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1 Bible d’orthopédie 2014 Dr. Irina Grosu - bip 884/1891 Dr. Patricia Lavand’homme - bip 884/1897 Dr. Bernard le Polain - bip 884/1894 Dr. Thierry Pirotte – bip 884/2633 Assistant d’anesthésie à l’étage – bip 884/1893

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Bible d’orthopédie

2014

Dr. Irina Grosu - bip 884/1891

Dr. Patricia Lavand’homme - bip 884/1897

Dr. Bernard le Polain - bip 884/1894

Dr. Thierry Pirotte – bip 884/2633

Assistant d’anesthésie à l’étage – bip 884/1893

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Table des matières

1. Consignes générales 5

1.1. Evaluation préopératoire (anticoagulants) 5

1.2. Prise en charge postopératoire 6

2. Hygiène dans le bloc d’orthopédie 7

2.1. Précautions générales 7

2.2. Règles au bloc d’orthopédie 7

2.3. Arguments pour la prévention des infections en orthopédie 8

3. Usage de la RX scopie 10

4. Facturation 10

5. Check-list 11

6. Position semi-assise 11

7. Utilisation du garrot pneumatique 12

8. Cimentage 13

9. Chirurgie de l’épaule 14

9.1. Anatomie de l’épaule 14

9.2. Chirurgie de la coiffe 15

9.2.1. Acromioplastie 16

9.2.2. Suture de coiffe des rotateurs 16

9.3. Cure d’instabilité antérieure 16

9.4. Prothèse d’épaule 16

9.5. Anesthésie 17

10. Chirurgie du coude 18

10.1. Anatomie du coude 18

10.2. Procédures de base 19

10.3. Procédures complexes 19

10.4. Anesthésie 20

11. Chirurgie de la main 20

11.1. Procédures 20

11.2. Anesthésie 21

12. Chirurgie du genou 21

12.1. Anatomie du genou 21

12.2. Arthroscopie du genou 22

12.3. Prothèse primaire de genou 23

12.4. Reprise prothèse de genou 25

12.5. Anesthésie pour reprise de prothèse de genou 26

13. Chirurgie de la hanche 26

13.1. Anatomie de la hanche 26

13.2. Arthroscopie de la hanche 27

13.3. Prothèse primaire de la hanche 27

13.4. Anesthésie pour prothèse primaire de la hanche 29

13.5. Reprise prothèse de hanche 29

13.6. Anesthésie pour reprise de hanche 30

14. Les pseudarthroses 31

15. Chirurgie de la colonne vertébrale 32

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15.1. Hernie discale lombaire (HDL) 32

15.2. Canal lombaire étroit (CLE) 33

15.3. Les glissements de vertèbres (spondylolisthésis) 33

15.4. Les discopathies 34

15.5. Anesthésie pour HDL, CLE, spondylolisthésis 34

15.6. Hernie discale cervicale (HDC) 35

15.7. Anesthésie HDC 35

15.8. Myélopathie cervico-arthrosique 35

15.9. Anesthésie pour myélopathie cervico-arthrosique 36

15.10. Tumeurs vertébrales 36

15.11. Anesthésie pour les tumeurs vertébrales 37

15.12. Scoliose 37

15.13. Anesthésie pour scoliose 38

16. Chirurgie de la cheville 40

16.1. Instabilité de la cheville 40

16.2. L’arthrose de cheville 40

16.3. Le conflit antérieur/postérieur de la cheville 40

16.4. Rupture tendon d’Achille 41

16.5. Les fractures malléolaires 41

16.6. Anesthésie 41

17. Chirurgie du pied « sain » 42

17.1. Hallux valgus 42

17.2. Conflit du bord externe 42

17.3. Griffes d’orteils 42

17.4. La maladie Freiberg 42

17.5. Arthrose sous-talienne 43

17.6. La fracture du calcanéum 43

17.7. Anesthésie 43

18. Chirurgie du pied diabétique 43

18.1. Anesthésie 44

CHIRURGIE ORTHOPEDIQUE PEDIATRIQUE 45

19. Ostéomyélite/arthrite/ostéo-arthrite 45

20. Chirurgie de la hanche 46

20.1. Luxation de la hanche 46

20.2. Epiphysiolyse fémorale supérieure 47

21. Infirmité motrice cérébrale (IMC) 49

21.1. Spasticité 49

21.2. Anomalies orthopédiques chez l’enfant IMC 49

21.2.1. Le pied 49

21.2.2. Le genou 50

21.2.3. La hanche 50

22. L’inégalité de longueur des membres inférieurs 52

22.1. Epiphysiodèse 52

22.2. Allongement tibia/fémur 52

22.3. Anesthésie 53

23. Ostéotomies de dérotation tibiale/fémorale 53

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24. Pied bot 53

25. Autres chirurgies du pied 54

26. Chirurgie de la main 54

27. Ostéogenèse imparfaite 55

28. Traumatologie pédiatrique 55

28.1.-28.10. Fracture des membres supérieurs et inférieurs 55

28.11. Anesthésie 60

29. Traumatologie gériatrique 61

29.1. Luxation 61

29.2. Fracture du col de fémur 62

29.3. Anesthésie 65

30. Chirurgie tumorale pédiatrique/adulte 70

30.1. Tumeurs bénignes 71

30.1.1. Kyste essentiel 71

30.1.2. Ostéome ostéoïde 71

30.1.3. Exostose 71

30.2.4. Kyste anévrysmal 72

30.2. Tumeurs malignes 72

30.2.1. Ostéosarcome 72

30.2.2. Chondrosarcome 73

30.2.3. Sarcome d’Ewing 73

30.2.4. Anesthésie 73

31. Les lambeaux 74

Annexes 77

1. La neurostimulation 77

2. Echographie 77

3. Anesthésiques locaux 78

4. Procédures ALR 80

5. VAC 82

6. Les systèmes de réchauffage 83

7. Récupérateur de sang 83

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1. Consignes générales

La prise en charge de TOUT patient inclut une prise en charge médicale pré-, per- et

postopératoire.

Vous avez un devoir de revoir vos patients dans la période postopératoire avec

court rapport par mail au superviseur.

1.1 Evaluation PRE-opératoire

Consultation EPI et mise au point préopératoire

o La décision d’un bloc pour l’intervention et/ou le post opératoire doit être prise par le patient correctement informé. Elle doit avoir lieu à distance de l’intervention. IL est important que le patient donne son consentement au plus tard la veille de l’intervention. Le rapport risque-bénéfice pour chaque technique doit être analysé avec attention.

o La prémédication et les médicaments à arrêter/prendre la veille et le matin de l’intervention DOIVENT être prescrits dans le PHI, l’ordre verbal donné au patient n’est pas suffisant.

o Les patients peuvent boire des liquides clairs ou de l’eau jusqu’à 2 heures avant la chirurgie

o Il faut continuer les AINS jusque la veille au soir sauf (et encore) pour les oxicams (Feldène®) qui ont une demi vie longue (48 à 72 heures) et qu’il vaut mieux arrêter 48 h avant

o Il faut vérifier le traitement anti-coagulant pour tous les patients. Sintrom® Stop J-4 si nécessaire, relais HBPM à partir de J-3 Marcoumar® Stop J-8 si nécessaire, relais HBPM Marevan® Stop J-6 si nécessaire, relais HBPM Dabigatran = Pradaxa® Stop J-4, relais HBPM à partir de J-3 si Cl

creat>50ml/min Stop J-4, pas de HBPM si Cl creat<50ml/min Rivaroxaban = Xarelto® Stop J-4, relais HBPM à partir de J-3 si Cl

creat>50ml/min Stop J-4, pas de HBPM si Cl creat<50ml/min HBPM dose prophylactique Stop 12h HBPM dose thérapeutique/ Fraxodi Stop 12h/ Stop 24h si ALR Clopidogrel = Plavix® Voir tableau GRAPA (5 jours) Prasugrel = Efient® Voir tableau GRAPA (5 jours) Pas d’arrêt de l’aspirine en chirurgie orthopédique. Références : 1. Chassot et al BJA 2007 2. Management of severe perioperative bleeding (Guidelines from ESA). EJA. 2013

o Il faut vérifier le traitement analgésique pour tous les patients : - si prise préopératoire de dérivés morphiniques (à visée analgésique ou récréative !) discussion avec superviseur ortho ou superviseur POPS (Pr Lavand’homme ou Dr Steyaert) pour adapter le traitement.

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- demander au patient s’il a déjà utilisé et supporté le tramadol et/ou la morphine (MS direct, MS contin, Oramorph) en vue d’une prescription postopératoire

o L’antibio-prophylaxie doit être administrée le plus précocement possible avant l’incision (ex. 30 min avant pour la cefazoline) ; par -contre, si la chirurgie est une reprise pour infection ou il y a une suspicion d’infection, attendre les prélèvements intra-opératoires des chirurgiens avant d’administrer les antibiotiques.

1.2 Prise en charge POST-opératoire

o En traumatologie principalement, toujours être attentif au syndrome

des loges. o La chirurgie orthopédique est dans la majorité des cas une chirurgie

DOULOUREUSE. C’est un devoir d’anticiper et prévenir la douleur sévère aigue postopératoire, qui en plus de causer souffrance au patient, est un des facteurs le plus importants pour développer des douleurs chroniques post chirurgicales.

o C’est le DEVOIR de l’assistant d’anesthésie qui a pris le patient en charge en salle d’opération de vérifier que les traitements habituels du patient sont bien encodés dans le PHI (médicaments habituels du patient), et que les protocoles d’analgésie post-postopératoires adaptés sont prescrits.

o Dans le secteur d’orthopédie, c’est à l’assistant d’anesthésie de prescrire les protocoles d’analgésie postopératoire pour les patients hospitalisés ! attention aux doubles prescriptions !

Certains patients font partie de la « filière arthroplastie » (prise en charge

périopératoire des prothèses électives de genou et de hanche). Il s’agit d’une

adaptation du processus « fast-track » à la chirurgie orthopédique élective. La coordination de la filière est faite par une infirmière responsable, Mme Régine Maindiaux (bureau à l’entrée de l’unité 32, tél ). Le principe du fast-track dans les prothèses primaires électives de genou et hanche est la mobilisation active dès le jour opératoire ou le plus tard le lendemain, pour promouvoir une réhabilitation rapide et une réduction du séjour hospitalier à 3-4 jours. Pour faciliter ce processus, le control de la douleur postopératoire doit être optimal et sans obstacles contre la mobilisation rapide postopératoire : bloc fémoral qui provoque bloc moteur, perfusion en place avec PCA éventuelle qui rend la mobilisation difficile. Un protocole d’analgésie multimodale postopératoire a été créé pour ces types de chirurgie et il contient un AINS et paracétamol administrés systématiquement et MS direct à la demande du patient, éventuellement la

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prégabaline et MS contin les premiers deux soirs postopératoires, tout per os (voir protocole PTG adulte)

2. Hygiène dans le bloc d’orthopédie

2.1. Précautions générales RAPPEL : Tous les utilisateurs entrent au quartier opératoire en tenue de bloc et avec un bonnet recouvrant tous les cheveux.

Les bijoux aux avant-bras (montres ou bracelets) et aux mains (bagues et alliance) ne sont pas autorisés.

Avant l’entrée en salle, si le patient est présent ou si le matériel stérile est déballé, ils portent un masque couvrant le nez et la bouche. Une fois l’intervention commencée, des mesures sont prises pour éviter les allées

et venues. Pour tout utilisateur � gants si risque de contact avec un liquide biologique � lunettes de protection si risque d’éclaboussure Pour les parents accompagnant l’enfant en salle � port de blouse à UU, masque, bonnet et surchaussures

Hygiène des mains pour toute personne avant de pénétrer au quartier

opératoire et selon procédure hygiène hospitalière

Si le patient est porteur d’une bactérie multirésistante (BMR) ou d’une infection

� Programmer l’intervention en fin de programme OU attendre que la salle soit parfaitement nettoyée avant de préparer le matériel pour l’intervention suivante

� Couvrir le lit du patient d’un drap propre pendant l’intervention � S’assurer que le réveil et l’unité de l’hospitalisation sont informés de l’état infectieux du patient

2.2. Règles en orthopédie

En orthopédie, TOUTE infection est redoutée et redoutable ! car les conséquences pour le patient sont catastrophiques : ostéite, prothèse infectée avec issue incertaine….Donc mauvaise qualité de la prise en charge avec conséquences fonctionnelles, sur la douleur (une reprise est beaucoup plus douloureuse dans la période immédiate postopératoire et à risque encore plus augmenté de douleur chronique) et financières !! Il est donc demandé à tous de faire un effort particulier pour appliquer toutes les consignes d’hygiène du bloc opératoire + :

- portes fermées (on passe par le sas de désinfection pour entrer et sortir de la salle quand l’intervention commence et pas par la porte principale)

- désinfection régulière des mains au sterilium - portes entre les salles 12 et 14 fermées dans la mesure du possible - pas de passage par l’utility sale, fermeture des portes vers les couloirs sales - éviter le « va et vient » inutile dans la salle

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Il est recommandé d’autre part de mettre des gants non stériles disposables lors de tout contact possible avec du sang, sécrétions, soit pour mettre des voies veineuses ou artérielles, intubation etc.

2.3. Arguments pour la prévention des infections en orthopédie

Les bactéries pathogènes sont présentes dans 90% des plaies postopératoires. Ca a été montré que l’antibioprophylaxie correctement administrée diminue de 50% le risque d’infection (3 à 5% -> < à 1%) (SFAR SoFCOT Orthorisk 2011) Contamination chirurgicale

(Lidwell, J Hosp Infect, 4:111-131 ; 1983) La présence d’un implant diminue l’inoculum nécessaire pour une infection de 105.

Le tableau clinique en présence de prothèse est en fonction de l’inoculum, un inoculum de 104-105 donne des signes d’infection aigue, tandis qu’un inoculum de 102

donne des signes d’infection larvée (Nicholas M. et al. Plos one 2010)

C’est pour cela qu’il vaut mieux prévenir que guérir, par un contrôle de l’environnement chirurgical, de l’équipe chirurgicale, de l’environnement et par une administration à temps de l’antibioprophylaxie.

Environnement

• 80% des contaminations sont aéroportées (Howorth, Lancet, 1985)

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Environnement

• Salle vide 13 CFUs/ft2/hr • Porte ouverte 25 CFU/ft2/hr (p<0,05) • 5 personnes 447 CFUs/ft2/hr !!!! (Ritter Clin Orthop 190:11-13 ; 1984) La température dans la sale est un autre élément important. Une température sous 20°C diminue de plus d’un tiers les cultures positives sur des prélèvements de la

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plaie chirurgicale par rapport à une température au dessus de 20°C: 7% versus 23%. (Hamilton, Clin Orthop, 141:237-246 ; 1979)

3. Usage de la RX scopie

Régulièrement, vous serez confronté à l’utilisation des rayons X et de la scopie. C’est notre devoir de nous protéger et aussi de protéger le patient dans la mesure du possible (Principe ALARA). Plusieurs AnesthWeekly ont été consacrées au sujet. Bon à savoir :

- demander à la personne qui manipule la scopie de limiter au maximum le temps d’irradiation

- le maximum de rayons se trouve dans l’espace situé autour et en arrière de l’émetteur car les rayons émis sont réfléchis sur le patient ; dans la mesure du possible, il faut mettre l’émetteur en bas pour éviter le rayonnement vers le personnel.

- Les appareils sont munis d’un mode pulsé qui limite l’émission ainsi que de volets et collimateurs qui limitent la diffusion.

- Mettre un tablier de plomb pour se protéger, ne pas oublier de remettre ce tablier sur le support prévu pour éviter des plis qui à la longue cassent la protection plombée. Des porte tablier ont été placés dans chaque salle du côté de l’anesthésiste.

- Protéger les patients surtout les enfants par des tabliers plombés - Eloignez vous toujours le plus possible, la puissance diminuant avec le carré

de la distance. - Le port du dosimètre est obligatoire (s’adresser aux secrétaires)

4. Facturation

Il est impératif que tout médicament administré soit facturé au patient. Tout médicament qui est utilisé pour le patient et qui ne se trouve pas dans le chariot de la salle DOIT être introduit manuellement dans la liste de médicaments facturés au patients (ex : perfusion, poches naropin, méd frigo etc). De même, tout médicament administré au patient DOIT se retrouver inscrit dans le protocole informatisé.

Emetteur Récepteur ou ampli de brillance

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5. La check-list

La check-list sera remplie pour chaque patient lors de l’entrée en salle et clôturée à la sortie de salle du patient. C’est une obligation et un document médico-légal.

6. Position assise (Beach chair position)

Le plus souvent, la chirurgie ouverte de l’épaule se fait en position semi assise, la tête fixée dans une têtière ; cette position comprend un risque important de diminution de la perfusion cérébrale :

- hypovolémie relative par séquestration d’une partie du volume sanguin dans la partie déclive - l’hyperflexion de la tête ou la flexion de la tête d’un côté peuvent entrainer une compression/traction médullaire et le blocage du drainage veineux et lymphatique cérébral (œdème de la langue et du visage avec insuffisance respiratoire aigue au réveil !) - la pression de perfusion cérébrale est donnée de la différence entre la TAM et la pression intracérébrale, donc une bonne TAM est indispensable pour éviter les ischémies cérébrales intra-opératoires!! - le monitoring de la TAM non invasive sous-estime la vrai TAM, donc les valeurs de la TA non invasive au niveau du bras doivent être corrigée avant d’estimer la pression de perfusion cérébrale et le monitoring de la TA non invasive au niveau du membre inferieur est à proscrire -le monitoring de l’oxygénation cérébrale par l’INVOS n’exclut pas complètement le risque des épisodes d’ischémie cérébrale, mais le limite, donc son utilisation est OBLIGATOIRE, avec une ligne de base réalisée à l’air, en décubitus dorsal, avant le début de l’anesthésie - la position semi-assise assure une meilleure cinétique diaphragmatique et ventilation des bases, mais avec risque d’œdème pulmonaire lors du retour en décubitus dorsal si la correction de l’hypovolémie relative a été trop vigoureuse ou si le patient a des problèmes cardiaques - attention à la fixation de la tête sur la têtière; bien maintenir la tête tant qu’elle n’est pas parfaitement attachée; la tête doit être dans une position intermédiaire, pas d’extension ni de flexion ; le respect d’une distance menton-sternum de deux travers de doigt est nécessaire - la position du bras non opéré, en supination, doit respecter la flexion naturelle du coude

Références: 1. Blood pressure management during beach chair position shoulder surgery: What do we know? Glenn S. Murphy, Joseph W. Szokol . J Can Anesth 2011 2. Cerebral oxygen desaturation during beach chair position Annelies Tet al. Wouters Eur J Anaesthesiol 2011 3. Analysis of plethysmographic waveform changes induced by beach chair positioning under general anesthesia. Richard Zhu et al.J Clin Monit Comput 2014

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7. Utilisation du garrot pneumatique (GP) (tourniquet)

Le garrot est utilisé pour obtenir un champ opératoire exsangue. Pourtant, très peu d’études montrent un effet d’épargne sanguine peropératoire. L’hypothermie, l’hypoxie et l’acidose durant l’ischémie sont responsables d’un phénomène de fibrinolyse qui augmente le saignement postopératoire. Les effets du GP sont généraux et locaux. Effets généraux :

- Syndrome douloureux au bout de 20-30 minutes ou, si AG, réaction cardiovasculaire de tachycardie + HTA qui ne peut pas être corrigée par un approfondissement de l’AG (mais bien par une technique d’anesthésie locorégionale). Ce phénomène douloureux est du à la plasticité spinale qui entraine une extension des territoires cutanés stimulées par le GP. A la levée du GP, après une phase transitoire de diminution de la douleur, celle ci réapparait.

- Augmentation du risque thromboembolique – stase artérielle et veineuse avec accumulation des emboles libérés pendant les gestes de visage ou alésage et libération à la levée du GP. Du fait de l’existence du shunt endo-médullaire, des emboles migrent pendant la phase fémorale de la prothèse de genou malgré le GP !

- Mise en circulation des produits du métabolisme hypoxique et anaérobique : augmentation du PaCO2 et ETCO2 et par l’activation locale des PMNs par l’ischémie-reperfusion, un SDRA peut survenir. (attention en cas de pathologie respiratoire préexistante !)

- Absence de passage des produits anesthésiques dans le membre pendant que le GP est gonflé, mais aussi rôle de réservoir avec libération des produits anesthésiques à la levée du GP !!

Effets locaux :

- Œdème et risque d’infection locale augmentée ?? par l’ischémie-reperfusion qui active les PMNs

- Lésion mécanique mixte : compression + étirement. La fibre nerveuse est la plus sensible à ce type de lésion, des souffrances nerveuses irréversibles ont été rapportées, surtout avec des durées prolongées de GP. Des ruptures des plaques d’athérome ont été aussi rapportées.

- Souffrance musculaire jusqu’à la nécrose en cas de terrains fragiles - Fibrinolyse

Points clés pour la position assise :

ο prise de tension artérielle au membre supérieur

ο utilisation de l’INVOS avec ligne de base avant anesthésie du

patient

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Référence : 1. L’utilisation d’un tourniquet pneumatique et ses complications en chirurgie des membres inférieurs. Schouwenaars A. Ortho-Rhumato 2012

8. Cimentage

Il y a deux types de ciments : acryliques et phosphocalciques. Les ciments classiques, « de fixation », acryliques ou PMMA

(polyméthylméthacrylate) sont utilisés pour la fixation des prothèses ostéoarticulaires cimentées. Ils sont produits par la réaction du mélange d’une poudre (billes de PMMA déjà polymérisées et/ou copolymères de MMA) et d’un liquide (monomère de MMA et un activateur nécessaire à la polymérisation, le di-methyl-paratoluidine DMT). La complication la plus importante lié aux ciments acryliques est le syndrome

d’implantation (BCIS=bone cement implantation syndrome). Le BCIS se caractérise par hypoxémie et/ou hypotension au moment du cimentage (parfois au moment du lâchage de garrot). La physiopathologie est mal connue, mais des phénomènes emboliques au moment de l’implantation ont été incriminés (emboles graisseux, débris de ciment, d’air, morceaux d’os etc). Tout geste créant une hyperpression dans les futs diaphysaires (même un simple vissage) provoque des migrations emboliques. Une autre cause pourrait être les phénomènes d’hypersensibilité avec libération d’histamine. Les patients à risque de développer BCIS sont les patients ASA 3-4, âgés, avec des pathologies cardiaques (HTAP). D’autres complications incluent le syndrome confusionnel postopératoire, l’ARDS et l’allergie au ciment. Les ciments phosphocalciques sont utilisés comme ciment de « comblement » pour déficit osseux, dans l’implantation d’auto et allogreffes etc. Ils ne peuvent pas remplacer les ciments de fixation, par contre ils peuvent disparaitre après quelques mois au profit d’une repousse osseuse naturelle. Référence : 1. Bone cement and the implications for anaesthesia. Gautam Khanna ,Jan Cernovsky Continuing Education in Anaesthesia, Critical Care & Pain Advance 2012

Points clés pour le GP

o Réaction de tachycardie+HTA non corrigeable par l’approfondissement

de l’AG

o Risque d’embolie et libération des produits d’anaérobie à la levée du GP

o Absence de passage des produits anesthésiques dans le membre

pendant que le GP est gonflé, mais aussi rôle de réservoir avec libération

des produits anesthésiques à la levée du GP

o Risque de lésion nerveuse et vasculaire par compression/étirement

o Cause de douleur postopératoire aigue

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9. Chirurgie de l’épaule

9. 1. Anatomie de l’épaule L’épaule est une articulation complexe qui met en jeu en fait deux articulations : la

scapulo-thoracique et la gléno-humérale. L’articulation scapulo-thoracique articule l’omoplate et la cage thoracique. Il s’agit d’une articulation serrée qui fait pivoter l’omoplate selon un arc de cercle dans le plan frontal et sert à réaliser l’abduction du bras; le grill costal et l’omoplate sont intriqués et fixés par des muscles puissants. L’articulation gléno-humérale articule la tête humérale et la glène de l’omoplate. La glène est agrandie par un bourrelet glénoïdien qui est à la périphérie. Comme pour toute articulation, les surfaces osseuses sont recouvertes de cartilage articulaire et des ligaments relient les extrémités. Les muscles sont très nombreux dans l’épaule: -les muscles rotateurs de l’épaule partent de l’omoplate et s’insèrent sur le trochiter et le trochin -les rotateurs externes et starters de l’abduction sont :

-le sus-épineux qui s’insert à la partie postérieure de l’omoplate; - le sous-épineux qui s’insert sous l’épine de l’omoplate ; - le petit rond qui est juste sous le sous-épineux

-le muscle qui assure la rotation interne de l’épaule s’appelle le sous-scapulaire. -le tendon long biceps part du sommet de la glène et se dirige vers le bras dans la gouttière bicipitale. Tous ces muscles rotateurs sont prolongés par des tendons aplatis recouvrant complètement la tête de l’humérus et formant la coiffe des rotateurs. L’acromion se situe juste au-dessus de la coiffe des rotateurs et la coiffe glisse sous l’acromion par l’intermédiaire d’une poche synoviale appelée bourse séreuse sous-acromio-deltoïdienne. -le muscle principal abducteur est le deltoïde. Ce muscle très puissant chapeaute l’épaule en partant de l’acromion et en s’insérant sur la face externe de l’humérus, le V deltoïdien. Il permet l’abduction complète de l’épaule. L’épaule permet des mouvements dans les trois plans de l’espace, la circumdiction. Le nerf principal de l’épaule s’appelle le nerf circonflexe qui permet la motricité du deltoïde.

Points clés pour le cimentage

o syndrome de cimentage (BCIS) au moment de l’implantation ou au

lâchage du garrot

o patients fragiles et avec pathologie cardiaque à risque de BCIS – décision

de cimentage à évaluer en fonction du rapport risque/bénéfice et à

discuter avec le chirurgien

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9.2. Chirurgie de la coiffe La chirurgie, dans le traitement des pathologies de la coiffe, est variable en fonction des lésions observées. Dans les tendinites chroniques du sus épineux sur conflit sous acromial, le geste sera une acromioplastie simple avec libération de la coiffe des rotateurs. Dans les perforations transfixiantes, cette acromioplastie sera associée à un geste de réparation des tendons de la coiffe concernés sera réalisé associé ou non à une acromioplastie La chirurgie réparatrice de la coiffe se fait d’habitude en arthroscopie, en position semi-assise ou en décubitus latéral avec une suspension du membre opéré à une potence. NB la coiffe des rotateurs se dégrade presque toujours avec l’âge ; les patients

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s’adaptent aux limitations de mouvement. Rare est l’indication d’une chirurgie de la coiffe au-delà de 60-70 ans. Les calcifications sont fréquentes et peuvent disparaitre spontanément.Lorsque l’évolution spontanée ( résorption)n’est pas favorable,il est réalisé une évacuation par arthroscopie de cette calcification (pour le supra et infraépineux,le chirurgien travail dans la bourse sous acromial).

9.2.1. Acromioplastie

L’acromioplastie consiste donc à faire disparaître le conflit osseux entre la face inférieure de l’acromion et la partie supérieure des tendons de la coiffe. Elle est toujours associée à une section d’un ligament qui participe au conflit : le ligament coraco-acromial tendu, comme son nom l’indique, entre l’acromion et un tubercule antérieur de l’omoplate, la coracoïde. L’acromioplastie est donc une résection osseuse partielle de l’acromion à sa partie antérieure et inférieure. C’est le premier geste chirurgical dans le traitement des lésions des tendons de la coiffe des rotateurs.

9.2.2. Suture de coiffe des rotateurs

Lorsque les tendons du sus épineux, du sous épineux et du sous scapulaire sont perforés, rompus ou désinsérés, il faut les repositionner à leur place sur le trochiter et le trochin. Cette réinsertion se fait à l’aide d’ancres métalliques ou non (résorbables) spécifiques qui sont fichées dans l’os huméral et au bout desquelles est attaché un fil très résistant qui sera noué au tendon. Plus le trou est grand, plus il faudra d’ancres de réinsertion. En fin de réparation, la tête de l’humérus doit être complètement recouverte de la coiffe tendineuse, on dit alors que celle-ci est de nouveau étanche. La réinsertion trans-osseuse doit être faite, chaque fois que cela est possible, en position coude au corps du bras et non en abduction. La réinsertion des tendons de la coiffe est souvent asssociée à un geste thérapeutique sur le biceps (ténotomie du biceps ou ténodèse ).

9.3. Cure d’instabilité antérieure : soit opération de Bankart par

arthroscopie ou soit opération de butée osseuse (intervention de

Latarget) La luxation récidivante ou l’instabilité chronique antérieure de l’épaule peut être traitée : -soit chirurgicalement en prélevant la partie antérieure de la coracoïde en gardant ses insertions musculaires coracobrachiales et en venant la visser à la partie antérieure et inférieure de la glène. L’installation du patient se fait en position demi-assise, épaule dégagée. -soit par arthroscopie (opération de Bankart) en réinsérant le bourrelet péri glénoïdien et les ligaments antérieurs de l’épaule sur le bord antérieur de la glène à l’aide d’ancres transosseuses.

9.4. Prothèse d’épaule La prothèse d’épaule est envisagée essentiellement lors d'une usure évoluée ou d'une déformation de l'articulation (arthrose, maladie inflammatoires, nécrose de la

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tête de l’humérus) ou lors d’un traumatisme récent ou ancien (fracture complexe de l’extrémité supérieure de l’humérus, rupture massive des tendons de la coiffe des rotateurs). Généralement, les prothèses articulaires sont composées d’un implant métallique (titane, inox ou chrome-cobalt) d’un côté de l’articulation, et d’un implant en matériel plastique (polyéthylène de haute densité) de l’autre côté. Les deux implants glissent l’un sur l’autre au cours des mouvements, comme les surfaces articulaires d’origine. Différents types de prothèses peuvent être réalisées en fonction de la pathologie en cause : « totale » parce que l’on remplace les deux surfaces par opposition aux prothèses dites « partielle » où on ne remplace que l’une des deux surfaces. Les prothèses totales peuvent être

• Anatomiques - reproduisent fidèlement l’anatomie avec un implant remplaçant la tête de l’humérus en forme de demi sphère qui se prolonge par une tige servant à sa fixation dans l’humérus. L’autre implant, en forme de petite cupule ovale, se fixe sur l’omoplate. C’est la prothèse la plus utilisée, surtout quand la coiffe des rotateurs est en bon état.

• Inversées - avec un implant en forme de demi sphère du coté de l’omoplate et un implant en forme de cupule creuse du coté de l’humérus. C’est la prothèse d’épaule choisie si la coiffe des rotateurs est rompue et irréparable. L’inversion des formes autorise un fonctionnement mécanique différent et permet de relever le bras grâce au seul muscle deltoïde qui n’est que très rarement abîmé. Il s’agit d’une technique plus récente dont le résultat fonctionnel est en moyenne un peu moins bon qu’une prothèse anatomique classique, mais qui s’adresse à des patients qui sont plus handicapés.

L’installation du patient est en position semi-assise. L’incision se fait dans le sillon delto pectoral

(fig 1 :sillon deltopectoral ;fig 2 :ablation de la tête humérale)

9.5. Anesthésie - les particularités de la chirurgie de l’épaule se situent surtout au niveau de l’installation en position (semi-)assise (voir ci-dessus) - un bloc inter-scalénique peut être proposé en l’absence de contrindications + cathéter dans le cas des prothèses ou des reconstructions complexes de la coiffe (sinon PCA) - l’indication d’un bloc inter-scalénique dans la prothèse inversée est à discuter, car la contention musculaire immédiate est très importante pour ce type de prothèse - la chirurgie arthroscopique de l’épaule se fait dans une espace très limitée, le

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saignement dans cet espace rendant la chirurgie très difficile ; le saignement est dépendant en partie de la différentielle entre la pression artérielle systolique et la pression de perfusion du liquide d’arthroscopie. - le réglage de la pression du liquide pour l’arthroscopie se fait en général aux environs de 30-45 mmHg mais est directement lié à la PAS. Si la PAS est trop importante, le chirurgien n’aura aucune vision ( conflit, augmentation de la durée opératoire,..) augmentera la pression de perfusion du liquide dans l’articulation sauf en cas de geste plus important où elle peut être mise temporairement à 70 voire plus. - attention à l’augmentation de la pression du liquide de manière importante car cela entraîne une diffusion du liquide vers les espaces extraarticulaires avec œdème et est source des douleurs importantes en postopératoire. Aussi, une différentielle trop importante entre la PAM et la pression du liquide de perfusion arthroscopique risque d’augmenter les saignements. - Une importante quantité de liquide de lavage est utilisée dans les arthroscopie; ce liquide est en général froid et peut donc entraîner un refroidissement du patient, cause de réveil retardé et shivering! Il est conseillé que la température du liquide utilisé soit proche de la température corporelle - la prothèse de l’épaule est une chirurgie à potentiel hémorragique (sans garrot, chirurgie de l’humérus), donc un group sanguin+RAI sont obligatoires

10. Chirurgie du coude

10.1. Anatomie du coude

L'articulation du coude est située entre l’humérus et le radius et cubitus. Cette articulation complexe, est formée de 3 unités articulaires distinctes : une articulation entre l'humérus et le cubitus, qui permet uniquement les mouvements de flexion et d'extension de l'avant bras sur le bras, une articulation entre l'humérus et le radius, pour la flexion et l'extension mais aussi la prono-supination et une articulation entre le radius et le cubitus uniquement réservé à la prono-supination. La capsule

articulaire protège et nourrit l’articulation entre le radius et le cubitus. Des ligaments assurent l'union articulaire et permettent la stabilité de cette articulation: les ligaments latéraux interne et externe. Les muscles qui entourent cette articulation permettent la flexion du coude (biceps, brachial antérieur, long supinateur et épithrochléens) et l'extension (triceps et épicondyliens)

Points clés de l’anesthésie pour la chirurgie de l’épaule :

ο Risques liés à la position assise

οοοο Risque hémorragique ���� groupe et RAI obligatoires

ο Douleur importante ���� balance bénéfice/risque du bloc

interscalénique

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10.2. Procédures de base

Une série de procédures moins complexes peuvent être réalisées en chirurgie classique ou arthroscopie : - neurolyse du nerf cubital : libération du nerf des arcades le comprimant au niveau du coude dans sa propre gouttière ou par transposition en position extra anatomique ou il est enrobé par un lambeau fascio-graisseux prélevé en sous cutané - épicondylite (tennis elbow), maladie des insertions des tendons sur l'os, l'usure du cartilage articulaire ou une névrite du nerf radial : chirurgie tendineuse, chirurgie articulaire avec émondage cartilagineux et synovectomie, chirurgie nerveuse avec libération du nerf radial. - corps étranger intra articulaire : fragment osseux libre post-traumatisme, provoquant des douleurs et la raideur articulaire et qui nécessite l’ablation, habituellement par arthroscopie - hygroma : tuméfaction située en arrière du coude, correspondant au gonflement d'une bourse habituellement vide : excision de la bourse

10.3. Procédures complexes

- ostéotomies de correction - prothèse de tête radiale/ ulnaire – post fractures - arthrolyse - la raideur du coude peut survenir après un traumatisme ou une fracture ou comme conséquence de l’arthrose progressive. La capsule devient plus rigide. L’arthrolyse de coude consiste à enlever la capsule rétractée, les butoirs

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osseux et les adhérences autour de la tête du radius. L’intervention peut être faite sous arthroscopie. - prothèse totale de coude - post fractures ou polyarthrite rhumatoïde Il y a des prothèses non-contraintes (degré de liberté identique au coude normal, nécessite une intégrité ligamentaire) et semi-contraintes.

10.4. Anesthésie

- L’installation se fait en décubitus dorsal ou latéral, décidé par les impératifs chirurgicaux. - La proposition d’un bloc nerveux doit être discuté avec les chirurgiens, vu les multiples risques de lésion nerveuse chirurgicale au niveau du coude. Une ALR empêcherait un diagnostic rapide et prompt d’une telle lésion nerveuse. - les procédures simples, courtes, en décubitus dorsal peuvent être effectuées sous ALR pure (bloc axillaire haut, bloc infra-claviculaire) - si la pose d’un cathéter peri-nerveux est contrindiqué dans les procédures complexes, une analgésie optimale doit être assurée par les méthodes classiques (analgésie multimodale PCA, infiltration par le chirurgien) - en cas d’arthrolyse pour raideur articulaire, la pose d’un cathéter infra-claviculaire peut être demandée par le chirurgien pour faciliter la mobilisation et la rééducation postopératoire immédiate.

11. Chirurgie de la main

11.1. Procédures :

- syndrome du canal carpien Le syndrome du canal carpien correspond à la compression du nerf médian au poignet. Le canal carpien est la zone anatomique située entre les os du carpe en arrière et le ligament annulaire antérieur. - doigt à ressaut Les tendons fléchisseurs au niveau des doigts et de la main font suite au corps musculaire situé à l'avant-bras. Ils traversent la paume et se terminent à l'extrémité des doigts. Lorsqu’on plie les doigts, ces tendons sont plaqués contre les phalanges par des "poulies de réflexion", analogues au câble de frein d'un vélo qui parcourent le cadre. Ce système de tendon et de poulies est extrêmement ajusté et il suffit d'un petit épaississement du tendon même très localisé pour entraîner un blocage.

Points clés pour la chirurgie du coude :

o Les procédures complexes sont souvent douloureuses, mais une

ALR peut être proposée seulement après discussion avec le

chirurgien

o Les procédures simples peuvent etre réalisées sous bloc axillaire

haut

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L'intervention consiste à réaliser une tenolyse en élargissant la poulie au niveau de la paume de façon à faciliter le passage du tendon. - maladie de Dupuytren Il s’agit d’un épaississement de l'aponévrose palmaire accompagné d'une rétraction qui limite l'extension des doigts et peut infiltrer la peau. Le traitement consiste dans l'aponévrotomie ou l’aponevrectomie. - rhizarthrose Il s’agit de l'arthrose de la base du pouce. Elle atteint l'articulation entre le trapèze et le premier métacarpien Le traitement est soit par trapézectomie associée à une ligamentoplastie, soit la prothèse trapezo-métacarpienne. - kyste arthro-synovial C’est une tuméfaction au voisinage de l'articulation du poignet. L'origine provient d'une dégénérescence de la capsule articulaire du poignet plus épaisse et plus résistante dans ces deux localisations. Le traitement est l’ablation chirurgicale.

11.2. Anesthésie: - le syndrome du canal carpien se fait habituellement sous anesthésie locale par le chirurgien - certains interventions se font sous arthroscopie - ce sont dans la majorité des chirurgies courtes, de 15-30 minutes - le bloc axillaire est à privilégier pour toutes les interventions au niveau de la main/ poignet

12. Chirurgie du genou

12.1. Anatomie du genou

L'articulation du genou est une articulation supportant le poids du corps, située entre l'extrémité inférieure du fémur et l'extrémité supérieure du tibia. Entre ces deux extrémités, condyles fémoraux, et plateaux tibiaux, recouverts de cartilage, s'interposent deux ménisques, interne et externe. Les ligaments maintiennent en contact le fémur et le tibia : en périphérie ce sont les ligaments latéraux, interne et externe. Au centre du genou sont situés les ligaments croisés : ligament croisé antérieur et postérieur. La rotule est le plus gros sésamoïde de notre squelette. Elle est située dans la terminaison tendineuse du quadriceps et se prolonge vers le bas par le tendon rotulien. L'enveloppe fibreuse qui recouvre la rotule est en continuité avec ces deux tendons. Elle est maintenue latéralement par deux sortes de ligaments appelés l'aileron interne et l'aileron externe. La rotule a un rôle de protection du tendon du

Points clés pour la chirurgie de la main

o Privilégier le bloc axillaire

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quadriceps, mais elle augment aussi le bras de levier de celui-ci, donc sa force sur le tibia (son ablation fait perdre 30% de force au quadriceps) Il y a 3 compartiments au niveau du genou : • Compartiment fémoro-tibial interne

• Compartiment fémoro-tibial externe • Compartiment fémoro-patellaire, entre le femur et la rotule

12.2. Arthroscopie du genou

L’arthroscopie du genou est une technique mini invasive permettant d’effectuer un certain nombre d’interventions chirurgicales sur:

- les ménisques (interne, externe): ablation (le plus souvent partielle) ou suture

- le cartilage (rotulien, du tibia, du fémur): régularisation lorsqu’il est fissuré ou irrégulier

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- la synoviale: résection partielle ou totale (synovectomie totale) - les ligaments: reconstruction du ligament croisé antérieur, ou croisé

postérieur ou des ligaments latéraux - ablation des petits fragments osseux ou cartilagineux libres dans l’articulation

(corps étrangers)

Temps chirurgical approximatif : 15 min pour ménisque, 40 min pour un croisé antérieur et 60 min pour un croisé postérieur. Vu la courte durée de l’intervention et les impératifs chirurgicaux, l’anesthésie générale sera privilégiée pour les arthroscopies du genou. La majorité des patients sont des patients « hospiday » ! attention à l’utilisation de la kétamine et de la clonidine. Le protocole d’anesthésie utilisé pour les arthroscopies du genou à St Luc est le suivant : Arthroscopie simple (10-15 minutes) - AG “classique” avec masque laryngé: Sufentanil, Lidocaine, Propofol, Kétamine petite dose (hospiday), Sevoflurane - clonidine titrée si nécessaire, max 75mcg - Paracétamol et VOLTAREN (pas de taradyl !! car plus d’hématomes postopératoires) SI pas de contrindication - attention le Voltaren doit être administré en perfusion lente et JAMAIS en ivd (risque important de phlébite) - prévoir la reprise de la respiration spontanée rapidement Arthroscopie avec reconstruction ligamentaire (40-60 minutes) A cause de la douleur postopératoire qui peut être importante, la plus grande partie de patients est hospitalisé une nuit. - kefzol 2 g iv à donner 30 minutes avant l’incision - AG “classique ”avec masque laryngé: Sufentanil, Lidocaine, Propofol, Kétamine, Sevoflurane - clonidine titré si nécessaire, max 75mcg (plus si hospitalisé) - Paracétamol et VOLTAREN (pas de taradyl !!) Si pas de contrindication - attention, le voltaren doit être administré en perfusion lente et JAMAIS en ivd - schéma d’analgésie postopératoire sans pompe si patient hospitalisé (souvent)

Une infiltration intra-articulaire sera faite par le chirurgien à la fin de l’arthroscopie. Une prémédication à l’hospiday est souhaitable (patients jeunes et anxieux). Cryothérapie en salle de réveil pour les reconstructions ligamentaires (paquets de glace). Laisser les patients avec le membre inférieur en légère flexion dans le lit (position antalgique).

12.3. Prothèse primaire du genou (durée 60-90 min)

L’indication de la prothèse de genou primaire est la gonarthrose invalidante avec répercussions fonctionnelle et/ou douleurs importantes. La prothèse totale du genou est constituée de quatre pièces : la pièce fémorale, la pièce tibiale, la pièce

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rotulienne et une pièce intermédiaire plastiforme qui s’articule entre le fémur et le tibia permettant le bon coulissement de la prothèse. La stabilité de la prothèse est assurée par les ligaments et son fonctionnement est assuré par l’ensemble des tendons reliant les muscles à l’os, notamment l’appareil extenseur formé par le quadriceps, la rotule et le tendon rotulien. Il y a plusieurs types de prothèse : unicompartimentale, bicompartimentale, totale. La technique de prothèse ‘signature’ permet une meilleure adaptation de la prothèse à l’anatomie du patient et une réduction du risque de déviation axiale de 30 à 3% grâce aux simulations par IRM. La technique de placement est ‘mini invasive : réduction de la cicatrice, absence de luxation de la rotule et du tibia, évitant les déchirures du quadriceps et des ligaments postérieurs, réduction de la douleur, limitation des pertes de sang (Hb post op entre 10,5 et 12,8), réadaptation immédiate. Une amélioration des procédures est en cours depuis la consultation d’orthopédie jusqu’au post op tardif dans la « filière arthroplastie » dont l’objectif principal est de permettre au patient d’être fonctionnel le plus rapidement possible

Le protocole d’anesthésie utilisé à St Luc pour les prothèses de genou est le suivant : - préopératoire :

• dans la consultation d’orthopédie, souvent vous y trouverez une case « note aux anesthésistes » = des observations du chirurgien

• Ne pas arrêter l’AAS 80 ou 160 mg, même en prévention primaire

• Ne pas arrêter les AINS qui sont souvent les seules antalgiques efficaces chez ces patients

• Le patient peut boire des liquides clairs jusqu’à 2 heures avant l’intervention

• Préconiser AG pour les impératifs chirurgicaux ; si indication « médicale de rachianesthésie » ex pathologie pulmonaire…, discuter avec le superviseur avant de proposer la technique au patient

• Il s’agit d’une chirurgie douloureuse mais on ne fait plus de bloc fémoral car le chirurgien réalise un bloc du genou pendant la chirurgie (LIA et infiltration open du canal des adducteurs). Pour le postop, pas de PCA sauf cas très spéciaux, à discuter avec superviseur d’ortho et chirurgien. Le protocole de la filière arthroplastie prévoit AINS et paracétamol per os d’office, MS direct si nécessaire et MS Contin, Lyrica les deux premiers jours

• Si HB en dessous de 11, voir étiologie, et schéma EPREX

• Pas de commande de sang, plus besoin de faire le group ou des RAI si Hb normale et pas de chirurgie de reprise (prévu chez les infirmières).

• Prémédication : Prégabaline (Lyrica®) 300 mg – 150 mg si patient >75 ans, Losec 20mg, Célécoxib (Célébrex®) 200mg et Paracétamol 1 gr sauf contrindications, à administrer 2 heures avant la chirurgie. Attention, pas d’autre sédatif en plus du Lyrica (donc pas de benzodiazépine, pas de neuroleptique, pas de clonidine !!) car risque de sédation excessive !!!

- péri opératoire

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• mise en place perfusion pendant la chirurgie précédente, injection des antibiotiques kefzol 2 g administré 30 min avant l’incision, donc au moment de la fermeture du patient précèdent (allergie à la pénicilline – voir avec le superviseur et ne pas administrer la clindamycine d’office)

• NB : possibilité discman pour détendre le patient, possibilité de mettre le Bair Hugger pendant la période d’attente devant la salle

• Induction = dexaméthasone 5 mg, exacyl 1g, sufentanil 5 mcg, kétamine 0.5 mg / kg , propofol, masque laryngé sauf si contrindication

• curare (tracrium 25-35 mg ou esmeron) obligatoire malgré masque AVANT la mise en place du garrot (pour les besoins de la chirurgie)

• Pas d’AINS ou paracétamol (sauf si le patient ne l’a pas reçu à l’étage)

• remarques 1. le chirurgien place l’appareil de mobilisation de la jambe et

le garrot pendant que nous ventilons; dès l’intubation terminée (y compris contrôle et fixation), il désinfecte et place les champs

2. Per op, le chirurgien infiltre avec une solution de ropivacaine 0.2% adrénalinée avant l’incision, après l’implantation de la prothèse et à la fin de l’intervention.

3. Attention spécialement au moment de la section

osseuse : le patient ne peut pas bouger (risque de lésion

de l’artère poplitée)

4. garrot placé par le chirurgien : la tension artérielle

systolique du patient doit idéalement rester inférieure à

la pression du garrot-100mmHg

- postopératoire :

• En salle de réveil, le genou sera installé en légère flexion (position antalgique)

• Maintenir la tension artérielle systolique > 100 mmHg; aucun patient ne remontera de salle de réveil avec une TA systolique en dessous de 100 mmHg sauf votre permission ou celle d’un superviseur

• Titration IV de dipidolor ou de morphine

• Prescrire le protocole d’analgésie PTG adulte qui se trouve dans PHI dans les protocoles d’analgésie pour la chirurgie orthopédique adulte

12.4. Reprise de prothèse de genou (120-180 min)

L’indication de reprise de prothèse de genou est posée en cas d’infection de la prothèse primaire ou de problème avec l’implant : descellement par usure (mobilité de la prothèse par rapport à l’os) ou mauvais positionnement des implants. Le descellement va occasionner des douleurs, une boiterie, voire une déformation du membre ainsi qu’une raideur diminuant progressivement les possibilités fonctionnelles qu’offrait la prothèse. Le but de l’opération est de retirer l’ancienne prothèse, et de la remplacer par une nouvelle. Après l’extraction des implants défectueux, tous les débris de l’usure sont

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nettoyés. De nouvelles recoupes en zone osseuse saine sont alors réalisées. La bonne tenue prothétique est renforcée par un ancrage supplémentaire par des tiges d’extension au sein du fémur et du tibia. En cas de d’une attente ligamentaire ou de destruction osseuse massive, l’utilisation d’une prothèse dite charnière s’impose. La pièce fémorale et la pièce tibiale sont alors reliées pour assurer la stabilité du genou. Ceci augmente les contraintes au niveau de l’os et nécessite la mise en place de tiges longues au niveau du fémur et du tibia pour assurer la bonne tenue de la prothèse dans l’os. Si le descellement est lié à une infection chronique, un délai d’environ 6 semaines est souvent nécessaire entre l’ablation de l’ancienne prothèse et la mise en place de la nouvelle. Pendant cette période, un Spacer (prothèse d’attente) est positionné pour laisser cicatriser et guérir l’os par les antibiotiques.

12.5. Anesthésie dans la reprise de prothèse de genou

- En cas d’infection de la prothèse de genou primaire, la mise en place d’une voie

centrale pour l’antibiothérapie de longue durée est nécessaire

- la relaxation musculaire est importante pour permettre la bonne implantation dans des tissus remaniés - la reprise de prothèse de genou est une intervention réalisée sous garrot qui va limiter le saignement, mais une détermination du group + RAI reste nécessaire - les tiges tibiale et fémorale sont plus longues (surtout en cas de prothèse charnière), donc il y a un risque plus important d’embolie graisseuse (post alésage des fûts osseux) et embolie avec du ciment ; ce risque est présent au niveau de l’alésage, mise en place de la prothèse, mais aussi au lâchage du garrot.

13. Chirurgie de la hanche

13.1. Anatomie de la hanche

L’articulation de la hanche est profonde, portante et entourée de muscles puissants expliquant l’absence de problèmes d’instabilité. Par contre, la pathologie dégénérative y est fréquente, soit primitive, soit secondaire un vice architectural (congénital ou acquis).L'extrémité supérieure du fémur se termine par le col du

Points clés de l’anesthésie pour la chirurgie du genou :

ο Chirurgie douloureuse (sauf arthroscopie simple) donc respecter

le protocole de prise en charge périopératoire « rapid recovery »

de la filière arthroplastie, PAS de péridurale NI de bloc nerveux

périphérique

ο Groupe et RAI obligatoires seulement pour les reprises de PTG

ο Chirurgie sous garrot

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fémur puis la tête fémorale qui a quasiment la forme d'une sphère. Elle est recouverte d'une couche de cartilage parfaitement lisse et glissant, de 3 mm d'épaisseur environ. L’acetabulum est une cavité un peu moins hémisphérique, également doublée de cartilage de 3 mm d'épaisseur environ. Cette cavité est entourée du labrum ou bourrelet, facteur supplémentaire de stabilisation de l'articulation (comme pour l'épaule). Le cartilage amortit et répartit la transmission des forces dans l'articulation. De forts ligaments manchonnant complètement l'articulation forment la "capsule" articulaire qui est tapissée à l'intérieur par la synoviale. La vascularisation est fragile, de type terminal.

13.2. Arthroscopie de la hanche

L'indication d'arthroscopie de la hanche est essentiellement la recherche diagnostique de douleurs et/ou d'épisodes de blocage qui ne font pas leur preuve par d'autres examens (radio simple, arthroscanner, IRM). L'arthroscopie permet l'ablation de corps étrangers, de faire une biopsie, une synovectomie, de réséquer du cartilage ou du bourrelet abîmé. L'objectif est d'éviter une dégradation de l'articulation pouvant conduire à la prothèse. L’arthroscopie est réalisée dans certain cas après prothèse de hanche (résection d'un bourrelet de ciment, lavage articulaire), et pour le traitement d'une arthrite septique de hanche. L’installation est en décubitus dorsal, sur une table qui permet une traction du membre.

13.3. Prothèse primaire de la hanche

Différents types de prothèse de hanche ont été développées, adaptés aux différentes atteintes de l'articulation, à l'âge des patients et à la qualité osseuse. Il y a trois populations qui nécessitent une prothèse de hanche : jeune - ostéonécrose, dysplasie hanche, tumeur, âgée - coxarthrose primaire ou secondaire, très âgée - fracture col fémoral Ainsi une prothèse de la hanche peut : - se limiter au remplacement de la tête du fémur ou intéresser fémur et bassin - être fixée en place par du ciment chirurgical ou pas (cotyle sans ciment, tige avec

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ou sans ciment), utiliser que du métal, que de la céramique ou du métal et polyéthylène - ne remplacer que les surfaces articulaires : les prothèses de resurfaçage.

Il y a plusieurs voies d’abord :

- La voie de Hueter : C’est la voie la plus antérieure pour pénétrer une hanche. L’incision descend

de l’épine iliaque antérieure en direction de la tête du péroné sur une douzaine de centimètres. Cette voie a pour avantage d’être particulièrement anatomique. Elle ne touche pas au hauban fessier et les suites opératoires sont en général très simples et très rapides. Elle peut nécessiter cependant une table orthopédique avec traction et sa réalisation parfaite demande de l’expérience. La luxation se fait en « frog leg », la jambe opérée glissée sous la jambe opposée. L’intérêt est de contenir les deux jambes dans le champ et de faire la chirurgie en décubitus dorsal. La lésion du nerf fémoro cutané est rare entraînant un déficit purement sensitif de la face antéro externe de la cuisse. - la voie antérieure de Rottinger Elle passe entre facsia lata en dedans et fessiers en dehors. Elle se pratique en décubitus latéral et offre comme la voie antérieure une récupération rapide. Elle réclame un relâchement important pour prévenir les fractures du fémur et les lésions musculaires suite aux manipulations. - la voie transgluteale ou de Hardinge

Profitant d’une continuité fibreuse naturelle qui existe entre vaste externe et fessiers, la partie antérieure du grand trochanter est décollée d’une valve musculaire formée de la moitié antérieure du vaste externe et du 1/3 antérieur des fessiers. Il y a un risque de lésion du nerf des fessiers qui entraîne une perte d’innervation de la partie antérieure des fessiers occasionnant une boiterie résiduelle définitive. La luxation se fait en avant, la jambe du patient passant en avant de l'autre jambe, et pendant verticalement, la voûte plantaire dirigée vers le sol. - la voie externe avec trochanterotomie

Le patient est installé en décubitus latéral en prenant bien soin de placer les épines iliaques antérieures dans un même plan. L'incision cutanée est longue d'environ 20 centimètres, externe, légèrement incurvée vers l'arrière pour suivre la direction des fibres du grand fessier. La décision de sectionner le grand trochanter se défend si l'on estime que l'exposition de l'articulation est parfaite, que la section d'un segment osseux - qui consolidera ad intégrum en 45 jours - est préférable à une section tendineuse qui ne cicatrisera jamais parfaitement. La capsule peut alors être totalement excisée. La luxation de la tête fémorale se fait vers l'arrière. La jambe du patient passe en avant de l'autre jambe, et s’élève verticalement en rotation interne forcée, la voûte plantaire dirigée vers le ciel. Le col fémoral est coupé à la scie oscillante selon le planning préopératoire fait à partir des constatations cliniques et de calques représentant la prothèse. La préparation du cotyle est particulièrement simple car l'exposition est remarquable. Pour certains c'est la voie à privilégier en cas des problèmes acétabulaires complexes. En fin d'intervention, une fois la prothèse en place et la hanche réduite, le trochanter est réinséré. Cette trochantérotomie, qui durant

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l'intervention offre un jour inégalable sur l'articulation, est aussi à l'origine de suites post-opératoires plus longues car l'appui complet n'est autorisé qu'au bout de 6 semaines créant un risque de pseudarthrose. C'est ce risque qui est à l'origine de la réputation houleuse de cette voie d'abord. - la voie postero externe : Sa réalisation est techniquement plus simple. Toute la première partie de la voie d'abord est identique à la voie externe avec trochantérotomie. En lieu et place du grand trochanter on sectionne les muscles pelvitrochantériens. Il est possible dans certains cas de préserver le muscle pyramidal. Mais l'obturateur interne et les 2 jumeaux sont obligatoirement "sacrifiés". La hanche est mise en rotation interne progressivement et la luxation se fait en arrière. L'accès au cotyle et au fémur est bon. Il peut être nécessaire de sectionner la portion toute postérieure du tendon du moyen fessier si l'exposition n'est pas parfaite. La réinsertion des muscles pelvitrochantériens en fin d'intervention est illusoire surtout s'il existait comme c'est souvent le cas une limitation de la rotation interne en préopératoire. Si cette voie a pour elle le mérite de la simplicité, elle est aussi la plus génératrice de luxation post opératoire. La proximité du nerf sciatique expose également à des lésions de celui-ci.

13.4. Anesthésie

- Une bonne relaxation musculaire est nécessaire tout au long de la chirurgie. Elle facilite la luxation, réduit la traction/traumatisme répété des muscles qui ont un risque d’ossifications secondaires et réduit le risque de fracture du trochanter ! C’est particulièrement important dans les abords antérieurs. La relaxation musculaire doit être constante pour permettre l’évaluation de la tension articulaire (longueur, risque de luxation). En pratique, un monitoring de la curarisation du début à la fin de la chirurgie est obligatoire. La curarisation doit être rapidement réversible aussi, car une fois la prothèse implantée, le temps de fermeture est court (approx 20 min) suivi d’habitude par une radio de control avant le réveil. - risque d’embolie graisseuse/ de ciment au moment de l’alésage/ cimentage du fémur - risque de saignement en fonction de la voie d’abord, c’est une chirurgie sans

garrot, une détermination du groupe + RAI est nécessaire - l’opération est moins douloureuse que l’arthroplastie du genou et une analgésie multimodale est nécessaire – protocole « PTG » dans le PHI, avec administration de MS direct per os et abandon de la PCA - en raison d’une mobilisation rapide dans le processus de fast-track (filière d’arthroplastie) l’utilisation de la péridurale et des blocs péri-nerveux a été abandonnée

13.5. Reprise de prothèse de hanche

L'indication de changement de prothèse de hanche se pose en général devant

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l'apparition de complications mécaniques tardives que sont le descellement et l'usure du cotyle prothétique ou l’infection de la prothèse primaire. Il est souvent préférable d’effectuer l’intervention rapidement, dés que les premiers arguments en faveur d’une dégradation de la prothèse sont dépistables car plus on attend, plus les dégâts sont sévères et plus la réparation est difficile. Le changement d’une PTH est une intervention complexe et difficile, avec une durée beaucoup plus longue qu’une prothèse primaire. Des découvertes per opératoires peuvent imposer des changements de stratégie. Il faut trouver des appuis osseux stables, parfois à distance de l’articulation. Il faut parfois effectuer des greffes osseuses, qui doivent ensuite s’intégrer dans l’os naturel. Les complications per opératoires et post opératoires sont plus fréquentes. Dans les cas simples, il faut enlever l’ancienne prothèse en totalité ou uniquement l’élément défaillant. Puis la pose de la nouvelle prothèse se fait selon les mêmes principes que la première pose. Dans les cas compliqués il y a des différents temps opératoires: • L'ablation de la prothèse et du ciment s’il y en a. • Le bilan exact des destructions osseuses • La réparation des destructions osseuses avec des greffes osseuses de la banque

d’os mélangées parfois à et des prélèvements de la crête iliaque du patient • La mise en place d'une nouvelle prothèse • Renforcement de la tenue de l’os autour de la prothèse par synthèse

complémentaire Au niveau du cotyle, l'utilisation de greffe osseuses provenant de la banque d'os, est souvent nécessaire. Parfois on peut utiliser un soutien métallique qui vise à stabiliser les greffes et à renforcer le cotyle osseux, afin d'y sceller une cupule. Au niveau du fémur, l'extraction du ciment en totalité peut être parfois difficile, avec des risques importants de fracture et de perforation corticale. Afin de retrouver un scellement de qualité, il est souvent nécessaire d'utiliser des tiges fémorales allongées, qui ponte la zone fragile, pour s'ancrer dans un os sain. On préfère dans ces cas les prothèses non cimentées. . L’ablation du ciment ou d’une prothèse non cimentée stable peut nécessiter la réalisation d’une longue ostéotomie fémorale : le fémur est ouvert comme un livre pour, après nettoyage, être refermé autour du nouvel implant. Cet abord est plus hémoragique puisqu’il implique une fracture dirigée du fémur. Les pertes sont souvent proches de 2 litres et justifient en l’absence de sepsis de recourir à un système de récupération sanguine peropératoire.

13.6. Anesthésie dans la reprise de prothèse de hanche

- chirurgie très longue et difficile, technique qui peut être modifiée au moment du bilan des dégâts osseux intraopératoire - risque de saignement très important : une commande de sang est à prévoir, le récupérateur de sang aussi après discussion avec le chirurgien et si une infection n’est pas suspectée - monitoring invasif de la tension artérielle (ligne artérielle), 2 voies d’abord intraveineux de bon calibre, sonde urinaire

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- voie centrale à discuter, elle est indiquée d’office en cas d’infection avec antibiothérapie postopératoire prolongée - attention au risque d’hypothermie - attention à tous les risques associés avec l’hémorragie et la transfusion massive !! - risque d’embolie graisseuse/ avec des emboles de ciment, surtout que la tige fémorale est souvent très longue - chirurgie souvent très douloureuse qui nécessite une analgésie multimodale et souvent la mise en place d’une pompe PCA IV postopératoire

14. Les pseudarthroses La pseudarthrose est une fracture qui n’a pas consolidée. Elle peut intéresser tous les segments osseux (le fémur, l’humérus, le tibia, le scaphoïde). Il y a deux types de pseudarthrose : hypertrophique et hypotrophique. La pseudarthrose hypertrophique est caractérisée par la présence d’un cal osseux, bien visible radiologiquement, mais avec un trait de non consolidation. Une infection est toujours suspectée en cas de pseudarthrose. La pseudarthrose hypotrophique est par contre caractérisée par une absence de cal osseux et une mobilité anormale entre les deux segments osseux qui non pas

Points clés de l’anesthésie pour la chirurgie de la hanche :

ο Chirurgie peu douloureuse pour les prothèses simples donc

respecter le protcole de prise en charge périopératoire « rapid

recovery » de la filière arthroplastie : PAS de péridurale NI de

bloc nerveux périphérique NI de PCA (analgésie multimodale

protocole « PTG »)

ο Chirurgie douloureuse pour les reprises de PTH (ne sont pas

incluses dans la filière arthroplastie) avec PCA postopératoire

ο Chirurgie SANS garrot ���� risque hémorragique important

- groupe et RAI pour les PTH électives

- commande de sang pour les reprises de PTH

- LA pour les reprises de PTH

ο Risque important d’embolie graisseuse et de ciment (oxygène 80-

100% au moment du cimentage !)

ο En cas de REPRISE de PTH pour INFECTION :

- ne PAS administrer d’antibiotique avant que le chirurgien ait réalisé des

prélèvements bactériens

- discussion avec le chirurgien de l’utilité de placer une voie centrale pour

antibiothérapie postopératoire au long cours

ο en fonction de la durée prévue de l’opération, discuter avec le

chirurgien du bien fondé de la mise en place d’une sonde urinaire

(généralement non souhaitée en orthopédie pcq risque

infectieux)

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consolidés. Souvent elle n’est pas douloureuse, mais elle peut causer une impotence complète du membre intéressé. Le traitement est différent en fonction du type à traiter : quand il y a un cal osseux, il faut simplement stimuler sa consolidation avec une mise en charge (si possible) du membre. Dans les pseudarthroses hypotrophiques, il n’y a pas de cal osseux : il faut donc greffer de l’os nouveau dans le site fibrosé et fixer les deux segments en réalisant une ostéosynthèse. Souvent un prélèvement d’os est réalisé au niveau de la crête iliaque. La pseudarthrose est abordée à ciel ouvert et elle est « décortiquée » : il faut toujours faire très attention à toutes les structures vasculo-nerveuses qui peuvent être cachées dans la fibrose. Les deux canaux médullaires sont re-ouverts et réalésés pour amener de l’os également de l’intérieur. Ensuite une ostéosynthèse, la plus rigide possible, est réalisée avec une plaque, un clou ou autre moyen de synthèse. Il s’agit d’une chirurgie parfois très difficile, surtout en présence d’une infection. L’anatomie est modifiée par la présence d’un tissu fibreux et le saignement peut être important. 14.1. Anesthésie - en fonction de la localisation, la chirurgie peut être longue et laborieuse, avec risque de saignement important - plan d’anesthésie adaptée à la lourdeur de la chirurgie, une discussion préalable avec le chirurgien pour connaître la technique et les risques est indispensable - analgésie multimodale - antibioprophylaxie/thérapie à administrer après les prélèvements

15. Chirurgie de la colonne vertébrale

15.1. La hernie discale lombaire (45-90 min) : même si les hernies discales

guérissent avec le traitement médical dans plus de 80% des cas, il reste encore des indications chirurgicales. Elles se discutent dans deux circonstances : - échec du traitement médical au delà de 6 à 8 semaines. - en urgence : -sciatique paralysante sévère -paralysie des sphincters (syndrome de la queue de cheval) -sciatique hyperalgique résistante à la morphine

Points clés de l’anesthésie pour les pseudarthroses

o chirurgie difficile, laborieuse, tissus remaniés qui peuvent saigner

beaucoup

o discussion obligatoire avec le chirurgien sur la technique et les risques

chirurgicaux

o antibioprophylaxie/thérapie à administrer après les prélèvements

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Le chirurgien accède au disque par une courte incision (3 à 4 cm), en écartant latéralement la ou les racines ; il retire la hernie discale, vide le centre du disque, pour éviter qu’un fragment libre ne se mobilise et entraîne une récidive de la compression. Le disque n’est jamais entièrement enlevé. La libération de la racine exige parfois un geste de libération complémentaire si des éléments osseux contribuent à la compression de la racine. Il est parfois nécessaire d’effectuer une foraminotomie, arthrectomie, laminectomie pour libérer convenablement la ou les racines comprimées

15.2. Le canal lombaire étroit est une pathologie acquise (95% des cas) où les

racines de la queue de cheval sont confinées dans un espace trop petit. La sténose peut être centrale (10 %), latérale (45 %) ou les 2 associées (45 %). La symptomatologie se traduit pas des lombalgies, radiculalgies et une claudication neurogène.(réduction du périmètre de marche). L’atteinte peut concerner un seul niveau, soit être pluri-étagée: les interventions sous microscope concernent les atteintes de 1 à 2 niveaux (plus rarement 3 niveaux dont l’abord sera alors bilatéral sans microscope) Principe de l’intervention : décomprimer le sac dural et les émergences radiculaires par recalibrage, sans déstabiliser la colonne, en conservant les épines, les lames et les articulaires (laminectomie). L’opération pourra consister à ôter simplement des fragments d’os, des surfaces articulaires ou de tissus ligamentaires. Parfois, il faudra aussi détruire la partie d’un disque intervertébral qui forme une hernie ou s’est ossifiée. Dans d’autres cas, il est nécessaire d’étendre l’opération en supprimant un arc vertébral, des ligaments et une ou plusieurs apophyses (laminectomie unilatérale ou bilatérale). Lorsque les trous de conjugaison sont également trop étroits, le chirurgien doit enlever une partie de l’articulation. Ainsi la libération des racines nerveuses et de la moelle épinière peut être suffisante et l’intervention s’arrêter là. Ailleurs, il est nécessaire d’effectuer une libération plus importante qui risque alors de perturber l’équilibre vertébral. La colonne vertébrale devient instable et la répartition des forces qu’elle supporte est faussée. Comme il n’existe pas de moyen de reconstituer les ligaments ou les surfaces d’articulation abîmés, il est impossible de redonner toute leur mobilité aux articulations. Pour que cette gêne et les douleurs soient soulagées et que la colonne puisse continuer à jouer son rôle protecteur, les vertèbres doivent alors être reliées fixement entre elles par une arthrodèse. Une arthrodèse utilise des divers types d’implants ainsi que des greffes osseuses.

15.3. Les glissements de vertèbres (spondylolisthésis) responsables de

lombalgies ou de douleurs des membres inférieurs à type de sciatique ou de cruralgie. Il existe actuellement un accord pour proposer une intervention pour un spondylolisthésis à des patients souffrant de douleurs des membres inférieurs (sciatique ou cruralgie), et de douleurs du dos (lombalgies), malgré le traitement médical bien conduit ayant comporté rééducation, corset, anti-inflammatoires, antalgiques, myorelaxants, et éventuellement infiltrations. Un déplacement très important ou une aggravation progressive du déplacement, notamment chez

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l’enfant, peut aussi imposer l’intervention. Il n’y a en règle pas d’urgence à opérer un spondylolisthésis, en dehors de 3 situations exceptionnelles : - sciatique paralysante : entraînant une paralysie du pied - syndrome de la queue de cheval : troubles pour uriner - sciatique hyperalgique (restant très douloureuse malgré le traitement) Le principe de l’intervention est de libérer le sac et les racines nerveuses. Il est très souvent nécessaire d’y ajouter une arthrodèse. Pour réaliser la fusion, on utilise une greffe osseuse placée entre les vertèbres en cause, (sur les cotés de la vertèbre, ou dans le disque), qui va, comme pour la consolidation d’une fracture, former un pont osseux entre les vertèbres, l’os utilisé pour la greffe étant prélevé localement ou sur la partie postérieure du bassin. Pour immobiliser les segments, et en attendant la consolidation osseuse, il est souvent nécessaire de mettre en place du matériel d’osteosynthèse vissé dans les vertèbres. Lorsqu’une greffe est réalisée dans le disque, la mise en place d’un implant en plasti- que (cage) peut être nécessaire.

15.4. Les discopathies pouvant donner des lombalgies importantes. La chirurgie

consiste en la mise en place d’une prothèse discale ou d’une arthrodèse

15.5. Anesthésie HDL, CLE, spondylolisthésis et discopathies - Poursuivre traitement antalgique et AINS - Stop aspirine (si possible) et Plavix 5 à 7 jours auparavant - la commande de sang n’est pas nécessaire d’office, mais à évaluer en fonction du patient, c’est plus prudent d’effectuer la détermination du group sanguin+RAI - Induction au lit du patient, monitoring invasif de la tension arterielle en fonction de la pathologie associée - Installation du patient (4 personnes min ) : en décubitus ventral ou genu-pectoral

- la scopie est posée « en arceau » à la tête du patient - attention particulière pour la compression des yeux et nerf cubital - attention au risque d’hypothérmie pendant l’installation

- attention à l’hypotension lors de l’installation et pendant les 15 minutes qui suivent l’installation en genu pectoral ; le monitoring de la tension artérielle (invasive ou non-invasive) est une priorité, l’hypotension doit être corrigée rapidement. Si le patient reste instable malgré des doses répétées d’éphédirne, la perfusion continue de levophed peut être nécessaire : Elle sera de préférence réalisée sur une voie intraveineuse différente. La dilution d’un quart d’ampoule ( 1mgr) dans 40 cc permet d’implémenter des débits plus grands et d’améliorer la stabilité. - le chirurgien fait, avant de commencer la chirurgie, un repérage scopique du niveau - avant l’incision une infiltration sous-cutanée d’anesthésiques locaux est faite – attention à la dose utilisée - l’abord est paravertébral unilatéral gauche ou droit ou bilatéral (CLE 3 niveaux) - Si l’intervention se prolonge : mobilisez la tête pour éviter appui prolongé sur mêmes points - Ne pas recurariser le patient après dose de l’induction (sauf demande expresse du chirurgine): le mouvement de la jambe indique une stimulation de la racine

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-La position genu pectorale présente un risque d’embolie gazeuse, le site opératoire se trouve au dessus du niveau du cœur. - parfois une dose de méthylprednisolone Depo-Medrol 40 ou 80 mg est administrée par le chirurgien en fin d’intervention sur la racine concernée - les complications per-op possibles incluent : brèche durale, lésion de la racine, saignement épidural. - l’analgésie doit être multimodale, sans PCA pour les hernies sur un seul niveau, avec PCA si plusieurs niveaux sont abordés

15.6. Les hernies discales cervicales : comme les hernies discales lombaires,

les névralgies cervico-brachiales guérissent le plus souvent avec le traitement médical. On opère dans les 6 mois, mais habituellement pas avant 6 semaines. L’opération peut être faite en urgence si les symptômes neurologiques progressent vers la parésie/paralysie. L’intervention consiste à retirer et remplacer le disque "malade". Ceci peut être fait par une approche postérieure, avec le patient en décubitus ventral et la tête fixée dans une têtière ou par une approche antérieure, gauche ou droite, avec le patient en décubitus dorsal. Les muscles et les autres structures (vaisseaux sanguins, la trachée, l'oesophage et les nerfs) sont écartés pour arriver sur le devant de la colonne vertébrale cervicale. Le remplacement du disque enlevé se fait par une greffe osseuse (prélèvement de la crête iliaque) pour remplir une cage en plastique ou métallique ou par un implant métallique.

15.7. Anesthésie HD cervicales - Complications per-op possibles : lésion de la carotide/jugulaire, lésion du nerf laryngé récurrent, lésion médullaire - groupe sanguin + RAI

15.8. Myélopathie cervico-arthrosique : il s’agit de la compressions des nerfs

ou de la moelle épinière au niveau cervical par de l’arthrose. L’arthrose cervicale entraîne des proliférations osseuses aboutissant à des compressions du contenu rachidien, ce qui peut entraîner des symptômes neurologiques : - des névralgies cervico-brachiales; - des compressions de la moelle, ou myélopathies cervicarthrosiques (MCA), avec leurs risques propres. La myélopathie par cervicarthrose correspond à une souffrance chronique de la moelle cervicale, d’évolution progressive, en relation avec la diminution du diamètre du canal rachidien cervical secondaire à l’apparition de lésions dégénératives liées au vieillissement et à la formation d’arthrose.. La chirurgie trouve des indications incontestables, mais comporte des risques neurologiques. La chirurgie est plus dangereuse sur des formes évoluées que sur des formes débutantes. La récupération neurologique est généralement incomplète, d’autant plus partielle que l’atteinte neurologique est sévère L’objectif du traitement chirurgical est d’enlever la compression. Il n’y a pas de technique chirurgicale univoque :

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- si la compression est limitée à un étage intervertébral ou à un nombre limité d’étages, l’intervention se fait par voie antérieure, en enlevant le ou les disques responsables avec les ostéophytes adjacents. La mise en place d’une greffe ou d’un substitut osseux à la place du disque enlevé, la mise en place d’une cage à cette greffe ou une fixation par une plaque métallique est possible. - si la compression est étendue et prédomine sur la face antérieure de la moelle, il est habituellement réalisé une ouverture large du canal rachidien par voie antérieure en pratiquant l’ablation de la partie médiane d’un ou plusieurs corps vertébraux (somatotomie médiane). Paradoxalement cette intervention déstabilise peu le rachis cervical et il n’est pas toujours nécessaire de remplacer les corps vertébraux par un greffe, quand elle doit être réalisée le greffon est habituellement prélevé au niveau du bassin et fixé par une plaque métallique, - si la compression est étendue et prédomine sur les éléments postérieurs, la colonne est abordée par voie postérieure, le canal rachidien est élargi en pratiquant l’ablation d’une partie des arcs vertébraux postérieurs (laminectomie), la plupart du temps aucun geste complémentaire n’est nécessaire.

15.9. Anesthésie myélopathie cervico-arthrosique: - risque neurologique : lésion d’un nerf ou d’une racine. Le nerf le plus exposé lors d’une voie d’abord antérieure est le nerf récurrent, son atteinte est habituellement régressive en quelques semaines (le nerf n’a pas été coupé mais simplement contusionné par un écarteur. Quelques rares cas d’atteinte de la moelle épinière elle-même ont été rapportés dans la littérature - risque vasculaire : une lésion d’un vaisseau du cou peut se produire lors de l’abord chirurgical - risque digestif et respiratoire : lors d’un abord il faut écarter en dedans l’œsophage et la trachée - commande de sang - le monitoring invasif de la tension artérielle peut être souhaitable - analgésie multimodale, PCA

15.10. Les tumeurs vertébrales très douloureuses ou entraînant des paralysies

parfois très graves. Le traitement est discuté avec les cancérologues et les radiologues où d’autres traitements que la chirurgie sont éventuellement possibles : radiothérapie ou mise en place de ciment dans la vertèbre. L’indication est une lésion métastatique vertébrale uni ou pluriétagée avec risque de compression ou compression déjà présente depuis peu (paraparésie, paraplégie, urgence). Toute douleur en barre , au niveau d’un dermatome, chez un patient cancéreux métastasé doit faire penser à une décompensation neurologique par compression médullaire. Il peut s’agir d’une urgence. La décompression rapide peut permettre une récupération fonctionnelle importante pour les derniers mois de vie de certains patients.

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15.11. Anesthésie pour les tumeurs vertébrales - Poursuivre traitement antalgique et AINS (les patients ont parfois de hautes doses de morphiniques per os ou par voie percutanée, maintenir ce traitement est important) - Stop AAS (si possible) et Plavix 5 à 7 jours auparavant. - Vérifier la présence d’autres métastases et conséquences pulmonaires, cardiaques, hépatiques et rénales de l’évolution du cancer ou des chimios. - Maintien du traitement antalgique habituel NB un syndrome compressif avec retentissement neurologique peut être une urgence (en termes d’heures) qui ne vous permet pas de réaliser une mise au point complète. - la chirurgie présente un risque augmenté de saignement, une commande de sang (4U) est nécessaire - le monitoring invasif de la tension artérielle est souhaitable - une place aux soins intensifs peut être nécéssaire - Induction au lit du patient, installation du patient en fonction de la situation de la métastase à enlever : genu pectoral, décubitus ventral - Attention particulière au risque compressif au niveau des yeux et nerf cubital, attention au risque d’hypothermie pendant l’installation - Repérage scopique des niveaux - Incision de 10 à 15 cm, infiltration SC d’anesthésiques locaux, abord paravertébral bilatéral - Résection partielle ou totale d’une ou plusieurs vertèbres avec suivant le cas : pose de greffon, stabilisation par montage arthrodèse, mise en place de vis pédiculaires et barres de connexion - les pertes sanguines peuvent être abondante si l’hémostase est difficile pendant exérèse du tissu cancéreux - Si l’intervention se prolonge : mobilisez la tête pour éviter appui prolongé sur mêmes points - Complications per-op possibles : hémorragie massive, lésion d’une racine, brèche durale, embolie gazeuse (site opératoire au dessus du niveau du cœur) - analgésie multimodale, PCA morphine

15.12. La scoliose (scolios : tortueux en grec) est une déformation

tridimensionnelle de toute ou partie de la colonne vertébrale (cervicale, thoracique ou lombaire) entraînant une torsion d'une ou de plusieurs vertèbres sur elle(s)-même(s) et provoquant une déformation du thorax, de l'abdomen et des zones paravertébrales. Il y a deux formes de scoliose : - idiopathique, dans 70 % des cas, avec une possible prédisposition familiale, dont seulement 10 à 15 % sont susceptibles d'évoluer vers une aggravation. Les scolioses idiopathiques touchent essentiellement les filles (5 à 6 filles pour 1 garçon). - secondaire à des pathologies pouvant entraîner des déviations scoliotiques, comme les affections neuro-musculaires (myopathies, amyotrophies spinales...), neurologiques centrales (IMC, encéphalites, maladie de Recklinghausen, spina bifida…), malformatives (hémivertèbre, vertèbre cunéiforme…), dégénératives. On

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parle aussi de scoliose " hypotonique " (liée à des paralysies ou des faiblesses musculaires). Le principal critère d'évaluation de la scoliose est l'angle de Cobb, qui se mesure sur une radiographie du rachis. C'est l'angle formé à partir de l'intersection de deux droites tangentielles l'une au plateau supérieur de la vertèbre limite supérieure, l'autre au plateau inférieur de la vertèbre limite inférieure. Le déplacement vertébral rétrécit le thorax et entraîne une insuffisance ventilatoire

restrictive par modification du grill costal et surtout par diminution du diamètre antéropostérieur du thorax (détente du diaphragme). Les patients avec des valeurs d’angle du Cobb supérieures à 50 dégrées sont prédisposés à développer des problèmes respiratoires. Quand les angles arrivent à 70-100 degrés, le déficit ventilatoire restrictif peut conduire à une hypoventilation alvéolaire, des shunts artério-veineux et une HTAP. La perte de capillaires pulmonaires et l’hypoxémie qu’elle entraîne, ainsi que la vasoconstriction hypoxique pulmonaire et l’augmentation des résistances vasculaires pulmonaires vont conduire à une HTAP avec hypertrophie ventriculaire droite et éventuellement cardiomyopathie.

15.13. Anesthésie pour la scoliose

Examen préopératoire

- prise de sang complète, hémostase, groupe sanguin et RAI la veille - radio de thorax - EFR, gaz de sang pour les scolioses graves, si possible ; chirurgie à distance de

toute infection respiratoire - examen cardiaque, ECG, échographie cardiaque obligatoire (sera demandée

par le chirurgien, bien vérifier) même pour les scolioses idiopathiques car % important de prolapsus de valve mitrale dans cette population

- pour les jeunes filles, demander d’arrêter la contraception orale minimum un mois avant la chirurgie

- faire une commande de sang, prévoir place à l’USI d’office, même si elle sera utilisée seulement dans des cas spéciaux

- ne pas prémédiquer à la clonidine ou aux benzodiazépines (potentiels évoqués périopératoires)

- prise de fer et d’acide folique en préopératoire (1 mois) si la jeune fille est anémique

Monitoring - 2 bonnes voies périphériques (VC si accès veineux difficile), ligne artérielle,

sonde urinaire, BIS - sonde gastrique (parfois iléus post-opératoire- - neurologique : potentiels évoqués sensitifs et moteurs installé par les

neurologues avec patient en décubitus ventral - température !! attention, la chute de température doit être combattue par

tous les moyens, elle est très importante pendant la période d’installation et difficile à récupérer par après.

- analgésie :

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1) soit morphine intrathécale en début d’intervention (5-10 µg/kg) : analgésie et diminution des pertes sanguines

2) soit cathéter péridural mis en place par le chirurgien sous contrôle visuel en fin d’intervention : schéma de Genève :

Mélange bupivacaïne 0,0625% ou ropivacaïne 0,1% + fentanyl 1 µg/ml (ou sufentanil 0,2 µg/ml) + clonidine 0,6 µg/ml

• si < 8 segments vertébraux : cathéter placé à la jonction du 1/3 sup et du 1/3 moyen du site chirurgical

PCEA 0,2 ml/kg/h + bolus de 0,1 ml/kg toutes 15 minutes

• si > 8 segments vertébraux : deux cathéters * un placé au niveau du 1/4 sup du site chirurgical * l’autre placé au niveau du 1/4 inf du site chirurgical PCEA 0,16 ml/kg/h + bolus de 0,08 ml/kg toutes 15 minutes cathéter supérieur et infusion continue seule à 0,16 ml/kg/h sur le cathéter inférieur

Installation

- induction au lit du malade - décubitus ventral avec appui simple ou avec traction (têtière, la tête et les

jambes restent suspendus dans le vide) - attention à la bonne fixation de la sonde de IOT et à protéger les points

d’appui - utiliser 2 Bair Hugger avec leur matelas (l’un au niveau de pieds, l’autre au

niveau de la tête) Chirurgie

- dans la plus grande partie des cas il s’agit d’un abord postérieur, parfois abord antérieur ou ant-post combiné dans le même temps opératoire

- incision 30-40 cm, infiltration sc d’anesthésiques locaux avec adrénaline) (calculer la dose maximale ! soit 5-10 µg/kg d’adrénaline si on utilise du sévoflurane)

- mise en place de tiges métalliques, vis pédiculaires, crochets, barres de connexion

Per-opératoire

- mettre en place le système de récupération de sang (cell saver du secteur cardiaque)

- exacyl 1g ou 20 mg/kg suivi de 5 mg/kg/h jusqu’à la fin de l’intervention - cefazoline 30-50 mg/kg à l’induction, à 8 et 16 heures postop et AUSSI la moitié

de cette dose tous les 4 heures pendant la chirurgie - anesthésie profonde qui assure une très bonne stabilité hémodynamique (pas

de variation dans la perfusion de la moelle épinière) et une hypotension contrôlée pour limiter le saignement

- éviter les drogues qui modifient les potentiels évoqués : halogénés > 1 MAC,

BDZ, proto ; pas de clonidine ni curare quand potentiels moteurs !

- en pratique, anesthésie au propofol, sufentanil ou remifentanil

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- l’administration de kétamine est possible (analgésie et augmentation des potentiels évoqués moteurs

Temps opératoires critiques :

- la mise en place de vis pédiculaires – risque de lésion neurologique - les manœuvres de réduction de la colonne vertébrale après la mise en place de

tiges : risque d’ischémie médullaire par étirement ou compression des vaisseaux : potentiels évoqués!

- saignement - risque d’embolie gazeuse ou graisseuse

Réveil - d’habitude en salle, avec le patient normothermique et stable

hémodynamiquement, pour évaluer l’intégrité des réflexes moteurs et sensitifs au niveau des membres inferieurs

- pas de corset - le patient est conduit à la salle de réveil ou à l’USI - une PCA morphine avec débit continu +/- bolus est branchée en plus des AINS et

paracétamol

Points clés pour la chirurgie de la colonne vertébrale

o groupe + RAI

o risques associés à la position genu-pectorale/decubitus ventral

o risque d’embolie gaseuse

o analgésie multimodale

16. Chirurgie de la cheville

La chirurgie de la cheville corrige plusieurs pathologies :

16.1. Instabilité de la cheville - survient à la suite d'une unique entorse ou de la

répétition d'entorses ; le traitement chirurgical consiste dans la réparation du ligament lésé.

16.2. L'arthrose de cheville a le plus souvent une cause traumatique (un

traumatisme ou une activité sportive produisant des impacts). L'arthrose primitive de cheville est très rare.

16.3. Le conflit antérieur/postérieur de la cheville Les conflits de cheville correspondent à des contacts anormaux entre des reliefs osseux hypertrophiés. Ils entraînent une limitation douloureuse de la mobilité de la cheville. Le conflit antérieur correspond à l'hypertrophie du rebord tibial antérieur qui vient en contact anormal avec le col de l'astragale. Il est provoqué par les impacts répétitifs sur le cou de pied (football).Une inflammation chronique de la

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membrane synoviale et une hypertrophie osseuse survient en "miroir" sur le tibia et l'astragale. Rarement peut exister une maladie de la synoviale qui produit des corps cartilagineux multiples qui s'ossifient secondairement et remplissent la cavité articulaire (ostéochondromatose articulaire) Le conflit postérieur apparaît quand la queue du talus est anormalement augmentée de volume ou fragmentée avec la présence d'un os accessoire, l’os trigone. Chez certains coureurs, danseurs ou en cas de flexion plantaire répétitive (conduite auto) peut se produire une inflammation de ce carrefour postérieur. Le tibia et le calcaneum compriment en" casse-noisette" le processus postérieur du talus ou l'os trigone et provoquent une inflammation du tendon du fléchisseur de l'hallux. Le traitement de l’arthrose de la cheville et des conflits articulaires consiste en plusieurs techniques : - la résection arthroscopique des conflits. L'arthroscopie de cheville permet de visualiser et de procéder à l'ablation de la cause du conflit, soit tissulaire (hypertrophie synoviale) soit osseuse (becs osseux), tout en permettant une exploration articulaire complète. - l’arthrodèse consiste à bloquer la mobilité de la cheville, en réalisant une fusion des pièces osseuses qui la forment, en un bloc osseux. Elle est nécessaire quand il existe un processus d'arthrose très évoluée ou en cas de destruction complète des surfaces, dans les suites d'un traumatisme. L’avivement (enlèvement du cartilage) est suivi par la fixation avec du matériel d’ostéosynthèse. - la prothèse de cheville est proposée en cas d'arthrose évoluée de la cheville sans désaxation de l'arrière du pied et sans instabilité. Les prothèses de cheville actuelles (3e génération) présentent 3 composants: deux métalliques dans le tibia en haut, et dans l'astragale en bas, impactés dans l'os, entre lesquels s'intercale un patin mobile en plastique.

16.4. Rupture de tendon d’Achille Le tendon d'Achille est le plus gros tendon de l'organisme. Il prend naissance par la fusion des muscles du mollet (les jumeaux et le muscle soléaire) et s'attache sur l'os du talon. La suture du tendon d’Achille peut être réalisée par une méthode percutanée (par des minimes incisions) ou par une méthode ouverte. L’installation est en décubitus ventral.

16.5. Les fractures malléolaires : - la fracture de la malléole externe (péronière) - c'est la fracture la plus fréquente du membre inférieur. Elle survient pendant une torsion de la cheville en rotation externe du pied.Le mécanisme est souvent celui d'un faux-pas sur un terrain irrégulier (trou). Si le déplacement est important avec un écartement anormal de la pince bimalléolaire, le traitement sera obligatoirement chirurgical - la fracture de la malléole interne (tibiale) - Il s'agit souvent d'un traumatisme en inversion ou varus. Le pied part en dedans mais l'énergie du traumatisme est importante et l'astragale vient buter sous le tibia provoquant un choc en cisaillement vertical. La direction verticale du trait de fracture empêche la consolidation spontanée en raison du cisaillement. Le traitement est le plus souvent chirurgical par vissage.

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- la fracture bimalléolaire - atteint les deux malléoles simultanément. Le traumatisme est souvent violent avec le pied déporté vers l'extérieur avec une rotation externe. Le gonflement est souvent rapide et une souffrance de la peau est fréquente en quelques heures (bulles ou phlyctène). Son traitement est une urgence traumatologique et le traitement est chirurgical avec une fixation des deux malléoles (fracture instable). - la fracture « tri »malléolaire – implique en plus de la fracture des deux malléoles la fracture du bord postérieur du tibia. Son traitement est chirurgical.

16.6. Anesthésie - l’innervation de la cheville est assurée par le nerf saphène (provenant du nerf

fémoral) pour son aspect interne et par le nerf sciatique (tibial et péroné) pour le reste, donc une ALR proposée pour la chirurgie de la cheville doit tenir compte de son innervation

- en fonction de la durée de la chirurgie (complexité du geste), une rachi anesthésie ou une AG peuvent être proposées aux patients

17. Chirurgie du pied « sain »

17.1. Hallux valgus - est une déviation de la base du premier orteil qui s’incline en

valgus. En plus de cette déviation de l’orteil, apparaît sur la face interne une exostose qui ne s'est pas construite mais est la partie découverte de la tête métatarsienne. La chirurgie consiste à réaliser des ostéotomies : -la section du 1er métatarsien

- soit la partie distale de l'os, c'est la section en chevron - soit la partie moyenne (diaphyse) sous la forme d'un trait long, c'est la

section en scarf - soit la base du métatarsien, c'est la section de la base métatarsienne

Une fois la section pratiquée, la portion osseuse comportant la tête de M1 est déplacée par une translation vers le 2e rayon pour normaliser l’angle intermétatarsien. L’ostéosynthèse est nécessaire pour permettre la consolidation.

- la section de la 1e phalange - elle permet de compléter la correction en pratiquant une réaxation (varisation) ou un raccourcissement de la phalange. La phalange est mise dans l'axe puis la fixée.

17.2. Conflit du bord externe - Il s'agit d'une douleur lors du chaussage associée

à un épaississement inflammatoire des tissus sur le bord externe du pied en regard

Points clés pour l’anesthésie de la cheville

o ALR proposée pour la chirurgie de la cheville doit tenir compte de son

innervation

o Chirurgie souvent très douloureuse, attention à l’analgésie

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de la tête du 5e métatarsien. Le traitement consiste à pratiquer une ostéotomie de translation du métatarsien pour le rapprocher du 4e. La section osseuse peut être oblique longue (Weil) ou en Z (scarf).

17.3. Griffes d’orteils - Quand la griffe est isolée, l'intervention porte sur l'orteil

lui-même et corrige la déformation par un geste chirurgical localisé, soit sur les tendons, soit sur les phalanges. Quand la griffe est consécutive à un hallux valgus ou un affaissement de l'avant-pied avec des douleurs plantaires, le traitement de la

griffe s'intègre alors dans le traitement de la déformation globale.

17.4. La maladie de Freiberg est une déformation progressive d'une tête

métatarsienne à la suite d'une ostéonécrose. Deux options sont possibles selon l'importance de la destruction de la tête métatarsienne : un traitement conservant la

tête, l'ostéotomie de Gauthier ou un traitement de remplacement par une prothèse totale en silicone.

17.5. Arthrose sous-talienne L’articulation sous-talienne se situe sous l’étage de la cheville et articule l’astragale (ou talus) avec le calcaneum. Elle présente grossièrement la forme d’une selle d’équitation et permet les mouvements d’adaptation du pied au sol, surtout dans le plan frontal (perpendiculaire à l’axe du pied). Cette mobilité est faible mais suffisante pour la marche en terrain irrégulier. En cas d’arthrose débutante, seul un défaut d’axe important peut être accessible à une correction chirurgicale. Dans ce cas, l'intervention consiste à réaxer l'os du talon par une ostéotomie de translation latérale ou de valgisation du calcaneum. En cas d’arthrose évoluée, le seul traitement possible est le blocage de l’articulation (arthrodèse) pour faire disparaitre les douleurs mécaniques (par une technique ouverte ou arthroscopique). Le remplacement par une prothèse n’est pas possible pour cette articulation.

17.6. La fracture du calcaneum survient après une chute d'un lieu élevé dans

un contexte professionnel, sportif, ou en cas de défenestration volontaire. L'impact se fait sur le talon. La chute entraîne un polytraumatisme avec des fractures souvent étagées des membres. La marche est impossible. La fracture du calcaneum présente un mauvais pronostic, car elle modifie l'architecture de manière considérable, et entraîne des dégâts majeurs au niveau du cartilage. L'intervention est nécessaire chez les gens les plus jeunes et en cas d'enfoncement vertical de la surface articulaire. Le but de l'intervention est de reconstituer l'architecture de l'os. La surface articulaire doit être remontée bord à bord et réorientée. La tubérosité postérieure doit être repositionnée dans l'axe et appliquée contre le massif osseux interne. Une greffe osseuse est souvent nécessaire.

17.7. Anesthésie - l’innervation du pied est assurée par les deux branches du nerf sciatique, le

nerf péroné et le nerf tibial

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- les chirurgies de courte durée et qui ne nécessitent pas la présence d’un garrot peuvent être réalisées sous bloc poplité sans autre complément

- en cas de chirurgie d’ostéotomie ou arthrodèse, compte tenu du caractère très douloureux de la chirurgie du pied pendant les premières 48 heures, un cathéter poplité doit être proposé aux patients en complément de l’AG, sauf contrindication

18. Chirurgie du pied diabétique

Les complications du diabète qui touchent les pieds sont liées à la baisse de sensibilité des nerfs de contact, empêchant la perception des petites blessures ou anomalies du pied (cor, durillon, fissure, crevasse, mycose), qui risquent de s'amplifier et s'infecter, avec un risque d'amputation. La neuropathie perturbe la statique et la dynamique du pied, responsable d’hyperkératose, premier temps qui va ensuite provoquer des hématomes en profondeur et qui laissera à la place des ulcérations de la peau, ce qui défini le mal perforant plantaire. L’artériopathie des membres inférieurs entraîne un déficit d'oxygène dans le sang nécessaire à la cicatrisation et va donc fortement aggraver le processus. Il est admis que 10% des diabétiques courent un risque d'amputation. On sait qu'un grand nombre de ces amputations pourrait être évité par plus de prévention, un diagnostic précoce et des soins appropriés.

18.1. Anesthésie

Les amputations au niveau du membre inferieur chez les patients diabétiques peuvent être réalisées à des différents niveaux (voir figure).

Les patients diabétiques qui arrivent au stade d’amputation présentent habituellement des multiples complications du diabète, dans un stade avancé, étant considérés souvent comme ASA 3 ou 4. C’est pour cette raison que les blocs nerveux périphériques sont privilégiés chez ces patients, seuls ou en complément d’une AG ou ils vont diminuer le besoin d’opioïdes.

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Les amputations au niveau du pied peuvent être réalisés sous bloc poplité sans autre complément, le garrot est rarement utilisé sur des vaisseaux atteints d’une artériopathie diabétique. Toute amputation au dessus du niveau métatarsien (inclus) bénéficiera d’un cathéter poplité pour l’analgésie postopératoire, car la chirurgie d’amputation est très douloureuse et les moyens d’analgésie postopératoire chez ces patients sont limités. Les patients chez qui le chirurgien a proposé une amputation au dessus de la cheville (inclus), auront un cathéter poplité + AG. Vu la neuropathie préexistante et la toxicité augmentée des AL sur ce type de nerfs, un examen de la sensibilité préopératoire est souhaitable (sur tout le territoire bloqué) et la solution d’AL sera sans adrénaline.

Chirurgie orthopédique pédiatrique

19. Ostéomyélite /Arthrite/ Ostéo-arthrite

L’ostéomyélite est une infection osseuse due à un germe qui atteint l’os par voie hématogène. Elle siège préférentiellement au niveau des métaphyses des os longs. L’arthrite est une infection de la synoviale qui peut être responsable d’une destruction du cartilage articulaire. L’ostéo-arthrite est une infection de l’épiphyse ou de la métaphyse propagée à l’articulation L’arthrite infectieuse a deux origines principales : • Atteinte primitive de la synoviale, puis diffusion de l’infection au cartilage

épiphysaire et à la métaphyse dans les formes graves. • Atteinte secondaire à une ostéomyélite. Ce mécanisme est le plus fréquent. Le

germe arrive dans l’articulation soit directement lorsque la métaphyse est intra-articulaire (extrémité supérieure du fémur, du radius et de l’humérus) soit après avoir traversé le cartilage de croissance uniquement chez le nourrisson. En effet, ceci n’est possible qu’au cours des premiers mois de la vie car les réseaux vasculaires épiphysaires et métaphysaires ne sont pas encore séparés.

Points clés pour l’anesthésie du pied

o les ostéotomies du pied sont très douloureuses pendant les premières

48 heures, une infusion d’AL sur cathéter poplité est souhaitable

o pour la chirurgie du pied diabétique, vu l’absence d’utilisation de garrot,

un bloc poplité (+/-cathé) est la technique d’anesthésie privilégiée chez

ces patients souvent ASA 3-4

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L’antibiothérapie est débutée en urgence dès la réalisation des prélèvements à visée bactériologique. La pénétration des antibiotiques au niveau de l’os est le critère pharmacocinétique majeur. Certains antibiotiques, tels que les fluoroquinolones, présentent cet avantage mais sont contrindiqués chez l’enfant en raison de leurs effets secondaires sur les cartilages de croissance ou l’émail dentaire. Les cyclines sont aussi contre-indiquées pour les mêmes effets secondaires. D’autres antibiotiques tels que la rifampicine, l’acide fusidique et la fosfomycine doivent être utilisés en association afin d’éviter la sélection de germes mutants résistants à ces antibiotiques. Tant que le germe n’a pas été identifié, l’antibiothérapie initiale sera empirique à base d’oxacilline seule. Elle sera aussi probabiliste en sachant que l’infection est pratiquement toujours monomicrobienne et que dans 3/4 des cas, le staphylocoque doré est le germe le plus retrouvé. La durée de l’antibiothérapie variera d’un enfant à l’autre en fonction de différents critères. Le relais oral sera possible dès que l’enfant est afébrile depuis au moins 48H, qu’il évolue bien cliniquement et que la CRP et les globules blancs se sont normalisés. La durée totale (IV + per os) sera de 6 semaines. Si les hémocultures sont positives au moment du diagnostic, la durée de l’antibiothérapie IV sera de 15 jours. Classiquement, on n’associe pas d’immobilisation plâtrée à l’antibiothérapie. Le traitement chirurgical n’est pas systématique. Les prélèvements bactériologiques (ponction) doivent être systématiques et être réalisés avant le début de l’antibiothérapie. Dans certains cas, une chirurgie s’avère nécessaire : en cas de constitution au cours d’une ostéomyélite d’une collection purulente intra-osseuse ou lors de la formation d’un séquestre. Pour l’ostéo-arthrite de hanche du nourrisson, certains préconisent la ponction- drainage répétée, d’autres sont partisans de l’arthrotomie de hanche. A Saint-Luc, nous avons opté pour des ponctions itératives avec rinçage articulaire au sérum physiologique

Anesthésie - nécessaire pour la ponction diagnostique et pour le lavage articulaire - une VC sera souvent posée dans le même temps pour l’antibiothérapie de

longue durée - possibilité d’ALR single shot en fonction de la localisation

20. Chirurgie de la hanche

20.1. Luxation de la hanche

La fréquence de la maladie luxante est de 2 pour 1000 naissances. Le plus souvent une maladie luxante de hanche dépistée avant 4 mois sera traitée simplement avec un bon résultat clinique et radiologique, alors qu’une découverte tardive (à l’âge de la marche) nécessitera un traitement beaucoup plus contraignant avec un résultat

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incertain. On dit que la hanche est luxée lorsque la tête fémorale est complètement sortie de la cavité cotyloïdienne. Les buts du traitement de la luxation congénitale de hanche : - Réduire la tête fémorale dans le cotyle de façon concentrique. - Stabiliser la hanche. - Corriger la dysplasie cotyloïdienne. - Éviter les complications. Le traitement orthopédique consiste à réduire progressivement les têtes fémorales en appliquant une traction d’environ une semaine. Ensuite, la hanche sera réduite sous anesthésie et en réalisant une arthrographie qui permet de bien visualiser le contour de la tête fémorale (qui n’est souvent pas encore ossifiée). Une fois la hanche réduite, un plâtre pelvi-pédieux est mis en place pour la phase de stabilisation. Si la hanche ne se réduit pas (en raison d’un obstacle à la réduction), la réduction sanglante de la luxation de hanche sera effectuée (ce qui modifiera la stratégie d’anesthésie). Le traitement chirurgical consiste dans des interventions de

- ténotomie des muscles rétractés (adducteurs et psoas) – facilitent la réduction

- ostéotomies de raccourcissement fémoral (10-20mm) - capsulorraphie (stabilise la hanche) - ostéotomies pelviennes (pour corriger la dysplasie du cotyle), obligatoires

après l’âge de marche) Il y a plusieurs types d’ostéotomies pelviennes, 1. Ostéotomie de Salter = ostéotomie de réorientation Principe : Sectionner l’os iliaque en 2 parties allant de la grande échancrure ischiatique en arrière à l’épine iliaque antéro-inférieure en avant. Le fragment inférieur contenant le cotyle est basculé en dehors, en bas et en avant de façon à couvrir correctement la tête fémorale. 2. Ostéotomie de Chiari = ostéotomie d’agrandissement du cotyle Principe : C’est une ostéotomie sus-cotyloïdienne suivie d’une médialisation du fragment inférieur et de la tête fémorale dont la couverture externe sera assurée par le fragment supérieur par l’intermédiaire de la capsule 3. Ostéotomie triple de Pol = ostéotomie de réorientation du cotyle. 4. Double ostéotomie de Sutherland Principe : Associe une section verticale du pubis à une ostéotomie innominée de Salter 5. Ostéotomie de Steel = ostéotomie de réorientation Principe : Associe une ostéotomie innominée de Salter, une ostéotomie ischio-pubienne et une ostéotomie pubienne. 6. Ostéotomie triple de Carlioz 7. Acétabuloplasties - Ostéotomie péricotyloïdienne de Pemberton : Section de l’ilion entre l’épine iliaque antéro-supérieure et l’épine iliaque antéro-inférieure et s’étend en arrière autour du cotyle vers la branche postérieure du cartilage en Y où elle se termine - Ostéotomie de Dega : Elle diffère de l’ostéotomie de Pemberton dans la mesure où seul le mur cortical externe de l’ilion est sectionné

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8. Butée ostéoplastique : Agrandissement du cotyle par un apport osseux

20.1.1. Anesthésie - AG avec IOT (aussi pour le plâtre pelvi-pédieux qui nécessite des changements fréquents de position (décubitus dorsal-ventral) - groupe et RAI nécessaires - analgésie péridurale lombaire (voir technique et doses dans la bible de pédiatrie) - attention au remplissage (pertes de sang difficiles à évaluer) et à l’hypothermie

20.2. Epiphysiolyse fémorale supérieure (ou de la hanche) (ou coxa

vara)

L’’épiphysiolyse de hanche un glissement qui intéresse la calotte épiphysaire et le col fémoral, l'un par rapport à l'autre. Le glissement de la partie épiphysaire de la tête fémorale se fait le plus souvent en arrière et en bas par rapport au col fémoral. Il survient dans la majorité des cas au moment de la poussée de croissance rapide de l'adolescence. Le glissement est dû aux contraintes mécaniques qui s'exercent normalement sur l'extrémité supérieure du fémur (parfois mais non toujours, exagérées par un traumatisme, souvent minime) : lorsque le cartilage de croissance cervico-céphalique est normal, il résiste à ces contraintes et aucun glissement ne se produit ; lorsque ce cartilage est anormal, pour des raisons en général métaboliques et/ou endocriniennes, il devient une zone de faible résistance et le glissement se produit. Ce glissement peut être aigu, brutal, secondaire à un traumatisme ou non, ou il peut être progressif et chronique, au point de passer totalement inaperçu, reconnu seulement à l'occasion de la mise au point d'une arthrose à l'âge adulte. L'atteinte peut être bilatérale, d'emblée ou secondairement, un côté pouvant être totalement asymptomatique, diagnostiqué par sa seule recherche systématique. Elle est plus fréquente à gauche, ceci semblant expliqué par le jeu de contraintes mécaniques accrues du côté gauche chez le droitier. En cas de glissement aigu, il faut opérer une réduction par traction et solidariser les deux fragments par une vis trans-cervico-céphalique. En cas de glissement progressif, si celui-ci est majeur, supérieur à 70°, il faut recourir à une reposition chirurgicale de l'épiphyse (technique de Dunn). Du côté sain, en cas d'épiphysiolyse unilatérale, la tendance actuelle est de ne pas fixer préventivement l'épiphyse, car il y a 85% de chance que cette hanche ne fasse jamais d’épiphysiolyse. Reposition selon la technique de Dunn : Raccourcissement du col, réduction du col et fixation par 2 vis et ostéosynthèse du grand trochanter

20.2.1. Anesthésie 1. Chirurgie correctrice : - analgésie péridurale lombaire (voir technique et doses dans la bible de pédiatrie) ou bloc 3 en 1 - groupe + RAI, attention au saignement 2. Arthrographie + platre

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- AG, ML possible mais attention au changement fréquant de la position (decubitus dorsal-ventral) 3. Retrait de matériel - AG, ML + caudale ou infiltration par le chirurgien

21. Infirmité Motrice Cérébrale (IMC)

21.1. Spasticité

La spasticité est un désordre moteur caractérisé par une exagération vitesse-dépendante du tonus musculaire, associée à des saccades tendineuses, résultant d’une hyperexcitabilité du réflexe d’étirement = hyper-excitabilité du réflexe myotatique = composante tonique du réflexe d’étirement, dont la fonction physiologique est de maintenir le segment de membre dans une posture donnée. Réference: Lance JW. Symposium synopsis. Spasticity. Disordered motor control. Chicago, Year Book Medical publishers;1980 – bible de néurochirurgie Une lésion de la voie pyramidale entraine un changement dans l’excitabilité des circuits spinaux par perte du contrôle supra-spinal globalement inhibiteur. Cet état spastique apparait après une lésion du SNC à l’origine d’une atteinte de la voie motrice, voie pyramidale (Upper motoneuron syndrome). Exemple : anoxie néonatale (IMC), après trauma crânien ou spinal, AVC, SEP, maladie neuro-dégénérative, ... Une chirurgie peut être proposée quand la spasticité est devenue invalidante et résistante à la prise en charge médicale (médication anti-spastique) ou dans le décours d’une revalidation.

21.2. Anomalies orthopédiques rencontrées chez l'enfant et

l’adolescent infirmes moteurs cérébraux

21.2.1. Les déformations du pied de l'infirme moteur cérébral

Les attitudes vicieuses ou déformations sont la conséquence du déséquilibre musculaire induit par le désordre neurologique (faiblesse de certains groupes musculaires, contractions excessives ou anarchiques). L'effondrement postural en charge, le mauvais positionnement chez un enfant immobile ajoutent leurs effets déformants. Chez l'enfant en croissance, le déséquilibre musculaire persistant entraîne des déformations structurales nécessitant une prise en charge orthopédique.

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Pied équin

Cette déformation est due à un déséquilibre musculaire entre un triceps hyperactif et des releveurs du pied (jambier antérieur) normaux ou faibles. Elle gêne la stabilité lors de la station debout et impose une démarche difficile. L'équin dynamique peut être traité par neurotomie sélective ou plus récemment par de la toxine botulinique. Ces procédés affaibliront temporairement le muscle et contribueront à réduire le déséquilibre musculaire. L'utilisation de la toxine botulinique est de plus en plus répandue avec des effets bénéfiques pouvant durer près de 6 mois et une possibilité de répéter les injections. Ces infiltrations constituent aussi des tests fonctionnels avant tout traitement chirurgical définitif. Une déformation en équin fixé sera traitée chez l'enfant en croissance par des plâtres successifs suivis d'un maintien orthétique nocturne et éventuellement diurne. Les plâtres et orthèses ont souvent un effet bénéfique pour lutter contre l'hypoextensibilité musculo-tendineuse et envisager le traitement chirurgical de la rétraction à un âge ultérieur. Le traitement chirurgical comporte une fasciotomie des jumeaux si l'équin est corrigeable genou fléchi ou un allongement du tendon d'Achille mesuré si l'équin ne se corrige pas genou fléchi. Le maintien orthétique sera prolongé. Déformation en talus

Cette déformation peut être iatrogène après allongement trop important du triceps, mais peut se voir aussi quand on a négligé de traiter les déformations sus jacentes (genu flexum - flexum de hanche) qui imposent des contraintes dans le sens de la flexion dorsale du pied (talus). Déformation en varus

Dans cette déformation il y a déséquilibre entre les inverseurs (jambier antérieur, jambier postérieur et triceps) et les éverseurs (péroniers latéraux). Elle entraîne une instabilité du pied en charge, un steppage en phase oscillante de la marche et parfois des difficultés de chaussage. Les transferts tendineux ont une place de choix pour la correction de ce déséquilibre : hémitransfert du jambier antérieur ou hémitransfert du jambier postérieur. En cas de déformation fixée, des ostéotomies correctrices ou même une double arthrodèse en fin de croissance doivent être associées à la chirurgie de rééquilibration musculaire. Déformations en valgus et équin valgus

Elles sont très fréquentes chez le diplégique infirme moteur cérébral, alors que les déformations en varus sont plus fréquentes chez l'hémiplégique. Elles sont dues au déséquilibre entre un triceps hyperactif avec un jambier postérieur faible et des muscles péroniers spastiques. Ces déformations sont souvent associées à des anomalies de rotation des membres inférieurs. La chirurgie sera ostéoarticulaire avec traditionnellement une intervention dite de Grice (arthrodèse de la région du sinus du tarse fixant astragale et calcanéum dans une position de correction de la déformation en valgus) ou des ostéotomies calcanéennes d'allongement non enraidissantes. En fin de croissance, les déformations majeures et raides seront souvent traitées par double arthrodèse. 21.2.2. Le genou

Genu flexum et attitude en triple flexion

Le flexum du genou peut être dû à une hypertonie - rétraction des ischiojambiers,

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une hypertonie - rétraction des fléchisseurs de hanches compensée par un genu flexum, une faiblesse du muscle triceps imposant un genu flexum compensateur. La correction de la rétraction des ischiojambiers chez un enfant à potentiel de déambulation est faite par un allongement fractionné des ischiojambiers internes dans leur partie distale près du genou. Déformation en hyperextension du genou et démarche genou raide en extension

La spasticité du droit antérieur diminue ou empêche la flexion du genou pendant la phase oscillante de la marche et se traduit par une démarche jambe raide avec une difficulté au passage du pas. Son traitement est le transfert distal du droit antérieur sur les ischiojambiers ou la ténotomie du droit antérieur. 21.2.3. La hanche

Raideur en extension

Elle est observée chez un enfant tétraparésique et empêche la station assise en raison de la perte de flexion de la hanche. Une cyphose est créée dans la région lombaire ou thoracolombaire. A la longue, une luxation antérieure des têtes fémorales peut survenir. Le traitement orthopédique consiste initialement en des mobilisations des muscles rétractés (ischiojambiers, grand fessier), associées à un positionnement correct des membres inférieurs pour éviter l'attitude préférentielle (attitude en batracien, par exemple) et ce dès la période néonatale. Dans les cas plus sévères, un traitement chirurgical de libération des parties molles concernées (ischiojambiers près de l'ischion, grand fessier) peut être indiqué pour autoriser une station assise correcte et éviter une détérioration rachidienne et des hanches. Flexum de hanche

Les déformation en flexion sont dues à une rétraction - contraction des muscles fléchisseurs de hanche (psoas iliaque, iliaque +++, muscle tenseur, droit antérieur). Le traitement chirurgical sera proposé si le flexum excède une vingtaine de degrés. La technique actuellement préconisée est l'allongement du tendon du psoas au sein de sa masse charnue au niveau du bassin. Tout en libérant l'attitude vicieuse, elle préserve au maximum la force fléchissante. Attitude vicieuse en adduction

Elle est due à des contractions sur les adducteurs de hanche courts (moyen adducteur - petit adducteur) et/ou longs (droit interne). Chez l'enfant en cours d'acquisition de la déambulation, l'attitude en adduction entraîne une marche en ciseaux. Chez tous les enfants, cette attitude vicieuse prédispose à la dysplasie de hanche et si non traitée à la subluxation, puis luxation de hanche. Le traitement chirurgical est indiqué en cas d'accentuation de la rétraction, de la gêne entraînée lors de la déambulation et en cas de dégradation du centrage articulaire des hanches avec majoration de la dysplasie osseuse. La libération isolée des parties molles comporte habituellement la section des moyens adducteurs et droit interne près du pubis. En cas de dysplasie importante de hanche ou en cas de subluxation ou luxation de hanche, le traitement chirurgical associe à la libération des adducteurs une correction de la dysplasie osseuse fémorale et pelvienne. Attitude vicieuse en rotation interne

La démarche en rotation interne résulte d'une persistance anormale d'une

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antétorsion excessive des extrémités supérieures du fémur. Elle peut être associée à une hyperactivité des muscles rotateurs internes de hanche (ischiojambiers internes, moyen fessier, muscle tenseur). Cette antéversion excessive est souvent associée chez le diplégique spastique à d'autres anomalies du membre inférieur : flexum de hanches et de genoux, rotation externe importante du squelette jambier, ... Cette antéversion fémorale excessive sera corrigée quand elle est associée à une subluxation ou dysplasie de hanche. L'intervention comportera une ostéotomie de dérotation fémorale associée à une ostéotomie pelvienne. 21.2.4. Les déformations du rachis (voir scoliose) Ref :Médecine thérapeutique / Pédiatrie. Volume 3, Numéro 4, 259-66, Juillet - Août 2000, Revue : Séquelles neurologiques et sensorielles de la grande prématurité

21.3. Anesthésie - les particularités de l’anesthésie tiennent surtout des particularités de l’enfant

IMC - l’induction inhalatoire est une option même pour les grands enfants - attention au monitoring de la profondeur de l’anesthésie - le traitement antispasmodique doit être poursuivi - en fonction du geste, groupe + RAI -si la chirurgie est multisite, la péridurale est la méthode d’analgésie

postopératoire à proposer aux parents - pour la chirurgie du pied, un cathéter poplité (bilatéral si le geste chirurgical est

bilatéral) est à envisager pour l’analgésie postopératoire - lors des corrections importantes, la survenue de douleurs neuropathiques est

possible !

22. L’inégalité de longueur des membres inférieurs L’inégalité de longueur des membres inférieurs (ILMI) est un motif fréquent de consultation en orthopédie pédiatrique. Les inégalités de moins de 2 cm sont fréquentes, ne posent pas de problèmes de statique du tronc et sont facilement compensables dans la chaussure. En revanche, les ILMI supérieures à 2 cm peuvent justifier une égalisation chirurgicale, pour des raisons esthétiques et pour préserver l’avenir orthopédique. Entre 3 et 5 cm, l’égalisation peut être obtenue par épiphysiodèse du membre le plus long. Au-delà de 5 cm, l’allongement progressif est préconisé. L’epiphysiodèse est aussi indiquée dans les déformations du genou (genu valgum).

22.1. Epiphysiodèse (fémur distal, tibia proximal, grand trochanter) L’épiphysiodèse thérapeutique est un geste chirurgical destiné à obtenir une fusion osseuse épiphyso-métaphysaire pour ponter la plaque de croissance. Cette fusion a pour effet de brider la croissance longitudinale, et aboutit à terme à l'involution d’une partie ou de la totalité d’un cartilage de croissance au niveau d’un segment de membre. Cet acte est pratiqué chez les enfants et adolescents avant la maturation osseuse. Réalisée par voie transcutanée, elle peut être temporaire (vissage de

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Métaizeau) ou définitive. L’épiphysiodèse par voie transcutanée concerne le genou dans 77% des cas. Réf : Epiphysiodèse percutanée dans le traitement du genu valgum de l'adolescent.; Rev Chir Orthop Reparatrice Appar Mot. 1998

22.2. Allongement tibia/fémur

L’Allongement osseux progressif est une technique permettant l’allongement des os des membres inférieurs d’une manière chirurgicale progressive. Les 3 cas habituels d'allongement osseux : • Les inégalités de longueur séquellaires d'accident • La petite taille socialement handicapante • La taille médiocre et les genoux incurvés Les techniques les plus utilisées sont la technique d’ILIZAROV et l’allongement par clous centromédullaires d’allongement (fémoral, tibial) Les indications doivent être posées en fonction de la taille initiale et de la pathologie, notamment de l’état osseux, ligamentaire et articulaire en fonction de l’état psychologique ou psychiatrique du patient, en fonction de l’environnement familial et professionnel et en fonction de l’âge,(<30 ans) La chirurgie consiste en :

- ostéotomie - ostéosynthèse stable et élastique - début de l’allongement au 5-6 eme jour

- conservation de la fonction par reprise précoce de la mobilisation articulaire et de l’appui

22.3. Anesthésie - L’epiphysiodèse est un geste chirurgicale qui se fait en hospitalisation de jour,

demander au chirurgien de réaliser l’infiltration de la plaie - la chirurgie par clou centromédullaire présente des risques d’embolie

graisseuse (au moment de l’alésage du fut fémoral), surtout si l’intervention est bilatérale. Une surveillance par échographie transoesophagienne permet de visualiser les embols mais il faut savoir que l’embolie ne devient symptomatique (hypoxémie réfractaire, bronchospasme) que quand une grande partie de l’abre vasculaire est occlus. En cas d’embolie graisseuse avérée, la réanimation est difficile : hypoxémie, HTAP, CIVD

- pour la chirurgie d’allongement une ALR est souhaitable -bloc fémoral, péridurale, mais attention au syndrome de loges !

23. Ostéotomies de dérotation tibiale/fémorale – pour des démarches

en valgus/varus uni/bilat Anesthésie

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- en fonction de la localisation et du caractère uni/bilat, un bloc nerveux périphérique en continu ou une péridurale sera proposée Attention, une ostéotomie tibiale entraîne un risque de syndrome des loges en post-opératoire . La surveillance infirmière doit tenir compte de ce risque : douleur qui ne répond pas aux doses habituelles d’analgésiques, douleur à distance de la plaie, pouls capillaire lent, et mesure des pressions intratissulaires au moindre doute

24. Pied bot Le pied bot varus équin congénital, appelé couramment pied bot, est une malformation du pied dans laquelle le pied est tourné en dedans et les orteils pointés vers le bas. Chaque année cette malformation touche environ 1 nouveau-né sur 1 000 aux États-Unis. Son incidence est plus élevée chez les garçons. Cette malformation peut se manifester dans un pied ou les deux; 30 % à 50 % des enfants qui en souffrent sont atteints aux deux pieds. La cause exacte du pied bot n’est pas connue. Une anomalie des tendons et des ligaments du pied entraîne une structure et une position anormale du pied. Les os de certains enfants peuvent également être anormaux pour ce qui est de la forme, de la taille ou de la position. Dans de rares cas, le pied bot peut être associé à une malformation spinale, comme le spina bifida ou d'autres maladies neuromusculaires; cependant, dans ces cas, le pied est généralement plus déformé. Il n'existe aucun consensus clair pour savoir quand opérer et quel type d'opération effectuer. La plupart des chirurgiens orthopédiques préfèrent opérer lorsque l'enfant est âgé de 6 mois, mais d'autres préfèrent attendre que l'enfant ait entre 9 et 12 mois. Une libération simple du tendon d'Achille (ténotomie percutanée) est l’intervention la plus pratiquée Dans le cas plus complexes, la chirurgie est pratiquée pour corriger la position anormale des tendons, des ligaments et des articulations (grande libération). Il est possible de pratiquer une ostéotomie ou une arthrodèse chez l’enfant plus grand.

24.1. Anesthésie - la ténotomie percutanée est réalisée en décubitus dorsal – MLa possible - un bloc continu du sciatique au niveau poplité (ou sous-glutéal) ou une péridurale lombaire sont à proposer pour les reconstructions complexes (uni ou bilat)

25. Autres chirurgies du pied : ostéotomie calcanéum, résection

synostose, double arthrodèse, ostéotomie cuboïde, scaphoïde

accessoire, transferts tendineux, cure de macrodactylie Anesthésie

- chirurgie assez douloureuse pendant les premières 48 heures - bloc du sciatique au niveau poplité en continu/péridurale lombaire (uni, bilat)

26. Chirurgie de la main

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Anomalies congénitales : - polydactylie ou oligodactylie) - symphalangisme (les os des doigts sont fusionnés) - syndactylie (les doigts sont joints ensemble) - brachydactylie (les os de main ou du bras sont trop cours ou sont absents) Chez l’embryon l’ébauche de main est en forme de palette. La maquette cartilagineuse qui aboutira aux phalanges est précocement séparée en 5 rayons digitaux mais tout est englobé par du tissu embryonnaire (la future peau). Le tissu entre les doigts est programmé pour disparaître (apoptose), entraînant la formation de 4 commissures digitales et de 5 doigts. Un dérèglement de l’apoptose abouti à la persistance de la peau entre deux ou plusieurs doigts : c’est le type de syndactylie le

plus fréquent : syndactylie cutanée ou membraneuse.Plus rarement, il s’agit d’une anomalie de la maquette cartilagineuse embryonnaire. Deux ou plusieurs rayons cartilagineux sont fusionnés, aboutissant à des fusions entre les phalanges de doigts

contiguës : c’est une syndactylie osseuse complexe.La syndactylie peut être héréditaire – il y a des cas similaires dans la famille Le traitement des anomalies congénitales de la main est chirurgical. L’âge et le type d’intervention dépendent de la localisation et de l’étendue de l’anomalie. Il faudra par contre suivre l’enfant pendant plusieurs années, car la croissance des doigts peut parfois imposer une petite correction chirurgicale secondaire.

26.1. Anesthésie - les particularités d’anesthésie sont celles de l’anesthésie chez les

nourrissons/ petits enfants - infiltration chirurgicale/ bloc axillaire ou infra claviculaire single shot/ continu

si technique complexe avec reconstruction osseuse

27. Ostéogenèse imparfaite (voir maladies rares sur Virtanes)

L’ostéogenèse imparfaite, ou maladie « des os de verre », est une affection génétique, caractérisée par une fragilité osseuse et une faible masse osseuse. Cette maladie se manifeste très différemment d’un malade à l’autre : il ne s’agit pas d’une entité unique mais plutôt d’un groupe de maladies (des anomalies génétiques variées). Les principales manifestations de l’ostéogenèse imparfaite sont liées à la fragilité osseuse avec des fractures à répétition, survenant à la suite de traumatismes bénins. Ces fractures intéressent les os plats (côtes, vertèbres) mais surtout le corps (diaphyse) des os longs, notamment des membres inférieurs. Les fractures du fémur sont les plus courantes. Ces fractures sont souvent transverses et peu déplacées. Elles consolident dans les mêmes délais que les fractures survenant sur un os normal. Cependant, une consolidation en mauvaise position est possible. Certains cals sont trop volumineux (cals hypertrophiques) et on peut alors les confondre avec des tumeurs. La fréquence de ces fractures a tendance à diminuer avec l’âge surtout chez les femmes, grâce à la production d’hormones féminines (oestrogènes), de la puberté à la ménopause.

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Le traitement des fractures fémorales est souvent réalisée avec le clou télescopique

de Fassier-Duval qui a le grand avantage de ne pas nécessiter d'arthrotomie et sa mise en place est peu invasive. Il est de plus télescopique et offre une moins grande résistance à l’élongation que d’autres clous télescopiques. Ce clou va s’allonger progressivement et grandir avec l’enfant.

27.1. Anesthésie

- attention au positionnement sur la table d’opération et à toute mobilisation : à la fragilité osseuse, souvent il y a une laxité ligamentaire associée - risque d’embolie graisseuse comme dans toute chirurgie avec alésage du fut fémoral

28. Traumatologie pédiatrique

Voici un aperçu des fractures les plus rencontrées chez les enfants. Pour plus de renseignement, le site créé par les Dr Docquier et Mousny est à votre disposition sur le site St Luc : http://www.saintluc.be/professionnels/services/orthopedie/traumatologie-pediatrique/pages/43.html

28.1. Fracture de l’humérus proximal Classification: - fracture décollement épiphysaire Salter II (ou plus rarement Salter I) (plus fréquent chez adolescent) - fracture métaphysaire et métaphyso-diaphysaire (plus fréquent avant 10 ans) - fracture pathologique (sur kyste essentiel par exemple) Traitement: - traitement orthopédique +++, bandage de Dujarier 3 semaines, puis écharpe 2 semaines - traitement chirurgical très rarement indiqué

-en cas de fracture très déplacée qui reste instable après réduction -si un abord est nécessaire (par interposition du biceps) -brochage percutané (attention au nerf circonflexe) -ECMES

28.2. Fracture de la diaphyse humérale Traitement: -presque toujours traitement orthopédique: Dujarrier puis plâtre pendant ou Sarmiento -très rarement traitement chirurgical: ECMES

-si fracture très déplacée qui reste instable après réduction -si coude flottant (fracture d'avant-bras du même côté) -polytraumatisé

Conduite à tenir en cas de paralysie radiale: ne pas aborder directement, stabiliser le foyer et surveillance

28.3. Fracture supracondylienne

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Classification: LAGRANGE ET RIGAULT

-fracture en extension: -stade I : uniquement la corticale antérieure est rompue, non déplacée -stade II: fracture des 2 corticales, bascule postérieure pure, le périoste postérieur reste toujours intact -stade III: dès qu'il y a une rotation ou une translation, mais les 2 fragments restent en contact l'un avec l'autre -stade IV: déplacement complet, il n'y a plus de contact entre les fragments

-fracture en flexion: - stade I: uniquement la corticale postérieure est rompue, non déplacée -stade II: fracture des 2 corticales, bascule antérieure, contact persistant -stade III: déplacement complet, il n'y a plus de contact

Attention:toujours rechercher une paralysie nerveuse associée -nerf interosseux antérieur: le plus fréquent -nerf médian, nerf radial, nerf ulnaire

Traitement:

-Fractures en extension -Stade 1: BAB (si ligne humérale antérieure passe encore par noyau du

condyle externe) -Stade 2, 3: brochage percutané (méthode de Blount parfois possible pour stade 2=immobilisation avec la flexion du coude à 120) -Stade 4 : brochage percutané

-Fractures en flexion

-Stade 1: BAB -Stade 2, 3: brochage percutané

28.4. Fracture des 2 os de l’avant-bras Classification: -en fonction du type:

-déformation plastique: lorsque les limites d'élasticité de l'os sont dépassées, une déformation plastique de l'os survient (irréversible). Peut s'accompagner

d'une luxation de la tête radiale si touche l'ulna -fracture en bois vert : après la déformation plastique, la ??? du traumatisme provoque la rupture de la corticale convexe et accentue la courbure de la

corticale concave -fracture complète: ressemble à la fracture de l'adulte. Le périoste peut parfois encore être partiellement intact.

-en fonction de la localisation: - 1/3 proximal - 1/3 moyen - 1/3 distal

Traitement: Orthopédique: -La règle (toujours essayer) -# en bois vert: facile à réduire: seule l'angulation est à corriger (la réduction peut être lente et prendre quelques minutes) -# complète: plus difficile à réduire car il faut corriger l'angulation et la rotation

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-Meilleur pronostic pour les # du 1/3 inférieur (meilleur remodelage) -Immobilisation: -dans la position de réduction (le plus souvent en supination ou en position neutre)(presque jamais en pronation), BAB circulaire fendu - 8 semaines minimum, parfois 12 chez adolescent (jusqu’à disparition du trait de #) En cas de déplacement secondaire, on peut tenter une nouvelle réduction En cas d'échec, il faut envisager le traitement chirurgical Chirurgical: -Si échec de la réduction ou en cas de déplacement secondaire -ECMES: traitement de choix

-Toujours embrocher les 2 os (pour tendre la membrane interosseuse) -Plâtre inutile, écharpe suffisante

-Fixateur Ext: # ouverte -Plaque vissée: -s’il est impossible de réduire correctement avec l'ECMES

-inconvénients: cicatrice, risque de synostose radio-cubitale chez l’enfant, refracture à l’ablation

28.5. Fracture de Monteggia Classification: de Bado -Type 1 (+++ 65%): en extension: luxation antérieure de la tête radiale + # diaphyse ulna -Type 2: en flexion : luxation postérieure de la tête radiale + # 1/3 sup ou 1/3 moy ulna -Type 3: en adduction: luxation externe + # métaphyse proximale ulna -Type 4: type 1 + # 1/3 moy diaphyse radiale Traitement: Orthopédique: la réduction de l'ulna amène la réduction de la tête radiale

Chirurgical: -il faut rétablir la longueur de l'ulna et automatiquement, la tête radiale reviendra en place -ECMES: parfois ne redonne pas suffisamment de longueur (par exemple en cas de fracture oblique) -Plaque

28.6. Fractures distales du radius et de l’ulna Classification: -en fonction du type de #:

-# en motte de beurre: # métaphysaire unicorticale stable (enfoncement trabéculaire)

-# en bois vert : rupture d'une corticale -# métaphysaire complète : peut toucher le radius seul ou les 2 os

-décollement épiphysaire: Traitement: Orthopédique: Presque toujours

-Réduction si nécessaire puis BAB En cas de déplacement secondaire, on peut tenter une nouvelle réduction

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Chirurgical: Pour # irréductible ou pour déplacement secondaire

-Broche intrafocale -Plaque palmaire: rarement nécessaire (chez grand adolescent: lorsque la croissance du radius distal est quasiment terminée: à partir de 13 A 1/2 chez la fille et 15 A 1/2 chez le garçon)

Complications: -Atteinte Nerf médian (svt incomplet)

28.7. Fracture du col de femur Classification: de Delbet en 4 types • Type I: Salter I (rarement II) (5-10%) • Type II: transcervicale (50%) • Type III: basicervicale (30%) • Type IV: pertrochantérienne (10-15%) Traitement: -Presque toujours chirurgical, en urgence - Broches,vis plaque, lame plaque

28.8. Fracture de la diaphyse fémorale Classification: -en fonction de la localisation: 1/3 proximal 1/3 moyen 1/3 distal - en fonction du type: Transverse spiroïde oblique en cheveu Traitement: Enfant < 6 ans: Orthopédique: Traction au zénith jusqu’à apparition de cal (10 à 15 jours) puis Plâtre Pelvi-Pédieux (PPP) Enfant > 6 ans: Chirurgical: - ECMES: technique de choix - Clou centromédullaire (à partir de 10 ans) (risque de

nécrose 3 à 5% par lésion de l'artère circonflexe postérieure lors de l'introduction du clou)

28.9. Fracture du femur distal Classification: - en fonction du déplacement: déplacement dans le plan frontal: latéral ou médial déplacement dans le plan sagittal: antérieur ou postérieur - en fonction du type: Métaphysaire Salter I, II, III, IV Traitement:

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- Métaphysaire, Salter I, Salter II: -réduction orthopédique puis plâtre pelvi-pédieux ou cruropédieux en fonction de l'âge

-si instabilité: brochage - Salter III, Salter IV:

-la réduction doit être anatomique (réduction ouverte le plus souvent) -vissage ou brochage systématique

28.10. Fracture de la diaphyse du tibia Classification: - d'après le trait :oblique/ transverse/ spiroïde/ comminutives - d'après la stabilité après réduction: - stable: fracture isolée du tibia (la fibula intacte empêche le

raccourcissement), fracture isolée de la fibula - instable: fracture complète des 2 os oblique, spiroïde ou comminutive: tendance au raccourcissement et aux troubles rotatoires Traitement: Orthopédique

-Non déplacé: plâtre cruropédieux (CP) avec genou fléchi à 90° si petit enfant et genou fléchi à 30° si enfant plus grand, si possible circulaire fendu - Déplacé: réduction sous AG puis CP Chirurgical (rare) - réservé aux # ouvertes, aux polytraumas - le fixateur externe est préféré à l'ECMES car il est difficile de contrôler les rotations avec un ECMES -le clou rigide est possible en fin de croissance: à partir de 13 ans chez la fille et 15 ans chez le garcon ECMES = embrochage centromédullaire élastique stable (avec clou/broche Metaizeau) est une méthode propre à la traumatologie infantile. Elle consiste à mettre des broches cintrées et béquillées dans le canal médullaire des os longs et obtenir ainsi une stabilité élastique du foyer. Toute force appliquée sur l’os provoque un déplacement avec retour élastique à l’état d’équilibre qui est l’état anatomique BAB = Plâtre brachio-antibrachial

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28.11. Anesthésie - pour les fractures avec des lésions vasculaires ou nerveuses, comme pour les fractures ouvertes, la prise en charge doit être faite dès que possible, sans tenir compte de l’état de jeune - chez l’enfant traumatisé, la vacuité gastrique ne peut être garantie chez aucun patient, quelle que soit la durée du jeûne

- le volume gastrique décrit comme « à risque d’inhalation » dans la littérature (0,4 ou 0,8 mL/kg) est une notion contestable (cela ne représente que 8 ou 16 mL pour un enfant de 20 kg) : elle est basée sur l’apparition de lésions pulmonaires dans un modèle de singes chez qui ce volume était directement injecté dans la trachée. En pratique, la mortalité d’une inhalation est liée à la suffocation due à l’inhalation de morceaux d’aliments alors que la morbidité est liée à l’ARDS provoqué par l’inhalation de liquide acide

- le stress et la douleur retardent la vidange gastrique dès que le traumatisme est arrivé

< 4h 4-6h 6-8h 8-10h

Volume gastrique ml/kg (médiane)

0,8 1,6 0,4 0,3

% enfants dont le volume est > 0,4 ml/kg

57 53 31 40

Volume gastrique et intervalle dernier repas-induction

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< 1h 1-2h 2-3h 3-4h > 4h

Volume gastrique ml/kg(médiane)

1 0,9 0,4 0,1 0,1

% enfants dont le volume est > 0,4 ml/kg

70 77 39 33 30

Volume gastrique et intervalle dernier repas-traumatisme

- En pratique, le point principal à l’anamnèse est de savoir quand l’enfant a bu

ou mangé la dernière fois (et quoi) avant l’accident. - La réalisation d’un examen échographique de l’antre gastrique (décubitus

dorsal et décubitus latéral droit) peut être réalisée pour confirmer l’état de vacuité gastrique

- la cause la plus fréquente de régurgitation/vomissement à l’induction (avec ou sans intubation) est une anesthésie trop légère, mais aussi l’insufflation de l’estomac par une ventilation au masque trop énergique.

29. Traumatologie gériatrique

Pour la traumatologie adulte, le site

http://www.saintluc.be/professionnels/services/orthopedie/bible-traumatologie-

adulte.pdf est à votre disposition.

29.1. Luxation :

Il est important de réduire une luxation dans les premières heures après sa survenue, car la rétraction des muscles qui s’installe progressivement va rendre la réduction plus difficile. La réduction d’une luxation sera très difficile, voir impossible, sans une curarisation optimale (celocurine si pas de contrindication).

29.2. Fracture du col du fémur Avant d’aborder la prise en charge anesthésique, voici quelques principes de base permettant de cerner et d’anticiper la prise en charge chirurgicale de ces fractures. En premier lieu, que regroupe le vocable « fracture du col » ? Sur le plan technique, les chirurgiens distinguent, les fractures :

• du col « vraies »

• basi-cervicales

• pertrochantériennes

• sous-trochantériennes.

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La classification des fractures « vraies » couramment utilisées est celle de Garden. En théorie plus ce grade est élevé plus le risque de nécrose de la tête fémorale est élevé. Ce grade conditionne la technique chirurgicale à appliquer. Bien que l’intégrité des rameaux artériels responsables de la vascularisation de la tête fémorale ne soit pas évaluée en clinique courante, on postule qu’une fracture cervicale affecte l’artère circonflexe médiale et donc la vascularisation de la tête. Les mécanismes peuvent-être : une dilacération par le trait de fracture, un étirement par le déplacement, ou encore, un collapsus engendré par l’(hyper)-pression de l’hématome. Quoi qu’il en soit il n’y a pas de fracture intracapsulaire qui nécrose dans 100% des cas. Il est capital également de garder à l’esprit qu’une prise en charge urgente est la pierre angulaire de l’attitude thérapeutique, si une sanction chirurgicale n’est pas prise, le traitement médical devra être instauré immédiatement (réhydratation, antalgie, traction, prophylaxie antithrombotique). Un indice de qualité des soins hospitaliers est à l’heure actuelle la garantie d’opérer une fracture du col du fémur le jour de l’admission ou au plus tard le lendemain en heures ouvrables. Les cliniques St-Luc se fixent un objectif de 36h00. Tout report au-delà de ce délai doit pouvoir être justifié médicalement. Les données sont enregistrées et font d’analyses « qualité ».

Classification de Garden des fractures intra capsulaires du

col fémoral

Garden 1 fracture engrenée en valgus (travées verticalisées, voire regardant vers l’extérieur du cotyle Garden 2 fracture non déplacée (travées céphaliques et cervicales en correspondance) Garden 3 fracture déplacée en varus (travées horizontalisées) Garden 4 fracture déplacée en valgus (orientation normale de la tête, totalement désolidarisée du col ascensionné).

La classification des fractures per trochantériennes classiquement citée est la classification d’Ender (type 4-5 : fracture basi-cervicale, type 7-8 fracture sous trochantérienne).

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Classification d’Ender des fractures pertrochantériennes.

Il arrive qu’au cours de l’intervention ces fractures se compliquent de fracture secondaire lors de la mise en place du matériel chirurgicale ou implant. Ces fractures gradées selon la classification de Vancouver (cfr infra), sont plus fréquentes lorsque les implants sont non cimentés et dans le cadre des reprises.

Sur le plan technique, chaque type de fracture, en corrélation avec l’âge du patient, aura une prise en charge spécifique.

Type de fracture AGE Technique Préparation chirurgie

Installation Temps de chirurgie

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/ réduction

Garden 1-2 tout Triple vissage

Théorie 20-30

min DD traction

60 minutes

Garden 3-4

<60 ans Triple vissage après réduction

Théorie 20-30

min DD traction

60 minutes

>60 ans PTH Théorie 10-15 min

DL 120 minutes

>75 ans PIH Théorie 10-15 min

DL 90 minutes

Basicervicales tout (rare)

DHS Théorie 20-30

min DD traction

75 minutes

Pertrochantériennes tout DHS Clou gamma

Théorie 20-30

min DD traction

75 minutes

Sous-trochantériennes

tout Clou gamma Clou gamma long

Théorie 20-30

min DD traction

90 à 120 minutes

Ces timing sont théoriques et conditionnés par l’absence de complications. La complication classique pouvant prolonger ces durées est la fracture fémorale peropératoire. Selon le type de fracture il sera nécessaire : de laisser le patient en traction en postopératoire, de réalisé un cerclage du fémur, d’utiliser un implant plus long, voir de réaliser des greffes d’os spongieux.

DHS

Clou gamma

PTH

29.3. Anesthésie

Préopératoire En accord avec la littérature, les fractures du col représentent des urgences médico-chirurgicales. Le cutt off stabilisation médical / chirurgie semble ce situer à quatre jours ; passé ce délais, la mortalité « explose ». Mais le risque de mortalité croit progressivement après 24 heures. (BMJ 2006, Bottle et al).

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Passée une éventuelle stabilisation médicale initiale, ces patients, généralement forts âgés (en moyenne 75-90 ans), devront donc être opérés aussi vite que possible. Au vu de leur âge (> 75 ans ) ces patients présenteront fréquemment :

Pathologie Hommes Femmes

Diabète 18 % 13 %

HTA 50 % 50 %

CMI 20-30 % 20-30 %

Valvulopathie 10-15 % 10-15 %

Démence 5.9-9.4 % 5.9-9.4 %

IRC diagnostiquée 2 % 0.8 %

Diminution du DFG 75 % 75 %

Anémie (indépendamment du trauma)

15 % 10 %

BPCO pas de valeur spécifique pour > 75 ans

4-10% adultes 4-10% adultes

Mise au point préopératoire Sachant qu’on se situe dans un cadre d’urgence, seul les examens pouvant modifier la prise en charge ou l’outcome, sont requis.

Examen Obligatoire Eventuel Jamais

Physique/anamnèse NIBP, MET

Bio Hb Fonction rénale Iono Glycémie Troponine

Coagulation Monitoring thérap.

ECG Dès 50 ans

Rx Thorax Si indication clinique

Echo coeur Sauf si ne retarde

pas l’intervention et si indication clinique.

Echo carotide Sauf si ne retarde pas l’intervention et si indication clinique

EFR Sauf si ne retarde pas l’intervention et si indication

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clinique

Les consensus actuels de prise en charge de la personne âgée recommandent une prise en charge adaptée à leurs spécificités multiples. Leur score de fragilité devrait faire partie intégrante de l’examen préopératoire (échelle d’Edmonton). Ref : Associationof Anaesthetists of Great Britain and Ireland. Guidelines. Peri-operative care of the elederly 2014. Anaesthesia 2014, (69) 81–98

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Indications de l’échographie cardiaque pre-opératoire chez les patients avec une fracture de col fémoral. Ref : Kearns et al, Anaesthesia 2013

Anticoagulants

Souvent les patients sont récusés à cause de la prise d’anticoagulants et antiagrégants plaquettaires. Avant toute décision, les valeurs des paramètres de coagulation du patient doivent être déterminée. 1. Clopigogrel L’arrêt du plavix est associé avec une augmentation du risque du syndrome coronarien aigue chez les patients ayant une fracture du col fémoral. (Collyer TC et al, BJA 2011). Des nouvelles études montrent que la chirurgie peut être effectuée 24 heures après la dernière prise de clopidogrel, malgré une augmentation des besoins transfusionnels. (Anaesthesia 2013, 68, 102-118). La décision doit être prise en accord avec le chirurgien. NB : la récupération de la fonction plaquettaire est observée après 5 jours d’arrêt de clopidogrel chez la majorité des patients. Un multiplate permet de voir si le clopidrogel est effectivement actif chez le patient. 2. En ce qui concerne les AVK, la chirurgie peut être débutée dès que l’INR<1,5, sans une augmentation significative du risque de saignement. En cas de chirurgie urgente et INR>1,5, une dose de SSPP de 25UI/kg (soit 1ml/kg) sera administrée ensemble avec une dose de 10 mg de vitamine K et la chirurgie peut être réalisée

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immédiatement. Un INR de control sera réalisé et une seconde dose peut être administrée si nécessaire. En cas de chirurgie semi-urgente (fracture de col), la surveillance de l’INR après administration de vitamine K décidera le moment ou la chirurgie peut être réalisée. (6 à 24 heures selon le niveau initial de l’INR). 3. Les NACOs - anticoag anti facteur X et II – voir chapitre anticoagulants et les guidelines ESA 2013 Pour rappel :

Per-opératoire La technique anesthésique choisie de principe est l’anesthésie générale (Cfr infra) Sont exclus d’office les patients BPCO sévères VEMS < à 600 ml. Le risque bénéfice des patient BPCO est en générale en faveur des rachis anesthésies. La réalisation de « locorégionale » de complément à l’anesthésie général sera conditionnée par la connaissance (avec certitude) des traitements anticoagulants/anti-agrégants des patients. - Un bloc fémoral écho-guidé (10-20 ml de solution anesthésique) associé à un bloc cutané latéral de la cuisse (10ml de solution anesthésique) - Un bloc iliofascial (30-40 ml de solution anesthésique); - L’intérêt des blocs réside également dans la réduction de la consommation en morphinique et du risque secondaire de confusion postopératoire. Le bloc ne doit par contre pas limiter la capacité de reprise de marche précoce après chirurgie qui, si elle n’est pas réalisée rapidement, est corrélée avec un taux de survie à 6 mois réduit. Monitoring/management - VP 18G (si VP 20G ou moins, 2è VP en cours d’induction)

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- ECG 3d/5D, NIBP - Massimo Hb - monitoring invasif de la TA (Prélèvement sanguin fréquent ou suivi de la tension en continu nécessaire (diabète, sténose carotidienne, FA, pathologie cardiaque connue), PTH, HypoTA ou HTA > 18 en préop - INVOS Induction

• Il est recommandé de titrer le propofol par bolus de 20-40mg toute les 10 secondes (plus si temps de circulation diminué, bradycardie) jusqu’à perte de conscience (après 75 ans la dose d’induction est maximum de 1.5mg/kg). Chez le sujet âgé, l’effet cardio-dépresseur apparaît souvent avant l’effet sédatif.

• Eviter toute hypotension et réagir rapidement si elle survient à l’induction est sans doute primordial : l’hypotension pourrait être corrélée aux complications post opératoires.

Post-opératoire - Outre la prescription d’antalgique, tous les patients quitteront le réveil avec

au minimum une Hb à 10 et des paramètres vitaux normaux. - Un protocole d’analgésie postopératoire « fracture de col fémoral » a été

crée pour répondre aux besoins spécifiques de ces patients (dans le PHI, protocoles d’analgésie dans la chirurgie orthopédique adulte)

Points clés pour la fracture de col de fémur chez la personne âgée

o connaitre le type de fracture permet d’anticiper le type et

durée de la chirurgie

o l’intervention doit se réaliser idéalement dans les premières 24

heures pour diminuer le risque de mortalité

� les examens complémentaires – écho cœur, carotidien,

EFR – à faire seulement s’ils ne retardent pas

l’intervention et s’il y a une indication clinique

o anticoagulants – discussion avec le chirurgien

� chirurgie possible après 24 heures d’arrêt de plavix –

besoin accrue de transfusion

� AVK – chirurgie possible avec INR<1,5

� NACOS – en fonction de la GFR, chirurgie habituellement

possible après un arrêt de 48 heures

o analgésie multimodale

� Bloc iliofascial à réaliser déjà aux urgences / toutes les 8-

12 heures si nécessaire

� Protocole « fracture de col fémoral » dans le PHI

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30. Chirurgie tumorale Pédiatrique/ Adulte

Tissu concerné Tumeurs bénignes Tumeurs malignes

Os Ostéome ostéoide Ostéosarcomes

Ostéoblastome

Cartilage Chondrome Chondrosarcomes

Exostose

Chondroblastome

Fibrome chondromyxoide

Conjonctif Fibrome Fibrosarcomes

Fibrome non ossifiant Histiocytofibrome malin

Tissu hématopoïétique de la moelle osseuse

Lymphome Myelo-plasmocytome

Notochorde Chordome

Neuro-ectoderme Neurofibrome Sarcome d’Ewing

Schwannome Schwannome malin

Origine incertaine Adamantinome

Tumeurs à cellules géantes

Tumeurs à cellules géantes

Lésions Kyste essentiel

Pseudo-tumorales Kyste anévrysmal

Dysplasie fibreuse

Elisabeth Gaertner : Anesthésie en chirurgie orthopédique et traumatologie 2010

30.1. Tumeurs bénignes

30.1.1. Kyste essentiel Ce kyste encore appelé kyste solitaire se caractérise par une cavité osseuse métaphysaire (à l'extrémité d'un os long comme l'humérus ou le fémur) le plus souvent rempli d'un liquide clair. C'est une tumeur bénigne mais responsable de fracture spontanée le plus souvent suite un traumatisme minime. La découverte de ce kyste est fortuite (lors d'une fracture par exemple). Dans les cas où ce kyste est proche du cartilage de croissance, cela peut être responsable de troubles de la croissance. La chirurgie consiste à injecter de la poudre d’os déminéralisée associée à de la moelle osseuse. Parfois, un enclouage centro-médullaire élastique sera réalisé en cas de fracture déplacée ou pour prévenir d’autres fractures. Les récidives sont fréquentes.

30.1.2. Ostéome osteoide Le sexe masculin est le plus souvent atteint, dans 80% des cas avant 30 ans. Les os longs sont le siège préférentiel, parfois les os du crâne sont touchés (l'os frontal), plus rarement le rachis). Le scaphoïde du carpe est également fréquemment en

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cause. Du point de vue anatomo-pathologique, le tissu ostéoïde au microscope est riche en ostéoblastes et ostéoclastes, au milieu d'un tissu conjonctif riche en fibroblastes. Une sclérose périphérique dense entoure la tumeur. La symptomatologie consiste en d’importantes douleurs et le traitement par l’acide acétylsalicylique a fait la preuve de son efficacité antalgique. La tumeur peut involuer spontanément mais après plusieurs années. Si la douleur n’est pas suffisamment contrôlée par l’acide acétylsalicylique, ou pour éviter la prise d’antiinflammatoires ou d’acide acétylsalicylique durant des années, ou pour éviter les douleurs et les réveils nocturnes, l’enfant peut être traité de manière chirurgicale ou par électrocoagulation percutanée sous contrôle CT. Après anesthésie générale, une aiguille guidée par scanner est introduite dans l'ostéome. Le bout de l'aiguille est alors chauffé à température suffisante (90°C) pour détruire la tumeur. Cette technique permet la destruction du "nidus" de la tumeur qui est remplacée par une ostéocondensation, confirmant la guérison de la tumeur. Rarement, un abord chirurgical devra être réalisé.

Anesthésie - anesthésie générale, pour l’électrocoagulation, avec l’équipe des postes

extérieurs - ML ou IOT si décubitus ventral - l’électrocoagulation est une procédure douloureuse, un bloc nerveux

périphérique en fonction de la localisation de la tumeur (innervation du périoste - sclérotome et pas de la peau - dermatome !) est une bonne méthode d’analgésie

30.1.3. Exostose – maladie exostosante L’exostose est une excroissance cartilagineuse et osseuse développée à la surface de la métaphyse d'un os d'ossification enchondrale aux dépens du cartilage de conjugaison, elle peut être solitaire ou multiple en cas maladie exostosante. Les exostoses se localisent à la surface des métaphyses fertiles des gros os longs : extrémité inférieure du fémur( 30%), extrémité supérieure du tibia (16%) et loin du coude : métaphyse humérale supérieure (16%). En général, on attend la fin de la croissance pour les enlever (pour éviter les récidives) sauf quand l’exostose est trop gênante. La maladie exostosante est une maladie osseuse d’origine génétique, caractérisée par la présence de plusieurs exostoses. Le traitement de la maladie exostosante consiste à enlever les exostoses très volumineuses ou qui entraînent des douleurs, des limitations articulaires, des compressions nerveuses ou vasculaires ou des déformations.

30.1.4. Kyste anévrysmal Les kystes anévrysmaux sont des lésions lytiques bénignes, parfois très agressives. Il s'agit d'une dystrophie osseuse, pseudo-tumorale, habituellement isolée, responsable d'une distension cavitaire unilacunaire ou plurilacunaire à contenu hématique. La genèse de cette lésion est inconnue, mais certains auteurs ont suggéré qu’elle pouvait éventuellement survenir à la suite de modifications hémodynamiques locales. Ils font leur apparition, dans la majorité des cas, entre 10 et 20 ans. Dans 2/3 des cas, le kyste anévrysmal est dit primitif et, dans le 1/3

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restant, il se développe sur une lésion préexistante qui peut elle-même être bénigne (dysplasie fibreuse, fibrome chondromyxoïde, chondroblastome, ostéoblastome, tumeur à cellules géantes) ou maligne, notamment l'ostéosarcome. Le traitement consiste en l’injection de matériel ostéo-formateur ou l'injection percutanée d'éthibloc, agent fibrosant et sclérosant. Le traitement chirurgical consiste en un curetage ou une exérèse en bloc péri-capsulaire, avec un complément par cryothérapie ou phénolisation en fonction des rapports vasculaires et nerveux, complétés par un remplacement par des adjuvants (ciment-céramique) ou des greffons osseux en un ou deux temps.

30.2. Tumeurs malignes

30.2.1. Ostéosarcome C’est surtout une maladie de l’enfant et l’adolescent, localisée principalement sur les métaphyses des grands os (extrémité inferieure du fémur, supérieure du tibia dans 60% des cas). Le plus souvent, l’ostéosarcome est primitif, mais il existe des rares cas d’ostéosarcomes radio-induits ou sur des lésions préexistantes. Les sarcomes osseux sont généralement classés en quatre degrés de malignité = degrés de Broders. Malheureusement, les ostéosarcomes sont toujours des degrés 3 ou 4. Le pronostic reste réservé, avec approximativement 70% de survie à 5 ans. Les évolutions fatales se font par le biais des métastases pulmonaires, de loin le plus fréquentes. Un patient est considéré comme guéri s’il est indemne de toute maladie à 5 ans.

30.2.2. Chondrosarcome C’est essentiellement une maladie de l’adulte au delà de 30 ans, localisée dans 50% des cas au tronc (bassin) et dans 50% des cas aux grands os des membres. 90% des chondrosarcomes sont primitifs, le reste se développe sur une lésion préexistante (exostose, chondrome). Les chondrosarcomes sont presque tous chimio- et radio-résistants, leur traitement est uniquement chirurgical. La guérison dépend de degré de différentiation de la tumeur : 90% pour le 1er degré, 30-50% pour les chondrosarcomes des degrés 3. Les métastases secondaires se trouvent surtout au niveau pulmonaire.

30.2.3. Sarcome d’Ewing C’est une maladie de l’enfant et jeune adulte. Il se retrouve partout sur le squelette, il n’y a pas de localisation préférentielle. Cliniquement, l ‘état général est altéré et localement on constate des signes inflammatoires (zone rouge, chaude, tendue) qui font penser plutôt à un abcès ou ostéomyélite. C’est la tumeur de l’os avec le plus mauvais pronostic. On ne guérit que 60-70% de l’Ewing chez l’enfant et seulement 40-50% chez l’adulte. Les métastases pulmonaires restent les plus fréquentes.

30.2.4. Anesthésie

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- habituellement, le schéma de traitement des tumeurs malignes (sauf le chondrosarcome qui est résistant à la radio et chimiothérapie) est le suivant : - biopsie (un bloc nerveux périphérique peut être nécessaire pendant le temps que la tumeur réponde à la chimiothérapie si la tumeur est douloureuse) - 3 ou 4 mois de chimiothérapie - résection – reconstruction chirurgicale (radiothérapie si c’est impossible, amputation si localisation périphérique de la tumeur). Parfois des prothèses massives ou des grandes allogreffes sont nécessaires. - analyse de la pièce opératoire, si les cellules cancéreuses semblent avoir été détruites par la chimiothérapie, le patient est classé bon ou mauvais répondeur - reprise des chimiothérapies pour 3 ou 4 mois, en changeant le protocole pour les mauvais répondeurs

- un bilan complet est nécessaire (est d’habitude présent dans le dossier) avant la chirurgie, Rx pour les métastases pulmonaires

- en fonction de la chimiothérapie reçue, l’état cardiaque doit être exploré (anthracyclines ?)

- biologie récente - la chirurgie est longue est d’habitude sanglante, un réserve de sang est

obligatoire - monitoring invasif de la TA et des bonnes voies d’accès intraveineux (+VC) - attention à l’installation et à l’hypothermie

31. Chirurgie réparatrice en situation précaire : les lambeaux

Contrairement aux greffes, qui sont des structures tissulaires dont la survie est liée à la revascularisation spontanée par la zone receveuse, les lambeaux sont des structures tissulaires d'emblée vivantes puisque par définition, ils conservent leur vascularisation par un pédicule. Ce pédicule est gardé définitivement ou temporairement en continuité́ avec la zone donneuse, ou est immédiatement anastomosé sur des vaisseaux proches de la zone receveuse. La greffe de peau peut être mince ou totale : • Une greffe de peau mince « prend » plus facilement sur un sous-sol de qualité moyenne mais elle se rétracte plus. Elle est donc mieux indiquée dans les pertes de substances importantes, à distance d’une articulation et quand le bourgeon est acceptable. • A l’opposé, une greffe de peau totale nécessite un bourgeon de bonne qualité

Points clés pour la chirurgie tumorale

o connaitre le schéma et le timing de la chimiothérapie et ses

conséquences sur la fonction cardiaque, rénale etc

o bonnes voies d’accès iv et monitoring adéquat de

l’hémodynamique

o réserve de sang

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mais elle ne se rétracte pas. Elle sera préférée pour couvrir des petites pertes de substances en péri articulaire. Selon la nature de la structure tissulaire transférée, on peut distinguer les lambeaux qui ne comportent pas de peau (lambeaux musculaires, aponévrotiques, épiploïques, intestinaux, etc), et ceux qui en comportent. La peau est un organe dont la structure histologique comporte trois couches principales : l'épiderme, le derme, et l'hypoderme. L'hypoderme est pauvrement vascularisé́, et n'est surtout qu'une voie de transit pour les vaisseaux. L'épiderme est totalement avasculaire. C'est le derme qui est la structure nourricière essentielle de la peau, dont il contient les vaisseaux sous forme de plexus plus ou moins denses dans son épaisseur et à sa face profonde. Les lambeaux:

Définition: Partie de peau ou de muscle séparé de son lieu d’origine, auquel il ne reste rattaché que par un pédicule vascularisé, utilisé pour combler les pertes de substances. Si le pédicule est sectionné, il s’agit d’un lambeau libre Classification des lambeaux 1. Les lambeaux cutanés simples (Random Pattern Flap)

C’est la couverture cutanée vascularisée la plus ancienne. Elle se base sur la seule vascularisation dermo- hypodermique. - Lambeau de translation : c’est le décollement large de la berge d’une plaie ou d’une perte de substance.

- Lambeau de rotation - Lambeau L L L : c’est une fermeture d’une perte de substance par l’échange par

deux lambeaux de rotation – translation. Il peut être utilisé pour les membres inférieurs - La plastie en Z : c’est un échange de deux lambeaux triangulaires de part et d’autre d’une cicatrice. Peut être utilisé pour le creux poplité. Les lambeaux cutanés simples ont peu d’indication pour la jambe et le pied. 2. Les lambeaux fascio-cutanés

Les transferts incluent l’aponévrose, respectant le plan aponévrose – tissu sous-cutané; permet une alimentation à la peau par le réseau aponévrotique. Ces lambeaux sont utilisés pour la jambe. Le lambeau fascio-cutané est une extension du lambeau cutané simple. - Les lambeaux artérialisés

Les lambeaux cutanés et fascio-cutanés comportent un axe vasculaire cutané bien défini et constant. L’intérêt est d’augmenter la longueur par rapport au pédicule. La peau peut être emportée en îlot sur le pédicule artério-veineux de drainage. Ex : le lambeau plantaire interne et le lambeau supra- malléolaire externe de Masquelet. 3. Les lambeaux myo-cutanés

Ce lambeau est basé sur le transfert d’un muscle muni d’une palette cutanée, en général en îlot ou en péninsule, autour d’un pédicule vasculaire musculaire suffisant pour assurer l’autonomie de l’ensemble. Inconvénients pour la jambe : le lambeau est trop épais et nécessite d’y associer une greffe du site receveur. Ex : le lambeau solaire et le grand dorsal. 4. Les transferts musculaires

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C’est un muscle prélevé seul, sans sa peau, qui est amené autour de son pédicule nourricier jusqu’à la zone de voisinage qu’il doit recouvrir. Cette zone recouverte devra être greffée en peau mince (recouvrement cutané) et doit comporter une fermeture par un lambeau cutanée. Tous les muscles ne sont pas utilisables de la même manière pour ces transferts ; cela dépend de leur axe vasculaire. Néanmoins certains lambeaux sont à privilégier car ils apportent des nutriments et des antibiotiques avec leur axes vasculaires. - Les lambeaux hétéro-jambiers Ils reposent sur les capacités de la cicatrisation cutanée, correspondent à un transfert de toute l’épaisseur cutanée et graisseux d’une jambe à l’autre pour recouvrir une perte de substance. 5. Les lambeaux libres

C’est un transfert à distance, avec section du pédicule et de son branchement artério-veineux à la zone réceptrice. Ex : le lambeau du grand dorsal. Le premier lambeau libre fut réalisé en 1965.

31.1. Anesthésie - les lambeaux libres sont des chirurgies de longue durée, avec un potentiel de saignement important, une commande de sang est indispensable - souvent une place aux soins intensifs est nécessaire, surtout pour le suivi rapproché du lambeau, même si l’état clinique du patient ne nécessite pas une surveillance patriculière - une bonne installation du patient avec la prévention de l’hypothermie est essentielle - monitoring invasif de la tension artérielle et des bonnes voies intraveineuses (2 VP ou VP+VC en fonction du capital veineux du patient, durée de la chirurgie, pathologie associée) - le maintien d’une bonne pression de perfusion est indispensable pour l’avenir du lambeau - l’acidose, l’hypoxémie, l’hypothermie, l’anémie, l’utilisation des vasoconstricteurs peuvent être létales pour la viabilité du lambeau - contrindication de l’acide tranexamique, le chirurgien peut même vous demander d’administrer de l’héparine ! - le saignement est parfois constant et à bas débit – le monitoring de la coagulation est souvent nécessaire pendant la chirurgie pour pouvoir corriger toute coagulopathie - attention au remplissage dans ce contexte de saignement à bas débit (sonde urinaire en place) ; un remplissage excessif est délétère par œdème du lambeau est l’anémie qui s’installe progressivement est délétère pour la bonne oxygénation du lambeau (ne pas attendre trop long temps avant de transfuser !) - la dose d’antibioprophylaxie doit être répétée toutes les 4 heures (1/2 de la première dose), la première dose doit etre administrée SEULEMENT après concertation avec le chirurgien ; très souvent il y a des prelevements biologique à faire AVANT l’administration d’antibiotique ! - l’usage de clonidine, kétamine est controversé. - un bloc locorégional peut permettre une vasodilatation importante, à discuter avec le superviseur et le chirurgien de l’indication (péri, cathé fémoral etc)

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Points clés pour la chirurgie reconstructrice par lambeau

o éviter toute acidose, hypoxémie, hypothermie, anémie, hypotension

o utilisation de vasoconstricteur/ acide tranéxamique à proscrire

o antibiotique à administrer APRES concertation avec le chirurgien

ANNEXE

1. La neurostimulation Vous utilisez un stimulateur Neuroplex 11 ou 12 qui présentent différentes fonctionnalités :

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Réglage de la fréquence : 1 ou 2 par sec ou hertz Largeur d’impulsion : il est intéressant de faire un premier repérage à 0.3 msec ; dès qu’on obtient une stimulation on revient à 0.1 msec. Intensité : au départ on va rechercher la réponse avec une intensité de 1,5 mA qu’on va réduire en s’approchant du nerf à 0.3-0,5. Attention, la stimulation persistante en dessous du 0,3 mA signifie une possible effraction intraneurale. Le neurostimulateur aide à la localisation des troncs nerveux moteurs et mixtes ; la cathode est reliée à l’aiguille (noir-négative-nerve-needle) et l’anode est relié à une électrode cutanée. Certains nerfs ne sont que sensitifs : nerf fémorocutané, nerf saphène, donc leur localisation est impossible avec la neurostimulation. Avant de réaliser un bloc il est important de connaître l’anatomie 3D de la région et les différentes réponses musculaires auxquelles on doit s’attendre. Voir par ex : www.alrf.asso.fr

2. Echographie

Si on veut employer l’échographie, il est utile d’en connaître les principes généraux. Pour pouvoir s’y retrouver, une connaissance claire de l’anatomie de la région explorée est aussi indispensable. On vous offre, sur demande, des DVD sur l’utilisation de l’échographie dans les techniques d’ALR. Voici quelques points pratiques qui pourront vous aider. 1. préparation de la sonde Un des risques de l’utilisation de la sonde d’écho est la transmission d’infection. On utilisera toujours un film protecteur (film alimentaire si non stérile ; housse stérile si nécessaire) 2. Vous avez intérêt à diminuer la lumière ambiante pour mieux voir les contrastes 3. vérification de la correspondance côté sonde et image Passer votre doigt sur la sonde pour vérifier de quel côté vous vous trouvez 4. appliquer la sonde en la tenant avec vos doigts sur la peau du patient pour éviter une pression trop forte : la pression fait disparaître les veines, les artères gardent leur diamètre même lors de la pression. Partez des structures que vous pouvez facilement reconnaître 5. 2 modes sont possibles Dans le plan : vous essayez de suivre l’aiguille dans tout son parcours Hors du plan : vous essayez de suivre le bout de l’aiguille (attention car risque d’aller plus loin que ce qui est parfois deviné sur l’écran. Profitez de tous les moments pour utiliser l’échographie (sur le fantôme ou votre propre écho-anatomie nerveuse).

3. Anesthésiques locaux

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Les doses maximales d’AL recommandées sont souvent contradictoires, voici les doses recommandées par …………..

Anesthésique local Solution pure (mg/kg) Solution adrénalinée(mg/kg)

Lidocaine 5 (ou 400mg) 10 (ou 700mg)

Mépivacaine 5-7 (ou 400mg) Non disponible

Bupivacaine 2 (ou 150mg) 3 (ou 200mg)

Lévobupivacaine 3 (ou 200mg) 4 (ou 250mg)

Ropivacaine 3 (ou 300mg) Non disponible

Les adjuvants utilisés le plus souvent avec la solution d’AL sont l’adrénaline et la clonidine) : Adrénaline - diminution de la résorption systémique (diminue le pic systémique, augmente la durée du bloc/analgésie) - effet analgésique propre (péri, rachi, caudale) - CI dans les régions avec vascularisation de type terminal: pénien, digital, infra-orbitaire, etc… - à éviter chez les patients diabétiques !! - en pratique 1/200000-1/400000 Clonidine - effet analgésique propre (réc α2A pré et post synaptiques tronc cérébral) - périphérique: bloc de conduction Aδ et C, vasoconstriction locale, augmente la durée du bloc - effet systémique par absorbtion - effet protecteur contre la toxicité neurologique des AL - en pratique 1-2γ/kg La toxicité systémique des AL survient après injection accidentelle intravasculaire (signes immédiates) ou après résorption importante après injection extravasculaire (signes retardés). Les symptômes de toxicité systémique des AL sont :

• Neurologiques

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– Signes subjectifs : picotements péribuccaux, céphalées, distorsions visuelles ou auditives

– Signes objectifs : perte de connaissance, coma , convulsions, arrêt respiratoire

• Cardiaques – troubles de la conduction auriculo-ventriculaire – troubles du rythme : tachycardie ventriculaire, fibrillation

ventriculaire – hypotension artérielle, collapsus – arrêt cardiaque

Traitement • Réanimation cardiorespiratoire = ABC • Traitement des convulsions (midazolam) • Atropine, Vasoconstricteurs • PAS de doses importantes d’adrénaline – l’adrénaline renforce le bloc induit

par l’AL • PAS d’amiodarone – effet additif avec l’AL • Cardioversion si fibrillation ventriculaire • Administration d’une émulsion lipidique 20% = Intralipides 20% (se trouve

sur le chariot d’urgences à la pharmacie centrale du bloc opératoire)

• Dose initiale 3-4ml/kg suivie par perfusion de 0,5ml/kg/min • Surveillance de l’hémodynamique et rythme du patient pour minimum 6

heures De point de vue pratique

1. Single shot

Pour les chirurgies qui sont réalisées sous bloc ou pour lesquelles un bloc perinerveux fait partie du plan d’anesthésie en plus d’une AG, les anesthésiques locaux utilisés sont le naropin 0,5% (5mg/ml) ou la scandicaine 1% (10mg/ml). On utilise habituellement un mélange de scandicaine 1% et de naropin 0,5% (1/2-1/2) (dans des seringues de 10 ml), avec adrénaline 2,5 γ/ml et clonidine 75 γ (1 γ/kg) dose totale pour le bloc. Attention aux contrindications de l’adrénaline.

2. Cathéter perinerveux

Le débit continu sur le cathéter perinerveux en période postopératoire est assuré avec du naropin 0,2% (2mg/ml). Les bolus peuvent être prévus tous les 30 ou 50 minutes, de manière à ne pas dépasser 10ml de naropin 0,2% par heure (0,2ml/kg/heure). Exemple : 5ml/heure en débit continu avec des bolus de 2,5ml possibles tous les 30 minutes.

4. Procédures d’ALR en orthopédie

Très important : Il faut toujours vérifier le matériel de réanimation (Ambu, masque facial, oxygène mural, laryngoscope, tube) avant chaque procédure

- Atropine®/ Adrénaline/ Ephédrine® - Dans certains cas, préparation de Midazolam®.

Toute personne aidant doit savoir reconnaitre un début d’injection IV des AL, les

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signes d’intoxication et la conduite à tenir en cas d’intoxication aigue (convulsion, troubles du rythme, arrêt cardiaque). Toute personne doit savoir où se trouve le kit contenant l’Intralipid® (à la Pharmacie centrale au bloc dans le chariot « KIT D’ANESTHESIE D’URGENCE ») en cas d’intoxication aigue ainsi que l’Adrénaline® (qui se dilue à 1/10 si nécessaire). 4.1. Rachianesthésie

LE MATÉRIEL : -set de péridurale -gants stériles -1 seringue de 5cc -1 seringue de 1cc (tuberculine) si Catapressan® ou 1 seringue de 2cc si Sufenta®, -2 aiguilles puiseuses -1 pansement « cutiplast » 7,2cm x 5cm -1 aiguille à rachis : soit 27 GA (grise) soit 25 GA (bleue)

L’ANESTHÉSIE LOCALE : -1 paquet de compresses 7,5cm x 7,5cm -1 seringue de 5cc de Linisol® 2% + 1 aiguille bleue -du désinfectant.

LES PRODUITS : -1 ampoule de Marcaïne Hyperbare® (stérile), - + du Catapressan® ou du Sufenta® ( ! ne pas mettre l’ampoule sur la table car non stérile).

LA PROCÉDURE RÉALISÉE AU LOCAL ALR PRÈS DU DISPATCHING : -accueil du patient et vérification de son identité, check list -installation sur le brancard, mise en place du monitoring : saturomètre, ECG, tensiomètre ; -mise en place de la voie veineuse périphérique, -installation du patient « assis «, prise des repères, désinfection, anesthésie locale -préparation de la table, prélèvement des produits anesthésiques (Marcaïne Hyperbare® et Catapressan® ou Sufenta®), -mise en place du champ d’angiographie, mise en place de l’aiguille de rachi, injection du produit, pansement -surveillance des paramètres du patient (TA), -test du niveau du bloc sensitif/ moteur -donner les antibiotiques 30 minutes avant l’entrée en salle ou 60 minutes avant le début de la chirurgie -transfert du patient vers la salle quand celle-ci donne le feu vert. Le patient est conduit en salle avec un monitoring de transfert (Saturomètre),-- en salle, il faut remettre le plus rapidement possible un monitoring de tension avant le transfert sur la table d’opération.

4.2. Les cathéters perinerveux

LE MATÉRIEL : -set de voie centrale (champ avec trou assez grand pour poser la sonde

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d’écho) -rallonge de pompe, - cathéter (en fonction du nerf à bloquer) -fixation « Lockit plus 18G », -pansement « IV 3000 » large -housse pour sonde d’échographie stérile -gel stérile pour sonde d’échographie,

L’ANESTHÉSIE LOCALE : -1 paquet de compresses 7,5cm x 7,5cm -1 seringue de 5cc de Linisol® 2% + 1 aiguille bleue -du désinfectant.

LES PRODUITS ANESTHÉSIQUES : -Scandicaïne® 1%, -Ropivacaïne® 0,5% (10cc/flapule), -Adrénaline®, -Catapressan®.

Pour la plupart des blocs, on utilise un mélange de Scandicaïne 1% et Ropivacaïne 0,5% (voir plus loin). Les produits sont mis dans des seringues de 10cc. LA PROCÉDURE :

-accueil du patient et vérification de son identité, -mise en place du monitoring : saturomètre, -mise en place de la voie veineuse périphérique, - installation du patient en fonction du bloc à réaliser (poplité : en décubitus ventral ou, le plus souvent, décubitus latéral avec la jambe à bloquer vers le haut) -la machine d’échographie est placée en face de l’anesthésiste, de l’autre côté du lit, -désinfection et anesthésie locale, lavage des mains, préparation de la table -mise en place du cathéter, nettoyage autour du cathéter, passer la zone à l’Ether, -fixer avec le « Lockit plus 18G », mettre le pansement -transfert du patient vers la salle d’opération.

4.3. Blocs single shot

LA PROCÉDURE : -accueil du patient et vérification de son identité, check list -mise en place du monitoring : saturomètre, -mise en place de la voie veineuse périphérique, -installation du patient en fonction du bloc à réaliser, -repérage du nerf à l’échographie, désinfection, anesthésie locale, purger

l’aiguille « Stimuplex® » -réalisation du bloc -transfert du patient vers la salle. Important.-avant d’injecter le produit anesthésique, il faut toujours aspirer et de même tous les 5cc. -Il faut toujours désinfecter la sonde d’échographie après usage avec une lingette. LE BLOC POPLITÉ.

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Matériel-1 aiguille « Stimuplex® » 21G-100 mm. Installation du patient.-Décubitus ventral si possible, si pas alors décubitus latéral du côté opposé à la jambe opérée. Installation de l’Anesthésiste.-l’anesthésiste se place du côté de la jambe où il va piquer le bloc,-la machine d’échographie est placée en face de l’anesthésiste, de l’autre côté du lit. LE BLOC FÉMORAL. Matériel-1 aiguille « Stimuplex® » 22G-50 mm. Installation du patient-Décubitus dorsal Installation-l’anesthésiste se place du côté du bassin du patient où il va piquer le bloc, la machine d’échographie est placée en face de l’anesthésiste, de l’autre côté du lit. LE BLOC AXILLAIRE. Matériel-1 aiguille « Stimuplex® » 22G-50mm. Installation du patient. -Décubitus dorsal avec le bras faisant un angle de 90° avec le thorax et l’avant-bras aussi à 90° vers le haut du corps (vers la tête du patient) si la position est confortable pour celui-ci. Installation de l’anesthésiste- il s’ « assie », du côté où il va piquer le bloc-la machine d’échographie est placée à la tête du patient et du côté du bras à « bloquer ». LE BLOC INTERSCALÉNIQUE. Matériel-1 aiguille « Stimuplex® » 21G-50 mm Installation du patient-Décubitus latéral du côté opposé. Installation de l’anesthésiste-il se place du côté du où il va piquer le bloc, la machine d’échographie est placée en face de l’anesthésiste, de l’autre côté du lit.

5. VAC Le traitement par VAC (Vaccum Assisted Closure) ou P.N.T. (Pression Négative Topique) est devenu un puissant outil non pharmacologique capable de remanier le monde de la cicatrisation des plaies par les forces physiques. La P.N.T. ou système VAC consiste à appliquer une pression négative sur une plaie fermée au moyen d’un interface en mousse réticulée. L’effet de dépression et des forces mécaniques engendrées à l’interface mousse-plaie, entraînent différentes modifications dans la plaie influençant positivement le processus de cicatrisation.

6. Les systèmes de réchauffage : 6.1. Bair Hugger

Le système de réchauffage Bair Hugger est à utiliser en orthopédie seulement avec les matelas adéquats et pas sur des moletons. La mise en route de la soufflerie se fait seulement une fois les champs chirurgicaux montés pour ne pas amener des particules « volantes » dans le champ opératoire. 6.2. Matelas sandwich (hot dog)

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C’est un système de réchauffage qui utilise le principe des résistances électriques. Deux couvertures réchauffent le patient : une posée sur la table, l’autre posée sur le patient (temp max 42°) = hot dog. Il se trouve en salle 12 et a l’avantage de ne pas créer des mouvements d’air. Quand positionné sur le patient, il faut s’assurer qu’il n’y a pas de contact direct entre la peau du patient et le matelas. Un nettoyage avec un désinfectant de surface est à prévoir entre chaque utilisation. 6.3. Le réchauffeur de liquide

Des nouveaux réchauffeurs de liquides sont disponibles dans tout le bloc opératoire. Leur utilisation est simple et efficace. A prévoir à chaque fois qu’une transfusion ou une chirurgie de très longue durée sont prévues.

7. Récupérateur de sang En orthopédie on utilise le même récupérateur de sang que les autres secteurs du bloc opératoire (digestive, cardiaque). Les récupérateurs de sang se trouvent dans le secteur cardiaque, déjà prêts à l’emploi par la grâce des perfusionistes. Il faut suivre les pas très simples expliqués sur la note explicative attachée à chaque machine. Des formations concernant l’utilisation de ces machines sont prévues régulièrement. Des feuilles de tarification se trouvent dans une pochette sur le coté de la machine (juste étiquette du patient et nom du médecin prescripteur à remplir), c’est important de faire la tarification à chaque patient pour lequel on utilise la machine.

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