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N° 114 - Janvier 2018 - afrimag.net Directeur de publication : Anthioumane D. Tandia MAGAZINE DE L’ÉCONOMIE PANAFRICAINE CHRONIQUE 2018 : Une année d’opportunité pour l’Europe DIPLOMATIE Qu’est-ce qui fait courir l’Emir du Qatar sous le chaud soleil du Sahel Ana Palacio, ancienne ministre espagnole des Affaires étrangères MAROC : 20 DH - CÔTE D'IVOIRE : 1500 FCFA - MAURITANIE : 1000 UM - SÉNÉGAL : 1000 FCFA - MALI : 1000 FCFA - NIGER : 1000 FCFA BURKINA FASO : 1000 FCFA - GUINÉE CONAKRY : 20000 GNF - TUNISIE : 3DT - CAMEROUN : 1500 FCFA - CONGO : 1500 FCFA MAROC-CEDEAO Les chefs d’Etat d’Afrique de l’Ouest ont-ils reculé THE ATLANTIC DIALOGUES, POUR UNE AFRIQUE AGISSANTE FOCUS L’AVIATION D’AFFAIRES PREND SON ENVOL EN AFRIQUE BARRE R. SEGUIN, MAJOR GENERAL, U.S. AIR FORCE D'AFRICOM « UNE AFRIQUE SÛRE EST DANS l’intérêt des etats-Unis » Afrimag 114.indd 1 03/01/18 21:12

Barre r. seGuin, major General, u.s. air ForCe … 114 web.pdf · Léon m’ba, entre Aimé Césaire, frantz fanon et Anacharsis Cloots 26-27 Tribune Afrimag 114.indd 4 03/01/18 21:12

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N° 114 - Janvier 2018 - afrimag.net

Directeur de publication : Anthioumane D. Tandia mAgAziNe De l’écoNomie PANAfricAiNe

Chronique2018 : Une année d’opportunité pour l’europe

DiplomatieQu’est-ce qui fait courir l’emir du Qatar sous le chaud soleil du SahelAna Palacio, ancienne ministre

espagnole des Affaires étrangères

mAroc : 20 Dh - côTe D'ivoire : 1500 FCFa - mAUriTANie : 1000 um - SéNégAl : 1000 FCFa - mAli : 1000 FCFa - Niger : 1000 FCFa BUrkiNA fASo : 1000 FCFa - gUiNée coNAkry : 20000 GnF - TUNiSie : 3Dt - cAmeroUN : 1500 FCFa - coNgo : 1500 FCFa

maroC-CeDeao

les chefs d’etat d’Afrique de l’ouest ont-ils reculé

The ATlAnTic DiAlogues, Pour une Afrique AgissAnTe

FoCus

L’aviation d’affaires prend son envoL en afrique

Barre r. seGuin, major General, u.s. air ForCe D'aFriCom

« une Afrique sûre esT DAns l’intérêt des etats-Unis »

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AfrimAg l N ° 114 - Janvier 2018 3

Edito

2017 : terrorisme, élections, Brexit et croissance

Tumultueuse. C’est le mot juste s’il faut vraiment qualifier l’année 2017. Le 1 janvier de cette année «satanique» commençait par un drame horrible en Turquie, à Istanbul : un terroriste tire sur la foule dans une discothèque,

faisant au moins 39 morts. Un mois plus tard, le 02/02/2017, trois attentats suicides à Bagdad, en Irak, qui font au moins 70 morts, sont revendiqués par le groupe terroriste Etat Islamique. Et la liste sera longue (Azaz, en Syrie, au moins 48 morts, trois villes différentes d’Afghanistan avec au moins 57 morts, un attentat dans un camp militaire de Gao, au Mali, 77 morts...). Seul bémol : l’EI, qui a supplanté Al Qaeda après l’élimination de Ben Laden, a été terrassée en Irak et en Syrie.L’élection de Donald Trump, investi 45ème Président des Etats-Unis, le 20 janvier 2017, est une «catastrophe» politique de magnitude 7. L’homme le plus puissant au monde ne cesse de provoquer, de choquer même, par des décisions allant à l’encontre de l’opinion publique américaine, y compris dans son propre camp (Loi anti-immigration, retrait de la COP, reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël…). C’est la gouvernance « par l’absurde » !En France, Emmanuel Macron devient, au deuxième tour, et à 39 ans, le plus jeune président de la République grâce au vote de 43,6 % des Français inscrits. Le « parti de l’abstention, des votes blancs et nuls » obtient 34 % des inscrits. Depuis, la France « marche » au rythme de Macron mais le nouveau pouvoir n’affirme aucune différence notoire avec la situation qui prévalait sous Hollande et même sous Sarkozy. L’économie est toujours en berne et les relations avec l’Afrique sont toujours condescendantes…En Europe, le «Brexit» complique les relations entre

Londres et l’UE, les deux partis ne parvenant pas à s’accorder sur les termes du divorce : les 27 réclament 60 milliards d’euros alors que le gouvernement britannique serait prêt à payer 40 milliards d’euros pour « se libérer » !En Afrique, 2017 a commencé avec la chute de Yaya Djammeh (22 janvier) et s’est achevée avec la «destitution», le 21/11/2017, de Robert Mugabe. Le patriarche de 93 ans a été contraint de démissionner du poste de Président de la République du Zimbabwe qu’il occupait depuis 1987 ! La démocratie a aussi triomphé au Liberia, avec l’élection de l’ancienne gloire du football, George Weah et, dans une moindre mesure, en Angola où la « succession » de José Eduardo dos Santos, après 38 ans de pouvoir, est assurée par son ministre de la Défense, João Lourenço.Sur le plan économique, l’Afrique termine 2017 sur un bon tempo, si l’on s’en tient aux chiffres livrés par la Banque africaine de développement, BAD dans une révision de ses perspectives de croissance, publiée le 12 octobre 2017 à Abidjan : croissance du PIB escomptée à 3 % en 2017, contre 2,2 % en 2016, mais en baisse par rapport aux prévisions initiales de 3,4 %, stabilité de la demande intérieure et de l’investissement public dans les infrastructures, réduction des déficits des comptes budgétaires et courants…Mieux, celles-ci devraient encore s’améliorer en 2018, affirme la banque panafricaine dont le document indique que le PIB devrait croître à 3,7 % en 2018. La performance globale du continent se révèle favorable quand on la compare à la croissance économique mondiale, dont les projections se situent à 3,5 % pour 2017 et à 3,6 % pour 2018.Bonne année 2018 ! w

Par anthioumane D. tanDia

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N° 114 - Janvier 2018 - afrimag.net

Directeur de publication : Anthioumane D. Tandia mAgAziNe De l’écoNomie PANAfricAiNe

Chronique2018 : Une année d’opportunité pour l’europe

DiplomatieQu’est-ce qui fait courir l’emir du Qatar sous le chaud soleil du SahelAna Palacio, ancienne ministre

espagnole des Affaires étrangères

mAroc : 20 Dh - côTe D'ivoire : 1500 FCFa - mAUriTANie : 1000 um - SéNégAl : 1000 FCFa - mAli : 1000 FCFa - Niger : 1000 FCFa BUrkiNA fASo : 1000 FCFa - gUiNée coNAkry : 20000 GnF - TUNiSie : 3Dt - cAmeroUN : 1500 FCFa - coNgo : 1500 FCFa

maroC-CeDeao

les chefs d’etat d’Afrique de l’ouest ont-ils reculé

The ATlAnTic DiAlogues, Pour une Afrique AgissAnTe

FoCus

L’aviation d’affaires prend son envoL en afrique

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« une Afrique sûre esT DAns l’intérêt des etats-Unis »

AfrimAg N ° 114

Directeur De Publicationanthioumane [email protected]@gmail.comGSM : + 212 6 75 08 76 99

réDacteur en chefmar bassine [email protected]

Secrétaire De réDaction mouhammadou [email protected]

comité De réDaction

mar bassine [email protected] [email protected] [email protected] ould [email protected] [email protected] [email protected] [email protected]

correSPonDantS

mohamed Sneiba (nouakchott)[email protected] : +22226414152ndèye astou ndiaye (Dakar)[email protected] : +221777949437amira oueslati (tunis)[email protected] : +21625371442Drissa traoré (ouagadougou)GSM : [email protected] mideh (abidjan)Tél. : [email protected] traoré (abidjan)ousmane Dambadji niamey (niger)Tél. : +227 96885159 : +00227 [email protected] onana (Douala)Tél. : [email protected] aliou Diallo (conakry)Tél. : +224 62 36 95 [email protected]

n Le groupe marocain OCP lance la

construction d’une usine d’engrais en

inde

n David Cameron à la tête d'un fonds

sino-britannique qui cible l'Asie,

l'Europe et l'Afrique

n m6 investit en Côte d’ivoire

n ghana : L’ONU tire la sonnette

d’alarme sur la prolifération des

armes illégales

n Angola: Sonangol enquête sur

isabel dos Santos

n Etats-Unis : Le Trésor américain

gèle les avoirs de l'ancien président

gambien

n Nigeria : La première raffinerie

privée du pays bientôt en service

n BYD : Le 1er constructeur mondial

de véhicules électriques va s'installer

au maroc

n Côte d’ivoire : Le leader américain

de la confiserie Hershey parie sur le

cacao ivoirien

n Algérie : Les Américains émettent

une « Alerte Voyage »

Confidentiel & Décryptage

8-13

N ° 114 - Janvier 2018

SommairE

n Par Pierre-Samuel GuedjDavid contre Amazon, le temps des Contrats Durables ?

Alternatives46

n infrastructures : Le Japon offre 7,7 milliards de fCfA au Camerounn maroc-CEDEAO : Les chefs d’Etat d’Afrique de l’Ouest ont-ils reculén Cyber sécurité : Le Cameroun enregistre 12 800 cyber-attaquesn Côte d'ivoire : Alliances livre 4000 nouveaux logementsn La mauritanie passe un accord avec le fmi pour réduire sa detten Qu’est-ce qui fait courir l’Emir du Qatar sous le chaud soleil du Sahel

32-41 Economie & Entreprises

n Barre r. Seguin, major general, U.S. Air force-Director Strategy, Engagement & Programs (J5)

18-21 grand entretien

n Par Pierre Franklin Tavares Léon m’ba, entre Aimé Césaire, frantz fanon et Anacharsis Cloots

Tribune26-27

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6 l N ° 114 - Janvier 2018 l AfrimAg

réviSionoumar Kane

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maliboubacar Diadié SanGhoResponsable commercial Bamako - République du MaliTél. : +223 66 59 03 92 : +223 76 23 36 06Email : [email protected] abdellah ould bilal Abdallahi Ould EthmaneTél. : + 222 677 83 85 : + 222 0617 43 18SénéGal Aissatou CamaraMobile : 00221778515302Email : [email protected]ôte D’ivoirealliance meDiaImmeuble Atta, 3ème étage (PLATEAU)Tél. : + 22507501919 : + 22508765676camerounMalick DiagneTél. : 00 237 677 497 494Guinéehouray bah (conakry)Tél. : +224 664 80 80 80 E-mail : [email protected]éethierno amadou DialloResponsable Commercial Tel.: (+224) 620 622 961 E-mail : [email protected]

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ce numéro est tiré à 15.000 exemplairesSite web : http://afrimag.net

n Le français Engie rachète des

sociétés africaines à tour de bras

n 200 millions de dollars de la Banque

mondiale pour l'agriculture marocaine

n L’iTfC et Afreximbank s'associent

pour soutenir le commerce africain

n L’Egypte regarde vers le mercosur !

n La BAD va lever jusqu’à 8 milliards

de dollars US en 2018

n gaz sénégalo-mauritanien : Dakar

se veut rassurant

n Sénégal : La Turquie fixe la barre

des échanges commerciaux à

1milliard de dollars d’ici à 2020

n CEmAC : croissance économique

nulle en 2017

n mauritania Airlines s’offre le

premier Boeing 737 mAX africain

n African Entrepreneurship Award :

BmCE Bank Of Africa recompense

12 lauréats

14-16 Echos Eco

N ° 114 - Janvier 2018

SommairE

n Atlantic Dialogues décrypte les priorités de l’Afrique

n Cyber sécurité : Le Cameroun enregistre 12 800 cyber-attaques

28-31 focus

n La «sécurité» des chiffres

Eclairage42-43

n L’aviation d’affaires prend son envol en Afrique

Dossier22-25

38 Economie & Entreprises

160, bd d’Anfa, appt 8- 2éme étage. CasablancaTél. : 05 22 36 75 53Fax : 05 22 36 75 41Dossier de presse : 2017/ /33Dépôt Légal : 2009PE0122ISSN du périodique : 2028-0602

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AFRIMAG

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8 l N ° 114 - Janvier 2018 l AfrimAg

L'ex-Premier ministre britannique, David Cameron, s'apprête à jouer un rôle de premier plan dans un fonds d'investissement sino-britan-nique de 1 milliard de dollars US. Ce fonds va être mis en place pour soutenir le «Belt and Road Initiative», appelé aussi «La nouvelle route de la soie». Ce vaste pro-jet commercial et d'infrastruc-tures dévoilé à l'automne 2013 prévoit de relier l'Asie, l'Europe et l'Afrique. Cette année, le président chinois Xi Jinping y a investi près de 130 milliards de dollars. La création de ce fonds, qui sera dirigé par des institutions privées, a été annoncée à l'issue d'une visite de deux jours du chancelier de l'échiquier britannique Philip Hammond à Pékin.

david Cameron à la tête d'un fonds sino-britannique qui cible l'asie, l'Europe et l'afrique

Cyril ramaphosa

Le vice-président sud-africain a pris la direction du parti au pouvoir, le Congrès national africain (ANC), le plus vieux parti politique du continent africain. Lundi 18 décembre 2017, l’ancien syndicaliste reconverti en homme d’affaires prospère a succédé au chef de l’Etat Jacob Zuma à la tête de l’ANC, parti qui tient les rênes de l’Afrique du Sud depuis la fin du régime ségrégationniste de l’apartheid en 1994. Il est désormais bien placé pour devenir le le prochain président en 2019.

En haussE

ConfidEntiEl & déCryptagE

Cap sur l'Asie. Le groupe OCP qui compte déjà parmi ses clients réguliers l'inde et le Pakistan va franchir une étape supplémen-taire. il lancera prochainement avec la société indienne Krishak Bharati Ltd. (Kribhco) les travaux de construction d’une unité de production d’engrais NPK (nitrogen, phosphorus, potassium) en inde. Cette nouvelle unité nécessitera un investissement initial (en joint-venture) de 230 millions de dollars US et aura une capacité de production annuelle de 1,2 million de tonnes. Opérant sous forme de coopérative, Kribhco exploite notamment des installations de fabrication de produits azotés d'où la com-plémentarité avec les phosphates marocains.Le projet placé sous les auspices du « make in india », le plan de développement industriel du Premier ministre indien, Narendra modi, prévoit également la construction des infrastructures nécessaires. Les études d’architecture relatives à ce projet sont en cours. L’unité de production d’engrais devrait être opération-nelle en juin ou juillet 2018. A noter qu'en novembre 2016, l'OCP et le ministère de l’industrie publique éthiopien, ont procédé également à la signature d’un partenariat stratégique pour la construction d’une usine d’engrais de classe mondiale en Ethio-pie. S’élevant à 2,4 milliards de dollars, cet investissement s’ins-crit dans la continuité de l’engagement du groupe marocain en faveur du développement d’un véritable modèle de partenariat sud-sud. La première phase de cet investissement consistera en la production de 2,5 millions de tonnes d’engrais par an, à l’horizon 2022, permettant ainsi à l’Ethiopie d’être autosuffisante en engrais, tout en créant des opportunités d’exportation. S’appuyant pleinement de la complémentarité entre les res-sources naturelles respectives des deux pays, cette plateforme de production, intitulée Dire Dawa fertilizer Complex, produira des engrais à base de potasse et de gaz éthiopien et d’acide phosphorique du maroc. Ainsi, avec le projet indien, éthiopien et nigérian, c'est la troisième fois que le groupe OCP conduit un investissement aussi important en dehors du royaume.

le groupe marocain oCp lance la construction d’une usine d’engrais en inde

« les Etats de l’uEmoa délais-seront le FCFa au profit d’une transition progressive vers la monnaie unique de la CEDEao dès 2020. on le fera de manière progressive de sorte que tous les pays qui pourront répondre aux critères de convergence commencent à battre la monnaie de la CEDEao en attendant que les autres pays puissent se conformer et intégrer le processus de cette monnaie (...) on a maintenu en tout cas la posi-tion qu'en 2020, cette monnaie devra donc exister et démarrer ».

le président burkinabè roch marc Christian Kaboré, le 16 décembre dernier, à ouagadougou.

au nigeria, la lutte contre la secte islamiste Boko Haram s’intensifie. L’ensemble des gouverneurs du pays a émis son accord au décaissement d’un montant d’1 milliard de dollars en vue d’éradiquer ces terroristes qui sèment la terreur au nord du pays.

1lE ChiFFrE

milliard de dollars

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AfrimAg l N ° 114 - Janvier 2018 9

Ghana l’onU tire la sonnette d’alarme sur la prolifération des armes illégalesUn groupe d'experts de l'ONU avertit le Ghana sur le risque que représentent la prolifération des mercenaires et les compagnies de sécurité privée. Selon ce groupe, le ratio entre les agents de sécurité privée et le nombre de policiers est des plus inquiétants. D’après le gouverne-ment ghanéen, près de 400 sociétés privées emploient environ 450 000 personnes, alors que le pays ne compte que 33 000 policiers. A cela s'ajoute le rapport du groupe de travail

des Nations Unies sur les mercenaires par la note particulière : quelque 1,3 million d'armes illégales ont été introduites clan-destinement au Ghana. Les experts relèvent aussi une prolifération de groupes de vigilance et d'individus ar-més. Une experte du groupe de travail qui s'est rendue au

Ghana le 16 décembre dernier a averti que cela pourrait aboutir à un désastre. Elle a rappelé que des pays riches en ressources naturelles mais aux frontières poreuses, comme le Ghana, ont été victimes des activités de mercenaires, lorsque la situation sécuritaire était minée par la violence. Le groupe a appelé le gouvernement à prendre des mesures sévères contre ces entreprises, dont beaucoup n'ont pas reçu de formation de base sur des questions telles que les droits de l'Homme.

m6 investit en Côte d’ivoireLe groupe M6, un groupe de médias français, fait ses premiers pas en Afrique en prenant part au lancement en Côte d'Ivoire en 2018 de la chaîne généraliste Life TV, de la nouvelle TNT, à travers une prise de participation de 33% dans le capital d'une société éponyme. Cette incursion sur le sol africain, la première à l'inter-national (à l'exception de la Belgique) peut paraître, à première vue, étonnante. M6 s'est associé à un groupe de communication local, Voodoo, pour cette chaîne qui a un budget de 20 millions d'euros au lancement. C'est Voodoo, et son patron Fabrice Sawe-gnon, publicitaire et spécialiste en communication politique, qui est venu frapper à la porte des médias français. M6 veut parier sur la dynamique de la TNT en Côte d'Ivoire, où le gouvernement a attribué quatre fréquences TNT (en plus des deux chaînes publiques existantes). Outre des moyens financiers, la chaîne privée française va apporter de la formation à Voodoo, et va aussi contribuer à créer un grand studio de production à destination de Life TV mais aussi d'autres chaînes. Life TV proposera informa-tions, talk-shows, divertissements et fictions, et privilégiera le contenu local.

En haussEalbErt pahimi paDaCKé

Le gouvernement tchadien a été remanié par un décret rendu public le 24 décembre dernier. Il passe de 38 membres à 23 dont deux secrétaires d'Etat. Le Premier ministre, Albert Pa-himi Padacké qui est reconduit pour la qua-trième fois, conserve son poste tandis que plusieurs ministères sont fusionnés.

« le nigeria mettra en garde contre toute posi-tion qui plaide pour une approche accélérée de l'union monétaire, négligeant les fondamentaux et d'autres questions pertinentes ».

muhammadu buhari, le président nigérian par rapport à l’échéance 2020 de la monnaie unique de la CEDEao. au Sénégal, la taxe de

40 fCfa qui frappait les exportations d’arachide, depuis la campagne 2016/2017, sera suspendue. Pour rappel, les exportations sénégalaises sont principalement absorbées par la Chine et le Vietnam. le Sénégal envisage d’exporter, à la fin 2017, un volume d’arachide compris entre 100 000 et 150 000 tonnes.

40lE ChiFFrE

fCfa

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10 l N ° 114 - Janvier 2018 l AfrimAg

Les biens de l'ancien président gam-bien Yahya Jammeh aux Etats-Unis ont été saisis, selon un communiqué du département du Trésor et du département d'Etat. D’après la décla-ration rendue publique par le Bureau de contrôle des avoirs étrangers du département du Trésor américain, l'ancien Président gambien s'est rendu coupable « des antécédents de viola-tions graves des droits de l'homme et de corruption », durant son règne de 22 ans. il est accusé d'avoir pillé au moins 50 millions de dollars de fonds publics avant de quitter le pouvoir en janvier dernier. Les sanctions prises sont conformes à une loi visant les responsables de graves infractions aux droits de l'homme dans le monde entier. Les entreprises liées à Jammeh qui figurent sur la liste sont Africada Airways, Africada financial Services et Bureau de Change Ltd. Africada insurance Company, Africada micro-fi-nance LTD et Atlantic Pelican Company. Les sanctions visent également Yanku-ba Badjie, ancien chef de la défunte Agence nationale du renseignement (NiA), l'instrument de répression du régime de l’ex-président gambien. Pour rappel, Yahyah Jammeh, a dirigé la gambie depuis le coup d'Etat de 1994 à janvier 2017. il vit aujourd'hui en exil en guinée équatoriale.

Etats-unis le trésor américain gèle les avoirs de l'ancien président gambien

La compagnie pétrolière angolaise Sonangol a annoncé mardi 19 décembre dernier avoir ouvert une enquête sur de "possibles détournements" de fonds imputables à son ancienne PDG, Isabel dos Santos, la fille de l'ancien président du pays Jose Eduardo dos Santos. Avant cette annonce, plusieurs médias du pays ont accu-sé Isabel Dos Santos d'avoir ordonné, lorsqu'elle était à la tête de l'entreprise, des paiements et des mouvements de fonds jugés suspects s'élevant à plusieurs dizaines de millions d'euros. Ces médias affirment que la nouvelle direction de la Sonangol a identifié un transfert suspect de 57 millions d'euros vers un compte à Dubaï. «Nous avons mis en place une commission d'enquête interne pour enquêter sur les informations diffusées », a déclaré le 19 décembre dernier un porte-parole de la Sonan-gol, Mateus Benza. Selon toujours les médias, la direction s'interroge également sur un virement mensuel, mis en place dès l'arrivée d'Isabel dos Santos à la tête de la compagnie, de10 millions d'euros de la Sonangol vers une entreprise portu-gaise dont elle est l'actionnaire principale. Isabel dos Santos a catégoriquement démenti mardi 19 décembre 2017 toute malversation. «Ces fausses nouvelles ne méritent aucun crédit puisqu'elles ont comme seule et unique motivation de remettre en cause l'intégrité de l'ingénieure Isabel dos Santos», a-t-elle répliqué dans une déclaration diffusée via son compte Twitter. Nommée en 2016 par son père, José Eduardo dos Santos pour diriger la compagnie pétrolière nationale, Isabel dos Santos a été limo-gée en novembre dernier par le nouveau président Joao Lourenço.

angola Sonangol enquête sur isabel dos Santos

« le gouvernement va convoquer les partenaires de tigo, mais aussi ceux qui veulent reprendre l’opé-rateur de téléphonie, que ce soit Wari ou bien le consor-tium de m. Xavier niel et des autres autour d’une table afin de résoudre une fois pour toute ce dossier. si les différents protagonistes échouent à trouver une solution, on prendra une mesure qui peut ne pas être heureuse. il faut qu’ils sachent qu’il y a un deadline qui ne peut être dépassé, au plus tard fin du mois de janvier-début février ».

macky sall, président du sénégal, le 4 décembre 2017, en marge du Conseil présidentiel.

ConfidEntiEl & déCryptagE

En haussEGEorGE WEah

"Mister George" pour les supporters de Monaco et du PSG, "King George" pour les supporters de Manchester City ou de Chelsea est devenu "Mister President" pour ses compatriotes libériens. George Tawlon Manneh Oppong Ousman Weah a été élu au deuxième tour de l’élection présidentielle avec 61,5% des voix, devant le vice-Pré-sident Joseph Boakai. Weah, l’enfant qui a grandi dans les quartiers populaires de Monrovia a un destin hors norme. Après avoir évolué en tant que footballeur de haut niveau, l’unique africain a avoir gagné la distinction individuelle de ballon d’or mondial sera-t-il capable de diriger son pays. Tous ceux qui le connaissent répondent par l’affirmative. Il hérite néanmoins d’un pays où tout est à faire. Le chômage des jeunes est endémique, la cor-ruption gangrène l’économie et les hautes sphères de l’Etat.

pour le troisième trimestre 2017, le fonds souverain angolais dé-clare avoir réalisé un résultat net de 40,5 millions dollars US. Une performance largement soutenue par ses investissements dans des instruments financiers à revenus fixes et variables, qui lui ont rapporté 117,5 millions dollars US de marge. L'institution se félicite ainsi de son pari sur l'afrique sub-saharienne, qui concentre près de la moitié (48%) de son portefeuille d'investissement.

40,5 lE ChiFFrE

millions dollars US

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mali le premier ministre démissionne par surprise

Au moment où nous mettions sur presse, Ibrahim Boubacar Keïta n’avait pas encore trouvé de remplaçant à son Premier ministre Abdoulaye Idrissa Maiga qui a présenté vendredi 29 sa démission et celle de son gouvernement. Au Mali la surprise est grande en cette fin d’année, puisqu’aucune raison n’a été officiellement évoquée par le communiqué de la présidence. Le président IBK en est à son quatrième chef de gouvernement, ce qui té-moigne de la difficulté pour trouver le bon compagnon au sommet de l’Etat. Cette démission intervient dans un contexte politique très tendu, où le Nord est pratiquement hors de contrôle. Le président OBK s’est également vu refuser l’organisation d’un référendum et a été obligé de céder à la pression de la société civile et de l’opposition.

La première société privée de raffinage de pétrole au Nigeria, la Dangote refinery devrait lancer ses premiers produits en 2018, avec une capacité de 650000 barils de pétrole par jour. Bien que le Nigeria produise de grandes quan-tités de pétrole brut, il importe 80 % de son carburant. En raison d’un entretien insuffisant, ses quatre raffineries n’ont jamais atteint leur plein potentiel de production. Babajide Soyode, conseiller technique d’Alhaji Aliko Dangote a déclaré le 14 décembre dernier à Abuja que la raffinerie ferait bais-ser les prix des produits pétroliers et réduire les coûts d’importation. L’usine, selon lui, relancera plus de 11 000 stations-service qui avaient été fermées en raison de la pénurie. « Quand nous aurons fini la pose du gazoduc, il pourra générer environ 12 000 mW et

nous pouvons exporter du gaz vers d’autres pays africains », a-t-il ajouté. Alors que le pétrole raffiné commencera à sortir de l’usine en 2018, tous les composants seront en service d’ici 2019. La raffinerie d’un coût de 18 milliards de dollars, est installée dans la zone de libre-échange de Lekki à ibeju Lekki, à Lagos, le centre névralgique commercial du pays, permettrait au pays d’économiser environ 12 milliards de dollars US par an.

nigeria La première raffinerie privée du pays bientôt en service

Ecobank a mobilisé 200 millions de dollars US sur le marché inter-national de la dette, via un em-prunt syndiqué. L'emprunt, qui a connu la participation de plusieurs investisseurs institutionnels, a une maturité multiple qui va de 5 à 7 ans. La banque panafricaine indique que la ressource ainsi mobilisée permettra de renforcer la capacité de financement de cer-taines de ses 36 filiales africaines.

200lE ChiFFrE

En haussE

XaviEr saint-martin-tillEt

Le directeur général de LafargeHolcim Côte d’Ivoire vient d’être porté à la tête de l’Association des producteurs de ciment de Côte d’Ivoire (APCCI), pour un mandat de deux ans. Diplômé de Centrale Paris, Xavier Saint-Martin-Til-let cumule 20 ans d’expérience au sein du groupe Lafarge Ciment avant de rejoindre LafargeHolcim Côte d’Ivoire en octobre 2016 comme directeur gé-néral. Lancée en 2015 de la volonté des industriels du ciment en vue d’adresser collectivement les défis majeurs du secteur, l’association œuvre auprès des pouvoirs publics à favoriser une saine concurrence entre acteurs et mettre en place des standards de qualité pour le ciment. L’APCCI regroupe les 4 cimen-tiers du pays.

« le moment est venu de dire à notre jeune frère amadou toumani touré de revenir au mali. il a quitté le pouvoir de manière légale. C’est pourquoi, au nom du mali, je l’ai décidé. Je dis : mon cher cadet, il est temps de revenir, le climat me semble favorable ».

ibrahim boubacar Keita, président du mali, le 22 décembre à bamako pendant la cérémonie de lancement de la Journée nationale des communes.

millions dollars US

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ConfidEntiEl & déCryptagE

Il est devenu le nouveau directeur général en charge de la région Afrique Nord-Ouest pour le géant américain Procter&Gamble depuis le 1er décembre 2017. Il succède ain-si à Franco Giannicchi. Force est de souligner que Mehdi Squalli est le 2ème marocain à intégrer le palmarès des directeurs généraux de la mul-tinationale au Maghreb, en 60 ans d’existence. Fraîchement diplômé d’une grande école de commerce, Mehdi Squalli intègre les rangs de Procter & Gamble au Maroc au sein du département commercial en 1994 où il gravit petit à petit les échelons avant de se voir offrir, 7 années plus tard, sa première expatriation à Johannesburg où il occupe un poste de Trade Marketing Manager pour l’Afrique du Sud. Il continue sur sa lancée à l’international et occupe différents postes de responsa-bilité en Afrique et en Europe, en passant notamment par Genève et Moscou.

En haussEmEhDi squalli

la Banque mondiale a octroyé au Burkina Faso un financement de 75 millions de dollars US pour le développement de son secteur électrique. Ces fonds font partie de la deuxième opération de financement en appui aux réformes sur l’énergie et la gestion budgétaire.

75 lE ChiFFrE

La première usine consacrée à l'assem-blage de voitures électriques au Maroc devrait s'installer à Tanger, dans le nord du pays. C'est du moins ce qu'indique le pro-tocole d'accord signé entre le royaume et le constructeur automobile chinois BYD. Signé au palais royal de Casablanca, en présence du roi Mohammed VI et du PDG de BYD, le milliardaire chinois Wang Chuanfu, ce protocole prévoit également la construction à terme de trois autres usines. L'une pour le développement des batteries électriques, l'autre chargée des bus et camions élec-triques du constructeur et la dernière pour fabriquer des trains électriques. Tous ces projets seront implantés près de Tanger, dans la future 'Cité Mohammed VI Tanger Tech', une "ville industrielle" portée par le groupe chinois Haite et dont la création a été annoncée en grande pompe en mars dernier. Aucune information n'a cependant été communiquée sur le montant des investissements de BYD. Ni sur la date de

mise en service des sites de production, qui s'étaleront sur 50 ha et permettront la création de 2.500 emplois, selon les promoteurs du projet. Fort de sa position géopolitique et de son savoir-faire, le Maroc s'impose aujourd’hui comme un leader de l'automobile sur le continent. L'industrie automobile marocaine a enregistré une croissance remarquable au cours des dix dernières années. Une progression fulgurante qui n'est pas prête de s'arrêter. Devenu deuxième producteur de véhicules en Afrique après l’Afrique du Sud qu’il talonne désormais, depuis l’installation de l’usine géante de Renault à Tanger en 2012, le « site Maroc » a accueilli le Groupe PSA en tant que deuxième constructeur auto-mobile. L’usine de Peugeot-Citroën qui a été annoncée en juin 2015, est actuellement en pleins travaux. Elle ouvrira ses portes en 2019, une fois opérationnelle, le Maroc dépassera le cap des 650 000 véhicules produits localement.

le 1er constructeur mondial de véhicules électriques va s'installer au maroc

« nous avons relancé le processus de vente de 19% de sotelma sur la bourse régionale des valeurs mobilières d’abidjan, nous avons mis à jour les chiffres et j'espère que nous serons en mesure de le faire cette fois. la cotation en bourse va avec les exigences de transpa-rence, ce qui signifie que les états financiers de la société seront pu-blics. maroc telecom est un peu inquiet à ce sujet car son principal concurrent orange n'a pas les mêmes obligations ».

Cissé boubou, ministre malien de l’Economie et des Finances.

millions dollars US

L'un des acteurs majeurs du récent changement de pouvoir au Zimbabwe qui a été nommé le samedi 23 décembre 2017 à la vice-présidence de la Zanu-Pf. Le général Constantino Chiwenga est l'homme qui, le 13 novembre dernier, avait frappé du poing sur la table. il avait protesté, au nom de l'armée, suite à la mise à l'écart du vice-président Emmerson mnangagwa par le clan mugabe, et indiqué que l'armée n'hésiterait pas à intervenir. robert mugabe avait alors été placé en résidence surveillée, puis avait démissionné une semaine plus tard, lâ-ché par son parti. La nomination de Chiwenga à ce poste n'est pas une surprise. Plusieurs analystes avaient déjà estimé, au moment de l'annonce de son départ à la retraite, il y a quelques jours, que ce départ était probablement un redé-ploiement pour qu'il accède à des fonctions politiques. mnangagwa lui-même, lors de ce départ, avait appelé l'officier à conserver sa loyauté au moment de se diriger vers une nouvelle mission qu’il avait alors décrit comme «imminente». Cette nomination du général Constantino Chiwenga semble être une étape vers une autre nomination plus importante. Autrement dit, selon les observateurs, c’est clairement un pas important vers le poste de vice-président du pays tout entier. Pour rappel, le nouveau président, Emerson mnangagwa, a été investi président par intérim jusqu’aux élections prévues à la mi-2018.

Zimbabwe Emmerson mnangagwa récompense celui qui a permis son arrivée au pouvoir

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En haussEEmmanuEl CommarEt

algérie les américains émettent une « alerte voyage » L’Algérie vient d’être classée par le Département d’Etat américain sur la liste des pays à éviter en raison de «la menace d’attaques terroristes et d’enlèvements». Une «Alerte voyage» destinée aux ressortissants américains a été lancée le 6 décembre dernier et diffusée le 13 du même mois, à la faveur d’une nouvelle «mise en garde», basée sur des informations sur «les menaces continues d’actions terroristes, de violence politique et d’activités criminelles contre les citoyens et les intérêts américains à l’étranger». Ainsi, l’«alerte» concernant l’Algérie remplace en fait l’«Avertissement de voyage» en cours depuis le 13 décembre 2016. il faut savoir qu’une «Alerte voyage» est liée «à des événements à court terme en relation avec une élection perturbée avec de nombreuses grèves, des manifesta-tions, une épidémie ou la preuve d’un risque élevé d’attaques terroristes». Elle prend fin avec l’événement objet de sa mise en action. L’«Avertisse-ment de voyage» laisse entendre que la situation dans le pays concerné est plus grave, qu’elle peut prendre beaucoup de temps et où il est «for-tement déconseillé» de s’y rendre. Les raisons d’un tel «avertissement» se résument à un «gouvernement instable, une guerre civile, un crime ou une violence intense en cours ou de fréquentes attaques terroristes». L’«avertissement» est maintenu jusqu’à ce que la situation change, mais souvent, il reste valable durant des années, comme cela a été le cas en Algérie, dont le dernier (avertisse-ment) date du 13 décembre 2016.

Le Président ivoirien Alassane Ouattara serait-il en train de tenir son pari, lui qui avait annoncé que la Côte d’ivoire pourra transformer 50% de sa production de cacao d’ici à 2020. En tout cas, le Vice-Président Daniel Kablan Duncan, s’est réjoui, après la signature de deux accords avec le leader mondial de la transfor-mation du chocolat « The Hershey Company » mardi 19 décembre 2017 au siège du groupe à Harrisburg en Pennsylvanie aux Etats-Unis, que « cette ambition du Président Alassane Ouattara est réalisable ». En effet, le groupe américain de confiserie a signé deux accords avec la Côte d’Ivoire portant sur le cacao et l’implantation d’une d’unité de production de complément alimentaire, au terme de deux jours d’échanges avec le vice-président ivoirien Kablan Duncan. Le groupe américain s’est engagé dans un premier accord à s’approvisionner localement, non pas des fèves de cacao, mais en produits semi-finis de cacao pour ses usines à travers le monde. Le second accord porte sur l’implantation à San Pedro (Côte d'Ivoire), courant 2018, d’une unité de production de complé-ments alimentaires pour les enfants souffrants de malnutrition. Le groupe qui va utiliser dans un premier temps de l’arachide comme matière première pourrait par la suite, en 2019, se tourner vers la noix de cajou sous réserve des études devant prouver une possible substitution des deux spéculations. Entre 25 000 et 30 000 enfants vont bénéficier de ces compléments et le groupe compte exporter à terme sa production dans la sous région. Toute chose qui va donner un coup d’accélérateur à la transformation en Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de cacao avec 40% de la part globale. A noter que les détails techniques de ces accords seront négociés dans le courant du premier trimestre 2018, à l’occasion d’une visite des dirigeants du groupe Hershey à Abidjan. La firme américaine qui emploie 18 000 personnes dans le monde compte plus de 80 marques de confiserie et génère plus de 7,4 milliards de dollars de revenus annuels.

Côte d’ivoire le leader américain de la confiserie Hershey parie sur le cacao ivoirien

Il vient d’être nommé Chief Financial Officer de Deloitte France et Afrique francophone. Spécialiste en financement bancaire, fusions & acquisitions, fiscalité, réduction de coûts et optimisation du BFR, Emmanuel Comma-ret, 49 ans, intègre Deloitte France en tant que Chief Financial Officer (CFO). Il reportera à Vincent Batlle en sa qualité de Chief Operating Officer (COO), qui continuera à re-présenter la finance et les opérations au sein du comité exécutif. En tant que Chief Fi-nancial Officer de Deloitte France et Afrique francophone, Emmanuel Commaret devient également associé au sein du cabinet.

« l’autorité de régulation des télécommunications (art) n’a pas les outils adéquats pour assurer ses missions. son personnel non plus n’est pas assez formé pour l’accompagner dans sa tâche. ainsi, l’art qui manque d’équipements de contrôle, n’a pas pu déterminer le non-respect par les sociétés télécoms, des obligations de leur cahier des charges sur la 2G et la 3G, révélé par les résultats récents de l’audit sur la qualité de service commandité par le ministère des télécoms ».

minette libom li likeng, ministre camerounaise des postes et télécommunications

au nigeria, l’Etat de Bauchi, situé dans le nord verra prochainement, l’exécution d’un projet pilote de production de 8 000 tonnes de blé durant la saison 2017/2018 pour les besoins de l’industrie agroalimentaire.

8 000lE ChiFFrE

tonnes de blé

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ECHoS ECo

le français Engie rachète des sociétés africaines à tour de bras

Implanté en Afrique depuis 50 ans, le groupe français En-gie (ex-GDF Suez) multiplie les acquisitions d’entreprises sur le continent. Durant le mois de décembre 2017, Engie a racheté trois entreprises. D’abord en Afrique du Sud où elle a signé un accord lui ouvrant la voie de l’acquisition de 100 % du capital de deux entreprises, Thermaire et Ampaire, qui appartenaient à une même équipe de ma-nagement. Cette double reprise doit encore faire l’objet d’une validation par les autorités réglementaires locales. Elle devrait permettre à l’ex-GDF Suez de se diversifier localement. En effet, Engie n’y était jusqu’alors unique-ment présent qu’à travers son activité de production d’énergie. En s’emparant de Thermaire et d’Ampaire, il s’implante ainsi sur le marché des services énergétiques (climatisation, chauffage et ventilation). Au Maroc également, Engie vient de faire l’acquisition des activités de SPIE Maroc. Ce rachat s’inscrit dans sa stratégie de développer sa position de leader des services à l’énergie sur les marchés internationaux. Et pour cause, Engie s’adjuge un acteur-clé du marché marocain du génie électrique et climatique, des infrastructures de télécom-munication et de transmission d’énergie, ainsi que de la maintenance multi-technique. Présent au Maroc depuis un siècle, SPIE emploie plus de 1.000 personnes et a généré en 2016 des revenus de près de 70 millions d’euros.

Gaz sénégalo-mauritanien dakar se veut rassurant

L’exploitation du méga-gisement gazier sénégalo-mauritanien grand-Tortue sera un « cas de succès », a estimé, le 4 décembre dernier, à Dakar, le ministre séné-galais du Pétrole et des énergies, mansour Elimane Kane. m. Kane

qui s’exprimait lors de la revue annuelle conjointe (rAC) 2017 a précisé que le président macky Sall a instruit l'équipe en charge de ce dossier, le ministre du Pétrole en tête, de « discuter avec les autorités mauritaniennes pour trouver des éléments de consen-sus». Pour mansour Elimane Kane, « il s’agit d’un gisement très im-portant aussi bien pour le Sénégal que pour la mauritanie». «même si le partage se fait à égalité 50/50, le Sénégal et la mauritanie vont accé-der à l’électrification universelle en 2025», a assuré le titulaire du portefeuille du Pétrole et des énergies. Et de souligner que «les deux pays ont élaboré un accord gouvernemental pour voir com-

ment travailler ensemble avec les pétroliers dans une coopération de gagnant-gagnant ». le responsable sénégalais a en outre indiqué que l’accord a tardé parce qu’ »il fallait recueillir l’approbation de la Banque mondiale et écarter tous les risques». Par rapport aux découvertes de pétrole par Cairn Energy dans le puits de Sangomar, il a rapporté que «les évaluations tournent entre 75 à 100.000 barils/jours». Depuis 2014, plu-sieurs gisements de pétrole et de gaz ont été découverts au Sénégal. La société américaine Kosmos qui a découvert le méga-gisement de grand-Tortue s’est alliée avec la britannique BP pour son exploita-tion prévue en 2021.

l’itfC et afreximbank s'associent pour soutenir le commerce africain

L’Egypte a exprimé au 51ème sommet des Etats membres du Mercosur, sa volonté officielle d’inté-grer cette communauté. L'Égypte et le Mercosur sont déjà liés par un accord de libre-échange avec un volume d’échanges commerciaux de 5,3 milliards de dollars US en 2016. Pour rappel, le Mercosur compte l'Argentine, le Brésil, le Para-guay, l'Uruguay et le Venezuela en plus des pays associés comme le Chili, la Colombie, le Pérou et l’Équateur.

l’Egypte regarde vers le mercosur !

La Société internationale islamique de financement du Commerce (iTfC), membre du groupe de la Banque islamique de Développement (BiD) et la Banque Africaine d'import-Export (Afreximbank), institution financière multilatérale créée par des gouvernements africains et des investisseurs ins-titutionnels, ont signé le 21 décembre 2017 à Dubaï deux accords murabaha, l’un à 100 millions de dollars et l’autre à 50 millions d'euros, en vue de faciliter et de financer les exportations entre les pays africains, ainsi qu’entre l'Afrique et le reste du monde. Les crédits sont destinés à être utilisés pour soutenir les achats des fournisseurs issus des pays membres et non membres, y compris les achats locaux, aux fins de promouvoir le commerce à travers l'Afrique.

Le ministre sénégalais du Pétrole et des énergies, mansour Elimane Kane.

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CEmaC Croissance économique nulle en 2017

la SomagEC aux côtés des migrantsLe 18 décembre dernier, lors de la Journée internationale des migrants, la Somagec s’est mobilisée avec quelques partenaires locaux pour la célébrer avec les Subsahariens en transit vers l’Europe et sans domicile. Cette société très active sur le continent a offert ainsi un repas chaud et un spectacle à près de 200 personnes dormant souvent

à la belle étoile à Rabat. Grâce à la col-laboration du Centre culturel africain, les invitations sont vite passées. L’Entraide nationale a fourni son centre d’apprentissage situé au quartier Akkari de la capitale marocaine. C’est le groupe "Les messagers des messages", de pas-sage au Maroc, qui a

été appelé pour assurer le spectacle auquel ont assisté les bénéficiaires. Auparavant, ceux qui en ont exprimé l’envie ont eu droit à une séance de villégiature dans des hammams triés sur le volet. D’ailleurs, l'idée de ce soutien est venue "de la présence de ce groupe guinéen qui est venu au Maroc pour prendre un trophée qui leur a été décerné". La troupe a accepté volontiers de le faire et de délivrer des messages de réconfort aux invités en ces périodes de fête de fin d’année.

La croissance de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEmAC), en termes réels, est nulle en 2017, après celle de -0,2% en 2016, selon le Comité de politique monétaire (CPm) de la Banque des Etats de l'Afrique centrale (BEAC). Pour l’année 2018, le gouverneur de la

BEAC Abbas mahamat Tolli a affirmé que les perspectives économiques sont globalement favorables. Cela va se matérialiser par une accélération de la croissance, avec un taux qui se situerait autour de 3%. il y aura une

stabilisation du déficit budgétaire, autour de 3% également.

Dans le cadre de son mandat de soutien à ses pays membres régio-naux (PMR), la Banque africaine de développement (BAD) a obtenu

le 13 décembre 2017, à Abidjan de son Conseil d’administration le feu vert pour lever jusqu’à 8 milliards de dollars américains sur les marchés de capitaux. Il faut dire que la banque panafri-caine qui est notée triple A par les agences internationales les plus réputées (Fitch, Moody’s et Standard & Poor’s), dispose d’une gamme d’instruments financiers lui permettant de procéder facile-ment à des émissions libellées en dollars américains (EU), en euros, en livres sterling et en dollars australiens.

la Bad va lever jusqu’à 8 milliards de dollars US en 2018

L'African Entrepreneurship Award 2017, initié par BMCE Bank of Afri-ca pour soutenir les entrepreneurs africains innovants, a récompensé 12 lauréats représentants 9 pays du Continent. A la clé, une somme d'1 million de dollars US à partager. Ainsi, dans la catégorie Education, c’est Louise Williamson (Afrique du Sud) qui a remporté le prix cou-ronné d’une enveloppe de 100.000 dollars. Son projet porte sur une start-up dans la fabrication de fours à combustible durable desti-nés aux écoles dans les contrées re-culées. La catégorie Environnement a révélé cinq candidats (Tanzanie, Nigeria, Kenya, Ghana, Nigeria)

avec des projets allant du recy-clage de papier à la collecte des déchets en passant par l’optimisa-tion de la culture et l’exploitation de l’huile de palme en Afrique. Dans la catégorie Domaine inexplo-ré, deux candidats ont été primés (Cameroun, Afrique du Sud). Et la dernière catégorie Innovation a permis de récompenser quatre can-didats dont deux issus du Maroc. Il s’agit de Meryam El Ouafi, qui a mis en place une nouvelle technologie d’irrigation pour l’optimisation de la consommation d’eau, et de Badr Idrissi dont le projet porte sur l’uti-lisation de drones intelligents pour lutter contre la pêche illégale. Les

12 lauréats ont été sélectionnés par un jury présidé par le Président de BMCE Bank of Africa, Othman Benjelloun, et composé de Gong Li, ancien Président d'Accenture en Chine, John-Bernard Duler, investisseur et entrepreneur Fran-co-américain, Brahim Benjelloun Touimi, Administrateur-directeur général exécutif du Groupe BMCE Bank et Président de Bank of Africa et Marie Paul Niat, entrepreneure camerounaise.

african Entrepreneurship award BmCE Bank of africa recompense 12 lauréats

Akinwumi Adesina, Président de la BAD.

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ECHoS ECo

mauritania airlines s’offre le premier Boeing 737 maX africainMauritania Airlines International (AMI) vient de prendre livraison de son unique Boeing 737 MAX 8 commandé, devenant le premier opérateur du type en Afrique.L’appareil immatriculé 5T-CLJ a quitté l’usine Boeing près de Seattle pour se poser à Nouakchott le jeudi 21 décembre et faire l’objet d’une grande cérémonie en présence du président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz. L’appareil avait effectué son premier vol d’essai le 8 décembre. « Nous sommes fiers d’être le premier trans-porteur en Afrique à exploiter le 737 MAX », a déclaré Mohamed Radhi Bennahi, directeur général de Mauritania Airlines International. Il ajoute que l’appareil rejoint une flotte « en pleine croissance » et contribuera à développer le réseau « de manière rentable tout en introduisant de nouvelles routes vers l’Europe et le Moyen-Orient ».Basée à l’aéroport international de Nouakchott-Oum-tounsy dans la capitale mauritanienne, Mauritania Airlines a été fondée en 2010 et sert actuellement une dizaine de destinations en Afrique et une seule en Europe : Las Pal-mas aux Canaries (Espagne). Le nouveau 737 MAX pourrait servir à ouvrir de nouvelles lignes vers Paris et Jeddah, avait indiqué la compagnie lors de la commande au salon du Bourget 2017. Mauritania Airlines a été retirée de la liste noire de l’Union européenne en décembre 2012.La flotte compte actuellement un Embraer 145, un 737-800, un 737-700, deux 737-500 et un 737 MAX 8.Outre Mauritania Airlines, les clients africains du 737 MAX comprennent Arik Air (Nigeria), Comair (Afrique du Sud) et Ethiopian Airlines.

200 millions de dollars de la Banque mondiale pour l'agriculture marocaine

maroc les lauréats du grand prix national de la presse fêtés

Le maroc et la Banque mondiale ont signé, jeudi 14 décembre der-nier à rabat, un accord de prêt de 200 millions de dollars US visant à renforcer les chaînes de valeur agroalimentaires et à améliorer les performances du secteur agri-cole. Cet accord a pour objectif de renforcer le pilier ii du Plan maroc Vert à travers l’amélioration de la

compétitivité de l’industrie agroalimentaire et le ren-forcement de sa valeur ajoutée. Aussi, le but est de renforcer les fédérations interprofessionnelles des filières agrumes et olive en leur apportant un appui technique et financier afin de développer leur chaîne de valeur. De même, l’accord ambitionne d’intégrer les petits et moyens producteurs dans le marché agroalimentaire.

Au Maroc, le jury de la 15ème édition du Grand Prix national de la presse (GPNP) a annoncé, lundi 18 décembre 2017 à Rabat, les noms des lauréats de ses différentes catégories, lors d'une cérémonie en présence du Premier ministre Saad Eddine El Othmani, du ministre de la Culture et de la communication, Mohamed Laaraj, et de plusieurs autres ministres et personnalités du monde de la culture et des médias. Les distinctions du Grand Prix concernent neuf catégories, outre un prix honorifique en hommage à une personnalité du monde des médias ayant contribué à l'évo-lution du paysage médiatique national et à la consécration des principes du métier. A cette occasion, le prix honorifique de cette 15ème édition a été attribué au défunt Mohamed Moudden et à Abdellatif Benyahya (SNRT). Celui de la télé-vision pour le film documentaire a été remporté par Yassine Omari (SNRT), alors que pour la radio, c’est Sofia Fardoud (Chaîne Inter-SNRT) qui a été consacrée. Yassir Makhtoum (Attajdid) et Youssef Saket (Assabah) ont remporté ex-aequo le Prix de la catégorie de la presse écrite. Pour la presse électronique, ont été récompensés en ex-æquo Majda Aït Laktaoui (Hespress.com) et Miloud Shelh du portail « Le360.ma », alors que le prix de l'Agence de presse a été remporté par Zhour Sayeh, de l'Agence marocaine de presse (MAP) pour son papier « Bouchra Sbata, une success-story dans le monde de la gestion bancaire et des affaires au Qatar ». Le prix de la production journalistique amazighe est revenu à Mohamed Chaqroun (SNRT), tandis que celui de la production journalistique hassanie a été dé-cerné à Rabab Loub (Chaîne Dakhla- SNRT). De leur côté, Souri Issa (Le Matin) et Mohamed El Ourrak (Al Ahdath Al Maghribia) se sont vus attribuer le Prix de la photo.Dans une allocution à cette occasion, M. Laaraj a indiqué que le Grand Prix de la presse, qui vise à encourager les compétences médiatiques et à rendre hommage aux vétérans du métier, constitue l’occasion pour soutenir le secteur et évaluer l’action menée par le ministère dans le cadre de sa nouvelle vision stratégique. Le ministère ne cesse de respecter ses engagements pour garantir les conditions d’une concurrence loyale entre tous les candi-dats à ce prix, a-t-il insisté, ajoutant que cette édition a été marquée par la diversité des genres journalistiques, des thématiques et des angles d'attaque. Pour revaloriser ce prix, le ministre de tutelle a annoncé que son département envisage de s’ouvrir également sur les articles écrits en d’autres langues. A noter que pour un total de 107 candida-tures au titre de la 15ème édition du Grand Prix national de la presse, 83 ont été retenues.

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analySE

l'année 2017 restera gravée dans l'esprit des mauritaniens comme celle de grands bouleversements à la fois politiques, économiques et sociaux. Nouveau drapeau. Le pouvoir parle d'amélioration, comme pour les espèces, avec les deux bandes rouges ajoutées à l'emblème adopté depuis l'indépendance du pays. Un nouvel hymne "plus patriotique", susurrent ceux qui ont décidé que la "résistance" n'a pas été suffisamment chantée. Et, pour finir, une nouvelle monnaie. L'objectif derrière tous changements?

Les Mauritaniens sont partagés. La "majorité", certes non quanti-fiable puisque l'opposition remet en cause la validité de tous les

scrutins, y compris celui ayant entériné les amendements d'août 2017, pense qu'on assiste, depuis l'arrivée de Mohamed Oud Abdelaziz au pouvoir, à la naissance d'une "Mauritanie nouvelle". On parlait, jusque-là, de réalisations économiques sans pré-cédent dans l'histoire du pays mais voilà que ces bouleversements touchent aux fondements et opposent ceux qui parlent de "profanation" des symboles de l'État à ceux qui disent que toutes les conditions sont réunies pour aller de l'avant.En fait, c'est une lutte à mort entre par-tisans d'un "renouveau" supposé ou réel, avec en arrière plan l'attachement du nom du président Aziz à ce qui est en voie d'être SA Mauritanie, et les nostalgiques de l'ère Daddah (le fondateur de la Première Ré-publique, pas l'opposant qui lutte, depuis 1992, pour la fin de la "démocratie kaki"). Ces divisions sur des questions secondaires, comme celle de l'hymne et de sa "vitalité" entretiennent une crise datant du coup d'État de 2008 contre Sidi Mohamed Oud Cheikh Abdallah. Elles ne s'étendront sans doute pas en 2019 avec l'organisation d'une présidentielle censée permettre une alter-nance pacifique au pouvoir.Car, à ce jour, Aziz n'a pas dit son der-nier mot. Certes, il a toujours refusé de répondre, ouvertement, à l'appel pour un troisième mandat lancé par plusieurs pans de sa majorité (personnalités politiques,

partis, chefs de tribus et citoyens lambdas) mais les manœuvres qu'il entreprend de-puis le fameux Discours de Néma (3 mai 2016) intriguent plus d'un observateur. Le président veut-il assurer une succession apaisée ou, plus simplement, rester au pou-voir, le troisième mandat étant devenu la "nouvelle mode" en Afrique, malgré les récriminations européennes et américaines ? Malgré surtout les oppositions citoyennes à ces coups de force et un FNDU (Forum national pour la démocratie et l'unité) qui a réussi, le 16 décembre dernier, une grande marche à Nouakchott contre les "dérives" du pouvoir. La bataille bat aussi son plein à l'étranger où le pouvoir mauritanien a très souvent été victime de tirs à boulets rouges dans des médias de l'Hexagone favorables à une opposition disposant de solides relais en France et en Belgique. Cette "guerre

médiatique" connaît un léger fléchissement en faveur du pouvoir qui semble décidé à user des mêmes armes. L'enjeu est on ne peut plus clair : ne pas perdre la visibilité que la Mauritanie a gagné en faisant de la lutte contre le ter-rorisme sont cheval de bataille auprès d'une opinion publique occidentale préoccupée par ce fléau qui a frappé régulière-ment à ses portes. L'opposition mauritanienne qui s’attache à ternir l'image d'un régime souvent accusé d'avoir pacti-

sé secrètement avec les mouvements saa-distes au Mali, compte aujourd’hui sur un possible retournement de situation, avec la décision prise par les ACP/UE d'envoyer une mission parlementaire faire l'état des lieux de la démocratie et des droits de l'homme en Mauritanie. Le rapport qui sortira en juin 2018, à l'issue de cette mission d'enquête, sera déterminant pour l'agenda politique d'Oud Abdelaziz.En attendant tout indique que ce n’est pas la rue qui mettra fin à un régime qui a ap-pris de ses prédécesseurs comment domp-ter les hommes politiques, en travaillant à rendre de plus en plus efficace le fameux principe de « diviser pour régner ». Mais surtout en faisant croire au peuple qu’il reste attaché à son statut de « président des pauvres ». w

Par Sneiba mohameD

Mauritanie Quel bilan tirer de l'année 2017 ?

Les présidents mohamed Ould Abdelaziz et macky Sall.

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grand EntrEtiEn

BarrE r. SEgUin Major General us air force,

director strategy, engagement & programs (J5), afriCoM

depuis juin dernier, suite au décès de quatre soldats américains au niger, la force américaine afriCom est, malgré elle, sous les feux de la rampe, à cause de son engagement sur le continent. actuellement, environ 6000 soldats américains se trouvent en afrique, précise le Major Général Barre r. Seguin, en charge de la Stratégie, des plans et des programmes de la U.S. africa Command (afriCom) dont le quartier général est basé à Stuttgart-Mohringen en allemagne.dans cette interview, le général Barre r. Seguin, - rencontré à Marrakech en marge des atlantic dialogues -, insiste sur l’importance pour les Etats-Unis d’accompagner les pays africains pour le renforcement de leur défense.

afrimag : Comment le Commandement des Etats-Unis pour l’afrique voit le g5 Sahel, regroupant le Burkina faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad ?General Barre r. Seguin : Nous félicitons les pays contribu-teurs à la Force G5 Sahel – Le Burkina Faso, le Tchad, le Mali, la Mauritanie, et le Niger – d’avoir crée ladite force conjointe, et reconnaissons que cette force a déjà fait des progrès dans le développement initial de ses capacités opérationnelles. Nous considérons la Force conjointe G5 Sahel comme une importante initiative menée par des Africains qui peut aider à rétablir la paix et la sécurité dans le Sahel.

Comment se traduit votre appui à ce groupement militaire pour lutter contre le terrorisme au Sahel?Les États-Unis se sont engagés le 30 octobre de l’année passée à contribuer jusqu’à 60 millions de dollars en appui bilatéral pour soutenir les efforts de la force conjointe G5 Sahel pour la lutte contre le terrorisme.

n'aurait-il pas été plus judicieux pour africa Command d'avoir sa base dans l'un des pays du Sahel pour mieux soutenir le g5 Sahel, le niger par exemple où vous êtes déjà présents militairement ?Les Etats-Unis continuent à soutenir le développement de cette force opérationnelle avec nos partenaires français qui sont des acteurs militaires-clés dans le Sahel. Pour clarifier notre position, la seule présence permanente du Commandement des États-Unis pour l’Afrique (AFRICOM) sur le continent africain est le site de la Force opérationnelle inter-armée pour la Corne de l'Afrique à Djibouti. Cependant, AFRICOM dispose de trois sites de coopération en matière de sécurité (Cooperative Security Locations, CSL) dans deux des pays du G5 Sahel : un à Niamey sur la base 101 des forces aériennes du Niger, un en cours de construction à la base aérienne nigérienne 201 à Agadez et un à Ouagadougou au Burkina Faso. Ces CSLs sont caractérisés par la présence périodique de forces américaines, avec peu ou pas de présence militaire permanente ou d'infrastructures sous contrôle américain. Ces emplacements sont généralement uti-lisés pour des missions telles que la coopération en matière de sécurité et le renforcement des capacités des pays partenaires, et ils peuvent soutenir une présence d’effectifs accrue de durée déterminée quand il le faut.

afriCom est en train de construire une base aérienne de lancement de drones au Niger. Quand précisément cette base sera-t-elle opérationnelle ?L'armée américaine est à Agadez à la demande du gouvernement

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“ UnE afriQUE SûrE ESt danS l’intérêt

dES EtatS-UniS "AfrimAg l 114 - Janvier 2018 l 19

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grand EntrEtiEn

du Niger, et nous restons déterminés à aider nos partenaires africains à protéger leurs frontières dans le cadre de leur sécurité nationale et à travers d'autres efforts qui sont importants pour les citoyens du Niger. Le Commandement des Etats-Unis pour l’Afrique a conclu un accord avec le gouvernement nigérien pour permettre la construction d'une nouvelle piste d’atterrissage et de toutes les chaussées, installations et infrastructures connexes sur la base aérienne nigérienne 201. Actuellement, il n'y a pas d'avions opérant à partir de cette base 201 car elle est en cours de construction. La finition de cette infrastructure militaire est prévue en 2018 en raison des défis logistiques associés à la construction d'un aérodrome en plein désert.

le 4 juin dernier, au niger toujours, quatre soldats amé-ricains ont perdu la vie dans des conditions troubles. a la suite de cela on a appris qu’il y avait 1500 soldats américains rien qu’au Niger. Pourquoi ce pays est-il aussi important aux yeux des Etats-Unis et pouvez-vous nous dire où en est l’enquête sur la mort de vos soldats ?La première partie de votre question est inexacte ! Pendant plus de 20 ans, de temps à autre l'armée américaine a eu des forces au Niger. Aujourd'hui, environ 800 Américains sont dans ce pays dont des militaires, des civils du Département de la Dé-fense et des contractants qui travaillent dans le cadre d'un effort international mené par 4000 soldats français pour vaincre les terroristes en Afrique de l'Ouest. Sur l’ensemble du continent africain, le Commandement des États-Unis pour l’Afrique a une présence quotidienne d’environ 6000 (hormis l'Égypte), dont la majorité (environ 4000) est sur notre site permanent au Camp Lemonnier à Djibouti. L'enquête sur les détails de l'attaque du 4 octobre qui a causé la mort de quatre (4) soldats américains est toujours en cours. Il ne serait donc pas prudent de ma part de commenter ses conclusions initiales. Les forces

américaines sont au Niger pour travailler au côté de, avec et par l'intermédiaire des partenaires nigériens afin de promouvoir la stabilité et la sécurité dans la région, tout en leur permettant eux-mêmes de faire face aux menaces sécuritaires. L'une des façons dont les États-Unis réalisent cela consiste à fournir une formation et une assistance en matière de sécurité aux forces armées nigériennes, notamment en matière de renseignement, surveillance et reconnaissance (ISR) pour cibler les organisations extrémistes violentes dans la région. Ces efforts soutiennent les objectifs diplomatiques et de sécurité nationale des États-Unis et sont conçus pour renforcer les relations avec les partenaires africains, promouvoir la stabilité et la sécurité et permettre aux partenaires africains de faire face eux-mêmes aux menaces sécuritaires.

aujourd’hui quelle est la place de l’afrique dans la poli-tique de défense américaine, compte tenu de la menace terroriste ?Notre mission principale consiste à aider nos partenaires afri-cains à renforcer leurs capacités de défense. Nos efforts visent principalement à aider les pays africains et les organisations régionales à développer des forces militaires compétentes et professionnelles qui respectent les droits de l'Homme, adhèrent à l'État de droit et contribuent plus efficacement à la stabilité en Afrique. Une Afrique sûre, stable et sécurisée est dans notre intérêt national. Notre travail contribue à renforcer les capacités de défense des États africains et des organisations régionales afin de leur permettre de faire face plus efficacement aux menaces sécuritaires - réduisant ainsi les menaces à nos propres citoyens et à nos intérêts à l'étranger aussi bien que chez nous. w

entretien réaliSé Par anthioumane D. tanDia

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doSSiEr

la taille de la flotte d’avions d’affaires en afrique a été multipliée par deux au cours des dix dernières années. Et le continent attend plus de 600 livraisons au cours des dix prochaines années et plus de 80% de ces livraisons sont prévues dans les catégories légères ou moyennes. Qui sont les opérateurs ? Quels sont les principaux marchés sur le continent ?.DoSSier réaliSé Par mouhammaDou DioP

La ta i l l e de la f lo t te d’avions d’affaires a été multipliée par deux au cours des dix der-nières années. L’Afrique prévoit l ’acquisition d’avions pour une va-leur de 7 milliards de

dollars au cours des 10 prochaines an-

nées, dont 80% seraient de petites ou moyennes catégories selon les prévisions 2016-2025 du marché de l’aviation d’af-faires. Les chiffres sont avancés par le rapport Bombardier Business Aircraft, Market Forecast. Cette même étude estime une croissance annuelle de la flotte de 3,2 %.Il faut dire qu’en Afrique, les jets pri-

vés sont de plus en plus prisés par les hommes d’affaires et pas seulement. Même les membres des gouvernements ou hommes politiques s’y sont mis pour pouvoir gérer les contraintes de leur fonction et revenir traiter les affaires courantes. C’est dire s’il y a une niche qui n’arrête pas de croître dans le secteur du transport aérien sur le continent, c’est

L’aviation d’affaires prend son envol en afrique

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bien celle de l’aviation d’affaires. Si gé-néralement le secteur de l’aviation VIP vise des individus dont la valeur du pa-trimoine dépasse 1 million de dollars- les High Net Worth Individuals (HNWI)-, en Afrique, ce cœur de cible représente une population de 140.825 personnes selon l’African Business Aviation As-sociation (ABAA). Cette association a publié en mars 2015 un rapport intitulé State of Business Aviation in Africa. D’après cette étude, l’aviation d’affaires est plutôt bien acceptée par les Africains fortunés. La moyenne africaine est d’en-viron 3,5 jets pour 1 000 HNWI, ce qui

place le continent largement au-dessus de la moyenne mondiale (1,5 jet pour 1 000 HNWI), et loin devant l’Europe (0,9/1000).

Un ciel africain dégagéDopé souvent par le manque de grands transporteurs commerciaux, et par les la-cunes d’infrastructures et de connexions aériennes, routières ou ferroviaires, le trafic de l’aviation d’affaires sur le conti-nent reste également surtout porté par l’exploration des projets pétroliers et miniers. D’après les professionnels, la chute du cours des matières premières

qui aura affecté la plupart de ces mar-chés n’aura donc pas eu d’influence sur la croissance du trafic des jets et autres turbopropulseurs utilisés par les hommes d’affaires et chefs d’entreprise. Résultat : les voyages d’affaires de patrons de groupes privés et les déplacements de dirigeants politiques représenteraient, d’après les compagnies, près de 85 % des vols de jets privés en Afrique, les 15 % restants étant le fait de particuliers aisés. Et le trafic est en hausse. L’Asso-ciation africaine de l’aviation d’affaires (AFBAA) estime à ce jour à environ 2000 le nombre d’avions privés en Afrique,

Dana air Nigeria

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D’après un rapport de 2015 sur le sujet réalisé par l’Asian Sky group, le marché africain de l’aviation privée est dominé principalement par Hawker (22 % du parc), Cessna (20%), Bombardier (18 %), gulfstream et Dassault (13 % chacun). 61% de la flotte d'avions d'affaires en Afrique est sous exploitation privée, le res-tant étant dédié pour l'affrètement. Le constructeur canadien Bombardier prévoit ainsi la livraison (tous avion-neurs confondus) de 200 appareils neufs d’ici à 2025 en Afrique, dont 80 % d’avions légers et intermédiaires, représentant un marché de 7 mil-liards de dollars. L’Afrique du Sud et le Nigeria sont les deux principaux marchés de cette niche en termes de livraisons. Ces géants économiques abritent plus de 50% de la flotte d’avions d’affaires de l’ensemble du continent. globalement, on estime que 80% des biréacteurs d’affaires se trouvent dans la zone subsaharienne, contre 20% en Afrique du Nord, prin-cipalement en Égypte, en Libye et au maroc. Entre 2014 et 2033, quelque 685 livraisons d’avions d’affaires sont prévues dans le continent, reflétant ainsi une éventuelle hausse du nombre des milliardaires africains. Des chiffres encourageants, mais qui demeurent modestes comparés aux 8 300 nouvelles livraisons prévues au total dans le monde sur la même période. il existe à cela plusieurs

raisons. Avec la flotte la plus vieille du monde, d’une moyenne d’âge de 20 ans, le nombre de produits dispo-nibles sur le marché reste important. il faut dire que s’ils sont bien entrete-nus, des avions d’affaires de plus de 30 ans peuvent en effet encore voler, même si certains pays comme l’Éthio-pie interdisent de plus en plus l’usage d’avions vétustes. Dans le monde, les avions d’occasion récents (vieux d’un à deux ans) constituent 10% des flottes. mais il y a un autre facteur qui bloque le développement du marché pour les constructeurs. Les groupes capables de s’offrir un jet privé ne font pas lésion sans compter que les banques et les compagnies financières comme gE Capital Avia-tion Services (gecas), CiT Aerospace, macquarie Air finance ou encore glo-bal Jet Capital, spécialisées dans les prêts pour l’acquisition d’avions ou dans le leasing, sont frileuses pour financer de telles opérations pour les entreprises africaines. Seules les en-treprises qui bénéficient de bonnes et anciennes relations avec ces institu-tions ou avec certains constructeurs auront des facilités pour obtenir des crédits. Ce n’est pas un hasard si de plus en plus d’acheteurs africains se tournent vers l’acquisition de petits avions, plus faciles à financer, comme des Cessna Bravo, qui coûteront de 2 à 5 millions d’euros, que vers les plus gros jets privés. w

des chiffres encourageants mais modestes

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répartis 50/50 entre les jets et les turbo-propulseurs. Selon l’AFBAA, les liaisons réalisées sont à 72 % intra-africaines. Suivent les vols à destination ou en pro-venance des pays du Golfe (18 %) et de l’Europe (6 %). L’Afrique du Sud et le Nigeria concentrent la moitié de la flotte d’avions privés du continent. Viennent ensuite l’Égypte, le Maroc, l’Angola, la Tanzanie et la Ré-publique Démocratique du Congo, qui pourrait devenir le prochain gros marché

si le pays gagne en stabilité. Il faut dire que plusieurs compagnies africaines de jets privés ont vu le jour. Elles sont créées parfois par des patrons ou des entreprises soucieuses de rentabiliser leurs propres avions. Medi Business Jet (MBJ), première compagnie marocaine du genre, a par exemple été lancée en 2004 par trois grands patrons ayant mis en commun leurs appareils. Ils ont été rejoints par d’autres propriétaires. MBJ affiche sept avions à ce jour. A l’ouest du continent,

au Nigeria, les groupes Dana (industrie pharmaceutique, agroalimentaire…) et Barbedos (distribution automobile, commerce pétrolier…) ont acheté des jets privés pour les déplacements de leurs cadres dirigeants. Mais afin d’optimiser les coûts, ils les louent le reste du temps via leurs filiales aériennes respectives, Dana Air et Skyjet Aviation Services. Selon un responsable de l’Association africaine de l’aviation commerciale, «il est très difficile d’estimer le nombre exact de jets privés au Nigeria parce que la majorité sont enregistrés à l’étranger». « Les avions au Nigeria, et dans une grande partie du continent, appartiennent à des hommes d’affaires », poursuit-il. « C’est en quelque sorte le contraire de l’Amérique du Nord et de l’Europe où ils appartiennent à des entreprises ». La plupart des acheteurs de jets privés préfèrent éviter d’être sous les projecteurs, en particulier lorsqu’il s’agit d’exposer leur richesse, bien que dans les cercles restreints du monde de l’aviation, le nom des propriétaires est de notoriété publique. D’ailleurs, les avions sont en majorité enregistrés à l’étranger, princi-palement aux Etats-Unis, aux Bermudes, l’île de Man et l’île Maurice, car, selon les industriels du secteur, les avions sont difficilement revendables s’ils ont été enre-gistrés au Nigeria. Les acheteurs craignent en effet que les standards d’entretien ne soient pas aux normes dans le pays. Tou-jours est-il que les plus riches font généra-lement le choix d’acquérir un bombardier

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Avec 169 jets basés sur son territoire, l’Afrique du Sud possède la plus grande flotte privée africaine et figure dans le top 20 des marchés mondiaux de l’avia-tion d’affaires. A cela il faut ajouter 279 avions à hélices. Avec ses 134 jets, le Kenya arrive en deuxième place sur le podium. Viennent ensuite le Nigeria (91 avions) et la Tanzanie (82 avions). Le top 7 africain est complété par l’Angola (70 avions), l’Egypte (41) et le maroc (32). il existe un grand écart entre les pays leaders et les autres. L’Afrique du Sud à elle seule concentre 34 % des avions privés du continent, tandis que l’ensemble des pays du top 5 représente 62 % de la flotte continentale.

les champions africains

de longue portée, type Global Express XRS, qui vaut environ 50 millions de dollars, comme l’homme d’affaires le plus riche d’Afrique Aliko Dangote, ou encore la baronne du pétrole Folorunsho Alaki-ja, et le magnat de la téléphonie mobile Mike Adenuga, qui détient également des avions commerciaux à la fois de petite et de longue portée. D’autres modèles assez répandus- coûtant entre 39 millions et 57 millions de dollars- comme le Gulfstream G550, le Bombardier Challenger 605 et le Dassault Falcon 900- sont achetés par des Nigérians millionnaires, qu’ils soient

politiciens ou hommes d’église. Mais à côté des grands groupes qui possèdent leurs propres avions, destinés au transport des dirigeants, ou des puissants hommes d’affaires encore des multipropriétaires, les petites compagnies locales se sont sur-tout multipliées au cours de ces dernières années. C’est ainsi par exemple au Ma-roc, à côté de Medi Business Jet, d’autres compagnies locales comme Maroc Air Ocean ou Med Air Ways ont fait leur apparition pour développer le concept d’avion-taxi. Notons que la société de location Héliconia propose aussi des dé-placements nationaux en hélicoptère aux

clients pressés ou aux patients. Ce trans-porteur par hélicoptère basé à Marrakech a parallèlement dédié des appareils au sec-teur de l’exploration pétrolière et se hisse du même coup au rang des compagnies spécialisées dans le secteur. Un marché porteur pour ce transporteur qui lorgne au-delà du Maroc. Héliconia envisage d’étendre de plus en plus ses activités en Afrique à laquelle il accorde une attention toute particulière, sachant qu’il est déjà intervenu dans nombre de pays comme l’Algérie, la Tunisie, le Mali, la Mauritanie ou encore le Sénégal où elle détient une représentation. w

L’industrie aéronautique est, dit-on, un excellent baromètre de l’économie. Quand les temps sont difficiles, les voyageurs de la classe affaires passent à la classe économique. Ceux qui volent en jets privés optent alors pour des vols de ligne. Et vice versa. En Europe, l’aviation d’affaires est toujours dans l’attente d’une reprise. Depuis aussi, l’Afrique devient d’année en année un marché incontournable pour l’aviation d’affaires, et ceci se tra-duit par une offensive des compagnies européenne d’aviation d’affaires vers l’Afrique. En effet, alors que le marché européen peine à retrouver sa santé d’antan, les pays du continent africain affichent des taux de croissance significatifs. Ainsi, de plus en plus

d’opérateurs européens déplacent leurs actifs en Afrique. Les plus gros ac-teurs de l’industrie basent un ou plusieurs appareils de leur flotte en Afrique du Sud, au maroc, au Nigeria ou encore y construisent des terminaux privés. Au maroc par exemple, devant l’augmentation du trafic de l’aviation d’affaires, l’Office national des aéroports du maroc propose des services dédiés à l’aviation d’affaires à Casablanca, marrakech et Tanger : salles d’embarquement ViP, voitures pour récupérer les passagers au pied de l’avion, traitement rapide des bagages et des formalités administra-

tives… il faut dire que les compagnies européennes s’intéressent au marché maghrébin, situé à moins de cinq heures de vol de leurs aéroports, c’est-à-dire dans le rayon d’action de la majorité de leurs flottes. NetJets, propriété du milliardaire américain Warren Buffett et leader européen, a lancé une offensive sur le maroc.

offensive sur le continent

medi Business Jet maroc

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triBUnE

léon m’ba, entre aimé Césaire, frantz fanon et anacharsis Cloots

des Damnés de la terre et de Peaux noirs, masques blancs. Sans ces références et repères historiques, il est quasi impos-sible d’éclairer la pensée de Léon M’ba. Il s’agissait de totalement renouveler et rajeunir la vieille image de Léon M’ba.Je partage avec vous ici les premières lignes de mon intervention qui fera l’objet d’une publication en mars 2018.

J’ai mis au jour les quatre principales sources d’ins-piration qui permettent de comprendre l’action de Léon M’ba. D’un côté, le pro-gramme social du Conseil

National de la résistance (CNR) né de la Seconde guerre mondiale et fortement marqué à gauche. D’un autre côté, les trois

grandes figures intellectuelles et politiques : tout d’abord, Anacharsis Cloots, le vieux de la Montagne, principal théoricien de la départementalisation sous la Révolu-tion française, auteur de La République universelle et de Nation unique ; ensuite, Aimé Césaire, le père de la Négritude et de la loi sur départementalisation (mars 1946) et, enfin, Frantz Fanon, l’auteur

le 14 décembre dernier, dernière journée de l’Exposition léon m’ba dans les locaux de l’ambassade du gabon en france, j’ai prononcé une communication qui a repris, de manière totalement inédite, la signification historique et le sens politique de la pensée universelle et de la praxis de léon m’ba, premier président de la république du Gabon.

Léon m’ba

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à son arrivée en visite officielle à Paris : «Le Gabon est indépendant, mais entre le Gabon et la France rien n’est changé, tout continue comme avant». De fait, le seul changement, ajoute Fanon, c’est que M. M’ba est président de la République gabonaise et qu’il est reçu par le président de la République française » (Maspéro, Paris, 1975, pages 29 – 30).Léon M’ba, « hibernothérapeute » ? Que vaut donc cette représentation tirée du testament littéraire et politique de Frantz Fanon, qui n’a rien perdu en force et qui court depuis plus d’un demi-siècle ? En effet, cette image reste accolée à la France-Afrique et, par suite, Léon M’ba apparaît comme celui qui aura non pas dé-livré mais plutôt livré son pays à la France. Ter-rible nœud historique. D’autant qu’il était non pas pour l’indépendance immédiate, comme le clamait avec enthousiasme son époque, mais pour la départementalisa-tion du Gabon, sur le modèle ou le calque de la LOI n° 46-451 du 19 mars 1946 qui érigeait en départements français quatre vieilles colonies : la Guadeloupe, la Martinique, la Réunion et la Guyane française ; une Loi présentée à l’Assemblée nationale constituante française par le jeune député Aimé Césaire, auteur de deux remarquables ouvrages : Tragédie du roi Christophe et Toussaint-Louverture qui peuvent être lus comme les argumen-taires littéraires et politiques de la loi qui porte son nom.Une indépendance imposée ! Et ce serait le tristement célèbre Jacques Foccart et l’au-dacieux Charles de Gaulle qui, semble-t-il, y auraient conduit Léon M’ba, contre son avis. Mais alors si Léon M’ba ne fut pas, à proprement parlé, le « père de l’indé-pendance » qu’il a pourtant proclamée le 17 août 1960 en présence de Malraux, comment peut-il être le « père de la nation » gabonaise qui en est la conséquence logique et politique ? Au reste, et si jamais il n’a été ni l’un ni l’autre, de quoi donc est-il le « père » ou, pour parler comme Hannah Arendt, de quoi est-il l’artifex, et de quel œuvre est-il l’auteur s’il n’est pas celui de la souveraineté. Bref, dans son pays, de quoi est-il l’augmentateur ? w

Alexandre par Philippe et Aristote, César par Vercingétorix, Pompée et Cléopâtre, Cabral par Salazar et Engels, de Gaulle par Pétain et Hitler ! C’est, il est vrai, par les grandes figures que s’explique le rôle universel d’un grand homme. Ainsi, Léon M’ba par Frantz Fanon, Aimé Césaire et Anacharsis Cloots. Et ce, sans jamais négliger les facteurs sociaux, le niveau de culture, le contexte politique, les conflits de classes, les contraintes institutionnelles, le déterminisme historique et les grands idéaux d’une époque.Mesdames et messieurs, cher auditoire, bonjour. Et merci pour votre attention.Dans son ultime ouvrage préfacé par Jean-Paul Sartre et publié en 1961, quelques jours avant sa mort, Les Damnés de la terre, Frantz Fanon à qui nous devons tant pour l’émancipation des peuples opprimés, a fixé « une » image peu va-lorisante de Léon M’ba. En effet, après avoir rappelé comment certaines élites colonisées tremblaient à l’idée du rôle et à l’évocation même de la fonction his-torique de la violence révolutionnaire et comment, dès lors, elles inclinaient au réformisme pacifiste, à titre d’exemple, il citera Léon M’ba :« C’est pourquoi, écrit-il, il est demandé aux partis politiques nationalistes d’ex-poser le plus clairement possible leurs revendications et de chercher avec le partenaire colonialiste, dans le calme et l’absence de passion, une solution qui respecte les intérêts des deux partis. On voit que ce réformisme nationaliste, qui se présente souvent comme une caricature du syndicalisme, s’il décide d’agir le fera à travers des voies hautement pacifiques: débrayages dans quelques industries im-plantées dans les villes, manifestations de masses pour acclamer le leader, boycott des autobus ou des denrées alimentaires. Toutes ces actions servent à la fois à faire pression sur le colonialisme et à permettre au peuple de se dépenser ; cette pratique de l’hibernothérapie, cette cure de som-meil d’un peuple peut quelquefois réussir. Alors, de la discussion autour du tapis vert, surgit la promotion politique qui permet à M. M’ba, président de la République du Gabon, de dire très solennellement

w Pierre Franklin Tavares, né le 19 janvier 1956 à Dakar, fait une partie de son cycle secondaire aux lycées Gabriel Fauré à Paris et au lycée Henri-Wallon d’Aubervilliers en 1974 et 1975. Il poursuit ses études supérieures à la Sorbonne où il obtient son doctorat de philosophie (Paris 1), une licence d'histoire (Paris 1)... Il est l'auteur de nombreux articles et ouvrages dont Science de la Ban-Lieue qui fait de lui l’un des meilleurs spécialistes des crises urbaines ; Le livre des Sodades ; Sur la crise ivoirienne qui modélise les crises institutionnelles en Afrique et Nicolas Sarkozy : relire le Discours de Dakar.Spécialiste de Hegel, Hölderlin, Saint Augustin, Bossuet et Amilcar Cabral, ex-cadre du Groupe Caisse des Dépôts et Consignations, ancien directeur territorial dans la Fonction Publique Territoriale, il est candidat aux élections municipales à Épinay-sur-Seine en 1995, 2001 et en 2008 (tête de la liste Pour une Ville juste envers tous), en 1997 (suppléant) aux élections législatives de la 1ère Circonscription de Seine-Saint-Denis, et en 1998 aux élections cantonales (Épinay-sur-Seine).Il est actuellement conseiller municipal d’opposition à Épinay-sur-Seine et préside le mouvement «Une Île-de-France juste envers tous».

Bio-expres

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foCUS

marrakech a accueilli, du 13 au 15 décembre 2017, la 6ème édition de la conférence internationale atlantic dialogues autour du thème : « l’afrique dans l’atlantique, le temps de l’action ». Ce forum, organisé par le think tank OCP Policy Center, basé à rabat, est placé sous le haut patronage de Sa Majesté le roi Mohammed VI.

the atlantic dialogues : pour une afrique agissante

L ’un des succès de cette édition 2017 a été incontestablement la qualité des débats autour des grands enjeux géopoli-tiques et économiques de la région Afrique, mais aussi

la présence de près de 400 participants répartis entre plus de 80 nationalités dif-férentes. Les panels des Atlantic Dialogues 2017 avaient profité des vues et avis des per-

sonnalités de renoms, tels que Barre Se-guin, directeur de la stratégie pour l’U.S. Africa Command (voir Grand Entretien), Mary Beth Leonard, ambassadrice des Etats-Unis auprès de l’Union africaine ou Fathallah Sijilmassi, Secrétaire géneral de l’Union pour la Méditerranée (UPM).Parmi les responsables politiques figurent Edward Scicluna, ministre des Finances de Malte et Omar Amadu Jallow, ministre gambien de l’Agriculture. Trois anciens

présidents latino-américains venus pré-senter pour l’Afrique les « modèles » de développement de leurs pays respectifs: Eduardo Duhalde (Argentine), Jorge Quiroga (Bolivie) et Michel Rodriguez (Costa-Rica).On notait également la présence de l’an-cien Premier ministre Aminata Touré (Sénégal) et de même que les anciens ministres des Affaires étrangères Hubert Védrine (France), Ana Palacio (Espagne) et

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Paulo Portas (Portugal), ainsi que l’ancien ministre de l’Education Silas Lwakabam-ba (Rwanda)…La focalisation de ce forum annuel, lancé en 2012, sur les préoccupations du sud est une saine orientation, eu égard aux objectifs à l’origine même de sa genèse : réinventer un modèle de développement tenant compte des spécificités de l’Edu-cation en Afrique et des préoccupations «contingentes », comme le terrorisme. Sur ce dernier point, Jorge Castaneda, ancien ministre des Affaires étrangères du Mexique, Professeur à la New York University, souligne le paradoxe de l’ac-tion des Etats-Unis : «aujourd’hui, la lutte contre le terrorisme est devenue le prisme dominant de l’approche américaine vis-à-vis du continent. Pourtant, la lutte contre le terrorisme ne devrait se concevoir que dans le respect des valeurs communes ». Certes, les « priorités » pour l’Afrique ont été égrainées lors des sessions précédentes mais l’on peine encore à définir les voies et moyens de mise en œuvre d’une stratégie

HiSHam aidi, Institute of African Studies School of International and Public Affairs, Columbia University

MVEMBa P. DIzOLELE, Professeur des Relations internationales à la John Hopskins University, Etats-Unis

BErtrand Bio mama, économiste statisticien béninois, spécialiste en évaluation d’impact, Emerging leader 2017, OCP Policy Center

« Les Atlantic Dialogues rassemblent certains des esprits les plus brillants du continent africain. Ce fut un plaisir pour moi, par exemple, d'entendre l'interven-tion de Aminata Touré, ancienne Première ministre du Sénégal. Les conversations ont un énorme potentiel - si nous pouvons amener les jeunes lea-

ders à parler et à se fédérer autour des textes de

W.E.B Du Bois, Achille mbembe et fatima mernissi…, cela géné-rera non seulement de nouveaux discours décoloniaux, mais

aussi de nouvelles solidarités pour relier

le maghreb au reste du continent et à la diaspora

africaine ».

« Les Atlantic Dialogues m’ont impressionné sur deux plans : le profil haut-niveau des participants, qui sont des leaders dans leurs domaines respectifs, venus des quatre coins du monde et représentant quatre vingts nationalités. Ensuite, j’ai été marqué par la teneur des discussions

et débats sur l’Afrique et son futur. C’est

rare de trouver une pareille plate-forme d’échanges et d’analyses francs et intelligibles entre experts africains et

leurs homologues d'ailleurs. Je salue cette

initiative importante et l’engagement du think tank

marocain OCP Policy Center ».

« Personnellement, des discussions, je retiens entre autres trois enseignements majeurs pour l’Afrique : (i) la nécessité de compter sur ses propres forces à travers des partenariats sud-sud intelligents entre pays africains et aussi avec l’Amérique latine; ce qui aiderait à faire face efficacement aux défis de sécurité alimentaire, de sécurité

dans le Sahel, de déficit d’infrastructures, etc.,

(ii) la réforme des systèmes éducatifs

africains pour rester en harmonie avec l’évolution rapide du monde et les emplois

du futur, (iii) la nécessité de tirer

avantage du dividende démographique à travers

des politiques publiques qui favorisent l’autonomisation et

l’emploi des jeunes ».

ils ont dit

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foCUS

d’une APD (Aide publique au développe-ment) de moins en moins volontariste. Le président Trump ne vient-il pas, d’ailleurs, de menacer de couper l’aide américaine à tous les pays qui s’opposent à sa décision de transférer l’ambassade US de Tel-Aviv à Jérusalem ?Une attitude qui donne entière raison aux Atlantic Dialogues qui estiment que l’Afrique n’a plus besoin d’aides « condi-tionnées » mais d’investissements qui lui assurent un partenariat gagnant-gagnant. C’est le seul moyen de se doter d’outils efficaces qui lui permettront d’instaurer une meilleure gouvernance, de combattre la corruption, de réussir son modèle éco-nomique, de former ses jeunes.

Aider l’Afrique à se prendre en chargeC’est dire, comme le soulignera Hubert Védrine, ancien chef de la diplomatie française, que «plus personne aujourd’hui ne peut vraiment se targuer d’avoir le dernier mot, que ce soit en matière de leadership politique ou économique! » «Les politiques étrangères sont deve-nues de plus en plus dépendantes de l’opinion publique», il faut accepter que tout doit faire l’objet de négociations, de concertation pour assurer la stabilité du monde » que « plus personne ne domine d’ailleurs, même pas la Chine, malgré tout ce que l’on peut en dire ! ». Dans ce contexte, les « armes » de l’Afrique se trouvent être les énormes ressources

de prise en charge propre et appropriée. Les propositions qui ont été faites, lors des séances plénières (10 au total) articulées autour de l’économie, l’éducation, la géo-politique, le financement des infrastruc-tures, la sécurité, les interventions mili-taires et les leçons à tirer de ces « solutions finales », constituent une avancée certaine dans le sens de ce que les think thank ini-tiateurs de ce forum (l’OCP Policy Center et Atlantic Dialogues) affichent, depuis 2012, comme ambitions géostratégiques. Il s’agit, entre autres, de repenser les mo-dèles éducatifs dans une perspective de développement adaptée à l’Afrique. Pour Assia Bensalah Alaoui, ambassadeur itiné-rant de du Roi Mohammed VI, «l’Afrique est tellement riche en enseignements an-cestraux basés sur une sagesse séculaire» qu’il devient impératif « d’apprendre de tous ces enseignements et d’essayer de les transposer (au) système éducatif » pour réussir, dans quelques années, à «instaurer un véritable modèle africain d’éducation». Le constat est alarmant : 20% de la popu-lation du continent africain (soit environ 200 millions de personnes) est âgée de 14 à 25 ans ! Le taux d’alphabétisation de cette frange peine à dépasser les 70%, alors que le chômage touche 50% de cette même tranche d’âge ! A travers donc le Forum « Atlantic Dia-logues », l’on prône une remise à niveau, nécessaire mais pas suffisante, des relations Nord-Sud et Sud-Sud. L’Afrique « se li-bère », de plus en plus, de la dépendance

naturelles que renferme son sous-sol ; et notamment, l’excellent potentiel dans le domaine des énergies renouvelables, solaire et hydraulique qui dispose d’un marché considérable avec une croissance de 9% par an, et pas moins de 600 millions d’Africains qui n’ont toujours pas d’ac-cès à l’électricité! Le développement de l’économie mondiale dans son ensemble, la lutte contre le terrorisme et l’immigra-tion, et toutes autres actions de nature à « pacifier » les rapports entre le Nord et le Sud, passent par la capacité de l’Afrique à « développer ses ressources humaines », dira, Chiedu Osakwe, directeur general du Nigerian Office for Trade Negociations. A elle seule, cette thématique résume le sens - et l’essence - de l’édition 2017 des Atlantic Dialogues. Le mot de la fin sera prononcé par Karim El Aynaoui, directeur général de OCP Po-licy Center qui insistera sur la vocation du Maroc à jouer son rôle de précurseur dans ce rapprochement entre les deux rives de l’Atlantique : « pourquoi un dialogue tran-satlantique ? Pourquoi une 6ème édition des Atlantic Dialogues? Tout simplement parce que le Maroc découvre aujourd’hui ce potentiel énorme qu’offre l’Afrique à tous les niveaux. Nous ne sommes pas sûrs de réussir du premier coup à balayer d’un revers de main tous les problèmes qui minent notre continent. Mais en insistant, nous allons certainement parvenir à de belles choses ». w

Par a.D. tanDia

Quelques uns des young leaders 2017 d'OCP Policy Center.

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EntrEtiEn

afrimag : malgré une croissance moyenne non erratique, au-dessus de 5%, frôlant les deux chiffres dans certains pays comme la Cote d'ivoire ou l'Ethiopie, en afrique subsaha-rienne, le taux de chômage ne di-minue pas. Il ne cesse de monter. Comment expliquer ce paradoxe africain ?Khaled igué : La croissance soutenue de 5% n’est parfois pas suffisante pour créer une croissance inclusive pouvant engendrer une amélioration des condi-tions de vie des populations. Cependant la question du chômage en Afrique sub-saharienne a des causes endogènes qui relèvent non seulement de l’histoire ré-cente mais aussi de notre démographie. En effet, après les indépendances, nous avions été obnubilés par notre envie de prouver notre leadership politique et notre capacité à diriger nos pays ; nous avons non seulement oublié de créer des entreprises capables de générer des em-plois mais aussi de mettre en place une société civile forte vecteur de progrès so-cial. Notre démographie quant à elle, n’a cessé de croître avec un taux de près de 10% chaque année, ce qui fait que notre population a presque doublé en 50 ans. Plus encore cette population est extrê-mement jeune puisque la moitié a moins de 35 ans. Enfin, notre système social ne favorise pas assez la valorisation du rôle des femmes dans la création de richesse. Tous ces handicaps doivent maintenant être transformés en potentiels.

lors de cette première journée de atlantic dialogues, nombreuses sont les interventions qui ont mis l'accent sur la nécessité d'investir dans les nouvelles technologies en afrique. Est-ce à dire que le continent peut rattraper son déficit industriel par la révolution numérique.

révolution numérique mais en devienne un acteur. Pour cela, nous devrions faire émerger des start-ups et de grandes entre-prises compétitives à l’échelle internatio-nale capables d’innover et de contribuer à la chaîne de valeur régionale et mondiale.

peut-on déjà parler de pays leaders en afrique dans le domaine du nu-mérique ?Le Kenya s’impose comme un pays in-novant dans le domaine du numérique drainant des capitaux importants de financement des stras-ups. Ceci est dû comme mentionné plus haut à une po-litique volontariste des pouvoirs publics de créer un écosystème favorable aux entreprises mettant en place un cadre règlementaire et institutionnel adéquat avec une politique fiscale intéressante. De plus la société civile et la jeunesse kenyane représentent un vrai facteur de progrès social et d’innovation car vous voyez de-puis une dizaine d’années à Nairobi des incubateurs et des accélérateurs d’entre-prises. Le leadership dans un secteur ne se décrète pas, cela se construit. w

entretien réaliSé Par entretien réaliSé Par aDt

Khaled igué, président du think tank Club 2030 afrique

Le numérique a un avantage, c’est une technologie accessible à tous. Ma généra-tion vit au jour le jour avec l’industrie du numérique. Je pense donc que l’Afrique ne ratera pas la révolution numérique puisqu’elle innove déjà dans les usages. Par contre au-delà des usages, il faudrait que les pays du continent africain tous ensemble définissent une vision, des stra-tégies pour que l’Afrique ne subisse pas la

il faut encourager la création d'entreprises et la consolidation de la société civile en afrique subsaharienne

w Khaled Igué est béninois, fondateur et Président du think tank Club 2030 Afrique. Il a rejoint OCP International comme directeur des Partenariats Publics et Institutionnels après une expérience chez Eurogroup Consulting, un des leaders européens en stratégie et Organisation, et une expérience chez AREVA. Khaled Igué est diplômé d’un master en Affaires Publiques, Potentiel Afrique de Sciences Po Paris, d’un Master en Economie de l’Université de Paris I Panthéon Sorbonne, d’un Diplôme d’Ingénieur en Génie Civil de l’Institut National des Sciences Appliquées de Strasbourg. Khaled Igué est young Leader (2017) de la Fondation Africa France et Emerging Leader (2016) de la German Marshall Fund des Etats Unis.

Bio-expres

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éConomiE & EntrEpriSESéConomiE & EntrEpriSES

Youpwè présente encore sur sa rive de vieilles pirogues. On y trouve certaines qui y ont échoué il y a des lustres.

D’autres fonctionnent encore et sont de très faible capacité. Un peu plus loin de cette rive archaïquement aménagée, à l’extrême gauche, en cet après-midi de décembre 2017, sont perceptibles de vieux bateaux. L’un d’eux est littéralement couché sur le côté. La petite bande d’éperviers qui le survolent est sans cris. Youpwè, par où l’on vend du poisson fumé à Douala

y travaillent. Et des aménagements ont été faits pour que le moment venu, il n’y ait pas de couacs. La voie d’accès pour Youpwè a été aménagée. Ce qui suscite la satisfaction du Minepat. «Vous savez, des difficultés que nous avons souvent dans le cadre de l’exécution des projets, il y a ce que nous appelons leur faible maturation : ce n’est pas seulement sur le plan technique proprement dit, mais aussi sur le fait que, nous avons des partenaires comme le Japon aujourd’hui et d’autres qui nous font confiance et qui nous donnent des ressources.

vit, mais ses battements de cœur sont faibles, inaudibles. Ce que veut changer le ministère de l’Economie, de la planification et de l’aménagement du territoire (Minepat). Il n’est pas seul dans cette ambition, le gouvernement du Japon est là , tout comme les financements qu’il a investis pour la construction d’un débarcadère dans l’arrondissement de Douala 2e.Ce projet, s’il prend corps en 2017, a une longue histoire. Le super maire de la capitale du Cameroun révèle que cela fait une décennie que les autorités

Ces fonds seront injectés à la construction d’un débarcadère à douala au lieu dit Youpwè, où accostent de petites pirogues qui assurent la pêche artisanale.

Infrastructures le Japon offre 7,7 milliards de fCfa au Cameroun

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Mais au niveau de l’exécution, on a des problèmes énormes. Il suffit de voir le psychodrame que nous vivons tout le temps pour l’exécution de l’autoroute Douala/ Yaoundé. Vous avez des ressources, vous ne pouvez pas les utiliser parce qu’il y a des choses qui auraient dû être réglées en amont et ne l’ont pas été. On a pas identifié les ayants droit, quand ils les sont, ils n’ont pas été expropriés, et quand bien même le décret d’expropriation a été signé, il n’y a pas de ressources etc. et nous arrivons souvent à des situations ubuesques. Nous remboursons des ressources sans avoir eu à les utiliser. Je salue donc l’action des grands conseillers de la Communauté urbaine de Douala qui ont facilité l’aménagement de la voie d’accès », se félicite Louis Paul Motazé.

PortéeEvalué à 7 ,7 mi l l iards de FCFA par Kunio Okamura, ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Japon au Cameroun, le chantier devra durer deux ans. Temps qui verra les 6 100 m² réservés à cette infrastructure être occupés et recevoir tous les bâtiments qui devront accueillir en moyenne 135 commerçants. Mais, sur ce projet, confesse le Minepat, les statistiques disponibles pour le moment sont imprécises. Toutefois, « j’ai envie de dire que les statistiques les plus claires que nous connaissons, c’est que quand on analyse le déficit de la balance commerciale de notre pays, il y a deux produits qui contribuent fortement, c’est que nous importons encore beaucoup de riz et beaucoup de poissons. Ça signifie qu’en jouant sur ces deux postes, en produisant du riz; production et vente du poisson, nous pourrons améliorer significativement notre balance commerciale. »En réalité, apprend-on, le Cameroun compte sur ses étales 200 mille tonnes de poissons. 95 % de cette quantité est issue de la pêche artisanale et 5 % provient de la pêche industrielle. Du coup, grâce à cette infrastructure, don du gouvernement japonais, « les

KUniooKamUra, Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Japon au Cameroun« Ce projet s’inscrit en droite ligne avec l’engagement du Japon à soutenir la promotion de la diversi-fication économique conformément au plan de mise en œuvre de la convention de Nairobi sur le déve-loppement de l’Afrique. Nous vou-lons contribuer au développement socioéconomique de la république du Cameroun. De manière spéci-fique, ce projet de construction du débarcadère dans la ville de Douala respecte les standards interna-tionaux. Cette infrastructure per-mettra d’accroitre l’efficacité et la rentabilité des bateaux de pêches, chalutiers et autres moyens d’acheminement des produits halieutiques sur la côte du Wouri. Le marché aux poissons de Youpwè jouera un très grand rôle dans l’approvisionnement halieutique au centre de la ville de Douala. C’est également un centre de production du poisson fumé pour les autres marchés du Cameroun. Je suis persuadé que le gouver-nement camerounais, surtout les ministres impliqués dans ce projet à savoir le ministère de l’Economie, de la planification et de l’aménagement du territoire

et le ministère de l’Elevage, des pêches et des industries animales facilitent des actions telles que le développement de la pêche arti-sanale et maritime du Cameroun en travaillant en synergie avec l’Agence japonaise de coopération internationale (JiCA) afin d’obtenir un résultat optimal. »

témoignages

attentes sont multiples sur le plan économique, social et environnemental. Au plan économique, l ’exécution complète de ce projet va multiplier les échanges et amplifier l’activité de pêche et la commercialisation de ses produits.

Autres retombéesCe projet doit également booster l’activité économique autour de la zone d’influence entrainant un flux de capitaux au bénéfice de la communauté et des populations pour un relèvement substantiel de leur revenu et niveau de vie », analyse le Minepat. Qui a jou te que ce t t e in f ra s t ruc ture contribuera à la réduction des gaz

à effet de serre et la limitation de la dégradation de l’écosystème sur le plan environnemental. Le débarcadère facilitera et modernisera les captures de poisson et le transport fluvial entre Doualaet ses îles, notamment Cap Cameroun –d’où émane en réalité le nom Cameroun car c’est là-bas qu’il y a beaucoup de crevettes – tout comme il permettra aux populations de l’île de Manoka de faire des mouvements entre les deux rives. Le maire de Douala annonce la mise en place d’une bâche pouvant transporter 250 personnes. w

Par aloyS onana

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éConomiE & EntrEpriSESéConomiE & EntrEpriSES

IAlors que la conférence des chefs d’Etat devait se pencher sur l’ad-hésion du Maroc à la CEDEAO, le samedi 16 décembre. A trois jours de ce rendez-vous que la diploma-tie marocaine attendait depuis juin

dernier, coup de théâtre. On apprend que le Roi Mohammed VI, le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz et le président tunisien Béji Caïd Essebsi qui y ont été officiellement in-vités n’y assisteront pas. Car l’ordre du jour a changé. En effet, le sommet qui était initialement prévu à Lomé et qui est délocalisé à Abuja a un agenda très chargé compte tenu du contexte régional

de la région ouest-africaine auraient peur de l’arrivée de ce pays d’Afrique du Nord dont l’économie diversifiée et structurée est nettement plus compétitive que celle du marché commun ouest-africain. Quoi qu’il en soit à Abuja, cinq chefs d’Etat ont été désignés par leurs pairs pour étudier les demandes des pays du Maghreb, c’est-à-dire celle d’adhé-sion du Maroc, d’association pour la Mauritanie et de membre observateur pour la Tunisie. Muhammadu Buhari du Nigeria, Alassane Ouattara de Côte d’Ivoire, Nana Akufo Ado du Ghana, Alpha Condé de la Guinée et Faure Gnassingbé du Togo ont donc désormais

en Guinée Bissau, au Togo, la sécurité dans le Sahel et au Nigeria. Du moins, c’est la raison officielle qui est annoncée et qui est relayée par les médias. On évoque également la remise tardive du rapport des experts commis par la Commission de la CEDEAO sur les conséquences et les aspects techniques de la demande d’adhésion du Maroc à cette communauté économique régio-nale. Mais, à côté de cette raison officielle, en coulisses, certains n’hésitent pas à soule-ver des réticences de certains membres qui ne seraient pas très enthousiastes pour accueillir le Maroc. Les chefs d’entreprise

Maroc-Cedeao les chefs d’Etat d’afrique de l’ouest ont-ils reculéalors que l’adhésion du maroc à la CEdEao ne devait être qu’une formalité lors du sommet du 16 décembre à abuja, on se rend compte qu’il pourrait prendre plus de temps. Il y a quelques contraintes techniques à surmonter, mais c’est surtout les craintes des chefs d’entreprise ouest-africains qui risquent de retarder la décision finale.

Sommet des chefs d’Etat de la CEDEAO du 16 décembre à Abuja.

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en charge le dossier marocain. Dès lors, il s’agira d’une décision éminemment politique. Et si, au début, le dossier ne faisait presque pas réagir, au fur et à me-sure que l’échéance du 16 décembre s’est approchée, on a entendu des réactions de crainte de la part de certains chefs d’entreprise voire de patronats. Certains experts ne se sont pas privés de soulever des problèmes techniques. Mais, qu’il s’agisse d’industriels, d’agriculteurs ou d’experts, on sent que peu de personnes maîtrisent le dossier. Jeudi 21 décembre, El Hadji Abdou Sakho, ancien Commissaire aux poli-tiques économiques au sein de l'Union économique et monétaire ouest-africaine, a publié une tribune dans le journal séné-galais Le Quotidien, pour participer à ce débat que le sommet d'Abuja a manqué de clore, cinq jours auparavant, du fait du retard du rapport d'experts. Il parle de difficultés techniques dans la candi-dature du Maroc, mais qui, au fond, n'en sont pas. Il suggère que l'adhésion du Maroc se fasse de manière graduelle, ce qu'il appelle "démarche par petits pas". "Une démarche par petits pas est plus efficace pour un aboutissement rapide de la requête marocaine (d'adhésion à la CEDEAO/Ndlr), car plusieurs autres obstacles à une intégration effective du Maroc se dressent", relève El Hadj Ab-dou Sakho. Selon lui, le projet d’adhésion du Ma-roc à la CEDEAO suscite enthousiasme (parfois feint) auprès de beaucoup d’Etats francophones et indifférence, tiédeur ou réserve auprès de certains Etats anglo-phones, observe-t-il, notant que la dé-marche marocaine offre à la CEDEAO une opportunité historique pour enfin s’attaquer à la question sécuritaire dans la zone.

Contradictions Mais, très vite cet expert se montre contradictoire, et ses propres contradic-tions l'amènent à la conclusion erronée qu'à court et moyen termes, l'adhésion du Maroc n'est pas techniquement envi-sageable. Selon lui, "l’appartenance d’un pays au marché commun de la CEDEAO n’est pas compatible avec sa participation

se pose donc de savoir pourquoi le Ma-roc prendrait part à des négociations qui ont déjà eu lieu et qui, dans les relations entre les pays de la CEDEAO et l'Europe, aboutissent à un schéma similaire à son association avec l’UE.Tout au plus, le Maroc devra renégocier avec l'Union européenne son accord d'as-sociation pour éviter "des effets distorsifs" par rapport au tarif extérieur commun. D'ailleurs, cela est clairement dit dans le rapport d'experts commandité par la Commission de la CEDEAO. "Une renégociation de l'accord d'association entre le Maroc et l'Union européenne semble plausible pour tenir compte de la situation particulière du Maroc au sein de la CEDEAO, dans la perspective de l’introduction progressive de cet accord dans l'APE".

Les accords de libre-échange du maroc réglés par le Traité de la CEDEAO

Ainsi les seuls problèmes techniques sur lesquels les cinq chefs d’Etat pourraient se pencher portent sur les nombreux accords de libre-échange signé par le Maroc, d’après le rapport rendu en novembre dernier par les experts qui étaient mandatés par la Commission de la CEDEAO. D’après ce dernier les "multiples autres régimes préférentiels du Maroc pour-raient avoir sur le Tarif extérieur com-mun (TEC) de la CEDEAO des effets distorsifs s'ils étaient conservés tels quels, à l’image des APE d'étape signés par la Côte d'Ivoire et le Ghana. Le Conseil de la CEDEAO devrait donc prendre une décision pour lever cet obstacle". Or, à ce niveau, l'article 39 du Traité de la CEDEAO a déjà réglé cette question de détournement des flux commerciaux que beaucoup d'experts autoproclamés soulèvent. En effet, il précise que "le commerce est déséquilibré lorsque les importations par un Etat membre d'un produit particulier en provenance d'un autre Etat membre augmentent" à cause de faibles droits de douane et que ledit produit menace l'industrie du pays im-portateur.Evidemment, les pays de la CEDEAO

à une autre zone de libre-échange".Pourtant, il suggère à la CEDEAO d'in-tégrer le Maroc indirectement dans ce même marché commun en signant un simple "accord commercial de libre-échange CEDEAO-Maroc ou, mieux, un accord commercial CEDEAO-UMA (Union du Maghreb arabe) qui serait progressivement élargi à la Communauté économique des Etats de l’Afrique cen-trale (CEEAC)". Sur le plan purement commercial, quelle différence y a-t-il entre être lié par un accord de libre-échange et faire partie du marché com-mun? Dans les deux cas, les échanges entre partenaires se font sans droits de douane, en tenant compte bien sûr des règles d'origine. C'est-à-dire qu'un pro-duit importé par le Maroc n'est pas ré-ex-portable, en l'état, sans un minimum de transformation vers le marché commun ouest-africain.

L'APE UE-CEDEAO identique à l'Accord d'association maroc-UE

A côté de cette contradiction, il affirme que pour être admis comme membre de la CEDEAO, "le Maroc devra rejoindre les négociations pour la signature d’un APE (Accord de partenariat économique) CEDEAO-UE et dénoncer tous les ac-cords qui le lient à l’Union du Maghreb arabe, à l’Union européenne et à d’autres pays et organisations tiers". Pour être membre de la CEDEAO, le Maroc, qui est déjà liée à l'Union européenne par un accord d'association signé en 1996 et mis en œuvre depuis 2000, devrait-il rejoindre les négociations pour la si-gnature d'un APE? D’ailleurs, c’est en 2002 que l’Union européenne a enga-gé des négociations avec les pays de la CEDEAO et la Mauritanie et en 2014 déjà, un accord a été trouvé entre ces 16 pays d’Afrique de l’Ouest et l’Union européenne concernant cet Accord de partenariat économique. A ce jour, les APE CEDEAO-UE, qui sont à l'image de l'accord d'Association Maroc-UE, ont déjà été signés par la quasi-totalité des Etats de la CEDEAO. Seuls le Nigeria et la Gambie n'ont pas encore franchi le pas. Alors, la question

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ne devront pas attendre que l'industrie d'un pays donné soit menacée par les accords signés par le Maroc avant de saisir le Conseil pour qu'il statue. C'est en amont qu'une décision devra être prise, non pas en exigeant que le Maroc rompe ses accords déjà signés, mais en exigeant que les produits qu'il exporte vers les pays du marché commun soit exempts de ma-tières et sous-produits ayant bénéficié des accords de libre-échange.

Les experts de la CEDEAO disent le contraire Un autre point que soulève l’ancien haut responsable de l’UEMOA est le processus d'adhésion qui demanderait une révision du traité et sa ratification par les différents parlements de chaque pays de la CEDEAO. Aurait-il mal lu le rapport des experts de la CEDEAO, qui dit clairement qu'il est "inutile de réviser le Traité", car "un consensus est atteint au niveau de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement des États membres de la CEDEAO et un projet d’Acte additionnel relatif à l’adhésion du Royaume du Maroc à la CEDEAO est élaboré" ? En somme, l’adhésion du Maroc à la CEDEAO se fera de manière similaire à ce qui a été fait avec l’Union africaine. Le Maroc a retrouvé sa place au sein de l’organisation continentale sans qu’aucun parlement n’ait eu à se prononcer sur son admission.

Hypothèse improbable d'une adhésion de la rASD à la CEDEAO

Enfin, cet expert va jusqu’à évoquer la question du Sahara. "La RASD est membre de l’Union africaine (UA). La même UA a reconnu la CEDEAO comme la seule organisation d’intégra-tion en Afrique occidentale. Le Maroc adhérera-t-il à la CEDEAO dans ses frontières reconnues par l’UA ou avec la RASD?", s’interroge-t-il. Il est vrai que, pour des raisons politiques et diploma-tiques, dans les relations entre le Maroc et tous ses partenaires, y compris l’Union européenne, les Etats-Unis ou la CE-DEAO, la question du Sahara marocain

organisations de chefs d'entreprises inter-locutrices du gouvernement sénégalais, qui aurait exprimé des craintes avant le sommet d'Abuja du 16 décembre dernier. Xalimanews a rappelé également que le 27 octobre dernier, le nouveau Comité d’initiative pour le suivi de l’intégration (CISI), qui regroupe organisations pa-tronales et professionnelles, syndicats de travailleurs, ainsi que des éléments de la société civile sénégalaise, avait organisé une conférence pour avertir des "consé-quences" d’une adhésion du Maroc à la CEDEAO. Ce CISI, qui compte comme seul fait d'arme cette sortie sur la candidature du Maroc à la CEDEAO, parlait en effet de "relations déséquilibrées”. Son président, Kane Diallo, disait craindre de voir le Maroc “étouffer” l’économie des pays de la zone en “détruisant des pans entiers” du secteur productif.“L’agriculture au sens large, l’industrie, l’artisanat, le commerce, les services ain-si que les bâtiments et travaux publics” devraient être les secteurs les plus impac-tés selon Kane Diallo. Pour sa part, le directeur exécutif de la Confédération nationale des employeurs du Sénégal était allé dans le même sens, en déclarant que “le Maroc, avec la compétitivité de ses marchandises qui n’est pas comparable à celle des pays de la CEDEAO, viendra inonder le marché sénégalais avec ses pro-duits et aucun secteur ne sera épargné”. Cependant, selon Xalimanews, "l’arrivée du Maroc pourrait nous faire bénéficier de son expertise et renforcer la compéti-tivité. A notre humble avis, nous risquons plus en signant les APE (Accords de par-tenariat économique) que d’intégrer le Maroc dans l’espace CEDEAO". Et de conclure que "le secteur privé sénégalais et africain devrait plutôt mettre en garde les gouvernants qui ont l’intention de signer les APE". w

Par mar baSSine nDiaye

est souvent soulevée. Mais, concernant la CEDEAO, a-t-on déjà entendu le Nige-ria, unique des quinze à reconnaître la RASD, se plaindre de ses relations bila-térales avec le Maroc, sous prétexte que l’Union africaine définit comme frontière telle ou telle partie du Maroc?Comme si cela ne suffisait pas, Sakho va jusqu’à formuler l’hypothèse impro-bable d’une adhésion de la RASD à la CEDEAO. "Si la RASD intégrait la CE-DEAO, à quelque titre que ce soit, le Conseil de médiation et de sécurité (sorte de Conseil de sécurité de la CEDEAO) serait juridiquement compétent pour se saisir du conflit au Sahara occidental qui oppose deux Etats membres de l’UA", ose-t-il écrire, sans noter que c’est une éventualité qui ne se produira jamais, puisque aucun des 14 autres pays ne veut entendre parler de cette entité. Tout cela, montre que certains prennent la parole dans le simple but de participer au débat sur l’adhésion du Maroc à la CEDEAO. Ces derniers auraient pu le faire, quelques mois plus tôt et auraient peut-être dû poser d’autres questions plus pertinentes, plus réalistes.

Craindre l'APE avec l'Union européenne et non le maroc En réalité, la vraie question est de sa-voir si l’APE signé entre la CEDEAO et l’Union européenne présente moins de risque qu’une adhésion de la CEDEAO. Et justement, c’est la question que pose un site internet sénégalais. Alors qu'on prête au patronat sénégalais d'avoir fait pression sur Macky Sall pour l'amener à reculer concernant l'adhésion du Maroc à la CEDEAO, la presse appelle les chefs d'Etat à ne pas se tromper de menace. L'adhésion du Maroc ne saurait être un risque plus grand pour les économies ouest-africaines que les Accords de par-tenariat économique (APE) liant les pays africains et l'Union européenne. Le site "Xalimanews" invite, en même temps, le secteur privé sénégalais à y réfléchir à deux fois avant de s'opposer à cette adhésion. Il fait ainsi un clin d'œil au Conseil na-tional du patronat (CNP), l'une des trois

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Cyber sécurité le Cameroun enregistre 12 800 cyber-attaquesde 2013 à 2017, les hackers ont pu extorquer des sommes d’argent importantes via Facebook et autres objets connectés.

Pour sécuriser son cyberespace entre 2013-2017, le Cameroun a injecté 14 milliards de FCFA, environ 22 millions d’euros.

« Internet permet de communiquer avec potentiellement tout le monde et donc n'importe qui. Il est difficile, voire impossible, de vérifier qui se cache derrière un écran ou une identité virtuelle. Les esprits malveillants utilisent la toile et les réseaux sociaux à des fins de propagande, d'escroquerie ou de terrorisme », déclare Minette Libom Li Likeng, ministre des Postes et télécommunications du Cameroun. Les travaux qu’elle a tenus à Yaoundé au début du mois de décembre 2017 visaient à passer en revue le chemin parcouru et trouver des stratégies efficaces adaptées à l’évolution de la menace des cyberattaques. Pour ce faire, apprend-on, les pouvoirs publics ont mis durant la période sus-évoquée une enveloppe « importante » à la disposition de l'Agence nationale des technologies de l’information et de la communication (ANTIC) afin de financer la réalisation des travaux et à l'achat d'équipements divers, dans le cadre d'un programme de sécurisation du cyberespace camerounais. A en croire l 'ANTIC, une variété d'activités de cybercriminalité est répandue actuellement dans le pays. L'agence liste le ''scamming'' (escroquerie financière sur Internet), le ''skimming'' (fraude à la carte bancaire), la fraude à la Simbox (boîtier électronique utilisé pour se faire facturer le trafic téléphonique international aux prix du tarif national), le ''Web defacement'' (modifications non autorisées de la page d'accueil d'un site web), ou encore le ''spoofing'' (usurpation d'identité), entre autres

conférence à Yaoundé, en août 2017.Des données chiffrées qui inquiètent. Ce d’autant plus que, souffle-t-on, les banques locales sont fréquemment victimes de cyberattaques et préfèrent ne faire aucun bruit sur cette triste réalité. Des textes officiels existent pour punir les contrevenants. « Sur le plan réglementaire, on peut citer l'adoption de trois lois importantes visant à réglementer, à c o n t r ô l e r e t à

sanctionner les dérives liées à l'usage du cyberespace national. Il s'agit de la loi n° 2010/012 régissant la cyber-sécurité et la cybercriminalité, la loi n°2010/013 régissant les communications électroniques et la loi n° 2010/021 régissant le commerce électronique, ainsi que de leurs textes d'application », précise la patronne des Postes et télécommunications. D’autres moyens existent. « L'ANTIC dispose en son sein d'un Centre d'alerte et de réponse aux incidents cybernétiques (CIRT), dont la mission est d'assurer la veille sécuritaire sur le cyberespace national en collaboration avec d'autres Etats. »Malgré cet arsenal de textes, certains Camerouna i s exce l l en t dans l a cybercriminalité. Ainsi en mars 2017, le FBI est arrivé à Yaoundé rechercher 602 Camerounais qui avaient réussi à extorquer un peu plus de 4 milliards de FCFA à 2700 Américains via Facebook. w

Par aloyS onana

stratégies développées par les hackers. Par ailleurs, l'ANTIC martèle que le Cameroun dans son ensemble a perdu ces dernières années près de 4 milliards FCFA via le scamming, les structures étatiques camerounaises ont perdu environ 3,7 milliards de FCFA à cause du skimming. En ce qui concerne l'usurpation de profiles Facebook et le cyber chantage, c'est plus de 200 cas qui ont été enregistrés en 2017. Libom Likeng a annoncé que 51% du volume de trafic internet national est lié aux téléchargements illicites. « Dans le cadre des cyberguerres vécues de nos jours, des Etats attaquent les systèmes d'information d'autres Etats dans le but de les paralyser. Le piratage des moyens de télécommunication, des infrastructures sensibles comme les aéroports, les gares et les métros, est devenu monnaie courante. Le cyber terrorisme est une menace réelle. Depuis 2013, le Cameroun a connu 12 800 cyberattaques », avait déjà indiqué la ministre de tutelle face aux gouverneurs des dix régions du pays, au cours d'une

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Côte d'ivoire alliances livre 4000 nouveaux logementsles groupes marocains mettent les bouchées doubles pour livrer les logements qui étaient prévus en Côte d’Ivoire. rien ne s’est déroulé comme prévu dans ce programme du Président alassane Ouattara visant à construire 150.000 logements d’ici 2020. addoha continue de trainer des pieds, là où alliances réussit à surmonter les difficultés.

C’est en fin d’année 2017 que le groupe Alliances a finalement livré 4000 logements de type social et économique aux ménages

ivoiriens. La cérémonie symbolique de remise des clés a précisément eu lieu jeudi 28 décembre à Anyama, dans la périphérie abidjanaise, plus précisément dans un lotissement flambant neuf construit par l'entreprise marocaine.C’est là une nouvelle tranche de logements concernant le programme de logements d’Alassane Ouattara lancé depuis 2012, mais qui n’est exécuté que de manière anecdotique. En effet, très vite après son élection, Ouattara s’est rendu compte d’un important déficit estimé à 400.000 logements, à cause notamment du défi démographique et l’urbanisation galopante. Il s’était donné cinq ans pour la production de dizaines de milliers de logements décents à coût abordable. C’est là qu’interviennent plusieurs acteurs notamment marocains qui signent des contrats avec l’Etat ivoirien. D’ailleurs, Alliances s’était engagé à construire 50.000 logements, mais à ce jour il n’en a livré que 5.000 depuis 2012. Mais très vite, les entreprises sélectionnées vont se rendre compte que la tâche est loin d’être facile, à cause de facteurs liés à l’environnement du BTP ivoirien, mais également à leurs propres difficultés financières dans leur marché domestique. En effet, manque de chance : c’est à partir de 2013 que les groupes marocains qui s’activent dans la promotion immobilière ont connu d’énormes difficultés financières.Ainsi en 2015, Addoha, le leader du secteur, a été obligé de concevoir et mettre en œuvre un plan strict justement baptisé Génération-

manque de connaissance du terrain. Tout est plus difficile comparé au Maroc. Ils n’avaient pas prévu ces freins. Sur une radio internationale, Claude Isaac Dé, le ministre ivoirien de la Construction, reconnaît que les premières années n'ont pas été faciles. « Il y a eu des difficultés car il a fallu tirer l'électricité et l'eau potable sur des kilomètres sur certains sites, explique-t-il. Et en tant qu'Etat, on n’a pas su, pour certains opérateurs, les accompagner suffisamment. L'Etat a un rôle dans la délivrance des titres de propriété, la rédaction de cahier des charges. Mais aussi l'encadrement des chantiers ».Ce lot livré par Alliances est donc une prouesse en soit, au grand bonheur des familles bénéficiaires du programme Ouattara. Un bonheur qui coûte pratiquement la même chose que des logements identiques dans la même ville, cependant tous reconnaissent qu’ils bénéficient d’un meilleur aménagement du cadre de vie et surtout de la sécurité du foncier.Ainsi, les familles ont déboursé entre 12 et 23 millions de FCFA, soit 18.000 à 35.000 euros, selon qu’on choisit du logement social ou de l’économique. Néanmoins, ici au moins, elles sont sûres d’être les propriétaires avec leurs titres fonciers. Ce qui est loin d’être anodin, à Abidjan ou dans plusieurs autres villes d’Afrique subsaharienne. En effet, il arrive souvent qu’un terrain non titré fasse l’objet de multiples transactions et qu’un propriétaire se retrouve en face de deux ou trois autres qui réclament des droits sur le même bien immobilier. w

Par mbn

Cash consistant à générer plus de liquidités et à en rationaliser l’utilisation pour sortir du pétrin. Pour sa part, Alliances également a mis en place un plan similaire après avoir vu quelques-unes de ses filiales connaître d’énormes difficultés financières quand elles ne sont pas parties en faillite. EMT, le groupe d’entreprises qui comprend aussi EMT Routes et EMT Bâtiment, est particulièrement touché en 2015. Les créanciers lui mettent la pression, le tribunal s’en mêle et un médiateur est désigné en la personne d’Abderrahim Lahjouji, l’ancien président de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), le patronat marocain.Pour s’en sortir, il n’y a qu’une seule solution pour ces groupes : réduire rapidement leur voilure en cédant toutes les participations dont ils n’ont pas réellement besoin ou en se séparant d’une bonne partie de leur réserve foncière. Ainsi Alliances vendra ses participations dans Aluminium du Maroc et surtout dans le gigantesque projet Sindibad. Il n’est plus question d’aller vite dans le projet Luxus, énorme zone balnéaire située aux environs de la ville de Larache sur l’Atlantique nord marocaine. Pour sa part, le groupe Addoha revoit ses prix à la baisse, notamment dans des villes comme Marrakech et Tanger afin de générer suffisamment de cash. Là aussi, ça marche.En plus de leurs contraintes financières, il faut dire que la Côte d’Ivoire n’est pas le Maroc. Les groupes qui s’y sont engagés accumulent les problèmes qui vont de la logistique et aux lenteurs administratives, en passant par l’absence d’entreprises de BTP locales capables de répondre aux exigences de projets gigantesques et le

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Le conseil d’administration du Fonds monétaire international souligne, dans le communiqué annonçant

cette mesure d’urgence que cet accord triennal avec la Mauritanie au titre de la Facilité élargie de crédit (FEC) survient à un moment où l’économie du pays a été mise à mal par la chute des cours du fer depuis 2014. Malgré la dégradation de ses comptes, le pays a bien réagi, se-lon les experts du Fonds, « en réduisant les dépenses, en laissant glisser prudem-ment le cours de l’ouguiya et en faisant mieux rentrer l’impôt. » Reste que le déficit budgétaire s’est creusé, obligeant Nouakchott à solliciter les fonds arabes et l’aide bilatérale des Emirats arabes unis et de l’Arabie saoudite, notamment dans des projets de production d’énergie et d’aménagements agricoles. Le gonflement

le FMI, qui précise que le programme triennal « impliquera la poursuite d’un assainissement progressif des finances publiques afin de renforcer la viabilité de la dette ».L’aide du Fonds arrive à un moment où le pays entame de grands pro-jets économiques (lignes électriques entre Nouakchott-Nouadhibou, et Nouakchott-Zouerate, projets de ports, etc.) sans être sûr de pouvoir compter sur ses recettes provenant du fer dont la reprise n’est pas assurée. Le Fonds prévoit même que les prix de ce minerai glisseront de 71,7 dollars la tonne en 2016 à 54,6 dollars en 2020, alors que l’exploitation du gaz découvert sur la frontière maritime avec le Sénégal n’est prévue qu’en 2021. w

Par m.o.S

de la dette extérieure, qui a atteint 72,9% du produit intérieur brut (PIB) à la fin de 2017, sans tenir compte d’une vieille dette koweitienne, menace la stabilité de l’économie mauritanienne. Pour revenir à un taux de 71,7% en 2020, la rigueur budgétaire devra se poursuivre, selon

la mauritanie passe un accord avec le fmi pour réduire sa dettele fmi a accordé, le 6 décembre dernier, un prêt de 162,8 millions de dollars, dont 23,4 millions immédiatement décaissés, pour aider la mauritanie à maîtriser sa dette ayant atteint près de 5 milliards de dollars US.

éConomiE & EntrEpriSESéConomiE & EntrEpriSES

Au conseil des ministres du 21 décembre 2017, trois des dix permis d’exploration attribués par le gouvernement mauritanien sont tombés dans l’escarcelle de l’américaine Exxon Mobil.C’est à travers Exxon Mobil Exploration and Production Mau-ritania Deepwater Ltd., sa filiale à 100%, que le major américain a signé des contrats de partage de production avec le gouvernement pour trois blocs en eau profonde au large de la Mauritanie.«Ces blocs renforcent la position de leader mondial d’Exxon Mobil eu égard à ses superficies d’exploration par grands fonds», explique Steve Greenlee, pré-sident d’Exxon Mobil Exploration

Company. «Nous remercions le gouvernement mauritanien de nous donner l’opportunité d’éva-luer le potentiel de ces blocs en utilisant notre expérience et une technologie de pointe». Les blocs C22, C17 et C14 sont situés à environ 200 kilomètres, ou 124 mille au large de la Mauritanie. Leur superficie com-binée s’élève à près de 34 000 km2 dans une profondeur d’eau variant de 1 000 mètres à 3 500 mètres, ou de 3 300 pieds à 11 500 pieds.Après l’approbation des contrats par le gouvernement, Exxon Mo-bil peut maintenant entreprendre des activités d’exploration, notamment l’acquisition et l’ana-

lyse de données sismiques. Exxon Mobil exécutera le programme de travaux en qualité d’opérateur, avec une participation de 90%. La Société mauritanienne des hydrocarbures et du patrimoine minier détient une participation de 10%. Exxon Mobil est la plus importante société pétrolière et gazière internationale cotée en bourse (416 milliards de dollars). Elle détient le portefeuille de ressources le plus substantiel de l’industrie (avec un chiffre d'affaires de 257 milliards de dollars en 2015, pour un bénéfice de 16,2 milliards), et se place au premier rang pour le raffinage et le marketing des produits pétro-liers. w

EXXON Mobil arrive en Mauritanie

Yahya Ould Hademine, Premier ministre mauritanien.

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Qu’est-ce qui fait courir l’Emir du Qatar sous le chaud soleil du Saheldu 21 au 23 décembre 2017, l’Emir du Qatar s’est rendu dans cinq pays francophone d’afrique de l’Ouest en plus du Ghana. Cette tournée au pas de course intervient moins de dix jours après l’annonce par riyad d’un soutien de 100 millions de dollars à la force du G5 Sahel. La rivalité des al Saoud et de leurs voisins est l'une des principales motivations de ce déplacement.

Dans la deuxième moitié de d é c e m b r e , A h m e d B e n Khalifa Al Thani, l’émir du Qatar a mené une tournée à

pas de charge dans six pays d’Afrique de l’Ouest. Ayant débuté sa tournée à Dakar, il s’est ensuite rendu à Bamako, Conakry et Ouagadougou, avant d’aller sur Abidjan et Accra. En trois jours, l’émir qatari a donc fait le tour de ses "amis" ouest-africains, signant avec eux plusieurs accords de coopération. Par exemple, au Sénégal, l’accent est mis sur le sport si cher au Qatar qui est l’un des principaux partenaires du football africain et mondial à travers les juteux droits de télé qui sont versés à la FIFA et à la CAF via la chaîne Bein Sport. En Guinée, sept accords ont été signés dans les domaines des investissements, de la culture, des sports et des transports. Les deux pays ont aussi signé un protocole d’accord de coopération dans le domaine de la jeunesse et un mémorandum d’entente dans le domaine de la sécurité alimentaire.

par ses voisins, notamment l’Arabie Saoudite, Bahreïn et les Emirats arabes unis. Au moment de la crise, plusieurs pays africains ont montré un certain soutien à l’Arabie saoudite. C’est parce que le Royaume des Al Saoud s’investit davantage que tous les autres pays du Golfe dans l’accompagnement des pays africains. L’Arabie saoudite possède des ambassades presque dans tous les pays, alors que le Qatar est absent en termes de représentation diplomatique.Mais ce qui a surtout décidé l’émir du Qatar à se rendre dans les six pays ouest-africains, c’est surtout l’enveloppe de 100 millions de dollars que l’Arabie Saoudite a promise à la force du G5 Sahel, lors du mini-sommet des donateurs à Paris. De plus, Riyad a annoncé l’organisation d’un autre sommet dès janvier 2018 destiné à collecter les 100 autres millions de dollars qui manquent dans les 430 millions d’euros nécessaires au fonctionnement de la force. Dans la foulée, l’Arabie Saoudite a promis d’être plus active avec les pays du Sahel dans la lutte contre le terrorisme. Tout ceci marginalise un peu plus le Qatar qui se voit obligé d’agir. w

Par mar baSSine nDiaye

Au Mali, il a également procédé à la signature d’une convention dans le domaine de l’éducation portant sur 40 millions de dollars pour le cofinancement avec la BID du projet "Remettre les enfants à l’Ecole". Chez Alassane Ouattara, c’est surtout dans le domaine de l’énergie que le partenariat s’est intensifié. Le Qatar voulant surenchérir dans l'énergie, l'émir a profité de son étape ivoirienne, le 23 décembre, pour relancer le projet d'approvisionnement du pays en gaz naturel liquéfié (GNL), dont le Qatar est l'un des premiers producteurs au monde. Un premier MoU avait été signé à Doha, en mai 2013, par le ministre ivoirien du pétrole de l'époque, Adama Toungara, avec Qatargas et Qatar Petroleum. Ces compagnies s'étaient engagées à investir plus d'1 milliard US dans plusieurs projets dont la fourniture de GNL pour les centrales thermiques du pays. En réalité, les pays africains à la recherche de partenaires capables de les accompagner dans leur développement sont conscients de l’intérêt de la coopération avec le Qatar. Cependant, pour le petit, mais richissime Etat du Golfe, il s’agit surtout de tisser des relations solides après sa marginalisation

L'Émir du Qatar, Tamim ben Hamad Al-Thani.

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EClairagE

ma perception d’un atelier sur «le degré de satisfaction des utilisateurs des données budgétaires et financières».

la «sécurité» des chiffres

une réponse qui ne viendrait peut-être jamais ! L’article en question ne pourra alors être écrit, sauf si l’on se résout à recourir à la phraséologie de celui qui ne sait pas : « selon une source généralement bien informée », un « expert a indiqué »…Car aucun directeur ou responsable à quelque échelon où il se trouve, ne peut divulguer ce qu’on appelle abusivement le « secret professionnel ». Cela se comprend au temps où tout baignait dans l’opacité la plus complète, pas en ces «temps mo-dernes» où le gouvernement prétend (?) mener une guerre sans merci contre la corruption.Ceci dit, l’un des bons points de cet ate-lier, c’est d’avoir réuni un « bon choix » d’experts du secteur public et de la société civile : un ancien gouvernement de la Banque centrale de Mauritanie (BCM), actuellement directeur général de l’Auto-rité de Régulation des Marchés publics, un ancien directeur général du Budget

V enir à un atelier avec l’es-poir de sortir, enfin, du "flou artistique" qu’en-tretiennent, très souvent, et paradoxalement, la "sécurité" des chiffres et

l’assurance de ceux qui les manipulent à longueur de journée. Ressortir, au bout de quelques heures, avec de nouvelles interrogations. Non pas sur les ques-tions auxquelles, il faut le reconnaître, les experts conviés par le l’Observatoire mauritanien de lutte contre la corruption (OMLCC) et le Projet de gouvernance du secteur public (PGSP) ont répondu (avec l’assurance de celui qui connait) mais sur les dysfonctionnements d’une administration qui ne manque pourtant pas de ressources humaines capables de la sortir d’une situation aussi déplorable que celle d’avant 2005. En matière d’accès à l’information économique et financière.Le thème de l’atelier était, à lui seul, tout un programme : « Degré de satisfaction des utilisateurs des données budgétaires et financières. » La première chose qui m’est venue à l’es-prit, avec mes prétentions de "journaliste" économique, est qu’on ne peut être "satis-fait" de données qu’on n’a pas, ou très peu ! Me vient alors à l’esprit cette quête du Graal (pardon, de l’information), pour les besoins d’un article, qui m’avait conduit dans le bureau d’un directeur du ministère de l’Économie. La dérobade était connue : « il faut écrire au ministre ». Et attendre

devenu fonctionnaire de la Banque mondiale, des directeurs au ministère de l’Économie et des finances, des prési-dents d’Organisations de la société civile intéressés par les questions de bonne gou-vernance...Et j’en passe.La question qui s’est posée d’abord est : À qui s’adresse-t-on, quand on évoque «les données budgétaires et financières»? Entre initiés, l’approche doit être andra-gogique, précise Mohamed Abdallahi Billil, président de l’OMLCC, et « maitre de cérémonie » dudit atelier. Pédago-gique, plutôt, rétorque un participant qui, comme moi, était venu apprendre d’abord avant de vouloir transmettre, vulgariser des concepts qu’il faut mani-puler avec prudence. Savoir ce que sont les « données budgétaires » (recettes et dé-penses, en termes simples), les distinguer des « données financières » (quelqu’un précisera que les données budgétaires sont des données « en amont », prévisionnelles,

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la partie recettes sera une première en Afrique. Mais « boost » a aussi ses limites. Ce sont des informations « intégrales » sur les allocations (départements, chapitres, etc) mais pas sur leurs utilisations, ce qui ne permet pas à l’utilisateur de base de pro-céder à une analyse pertinente sur ce que la société civile appelle « budget citoyen ». Par exemple, détecter les « mauvais usages » en suivant la traçabilité des dé-caissements. Le cloisonnement mis en cause par plusieurs intervenants dans cet atelier d’importance existe même entre administrations d’un même département ! Des courriers peuvent rester sans réponses durant des mois, ce qui a nécessité la mise en œuvre, dira le directeur général des Réformes, d’un Projet d’open data qui permettrait désormais l’accès rapide et sûr à l’information. Reste que ces avan-cées, existantes ou en cours, ne se font pas sans heurts, comme le soulignera le représentant de l’Office national de la Statistique (ONS) qui énumèrera les pro-blèmes rencontrés par cet établissement au premier rang des producteurs de l’in-

alors que les « données financières » sont en aval).

Etat des lieuxUn constat partagé par tous les partici-pants : Les autorités tendent, de plus en plus, à « offrir » ces informations mais de façon parcellaire. La meilleure ex-périence en la matière, dira Elhadrami Ould Oubeid, ancien directeur général du Budget, est celle de l’information online que présente, depuis 2009, le portail www.boost.budget.mr. Une présentation du budget de l’Etat, en termes de dépenses. Mais une exécution des LFI et LFR), sans toutefois des données relatives aux financements extérieurs, n’est-elle pas finalement qu’une manière de ne pas être transparent, en «submergeant» l’utilisa-teur d’informations « à compléter » ? Ce site d’utilité public (et qui doit être d’un précieux apport pour les utilisateurs) est cependant peu connu. Pour une raison de communication ? Cette expertise mauritanienne est pour-tant « exportée » aujourd’hui dans des pays africains et, le travail en cours sur

formation économique et financière mais aussi grand consommateur de données : accès limité à l’information, niveau désa-grégé insuffisant, non respect des normes internationales. Le président de l’Autorité de Régulation des Marchés Publics relèvera « quelques problèmes avec les données budgétaires» mais annoncera une grande réforme, «dès le début de l’année 2018», avec la mise en place de Plans de passation des marchés publics et le fait que « toutes les dépenses s’exécuteront désormais sous formes de marchés publics ». On peut donc dire qu’en termes de gouvernance, d’indices, ce n’est pas la disponibilité de l’information qui fait dé-faut mais bien la réglementation ou son application (quand elle existe). L’hyper centralisation est LE problème que l’ad-ministration mauritanienne doit régler au plus vite pour que le droit à l’information devienne une réalité dans un système qui se dit « démocratique ». w

Par Sneiba mohameD

AFRIMAG

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MADRID – C’est devenu un cliché : tous les ans au mois de décembre, l’année à venir s’annonce cruciale pour l’Union européenne. À chaque bilan hivernal,

on constate que l’Europe a connu 12 mois agités, marqués par des événements auxquels elle n’était pas préparée, qu’elle élabore une réponse improvisée, et qu’elle s’engage à résoudre des problématiques structurelles profondes. Puis arrive l’année suivante, dont les événements submergent à nouveau l’Eu-rope, qui se retrouve à nouveau piégée dans une attitude de réaction à court terme face aux crises. L’année 2018 fera-t-elle exception à cette tendance ?Réponse courte, c’est possible. À l’issue de presque dix ans de difficultés incessantes – désastre financier, invasion de l’Ukraine puis annexion de la Crimée par la Russie, crise migratoire, vote du Brexit, puis élection d’un président américain qui remet en question la relation transatlantique – l’Europe approche l’année 2018 dans une position relativement stable.Aucune crise ne menace actuellement les fron-tières de l’Europe, et les perspectives écono-miques apparaissent également stables, malgré une croissance anémique. Plus important encore, les élections observées en 2017 dans les trois plus grandes puissances économiques européennes n’ont pas prolongé la révolte populiste. La France est aujourd’hui présidée par un Emmanuel Macron pro-européen, une grande coalition pro-européenne émerge en Allemagne, tandis que le gouvernement britan-nique, bien que profondément divisé, a trouvé un terrain d’entente avec ses partenaires euro-

péens autour d’un projet de divorce qui servira de base à la poursuite des négociations. L’Italie est le seul pays majeur de l’UE dans lequel une élection aura lieu en 2018.L’Europe bénéficie actuellement d’une for-midable opportunité de faire primer l’élabo-ration des politiques sur les considérations politiciennes, et de promouvoir les réformes dont elle a besoin pour poser les fondations d’un avenir plus prospère, plus sûr et plus dynamique. Il n’y a pas de temps à perdre : l’année 2019 s’annonce d’ores et déjà compli-quée, puisqu’elle sera marquée par les élections européennes, la désignation d’une nouvelle Commission européenne, et l’échéance de la conclusion d’un accord sur le Brexit.Ceci laisse 12 mois à l’Europe pour accomplir des avancées dans différents domaines, parmi lesquels la défense commune, le commerce, l’union énergétique, la réforme de Schengen, et l’union bancaire. Mais des efforts concertés seront particulièrement nécessaires dans trois domaines – interne, régional et mondial – au cours de l’année prochaine.Le premier domaine qui exige des avancées n’est autre que la construction d’un marché unique numérique. En 2015, l’UE a lancé sa « stratégie pour un marché unique numérique », avec pour objectif d’amorcer le secteur numérique européen. Depuis, certains progrès ont été réalisés – notamment la très populaire suppression des frais d’itinérance qu’appli-quaient les fournisseurs de téléphonie mobile. Pour autant, la création d’un environnement permettant aux entreprises européennes de se déployer et de rivaliser à l’international, tout en se confrontant aux géants de l’industrie qui s’accaparent ce marché, exigera bien d’autres efforts. Par ailleurs, le mandat du président

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CHroniQUE

2018 : Une année d’opportunité pour

l’Europe

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de la Commission européenne Jean-Claude Juncker prenant fin en 2019, c’est l’année prochaine qu’il faudra agir.Le deuxième domaine concerne la relation entre l’Europe et l’Afrique. La crise migratoire souligne le lien inextricable qui unit l’avenir des deux continents – et l’inefficacité de la po-litique européenne appliquée jusqu’à présent en Afrique. Les précédents abondent s’agissant des promesses formulées – et rompues – par l’Europe quant à une refonte de son approche vis-à-vis de l’Afrique. Bonne nouvelle, plu-sieurs raisons laissent à penser que ce change-ment, en direction d’une relation productive et axée sur les résultats, est enfin imminent. En effet, l’Europe joue désormais sa peau dans cette situation : si elle ne parvient pas à créer des opportunités et à stabiliser la gouver-nance en Afrique, les pressions migratoires se poursuivront, voire s’accentueront. L’intérêt personnel s’est souvent révélé une motivation bien plus puissante que l’altruisme. La réussite exigera que le paternalisme d’hier cesse, au profit d’une coopération équilibrée. L’Afrique et l’Europe doivent travailler ensemble, sur un pied d’égalité, au-delà des solutions de court terme axées sur l’endiguement des flux migra-toires, en adoptant désormais une approche qui en appréhende les causes profondes – dont la plus fondamentale n’est autre qu’une mau-vaise gouvernance. Lors du récent sommet entre l’UE et l’Union africaine, les premiers indices d’une telle approche sont apparus sous la forme d’un plan de stimulation de l’investis-sement privé – plutôt que sous la forme d’une aide – et en grande partie via des garanties apportées. La question est désormais de savoir si l’Europe est enfin prête à honorer ses pro-

messes, en investissant du temps, des efforts et du capital politique dans l’approfondissement de son engagement, et l’accomplissement d’une véritable réforme de la gouvernance.Troisième domaine clé dans lequel l’Europe devra progresser en 2018, il s’agira pour elle de se réapproprier son rôle de leader mondial de la politique climatique. Bien que le rassemblement climatique récemment achevé par Macron ait envoyé un message positif, il a également mis en évidence, notamment dans la communauté des affaires, le désir d’un plus large leadership climatique mondial, à l’heure où les États-Unis fuient les démarches de coopération internatio-nale, notamment sur les questions environne-mentales. L’Europe doit combler le vide laissé par les États-Unis. Seulement voilà, l’accord climatique de Paris (dont l’administration Trump s’est retirée cette année) étant actuelle-ment dans une phase cruciale de détermination des règles, l’Europe doit agir rapidement si elle entend assurer une coopération intelligente et responsable. Plus précisément, et en tenant compte des erreurs qui ont abouti au sommet catastrophique de Copenhague en 2009, l’Eu-rope doit travailler avec humilité à la formation de coalitions diverses.L’année à venir apportera son propre lot d’évé-nements imprévus et motifs de distraction. C’est néanmoins une réalité, 2018 s’annonce comme une année de relatif calme pour l’Europe, of-frant une opportunité rare pour l’UE d’accom-plir des avancées face à des défis plus profonds, et de plus long terme. Il ne faut pas manquer cette opportunité. w

traDuit De l’anGlaiS Par martin morel

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Par ana Palacio, ancienne miniStre eSPaGnole DeS affaireS étranGèreS

ana Palacio, ancienne ministre espagnole des affaires étrangères, et ancienne vice-prési-dente prin-cipale de la banque mondiale, est membre du conseil d'état espagnol, et intervient en tant que conférencière à l'université de George-town.

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altErnativES

david contre amazon, le temps des Contrats Durables ?

peser sur les vendeurs l’intégralité de la responsabilité en cas de problème de livraison, paquet abîmé, délais non tenus, etc. Sous couvert de défendre l'intérêt du consommateur, l’effet d’une telle clause fait peser toute la pression sur des vendeurs qui n’ont pas d’influence sur

toutes les phases de la transaction.A l’heure de la loi sur le devoir de vigilance qui voit fleurir les clauses RSE dans les contrats des donneurs d’ordre, cette action menée par Bercy doit les amener :- à prêter un grande attention à leur cohabitation avec les clauses de responsabilité qui pourrait être source de déséquilibre ;- à démontrer qu’en imposant des exigences de vigilance à leur fournisseurs et sous-traitants elles mettent ces derniers dans des conditions raisonnables pour les respecter ;- faute de quoi, leurs partenaires commerciaux pourraient mobiliser l’influence du Ministère de l’Economie et des Finances à travers l’infraction de déséquilibre significatif.Les contrats durables assurant une répartition raisonnable des nouvelles obligations relatives au devoir de vigilance vont devenir un passage obligé. w

Par Pierre-Samuel GueDJ Président de la Commission RSE du CIAN

Conseil Français des Investisseurs en Afrique

Alertée par des TPE et PME mécontentes des conditions contractuelles imposées par Amazon, Bercy a pris leur relais en poursuivant

la plateforme pour «déséquilibre significatif». Son notamment pointées du doigt les clauses « garantie satisfaction clients » qui font reposer l’intégralité de la responsabilité sur le revendeur en cas d’incident.Le dispositif est utilisé pour la première fois à l’encontre d’une plateforme numérique dont les relations avec ses « vendeurs » sont assimilées par la DGCCRF à celles entretenues entre la grande distribution « traditionnelle » et ses fournisseurs.L’orig inal i té de cet te infract ion sanctionnée par une amende civile réside dans la possibilité pour les fournisseurs victimes de signaler à Bercy les abus et de voir leur cause défendue par le Ministère de l’économie, réduisant ainsi le risque de mesures de rétorsion...Parmi les clauses Amazon visées figurent en particulier celle consistant à faire

au terme d’une enquête de deux ans de la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (dgCCrf) visant les plates-formes Internet (Cdiscount, rue du Commerce, Fnac.com…), Bercy vient d’assigner amazon devant le tribunal de commerce de paris pour pratiques abusives à l’égard des commerçants qui vendent leurs produits sur sa « place de marché » hexagonale.

w Affectio Mutandi est la première agence conseil en stratégies sociétale, norma-tive et réputationnelle sur les enjeux ESG. A la confluence des parties prenantes, elle articule RSE, Communication corporate & de Crise, Affaires publiques, Compréhension des enjeux juridiques et Relations avec les ONG.

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