Embed Size (px)
Citation preview
COURS OIP 505 1
«
COMMUNICATION INTERCULTURELLE, SÉMIOTIQUE
DES CULTURES ETHNIQUES
»
Cette île de la méditerranée, bien qu’appartenant au territoire français depuis deux siècles, est méconnue de beaucoup. Outre les stéréotypes que l’on entend de part et d’autre, la Corse regorge de pratiques et de traditions qui lui sont propres.
Nous avons choisi ce thème afin de cibler les particularités de cette riche culture, en tenant compte du contexte social et historique de ce territoire.
En Corse, la religion a un impact considérable sur ses habitants. Elle a, depuis toujours, tenu une place sacrée dans les coutumes mais aussi dans la vision des Corses.Quant, au milieu du VIII ème
siècle, les
Maures commencèrent leurs incursions qui devaient aboutir à
l’occupation totale de la
Corse, la foi chrétienne se révéla le plus solide rempart du patriotisme.
Emblèmes
:La Vierge Marie comme personnage central
:
La Vierge Marie est un personnage emblématique dans la représentation que se font les Corses de la religion chrétienne.
Très tôt, en 1735, les chefs nationaux décident de séparer l’île du royaume de Gênes et choisissent de se placer sous la protection de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie, dont l’image sera empreinte sur ses armes et ses étendards.
Au même moment, le « Dio vi salvi Regina » est adopté comme hymne Corse. C’est un hommage à la Vierge Marie qui sera désormais la mère protectrice des marins et des habitants en Corse. L’hymne se répand dans toute la Corse et dans toute l’Italie car désormais il fait également office d’hymne national guerrier contre les ennemis de la Corse dans lequel la Vierge prend toute son importance.
De nombreuses églises lui sont
dédiées partout dans l’île. L’hymne corse a été
composé
pour la première fois entre 1676 et 1681 par le jésuite Francesco de Géronimi, qui voulut écrire un texte pour honorer la pureté
de la Vierge Marie.Il fut ensuite repris par les Corses et modifié
en langue corse.Cependant, diverses théories subsistent à
propos de l’origine du Dio vi salvi Regina.Le 8 septembre, la fête de la nativité
de Marie, mère de Jésus, est une fête très importante en Corse qui est célébrée chaque année dans une
grande ferveur.Dans le cadre de cette fête se déroule chaque année durant trois jours A Santa di u Niolu dans le village de Casamaccioli.A Santa di u Niolu est à
l’origine un évènement religieux à
travers lequel tous les 8 septembre depuis cinq siècles, des milliers de pèlerins
viennent commémorer la vierge au cours d’une messe sur la place de l’église de Casamaccioli.
Différentes confréries font partie de la procession « a Granitula » dans laquelle les confréries forment une spirale qui s’enroule et se déroule au rythme des chants liturgiques.Au fil du temps, A Santa di u Niolu s’est transformé en immense foire agricole. Cette foire fut pendant un temps un lieu d’échanges économiques de grande importance lié au monde agricole mais aussi un lieu d’expression culturel et de fêtes.
Le 15 août est une date clé
en
corse car c’est l’Assomption
de la Vierge. C’est à
ce
moment là
que la Vierge est
montée au Ciel, c’est la
représentation du
cheminement de Marie vers
Dieu.
Des feux d’artifices sont tirés
partout dans les villes et les
villages et l’évènement attire
de nombreux touristes depuis
une quinzaine d’années.
Lavasina
est un lieu de recueillement, de prières et de pèlerinage
Les chants religieux sont un vecteur majeur du culte Marial. Ils sont aussi essentiels dans la tradition corse de l’oralité.De nombreux textes sont connus de tous et sont chantés dans maintes occasions. Parmi eux:
Ave Maris StellaMaria le sette spadaSalve sancta parens
Ces nombreux chants magnifiques sont dédiés à
la Vierge Marie.
.Normes et valeurs :En Corse, la religion régit notamment l’ordre moral en société. Les comportements en société
sont imprégnés de règles et de traditions liés à
la
religion.Lors des cérémonies comme les mariages, les baptêmes et les enterrements, il y a un protocole précis selon lequel la messe est chantée en latin mais dite en Corse.
Pour comprendre la culture corse, il est nécessaire de savoir que c’est une culture de l’oralité.
Les cantori ou chantres sont des personnes de la société civile qui mettent leur connaissance du répertoire religieux chanté en
corse ainsi que leur savoir faire vocal au service de la communauté. Ils sont présents dans toutes les cérémonies et tiennent
une place importante. La liturgie, textes religieux, sont chantés en corse, en latin et en français ce qui constitue une des
particularités de cette culture. Les chantres sont dépositaires du patrimoine religieux chanté du fait de leur capacité vocales.
Ce savoir faire témoigne de l’importance de la transmission orale et non écrite. Il y a donc une interaction directe entre
l’église et le peuple car ces cantori ne sont pas une organisation contrairement aux confréries.
En effet les confréries représentent une notion essentielle de la culture corse depuis bien longtemps.
Les confréries
sont un groupe de personnes unies par un quelconque lien formant ainsi une sorte de
communauté, de réunion.
Les confréries tiennent leur origine du 14ème siècle, qui fut marqué
par des fléaux comme la peste ou encore
la famine mais surtout par des conflits militaires et coloniaux.
C’est ainsi qu’un élan de solidarité
auraient poussé
les consciences à
s’unir. A l’époque, les
confréries étaient surtout composées d’hommes qui devaient protéger les familles et le peuple.
Depuis le début du siècle les confréries ont pris une autre importance, à
savoir la mise en place
d’un réseau étendu qui peut servir dans toutes les occasions.
Parmi les traditions et les coutumes liées à
la religion,
la semaine Sainte est l’une des périodes les plus
importantes en Corse. Elle a lieu en avril, durant la
dernière semaine du carême.
Durant cette période, u catenacciu
(a catena: les
chaînes) est celui qui porte les chaînes et la croix.
Le pénitent vêtu de rouge,(u catenacciu) sort de l’église cagoulé
et pieds
nus, portant une lourde croix de 50 kg sur le dos et des chaînes de 15 kg afin de parcourir un chemin de deux kilomètres.
Le vendredi saint, dans les villages, on tire des coups de fusils à
midi pile pour manifester la joie de la
résurrection du Christ.
Le vendredi saint également, le village de Sartène commémore le chemin de croix effectué
par Jésus.
Le soir, dès 21h, la ville revit la passion du Christ. On allume des bougies et des lumières dans toute la ville.
La liste des volontaires du catenacciu
est très longue et ce dernier attend pendant des années d’endosser ce rôle. C’est une manière de se repentir et de se dépasser car la difficulté
de la
tâche n’est pas moindre
!Comme le Christ, le pénitent doit chuter trois fois sur la route qui le mène à
Golgotha.
La foule récite des textes sacrés et chante en cœur des textes qui ne sont pas choisis au hasard.Personne ne connaît l’identité
de ce pénitent, sauf le prêtre.
Une fois la cérémonie terminée, le pénitent est reconduit au couvent, et dans la nuit, à
l’abri du regard de tous, il regagne
son domicile, son village, son maquis, ou sa prison.L’anonymat est strictement respecté. On retrouve cette pratique en Espagne et dans certains territoires de la méditerranée.
L’œil fait référence au paganisme, à
des superstitions religieuses. Il s’agit de faire la pricantula, (la prière, l’incantation protectrice) pour enlever le mauvais œil.
L’ OCHJU :
La prière en question est tenue secrète et se transmet le soir de Noel d’une génération à
l’autre.On ne peut pas parler de religion en Corse sans évoquer Noel. Cette fête connue de tous est un grand évènement en Corse car elle réunit la famille.Durant cette festivité, on dépose dans la cheminée un morceau de bois, u ceppu (le foyer).U ceppu di Natale brûle toute la nuit dans la cheminée. Le chef de famille appelle ensuite tous les membres de la famille afin que chacun jette un morceau de bois pour faire prospérer la famille.Ainsi, le matin on la répand dans le jardin ou alors autour de la maison.
Croyances et certitudes/ Idéologie/ Mémoire collective
:
Banditisme et croyance mystico-religieuse
Les bandits, même s’ils avaient du sang sur les mains, restaient très attachés à
l’aspect
religieux.
Les bandits d’honneur étaient des personnes criminelles se mettant hors la loi après avoir vengé
un affront en relation avec l’honneur. Les bandits prenaient le maquis pour échapper
aux gendarmes mais aussi à
certaines vengeances.
Prendre le maquis nécessitait de grandes capacités de résistance physiques et mentales alliées à
une parfaite
connaissance du terrain, de la nature, et des possibilités de ravitaillement.Certains bandits pouvaient restés plusieurs années dans le maquis vivant ainsi dans des grottes ou des bergeries.
Entre superstitions et croyances, ils avaient toujours sur eux chapelets, crucifix, amulettes…
Pricantula
destinée à
ne pas à
ne pas être touché
par les balles inghjermatura.
Dans les
lamenti
de bandits, les bandits
décrivent leur vie et se justifient de ce qu’ils ont
fait et se repentissent en invoquant la religion
:
U lamentu di Bartoli
Che nun
so statu la ghjurgu
davanti
à lu
sacramentu
Je le jure devant le saint sacrement que je n’ai
pas commis cela.
Des oranges miraculeuses
:On célèbre la fête de Saint Antoine le 17 janvier et cette fête attire toute la population des villages voisins.
Après la messe solennelle se déroule une procession où
l’on porte la statue du saint parée de bouquets de fleurs d’oranger. L’après-midi, on distribue des oranges bénites qui se conservent très longtemps.
Les oranges de Saint Antoine sont à
l’origine d’un miracle. Jadis, elles évitèrent une catastrophe
: alors qu’on était en train de fondre du bronze pour réparer une cloche, la voûte du four se fendit. Quelqu’un apporta des oranges bénites
qui furent placées à
l’entrée du four et arrêtèrent aussitôt la menace d’effondrement…
En Corse, les pèlerinages sont très fréquents, et le culte des saints est omniprésent.
Les grottes de Sainte-Dévote sont un lieu de recueillement très fréquenté
le matin du 27 janvier, fête de la sainte martyre en corse.
Dans le sol de ces grottes on trouve des anneaux dorés et des perles de verre colorées dont les enfants et les jeunes filles font des petits colliers baptisés
«
les chapelets de sainte Dévote
»
:
«
i paternostri di Santa Devota »
Ces perles de verre proviendraient des premiers Chrétiens qui devaient se dissimuler dans la grotte pour célébrer leur culte.Sainte Dévote est une martyre née en Corse en 283 à
Lucciana
en
corse.Après avoir défendu le christianisme au prix de sa vie, elle fut pendant un temps proclamée patronne de la corse.Sa popularité
est telle, qu’en 1912 une pièce de théâtre fut mise en
scène spécialement pour rendre hommage à
Sainte-Dévote.
Chapelle Saint Antoine
Sainte Lucie est une sainte emblématique en corse. L’œil de Sainte Lucie est un porte bonheur
Sainte Lucie, à
force de prières à
la Vierge Marie, obtint la guérison de sa mère atteinte d’une maladie incurable.En guise de remerciements, elle s’arracha les yeux et les jeta à
la mer afin d’éloigner ses prétendants et ainsi de ne pas se détourner de sa foi. En portant l’œil de Sainte Lucie, on attire la
chance et l’amour et on écarte le mauvais œil.Ce culte particulier navigue entre foi chrétienne et culte païen.Elle réalisa de nombreux actes de bonté
et la
Vierge lui rendit la vue. D’autres histoires sont différentes à
propos de Sainte Lucie et cette dernière apparaît comme une martyre qui aurait été
torturé
à
cause de sa foi.Ainsi, plusieurs villages portent son nom.Le corail, arbre des eaux, est un porte-bonheur très symbolique en Corse car sa couleur rouge rappelle le sang, et sa forme tourmentée l’apparente à
la complexité
de la vie.Il est porté
comme amulette contre le mauvais œil et il est censé
calmé
les hémorragies.
Parmi les rites importants, la fête des morts, qui a lieu lors de la
Toussaint en octobre, contenait un déroulement spécifique selon
lequel les fidèles apportaient tous un bouquet de basilic qui était
béni à
l’église. Des offrandes constituées de blé
et de riz étaient
organisées.
Aujourd’hui même si la fête de la Toussaint tient toujours une
place importante en Corse, les offrandes n’ont cependant plus lieu.
Mazzeri
:
« Mazzere » dérive de «
amazzà » signifie tuer. Le nom commun «
a mazza » représente un instrument destiné
à
fendre le bois.
Les Mazzeri sont chamanes qui représentent le lien entre
le visible et l’invisible. Ils représentent l’ensemble
des liens qui unissent l’homme à
la Nature ainsi
qu’au monde animal.L’origine des mazzeri
remonte au début de l’histoire sociale de l’humanité
et ces
sorciers sont encore présents dans certains endroits de l’île. Il s’agit de rituels chamaniques propres aux sociétés sylvestres.Ces chasseurs nocturnes font
de mystérieux voyages dans leurs rêves, hors du corps.
Ainsi ils errent à
travers le maquis et frappent à
mort le premier animal qui passe sur leur chemin. En retournant la bête abattue, ils voient alors le visage d’une personne qu’ils connaissent.Cela signifie que cette personne mourra dans l’année.Les mazzeri ont le don de voir mais ne sont pas responsables de ces morts. Cependant la population s’en méfie et ils vivent reclus, menant une vie relativement solitaire. Ce don se transmet de génération en génération. Ils vivent essentiellement la nuit.Certains mazzeri ont une vie sociale riche et des plus normales.
Leur entourage ignore souvent leur particularité.
La religion catholique imprègne les actes de la vie privée et publique de la quasi-totalité
de la population corse.
Selon l’écrivain Charles Antoni, la Corse est l’une des régions du monde où
le Christianisme n’a pas extirpé
totalement d’anciennes
croyances dérivant du chamanisme, sans doute du fait de son insularité
mais aussi de sa géographie de montagne.
Par son attachement viscéral à
ses rites et à
ses croyances, la Corse a ainsi maintenu ses traditions et ses particularités.Pareille aux sociétés méditerranéennes qui l’entourent, l’île a conservé
dans ses pratiques ante-chrétiennes les réminiscences d’un passé
lié aux forces de la nature.
Ainsi, entre littoral et neiges éternelles, entre maquis et torrents cohabitent rites païens et rites religieux.
![INTEGRATING THE NONINTEGRABLE - msh-paris.frsemioweb.msh-paris.fr › ... › Alan_Weinstein4.pdf · Poisson geometry going back to Lie [11], that of realizing a given Poisson manifold](https://img.pdfslide.fr/doc/110x75/5f0399de7e708231d409db4f/integrating-the-nonintegrable-msh-paris-a-a-alanweinstein4pdf-poisson.jpg)
