LE SEMI-RIGIDEBATEAU EMBLÉMATIQUEDU CHASSEURSOUS MARIN

SEMI-RIGIDES MAGAZINE 43

REPORTAGE

TEXTE ET PHOTOS BERNARD SALVATORI

Depuis les années 60 jusqu’en 1975 le « zodiac » avec moteur hors bord était le bateau le plus utilisé pour la pratique de la chasse sous marine. Facilement transportable, pliable, avec un plancher constitué de 3 morceaux en contre-plaqué marine au départ, et des longerons pour rigidifier l’ensemble, ce bateau a fait les beaux jours de générations de pêcheurs sous-marins.

REPORTAGE

44 SEMI-RIGIDES MAGAZINE

C’EST PAUL BROT, DANS LES ANNÉES 70,

QUI EUT L’IDÉE GÉNIALE DE COLLER UNE COQUE

SOUS LE FLOTTEUR : UNE RÉVOLUTION !

LE PREMIER SEMI-RIGIDE ÉTAIT NÉ

 C e « gon�able », peu rapide par manque de rigidité, passant mal dans le clapot, « mouil-lant », et souvent encombré de matériel, était également dif�cile à piloter en barre franche.Alors, ce pneumatique qui a fait notre bonheur

ne pouvait qu’évoluer. C’est Paul Brot, dans les années 70, qui eut l’idée géniale de coller une coque sous le �otteur : une révolution ! Le premier semi-rigide était né.Très vite les carènes progressent. Le tissu néoprène-hypalon (CR/CSM) se renforce. Apparaissent les consoles de pilo-tage adaptées pour positionner des sondeurs et GPS, puis les combinés avec les cartes intégrées. Il est alors possible de naviguer debout dans le clapot, bien accroché à la main courante. Le confort à la mer !

Un bateau adapté à la pêcheLe semi-rigide d’aujourd’hui est plus que jamais adapté aux spéci�cités de la pêche sous marine en apnée, mais aussi le plus sûr par tout temps. En Corse, les routes sont sinueuses et étroites, contraignant à opter pour des longueurs de bateaux de 5 m à 5,60 m montés avec des moteurs de 50 à 115 ch. L’aménagement intérieur doit être « open » sans contre moulage intérieur a�n de libérer de la place pour le maté-riel. Exit les cousins de bronzette et matelas de plaisance. La console placée vers le milieu du plancher participe à l’équilibre du bateau. Un siège-coffre, étanche, pour abriter la batterie et des affaires à garder au sec ou bien un « assis-debout » sont indispensables pour les longues navigations de plus de 30 nautiques, pour aller, par exemple, d’Algajola jusqu’à la pointe du Cap Corse. Les arbalètes sont placées au pied des �otteurs et calées par le bord du siège coffre.Le mouillage, retenu à l’avant par une planche verticale ou un petit coffre intégré dans le nez du bateau, peut être relevé avec l’aide d’un davier. Le but étant de libérer le plus d’espace possible sur le pont pour faciliter la mobilité du chasseur chaussé de palmes à longues voilures. Un coffre étanche sous le plancher du pont à l’avant de la console est pratique pour ranger le matériel de sécurité et de chasse.En ce qui concerne les qualités de navigation du SR dans la mer formée, la forme de la carène conditionne le confort des passagers. En Corse, les longs déplacements de plus de 60 nautiques sont fréquents. Les carènes, en V profond, sont plus adaptées que les carènes planantes aux séquences de houle rapprochée de Méditerranée.

SEMI-RIGIDES MAGAZINE 45

46 SEMI-RIGIDES MAGAZINE

La pratique de la chasse sous-marine en Corse se fait en visitant, dans une même journée, plusieurs sites. Le com-biné Lowrance HDS12 positionné sur la console permet d’enregistrer sur la carte marine les différents postes de chasse potentiellement poissonneux. Les remontées en mer ou les zones isolées sur des grands plateaux sous marins qui s’étendent vers le large sont privilégiées. Cet outil électronique permet un gain de temps et assure une précision indispensable.La visite de ces sites remarquables impose des mises à l’eau et des remontées fréquentes et éprouvantes à bord du bateau. Les �otteurs trop hauts sur l’eau sont dif�ciles à « escalader ». C’est pour cela que les SR dont les �otteurs reposent sur l’eau, aussi bien à l’arrêt qu’a pleine vitesse, sont plus accessibles à la remontée et aussi beaucoup plus stables. Fini le « roulis » d’un �otteur sur l’autre très pénible.

Techniques de pêche…En Corse et dans les eaux de Balagne entre Calvi et Saint Florent, les grandes « sérioles » abordent les côtes en été. Ce pélagique combatif dont le poids peut atteindre plus de 60 kg est réputé pour sa puissance, sa beauté et la qualité de sa chair blanche. On peut dire que c’est le poisson roi de la chasse sous marine en Méditerranée.On la rencontre sur des remontées isolées exposées au courant dominant sur une profondeur moyenne de 25 m. C’est la quantité de poisson fourrage ou « mange » qui les attire. La curiosité est le point faible de ce poisson. Le plus souvent le pilote du SR positionne le chasseur de manière à ce que sa « coulée » le place idéalement au-dessus de la sériole qui monte souvent vers le plongeur et s’expose au tir. Si votre plongée vous amène sous la sériole, celle-ci va fuir très vite. La coulée en apnée consiste à plonger le plus

REPORTAGE

UN COFFRE ÉTANCHE SOUS LE PLANCHERDU PONT À L’AVANTDE LA CONSOLEEST PRATIQUEPOUR RANGERLE MATÉRIELDE SÉCURITÉET DE CHASSE

discrètement possible sans gestes brusques, au ralenti de manière à approcher au plus près de sa cible.L’arbalète puissante et précise est équipée d’un moulinet aves 50 m de drisse. La dif�culté est d’évaluer la distance entre le bout de la �èche et ces grands pélagique en pleine eau. Il faut arriver à ne pas dépasser les 4 mètres sous peine de ne pas traverser le poisson et qu’il se déchire. Après le tir, le chasseur remonte pendant que son moulinet relié à la �èche se dévide très vite sous l’effet de la vitesse de démarrage de la sériole.De retour en surface il doit contrôler que sa proie ne se frotte pas sur le fond au risque de casser le �l et de la perdre. Il doit la « contrer » mais en douceur, sans à-coups, pour ne pas que la chair se déchire. Dans ce genre de chasse, le matériel doit être solide au vu de la puissance de ce pélagique. Il arrive aussi souvent que le plongeur se pose sur le fond en se dissimulant de manière à susciter la curiosité du poisson qui va s’approcher dans le meilleur des cas à portée de tir. On parle de chasse à l’affût ou à l’« agachon », du nom de la cabane qu’utilisent les chasseurs de « passées » sur terre.Ce type de chasse de pleine eau est un moment magique, plein d’intensité où le chasseur doit savoir rester humble face à ces merveilleux poissons. Beaucoup de concentra-tion est nécessaire pour gérer la séquence qui suit le tir. Au démarrage tout en puissance de la sériole, le chasseur doit opposer une gestion rapide du �l qui se déroule, sa remontée en surface tout en contrôlant le poisson. Ces situations rapides peuvent vite devenir périlleuses. Un bon équipier en surface doit assurer la sécurité du plongeur en toutes circonstances.Il faudra également être vigilant lorsque le poisson sera sorti de l’eau et hissé sur le SR a�n de ne pas endommager les �otteurs ///

SEMI-RIGIDES MAGAZINE 47

CONSEILSET BONNES ADRESSES

Nos conseils si vous devez vous rendre en Corse pour pratiquer la pêche sous marine :

> Consulter très régulièrement et attentivement la météo marine de Météo France zone côtière autour de la Corse qui délivre 3 bulletins par jour ou bien le site « Lama » zone Ligure qui donne vitesse et direction du vent heure par heure tout autour de l’île. En effet les coups de vent de « Libecciu » sont surprenants.> Pour toute réparation ou mécanique sur votre SR ou moteur, l’expertisede Monsieur Massoni de « Nautic Balagne » près de Calvi saura vous dépanner efficacement dans les meilleurs délais. Tél. : 04 95 65 17 38> Et si malgré tous vos efforts vous êtes bredouille, vous pouvez toujours aller déguster au restaurant « La Bergerie » à Ile-Rousse de l’excellent poisson grillé et autre brochette de poissons. Tél. : 04 95 60 01 28> La lecture de l’ouvrage de Julien Collet et Daniel Deflorin : Le Code Vagnon de la Chasse-Sous-Marine vous délivrera les bons conseils pour cette activité sportive.