54
1 UNIVERSITE PARIS 12 VAL-DE-MARNE FACULTE DE MEDECINE DE CRETEIL ****************** ANNEE 2012 N° 1059 THESE POUR LE DIPLOME D'ETAT DE DOCTEUR EN MEDECINE DES DE GYNECOLOGIE-OBSTETRIQUE Présentée et soutenue publiquement le 17/10/2012 à La Faculté de Médecine Paris 7 Denis Diderot Par Fatiha GUENNAS, épouse ZIANE Née le 23/08/1981 à Paris ASCITE FŒTALE : ETIOLOGIES, PRISE EN CHARGE ET PRONOSTIC. A PROPOS D’UNE SERIE RETROSPECTIVE DE 180 CAS PRESIDENT DE THESE : Mr le Professeur Jean-François Oury DIRECTEUR DE THESE : Mme le Docteur Marie BORNES LE CONSERVATEUR DE LA BIBLIOTHEQUE UNIVERSITAIRE Signature du Président de thèse Cachet de la bibliothèque universitaire

ASCITE FŒTALE : ETIOLOGIES, PRISE EN CHARGE …doxa.u-pec.fr/theses/th634232.pdf · -4 Ponction d'ascite f°tale 22 5- Examens de seconde intention 23 a- Recherche de mutation CFTR

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: ASCITE FŒTALE : ETIOLOGIES, PRISE EN CHARGE …doxa.u-pec.fr/theses/th634232.pdf · -4 Ponction d'ascite f°tale 22 5- Examens de seconde intention 23 a- Recherche de mutation CFTR

1

UNIVERSITE PARIS 12 VAL-DE-MARNE

FACULTE DE MEDECINE DE CRETEIL

******************

ANNEE 2012 N° 1059

THESE

POUR LE DIPLOME D'ETAT

DE

DOCTEUR EN MEDECINE

DES DE GYNECOLOGIE-OBSTETRIQUE

Présentée et soutenue publiquement le 17/10/2012

à

La Faculté de Médecine Paris 7 – Denis Diderot

Par Fatiha GUENNAS, épouse ZIANE

Née le 23/08/1981 à Paris

ASCITE FŒTALE : ETIOLOGIES, PRISE EN CHARGE ET PRONOSTIC. A PROPOS D’UNE SERIE RETROSPECTIVE DE 180 CAS

PRESIDENT DE THESE : Mr le Professeur Jean-François Oury

DIRECTEUR DE THESE : Mme le Docteur Marie BORNES

LE CONSERVATEUR DE LA BIBLIOTHEQUE UNIVERSITAIRE

Signature du Président de thèse Cachet de la bibliothèque universitaire

Page 2: ASCITE FŒTALE : ETIOLOGIES, PRISE EN CHARGE …doxa.u-pec.fr/theses/th634232.pdf · -4 Ponction d'ascite f°tale 22 5- Examens de seconde intention 23 a- Recherche de mutation CFTR

2

REMERCIEMENTS

A mon président de thèse, Mr le Professeur Jean-François Oury:

Vous m’avez fait l’honneur de me confier ce travail et de présider cette thèse. Votre sens

clinique, votre rigueur et votre humanité sont pour moi des modèles. Que ce travail soit le

témoignage de tout mon respect.

A ma directrice de thèse, Mme le Docteur Marie Bornes:

Tu m’as fait l’honneur d’accepter de diriger ce travail. Ta disponibilité, tes conseils et ton

humour ont été d’une aide précieuse. Que cette thèse soit le témoin de mon admiration de tes

qualités professionnelles et humaines.

Page 3: ASCITE FŒTALE : ETIOLOGIES, PRISE EN CHARGE …doxa.u-pec.fr/theses/th634232.pdf · -4 Ponction d'ascite f°tale 22 5- Examens de seconde intention 23 a- Recherche de mutation CFTR

3

Aux membres de mon jury

A Monsieur le Docteur Laurent Salomon

Tu me fais l’honneur de juger mon travail.

Tu m’as ouvert les portes du diagnostic anténatal. Un immense merci pour l’ensemble de ton

enseignement.

A Monsieur le Dr Jacky Nizard

Tu me fais l’honneur de juger ma thèse. Merci pour ta gentillesse et ta disponibilité.

A Mme le Docteur Ghada Hatem

Vous me faites l’honneur de juger ce travail.

Merci pour votre confiance. En tant que future jeune chef, c’est un honneur pour moi

d’intégrer votre future équipe.

Page 4: ASCITE FŒTALE : ETIOLOGIES, PRISE EN CHARGE …doxa.u-pec.fr/theses/th634232.pdf · -4 Ponction d'ascite f°tale 22 5- Examens de seconde intention 23 a- Recherche de mutation CFTR

4

Merci à tous ceux et celles qui m’ont aidé dans la construction de ce travail :

Aux Docteurs Sophie Dreux et Françoise Müller

Merci pour vos explications sur le mystère que représentait pour moi l’interprétation de la

biologie du liquide d’ascite

A Fatma

Pour les cours de statistiques express, ta gentillesse et ta disponibilité alors que tu n’étais pas

plus avancée que moi…. Un grand Merci !!!!

Merci à tous ceux et celles qui m’ont tant appris au cours de mon internat

Aux praticiens qui ont particulièrement marqué mon internat :

Au Docteur Rotten,

Au Docteur Nazac,

Au Docteur Antonetti,

Au Docteur Mokdad,

Au Professeur Barranger,

Au Docteur Bigorie,

Au Professeur Haddad,

Au Docteur Masson,

Au Docteur Bault,

Au Docteur Bernard,

Au Docteur Chalouhi,

Au Docteur Bouhanna,

Au Docteur Bui,

Au Docteur Lacam,

Au Docteur Guillot,

Au Docteur Renouvel

Merci aux sages-femmes et infirmières qui m’ont tant appris lors de ces cinq années

d’internat.

Merci à mes collègues internes et particulièrement :

Claire N. et Claire T., Sophie, Céline, Eve, Alix, Marion, Magali, Bruno et Edouard

Vous avez été des collègues et êtes maintenant des amis.

Vous avez rendu ces années difficiles plus agréables à vivre…

Page 5: ASCITE FŒTALE : ETIOLOGIES, PRISE EN CHARGE …doxa.u-pec.fr/theses/th634232.pdf · -4 Ponction d'ascite f°tale 22 5- Examens de seconde intention 23 a- Recherche de mutation CFTR

5

A mes parents,

Vous m’avez toujours soutenue et accompagnée dans les moments de joie comme dans les

moments plus difficiles au cours de toutes ces années. Vous êtes mes plus solides repères et

tous les jours un peu plus vous me rendez fière d’être votre fille.

Je vous dédie cette thèse.

A mon mari Mhani,

Tu as supporté et supportera encore mes absences répétées et mon « humeur » en sortie de

garde…

Ton soutien a été indéfectible et je ne pourrai jamais te remercier assez.

A mon trésor Lehna,

Tu es mon rayon de soleil et un simple sourire de ta part efface les durs moments de la

journée.

Je veux que tu sois fière de ta maman…

A mon frère et mes soeurs adorés : Karim, Latifa et Sihem

Je n’aurais pas pu rêver d’une plus belle famille.

A mes amies de Créteil,

Linda, Memtolom, Olpha, Salima, Samia, Thi Mai et Yamina

Vous avez réussi à égayer mes « années fac ».

Que de moments passés ensemble !! Pourvu que ça dure et qu’on continue à partager tous les

grands moments de notre vie…

A mes amis qui m’ont connu avant l’aventure « médecine »,

Nanou, Juju, Lénou, Nao, Maud

Malgré mon manque de disponibilité, vous avez su rester fidèles en amitié…

Page 6: ASCITE FŒTALE : ETIOLOGIES, PRISE EN CHARGE …doxa.u-pec.fr/theses/th634232.pdf · -4 Ponction d'ascite f°tale 22 5- Examens de seconde intention 23 a- Recherche de mutation CFTR

6

TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION 10

GENERALITES ERREUR ! SIGNET NON DEFINI.

I- DEFINITIONS ERREUR ! SIGNET NON DEFINI.

1- Ascite Erreur ! Signet non défini.

2- Anasarque 11

II- PHYSIOPATHOLOGIE 11

III- DIAGNOSTIC DE L’ASCITE FOETALE 15

1- Diagnostic positif 15

a- Diagnostic échographique 15

b- Diagnostic anatomo-pathologique 18

2- Diagnostic différentiel 18

3- Diagnostic étiologique 19 IV- BILAN ETIOLOGIQUE 21

1- Bilan échographique 21

2- Bilan biologique maternel 21

3- Ponction de liquide amniotique 22

4- Ponction d'ascite fœtale 22 5- Examens de seconde intention 23

a- Recherche de mutation CFTR 23

b- Recherche d'une cause métabolique 24

c- CGH array 24

V- PRISE EN CHARGE THERAPEUTIQUE DE L’ASCITE FOETALE 25

1- Traitement in utero 25

a- Les troubles du rythme cardiaque foetal 30 b- Les hernies de coupole diaphragmatique 26

c- Les anémies fœtales : exemple de la séroconversion à parvovirus B19 26

d- Les hydrothorax 27

e- Autres thérapeutiques 28 2- Traitement postnatal 29

a- Traitement chirurgical 29

b- Traitement médical 29

ASCITE FOETALE: A PROPOS D’UNE SERIE RETROSPECTIVE DE 180 CAS 30

I- OBJECTIF DE L’ETUDE 30

II- MATERIEL ET METHODE 30

1- Population et receuil des données 30

a- Critères d’inclusion 31

b- Critères d'exclusion 31

2- Explorations 32

3- Analyses statistiques 33

4- Contexte éthique 32

III- RESULTATS 33

1- Caractéristiques générales des patientes 33

2- Etiologies 33

a- Ascites et anasarques idiopathiques 33

Page 7: ASCITE FŒTALE : ETIOLOGIES, PRISE EN CHARGE …doxa.u-pec.fr/theses/th634232.pdf · -4 Ponction d'ascite f°tale 22 5- Examens de seconde intention 23 a- Recherche de mutation CFTR

7

b- Causes organiques 34

c- Causes hématologiques 37

d- Causes génétiques 37

e- Causes infectieuses 38

f- Chylothorax 38

3- Facteurs pronostiques 39

a- Age gestationnel 40

b- Malformations associées 40

c- Anasarque fœtale 41

4- Traitement in utero 42

DISCUSSION 44

I- ETIOLOGIES DES ASCITES FOETALES 44

II- PRONOSTIC DES ASCITES FOETALES 45

III- SPECIFICITE DU DEPISTAGE ANTENATAL DES CAUSES DE L’ASCITE FOETALE 47

IV- LIMITES DE L'ETUDE 48

CONCLUSION 49

BIBLIOGRAPHIE 51

Page 8: ASCITE FŒTALE : ETIOLOGIES, PRISE EN CHARGE …doxa.u-pec.fr/theses/th634232.pdf · -4 Ponction d'ascite f°tale 22 5- Examens de seconde intention 23 a- Recherche de mutation CFTR

8

TABLE DES ILLUSTRATIONS

Figure 1 : Microcirculation sanguine et lymphatique 12

Figure 2 : General pathophysiologic pathways in the various causes of non-immune hydrops

fetalis 14

Figure 3 : Ascite fœtale sur une coupe transversale de l’abdomen 16

Figure 4 : Anasarque fœtale avec ascite, épanchement pleural et péricardique et œdème sous

cutané 17

Figure 5 : Œdème en pélerine 17

Figure 6 : Ponction d’ascite fœtale : démarche diagnostique 23

Figure 7 : Critères d'exclusion 31

Figure 8 : Pronostic en fonction de l’âge gestationnel 40

Figure 9 : Pronostic en fonction de la présence d’une anasarque 42

Tableau 1 : Correspondances clinico-physiopathologiques de l’anasarque foetale 15

Tableau 2 : Diagnostic final des ascites fœtales considérées comme isolées en anténatal 35

Tableau 3: Issue et diagnostic final des 180 grossesses avec ascite foetale 39

Tableau 4: Proportion des étiologies en fonction de l’âge gestationnel 41

Tableau 5 : Etiologies des ascites fœtales : revue de la littérature 45

Tableau 6 : Pronostic des ascites fœtales : revue de la littérature 46

Page 9: ASCITE FŒTALE : ETIOLOGIES, PRISE EN CHARGE …doxa.u-pec.fr/theses/th634232.pdf · -4 Ponction d'ascite f°tale 22 5- Examens de seconde intention 23 a- Recherche de mutation CFTR

9

LISTE DES ABBREVIATIONS

CMV : Cytomégalovirus

CFTR : Cystic fibrosis transmembrane conductance regulator

CPDPN: Centre pluridisciplinaire de diagnostic prénatal

HTAP: Hypertention artérielle pulmonaire

IMG : interruption médicale de grossesse

LHR : Lung to head ratio

MFIU : Mort fœtale in utero

MoM : Multiples de la médiane

NIHF : Non immune hydrops fetalis

PCR : Polymerase chain reaction

PVB19 : Parvovirus B19

RAI : Recherche d’agglutinines irrégulières

RCIU : Retard de croissance intra-utérin

SA : Semaine d’aménorrhée

Page 10: ASCITE FŒTALE : ETIOLOGIES, PRISE EN CHARGE …doxa.u-pec.fr/theses/th634232.pdf · -4 Ponction d'ascite f°tale 22 5- Examens de seconde intention 23 a- Recherche de mutation CFTR

10

INTRODUCTION

L’ascite fœtale correspond à la présence de liquide dans la cavité péritonéale et peut

s’inscrire dans un tableau d’anasarque fœtale.

L’anasarque fœtale est une pathologie sévère correspondant à un épanchement au niveau des

tissus mous et des cavités séreuses.

Il existe deux grandes catégories d’anasarque : en effet, celle-ci peut être d’origine

immunologique ou non immunologique selon la présence ou l’absence d’anticorps maternels

dirigés contre les antigènes érythrocytaires du fœtus.

Alors qu’il y a quelques années, on pensait que la majorité des anasarques fœtales étaient

secondaire à une incompatibilité rhésus foeto-maternelle, on estime désormais au contraire

que plus de 90% des cas d’anasarques sont non immunologiques.48

C’est pourquoi on ne s’intéressera dans notre série qu’aux ascites et anasarques fœtales

d’origine non immunologique.

La prévalence de l’anasarque fœtale d’origine non immune est difficile à estimer de manière

précise en raison de la résolution spontanée qui peut survenir en période prénatale mais

également en raison du fait que les séries dans la littérature concernent généralement des

faibles effectifs ou des cases reports.

Cependant, la prévalence généralement retrouvée pour les anasarques fœtales d’origine non

immune est de 1/1500 à 1/3750 grossesses22,26

.

L’ascite fœtale est également une anomalie rare, dont les étiologies sont multiples et se

confondent en grande partie avec celles de l’anasarque ; en effet, l’ascite peut en être la

première manifestation. Un bilan étiologique bien conduit permet d’en retrouver la cause dans

la majorité des cas, le but étant d’établir le pronostic fœtal et de proposer une prise en charge

prénatale et/ou postnatale adaptée. C’est ce que nous allons tenter de montrer à travers notre

étude.

Page 11: ASCITE FŒTALE : ETIOLOGIES, PRISE EN CHARGE …doxa.u-pec.fr/theses/th634232.pdf · -4 Ponction d'ascite f°tale 22 5- Examens de seconde intention 23 a- Recherche de mutation CFTR

11

GENERALITES

I) DEFINITIONS

1) Ascite :

Epanchement liquidien non sanglant dans la cavité péritonéale.

2) Anasarque :

Œdème sous cutané diffus supérieur à 5 mm associé au moins à un épanchement au

niveau d’une séreuse (péricarde, plèvre, péritoine), ou présence d’un épanchement

dans deux séreuses différentes. L’hydramnios est fréquent mais inconstant .23

II) PHYSIOPATHOLOGIE

Le mécanisme physiopathologique de la formation d’ascite ou d’anasarque n’est pas

encore entièrement compris bien qu’il semble être lié à un déséquilibre entre la filtration

capillaire artérielle du fluide plasmatique et sa réabsorption par les capillaires veineux et les

vaisseaux lymphatiques.

En situation normale, la filtration capillaire l’emporte sur la réabsorption avec un mouvement

net d’eau du sang vers le compartiment interstitiel. Cette eau excédentaire est alors ramenée

Page 12: ASCITE FŒTALE : ETIOLOGIES, PRISE EN CHARGE …doxa.u-pec.fr/theses/th634232.pdf · -4 Ponction d'ascite f°tale 22 5- Examens de seconde intention 23 a- Recherche de mutation CFTR

12

dans le secteur vasculaire par la circulation lymphatique. lesecteurlymphatique.

Figure 1. Microcirculation sanguine et lymphatique. biologie.univ-mrs.fr

Lorsque la quantité filtrée dépasse la somme du volume réabsorbé et lymphatique, il se forme

une accumulation de fluide dans le secteur interstitiel.

Quatre grands mécanismes physiologiques interviennent dans ce déséquilibre. Ceux-

ci peuvent être isolés ou associés:

- L’augmentation de la pression hydrostatique qui entraîne un obstacle au retour

veineux. Une stase dans la veine porte conduit à la formation d’ascite (défaillance

cardiaque, augmentation de la pression intra-thoracique…)

- Diminution de la pression oncotique qui conduit à une fuite sévère de fluide

plasmatique dans le compartiment interstitiel qui ne peut être complètement réabsorbé

par le système lymphatique (défaut de synthèse hépatique, syndrome néphrotique…)

- Anomalies du drainage lymphatique qui empêchent une réabsorption de l’eau du

secteur interstitiel vers le compartiment intravasculaire (retard ou anomalies des

connexions lymphatico-jugulaires, obstacle lymphatique…)

- Augmentation de la perméabilité capillaire qui entraîne simultanément une

augmentation de la perméabilité aux protéines (hypoxie++….)

Page 13: ASCITE FŒTALE : ETIOLOGIES, PRISE EN CHARGE …doxa.u-pec.fr/theses/th634232.pdf · -4 Ponction d'ascite f°tale 22 5- Examens de seconde intention 23 a- Recherche de mutation CFTR

13

Les différences de développement entre le fœtus et l’adulte concernant la microcirculation et

le système lymphatique, rendent le fœtus plus susceptible à l’accumulation de fluide dans le

secteur interstitiel.

En effet, ces différences incluent une plus grande perméabilité capillaire, un compartiment

interstitiel plus compliant et enfin, une influence plus importante de la pression veineuse sur

le retour lymphatique.

Le mécanisme de formation des ascites urinaires est tout autre puisqu’il s’agit principalement

d’un phénomène mécanique par rupture des cavités rénales ou de la vessie liée à

l’hyperpression secondaire à l’accumulation des urines. L’autre phénomène impliqué dans la

formation d’ascite urinaire serait l’extravasation des urines à travers les parois du haut

appareil urinaire.7

Les ascites d’origine digestives sont en rapport avec des perforations et une réaction

péritonéale à la présence de méconium dans le péritoine. Ces perforations sont d’origine

vasculaire sur volvulus ou RCIU et peuvent survenir sur un iléus méconial, dans la

mucoviscidose en particulier. Un autre mécanisme serait la fuite de protéines dues secondaire

à une entéropathie provoquant alors une diminution de la pression oncotique.

Les cas d’anasarques d’origine néphrologique sont exceptionnels et sont secondaires à une

thrombose des veines rénales.

Page 14: ASCITE FŒTALE : ETIOLOGIES, PRISE EN CHARGE …doxa.u-pec.fr/theses/th634232.pdf · -4 Ponction d'ascite f°tale 22 5- Examens de seconde intention 23 a- Recherche de mutation CFTR

14

Figure 2. General pathophysiologic pathways in the various causes of non-immune hydrops fetalis.

Bellini et al, 20123

Page 15: ASCITE FŒTALE : ETIOLOGIES, PRISE EN CHARGE …doxa.u-pec.fr/theses/th634232.pdf · -4 Ponction d'ascite f°tale 22 5- Examens de seconde intention 23 a- Recherche de mutation CFTR

15

Tableau 1. Correspondances clinico-physiopathologiques de l’anasarque fœtale.

D’après Giacoia 20

Mécanisme

physiopathologique

Perturbation spécifique Exemples étiologiques

Augmentation de la pression

hydrostatique

Insuffisance cardiaque - Myocardite

- Arythmies

- Fermeture prématurée du

foramen ovale

- Syndrome transfuseur-

transfusé

- Fistule artério-veineuse

- Tératomes et hémangiomes

Obstacle au retour veineux - Malformation adénomatoïde

kystique du poumon

- Thrombose cave

Diminution de la pression

oncotique plasmatique

- Baisse de la synthèse

protéique

- Augmentation de l’excrétion

protéique

- Incompatibilité Rhésus foeto-

maternelle

- Syndrome néphrotique

congénital

Augmentation de la

perméabilité capillaire

Anoxie - Infections congénitales

- Œdème placentaire

Anomalies du drainage

lymphatique

Lymphangiectasies -Chylothorax et ascite chyleuse

III) DIAGNOSTIC:

1) Diagnostic positif

a) Diagnostic échographique

L’ascite fœtale est de diagnostic aisé en échographie de dépistage et correspond à la présence

d’un épanchement liquidien intra-abdominal qui apparait anéchogène, cloisonné ou non.

A un stade débutant, elle se traduit échographiquement par un croissant anéchogène entourant

les différentes structures abdominales sur une coupe transversale de l’abdomen.

Page 16: ASCITE FŒTALE : ETIOLOGIES, PRISE EN CHARGE …doxa.u-pec.fr/theses/th634232.pdf · -4 Ponction d'ascite f°tale 22 5- Examens de seconde intention 23 a- Recherche de mutation CFTR

16

Les contours du foie, du tube digestif et de la vessie sont mieux visualisés en présence

d’ascite et ces organes peuvent avoir un aspect « flottant ».

Figure 2. Ascite fœtale sur une coupe transversale de l’abdomen à 22SA+3. Banque de données du

CEDEF.

Lorsqu’une anasarque foeto-placentaire existe on retrouve un œdème sous-cutané

diffus (épaisseur cutanée supérieure à 5mm) associé à un épanchement liquidien d’au moins

deux séreuses.

Page 17: ASCITE FŒTALE : ETIOLOGIES, PRISE EN CHARGE …doxa.u-pec.fr/theses/th634232.pdf · -4 Ponction d'ascite f°tale 22 5- Examens de seconde intention 23 a- Recherche de mutation CFTR

17

Figure 3. Anasarque fœtale avec ascite, épanchement pleural et péricardique et œdème sous cutané.

Image de Me C., CHU Jeanne de Flandre

Figure 5. Œdème en pélerine

Image de Me C., CHU Jeanne de Flandre

Le placenta est oedématié et augmenté de volume : cela se traduit échographiquement par un

placenta homogène et hyperéchogène dont l’épaisseur est supérieure ou égale à 4cm au 2è

trimestre et 6cm au 3è trimestre.

Un œdème du cordon ombilical peut également être présent.

Page 18: ASCITE FŒTALE : ETIOLOGIES, PRISE EN CHARGE …doxa.u-pec.fr/theses/th634232.pdf · -4 Ponction d'ascite f°tale 22 5- Examens de seconde intention 23 a- Recherche de mutation CFTR

18

L’ascite ou anasarque fœtale peuvent être associées à un hydramnios. Celui-ci est

diagnostiqué par la mesure de la plus grande citerne qui est alors supérieure à 10 cm ou bien

encore par le calcul de l’index de liquide amniotique qui doit être supérieur à 24cm.41

On s’attachera enfin à réaliser de manière soigneuse les biométries fœtales car on observe

fréquemment, du fait de la présence d’ascite, une augmentation du périmètre abdominal qui

devient alors supérieur au 90è percentile. Cependant, il n’est pas rare non plus de constater à

contrario un RCIU faisant partie intégrante du syndrome originel, ou d’apparition secondaire,

témoignant alors d’une souffrance fœtale. L’observation d’un RCIU aggrave alors le

pronostic fœtal.

b) Diagnostic anatomopathologique

La définition de l’anasarque comprend plusieurs critères : la présence d’un œdème généralisé

des tissus mous associé à un épanchement dans au moins une cavité pleurale, péricardique ou

péritonéale ainsi que la constatation de globules rouges nucléés dans les vaisseaux fœtaux

(organes autopsiés et/ou placenta). 44

2) Diagnostic différentiel :

Le diagnostic échographique d’ascite fœtale est relativement aisé, toutefois certaines images

peuvent faire porter à tort le diagnostic d’ascite fœtale.

Il faudra donc distinguer :

- Devant une ascite cloisonnée : un kyste ovarien, un kyste du mésentère ou encore une

dilatation digestive.

- Devant une ascite libre : une formation liquidienne extra-péritonéale telle qu’une

urétéro-hydronéphrose, ou plus rare, une tumeur rétropéritonéale liquidienne.

Page 19: ASCITE FŒTALE : ETIOLOGIES, PRISE EN CHARGE …doxa.u-pec.fr/theses/th634232.pdf · -4 Ponction d'ascite f°tale 22 5- Examens de seconde intention 23 a- Recherche de mutation CFTR

19

3) Diagnostic étiologique :

L’ascite fœtale est dans la grande majorité des cas (>80%) le symptôme d’une pathologie

sous-jacente.28

Si son diagnostic positif est aisé, ses étiologies par contre sont multiples et se confondent en

grande partie avec celles de l’anasarque fœtale puisque l’ascite fœtale peut correspondre à une

anasarque débutante.

Les étiologies des ascites et anasarques fœtales se divisent en deux grandes catégories :

Les causes immunes qui correspondent à l’allo-immunisation Rhésus foeto-maternelle.

Elles représentent une faible proportion des étiologies d’ascite et hydrops fœtaux

(<20%) depuis l’utilisation prophylactique des immunoglobulines anti D53

.

Les causes non immunes, plus fréquentes, puisqu’elles représentent 76 à 87% des

causes d’anasarques22,48

. Parmi ces causes non immunes, les étiologies sont

nombreuses et variées, on peut les diviser en 13 catégories :

Les causes cardio-vasculaires qui regroupent les malformations cardiaques

ainsi que les troubles du rythme cardiaque foetal et les cardiomyopathies.

Les aneuploïdies : trisomie 21, syndrome de Turner…

Les causes digestives parmi lesquelles on retrouve les atrésies digestives, les

péritonites méconiales (notamment dans la mucoviscidose), les volvulus du

grêle ainsi que les imperforations anales et autres malformations rares. Nous

avons choisi d’inclure dans cette catégorie les anomalies de fermeture de la

paroi abdominale, à savoir les laparoschisis et omphalocèles.

Les causes thoraciques qui incluent les maladies adénomatoïdes kystiques du

poumon, les séquestrations pulmonaires, les atrésies trachéales et laryngées

mais également les hernies de coupole diaphragmatique.

Les causes infectieuses regroupant les infections à cytomégalovirus,

toxoplasmose, parvovirus B19, syphilis, herpès simplex virus, varicelle…

Les causes hématologiques incluant les hémoglobinopathies, les

dysérythropoïèses et toutes les causes d’anémie autres que celle due à

l’infection par le parvovirus B19.

Les causes génito-urinaires qui regroupent les anomalies du tractus urétro-

vésico-urétéral, les malformations rénales ainsi que les cloaques

Page 20: ASCITE FŒTALE : ETIOLOGIES, PRISE EN CHARGE …doxa.u-pec.fr/theses/th634232.pdf · -4 Ponction d'ascite f°tale 22 5- Examens de seconde intention 23 a- Recherche de mutation CFTR

20

Les dysplasies lymphatiques qui regroupent les chylopéritoines et les

chylothorax

Les causes métaboliques qui sont multiples ; on retiendra par exemple les

maladies de surcharge lysosomiales comme l’hémochromatose, la

galactosidose ou encore la gangliosidose.

Les syndromes polymalformatifs qui associent plusieurs malformations et qui

peuvent être syndromiques ou non.

Le syndrome transfuseur-transfusé en cas de grossesse gémellaire

monochoriale biamniotique.

Les causes diverses dans lesquelles on regroupe toutes les causes rares d’ascite

fœtale

Enfin, les causes dites « idiopathiques » lorsqu’aucune de ces étiologies sus

citées n’a été retrouvée malgré un bilan complet.

Page 21: ASCITE FŒTALE : ETIOLOGIES, PRISE EN CHARGE …doxa.u-pec.fr/theses/th634232.pdf · -4 Ponction d'ascite f°tale 22 5- Examens de seconde intention 23 a- Recherche de mutation CFTR

21

IV) BILAN ETIOLOGIQUE:

Ce bilan s’effectue en plusieurs étapes :

1) Bilan échographique :

Dans un premier temps, une échographie de contrôle est réalisée par un médecin

référent. Celle-ci a plusieurs objectifs :

Diagnostique : l’échographiste confirme la présence d’ascite et évalue son

abondance, il recherche ensuite d’éventuelles malformations associées qui

pourraient orienter vers une étiologie. Il se doit également de calculer les

vitesses cérébrales au niveau de l’artère cérébrale moyenne afin de dépister une

éventuelle anémie qui pourrait être à l’origine de l’ascite. Le diagnostic

d’anémie fœtale est très fortement suspecté lorsque le pic de vitesse systolique

au niveau de l’artère cérébrale moyenne est supérieur à 1,5 MoM. Une

ponction de sang fœtal est alors indiquée afin de confirmer et déterminer la

gravité de l’anémie.

Pronostique : on recherche une éventuelle anasarque associée ou la présence

d’une quantité de liquide amniotique anormale (hydramnios ou oligoamnios).

On réalise également des dopplers ombilical et veineux au niveau du canal

d’Arantius afin d’évaluer la tolérance fœtale.

Une échographie cardiaque fœtale est également réalisée de manière systématique afin

de rechercher des troubles du rythme et/ou des malformations cardiaques fœtales

2) Bilan biologique maternel :

Celui-ci comprend : groupe sanguin, rhésus, RAI et Kleihauer afin d’éliminer une

allo-immunisation Rhésus foeto-maternelle.

Une origine infectieuse est également recherchée en effectuant les sérologies CMV,

toxoplasmose, parvovirus B19, rubéole, herpès et syphilis (IgM et IgG).

Page 22: ASCITE FŒTALE : ETIOLOGIES, PRISE EN CHARGE …doxa.u-pec.fr/theses/th634232.pdf · -4 Ponction d'ascite f°tale 22 5- Examens de seconde intention 23 a- Recherche de mutation CFTR

22

3) Ponction de liquide amniotique :

Une amniocentèse à partir de 16SA est proposée dans tous les cas. Elle permet

d’effectuer une étude cytogénétique, virologique et biochimique du liquide

amniotique.

L’étude cyogénétique consiste en la réalisation d’un caryotype associée à des

techniques récentes pour la recherche de syndromes microdélétionnels (BOBS).

Lors de l’étude virologique, on recherche les virus CMV, toxoplasmose et parvovirus

B19 par PCR. Un dosage de l’interféron α est réalisé de manière concomittante.

L’étude biochimique consiste en un dosage de cinq marqueurs : le taux de protéines

totales, la β2 microglobuline (β2m) et trois enzymes digestives regroupant la gamma-

glutamyl transpeptidase (GGTP), la leucine aminopeptidase (ALP), et enfin la

phosphatase alcaline totale et ses trois isoenzymes, incluant la forme intestinale

(PALi).

4) Ponction d’ascite foetale

A chaque fois que celle-ci est facilement réalisable, dans un second temps, ou sur

indication à visée décompressive, une ponction d’ascite, d’urines fœtales ou

d’épanchement pleural pour étude biochimique et cytologique est effectuée.

L’étude biochimique est identique à celle qui est réalisée sur le liquide amniotique,

sauf que l’on dose un marqueur supplémentaire, à savoir le taux d’IgM totales.

L’analyse cytologique du liquide consiste essentiellement à déterminer le taux de

lymphocytes, puisqu’une élévation de ce taux supérieure à 80% orientera vers une

origine chyleuse.

Une origine infectieuse de l’ascite est prouvée lorsque l’on retrouve une élévation du taux des

IgM (100% de spécificité et 100% de sensibilité) associée à une augmentation de la β2m. Un

taux important d’enzymes digestives orientera vers une étiologie digestive et enfin, une

origine urinaire de l’ascite sera évoquée devant un taux bas de protéines totales associé à

l’absence d’enzymes digestives dans le liquide d’ascite.17

Page 23: ASCITE FŒTALE : ETIOLOGIES, PRISE EN CHARGE …doxa.u-pec.fr/theses/th634232.pdf · -4 Ponction d'ascite f°tale 22 5- Examens de seconde intention 23 a- Recherche de mutation CFTR

23

Lymphocytes

> 80% < 80%

Origine chyleuse iPAL

> 10 UI/L < 10 UI/L

Origine digestive IgM

> 50 mg/L < 50 mg/L

Origine infectieuse Protéines totales

<13 g/L >13 g/L

Origine urinaire GGTP

<50 UI/L >50 UI/L

? Origine digestive

Figure 6. Ponction d’ascite fœtale : démarche diagnostique.

F. Müller, Service de biochimie, Hôpital R. Debré.

5) Examens de seconde intention :

a) Recherche des mutations CFTR

Celle-ci est réalisée sur le liquide amniotique et le sang des parents en cas

d’histoire familiale et/ou de point d’appel échographique, essentiellement digestif,

évocateurs de mucoviscidose (péritonite méconiale avec calcifications, par

exemple)

Page 24: ASCITE FŒTALE : ETIOLOGIES, PRISE EN CHARGE …doxa.u-pec.fr/theses/th634232.pdf · -4 Ponction d'ascite f°tale 22 5- Examens de seconde intention 23 a- Recherche de mutation CFTR

24

b) Recherche d’une cause métabolique

Une cause métabolique sera recherchée en cas de consanguinité, d’antécédents familiaux de

maladie métabolique ou encore devant la présence de lymphocytes vacuolés dans le liquide

amniotique ou d’ascite ou le sang fœtal.

Cette recherche consiste en l’analyse du liquide amniotique surnageant

(mucopolysaccharides, oligosaccharides)

c) CGH array

Une recherche de déséquilibre génomique par CGH array est réalisée en cas de suspicion de

pathologie syndromique génétique.

Page 25: ASCITE FŒTALE : ETIOLOGIES, PRISE EN CHARGE …doxa.u-pec.fr/theses/th634232.pdf · -4 Ponction d'ascite f°tale 22 5- Examens de seconde intention 23 a- Recherche de mutation CFTR

25

V) PRISE EN CHARGE THERAPEUTIQUE DE L’ASCITE FOETALE

1) Traitement in utero

Peu de pathologies responsables d’ascite ou d’anasarque fœtale sont accessibles à un

traitement efficace in utero.

Quatre causes d’anasarque ont une prise en charge thérapeutique in utero reconnue:

a) Les troubles du rythme cardiaque fœtal

Ce sont plus précisément les tachycardies fœtales supraventriculaires qui peuvent bénéficier

d’un traitement médicamenteux maternel. On parle de tachycardie fœtale lorsque le rythme

cardiaque fœtal est supérieur à 180bpm de manière prolongée.

Trois drogues peuvent être utilisées :

- la digoxine qui a un bon passage transplacentaire (>60%), qui est peu

iatrogène et qui est également non tératogène. Elle est utilisée en première

intention en cas de tachycardie fœtale sans anasarque grâce à ses

propriétés sus citées avec un taux d’efficacité estimé entre 50 et 75%. Par

contre la présence d’un œdème placentaire diminue son passage placentaire

et le taux d’efficacité du traitement chute à 10% en cas d’anasarque.

Elle est alors volontiers associée à d’autres antiarythmiques.

- C’est le cas de l’amiodarone, efficace dans le traitement des tachycardies

fœtales avec anasarque (45% de succès lorsqu’elle est associée à la

digoxine). Par contre elle nécessite l’utilisation de posologie maternelle

importante en raison de son faible passage placentaire (15%). Son délai

d’action parfois long, sa longue demi-vie et surtout ses conséquences sur

les fonctions thyroïdiennes maternelles et fœtales en font un traitement de

troisième intention

- Le flécaïnide (Flécaïne®) a un important passage transplacentaire (80%)

même en cas d’œdème placentaire et est non tératogène. Par contre il existe

un risque pro-arythmique chez la mère lors de l’utilisation de ce produit. La

Flécaïne® est rapidement efficace sur la tachycardie foetale et possède une

demi-vie courte. Un retour en rythme sinusal est obtenu dans deux tiers des

cas avec ou sans anasarque, ce qui en fait le produit à utiliser en première

Page 26: ASCITE FŒTALE : ETIOLOGIES, PRISE EN CHARGE …doxa.u-pec.fr/theses/th634232.pdf · -4 Ponction d'ascite f°tale 22 5- Examens de seconde intention 23 a- Recherche de mutation CFTR

26

intention en cas de tachycardie fœtale avec anasarque à une dose de 300

mg/j. Une fois la cardioversion obtenue, on effectue un relais avec la

digoxine car celle-ci est moins iatrogène et l’anasarque régresse en général

en 2-3 semaines.31

Par contre en cas de bradyarythmie (fréquence cardiaque fœtale inférieure à 100bpm de

manière permanente), il n’existe pour le moment, aucun traitement in utero efficace.

b) Les hernies de coupole diaphragmatique

Seules les hernies de mauvais pronostic sont accessibles à un traitement in utero afin de

limiter l’hypoplasie pulmonaire secondaire à l’ascension intrathoracique des organes

abdominaux. Le traitement est proposé lorsque ces critères sont réunis : hernie de coupole

diaphragmatique isolée avec un lung to head ratio (LHR) <1 (ou un LHR observé/LHR

attendu <25%) et la présence d’un foie en position intra-thoracique. Le traitement consiste en

l’occlusion intra-trachéale à l’aide d’un ballonnet par foetoscopie, permettant l’expansion

pulmonaire et la correction des anomalies induites par la hernie de coupole diaphragmatique.

On réalise cette intervention idéalement entre 26 et 28SA, avec un retrait du ballonnet vers

34SA. La principale complication de cette technique est la rupture prématurée des membranes

qui intervient dans près de la moitié des cas.

En l’absence de traitement in utero, les chances de survie néonatale pour ces fœtus est

inférieure à 20% et elle passe à environ 50% en cas de prise en charge thérapeutique in utero.

Toutefois ces bons résultats sont à nuancer avec une morbidité qui reste non négligeable, en

particulier la possible présence d’une hypertension artérielle pulmonaire, de troubles de

l’oralité…4

c) Les anémies fœtales : exemple de la séroconversion à parvovirus B19.

L’anasarque est dans ce cas-là secondaire soit à une anémie sévère entraînant une

atteinte cardiaque fonctionnelle, soit à une myocardite virale, responsable alors d’une atteinte

organique. Les deux phénomènes peuvent s’intriquer. En cas de séroconversion à parvovirus

B19 et d’infection fœtale, l’anasarque apparaît dans la majorité des cas entre 16 et 24SA.

Après 28 SA, en raison de l’augmentation de la durée de vie des hématies, le risque

d’anasarque est devenu pratiquement nul (1%). L’anasarque peut être spontanément résolutive

dans 1/3 des cas si elle est modérée. Par contre, si elle est sévère, une mort fœtale in utero

Page 27: ASCITE FŒTALE : ETIOLOGIES, PRISE EN CHARGE …doxa.u-pec.fr/theses/th634232.pdf · -4 Ponction d'ascite f°tale 22 5- Examens de seconde intention 23 a- Recherche de mutation CFTR

27

intervient dans 30 à 100% des cas selon les séries, en l’absence de prise en charge in utéro

adaptée.9

Celle-ci consiste à effectuer à partir de 18 SA, une ponction de sang fœtal armée avec du sang

et des plaquettes. Ce geste a un but diagnostique en confirmant l’anémie fœtale (déjà

fortement suspectée à l’échographie par l’augmentation du pic de vitesse systolique au niveau

de l’artère cérébrale moyenne (>1,5MoM)) en réalisant une numération formule sanguine. Il

permet également les prélèvements biologiques nécessaires à la recherche d’une origine

parvovirale. Il a enfin et surtout un but thérapeutique en réalisant de manière extemporanée

une transfusion sanguine in utéro afin de corriger l’anémie et la thrombopénie qui

l’accompagne fréquemment. Les transfusions in utero permettent de diminuer la mortalité

fœtale de 15 à 24%.9 La ponction de sang fœtal sera rarement répétée dans cette indication car

l’anémie est transitoire et l’évolution naturelle se fait vers la guérison à la fin de l’aplasie

médullaire.

d) Les hydrothorax

Ceux-ci peuvent être primitifs ou secondaires.

En cas d’hydrothorax secondaire, le pronostic dépend étroitement de l’étiologie sous jacente.

C’est pourquoi nous nous intéresserons aux hydrothorax primitifs qui répondent aux critères

post-nataux de chylothorax, soit de contenir 1,1 mmol/l de triglycérides et avoir un taux de

lymphocytes supérieur à 80%52

. Les hydrothorax peuvent se compliquer d’une hypoplasie

pulmonaire, principalement pendant la période de 16 à 24 SA, mais des complications

maternelles peuvent également survenir, principalement la pré-éclampsie et le syndrome en

miroir.

En cas d’hydrothorax modéré, sans hydrops, une prise en charge conservatrice avec simple

surveillance échographique peut être envisageable, les taux de survies rapportés étant de 73 à

100% et des cas de régression spontanée ayant été décrits. Par contre, l’apparition d’une

anasarque fœtale grève le pronostic avec un taux de survie de 12 à 35% en cas d’abstention

thérapeutique.16

Les critères de mauvaise tolérance sont l’aplatissement ou l’inversion de la coupole

diaphragmatique signant l’hydrothorax compressif et la nécessité de lever l’hyperpression

Deux approches thérapeutiques sont possibles : la ponction pleurale évacuatrice à visée

diagnostique mais également thérapeutique dont le but est d’entraîner une décompression

thoracique et une poursuite de la croissance pulmonaire. Mais en pratique, l’épanchement se

Page 28: ASCITE FŒTALE : ETIOLOGIES, PRISE EN CHARGE …doxa.u-pec.fr/theses/th634232.pdf · -4 Ponction d'ascite f°tale 22 5- Examens de seconde intention 23 a- Recherche de mutation CFTR

28

reforme dans la majorité des cas. Le taux de survie après ponction pleurale n’est que de 10 à

50%.

Afin d’éviter la ré-apparition de l’hydrothorax, le shunt pleuro-amniotique apparaît comme

étant une bonne alternative car il permet un drainage permanent. Celui-ci peut être uni ou

bilatéral. Il s’agit d’introduire sous contrôle échographique un double drain thoracique avec

une extrémité en queue de cochon, à travers un trocart de 3mm. Le taux de survie est alors de

44 à 67%. Les principales complications de ce geste, qui interviennent dans 15 à 20% des

cas, sont la rupture prématurée des membranes, la chorioamniotite ou encore la migration du

cathéter.16

e) Autres thérapeutiques

D’autres pathologies responsables d’ascite et/ou d’anasarque fœtale peuvent bénéficier

d’un traitement in utero mais leur efficacité reste controversée.

C’est le cas par exemple des valves de l’urètre postérieur avec mégavessie pour lesquels la

pose d’un drain vésico-amniotique est souvent tentée. En effet, cela permettrait en théorie de

corriger l’oligoanamnios qui est souvent associé et donc de prévenir l’hypoplasie pulmonaire

et également d’éviter la dysplasie rénale par un drainage continu des urines. Mais en pratique,

cette technique permettrait d’améliorer la survie globale mais avec une insuffisance rénale

sévère dans 30 à 40 % des cas parmi les fœtus survivants.7

Il y également le cas des tératomes sacro-coccygiens, dont l’anasarque est secondaire à la

décompensation hémodynamique qui peut être due soit à l’effet shunt dans les formes

hypervascularisées, soit à une hémorragie intrakystique responsable d’anémie. Le traitement

consiste en une réduction tumorale in utero par radiofréquence, laser Yag ou encore par

chirurgie in utero. Mais pour l’instant ces interventions sont anecdotiques et techniquement

difficiles.

Enfin, il existe le cas particulier du drainage de l’ascite abdominale, urinaire ou encore de

l’hydrothorax en pré-partum afin de pouvoir éviter une compression thoracique ou encore une

dystocie abdominale en cas d’accouchement par voie basse.

Page 29: ASCITE FŒTALE : ETIOLOGIES, PRISE EN CHARGE …doxa.u-pec.fr/theses/th634232.pdf · -4 Ponction d'ascite f°tale 22 5- Examens de seconde intention 23 a- Recherche de mutation CFTR

29

2) Traitement post-natal

Le traitement post-natal sera adapté à la pathologie initiale.

a) Traitement chirurgical

C’est le cas par exemple pour les hernies de coupole diaphragmatique, les anomalies de

fermeture de la paroi abdominale, les maladies adénomatoïdes kystiques du poumon, les

malformations cardiaques curables, les pathologies digestives, les cloaques, les obstructions

des voies urinaires ou encore les tératomes sacro-coccygiens….

b) Traitement médical

Les troubles du rythme cardiaque fœtal nécessiteront souvent des anti-arythmiques en

période post-natale par exemple.

Les chylothorax sont traités par drainage thoracique associé à un régime sans acides gras

à chaînes longues. Pour tarir la fuite lymphatique, une nutrition parentérale riche en

triglycérides à chaînes moyennes est souvent nécessaire. Dans les cas extrêmes, une

intervention chirurgicale est tentée.10

Dans les cas de maladies métaboliques ou d’anémies d’origine génétique une prise en

charge médicale complexe peut être nécessaire.

Page 30: ASCITE FŒTALE : ETIOLOGIES, PRISE EN CHARGE …doxa.u-pec.fr/theses/th634232.pdf · -4 Ponction d'ascite f°tale 22 5- Examens de seconde intention 23 a- Recherche de mutation CFTR

30

ASCITE FŒTALE : A PROPOS D’UNE SERIE

RETROSPECTIVE DE 180 CAS

I) OBJECTIF DE L’ ETUDE

L’échographie de dépistage permet une détection de l’ascite fœtale dès le 1er

trimestre de la grossesse. L’enjeu consiste alors à mettre en œuvre tous les moyens

disponibles à l’heure actuelle pour pouvoir établir le diagnostic étiologique de l’ascite fœtale

ainsi que son pronostic afin de proposer une prise en charge adaptée et améliorer, quand cela

est possible, le pronostic par un traitement in utero. Peu d’études traitent de l’ascite foetale et

celles-ci portent sur de faibles effectifs.

Notre étude porte sur 180 cas d’ascites plus ou moins associées à une anasarque fœtale, ce qui

en fait le plus grosse série jamais publiée.

Le but de cette étude est de pouvoir déterminer les étiologies et le pronostic de l’ascite afin de

pouvoir fournir aux parents une information claire et objective quant au devenir de leur

enfant.

II) MATERIEL ET METHODE

1) Population et recueil de données

Il s’agit d’une étude rétrospective monocentrique concernant une série continue de 180

patientes ayant présenté une ascite et/ou anasarque fœtale au cours de leur grossesse :

Entre janvier 1991 et janvier 2010, 210 patientes pour lesquelles une ascite fœtale a été

diagnostiquée au cours de la grossesse, ont été suivies au centre pluri-disciplinaire de

diagnostic prénatal (CPDPN) du centre hospitalo-universitaire de Robert Debré.

Page 31: ASCITE FŒTALE : ETIOLOGIES, PRISE EN CHARGE …doxa.u-pec.fr/theses/th634232.pdf · -4 Ponction d'ascite f°tale 22 5- Examens de seconde intention 23 a- Recherche de mutation CFTR

31

a) Critères d’inclusion

Sont incluses dans cette étude les grossesses uniques ou multiples dont au moins un des

fœtus a présenté une ascite plus ou moins associée à une anasarque fœtale au cours des 1er

, 2è

ou 3è trimestre.

b) Critères d’exclusion

Ont été exclues les grossesse gémellaires monochoriales bi-amniotique avec diagnostic de

syndrome transfuseur-transfusé (STT) (n=8), les allo-immunisations foeto-maternelles (n=2),

et enfin les grossesses pour lesquelles l’issue n’a pu être obtenue (perdues de vue, absence

d’examen anatomo-pathologique…(n=20) .

Les données cliniques, les comptes rendus échographiques et anatomo-pathologiques, ainsi

que les résultats de laboratoires ont été recueillis grâce au logiciel informatique de la

maternité de Robert Debré.

Au total, 180 grossesses correspondent aux critères d’inclusion.

Figure 7. Critères d’exclusion

210 CAS

Perdus de vue

n=20

STT

n=8

Allo-immunisation

n=2

180 CAS

Page 32: ASCITE FŒTALE : ETIOLOGIES, PRISE EN CHARGE …doxa.u-pec.fr/theses/th634232.pdf · -4 Ponction d'ascite f°tale 22 5- Examens de seconde intention 23 a- Recherche de mutation CFTR

32

2) Explorations

Les patientes étaient adressées à notre centre après découverte d’une ascite avec ou sans

anasarque fœtale lors d’une échographie de dépistage ou lors d’une échographie réalisée pour

tout autre motif.

Une échographie de contrôle était systématiquement réalisée par un échographiste

référent. Celle-ci incluait une évaluation de la quantité de liquide amniotique, la recherche

d’une anasarque ainsi que de malformations associées.

Des troubles du rythme cardiaque fœtal ou une malformation cardiaque étaient recherchés

de manière systématique lors d’une échocardiographie fœtale.

Pour toutes les patientes un bilan biologique a été réalisé comprenant: groupe sanguin,

rhésus, RAI, Kleihauer, sérologies CMV, toxoplasmose, parvovirus B19, rubéole, herpès et

syphilis.

Une amniocentèse était systématiquement proposée à partir de 16SA, permettant la

réalisation d’un caryotype, la recherche de virus ainsi qu’une étude biochimique et

cytologique du liquide amniotique et à chaque fois que celle-ci était facilement réalisable, une

ponction d’ascite était effectuée.

En fonction de l’orientation étiologique : une recherche de mucoviscidose ou de maladie

métabolique était effectuée.

Au total : 140 amniocentèses (77,8%), 14 biopsies de trophoblastes (7,8%) et 51 ponctions

d’épanchement (ascite, urines ou hydrothorax) (36,4%) ont été effectuées.

Le diagnostic étiologique a pu être établi pour 180 grossesses soit par la réalisation du

caryotype en prénatal ; soit en post-natal, par l’examen anatomo-pathologique ou encore par

l’examen du nouveau-né à la naissance et lors du suivi pédiatrique à plusieurs mois de vie.

On parle alors d’ascite ou d’anasarque idiopathique lorsqu’il n’a pas été mis en évidence de

malformation associée et qu’aucune étiologie n’a été retrouvée après le bilan prénatal sus cité

et l’examen anatomo-pathologique.

Page 33: ASCITE FŒTALE : ETIOLOGIES, PRISE EN CHARGE …doxa.u-pec.fr/theses/th634232.pdf · -4 Ponction d'ascite f°tale 22 5- Examens de seconde intention 23 a- Recherche de mutation CFTR

33

3) Analyses statistiques

Les analyses statistiques ont été réalisées à l’aide du logiciel GraphPad Prism.

Les variables qualitatives ont été comparées par un test de Chi2. Une différence entre les

groupes était considérée comme significative pour un p <0.05.

4) Contexte éthique

En accord avec la loi française, depuis 1996, un consentement écrit a été obtenu auprès

des patientes avant réalisation de tout geste invasif.

III) RESULTATS

1) Caractéristiques générales des patientes

L’étude porte sur 180 grossesses pour lesquelles une ascite +/- anasarque fœtale a

été diagnostiquée. L’âge maternel moyen est de 30,3 ans (de16 à 45 ans). Le terme moyen

d’apparition de l’ascite est de 25,1SA +/-2,8SA (de 11 à 37SA). 7 cas ont été diagnostiqués au

1er

trimestre (3,9%), 107 cas au 2è trimestre (60,1%) et 64 cas au 3è trimestre (36%). Le

terme du diagnostic n’est pas connu pour 2 grossesses.

L’ascite s’incluait dans une anasarque foetale dans 83 cas (46,1%).

Le terme moyen d’accouchement était de 35,3SA (de 28SA à 41,4 SA). Le taux de césarienne

est de 32% (n=26). Le poids moyen du fœtus à la naissance est de 2746,8g (de 1200g à

4380g).

2) Etiologies (tableau 3)

L’ascite était idiopathique dans 15 cas (8,3%), associée à une malformation organique

dans 100 cas (55,6%), d’origine infectieuse dans 16 cas (8,9%), d’origine chyleuse dans 10

cas (5.5%), secondaire à une anémie fœtale (hors infection à Parvovirus B19) dans 10 cas

Page 34: ASCITE FŒTALE : ETIOLOGIES, PRISE EN CHARGE …doxa.u-pec.fr/theses/th634232.pdf · -4 Ponction d'ascite f°tale 22 5- Examens de seconde intention 23 a- Recherche de mutation CFTR

34

(5,5%) et enfin d’origine génétique dans 29 cas : 25 cas d’aneuploïdies (13,9%), 1 cas de

mucoviscidose (0.06%) et 3 cas de maladies métaboliques (1.7%).

a) Ascites et anasarques idiopathiques

L'ascite ou hydrops ont été considérés comme isolés en anténatal dans 34 cas. Parmi eux,

une cause a finalement été retrouvée en post natal dans 19 cas et le diagnostic d’ascite ou

d’anasarque idiopathique a été confirmé pour 15 d’entre eux (55,9%).

Parmi les 34 cas : 14 correspondaient à des ascites isolées et 20 à des anasarques isolées, en

prénatal. Les résultats sont présentés dans le tableau 2.

Sur les 14 ascites initialement idiopathiques : Le diagnostic a été redressé en post-natal

pour 6 foetus (43%). Ont été retrouvés : une mucoviscidose et une ascite chyleuse, deux fœtus

présentaient des anomalies digestives (une atrésie du grêle et une péritonite méconiale), il y

avait également un fœtus avec une anomalie cardiaque à type d’isomérisme gauche et enfin

une infection à parvovirus B19 mais, dans ce dernier cas, le diagnostic d’ascite fœtale a été

fait à 17SA sur une MFIU.

Huit cas (57%) ont été confirmés comme étant idiopathiques en post-natal car aucune cause

n’a été retrouvée.

Sur les 20 anasarques initialement idiopathiques : seulement 6 (30%) ont été

considérés comme idiopathiques en post-natal. Parmi les 14 diagnostics redressés en post-

natal : 6 cas correspondaient finalement à des chylopéritoines, 2 fœtus étaient atteints

d’immobilisme fœtal, 1 fœtus présentait une hypoplasie du cœur gauche, 1 cas portait sur une

anomalie des phanères non étiquetée, 3 fœtus avaient un syndrome polymalformatif et pour le

dernier cas il existait une anomalie neurologique (excès de développement de la valve

d’Eustachi) sans qu’on puisse établir un lien formel avec l’anasarque.

A l’inverse, un cas d’ascite associé à des anomalies digestives en anténatal s’est

finalement avéré être une ascite idiopathique en post natal. Les échographies anténatales

retrouvaient un intestin hyperéchogène et une absence de vésicule biliaire, mais l’échographie

abdominale s’est avérée normale à la naissance.

Page 35: ASCITE FŒTALE : ETIOLOGIES, PRISE EN CHARGE …doxa.u-pec.fr/theses/th634232.pdf · -4 Ponction d'ascite f°tale 22 5- Examens de seconde intention 23 a- Recherche de mutation CFTR

35

Tableau 2: Diagnostic final des ascites fœtales considérées comme isolées en anténatal

Prénatal

Post-natal Ascites isolées (n=14) Anasarques isolées (n=20)

Idiopathique 8 6

Chylopéritoine 1 6

Mucoviscidose 1 0

Cardiaque 1 1

Digestive 2 0

Immobilisme foetal 0 2

Infection 1 0

Polymalformation 0 3

Autres 0 2

b) Causes organiques :

Anomalies génito-urinaires :

Parmi les causes organiques, l’épanchement était d’origine génito-urinaire dans 11,7% des

cas (n=21) : 4 cloaques et 17 pathologies du tractus urinaire, tous diagnostiqués lors des

échographies prénatales.

La visualisation d’une mégavessie a permis de faire le diagnostic de 14 pathologies urinaires

(10 cas de valves de l’urètre postérieur, 2 syndromes de Prune Belly, une urétérocèle et une

atrésie de l’urètre) .Une hydronéphrose bilatérale sans mégavessie a été observée chez 2

foetus, dont un cas de valves de l’urètre postérieur et enfin l’absence de visualisation des reins

associée à un anamnios a permis de faire le diagnostic d’agénésie rénale bilatérale chez un

fœtus.

Anomalies cardio-vasculaires :

Une cause cardiaque a été retrouvée en post-natal chez 20 fœtus (11,1%). Dans la

majorité des cas (n=12), il s’agissait de troubles du rythme cardiaque fœtal, tous

diagnostiqués en prénatal (11 tachy-arythmies et une brady-arythmie)

Page 36: ASCITE FŒTALE : ETIOLOGIES, PRISE EN CHARGE …doxa.u-pec.fr/theses/th634232.pdf · -4 Ponction d'ascite f°tale 22 5- Examens de seconde intention 23 a- Recherche de mutation CFTR

36

Des malformations cardiaques ont également été retrouvées : 4 canaux atrio-ventriculaires

(CAV), 2 insuffisances tricuspides, une hypoplasie du cœur gauche et un isomérisme gauche.

Le diagnostic de ces malformations cardiaques avait été fait en prénatal dans 6 cas sur 8

(75%). Les deux autres cas avaient été considérés comme idiopathiques en anténatal.

Anomalies digestives :

L’ascite était d’origine digestive dans 15 cas (8,3%).

Six cas étaient dus à une péritonite méconiale, 4 à une atrésie du grêle, et un fœtus avait un

volvulus du grêle. Nous avons également inclus les anomalies de fermeture de la paroi

abdominale dans les anomalies digestives ; à savoir 4 cas d’omphalocèle.

Tous les omphalocèles ont été diagnostiqués lors de l’échographie prénatale par la

visualisation de viscères herniés entourés de péritoine.

Les pathologies intestinales étaient évoquées à l’échographie chez 9 fœtus par la présence de

calcifications intra-abdominales et/ou hyperéchogénicité digestive et/ou dilatation colique.

Pour deux fœtus le diagnostic a été redressé en post-natal (1 péritonite méconiale et une

atrésie du grêle) car l’ascite avait été considérée comme isolée en prénatal.

Causes pulmonaires :

Des anomalies pulmonaires ont été retrouvées chez 14 fœtus (7,8%) : 3 malformations

adénomatoïdes kystiques du poumon, 2 séquestrations pulmonaires, 1 atrésie laryngée et une

atrésie trachéale. Toutes ces pathologies ont été diagnostiquées en prénatal sur des images

kystiques et/ou hyperéchogènes intra-pulmonaires.

La hernie de coupole diaphragmatique était responsable d’épanchement chez 7 fœtus pour

lesquels le diagnostic a toujours été fait en anténatal. A noter toutefois, la présence d’une

hernie de coupole diaphragmatique bilatérale qui n’a été visualisée que d’un côté pour l’un

des fœtus.

Syndromes polymalformatifs :

Il existait un syndrome polymalformatif, syndromique ou non, chez 16 fœtus (8,9%)

mais dont le diagnostic a été posé en prénatal seulement dans 9 cas. En effet, chez 3 fœtus il a

été porté le diagnostic d’anasarque isolée alors qu’il s’agissait dans 2 cas de syndromes

polymalformatifs non répertoriés avec dysmorphie faciale et anomalies rénales ; et pour le

dernier cas le syndrome polymalformatif associait finalement un cloaque avec des anomalies

Page 37: ASCITE FŒTALE : ETIOLOGIES, PRISE EN CHARGE …doxa.u-pec.fr/theses/th634232.pdf · -4 Ponction d'ascite f°tale 22 5- Examens de seconde intention 23 a- Recherche de mutation CFTR

37

cardiaques (communication inter auriculaire et inter ventriculaire) et un iléus méconial. Pour

les autres fœtus, une seule malformation avait été retrouvée en prénatal avant que d’autres

malformations soient retrouvés en post-natal.

Autres causes d’anasarques :

Cinq fœtus étaient atteints d’immobilisme fœtal, diagnostiqués pour 3 d’entre eux en

anténatal. Les deux fœtus dont le diagnostic a été fait en post-natal présentaient une anasarque

isolée à l’échographie.

Dans les autres causes organiques responsables d’ascite ou anasarque fœtale (n=9), le

diagnostic a été porté en anténatal chez 7 fœtus : on retrouve 2 cas d’ostéochondrodysplasie,

un tératome sacro-coccygien, un retard de croissance intra-utérin d’origine vasculaire isolé

(l’ascite étant alors probablement secondaire à une entérocolite avec perforation d’origine

vasculaire), une agénésie du canal d‘Arantius, un goître thyroïdien, et enfin, une hernie

inguinale révélée par une hydrocèle vaginale et une dilatation des anses digestives associées à

de l’ascite.

Les 2 cas d’anasarques isolées en prénatal correspondaient finalement à un excès de

développement de la valve d’Eustachi pour l’un des fœtus et à une atteinte des phanères non

étiquetée pour l’autre.

c) Causes hématologiques :

L’anémie (hors infection à PVB19) est responsable dans notre série de 10 épanchements

(5,5%).Celle- ci a été diagnostiquée chez tous les fœtus grâce à la mesure des vitesses

cérébrales suivie d’une ponction de sang fœtal.

On retrouve parmi les causes d’anémie : une anémie hémolytique microcytaire, une anémie de

Blackfon Diamon, une α-thalassémie majeure…

d) Causes génétiques :

Une anomalie génétique a été retrouvée chez 29 fœtus (16,1%).

Il s’agissait d’aneuploïdies dans 25 cas (13,9%) : le diagnostic a pu être fait en anténatal

chez 100% de ces foetus par l’analyse du caryotype sur liquide amniotique ou biopsie de

trophoblaste (3 cas diagnostiqués au 1er

trimestre de la grossesse).

Page 38: ASCITE FŒTALE : ETIOLOGIES, PRISE EN CHARGE …doxa.u-pec.fr/theses/th634232.pdf · -4 Ponction d'ascite f°tale 22 5- Examens de seconde intention 23 a- Recherche de mutation CFTR

38

Dans la majorité des cas il s’agissait d’une trisomie 21 (n=9 : 42,8%) ou d’un syndrome de

Turner (n=7 ; 33,3%). On a retrouvé pour les autres fœtus : 3 trisomies 18, une trisomie 13,

une délétion 4p-, une triploïdie, une délétion partielle du chromosome 8, et les deux derniers

fœtus avaient un remaniement chromosomique complexe.

Parmi les autres anomalies génétiques, 3 correspondaient à une maladie métabolique (2

galactosidoses et une gangliosidose), toutes diagnostiquées en anténatal. Enfin, un fœtus était

atteint de mucoviscidose mais ce diagnostic n’a pas été évoqué en anténatal sur la présence

d’une ascite isolée et l’absence d’histoire familiale évocatrice.

e) Causes infectieuses :

L’ascite fœtale était d’origine infectieuse dans 16cas (8,9%) avec une prédominance

des foetopathies à CMV (n=9 ; 60%), suivies des infections à PVB19 (n=5 ; 33,3%) et

seulement un cas de toxoplasmose (6,7%). Le diagnostic a été porté en anténatal chez tous les

fœtus sauf un (Parvovirus B19) mais l’ascite fœtale avait été diagnostiquée en même temps

que la MFIU.

f) Chylopéritoines :

Enfin le diagnostic final était un chylopéritoine pour 10 fœtus (5,5%), mais en période

prénatale, seuls 3 cas ont été diagnostiqués comme tels grâce à l’étude cytologique du liquide

amniotique ou de l’ascite. Les autres cas ayant été considérés comme des épanchements

idiopathiques.

Au total : Le diagnostic prénatal établi par l’échographie et les examens complémentaires

réalisés dans le cadre d’une découverte d’ascite fœtale est confirmé en post-natal dans 86,7%

des cas dans notre série.

Page 39: ASCITE FŒTALE : ETIOLOGIES, PRISE EN CHARGE …doxa.u-pec.fr/theses/th634232.pdf · -4 Ponction d'ascite f°tale 22 5- Examens de seconde intention 23 a- Recherche de mutation CFTR

39

Tableau 3: Issue et diagnostic final des 180 grossesses avec ascite foetale

ISSUE

Diagnostic post-natal

Vivants

(n=62)

MFIU

(n=27)

IMG

(n=72)

Décès

périnatal

(n=19)

Idiopathique (n=15) 9 3 0 3

Génétiques (n=29) 3 6 19 1

Infections (n=16) 2 3 11 0

Anémie fœtale (n=10) 4 3 3 0

Chylopéritoine (n=10) 6 0 0 4

Digestives (n=15) 11 1 2 1

Cardiaques (n=20) 12 2 5 1

Génito-urinaires (n=21) 5 3 11 2

Pulmonaires (n=14) 5 1 4 4

Polymalformation (n=16) 1 1 12 2

Autres (n=14) 4 4 5 1

MFIU= mort fœtale in utero ; IMG = interruption médicale de grossesse

3) Facteurs pronostiques

Sur les 180 grossesses, 62 fœtus (34,4%) sont nés vivants et ont survécu à la période

néonatale (au-delà de 30 jours). 118 grossesses (65,6%) se sont soldées par une mort fœtale :

72 interruptions médicales de grossesse (IMG), 27 mort fœtale in utero (MFIU) et 19 décès

néonataux.

Dans cette série, 3 facteurs pronostiques ont été mis en évidence en cas de découverte d’une

ascite fœtale au cours de la grossesse.

Page 40: ASCITE FŒTALE : ETIOLOGIES, PRISE EN CHARGE …doxa.u-pec.fr/theses/th634232.pdf · -4 Ponction d'ascite f°tale 22 5- Examens de seconde intention 23 a- Recherche de mutation CFTR

40

a) Age gestationnel

Le terme du diagnostic a pu être recueilli pour 178 des 180 grossesses suivies.

Sur les 7 cas découverts au 1er

trimestre de la grossesse, le taux de mortalité est de 100% (7

IMG). L’ascite fœtale est apparue au 2è trimestre de la grossesse pour 107 fœtus : seuls 23

fœtus ont survécu à la période néonatale, ce qui correspond à un taux de mortalité de 78,5%

(22 MFIU, 52 IMG, 10 décès périnataux).

Pour les 64 cas d’ascites diagnostiquées au 3è trimestre de la grossesse, 39 fœtus ont survécu

à la période néonatale, soit un taux de mortalité de 39% (5 MFIU, 11 IMG, 9 décès

périnataux).

Une différence significative du taux de mortalité a été établie entre une apparition de l’ascite

avant 24SA (81,8%) et après 24SA (48,3%) (p<0,0001)

Figure 8. Pronostic en fonction de l’âge gestationnel

b) Malformations associées

Les pathologies de meilleur pronostic concernent les ascites isolées idiopathiques (sans

anasarque) avec un taux de mortalité de 11,1% puis les anomalies digestives avec un taux de

mortalité de 26,7%. Viennent ensuite les chylopéritoines et les anomalies cardiaques avec

40% de mortalité. Le relativement bon pronostic des anomalies cardiaques peut s’expliquer

par le fait qu’il s’agit principalement de troubles du rythme cardiaque qui ont donc pu

bénéficier d’un traitement in utero.

<24

SA

>24

SA

0

20

40

60

80Vivants

Décès

p<0.0001

TERME

nb

re d

e c

as

Page 41: ASCITE FŒTALE : ETIOLOGIES, PRISE EN CHARGE …doxa.u-pec.fr/theses/th634232.pdf · -4 Ponction d'ascite f°tale 22 5- Examens de seconde intention 23 a- Recherche de mutation CFTR

41

Les étiologies de moins bon pronostic comprennent les immobilismes fœtaux avec 100%

de mortalité puis les pathologies infectieuses et les syndromes polymalformatifs avec 93,3%

de mortalité et enfin les anomalies génétiques avec un taux de mortalité de 89,6%.

On remarquera que les étiologies de meilleur pronostic correspondent également à

celles dont l’apparition de l’ascite est plus tardive, et inversement, les causes d’ascite de

mauvais pronostic sont détectées avant le troisième trimestre de grossesse.

Tableau 4. Proportion des étiologies en fonction de l’âge gestationnel

Age gestationnel n (%) p

Diagnostic postnatal Avant 24SA Après 24SA

Anomalies chromosomiques 19 (79,2) 5 (20,8) 0,002

Causes cardiovasculaires 5 (26,3) 14 (73,7) 0,0306

Infections 11 (68,7) 5 (31,3) NS

Causes pulmonaires 7 (50) 7 (50) NS

Causes digestives 6 (40) 9 (60) NS

Idiopathiques 4 (26,7) 11 (73,3) NS

Chylopéritoines 1 (10) 9 (90) 0,0181

Causes génito-urinaires 13 (61,9) 8 (38,1) NS

Syndromes polymalformatifs 9 (60) 6 (40) NS

c) Anasarque fœtale

Le troisième facteur pronostique mis en évidence est la présence ou non d’une

anasarque fœtale. En effet, puisque toutes causes confondues, le taux de mortalité est de

57,7% en cas d’ascite fœtale et il passe à 74,7% en cas d’anasarque fœtale associée

(p<0,05).

Cette différence est encore plus flagrante si l’on s’intéresse aux épanchements d’origine

idiopathique. En effet le taux de mortalité en cas d’ascite idiopathique est de 11,1% et il

passe à 83,3% en cas d’anasarque idiopathique (p<0,01).

Page 42: ASCITE FŒTALE : ETIOLOGIES, PRISE EN CHARGE …doxa.u-pec.fr/theses/th634232.pdf · -4 Ponction d'ascite f°tale 22 5- Examens de seconde intention 23 a- Recherche de mutation CFTR

42

Figure 9. Pronostic en fonction de la présence d’une anasarque.

4) Traitement in utero :

Dans notre série, 33 fœtus ont bénéficié d’un traitement in utero.

La pathologie la plus souvent traitée est la tachycardie supraventriculaire puisque 91,7%

des patientes (n=11) ont pris des anti-arythmiques pendant leur grossesse. Les drogues les

plus utilisées étaient la digoxine et la flécaïne. Tous les fœtus ont survécu à la période

néonatale sauf un, mais celui-ci avait en plus une suspicion de syndrome de Di-Georges. Un

autre enfant est décédé à 8 mois de vie mais il était également atteint d’une drépanocytose

homozygote.

Trois fœtus ont bénéficié d’une transfusion in utero: 1 seul cas concernait une infection à

Parvovirus B19. Tous ont survécu à la période néonatale

Des ponctions et/ou drainages thoraciques ont été réalisés pour 10 fœtus (drains double

J). Il s’agissait dans la majorité des cas de chylothorax (n=6). Les autres indications

concernaient des malformations pulmonaires avec compression médiastinale (n=3) et une

hernie de coupole diaphragmatique.

Asc

ite

Ana

sarq

ue

0

20

40

60

80Vivants

Décès

p=0.0188

no

mb

re d

e c

as

EPANCHEMENT

Page 43: ASCITE FŒTALE : ETIOLOGIES, PRISE EN CHARGE …doxa.u-pec.fr/theses/th634232.pdf · -4 Ponction d'ascite f°tale 22 5- Examens de seconde intention 23 a- Recherche de mutation CFTR

43

Parmi les chylothorax, seuls 50% ont survécu à la période néonatale (n=5), les décès étant

secondaires à une HTAP ou une hypoplasie pulmonaire sévère. Le fœtus porteur de la hernie

de coupole est également décédé à J1. Par contre les 3 fœtus atteint d’une malformation

pulmonaire ont survécu et ont bénéficié d’un traitement chirurgical en post-natal.

Des ponctions et/ou drainages d’ascite ou urinaire ont été effectués chez 8 fœtus, le but

étant essentiellement de réduire le périmètre abdominal en vue de l’accouchement.

Aucune hernie de coupole diaphragmatique n’a bénéficié d’une pose de ballonnet intra-

trachéal dans notre série.

Page 44: ASCITE FŒTALE : ETIOLOGIES, PRISE EN CHARGE …doxa.u-pec.fr/theses/th634232.pdf · -4 Ponction d'ascite f°tale 22 5- Examens de seconde intention 23 a- Recherche de mutation CFTR

44

DISCUSSION

L’ascite fœtale est de diagnostic aisé en échographie de dépistage. Par contre, dans la

grande majorité des cas, elle est le symptôme d’une pathologie sous-jacente. L’enjeu consiste

alors à déterminer l’étiologie de l’ascite afin de pouvoir évaluer le pronostic fœtal.

I) Etiologies des ascites foetales

Dans notre étude après tout le bilan préconisé par notre CPDPN, l’ascite fœtale

idiopathique ne représente que 4,4% des étiologies (n=8) ; 8,3% si l’on prend en compte les

ascites incluses dans une anasarque fœtale (n=15). Ces données sont comparables aux

résultats obtenus dans l’étude de Favre et al.15

(15%), dont la méthodologie est similaire à la

nôtre, et à ceux de Schmider et al49

. qui ne tient compte que des ascites isolées (4%). Par

contre dans l’étude de Zelop et Benacerraf57

, ainsi que dans celle d’El Bishry14

, la proportion

d’ascites idiopathiques sans anasarque est plus importante puisqu’elle atteint 22% et 21 %

respectivement. Cette différence peut s’expliquer pour l’étude de Zelop57

par les progrès

technologiques réalisés depuis 1994 rendant les appareils d’échographie plus performants

ainsi que par la réalisation d’examens complémentaires qui permettent de rechercher

quasiment toutes les causes connues d’ascite fœtale. Ainsi dans notre étude une étiologie de

l’ascite fœtale a été retrouvée dans 91.7%. De plus dans l’étude de Zelop57

, il existe un biais

de sélection car ont été exclues les ascites avec oligoamnios précoce faisant suspecter

d’emblée une origine urinaire ainsi que les tachy-arythmies.

Dans notre série les causes les plus fréquentes d’ascite et/ou anasarque fœtale sont les

aneuploïdies (13,9%), les pathologies cardiaques (11,1%) et les anomalies génito-urinaires

(11,7%). Il existe une grande discordance avec les données existant dans la littérature puisque

dans les études de Favre et al15

et Schmider et al49

les aneuploïdies ne représentent que 2,5%

et 7,7% des étiologies d’ascite fœtale alors qu’elles sont la cause la plus fréquente dans notre

étude (Tableau 5). On retrouve par contre un résultat similaire dans l’étude d’El Bishry et al14

avec 10,5% d’anomalies chromosomiques ainsi que dans la revue de la littérature réalisée par

Bellini et al2 puisque les étiologies les plus fréquemment retrouvées sont les pathologies

cardiaques (21,7%), les aneuploïdies (13,4%) mais aussi les anasarques idiopathiques(17,8%).

La différence peut aisément s’expliquer pour l’étude de Schmider et al49

car leur série ne

concernait que les grossesses initialement adressées pour une ascite considérée comme

Page 45: ASCITE FŒTALE : ETIOLOGIES, PRISE EN CHARGE …doxa.u-pec.fr/theses/th634232.pdf · -4 Ponction d'ascite f°tale 22 5- Examens de seconde intention 23 a- Recherche de mutation CFTR

45

idiopathique en anténatal or les anomalies chromosomiques s’expriment rarement en

échographie par une ascite isolée. Par contre l’étude de Favre15

concernait comme pour notre

étude, les ascites et/ou anasarques fœtales non immunes ; une explication possible à cette

différence pourrait être le biais de sélection dans l’étude de Favre15

car seules les grossesses

pour lesquelles l’ascite a été ponctionnée ont été incluses, or dans notre série, la grande

majorité des aneuploïdies a été diagnostiquée avant 24SA et la ponction d’ascite ne se

justifiait pas car l’épanchement était non compressif ou qu’il existait des malformations

associées. Cette ponction n’est pas obligatoirement effectuée d’emblée et l’on peut supposer

qu’une ponction d’ascite n’est pas facilement réalisable avant 24 SA.

Tableau 5: Etiologies des ascites foetales: revue de la littérature

Favre15

n=79

Schmider49

n=26

n (%)

R.Debré

n=180

ElBishry14

n=38

Zelop57

n=18

Métabolique 7 (8,9) 2 (7,7) 4 (2,2) 0 (0) 1 (5,6)

Aneuploïdies 2 (2,5) 2 (7,7) 25 (13,9) 4 (10,5) 1 (5,6)

Infection 13 (16,4) 3 (11,5) 16 (8,9) 3 (7,9) 4 (22)

Malfo Digestive 5 (6,3) 7 (26,9) 15 (8,3) 6 (15,8) 5 (22,7)

Génito-urinaire 23 (29,1) 4 (15,4) 21 (11,7) 4 10,5) 2 (11)

Pulmonaire 7 (8,9) 1 (3,8) 14 (7,8) 4 (10,5) 0 (0)

Cardiaque 7 (8,9) 5 (19,2) 20 (11,1) 5 (13,2) 0 (0)

Chylopéritoine 3 (3,8) 1 (3,8) 10 (5,5) 2 (5,3) 1 (5,6)

Anémie 0 (0) 0 (0) 10 (5,5) 0 (0) 0 (0)

Idiopathique 12 (15,2) 1 (3,8) 15 (8,3) 8 (21) 4 (22)

Autres 0 (0) 2 (7,7) 30 (16,7) 2 (5,3) 0 (0)

II) Pronostic des ascites fœtales

Le taux de mortalité globale dans notre étude est assez élevé puisqu’il atteint 65,6%. Le

pronostic est plus péjoratif que dans les séries de Zelop et Benacerraf57

ou encore d’El Bishry

et al.14

puisque leur taux de mortalité respectifs sont de 5,6% et 16,7% (Tableau 6). Cette

Page 46: ASCITE FŒTALE : ETIOLOGIES, PRISE EN CHARGE …doxa.u-pec.fr/theses/th634232.pdf · -4 Ponction d'ascite f°tale 22 5- Examens de seconde intention 23 a- Recherche de mutation CFTR

46

différence peut s’expliquer par le fait que ces deux études s’intéressaient initialement aux

ascites isolées et que lorsqu’une anomalie autre était découverte en période anténatale, la

grossesse était exclue de l’étude. De plus, selon la législation de leur pays, les IMG ne sont

pas autorisées après 24 SA, alors qu’en France celles-ci sont possibles jusqu’au terme.

En revanche, dans l’étude de Favre et al15

qui prend en compte les ascites et anasarques

fœtales, leur taux de mortalité est comparable au nôtre puisqu’il est de 57%.

Tableau 6. Pronostic des ascites foetales: revue de la littérature

Vivants Décès

périnatal

MFIU IMG Taux de

mortalité

n n n n %

Robert Debré

n=180

62 19 27 72 65,6

Favre15

n=79

34 11 12 22 57

El Bishry14

n=12

10 0 1 1 16,7

Zelop57

n=18

17 0 1 0 5,6

MFIU= mort fœtale in utero ; IMG = interruption médicale de grossesse

Trois facteurs pronostiques ont été étudiés : l’âge gestationnel, la présence d’anomalies

associées et l’inclusion de l’ascite dans une anasarque fœtale.

Le facteur pronostique le plus discriminant dans notre étude est le terme d’apparition de

l’ascite avec un meilleur pronostic pour les grossesses dont l’ascite fœtale a été diagnostiquée

après 24SA (p<0,001). On retrouve la même conclusion dans l’étude de Favre et al15

ainsi que

celle de McCoy et Al37

. Ceci peut s’expliquer par le fait que les ascites apparaissant

précocement dans la grossesse concernent des pathologies qui s’expriment

échographiquement dès le 1er

ou 2è trimestre comme les anomalies chromosomiques ou les

pathologies organiques. En effet, dans notre étude les anomalies chromosomiques et les

syndromes polymalformatifs représentent 71,4% (5/7 cas) des cas d’ascite et/ou anasarque

diagnostiqués au 1er

trimestre et tous se sont soldés par un décès foetal. On retrouve un

résultat similaire dans l’étude d’Iskaros et al.27

où les anomalies chromosomiques

Page 47: ASCITE FŒTALE : ETIOLOGIES, PRISE EN CHARGE …doxa.u-pec.fr/theses/th634232.pdf · -4 Ponction d'ascite f°tale 22 5- Examens de seconde intention 23 a- Recherche de mutation CFTR

47

représentaient 77,8% des anasarques diagnostiquées au 1er

trimestre avec un taux de mortalité

en cas d’anasarque découverte au 1er

trimestre de 91,1%.

Les anomalies d’origine digestive font exception parmi les pathologies organiques malgré une

découverte précoce de ces anomalies à l’échographie avec un taux de mortalité de 26,7%

seulement. Ceci peut aisément être expliqué par le fait que la majorité de ces pathologies ne

grève pas le pronostic vital et peut bénéficier d’un traitement chirurgical efficace en post-

natal.

Le deuxième facteur pronostique mis en évidence est la présence d’une anasarque

puisque le taux de mortalité globale est de 51,2% en cas d’ascite et de 78,35% en cas

d’anasarque (p<0,05). On retrouve la même conclusion dans l’étude de Favre et al.15

avec des

taux respectifs de mortalité de 57,7% et 74,7% (p<0,02).

Le dernier facteur pronostique mis en évidence est l’association de l’ascite fœtale à

d’autres anomalies : malformations, anomalies génétiques ou infections. En effet le taux de

mortalité en cas d’ascite idiopathique est de 11,1% tandis qu’il est de 93,7% dans les

syndromes polymalformatifs, 92% en cas d’anomalies chromosomiques ou encore de 87,5%

pour les pathologies infectieuses.

Enfin, contrairement aux autres séries, la présence d’un hydramnios n’apparaît pas

comme un élément de mauvais pronostic (p=0.17).

III) Pertinence du dépistage anténatal des causes d’ascite foetale

Dans notre étude, le diagnostic étiologique établi en prénatal correspondait au diagnostic

final dans 86,7% des cas.

Les meilleurs résultats concernent le diagnostic des pathologies génito-urinaires, des

anomalies pulmonaires, des hernies de coupole diaphragmatiques, des aneuploïdies, des

anémies fœtales et enfin des infections avec une concordance de 100% entre le diagnostic

évoqué en prénatal et le diagnostic final. Ceci s’explique par le fait qu’il s’agit soit de

pathologies aisément identifiables à l’échographie, soit d’anomalies dont le diagnostic est fait

à partir d’un prélèvement réalisé à titre systématique devant l’apparition d’une ascite

(caryotype pour les aneuploïdies ou recherche de virus pour les infections par exemple).

Ce résultat est moins bon pour les chylopéritoines et les syndromes polymalformatifs avec des

taux de concordance respectifs de 30% et 60%. Ce mauvais résultat concernant les

chylopéritoines est dû au fait que leur définition est la présence dans l’épanchement d’un taux

Page 48: ASCITE FŒTALE : ETIOLOGIES, PRISE EN CHARGE …doxa.u-pec.fr/theses/th634232.pdf · -4 Ponction d'ascite f°tale 22 5- Examens de seconde intention 23 a- Recherche de mutation CFTR

48

de lymphocytes supérieur à 80% associé à un taux de triglycérides supérieur à 1.1mmol/L. Or

en anténatal, la ponction de l’épanchement n’est pas toujours facilement réalisable et lorsque

celle-ci est possible, le diagnostic est seulement porté sur la cytologie du liquide ponctionné

en prenant également comme seuil un taux de lymphocytes supérieur à 80%. Cette méthode

de diagnostic anténatal est controversée et le chylopéritoine est finalement plus un diagnostic

d’élimination.

Enfin les ascites et anasarques fœtales initialement considérées comme idiopathiques en

prénatal ne l’étaient finalement que dans 44,1% des cas, soit moins de la moitié des cas.

On retrouve un résultat similaire dans l’étude de El Bishry14

avec un taux de concordance de

58,3% pour les ascites idiopathiques ainsi que dans l’étude de Favre15

avec 38,1% de

concordance.

IV) Limites de l’étude

Du fait de la rareté de l’ascite fœtale, il a été nécessaire de réaliser cette étude sur une

longue période afin d’obtenir un effectif satisfaisant pour pouvoir tirer des conclusions à partir

des résultats obtenus. Or il s’agit d’une étude rétrospective et les méthodes d’investigations

devant la découverte d’une ascite fœtale ont évolué entre 1991 et 2010.

De plus, notre étude ne s’intéresse qu’au pronostic à court terme des enfants vivants ( survie

à la période néonatale qui est de 30 jours), or pour pouvoir donner aux parents une

information complète sur le pronostic de l’enfant à naître ayant une ascite fœtale, il est

primordial de connaitre la morbi-mortalité au long terme de cette pathologie, en particulier en

cas d’ascite idiopathique.

Page 49: ASCITE FŒTALE : ETIOLOGIES, PRISE EN CHARGE …doxa.u-pec.fr/theses/th634232.pdf · -4 Ponction d'ascite f°tale 22 5- Examens de seconde intention 23 a- Recherche de mutation CFTR

49

CONCLUSION

L’échographie de dépistage permet la détection d’une ascite fœtale dès le premier

trimestre de grossesse. Le pronostic est dépendant de plusieurs facteurs dont les principaux

sont le terme d’apparition de l’ascite, son étiologie et l’association ou non à une anasarque

fœtale.

L’apparition d’une anasarque fait basculer le pronostic de l’ascite dans la gravité et l’urgence.

Il faut savoir repérer très rapidement les étiologies curables et les prendre en charge de façon

urgente, tout en accumulant et conservant les données permettant de rassembler les éléments

d’un diagnostic, parfois beaucoup plus tardif.

L’ascite isolée idiopathique apparaît comme étant de très bon pronostic avec un taux de survie

de 89,9%. Toutefois il est difficile d’être rassurant en prénatal car dans cette étude, seules

57% des ascites (8/14 cas) et 30% des anasarques (6/20cas) considérées comme idiopathiques

l’étaient finalement en post-natal. C’est pourquoi il faut s’attacher à rechercher des anomalies

associées en réalisant le bilan exhaustif précédemment décrit. Si ce bilan se révèle négatif,

une pathologie sous jacente ne peut être formellement exclue et il faut donc rester prudent

quant au pronostic.

Lorsqu’une étiologie a été retrouvée en prénatal, un traitement in utero peut être proposé

dans certaines situations et améliorer le pronostic fœtal. C’et le cas par exemple des ascites et

hydrops secondaires à des troubles du rythme cardiaque fœtal type tachycardie

supraventriculaire qui peuvent bénéficier d’une cardioversion médicamenteuse.

Malheureusement, pour l’instant, il s’agit d’une des seules causes d’ascite fœtale pouvant

bénéficier d’un traitement in utero efficace avec l’anémie.

Au total, une fois le bilan réalisé et le diagnostic posé ou suspecté, plusieurs attitudes sont

possibles :

- soit une interruption médicale de grossesse si le pronostic fœtal est sombre

- soit un traitement in utero lorsque celui-ci est possible

Page 50: ASCITE FŒTALE : ETIOLOGIES, PRISE EN CHARGE …doxa.u-pec.fr/theses/th634232.pdf · -4 Ponction d'ascite f°tale 22 5- Examens de seconde intention 23 a- Recherche de mutation CFTR

50

- soit une attitude expectative avec surveillance échographique rapprochée

jusqu’à la naissance à la recherche d’une aggravation de l’épanchement ou

de signes de décompensation

Dans tous les cas, un accueil médical ou médico-chirurgical adapté doit être réalisé pour la

prise en charge à la naissance.

Nous insistons sur le fait de mener une enquête étiologique complète afin de poser un

diagnostic anténatal le plus précis possible, qui seul guidera l’attitude obstétricale et

pédiatrique et permettra une augmentation du taux de survie qui est dans notre étude de

34,4%.

Page 51: ASCITE FŒTALE : ETIOLOGIES, PRISE EN CHARGE …doxa.u-pec.fr/theses/th634232.pdf · -4 Ponction d'ascite f°tale 22 5- Examens de seconde intention 23 a- Recherche de mutation CFTR

51

BIBLIOGRAPHIE

1. Apkon, Michael. Pathophysiology of hydrops fetalis . Semin Perinatol 19, n°6.(décembre

1995): 437-446.

2. Bellini, Carlo, Raoul C. M. Hennekam, Ezio Fulcheri, Mariangela Rutigliani, Guido

Morcaldi, et al. Etiology of Nonimmune Hydrops Fetalis: A Systematic Review . Am J Med

Genet Part A 149A, no. 5 (mars 30, 2009): 844-851

3. Bellini, Carlo, et Raoul CM Hennekam. Non‐immune Hydrops Fetalis: A Short Review of

Etiology and Pathophysiology. Am J Med Genet Part A 158A, no. 3 (février 2, 2012): 597-

605.

4. Benachi, A., J. Saada, J. Martinovic, P. de Lagausie, L. Storme, et J. Jani. Hernie congénitale

du diaphragme : prise en charge anténatale . Revue des Maladies Respiratoires 28, no. 6 (juin

2011): 800-808.

5. Benoist, Guillaume, et Michel Herlicoviez. « Parvovirus B19 et grossesse ». J Gynecol Obstet

Biol Reprod ( 37, Supplement 1, no. 0 (mars 2008): 17-21.

6. Bettelheim,D., W. Pumberger, J. Deutinger, G. Bernaschek, Prenatal diagnosis of fetal

urinary ascites, Ultrasound Obstet Gynecol, 16 (2000), pp. 473–475

7. Biard, Jean-Marc, Mark P. Johnson, Michael C. Carr, R Douglas Wilson, Holly L. Hedrick, et

al. Long-Term Outcomes in Children Treated by Prenatal Vesicoamniotic Shunting for

LowerUrinary Tract Obstruction. Obstet Gynecol Int 106, no. 3 (septembre 2005): 503-508.

8. Boutall, Alison, Michael F. Urban, et Chantal Stewart. Diagnosis, etiology, and outcome of

fetal ascites in a South African hospital. Int J Gynecol Obstet 115, no. 2 (novembre 2011):

148-152.

9. Brochot, C., P. Debever, D. Subtil, et F. Puech. Quelles surveillance et thérapeutique

appliquer en cas de contage avec le Parvovirus B19 en cours de grossesse ? Gynecol Obstet

Fertil 36, no. 2 (février 2008): 204-211.

10. Büttiker, V, S Fanconi, et R Burger. Chylothorax in children: guidelines for diagnosis and

management. Chest 116, no. 3 (septembre 1999): 682-687.

11. L. Carbillon, C. Largillière, M. Bucourt, B. Scheuer-Niro, J.M. Levaillant, M. Uzan

Ultrasound assessment in a case of sialic acid storage disease, Ultrasound Obstet Gynecol, 18

(2001), pp. 272–274

12. D. Chitayat, S. Grisaru-Granovsky, G. Ryan, A. Toi, R. Filler, G.R. Seaward et al. Familial

ileal perforation: prenatal diagnosis and postnatal follow-up, Prenat Diagn, 18 (1998), pp.

78–82

13. Dumez,Y. Conduite à tenir devant une anasarque non immune. Conduites pratiques en

médecine fœtale. Masson.

14. El Bishry, Gasser. The outcome of isolated fetal ascites. Eur J Obstet Gynecol Reprod Biol

137, no. 1 (mars 2008): 43-46.

15. Favre, R. Nonimmune fetal ascites: A series of 79 cases. Am J Obstet Gynecol 190, no. 2

(février 2004): 407-412.

16. Favre, R. Prise en charge prénatale des chylothorax . Archives de Pédiatrie 17, no. 6 (juin

2010): 695-696

17. Fenaux,H, S. Dreux,V Debarge, R Favre, B.Broussin, Y.Ville, J-F. Oury et al, Etiology of

fetal ascites: value of biochimical analysis. Article en préparation

18. Friédérich, L., A. Diguet, D. Eurin, B. Bachy, H. Roman, L. Marpeau, et al. Tératome

sacrococcygien de la taille du fœtus: surveillance anténatale, thérapeutique fœtale in utero

et prise en charge obstétricale. Gynecol Obstet Fertil 35, no. 10 (octobre 2007): 1001-1004.

Page 52: ASCITE FŒTALE : ETIOLOGIES, PRISE EN CHARGE …doxa.u-pec.fr/theses/th634232.pdf · -4 Ponction d'ascite f°tale 22 5- Examens de seconde intention 23 a- Recherche de mutation CFTR

52

19. Fukushima, Kotaro, Seiichi Morokuma, Yasuyuki Fujita, Kiyomi Tsukimori, Shoji Satoh, et

al. Short-term and long-term outcomes of 214 cases of non-immune hydrops fetalis. Early

Human Development 87, no. 8 (août 2011): 571-575.

20. Giacoia, G P. Hydrops fetalis (fetal edema). A survey. Clinical pediatrics 19, no. 5 (mai

1980): 334-339.

21. Graesslin, O, C Martin-Morille, F Dedecker, R Gabriel, et C Quereux. Tératomes

sacrococcygiens. Y a-t-il une place pour le traitement in utero des formes compliquées ? À

propos de trois cas. Gynecol Obstet Fertil 32, no. 6 (juin 2004): 519-524.

22. Graves, G R, et T F Baskett. Nonimmune hydrops fetalis: antenatal diagnosis and

management. Am J Obstet Gynecol 148, no. 5 (mars 1, 1984): 563-565.

23. Holzgreve, W., C.J. Curry, M.S. Golbus, P.W. Callen, R.A. Filly, J.C. Smith. Investigation

of nonimmune hydrops fetalis, Am J Obstet Gynecol, 150 (1984), pp. 805–812

24. Holzgreve, W. Non-immune Hydrops Fetalis . Ultrasound Obstet Gynecol 1, no. 5 (1991):

307–308.

25. Hourrier S, Salomon LJ, Bault JP, Dumez Y, Ville Y, Prenatal diagnosis and management of

foetal lung lesions, Rev Mal Respir. 2011 Oct;28(8):1017-24.

26. Hutchison, A A, J H Drew, V Y Yu, M L Williams, D W Fortune, et al. Nonimmunologic

hydrops fetalis: a review of 61 cases. Obstet Gynecol Int 59, no. 3 (mars 1982): 347-352.

27. Iskaros, J, E Jauniaux, et C Rodeck. Outcome of Nonimmune Hydrops Fetalis Diagnosed

During the First Half of Pregnancy. . Obstet Gynecol Int 90, no. 3 (septembre 1997): 321-325.

28. Ismail, K. M. K., W. L. Martin, S. Ghosh, M. J. Whittle, et M. D. Kilby. Etiology and

outcome of hydrops fetalis . J Matern Fetal Neonatal Med 10, no. 3 (janvier 2001): 175-181.

29. Jani, J. C., Nicolaides, K. H., Gratacós, E., Valencia, C. M., Doné, E., Martinez, J.-M., et al.

Severe diaphragmatic hernia treated by fetal endoscopic tracheal occlusion. Ultrasound

Obstet Gynecol, (2009), 34: 304–310

30. Jauniaux, Eric. Diagnosis and management of early non-immune hydrops fetalis . Prenat

Diagn 17, no. 13 (décembre 1997): 1261-1268.

31. Jouannic, J.-M., et J. Rosenblatt. Comment… je prends en charge une arythmie fœtale .

Gynecol Obstet Fertil 38, no. 2 (fé vrier 2010): 151-153.

32. Kuwata, Tomoyuki, Shigeki Matsubara, Shigeru Nakamura, et Hideo Nakai. Urinary ascites

in a fetus with posterior urethral valve: Antenatal diagnosis. Pediatr Int 53, no. 2 (avril 2011):

281-282.

33. Lacher, M., M. Stehr, B. Schiessl, et H. Dietz. Fetal Urinary Bladder Rupture and Urinary

Ascites Secondary to Posterior Urethral Valves. A Case Report. Eur J Pediatr Surg 17, no. 3

(juin 2007): 217-220.

34. Lin, Sheng-mou, Chen-hong Wang, Xiao-yu Zhu, Sheng-li Li, Sai-mu Lin, et Qun

Fang. [Clinical study on 156 cases with hydrops fetalis] . Zhonghua fu chan ke za zhi 46, no.

12 (décembre 2011): 905-910.

35. Lissauer, David, Rachel K. Morris, et Mark D. Kilby. Fetal lower urinary tract obstruction.

Seminars in Fetal and Neonatal Medicine 12, no. 6 (décembre 2007): 464-470.

36. Machin, Geoffrey A. Hydrops Revisited: Literature Review of 1, 414 Cases Published in the

1980s . Am J Med Genet 34, no. 3 (1989): 366–390.

37. McCoy MC, Katz VL, Gould N, Kuller JA, Non-immune hydrops after 20 weeks' gestation:

review of 10 years' experience with suggestions for management. Obstet Gynecol. 1995

Apr;85(4):578-82.

38. Mignon I. Ascites et anasarques fœtales d’origine non immulogique : à propos de 42

observations. Thèse d’exercice de médecine, Lyon, 1987

39. Mirlesse, V. Prise en charge prénatale des uropathies malformatives fœtales. Journal de

Pédiatrie et de Puériculture 18, no. 3 (juin 2005): 116-119.

Page 53: ASCITE FŒTALE : ETIOLOGIES, PRISE EN CHARGE …doxa.u-pec.fr/theses/th634232.pdf · -4 Ponction d'ascite f°tale 22 5- Examens de seconde intention 23 a- Recherche de mutation CFTR

53

40. Müller, F. Bilan biologique foeto-maternel dans les dilatations abdomino-pelviennes in JOURNÉES DE TECHNIQUES AVANCÉES EN GYNÉCOLOGIE OBSTÉTRIQUE ET PÉRINATALOGIE PMA,

Fort de France 12 - 19 Janvier 1995

41. Nose, Satoko, Noriaki Usui, Hideki Soh, Masafumi Kamiyama, Gakuto Tani, et al.

Theprognostic factors and the outcome of primary isolated fetal ascites. Pediatr Surg Int 27,

no. 8 (février 5, 2011): 799-804.

42. Phelan, J P, M O Ahn, C V Smith, S E Rutherford, et E Anderson. Amniotic fluid index

measurements during pregnancy. The Journal of reproductive medicine 32, no. 8 (août 1987):

601-604.

43. Randenberg AL. Nonimmune hydrops fetalis part II: does etiology influence mortality?

Neonatal Netw. 2010 Nov-Dec;29(6):367-80.

44. Rodríguez, Maria M., Fernando Chaves, Rita L. Romaguera, Peter L. Ferrer, Claudia de la

Guardia, et al. Value of Autopsy in Nonimmune Hydrops Fetalis: Series of 51 Stillborn

Fetuses . Pediatr Dev Pathol 5, no. 4 (2002): 365-374.

45. Rustico, Maria Angela, Mariano Lanna, Dario Coviello, John Smoleniec, et Umberto

Nicolini. Fetal Pleural Effusion . Prenat Diagn 27, no. 9 (juin 29, 2007): 793-799.

46. Saada, J. Ascite foetale. Conduites pratiques en medicine foetale.Masson

47. Santo, Susana, Sahar Mansour, Basky Thilaganathan, Tessa Homfray, Aris Papageorghiou,et

al. Prenatal diagnosis of non-immune hydrops fetalis: what do we tell the parents? Prenat

Diagn 31, no. 2 (février 2011): 186-195.

48. Santolaya, J, D Alley, R Jaffe, et S L Warsof. Antenatal classification of hydrops fetalis.

Obstet Gynecol Int 79, no. 2 (février 1992): 256-259.

49. Schmider, Annette, Wolfgang Henrich, Angela Reles, Siri Kjos, et Joachim W.

Dudenhausen. Etiology and Prognosis of Fetal Ascites . Fetal Diagn Ther 18, no. 4 (2003):

230-236.

50. Silbernagl, St, Florian Lang, Silbernagl, et Lang. Atlas de poche de physiopathologie.

Gallimard, 2000.

51. Sohan, Karen, Stephen G. Carroll, Sergio De La Fuente, Peter Soothill, et Phillipa Kyle.

Analysis of Outcome in Hydrops Fetalis in Relation to Gestational Age at Diagnosis, Cause

and Treatment. Acta Obstet Gynecol Scand 80, no. 8 (décembre 20, 2001): 726-730.

52. Staats, B A, R D Ellefson, L L Budahn, D E Dines, U B Prakash, et K Offord. The lipoprotein

profile of chylous and nonchylous pleural effusions. Mayo Clinic proceedings. Mayo Clinic

55, no. 11 (novembre 1980): 700-704.

53. Twining, P, J. M McHugo, et D Pilling. Textbook of fetal abnormalities. Edinburgh: Churchill

Livingstone, 1997.

54. Vautier-Rit, S., P. Dufour, G. Vaksmann, D. Subtil, P. Vaast, A.S. Valat et al. Arythmies

fœtales : diagnostic, pronostic, traitement ; à propos de 33 cas. Gynecol Obstet Fertil 28, no.

10 (octobre 2000): 729-737.

55. Wafelman, Leontien S., Brad H. Pollock, Jacqueline Kreutzer, Douglas S. Richards, et

Alastair A. Hutchison. Nonimmune Hydrops fetalis: Fetal and Neonatal Outcome during

1983-1992. Biol Neonate 75, no. 2 (1999): 73-81.

56. Yinon, Yoav, Edmond Kelly, et Greg Ryan. Fetal pleural effusions. Best Pract Res Clin

Obstet Gynaecol 22, no. 1 (février 2008): 77-96.

57. Zelop, Carolyn, et Beryl R. Benacerraf. The Causes and Natural History of Fetal Ascites .

Prenat Diagn 14, no. 10 (1994): 941–946

Page 54: ASCITE FŒTALE : ETIOLOGIES, PRISE EN CHARGE …doxa.u-pec.fr/theses/th634232.pdf · -4 Ponction d'ascite f°tale 22 5- Examens de seconde intention 23 a- Recherche de mutation CFTR

54