donn comme premier chapitre sur lEsotrisme islamique, parudans les Cahiers du Sud, bien quil soit postrieur aux autres pour la date de

    parution, parce que cest celui qui prcise le mieux les particularits delinitiation en Islam, en dfinissant les notions fondamentales de Taawwf 7Shariyah 9 Tarqah 9 aqqah ; la premire constituant la base exotriquefondamentale ncessaire ; la seconde la :oie et ses moyens ; la troisime le butou le rsultat final% Dans les autres chapitres, Gunon expose a#ec sa clartsynthtique habituelle ce quest le Tawhid et le !aqr, et donne des exemples desciences traditionnelles " propos de lnglologie de lalphabet arabe, de laq Ibr>h?m al5@olA>n? demandait un 'our " @ussein ibn Ban01r al5@all>' cequil pensait de lenseignement sotrique 2madhab al-b(tin3% l5@all>' luirponditl Duquel #eux5tu parler, du #rai ou du faux C 2b(tin al-b(til awb(tin al-aqq3% (il sagit de lsotrisme #rai, la #oie exotrique 2sharyah3est son aspect extrieur et celui qui la suit #raiment dcou#re son aspectintrieur qui nest autre que la connaissance dll>h 2marifah billah3 ; quant aufaux sotrisme, ses aspects extrieur et intrieur sont tous les deux plushorribles et dtestables lun que lautre% iens5ten donc " lcart% &

    Gunon dira semblablement 7 Euiconque se prsente comme instructeurspirituel sans se rattacher " une forme traditionnelle dtermine ou sans se

    conformer aux rgles tablies par celle5ci ne peut a#oir #ritablement la qualitquil sattribue ; ce peut $tre, sui#ant les cas, un #ulgaire imposteur ou un illusionn &, ignorant les conditions relles de lInitiation ; et dans ce dernier cas

    plus encore que dans lautre, il est fort " craindre quil ne soit trop sou#ent, endfiniti#e, rien de plus quun instrument au ser#ice de quelque chose quil ne

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    soup0onne peut5$tre pas lui5m$me% &

    "nitiation et ralisation s$irituelle ; chapitre sur :rais et faux instructeurs spirituels &, p% ..

    9 ./%

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    *e dernier chapitre est consacr au aoFsme et au confucianisme% Il montre quela di!rence entre lsotrisme et lexotrisme se rencontre galement dans lesformes non religieuses de la radition% t cest normal, puisquil sagit l", tant

    pour les rites que pour la perspecti#e, dune di!rence de nature et m$me denature profonde%

    Heaucoup plus ancien que La )rande Triade, le dernier li#re que Gunon aitpubli de son #i#ant, et o il a parl le plus de la ci#ilisation chinoise, cetarticle contient une rflexion finale qui ne manque pas dintr$t% Gunon ydclare en effet que quelles que soient les conditions cycliques qui pourrontentra?ner la disparition plus ou moins complte de laspect extrieur de latradition chinoise, lsotrisme de celle5ci, le aoFsme, ne mourra 'amais,

    parce que, dans sa nature essentielle, il est ternel, c4est5"5dire au5del" de lacondition temporelle%

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    CHAPITRE ILSOTRISMEISLAMIQUE

    De toutes les doctrines traditionnelles, 1 la doctrine islamique est peut-trecelle o est marque le plus nettement la distinction de deux partiescomplmentaires lune de lautre, que lon peut dsigner comme lexotrisme etlsotrisme. e sont, sui!ant la terminologie ara"e, es-shariyah, c#est-$-direlittralement la % grande route &, commune $ tous, et el- haqqah, c#est-$-direla % !rit & intrieure, rser!e $ llite, non en !ertu dune dcision plus oumoins ar"itraire, mais par la nature mme des c'oses, parce que tous neposs(dent pas les aptitudes ou les % quali)ications & requises pour par!enir $ saconnaissance. *n les compare sou!ent, pour exprimer leur caract(rerespecti!ement % extrieur & et % intrieur, $ l % corce & et au % no+au & el-qishr !a el-l"##, ou encore $ la circon)rence et $ son centre. a shariyah

    comprend tout ce que le langage occidental dsignerait comme proprement %religieux &, et notamment tout le c/t social et lgislati) qui, dans l0slam,sint(gre essentiellement $ la religion on pourrait dire quelle est a!ant toutr(gle daction, tandis que la haqqah est connaissance pure mais il doit tre"ien entendu que cest cette connaissance qui donne $ la shariyah mme sonsens suprieur et pro)ond et sa !raie raison dtre, de sorte que, "ien que tousceux qui participent $ la tradition nen soient pas conscients, elle en est!rita"lement le principe, comme le centre lest de la circon)rence.

    2ais ce nest pas tout on peut dire que lsotrisme comprend non seulementla haqqah, mais aussi les mo+ens destins $ + par!enir et lensem"le deces mo+ens est appel $arqah, % !oie & ou % sentier & conduisant de la

    shariyah !ers la haqqah. i nous reprenons limage s+m"olique de lacircon)rence, la $arqah sera reprsente par le ra+on allant de celle-ci aucentre et nous !o+ons alors ceci $ c'aque point de la circon)rencecorrespond un ra+on, et tous les ra+ons, qui sont aussi en multitude ind)inie,a"outissent galement au centre. *n peut dire que ces ra+ons sont autant de$%r%q adaptes aux tres qui sont % situs & aux dirents points de lacircon)rence, selon la di!ersit de leurs natures indi!iduelles cestpourquoi il est dit que % les !oies !ers Dieu sont aussi nom"reuses queles mes des 'ommes & e$-$%-r%q% ila &Llahi 'a-(%)*si #a(i A+a, ainsi,les % !oies & sont multiples, et dautant plus direntes entre elles quon lesen!isage plus pr(s de leur point de dpart sur la circon)rence, mais le "ut estun, car il n+ a quun seul centre et quune seule !rit. 7n toute rigueur, les

    dirences initiales seacent, a!ec l % indi!idualit & elle-mme el-i((iyah dea(a, % moi &, c#est-$-dire quand sont atteints les tats suprieurs de ltre etquand les attri"uts i).$ del-a#+, ou de la crature, qui ne sont proprementque des limitations, disparaissent el-)a(. ou l % extinction & pour ne laissersu"sister que ceux dAllah el-#aq. ou la % permanence, ltre tantidenti)i $ ceux-ci dans sa % personnalit & ou son % essence & e+h-+h.$.

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    1 Cahiers +% S%+, 1948, p. 153 : 154.

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    sotrisme, considr ainsi comme comprenant $ la )ois $arqah et haqqah,en tant que mo+ens et )in, est dsign en ara"e par le terme gnral e$-$aa!!%), quon ne peut traduire exactement que par % initiation & nousre!iendrons dailleurs sur ce point par la suite. es *ccidentaux ont )org le mot% nit est unique & e$-$a!h+% !.hi+%(. ?ource qui est de la dri!aiton de ces dsignations, elles !iennent !idemment dumot *) mais, au su@et de celui-ci, il + a lieu tout da"ord de remarquer ceci cest que personne ne peut @amais se dire *), si ce nest par pure ignorance,car il prou!e par l$ mme quil ne lest pas rellement, cette qualit tant

    ncessairement un % secret & sirr entre le !rita"le *) et Allah on peutseulement se dire ,%$aa!!%), terme qui sapplique $ quiconque est entrdans la % !oie & initiatique, $ quelque degr quil soit par!enu mais le *), au!rai sens de ce mot, est seulement celui qui a atteint le degr suprme. *n aprtendu assigner au mot *) lui-mme des origines )ort di!erses mais cettequestion, au point de !ue o lon se place le plus 'a"ituellement, est sans douteinsolu"le nous dirions !olontiers que ce mot a trop dt+mologies supposes, etni plus ni moins plausi"les les unes que les autres, pour en a!oir !rita"lementune en ralit, il )aut + !oir plut/t une dnomination purement s+m"olique,une sorte de % c'ire &, si lon !eut, qui, comme tel, na pas "esoin da!oir unedri!ation linguistique $ proprement parler et ce cas nest dailleurs pas unique,

    mais on pourrait en trou!er de compara"les dans dautres traditions. Auant auxsoi-disant t+mologies, ce ne sont au )ond que des similitudes p'ontiques, qui,du reste, sui!ant les lois dun certain s+m"olisme, correspondent eecti!ement$ des relations entre di!erses ides !enant ainsi se grouper plus ou moinsaccessoirement autour du mot dont il sagit mais ici, tant donn le caract(rede la langue ara"e caract(re qui lui est dailleurs commun a!ec la langue'"raBque, le sens premier et )ondamental doit tre donn par les nom"res et,en )ait, ce quil + a de particuli(rement remarqua"le, cest que par laddition des!aleurs numriques des lettres dont il est )orm, le mot *) a le mme nom"reque El-He/,ah el-ilahiyah, c#est-$-dire % la agesse di!ine &. e *) !rita"leest donc celui qui poss(de cette agesse, ou, en dautres termes, il est el-.ri)#i Llah, c#est-$-dire % celui qui connaCt par Dieu &, car 0l ne peut tre connu que

    par ui-mme et cest "ien l$ le degr suprme et% total & dans la connaissance de la haqqah.1

    1 Dans un ou!rage sur le Taa!!%), crit en ara"e, mais de tendances tr(s modernes,un auteur s+rien, qui nous connaCt dailleurs asse= peu pour nous a!oir pris pour un %orientaliste &, sest a!is de nous adresser une critique plut/t singuli(re a+ant lu, nousne sa!ons comment, e-*)iah au lieu *) numro spcial des Cahiers +% S%+ de1935 sur LIsla, e$ lO00i+e($, il sest imagin que notre calcul tait inxact !oulantensuite en )aire lui-mme un $ sa )a

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    quelquun qui a la prtention de traiter de ces questions, une telle ignorance dpasseles "ornes permisesGAuoi quil en soit, el-ha/, el-lahi et el-he/,ah el-ilahiyahdonnent "ien le mme sens au )ond mais la premi(re de ces deux expressions aun caract(re quelque peu insolite, tandis que la seconde, celle que nous a!ons indique,est au contraire tout $ )ait traditionnelle.

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    De tout ce qui prc(de, nous pou!ons tirer quelques consquencesimportantes, et tout da"ord celle-ci que le %

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    ressem"lances extrieures, dans lemploi de certaines expressions, sont sansdoute $ lorigine de cette mprise, mais elles ne sauraient aucunement la @usti)ieren prsence de dirences qui portent sur tout lessentiel. e m+sticismeappartient tout entier, par d)inition mme, au domaine religieux, donc rel(!epurement et simplement de lexotrisme et, en outre, le "ut !ers lequel il tend

    est assurment loin dtre de lordre de la connaissance pure. Dautre part, lem+stique, a+ant une attitude % passi!e & et se "ornant par consquent $rece!oir ce qui !ient $ lui en quelque sorte spontanment et sans aucuneinitiati!e de sa part, ne saurait

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    a!oir de mt'ode il ne peut donc pas + a!oir de $arqah m+stique, et unetelle c'ose est mme inconce!a"le, car elle est contradictoire au )ond. De plus, lem+stique, tant tou@ours un isol, et cela par le )ait mme du caract(re % passi) &de sa % ralisation &, na ni shei/h ou % maCtre spirituel & ce qui, "ienentendu, na a"solument rien de commun a!ec un% directeur de conscience & au sens religieux, ni silsilah ou % c'aCne & parlaquelle lui serait transmise une % in)luence spirituelle & nous emplo+ons cetteexpression pour rendre aussi exactement que possi"le la signi)ication du motara"e #ara/ah, la seconde de ces deux c'oses tant dailleurs une consquenceimmdiate de la premi(re. a transmission rguli(re de l % in)luence spirituelle &est ce qui caractrise essentiellement l % initiation &, et mme ce qui laconstitue proprement, et cest pourquoi nous a!ons emplo+ ce mot plus 'autpour traduire $aa!!%) lsotrisme islamique, comme du reste tout!rita"le sotrisme, est % initiatique & et ne peut tre autre c'ose et, sansmme entrer dans la question de la dirence des "uts, dirence qui rsultedailleurs de celle mme des deux domaines auxquels ils se r)(rent, nouspou!ons dire que la % !oie m+stique & et la % !oie initiatique & sont

    radicalement incompati"les en raison de leurs caract(res respecti)s. Kaut-ila@outer encore quil n+ a en ara"e aucun mot par lequel on puisse traduire mmeapproximati!ement celui de % m+sticisme &, tellement lide que celui-ciexprime reprsente quelque c'ose de compl(tement tranger $ la traditionislamique L

    a doctrine initiatique est, en son essence, purement mtap'+sique au sens!rita"le et original de ce mot mais, dans l0slam comme dans les autres)ormes traditionnelles, elle comporte en outre, $ titre dapplications plus oumoins directes $ di!ers domaines contingents, tout un ensem"le complexede % sciences traditionnelles & et ces sciences tant comme suspendues auxprincipes mtap'+siques dont elles dpendent et dri!ent enti(rement, et tirant

    dailleurs de ce rattac'ement et des % transpositions & quil permet toute leur!aleur relle, sont par l$, "ien qu$ un rang secondaire et su"ordonn, partieintgrante de la doctrine elle-mme et non point des ad@onctions plus ou moinsarti)icielles ou super)lues. 0l + a l$ quelque c'ose qui sem"le particuli(rementdiicile $ comprendre pour les *ccidentaux, sans doute parce quils ne peu!enttrou!er c'e= eux aucun point de comparaison $ cet gard il + a eu cependantdes sciences analogues en *ccident, dans lantiquit et au 2o+en Mge, mais cesont l$ des c'oses enti(rement ou"lies des modernes, qui en ignorent la !raienature et sou!ent nen con

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    prcurseurs de la c'imie moderne, si peu )latteuse que soit pour celle-ciune telle origine. De mme, lastrologie, autre science cosmologique, esten ralit tout autre c'ose que l % art di!inatoire & ou la % sciencecon@ecturale & que !eulent + !oir uniquement les modernes elle se rapportea!ant tout $ la connaissance des % lois c+cliques &, qui @oue un r/leimportant dans toutes les doctrines traditionnelles. 0l + a dailleurs une certaine

    correspondance entre toutes ces sciences qui, par le )ait quelles proc(dentessentiellement des mmes principes, sont, $ certain point de !ue, comme desreprsentations direntes

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    dune seule et mme c'ose ainsi, lastrologie, lalc'imie et mme la sciencedes lettres ne )ont pour ainsi dire que traduire les mmes !rits dans leslangages propres $ dirents ordres de ralit, unis entre eux par la loi delanalogie uni!erselle, )ondement de toute correspondance s+m"olique et, en!ertu de cette mme analogie, ces sciences trou!ent, par une transpositionapproprie, leur application dans le domaine du % microcosme & aussi "ien quedans celui du % macrocosme &, car le processus initiatique reproduit, danstoutes ses p'ases, le processus cosmologique lui-mme. 0l )aut dailleurs, poura!oir la pleine conscience de toutes ces corrlations, tre par!enu $ un degrtr(s le! de la 'irarc'ie initiatique, degr qui se dsigne comme celui du %sou)re rouge & el-'e#r$ al ah,ar et celui qui poss(de ce degr peut, parla science appele si,i. mot quil ne )aut pas con)ondre a!ec 'i,i., enoprant certaines mutations sur les lettres et les nom"res, agir les tres et lesc'oses qui correspondent $ ceux-ci dans lordre cosmique. e 1a)r, qui,sui!ant la tradition, doit son origine $ e+idn Mli lui-mme, est uneapplication de ces mmes sciences $ la pr!ision des !nements )uturs etcette application o inter!iennent naturellement les % lois c+cliques & auxquelles

    nous )aisions allusion tout $ l'eure, prsente, pour qui sait la comprendre etlinterprter car il + a l$ comme une sorte de% cr+ptograp'ie &, ce qui nest dailleurs pas plus tonnant au )ond quela notation alg"rique, toute la rigueur dune science exacte et mat'matique.*n pourrait citer "ien dautres % sciences traditionnelles & dont certainessem"leraient peut tre encore plus tranges $ ceux qui nont point l'a"itudede ces c'oses mais il )aut nous "orner, et nous ne pourrions insister da!antagel$-dessus sans sortir du cadre de cet expos o nous de!ons )orcment nous entenir aux gnralits.

    7n)in, nous de!ons a@outer une derni(re o"ser!ation dont limportance estcapitale pour "ien comprendre le !rita"le caract(re de la doctrine initiatique

    cest que celle-ci nest point aaire d % rudition & et ne saurait aucunementsapprendre par la lecture des li!res $ la )a

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    CHAPITRE IILCORCEETLENO5AU6ELQISHR7AEL-LO889

    e titre,1 qui est celui dun des nom"reux traits de e+idi 2o'+iddin i"n Mra"i,exprime sous une )orme s+m"olique les rapports de lexotrisme et delsotrisme, compars respecti!ement $ len!eloppe dun )ruit et $ sapartie intrieure, pulpe ou amande. J

    en!eloppe ou lcorce el-qishr cest la shariy.h, c#est-$-dire la loi religieuseextrieure,qui sadresse $ tous et qui est )aite pour tre sui!ie par tous, comme lindiquedailleurs le sens de % grande route & qui sattac'e $ la dri!ation de son nom. eno+au el-l"##, cest la haqqah, c#est-$-dire la !rit ou la ralit essentielle,qui au contraire de la shariyah, nest pas $ la porte de tous, mais est rser!e$ ceux qui sa!ent la dcou!rir sous les apparences et latteindre $ tra!ers les

    )ormes extrieures qui la recou!rent, la protgeant et la dissimulant tout $ la)ois.3

    Dans un autre s+m"olisme, shariyah et haqqah sont aussi dsignesrespecti!ement comme le % corps & el-1is, et la % moelle & el-,%/h, 4

    dont les rapports sont exactement les mmes que ceux de lcorce et duno+au et sans doute trou!erait-on encore dautres s+m"oles qui!alent $ceux-l$.

    e dont il sagit, sous quelque dsignation que ce soit, cest tou@ours l %extrieur & e4- 4.her et l % intrieur & el-#.$e(, c#est-$-dire lapparent etle cac', qui dailleurs sont tels par leur nature mme, et non pas parleet de con!entions quelconques ou de prcautions prises arti)iciellement,

    sinon ar"itrairement, par les dtenteurs de la doctrine traditionnelle. et %extrieur & et cet % intrieur & sont )igurs par la circon)rence et son centre,ce qui peut tre considr comme la coupe mme du )ruit !oqu par les+m"olisme prcdent, en mme temps que nous sommes ainsi ramen dautrepart $ limage, commune $ toutes les traditions, de la % roue des c'oses &. 7neet, si lon en!isage les deux termes dont il sagit au sens uni!ersel, et sans selimiter $ lapplication qui en est )aite le plus 'a"ituellement $ une )ormetraditionnelle particuli(re, on peut dire que la shariyah, la% grande route & parcourue par tous les tres, nest pas autre c'ose que ce quela tradition extrme-orientale appelle le % courant des )ormes & tandis que lahaqqah, la !rit une et immua"le, rside dans l % in!aria"le milieu &.5 ?our

    passer de lune $ lautre, donc de la circon)rence au centre, il )aut sui!reun des ra+ons cest la $arqah, c#est-$-dire le% sentier &, la !oie troite qui nest sui!ie que par un petitnom"re.6

    1 e Ooile d0sis, mars 1931, p.145 : 15H.J ignalons incidemment que le s+m"ole du )ruit a un rapport a!ec l % Pu) du 2onde &, ainsiqua!ec le cQur.3 *n pourra remarquer que le r/le des )ormes extrieures est en rapport a!ec le dou"lesens du mot

    % r!lation &, puisquelles mani)estent et !oilent en mme temps la doctrine essentielle, la !ritune, comme la parole le )ait dailleurs in!ita"lement pour la pense quelle exprime et ce qui est!rai de la parole, $ cet gard,lest aussi de tout autre expression )ormelle.4 *n se rappellera ici la % su"stantiRque moelle & de Sa"elais, qui reprsente aussi unesigniRcation intrieure et cac'e.

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    5 0l est $ remarquer, $ propos de la tradition extrme-orientale, quon + trou!e des qui!alentstr(s nets de ces deux termes, non comme deux aspects exotrique et sotrique dune mmedoctrine, mais comme deuxenseignements spars, du moins depuis lpoque de on)ucius et de ao-tseu on peut dire ene))et, en toute rigueur, que le on)ucianisme correspond $ la shariyah et le NaoBsme $ la haqqah.6 es mots shariyah et $arqah contiennent lun et lautre lide de % c'eminement & donc de

    mou!ement et il )aut noter le s+m"olisme du mou!ement circulaire pour la premi(re et dumou!ement rectiligne pour laseconde il + a en eet c'angement et multiplicit dans les deux cas, la premi(re de!antsadapter $ la di!ersit des conditions extrieures, la seconde $ celle des natures indi!iduelles seul, ltre qui a atteint eecti!ement lahaqqah participe par l$ mme de son unit et de son immuta"ilit.

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    0l + a dailleurs une multitude de $%r%q, qui sont tous les ra+ons de lacircon)rence pris dans le sens centrip(te, puisquil sagit de partir de lamultiplicit du mani)est pour aller $ lunit principielle c'aque $arqah,partant dun certain point de la circon)rence, est particuli(rement approprieaux tres qui se trou!ent en ce point mais toutes, quel que soit leur point de

    dpart, tendent pareillement !ers un point unique,1

    toutes a"outissent aucentre et ram(nent ainsi les tres qui les sui!ent $ lessentielle simplicitde l % tat primordial &.

    es tres, en eet, d(s lors quils se trou!ent actuellement dans la multiplicit,sont )orcs de partir de l$ pour quelque ralisation que ce soit mais cettemultiplicit est en mme temps, pour la plupart dentre eux, lo"stacle qui lesarrte et les retient les apparences di!erses et c'angeantes les empc'ent de!oir la !raie ralit, si lon peut dire, comme len!eloppe du )ruit empc'e de!oir son intrieur et celui-ci ne peut tre atteint que par ceux qui sontcapa"les de percer len!eloppe, c#est-$-dire de !oir le ?rincipe $ tra!ers lamani)estation, et mme de ne !oir que lui en toutes c'oses, car la mani)estation

    elle-mme tout enti(re nen est plus alors quun ensem"le dexpressionss+m"oliques. application de ceci $ lexotrisme et $ lsotrisme entendus dansleur sens ordinaire, c#est-$-dire en tant quaspects dune doctrine traditionnelle,est )acile $ )aire l$ aussi, les )ormes extrieures cac'ent la !rit pro)ondeaux +eux du !ulgaire, alors quelles la )ont au contraire apparaCtre $ ceux dellite, pour qui ce qui est un o"stacle ou une limitation pour les autresde!ient ainsi un point dappui et un mo+en de ralisation. 0l )aut "iencomprendre que cette dirence rsulte directement et ncessairement de lanature mme des tres, des possi"ilits et des aptitudes que c'acun porte enlui-mme, si "ien que le c/t exotrique de la doctrine @oue tou@ours ainsiexactement le r/le quil doit @ouer pour c'acun, donnant $ ceux qui ne peu!entaller plus loin tout ce quil leur est possi"le de rece!oir dans leur tat actuel, et

    )ournissant en mme temps $ ceux qui le dpassent les % supports &, qui sanstre @amais dune stricte ncessit, puisque contingents, peu!ent cependant lesaider grandement $ a!ancer dans la !oie intrieure, et sans lesquels lesdiicults seraient telles, dans certains cas, quelles qui!audraient en )ait $ une!rita"le impossi"ilit.

    *n doit remarquer, $ cet gard, que, pour le plus grand nom"re des 'ommes, quisen tiennent in!ita"lement $ la loi extrieure, celle-ci prend un caract(re quiest moins celui dune limite que celui dun guide cest tou@ours un lien, maisun lien qui les empc'e de sgarer ou de se perdre sans cette loi qui lesassu@ettit $ parcourir une route dtermine, non seulement ils natteindraientpas da!antage le centre, mais ils risqueraient de sen loigner ind)iniment,

    tandis que le mou!ement circulaire les en maintient tout au moins $ unedistance constante.J ?ar l$, ceux qui ne peu!ent contempler directement lalumi(re en re

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    J M@outons que cette loi doit tre regarde normalement comme une application ou unespci)ication 'umaine de la loi cosmique elle-mme, qui relie pareillement toute lamani)estation au ?rincipe, ainsique nous la!ons expliqu ailleurs $ propos de la signi)ication de la % loi de 2anu &dans la doctrine'indoue.

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    circon)rence, sera aranc'i de la rotation ind)inie de celle-ci et naura qu$sui!re ce ra+on pour aller !ers le centre ce ra+on est la $arqah parlaquelle, parti de la shariyah, il par!iendra $ la haqqah. 0l )aut dailleursprciser que, d(s que len!eloppe a t pntre, on se trou!e dans le domainede lsotrisme, cette pntration tant, dans la situation de ltre par rapport $len!eloppe elle-mme, une sorte de retournement en quoi consiste le passage

    de lextrieur $ lintrieur cest mme plus proprement, en un sens, $ la$arqah que con!ient cette dsignation dsotrisme, car, $ !rai dire, la haqqahest au-del$ de la distinction de lexotrisme et de lsotrisme, qui impliquecomparaison et corrlation le centre apparaCt "ien comme le point le plusintrieur de tous, mais, d(s quon + est par!enu, il ne peut plus tre questiondextrieur ni dintrieur, toute distinction contingente disparaissant alors en sersol!ant dans lunit principielle. est pourquoi Allah, de mme quil est le %?remier et le Dernier & El-A!!al !a El-A/her,1 est aussi % l7xtrieur etl0ntrieur & El-:.her !a El-8.$e(,J car rien de ce qui est ne saurait tre 'orsde ui, et en ui seul est contenue toute ralit, parce qu0l est ui-mme laSalit a"solue, la Orit totale H"e El-Haqq.

    2ers, ; ramadn 1349 T.

    1 #est-$-dire comme dans le s+m"ole de lal;ha et de la, le

    ?rincipe et la Kin.J *n pourrait aussi traduire par l % 7!ident & par rapport $ la mani)estation et le %ac' & en oi- mme, ce qui correspond encore aux deux points de !ue de lashariyah dordre social et religieux et de la haqqah dordre purement intellectuel etmtap'+sique, quoique cette derni(re puisse aussi tre dite au-del$ de tous les points

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    de !ue, comme les comprenant tous s+nt'tiquement en elle-mme.

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    CHAPITRE IIIET-TA7HID

    a doctrine de lunit, 1 c#est-$-dire lairmation que le ?rincipe de touteexistence est essentiellement >n, est un point )ondamental commun $ toutes lestraditions ort'odoxes, et nous pou!ons mme dire que cest sur ce point que leuridentit de )ond apparaCt le plus nettement, se traduisant @usque dans lexpressionmme. 7n eet, lorsquil sagit de l>nit, toute di!ersit seace, et ce nestque lorsquon descend !ers la multiplicit que les dirences de )ormesapparaissent, les modes dexpression tant alors multiples eux-mmes comme ce$ quoi ils se rapportent, et suscepti"les de !arier ind)iniment pour sadapter auxcirconstances de temps et de lieux. 2ais % la doctrine de l>nit est unique &sui!ant la )ormule ara"e E$-Ta!h+% !.hi+%(, c#est-$-dire quelle est partoutet tou@ours la mme, in!aria"le comme le ?rincipe, indpendante de la

    multiplicit et du c'angement qui ne peu!ent aecter que les applicationsdordre contingent.

    Mussi pou!ons-nous dire que, contrairement $ lopinion courante, il n+ a @amaiseu nulle part aucune doctrine rellement % pol+t'iste &, c#est-$-dire admettantune pluralit de principes a"solue et irrducti"le. e % pluralisme & nestpossi"le que comme une d!iation rsultant de lignorance et delincompr'ension des masses, de leur tendance $ sattac'er exclusi!ement $ lamultiplicit du mani)est de l$ l % idoltrie & sous toutes ses )ormes, naissantde la con)usion du s+m"ole en lui-mme a!ec ce quil est destin $ exprimer, etla personni)ication des attri"uts di!ins considrs comme autant dtresindpendants, ce qui est la seule origine possi"le dun % pol+t'isme & de )ait.

    ette tendance !a dailleurs en saccentuant $ mesure quon a!ance dans led!eloppement dun c+cle de mani)estation, parce que ce d!eloppement lui-mme est une descente dans la multiplicit, et en raison de lo"scurationspirituelle qui laccompagne in!ita"lement. est pourquoi les )ormestraditionnelles les plus rcentes sont celles qui doi!ent noncer de la )anicit et, en )ait, cetteairmation nest exprime nulle part aussi explicitement et a!ec autantdinsistance que dans l0slamisme o elle sem"le mme, si lon peut dire,a"sor"er en elle toute autre airmation.

    a seule dirence entre les doctrines traditionnelles, $ cet gard est celle quenous !enons dindiquer lairmation de l>nit est partout, mais, $ lorigine, ellena!ait pas mme "esoin dtre )ormule expressment pour apparaCtre commela plus !idente de toutes les !rits, car les 'ommes taient alors trop pr(s du?rincipe pour la mconnaCtre ou la perdre de !ue. 2aintenant au contraire, onpeut dire que la plupart dentre eux, engags tout entiers dans la multiplicit, eta+ant perdu la connaissance intuiti!e des !rits dordre suprieur, nepar!iennent qua!ec peine $ la compr'ension de l>nit et cest pourquoi ilde!ient peu $ peu ncessaire, au cours de l'istoire de l'umanit terrestre, de)ormuler cette airmation de l>nit $ maintes reprises et de plus en plusnettement, nous pourrions dire de plus en plus nergiquement.

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    1 Le ?"ile +Isis2@uillet 193H, p. 51J : 516.

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    i nous considrons ltat actuel des c'oses, nous !o+ons que cetteairmation est en quelque sorte plus en!eloppe dans certaines )ormestraditionnelles, quelle en constitue mme par)ois comme le c/t sotrique, enprenant ce mot dans son sens le plus large, tandis que dans dautres, elleapparaCt $ tous les regards, si "ien quon en arri!e $ ne plus !oir quelle,

    quoiquil + ait assurment, l$ aussi, "ien dautres c'oses, mais qui ne sont plusque secondaires !is-$-!is de celle-l$. e dernier cas est celui del0slamisme, mme exotrique lsotrisme ne )ait ici quexpliquer etd!elopper tout ce qui est contenu dans cette airmation et toutes lesconsquences qui en dri!ent, et, sil le )ait en termes sou!ent identiques $ ceuxque nous rencontrons dans dautres traditions, telles que le Odnta et le

    NaoBsme, il n+ a pas lieu de sen tonner, ni de !oir l$ leet demprunts qui sont'istoriquement contesta"les il en est ainsi simplement parce que la !rit estune, et parce que, dans cet ordre principiel, comme nous le disions au d"ut,l>nit se traduit ncessairement @usque dans lexpression elle-mme.

    Dautre part, il est $ remarquer, tou@ours en en!isageant les c'oses dans leur tat

    prsent, que les peuples occidentaux et plus spcialement les peuples nordiques,sont ceux qui sem"lent prou!er le plus de diicults $ comprendre la doctrine del>nit, en mme temps quils sont plus engags que tous les autres dans lec'angement et la multiplicit. es deux c'oses !ont !idemment ensem"le etpeut-tre + a-t-il l$ quelque c'ose qui tient, au moins en partie, aux conditionsdexistence de ces peuples question de temprament, mais aussi question declimat, lun tant dailleurs )onction de lautre, au moins @usqu$ un certain point.Dans les pa+s du Ford, en eet, o la lumi(re solaire est )ai"le et sou!ent !oile,toutes c'oses apparaissent aux regards a!ec une gale !aleur, si lon peut dire,et dune )an Allah% Aha+, qui est l7tre ncessaire, elui quiseul e suit $ ui-mme dans on a"solue plnitude Allah% Es-Sa,a+,et de qui dpendent enti(rement lexistence et la su"sistance de toutes c'oses,qui 'ors de ui ne seraient que nant.

    e % monot'isme &, si lon peut emplo+er ce mot pour traduire E$-Ta!h+,"ien quil en restreigne quelque peu la signi)ication en )aisant penser presquein!ita"lement $ un point de !ue exclusi!ement religieux, le % monot'isme&, disons-nous, a donc un caract(re essentiellement % solaire &. 0l nest nullepart plus % sensi"le & que dans le dsert o la di!ersit des c'oses est rduite$ son minimum, et o, en mme temps, les mirages )ont apparaCtre tout ce quadillusoire le monde mani)est. $, le ra+onnement solaire produit les c'oses etles dtruit tour $ tour ou plut/t, car il est inexact de dire quil les dtruit, il lestrans)orme et les rsor"e apr(s les a!oir mani)estes. *n ne pourrait trou!er uneimage plus !raie de l>nit se dplo+ant extrieurement dans la multiplicit sanscesser dtre elle-mme et sans en tre aecte, puis ramenant $ elle,tou@ours selon les apparences, cette multiplicit qui, en ralit, nen est @amaissortie, car il ne saurait rien + a!oir en de'ors du ?rincipe, auquel on ne peut riena@outer et duquel on ne peut rien retranc'er, parce qu0l est lindi!isi"le totalitde l7xistence unique. Dans la lumi(re intense des pa+s d*rient, il suit de !oir

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    pour comprendre ces c'oses, pour en saisir immdiatement la !rit pro)onde et surtout il sem"le impossi"le de ne pas les comprendre ainsi dans le dsert, ole soleil trace les Foms di!ins en lettres de )eu dans le ciel.

    Ue"el e+idna 2ousa, J3 s'aVal

    134; T. 2esr, e+idna 7l-Tussein, 1Hmo'arram 1349 T. anni!ersaire de la

    "ataille de Wer"ala.

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    CHAPITRE IV : El-Faqru

    tre contingent peut tre d)ini comme celui qui na pas en lui-mme sa raisonsuisante un tel tre, par consquent, nest rien par lui-mme, et rien de cequil est ne lui appartient en propre.1Nel est le cas de ltre 'umain, en tantquindi!idu, ainsi que de tous les tres mani)ests, en quelque tat que ce soit,car, quelle que soit la dirence entre les degrs de l7xistence uni!erselle, elleest tou@ours nulle au regard du ?rincipe. es tres, 'umains ou autres, sont donc,en tout ce quils sont, dans une dpendance compl(te !is-$-!is du ?rincipe% 'ors duquel il n+ a rien, a"solument rien qui existe & J cest dans laconscience de cette dpendance que consiste proprement ce que plusieurstraditions dsignent comme la% pau!ret spirituelle &. 7n mme temps, pour ltre qui est par!enu $ cetteconscience, celle-ci a pour consquence immdiate le dtac'ement $ lgardde toutes les c'oses

    mani)estes, car il sait d(s lors que ces c'oses aussi ne sont rien, que leurimportance est rigoureusement nulle par rapport $ la Salit a"solue. edtac'ement, dans le cas de ltre'umain, implique essentiellement et a!ant tout lindirence $ lgard des )ruitsde laction, telle que lenseigne notamment la 8ha>a@a+-G$., indirence parlaquelle ltre c'appe $lenc'aCnement ind)ini des consquences de cette action cest l % actionsans dsir &(ish/.,a 'ar,a, tandis que l % action a!ec dsir & sa/.,a 'ar,aest laction accomplie en !ue de ses )ruits.

    ?ar l$, ltre sort donc de la multiplicit il c'appe, sui!ant les expressionsemplo+es par la doctrine taoBste, aux !icissitudes du % courant des )ormes &,$ lalternance des tats de% !ie & et de % mort &, de % condensation &et de % dissipation &, 3

    passant de la circon)rence de la % roue cosmique & $ son centre, qui estdsign lui-mme comme % le!ide le non-mani)est qui unit les ra+ons et en )ait une roue &.4 % elui qui estarri! au maximum du !ide, dit aussi ao-tseu, celui-l$ sera )ix solidementdans le reposGSetourner$ sa racine c#est-$-dire au ?rincipe $ la )ois origine premi(re et )in derni(rede tous les tres, cest entrer dans ltat de repos &.5 % a paix dans le !ide,dit ie-tseu, est un tat ind)inissa"le on ne la prend ni ne la donne on arri!e$ s+ ta"lir &.6 ette % paix dans le !ide &, cest la % grande paix & Es-Sa/(ahde lsotrisme musulman,8 qui est en mme la % prsence di!ine & au centre deltre, implique par lunion a!ec le ?rincipe, qui ne peut eecti!ement soprerquen ce centre mme. % M celui qui demeure dans le non-mani)est,tous les tres se mani)estentG>ni au ?rincipe, il est en 'armonie, par lui, a!ectous les tres. >ni au ?rincipe, il connaCt tout par les raisons gnralessuprieures, et nuse plus, par consquent, de ses di!ers sens, pour connaCtreen particulier et en dtails. a !raie raison des c'oses est in!isi"le,insaisissa"le, ind)inissa"le, indtermina"le. eul, lesprit rta"li dans ltat desimplicit par)aite peut latteindre dans la contemplation pro)onde &.;

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    1 Le ?"ile +Isis, octo"re 193H, p. 814 : 8J1.J 2o'+iddin i"n Mra"i, Ris.la$%l-Aha+iyah.3 Mristote, dans un sens sem"la"le, dit % gnration & et % corruption &.4 Ta"-$e-'i(>, X05 Ta"-$e-'i(>, XO06 Lie-$se%, 0.8 Ooir le c'apitre sur La G%erre e$ la Pai dans Le Sy,#"lis,e +e la Cr"i.; Lie-$se%, 0O.

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    a % simplicit &, expression de luni)ication de toutes les puissances de ltre,caractrise le retour $ l % tat primordial & et lon !oit ici toute la direncequi spare la connaissance transcendante du sage, du sa!oir ordinaire et %pro)ane &. ette % simplicit &, cest aussi ce qui est dsign ailleurs commeltat d % en)ance & en sanscrit #.lya, entendu naturellement au sens

    spirituel, et qui, dans la doctrine 'indoue, est considr comme une conditionprala"le pour lacquisition de la connaissance par excellence. eci rappelle lesparoles similaires qui se trou!ent dans l7!angile % Auiconque ne rece!ra pointle So+aume de Dieu comme un en)ant, n+ entrera point. &1 % Nandis que !ousa!e= cac' ces c'oses aux sa!ants et aux prudents, !ous les a!e= r!les auxsimples et aux petits &.J

    % implicit & et % petitesse & sont ici, au )ond, des qui!alents de la %pau!ret &, dont il est si sou!ent question aussi dans l7!angile, et quoncomprend gnralement )ort mal % Yien'eureux les pau!res en esprit, car le So+aume des ieux leurappartient. &3 ette

    % pau!ret & en ara"e El-)aqr% conduit, sui!ant lsotrisme musulman, $ El-)a(., c#est- $-dire $ l % extinction & du % moi & 4 et, par cette % extinction &,on atteint la % station di!ine & El-,aq.,%l-ilahi, qui est le point central otoutes les distinctions in'rentes aux points de !ue extrieurs sont dpasses,o toutes les oppositions ont disparu et sont rsolues dans un par)ait quili"re. %Dans ltat primordial, ces oppositions nexistaient pas. Noutes sont dri!es dela di!ersi)ication des tres in'rente $ la mani)estation contingente commeelle, et de leurs contacts causs par la giration uni!erselle c#est-$-dire parla rotation de la % roue cosmique & autour de son axe. 7lles cessent dem"ledaecter ltre qui a rduit son moi distinct et son mou!ement particulier $presque rien. &5 ette rduction du % moi distinct &, qui )inalement disparaCt en sersor"ant en un point unique, est la mme c'ose quEl-)a(., et aussi que le %

    !ide & dont il a t question plus 'aut il est dailleurs !ident, dapr(s les+m"olisme de la roue, que le % mou!ement & dun tre est dautant plus rduitque cet tre est plus rapproc' du centre. % et tre nentre plus en con)lita!ec aucun tre, parce quil est ta"li dans lin)ini, eac dans lind)ini.6 0l estpar!enu et se tient au point de dpart des trans)ormations, point neutre oil n+ a pas de con)lits. ?ar concentration de sa nature, par alimentation deson esprit !ital, par rassem"lement de toutes ses puissances, il sest uni auprincipe de toutes les gen(ses. a nature tant enti(re totalises+nt'tiquement dans lunit principielle, son esprit !ital tant intact, aucuntre ne saurait lentamer. &8

    1 L%0, XO000, 18.J Ma$$hie%, X0, J5 L%0, X, J1.3 Ma$$hie%, O, J4 ette % extinction & nest pas sans analogie, mme quant au sens littral du termequi la dsigne, a!ec le Nir@.(a de la doctrine 'indoue au-del$ dEl-)a(. il + aencore Fa(. el-)a(.i,

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    J;

    l % extinction de lextinction & qui correspond de mme au Pari(ir@.(a.5 T0h"%a(>-$se%, X0X.6 a premi(re de ces deux expressions se rapporte $ la % personnalit & et laseconde $ l% indi!idualit &.8 I#i+B a derni(re p'rase se rapporte encore aux conditions de l % tat primordial & cest ce que la tradition @udo-c'rtienne dsigne comme limmortalit de l'ommea!ant la % c'ute &, immortalitrecou!re par celui qui, re!enu au % entre du 2onde &, salimente $ l % Mr"re de Oie &.

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    a % simplicit & dont il a t question plus 'aut correspond $ lunit % sansdimension & du point primordial, auquel a"outit le mou!ement de retour!ers lorigine. % 'omme a"solument simple )lc'it par sa simplicit tous lestres,Gsi "ien que rien ne soppose $ lui dans les six rgions de lespace, querien ne lui est 'ostile, que le )eu et leau ne le "lesse pas. &1 7n eet, il se tient

    au centre, dont les six directions sont issues par ra+onnement, et o elles!iennent, dans le mou!ement de retour, se neutraliser deux $ deux, de sorteque, en ce point unique, leur triple opposition cesse enti(rement, et que rien dece qui en rsulte ou s+ localise ne peut atteindre ltre qui demeure dans lunitimmua"le. elui-ci ne sopposant $ rien, rien non plus ne saurait sopposer $lui, car lopposition est ncessairement une relation rciproque, qui exige deuxtermes en prsence, et qui, par consquent, est incompati"le a!ec lunitprincipielle et l'ostilit, qui nest quune suite ou une mani)estation extrieurede lopposition, ne peut exister $ lgard dun tre qui est en de'ors et au-del$ detoute opposition. e )eu et leau, qui sont le t+pe des contraires dans le% monde lmentaire &, ne peu!ent le "lesser, car, $ !rai dire, ils nexistentmme plus pour lui en tant que contraires, tant rentrs, en squili"rant et se

    neutralisant lun lautre par la runion de leurs qualits apparemment opposes,mais rellement complmentaires, dans lindirenciation de lt'er primordial.

    e point central, par lequel sta"lit, pour ltre 'umain, la communicationa!ec les tats suprieurs ou % clestes &, est aussi la % porte troite & dus+m"olisme !anglique, et lon peut d(s lors comprendre ce que sont les %ric'es & qui ne peu!ent qui ne peu!ent + passer ce sont les tres attac's $ lamultiplicit, et qui, par suite, sont incapa"les de sle!er de la connaissancedistincti!e $ la connaissance uni)ie. et attac'ement, en eet, estdirectement contraire au dtac'ement dont il a t question plus 'aut, commela ric'esse est contraire $ la pau!ret, et il enc'aCne ltre $ la srieind)inie des c+cles de mani)estation.J attac'ement $ la multiplicit est aussi,

    en un certain sens, la % tentation & "i"lique, qui, en )aisant goIter $ ltre le )ruitde l % Mr"re de la cience du "ien et du mal &, c#est-$-dire de la connaissanceduelle et distincti!e des c'oses contingentes, lloigne de lunit centraleoriginelle et lempc'e datteindre le )ruit de l % Mr"re de Oie & et cest "ien parl$, en eet, que ltre est soumis $ lalternance des mutations c+cliques, c#est-$-dire $ la naissance et $ la mort. e parcours ind)ini de la multiplicit est )igurprcisment par les spires du serpent senroulant autour de lar"re quis+m"olise l % Mxe du 2onde & cest le c'emin des % gars & E+-+.ll(,de ceux qui sont dans l % erreur & au sens t+mologique de ce mot, paropposition au % c'emin droit & E-ir.$%l-,%s$aq,, en ascension !erticalesui!ant laxe mme, dont il est parl dans la premi(re s*ra$ du Q"r.(.3

    1 Lie-$se%, 00.J est le sa,s.ra "oudd'ique, la rotation ind)inie de la % roue de !ie & dont ltredoit se li"rer pour atteindre le Nir@.(a.

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    3 e % c'emin droit & est identique au Te ou % Sectitude & de ao-tseu, qui est ladirection quun tre doit sui!re pour que son existence soit selon la % Ooie & Ta", ou, endautres termes, en con)ormita!ec le ?rincipe.

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    % ?au!ret &, % simplicit &, % en)ance &, ce nest l$ quune seule et mmec'ose, et le dpouillement que tous ces mots expriment1 a"outit $ une %extinction & qui est, en ralit, la plnitude de ltre, de mme que le % non-agir& !"%-!ei est la plnitude de lacti!it, puisque cest de l$ que sontdri!es toutes les acti!its particuli(res % e ?rincipe est tou@ours non-

    agissant, et cependant tout est )ait par lui &.J

    tre qui est ainsi arri! au pointcentral a ralis par l$ mme lintgralit de ltat 'umain cest l % 'omme!rita"le & $0he((-1e( du NaoBsme, et lorsque, partant de ce point pour sle!eraux tats suprieurs, il aura accompli la totalisation par)aite de ses possi"ilits,il sera de!enu l % 'omme di!in & 0he%(-1e(, qui est l % Tomme>ni!ersel & El-I(s.(%l-'.,il de lsotrisme musulman. Minsi, on peut direque ce sont les % ric'es & au point de !ue de la mani)estation qui sont!rita"lement les % pau!res & au regard du ?rincipe, et in!ersement cestce quexprime encore tr(s nettement cette parole de l7!angile % esderniers seront les premiers, et les premiers seront les derniers & 3 et nousde!ons constater $ cet gard, une )ois de plus, le par)ait accord de toutes lesdoctrines traditionnelles, qui ne sont que les expressions di!erses de la Orit

    une.2esr, 11 : 1J ra"C aVal 1349 T 2Ilid 7n-Fa"i.

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    1 est le % dpouillement des mtaux & dans le s+m"olisme ma

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    CHAPITRE V: Er-Rh

    ui!ant les donnes traditionnelles de la % sciences des lettres &,1 Allah cra le

    monde, non par lali) qui est la premi(re des lettres, mais par le #a qui est laseconde et, en eet, "ien que lunit soit ncessairement le principe premier dela mani)estation, cest la dualit que celle-ci prsuppose immdiatement, et entreles deux termes de laquelle sera produite, comme entre les deux p/lescomplmentaires de cette mani)estation, )igurs par les deux extrmits du #a,toute la multiplicit ind)inie des existences contingentes. est donc le #a quiest proprement $ lorigine de la cration, et celle-ci saccomplit par lui et en lui,c#est-$- dire quil en est $ la )ois le % mo+en & et le % lieu &, sui!ant les deuxsens qu$ cette lettre quand elle est prise comme la prposition #i.J e #a,dans ce r/le primordiale, reprsente Er-R*h, l % 7sprit &, quil entendrecomme l7sprit total de l7xistence uni!erselle, et qui sidenti)ieessentiellement $ la % umi(re & E(-N*r il est produit directement par le

    % commandement di!in & ,i( a,ri Llah, et, d(s quil est produit, il est enquelque sorte linstrument par lequel ce % commandement & oprera toutesc'oses, qui seront ainsi toutes% ordonnes & par rapport $ lui 3 a!ant lui, il n+ a donc quel-a,r, airmationde l7tre pur et )ormulation premi(re de la Oolont suprme, comme a!ant ladualit il n+ a que lunit,ou a!ant le #a il n+ a que lali). *r lali) est la lettre % polaire &q%$#.(iyah,4 dont la )orme mme est celle de l % axe & sui!ant lequelsaccomplit l % ordre & di!in et la pointesuprieure de lali), qui est le % secret des secrets & sirr al-asr.r, se re)l(tedans le point

    du #a, en tant que ce point est le centre de la % circon)rence premi(re & e+-+.irah el- a!!aliyah qui dlimite et en!eloppe le domaine de l7xistenceuni!erselle, circon)rence qui dailleurs, !ue en simultanit dans toutes lesdirections possi"les, est en ralit une sp'(re, la )orme primordiale et totalede laquelle naCtront par direnciation toutes les )ormes particuli(res.

    1 7tudes traditionnelles, O000 : 0X, 193;, p. J;8 : J91.J est aussi pourquoi le #a ou son qui!alent est la lettre initiale des i!res sacrs

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    la Th"rahcommence par 8ereshi$h, le Q"r.( par 8is,iLlah et, "ien quon nait pasactuellement le texte de l7!angile dans une langue sacre, on peut du moinsremarquer que le premier mot de l7!angile desaint Zean, en '"reu, serait aussi 8ereshi$h.3

    est de la racine a,r que dri!e en '"reu le !er"e y.,er, emplo+ dans laUen(se pour exprimer laction cratrice reprsente comme % parole & di!ine.4 omme nous la!ons d@$ indiqu ailleurs, ali) [ q%$# [ 111 >n 'irogl+p'e du ?/le,n\ de mai1938 a@outons que le nom A.l., % Nr(s-Taut &, a aussi le mme nom"re.

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    i lon consid(re la )orme !erticale de lali) et la )orme 'ori=ontale du #a, on !oitque leur rapport est celui dun principe acti) et dun principe passi) et ceci estcon)orme aux donnes de la science des nom"res sur lunit et la dualit, nonseulement dans lenseignement p+t'agoricien, qui est plus gnralement connu $cet gard, mais aussi dans celui de toutes les traditions. e caract(re de

    passi!it est eecti!ement in'rent au dou"le r/le d % instrument & et de% milieu & uni!ersel dont nous a!ons parl tout $ l'eure aussi Er- R*h est-il,en ara"e, un mot )minin mais il )aut "ien prendre garde que, selon la loi delanalogie, ce qui est passi) ou ngati) par rapport $ la !rit di!ine El-Haqqde!ient acti) ou positi) par rapport $ la cration el-'halq.1 0l est essentiel deconsidrer ici ces deux )aces opposes, puisque ce dont il sagit estprcisment, si lon peut sexprimer ainsi, la% limite & mme pose entre El-Haqq et el-'halq, % limite & par laquelle lacration est spare de son ?rincipe di!in et lui est unie tout $ la )ois, sui!ant lepoint de !ue sous lequel on len!isage cest donc, en dautres termes, le#ar4a/h par excellence J et, de mme quAllah est le % le ?remier et leDernier & El-A!!al !a El-A/hir au sens a"solu, Er- R*h est % le premier et

    le dernier & relati!ement $ la cration.e nest pas $ dire, "ien entendu, que le terme Er-R*h ne soit pas pris par)oisdans des acceptions plus particuli(res, comme le mot % esprit & ou sesqui!alents plus ou moins exacts dans dautres langues cest ainsi que, danscertains textes qorniques notamment, on a pu penser quil sagissait, soit dunedsignation de Seyi+(. i#ral Ua"riel, soit dun autre ange $ qui cettednomination dEr-R*h serait applique plus spcialement et tout cela peutassurment tre !rai sui!ant les cas ou sui!ant les applications qui en sont)aites, car tout ce qui est participation ou spci)ication de l7sprit uni!ersel, ou cequi en @oue le r/le sous un certain rapport et $ des degrs di!ers, est aussi r*hen un sens relati), + compris lesprit en tant quil rside dans ltre 'umain ou

    dans tout autre tre particulier. ependant, il est un point auquel "eaucoup decommentateurs exotriques sem"lent ne pas prter une attention suisante lorsque Er-R*h est dsign expressment et distinctement $ c/t des angesel-,al.3/ah, 3 comment serait-il possi"le dadmettre que, en ralit, ilsagisse simplement de lun de ceux-ci L interprtation sotrique est quilsagit alors de Seyi+(. M$a$r*(, le Me$a$r"( de la Wa""ale '"raBque cela permet dailleurs de sexpliquer lqui!oque qui se produit $ cet gard,puisque Me$a$r"( est aussi reprsent comme un ange, "ien que, tant au-del$du domaine des existences % spares &, il soit !rita"lement autre c'ose etplus quun ange et cela, du reste, correspond "ien encore au dou"le du#ar4a/h.4

    1 e dou"le aspect correspond en un certain sens, dans la Wa""ale '"raBque, $ celui dela She/i(ah, )minine, et de Me$a$r"(, masculin, ainsi que la suite le )era mieuxcomprendre.J

    ). N. Yurc]'ardt, du % #ar4a/h & numro de dcem"re 1938.

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    3 ?ar exemple dans la S*ra$ El-Qa+r X00, 4 % Ta(a44al%l-,al.3/a$% !ar-r*h%)$h.G &.4 Dans certaines )ormules sotriques, le nom dEr-R*h est associ $ ceux de quatreanges par rapport auxquels il est, dans lordre cleste, ce quest, dans lordre terrestre,le ?rop'(te par rapportaux quatre premiers 'h"la). cela con!ient "ien $ Mi$a$r*(, qui dailleurs sidenti)ieainsi nettement$ Er-R*h el-,"ha,,e+iyah.

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    >ne autre considration qui concorde enti(rement a!ec cette autre interprtationest celle-ci dans la )iguration du % Nr/ne & El-Arsh, Er-R*h est plac aucentre, et cette place est eecti!ement celle de Me$a$r"( le % Nr/ne & est lelieu de la % ?rsence di!ine &, c#est-$- dire de la She/i(ah qui, dans latradition '"raBque, est la % par(dre & ou laspect complmentaire de

    Me$a$r"(. Dailleurs, on peut mme dire que, dune certaine )a

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    3;

    numro de @uillet 1934, p. J84 :J85, et Les A(>es numro de )!rier 1935, p.;;-8H.J ui!ant ce !erset de la S*ra$ Tah. XX, 5 % Er-Rah,.(% al&arshies$a!. &.3

    *n peut remarquer que par l$ se re@oignent dune certaine )a

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    CHAPITRE VI : Note sur langlologe !e lal"ha#et ara#e

    e % Nr/ne & di!in qui entoure tous les mondes El-Arsh El-M%h$ est

    reprsent, comme il est )acile de le comprendre, par une )igure circulaire

    1

    aucentre est Er-R*h, ainsi que nous lexpliquons par ailleurs et le % Nr/ne & estsoutenu par 'uit anges qui sont placs $ la circon)rence, les quatre premiersaux quatre points cardinaux, et les quatre autres aux quatre pointsintermdiaires. es noms de ces 'uit anges sont )orms par autant de groupes delettres, prises en sui!ant lordre de leurs !aleurs numriques, de telle sorteque lensem"le de ces noms comprend la totalit des lettres de lalp'a"et.

    0l + a lieu de )aire ici une remarque il sagit naturellement de lalp'a"et de J;lettres mais on dit que lalp'a"et ara"e na!ait tout da"ord que JJ lettres,correspondant exactement $ celles de lalp'a"et '"raBque de l$ ladistinction qui est )aite entre le petit a)r, qui nemploie que ces JJ lettres, etle grand a)r, qui emploi les J; en les prenant toutes a!ec des !aleurs

    numriques distinctes. *n peut dailleurs dire que les J; J ^ ; [1H sontcontenues dans les JJ J ^ J [ 4 comme 1H est contenu dans 4, sui!ant la)ormule de la T=$ra/$ys p+t'agoricienne 1 ^ J ^ 3 ^ 4 [ 1H J et,en )ait, les six lettres supplmentaires ne sont que des modi)ications dautantde lettres primiti!es, dont elles sont )ormes par la simple ad@onction dun point,et auxquelles elles se ram(nent immdiatement par la suppression de cemme point. es six lettres supplmentaires sont celles qui composent lesdeux derniers des 'uit groupes dont nous !enons de parler il est !ident que,si on ne les considrait pas comme des lettres distinctes, ces groupes setrou!eraient modi)is, soit quant $ leur nom"re, soit quant $ leurcomposition. ?ar consquent, le passage de lalp'a"et de JJ lettres $ lalp'a"et

    de J; a dI ncessairement amener un c'angement dans les noms angliquesdont il sagit, donc dans les % entits & que ces noms dsignent mais, si trangeque cela puisse sem"ler $ certains, il est en ralit normal quil en soit ainsi, cartoutes les modi)ications des )ormes traditionnelles, et en particulier celles quiaectent la constitution de leurs langues sacres, doi!ent a!oireecti!ement leurs% arc't+pes & dans le mondecleste.

    ela dit, la distri"ution des lettres et des noms est la

    sui!ante Mux quatre points cardinaux

    M l7st M Y Z a D 3

    M l*uest T a _ a

    ` Mu Ford T a N

    a Mu ud W a

    2 a F.

    Mux quatre points

    intermdiaires Mu

    Ford-7st a M K a <

    Mu Ford-*uest A a S ' a N Mu ud-7st N ' a W ' a D

    ' Mu ud-*uest D a ` a

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    U '.

    1 7tudes traditionnelles, O000 : 0X, 193;, p. 3J4 : 3J8.J

    Ooir La T=$ra/$ys e$ le 0arr= +e q%a$re numro da!ril 19J8.3 0l est "ien entendu que lali) et le #a prennent place ici, comme toutes lesautres lettres de lalp'a"et, $ leur rang numrique cela ne )ait en rien inter!enir lesconsidrations s+m"oliques quenous exposons dautre part et qui leur donnent en outre un autre r/le plus spcial.

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    *n remarquera que c'acun de ces deux ensem"les de quatre noms contientexactement la moiti de lalp'a"et, soit 14 lettres qui sont rpartiesrespecti!ement de la )a

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    numrique du nom dA+a, 1^4^4H [45, c#est-$-dire, au point de !ue de la 'irarc'ie sotrique, El-Q%$# El-Gha!$hau centre, les quatre A!$.+ aux quatre points cardinaux, et les quarante A(1.#sur la circon)rence celle des di=aines, de 1H $ 9H, est 45 x 1H, et celle descentaines, de 1HH $ 9HH, 45 x 1HH

    lensem"le des sommes de ces trois sries no!naires est donc le produit de 45par 111, lenom"re % polaire & qui est celui de lAli) % d!elopp & 45 x 111 [ 4 995 il)aut + a@outer le nom"re de la derni(re lettre, 1 HHH, unit du quatri(medegr qui termine lalp'a"et comme lunit du premier degr le commence, etainsi on a )inalement 5 995.

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    7n)in, la somme des c'i))res de ce nom"re est 5^9^9^5 [ J;, c#est-$-dire lenom"re mme des lettres de lalp'a"et dont il reprsente la !aleur totale.

    *n pourrait assurment d!elopper encore "eaucoup dautres considrations enpartant de ces donnes, mais ces quelques indications suiront pour quon

    puissent tout au moins a!oir un aper

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    CHAPITRE VII : $a %hrologe !ans lsotrs&e sla&que

    Fous1 a!ons eu sou!ent loccasion de )aire remarquer com"ien la conception

    des % sciences traditionnelles & est, dans les temps modernes, de!enuetrang(re aux *ccidentaux, et com"ien il leur est diicile den comprendre la!rita"le nature. Scemment encore, nous a!ions un exemple de cetteincompr'ension dans une tude consacre $ 2o'+iddin i"n Mra"i, et dontlauteur stonnait de trou!er c'e= celui-ci, $ c/t de la doctrine purementspirituelle, de nom"reuses considrations sur lastrologie, sur la science deslettres et des nom"res, sur la gomtrie s+m"olique, et sur "eaucoup dautresc'oses du mme ordre, quil sem"lait regarder comme na+ant aucun lien a!eccette doctrine. 0l + a!ait dailleurs l$ une dou"le mprise, car la partieproprement spirituelle de lenseignement de 2o'+iddin tait elle-mmeprsente comme % m+stique &, alors quelle est essentiellementmtap'+sique et initiatique et, sil sagissait de % m+stique &, cela ne pourrait

    eecti!ement a!oir aucun rapport a!ec des sciences quelles quelles soient.Mu contraire, d(s lors quil sagit de doctrine mtap'+sique, ces sciencestraditionnelles dont le mme auteur mconnaissait dailleurs totalement la !aleur,sui!ant lordinaire pr@ug moderne, en dcoulent normalement en tantquapplications, comme les consquences dcoulent du principe, et, $ ce titre,"ien loin de reprsenter des lments en quelque sorte ad!entices et'trog(nes, elles )ont partie intgrante de$-$aa!!%), c#est-$-dire delensem"le des connaissances initiatiques.

    De ces sciences traditionnelles, la plupart sont au@ourd'ui compl(tement perduespour les *ccidentaux, et ils ne connaissent des autres que des d"ris plusou moins in)ormes, sou!ent dgnrs au point da!oir pris le caract(re de

    recettes empiriques ou de simples% arts di!inatoires &, !idemment dpour!us de toute !aleur doctrinale.?our )aire comprendre par un exemple com"ien une telle )a

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    1 Le ?"ile +Isis, mai 193J, p. J;9 : J95.

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    Dautre part, on connaCt gnralement la correspondance des di!erses partiesde la main a!ec les plan(tes /a!./i#, que la c'iromancie occidentale elle-mme a conser!e, mais de telle )a

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    plan(tes, et aussi les sei=e )igures de la gomancie il, er-ra,l, car toutes lessciences traditionnelles sont troitement lies entre elles.

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    4;

    examen de la main gauc'e indique la % nature & e$-$a#iyah du su@et,c#est-$-dire lensem"le des tendances, dispositions ou aptitudes qui constituenten quelque sorte ses caract(res inns. elui de la main droite )ait connaCtre lescaract(res acquis el-is$i/s.# ceux-ci se modi)ient dailleurs continuellement,de telle sorte que, pour une tude sui!ie, cet examen doit tre renou!el tous les

    quatre mois. ette priode de quatre mois constitue, en eet, un c+cle complet,en ce sens quelle am(ne le retour $ un signe =odiacal correspondant au mmelment que celui du point de dpart on sait que cette correspondance a!ecles lments se )ait dans lordre de succession sui!ant )eu (.r, terre$%r.#, air ha!., eau ,.. est donc une erreur de penser, comme lont )aitcertains, que la priode en question ne de!rait tre que de trois mois, car lapriode de trois mois correspond seulement $ une saison, c#est-$-dire $ une partiedu c+cle annuel, et nest pas en elle-mme un c+cle complet.

    es quelques indications, si sommaires quelles soient, montreront comment unescience traditionnelle rguli(rement constitue se rattac'e aux principes dordredoctrinal et en dpend enti(rement et elles )eront en mme temps comprendre

    ce que nous a!ons d@$ dit sou!ent, quune telle science est strictement lie $une )orme traditionnelle d)inie, de telle sorte quelle serait tout $ )ait inutilisa"leen de'ors de la ci!ilisation pour laquelle elle a t constitue selon cette )orme.0ci, par exemple, les considrations qui se r)(rent aux noms di!ins et auxprop'(tes, et qui sont prcisment celles sur lesquelles tout le reste se "ase,seraient inapplica"les en de'ors du monde islamique, de mme que, pourprendre un autre exemple, le calcul onomantique, emplo+ soit isolment, soitcomme lment de lta"lissement de l'oroscope dans certaines mt'odesastrologiques, ne saurait tre !ala"le que pour les noms ara"es, dont les lettresposs(dent des !aleurs numriques dtermines. 0l + a tou@ours, dans cet ordredes applications contingentes, une question dadaptation qui rend impossi"le letransport de ces sciences telles quelles dune )orme traditionnelle $ une autre et

    l$ est aussi, sans doute, une des principales raisons de la di))icult quont $les comprendre ceux qui, comme les *ccidentaux modernes, nen ont paslqui!alent dans leur propre ci!ilisation.1

    2esr, 1; d'Il-qada' 135H T. 2Ilid e+id Mli 7l-Ya+Imi.

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    1 es donnes qui ont ser!i de "ase $ ces notes sont tires des traits indits du 'ei]'e+id Mli FIreddin 7l-Ya+Imi, )ondateur de la $arqah qui porte son nom #ay*,iyah ces manuscrits sont encore actuellement en la possession de ses descendants directs.

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    CHAPITRE VIII : In'luen%e !e la %(lsaton sla&que en O%%!ent)

    a plupart des 7uropens nont pas exactement !alu limportance delapport quils ont re

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    1 7tudes traditionnelles, X00 : 195H, p. 338 : 344. Mrticle traduit de lara"e, paru dansla re!ue ElMari)ah.

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    7n )ait, lin)luence de la ci!ilisation islamique sest tendue dans une tr(s largemesure et dune mani(re sensi"le $ tous les domaines, science, arts, p'ilosop'ie,etc. 7spagne tait alors un milieu tr(s important $ cet gard et le principalcentre de diusion de cette ci!ilisation. Fotre intention nest pas de traiter endtail c'acun des aspects ni de d)inir laire dextension de la ci!ilisation

    islamique, mais seulement dindiquer certains )aits que nous considronscomme particuli(rement importants, "ien que peu nom"reux soient $ notrepoque ceux qui reconnaissent cette importance.

    7n ce qui concerne les sciences, nous pou!ons )aire une distinction entre lessciences naturelles et les sciences mat'matiques. ?our les premi(res, noussa!ons a!ec certitude que certaines dentre elles ont t transmises par laci!ilisation islamique $ l7urope qui les lui emprunta dune )an autre )ait quil est "on de signaler ici malgr sa moindre importance, !ientencore corro"orer ce que nous a!ons dit, cest que les c'ires emplo+s par les7uropens sont partout connus comme des c'ires ara"es, quoique leur originepremi(re soit en ralit 'indoue, car les signes de numration emplo+soriginairement par les Mra"es ntaient autres que les lettres de lalp'a"et

    elles-mmes.

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    i maintenant nous quittons lexamen des sciences pour celui des arts, nousremarquons que, en ce qui concerne la littrature et la posie, "ien des idespro!enant des cri!ains et des po(tes musulmans, ont t utilises dans lalittrature europenne et que mme certains cri!ains occidentaux sont alls

    @usqu$ limitation pure et simple de leurs Qu!res. De mme, on peut rele!er des

    traces de lin)luence islamique en arc'itecture, et cela dune )aers en *ccident, )It-ce dans leurpa+s natal, et que cette dnomination a su"sist @usqu$ nos @ours, "ien que cesc'oses soient de!enues o"scures et ne soient plus connues que par un nom"rein)ime de gens.

    Dans ce rapide expos, il )aut mentionner spcialement un autre domaine, celuide la p'ilosop'ie, o lin)luence islamique atteignit au 2o+en Mge une importancesi considra"le quaucun des plus ac'arns ad!ersaires de l*rient ne sauraiten mconnaCtre la )orce. *n peut dire !rita"lement que l7urope, $ ce moment,ne disposait daucun autre mo+en pour arri!er $ la connaissance de la p'ilosop'iegrecque. es traductions latines de ?laton et dMristote, qui taient utilises alors,na!aient pas t )aites directement sur les originaux grecs, mais "ien sur destraductions ara"es antrieures, auxquelles taient @oints des commentaires desp'ilosop'es musulmans contemporains, tels quM!erro(s, M!icenne, etc.

    a p'ilosop'ie dalors, connue sous le nom de scolastique, est gnralementdistingue en musulmane, @ui!e et c'rtienne. 2ais cest la musulmane qui est $la source des deux autres et plus particuli(rement de la p'ilosop'ie @ui!e, qui a)leuri en 7spagne et dont le !'icule tait la langue ara"e, comme on peut leconstater par des Qu!res aussi importante que celles de 2oussa-i"n-2aimounqui a inspir la p'ilosop'ie @ui!e postrieure de plusieurs si(cles si(cles @usqu$celle de pino=a, o certaines de ses ides sont encore tr(s reconnaissa"les.

    2ais il nest pas ncessaire de continuer lnumration de )aits que tousceux qui ont quelque notion de l'istoire de la pense connaissent. 0l estpr)ra"le dtudier pour terminer dautres )aits dun ordre tout dirent,totalement ignors de la plupart des modernes qui, particuli(rement en 7urope,nen ont pas mme la plus lg(re ide alors qu$ notre point de !ue cesc'oses prsentent un intrt "eaucoup plus considra"le que toutes lesconnaissances extrieures de la science et de la p'ilosop'ie. Fous !oulons

    parler de lsotrisme a!ec tout ce qui s+ rattac'e et en dcoule en )ait deconnaissance dri!e, constituant des sciences totalement direntes de cellesqui sont connues des modernes.

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    7n ralit, l7urope na de nos @ours rien qui puisse rappeler ces sciences,"ien plus, l*ccident ignore tout des connaissances !rita"les telles quelsotrisme et ses analogues, alors quau 2o+en Mge il en tait toutautrement et, en ce domaine aussi, lin)luence islamique $ cette poqueapparaCt de la )a

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    1 Sen Uunon. LEs"$=ris,e +e Da($e, ?aris, 195H 3(me dition, in-;\ de ;H pages.'acornac )r(res diteurs.

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    CHAPITRE I* : Craton et &an'estaton

    Fous a!ons )ait remarquer,1 en direntes occasions que lide de % cration &,

    si on !eut lentendre dans son sens propre et exact, et sans lui donner uneextension plus ou moins a"usi!e, ne se rencontre en ralit que dans destraditions appartenant $ une ligne unique, celle qui est constitue par la

    ZudaBsme, le 'ristianisme et l0slamisme cette ligne tant celle des )ormestraditionnelles qui peu!ent tre dites spci)iquement religieuses, on doit conclurede l$ quil existe un lien direct entre cette ide et le point de !ue religieux lui-mme. ?artout ailleurs, le mot de % cration &, si on tient $ lemplo+er danscertains cas, ne pourra que rendre tr(s inexactement une ide dirente, pourlaquelle il serait "ien pr)ra"le de trou!er une autre expression du reste, cetemploi nest le plus sou!ent, en )ait, que le rsultat dune de ces con)usionsou de ces )ausses assimilations comme il sen produit tant en *ccident pour toutce qui concerne les doctrines orientales. ependant, il ne suit pas d!iter cette

    con)usion, et il )aut se garder tout aussi soigneusement dune autre erreurcontraire, celle qui consiste $ !ouloir !oir une contradiction ou une oppositionquelconque entre lide de cration et cette autre ide $ laquelle nous !enons de)aire allusion, et pour laquelle le terme le plus @uste que nous a+ons $notre disposition est celui de% mani)estation & cest sur ce dernier point que nous nous proposonsdinsister prsentement.

    ertains, en eet, reconnaissent que lide de cration ne se trou!e pas dans lesdoctrines orientales $ lexception de l0slamisme qui, "ien entendu, ne peut tremis en cause sous ce rapport, prtendent aussit/t, et sans essa+er daller plusau )ond des c'oses, que la"sence de cette ide est la marque de quelque

    c'ose dincomplet ou de d)ectueux, pour en conclure que les doctrines dont ilsagit ne sauraient tre considres comme une expression adquate de la !rit.il en est ainsi du c/t religieux, o sairme trop sou!ent un )c'eux% exclusi!isme &, il )aut dire quil en est aussi qui, du c/t antireligieux, !eulent,de la mme constatation, tirer des consquences toutes contraires ceux-l$,attaquant naturellement lide de cration comme toutes les autres idesdordre religieux, aectent de !oir dans sona"sence mme une sorte de supriorit ils ne le )ont dailleurs !idemmentque par espritde ngation et dopposition, et non point pour prendre rellement la d)ense desdoctrines orientales dont ils ne se soucient gu(re. Auoi quil en soit, ces

    reproc'es et ces loges ne !alent pas mieux et ne sont pas plus accepta"les lesuns que les autres, puisquils proc(dent en somme dune mme erreur, exploiteseulement sui!ant des intentions contraires, con)ormment aux tendancesrespecti!es de ceux qui la commettent la !rit est que les uns et les autresportent enti(rement $ )aux, et quil + a dans les deux cas une incompr'ension $peu pr(s gale.

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    1 7tudes traditionnelles, X- 1938, p. 3J5 : 333.

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    a raison de cette commune erreur ne sem"le dailleurs pas tr(s diicile $dcou!rir ceux dont l'ori=on intellectuel ne !a pas au-del$ des conceptionsp'ilosop'iques occidentales simaginent dordinaire que, l$ o il nest pasquestion de cration, et o il est cependant mani)este, dautre part, quon na pasaaire $ des t'ories matrialistes, il ne peut + a!oir que du % pant'isme &. *r

    on sait com"ien ce mot, $ notre poque, est sou!ent emplo+ $ tort et $ tra!ers il reprsente pour les uns un !rita"le pou!antail, $ tel point quils secroient dispenss dexaminer srieusement ce $ quoi ils se sont 'ts delappliquer lusage si courant de lexpression % tom"er dans le pant'isme &est "ien caractristique $ cet gard, tandis que, pro"a"lement $ cause de celamme plus que pour tout autre moti), les autres le re!endiquent !olontiers etsont tout disposs $ sen )aire comme une sorte de drapeau. 0l est donc asse=clair que ce que nous !enons de dire se rattac'e troitement, dans la pensedes uns et des autres, $ limputation de % pant'isme & adressecommunment aux mmes doctrines orientales, et dont nous a!ons asse=sou!ent montr lenti(re )ausset, !oire mme la"surdit puisque le pant'ismeest en ralit une t'orie essentiellement antimtap'+sique, pour quil soit

    inutile d+ re!enir encore une )ois de plus.

    ?uisque nous a!ons t amen $ parler du pant'isme, nous en pro)iteronspour )aire tout de suite une o"ser!ation qui a ici une certaine importance, $propos dun mot quon a prcisment l'a"itude dassocier aux conceptionspant'istes ce mot est celui d % manation &, que certains, tou@ours pourles mmes raisons et par suite des mmes con)usions, !eulent emplo+er pourdsigner la mani)estation quand elle nest pas prsente sous laspect decration. *r, pour autant du moins quil sagit de doctrines traditionnelles etort'odoxes, ce mot doit tre a"solument cart, non pas seulement $ cause decette association )c'euse que celle-ci soit dailleurs plus ou moins @usti)ie au)ond, ce qui actuellement ne nous intresse pas, mais surtout parce que, en lui-

    mme et par sa signi)ication t+mologique, il nexprime !rita"lement riendautre quune impossi"ilit pure et simple. 7n eet, lide d % manation & estproprement celle dune % sortie & mais la mani)estation ne doit en aucune)a

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    es remarques tant )aites, nous dirons nettement que lide de lamani)estation, telle que les doctrines orientales len!isagent dune )a

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    elle-mme dautre part, on mconnaCtrait que les tres ne sont aucunement tirs de ce %rien & relati) par la mani)estation, le )ini ne cessant @amais dtre strictement nul!is-$-!is de l0n)ini.

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    Dans ce qui !ient dtre dit, et aussi dans tout ce qui pourrait tre dit dautreau su@et de lide de cration, il manque, quant $ la )a

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    Auil sagisse de la mani)estation considre mtap'+siquement ou de lacration, la dpendance compl(te des tres mani)ests, en tout ce quils sontrellement, $ lgard du ?rincipe, est airme tout aussi nettement etexpressment dans un cas que dans lautre cest seulement dans la )a

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    CHAPITRE * : Tao+s&e et Con'u%ans&e

    es peuples anciens, 1 pour la plupart, ne se sont gu(re proccups dta"lir

    pour leur 'istoire une c'ronologie rigoureuse certains ne se ser!irent mme,tout au moins pour les poques les plus recules, que de nom"res s+m"oliques,quon ne saurait, sans commettre une gra!e erreur, prendre pour des dates ausens ordinaire et littral de ce mot. es 'inois constituent, $ cet gard, uneexception asse= remarqua"le ils sont peut tre le seul peuple qui aitconstamment pris soin, depuis lorigine mme de sa tradition, de dater sesannales au mo+en do"ser!ations astronomiques prcises, comportant ladescription de ltat du ciel au moment o se sont produits les !(nements dontle sou!enir a t conser!. *n peut donc, en ce qui concerne la 'ine et sonantique 'istoire, tre plus airmati) quen "eaucoup dautre cas et lon saitainsi que cette origine de la tradition que lon peut appeler proprementc'inoise remonte $ en!iron 3 8HH ans a!ant l(re c'rtienne. ?ar une

    coBncidence asse= curieuse, cette mme poque est aussi le commencement del(re '"raBque mais, pour cette derni(re, il serait di))icile de dire $ quel!(nement, en ralit, se rapporte ce point de dpart.

    >ne telle origine, pour si loigne quelle puisse paraCtre lorsquon la compare $celle de la ci!ilisation grco-romaine et aux dates de lantiquit dite % classique&, est pourtant, $ !rai dire, encore asse= rcente quel tait, a!ant cettepoque, ltat de la race @aune, qui 'a"itait alors !raisem"la"lement certainesrgions de lMsie centrale L 0l est impossi"le de le prciser, en la"sence dedonnes suisamment explicites il sem"le que cette race ait tra!ers unepriode do"scurcissement, dune dure indtermine, et quelle ait t tire dece sommeil $ un moment qui )ut aussi marqu par des c'angements

    importants pour dautres parties de l'umanit. 0l se peut donc, et mme cest laseule c'ose qui soit airme asse= nettement, que ce qui apparaCt comme uncommencement nait t !rita"lement que le r!eil dune tradition )ortantrieure, qui dut dailleurs tre mise alors sous une autre )orme, poursadapter $ des conditions nou!elles. Auoi quil en soit, l'istoire de la 'ine, oude ce qui est ainsi appel au@ourd'ui, ne commence proprement qua Ko-'i, quiest regard comme son premier empereur et il )aut a@outer tout de suite quece nom de Ko-'i, auquel est attac' tout lensem"le des connaissances quiconstituent lessence mme de la tradition c'inoise, sert en ralit $ dsignertoute une priode, qui stend sur une dure de plusieurs si(cles.

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    1 e Ooile d0sis, 193J, p. 4;5 : 5H;.

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    Ko-'i, pour )ixer les principes de la tradition, Rt usage de s+m"oles linaires aussisimples et en mme temps aussi s+nt'tiques que possi"le le trait continu etle trait "ris, signes respecti)s du ya(> et du yi(, c#est-$-dire des deux principesacti) et passi) qui, procdant dune sorte de polarisation de la suprme >nitmtap'+sique, donnent naissance $ toute la mani)estation uni!erselle. Des

    com"inaisons de ces deux signes, dans toutes leurs dispositions possi"les,sont )orms les 'uit /"%a ou % trigrammes &, qui sont tou@ours demeursles s+m"oles )ondamentaux de la tradition extrme-orientale. 0l est dit que,% a!ant de tracer les trigrammes, Ko-'i regarda le iel, puis "aissa les +eux !ersla Nerre, en o"ser!a les particularits, considra les caract(res du corps 'umainet de toutes les c'oses extrieures &. 1 e texte est particuli(rementintressant en ce quil contient lexpression )ormelle de la grande Nriade leiel et la Nerre, ou les deux principes complmentaires dont sont produits tousles tres, et l'omme, qui, participant de lun et de lautre par sa nature, est leterme mo+en de la Nriade, le mdiateur entre le iel et la Nerre. 0l con!ient deprciser quil sagit ici de l % 'omme !rita"le &, c#est-$-dire de celui qui,par!enu au plein d!eloppement de ses )acults suprieures, % peut aider le

    iel et la Nerre dans lentretien et la trans)ormation des tres, et, par celamme, constituer un troisi(me pou!oir a!ec le iel et la Nerre &.J 0l est dit aussique Ko-'i !it un dragon sortir du )leu!e, unissant en lui les puissances du ielet de la Nerre, et portant les trigrammes inscrits sur son dos et ce nest l$quune autre )a

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    1 Li@re +es Ri$es +e T0he"%.J T0h"%(>-y"%(>2 XX00.

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    Auelles sont les circonstances qui, au "out den!iron trois mille ans, rendirentncessaire une radaptation de la doctrine traditionnelle, c#est-$-dire unc'angement portant, non sur le )ond qui demeure tou@ours rigoureusementidentique $ lui-mme, mais sur les )ormes dans lesquelles cette doctrine est enquelque sorte incorpore L est l$ encore un point quil serait sans doute

    diicile dlucider compl(tement, car ces c'oses, en 'ine aussi "ien quailleurs,sont de celles qui ne laissent gu(re de traces dans l'istoire crite, o les eetsextrieurs sont "eaucoup plus apparents que les causes pro)ondes. 7n tout cas,ce qui paraCt certain, cest que la doctrine, telle quelle a!ait t )ormule $lpoque de Ko-'i, a!ait cess dtre comprise gnralement dans ce quelle ade plus essentiel et sans doute aussi les applications qui en a!aient t tiresautre)ois, notamment au point de !ue social, ne correspondaient-elles plus auxconditions dexistence de la race, qui a!aient dI se modi)ier tr(s sensi"lementdans linter!alle.

    *n tait alors au O0(me si(cle a!ant l(re c'rtienne et il est $ remarquer quence si(cle se produisirent des c'angements considra"les c'e= presque tous les

    peuples, de sorte que ce qui se passa en 'ine sem"le de!oir tre rattac' $ unecause peut-tre diicile $ d)inir, dont laction aecta toute l'umanit terrestre.e qui est singulier, cest que ce O0(me si(cle peut tre considr, dune )a

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    ette anecdote, rapporte par l'istorien se-matsien, d)init par)aitementles positions respecti!es des deux doctrines, nous de!rions plut/t dire des deux"ranc'es de doctrine, en lesquelles allait dsormais se trou!er di!ise la traditionextrme-orientale lune comportant essentiellement la mtap'+sique pure,$ laquelle sad@oignent toutes les sciences traditionnelles a+ant une porte

    proprement spculati!e ou, pour mieux dire, % cogniti!e & lautre con)ine dansle domaine pratique et se tenant exclusi!ement sur le terrain des applicationssociales. Wong-tseu a!ouait lui-mme quil ntait point % n $ la onnaissance &,c#est-$-dire quil na!ait pas atteint la connaissance par excellence, qui estcelle de lordre mtap'+sique et supra-rationnel il connaissait les s+m"olestraditionnels, mais il na!ait pas pntr leur sens le plus pro)ond. estpourquoi son Qu!re de!ait tre ncessairement "orne $ un domaine spcial etcontingent, qui seul tait de sa comptence mais du moins se gardait-il "ien denier ce qui le dpassait. 7n cela, ses disciples plus ou moins loigns nelimit(rent pas tou@ours, et certains, par un tra!ers qui est )ort rpanduc'e= les% spcialistes & de tout genre, )irent preu!e par)ois dun troit exclusi!isme, quileur attira, de la part des grands commentateurs taoBstes du O0(me si(cle a!antl(re c'rtienne, ie-tseu et surtout Nc'ouang-tseu, quelques ripostes dunecinglante ironie. es discussions et les querelles qui se produisirent ainsi $certaines poques ne doi!ent pourtant pas )aire regarder le NaoBsme et leon)ucianisme comme deux coles ri!ales, ce quils ne )urent @amais et ce quilsne peu!ent pas tre, puisque c'acun a son domaine propre et nettement distinct.0l n+ a donc, dans leur coexistence, rien que de par)aitement normal et rgulier,et, sous certains rapports, leur distinction correspond asse= exactement $ cequest, dans dautres ci!ilisations, celle de lautorit spirituelle et du pou!oirtemporel.

    Fous a!ons d@$ dit, dailleurs, que les deux doctrines ont une racine commune,

    qui est la tradition antrieure Wong-tseu, pas plus que ao-tseu, na @amais eulintention dexposer des conceptions qui nauraient t que les siennes propres,et qui, par l$ mme, se seraient trou!es dpour!ues de toute autorit et detoute porte relle. % Ze suis, disait Wong-tseu, un 'omme qui a aim les ancienset qui a )ait tous ses eorts pour acqurir leurs connaissances & 1 et cetteattitude, qui est $ loppos de lindi!idualisme des *ccidentaux modernes etde leurs prtentions $ l % originalit & $ tout prix, est la seule qui soitcompati"le a!ec la constitution dune ci!ilisation traditionnelle. e mot de %radaptation &, que nous emplo+ions prcdemment, est donc "ien celui quicon!ient ici et les institutions sociales qui en rsult(rent sont doues duneremarqua"le sta"ilit, puisquelles ont dur depuis !ingt-cinq si(cles et ontsur!cu $ toutes les priodes de trou"le que la 'ine a tra!erse @usquici. Fous

    ne !oulons pas nous tendre sur ces institutions, qui, du reste, sont asse=connues dans leurs grandes lignes nous rappellerons seulement que leurtrait essentiel est de prendre pour "ase la )amille, et de stendre de l$ $la race, qui est lensem"le des )amilles rattac'es $ une mme souc'eoriginelle un des caract(res propres de la ci!ilisation c'inoise est, en eet, de se)onder sur lide de la race et de la solidarit qui unit ses mem"res entre eux,tandis que les autres ci!ilisations, qui comprennent gnralement des'ommes appartenant $ des races di!erses ou mal d)inies, reposent sur desprincipes dunit tout dirents de celui-l$.

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    1 Li%(-y%, O00.

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    Dordinaire, en *ccident, quand on parle de la 'ine et de ses doctrines, onpense $ peu pr(s exclusi!ement au on)ucianisme, ce qui, du reste, ne !eut pasdire quon linterpr(te tou@ours correctement on prtend par)ois en )aire unesorte de % positi!isme & oriental, alors quil est tout autre c'ose en ralit,da"ord en raison de son caract(re traditionnel, et aussi parce quil est, comme

    nous la!ons dit, une application de principes suprieurs, tandis que lepositi!isme implique au contraire la ngation de tels principes. Auant auNaoBsme, il est gnralement pass sous silence, et "eaucoup paraissent ignorer@usqu$ son existence, ou tout au moins croire quil a disparu depuislongtemps et quil ne prsente plus quun intrt simplement 'istorique ouarc'ologique nous !errons par la suite les raisons de cette mprise.

    ao-tseu ncri!it quun seul trait, dailleurs extrmement concis, le Ta"-$e-/i(> ou % i!re de la Ooie et de la Sectitude & tous les autres textes taoBstessont, ou des commentaires de ce li!re )ondamental, ou des rdactions plus oumoins tardi!es de certaines enseignements complmentaires qui, tout da"ord,a!aient t purement oraux. e Ta", quon traduit littralement par % Ooie &, et

    qui a donn son nom $ la doctrine elle-mme, est le ?rincipe suprme, en!isagau point de !ue strictement mtap'+sique il est $ la )ois lorigine et la )in detous les tres, ainsi que lindique tr(s clairement le caract(re idograp'ique quile reprsente. e Te, que nous pr)rons rendre par % Sectitude & plut/t quepar % Oertu & comme on le )ait quelque)ois, et cela a)in de ne pas paraCtrelui donner une acception% morale & qui nest aucunement dans lesprit du NaoBsme, le Te, disons-nous,est ce quon pourrait appeler une % spci)ication & du Ta" par rapport $ un tredtermin, tel que ltre 'umain par exemple cest la direction que cet tre doitsui!re pour que son existence, dans ltat o il se trou!e prsentement, soit selonla Ooie, ou, en dautres termes, en con)ormit a!ec le ?rincipe. ao-tseu se placedonc tout da"ord dans lordre uni!ersel, et il descend ensuite $ une application

    mais cette application, "ien que !isant proprement le cas de l'omme, nestnullement )aite $ un point de !ue social ou moral ce qui + est en!isag, cesttou@ours et exclusi!ement le rattac'ement au ?rincipe suprme, et ainsi, enralit, nous ne sortons pas du domaine mtap'+sique.

    Mussi nest-ce point $ laction extrieure que le Nao