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La NBA sous un autre regard

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BE bookSommaire

avantproposEt voici le dernier opus d’une trilogie exceptionnelle en provenance de l’équipe de Bas-ketEvolution ! Comme chaque année depuis la création du site, nos équipes bénévoles tentent, à leur manière, de présenter la future saison basket. D’un simple aperçu de chacune des fran-chises NBA pour la première version, nous étions passés il y a un an à un magazine de plus de 200 pages, couvrant quatre championnats différents et se voulant à la fois origi-nal et professionnel. Avec plus d’expérience dans le domaine et une motivation toujours présente, nous étions prêts à nous investir pleinement dans la réalisation d’un nouveau guide. Néanmoins, un problème subsistait : quelles innovations pouvions-nous apporter cette année ? L’originalité a constamment été une marque de fabrique de notre site et il est inconcevable pour nous de ne pas apporter de nouveaux éléments. C’est là qu’est arrivé le lock-out en NBA. Avec une menace sérieuse concernant le déroulement de la saison, nous avons trouvé là un obstacle difficile à franchir pour écrire un nouvel ouvrage. Mais au lieu de nous freiner ou même de nous arrêter, nous avons contourné le piège. En effet, cette grève est pour nous l’occasion unique de proposer autre chose. L’idée du BE Book venait de germer ! Ici, vous ne trouverez ni une présentation d’équipe, ni un aperçu des joueurs actuels. Au lieu des habituelles « previews », vous pourrez y lire 30 histoires aussi diverses que var-iées. Liés à une histoire proche de chaque franchise nord-américaine, les articles n’ont pas pour but de raconter une petite anecdote sur les équipes. Notre volonté, certes un peu ambitieuse, est d’offrir au lecteur une certaine vision du basket dans un domaine précis, le tout illustré par un évènement historique. C’est ainsi que vous pourrez y trou-ver la descente aux enfers de David Thompson, la recette magique pour gagner dans un petit marché ou l’histoire des cheerleaders de Miami. Des sujets comme la religion, la publicité, le racisme ou le droit du travail y sont traités. Bref, le contenu est hétéroclite et peut se déguster tranquillement grâce à une mise en page de qualité. Un tel change-ment de format est un risque important et peut être que certains seront rebutés par la forme ou le fond mais c’est notre mentalité d’innover coûte que coûte. Avant de vous laisser savourer ce livre, je voudrais remercier plusieurs personnes. Les rédacteurs pour l’investissement considérable mais nécessaire à l’écriture de tels arti-cles. Earvinpepper pour la réalisation de la mise en page, un véritable travail d’orfèvre ! Staz, pour nous avoir concocté une couverture digne de ce nom. Method et Mavonissa pour la relecture et la correction, une tâche obscure mais ô combien indispensable. Et enfin, bien évidemment, toute l’équipe de l’Evoteam et plus globalement les membres de BasketEvolution pour leurs avis, soutiens et encouragements, c’est à eux qu’est dédié ce BE Book. En espérant maintenant que vous preniez autant de plaisir à nous lire que nous en avons eu pour l’écrire !

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BE book avantpropos

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atlantahawks ......................4

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charlottebobcats ...............8

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clevelandcavaliers .............12

dallasmavericks .................14

denvernuggets ...................16

detroitpistons ....................18

golden statewarriors .........20

houstonrockets .................22

indianapacers .....................24

los angelesclippers ............26

los angeleslakers ..............28

memphisgrizzlies .................30

miamiheat ............................32

milwaukeebucks ..................34

minnesotatimberwolves .......36

new jerseynets ...................38

new orleanshornets ...........40

new yorkknicks ..................42

oklahomathunder ...............44

orlandomagic .....................46

philadelphiasixers ...............48

phoenixsuns ........................50

portlandblazers .................52

sacramentokings ................54

san antoniospurs ................56

torontoraptors .................58

utahjazz .............................60

washingtonwizards .............62

sommaire

direction de la publication Cédric Hebert Raptors

rédactionAnthony Namèche OztrakAnthony Ponte MavonissaGaétan Scherrer Gatesss

Antoine Tartrou FreeFranck Yaylarian Mr Triple Double

maquette et mise en pageLoïc Goyet Earvinpepper

designers (couverture)

Pierre Fily Staz

relecture et correctionsSylvain Ferreira MethodAnthony Ponte Mavonissa

[email protected]

crédit EvoTeam

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“Bwana, prend mon sac !” lance Clyde Lovellette à Si Green à l’aéroport, d’un ton blagueur qui n’en est pas vraiment un. Lenny Wilkens

regarde la scène de loin et ne peut s’empêcher de rester un brin per-plexe. Le jeune homme de Brooklyn a beau être né dans une Amérique ségrégationniste, fils d’un chauffeur noir et d’une catholique irlandaise, il n’a jamais connu une telle solitude et rien ne le préparait à la vie dans une partie plus profonde du pays. C’était une autre époque, une ère où les stars du basket étaient encore majoritairement blanches et où des règles officieuses limitaient le nombre de joueurs afro-américain dans la NBA. Le racisme a bien évidemment sévi dans le monde de la balle orange comme dans tous les autres sports nord-américain. Mais la grande ligue a sans doute été la première à connaître une révolution à ce sujet. Certes, Jackie Robinson a ouvert la voie dans le monde très fermé du baseball dès les années 50, mais la déferlante « noire » des six-ties dans le basketball est unique : Bill Russell, Wilt Chamberlain, Oscar Robertson, Sam Jones, Elgin Baylor,

Dave Bing, ou encore Willis Reed, pour ne citer que les plus talentueux. Lenny Wilkens fait bien évidemment partie de cette liste en intégrant la Grande Ligue en 1960. Mais il va tomber dans l’environnement le plus compliqué pour un basketteur afro-américain : Saint Louis.

La métropole située au confluent du Missouri et du Mississippi a été l’ancienne hôte des Hawks, passés à Atlanta en 1968. Dernière équipe de

l’histoire à avoir gagné le titre avec un effectif entièrement blanc en 1958, elle a fait la fierté des habit-ants locaux. Le Big Three composé de Bob Pettit, Cliff Hagan et Clyde Lovellette était la raison principale de ce succès, ce trio compilant pas moins de 70 points de moyenne. Pour le propriétaire, une chose était certaine, ils devaient rester les stars de l’équipe coûte que coûte et leurs coéquipiers l’ont rapidement com-pris. Si Green par exemple, arrière noir originaire de New-York, dont le rôle était limité au rebond, à la défense et à faire en sorte que le bal-lon soit le plus longtemps possible dans les mains du Big Three. Cependant, le plus bel exemple reste Cleo Hill. Issu du New Jersey, Hill était une star universitaire au tal-

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une ère où les stars du basket étaient encore majoritairement

blanches et où des règles of-ficieuses limitaient le nombre de

joueurs afro-américain

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Atlanta Hawks

ent incommensurable d’après ses contemporains, un meneur d’une adresse exceptionnelle et avec un physique du niveau d’Elgin Baylor. A peine drafté par les Hawks, il se voit entraîné dans une affaire qui ruinera sa carrière. Avant un match d’exhibition, deux joueurs viennent frapper à sa porte : Sam Jones et Bill Russell. Les deux stars de Boston in-diquent que tous les noirs sont inter-dits de salon à l’hôtel où ils résident, et comme protestation, ils veulent que les afro-américains des Hawks se joignent à eux pour un boycott du match. Cleo acquiesce et donne son accord. L’affaire fit un grand bruit à Saint Louis et les fans comme les journal-istes demandèrent que l’on inflige une amende aux joueurs noirs. Rien ne fut entrepris si ce n’est que deux d’entre eux furent transféré trois semaines après l’incident. Cleo resta dans l’équipe car il lui restait un allié en la personne de l’entraîneur qui avait déclaré faire de Hill son meneur titulaire. A raison puisque dès son premier match, il prouve ses talents de joueurs et enfile 26 points. Des talents qui ne font pas le bonheur du Big Three, notamment pour Pettit et Lovelette qui excluent Hill du jeu en ne lui passant plus la balle. Rendu furieux par ce comportement, le coach lança un ultimatum à ses stars en déclarant que chacun d’eux serait condamné à une amende s’ils continuaient. Devant cette opposition, le proprié-

taire des Hawks trancha et renvoya l’entraîneur. Réduit dans un rôle limité, Cleo perdit son basket et fut coupé dès la fin de son année de rookie. Comme pour enfoncer le clou, son ancien patron lui fit mauvaise presse et dans un monde encore sans agent, personne ne lui donna une seconde chance. En un an, la carrière d’un des plus grands talents de l’époque fut anéantie. Cleo Hill intégra la liste des Black Magic, ces joueurs afro-américains aux capacités gâchées par une NBA raciste. Heureusement, des basketteurs comme son coéquipier Wilkens prirent leur mal en patience

et en rendant les autres meilleurs, ouvrirent la voie à la tolérance puis au respect et enfin à l’intégration des noirs américains.

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En un an, la carrière d’un des plus grands talents de l’époque fut anéantie

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Salary Cap, CBA, Luxury Tax, Lock-Out, autant de mots qui ont fait l’actualité de ces derniers mois en NBA. En effet, l’heure était

aux négociations cet été du côté du basketball outre-Atlantique et patrons comme joueurs ont défendu leurs droits bec et ongles. Une grève particulièrement impopulaire aux yeux de l’opinion publique.... Et dif-ficile de lui donner tort : allez faire comprendre au travailleur lambda forcé de serrer la ceinture en pleine époque d’austérité que son pro-gramme sportif n’est plus retrans-mis car de grands milliardaires et de petits millionnaires ne sont pas d’accord sur le partage de revenus hors du commun ! Néanmoins, les affrontements entre les propriétaires et les basketteurs n’ont pas toujours été question de sommes pharao-niques, loin de là. L’univers du sport est apparu très tardivement dans le monde profes-sionnel et à l’instar de nombreux salariés, les athlètes ont dû eux aussi bataillé pour améliorer leurs condi-tions de travail. Durant les premi-ères années de la NBA, les joueurs évoluaient pour le plaisir du jeu et

juste pour celui-ci. Des déplace-ments incessants dans des hôtels miteux, des salaires banals, une gloire éphémère et limitée aux seules arènes, aucune retraite et aucune assurance médicale : le basketteur devait être éternellement reconnais-sant d’avoir la chance de jouer avec

une balle et d’être payé pour. Mais dans une époque où la société vivait d’importants changements, notam-

ment pour la communauté afro-amé-ricaine, les joueurs devinrent de plus en plus conscients de leur situation et un jeune avocat sorti de Harvard perçut ce changement. Larry Fleisher fut l’un des pre-miers agents de la balle orange en représentant Tommy Heinsohn, Hall Of Famer et légende des Celtics. Les joueurs de Boston l’adoptèrent très rapidement et lui demandèrent de former une union qui rassemblerait tous les joueurs professionnels de la ligue. Il accepta cette tâche avec une grande fierté tel un petit garçon sollicité par ses héros. Très vite, il réalisa la vulnérabilité des athlètes et la pauvreté du système dans lequel ils travaillaient et ne prit aucun dollar durant ses premières années à la tête de l’union. Pourtant, Fleisher ne

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les affrontements entre les propriétaires et les basketteurs

n’ont pas toujours été question de sommes pharaoniques, loin de

Boston Celtics

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Boston Celtics

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manqua pas d’ambitions et com-prit très vite les perspectives qui allaient s’offrir au monde du sport avec l’avènement de la télévision. Sa première mission fut de rassem-bler les meilleurs joueurs de chaque équipe pour son association afin de gagner en poids et de s’immuniser contre les pressions des dirigeants, le tout dans le but de frapper fort pour un premier grand coup... En janvier 1964, le Boston Garden allait accueillir l’un des évènements les plus attendus de l’année : le All Star Game. Alors que la ligue ne cessait de grandir et de progresser, ABC décida de retransmettre la rencontre avec peut être un futur contrat à la clé. Il faut dire qu’avec Chamberlain, Russell, West, Robert-son, Baylor, Havlicek, Lucas, Wilkens ou Jones, le casting est à couper le souffle. Mais Fleisher, saisissant l’importance du moment, conseilla Russell, Heinsohn et Wilkens de boycotter le match si aucun plan de retraites n’était mis en place. Pre-nant de court le commissionnaire en annonçant leur menace de grève deux heures avant le coup d’envoi, la situation sembla échapper aux dirigeants quand le responsable d’ABC avertit qu’il ne reviendrait pas si la rencontre n’avait pas lieu. Pourtant, dans le vestiaire, les joueurs ne sont pas encore d’accord entre eux. Certains, comme Cham-berlain, pensent qu’il faut négocier après la rencontre. Alors que 15 minutes avant le coup d’envoi,

la décision semble pencher vers l’annulation de la grève, le dirigeant des Lakers envoie un message dans le vestiaire des joueurs, ordonnant à West et Baylor de s’habiller et de rentrer sur le terrain immédiatement. Un message méprisant qui aura pour conséquence de ressembler les joueurs et de les unir contre les di-rigeants. Sans solution apparente, le commissionnaire accepta la requête des joueurs et, pour la première fois dans l’ère du sport professionnel, une association de joueurs gagna un face-à-face avec les propriétaires en acquérant une pension.

Une révolution qui permit de mener d’autres combats pour le bien des basketteurs, Fleisher comprenant rapidement que la télévision allait changer complètement la donne et permettre aux joueurs de prendre l’avantage : une première barrière sociale était tombée.

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Fleisher comprenant rapi-dement que la télévision allait changer complète-ment la donne

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Pour de nombreuses per-sonnes, les terres saintes du basketball sont les playgrounds du Rucker Park à New York ou de

Venice Beach à Los Angeles, sans oublier, bien évidemment, le Hall of Fame de Springfield, là où tout a commencé. Mais en termes de tradi-tions et d’implantation de ce sport dans la culture locale, rien ne peut remplacer les frénésies de l’Indiana et de la Caroline du Nord. Là-bas, le basketball est le sport roi, le rêve de tous les enfants, la passion de tous les adultes et la nostalgie de tous les anciens. Les rencontres entre lycées de différentes bourgades sont des rendez-vous immanquables pour la population locale. Une ferveur si forte qu’elle a souvent tendance à mal se conjuguer avec le monde professionnel de la NBA. Charlotte en est un très bon exem-ple. La grande ville de la Caroline du Nord a connu des débuts transcend-ants dans la ligue de David Stern, les Bogues, Mourning, Johnson, Rice, Divac, ayant fait le bonheur d’un Etat complètement acquis à la cause des Hornets. Le Charlotte Coliseum était même l’arène la plus fréquentée

pendant plusieurs saisons devant le United Center archicomble d’un cer-tain Michael Jordan. Mais le succès de la franchise n’est qu’éphémère et en quelques saisons, les Hor-nets deviennent la salle la plus vide de la NBA, la folie laissant place à l’indifférence. Un abandon

qui mènera au déménagement à la Nouvelle-Orléans. Les résultats sportifs ne sont même pas à blâmer,

l’équipe enchaine les qualifications en playoffs lors de ces dernières années à Charlotte. Certes, les transferts incessants n’ont pas aidé à fidéliser les spectateurs mais cela est loin expliquer un tel revirement de situation… Les Bobcats ne feront que confirmer la difficulté pour une équipe profes-sionnelle de s’intégrer dans un Etat aussi amoureux de la balle orange que la Caroline du Nord. Le bilan sera même catastrophique : des déficits financiers chroniques, une affluence faiblarde et comble du comble, des audiences télévisées en dessous même du nombre de spectateurs qui viennent assister aux rencontres (seulement 11.000 personnes de moyenne). La faute à des contrats audiovisuels qui mettent peu en valeur la franchise NBA. Preuve d’un détachement total de la part de la population locale, les directeurs du marketing iront même jusqu’à dire que personne ne

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dans la culture locale, rien ne peut remplacer les frénésies de l’Indiana et de

la Caroline du Nord

Charlotte Bobcats

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charlotte bobcatsNBA vs NCAA

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Charlotte Bobcats

s’intéresse à cette équipe. Une situation qui frise l’incompréhension quand on re-marque que chaque semaine, des dizaines de milliers de personnes s’agglutinent dans les arènes uni-versitaires, toujours au rendez-vous. UNC, Duke, Wake Forest, North Carolina State sont parmi les fac-ultés les plus reconnues du pays et l’effervescence que génèrent les derbys est sans aucune mesure. Même les médias ne veulent pas en louper une miette et CBS comme ESPN s’arrachent ces rivalités. Les équipes NCAA sont aussi devenues de véritables usines à talent, louées pour leur savoir-faire et si les rich-esses locales ont toujours été mises en valeur (Jordan, Worthy, Paul, Thompson, Wall, McAdoo ou Sam Jones pour faire court), les prospects de tous les Etats-Unis ne peuvent s’empêcher de résister aux sirènes des universités de Chapel Hill, de Durham ou de Winston-Salem. Un succès qui explique peut-être cette différence de traitement entre NCAA et NBA. Tout comme en Indiana, la culture est tellement forte et ancrée dans chaque parcelle de l’Etat qu’il est à la fois compliqué de rassembler tout le monde sous un même drapeau et surtout, de pou-voir s’imposer devant les grandes équipes universitaires à la tradition plus ancienne et plus victorieuse. Dès que la réussite pointe le bout de son nez, ce sont des franchises capables de générer une agitation

que l’on ne retrouve nulle part ail-leurs. Mais à peine la stagnation du phénomène atteinte, les fans retour-nent à leurs racines. C’est pourquoi il sera toujours compliqué pour ces villes d’exister car si la NBA a gagné un combat très ancien avec la NCAA d’un point de vue médiatique,

il reste encore quelques villages d’irréductibles loin de céder à la ten-tation de Stern et compagnie.

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la culture est tellement forte et ancrée dans qu’il est à la fois compliqué de rassembler tout le monde sous un même drapeau

g felton sg richardson sf wallace pf okafor c brezec

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Michael Jordan. Un nom qui se suffit à lui-même. Synonyme de perfec-tion, de grandeur, il évoque égale-ment une quantité de révolutions qui ont bouleversé le monde de la balle orange : marquer, gagner et dominer sans faire plus de 2 mètres ; pouvoir prétendre au titre de meil-leur scoreur, défenseur, MVP et MVP des finales en même temps… Mais MJ ne s’est pas limité à changer la face du basketball sur les terrains, il l’a aussi fait en dehors, dépassant largement les simples arènes de la NBA. Avec David Falk, son seul et unique agent, ils n’ont cessé de repousser des limites, de briser des barrières que l’on pensait impossible à rompre, que ce soit en termes de notoriété, de publicité et tout simple-ment d’économie. Une mutation qui a commencé dès l’arrivée de His Airness dans la grande ligue. En 1984, le marché des chaussures de basket est en plein explosion, tout comme l’est la NBA. Si au début des eighties, seul Kareem Abdul-Jabbar pouvait prétendre avoir un contrat à six chiffres pour porter des « sneakers », les nouvelles stars en provenance de la Draft ne cessent d’obtenir des offres de plus en plus

lucratives. Néanmoins, si la guerre entre Converse et Adidas fait rage, le monde de l’équipementier reste encore peu développé dans l’univers de balle orange. En effet, le basket est vu avant tout comme un sport collectif et donc peu adéquate à promouvoir un produit par le biais

d’un seul individu contrairement au tennis par exemple. Mais David Falk sait pertinemment que la NBA est

sur la pente ascendante et que son côté spectaculaire et assez indi-vidualiste peut être la source d’une excitation sans commune mesure. Il connaît aussi la situation du marché des « sneakers » et a pleinement conscience du joyau qu’il a entre les mains en la personne de Jordan. C’est ainsi qu’ils se présentent, lui et Michael, au siège de Converse pour un entretien. Le discours de Falk est très osé, ce dernier demandant ce qu’ils peuvent faire pour Michael, quel budget publicitaire comptent ils investir sur lui et pourquoi pas même lancer une ligne spéciale à son effigie. Non seulement cela peut paraître terriblement audacieux de réclamer de telles choses pour un joueur qui n’a pas encore posé un pied en NBA mais ce que recherche Falk est complètement nouveau, aucune star n’ayant jamais reçu de tels honneurs. Sûrs de leur force, les responsables marketing repoussent l’offre. Pourquoi se risquer à parier

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Synonyme de perfection, de grandeur, il évoque égale-

ment une quantité de révo-lutions

Chicago Bulls

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chicago bullsAir Jordan

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Chicago Bulls

sur un rookie quand on possède tous les plus grands noms actuels ? Le clan Jordan n’est pas convaincu non plus. James Jordan, le père de Michael, allant jusqu’à leur demand-er s’ils avaient un minimum d’idées innovantes. Si les projets de Falk semblent un peu démesurés, une société s’avère malgré tout plutôt intéressée. En effet, Nike veut sortir de l’ombre et changer sa politique publicitaire, la firme à la virgule n’étant à l’époque qu’un modeste pion sur un mar-ché en pleine croissance. Ainsi, au lieu de répartir leur contrat sur de nombreux basketteurs moyens, ces derniers veulent miser une somme importante sur un unique joueur, en faire une icône et par le même biais, donner à Nike une identité. Sonny Vaccaro, le célèbre scout de l’équipementier, sent en Jordan un avenir glorieux et pas uniquement sur les terrains. Les deux parties s’entendent plutôt bien et si Michael n’apprécie ni les chaussures, ni leurs couleurs, l’offre est trop belle pour être refusée. Avec 1 million de dol-lars par an et une ligne de baskets à son propre nom, le contrat est une révolution pour la balle orange. L’association sera une réussite hors du commun. Si les exploits spor-tifs de MJ sont sûrement la raison numéro une de ce succès, la person-nalité, le sourire et l’intelligence qu’il possède en font aussi un charmeur très efficace. Avec des publicités novatrices qui mettent en scène

Jordan et un jeune réalisateur new-yorkais, un certain Spike Lee, Nike a trouvé un filon inépuisable. Quatorze années plus tard, lorsque Jordan prendra sa seconde retraite, la firme aura multiplié son chiffre d’affaire par 10 et sera passé de 40 millions de revenues à 800 millions de dollars. Non seulement elle aura envoyé Converse dans la rubrique vintage mais elle aura également écrasée ses rivaux comme Adidas ou Ree-bok. Le triomphe de cette association en entraînera de nombreuses autres, Jordan croulant sous les demandes

des plus grandes compagnies. Transformé en monstre médiatique, on ira même jusqu’à dire que ses performances pouvaient influencer le cours de la bourse. Le star-system sportif venait d’atteindre son apogée !

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la personnalité, le sour-ire et l’intelligence qu’il possède en font aussi un charmeur très efficace

g rose sg jordan sf pippen pf love c gilmore

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Pour beaucoup, Cleveland est considéré comme la ville maudite du sport U.S. A son passif, aucun titre depuis 1964 avec les

Browns. De même, tout le monde se souvient de Jordan tuant ce club durant trois campagnes de Play-offs en 88, 89 et 92. Cependant, Cleveland a aussi connu des jours heureux comme ce mois d’Avril 1976 qui restera à jamais gravé dans la mémoire des fans des Cavs en étant connu sous le nom du « Miracle of Richfield ». Pourtant lors de la création de la franchise au cours de l’expansion de 1970 on est à des années lumi-ère du « Miracle ». En effet, les Cavs font partie des équipes les plus mauvaises de la ligue avec un jeu qui fait fuir les fans. Des commen-tateurs surnomment même le club les « Cadavers » tellement le niveau de jeu est catastrophique. D’autant plus qu’à l’époque, le basket dans la ville de Cleveland est un sport très peu considéré derrière le foot U.S et l’équipe de hockey évoluant seule-ment en ligue mineure. La couverture médiatique est ridicule, le public plus que confidentiel, sans parler de la

salle, l’Arena étant une salle miteuse surnommée le « trou de Calcutta »… Les Cavs finissent tout de même par s’améliorer sensiblement lors des saisons suivantes notamment grâce au trio Autin Carr - Bingo Smith - Jim Brewer (l’oncle de Doc Rivers). L’équipe gagne en réputation en

épinglant quelques gros contenders à son tableau de chasse mais c’est insuffisant pour aller en Playoffs.

Après quatre ans d’attente la fran-chise s’offre une salle digne de son nom, « le Coliseum». Le club le doit avant tout à son propriétaire Nick Mileti qui est également celui des Indians. Il arrive à convaincre les in-vestisseurs locaux d’installer la nou-velle enceinte à Richefield, une petite bourgade proche de Cleveland. La cinquième saison du club en 1975 démarre difficilement et après 17 matchs un trade est effectué pour faire venir Nate Thurmond. A bien des égards le miracle de Richefield fut le miracle de « Big Nate ». Il était un joueur d’une élégance rare, un pivot avec des mains surdimension-nées qui a grandi à Akron, à vingt miles du Coliseum. Après onze ans à faire les beaux jours des Warriors, ce féroce défenseur arrive à Cleveland

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Cleveland est consi-déré comme la ville

maudite du sport U.S

Cleveland Cavaliers

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cleveland cavaliers« The Miracle of Richfield »

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Cleveland Cavaliers

via Chicago à l’âge de 34 ans. Nate n’était plus le spécimen physique qu’il a été, accusant deux opéra-tions du genou. Son temps de jeu fut logiquement limité par Bill Fitch à 18 minutes par match en relai de Jim Chones le titulaire. Malgré tout à cette époque Thurmond était en-core un sacré intimidateur. Si vous tentiez de rentrer dans la raquette en sa présence vous compreniez alors votre douleur. Par son éthique de travail, il apporta une culture de la gagne dans un club qui en manquait cruellement. Il fût le déclic néces-saire aux Cavs qui se mettront à gagner deux matchs sur trois. Le club accède enfin aux P.O en décrochant le titre de la Central division, inconcevable six mois auparavant ! Lors du 1er tour, les Cavs sont opposés aux Bullets du quatuor Hayes-Bing-Unseld-Chanier. L’Ohio attrape alors la « Cavs fever » et le Coliseum est soudain trop petit pour accueillir tout le monde. Chose incroyable aucune télé locale n’a acheté les droits de diffusion en début de saison. Les matchs ne sont donc pas visibles à la TV. Ainsi, la radio prend une importance consi-dérable et son commentateur Joe Tait devient une superstar. La série face aux Bullets est très serrée et au bout de six matchs on en est à trois victoires partout. Le G7 se déroule dans un Coliseum chauffé à blanc, l’enthousiasme des fans est tel qu’on ne parvient pas à s’entendre dans ce vacarme. K.C Jones, l’ancien

coach des Bullets, dira même qu’il n’a jamais entendu cela de sa vie. A quatre secondes de la fin alors que le score est de 85 partout, Snyder rentre un lay-up difficile. Ce tir est encore à ce jour le plus important de l’histoire des Cavs. La foule retient son souffle et finit par exploser quand Chanier rate le dernier tir. Instantanément le public envahit le parquet comme si les Cavs venaient de gagner le titre ! Le club généra tant d’intérêt qu’un album des commentaires de Tait intitulé « The Miracle of Richfield » sera édité et vendu à plus de 10.000

exemplaires ! Avril 1976 reste donc à ce jour le plus grand moment de l’histoire des Cavs bien devant la fi-nale de 2007. Thurmond, qui incarna à merveille l’esprit du miracle verra son maillot retiré par la franchise alors qu’il ne jouera pour elle qu’à peine deux saisons ! Now, do you believe in Miracles ?

mr triple double

Chose incroyable aucune télé locale n’a acheté les droits de diffusion en début de saison

g price sg free sf james pf nance c daugherty

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42thurmond

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Costard cravate Armani, chaussures italiennes bien cirées, cheveux par-faitement coiffés, chauf-feur personnel, autant de

caractéristiques qui paraissent indis-pensables pour tout milliardaire qui se respecte. Face à ces clichés, un homme au look atypique par-rapport à la taille de son porte-monnaie est arrivé à l’aube du nouveau millénaire dans l’univers NBA pour lui donner une bouffée d’air frais. Son nom : Mark Cuban. Car oui, rares sont les propriétaires aussi excentriques que ce joyeux luron né à Pittsburgh il y a déjà 53 années de cela. Jeans – Baskets – T-Shirt à l’effigie de sa franchise et les cheveux en pétard, voici l’accoutrement quotidien de Mark, un mec comme les autres à premi-ère vue. Celui qui a fait ses premiers pas à Dallas en tant que serveur, est désormais l’une des célébrités les plus appréciées de Big D. Et s’il est tant apprécié, c’est pour ses qual-ités humaines, entretenant de très bonnes relations avec les joueurs et le staff, et qui sait faire plaisir aux fans de son équipe. Ces derniers ont d’ailleurs connu une totale révolution

avec l’arrivée du Président de HDNet aux commandes des Mavs. Avant ces années dorées, les sup-porters des Mavs faisaient des cauchemars en regardant les per-formances de l’équipe locale : des saisons à 11 ou 13 victoires, aucune

qualification en playoffs depuis 1991, des histoires extra-sportives pour le moins délicates, autant d’éléments qui font que la franchise texane

devient la risée du monde sportif américain dans les années 1990. Si les arrivées de Don Nelson, Steve Nash et un certain Dirk Nowitzki ont un peu changé la donne à la fin de cette décennie maudite, le réel déclic vient du changement de proprio. N’hésitant pas à sortir le chéquier pour faire des Mavericks l’une des équipes les plus compétitives de la ligue, Cuban réalise en même temps son rêve de gosse. Et cela paye. Dès la saison 2000/2001, les Mavs retrouvent les joies de la post-season, avec un affrontement au premier tour face à Utah, série qu’ils remporteront en réalisant un bel upset au passage. Désormais, la machine est lancée et Mark se consacre à 100% dans la gestion de son équipe. Présent à chaque match à l’American Airlines Center juste à côté du banc, il suit également son équipe lors des road trips où sa présence derrière ses joueurs est vue comme un moyen

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est arrivé à l’aube du nouveau millénaire dans

l’univers NBA pour lui don-ner une bouffée d’air frais

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dallas mavericksLe fan le plus riche du monde

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Dallas Mavericks

d’influencer les décisions arbitrales. Car oui, Cuban et le corps arbitral, c’est une grande histoire d’amour. Vivant le match comme si sa vie en dépendait, il n’hésite pas à montrer son mécontentement à la moindre décision litigieuse, que ce soit sur le terrain ou en dehors, envoyant des dizaines de lettres de réclamation aux bureaux de la NBA, vidéos à la clé ! Ses punchlines dévastatrices en conférence de presse lui vaudront de très nombreuses amendes délivrées par David Stern, également l’un des meilleurs ennemis de Mark. Clairement, sans lui, les Mavericks ne seraient pas l’équipe qu’elle est devenue. Année après année, les différents spécialistes NBA placent l’équipe de Dallas dans les favoris pour le titre. Mais pour autant, mal-gré des millions de dollars investis en dépassant allégrement le salary cap, Cuban et ses joueurs n’ont toujours pas pu toucher à leur guise le trophée Larry O’Brien à la fin des années 2000, et les critiques fusent à l’encontre du sulfureux propriétaire que ce soit sur son impulsivité dans certains de ses choix, cherchant les résultats sur le court terme sans se projeter dans l’avenir, ou sur comportement excessif. Dirk Nowit-zki, suite à sa re-signature avec la franchise à l’été 2010, ira même jusqu’à dire que Mark doit savoir se contrôler car son attitude n’est pas nécessairement positive pour les joueurs. Une remarque du franchise player que le propriétaire prend en

compte et, comme si son silence était le dernier ingrédient manquant de la recette de la victoire, les Mav-ericks ont finalement pu avoir accès au Saint Graal tant convoité. Avoir un fan comme propriétaire, aucune autre franchise ne peut se permettre ce luxe à l’heure d’aujourd’hui. Plus soucieux de l’aspect sportif que du business juteux que peut entrainer une équipe NBA, Mark Cuban est un oiseau trop rare dans le paysage sportif, qui font que les problèmes rencontrés de nos jours ne sont pas si surprenants que cela. Mais le petit Mark a prouvé que

les efforts de 11 années de proprio-fan lui ont permis de réaliser son rêve. Et nul doute qu’il va vouloir que celui se répète…

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Clairement, sans lui, les Mavericks ne seraient pas l’équipe qu’elle est dev-enue

g kidd sg blackman sf aguirre pf nowitzki c tarpley

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Pour la cérémonie d’introduction de Michael Jordan au Hall of Fame, le plus grand joueur de tous les temps a surpris son

monde en choisissant David Thomp-son pour l’accompagner sur scène. Pas de Phil Jackson, ni de Dean Smith, deux personnes pourtant très proches de MJ, bien plus qu’il n’a pu l’être de Thompson. Pourquoi ce choix alors ? Etant gamin, Michael regardait Thompson avec les mêmes yeux que bon nombre d’enfants ont pu regarder His Airness ses dernières années. Il était son idole, une star universitaire à North Caro-lina State qui a rendu le alley-oop célèbre et qui a tout dévasté sur son passage avec un fameux bilan de 57 victoires pour une défaite lors des deux saisons 1973 et 74. Mais plus encore qu’un joueur extrêmement talentueux, David était aussi un phé-nomène physique hors du commun avec une détente aussi élevée que son numéro de maillot : 44 inches soit plus de 1 mètre 10 ! Il jouait même les entre-deux de l’équipe du haut de ses 1,88m alors que le pivot titulaire de l’équipe mesurait 2,25m. Quel dommage que la NCAA de l’époque avait interdit le dunk, celui

que l’on avait justement surnommé Skywalker aurait laissé une em-preinte indélébile sur chacun des arceaux qu’il aurait rencontré… L’un des nombreux regrets de sa carrière. Après une année en ABA où il ex-plose les compteurs dès son arrivée,

son entrée en NBA en 1977 est tout aussi fracassante : une nomination dans la All-NBA First Team devant Gervin et Erving et un excellent bilan

d’équipe, ses Nuggets tombant de justesse face aux futurs champions, les Blazers de Bill Walton. Mieux encore, il confirme l’année suivante et termine troisième du vote pour le MVP à l’âge de seulement 23 ans. Scoreur infatigable (27 points par match), adroit, polyvalent et joueur d’équipe apprécié par tous ses coéquipiers, il continue d’associer show et efficacité en prenant un ma-lin plaisir à dunker sur absolument tout le monde qui se tient entre lui et l’arceau. Quand il atteint les finales de conférence la même année, il est le futur de la NBA devant Julius Erving. Mais la fusée va descendre aussi vite qu’elle est montée… Après avoir signé le contrat le plus important de l’histoire du sport américain, Thomp-

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une star universitaire à North Carolina State qui

a rendu le alley-oop célè-bre

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Denver Nuggets

son commence à régresser. Certes, la signature de George McGinnis, un autre attaquant extérieur très talentueux, freine son rendement mais des rumeurs apparaissent petit à petit concernant des retards voire des absences aux entraînements. Moins fringuant sur le terrain, les blessures viennent s’ajouter à son changement d’attitude. David arrive à revenir en bonne santé mais on ne retrouve plus le joueur des années précédentes : il manque de plus en plus d’entraînements, enchaîne les mauvais choix sur le terrain et devient même un élément perturba-teur du vestiaire. Les raisons de ce changement soudain ? La drogue bien évidem-ment, véritable fléau qui frappait de plein fouet la NBA à l’époque, certains iront même jusqu’à dire que 70% des joueurs prenaient de la cocaïne lors de la fin des seven-ties. The Skywalker n’y échappe pas et sombrant peu à peu dans une addiction de plus en plus forte, il termine sa carrière à l’âge de 29 ans seulement après une chute dans les escaliers du Studio 54, un club très connu pour avoir été le centre des soirées new-yorkaises. Une chute qui ne s’arrête pas là d’ailleurs : il devient alcoolique en plus d’être un toxicomane et effectuera même 6 mois en prison après être ruiné. L’histoire se termine bien malgré tout puisque après plusieurs périodes de hauts et bas, il parvient à se soigner définitivement en trouvant le récon-

fort dans la religion et sa famille. Si l’on fait le bilan de sa carrière, on peut y voir une autre symbolique dans le choix de Jordan de faire de David la personne qui l’introduit au Hall Of Fame : Thompson aurait dû être le Jordan de la NBA avant l’heure ! Il avait le physique, le talent et peut être même une maturité plus grande que celle de MJ mais sans doute pas la force mentale de ce dernier. Personne ne sait si Thomp-son est tombé dans la drogue par malchance ou par faiblesse face aux énormes attentes qui le concernait… Ce qui est certain par contre : c’est

qu’il a été une superstar le temps de quelques années mais surtout, l’un des plus grands gâchis de l’histoire du basket.

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70% des joueurs prenaient de la cocaïne lors de la fin des seventies

g lever sg thompson sf english pf mcdyess c issel

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Berceau de l’industrie automobile (GM/Ford/Chrylsler), Detroit est une ville de « cols bleus ». Par ce terme, comprenez ces

travailleurs qui se lèvent tôt, cumu-lant parfois deux emplois pour aller gagner leur pain sur les chaînes de montage huit heures par jour. Une ville constituée en bonne partie d’ouvriers durs au mal qui n’ont pas peur de prendre des coups (les crises économiques et le chômage qui en découle) et d’en donner (la criminalité et le trafic de drogue dans les ghettos). Un peu comme son équipe de basket. Ainsi, la relation qu’entretient le public de Motown avec ses équipes est très particulière, avec un soutien indéfectible, une ferveur incroyable. Cette passion pousse naturellement les clubs portant ses couleurs à se dépasser quel que soit le résultat final. L’héritage que possède Detroit, les valeurs de « hards workers » de ses habitants infusent sur toutes les franchises de la ville. L’excellence est même au rendez-vous avec les Reds Wings, l’équipe de Hockey détentrice de 11 Stanley Cup. Et les Pistons dans tout ça me diriez-vous

? Quand le « Final Contdown » ré-sonne dans les enceintes du Palace, on sait d’avance que les joueurs vont tout donner comme s’il n’y avait pas de lendemain. Le processus d’identification presque fusionnel en-

tre les habitants de cette ville et les Pistons joue à plein. Dans l’histoire de la franchise, « les cols bleus », ce sont en particulier les joueurs intéri-

eurs. Ceux à qui on délègue le sale boulot, la défense et les rebonds, la pose des écrans pour libérer un partenaire. Ceux à qui on demande de casser le rythme de l’équipe ad-verse, de muscler un peu le jeu pour montrer qu’ici chaque panier se mé-rite. Qu’ici sans un travail besogneux tu n’arrives à rien. Qu’ici c’est De-troiiit Basketball tout simplement ! Le Palace devient alors cette fournaise bruyante, sold-out qui vous prend à la gorge, qui vous fait suffoquer, qui vous empêche même d’entendre les consignes de votre coach quand la cloche de Big Ben résonne.

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la relation qu’entretient le public de Motown avec ses équipes est très par-

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detroit pistonsInside the blue collars

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Detroit Pistons

Les plus beaux spécimens de « cols bleus » made in Pistons se nom-ment Rick Mahorn, Dennis Rodman, Bill Lambeer, James Edwards, John Salley ou bien encore Ben Wallace, le Sheed et Corliss Williamson. Pas forcément tous des esthètes de mouvements techniques poste bas mais de sacrés guerriers capables de se jeter sur n’importe quel ballon, de venir en aide sur un partenaire en difficulté. Des morts de faim qui montent sur vous en défense la bave aux lèvres. En bref, des joueurs que l’on déteste... Quand on est dans l’équipe d’en face. Un point commun entre tous ces intérieurs, ils ont tous bourlingué dans la ligue (excepté Rodman et Salley draftés la même année) avant d’être adoptés par la famille Pistons et de se sentir enfin comme chez eux. Ce fut le cas pour Ben Wallace par exemple qui jouait très peu du côté de Washington et qui a enfin pu exprimer tout son po-tentiel après avoir été impliqué dans le sign and trade envoyant Grant Hill à Orlando lors de l’été 2000. Sans eux, que seraient devenus les duos d’arrières chargés du scoring du strass et des paillettes ? Thomas et Dumars / Billups et Hamilton certes bons défenseurs doivent énormément aux « cols bleus ». Les Pistons ont toujours été ainsi, construits sur la même mécanique à savoir une dureté intérieure capable de faire briller les joueurs extérieurs. C’est en cela que le public du Palace s’est toujours reconnu avec fierté

dans ses big men. Et si les titres de MVP des finales ont échoués dans les mains de Thomas, Dumars et Billups il ne faut jamais oublier que le cœur du rutilant moteur de la cylin-drée Pistons se trouve à l’intérieur au milieu de ces grands bodyguards capables de sacrifier leur corps pour vous. L’ADN de la ville du Michigan est ainsi fait, il est inscrit dans toutes

les têtes des cols bleus : « du sang de la sueur et des larmes».

mr triple double

Des morts de faim qui mon-tent sur vous en défense la bave aux lèvres

g thomas sg dumars sf hill pf wallace c lanier

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On parle souvent, et à juste titre, des joueurs NBA issus du streetball dans des villes comme NY, LA ou Philadel-phie. Rucker Park, The Cage, Hank Gathers ou Venice Beach sont ainsi des temples du Street où s’affrontent joueurs inconnus ou presque et joueurs NBA. Ici, les ballers arrivent sans surnom et seuls les meilleurs en repartent avec un. Parmi ceux-ci des joueurs plus ou moins récents comme Rafer “Skip to My Lou” Alston, Conrad “McNasty” McRae, Anthony « The Mase » Mason, Earl “The Pearl” Monroe ou autre Wilt “The Stilt” Chamberlain. Même si d’autres villes émergent au niveau du street, l’une d’entre elles moins con-nue a tout de même sorti beaucoup de talents. Cette ville, c’est celle d’Oakland, patrie des Warriors de Golden State... Après pas mal d’efforts, il arrive dégoulinant de sueur. Dans ce workout, il n’est pas une légende du street mais simplement un joueur comme un autre. Chris Mullin, le vice président des opérations basket lui annonce qu’il sera finalement coupé. Il est déçu, sans plus, car à 39 ans Demetrius « Hook » Mitchell sait bien que sa carrière de joueur profes-

sionnel ne débutera jamais, la faute à une addiction à la drogue et aux différentes peines de prisons effectu-ées durant dix ans. Et pourtant… Pourtant, Waliy Abdur Rahim de son vrai nom (depuis sa conversion à l’islam en prison) a côtoyé quelques

grands noms de la NBA du côté de Mosswood Park, le playground le plus célèbre d’Oakland. Gary

Payton et Jason Kidd avouent sans mal qu’il était meilleur qu’eux et de loin. The Glove ira même jusqu’à dire que Mitchell est « le meilleur joueur de basket à n’avoir jamais posé les pieds en nba. ». En effet, la réputa-tion de « Hook » s’est faite à la fin des années 80 grâce à sa détente hors norme. Elle dépassa largement le cadre de la Californie à cause d’une vidéo le montrant réussir plu-sieurs dunks : 360° au dessus d’une voiture, de plusieurs personnes, alley-oop avec la planche pour lui-même, le tout avec une facilité ex-traordinaire pour un joueur d’1m85.

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Ici, les ballers arrivent sans surnom et seuls les

meilleurs en repartent avec un

Golden State Warriors

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Golden State Warriors

Son degré de notoriété atteignit presque celle de Earl “The Goat” Manigault son alter égo new-yorkais, autre talent exceptionnel lui aussi accro à la dope. Etre une légende de street ball ne garantit donc absolu-ment pas une carrière de profession-nel si l’on n’évite pas les obstacles que la vie dresse devant vous… D’autre part, le jeu de Mitchell ne se limitait pas seulement à ses prouesses athlétiques. Très vite il devint injouable avec son compère Antonio Davis originaire du même quartier que lui. Davis s’occupait de la défense, lui de l’attaque. Ces deux là livrèrent des batailles acharnées pour la suprématie de Mosswood face au duo issu du quartier de Skyline Gary Payton et Greg Fos-ter. Mitchell rendit plus d’une fois Gary Payton fou avec ses dribbles mais surtout avec sa répartie faisant souvent mouche. Tous les moyens étant bon pour l’emporter, même le trash talk, surtout le trash talk ! Pas étonnant dès lors que Payton fut l’une des plus grandes gueules de la ligue au cours des 90’s, n’hésitant pas à défier Jordan du regard ou à l’interpeller verbalement. Malheureusement pour eux, les War-riors ne mettèrent jamais la main sur les Payton, Kidd ou même Antonio Davis pour exister au cours de la période post Run TMC. Pourtant, la franchise avait pris le risque quelques années plus tôt de sélec-tionner un joueur formé à l’école des playgrounds. En effet, avant ses an-

nées de fac à St John’s, Chris Mullin avait fait ses gammes sur les terrains de Brooklyn. C’est là qu’il dével-oppa son tir de gaucher si spécial. Il recherchait en permanence les meil-leurs joueurs de New-York que ce soit à Harlem ou dans le Bronks pour progresser dans son jeu. Caractéris-tique typique des joueurs de street-ball qui aiment se confronter aux plus forts quel que soit leur pédigrée. Si par le passé la franchise avait su faire confiance à Mullin en tant que joueur, ses dirigeants, Joe Lacob en tête, font maintenant confiance à un autre enfant du street new-yorkais

comme head coach : Mark Jack-son, l’ancien coéquipier de Mullin à St John’s. A la surprise générale, Jackson a été préféré à Brian Shaw pourtant originaire d’Oakland. L’ancien assistant coach des Lakers ayant même évolué une saison pour la franchise de la Baie tout en étant citoyen d’honneur de la ville. Comme quoi nul n’est prophète en son pays.

mr triple double

Tous les moyens étant bon pour l’emporter, même le trash talk, surtout le trash talk !

g hardaway sg barry sf mullin pf webber c carroll

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Le basketball est un sport à part entière d’un bon nom-bre d’autres pratiques car très élitiste d’un point de vue physique. Si le footbal-

leur ou le tennisman moyen ne se distingue pas forcément d’un coup d’œil dans une foule, on ne peut pas en dire autant du basketteur. En effet, combien de disciplines profes-sionnelles peuvent prétendre avoir une majorité d’athlètes culminant au-delà du mètre 90 ? La taille est un élément fondamental dans l’univers de la balle orange car le jeu est vertical avant d’être horizontal. Les joueurs n’hésitent pas non plus à jouer avec, surestimant souvent leurs dimensions dans le but d’attirer les recruteurs. Mais attention, l’avantage de taille n’a jamais été synonyme de succès et un certain nombre de dirigeants se sont laissés leurrer par le doux rêve de pouvoir aligner une équipe de géants indéfendables dans la raquette. C’était le cas en 1964 quand Alex Hannum, entraîneur des San Fran-cisco Warriors à l’époque, décide d’aligner sur séquence le jeune Nate Thurmond et ses 2 mètres 11 aux côtés de Wilt Chamberlain et ses 2

mètres 16. Une expérience intéres-sante, efficace par moment mais trop brouillonne puisque les deux pivots se montaient un peu sur les pattes. Malgré tout, le principe des Twin Towers était né. Un système longtemps mis de côté avant de prendre toute son ampleur lors de la

Draft 1985. Cette année-là, les Rockets n’avaient toujours pas pris leur envol en

dépit de la présence du rookie de l’année, Ralph Sampson. Avec ses 2 mètres 24, des mains en or et une mobilité exceptionnelle, Sampson était un phénomène complètement hors du commun et dès son arrivée en NBA, il fait partie des joueurs les plus prisés de la ligue, certains lui accordant même une valeur ap-prochant celle de Magic ou Bird. L’effectif reste quand même faible et lorsque les dirigeants de Houston remarquent la qualité de la généra-tion à venir sur la prochaine Draft, ils décident de laisser tomber la saison afin de récupérer un élé-ment pour compléter leur franchise player. Cela constituera d’ailleurs les premiers signes évidents de tanking dans l’histoire. De cette manière, la chance tourne encore une fois du

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combien de disciplines profes-sionnelles peuvent prétendre avoir une majorité d’athlètes

culminant au-delà du mètre 90

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houston rocketsLe rêve des tours jumelles

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Houston Rockets

côté du Texas et les Rockets em-pochent pour la deuxième année consécutive le premier choix. Les voilà pourtant confronté à un dilemme : Olajuwon est issu de l’université locale et semble être le joueur le plus intéressant de la cuvée mais il pourrait faire doublon dans la raquette avec Sampson au contraire d’un Michael Jordan qui lui com-plèterait à merveille et plus logique-ment le franchise player. La tentation est finalement trop forte, Houston jette son dévolu sur Akeem et forme ainsi sa propre version des Twin Towers avec deux joueurs combinant presque 4 mètres 40 ! Les scep-tiques sont nombreux à l’époque, se demandant comment tourner le jeu autour d’un duo si grand et surtout de manière permanente. La réponse est rapide et même fulgurante. Dès leur première saison côté à côté, les tours jumelles deviennent l’attraction numéro une de la NBA. Mieux qu’une cohabitation, Samp-son et Olajuwon se complètent à merveille. Le Nigérian corrige les dé-faillances aux rebonds et en défense que pouvait avoir Ralph et permet à ce dernier de s’écarter bien plus qu’auparavant, démontrant la qualité de son tir mi-distance. Pire encore, la doublette verrouille complète-ment la raquette ce qui lui permet de lancer des contre-attaques dévasta-trices où les deux protagonistes sont également des acteurs diabolique-ment efficaces. Enfin, imaginez un seul petit instant les maux de têtes

des entraîneurs adverses pour ar-rêter le monstre à deux têtes en attaque. Focalisez-vous sur Samp-son et Olajuwon vous le fera payer à coups de hook shot dévastateurs, concentrez-vous sur Akeem et Ralph vous bombardera à 5 mètres. Un constat que les Lakers vont très rapidement comprendre, Houston les boutant hors des playoffs en 1986 d’un sévère 4 à 1. Boston est encore trop fort lors des finales mais avec deux stars à l’aube de leur carrière et merveilleusement bien entourées (Lloyd, Lucas, Reid, Wiggins entre autres), les Rockets sont unanime-ment l’équipe du futur.

Une destinée toute tracée brisée par la blessure de Sampson à la hanche et par une équipe atteinte de très sérieux problèmes de drogue, anéantissant ce que l’on pourrait ap-peler une Dream Team. Jamais des spécimens comme Sampson et Ola-juwon n’ont été retrouvés à nouveau en NBA donc inutile de déterminer la probabilité qu’une telle association puisse se représenter un jour. Tout cela était trop beau et malgré avoir frôlé la réalité, les Twin Towers ne sont peut-être finalement qu’un rêve pour les amoureux du basket…

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Houston forme ainsi sa propre version des Twin Towers avec deux joueurs combinant presque 4 mè-tres 40

g smith sg murphy sf tomjanovich pf thorpe c olajuwon

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La NBA a toujours fait rêver des millions de fans à travers le monde grâce à ses athlètes capables de coast to coast, dunks ou

autres buzzers beaters. Elle a sou-vent illuminé les yeux d’enfants et d’adolescents émerveillés devant le spectacle offert. Cependant, elle a aussi une face plus sombre qu’elle aimerait bien cacher : celle des bastons ! La ligue a toujours eu une réputation plus ou moins sulfureuse suite aux nombreux incidents banalisant les bagarres dans les années 70 comme celle de Jabbar se cassant la main sur Kent Benson. Le plus célèbre restant « The Punch » impliquant Kermit Washington au dépend de Rudy Tomjanovich. Pen-sant que quelqu’un allait essayer de le frapper par derrière. Washington se retourna et frappa violemment Tomjanovich, le laissant inconsci-ent dans une marre de sang. Les joueurs présents diront qu’après cette agression, le calme inhabituel dans la salle combiné au choc des fans fut « le plus lourd silence jamais entendu ». David Stern, alors direct-eur du comité de la ligue, affirma que l’incident fit prendre conscience à la NBA qu’elle ne pouvait pas laisser

des hommes si grands et si forts se frapper les uns sur les autres. En réaction, il fit voter l’ajout d’un 3ème arbitre. « The Punch » était jusqu’alors considéré comme l’incident le plus effrayant de l’histoire de la NBA et ce

malgré d’autres bagarres devenues célèbres comme cette rencontre entre les Knicks et les Bulls lors des PO de 1994 accouchant d’un pugilat

sous les yeux de Stern en personne ! Ou bien encore la prise de bec entre Alonzo Mourning et Larry Johnson en 1998, pourtant deux anciens coéquipiers de Charlotte avec Jeff Van Gundy s’accrochant aux jambes de Zo’. Dans une ligue néanmoins plus pacifiée, rien ne fut compa-rable avec ce qui se passa ce 19 Novembre 2004 au Palace d’Auburn Hill entre les Pistons et les Pacers. A cette époque, Detroit et Indiana entretiennent une grosse rivalité et les hommes de Carlisle sont même vu par certains analystes comme les favoris de la conférence Est. Les Pacers n’étaient pourtant pas connus pour être une franchise de « bad boys » adepte des accro-chages, seul Reggie Miller ayant connu quelques altercations avec

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La ligue a aussi une face plus sombre qu’elle aimer-

ait bien cacher : celle des bastons

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Indiana Pacers

les Knicks, Jordan et Kobe Bryant. Mais ce jour là, alors que le match est diffusé sur ESPN, tout bascule à moins d’une minute de la fin du match lorsque Ron Artest fait une poussette sur Ben Wallace. Partant s’allonger sur la table de marque pour se calmer, il reçoit un gobelet de coca. Son sang ne faisant qu’un tour, Artest se précipite dans les gradins pour punir le coupable ac-compagné de Stephen Jackson ! Les coups pleuvent de part et d’autre. On se croirait dans le championnat grec quant une chaise venant du terrain rate de peu la tête d’O’Neal. La sortie des membres des Pacers est houleuse, les fans des Pistons jetant toutes sortes de projectiles. La sécurité est complètement dépassée par ce climat d’émeute. Dans ce cadre apocalyptique, Rick Carlisle déclarera avoir «lutté pour sa vie». Le bilan de l’altercation fut quand même de 9 blessés du côté des spectateurs dont deux à l’hôpital, rien du côté des joueurs. Stern réagit avec vigueur et les sanc-tions furent au rendez-vous. Artest ne joua plus de la saison, soit 86 matchs sans paye, playoffs compris. Jackson écopa de 30 matchs, 25 pour O’Neal (réduit à 15 en appel), 6 pour Ben Wallace pour un total de 10 millions de dollars de perte…5 fans furent quant à eux poursuivis au pénal et bannis de tous les matchs à domicile des Pistons à vie ! La baston amena la ligue à augmenter les conditions de sécurité dans les

salles entre les joueurs et les fans tout en limitant la vente d’alcool. Depuis, aucune boisson alcoolisée n’est vendu après le 3ème QT et la consommation est limitée à deux verres par personne. Cette bagarre qui choqua toute l’Amérique aura des conséquences désastreuses sur l’image policée de la ligue. Ainsi, en Mars 2005, pour la première rencontre au Palace entre les deux équipes, le match démarra avec 90 minutes de retard suite à des menaces de bombes dans le vestiaire des Pacers. Les deux équi-pes se rencontreront malgré tout en

demi-finale de conférence avec une nouvelle victoire des Pistons à la clé. A partir de ce moment là, les Pacers ne finiront plus une seule saison à plus de 50% de victoire et rateront les playoffs jusqu’à cette année, preuve que le « Palace Brawl » aura marqué durablement les esprits de la franchise.

mr triple double

Dans ce cadre apocalyp-tique, Rick Carlisle dé-clarera avoir «lutté pour sa vie»

g jackson sg miller sf brown pf o’neal c daniels

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Bien évidemment, il aurait été facile de vous parler des déboires sportifs de « l’autre club de L.A ». De res-sasser les saisons ratées avec un niveau de jeu indigne d’une équipe professionnelle donnant aux Clips le titre peu glorieux de pire franchise de l’histoire du sport U.S. Au lieu de cela, nous vous proposons un focus sur son propriétaire car on ne peut pas comprendre la Clipper Nation sans évoquer celui qui dirige la fran-chise depuis 30 ans. Regard vicieux, grosse bedaine à la Louis Nicolin, cheveux grisonnants avec un visage ridé au fil des an-nées, sourire hypocrite. Vous voilà devant Donald Sterling se moquant une nouvelle fois de ses propres joueurs après une énième défaite de son club. Ce nabab de l’immobilier devient le proprio des Clippers en 1981 sur les conseils de son ami et proche Jerry Buss, le boss des Lak-ers. Non content d’avoir fait fortune dans le bâtiment, Sterling veut une plus grande exposition médiatique et l’opportunité d’acheter une franchise tombe à point nommé. Il tente donc l’aventure NBA, non pas dans le but de rendre sa franchise compétitive mais bien dans celui de faire le maxi-

mum de profit. Sa première décision sera logiquement de faire déménager les Clippers de San Diego vers Los Angeles, un marché bien plus juteux économiquement parlant. Donald Tokowitz de son vrai nom est considéré par beaucoup comme le

plus pingre, le plus cupide, le plus avare de tous les propriétaires. Une sorte d’oncle Picsou gardant son portefeuille bien au chaud pour ne

pas payer ses meilleurs joueurs qui, inexorablement, partent sous d’autres cieux. La seule fois où il fera vraiment chauffer sa carte, ce sera pour Elton Brand et son con-trat de 82 millions de dollars en 2003. Cet homme sans morale ni scrupule dégoutera un à un tous les entraîneurs et GM passés dans la franchise. En effet, seuls Bill Fitch et Mike Dunleavy feront plus de 4 ans sous sa coupe tyrannique au poste de head coach. Sterling sera poursuivi de nombreuses fois aux tribunaux pour des licenciements abusifs sans avoir payé les sommes restantes dans les contrats des cad-res de son staff. L’exemple le plus récent est celui de Dunleavy viré en 2010 sans avoir touché sa prime de licenciement de 5,4 millions de dol-lars, mais c’est loin d’être le pire ! Sterling avait en effet poursuivi Fitch après l’avoir viré, assurant que son ancien entraîneur était trop content de prendre son argent et ne recher-

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Vous voilà devant Donald Sterling se moquant une nouvelle fois de ses pro-

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Los Angeles Clippers

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Los Angeles ClippersThe Worst

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Los Angeles Clippers

chait pas assez activement un nou-veau travail. Dans sa déposition, il affirmait qu’il n’avait aucun rôle dans la draft ou la signature des joueurs et qu’il ne savait pas ce qu’était un contrat garanti… Et ce n’est pas fini : Elgin Baylor, l’ancienne légende des Lakers et ex-GM des Clipps, a pour-suivi ce cher Donald en expliquant que son éviction était due à une discrimination à l’âge et au racisme de Sterling. Baylor explique ainsi que son proprio emmenait des femmes dans les vestiaires pour qu’elles admirent « ces beaux corps noirs ». Il sera court-circuité dans toutes les décisions prises apprenant certaines d’entre elles dans la presse. Ster-ling a ainsi confié qu’il ne savait rien de la carrière de ce dernier avant de l’engager... Et qu’il l’avait pris uniquement parce qu’il n’était pas cher ! Mais avec Donald, quand il n’y en a plus, il y en a encore ! Kim Hughes qui remplaça Mike Dunleavy est at-teint d’un cancer de la prostate mais Sterling refuse de payer l’opération laissant son coach dans une situa-tion très périlleuse. C’est ce qui fera dire à un blogger de Yahoo Sports que Sterling est « the worst person in the world ». Les frais de l’opération seront réglés par les joueurs des Clippers, Elton Brand en tête. Même si être radin est un vilain défaut, il n’en demeure pas moins un délit. Le problème avec Sterling, c’est qu’il est atteint de la « planta-tion mentality » terme politiquement

correct pour dire qu’il est raciste (sans évoquer des plaintes contre lui pour harcèlement sexuel). En effet, alors qu’il est propriétaire d’un im-meuble dans le quartier Coréen de L.A, il refuse de louer ses logements aux populations noires et latinos. Ainsi en 2009, il est poursuivi par la justice américaine pour discrimina-tion au logement. Autre manifestation de cette men-talité, lorsque Danny Manning arrive aux Clippers, il déclare : « j’offre beaucoup d’argent pour un pauvre enfant noir.» Pour tenter d’adoucir son image, il décide la saison passée de célébrer le mois de l’histoire noire en mars, alors que celui-ci a lieu en février…

Sterling est aussi l’homme des promesses non tenues et pas seule-ment dans le management des Clippers. Dans un article du L.A Times paru en 2006, il annonce que sa fondation caritative doit dépenser 50 millions de dollars pour construire des logements au profit des sans-abris. Rien n’est sorti de terre à ce jour… Alors que le futur sportif semble être en bonne voie avec l’avènement du phénomène Blake Griffin, épaulé par Eric Gordon, on ne peut s’empêcher de penser que cette franchise est vouée à l’échec tant que « The Worst » sera dans les parages. Vous avez dit cancer ?

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C’est ce qui fera dire à un blogger de Yahoo Sports que Sterling est « the worst person in the world »

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Les derniers problèmes estivaux nous montrent clairement que NBA et argent sont fortement liés. Dans une société où on peut

penser que l’argent ne fait pas le bonheur mais y contribue fortement, même les richissimes propriétaires et joueurs sont prêt à tout pour en avoir plus, toujours plus. Ce phénomène, qui touche de plein fouet le sport nord-américain, n’est absolument pas récent, bien au contraire. Retour dans le passé, début des années 1980. Après une décennie pour le moins compliquée, la NBA cherche à se relancer auprès du public américain. Pour cela, la ligue a besoin d’exploits capables de créer un réel engouement. Au cours des finales NBA 1980, un jeune rookie nommé Earvin Magic Johnson va apporter cette étincelle tant recher-chée en menant ses Lakers au titre national, empochant par la même occasion le titre de MVP des Fina-les après un match 6 d’anthologie. Avec ce succès, la fête est totale dans la cité des Anges, et les joueurs deviennent les nouvelles superstars de LA. Hollywood Blvd, Beverly Hills, Venice Beach, autant de lieux qui

font tourner les têtes, surtout pour des joueurs qui ont très souvent connu des jeunesses difficiles. Après cet été festif, les Lakers retournent sur les parquets avec l’étiquette de favoris pour leur propre succession. Mais rapidement, les

choses se corsent. Magic est obligé de rejoindre l’infirmerie le forçant à rater 45 matchs, et l’ambiance dans le vestiaire californien se

dégrade. En effet, après le titre remporté quelques mois auparavant, nombreux sont les joueurs réclamant plus de temps de jeu et surtout, une augmentation de salaire. Malgré cela, les Lakers réalisent une bonne saison régulière et avec le retour de Johnson avant les playoffs, les Lakers sont prêts à en découdre pour réaliser le back-to-back. Mal-heureusement, les choses ne vont pas se passer comme prévu puisque les joueurs de Paul Westhead se font sortir dès le premier tour par les Houston Rockets, une énorme surprise pour toute la ligue. Les cri-tiques pleuvent alors sur la franchise pourpre et or. Malgré cet échec, l’été va être prolifique pour Magic Johnson : considérant Earvin comme le futur des Lakers, le proprio Jerry Buss propose au jeune meneur un contrat de 25 millions de dollars sur 25 ans ! Si la somme peut paraitre ridicule comparée aux salaires actuels, cette

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un jeune rookie nommé Earvin Magic Johnson va

apporter cette étincelle tant recherchée

Los Angeles Lakers

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los angeles lakersThe Disease of More

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Los Angeles Lakers

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offre est totalement exceptionnelle pour l’époque, et la durée du contrat reste du jamais vu. Le joueur ne rate pas cette occasion de s’enrichir, ce qui ne plait pas bien entendu à ses coéquipiers qui réclament toujours de plus grandes considérations fi-nancières, et qui voient d’un mauvais œil la relation privilégiée qu’entretient Magic avec Buss. Emporté par les millions fraichement acquis, Johnson frime de plus en plus et son sourire de nice guy ne suffit plus. Victime du star system californien, il est alors vu comme un joueur très talentueux, mais de plus en plus arrogant. Les choses ne vont pas aller en s’améliorant. Accusé d’être coupable du départ de Westhead suite à une altercation, Magic est pris en grippe par toute la NBA, y compris ses coéquipiers et les fans angelinos. Pat Riley prend alors les reines de l’équipe, en y ramenant le Showtime cher à Johnson, et qui permettra aux Lakers de remporter le titre en Juin 1982. Le coach californien en profitera également pour remettre Magic sur la bonne voie, devenant alors une personnalité aimée de tous. Mais en dehors des parquets, la saison n’aura pas été de tout repos pour l’ancien pensionnaire de Michigan State, qui mettra plusieurs mois à se faire pardonner. Ce que l’histoire retiendra des deux années séparant les titres des Lak-ers en 1980 et 1982, ce sont ces accrochages permanents entre joueurs, ce sentiment de jalousie

car le coéquipier a plus de temps de jeu, un meilleur salaire et surtout plus de reconnaissance à travers les médias ou envers les fans. Les joueurs avaient tout pour rééditer leur performance, mais l’appât du gain les a détournés de la route de la victoire. Dans son livre « Showtime », Pat Riley explique clairement ce phénomène, l’ayant vécu en tant qu’assistant-coach de Westhead. Il le nomme « The Disease of More ». Une accumulation d’épiphénomènes négatifs survenant après une réus-site collective, conduisant irrémé-diablement à l’auto-destruction du groupe. Cette « maladie » a touché

depuis un bon nombre d’équipes, et pas seulement dans le monde de la balle orange, où l’intérêt individuel est passé avant celui de l’équipe. On se rend compte ainsi de toute la complexité pour les franchises de bâtir des équipes avec des joueurs talentueux, passionnés, déterminés, et qui voient le titre national comme le plus beau des salaires.

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Johnson frime de plus en plus et son sourire de nice guy ne suffit plus

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Minneapolis

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Pendant près de cinquante ans, la NBA avait choisi de se confiner aux Etats-Unis. Depuis la disparition des Huskies de Toronto

en 1947 un an seulement après sa création, aucune équipe de la grande ligue ne s’était délocalisée en dehors des frontières américaines. Le boom médiatique de la NBA dans les nineties, loin d’être ralenti par les prouesses d’un certain numéro 23, encourage la ligue à détourner son regard vers le Nord. Après une demande vaine en 1980, la ville de Vancouver en remet une couche treize ans plus tard, sous l’impulsion du propriétaire des Canucks de Vancouver – l’équipe de NHL de la ville – qui souhaite qu’une franchise NBA évolue dans la salle de 20 000 places qu’il projette de construire. Bingo. Les Grizzlies voient le jour. Avec les Raptors, ils deviennent en 1995 les 28e et 29e franchises de la ligue. L’équipe tout neuve de Van-couver, aux couleurs pourtant ternes et à l’étrange logo, espère alors ven-dre 12 500 seasons tickets l’année précédant sa première saison dans l’élite, pour commencer sur des bases financières rassurantes. En

1989, lors de leur création, le Magic et les Wolves n’en avaient même pas vendu 10 000. Vancouver ne fait pas mieux, et des entreprises doivent racheter les quelques 3 000 sea-sons tickets restants. L’expansion draft mise en place pour l’occasion permet à Vancouver de former un

collectif très moyen (Greg Anthony, Bryan Reeves, Benoit Benjamin) qui va pourtant remporter les deux

premières rencontres de saison régulière de l’Histoire des Grizzlies. Avant de perdre 19 matchs con-sécutifs. Puis 23 de février à avril. Pour finir bons derniers de la saison inaugurale. Shareef Abdur-Rahim, Antonio Daniels et Mike Bibby ren-forceront le roster les années suiv-antes, en vain. Pendant le lock-out de 1999 (8 victoires pour Vancouver), les fans redoutent une chute au box-office. Le comble : les Grizzlies sont parmi les seules franchises à vendre plus de tickets que la saison précédente. Steve Francis, grand espoir de la ville à la draft 1999, ne veut pas jouer au Canada, et le fait savoir publiquement. Les Grizzlies le sélectionnent pour le transférer im-médiatement : Francis est conspué et physiquement agressé lors de ses matchs dans l’arène des Grizzlies. Le capital charisme de la franchise est au plus bas. Jusqu’en 2001, le parcours du vilain petit canard de la NBA rest-

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Steve Francis, grand es-poir de la ville à la draft 1999, ne veut pas jouer au

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Memphis Grizzlies

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memphis grizzliesCanada Try

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Memphis Grizzlies

era constant : défaite sur défaite, le public lâche prise et la salle n’est remplie qu’aux deux tiers pendant qu’Iverson, Kobe et Shaq font rêver le monde entier. Le dollar canadien est extrêmement faible, et depuis le lock-out, la franchise est à la peine financièrement. Elle serait même en déficit. L’homme d’affaire Bill Laurie tente un sauvetage de dernière minute ; des rumeurs an-noncent un déménagement des Grizzlies à St Louis. La situation est catastrophique, et le businessman Michael Heisley rachète finalement la franchise pour 160 millions. Il admettra rapidement que l’aventure ne peut se poursuivre à Vancouver. Marche arrière phéno-ménale le 4 juillet 2001, quand la NBA officialise la relocalisation des Grizzlies dans le Tennessee. Le pays du hockey ne possède plus que pour seuls représentants NBA les Rap-tors, poussés par l’ouragan Vince Carter. A Vancouver, on n’évoque que très peu le bilan horrible (101-359) de six années NBA bien ternes. David Stern l’admettra lui-même : « C’est une ville géniale que nous avons déçu. Nous nous sommes déçus nous-mêmes ». Récemment encore, il soutenait qu’un retour était inenvis-ageable. Aujourd’hui, il est indéniable que le côté international de Toronto apporte une certaine fraicheur dans une ligue qui en a tant besoin. La plus grande ville du Canada pos-sède une forte base de fans, et reste

la plus belle preuve qu’un départ à l’étranger peut ne pas être dou-loureux. De choix catastrophiques en manque de réussite, le parcours des Grizzlies à Vancouver reste une anomalie dans l’Histoire des franchises NBA, et en ces mo-ments où de nouvelles relocalisa-tions sont évoquées, certaines cités canadiennes pourront apparaître au détour des villes candidates. La Mecque du hockey ne veut pas être délaissée : les matchs de pré-saison NBA organisés à Montréal et Vancouver font systématiquement salle comble. Mais l’amertume des supporters canadiens des Grizzlies

n’est pas prête de s’effacer. Et Stern d’oublier qu’il s’agit là d’un de ses plus grands échecs. Le 4 juillet 2001 restera le jour où l’une des étapes de la mondialisation de son bébé a bêtement échoué.

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David Stern l’admettra lui-même : « C’est une ville géniale que nous avons déçu»

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La promotion est un élément indispensable à la bonne marche d’une entreprise et, par conséquent, elle l’est toute autant dans le monde

du sport professionnel. Attirer la cu-riosité, mettre en avant son produit, séduire de nouvelles cibles et ren-forcer la passion des adeptes sont des leitmotivs incontournables dans l’ère moderne. D’ailleurs, les émis-sions sportives elles-mêmes sont un procédé publicitaire très puis-sant qui a permis leur éclosion avec l’avènement de la télévision. De nos jours, promouvoir est devenu un tra-vail de spécialistes et les ressources mises en jeu de ce côté n’ont rien de négligeables. Néanmoins, dans une époque plus lointaine où le sport de haut niveau peinait à s’imposer sur la scène nationale, la publicité était une question de survie et les moyens très limités. L’ABA n’a jamais véritable-ment possédé de vitrine médiatique et le talent du chargé à la communi-cation de chaque franchise était mis à rude épreuve. Surtout quand les résultats de l’équipe n’étaient pas au rendez-vous… C’est ainsi que la ligue rivale à la NBA nous a offert quelques spectacles aussi surpre-nants qu’incongrus dans le but vital

d’augmenter le nombre de specta-teurs. Les Floridians ont séjourné quatre saisons à Miami, quatre années de galère où seul le talentueux Calvin Mack méritait que l’on s’attarde quelques minutes sur les gradins de

l’arène. Et encore, si l’on peut appel-er un ancien hangar pour avion une arène. Il faut dire que dans un Etat comme celui de Floride, il est com-

pliqué pour tout sport d’exister telle-ment le football règne en souverain. Les Dolphins sont une religion, Dan Marino une idole, les Hurricanes une institution universitaire et tout autre discipline ne pourra mieux faire que prétendre à une modeste deuxième place. Il suffit de voir l’engouement plutôt modeste de la population locale concernant les Three Amigos pour s’en faire une raison. C’est dans ce contexte si particulier que Rudy Martzke et Kenny Small, respectivement responsables des relations publiques et marketing, ont dû batailler pour sortir leur équipe de l’anonymat. Pour cela, ils ont inventé toutes sortes de récompenses pour diffé-rents concours : des dindes vivantes pour Thanksgiving, des glaces gra-tuites certains soirs, 57 livres d’Irsih Potatoes en honneur de la Saint Pat-rick pour un heureux supporter, 500 collants gratuits pour la « Lady Night ». Ils ont même organisé des dou-

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L’ABA n’a jamais véritable-ment possédé de vitrine

médiatique et le talent du chargé à la communication

Miami Heat

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miami heatthe ballgirls

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Miami Heat

bles affiches avec des rencontres de boxe à la suite des matchs de leur équipe. Si le succès de ces entre-prises extra-sportives restait plutôt mitigé, une d’entre-elles a pourtant connue une réussite sans pré-cédents : les cheerleaders ! Non pas que le principe venait d’être créé ou importé sur les parquets, l’originalité des danseuses des Floridians venait de leur accoutrement. Avec un bikini réduit à son minimum et des bottes hautes d’un blanc éclatant, les « ballgirls » comme on les surnommait ne laissaient pas la gent mascu-line indifférente. Surtout que, bien évidemment, le casting était des plus réussi. D’un avis presque unanime, elles étaient considérées comme les meilleures au monde, une distinc-tion que le Heat a tenu à préserver visiblement. Devenues les véritables symboles des Floridians, on avait coutume de dire que les spectateurs étaient plus attentionnés par leurs activités sur le bord du terrain plutôt que par le terrain lui-même. Lors de l’une des grandes (et rares) affiches de la saison ABA au Madison Square Garden, Miami venait rencontrer les Americans de Rick Barry. Sur chacune des affiches informant de l’évènement, on pouvait voir les danseuses bien en valeur. La soirée a connu un certain succès avec une affluence de 8500 personnes. Mais comme l’a ajouté lui-même Rudy Martzke, environ 8000 étaient bien incapable de nommer trois joueurs

sur le terrain et avait assisté à la rencontre dans l’unique but de voir les filles. Quelques jours après, on pouvait lire dans Sports Illustrated tout un article sur le match mais la quasi-totalité ne traitait que des cheerleaders. Cependant, aussi douées que l’étaient les danseuses, cela ne pouvait pas cacher la vérité du ter-rain et dans un milieu comme celui de la Floride, la franchise ne résista pas longtemps. A la fin de la saison 1972, les Floridians devinrent la première franchise avec les Pipers de Pittsburg à connaître la faillite en

ABA. Si le bilan sportif n’est pas des plus mémorables, l’équipe de Miami a eu un mérite qu’on ne peut pas lui enlever : faire des cheerleaders un élément incontournable du basket-ball professionnel, un précepte pub-licitaire dont on ne se lasse toujours pas !

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une entreprise a pourtant connue une réussite sans précédents : les cheer-leaders !

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Il est maintenant chose commune de dire que le sport est devenu la religion des pays occidentaux. L’opium du peuple, comme le di-sait Marx, correspond davantage

de nos jours aux matchs télévisés qu’à la messe hebdomadaire et les athlètes ont remplacé les prophètes dans le cœur des gens. Cela est peut être encore plus marqué aux Etats-Unis, pays pourtant très croyant. Le jour saint fait figure de rendez-vous inconditionnel pour tout amateur de NFL, le baseball rythme les vacances estivales et le basket réchauffe les hivers. En résumé, les fanatiques sont devenus des fans tout court. Mais aussi bizarre que cela puisse paraître, plus le sport est sacralisé comme une religion, plus les spor-tifs semblent rechercher la religion, comme si les deux étaient finalement liés. Parmi ceux-là, Lew Alcindor, ou plutôt Kareem Abdul-Jabbar, fut dans les premiers grands noms du sport à posséder une identité religieuse. Très impliqué dans les combats ségrégationnistes durant ses années à UCLA, il fera par-tie des athlètes afro-américains à boycotter les Jeux Olympiques

de 1968. C’est sa fierté d’homme noir et une enfance catholique dif-ficile qui le convaincront de choisir l’Islam mais aussi une volonté de s’isoler. Kareem consacre beaucoup d’importance à sa nouvelle religion et apparaît comme un emblème de la branche sunnite du Coran. Lors de

ses années à Milwaukee, il convertira même d’autres joueurs à l’image de Spencer Haywood et Walt Hazzard.

Grâce à son imposant contrat de star NBA, il finance la communauté de son mentor spirituel et achète des locaux dans un quartier huppé de Washington. Actif tout en restant bien à l’écart des activités reli-gieuses, Alcindor connaît les écueils à éviter et veut à tout prix éviter l’expérience de Mohammed Ali qui avait rejoint la très controversée Na-tion Of Islam. Et pourtant, ce sont bien des membres des Black Muslims qui débarqueront un après-midi de Janvier 1973 dans ses locaux de Washington pour massacrer les personnes y résidant. Six personnes sont assassinées dont quatre en-fants sous les yeux de leurs mères. La gravité de la situation forcera Kareem à être placé lui et sa famille sous la protection de gardes du corps. Un évènement qui constituera un véritable traumatisme pour Abdul-Jabbar. Cet épisode marque le début de migraines très violentes le

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En résumé, les fana-tiques sont devenus des fans tout court

Milwaukee Bucks

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Milwaukee bucksThe Sportanity

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Milwaukee Bucks

forçant à rester dans sa chambre quelques soirs de matchs, ce que ni les supporters des Bucks, ni des Lakers ont vraiment apprécié. Mais son passé le rattrapera à nouveau en 1977 quand les anciens mem-bres de sa communauté, obnubilés par un désir aveugle de vengeance, décident d’envahir le siège du B’nai B’rith, une organisation juive. Pen-dant 38 heures, son ancien mentor et ses compagnons tiennent 138 personnes en otages. La situation se terminera avec un mort et sept bles-sés. Les auteurs seront tous envoyés en prison mais les ligues juives ne s’arrêtent pas là et menacent de kidnapper Kareem qu’elles croient au centre des affaires. Une période difficile qui ne semble jamais en finir avec son divorce la même année et des résultats sportifs décevants. En effet, après un transfert qui a envoyé les meil-leurs joueurs de Los Angeles dans le Wisconsin, les Lakers ont passé deux années à reconstruire autour de Kareem. Mais une fois le collectif ré-tabli, la suspension de Kermit Wash-ington suite à l’affaire Tomjanovich annihilera les espoirs de titre. Un tableau chaotique qui l’amènera à une introspection, une réflexion sur lui-même suggérée par Cheryl Pisto-no, sa nouvelle compagne. Le géant habituellement froid et impassible est en plein conflit intérieur et ira même jusqu’à casser deux portes chez lui suite à une violente colère. Lui qui pensait avoir détenu la vérité, avoir

pris le bon chemin et les bonnes décisions par-delà ses pèlerinages et ses croyances, se rendit finalement compte qu’il n’avait pas été plus heureux que cela. La faute à un isolement trop systé-matique, que celui-ci ait été causé par sa taille, par ses expériences sportives, par son enfance et par son approche de la religion. Kareem s’est donc forcé à s’ouvrir aux autres, à prendre le rôle du leader dans les vestiaires et à tout simplement deve-nir moins sérieux. Un nouveau com-portement qui lui fit comprendre que sport et religion sont deux choses

bien distinctes, qui peuvent très bien coexister mais dont le mélange reste dangereux. La vérité est dans le dosage, à la manière d’un Hakeem Olajuwon qui se servit de la reli-gion pour apaiser ses attitudes trop fougueuses. Car il n’en faut pas pour autant renier la jonction historique qu’il existe entre ces deux mondes. Après tout, le basket a bien été créé par un pasteur lors d’un camp d’été de jeunes chrétiens.

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Le géant habituellement froid et impassible est en plein conflit intérieur

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« The small markets » ou en français, les petits mar-chés. Expression utilisée pour désigner les villes de taille modeste où l’attention

médiatique est généralement plus faible que dans les autres grandes métropoles américaines. Voilà un terme que l’on ne cesse d’entendre depuis plusieurs semaines, mois et mêmes années, source de nombreux problèmes, qu’ils soient sportifs ou économiques. Moins attirantes pour les agents libres et disposant surtout d’une marge de manœuvre plus faible, les franchises des villes moyennes soumettent un terrible dilemme à la NBA. Contrairement au baseball ou au football américain, la ligue de basketball a besoin de voir les plus grandes métropoles au sommet des classements afin d’être lucrative. Mais un championnat à deux vitesses pénalise les petits marchés et par conséquent, la ligue elle-même. Difficile donc de trouver le juste milieu pour être à la fois équi-table et rentable. Le protectionnisme des « small markets » n’a jamais été aussi grand pourtant, ce qui n’a pas toujours été le cas. Il fut un temps où l’Etat du Minne-

sota dominait l’univers de la balle orange. Avec cinq titres de cham-pions sous l’ère de George Mikan au début des fifties, les Minneapolis Lakers furent la première dynastie du basketball américain. Extrêmement populaire auprès de la population locale, la franchise était le symbole

et la fierté de la région. Néanmoins, l’arrivée de l’horloge des 24 sec-ondes et les blessures de Mikan

précipitèrent la franchise dans les bas-fonds de la ligue et la plonga dans l’indifférence totale. Un pas-sage à vide dont les Lakers ne se relèveront pas malgré la Draft du très talentueux Elgin Baylor qui permettra à son équipe d’atteindre les fina-les dès son année de rookie. Alors que des investisseurs de Kansas City semblaient très intéressés, un groupe local mené par Bob Short décida de sauver la franchise et de la préserver dans le Minnesota. Mais le diagnostic financier était implacable, les Lakers ne se relèveront pas. A la même époque, le monde du sport professionnel américain est en train de vivre le début d’une muta-tion géographique considérable. En 1958, l’équipe de baseball de Brooklyn, les Dodgers, décide de s’éloigner de l’ombre des Yankees et s’exile à Los Angeles. La venue en Californie de la franchise est un véritable succès et l’expérience fait naître de nombreuses idées à

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Mais un championnat à deux vitesses pénalise les petits marchés et par con-

séquent, la ligue elle-même

Minnesota Timberwolves

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minnesota timberwolvesLa théorie de l’évolution

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Minnesota Timberwolves

d’autres propriétaires dans le do-maine du sport : un nouvel eldorado était né ! Cela n’a bien évidemment pas échappé à Bob Short qui rêve de grandeur dans la cité des anges. C’est ainsi qu’en 1960, les Lakers débarque en Californie pour devenir la première équipe de la côte Ouest. En plus du déménagement, l’équipe subit de profonds changements. La franchise possède le deuxième choix de la Draft et pose son dévolu sur un jeune arrière de West Virginia, Jerry West. Son ex-coach universitaire, Fred Schaus, fait aussi le voyage pour devenir son nouvel entraîneur professionnel. Chick Hearn arrive au poste de commentateur radio, un poste qu’il tiendra 41 ans du-rant. Mais pourtant, l’ensemble ne prend pas. Bien loin du glamour d’Hollywood, l’équipe a du mal à s’imposer malgré des résultats probants. Il faut dire que le basket n’a peut-être pas tous les atouts pour réussir à LA, puisqu’il sem-ble compliqué de vendre un sport d’intérieur dans une ville où tout le monde vit à l’extérieur. La gestion de la franchise n’est pas aisée non plus, les dirigeants ayant décidé de rester dans leur fief de Minneapolis et donc de déléguer leurs responsabilités. L’une des phrases favorites de Bob Short étant : « Ne m’appelez pour rien et encore moins de l’argent ! ». Heureusement pour eux, les Lak-ers possédent un staff intelligent et dynamique sur place. L’une des leurs idées phares étant de proposer

aux stars du 7ème art qui pullulent à Hollywood de venir gratuitement au match. C’est de cette manière que Peter Falk, puis John Nicholson puis bien d’autres étoiles commencent à prendre possession des pre-miers gradins de l’arène. Il faut dire qu’avec le duo Jerry West – Elgin Baylor, les spectateurs en ont pour leur argent. Permettant à la fois de voir les stars des parquets et du petit écran, les Lakers deviennent très populaires et Los Angeles se prend d’affection pour son équipe, une histoire d’amour qui ne se terminera jamais.

Tout comme les Dodgers dans le baseball, les ors et pourpres ont ouvert la voie à une migration du basketball vers la côté Ouest, pour le plus grand bien de la NBA. Comme dans la théorie de Darwin, un petit a dû subir des changements pour devenir plus fort afin de survivre. Et si finalement les déménagements de franchise vers des marchés plus porteurs n’étaient pas une si mau-vaise chose ?

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il semble compliqué de vendre un sport d’intérieur dans une ville où tout le monde vit à l’extérieur.

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Il existe des êtres que l’on qualifie de prédestinés à accomplir des taches hors du commun, comme s’ils étaient venu sur terre dans un but précis. Julius Erving fait

partie de cette catégorie d’humains. Un physique sans doute jamais revu 30 ans plus tard et une inspiration pour le jeu qui tient du génie. Celui que l’on surnomme Dr. J possède une place à part dans l’histoire du basketball et l’héritage qu’il a laissé derrière lui ne s’est toujours pas évaporé. Pourtant, malgré une réputation de Dieu vivant parmi les amateurs de la balle orange, il garde un aspect mystérieux, presque mys-tique, quelque chose qui le tient à part des autres, même des meilleurs. Une aura qui s’explique sans doute par son passage en ABA, l’autre ligue des seventies. En effet, ce n’est qu’à l’âge de 26 ans que le joueur à afro rejoindra les rangs de la NBA et par la même occasion l’attention médiatique dont il ne bénéficiait pas avant. Pendant cinq ans, c’est avec le ballon bleu-blanc-rouge que Julius s’est fait une réputation. Une renom-mée qui a tardé à s’établir en NCAA, Erving évoluant dans une modeste

université (UMass) à une époque où le dunk était interdit chez les « col-leges ». C’est par du simple bouche à oreille que les dirigeants de la franchise des Virginia Squires ont décidé de le signer, encore curieux de ce joueur que l’on décrit comme talentueux mais encore brut dans

sa forme. Il suffira d’un seul camp d’entrainement pour que le staff comprenne ce qu’ils avaient entre les

mains. Lors d’une bataille au rebond dans la raquette, Julius s’élève, s’élève, s’élève, bien au-dessus des autres joueurs, pour claquer un dunk surpuissant. Une première action d’éclat qui en appellera bien d’autres. Premier match d’exhibition face à Kentucky, contre-attaque, Artis Gilmore (2m18 et 110kg) se dresse entre lui et l’arceau, le Doc prend son impulsion et fracasse le panier au même titre que l’intérieur le plus puissant de l’époque. Avec ses mains prodigieusement grandes et sa verticalité légendaire, Erving n’a cessé d’inventer de nouveaux mouvements, utilisant le ballon tel un handballeur et flottant dans les airs avec une grâce divine. Selon ses dires, il rêvait même de ses actions

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Un physique sans doute ja-mais revu 30 ans plus tard

et une inspiration pour le jeu qui tient du génie

New Jersey Nets

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new jersey netsThe ABA Symbol

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New Jersey Nets

lors de son sommeil et tentait de les reproduire lors des rencontres. Les coachs adverses ont également avoué tout faire pour l’empêcher de réaliser ses arabesques, quitte à faire faute dès la moitié du terrain sur jeu rapide sous peine de voir le public l’encourager, même à l’extérieur. Mais plus qu’un phénomène à « highlights », Julius a dominé l’ABA de la tête et des épaules : 28.7 points, 12.1 rebonds, 4.8 passes, 2.4 interceptions et 2 contres par match. Trois fois MVP de la saison et deux fois champions, personne ne peut se vanter d’être arrivé à son niveau dans une ligue qui comptait quand même plusieurs des joueurs les plus talentueux des années 70. Avec lui, les Nets sont devenus l’équipe la plus redoutée du pays et même les franchises NBA annulaient leurs rencontres d’exhibition, évitant une possible humiliation. Toujours dans l’ombre des Knicks, l’autre équipe de New York n’avait pourtant pas grand-chose à envier aux ‘bockers. Dans une ère où leurs voisins col-lectionnaient les stars sans réussite (Haywood, McAdoo), les Nets possé-daient le joueur le plus charismatique du moment. Les finales de 1976 représentent le sommet de sa carrière. Face à une équipe de Denver lourdement armée avec Thompson et Issel, Julius ne compilera pas moins de 37 points et 14 rebonds de moyenne lors des 6 rencontres. Opposé à son futur coéquipier Bobby Jones, pourtant

considéré comme le meilleur défen-seur à son poste, Erving domine les débats et se permet même d’inscrire le buzzer beater dès le match d’ouverture. Avec un tout pre-mier Slam Dunk Contest mythique quelques mois plus tôt, Dr. J est un nom connu de tous mais dont les exploits se décrivent plutôt par la parole que par l’image. Une infamie que la NBA se doit de corriger afin de se relancer. Après neuf années de guerre, les deux ligues décident de fusionner, un évènement que l’on appellera « The Merger ». Le prix de cette union

sera lourd à payer pour les quatre franchises survivantes de l’ABA, un sacrifice nécessaire pour continuer d’exister mais qui privera les Nets de son meilleur joueur. Un évène-ment qui plongera l’équipe dans de nombreuses années de léthargie et enfouira à tout jamais son époque la plus glorieuse.

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Mais plus qu’un phénomène à « highlights », Julius a dominé l’ABA de la tête et des épaules

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“Je crois que le basketball, quand un certain niveau d’altruisme est atteint, peut servir de métaphore à la coopération ultime”. La cita-

tion est de Bill Bradley et issue de son livre « The Life on the Run ». Dans son ouvrage, l’ancienne star des Knicks a le mérite de décrire avec brio la formidable interaction que le basket, et plus largement le sport collectif, peut créer entre les différents protagonistes. L’alchimie, comme on la surnomme, est le Saint Graal que tout entraîneur recherche désespérément, un élément capable de décupler la force d’une équipe bien au-delà du talent intrinsèque qu’elle possède. Cependant, c’est peut-être la notion la plus compli-quée à acquérir, certains n’y arrivant tout simplement pas malgré un temps considérable passés ensem-ble. En effet, même avec une intel-ligence basket hors du commun et des profils sportifs qui se complètent bien, cela ne suffit pas. Il faut être capable de comprendre la personne et d’interagir avec elle du mieux que possible. Mais parfois, la connexion entre une équipe ou deux joueurs se fait automatiquement et peut attein-dre parfois un degré d’entente hors

du commun. Larry Brown et Doug Moe en sont peut-être les exemples les plus probants dans le monde de la balle orange. Tous deux originaires de Brooklyn, ils ont fait partie de la vague New-York-aise qui a fait la gloire de l’université

de North Carolina. Avec Frank McGuire et Dean Smith, ils ont ap-pris les fondamentaux et les ficelles du basket à la même enseigne. Si

leur talent ne faisait aucun doute, ni l’un ni l’autre n’a pu démontrer de quoi il était capable en NBA. En dessous du seuil fatidique des 6 feet (moins d’1m80), Larry Brown était considéré comme trop petit pour évoluer parmi les meilleurs. De son côté, Doug Moe a dû faire face à un scandale de pari truqué dans lequel il était innocent. Mais à l’image de Connie Hawkins, la grande ligue lui a tourné le dos en le bannissant à vie et celui-ci s’en est allé en Italie. Mais comme tous les reclus de la NBA, les deux Tar Heels ont tenté leur chance en ABA, la nouvelle ligue dissidente qui vient de se créer. C’est ainsi que le duo a posé ses bagages à la Nouvelle-Orléans en tant que joueurs des Buccaneers et les débuts furent fracassants. Non seulement ils sont d’excellents joueurs, mais Moe et Brown se complètent à merveille. Larry est le chef d’orchestre, le meneur dirigeant ses troupes avec justesse et intelli-

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L’alchimie, comme on la surnomme, est le Saint

Graal que tout entraîneur recherche désespérément

New Orleans Hornets

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New Orleans Hornets

gence, le parfait relais de l’entraîneur. Doug est le scoreur virevoltant, celui qui assène sans aucune pitié les coups à ses adversaires tout en assurant une défense étouffante de l’autre côté du terrain. C’est aussi le leader spirituel de l’équipe, celui qui se bat sur chaque ballon et qui n’hésite pas à sonner la révolte ou rassembler. L’un est la glace, l’autre le feu. Leur entente sur le terrain est parfaite, les deux se trouvant les yeux fermés. Dès la première saison, Brown finira meilleur passeur de la ligue et Moe le second meilleur scoreur. Mais surtout, ils offriront à la Big Easy la première et unique finale de son histoire en termes de balle orange. De quoi laisser des traces indélébiles dans l’histoire du basket en Louisiane. Malgré cette saison réussie, les deux joueurs sont transférés à l’intersaison du côté des Oaks de Oakland. En y rejoignant Rick Barry et War-ren Jabali, ils forment une équipe invincible qui terminera première avec 60 victoires et qui finira surtout championne cette même année. Un succès qui ne suffira pas à sauver la franchise du manque d’affluence et chacune des pièces maîtresses est transférée. Après avoir joué quelques années encore en ABA, prouvant dé-finitivement qu’ils avaient leur place en NBA, c’est dans le monde du coaching que le duo s’est reformé. Appelé à prendre les commandes des Carolina Cougars, Larry Brown a proposé à son acolyte de toujours de

l’aider dans ses nouvelles fonctions. Et une fois de plus, l’association est des plus efficaces. Alors que Larry est le Monsieur sanf-froid et tac-tique, Doug s’occupe du mental des joueurs et veille à ce que chacun soit dans une optique de vainqueur. Comme à la Nouvelle-Orléans, la première saison est une réussite pu-isque les Cougars terminent en haut du championnat, avec une très belle affluence mais une déception aux portes des finales. Le duo frappera également de nouveau à Denver avant qu’ils s’en aillent conquérir la gloire chacun de leur côté sur les

bancs de la NBA. Doug Moe et Larry Brown sont, d’une certaine manière, la preuve irréfutable que l’alchimie n’a rien d’une science occulte en sport.

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doug assène sans aucune pitié les coups à ses adver-saires tout en assurant une défense étouffante

g paul sg curry sf rice pf johnson c mourning

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1999, année de lock-out en NBA, ce qui nous rappelle une triste actualité. Mais cette saison est égale-ment une année salvatrice

pour les fanboys de New York, Spike Lee en tête. Ils retrouvent enfin les Finals après l’épisode de 94 et la première retraite de Jor-dan. Ils auront d’ailleurs dû atten-dre que le maître tire sa révérence presque définitive pour avoir une autre chance d’obtenir le titre après la défaite contre les Rockets cinq saisons auparavant. Mais seule-ment voilà, quelque chose cloche. Non pas la petite astérisque qui apparait à côté du nom des Spurs lorsqu’on évoque leur titre de cette saison mais plutôt le fait que New York se soit hissé à ce niveau sans leur franchise player, Patrick Ewing. Retour aux finales de conférence Est 1999. Lors du Game 2, le pivot se blesse au tendon d’Achille, sa saison est terminée et les espoirs des fans s’envolent par la même occasion. Mais c’est un groupe soudé qui va réagir voulant montrer au monde entier que leur team ne se résume pas à Ewing. Sprewell en tête, avec Allan Houston, c’est toute l’équipe de la Grosse Pomme qui se révèle et

qui gagne trois des quatre prochains matchs face aux Indiana Pacers. La Ewing Theory est née. C’est en fait Dave Crilli, un ami du journaliste d’ESPN Bill Sim-mons qui est à l’origine de cette théorie puisqu’il est le premier à

avoir fait la liaison entre le niveau de jeu de l’équipe et l’absence de son joueur majeur. Néanmoins, les exemples ne manquent pas dans

passé... A la fin de la saison 1971, Elgin Baylor prend sa retraite sans un seul titre, puis sans lui en 1972, les Lakers décroche leur premier titre avec un record de 33 victoires de suite. Inimaginable ! On pourrait aussi retenir le Game 6 des Finales NBA 1980. Les Lakers perdent Abdul Jabbar lors du game précédent et mène la série 3-2 face aux Sixers, et alors que tout le monde s’attend à un septième match, la franchise de Los Angeles va en découdre au bout du 6ème match porté par un im-mense Magic. De même, on retrouve ce phé-nomène sur une saison entière, notamment les Bulls de Chicago qui, après la première retraite de Jordan vont faire une saison à 55 victoires sans le quintuple MVP de la ligue, ne

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c’est un groupe soudé voulant montrer au monde entier que leur team ne se

résume pas à Ewing

New York Knicks

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New York KnicksThe Ewing Theory

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New York Knicks

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cédant que face aux Knicks de Ew-ing. Un véritable exploit. Comment ne pas parler également des Rockets de 2008 et de leur fabuleuse série de 22 victoires de suite alors que Yao Ming est blessé. Enfin, dernièrement, on peut évoquer Memphis qui, après avoir perdu Rudy Gay fait une saison de haut vol et des Playoffs à couper le souffle. Mais comment font alors tous les lieutenants et seconds couteaux pour se transformer ainsi et maintenir un niveau de jeu identique comparé à celui pratiqué lorsque la star était sur le parquet ? On peut déjà remar-quer que les principaux exemples, à l’exception de Memphis, se passe dans des villes médiatisées, que ça soit par leur côté strass et paillettes (Los Angeles et New York) ou par leur réussite sportive (Chicago, Hou-ston). Les joueurs ont une pression énorme, les moindres faits et gestes sont disséqués dans la presse et par les fans. S’ils ne veulent pas se faire descendre par le pays entier, ils doivent réagir. De plus, il s’agit certainement d’une réaction d’orgueil. Pendant des an-nées on ne parle que de la star de l’équipe, à se demander même si les autres joueurs existent vraiment. Et du jour au lendemain, ces joueurs ont une occasion unique de prouver qu’ils sont bien plus que de simples porteurs d’eau. Face aux responsa-bilités, l’équipe se sent concernée et fait bloc contre l’adversaire.

Néanmoins, les raisons évoquées ci-dessus ne suffisent pas si le coach ne dispose pas d’un roster conséquent. En effet, dans tous les exemples cités, l’effectif est loin d’être faible. On parle là d’Allan Houston et Latrell Sprewell pour New York, Scottie Pippen, Horace Grant et Toni Kukoc pour Chicago ! Dans l’exemple de Houston c’est surtout la « chemistry » de l’équipe qui rentre en jeu avec des joueurs de devoir comme Battier, Scola ou même Rafer Alston suppléant McGrady. Malgré tout, il est reste difficile d’imaginer qu’une franchise puisse

durablement lutter pour le titre. Les Lakers sans Bryant, le Thunder sans Durant, les Mavs sans Nowitzki et les Bulls sans Rose n’auraient vraisem-blablement aucune chance d’aller décrocher la timbale.

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Les joueurs ont une pres-sion énorme, les moindres faits et gestes sont dissé-qués dans la presse et par les fans

g frazier sg monroe sf king pf debusschere c reed

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Les hold-up ont toujours fasciné. Voir plusieurs per-sonnes partir à l’aventure, avancer à contre-courant de ce qu’impose la société et

affronter les autorités pour se frayer un chemin à leur manière dans un monde de plus en plus imperson-nel est, il est vrai, quelque chose de captivant. Des héros du Far West glorifiés par Sergio Leone aux génies du 21ème siècle, les popula-tions ont toujours suivi avec intérêt ces hors-la-loi, de Jesse James à Jacques Mesrine en passant par John Dillinger. Mais ce que l’on oublie toujours, c’est les victimes de ces crimes, délaissées au profit de la belle histoire d’un individu dont tout le monde jalouse secrètement le culot et la réussite. C’est l’un de ces évènements que nous allons voir maintenant, un vol d’une grande classe dans la manière mais d’une bassesse insoupçonné dans le fond. Il était une fois à Seattle… …une équipe de basketball surnom-mée les SuperSonics, une franchise NBA qui avait connu ses hauts et ses bas à travers le temps mais qui avait toujours bénéficié d’un attachement profond de la part de la population

locale. Et pourtant, en 2007, la ville émeraude vient de se faire subtiliser son équipe de basketball vieille de 41 ans. Si le délit n’est pas en tout point parfait à cause de nombreuses traces laissées par les malfaiteurs, ces derniers s’en sont sortis blanc comme neige à la manière d’un

Ocean’s Eleven. L’auteur de ce braquage : Clay Bennett. Leader d’un groupe d’investisseurs prov-

enant de l’Oklahoma, lui et ses businessmen ont rapidement pris goût à la NBA lorsqu’ils accueillirent les Hornets dans leur enceinte du Ford Center après le passage de l’ouragan Katrina. C’est alors que Bennett et ses hommes se mirent en chasse d’une proie faible et vulnéra-ble qu’ils pourraient aisément rame-ner dans leur fief d’Oklahoma City. Au même moment, les Sonics sont en plein doute. Howard Schultz, le propriétaire de la franchise et le grand manitou des cafés Starbucks, veut se séparer de son équipe de basketball. L’histoire d’amour n’a jamais véritablement existé entre les deux partis, Schultz intervenant trop souvent dans les affaires du club et son omniprésence sera l’une des raisons de l’échec sportif des Son-ics durant son passage. Accusant l’arène d’être trop vétuste et petite, comme si cette dernière était la raison numéro une des déboires de la franchise, il se refuse de perdre de

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un vol d’une grande classe dans la manière mais d’une

bassesse insoupçonné dans le fond

Oklahoma Thunder

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Oklahoma thunderBraquage à l’Oklahoman

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Oklahoma Thunder

l’argent plus longtemps. Une prise idéale pour Clay Bennett qui rachète les Sonics à prix d’or. Entre un montant étrangement élevé et des intentions à priori peu louables, cette transaction inquiète les locaux. Bennett dément toute idée de déménagement et se dit prêt à tout faire pour qu’il en aille ainsi. Néanmoins, le pot aux roses est rapidement découvert. Entre projets de salles farfelues et des mails accablants sur les intentions des propriétaires, plus aucun doute n’est permis : Bennett veut bien ravir les Sonics à la ville de Seattle. Dans une NBA qui fait tout en faveur des propriétaires (car rappelons-le, David Stern est avant toute chose sous leurs ordres), les votes pour la prise de possession et le déménage-ment se déroulent sans encombre. Pourtant, Steve Balmer, l’un des propriétaires de Microsoft, avait proposé des plans de rénovation de la KeyArena avec d’importants inves-tissements privés, une affaire quali-fiée de pain béni à l’époque. Mais la NBA fit la sourde oreille. Il reste malgré tout un dernier espoir. Les Sonics sont liés à leur arène par un bail et les propriétaires n’ont pas réussi à lever ce dernier. La mairie de la ville émeraude attaque donc Bennett en justice et si le procès dure un certain temps, le soutien de la population locale et des preuves écrasantes font pencher la balance en faveur de Seattle. Mais à la veille du verdict, le maire annonce qu’un

accord a été trouvé et il cède les Supersonics pour 75 millions de dollars d’indemnités. Net et sans bavure, Clay Bennet vient de réaliser son casse. Si la fin de l’épisode prend plus des allures du braquage du film Heat avec d’un côté, le groupe d’investisseurs de l’Oklahoma et de l’autre, le groupe de soutien des Sonics, le tour est joué à la manière d’Inside Man, un petit bijou de holp-up bien orchestré. Sûrement l’un des vols les plus remarquables de ces dernières années !

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Net et sans bavure, Clay Bennet vient de réaliser son casse.

g payton sg johnson sf durant pf kemp c sikma

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NBA Finals 1995, Game 1, Orlando. 110 à 107 en faveur du Magic sur le tableau d’affichage, un peu plus de 10 secondes

à jouer et Nick Anderson a deux lancers-francs à tirer pour sceller la rencontre en faveur des locaux. Pour la première finale de la franchise six ans seulement après sa création, les joueurs d’Orlando sont à deux doigts de mener dans cette série face aux Rockets d’Hakeem Olajuwon. Malheureusement, en une fraction de secondes, les événements vont prendre une tout autre tournure… Arrivé en 1989 lors de l’expansion de la NBA, le Magic devient la première franchise d’un sport majeur américain à s’installer dans la ville de Disney World. L’émulation est grande, malgré des débuts quelque peu compliqués mais logiques pour une équipe en formation. Si Den-nis Scott, véritable gâchette longue distance, et Scott Skiles, qui établit un record avec 30 passes décisives dans un même match, permettent aux fans d’être en transe lors de la saison 90/91, cela ne va pas être le cas la saison suivante. A cause de nombreuses blessures, les floridiens

finissent à la dernière place de la Conférence Est. Mais grâce à cette « performance », le Magic décroche le first pick pour la draft de Juin 1992, une draft qui n’a jamais été aussi attendue depuis 1985 et Patrick Ew-ing. Cet engouement est dû princi-palement au phénomène de LSU :

Shaquille O’Neal. A peine intégré au roster, le Shaq a un impact direct sur la ligue. Le titre de Rookie of the Year

dans la poche, il permet surtout au Magic de remporter vingt victoires de plus que la saison précédente, mais échoue aux portes des Playoffs. L’avenir s’annonce radieux, sur-tout que la franchise floridienne va connaître le plus grand coup de chance jamais vu lors d’une Draft. Avec une possibilité sur soixante six de décrocher le premier choix à la Draft 1993, le Magic se voit accorder cette offrande, seulement un an après avoir eu le même privilège ! Les floridiens choisissent alors Chris Webber, qu’ils échangent le soir de la Draft avec Golden State, pour ac-quérir Anfernee « Penny » Hardaway. Avec deux joueurs très prometteurs sur l’axe 1-5, les fans d’Orlando n’attendent qu’une chose : voir la lumière des Playoffs le plus rapide-ment possible. Ils n’attendront même pas une année, tellement le nouveau duo star de la NBA fait des dégâts sur les parquets. En associant la polyvalence de Penny à la puissance

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un peu plus de 10 secondes à jouer et Nick Anderson a deux lancers-francs pour

sceller la rencontre

Orlando Magic

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orlando magicThe Butterfly Effect

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Orlando Magic

physique du Shaq, le Magic devient une nouvelle place forte de la balle orange. Avec le départ en retraite de Jordan, les équipes de l’Est se pressent au portillon pour accéder aux finales. Après les Knicks en 1994, ce sont les joueurs du Magic qui accèdent aux NBA Finals en 1995, pour af-fronter les Houston Rockets... Retour donc à ce match 1, avec Nick Anderson sur la ligne des lancers francs. Le floridien rate son premier lancer, puis le deuxième… mais prend le rebond offensif, lui permet-tant d’avoir deux nouveaux lancers. Les mains tremblantes, Anderson échoue encore à deux reprises, et Houston a une chance d’égaliser avec 5.6 secondes sur l’horloge. Adieu Nick Anderson, bienvenue Nick the Brick… surtout que les Rockets ne vont pas rater le coche, avec un trois points de Kenny Smith envoyant le match en prolongation, avant qu’une claquette de Hakeem Olajuwon quasiment au buzzer donne la victoire à Houston. La suite, on la connait : le Magic se fait sweeper 4 victoires à 0 par des Rockets réalisant le back-to-back, et Brick Anderson ne sera plus jamais le même joueur. Victime d’un véritable acharnement médiatique, l’arrière floridien reste marqué : lors de la saison 96/97, son pourcent-age de réussite aux lancers francs chute à 40% ! La saison suivante, Orlando souffre du retour de MJ aux

Bulls, se faisant balayer 4-0 lors de la finale de conférence Est en 1996. Durant l’été qui suit, O’Neal s’envole pour Los Angeles, lassé de devoir tout faire seul avec les blessures à répétition de Penny, avec en prime des tensions entre les deux stars. Le Magic s’éloigne alors des cimes de la conférence Est, en raison notam-ment des blessures qui touchent l’effectif, avec en première ligne leur meneur All-Star qui semble égale-ment affecté par la tornade du 7 Juin 1995. Au final, de nombreux experts se disent que l’histoire n’aurait pas

été la même si Nick Anderson avait rentré ses lancers-francs. Qui sait : peut-être que le Magic aurait rem-porté son premier titre en cette saison 94/95 et que Shaq n’aurait jamais connu les Lakers… Comme quoi, des fois, tout se joue à un détail près…

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Le floridien rate son premier lancer, puis le deuxième… mais prend le rebond offensif, lui per-mettant d’avoir deux nou-veaux lancers

g hardaway sg mcgrady sf hill pf grant c howard

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Attendre, encore et tou-jours, tenter sa chance pour finalement échouer sans parvenir à décrocher le saint Graal. Passer si

près du but sans pouvoir mettre la main sur ce fichu titre qui se refuse continuellement à vous. Apprendre à perdre pour pouvoir enfin gagner. Ce sentiment mêlé de satisfac-tion d’une saison de qualité avec la grosse déception d’une élimination en finale vous envahit aussitôt que le buzzer du dernier match arrive à son terme... L’attente dont je vous parle, c’est celle des Sixers de la fin des an-nées 70 et du début des années 80. Alors certes, certaines franchises attendent toujours de décrocher leur premier titre mais pour une ville aussi passionnée de sport que celle de Philadelphie qui a connu Wilt Cham-berlain et son dernier titre NBA lors de la saison 1966-67, l’attente paraît interminable. Elle ronge les fans de l’intérieur, les dirigeants et en pre-mier lieu les joueurs dont leur leader Julius Erving. Erving vient de remporter le titre ABA en 1976 avec les New York Nets et arrive à Philadelphie auréolé d’une

étiquette de winner. Il rejoint George McGinnis (une autre légende de la ABA), World B.Free, Doug Collins et Darryl Dawkins pour ne citer qu’eux. Dès sa première saison, l’effet Erving se fait sentir et l’équipe parvient à se hisser jusqu’en finale en battant au passage les Celtics de Boston en 7

matchs. Philly apparaît comme favori face à des Blazers qui paraissent bien tendres. Les deux premières

victoires ouvrent la voie vers le titre mais Portland se rebelle et empoche les quatre matchs suivants. Le jeu apparait trop individualiste et basé quasi exclusivement sur les qualités athlétiques d’Erving et McGinnis. Portland, au contraire, donne une leçon de jeu collectif, ce qui fera ré-fléchir la franchise de Pennsylvanie. La frustration qu’engendre cette dé-faite hantera longtemps Erving et les fans des Sixers raillé par l’ensemble de la ligue à l’époque. Malgré tout, leur nouveau coach Billy Cunning-ham veut rester optimiste mais ne croit pas qu’un titre soit possible avec ce groupe. La franchise envoie donc McGinnis aux Nuggets contre le prometteur Bobby Jones joueur d’équipe par excellence. Le collectif se met doucement en place. Mal-

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l’attente paraît intermi-nable, Elle ronge les fans,

les dirigeants et en pre-mier lieu les joueurs

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Philadelphia sixers“Waiting so long for a new championship”

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Philadelphia Sixers

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gré ce changement, l’échec est une nouvelle fois au rendez-vous dans une série accrochée mais finalement perdue face aux Spurs. La draft suiv-ante permettra au club de recruter Maurice Cheeks, meneur talentueux aux grosses qualités défensives si importantes sur les lignes arrières. Les pièces du puzzle Sixers com-mencent à se mettre en place pour enfin rompre le sevrage. La saison suivante marque un renouveau dans la conquête d’une éventuelle bague. Après une bonne saison régulière, les Sixers s’attaquent aux Playoffs avec la ferme intention d’aller enfin au bout. Ils arrivent facilement en finale et se retrouvent opposés aux Lakers de Jabbar et du rookie Johnson. Encore une fois, Philadel-phie ne parvient pas à remporter cette série et les Lakers remportent la série avec un match 6 héroïque de Magic au poste de pivot. La saison s’achève donc sur une deuxième défaite en finale pour Dr.J et ses coéquipiers... Même si le jeu collectif progresse avec les apports de Jones et Cheeks, les Sixers ressentent un manque sur le poste d’arrière et draf-tent Andrew Toney. Si 1981 apparait comme l’année du couronnement individuel pour le docteur puisqu’il est nommé MVP, le jeu devient cependant plus fluide en attaque et les prestations collectives permettent à l’équipe d’accrocher un bilan reluisant avec 62 victoires, c’est-à-dire autant que Larry Bird et sa bande. Les Six-

ers retrouvent ces mêmes Celtics en finale de conférence. Deux gros collectifs s’affrontent. Cinq des sept matchs se joueront en moins de 2 points pour ce qui constitue d’après John Hollinger (le gourou des stats d’ESPN) la plus belle série de tout les temps. Encore une fois, l’histoire se répète et les Sixers partent en vacances le cœur gros en ruminant cette défaite qui leur reste en travers de la gorge. A la fois si près et si loin du but ultime... Les Sixers à force de courage, d’abnégation et de talent s’offrent de nouveau une finale NBA en sortant au passage les Celtics grâce au match énorme de Toney lors du G7 se jouant à Boston. Cette presta-tion lui vaudra le surnom de “Boston Strangler”. Jabbar et Johnson se dressent de nouveau devant eux. Le sentiment de revanche est palpa-ble car Dr. J n’a pas oublié la finale de 1980. Le chemin de croix des hommes de Cunningham se pour-suit malgré tout après une nouvelle défaite face à un Jabbar domina-teur. L’idée est alors de recruter le chainon manquant, la dernière pièce du puzzle, celui qui permettra enfin

d’être champion en stoppant le pivot des Lakers et ainsi de mettre fin à la malédiction des finales perdues. Contre toute attente, les Sixers ar-rivent à faire venir le MVP en titre, Moses Malone ! La magie opère à merveille : le duo Erving- Malone est très complémentaire, le jeu s’alterne de manière équilibré entre l’intérieur et l’extérieur et le danger vient de partout. L’équipe écrase tout sur son passage en affichant le meilleur bilan de la ligue. Toney, Jones et Cheeks deviennent All-Star, chacun se met-tant en valeur mutuellement. En Playoffs, cette fantastique alchimie collective n’aura pas d’équivalent et même les Lakers doivent s’avouer vaincus lors d’un sweep mémorable. Vous l’aurez compris : rarement une équipe n’aura autant flirté avec le titre sans arriver à remporter le gros lot. Les Sixers de 1983, l’une des meilleures équipes de l’histoire répare donc cette injustice de la plus belle des manières avec un jeu collectif frisant parfois la perfection. Dr. J et Moses Malone sont enfin couronnés. Une délivrance construite patiemment après une si longue at-tente... mr triple double

Les pièces du puzzle Sixers commencent à se mettre en place pour enfin rom-pre le sevrage

g cheeks sg iverson sf erving pf barkley c chamberlain

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« Rien ne sert de courir, il faut partir à point » ou le leitmotiv du basketball de sa création jusque dans les années 50. La morale de la fameuse fable

s’appliquait en effet particulière-ment bien à un sport très différent de celui que l’on connait aujourd’hui. Statique, sans espace, des lanc-ers francs à foison, la balle orange n’avait rien de particulièrement excit-ant durant cette époque. Il faut dire que voir les équipes jouer indéfini-ment la montre dès que le score était favorable posait un sérieux problème pour l’avenir de la toute jeune NBA. Mais en 1955, lorsque Danny Bia-sone propose la création d’une hor-loge de 24 secondes pour chaque possession, les guerres de tranchées se transforment soudainement en guerre éclair. Bob Cousy, qui avait déjà ouvert la voie au jeu rapide, en profite et offre son premier titre à Boston à coup de contre-attaques éclaires et de passes magiques. Cependant, le basket professionnel va passer d’un extrême à l’autre. Entre 1954 et 1962, la moyenne de points inscrits passe de 79 à 119 unités. Wilt Chamberlain nous gratifie d’une saison à 50 points et

26 rebonds par match, The Big O claque un triple double à chaque sortie, plus personne ne défend et l’adresse générale n’est pourtant que de 42%. Comble du comble, les Celtics sont la première attaque de toute la ligue avec 124.5 points de moyenne pour presque autant de

possessions. Certes, le basketball cherchait son rythme mais cette époque représente les premiers

signes évidents de ce que l’on ap-pelle aujourd’hui le Run & Gun. Une philosophie qui va pourtant mettre un certain temps à réapparaître. Si l’ABA évoluait sur un tempo assez élevé grâce notamment à l’éclosion des postes extérieures, il faudra at-tendre le Showtime des Lakers de Magic Johnson pour de nouveau voir cavaler les stars des parquets. Tout comme les Celtics de Bird, les pour-pres et ors ont compris l’importance des fastbreaks comme on les appelle outre-Atlantique, des situations par-faites où la défense n’est pas encore en place. Néanmoins, nous sommes encore loin des « 7 Seconds or Less » pu-isque les équipes utilisent avant tout une défense de fer pour accélérer le jeu. C’est Paul Westhead et son « système » qui vont véritablement populariser le Run & Gun comme un style de jeu bien à part. Avec son université de Loyola Mary-mount, il en pose les fondations :

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avec la création des 24 sec-ondes, les guerres de tran-

chées se transforment sou-dainement en guerre éclair

Phoenix Suns

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2 timeswestern conf

champion

phoenix suns7 Seconds or Less

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Phoenix Suns

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des attaques rapides où la moindre opportunité est bonne à prendre, une utilisation maximale de la ligne des 3 points et ne jamais laisser la défense s’installer. Toutefois, la clé réside dans la défense : une pression tout terrain certes volontairement permissive mais qui force l’équipe adverse à augmenter le rythme de jeu et d’installer ce fameux up-tempo auxquels de nombreux joueurs ne sont pas habitués, physiquement et tactiquement parlant. Une stratégie payante puisque Westhead posera la modeste université sur la carte de la NCAA avec une ribambelle de records. Mais l’entreprise ne connaîtra pas le même succès en NBA. Au début des nineties, Westhead tente d’imposer sa philosophie avec les Denver Nug-gets. L’expérience tourne au carnage : 130 points encaissés de moyenne et un bilan de 44 victoires pour 120 défaites sur les deux années. Un fiasco qui aura tout de même le mérite de faire des émules chez certaines têtes pensantes de la ligue. On pense bien évidemment à Don Nelson avec les Warriors de l’ère TMC ou les Mavericks de l’ère Nash. Même des vieux de la vieille comme Rick Adleman se laissent séduire par le fast tempo, les Kings de Sacra-mento décomplexant une certaine partie de la ligue en démontrant que le beau jeu peut s’allier à l’efficacité. Tout un historique qui nous amène à Mike D’Antoni et les Suns, sûrement l’expérience la plus convaincante

du Run & Gun à son meilleur niveau. Non seulement d’avoir été l’une des équipes les plus excitantes de l’histoire de la NBA, la franchise de l’Arizona n’est jamais passée très loin d’accomplir son rêve, la faute à plusieurs détails. Ce sont pourtant ces mêmes détails qui font toujours passer les apôtres de l’attaque sans limite pour une secte sans fonde-ments, la faute à l’un des comman-dements du basketball : « L’attaque fait lever les foules, tandis que la défense fait gagner les titres ». Si l’on peut s’interroger sur la viabilité du Run & Gun face à cet adage, l’adrénaline que procure ce système

est si unique que l’on espère qu’il y aura toujours un savant fou pour s’attaquer au mythe sacré de la défense.

free

Mike D’Antoni et les Suns, sûrement l’expérience la plus convaincante du Run & Gun

g nash sg westphal sf hawkins pf barkley c adams

historicstartingfive

5van arsdale

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Pour de nombreuses personnes étrangères aux sports américains, le concept de ligue fer-mée engendre souvent

l’incompréhension et l’hostilité. Il suffit d’observer les difficultés dont souffre l’Euroligue pour imposer un système plus élitiste. Si l’on peut critiquer certains points concernant cette philosophie, il faut aussi lui attribuer quelques mérites, notam-ment la volonté et surtout la ca-pacité à pouvoir prôner l’égalité des chances. Certes, la méthode est friable en NBA comme on a pu le voir l’an dernier avec la domina-tion des grands marchés mais elle donne la possibilité à des franchises comme San Antonio de glaner plus-ieurs titres au nez et à la barbe des métropoles aux ressources finan-cières plus importantes. Un constat bien réel aux allures pourtant imagi-naires de l’autre côté de l’Atlantique. Les bonnes décisions prennent l’avantage sur la taille des budgets et le plus intelligent ou le plus malin est récompensé. Néanmoins, à l’image de la Draft, la chance joue également son rôle et distribue un caractère alé-atoire faisant le charme des grandes ligues US. C’est ainsi qu’apparaisse

les mythes des malédictions. Si les Clippers restent une référence en la matière, les Blazers possèdent un historique bien plus intéressant car remplie d’occasions manquées. La première se déroule en 1972, lorsque la franchise de l’Oregon, en-

core toute jeune, jette son dévolu sur LaRue Martin avec le premier choix de la Draft. Un pivot malheureuse-ment doté d’aucun talent et d’un

esprit peu compétitif malgré une sympathie contagieuse. Martin rest-era connu pour être le pire premier choix d’une Draft NBA comme en té-moigne ses 5 points de moyenne en seulement quatre saisons. Pourtant, Bob McAdoo ou Paul Westphal train-aient dans les environs mais la cuvée restait très faible. Un rendez-vous manqué qui sera corrigé deux années plus tard avec la venue de Bill Walton, déjà une gloire nationale avec UCLA. Le géant californien possède lui, un talent incommensurable. Scoreur, passeur, guerrier, leader, collectif, technique, le tableau est presque parfait. Dès sa troisième saison en NBA, il domine la ligue entière et emmène les Blazers au titre en 1977. Une dynastie semble se dessiner

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les Blazers possèdent un historique bien plus

intéressant car remplie d’occasions manquées

Portland Blazers

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portland blazersProméthée

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Portland Blazers

l’année d’après quand Portland af-fiche aux trois-quarts de la saison un bilan de 50 victoires pour 10 défaites. Cependant, le colosse pos-sède une faiblesse : des pieds d’une qualité effroyable selon de nombreux spécialistes. Ainsi, Walton finit par accuser le coup et enchainera les blessures pendant toute sa carrière, rejoignant la liste de ces joueurs dont on parlera indéfiniment au condi-tionnel. Un conditionnel qui aurait pu être évité si les Blazers avaient accordé leur confiance à un intéri-eur qui avait lui, des pieds en or, un certain Moses Malone. En effet, deux des plus grands pivots de l’histoire se sont retrouvés ensemble, encore en pleine force de l’âge. Les Blazers ont profité de la fusion entre NBA et ABA pour récu-pérer celui que l’on surnomme Mo. Mais, trop confiant dans la santé de Walton, Portland ne lui a jamais fait confiance, la faute aussi au dénigre-ment de l’époque concernant les joueurs en provenance de « l’autre » ligue. Les dirigeants le transfére-ront pour un premier tour de Draft, une occasion manquée qui aurait permis à Walton de souffler et de s’économiser et qui sait, de former la raquette la plus impressionnante de l’histoire avec Moses. Mais l’exemple le plus connu d’un éternel regret restera la sélection de Sam Bowie devant Michael Jordan en 1984. Ni la présence de Clyde Drexler (encore un rookie tout juste correct à l’époque), ni un appar-

ent besoin de taille (l’obsession de l’époque) ne peut justifier le choix d’un intérieur aux blessures récur-rentes devant un arrière sacré deux fois meilleur universitaire et au po-tentiel encore gigantesque. Au vu du talent des Blazers à la fin des eight-ies, Jordan aurait pu lui aussi amener une dynastie dans l’Oregon. Une his-toire qui se répètera avec la décision de prendre Greg Oden devant Kevin Durant, un choix cette fois complète-ment unanime à l’époque de l’avis de toute la presse. Manque de chance et de dis-cernement, deux raisons qui ont

empêché les Blazers de devenir l’une des équipes les plus titrées de la NBA et cela à plusieurs fois. Une succession d’évènements si frag-iles qui amène un côté mystique à certaines équipes, comme frappées par un destin imposé par le Dieu de la balle orange à la manière d’une tragédie grecque. Un art devenu typiquement américain a-t-on envie de dire…

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Mais l’exemple le plus connu d’un éternel regret restera la sélection de Sam Bowie devant Michael Jordan en 1984

g porter sg drexler sf robinson pf lucas c walton

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Il s’en est fallu de peu… Une phrase que de nombreux support-ers des Kings ont dû prononcer il y a quelques mois lorsque David Stern a déclaré que la franchise de la capitale californienne allait allonger son bail d’une année supplémen-taire. Grâce à un Kevin Johnson très impliqué dans son rôle de maire et à un milliardaire motivé (sans oublier un lobby des Lakers et des Clip-pers très persuasif), Sacramento ne succèdera pas à Seattle dans la liste des villes abandonnées par la NBA. Néanmoins, aux vues de son histoire très mouvementée, il ne serait pas étonnant que cette annonce du com-missionnaire ressemble plus à un sursis qu’à un tournant. Si l’on remonte aux origines les plus anciennes de l’actuelle franchise de Sac-Town, c’est à l’époque de l’entre-deux-guerres qu’il faut com-mencer. En effet, nous avons là l’une des plus vieilles équipes de basket-ball au monde, basée à Rochester. Sponsorisé par une distillerie locale, ce groupe semi-pro prend rapide-ment son indépendance en devenant les Royals. Très vite, l’équipe devient compétitive et rejoint la NBA dès 1949. Grand rivaux des Minneapolis

Lakers de George Mikan, Rochester connaît le succès en remportant le titre en 1951 face aux Knicks. Malgré une période faste avec notam-ment 9 Hall Of Famers à avoir porté l’uniforme des Royals, la roue finit par tourner et dans une époque où la stabilité n’existait pas encore dans

le monde du sport professionnel, la franchise doit se résoudre à démé-nager.

Cincinnati devient ainsi la nouvelle résidence des Royals en 1957. Végétant dans les bas-fonds du classement dans un premier temps, elle récupère le premier choix de la Draft 1960 et par la même occasion un talent hors norme : Oscar Rob-ertson. Meneur ultra-polyvalent, The Big O devient l’image de la franchise et la pose sur la carte médiatique. Après avoir récité ses talents de soliste lors de la fameuse saison de 1962 où il finira avec une moy-enne au-delà du triple double, Jerry Lucas vient lui prêter main forte et avec Wayne Embry, Jack Twyman et Tom Hawkins, les Royals exé-cutent un jeu fluide, léché et rapide qui enthousiasme les spectateurs. En dépit d’un titre de MVP en 1964, Robertson ne parvient pourtant pas à franchir le cap des Finals, la faute à l’hégémonie des Celtics de Russell et à la concurrence des Warriors/76ers de Chamberlain. Le souffle finit par s’estomper et la for-midable histoire entre les Royals et

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en effet, nous avons là l’une des plus vieilles

équipes de basketball au monde

Sacramento Kings

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sacramento kingsLa franchise nomade

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Sacramento Kings

The Big O se termine sans gloire. Oscar quitte Cincinnati en 1969 pour aller décrocher un titre avec un certain Lew Alcindor à Milwaukee et, comme un symbole, les Roy-als l’imitent trois ans plus tard en s’envolant pour Kansas City. Obligé de prendre le nom de Kings pour éviter la confusion avec l’équipe de baseball des Kansas City Royals, la franchise est également partagée avec la ville d’Omaha jusqu’en 1975. L’histoire semble se répéter lorsque Nate Archibald pose ses bagages à KC, un meneur ultra-rapide capa-ble de scorer comme de distribuer. Mais contrairement à Robertson, Archibald n’a pas l’étoffe d’un franchise player malgré un talent exceptionnel et la franchise ne dé-colle pas. Comme une histoire sans fin, les Kings transfèrent à nouveau leurs meilleurs éléments et malgré quelques sursauts comme une finale de conférence en 1980, ils ne pren-nent jamais véritablement racine dans la ville que l’on surnomme le cœur de l’Amérique. Alors, comme pour continuer leur interminable mouvement d’Est en Ouest, les Kings prennent le chemin de la Californie et posent leurs bagages à Sacramento. Le soleil et le succès de la Sun Belt ne sem-blent pourtant pas se propager sur la franchise. Entre l’accident mortel de Bobby Hurley et le suicide de Ricky Berry, des airs de malédiction planent au-dessus de la tête des Kings. Mais comme dans chacune

des villes qui ont accueilli la fran-chise, les Kings connaissent leurs heures de gloire. Après le rachat de l’équipe par les jeunes frères Maloof, Jason Williams, Vlade Divac et enfin Chris Webber rejoignent les rangs de Sacramento, amènant avec eux un jeu aussi décomplexé que leurs nouvelles couleurs, le tout sous la houlette de Rick Adelman. La suite, on la connaît, les Kings deviennent la coqueluche du basket améric-ain, perdent la fameuse série de 2002 face aux Lakers et sombrent lentement mais sûrement dans l’anonymat.

A l’image de bohémiens, les Kings/Royals ne semblent pas apprécier la sédentarité et il se pourrait bien que d’ici quelques mois, ils connais-sent leur cinquième déménagement en atterrissant du côté d’Anaheim. Il faut dire qu’avec un titre et 11 Hall of Famers dont quelques noms légen-daires, mais sans aucun véritable point d’attache, les Kings sont vrai-ment les rois de l’originalité.

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des airs de malédiction planent au-dessus de la tête des Kings

g robertson sg richmond sf twyman pf webber c embry

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Dans tous les sports pros US si vous souhaitez avoir une chance de remporter le titre, mieux vaut d’office faire partie d’une fran-

chise issue de ce que l’on appelle un « big market ». On entend par cela, les villes à fort potentiel dé-mographique mais surtout économ-ique dont New-York, Los Angeles, Chicago, Boston ou Dallas sont les exemples les plus marquants. Cependant, quand on est un petit marché il existe une recette magique pour aller décrocher la timbale. Un club d’irréductibles texans l’a prouvé de manière éclatante. En effet, com-ment peut-on gagner quatre titres en neuf ans alors que l’on est une petite franchise sans jamais payer la luxury tax ? Bienvenue dans le monde des Spurs. Tout commence en 93, quand Peter Holt le boss de Caterpillar devient acquéreur de la franchise. Pour comprendre la recette, il faut déjà en comprendre sa philosophie tournée exclusivement vers un seul objectif commun : gagner. Holt a toujours voulu faire de l’excellence des Spurs un exemple pour la communauté lo-cale. De plus, il a toujours eu le désir

de garder les Spurs à San Antonio. En gage de stabilité, il fait construire en 2002 une salle flambant neuve, le SBC Center. Une manière de montrer que le club à l’ambition de s’installer régulièrement parmi les meilleures franchises NBA. Holt refuse pourtant de payer la luxury tax et donne la

mission de construire un effectif compétitif à Greg Popovich et R.C Buford.

Pour cela, le club va d’abord payer son lot de malchances et de bles-sures au milieu des années 90 quand le franchise player David Robinson se blesse sérieusement avec Sean Elliot. Les Spurs font alors la pire saison de leur histoire mais hérite du 1er choix de la draft 97. C’est décidé ce sera Tim Duncan, joueur mature qui sort de 4 ans à Wake Forest. Duncan est le genre de joueur quasi impossible à récupérer pour un petit marché via le free agency. Issu de l’Air force académy, Greg Popovic arrivé en cours de saison précédente est quant à lui un disciple de Larry Brown dont il était l’assistant aux Spurs. A partir de 2002, il cède sa place de GM à R.C Buford, lui aussi ancien assistant de Brown avec Pop et directeur du scouting pour la fran-chise durant des années. L’un des ingrédients essentiel de la réussite des Spurs est celui de posséder un front office et un coach sur la durée sans la pression d’avoir des résultats immédiats.

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quand on est un petit mar-ché il existe une recette

magique pour aller décro-cher la timbale

San Antonio Spurs

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san antonio spursThe Magical Recipe

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San Antonio Spurs

Seulement, aussi dominateur soit-il, Duncan a eu besoin de soutien pour continuer de faire exister les Spurs sur la carte NBA. Robinson arrivant au crépuscule de sa carrière. C’est à ce moment là que le front office fit preuve de génie en draftant coup sur coup les futurs lieutenants de « Dream Tim». D’abord Manu Ginobili en 1999 avec le 57 ème choix puis Tony Parker en 2001 avec le 29ème choix. Les Spurs tentent donc un coup de poker en faisant confiance rapidement à ces deux joueurs, ce qui leur permet de progresser rapidement et de devenir all star. Dès la première saison du big three, c’est banco, deuxième titre pour SA. L’autre ingrédient de la recette est donc de posséder une équipe de scouting hyper performante capable de steals avec de faibles choix de draft. Ainsi les Spurs ne dilapideront que très peu de picks se basant beaucoup sur de jeunes internation-aux talentueux. Les autres champi-onnats professionnels étant utilisés comme des couveuses géantes au service des Spurs, notamment la ligua ACB. Pour faire face aux risques pris via la draft, Buford et Pop décident de stabiliser l’effectif en ajoutant chaque saison des vétérans de qualité ayant déjà prouvé leur valeur ailleurs mais sans jamais les surpayer. Certain deviendront même des joueurs majeurs du système Spurs. Se sont ainsi succédés tour à tour : Elie, Kerr, Bowen, Willis, Horry, Barry, Finley,

McDyess, pour ne citer que ceux. Enfin dans la recette, comment ne pas évoquer ces roles players que le système Spurs révéla et qui n’auront jamais eu le même impact ailleurs. Ces joueurs connaissant parfaite-ment leur rôle. Parmi eux, Malik Rose, Devin Brown, Rasho Nester-ovic, Nazr Mohamed ou bien Roger Mason Jr. Certes, la machine Spurs a connu quelques couacs, (trade de Scola et Barbosa, arrivée de Jefferson) mais la recette a fait des émules et com-mence à s’exporter. Celui qui incarne le mieux l’école Spurs n’est autre

que Sam Presti. Il rencontre Buford lors d’un camp de basket à Aspen et rentre à San Antonio comme simple interne. Il grimpe rapidement les échelons au sein de la franchise jusqu’à devenir assistant GM. Son coup d’éclat sera d’avoir conseillé à Pop qui n’y croyait pas du tout de drafter Tony Parker. Buford dit de ce magicien du salary cap que c’est « une combinaison d’intelligence, de créativité avec une éthique de travail unique ». Et si la recette magique était dupliquée ?

mr triple double

Manu Ginobili en 1999 avec le 57 ème choix puis Tony Parker en 2001 avec le 29ème choix

g parker sg ginobili sf gervin pf duncan c robinson

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6johnson

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C’est l’histoire d’une franchise qui pour le mo-ment a toujours connu la traîtrise de ses joueurs majeurs. A chaque fois

que l’on a entrevu la possibilité d’un futur radieux pour les Raps, tout s’est écroulé avec le départ du franchise player alors en place. Demande de transfert, refus de jouer pour la franchise canadienne avec un projet sportif pourtant ambitieux. Retour sur la trahison de ces joueurs ayant portés le maillot ciglé du célè-bre dinosaure. Bienvenue à Toronto, l’une des villes pionnières de la NBA, les gentils Huskies s’étant transformés cin-quante ans après leur création en féroces Raptors. Cette ville cos-mopolite par excellence va rapide-ment se prendre d’affection pour son équipe de basket bien que les Maple Leafs tiennent le haut du pavé. Ainsi lorsque la franchise renaît de ses cendres en 1996, le public est au rendez-vous avec plus de 23 000 spectateurs par match lors de la saison inaugural.Lors de la première draft de la fran-chise, les fans veulent ardemment Ed’O Bannon... Ils auront Damon

Stoudamire, Isiah Thomas étant passé par là. Tollé général du côté de Toronto. Et pourtant « Mighty Mouse » prouve rapidement au pub-lic qu’il a eu tort, terminant Rookie de l’année et MVP du rookie game ! Malheureusement la lune de miel ne va pas durer. « Zeke », qui monte en

grade, est en passe de devenir ac-tionnaire majoritaire mais se brouille avec la nouvelle direction et quitte

ses fonctions. Stoudamire a perdu son mentor et deuxième père. Il ré-clame immédiatement son transfert ! Il prend la direction de son Oregon natal. Portland récupère l’ancien Wildcat contre Kenny Anderson qui refusera de migrer au Canada. La franchise touche le fond et doit donc se trouver un nouveau joueur star pour rebondir. Ce nouveau messie tant attendu par les fans canadiens arrive enfin en 1999 en la personne de Vince Carter. L’ancien d’UNC affole les tops ten et fait tourner les têtes de bon nombre de fans. Carter est rapidement com-paré à Jordan : même fac et même détente de folie. Toronto se frotte les mains d’avoir récupéré ce joyaux. Le public est fier de son joueur et le renomme même du nom de leur nou-velle salle « Air Canada ». Dans ce rapport fusionnel avec les fans Cart-er devient l’emblème de la franchise et son porte drapeau le plus célèbre. A l’époque quand on pense Rap-

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une franchise qui pour le moment a toujours connu

la traîtrise de ses joueurs majeurs

Toronto Raptors

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champion

toronto raptorsL’équipe trahie

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Toronto Raptors

tors on pense Carter. Le problème c’est que Traçy McGrady se sent à l’étroit dans son costume de second. Malgré des bons rapports avec son cousin, cette position de lieutenant ne correspond pas à son ambition. Voulant se rapprocher de sa famille restée en Floride, il fait ainsi le choix de rejoindre la franchise d’Orlando. Le public de Toronto a peu apprécié le départ de McGrady. Dès lors, il réserve à chaque venu de celui-ci au Canada un accueil des plus “chaleureux”. Et McGrady de leur rendre la politesse en alignant de belles performances, comme un soir de janvier 2003 où T-Mac terminera avec 35pts, 11reb, 8ass et la victoire en poche. Il ira même jusqu’à dire qu’il trouve une source de motivation face au public Canadien et remercie celui-ci de le huer. Carter a donc le champ libre et la franchise atteint des sommets lors de la saison 2000-2001, échouant à un shoot de la finale de confé-rence. Tout le monde pense alors que les Raps sont l’équipe du futur à l’Est. Malheureusement, tout va s’assombrir avec les multiples bles-sures de Vinsanity. Celui-ci finit par complètement se démotiver, les mauvais résultats du club n’aidant pas. Il affiche des statistiques bien en deçà de son standing et ne sem-ble plus vouloir attaquer le panier. Décrié de plus en plus par les fans et par le management qui ne voit que le transfert comme seule issue pos-sible, il est finalement échangé avec

les Nets contre Alonzo Mourning, Eric Williams, Aaron Williams et deux futurs premiers choix de draft. Ce cher Zo’ refusera poliment de poser le moindre orteil sur le sol canadien ! Quelques jours après son transfert, il déclare dans une interview avoir été démotivé à Toronto et ne pas avoir donné le meilleur de lui-même à l’entraînement comme en match, en ayant trop tendance à se reposer sur ses facilités athlétiques. Inadmissible pour les fans qui sont furieux ! Dès son arrivée à New Jersey, il réalise de nouveau d’excellentes perfor-mances offensives, avec plusieurs pointes au-delà des 40 points, et enregistre une moyenne de 28 points marqués par match, soit 11 de plus qu’en début de saison à Toronto. Carter sera copieusement sifflé par son ancien public lors de chacun de ses retours. L’amour des fidèles de l’Air Canada s’est définitivement

transformé en haine. Mais les déceptions du public Ca-nadien ne s’arrêteront pas là… Chris Bosh reprend le flambeau du fran-chise player et devient all star. Il fait miroiter à tout le monde et notam-ment à Bryan Colangelo le nouveau GM qu’il restera à Toronto après l’intersaison 2010. Il n’en sera rien puisque Bosh préfèrera partir pour Miami et former le Big Three que nous connaissons actuellement avec LeBron James et Dwayne Wade. Le public de Toronto est dégouté et il endosse parfaitement avec celui des Cavs le rôle de cocu. Espérons pour les fans de la franchise que l’histoire ne se répétera pas et qu’elle par-viendra à construire autour d’un franchise player sur le long terme. A moins qu’Andrea Bargnani ne préfère un climat plus chaud…

mr triple double

T-mac ira même jusqu’à dire qu’il trouve une source de motivation face au pub-lic Canadien et remercie celui-ci de le huer.

g stoudamire sg carter sf rose pf bosh c davis

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Le 10 février 2011, un sé-isme secoue de plein fouet le microcosme de la NBA. L’épicentre se situe à Salt Lake City, Utah. Jerry Sloan,

qui venait pourtant de signer son énième prolongation de contrat, an-nonce qu’il mettait fin à sa carrière après vingt trois années de bons et loyaux service sur le banc du Jazz. Un départ qui sera vécu comme un véritable deuil dans toute la ligue et les hommages se succèdent pour celui qui aura été à lui tout seul le symbole d’une franchise. Mais plus encore que l’épilogue d’une légende, la retraite de Jerry Sloan représente peut être aussi la fin d’une ère dans le monde des entraîneurs. L’over-coaching est aujourd’hui extrêmement redouté par la plupart des tacticiens qui officient sur les bancs de la NBA. Cette notion pour-rait être décrite abusivement comme étant du surentraînement, de la sur-préparation. Elle se dit d’un coach qui multiplie les analyses vidéos, les systèmes de jeu, qui ne laissent aucune liberté avec une volonté de tout diriger au point parfois de per-dre complètement le contact avec les premiers impliqués : les joueurs.

On retrouve facilement ce type d’entraîneurs en Europe où la culture d’un jeu bien établi et travaillé prime avant tout, à la « Yougo » aurait-on envie de dire. Le basket universitaire a aussi été longtemps le laboratoire des plus férus stratèges de la balle orange : c’est ici que Tex Winter a

mis pratique son jeu en Triangle ou que Pete Carill a peaufiné la Prince-ton Offense dans la faculté du même

nom. C’est d’ailleurs de la NCAA que sera issue la grande vague des coaches omnipotents qui envahiront la ligue dans les années 70 et au début des eighties. Paul Westhead aux Lakers, Del Harris aux Rockets, Larry Brown aux Nets, Jack Ramsey à Portland, la liste est longue pour un milieu peu habitué à voir débarquer les entraîneurs universitaires. Bill Fitch est sans doute le symbole de cette génération. Malgré un titre acquis avec Boston en 1981, les joueurs l’ont souvent critiqué pour son au-toritarisme, ses incessants change-ments de cinq de départ et pour son utilisation abusive des cassettes vidéos. Il ira même jusqu’à se faire surnommer « Captain Video » après avoir envoyé plusieurs remplaçants

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Sloan annonce qu’il met-tait fin à sa carrière après

vingt trois années de ser-vice sur le banc du Jazz

Utah Jazz

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champion

utah jazzLe Chef d’Orchestre

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Utah Jazz

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aux vestiaires en pleine rencontre pour analyser les ralentis. Jerry Sloan n’est jamais passé par la case « College » en tant qu’entraîneur mais il provient mal-gré tout de cette même époque et sa légendaire éthique de travail possède certaines caractéristiques de l’over-coaching. Mais c’est ce qui fera sa force, cette capacité à pouvoir demander le maximum à ses joueurs, de manière constante tout en gardant le groupe uni et à sa botte. Après tout, la tactique mise en place du côté d’Utah n’avait rien d’une ode à la stratégie. Le Jazz a toujours eu des airs de musique classique et Sloan avait compris qu’il fallait mieux avoir une bonne tac-tique efficace contre tout le monde plutôt que de s’adapter de manière permanente à son adversaire du soir. C’est ainsi que le Pick ‘n Roll est devenu l’élément phare du côté de Utah, un système simple, efficace mais rigoureux dans son exécu-tion. Une méthode parfaite pour les automates qu’étaient John Stockton et Karl Malone. Néanmoins, c’est peut être cette même exigence et ce même contrôle du jeu qui lui ont valu une retraite soudaine. Si rien ne confirme un accrochage avec Deron Williams, il semble évident que Sloan évoluait dans un univers de plus en plus compliqué pour un entraîneur aux allures militaires. Surtout que la NBA n’a jamais été le milieu idéal pour ce genre de coaching, la gestion des

égos l’emportant souvent sur tout le reste. Red Auerbach, Pat Riley, Red Holzman, Lenny Wilkens et bien évidemment Phil Jackson ont tous été de très grands psychologues, ca-pable de gérer les meilleurs, de leur faire accepter les sacrifices néces-saires et de responsabiliser tout le monde dans un effectif. Avec son caractère bien trempé, on ne peut qu’être encore plus étonné de l’incroyable longévité de Jerry Sloan dans une ligue si instable. Un destin qui n’est pas sans nous rappeler Gregg Popovich avec là aussi, un coach exigeant, une ville

modeste et une star qui ferait le rêve de n’importe quel coach. S’il sera intéressant de voir comment va évoluer le parallèle entre les deux entraîneurs, il faut surtout se de-mander si le départ de Sloan n’a pas des allures de chant du cygne pour un concept du coaching révolu.

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c’est peut être cette même exigence et ce même con-trôle du jeu qui lui ont valu une retraite soudaine

g stockton sg maravich sf dantley pf malone c eaton

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La performance de LeBron James lors des dernières finales aura fait couler beaucoup d’encre. Le King de South Beach a, il est vrai, com-plètement déjoué au moment le plus important de sa carrière et rejoint donc la liste de ce que l’on appelle outre-Atlantique, les « chockers », ces joueurs très talentueux mais qui disparaissent aux instants clés de leur carrière. Karl Malone, Kevin Garnett, Patrick Ewing, Wilt Cham-berlain, autant de grands noms à jamais entachés par cette marque indélébile que certains mauvais esprits surnomment grossièrement la loose. La chute d’un franchise player comme James ne serait donc pas une première dans l’histoire ? Si le phénomène est bien évidemment très rare, il n’a rien d’unique. Elvin Hayes, c’est un nom qui en impose : 8ème meilleur scoreur de l’histoire de la NBA (27,313 points), 6ème meilleur rebondeur (16,279) et 3ème joueur avec le plus de min-utes au compteur (50,000 minutes tout pile). Elu parmi les 50 meilleurs joueurs de l’histoire en 1996, il a également intégré le Hall Of Fame et remporté un titre NBA en 1978, sans oublier deux autres participa-

tions aux finales en 1975 et 1979. Techniquement, il a fait du fall-away et du turnaround jumpshot un art et reste connu comme l’un des travail-leurs les plus sérieux de son temps. Certes, les seventies sont loin d’être les années les plus brillantes mais un tel palmarès ne mériterait-il pas

plus d’attention lors des discussions sur les meilleurs joueurs de l’histoire ? En réalité, pour beaucoup de

contemporains de celui que l’on surnommait Big E, le joueur des Bul-lets n’était pas la superstar que son CV peut laisser supposer. Hayes avait un égo particulière-ment surdimensionné, jouant de son surnom pour parler de lui à la troisième personne (« E » et « he »). Il avait aussi une réputation très mauvaise parmi ses adversaires qui le critiquait pour son habitude à se plaindre auprès des arbitres. Plus étonnant encore, ses pro-pres coéquipiers et ses anciens entraîneurs ne le portaient pas en bonne estime, à l’image de son pre-mier entraîneur en NBA qui n’hésita pas à le qualifier d’ingérable. Elvin pointait aussi régulièrement du doigt les autres joueurs de son équipe lors des moments difficiles. Sa relation avec l’autre star des Bullets, Wes Unseld, s’est même avérée très délicate. Lors des finales victorieus-es, il n’hésita pas à prétendre que Mitch Kupchak, le remplaçant de

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La chute d’un franchise player comme James ne se-rait donc pas une première

dans l’histoire ?

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Washington wizardsElvin « LeBron » Hayes

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Wes, devrait jouer plus. En d’autres termes, rien ne pouvait attirer la sympathie chez Hayes et il n’en demandait pas plus à l’image de ses diners de Thanksgiving en tête à tête avec la dinde. Mais cela n’est-il pas commun chez les plus grands, l’esprit de compéti-tion prenant le dessus sur la person-nalité au point d’en être pathologique ? Le problème réside aussi dans le fait que le joueur ne faisait pas l’unanimité pour autant. Elvin avait le profil type de l’individualité évolu-ant à part du collectif, ne passant que trop rarement la balle malgré les incessantes prises à deux. Le talent ne manquait pas pourtant durant les meilleures années des Bullets, ni la tactique avec Dick Motta. Difficile donc de pouvoir agir sur l’ensemble de l’équipe si votre jeu ne réside que dans l’un-contre-un. Hayes n’était pas non plus un guerrier dans une NBA qui restait sur les exemples de Willis Reed ou Dave Cowens. L’exemple le plus frappant reste une rencontre décisive lors d’une série face aux Knicks en 1974 où, après avoir rendu une pâle copie, il expliqua qu’il avait désiré rejoindre le banc car son niveau de jeu ne le satisfaisait pas. Mais avant toute chose, Elvin Hayes restera dans les mémoires comme un « choker ». Sa carrière est tintée de nombreux échecs et même dans la victoire, il n’arriva pas à défaire cette étiquette. Lors du titre de 1978 face aux Sonics, il inscrivit la baga-

telle de 145 points en finales mais avec seulement 19 unités dans les quatrièmes quart temps. Durant le match 7, il ne marqua que 12 petits points et se fit même exclure à 10 minutes de la fin après une sixième faute alors que le score était serré. Les fans de Washington iront même jusqu’à dire que les Bullets ont gagné le titre sans Hayes. Sévère pour un joueur de sa trempe mais les attentes sont à la mesure du talent du joueur. LeBron est donc prév-enu, plus que la victoire, la manière compte tout autant.

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Difficile donc de pouvoir agir sur l’ensemble de l’équipe si votre jeu ne ré-side que dans l’un-contre-un.

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