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  • BIBLIOTHQUEDE L^COLE

    DES HAUTES TUDESPUBLIEE SOUS LES AUSPICES

    DU MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE

    SCIEiNCES PHILOLOGIQUES ET HISTORIQUES

    CENT-HLilTIME FASCICULE

    ESSAI SUR l'histoire DE l'aUGUSTALIT DANS L'eMPIRE ROMAIN

    PAR FLIX MOURLOT

    '^^q*

    PARISLIBRAIRIE EMILE BOUILLON, DITEUR

    67, RUE DE RICHELIEU, AU PKEMIEK

    1895

  • AS

  • ESSAISUR

    L'HISTOIRE DE L AUGUSTALITDANS L'EMPIRE ROMAIN

  • CHALON-SUR-SANE, IMPRl MERIE FRANAISE ET ORIENTALEDE L. MARCEAU

  • ESSAISUR

    L'HISTOIRE DE L'AIOUSTALITDANS L'EMPIRE ROMAIN

    PAR

    ANCIEN Ll'iVE DK I.'lCOLli PRATIQUE DES HAUl'KS TUDESAGRG u'niSTOIUE

    PROFESSEUR AU LYCE DE VALENCIENNES

    PARISLBHAIIvME, EMILE BOUILLON. P^DITEUR

    67, RUE DE RICHELIEU, AU PREMIER

    1895

  • Sur la proposition de M. Antoine Hron de Villefosse, direc-teur d'tudes pour l'pigraphie latine et les antiquits romaines,et de MM. Chtelain et L. Duchesne, commissaires respon-sables, le prsent mmoire a valu M. Flix Mouhlot le titred^lce diplm de la section d'histoire et de philologie deVcole pratique des Hautes tudes.

    Pari

  • ESSAI

    %

    SUR

    L'HISTOIRE DE L'AUGUSTALITDANS L'EMPIHE ROMAIN

    CHAPITRE PREMIER

    BIBLIOGRAPHIE

    Les tmoignages laisss par les crivains de l'antiquit romainesnr la forme particulire du culte imprial que nous appelonsVAuguMalit et sur la classe sociale laquelle ce culte donnanaissance sont trs rares et peu explicites. Si l'on trouve chezles historiens, chez les potes contemporains d'Auguste de fr-quentes allusions au culte dont l'Empereur fut l'objel, il est im-possible d'en prciser la poi'te et de distinguer celles (|ui visentl'Augustalit proproniont dite. Nulle mention d'elle non plus, soitdans les extraits des jurisconsultes que h; Digeste nous a conservs,soit dans les Constitutions impriales insres aux Codes Tho-dosien et de Justinien.Un chapitre de roman dont l'auteur prsum, Ptrone, vivait au

    I^" sicle de l're chrtienne \ quelques lignes de deux scoliastesde trs basse poque % voil les seuls renseignements crits quel'antiquit nous ait lgus sur les Auf/ustalps ; en(;ore prt(Mit-ilsflanc la critique. Ni les monuuKMits fie la littrature ancienne,

    1. Ptrone, Satyriron, c. 30.i. Acron et Porpbyrion commentant mi vers IHorace, Satiref^. Il,

    m, 281.

    MouRLOT, LAuQUfilalit. 1

  • 2 HISTOIRE DE L'AUGUSTALITE

    ni ceux de la jurisprudence et du droit ne nous eussent fait con-natre toute une catgorie de personnes intressantes cependant,parce qu'elles ont form pendant plus de trois sicles une partienettement caractrise de la population de l'Empire, et qu'elles ontjou un rle important dans l'histoire sociale et conomique dumonde romain occidental.

    Seule, l'tude des monuments pigraphiques a permis d'tablir,avec vraisemblance, le caractre de l'institution augustale.

    L'abondance des inscriptions recueillies prsent en de trsnombreux endroits de l'Occident latin autorise une assez srieuseinformation sur l'origine de la classe des Augafitale^, sur son orga-nisation, la condition sociale de ses membres, leurs charges etleurs privilges particuliers, en un mot, sur un recoin trs intres-

    sant de l'histoire de la vie municipale romaine.Les inscriptions sont la source presque unique de notre travail.

    Nous avons utilis les volumes actuellement publis du CorpusInscriptionam Latinarum, dit par l'Acadmie de Berlin, ainsique les additamenta de cette publication qui ont dj paru.

    Pour les rgions dont les inscriptions n'ont pas encore t pu-

    blies au Corpus, nous avons consult, soit le recueil d'Orelli-

    Henzen, soit les recueils provinciaux. Tels, pour les Gaules et les

    Germanies, les recueils suivants :De Boissieu. Inscriptions antiques de Lyon. 1846-1854.Allmer et DissARD. Inscriptions antiques du muse de Lyon.

    4 vol. 1888 1892.Allmer et Terrebasse. Inscriptions antiques et du moyen ge

    de Vienne. 4 vol. 1875-187G.C. JuLLiAN. Inscriptions romaines de Bordeaux. 2 vol. 1887-

    1890.

    MoMMSEN. Inscriptiones Confederationis Helcetic. 1854.Brambach. Corpus Inscriptionam Rlienanarutn. 18G7, etc.Les bulletins priodiques relatifs i\ l'pigraphie et l'archologie

    romaine, comme les Comptes rendus de V Acadmie des inscrip-tions et belles-tettres, la Revue archologique (reue de l'anne

    pigrap/iique, par M. Ren Gagnt), VEpliemei'is epigrap/tica,elc., etc., nous ont galement fourni les textes dont la rcente

    dcouverte n'a point encore permis l'insertion au Corpus.

    Tous ces monuments pigra])hiques supplent nu silence des

    crivains. Ce sont pour la plupart des inscriptions tombales, que

    les Augustalrs font rdiger de leur vivant ou que leurs amis ou

    leurs airranchis leur consacrent aprs leur mort. On rencontreaussi des mentions dCAugustales faisant la ddicace d'une statue,

  • DANS L'EMPIRE ROMAIN '^

    d'un temple, ou levant un difice d'utilit publique (thermes, por-

    tique, etc.). Ces inscriptions ont en soi une valeur indiscutable : ce

    sont des documents originaux, qui nous mettent en contact directavec l'esprit de la civilisation romaine. A cet gard ils l'emportentsur les tmoignages des crivains. Mais cette supriorit est com-pense par plusieurs dsavantages, et souvent la critique ne tire desmonuments pigitiphiques que des renseignements insuffisants.

    Et d'abord, les inscriptions romaines sont, de leur nature, trsbrves : le lapicide, luttant avec des matriaux plus ou moins durs,bronze ou pierre, s'attache tre le plus concis possible. De l des

    abrviations fort nombreuses, des sigles dtermins qui peuventoffrir matire diffrentes lectures, partant engendrer les contro-verses et l'incerlitude.

    Une seconde difficult nat du peu de varit des inscriptionsrelatives notre sujet : presque toujours reviennent les mmes for-mules, d'une monotonie dsesprante. Seoir, augasialis, serir et \augastalis, seoir idem augiistalis, voil les seules indications que '

    la plupart des documents gravs nous fournissent. Si nous ne pos-sdions un certain nombre de textes fort intressants, qui formentminorit, toute tude sur l'Augustalit serait impossible.Une troisime cause d'embarras rside dans la pnurie de

    donnes chronologiques fournies par les inscriptions. Sur millesept cent soixante-quinze textes recueillis, quarante seulement

    nous indiquent la date laquelle ils furent gravs. On n'a passouvent l'occasion de rapproclier une inscription augustale d'une

    autre inscription date, et d'obtenir ainsi une donne chronologiquefixe. Ces bonnes fortunes n'arrivent qu'aux titres relatifs degrands personnages, honors sur plusieurs points de l'Empireromain. Quant aux Aurjustales, ce sont de petites gens, et il estbien rare que leur renomme dc'passe rcnccinte de leur municipe.Il n'est donc point possible de dater une inscription en utilisant lenom ou le fait historique d'ordre infrieur que cette inscription

    relate. On comprend, dans de telles conditions, avec quellerserve il convient d'tudier h dveloppement historique del'institution.

    Cette triple cause d'incertitude, laconisme, monotonie, excessiveraret des dates, explique : 1" le nombre des travaux crits sur laquestion ; 2 les interprtations contradictoires qui ont t succes-sivement proposes ; 3o l'tat encore obscur o ces travaux accu-muls ont laiss le sujet.

    Avant le milieu du XIX sicle, la question de l'Augustalitavait dj proccup quelques rudits :

  • 4 HISTOIRE DE L'AUGUSTALITE

    Le cardinal Noris. Cenotaphia Pisana. 1681.MoRCELLi. De Stilo inscriptiomun latinarum, Rome, 1780, t. I,

    p. 17 sqcj. (Onze articles de l'auteur sur la matire.)Marini. Lettera al Signor Guaitani sopr^a un antica ara, 1786.

    Dans le Museo Pio Clementino de Visconti, t. IV, p. 93.Orelli. Sylloge Inscriptionum Latinarum,lS2S, t. II, p. 197 sqq.Toutefois il faut attendre l'anne 1844 pour voir paratre le pre-

    mier travail srieusement inform et utile ; ds lors les tudes sur

    ce point se succdent pendant quatre annes. En voici la rapidelistel

    Egger. Examen critique des historiens du rgne et de la vied'Auguste, appendice II. Les Augustales, p. 357-411. Paris,

    1844, in-8o.

    ZuMPT. De Augustalibus et Seviris Augustalihus, commentatioepigraphica. Berlin, 1846,in-4o. (Rfutation de la thorie d'Egger.)

    Egger. Nouvelles Observations sur les Augustales. Dans la

    Revue archologique, III^ anne (1847), p. 635 sqq., p. 774 sqq.(Il affirme nouveau sa thse contre Zumpt.)Marquardt. Ueher die Augustalen. Dans la Zeitschrift filr

    Altertlaunswissenschaft, 1847, nos 63-65. (Il passe en revue les

    deux opinions et se range celle d'Egger.)Henzen. Ueher die Augustalen. Mme revue. 1848, n^^ 25,

    27, 37, 40. (Il apporte des documents nouveaux et des vues nou

    velles.)

    La question sommeille ensuite pendant trente ans ; la publication

    du Corpus Inscriptionum Latinarum la ranime. En 1878 paratl'tude de J. Schmidt, De Seviris Augustalibus, Halle, 1878. (Voir

    les recensions de Marquardt, Jenaer Literaturzeitung , 1878,

    p. 133 sqcj. et surtout de Hirschfeld, Zeitschrift fur osterreichische

    Gymnasien, 1878, p. 289-296. (Cet article a t traduit par Allmer,

    Bulletin pigraphique de la Gaule, t. I, p. 282 sqq.)

    Depuis 1878 de nouveaux recueils d'inscriptions ont t publis,

    et deux lves de Schmidt ont trait certains points particuliers

    du sujet dans deux thses de l'Universit de Giessen, intitules:l'une, celle de C. Nessling, De Seviris Augustalibus, Gicssan,1891, 51 p. ; l'autre, celle do L. Schneider, De Seviruni Augus-talium Muneribus et Condicione publica, Giessen, 1891, 64 p.

    Tels sont les ouvrages, mmoires et articles consacrs sjiciale-ment au culte et la classe des Augustales. 11 nous reste mimrerrapidement les historiens qui ont indirectement efileur noire sujet,

    1. Voir nu clmpilic siiiv;iiil l*o\-po> do rc^s (]iv(T=:o'> Jhoric?.

  • DANS L'EMPIRE ROMAIN 5

    en crivant soit l'histoire des provinces occidentales de l'Empire

    romain, soit celle du rgime municipal, soit celle de la religion ou

    des murs romaines.

    HlSTOmE PROVINCIALE

    Herzog. Galti Narbonensis His^oria. Leipzig, 1870.

    E. Desjardins. Histoire de la Gaule romaine, 4 vol. Paris,1878-1893.

    HISTOIRE DU RGIME MUNICIPAL

    RoTH. De Re manicipali Romanorum. Stuttgart, 1801.MoMMSEN. Ahhandlungen der schsischen Gesellschaft der

    Wissenschaften, t. III, 1855, p. 363 507.

    ZuMPT. Stadia romana. Berlin, 1859.HouDOY. Le Droit municipal romain. Paris, 1875.Naudet. La Noblesse chez les Romains. Paris, 1863.KuHN. Die stdtische und bilrr/erliche Verfassung des romi-

    schen Reichs. Leipzig, 1864-1865.

    DuRUY. Le Rgime municipal dans l'Empire romain. (Revuehistorique j 1876, t. I.)

    FusTEL DE CouLANGES. Histoirc dcs institutions politiques deCancienne France, t. I, 2 d. Paris, 1877.

    Klippfel. Le Rgime municipal gallo-romain. Paris, 1890.

    HISTOIRE RELIGIEUSE

    MoMMSEN. De Collegiis et Sodaliciis Romanorum. Kiel, 1853.G. BoissiER. La Religion romaine d'Auguste aux Antonins.

    2 vol. in-8. Paris, 1874.

    BcHNER. De Neocoriis. Giessen, 1888.P. GuiRAUD. Les assembles provinciales sons l^Empire romain.

    Paris, 1890.

    E. Beurlier. Essai sur le culte rendu aux empereurs romains.Paris, 1891.

    Et une foule d'articles entre lesquels nous signalerons :

    E. Desjardins. Le Culte des Divi et le Culte de Rome etd'Auguste. (Revue de philologie, III, 1879, p. 33 sqq.)

    V. DuRUY. Formation d'une religion o/ficielle dans l'Empireromain. (Acadmie des sciences morales et politiques. Comptesrendus, XIV, 1880, p. 328 sqq.)

  • 6 HISTOIRE DE I/AUGUSTALlE

    Lebgue. L'Inscription de Para Narbonensis. {Revue archol.^1882, nouvelle srie, t. XLIII, pp. 76 86. 176 184.)Dessau. De Sodalibus et Flaminibus Augustalibus. (Ephenieris

    epigr., III, p. 205-217.)Marqua RDT. De Provinciarani Romanaram Conciliis et Sacer-

    dotibus. (Ephemeris epigr., I, p. 200-214.)riiRSCHFELD. / Sacerdozi municipali nelC A/rica (Annali delV

    Instituto di corrispondenza archeologica. 1866, p. 22-77.)ScHMiDT. Statut einer Municipalcurie in Africa. {Rheinisches

    Musum, 1890, p. 598 sqq.)

    HISTOIRE DES MURS ROMAINES

    Friedlaender. Histoire des murs romaines d^Auguste auxAntonins. Traduction Vogel, 4 vol. 1865-74.

    H. Lemonnier. tude historique sur la condition prive desaffranchis dans CEmpire romain. Paris, 1887.

  • DANS L'EMPIRE ROMAIN

    CHAPITRE II

    EXPOS DES HIVER ?;F.S THORIES RELATIVES A l'aUGUSTALIT

    Dans une foule de municipes de l'Empire romain (Italie et pro-vinces occidentales), les textes pigraphiques nous rvlent, auxtrois premiers sicles de l're chrtienne, l'existence d'une classesociale, frquemment appele ordo, classe intermdiaire entreYo'do deciirionum et la plebs. Les membres qui composent cetteclasse sont diversement appels selon les rgions scciri, aur/ns-tales, seriri et aug iista les ; toutetois, l'identit de leur conditionsociale, des charges qu'ils subissent, des honneurs dont ils jouis-sent nous engage ne point accorder trop d'importance cettevarit de dnominations, et nous autorise croire que nous noustrouvons en prsence d'une institution commune tout l'Occidentlatin. C'est celte institution qu'on appelle Aitgustalit.

    Tous les historiens qui ont trait de l'Augustalit s'accordent,sauf un, la regarder comme ne d'une manifestation religieusequi s'est produite dans tout l'Empire, mais qui a eu dans lesprovinces occidentales des consquences particulires ; ils la con-sidrent comme issue du culte nouveau dcern Auguste, ladivinit impriale \ Mais on ne trouve plus cette majorit de

    1. Seul, Moiuinseu est d'un avis ditrrent. 11 prtend que l'Augustalitn'a aucun rapport avec le culte d'Auguste, que c'est une institution pure-ment politique et sociale, ayant pour but, d'une part, de rendre certainshonneurs accessibles la population airanchie de l'Empire, de plus en plusnombreuse et riche, d'autre part, de faire contribuer aux dpenses gnralescette classe ainsi rehausse en dignit. Nous citons les passages caract-ristiques : Der Zec!,- cler tjanscn Einrir/Uunf/ ar, tcil.t den Frcigelassencneinflusslosc E/trenstellen zu (lncn. telh siic zu clcn h'osten dcr \cncalttinydurch, die siimma honoraria und dcrgl. /leranzazic/icn^ narh allcdern sinda/.so die Sei'iri nic/it ctiva Prirstcr, sondcrn Matjislratc, wcnnylcir/i Ma(jis-trateohne ci(jentlicli mayii

  • 8 histoire; de laugustalit

    suffrages quand il s'agit de prciser les origines immdiates del'institution. Les uns veulent les rattacher une institution muni-cipale de Rome; les autres croient qu'il n'est pas ncessaire dallerchercher un modle dans la capitale de l'Empire, et que l'Augus-talit est ne et s'est dveloppe spontanment et librement dans lesmunicipes italiens et provinciaux '. Les divergences de vues s'ac-centuent encore davantage si l'on entre dans le dtail. Ainsi lespartisans de la premire thorie se divisent sur la question desavoir quelle forme urbaine du culte imprial a pu servir de type l'Augustalit. Sont-ce les macjistri vicorum, les sodales aiigus-tales ou les cultores domus dimn? Les trois opinions trouvent desdfenseurs ^ Veut-on tre fix sur le sens particulier qu'il convientde donner aux diverses dnominations du culte augustal, sur larelation tablir entre les termes seviri et aar/astales, mme fluc-tuation d'opinions, mme incertitude. Le nombre d'hypothsesqu'a souleves la question de l'Augustalit semble l'avoir rendueplus complexe et plus obscure encore. Aussi nous semble-t-il indis-pensable, au seuil de cette tude, d'abord d'exposer les diverses

    thories mises sur le sujet, ensuite d'carter rsolument du dbatles hypothses dplaces qui embarrassent et garent les recherches.

    Cette partie de notre travail, toute ngative, aura cependant un

    rsultat positif : elle indiquera le terrain sur lequel il faut se placer

    pour tudier la question.

    Egger est le premier auteur qui ait dispos d'une source assezabondante d'informations pour pouvoir utilement aborder ce sujet'.A son avis, VAugustalii drive de la magistrature municipale etreligieuse des Vicomagistri de Rome, institus par Auguste. ARome existaient, sous la Rpublique, des collcgia compitalicia,composs d'esclaves qui, certains jours de l'anne, sacrifiaient auxLares dans les carrefours \ Supprims plusieurs fois au cours du

    Zcitunr/, 1877. p. 74 .sqq., cit par Nessling, p. 4. Cf. Staatsrcr/it. 111,

    p. 452 s^q. 11 tait d'un autre avis lorsqu'il crivait en 1843 : Ordo Aucjus-taliam ortus cidctur ex collorjilx in. honorem Awjasti Instltatis. De Col-li'f/iis et Sodnliriis Roman., p. 88.

    1. Parmi les premiers, l'igger, Zuinpt, Marquardt, Schmidl ; parmi l(^sseconds, Hirschfeld.

    2. Eggcr et Schmidt penchent pour les iv'rorna(jistri, Zumpt pour lessodald!^ aug., Marquardt pour les cultores domus dlcin. V. infra.

    3. Egger. Eamcn critique des historiens du rgne et de la cie d'Auguste,appendice II. Les Augustales, p. 3.57-411. Paris, 1844, in-8". Nourellrs Obscr-rations sur les Augustales. (Reue archologique, troisime anne (1847),p. 635 sqq., p. 774 sqq.)

    4. Voir au chapitre suivant des dtails sur le culte des Lares et son dve-7oppemcnt pendant la priode impriale.

  • DANS L'EMPIRE ROMAIN 9

    premior sicle avant Jsus-Christ, comme fauteurs de troubles, ces

    collges durent cder le culte des Lara^ compilalea aux magintri

    des divers r/c/, l'poque d'une doubler rforme religieuse et muni-cipale accomplie par Auguste (an 74G-747 de Rome = 8-7 avantJ.-C). Par l'effet de cette rforme, les quarteniers [vicomaQistri],placs la tte des circonscriptions administratives (cici) rorgani-

    ses, devinrent les seuls desservants du culte des Lares compitales,auxquels on adjoignit le Genius A tigusti : ils furent ainsi la foismagistrats municipaux subalternes et prtres des Lares Augustes.

    Cette institution, qui rpandait dans le petit peuple de Rome leculte de l'ide impriale, se propagea rapidement (;n Italie et dansles provinces, sous l'il du pouvoir central'; les mar/istri rirommdes municipes, l'imitation de buirs collgues de Rome, furentaussi magistrats et prtres. Ils s'appelrent successivement mayis-tri lariim augustoram, magistri laram aufjuslaliam, niagistrilarum auQUStales, magistri angastales, et (Uifin plus simplementaugustales-. Le nombre de ces prtres annuels tait au dbut dequatre ; mais on le trouve plus frquemment de six, d'o leur nomde seviriaagustalcs '. Chose toute naturelle dans les villes de pro-vince, les augustales furent mis par leurs fonctions plus en vuedans leurs municipes que les vicomagistri Rome. Aussi, tandisque ceux-ci, ne s'tant jamais distingus de la plbe o on lesrecrutait, n'eurent pas d'histoire, les quarteniers prtres de l'Italie

    et des provinces, appels diffremment selon les endroits seriri ouaugustales, s'levrent dans la hirarchie sociale. A leur sortie decharge, ou ils devinrent dcurions, ou, sous le nom de sevirales,d^augustalicii, plus souvent de ^eviri, 'augustales, ils formrententre le dcurionat et la plbe un ordre de plus en plus nombreux,

    1. Egger semble mme .siippo.S(M' un dii de lerapcreur imposant aux villesd'Italie le culte des dieux Lares, v. Ecamen critique, p. 'Mb. Dans unarticle postrieur, il se dclare obIii,' de renoncer faule de documents cetteide d'un cdit itn/nTiat. Mais il deraeun^ convaincu que rinquicte sollici-tude du gouvernement d'Auguste a p qui lit adopter lo nombre six. V. Examen rrit.,p. H86.

  • 10 HISTOIRE DE L'AUGUSTALITE

    une sorte de chevalerie municipale'. Presque tous taient desaffranchis, enrichis par l'industrie ou le commerce ; en retour decertaines prrogatives qui flattaient leur vanit de parvenus^ ilssubirent d'assez lourdes charges, et par leurs dpenses contri-burent la prosprit du rgime municipal dans l'Empire romainaux trois premiers sicles de l're chrtienne.ZuMPT ' ne partage l'avis d'Egger ni sur la date d'apparition de

    l'Augustalit, ni sur l'institution urbaine qui a pu lui servir demodle. Il prtend que l'Augustalit a pris naissance, non pas sousle principat d'Auguste, mais aprs sa mort\ Elle drive non pointdel magistrature municipale et religieuse des vicomagistri, maisdu grand collge des Sodales augastales, que Tibre recruta parmiles membres de la famille impriale et les premiers personnages del'Ktat pour le consacrer au culte de la gens Julia *. Les dcurionsdans leurs municipes jourent le mme rle que le Snat Rome;ils institurent, l'imitation de la puissante corporation romaine,des collges &'Augastales aprs en avoir demand l'autorisation auSnat ou au prince ^ Nulle loi gnrale ne cra ces collges,nul dit imprial n'imposa le culte d'Auguste, ce fut le rsultatd'un mouvement spontan, de dcisions librement prises par les

    1. Examen crit., p. 383. Dans les municipes, l'Augustalit est une che-valerie rgulirement constitue et recrute parmi les classes infrieures. Cf. p. 395 o l'auteur se demande si, l'exemple des chevaliers qui sedivisaient en deux classes : cquitcs eqiio nublico et quits censu, l'ordre desaugustales ne serait pas divis en deux fractions, les Juniores et les seniores ?

    'Z. Zumpt, De SecLrls et Seciris augustalibus. Commentatio epigraphica.Berolini, 1846, in-4.

    3. Zumpt, p. 20. Quo primiim tempore Augustales fines Urbis egressiper Italiani et per procinclas pi-opagarl cpti sunt, incertum est, sed ipsotainen Tiberio, qui, Roin in^titucrat, iinperantc in oppidis Itali ince-niuniur. Le premier texte qui en fasse mention est, dit-il, le dcret descentumviri de V^ies, de l'an 26 aprs Jsus-Christ (780 de Rome).

    4. Zumpt, p. 12 ^;qq. : n Qu erra eorum [Augustalium] origo Jucrit, incc-niendum est. Aperit eain Taeitus. Ann.. I, 54. idem annus novas cairimo-nias accepit. addito sodalium Aui;!:ustalium sacerdotio, etc. Cf. p. 16. Quornodo igilur hinc proj'erti sunt ilLi Augustales ? Ea rationc quaomnino rnunici/)ia ronstituta sunt, ut. qu Rom essent, cetera oppidaimitancio exprimrent.

    5. Zumpt, p. 19-20 : nApparct in quacumque urbe .\ugustalcs eoirc cel-lent, opus fuisse per.uliari ceL senatus cet principis auctoritate. Quis autempctebat Jiane auetoritatem ? A quo prqfieiseebatur omnis lia'c Augustaliuminstitutio ? Romaf cidimus sociales Augustales institutos esse scnatuscon-sulto, primosque lectos esso a senatu ex primoribus cicitatis ; quare sieamdem oppidorum reliquorum rationcm esse nportet, ut oportet, decu-riones pctcbant ut Augustales sibi instituere licerct, etc.

  • DANS L'EMPIRE ROMAIN 11

    Snats municipaux. Voil pourquoi les Augustales de provincediffrent, par leur nombre et par leur condition sociale, de leursconfrres romains, voil pourquoi ils no nous paraissent pointorganiss partout d'une manire uniforme. Seriri ^i A ugnatales

    ,

    ajoute Zumpt, sont deux termes qu'il faut bien se garder de con-fondre, comme l'a fait Egger : le dernier dsigne l'ensemble desmembres du collge, prtres vie ^ ; le premier, ses fonction-naires', annuellement renouvels % et lus par leurs collgues*.En rsume, dans tout l'Occident romain, les .iuf/ustalps se pr-sentent nous sous la forme de collges ayant leur tte desseviri ; si certaines rgions, comme la Gaule Xarbonnaise, ne ren-ferment que des serin' aitf/ns(a/es, et pas un seul nuf/nstalis pro-

    prement dit, la raison en est simple : les membres du collge sup-portaient les charges du svirat pendant la premire anne quisuivait leur rception, et en gardaient le titre perptuitsHenzen ^ dont Marquardt' adopte l'opinion croit avec Zumpt

    que les sodales Augusalefi ont servi de modle, Rome, descollges de cidtores Aifr/nsti, dans les municipes, des collgesd^Augustales ; l'institution en est spontane et postrieure Auguste. Ces deux points tablis, il prend une position indpen-

    1. Zumpt, p. 31, prtend que le titre iVAufjustalis tait perptuel etajoute : i< Ubictirifjun Icfji ridcbitur aufjustalis iterani. cel tcrtiutn , aut/mus aut error suberit. C'est user d'une mthode hypercriliquo et sup-primer les difficults au lieu de les rsoudre.

    2. Zumpt, p. 56 : n Kodeni tcni/)orc quo ipsi AuQUstalcs, instituti suntseciri, eorunt j)ro'sides.

    3. Zumpt, p. QS : aNon dubium cssc dbet, rjuin honos .-^eciratus antiuusfucrlt.

    4. Zumpt, p. 58 : A quo n-eali sint Vf rir-i misqurirn commemorarioidco. Ratio ipsa seeiratus..., et Klniilitudo sorirum, qui turniis cquitumromanoruni prerant, postulat ut rrcari consuererant ab Augustalibus.

    5. Znmi)t, p. 73. : Ut in ricitatibus Galii Narboncnsis non nieniiniincrnturn ossc a me quemquani Aufjustaleni, at seciri augustales cnnimc-morantur plarinii . Quid itjitur f Num in Iiis aliisque cipitatibus, ubi .-ririAufjustales modo commemorantur, nullos eistimabimus fuisse Amjus-tales, scrirosquc solos sacra dicorum Aur/ustorum curasse f Nofl arbitrorhoc equideni. Etenim Augustales conjicio munus suum aus/ticatos esse ascciratu, quem postquam f/csscrunt, fueulint nv. Augusiales, nomink8EVIR1 Augustales.

    6. Ueber die Aujustalcn. (Zeitschri/t fiir Altcrthumsu'isscnschaft, 1848,n 25, 27, 37,40.)

    7. Marquardt qui, dans une srie d'articles sur les Auj^ustalcs [Zcitschri/tjdr Alterthumstcis., 1847, n"" 63-05), avait pris parti pour Kgj^or contreZumpt, s'est rapproch de l;i thorie d'Henzen dans son flandbuch derrmisch. Antiq.

  • 12 HISTOIRE DE L'AUGUSTALITE

    dante, et, muni de documents nouveaux, cherche appliquer unemthode nouvelle. Il s'attache dmontrer que le rapport tablirentre les termes seoiri et augustales a vari et qu'il faut distinguer

    selon les lieux et selon les poques '. Dans certaines rgions, Italiedu Sud, par exemple, il y a des collges d'Augustales, o les Sevirin'existent pas et semblent tre remplacs par des quinquennales,qastores, etc. ; en d'autres endroits, Italie du Nord, Gaule Nar-bonnaise, Espagne, les augustales sont d'anciens seciri prorogspuis perptus dans leurs fonctions ; il existe enfin une troisimezone, intermdiaire, Italie centrale, Helvtie, Germanie, Dacie, os'tablit comme un rgime mixte, et o les seoiri sont les magis-trats lus par le collge des augustales-.

    ScHMiDT^ dans un ouvrage trs important et trs suggestif,passe en revue les prcdentes thories. 11 rfute celle de Zumptet d'Henzen sur l'origine de TAugustalit : 1" en dmontrant quele culte rendu par les affranchis la divinit impriale n'a pu semodeler sur l'minent sacerdoce des optimates urbains et qu'ila eu un objet tout diffrent'* ; 2" en prouvant que l'Augustalit estcontemporaine du premier empereur '. Il insinue ensuite que cetteforme particulire du culte imprial pourrait bien n'avoir pas deprototype Rome, mais tre une manifestation purement provin-ciale. Auguste, dit-il, ayant dfendu qu'on lui rendt les honneursdivins dans Rome alors qu'il le permettait au dehors, rien d'ton-nant qu'en cette circonstance les municipes aient prvenu la capi-

    1. Henzen, l. c, p. 200: (.< Dicsrs nls ursprngllch corausgesetztc Verhlt-niss konntc sich nnn aber an cerscliicdencn Orteil uiid sa rcrsc/edenenZeiten andcrs enticickclti. Es ist cln Grundfe/ilcr aller Untersuchunr/en,welche bis jetzt bcr die Augustalen gefhrt sind, dass dieser wichtigePunki dabci cllig aus dcn Atigen gelassen ist.

    2. Henzen, L c, p. 213 : u Das einsig sichere Rsultat unserer Untersu-cJiung bleibt, dass die bis Jetzt angenonirnene Einfrmigkeit der Augustal-organisationcn ditrchaus ungegrndet ist, rielme/ir sicischen Ohcr- undUntcritalien ein sehr bcstimmter Gegensats in ihncn sich erkcnnen lsst,whrend Mittelitalicn gleichsam und Vermittelung beider Arten seigt, diehier dor/i anstreitig die ursprilnglirhe (var.

    .S. Schmidt, De Secii-is Augustalibas. Halis Saxonum, 1878, in-8, setrouve dans les Dissertationes philologic Halcnscs. Vol. V, premire partie.

    4. Schmidt, p. 122-12:>. Il s'appuie, pour montrer la difrrcnce des deuxinstitutions, sur l'norme diffrence de condition sociale des sndales et desseoiri. De plus, les sodales n'honorent que les empereurs morts et divi-niss ; le culte des Augustales est rendu aux em])ercurs vivants. Les pre-miers forment un collge nouveau pour chaque nouvelle gens d'empereurs ;un mme collge d'Augustales, au contraire, peut joindre au culte d'Au-guste celui de tous les empereurs qui lui ont succd.

    5. Schmidt. p. 123.

  • DANS L'EMPIRE ROMAIN 13

    tale\ Mais abandonnant aussitt cette ide, Schraidt revient la thorie d'Egger, il rattache les augustales aux vicomagif^tride Rome et voit dans la rapide propagation de cette institu-tion une preuve de l'intervention gouvernementale-. Sur le sensqu'il faut donner aux termes fieuiri et anguntales, Schmidtest galement en dsaccord avec Zumpt et Ilenzen : selon lui,l'Augustalit est partout drive d'un collge de six prtresANNUELS APPELS ICI Scvlri , LA Auf/ufitales , deux mots dsi-gnant une seule et mme choses Reprenant, avec plus de pr-cision et de dveloppement, la thse d'Egger, il montre comment,dans le premier cas, les seoiri prorogs sont devenus seoiri iterum,puis seviri perpetui, ou ce qui est la mme chose, sevivi et aiir/us-tales, seviri eidem augustales S* comment, dans le second cas, lesaugustales prorogs se sont appels aiigustales iterum, puis augas-tales perpetui''. On a dii trs vite confondre deux expressionsindistinctement employes dans la pratique: dans le mme muni-;cipe, un lapicide gravait sur les monuments tantt ordo augusta-liam, tantt ordo seoirum. La confusion a augment mesure quel'histoire romaine reculait davantage dans le temps, et que l'ondevenait de plus en plus tranger la vie romaine. C'est ce quiexplique l'tat obscur o la question est demeure jusqu' nosjours : Schmidt a voulu 1 eclaircir en nous la prsentant avec plusd'unit.

    C'est prcisment contre ce dsir immodr de clart que s'lveIIiRSciiFELD, dans un article critique o les points essentiels dusujet sont magistralement traits ^ Hirschfeld reproche Schraidt,

    1. Schmidt, p. 124 : Qnnmris pcrmalta infftitutn urhana in suis ciriia-tibus Diunicipcs rnrc ejipi'imerciit, tainrn in liac rr. J'ariic. fieri jtotuit, utipsi Urbem prcurrcrpnt. Eteniin cuin in Urlto Auijustus honore propriodioino pcrtinacissinie ahstinrrrt, rontra in rnunicipiis nuniini suo k/us ettemjda dedirat-i et sarrrdotes institui non inrtus /lassfts est.

    2. Schmidt, p. 125.

  • 14 HISTOIRE DE LAUGUSTALITE

    tout en r(;ndant justice au mrite considrable de son uvre, d'avoirtrop gnralis, d'avoir simplifi l'excs une question en ralit

    plus complexe. Il regarde comme insuffisamment critique un pro-cd qui consiste ne tenir aucun compte des diffrences de tempsou de lieu, qui, tout en les constatant, s'efforce aussitt de les

    attnuer, presque de les supprimer. La mthode inverse devraittre suivie, et l'on devrait mettre en relief ces diffrences, lors-

    qu'elles sont saisissables : elles seules nous aideraient recons-

    tituer la gense d'une institution dans un Empire o l'on n'avaitque trop do tendances tout ramener l'uniformit \ Hirschfeldblme galement Schmidt et ses prdcesseurs, parce qu'ils s'obs-tinent chercher Rome une institution qui ait pu servir de modleau culte des atiguslales. Il est aussi naturel de supposer que ce

    culte, essentiellement italique et provincial, a ses racines dans

    l'Italie et dans les provinces, qu'il s'est librement dvelopp sansse calquer sur aucun type urbain ; la diversit des formes qu'on lui

    voit revtir au dbut en semble un garant. On doit donc rejeter uneproccupation de cette nature, et laisser hors de discussion une

    question insoluble, inutile et propre seulement garer les

    recherches *.

    Nessling '^ s'attache prouver que les augustales ont presquepartout form un ordo distinct de la plbe ^ ordo qui n'a pointd'affinit avec l'ordre questre de Rome. La raison suffisante

    de cette distinction est dans le culte que les augustales rendent

    aux empereurs : partout ils ont t des cultores domus divi-

    1. Zcitsc/ir. /. st. G////1/1., p. 2i)0:0'm don IVachweiss da/ur sa /hren,hat Schmidt es sich angele

  • DANS L'EMPIRE ROMAIN 15

    n\ Aprs avoir cherch dmontrer que le premier empereur n'ad ni instituer ni mme encourager l'Augustalil, aprs avoir mon-tr les formes diverses de son dveloppement % Nessling termineen exposant en peu de mots son opinion sur l'origine de cette insti-tution'. Il croit que dans l'Italie et les provinces, les petites gensont ador le Lare d'Auguste avant qu'on l'associt dans Rome auxLares compitales. Ce culte tout priv des mar/istri larum aucjus-talium a d se transformer en cult(i public (Nessling ne nous ditni pourquoi ni comment s'est accomplie cette volution) et donnernaissance Vordo auguntaliani *.

    L. Schneider enfin, qui avec Nessling s'est le plus rcemmentoccup des aufjuHtales '% a divis son travail en trois parties. Dansla premire, il compare l'ordre des auf/iistales l'ordre questre.Ce ne fut point, dit-il une cration d'Auguste : on n'avait le desseinprcon(;u ni d'imiter l'ordre des chevaliers dans les municipes nide donner rang public aux affranchis que leur condition excluaitde la gestion relle des affaires. Ce fut un rsultat amen par ledveloppement spontan de la religion impriale dans la plberomaine. Dans la deuxime partie, Schneider passe en revue lesdiverses charges des seviri , dans la dernire, qui est vraimentneuve et originale, il tudie leur condition publique et montre enquoi ils diffrent des autres associations des nmnicipes.

    Telles sont exposes dans leur ensemble les diverses thoriesmises sur l'Augustalit ; les opinions, comme on l'a pu voir, sonttrs partages, et la controverse surgit chaque pas. C'est donc

    1. Nessling, p. 18 : Maxime autcm rente initio ex imperatoriim cttltueutii Augustalibus honoi'ein af/luxisse/)utanduni est. Cf. p. 32 : A utjustalesuhicunqup, si non noinine. et ta/nen re/uisse cultorcs dnnius dicin.

    2. Nessling, p. 48 : .Quarujafirn autem sut niulta obscurci sunt, tamen liasduas res concdes altet-ain /)riinitiis ex i/isius Auyustl ronsilio ac rationeUoc institutuni ccl /totius luuc instituta non Jluxisse, altcrain eu intei- senimis dioersa esse (juain qtut^ ah unius e ceni/di iinitatione%'ej>etantur.

    3. Il ne voir pas dans l'Augustalit une institution unique, mais un en-semble d'institutions municipales, ainsi que rindiijuo la note prcdenten hc instituta y).

    4. Nessling, p. bO : aCoffitun sa/n' />otest Aui/usti lareni /anu/iu colif(r/ituni esse, cuni /i/incejis... usque eo inscreiret. ut lurem suuni publieruni /lublieis ron.'unrtuni rn/i siurrct. I lAgiii: i;ii.\.M Augustalium sacuaPAIJI.A'IIM DiMUM I \ l'KIVAlIS IN l'UlU.ICA (OMMinAlA KSSK CKKnnililt IM . Nessling est oblig pour admettre cette lli-se de listingucr les ma'fistrilarum au/. et les magistri augustalcs parce que ceux-ci apparaissent commeprtres officiels avant l'institution des [.ares Auyusti. V. ce sujet notrechap. m.

    5. De Sepif um augustalium Muneribus et Condicione publica.Gissx, 1S91.

  • 16 HISTOIRE DE L'AUGUSTALIT

    avec la plus grande circonspection qu'il faut aborder un pareilsujet, lorsqu'on voit des rudits clairs comme Schmidt etHirschfeld impuissants rsoudre les difficults dont il est rempli,lorsqu'on voit iMarquardt et Mommsen soutenir suc3essivementdeux thses diffrentes.

    Toutefois, avant de se faire une opinion par l'tude directe desnombreux documents pigraphiques relatifs l'Augustalit, il y aprofit rapprocher ces systmes opposs, et nettement indiquer, l'aide de cette comparaison, quelles hypothses il convient dsmaintenant d'abandonner :

    1" L'Augustalit n'est point une institution postrieure la mortd'Auguste. Les textes authentiques cits par Schmidt et Hirschfeldtablissent certainement le contraire \

    2o Le collge des sodales augustales de Rome n'a point servi demodle aux augustales municipaux. De nombreuses raisons le fai-saient supposer, mais c^est un corollaire ncessaire de la dmons-tration prcdente, puisque les sodales datent de Tibre.

    3" Les vicomagistvi de Rome n'ont point t un type sur lequell'Augustalit ait pu se calquer. Egger et Schmidt, pour dfendrecette opinion, sont obligs d'admettre qu'avant de devenir augus-

    tales, les imitateurs des quarteniers urbains ont d franchir plu-sieurs tapes et s'appeler magistri larum augustales, puis magistriaugustales. Cette transition supposerait un certain laps de temps :

    or, on rencontre de ces magistri augustales avant l'anne 746 deRome (8 avant J.-C), date laquelle l'institution des vicomagistvifut dfinitivement tablie et susceptible d'tre propose pour modleaux autres cits ^

    4" H y a une trop grande diversit dans la constitution primitivedes augustales, autant qu'on la peut saisir actuellement, pour

    qu'on veuille les rattacher un typ( urbain quelconque. Le fait

    d'apparatre ici en collges de six membres, l en groupes beaucoupplus nombreux, de former une association spciale dans tel endroit,d'tre lis au culte d'une divinit locale dans tel autre, prouve une

    naissance et un dveloppement spontans. Pour la mme raison,

    1. l'Uudes cites supra. V. ces textes au chap. iv.

    a. V, infra, au chap. m. Comme cette confusion des mayistri au-gustales et des aKjustalcs a t gnralement faite, et consquemmentcelle de deux cultes diffrcMits. celui des Lares Aucfusti et celui de la divinitimpriale, nous nous croyons obligs de consacrer un long dveloppement l'bistoire du culte des Lares, et d'en suivre l'volution sous l'Empire. Cetexpos nous aidera mieux saisir les diffrences qui le sparent du cultedesservi jjur les A(iyust(il

  • DANS L'EMPIRE ROMAIN 17

    on ne peut gure songer une intervention directe du gouverne-ment imprial dans l'institution de ce culte. Les nombreuses diff-rences d'organisation reconnues impliquent une certaine libertd'initiative.

    5 Il y a tmrit affirmer que partout l'ordre des aufjuMalesdrive d'un collge annuel de six membres ; il est galement im-possible de prtendre que partout les augusialcfi prcdent chrono-logiquement les seviri et que ceux-ci sont les magistri du collge.

    Il est donc oiseux dsormais d'essayer de ramener une rgleuniforme l'organisation du culte augustal. Ce qu'il faut faire, c'ests'attacher surtout aux diffrences saisissables dans celte organisa-tion, et essayer d'en prciser les causes et la porte.

    Nous nous proposons dtudier successivement sous l'influencede quels sentiments est ne l'Augustalit, pourquoi elle s'est pro-page dans certaines rgions et pas dans d'autres, sous quellesformes diverses elle s'est dveloppe selon les endroits, quels ontt ses rapports avec les autres cultes locaux, comment enfin cetteextension d'un culte a pu donner naissance une classe nouvelledans l'Empire.Dans une seconde partie nous montrerons ce que fut cette classe,

    presque partout appele ordo augustalium, quelles furent lescharges, quels furent les privilges de ses membres, quelle placeils occuprent et quel rle ils jourent dans l'histoire sociale etconomique de l'Empire romain.Nous terminerons en recherchant quelle poque disparut l'Au-

    gustalit et quelles raisons peuvent expliquer cette disparition.

  • 18 HISTOIRE DE L'AUGUSTALITE

    CHAPITRE III

    QUELLE PLACE FAUT-IL ASSIGNER A l'aUGUSTALIT PARMI LES FORMESDIVERSES DU CULTE IMPERIAL?

    L'Augustalit est une des formes de l'apothose impriale; elleen est la plus populaire. L'Empereur, qui symbolisait on sa per-sonne l'unit des provinces disparates du monde romain, qui taitdevenu le dtenteur de l'Imperium dans toute sa plnitude, avaitajout son omnipotence en prenant le caractre divin. Empereur,il tait redout et obi; dieu, il tait aim. Cette religion imprialen'eut pas besoin d'tre impose; au lendemain des guerres civilesqui avaient si longtemps mis aux prises les deux parties du monderomain, il y eut une explosion de reconnaissance pour l'hommequi venait de fermer les portes du temple de Janus, pour le rgimequi promettait la scurit et les bienfaits de la paix romaine. Leprincipat d'Auguste fut accueilli avec une joie profonde par toutesles populations soumises la domination de Rome; partout elless'associrent dans un sincre lan d'amour pour adorer l'Empiredans la personne de celui qui l'avait fond et qui l'incarnait. Ainsi,au moment mme o dans un recoin ignor de l'Orient romainnaissait une religion destine, aprs une croissance de trois sicles, assurer le triomphe du monothisme sur les ruines du poly-thisme, il en naissait en Occident une autre dont l'extensiondevait tre plus rapide, et qui allait, pendant ces trois sicles,essayer de fondre en un culte unique les cultes rendus aux milliersde divinits peuplant le sol de l'Etat romain.

    Celte n^ligion impriale se dveloppa du vivant mme dAugusteet aprs sa mort; elle eut ses adeptes dans toutes les provinces del'Empire conmie dans toutes les classes de la socit romaine, cequi explique la diversit des formes qu'elle revtit \Un Romain du IV

  • DANS L'EMPIRE ROMAIN 19

    uti Deo Romae provinciisrjue omnibus per urbes celebcrrmasvivo mortaoqi ternpla, sacerdotes et collerjia sacravere\ Quolssont ces prtres et quels sont ces collges consacrs au culte

    d'Auguste?Il convient de placer au premier rang le sacerdoce des Sodales

    Augustalcs-. Tibre l'avait institu au lendemain de la mortd'Auguste'. C'tait une confrrie officielle, compose de 21 mem-bres pris intnr prunoves CLcitaiis;4 membres de la famille imp-riale y avaient t adjoints*. Cette sodalit n'tait point chargedu culte personnel d'Auguste, mais du culte gentilice des Jidii :elle s'tait substitue par fiction la gens Julia, et entretenait sonculte Bovillae, lieu originaire de cette gens, et Rome^Le collge des sodales tait grandement honor : il avait le pri-

    vilge de figurer dans les crmonies religieuses avec les quatregrands collges sacerdotaux ; ses membres avaient des placesrserves au thtre et s'asseyaient sur des siges curules''. Un telsacerdoce n'tait accessible qu'aux plus hauts personnages del'Empire; et ceux qui on le confrait avaient soin de mentionnerleur titre de Sodalis Augustalis an tte de leur cursus honorumsur le mme rang que le consulat".

    1. Aurel. Vicl., De Caesarlbus, c. 1.2. Je laisse de ct le culte des Diol, confi Siux flamins. Voir Beurlier,

    p. 76 sqq. Je n'insisterai point non plus sur les sodales. ni sur les prtresprovinciaux elles prtres municipaux d'Auguste. Il sulfit de dcrire dansleurs grandes lignes ces formes officielles du culte imprial, avec lesquellesAugustalit n'offre point d'analogie; il vaut mieux par contre rserver un

    plus ample dveloppement au culte populaire de l'Empereur, qui otTi-e avecnotre institution des points intressants de comparaison.

    3. Tacite, Ann., I, 54. Cf. Dessau, De Sodalibiis et FLannnilnis aaijusta-libus [Eithern. epifir., III, p. ;i05-;:il7) ; Beurlier, oiic. cit.

    4. Chaque place du collge s'appelait une dcurie : Le nombre des dcu-rics, de t.^;') au dbut, s'accrut plus tard jusc^u' 28; mais ce chiffre ne futJamais dpass. La nomination des sodales tait i)robablemenl i^artageentre le Snat et le prince. Voir Beurlier, p. 83.

    L'ara (jentisJuliae in Capitolio a t retrouve. Voir C /. /.. ,X1V, )L*lur>.G. Tacite, Ann., II, 83 : v. Sries curules Awjastaiititn lori.^, saperque cas

    querceaa coronae statucrcntur. Beurlier, p. 8.7. Cf. la fameuse inscription de Burbuleius , Miniurnes, C. I. L., X, 6006:

    L. Durbuleio. L. f. Quir. Optato Lif/ariano cos. social, aug. lerj . im-fivrat. pro pr. pror. Syriao. in qiio honore dcccssit, etc.. et le cursusd'Hadrien avant son lvation l'Empire, C.I.L., III, 550 : P. Aelio P. f.Sorfj. Hadriano cos. VII ciro epulonuni sodali au/ustali leg. firopr. itnp.Nercae Trajani Caesaris Auy. Gennanici Dacici Pannoniac inforioris, etc. Une inscription de Blra, C. I. L., X\. 3336, nous fait saisir quelle distancespaiait un sodalis des augustales municipaux : Neroni Caesari Germunici.

  • 20 HISTOIRE DE L'AUGUSTALITE

    Malgr la considration et les honneurs dont jouirent ceux quile desservaient, ce culte semble n'avoir point eu d'importancepolitique : un autre culte, rpandu dans les provinces, servitdavantage l'Empire. Ce fut celui de Rome et d'Auguste, cultetout politique, inspir par le besoin d'imprimer dans l'esprit dessujets de Rome un respect religieux pour le chef de l'tat^ .La divinit d'Auguste, associe celle de Rome, fut adore au

    chef-lieu de chaque province'. Elle eut pour prtres des sacer-dotesou des Jamiries Romae et Augusti, lus parmi les personnageshonors des municipes (apud suos ointiibus honoribus functi)^.Autour de l'autel de Rome et d'Auguste se grouprent des conciliaprovinciaux, cration de toutes pices en Occident, transformationen Orient d'anciennes confdrations nationales. A leurs attribu-tions religieuses, ces concilia ajoutrent bientt la discussion desintrts gnraux de la province. [Ces assembles] rcompensrentpar des inscriptions honorifiques et des statues les gouverneurs quipar leur sage administration, avaient bien mrit d'elles. Ellesusrent aussi des droits que leur confrait la Lex Repetandarumpour accuser ceux d'entre eux qui avaient mal us de la puissance.Elles se firent interprtes des cits et des particuliers pour prsenterau prince des ptitions de tout genre*. En un mot, ce furent desassembles mi-religieuses, mi-politiques, sorte de reprsentationprovinciale jouissant d'un droit d'adresse l'Empereur et servantd'intermdiaire naturel entre la province et le gouvernement". Lesacerdos ouflamen provinciae, le prtre fdral, tait un puissantpersonnage. Pendant Texercice de ses fonctions sacerdotales, ilpouvait influer sur les dcisions de l'assemble *; sa sortie de

    /. 77. Augusti n. diiil Augusiti pron. Jlam. augastaii sodali augustaliQ. Nocanius Q. l. Saloius C. Cultnilius C. l. Tiisrus L. Fulcius L. l.Docinius L. Fariuf^ L. l. Rectus L. Popillius L. l. Apollonius L. FurisL. l. GeinelUis Vf cir(L) august{ales).

    1. E. Desjardins, Reo. de philolog., 1879, p. 40.2. P. (iiiiraud, Assembles pror-inciules soas l'Empire romain. Cf.

    J. Marquai'dt, De procinciariim romanarum Conciliis et Sacerdoiihus[Ephem. epigr., I, p. 200-214). et Beiirlier. oun. cite, p. 90 sqq.

    'A. En Narboniiaise, C./. L.. XII, H275: en Tarracoiinaise. II. 11^9, 4191,4195, etc. Cf. Beuliier, p. 139 sqq.

    4. Beurlier, ouo. cit, p. 118. Cf. Guiraud, Asscmbl. proi\, p. 103-216.5. P. Guiraud, Assembl. proo.. p. 154-216.6. Tel Titus Sennius Solemnis, qui l'assemble des trois provinces de

    Ja Gaule leva en 238 un monument dans le pays des Viducasses, dont iltait originaire. C'est le marbre de Vieux, improprement appel do Thorigny.Le texte, en partie illisible, a donn matire des controverses et des

  • DANS L'EMPIRE ROMAIN 21

    charge, on le comblait de privilges et d'honneurs, auxquels laflaminicfi^ son pouse, tait associe ^

    Au-dessous du culte provincial de l'Kmpereur, nous trouvons sonculte municipal" (onfi des flamines^ diversement appels, selonl'objet prcis de leur adoration, y?ame/? Romae et Aiujasti, flainenAugusti

    ,jlamen divi Aufjusti^, souvent aussi, dans les municipes

    d'Afrique, flameii perptuas''. Le flaminat municipal est un trsgrand honneur; il est rserv aux personnages les plus importantsdes municipes '. Tous les flamines sont d'anciens dcurions; laplupart d'entre eux ont t magistrats, soit duumvirijare dicundo,soit duumriri ou f/uattuorci/-i quinquennales^ ; ils ont, en un mot,gr toutes les charges de leur cit' et le flaminat est le couronne-ment de leur carrire municipale. Un grand nombre de richesplbiens, aprs avoir desservi le culte municipal de l'Empereur,

    inlcrprtatioiis trs hypothtiques. Solemnisy est toutefois nomm sacerdos;il tait galement yf^f/ca? arcae ferrariariun Lyon.

    1. Voir la Le.v concilii proirinciae Narbon.,^thxque de bronze trouve en

    fvrier 1888 Narboune, publie par Hron de Villefosse, Bull, crit., 1888,p. 13, et au C./.L., XII, n" 6038. Le Jlamina lis continue faire partie duconrilium, conserve le jus sententiao dicendae et le jus sifjriandi ; l'as-semble, aux spectacles, il occupe une place d'honneur au premier rang,suhsellio primo; on lui dresse une statue dans l'enceinte du temple; lafliiminica est associe au sacerdoce, porte une robe blanche ou pourpre; ellene peut toucher un cadavre; sa personne a quelque chose de sacr. VoirMispoulet, Bull, crit., 1888, p. 189, 257; et Guiraud, Comptes rendus Acad.sciences mor. et poL, 1888, p. 256.

    2. Dessau, oao. cit (Eph. epigr., III, p. 205-217), et Herbst, De Sacerdo-tiis Romanorum municipalibus, Halle, 1883.

    3. Beurlier (p. 172) distingue trois catgories de flamines municipaux :1 les flamines rguliers, chargs du culte officiel de l'Empereur; 2" les fla-mines desservant le culte qu'une cit, par une dvotion spciale, rend telempereur vivant ; 3" les flamines des Empereurs diviniss, soit de tous, soitd'un seul.

    4. Hirschfeld, I Sacerdozi municipali neW A/rica, dans les Annali delVInstituto di corr. arc/i.,1866, p. 28-77.

    5. Ils eu sont mme souvent les patrons. Tel Cme : L. Calpurnius L.f.Ouf. Fabatu8...Jlam. dioi Augustin patr. munie, C. I. L., V, 5267. Cf. III,296 : Cn. Dottio Dotti Marullini f. Serg. Planciano patr. col., Jlani.,II ciro qq... etc. Remarquer l'ordre dcroissant des dignits et le ranglev qu'y occupe le flaminat.

    6. C. /. L., II, 1941 : L. Fabio Gai. CaenanoII oir. flamini perpctuo... Cf.V, 4368 : P. Clodio P.f. Fab. Surae q.Jtamini dioi Trajani pontif. II cir..quinq..., et V, 5126 : C. Cornelio C. f. Vot. Miniciano praef. coh. prim.Damasc. trib. mil. leg. III. aug. praef. fabr. curatori rei p. Otesinorumun ciro i. d. pontifici flamini dici Claudi Bergomi patrono flamini dioiTrajani Mediolani.7. Beurlier, Le, p. 178. Voir C.I.L., V, 2162, VIII, 908, IX, 1160, etc.

  • 22 HISTOIRE DE L'AUGUSTALITE

    sont levs la dignit de chevaliers \ Les membres de l'ordrequestre, de l'ordre snatorial mme ne rougissent pas d'treprtres municipaux d'Auguste. Un C. Minicius Italus, aprs avoirrempli une carrire questre des plus brillantes, aprs avoir t

    l'un des plus grands fonctionnaires de l'Empire, revient dans saville natale tre flamine du divin Claude'. Pline le Jeune, consul,ami de l'empereur Trajan, est flamine Corne, sa patrie'. En r-sum, la prtrise municipale d'Auguste est le suprme degr dedistinction et d'honneur auquel les dcurions puissent convier unpersonnage illustre de la cit.

    Ces divers sacerdoces, urbain, provincial, municipal, taient

    desservis par l'aristocratie de Rome, des provinces et des muni-cipes ; ils formaient comme l'apanage des hautes classes de lasocit romaine. Mais la plbe de l'Empire, toute la masse despetites gens, des affranchis, des esclaves, voulut, elle aussi, adorer

    Auguste, et de ce fait il y avait deux raisons. Auguste avaitrtabli la paix, disparue du monde depuis longtemps : la paix taitla seule garantie de la scurit commerciale, de la prospritagricole et industrielle. Or qui ce nouvel tat de choses pouvait-ilprofiter plus qu' ces dernires classes de la socit, qu' ces gensentre les mains desquels taient le commerce, l'industrie, lesmtiers serviles ? Rien d'tonnant par consquent qu'ils rendissentun culte au rgime imprial qui tait la source et le garant de leurpropre fortune. De plus, les nombreux affranchis qui peu-plaient l'Empire y voyaient un moyen de se relever de la dgra-

    1. C. I. L., Iir, 650 : P. Cornclius Asper Atiarius Montanus equo publicohonof'atus item ofnntncntls decurlonatas et IIoiralLCLis, ponti/e, Jlamendiol ClaucU. P/iillppis. Cf. V, 7021 : P. Corc/lo P.f. Stell. Vetfiano, eq. R.eq. p.Jlamini diol Vespasiani, pontific.i. et VIII, 8318 : C. Jiilius Cfe^-cens Dldius Crescentianus equo publico ah imp. cornaiuf^ fl. pp. IIIIcol. Cirt. et Cuic. pont. omniOdsq. honoribus in V r.oloniis functus, etc.

    2. CI. L., V, 875 : C. Minicius Italus avait t quattuoroir Jure dicundodans sa cit, praafectus cohortes quintae Gallorum equitatae., praefectuscohoriis primac Breucorum equltatac ciciutn Romanorum, praefectus 'ohor-iis secundae Varc. equitatae, tribunus militum lerjionis VI oictricis, prae-fectus alac I singularium cicium Romanorum, donis donatus a dico Ves-pasiano corona aurca, hasta pura, procurator procinciae Hellesponti,procurator procinciae Asiac, procurator prorinciarum Lufjdunensis etAquitanicae item Lactorae, praefectus annonao et praefectus AcQifpti. Leflamiiiat de Claude est le dernier de ses titres que mentionne l'inscription-

    3. C.Plinio, L.f. Ouf. Cacc(ilio) Secundo, cos. augur. cur. alcei Tib. etrp. et cloac. urb. praef. aer. Sat. prcuf. aer. mil... (pr. trib. pleb.).q. imp.seoir, eq. r. tr. mil. leg. III. Gall. X. ciro stl. jud. flam. dioi. T. Aug.tude sur Pline le Jeune par Morarnsen, trad. Morel, Appendice A, p. 84

  • DANS L'EMPIRE ROMAIN 23

    dation attache leur origine et leur condition. Quand ilsparvenaient acqurir des richesses, ils brlaient du dsir sinondjouer un rle effectif dans les affaires de leur province ou deleur municipc, du moins d'tre entours de considration et decrdit. (( Malheureusement pour eux, les lois des rpubliquesanciennes, mme des plus librales, ne leur taient pas favorables;elles avaient t faites presque partout sous des influences aristo-

    cratiques, elles cartaient des dignits publiques tous ceux qui

    avaient t dshonors par l'esclavage \ Svrement exclus desplus humbles fonctions municipales, les affranchis durent chercherailleurs le moyen de satisfaire leur vanit. La religion imprialeleur en offrit prcisment l'occasion ; aussi les vit-on partout treles fervents adeptes de ce culte nouveau. Ils n'exprimrent pourtantpoint partout leurs sentiments d'adoration d'une manire uniforme,ici le dieu imprial tait associ d'anciennes divii^its locales ; l,

    il tait l'objet d'un culte spcial. Tantt ils se grouprent spontan-ment en associations plus ou moins nombreuses ; tantt le gouver-nement central intervint au dbut, sinon pour imposer la religionnouvelle aux plbiens, tout au moins pour en encourager le dve-loppement et en rgler l'organisation. En quoi consista cette inter-vention? Sous quelles formes se produisit elle ? Dans quelleslimites se renferma-t-elle? Autant de questions difficiles rsoudre.Le fait important constater, c'est la part que les classes inf-

    rieures de l'Empire prirent au culte d'Auguste et les consquencespolitiques et sociales qui en rsultrent.

    Un des cultes les plus populaires de l'Italie, un des plus ancienne-ment rpandus tait celui des dieux Lares '. Ils taient les dieuxtutlaires du foyer domestique et de la bourgade^. Chaque maisonhonorait son Lar familiaris qui elle confiait le soin de sa pros-

    1. Boissier, La Religion romaine d'Auguste aux Antonins, t. I, p. 164.!

  • 24 HISTOIRE DE L'AUGUSTALIT

    prit et de son bonheur ' ; chaque village, chaque quartier de villeavait ses Lares publici ; leurs petits temples (aediculae, sacella) sedressaient dans les carrefours (compia). A la campagne, quand lamoisson tait termine, les paysans venaient y apporter leurs jougsbriss et les prmices de leurs rcoltes '.Chaque anne, on clbraitdes ftes en l'honneur des Lares compitalicii; c'tait vers le milieu

    de l'hiver, aprs les saturnales, et sans doute dans les premiersjours de janvier ^ En ces jours, le petit peuple se reposait et s'amu-sait, il assistait aux ladi compitalicii, la fte foraine organisepour la circonstance : il prtait une oreille avide aux lazzis des

    baladins, et acclamait le vainqueur dans les combats d'athltes*.De grands personnages ne ddaignaient pas de se mler cesrjouissances populaires ; Cicron crit Atticus qu'il attend, pourlui parler politique, l'poque de leurs promenades travers lescarrefours en liesse ^ De trs bonne heure, pour organiser la fte etsubvenir la dpense, les habitants du quartier formrent des asso-ciations, des collegia compiialicia. Ce culte des Lares tait celuides humbles et des pauvres \ ce furent des affranchis et des

    1. La flllica aux jours de fle honore les dieux lares et jette une couronnedans le feu. Caton, De Re rastlca, 143: Kalendis, idlbus, nonis,c(im festusdlcs erit, coronam in focain uulat, per eosdemquc dies Lari familiari procopia supplicet. Cf. Festus, au mot Donaticae coronae et le culte que la filled'Euclion rend au Lar familiaris. Prologue de VAulularia, v. 23 sqq. :

    Ea mi/ii cotidieAut turc aut inno aut aliqui sempcr supplicat

    Dat mihi coronas.

    2. ScoUaste de Perse, iv, 28 : Compila siint loca in quadrioiis, quasiturres, ubi sacrificia, finita arj/'i cultara, rustici celebrabant... In his

    j'uga fracta ab a

  • DANS L'EMPIRE ROMAIN 25

    esclaves qui s'en chargrent ; il y eut des magistri et des ministn

    attachs au culte des Lares de carrefour. Plusieurs inscriptions

    italiennes datant du I^'' sicle avant l're chrtienne nous laissentdeviner l'existence de cette institution. Ainsi, en l'an 656 de Rome(98 avant J.-C), un groupe de ministri (18 en juger d'aprsla disposition des lettres de l'inscription qui est fragmentaire)ddie une construction aux Lares d'un conipitum de Capoue\En 695 de Rome (59 avant J.-C), 18 esclaves, probablementaussi des minisiri, font prs de ^Lantoue une ddicace aux dieux

    Lares '. Bien qu'on n'ait aucune donne prcise au sujet de cescollges, on peut croire qu'ils offrent une certaine analogie avec les

    nombreux collges que l'on trouve dans les po^/ZdeCampanie. Telsle conlegium mercatorum^ le conlegium site magistrei Jovi com-pagei, ou bien les confrries de Crs, de Castor et Pollux, de

    Venus Jovia '. Tous ces collges ont pour ministri des esclaves, pour

    magistri des ingenui ou plus souvent des affranchis. Les magistri

    payent une somme d'argent fixe par la coutume du pagus, leurentre en charge : ils lvent des constructions d'utilit publique etdonnent des jeux, le tout leurs dpens *. En compensation, ilsjouissent de certaines prrogatives, occupent des places spciales authtre, portent la prtexte dans les jours de fte, comme de vraismagistri vicorum \ Ainsi les magistri des collges de carrefourstaient probablement chargs de clbrer les ftes du quartier et de

    culte. ToT^ 8s l Tztpl xiov yeitvcov lep (juvxEXoOaiv ev xoT TipovtoTroK; o

    To; iXi'jOipou;, XX to oo-jXo'jc sxa^e TtapsTvat xe xat tJuvtepoupYE^v, wXEyaptJjJLivY); xoT f,p(0(Tt x-^c xcov STpaTCOvxoiv uinr) psat

    a

    ... Kal cpuXaxxouai

    xov pyaTov iB'.ajjiov, ItzI xtov Ispwv S-x xwv 'epaTTovxcov xo; r^pcoa iXauxo-

    jjievot, X, X. X... Antiq. Rom., IV. 14.1. Hisne minisirls Laribus faciendum ca[racerunt) , C.Tcrenti(us)C. l(iber-

    tus) PUomu

  • 26 HISTOIRE DE L'AUGUSTALITE

    donner des jeux, sous la prsidence toutefois et la surveillance desadministrateurs locaux, c'est--dire des magistvi vicorum. Ces chefsde quartiers, lus vraisemblablement par le voisinage comme lesmagistri pagorum l'taient par leur district rural, existaient certai-nement Rome et dans l'Italie avant la rforme municipale d'Au-guste \ Il faut les distinguer des magistri collegiorum ou chefs descorporations autorises; pourvus la fois de fonctions sacerdotaleset administratives, ils exeraient un droit de police sur les associa-tions et sur toutes les manifestations publiques qui se produisaientdans leur circonscription. De l la part active qu'ils prenaient laclbration des ftes locales et notamment des Compitalia.

    Inofensifs dans le reste de l'Italie, o ils durent conserver lecaractre religieux qu'ils avaient l'origine, ces collges de carre-fours changrent totalement de nature Rome. Compossd'affranchis et d'esclaves, gens turbulents, ayant tout attendredes malheurs publics, les collegia compitalicia taient un instru-ment tout prt pour les ambitieux et les agitateurs. Ceux-ci s'yaffilirent, y donnrent des jeux, s'y recrutrent des partisans parleurs largesses, et transformrent d'anciennes confrries religieusesen clubs politiques o s'organisait l'meute '. Le culte des Larescompitalicii, au lieu d'tre une sauvegarde pour Rome, devenaitun danger public. Un snatusconsulte rendu en 690 de Rome(64 av. J.-C.) sous le consulat de L. Metellus et de Q. Marcius,abolit ce culte en supprimant les collegia compitalicia; six ansplus tard, en 696 (58 av. J.-C), le dmagogue Clodius rtablissaitles collges et le culte'. Comme la clbration des Compitalia tait

    1. Cela rsulte du texte d'Asconius. Cf. Tite-Live, XXXIV, 7: Hic Romaeinfinio gcncri magistris oicorum togae praetextae hahendae Jus permitte-mus, et une inscription trouve sept milles de Rome, mentionnant 4 ma-gistr-l veici, antrieurement;! l'anne 731 (23 av. J.-C). Cf. Henzen, Bullet-tino cleW Inst., 1865, p. 84). Varro Murena, L. Trebellius aed(iles) cur{ules)locum dederunt. L. HostlUus L. t(ibertus) PhUargurus A. PomponiusA.l. Gontius A. Fabricius A. l. Buccio M. Fuficius [muUeris) L. Ariamaf/(cstrl) ceici, etc.

    2. Ces collges, dit Cicron {In Pison., IV, 8) taient composs ex omnifaece Urbis ac sercitio .

    3. L. Julio, C. Marcio consulibus, quos et ipse Cicero supra memoracit,senatusconsulto collegia sublata sunt, quac adoersus rempublicam oide-bantur esse. .. Post plus nocem deinde annos, quam sublata crant, P. Clo-dius, tribunus plebis, legc lata restituit collegia. Asconius. In Pison. IV, 8.Asconius se trompe en assignant un intervalle do neuf annes entre lasuppression de ces collges et leur rtablissement par Clodius. En effetL. Julius Caesar et C. Marcius Figulus sont dsigns dans les Fastes consu-laires l'anne 690 de Rome. Voir C. /. L., I, p. 540-541.

  • DANS L'EMPIRE ROMAIN 27

    troitement unie k l'organisation de ces collges, le culte des Lares

    subit bien des vicissitudes pendant cette poque de troubles civils.

    Il fut abandonn encore, quand Csarsupprima nouveau les col-lges de carrefours, et pendant plus de vingt ans, ces ftes popu-

    laires ne furent plus clbres Rome. On croit voir rapparatreles ftes de quartier au nombre des rjouissances qui suiventActium et le retour triomphal d'Octave. C'est alors, dit Virgile',

    que Csar, ramen dans Rome escort d'un triple triomphe, res-suscite le culte des dieux italiens, que trois cents temples s'lvent

    sur tous les points de la ville, et que les jeux rtablis ramnentl'allgresse et l'animation dans les rues de Rome.

    Caesar^ triplici incectus rotnana triumphoMnia,dis Italis votum immortale sacrabal,Maxim.a ter centum totam dlabra per Urbem ;Laetitia ludisque ciae plausuque fremebant.

    Ces dieux italiens, ce sont les Lares; les delubra, ce sont les

    chapelles de carrefours (elles taient au nombre de 265, nous ditPline-; le pote, soucieux d'observer les rgles de la mtrique, a

    d forcer un peu le chiffre); les jeux, enfin, ce sont les ludi compi-talicii.

    C'est donc au lendemain d'Actium que le culte des Lares est res-taur'. Mais d'une part, ce culte nous semble ds cette poquertabli avec des intentions nouvelles et une porte diffrente de celle

    qu'il avait sous la Rpublique : d'autre part, on ne trouve plus tracede collges de carrefours, dont le rtablissement fut interdit sans

    doute, parce qu'ils pouvaient toujours, dans un moment de troubles,redevenir dangereux. Deux questions se posent ici : Comment lele culte des Lare fi compitalinii changea-t-il de caractre pour

    devenir celui des Lares Aufiustif A qui confia-ton le soin dedesservir dsormais ce culte ainsi renouvel?

    Entre le retour d'Kgypte et l'anne 747 (7 av. J.-C.),date que l'ona l'habitude d'assigner, sur la foi de Dion Cassius*, la doublerforme municipale et religieuse de Rome, doit se placer une srie

    1. Virgile, Enide, VIII, 711 sqq.2. mine,//. A^, III, 6G.3. Cette restauralion des Lares compitalicii est certainement antrieure

    la rorganisation des iv>t. Si les deux mesures avaient t contemporaines,Virgile n'et pu faire allusion la premire (puisqu'il est mort en l'an deRome 735 (19 av. J.-C), c'est--dire longtemps avant les premiers essais derforme municipale).

    4. Dion, LV, 8.

  • 28 HISTOIRE DE LAUGUSTALITE

    de mesures provisoires, d'essais d'organisation dont la connais-

    sance nous chappe. En l'anne 726 (28 av. J.-C), Octave reut duSnat le nom religieux d'Auguste, sa personne eut ds lors uncaractre sacr ^ : son nom fut associ, soit flatterie spontane, soit

    pression dguise, aux dieux Lares dont il avait relev les autels.

    Ds 727 (27 av. J.-C), un tribun de la plbe, Sextus Pacuvius,exhortait la foule amasse dans les rues et dans les carrefours sedvouer Auguste, selon la vieille formule sacre des Latins ^Horace, parlant en 741 (13 av. J.-C.) des sentiments du peuple, l'gard du prince, s'exprimait ainsi : Laribus tuum miscet nomen^.

    Ce n'tait point la personne mme d'Auguste, mais son genius quel'on adjoignit aux dieux Lares; la prire du peuple s'adressait la fois aux divinits protectrices du foyer romain et Vange gar-dien du prince. A ce moment, Auguste tait devenu, par la mortde Lpide (741), souverain pontife; il avait sous sa surveillanceimmdiate les affaires religieuses. Il laissa associer son genius auxLares de carrefours qui ds lors de Lares publici devinrent Lares

    Augusti*; dans la suite, par une lente et habile transition, il habi-

    tua le peuple honorer non plus son gnie, mais son numen, sa

    propre puissance divine. Alors le culte qui s'adressait au gnie

    seul se reflta sur la personne mme de l'empereur \Sutone et Ovide nous fournissent de prcieux renseignements

    sur la part qu'Auguste, pontife suprme de la religion romaine,prit cette restauration du culte des Lares. Le prince ordonna,

    dit Sutone, qu'on couronnt de fleurs les Lares des carrefours

    deux fois par an, au printemps et l'automne ^

    Ovide \ cherchant dans Rome les vieilles statues des Lares,vnrables dans leur caducit, et le chien qui est leurs pieds,

    ne les trouve plus : leur place, mille Lares nouveaux ont t

    dresss ; et chaque quartier adore dsormais trois dieux, les dieux

    Lares et le gnie du prince qui les a restaurs.

    1. Dion, LUI, 16; Censorinus, De Die natali, 2L2. Dion Cassius, LUI, 20. On sacrifia Auguste xax x; So; xa-. xat

    To axeV 0)710 j.3. Horace, Odes, IV, 5.

    4. C. I. L., VI, 445 : Laribus Auq. et Genio Augusti. Voir ces docu-ments. Eckel, Doctr. Nam., t. II, p. 465, et IV, p. 436.

    5. La divinit d'Auguste fut vite reconnue et le berger de la campagne

    lombarde put dire en parlant des bienfaits du prince : O Melibe, Dcus nobis lincc otia fecit. Virg.

  • DANS L'EMPIRE ROMAIN 29

    Mille Lares geniumque ducis qui tradidit illosUrbs habet, et vici niimina trina colunt.

    Ainsi les Compitalia sont ce qu'elles taient autrefois, des ftes

    de quartier; elles se clbrent toujours entre voisins (vicini). Or, lescoUegia compitalicia n'existent plus; au lendemain du redresse-ment des autels de carrefour, il a fallu songer trouver de

    nouveaux desservants ce culte rajeuni. Ces desservants, on lesavait sous la main dans le quartier mme : l se trouvaient les ma-gisri vicorani qui, aux jours de fte, revtaient la toge prtexte etprsidaient la solennit des ludi compitalicii. Ce fut naturellementaux chefs de quartiers qu'on confia le soin du culte des Lares, etcela au lendemain mme du rtablissement des jeux. Sous laRpublique, ils se comportaient dj non seulement en magistratssubalternes, mais aussi en prsidents de collegia compitalicia ;l'Empire ne lit que prciser et rendre plus nettes leurs attributionsadministratives et religieuses.En l'anne 746 (8 av. J.-C), nous affirme Dion Cassius, Auguste

    confia les quartiers de Rome des administrateurs tirs du peupleet appels magistri vicoruni\ les 14 rgions entre lesquelles onavait partag Rome furent attribues par le sort aux diles, auxtribuns de la plbe et aux prteurs.

    Sutone, sans fournir de date, est plus prcis que Dion: Auguste,dit-il, divisa le sol de Rome en rgions et en quartiers (inregiones vicosque) ; et il dcida que les rgions seraient soumises des magistrats annuels dsigns par le sort, les quartiers desmagistri hommes du peuple, choisis dans le voisinage '. Ces deux tmoignages sont inexacts par ce qu'ils ont de trop

    absolu; ils attribuent la rforme municipale opre sous leprincipal d'Auguste une importance qu'elle n'a point eue. Djavant cette rforme Rome tait partage en vici dont les 7>ia-gistri vicorum 3iV'd\Gnl la surveillance'. Il n'y eut point l uneinnovation proprement parler, mais seulement une srie demodifications : d'une part un remaniement des circonscriptionsadministratives existantes; de l'autre, une rgularisation des fonc-tions dvolues aux magistri vicoritm. On dut procder, par mesured'ordre et pour rendre la scurit complte Home \ une dlimi-

    1. Dioa Cassius, LV, 8.L*. Sutone, Octare, 30.:^. Asconius, In IHson. IV, 7. Tite-Live, XXXIV, 7, ot une inscription de

    l'an 731 publir-e par Ilenzen. Bullettino dcli' Inst., 186j, p. 84.4. Dion Cassius, semble indiquer que cette rorganisation est inim-

  • 30 HISTOIRE DE L'AUGUSTALITE

    tation nouvelle des vici qui se grouprent en nombre variable pourformer une regio. La ville renferma 14 rgions et 265 vici^ Leschefs de rgions furent les prteurs et les tribuns qui se dchar-grent sur des curateurs, assists de designatores, du soin d'admi-nistrer effectivement ces circonscriptions'. Les 265 vici eurentchacun leur tte 4 magistri, soit en tout 1060 magistri cicorum ^.

    Cette rorganisation ne put se faire en une seule anne, et ladate que nous trouvons chez Dion Cassius est probablement cellede l'anne qui vit se produire les dernires modifications dans larforme municipale de Rome. Et d'abord, les travaux d'arpentageet de dlimitation qu'on excuta avec prcision pour servir de base l'tablissement des circonscriptions nouvelles exigrent certainsdlais*. En outre plusieurs textes pigraphiques viennent encoreconfirmer notre opinion. Les magisti'i vicorum groups en collgesavaient leurs fastes comme les consuls, indiquant la dure d'exis-tence du collge. Presque toutes ces inscriptions ramnent l'anne747 de Rome (7 av. J.-C.) le point de dpart de la nouvelle re desquarteniers urbains^; plusieurs font toutefois exception. Une ddi-cace des magistri du vicus honoris et virtutis (1^^ rgion), faiteen l'an 837 de Rome (83 aprs J.-C), donne 92 ans d'existenceau collge, ce qui nous reporte l'an 745 de Rome (9 av. J.-C.)comme date initiale". Une autre, du vicus Jovis Fagutalis (3 r-gion), dsigne la 109*^ anne de l're chrtienne comme tant la121 anne du collge \ dont la fondation remonterait par cons-

    diatement- postrieure de graves incendies qui dvastrent Rome et commeoccasionne par eux.

    1. C'est le nombre indiqu par Pline, Hist. nat., 111. 66; cf. les Rgion-naires et la Base Capitoline (C. /. L., VI, 975).

    2. V. Orelii, VM\, et Egger, Ecvam.crit., p. o80. Aprs Svre Alexandre,les 11 chefs de rgions sont des consulaires,

    3. La Base Capiloline indique ce nombre de 4 niagititri par cicus ; elle nenous fait pas connatre l'ensemble des ciel de Rome, mais seulement64 cici repartis entre 5 rgions.

    4. Telle est l'opinion mise par Jordan, Topogr. der Stadt Rom. Rand 1,Abth, I, p. 303: Eine AbthcUung, tccLcke auf cincr Vcrmesstmg dcr scr-maniscken Altstadt beruht xind sa derselben eine hostimmte Anzald couVorstdtcn hiruuschlagt, wclche die Grensen dcr Bezir/.e nach den Stras-senjluchten der cici reguUrt ist tceder con heut atif Morgen hcrzustelleniind wir haltcn uns dalier far berechtigt die im J. 746 ins Leben getreteneOrdnang als ^as Rsultat langleriger Vorarbeiten 3u betrachten, etc,

    5. Voir, ))ropos d'une inscription contemporaine de Trajan, les obser-vations de Borghcsi, Lettre Egger, ucres, VII, 4i)7 et sv.

    6. C.I.L., VI, 449.

    7. C./.L., VI, 452,

  • DANS L'EMPIRE ROMAIN 31

    quent l'an 741 de Rome (13 av. J.-C). On peut donc tablircomme un fait certain que le remaniement des circonscriptions deRome et la rgularisation des fonctions administratives et reli-gieuses des vicomagifitri ont demand un travail de plusieursannes; ce travail ne s'est trouv achev qu'en 747 (7 av. J.-C).A cette poque, dans tous les vici de la capitale, les quarteniers

    sont nomms d'aprs des rgles fixes et uniformes; ils possdentdes attributions bien dfinies, leur situation est plus nette qu'aupa-

    ravant. Ce sont des gens du peuple, choisis dans le voisinage mme,presque toujours des affranchis'; sous eux servent des ministri, laplupart du temps esclaves. Magistri et ministri peuvent tre deuxet trois fois appels aux mmes fonctions \ Les rnagistri vici sont la fois des magistrats subalternes et des prtres. Administrateurs

    du vicus sous la surveillance des chefs rgionnaires, ils ont,jusqu'en l'an G aprs J.-C, date de la cration des rigllefi, lasurveillance des incendies, lie au culte de Sfata Mater, desse

    qui arrte le feu ; ils font des distributions de vivres dans leursvici, clairent les agents impriaux chargs du recensement,procdent la tustratio du vicus, y surveillent les poids etmesures, en dirigent enfin les jeux'. Prtres des /,a/'es Augusti,ils se font, dans les crmonies, prcder de deux licteurs; cesjours-l, ils revtent la toge prtexte \ La construction des sacellarentre dans leur comptence, sous la direction des magistrats quiadministrent la rgion "'. Ils forment dans chaque vicus un collgequi a ses fastes et son album comme tous les collges romains".

    Tel fut Rome le caractre de la rorganisation desvicomagistri.En remettant en honneur un culte abandonn, en y associant songnie, en rattachant ce culte l'administration des vici, Augustelit acte d'habile politique. Il transforma une vieille religion

    populaire en religion d'tat, desservie par les fonctionnairesmmes de l'tat. Ainsi envisage, la restauration du culte desLares Rome est ranger parmi les mesures qui avaient pourbut l'affermissement du rgime imprial.

    1. Sutone. Ont., :\0. Dion, L\'. S. C/.L., \1, 2223, 2225. 2227. Lun deuxest dissiffnator, l'autre l'ahcr an/fntarius.

    2. Voir Egger, ExaniPii critique, p. 366.3. Sutoue, Oct.^ 30. et Tib.,76; cf. Preller. Die Heyionen (1er Stadt JRoni,

    leua, 1846, p. 82 sqq.4. Asconius. In Pit^on., IV', 8.5. C./.L.. VI, 449, 450, 451,453.6. Voir la liste dresse par Egger dans son Appendice II (/. r.) remanie

    et complte dans la Reue arvliolo

  • 32 HISTOIRE DE L'AUGUSTALIT

    Les Lares taient, nous l'avons vu, des dieux italiens; leurculte se rpandit mme dans quelques provinces. Les cultoresLaram sont mentionns, par exemple en Espagne, en Narbonnaise,en Dacie, dans la Norique\ Les inscriptions retrouves dans cesdivers pays nous rvlent aussi nombre de magistri et de ministrigroups en collges pour clbrer ce culte. Or, dans l'Italie, dans lesprovinces se produisit le mme fait qu' Rome; le gnie duprince fut associ aux Lares qui devinrent les dieux impriaux etportrent le nom d'Augusti-.De ce jour, les desservants du culte changrent galement de

    titre ^ : ils s'appelrent compitales Larum Auguntorum, magistriLarum Augustorum, magistri Larum Augustalifim, magistriLarum Augastales, et le plus souvent magistri Augustales.

    Les ministri devinrent aussi ministri Larum Augustales etministri Augustales \

    Cette fusion du gnie d'Auguste avec le culte des Lares de

    1. En Italie, exemples trs nombreux. Voir C. /.L., XI.1549, 3079; X,1269, 5161, 5162, 6558; IX, 3960; V, 792,3257, 4440 ; XIV. 3560. En Espagne :C. L L., II, 174, 431, 729, 816, 817, 2384, 2469, 2470, 2471, 2472. etc. - EnNarbonnaise: C. /. L., Vil, 4319. - En Norique : C. /. L., III, 4792.

    2. Par exemple, Italica, C.I.L., II, 1133: C. Marcius Apllus magisterlarum augustor. et genii Caesarls Aucjust. Une inscription assez mu-tile, trouve Acerrre en Campanie, et dont le texte a t restitu parHaupt et Buechler, est peut-tre relative la conscration d'un de ces tem-ples ddis aux nouveaux dieux. Elle commence ainsi :

    Templum hoc sacratum lroibus qui quod gcruntAugusti nomen^/elia; mis remancai, etc.

    (Voir C.I.L., X, 3757.) En grec les Lares s'appellent Y^ptos; (Dion, IV, 14);or Acerrai est une ville de la Campanie o la civilisation grecque avait pro-fondment pntr.

    C'est une pure hypothse toutefois, et il convient de dire que, d'aprs lasuite de l'inscription, on pourrait aussi bien l'attribuer aux deux petits-filsd'Auguste, si populaires en Italie et si prmaturment enlevs aux esprancesdes Romains.

    3. Compital. lar. aug., Spoletium, voir Orelli, 7115, et magistri larumaugusti, Italica, C. /. L., II, 1133 ; Singilia Barba, II, 2013 ; Corduba, II,2233; Tarraco,II, 4293, 4297; Sulci, X, 7514; Histonium, IX, 2835, etc. ;magistri augustales : Brixellum, XI, 1026, 1029; Parraa, XI, 1061; Florentia, XI, 1606, 1611, 1614; Essa, XI, 2631 ; Falerii, XI. 3083, 3135 ; Nepet, XI, 3200; Carales, X, 7552 ; Formise, X, 6114; Abella. X, 1209 ; Puteoli, X, 1582; Pompeii, X, 1055 ; Hadria, IX, 5020; Aeclanum, IX,1048; Venusia, IX, 423; Lupiae, IX, 20; Parentium, V, 336; Verona,V, 3257; Pollentia, V, 7604, 7646; Praeneste, XIV, 2974; Potassa, III,912, en Egypte, XII, 406, etc.

    4. A Potentia, C. I. L., X, 137; Turris Libisouis, X, 7953; Grumentura,X, 205. ph. p., VUl, 269.

    J

  • DAiNS L'EMPIRE ROMAIN 33

    carrefour ne fut peut-tre pas une imitation de ce qui se passait

    Rome. Elle ne s'accomplit pas non plus en un seul jour, mais trs

    lentement, au gr des populations, sans brusquerie de la.part dupouvoir central. Ainsi, Vrone, en Tan 753 de Rome(l av. J.-C),les Lares compitalei< n'avaient point encore reu Tpithte

    d'Augustin il en tait de mme Casinum, en l'an 752 de Rome(2 av. J.-C.)', tandis qu' Nepet, 4 magi^tri auguatales sont

    mentionns en 741 (13 av. J.-C.)^ Or cette date, rappelons-le,la rforme municipale de Rome tait loin d'tre acheve*. Lenombre de ces magistri dut varier selon les endroits : il futprobablement de quatre dans la plupart des cas ^ Les magistri

    taient, comme leurs confrres romains, des affranchis ou des

    ingnus de basse extraction; les ministri, des esclaves. Commeles viconiagistri de Rome encore, les prtres italiens et provinciauxdes Lares Augustes avaient leurs fastes; une inscription de Falerii

    mentionne des magistri anni quarii^.Les magistri augustales se distingurent toutefois des prtres

    romains des Lares Augustes en ce qu'ils ne furent point commeeux des quarteniers, des chefs de vici. Il est vraisemblable que

    1. C./.L., V, 3257.2. C.I.L., X, 5162.

    3. CI.L.. XI, 3200.4. Nessling s'appuie sur cette date pour soutenir que les magistri augus-

    tales n'ont rien de commun avec les magistri oicorum (Voir Nessling, op.cit., p. 50). Il y a certainement de grandes difTreiices entre les attribu-tions des uns et des autres : toutefois tous deux sont prtres des Lares Au-gustes. Comme l'tablissement de ce culte nouveau n'est pas li en Italiecomme Rome une rforme municipale, on peut trs bien concevoir queles magistri augustales ont existe dans l'Italie et dans les provinces avantl'achvement de cette rforme municipale de Rome, et qu'ils n'ont point eula mme dualit d'attributions.

    5. Par exemple, . Nepet, C. /. L., XI, 3200 : Imp. Cacsari clici /. Au-gusto pontif. maxim. cos. XI tribunic. potestaC. XI magistri augus-tal(es) prim(i) Pkilippus Augusti lib. M. Aebutius Secundus M. GalliusAnchiaius P. Fidustius Antigonus A Falerii, XI, 3083 : Honorisimp. Caesaris dioi /. Augusti pont. max. pair, patriae et municip. ma-gistri Augustales C. Egnatius M. l{ibertus) Glyco C. Egnatius C. L. MusicusC. Julius Caesar{is) l(ibertus) Isorhrysus Q. Floronius Q. L. Princeps, etc.A Verona, il y avait 4 magistri ei 3 ministri larum en l'an 753 do Rome;voir . /. L., V, 3257; le mme nombre dut exister aprs la rforme duculte. A Puteoli, nous trouvons 4 magistri aug. en l'an 755 de Rome,C.I.L., X. 1582.

    G. C.I.L., XI, 3135. On trouve des magistri augustales iterutn Brixellum, C.I.L.,X\, 1029; et mmeuu mag. aug. designatus iiPvaenQste,C.I.L., XIV. 2974.

    3

  • 34 HISTOIRE DE L'AUGUSTALIT

    Texpression de mcKjistri vicovum serait employe dans les inscrip-tions des maf/istri augastales, s'ils eussent t rellement admi-nistrateurs locaux. Or on ne trouve qu'une fois ce terme adjoint celui de prtre des Lares, dans une inscription de Spoletium, etencore parat-il devoir en tre isol'. En somme, il est permis decroire que les magistrl augusta les' furent sous l'Empire ce qu'a-vaient t sous la Rpublique les magistri collegiorum compitali-ciorum, des gens chargs de clbrer dans leur quartier ou leurbourg la fte bisannuelle des Compitalia en l'honneur des Lares etde l'Empereur, divinits tutlaires de l'endroit*.

    Voici quels sont les points de l'Empire romain o les textespigraphiques dcouverts jusqu' prsent rvlent l'existence des?7iagistri augustales : dans l'Italie du Sud, Rudiae (Calabre),Venusia (Apulie), Grumentum, Paestum (Lucanie), Pompeii,Abella, Acerrae, Puteoli (Campanie); dans l'Italie du Centre, Histonium, chez les Frentans, Alba Fucens, chez les ques, Casinum, Formiae (Latium adjectum), Velitrae, Praeneste,Tibur (Latium vtus), Nepet, Falerii, Polimartium, Cossa,Florentia (trurie), Spoletium (Ombrie), Hadria (Picenum);dans l'Italie du Nord, Parma, Pollentia, Augusta Bagiennorum,Brixellum, Verona, Parentium, Aquileia; enSardaigne, Carales,Sulci, Turris Libisonis; en Narbonnaise, Narbo, peut-tre Ucetia; en Espagne, Corduba, Singilia Barba, Italica (Btique),Olisipo (Lusitanie), Tarraco (Tarraconnaise) ; dans la Dacie, Napoca et Potassa; dans le Norique, Virunum; et enfin, dansl'Egypte elle-mme ^

    1 Orelli-Henzen, 7115 : item (Jcdlt VI l'irix aiifi . et rompit, lariim aug. etmay. cicorum, etc. Ces trois termes semblent dsigner trois collgesdiffrents, si l'on rapproche de cette inscription la suivante. Orelli, 3958 :D. M. L. Vihusio Secundo eompital. lar. auf/. Hetisia patrono et con-jugi opiim. Ce prtre des Lares Augustes, analogue aux magisiri augustalesdes autres rgions, ne s'intitule pas magister vici, parce qu'il ne l'est pas.

    t. C.I.L., IX, 423 : Larib. Aug. C. Acitus Epaphi'odlt.u[s] may. aug. Venusia. Cf. Puteoli, X, 1582: C. Caesare Aug. /. L Paullo cas.Lares Augustos Q. A'umisius Q l. Legio L. Sa^fnius L. l. Hilarus So-dalis C. Modi Cimh/'i i^ericus) Aeschinus Octaci M. ser(cus) Magistr.de suo. /'. c.

    3. C / L., XII, 406, inscription fragmentaire ainsi conue : Gcrma-nico Caefari Ti. [A ug. /.] L. Valerim^. . . L. Tonneius Le... A. Meoitcs V. .

    .

    Magistri Larum aug... anno V Ti. Caea. [Aug.\\\\eA\ que cette inscriptionfigure au Cor/>us parmi celles de Massilia, je la crois originaire d'Egypte etpartage en cela l'opinion de M. Hron de V^illefosse. Voir .Vo^e sur deuxinscri/itions du muse C'rt/rr^( Bulletin archologique du comit des travauxhistoriques. 1890. p. ~46). Le monument est. en effet, en synite noire, que

  • DANS L'EMPIRE ROMAIN 35

    L'adoration prodigue la divinit impriale par cette partieinfrieure de la socit romaine o se recrutaient les mayistriauguatales fut une adoration officielle et publique comme celle quimanait des classes privilgies de l'Empire, amines municipaux,prtres provinciaux, sodales urbains. Mais Auguste fut aussi l'objetd'un culte priv. De toutes parts se formrent spontanment desassociations prives pour adorer la divinit d'Auguste, ses imagines,ssi/ortuna. Le prince eut ses dvots. Ovide nous dit qu'il a dressdans sa maison, en l'honneur de Csar, un autel dont sa femme etson fils sont les prtres'. Si nous en croyons Tacite, dans l'intrieurde toutes les maisons de Rome, des caltores Augusti se grouprent l'imitation des collges, in mndani collcgiorum, et l'on voit desmimes affilis ces confrries d'un culte nouveau ^. D'assez nom-breuses inscriptions mentionnent des cuUores Augusti ou cuUores

    l'on trouve communment en Egypte, mais qui est inronnue d'ailleurs enNarbonnaise; de plus la manire de dater par l'anne de rgne des empe-reurs, et non par les consuls ponymes, est absolument particulire l'Egypte. Rien d'tonnant que ce bloc

  • 36 HISTOIRE DE L'AUGUSTALITlarum et imnginum augusii \ des cuUores imaginum domusAugusae\ plus simplement encore des cultores domus Augustaeou domus divinae ^ ; nous trouvons mme un ordo sacerdotumdomus Augustae \

    Toutes ces associations, spontanment fondes, eurent le mmebut : donner la population affranchie et servile de l'Empire sapart dans le culte imprial.

    L'Augustalit est aussi une manifestation du sentiment populairefavorable la divinit impriale. C'est, son dbut, une manifes-tation analogue celles dont nous venons de parler. L'Augus-talit, crit M. Hirschfeld, n'a t ni une institution purementprive, ni une copie mcanique d'une organisation cre pour Rome.On s'est content de donner d'en haut l'impulsion aux municipalitsportes de bon vouloir et de leur tracer les rgles gnrales ; maison a laiss l'initiative spontane et dans certaines limites lavolont individuelle un jeu assez large ^ )) Telle que nous la con-naissons l'institution des augustales se distingue la fois des cultespurement privs et des cultes purement officiels, elle ofre un carac-tre mixte ^jui rend l'tude de sa gense singulirement complexeet difficile. Elle appartient aux cultes privs par ses premiresorigines, aux cultes publics par son organisation et les consquencesqu'elle amena. Des gens de la classe infrieure, le plus souvent des

    affranchis, s'associant dans certains municipes en collges plus oumoins nombreux, voil comment, dfaut de textes prcis, nouspouvons nous figurer la toute premire apparition del'Augustalit.Ces gens ne furent point proprement parler des prtres; ils ne

    s'intitulrent ni sacerdotes, ni Jlamines, ni pontifices, ils ne prirent

    aucune des dnominations affectes, dans leur cit, aux sacerdocesofficiels ; ils furent simplement augustales. C'taient des fervents,des dvots de la divinit impriale, des cultores groups en confr-ries sous l'invocation d'Auguste ". La singularit de leur titre, o

    1. C. /. /.. , VI. 307, IX, 3887, 3960, cf. Eph. e/>.. V. 813. On voit Truealumdes cultores iinaginum Caesaris qui sunt in cico Strament. Eph. ep,, VIII.

    p. 217.

    i>. C. /. /.., VI. 471.

    3. C. /. L.. XIV, 3540-3561, i\ Tibur; en Afrique, Tipasa, VIII. 17143; eu

    Maurtanie Tingitane, Volubilis. Voir la communication de M. Hron deVillefosse l'Acad. des Inscript., 1890.

    4. C. /. L., VI, iOlO.5. Hirschfeld, /. c, traduit par R. Mowat. Bulletin pigraphique de la

    Gaule, . , p. 287.6. C. /. L.. X, 1877. D. M. Q. Insteio Diadumeno Augustali coluit annis

    XLV, oiit annis LXXXIII, etc. Tandis que Schmidt. De Seciris aug..

  • DANS L'EMPIRE ROMAIN 37

    n'apparat aucune mention de fonctions religieuses, nous explique

    pourquoi Mommsen considre l'institution augustale comme unemagistrature, et non comme un sacerdoce.

    Cette forme toute prive de l'apothose impriale et pu se con-

    fondre avec les prcdentes, et les aagmtales demeurer de simples

    cultores Augasti ou domus divinae. L'originalit de l'Augustalit futdans ce que ces dvots d'un culte priv se virent appels par une

    remarquable volution jouer un rle dans la vie publique del'Empire romain. A l'exemple de ces premires associations, spon-tanment fondes et rapidement transformes en corporations offi-cielles, les municipalits fondrent des collges de cultores annuels,

    chargs de sacrifier certains jours de fte la divinit d'Auguste.Tous ces collges religieux, collges d'aug us taies ici, de seviri

    ailleurs, recruts peu prs dans tout l'Occident romain parmiles mmes lments de la population, prirent assez vite unegrande importance. Empruntant un certain clat la divinit qu'ilsadoraient, une certaine considration la richesse de leurs mem-

    bres, ils s'levrent au-dessus des autres associations municipales

    et formrent peu peu dans l'Empire une classe sociale nouvellequi tint son rang entre le dcurionat et la plbe, Vordo Augusta-lium.

    p. 4-37 sqq., Marquardt, 1', p. 199, note 1, et Preller- Jordan, Rmisc/ieMytliol., II, p. 446, note 3, regardent Diadumenus comme un c.ultor auqus-talis, Mommsen au contraire y voit un colonus et Hirschfeld un cultor de ladivinit mithriaque, Staatsrecht, p. 455, note 6. 11 pourrait tre toutefois uncultor d'une des centuries d'Augustales que nous connaissons Puteoli. Enrapprocher les inscriptions de Vercellae, C. /. L., V, 6G57 : Seciri augus-talcs sorii cultores domus dicinac. Cf. V, 6558; de Novaria, Supplementaitalica d'Ettore Pais, 883 : L. Valerius. L. f. Primus \I cir inter cultoresdomus dicinac, Qi de Senia, C. I. L., III, 3016.

  • CHAPITRE IV

    RPARTITION GOGRAPHIQUE DE l'aUGUSTALIT DANS l'eMPIREROMAIN

    Les collges d'Angustales ou de ^er/>i ont d se constituer detrs bonne heure dans les municipes italiens et provinciaux. On ala preuve qu'il en exista avant la mort d'Auguste. Aux troisexemples que cite Schmidt^ il est aujourd'hui permis d'en ajouterd'autres. Une inscription de Formiae mentionne comme augustalClius M. l. Phileros accensus T. Sexti imp. in Africa, etc. '. Or^mme en admett