Barbusse Henri - j Accuse

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  • BIBEBOOK

    HENRI BARBUSSE

    JACCUSE !

  • HENRI BARBUSSE

    JACCUSE !

    1932

    Un texte du domaine public.Une dition libre.

    ISBN978-2-8247-1055-6

    BIBEBOOKwww.bibebook.com

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    Sources : B.N.F. fl

    Ont contribu cee dition : Gabriel Cabos

    Fontes : Philipp H. Poll Christian Spremberg Manfred Klein

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  • JACCUSE !. . .

    JACCUSE gouvernements franais qui se sont succd de-puis la guerre davoir accueilli, encourag, aid, pay et armles socits de moins en moins secrtes de gardes blancs, quiconstituent une organisation internationale de criminels ayant pour butle meurtre et la guerre.

    JACCUSE les gouvernements dtre responsables des assassinats suc-cessivement commis par ces bandits, dont les normes, multiples et opu-lents groupements tendent leurs tentacules sur le monde entier et ontleur foyer en France.

    JACCUSE PARTICULIEREMENT LE GOUVERNEMENT TARDIEUDETRE RESPONSABLE DE LATTENTAT DE GORGULOFF, GARDEBLANC, EN LIAISON AVEC LA POLICE FRANAISE.

    JACCUSE TARDIEU davoir jou une comdie plus monstrueuse en-core que ridicule en faisant rpandre par les moyens de propagande etde corruption de la presse, dont il disposait, le bruit que Gorgulo taitun bolchevik, ou un no-bolchevik, ou un instrument des bolcheviks,mensonge hont qui nen a pas moins t exploit par tous les ennemisde la classe ouvrire.

    JE LACCUSE davoir, en ralit, tout fait pour que lassassinat de Paul

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  • Jaccuse ! Chapitre

    Dourmer saccomplisse, et jaccuse ses chefs de service de navoir, enconsquence, rien fait pour lempcher.

    Je fais partie dun groupement dhommes qui sont prts donner leur

    sang et leur vie pour la cause de lmancipation dnitive des masseshumaines exploites et opprimes par dautres hommes. Aucun moyendintimidation, aucune mesure, ne sont susceptibles de me faire modierlexpression publique de ma pense, qui est celle de mes frres de lue.Mais je suis incapable de prendre des rves pour des ralits et davancerquoique ce soit qui ne soit pas vident, et contrl. Pour moi, les parolessont des actes. Jai pes toutes celles que jcris ici.

    Je veux spcier que laccusation circonstancie et positive que jeporte contre les organisations unies de brigandage tendant au meurtreisol et collectif, et dont lEtat-Major franais et le gouvernement tiennentles celles, ne sapplique pas tous les migrs en gnral, les tra-vailleurs trangers ayant ici les mmes droits que les travailleurs franais mais une catgorie spciale dmigrs, disposant de moyens puis-sants, dont limpunit est intolrable, et que nous ne tolrerons plus.

    Le rquisitoire que jentends formuler contre les machinations, lesmfaits et les crimes (dont la liste nest pas close) perptrs par un ra-massis despions, de provocateurs et dapaches, grce linadmissible etdshonorante protection des autorits publiques, JE LES APPUIE SURDES FAITS PRECIS. Ces faits ont t dj numrs et rpts avec unestricte neet dans lHumanit, sans quaucun dmenti soit venu inrmerle moindre dentre eux. Je les reprends dans les grandes lignes, sereine-ment et objectivement.

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  • LARMEE BLANCHE ENFRANCE : UN ETAT DANS

    LETAT

    I pas daujourdhui, ni dhier. La reconnaissance of-cielle, laide en argent, les fournitures darmes, accordes auxbandes blanches abjectes de Koltchak, de Youdenich, de Denikineet de Wrangel, sont des faits positifs inscrits dnitivement dans les an-nales de laprs-guerre. Des centaines de millions ont t prlevs sur lescontribuables franais et distribus ces gens de sac et de corde qui ontmis feu et sang des rgions entires de la Russie libre par les bonsoces de MM. Clmenceau et Millerand.

    and Wrangel a t vomi dnitivement par la Russie nouvelle, sonarme na t disloque quen Russie. Le gouvernement franais a pristoutes les mesures pour en maintenir les cadres, et cela dans un but ab-solument conforme sa politique intrieure et extrieure de rgressionsociale.

    LAMASSE PRINCIPALE DE LARMEE BLANCHE, QUI CONSTITUEUNE FORCE POLICIRE ET MILITAIRE INTERNATIONALE DE PLUS

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  • Jaccuse ! Chapitre

    DE 200.000 HOMMES PRTS A TOUT FAIRE, EST CONCENTREE ENFRANCE.

    Lorganisation de ce centre actif de raction sociale et politique, nonseulement tolre, mais soutenue par les pouvoirs ociels, aeint une am-pleur quon a peine simaginer, et qui na pas laiss de causer une stu-peur dailleurs bien passagre la Chambre des dputs quand il ena t donn la tribune quelques aperus propos de laaire Koutipov,et qui a confondu le public franais, quand il a vu dler, EN ARMES,ociellement, sous lArc de Triomphe, trois reprises direntes, enseptembre 1930, en aot et en novembre 1931, des rgiments de Gardes-Blancs.

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  • Prts commencer la guerre

    LUNION GENERALE MILITAIRE, dont ltat-major commandpar le gnral Miller est Paris, groupe une quinzaine de vastesorganisations militaires, plus 140 sections de cosaques. Ceeforce militaire imposante recrute chaque jour des soldats et des lvesociers dans la jeunesse migre. Le gnral Miller, dans une interviewquil a donne dernirement au journal anglais e Referee, aprs avoirreconnu que lorganisation dun tel rseau et son quipement nont tpossible que grce laitude bienveillante des gouvernements franaisouvre un aperu sur limportance et ltat de prparation de ces eectifs.Ce ne sont nullement l des renseignements secrets : on na qu lire laprface du Guide de lUnion Gnrale Militaire pour tre au courant de cemouverment actif et formidable. Son objectif : la guerre contre la Russie.En aendant, sil le faut, prter main-forte aux polices nationales contrele proltariat.

    Il y a quelques mois, le gnral Miller a fait une inspection des forcesdont il dispose en Europe. Il a t reu comme un prince en Pologne o il sest mis en raports avec le chef de ltat-major polonais Piskor, etdans les Balkans. A Bucarest et dans tous les Etats vassaux de la France,il a t accueilli par les autorits ocielles et les gnraux. Il a remerci

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  • Jaccuse ! Chapitre

    publiquement le gouvernement yougoslave du concours quil lui appor-tait, et dans de brillantes runions, tous ces grands personnages galonnset chamarrs ont ouvertement prconis le front unique contre lU.R.S.S.sous lgide de la France.

    Dclarations publiques du gnral Miller : Nous sommes prts com-mencer la guerre. Nous aendons seulement une situation favorable et uneaide nancire qui sans aucun doute nous viendra dune des puissances d-sirant le renversement des bolcheviks.

    Lors des derniers vnements dExtrme-Orient, sous la prsidencedu gnral Dragomirov, a eu lieu Paris une runion de la Socit desOciers dEtat-major, sur la ncessit dappuyer lagression du Japon la suite dun rapport S. Vostroguine, ancien dput la Douma. Lata-man des Cosaques du Don, Begayevski, y a prconis la cration dunEtat-tampon antisovitique form par la Mandchourie, la Mongolie, etla Mongolie sovitique, cet Etat devenant possesseur du Chemin de Ferde lEst-chinois arrach lU.R.S.S. LUnion Gnrale Militaire, selon Bo-gayevski POURRAIT METTRE SUR PIED 300.000 HOMMES.

    Sous le ministre Tardieu, le contact des tats-majors et des migrstsaristes sest renforc par lactivit du gnral Sekretev, li avec le gnralWeygand. Ce Sekretev a jou un rle direct dans les commandes darmesfaites pour le Japon chez Panhard-Levassor, Hotchkiss et Schneider etdans les usines de guerre Sekretev a form avec les Blancs des cadres debriseurs de grve.

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  • Des exercices de tir

    I grande ville duMidi pour prendre le premier exempleque jai sous les yeux o certains services publics sont entire-ment entre les mains des Blancs qui, ouvriers pendant une par-tie de la journe, ONT SOUS LA MAIN LEURS ARMES ET LEURS UNI-FORMES, et sont tout prts rpondre lappel de leurs chefs reconnus.

    Partout, dpts darmes. Certaines usines ont embauch un certainpourcentage de soldats blancs en disponibilit momentane et ces ou-vriers temporaires prennent leurs salaires aux vrais travailleurs franaiset trangers, en aendant de marcher contre eux au premier signal.

    Aux usines Schneider, travaille tout un escadron de wrangliens : lesrestes du 9 rgiment de dragons de Kazan.

    On lit dans La Sentinelle, journal de provocateurs blancs, un ap-pel pour lorganisation militaire des ouvriers blancs de lusine de Rives(Isre). Ces blancs ont leurs coles, leurs cours de prparation militaire,leurs clubs, leurs coopratives. Ils ont une Acadmie militaire o, au direde Miller lui-mme, on ne peut sure aux demandes et o on duque10.000 ociers blancs (chire galement donn par Miller). Des coursmilitaires quotidiens sont faits par tout un ensemble vari de professeurstechniques, rue Mademoiselle, rue du Colise, rue Michelet. Les ventuels

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  • Jaccuse ! Chapitre

    fusilleurs du peuple russe ou du peuple franais SEXERCENT JOURNEL-LEMENT AU TIR, rue dAlembert. En Seine-et-Oise, les ouvriers blancsdune usine font, le dimanche, des exercices de tir sur le champ de tirde larme franaise. A Grenoble, tirs militaires publics. Dans les Alpes-Maritimes missions de T.S.F..

    Cela ne se passe pas seulement en France, je le rpte. Aprs la d-bcle deWrangel, 40.000 wrangliens staient installs dans les pays bal-kaniques, beaucoup restant en uniforme et en service. Jen ai vu de mesyeux, dans la rue de Belgrade et ils avouaient hautement quils taient lnon seulement pour faire la guerre la Russie, mais pour mater la canailleet empcher le proltariat serbe et bulgare de russir ce que le proltariatrusse avait russi dans lex-empire des tsars. Depuis, leur situation sestperfectionne. Cest 100.000 hommes quil faut compter, arms et quipsdans les Balkans et en Tchcoslovaquie.

    Autres centres, notamment Shangha, Tien-Tsin, Kharbine, auJapon : section dOural-Amour, cadres Kob, cadres Formose, cadres lle de Hokado. Et le gnral Dieterichs, le sous-ordre de Miller, faitdes appels de fonds la Banque Franco-Chinoise de Shangha. Le gnralSmirnovski et locier de marine Dmitrievski travaillent dans les ambas-sades franaises dans les pays Baltes et collaborent au service du contre-espionnage. En Finlande, le ls du snateur Belgardt, en Esthonie, le g-nral Boyevn, en Leonie, locier de marine Podolkine, centralisent letravail de lorganisation militaire blanche. A New-York vient de se formerdans le mme but la Socit de Pierre-le-Grand, dirige par Martynov,ancien directeur du Bureau politique de la police de Moscou. Noublionspas quil y a des organisations militaires blanches jusque dans lAustralieet lAmrique du Sud. Noublions pas non plus que 8.000 gardes blancsservent dans la lgion trangre, au Maroc et en Indochine.

    Comment cet Etat dans lEtat, cee police supplmentaire, cee police derserve, naurait-elle pas daccointance avec les polices nationales, ou pluttla police internationale ? (car qui peut ignorer aujourdhui que la besognepolitique est la grande aaire de la police, que ce soit le Service des Ren-seignements Gnraux, lOkhrana bulgare, la Sigouranizaroumaine ; laD-fensive polonaise). Mais il ne sagit pas de conjectures et de suppositions.Poursuivons et venons aux faits.

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  • Jaccuse ! Chapitre

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  • LES NIDS DE VIPRES

    E organisations purement militaires : lUnion Gn-raleMilitaire, les Ecoles militaires, les Etats-Majors, la Mobilisa-tion de la Jeunesse en dehors de tout un rseau organisationsculturelles et nancires dont je renonce, faute de place, donner icila liste complte (et ce ne serait du reste nullement une rvlation), lesGardes Blancs dispont de tout un rseau dorganisations ayant ce but :LACCOMPLISSEMENT DACTES TERRORISTES ET DACTES DE SA-BOTAGE VIS-A-VIS DE LU.R.S.S.

    Ces organisations agissent en liaison troite avec lEtat-Major du g-nral Miller, et jouissent de lamiti gnreuse des pouvoirs nationaux.

    Dabord, voici lUnion Centrale Russe. Elle ltre et centralise. Elle orga-nise le recrutement de toutes les forces anti-sovitiques de lmigration,et la distribution des tches.

    A la tte de lUnion Centrale se trouve lex-ptrolier Goukassov, direc-teur du journal pogromiste La Renaissance dans lequel Gorgulo faisaitparatre ses appels.

    LUnion Centrale et son organe La Renaissance faisaient grand bruit,depuis des annes, dans le concert men par tous les journaux blancsdEurope, en faveur dune agitation terroriste et de la provocation dun

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  • Jaccuse ! Chapitre

    conit avec lUnion Sovitique.Voici ensuite le Comil National Russe. Son but avou la dlit aux

    principes de la lue arme et une liaison constante avec larme blanche.Son animateur est le professeur Kartachev, guide des clricaux russes dela bonne espce lespce expditive et sans scrupules inspirateur at-titr de la terreur blanche l o elle a sa grie, intime collaborateur deDenikine, de Wrangel et de Koutipov.

    Et voici Bourtsev, ex-rvolutionnaire, tratre de mlodrame, odieuse-ment lch dans la ralit, tripatouilleur des archives de Tsarsko Selo,ami dIsvolsky, de lugubre mmoire, aptre de la terreur blanche, qui apris part tout une srie de conspirations antisovitiques, et au travailsoutenu de la Prfecture de Police et de la Sret Gnrale comme un em-ploy quil est de ces institutions. ant M. Fedorov, il se trouve la ttede toutes les uvres d ducation de la jeunesse migre subvention-nes par Deterding, qui a avou publiquement quil consacrait un partiede ses colossaux revenus aider le pullulement dinstitutions blanchesayant pour but lgorgement du pouvoir sovitique et le triomphe dnitifdu capitalisme dans le monde. Fedorov est lun des directeurs du journalla Lue pour la Russie, qui prche les pogroms et la terreur. P. Strouv, lui,avant dtre directeur de la Russie et le Monde Slave qui prconise, toutesles semaines, la terreur blanche et le sabotage, tait ministre des Aairestrangres deWrangel. Il est rest troitement li avecMillerand et autrespersonnages du mme genre, et son journal est commandit par le chefdes fascistes tchques Kramarz.

    Le Torgprom, organisation des anciens industriels russes, aprs avoirlu violemment contre la reconnaissance des Soviets, lue pour linter-vention arme contre lU.R.S.S. et le rtablissement de lancien rgime. Sesttes sont : Dentssov, Tretiakov, Isnar, prince Mestchersky, Riabouchinsky,Goukassov, Manlachev, Nobel, Lianosov, anciens industriels et ptroliers.

    La Banque du Crdit Mutuel, en liaison avec le Torgprom et avec lU-nion des Zemsivos, soccupe de placement des Blancs et du nancementde leur organisation.

    Ces gens-l ne songent qu reconqurir leurs usines et leurs puits deptrole (dailleurs magiquement perfectionns) dans le sang dun peuple.Ils subventionnent largement larme blanche, les groupements et la

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  • Jaccuse ! Chapitre

    presse contre-rvolutionnaire et antismite, incendiaires, meurtriers etdestructeurs. LE GOUVERNEMENT FRANAIS, ET NOTAMMENT M.POINCARE, A TOUJOURS ETE AU COURANT DE LEURS MENEES ETDE LEURS COMPLOTS. Au cours du procs du Parti Industriel Moscou,tous les agents des actes sinistres de sabotage mis en ause par la justicesovitique, ont reconnu formellement la liaison troite de ce parti avec legouvernement et lEtat-Major franais. Le Torpgrom a distribu 750.000couronnes aux institutions blanches. Dans son budget actuel gurent 7millions pour soutenir les gardes blancs terroristes.

    Ce nest pas tout. La liste est encore longue :Le Comit National Monarchiste, lIcne, lUnion Impriale de la Jeu-

    nesse, dont le prsident Ruzki est un agent appoint de la Prfecture dePolice. LOce des Rfugis Russes, rue Gungaud, prsident Maklakov,ambassade ocieuse, le Patronage de la Jeunesse Universitaire que De-terding subventionne pour prparer les cadres dune Russie capitalistefuture.

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  • Kerensky, encore un blanc !

    I le groupe du chef du Gouvernement Provisoire Kerensky, di-recteur des journaux blancs, la Russie Opprimeet Dni (Les Jours).Celui-l nest pas monarchiste, mais il est blanc tout de mme.elles que soient les nuances de lAncien Rgime que les uns et les autrestravaillent instaurer en U.R.S.S., ils sont tous partisans du grand duc Cy-rille ou du grand duc Nicolas ou dun rgime prtendu Constitutionnel ils sont tous au mme titre dcids susciter la lue main arme contrele peuple russe.

    Rappelons-nous que le groupement de Kerensky fut subventionn parlaMissionMilitaire franaise en Russie aumoment de la Rvolution dOc-tobre. Le groupement en question a organis une entreprise spciale etpermanente de sabotage des voies ferres la tte de laquelle se trouvaitlancien ocier tsariste Michel Davidov, en relations avec des ociersfranais. Le programme de Kerensky est donc la lue contre lU.R.S.S. tout prix et par tous les moyens. e toute la Russie et le Caucase, et laSibrie, que toute cee moiti du Vieux Continent soit saccage et rase,en dtail et dans son ensemble, si cela doit liminer les bolcheviks qui luiont enlev le pouvoir des mains. Les moyens qu il prconise ? La terreurblanche, le sabotage et lagression militaire des puissances de proie. Son

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  • Jaccuse ! Chapitre

    idal, cest, aprs, de se disputer avec les autres fractions blanches sur lesruines dun continent. En aendant, il diame systmatiquement la Rus-sie socialiste par le procd odieux et puril qui consiste pcher parmides centaines de milliers de faits, ceux qui ont ou semblent avoir une ap-parence dfavorable pour le rgime russe actuel. Cest un blanc rougi dunjsuite.

    Il y a le groupe terroriste, La Lue pour la Russie, dirig par lagent dela Sret Bourtsev, lancien minisire Fedorov dj nomm lanciensocialiste Melgoulov et leurs acolytes.

    Il y a La Confrrie de la Vrit Russe, groupement li avec la Renais-sance, la Sentinelle (organe ociel de lUnion Gnrale Militaire), et aveclEtat-Major de Miller. Ce groupement agit selon les directives de la 2 sec-tion de lEtat-Major polonais et est, ce qui est logique, subventionn parlui.

    and la confrrie a besoin de divulguer quelque communiqu dac-tion terroriste, la Sentinelle est l pour a. Lisez-en quelques numros auhasard, et vous serez dis.

    Il faut dire enn quen plus de toutes les formations agissantes que jeviens dnumrer, et autour des volumineuses Union Gnrale Militaire,Union Centrale Russe, Comit National Russe et Torgprom, gravitent unemultitude de moyens et petits groupements (mme de soi-disant orga-nisations de bienfaisance pure, comme telles Croix-Blanches ou tellesCroix-Rouges), qui tous, soit directement soit par lintermdiaire de lU-nion Gnrale Militaire, SONT ATTACHES A LETAT-MAJOR, A LAPREFECTUREDE POLICE, A LA SURETEGENERALE, AMM. TARDIEU,MILLERAND ET TUTTI QUANTI.

    Le Centre parisien des blancs a aussi des prolongements et des liales(lilales) ltranger : en Pologne, La Confrrie de la Vrit Russe qui fra-ternise servilement, comme je lai dt avec la 2 section de lEtat-majorpolonais. Le Conseil des Combaants Actifs pour la Russie a son centreen Yougoslavie. Les Patriotes Militaires Russes constituent une agglom-ration de fascistes russes en Bulgarie et en Yougoslavie ? EnMandchourieet en Extrme-Orient, la Russie paysanne se maintient en liaison avec lecommandement japonais.

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  • Jaccuse ! Chapitre

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  • Tue !. . . et lon assassine. . .

    T , grandes lignes, le rseau. Telle est la tche de lpreblanche qui se cramponne et stend, par son infection mme,sur tous les pays, et spcialement dans le ntre.La question se pose pour tous les gens dont le sens est droit et laconscience propre, de savoir sil nest pas honteux pour une grande puis-sance qui se targue dhonneur public, non seulement de collaborer avec ceredoutable ensemble parasitaire dont le but est de saper et densanglan-ter une nation avec laquelle cee puissance a des relations diplomatiquesocielles, mais mme de le tolrer ?

    Mais il faut aller plus loin, et montrer le sens exact que prend actuel-lement le terrorisme des migrs blancs, organis avec laide des policesgouvernementales et des gouvernements policiers.

    Ce terrorisme, en dehors de ses appels la guerre, a dabord exercdes aentats contre les personnalits (personnalit) sovitiques.

    Les excitations directes aumeurtre ont t multiplies du genre de cellequi a t lance par le mtropolite Antoine.

    Ce saint homme dclare et crit en novembre 1930 dans son bul-letin :

    Peuple russe ! le Diable rouge a engag un combat dcisif contre notre

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  • Jaccuse ! Chapitre

    foi. . . Cela ne peut pas tre ! Notre ambeau ne steindra pas. Debout pourla foi du Christ. Tue les communistes ! Tue le serpent la tte. Ne laisse pasvivre non plus les enfants du serpent ! La terreur populaire, cest le glaive deDieu.

    Des appels de lespce de celui-ci que je cite entre cent avaient djretenti et avaient t entendus : Voroski assassin Genve par Conradi ;Vokov, ambassadeur, assassin Varsovie ; Chapochnikov assassin Moscou ; tentative dassassinat contre Anikiev, reprsentant commercial Tokio, contre Staline, contre Litvinov, contre Dovgalevski (et ici il mefaut pingler linfamie de la Libert qui, aprs un aentat contre un em-ploy de lambassade sovitique que lagresseur avait pris pour lembassa-deur, publia la photographie de celui-ci avec cee lgende : Le camaradeDovgaleveki : Ne vous trompez plus dsormais, etc., etc.

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  • TIREZ SUR LES ETRANGERS !

    P, mot dordre, changement de tactique. LU-nion Centrale Russe et son organe LA RENAISSANCE, a pr-consi et expliqu clairement cee modication pratique de lamthode terroriste : Dornavant, les aentats ne doivent plus tre diri-gs contre les reprsentants du gouvernement sovitique, mais contre lesreprsentants des Etats qui ont des relations diplomatiques et commer-ciales avec la Russie dans le but de provoquer la rupture de ces relations,et la guerre.

    Cest dans cet esprit quau mois de dcembre de lanne dernire, leConseiller de la Mission diplomatique tchcoslovaque Moscou, Vanek,sadressa quelques citoyens sovitiques, contre-rvolutionnaires da-prs ses renseignements, les incitant aenter la vie de lambassadeurjaponais en U.R.S.S. Khirota. Le rsultat dun tel aentat devait tre dim-poser un conit arm entre te Japon et lU.R.S.S. Si lon tient compte dela situation dj si tendue cee poque en Mandchourie, de la cam-pagne systmatique du Japon contre lU.RS.S. et du nationalisme explosifdes lments dirigeants du Japon, il est hors de doute que la nouvelle delassassinat de lambassadeur nippon Moscou avec une prsentationque nous avons vue, depuis, jouer pour Gorgulo aurait mis le feu aux

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  • Jaccuse ! Chapitre

    poudres et dclench un conit entre le Japon et lU. R. S. S. ; conit qui,non moins immanquablement, et t suivi dune aaque des frontiressovitiques occidentales par la Pologne et la Roumanie. Mais, cee fois, lecoup choua ayant t vent temps par la Gupou. Le gouvernementsovitique exigea le rappel de Vanek par le gouvernement de Prague, cequi fut fait immdiatement.

    Le 5mars 1932, lexcuteur garde blanc Judas Stern a tir cinq coups depistolet sur lautomobile dans laquelle se trouvait le conseiller dambas-sade allemand von Tvardovsky, le blessant la main et au cou. Lenqutervla que Stern avait voulu, en dchargeant son arme, tuer lambassa-deur dAllemagne vonDiercksen, car tel tait lordre quil avait reu duneorganisation terroriste dont le chef tait un Polonais, W. Loubarsky. CeLoubarsky avait dj, en 1928, organis, Moscou, lassassinat de Cha-pochnikov, haut fonctionnaire sovitique, et il tait arriv en U. R. S.S. comme courrier diplomatique polonais avec des papiers ociels en dueforme, aestant sa mission publique.

    Linstruction tablit ensuite plus premptoirement la connivence deLoubarsky avec les sphres ocielles polonaises, ainsi quavec les or-ganisations dmigrs blancs. On voulait, par cet assassinat dambassa-deur, provoquer des complications diplomatiques entre lAllemagne etlU.R.S.S., englober lAllemagne dans le bloc antisovitique.

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  • Aveux infmes

    C guerre, au demeurant, na pas t labore ensecret dans des caves et dans des conciles secret, MAIS EN PLEINJOUR. Le banditisme blanc sest aaqu dlibrment et ouverte-ment aux citoyens les plus prestigieux des nations o une police infodeau Ministre de lintrieur, tenu lui-mme au licou par le capitalisme r-actionnaire, lui avait donn tous les moyens de sinstaller et de prosprer laise et en paix.

    Et si nous voulions dresser un rquisitoire complet contre ces choses,ce seraient les dclarations des Blancs qui, elles seules, nous en four-niraient la matire. Les commentaires de la presse blanche, franaise etinternationale, jeent une lumire crue sur lintention bien calcule dePROVOQUER ET DUTILISER LE MEURTRE DES IMPORTANTES PER-SONNALITES ETRANGERES COMMEMOYEN DE LUTTE POLITIQUE.

    Stern est une gure symbolique, scrie la Renaissance, le 29 avril ; lecoup de feu de Stern, cest la terreur qui vient de commencer . Et, quelquesjours aprs, ce journal revient sur la mme ide et sur la mme menacedassassinats futurs, et il imprime : Le coup de feu de Stern a t entendu,et il sera rpt. . . Le coup de feu de Stern, ce nest nullement la n, cest ledbut .

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  • Jaccuse ! Chapitre

    La mme feuille prcise encore, an que nul nen ignore : Lacte deStern est une sorte de geste contre laide des trangers aux bolcheviks.

    Le 26 avril, le compte rendu dune importante runion de lUnionCen-trale Russe contient encore plus neement lannonce motive de nou-veaux aentats :

    Dans tous les discours, un certain ton se t entendre, qui est nouveaupour lmigration. On peut penser que ce nouveau ton est le rsultat de cequelque chose de nouveau qui commence se raliser. . . avec les coups derevolver de Stern. Ces coups de feu montrent tous les trangers qui sou-tiennent le pouvoir sovitique, la responsabilit qui les aend. Stern nousest cher. Tout autre qui contribuera, en dehors de la Russie, au renversementdu pouvoir sovitique, nous sera galement cher. Lacte de Stern, cest unedate historique. Il faut commencer agir, et cest justement nous les migrs,qui devons remplir le rle de pionniers en cela.

    Bajanov, cee runion, scrie : Lennemi des Russes, cest celui quisoutient le pouvoir sovitique, et de tels trangers seront rduits en pous-sire.

    Donc, que meurent les ambassadeurs ou chefs dEtat, pour quil y aitla guerre, que meurent sous les coups de la meute des puissances dcha-nes, les 160 millions douvriers et de paysans de la Rpublique socialiste,pour que rentrent dans leur argent et dans leurs honneurs MM. et Mmesles migrs, quie pour ceux-ci de livrer ensuite aux vainqueurs les ruinesdu pays o sdie actuellement la civilisation socialiste.

    Plus clair encore, sil est possible, tait lappel A tous les Russes aucur gnreux les conjurant de se pntrer de lesprit de Stern.

    Un des rdacteurs de la Renaissance, Yoblonovsky, dans le JournalAu-jourdhui, qui parat Riga, met, lui aussi, des points sur les i :

    Lacte de Stern a produit une grande impression dans monde. Il signieun changement dans la tactique des terroristes russes. Et le sens politique dece changement peut tre dtermin dune faon trs simple : Ne tirez passur les moineaux bolcheviks, il est plus avantageux pour nous de changerde cible et de TIRER SUR LES ETRANGERS. Lavantage de cela est clair :un coup de revolver sur un tranger en vue peut causer aux bolcheviks desdsagrments srieux et mme provoquer des complications politiques.

    Le journal de Krensky, Dni, que dit-il, Paris mme, propos de la

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  • Jaccuse ! Chapitre

    tentative dassassinat dun ambassadeur tranger ? ceci : Nous avonsdevant nous le cas classique dun acte terroriste sacricatoire au nom de ladfense des droits du peuple. Stern nest pas seul. La amme de la terreurindividuelle commence amber .

    Ne pas tre en guerre avec la Russie sovitique, cest outrager lesprcieux personnages ddors et redors de lmigration, dont les orga-nismes tentaculaires vivent aux dpens des pays trangers, et cest mri-ter la mort.

    Le sentiment condens de la ert nationale outrage a retenti dans lescoups de revolver de Stern, retenti dans toute la Russie, retenti dans le mondeentier.

    . . .Cet acte a trouv probablement son cho sonore sensationnel dans lescurs (coeurs) de beaucoup dtrangers collaborateurs du plan quinquennal.e ceux qui doivent lentendre lentendent bien, ce coup de feu, tant quilnest pas encore trop tard .

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  • Appel ouvert au meurtre

    T , dont je ne donne ici que quelques menus ex-traits, semblent, et pour cause, copis les uns sur les autres.Lide quils prchent : tuer ltranger, tait tellement dans lairque lcrivain tsariste Lovitch au cours dun roman publi en avril dernier Kharbine dans le journal Roupor, voque par anticipation de roman-cer un certain nombre de meurtres commis par les Blancs, de personnali-ts politiques haut places (dont le Prsident de la Rpublique Franaise)avec des dtails prcis qui impressionneront certaines personnes, en de-hors de celles qui sont au courant de toute cee lirature prpara-toire.

    Car nombreux et varis ont t les appels crus lassassinat et audsordre sanglant qui ont t sems dans des pays enseigne dmocra-tique, et CELA IMPUNEMENT alors que de simples revendicationscommunistes bases sur la coopration rationnelle de tous les membresde la communaut sociale, valent leurs auteurs la perscution, la prison,la torture et la mort.

    Bon public franais, qui croyant encore M. Poincar et M. Tardieu,aussi aveuglment que tu croyais Rochee et Oustrie, et comme tucroiras aux successeurs et continuateurs de tous ces gens-l, coute ce

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  • Jaccuse ! Chapitre

    quon disait ouvertement partout et notamment en France, o tu tima-gines, avec une candeur qui dpasse les bornes, que tu es dirig par deshommes loyaux, et, de plus, par des hommes qui dfendent la rpubliqueet la paix !

    Dis et crie avec moi QUONNE PEUT PAS CITER, EN VERITE, DANSLHISTOIRE CONTEMPORAINE, DE PROVOCATION PLUS OUVERTE,DE PREPARATION PLUS PUBLIQUE, PLUS EXPLICITE, PLUS ECLA-TANTE, AUMEURTREDESHOMMES PUBLICS, POURABOUTIRACE-LUI DUN MILLION DE SOLDATS !

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  • Bestiales provocations enMandchourie

    O rle capital jou, en mme temps, en Extrme-Orientpar les bandes blanches dans le but de provoquer la dclarationde guerre de lU.R.S.S. au Japon : assauts main arme des ins-titutions sovitiques en Mandchourie, vastes actes de sabotage des voiesdu Chemin de Fer de lEst Chinois, ponts et ouvrages publics dtruits pardes explosions, incursions sur le territoire sovitique.

    Et qui fera-t-on croire que cee propagande de banditisme accom-plie sous la suprme direction de lEtat-major du gnral Miller sigeant Paris, par lintermdiaire de son reprsentant Kharbine, le gnral Die-terichs ait pu, contre toute vraisemblance, saccomplir sans la conni-vence et la complicit des lments imprialistes japonais et de toutes lesgrandes puissances ? Tout cela, visiblement se tient.

    Cesmanuvres ont eu en 1929, pour rsultat, un conit arm entre lesgnraux chinois la solde des puissances imprialistes et lU.R.S.S. Grceau sang-froid imperturbable et la relle volont de paix de la diplomatieet du gouvernement sovitiques, ce cont na pas dgnr en guerre.Le banditisme provocateur et ocieux des blancs a t jusquici paralys

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  • Jaccuse ! Chapitre

    dans ses objectifs. Jusqu quand ?Ceux qui veulent provoquer le massacre par le crime, voient grand et

    regreent le temps perdu, qui aurait pu tre si sanglant.Il fallait, scrie le Tocsin du 12 fvrier 1932, il fallait commencer ce

    quil aurait fallu commencer il y a 14 ans : la guerre sainte contre le diable.Nous devons entreprendre non seulement une guerre sainte, mais aussi uneboucherie diabolique.

    Le Tocsin, par lintermdiaire de Krutchkov, secrtaire de Gorgulo,se trouvait SOUS LE CONTROLE ETROIT DE LA PREFECTURE DE PO-LICE, Krutchkov, agent de la Sret, est la disposition du Commissairede la Prfecture Faux-Pas-Bidet.

    Mais est-il utile dajouter cee prcision ? Mme sil ny avait pas eules relations daaires, la liaison et les aaches quil y avait, entre lapolice franaise et lmigration blanche organise pour la terreur et pourle meurtre, nest-il pas absolument indniable que la police et le gouver-nement de M. Tardieu taient admirablement au courant dun tat des-prit qui sexprimait dune faon si catgorique et si publique, et qui devaitavoir comme aboutissement tout fait logique laentat de Gorgulo ?

    CEST POURQUOI JACCUSE TARDIEU ET SON CHEF DE SERVICECHIAPPE DAVOIR ETE EXPRESSEMENT, EN FAIT, LES COMPLICESDE LASSASSINAT DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE DOUMER.

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  • LES EXIGENCES DUN PLANPOLITIQUE FORMEL

    T revenons sur quelques gnralits qui, si elles sim-posent beaucoup de gens suivant de prs les vnementscontemporains, sont encore trop ignors de cee vaste opi-nion publique quonmet toutes les sauces parce quelle sy laisse bate-ment mere lopinion publique, nom de comdie des masses humaines.

    Les grandes puissances nont jamais pu admere lU.R.S.S. qui sef-force, depuis 1917, de raliser le socialisme la barbe des grands hommesdaaires capitalistes, lesquels sont rois de la bourgeoisie et, fortiori, dela dmocratie, dans les cinq siximes du globe.

    Les prtentions de cet autre sixime dumonde, nagure le plus arriret le plus esclave de tous les pays et qui, se plaant en tte du vrai progrshumain, die une socit galitaire et proltarienne dans la lue pourabolir les classes, ont paru, juste titre, du reste, nfastes pour le principefondamental du capitalisme, qui reste, cote que cote, lexploitation delhomme par lhomme. Cee hostilit sociale et politique na cess de semanifester sous des formes diverses qui ont t, au dbut, jusqu linter-vention arme, ainsi que je le rappelle plus haut, au blocus conomique,

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  • Jaccuse ! Chapitre

    la constitution ou au renforcement dEtats limitrophes qui doivent leurrsurrection ou leur agrandissement, non pas quelque conception li-brale ou idaliste, mais au contraire au mtier largement pay degendarmes internationaux, qui leur est dvolu.

    Entre temps, les pays capitalistes comprirent quils avaient intrt,malgr tout, avoir des relations commerciales avec lU.R.S.S., et la cam-pagne anti-sovitique, sans cesser le moins du monde, prit alors la formeplus clandestine de SABOTAGE, DESPIONNAGE ET DE CALOMNIE.

    En face de linternationale proltarienne, progressant fatalement dansle monde, dautres institutions universelles : le fascisme, lInternationaleblanche (ou noire on peut choisir le vocable), la police qui a lavantagede pouvoir faire librement campagne en temps de paix, se sont dresses etont agi avec les grands moyens nanciers et matriels que le capitalismetient dans ses mains.

    Mais mesure que la proclamation des principes humains et logiquesde lEtat nouveau saccompagnait de ralisations conomiques consid-rables en ascension constante alors que les aairesmondiales du capita-lisme priclitaient au rythme tragique que lon sait, alors que le chmage,pour ne citer quun exemple, diminuait en U.R.S.S. jusqu disparatre,tandis quil creusait aux ancs des pays capitalistes dimmenses plaiesgrandissantes, lhostilit a repris sa forme agressive.

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  • . . .Pour amener la guerre

    REDOUBLEMENT DE LA DIFFAMATION : lgende du travailforc, lgende du dumping, histoires rocambolesques de GoLondon, etc., etc. . . le tout (nous avons eu loccasion de lta-blir, et nous aurons quelque jour celle dy revenir), non pas seulementcamou, mais exactement contraire en tous points la vrit des choses.

    Cee propagande universalise grand orchestre et faite dans linten-tion de prparer lesprit public quelque suprme rupture, sest heurte,jusquici, linbranlable volont de paix de lUnion sovitique. Il sesttrouv que lEtat ouvrier et paysan, la patrie de lhomme au couteauentre les dents, sest avr comme tant le SEUL PAYS PACIFISTE DELUNIVERS.

    Dabord, par ses principes mmes, qui sont le travail pour tous, la co-opration gnralise, la rpartition rationnelle de leort producteur etdes produits du travail par tout son mcanisme transparent, juste, im-peccable. Ensuite par les propositions de dsarmement gnral que sesreprsentants nont cess de prconiser et de dfendre pied pied dansles assembles internationales, consentant mme les restreindre pro-visoirement dans un but dopportunisme pratique. Par ses propositionsdune large collaboration conomique (le projet de non-agression cono-

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  • Jaccuse ! Chapitre

    mique), par ses traits avec les pays voisins tendant la solution paciquede tous les conits. Et enn par sa rsolution de ne pas se laisser entra-ner dans les piges des provocations susceptibles de crer inopinmentdes situations de fait insurmontables.

    ON SE HEURTE AUSSI A LA PARTIE ORGANISEE DE LA CLASSEOUVRIERE ET CETTE REDOUTABLE MULTITUDE, INSTRUMENT VI-VANT DES GUERRES, EST DE MOINS EN MOINS DISPOSEE A MAR-CHER CONTRE LA RUSSIE COMMUNISTE.

    Il faut donc prendre quelque biais pour mere dabord un pays, en-suite les autres, en prsence du fait accompli.

    Or, cee clique dmigrs blancs, qui recommande et ordonne lemeurtre de personnalits reprsentatives pour amener irrsistiblement laguerre, sert les desseins des grands imprialismes. De tels aentats sont,au premier chef, suceptibles de faire natre le prtexte une campagnedexcitation o les moutons de Panurge, qui sont en si grand nombreparmi les citoyens de nos pays prtendus libres, suivront limpulsion dela grande presse vendue.

    Ce nest donc nullement hasarder un paradoxe et quier le plan delvidence que de dire quil y a intrt commun, et partant partie lie, entreles uns et les autres. Cest l la cause de nombreuses collusions, de hon-teuses complaisances, de soutiens criminels qui obligent parler loyale-ment de complicit et, quune fois de plus, je dnonce ici, dans le desseinarrt douvrir dabord les yeux toute une foule oante et inconscientede mes contemporains. Je sais que je nai, certes, rien de nouveau ap-prendre une slection consciente et informe, qui est aussi neementau courant des dessous de la politique internationale que ceux qui la cui-sinent.

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  • GORGULOFF EST UN BLANC

    L 6 1932, GORGULOFF, GARDE-BLANC BIEN CONNU DELA POLICE FRANAISE, approchait sans la moindre dicult, une crmonie, le prsident Doumer, qui ntait nullementgard, et, bout portant, dchargeait sur lui son revolver, le blessantmortellement. Un tmoin, un journaliste bien connu, Jacques Mortane,a dclar formellement quil stait pass un trs long temps de 10 15 secondes entre le premier et le deuxime coup de pistolet. MmeClaude Farrre avait signal M. Guichard la nervosit et les alles etvenues bizarres de Gorgulov, dont un autre assistant avait galement faitremarquer lallure suspecte. M. Guichard stait abstenu de sassurer dupersonnage, sans doute parce quil le connaissait. Il stait plac en avantdu prsident pour fendre la foule qui, cela a t aest, tait peu nom-breuse. Il est notoire, il est patent que les prcautions indispensables descurit que la police sait si bien prendre quand elle le veut nont pas tprises.

    La premire dclaration qua faite lassassin aprs son lche aentat at : Je voulais forcer la France entrer en collision avec la Russie. Natu-rellement, nous trouvons dans ces paroles lcho exact de la propaganderpandue profusion depuis longtemps dans les journaux des Blancs.

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  • Jaccuse ! Chapitre

    Mais pour que lacte de Gorgulo aeignt un rsultat utile, il fallaitqu tout prix on fasse passer lassassin pour un bolchevik ou un bolchevi-sant. Une premire indication formule dans le sens de ce travestissementignoble de la vrit a t donne par le premier communiqu ociel deTARDIEU.

    Insistons sur lensemble de faits quivoques, inadmissibles, accablantsqui se sont produits.

    Donc, les premires dclarations de lassassin taient formelles, et dureste parfaitement normales. Elles sont enregistres dans les premiresditions des journaux du soir, le vendredi 6 mai, et mme dans certainsjournaux parus le lendemain matin.

    Puis, MOT DORDRE MANIFESTE DEN HAUT saachant utiliseret exploiter lacte de Gorgulo pour une rpercussion prcise : linci-dent diplomatique et les complications pouvant aboutir la campagneantisovitique et, qui sait on peut tout esprer la guerre.

    Cest pourquoi Tardieu conut une grande colre contre les prcisionsdes premires informations de presse et tana notamment un journalisteimportant qui avait commis la faute de dire la vrit. Les journalistesfurent limins soigneusement des locaux policiers o on les avait lais-ss imprudemment entendre ou connatre les premiers interrogatoires.La premire communication du ministre de lIntrieur, sans tenir nulle-ment compte des aveux explicites de laccus, le prsentait comme unanarchiste ne jouissant pas de la plnitude de ses facults. Dans la soiremme, autre note, inopine. Tardieu lance en contradiction agrante avecles dclarations, les antcdents et les aaches du meurtrier : Gorguloest un no-bolchevik.

    Cee campagne de calomnies trame grossire reprend avec un tou-chant ensemble dans certaine presse : La Rvolution en action, critla Libert, en manchee. Millerand le rengat et le tratre par excellence,une des gures les plus mprisables qui sagitent sur la scne politique ac-tuelle, fait dire avec une haute et cynique fantaisie : Les renseignmentspersonnels que jai reus me permeent darmer que lassassin appartientaux groupes rguliers bolcheviks (Intransigeant du samedi soir, 7 mai).

    Le Times, le grand journal anglais, peu suspect de sympathies rvolu-tionnaires, crit : Lassassin a dclar tre un fasciste russe, mais comme

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  • Jaccuse ! Chapitre

    la France est dans une priode dlections, plusieurs journaux veulent le pr-senter comme communiste pour indisposer la population contre ce parti. Ily a du vrai dans cee mise au point dune srie de mensonges, mais le butde limprialisme et de ses agents gouvernementaux dpasse considra-blement le fait lectoral.

    La lgende mensongre suit son cours, malgr Gorgulo qui na ja-mais vari dans ses dclarations ( tel point que lEcho de Paris les enre-gistrait encore le lendemain matin : Si jai tir, cest parce que la Francetait lalli des bolcheviks.

    Et le vil GustaveHerv qui, aprs avoirmis le drapeau le fumier, sy estmis lui-mme, crit dans laVictoire : Cest notre lchet tous devant lescrimes de Moscou dont le pauvre hre aurait voulu punir le reprsentantociel de la Rpublique Franaise.

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  • Une instruction frelate

    L mene unilatralement et gauchement b-cle. Un fatras de dclarations, dailleurs baroques, contradic-toires, et brutalement eaces par lvidence des faits (la pr-tendue carte et le prtendu passeport du Parti Communiste, alors queGorgulo navait appartenu quau parti socialdmocrate tchcoslovaqueet navait eu de sauf-conduit que de la part du Blanc Lontiev ; son insou-tenable sjour au Kouban) ont t apports par des personnages qui sontsortis de terre par-ci par-l ce moment. Le fait trange que LE JUGEDINSTRUCTION FOUGERY AVAIT LUI-MEME, AVEC LES BLANCS,DES ATTACHES PERSONNELLES telles quil leur avait donn une partiede sa somptueuse villa dAsnires pour y installer une chapelle et un foyerde runions, et quil sympathisait quotidiennement avec eux, est tel, luiseul, quil permet de rcuser toute sa procdure, et quil explique quilnait jamais tent de pntrer les causes essentielles, pourtant patentes,de lassassinat de Paul Doumer.

    Trop exalt et trop bavard, Gorgulo na pas jou le rle quon voulaitlui faire jouer, malgr les tortures quon lui a fait subir dans les prisonsde la Rpublique Franaise. Sil avait t encore plus canaille, et surtoutplus souple, la France serait peut-tre aujourdhui en guerre avec lU.R.S.S.

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  • Jaccuse ! Chapitre

    La grande et basse presse, celle qui a toutes sortes de raisons pourhar le proltariat et sa cause, a fait avec chorus avec Tardieu. Le Jour-nal, lAmi du Peuple, le Journal des Dbats, lIntransigeant, la Libert etautre Echo de Paris ont march fond dans limposture, coups dar-mations sans base et dinsinuations perdes. Ils partaient videmmentde ce principe quil fallait dabord calomnier plein rendement, car, se-lon le prcepte de leur grand matre en journalisme, il en reste toujoursquelque chose, cependant que lmigration blanche devant la tournurequivoque que prenait malgr tout laaire, rentrait soigneusement, jus-qu nouvel ordre, dans ses tiroirs, ses appels lassassinat des grandspersonnages trangers, et cependant que la police lanait une note nou-velle qui, pour balayer lesmensonges antrieurs, nen dfendait pasmoinsles prcieuses organisatoens blanches : Gorgulo est un isol, ayant agispontanment , audacieuse armation que contredit toute lexistence dubandit. Notons en passant un fait qui tablit la ncessit de cee reculadede Tardieu et de ses policiers devant lvidence : lIndpendance Belge (quiappartient pourtant Deterding) ayant annonc une histoire de relationsde Gorgulo avec un communiste belge, a d enregistrer un dmenti for-mel de la Sret belge.

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  • En liaison avec lEtat-Major etle gouvernement franais

    G une brute et un imbcile, mais, cest, coup sr, EXCLUSIVEMENT UN GARDE BLANC. La farce gro-tesque et immonde tendant accoler, mme de travers, une ti-quee rouge ce blanc qui a tout simplement obi au mot dordre vul-garis des siens et qui se dbat comme un diable pour rester ce quil est,tombe plat devant la prcision dun faisceau de constatations indiscu-tables, celles qui tablissent la carrire politique du sbire en question.

    Cest le ls dun grand propritaire expropri par la rvolution, et quia fond un parti des propritaires terriens expropris (parti paysan vert,pan-russe, parti fasciste russe). Le programme fasciste et nazzi de ceparti ayant pour but la guerre avec la Russie, na t nullement, lui nonplus, secret. Deux journaux lont publi : le Roul, en 1930 et la Renaissance,en 1931. Sous sa signature, Gorgulo y publiait des extraits signicatifs duprogramme de son parti de guerre tout prix contre la Russie SovitiqueLe premier article du programme des Verts, cest la guerre contre la Russieactuelle.

    Gorgulo a appartenu lArme Blanche comme ocier cosaque. Son

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  • Jaccuse ! Chapitre

    livret dtudiant saisi Monaco (o nous savons trs bien quon ne peutsjourner quavec lautorisation de la police franaise) porte la photogra-phie du personnage estampille par ladministration tsariste. Il na cessde mener campagne pour la terreur blanche et, partant, AVEC LETAT-MAJOR FRANAIS ET LE GOUVERNEMENT FRANAIS. Il tait encontact constant avec Krutchkov, ouvrier chez Renault et policier, et lejournaliste policier Go London est oblig lui-mme, de reconnatre, dePrague mme o il est all tudier laaire, que Jakovlev, terroristeen vue, directeur du Tocsin et de la Grande Russie (blanche) et qui avaitses entres chez lambassadeur franais Berlin, Franois Poncet taitle second de Gorgulo. Gorgulo tait notamment en relations avecMaslov, chef dorganisation blanche, et le gnral Miller a avou quil leconnaissait.

    Les dclarations publiquement faites par Gorgulo : Je voulais for-cer la France entrer en collision avec la Russie (Journal) Jai vu que laFrance travaillait avec les bolcheviks et cest cela quima dtermin abareson chef (Journal) Jai des amis franais nationalistes (Petit Journal)Je suis un cosaque, un patriote, je voulais forcer la France faire la guerreaux bolcheviks. . . Jai tir parce que la France aime les bolcheviks. . . ajou-tes tout ce quil a crit dautre part dans la presse blanche et qui sersume dans cee formule signe de lui : La guerre voil le salut pourles migrs russes.VIVE LAGUERRE ne sont manifestement que le reetdes provocations de la vaste organisation blanche, repaire despionnage,de provocations, de fabrications de faux et de bombes, de prparationsdaentats et dont la raison dtre nale est de mere les grandes puis-sances en tat dhostilit et de guerre avec lU.R.S.S.

    On voit ce que valent les larmes de crocodile des Russes Blancs lors-qua t dmasqu le rle jou par un des leurs, agent les plus dociles etles plus cyniques.

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  • JACCUSE !

    J dans tout ce que je viens de dire, je nai rien avancqui ne soit vridique. Personne, ni rien, ne me fermera la bouche.Si les emprisonneurs ou les assassins font leur mtier vis--visde moi, cela ne fera que prouver un peu plus que jai raison. Je prendsla responsabilit de ce que jcris, et qui sadresse dune part tous leshonntes gens et dautre part aux autorits constitues. Mais je sais bienquema voix exprime lopinion de toute une foule parse dans lunivers, etquelle a la force de lnorme vague de fond qui commence se soulever.

    Au nom de ceemasse et de cee force, je viens parler au Prsident dela Rpublique Franaise, successeur dun homme assassin pour des rai-sons de politique internationale, au Prsident du Conseil, au Garde desSceaux, et tous ceux qui meent en action lappareil de la justice natio-nale.

    Je demande :LARRESTATION DE M. ANDRE TARDIEU, chef du gouvernement

    au moment de laentat ;LA REVOCATION ET LARRESTATION DU PREFET DE POLICE

    CHIAPPE qui connaissait lassassin en relations suivies avec ses services,

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  • Jaccuse ! Chapitre

    qui connaissait toutes les menaces qui avaient t profres, qui na rienfait pour protger le Prsident de la Rpublique, et qui est lhomme le plusdirectement responsable de sa mort violente ;

    LARRESTATION DES CHEFS BLANCS animateurs et gloricateursdes assassinats, agitateurs de guerre, qui ont fait de la France leur repairecentral, et notamment Kerensky, Miller et Yablonovski ;

    LOUVERTURE DUNE INSTRUCTION CONTRE M. MILLERANDqui a essay sciemment et systmatiquement de duper lopinion dans unbut politique en prsentant Gorgulo comme un bolchevik ;

    LA NOMINATION DUNE COMMISSION SPECIALE, au Snat et laChambre, pour tudier, dans tous ses prolongements et ses causes, laf-faire de lassassinat de Paul Doumer et les agissements concentrs de lacanaille blanche qui contamine ltranger en commenant par la France.

    Ceci nest pas une ptition ni une supplique. Nous voulons que lalumire se fasse et il faut cote que cote, Messieurs, que vous le veuillezaussi.

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  • Une dition

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