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Dorothea Lange naît à Hoboken, dans le New Jer- sey, en 1895. Installée à San Francisco en 1919, elle ouvre un studio de portraitiste et devient bientôt la photographe préférée d’une bourgeoisie riche et influente tant sur le plan politique que culturel. Ce n’est qu’à partir de 1932, la période la plus critique de la crise économique, qu’elle réalise les premières de ses photographies documentaires qui vont lui as- surer un renom international. Quittant son studio, elle photographie les grèves des marins, les manifesta- tions du 1er mai, les hommes sans travail, et ces ar- mées de migrants qui battent la semelle autour des soupes populaires ou dorment devant les bureaux de travail. Publiées et exposées, ses photographies attirent l’attention de Roy Stryker, responsable de la Farm Security Administration (FSA), qui vient de lan- cer un programme de documentation photogra- phique sur l’Amérique de la crise économique. Mots clefs, points d’ancrage pour l’étude de l’œuvre, Photographie documentaire Portrait de groupe La posture des personnages, répartition dans l’espace, les regards. Le cadrage. L’espace saturé Le noir et blanc Le contexte historique et social Préhistoire et Antiquité Moyen Âge Temps Modernes XIX ème siècle XX ème siècle et notre époque arts visuels // la photographie Dorothea Lange .1 Nom original de la photo : « Destitute pea pickers in California. Mother of seven children. Age thirty- two. Nipomo, California » « Ramasseurs de pois sans ressource en Californie. Mère de sept enfants. Age trente-deux ans. Nipo- mo, Californie. » Dorothea Lange 1895-1965 Migrant Mother Nipomo, California 1936 Epreuve gélatino- argentique Comme pour la plupart des photographies que Dorothea Lange réalisa, Migrant Mother est accompa- gnée du court texte suivant qui lui est indissociable : « Migrant agricultural worker's family. Seven chil- dren without food. Mother aged thirty-two. Father is a native Californian. Destitute in a pea pickers camp because of the failure of the early pea crop. These people had just sold their tires in order to buy food. Most of the 2,500 people in this camp were destitute. Nipomo, California. ». Ce texte (et sa tra- duction) devront être présentés aux élèves lors de l’analyse de l’œuvre. Toutes les photographies(…) peuvent être renforcées par des mots… Mais je n’aime pas le type de texte qui vous dit quoi regarder ou qui explique la photographie. J’aime les mots qui précisent le con- texte, le renforcent sans vouloir pour autant imposer un sens. Juste pour donner un peu plus d’informa- tions afin de mieux regarder l’image.” Dorothea Lange, 1954. De 1935 à 1939, Lange est employée par la FSA, sillonne l'Amérique, visite pratiquement tous les Etats, s’entretient avec d’innombrables familles démunies qu’elle photographie. Avec d’autres photographes comme Walter Evans, Ben Shahn, Russell Lee, elle constitue une documentation sociologique qui éclaire notre vision de l'Amérique des années 30. Walker Evans, Floyd Burroughs and his children, Tengle, Alabama, 1936 Russell Lee, Part of flood refugee family in a tent at Tent City, near Shawneetown, Illinois, 1937 Ben Shahn, The family of a Resettlement Administration client in the doorway of their home, Boone County, Arkansas, 1935 Hervé Hemme, François Jouin, Daniel Pelletier, CPD Arts visuels, DSDEN de l’Oise

arts visuels // la photographie Dorothea Langepreac.ia60.ac-amiens.fr/documents/ress.peda/hida/arts_visuels/... · camp because of the failure of the early pea crop. ... En roulant

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Dorothea Lange naît à Hoboken, dans le New Jer-sey, en 1895. Installée à San Francisco en 1919, elleouvre un studio de portraitiste et devient bientôt laphotographe préférée d’une bourgeoisie riche etinfluente tant sur le plan politique que culturel. Cen’est qu’à partir de 1932, la période la plus critiquede la crise économique, qu’elle réalise les premièresde ses photographies documentaires qui vont lui as-surer un renom international. Quittant son studio, ellephotographie les grèves des marins, les manifesta-tions du 1er mai, les hommes sans travail, et ces ar-mées de migrants qui battent la semelle autour dessoupes populaires ou dorment devant les bureauxde travail. Publiées et exposées, ses photographiesattirent l’attention de Roy Stryker, responsable de laFarm Security Administration (FSA), qui vient de lan-cer un programme de documentation photogra-phique sur l’Amérique de la crise économique.

Mots clefs,points d’ancragepour l’étudede l’œuvre,

Photographie documentairePortrait de groupeLa posture des personnages, répartition dans l’espace, les regards.Le cadrage. L’espace saturéLe noir et blancLe contexte historique et social

Préhistoire et Antiquité Moyen Âge Temps Modernes XIXème siècle XXème siècle et notre époque

arts visuels // la photographie Dorothea Lange .1

Nom original de la photo : « Destitute pea pickersin California. Mother of seven children. Age thirty-two. Nipomo, California »« Ramasseurs de pois sans ressource en Californie.Mère de sept enfants. Age trente-deux ans. Nipo-mo, Californie. »

Dorothea Lange

1895-1965Migrant MotherNipomo, California1936Epreuve gélatino-argentique

Comme pour la plupart des photographies que Dorothea Lange réalisa, Migrant Mother est accompa-gnée du court texte suivant qui lui est indissociable : « Migrant agricultural worker's family. Seven chil-dren without food. Mother aged thirty-two. Father is a native Californian. Destitute in a pea pickerscamp because of the failure of the early pea crop. These people had just sold their tires in order to buyfood. Most of the 2,500 people in this camp were destitute. Nipomo, California. ». Ce texte (et sa tra-duction) devront être présentés aux élèves lors de l’analyse de l’œuvre.

“Toutes les photographies(…) peuvent être renforcées par des mots… Mais je n’aime pas le type detexte qui vous dit quoi regarder ou qui explique la photographie. J’aime les mots qui précisent le con-texte, le renforcent sans vouloir pour autant imposer un sens. Juste pour donner un peu plus d’informa-tions afin de mieux regarder l’image.” Dorothea Lange, 1954.

De 1935 à 1939, Lange est employée par la FSA, sillonne l'Amérique, visite pratiquement tous les Etats,s’entretient avec d’innombrables familles démunies qu’elle photographie. Avec d’autres photographescomme Walter Evans, Ben Shahn, Russell Lee, elle constitue une documentation sociologique quiéclaire notre vision de l'Amérique des années 30.

Walker Evans, Floyd Burroughs and hischildren, Tengle, Alabama, 1936

Russell Lee, Part of flood refugeefamily in a tent at Tent City, near

Shawneetown, Illinois, 1937

Ben Shahn, The family of a ResettlementAdministration client in the doorway of their

home, Boone County, Arkansas, 1935

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“Il pleuvait, les sacs de l’appareil photo étaient bourrés, et sur le siège arrière se trouvait le résultat dece long voyage, la caisse qui contenait tous les rouleaux et les boîtes de films exposés prêts à êtreenvoyés à Washington. Un moment de repos. En roulant à cent pendant sept heures, je serai de re-tour chez moi, dans ma famille, dès ce soir, et mes yeux étaient rivés sur la route humide et brillantequi s’étendait devant moi.Je me sentais libérée car je pouvais détourner mon esprit de mon travail et penser à ma maison.Je suivais ma route et ne fis qu’entrevoir en bordure de la chaussée un panneau maladroit ornéd’une flèche, disant « camp de ramasseurs de petits pois ». Mais, du coin de l’œil, je le vis…Après m’être convaincue pendant trente kilomètres que je devais continuer ma route, je fis le con-traire. Presque sans réaliser ce que je faisais, j’exécutai un demi-tour sur la nationale déserte.Je refis ces trente kilomètres jusqu’au panneau « camp de ramasseurs de petits pois ».Je suivis mon instinct, et non ma raison ; j’entrai dans ce camp détrempé et garai ma voiture commeun pigeon qui rentrerait au pigeonnier. (Elle avait déjà visité ce camp un an plus tôt)Je vis cette mère famélique et désespérée et m’en approchai, comme attirée par un aimant. Je neme rappelle plus la manière dont je lui ai expliqué ma présence ni mon appareil, mais elle ne me po-sa pas de question. J’ai fait cinq ou six clichés, en me rapprochant à chaque fois un peu plus. Je nelui ai demandé ni son nom, ni son histoire. Elle me dit son âge : 32 ans. Elle me raconta qu’ils vivaientde légumes gelés trouvés dans les champs avoisinants et d’oiseaux que les enfants tuaient. Elle ve-nait juste de vendre les pneus de la voiture pour acheter de la nourriture. Elle était là sous cette tentede fortune les enfants serrés contre elle et semblait comprendre que mes photos pourraient l’aider ;donc elle m’aida. Il y avait là une sorte de marché.”

Dorothea Lange, Popular Photography, 1960

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Genèse de l’œuvre

Les cinq autres clichésde la série réalisée cejour-là dans le camp deNipomo.

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Tirage original, 1936

Elle s’appelle Florence Owens Thompson, elle a 32 ans, est veuve, sans domicile fixe. La jeunefemme élève seule ses sept enfants depuis le décès de son mari, Cleo Owens Thompson survenu en1934. D'ascendance cherokee (native Californian), Florence Leona Christie est née en 1903 dans untipi du Territoire indien (aujourd'hui en Oklahoma) et parcourt, depuis ses 18 ans, la Californie commeouvrière agricole migrante, se déplaçant en même temps que le travail.En ce mois de mars 1936, la récolte de pois a été, une fois de plus, mauvaise dans les Etats du Sud vic-times pour la troisième année consécutive d’une importante sécheresse. Il n’y a pas de travail pourles cueilleurs et donc pas de revenus. Florence Thompson a trouvé refuge, comme 2500 autres ou-vriers migrants et leurs familles, dans un camp de trieurs de pois de Nipomo, en Californie.Son visage buriné par les épreuves, son regard vide perdu dans le vague sont devenus, depuis cetteépoque, partie intégrante de la mémoire collective. Ce portrait de Florence Thompson, présenté audébut des années 40 sous le simple intitulé de “U.S.A. Dorothea Lange Farm Security Adm”, a prisquelques années plus tard, le titre de Migrant Mother lui conférant ainsi une portée intemporelle.L’image à vocation documentaire, présentée dans l’exposition « the Family of Man » en 1955, deve-nait l’une des icône de la photographie, métaphore de la détresse humaine.

Détail révélateur

Vers 1938, Dorothea Lange récupère le négatif qui avait intégré les archives de la FSA et le retouche,malgré les véhémentes protestations de Roy Stryker, pour faire disparaître le pouce de Florencemaintenant l’ouverture de la toile de tente.La photographe qui attachait une attention toute particulière au cadrage et à la qualité du tirage,faisait montre, ici, d’une préoccupation artistique que ne demandait pas la pratique documentairetraditionnelle. Pour Lange, la photographie documentaire devait non seulement montrer, mais aussiconvaincre, non seulement enregistrer mais émouvoir et donner envie d’agir. Elle recherchait, enmême temps que le preuve visuelle, l’image suggestive. Elle découvrit dans la transfiguration esthé-tique de la souffrance humaine la possibilité de mobiliser l’attention, l’intérêt, la compassion dans unmonde déjà saturé d’images. Resté visible, le pouce aurait perturbé l’équilibre de la composition,attirant l’œil du spectateur vers le bas, au-delà du bébé endormi. Il aurait introduit un élément con-textualisant le moment de la prise de vue, ébréchant cette intemporalité voulue et lui aurait involon-tairement donné un côté théâtral détruisant la spontanéité de l’image. En occultant ce pouce, Do-rothea Lange entraînait la photographie documentaire, bien au-delà de l’enregistrement positiviste,vers la photographie humaniste.

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Walker Evans, Buds Field and his Family1936

rentes de faire des images, l’une qui est défendue par Evans, l’autre par Lange.Pour Evans, au-delà de la portée politique de la mission de la FSA, il s’agit de défendre une position es-sentiellement documentaire, pour Lange, il importe d’abord d’agir au plus vite pour améliorer le sortdes personnes frappées par la crise. Ce sont ces deux postures qui vont les conduire à construire dedeux manières très différentes la visibilité de la crise.On a souvent tendance à identifier la photographie documentaire avec une forme de reportage so-cial, témoignant de manière directe de la vie des classes les plus défavorisées afin de sensibiliser un pu-blic plus favorisé, éloigné et ignorant. Or, une telle définition ne s’est imposée qu’avec et par le travaildes photographes de la FSA et tout spécialement celui de Lange. Avant cette époque, la photogra-phie documentaire répondait à une toute autre définition, une définition que n’a cessé de défendreEvans. Pour lui, le propre de la photographie documentaire est d’être une photographie imperson-nelle, hostile à la narration, plus tournée vers les choses que vers les hommes et plutôt vers les chosesinsignifiantes et prosaïques. Ce qui donne lieu à des images nettes, statiques, au cadrage simple, avecdes objets centrés et frontalement photographiés, sans marque expressive et sans contenu narratif. Cestyle transpose la forme de la photo d’identité – prototype du document – aux objets, aux lieux et auxmonuments…C’est particulièrement net en ce qui concerne les images des fermiers de l’Alabama. Lespersonnes qu’il photographie posent ostensiblement et d’une manière assez raide, chez elles ou de-vant leur maison et généralement en regardant l’objectif du photographe. La misère de leur conditionn’est pas occultée, mais elle s’impose comme malgré les personnes photographiées...

Walker Evans et Dorothea Lange,deux regards, deux visions du monde

“Tous deux ont travaillé pour le compte de la Farm Securi-ty Administration (FSA), une agence gouvernementaledont l’objectif était de mettre en œuvre dans le secteuragricole la politique interventionniste de Roosevelt. Cetteagence va se doter d’une division de l’information afinde promouvoir ses réformes auprès du grand public et duCongrès réticent, mais aussi dans le but de constituer desarchives à valeur historique. Et c’est afin de remplir cettedouble mission que la FSA va recruter des photographes,dont Lange et Evans. Mais entre défendre la politique deRoosevelt et constituer un fonds documentaire, il y a unegrande différence pour ne pas dire une tension qui vadonner lieu à l’expression de deux manières très diffé-

Walker Evans, Working FamilyChildersburg, Alabama, 1936

Walker Evans, Burrouhs FamilyHale County, Alabama, 1936

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A l’opposé de ce style, Lange va introduire dans l’approche documentaire la narration, les hommeset la personnalisation des images et surtout la dramatisation. Ses images donnent en effet une visiondramatique et émouvante de la condition des fermiers et des déplacés au détriment le plus souventde la richesse informative. A la différence de Evans, elle choisit de photographier des personnes ensituation de détresse ou de tension que ce soit au travail, dans l’errance, l’abandon ou le désœuvre-ment. Et si dans la plupart des cas, les personnes photographiées ne peuvent pas ignorer qu’elles lesont, elles ne regardent généralement pas l’objectif de l’appareil photo et n’adoptent pas de posephotographique, ce qui n’exclut cependant aucune mise en scène implicite ou explicite.Il n’y a pas chez elle, à la différence de ce qui se passe avec les images de Evans, de tension entreart et utilité, entre approche artistique et approche documentaire parce qu’elle a investi la posturedocumentaire qu’elle revendique de la fonction non pas de documenter, mais de réaliser des repor-tages engagés producteurs d’évènements. En d’autres termes, de l’image utile à l’image artistique, iln’y a qu’un pas parce qu’elle a eu recours à une esthétique dotée d’un fort impact émotionnel.C’est parce qu’elle a d’emblée sacrifié les principes propres à la photographie documentaire défen-dus par Evans (froideur, impersonnalité, restitution riche) au nom de l’expressivité et de l’impact émo-tionnel que ses images ont pu presque malgré elles revendiquer le statut d’œuvre d’art.

C’est en tout cas parfaitement évident en ce qui concerne les images qui sont les plus dépourvuesd’informations, comme par exemple Migrant Mother. Car, indépendamment de son pouvoir d’émou-voir, ce qui fait qu’une image photographique est une œuvre d’art, c’est précisément le fait qu’ellepuisse exister comme telle, indépendamment de la réalité qu’elle figure. L’art se distinguant précisé-ment du document par cela qu’au lieu de représenter le monde et de valoir par la qualité de cettereprésentation (son exactitude, sa complétude, sa fidélité…), elle vaut comme telle, sans référencedirecte à la réalité extérieure. Or la mise en retrait de tout contexte historique, la force plastique etémotionnelle de Migrant Mother lui confère ces caractéristiques. Ce qui veut dire que si Lange a uneécriture photographique qui construit la visibilité de la crise du monde rural sous la forme d’événe-ments, à chaque fois que ses images ne comportent pas de quoi rattacher les évènements à un lieu,une date, une situation déterminée, à chaque fois qu’ils constituent des évènements non référencés,ses images ne sont rien d’autre que des évènements photographiques qui comme tels sont desœuvres d’art.”

Jean-François Devillers, La théorie des images

Dorothea Lange, San Francisco SocialSecurity office, January 1938

Dorothea Lange, Alabama Plow Girl,near Eutaw, Alabama, 1936

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Analyse comparative

Dorothea Lange

Mother and baby of family onthe roadTulelake, Siskiyou countyCalifornia1939

Repères, s’interroger sur :

Espace abritant la scène : éléments visibles, signification, traitement du fond, lumière,perspective et profondeur

Personnages se retrouvant dans les deux tableaux : postures, vêtements, positions rela-tives, relation entre chacun d'eux...

Les représentations de la mère : attitudes, postures, attributs, expressions, situation dansl’image (rapport au cadre)

Autres personnages : description, rôle Sujet des photographies, rôle et place du photographe Les lignes de composition

Dorothea Lange

Migrant MotherNipomo, California

1936

Lewis Hine, Johnson family, fatherunemployed, Scott’s Run, West Virginia,

1937.

“Si dans un premier temps on s’attache plutôt à l’analyse d’une œuvre, de façon à faire émergerdes représentations, du ressenti et des hypothèses, l’analyse comparative de deux œuvres (voireplus) permet dans un deuxième temps de travailler par analogies (ressemblances et différences), etde faire émerger plus facilement des procédés et les intentions de l’artiste.Dans ce cadre, l’enseignant attire l’intention des élèves sur des points particulièrement significatifs del’œuvre (l’histoire qui est racontée, un procédé, une intention…) en posant des questions plus pré-cises.La discussion autour de la deuxième œuvre permet souvent de valider certaines hypothèses liées àl’analyse de la première et de faire émerger au sein de la classe des visions et des points de vues dif-férents.”

Texte extrait de la fiche « L’analyse comparative » du site PREAC :http://preac.ia60.ac-amiens.fr/documents/ress.peda/out.pra/metho/l_analyse_comparative.pdf

”Je découvre qu’il m’est devenu instinctif, habi-tuel et nécessaire de regrouper les photogra-phies en série. J’avais l’habitude de penser entermes de photos isolées : la technique de l’œil-de-bœuf. C’est terminé. Je recherche davan-tage une affirmation photographique. D’où cespaires de tirages, comme une phrase de deuxmots. Là, nous pouvons exprimer les relations, leséquivalents, les progressions, les contradictions,positives et négatives, etc.”

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1935

Joseph Nicéphore Niepce,1ère épreuve photochi-

mique sur étain et sur verreavec le bitume de Judée

1826

David Octavius Hill et RobertAdamson réalisent le premierreportage de l'histoire de la

photographie

1843 - 1845 1855 1931

Première exposition dédiée entiè-rement à la photographie à Paris,

dans les locaux de la SociétéFrançaise de photographie

Invention du 1er flashélectronique par leprofesseur Edgerton

(Etats-Unis)

1932,Généralisation des

allocations familiales

24 février 1929,Crack boursierà New York

1919, Journée de travailde 8 heures sans diminu-

tion de salaire

1902, Réduction à9 heures de la journée detravail pour les mineurs !

Repères historiques

1906, Instauration d’unejournée de repos hebdo-

madaire obligatoire

Dorothea Lange et son inséparable Graflexde trois kilos (!) photographiée par son mari

Paul Taylor en 1935

La photographe lors de sonpériple californien, 1936

Citations

“Vous passez votre appareil photographique au-tour du cou le matin, en enfilant vos chaussures, etle voilà, tel un appendice corporel, prêt à partagervotre vie.L’appareil photo est un instrument qui apprend auxgens à voir sans appareil.”

“C’est très difficile de s’exposer à des mondesnouveaux et étrangers dont vous ne connaissezrien, et de vous y repérer.C’est un travail très dur.C’est difficile de travailler sans s’appuyer sur desréalisations passées ni tomber dans sa propre petiteornière toujours prête à vous réconforter. C’est diffi-cile de se sentie perdue.”

“Si vous mourez, vous êtes mort. C’est tout.”(Réponse d’une indienne Hopi à une question posée parDorothea Lange).

“Parfois vous attendez, parce que vous sentezque l’hostilité est grande. Il y a les bavards qui selaissent aller et vous disent plein de choses ; maisregardez celui qui se cache derrière un arbre enespérant que vous ne le verrez pas, c’est lui sansdoute que vous avez intérêt à aller voir.”

“La photographie documentaire enregistre la so-ciété de notre époque. Elle reflète le présent et tra-vaille pour le futur. Son principal sujet est l’hommedans sa relation à l’humanité.”

1er film Kodachromeinventé aux Etats-Unis

par les chimistesGodowsky et Mannes

1936, 40 heures detravail hebdomadaireet deux semaines de

congés payés

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La banque d’images

Dorothea Lange

La soupe populaire de l'Ange blancSan Francisco, 1932

Dorothea Lange

Homme à côté d'une brouetteSan Francisco, 1934

Dorothea Lange

Contremaître de plantation et ses ouvriersagricoles, près de Clarksdale

Mississipi, 1936

Dorothea Lange

Dans le fossé, embourbé,à bout de ressources

San Joachin Valley, Californie, 1935

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Dorothea Lange

Le shérif de McAlesterdevant la prison,Oklahoma, 1936

Dorothea Lange

Dans les grandes plaines, près de WinnerDakota du Sud, 1938

Dorothea Lange

Epicerie-bazar de carrefourAlabama, 1937

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