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Jean BIDEGAIN
LE
Grand Orientde France
SES DOCTRINES ET SES ACTES
Documents indits
^VV?^^ '
PARIS
LIBRAIRIE ANTISMITE45, Rue Vivienne, 4^
1905
Le Grand Orientde France
Tous droits de traduction et de reproductionrservs pour tous pays,
y compris la Sude, la Norvge^ le Danemarket la Hollande.
JEAN BIDEGAIN
LE
Grand Orientde France
SES DOCTRINES ET SES ACTES
Documents indits
PARIS
LIBRAIRIE ANTISMITE45, Rue Vivienne, ^5
1905
7^
3 5-
AU LECTEUR
Ce livre rappelle des vnements aux-
quels je fus ml, ou, plus exactement, queje provoquai.Les hommes qui, ds 1901, se sont faits
les plus ardents et les plus dvous instru-ments de ce honteux espionnage de nos of-ficiers qui a t fltri par le Pays et par le
Parlement, veulent, aujourd'hui, avec
trop de vhmence, mon gr, chargerde toute cette ignominie, leurs anciens chefs.
Je ne veux pas les imiter. Je dsire, tout
d'abord, par respect pour moi et pour la
vrit, revendiquer les consquences de mesactes et ne point laisser aux vivants, ni
mme aux morts, la charge d'attnuer ma1
r'
- 2
responsabilit. C'est ce que je dirai en peude mots.
Je n'ai parl, jusqu' ce jour, que par l'in-termdiaire du trs vaillant et trs aimableM. Gaston Merv. La Fr )nc-Maconnerie, elle,a beaucoup crit, beaucoup parl, depuis le
28 octobre 1904. Elle s'est dpartie, en cela,
de la srnit dont toute association philan-
thropique et philosophique doit tre cons-
tamment revtue, ainsi que d'un manteau.
La divulgation des fichesayant rvolutionn
les entrailles du Grand-Orient de France, il
a dpos, sur le |)apier des journaux socia-listes et radicaux, trs tlatts de cet insi-
gne honneur, le fruit de ses mois.
Le Conseil de T Ordre, compos de re-
grettables ciiovt^ns, aussi btes et aussi
lches qu'ils sont nuisibles, n'opre jamaislui-mme, parce qu'il a peur des coups. Aussi,avec prudence, a-t-il imit l'exemple de cer-
taines jeunes femmes et soudoy, pour ledtendre, toutes les Terreurs du Bloc.
Pendant quatre mois, il a mis en campa-gne, dans ses gazettes les crivassiers dis-
oo
ponibles des Loges et, ceux-ci, avec le zleardent que provoque toujours chez eux,l'espoir de gagner quarante sous, ont fouilldans les poubelles du Parti afin d'y trou-ver des immondices me jeter.
Les insultes de cette truandaille justifie-raient, peut-tre, une correction manuelle,mais un homme soucieux de propret nesaurait effleurer, mme avec des pincettes, Harduin, dont la viande tourne, le museau
dartreux de Lermina, ou la peau crasseusedes gars qui travaillent dans la Sociale.
Les ructations de ces Messieurs ayantcess, l'air s'tant purifi de leurs odeurs, il
me parait que le moment est venu o je puism'expliquer devant l'opinion.
J'ai voulu, surtout, que ces pages rapidessoient comme le reflet fidle, bien que gros-
sier, de ce personnage social qu'est l'Ordre
maonnique. Elles n'ont rien de didactique.Elles ne sont, d'ailleurs, au point de vue
doctrinal, qu'une contribution aux rvla-
tions dj faites par toute une pliade devaillants et distingus crivains.
4Bien qu'on puisse reprocher ce livre le
manque d'unit ncessaire une uvre com-
plte, vous constaterez que chacun de ses
chapitres se rattache intimement ceux quile suivent ou le prcdent, parce qu'il est,
par lui-mme, la synthse d'une des diverses
manifestations de l'activit maonnique dansnotre pays. Cette activit est contraire aux
intrts primordiaux de la Patrie.
Le Grand-Orient de France accomplit, chez
nous, au point de vue national comme au
point de vue social, une besogne de mensongeet de trahison.
Le Grand-Orient de France trahit la Franc-
Maonnerie qu'il a compltement dtournede son but et dont il a fait un groupementexclusivement politique et une officine lou-
che de renseignements secrets et diffama-toires.
Il trahit la dmocratie chaque jour, au seinmme de ses assembles o il foule auxpieds les principes qui rgissent toute asso-
ciation d'hommes civiliss.
Il trahit la Rpublique et dterminera sa
oruine en la rendant csarienne, sectaire, per-scutrice.
Il trahit enfin la France en tentant d'a-
nantir toutes les traditions qui sont sa force,
en essayant de dsorganiser l'arme par la
dlation, en provoquant la guerre civile quinatra fatalement de l'existence, au sein de
la Patrie commune, de deux Frances enne-mies.
J'ai vcu dix ans dans Tintimit de la
Franc-Maonnerie, et, pendant ces cinq der-
nires annes, j'ai assist toutes les san-
ces du Conseil de TOrdre, l o se concen-
trent, se concrtent, les efforts, les espoirs,les ambitions du parti au pouvoir et les ap-
ptits de la racaille parlementaire groupesous la dnomination gnrique de Bloc
rpublicain . Je ferai, lorsque je jugerail'heure venue, le rcit de mon sjour auGrand-Orient de France. En attendant, jevous invite lire ce qui suit.
Je crois pouvoir dire que ces pages sm-
cres sont l'expression de la vrit.
Jean Bidegain.
Prsentations
UIllustration, qui ]>ijl)lia mon portrait le7 janvier 1905, disait, dans une notice me con-cernant : Le nom dt^ M. Jean Bidegain appar-tient, dsormais, l'Hi>toiie. Cela me parutexcessif, mais un grand nombre de mes amism'avourent partager celte opinion et je n'ai
pas voulu me refuser plus longtemps croire
que je fus, pendant quelques mois, un person-nage clbre.
J'avoue que je n*ai pas le souci de l'opinion
publique. C'est pour cela que je n'ai presquejamais rpondu aux alla({ues diriges contremoi par la presse mat;
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el quelques amis vnrs dont l'approbationme suffit.
Cependant, on m'a fait entrevoir que, si jecontinuais garder le silence, le temps pourraitconsacrer de son autorit les erreurs elles men-
songes d'aujourd'hui. Je me suis laiss toucher
par cet argument, car, si j'aime d'un solideamour tout le pass vcu par mes aeux, j'aimeaussi, un peu,
par anticipation, tous
les hommes qui viendront aprs nous et quinous jugeront.
D'ailleurs, il serait lche, ou au moins fort
imprudent, d'accepter que l'on vous reprsenteaux yeux de la foule avec un visage et dans une
attitude que vous n'avez jamais eus. Il n'est peut-tre pas d'poque o, grce aux mensongesde la presse enjuive, il soit plus difficile
qu'en notre temps, de connatre la vrit sur les
vnements politiques dont sera faite l'histoirede demain. x\ussi convient-il d'exposer ceux-ci
en leur simplicit. Les luttes, les incidents, les
polmiques d'aujourd'hui, contribueront, en
effet, trs puissamment, former l'me de
cette France venir que nous souhaitons vri-
tablement consciente et libre.
Ces considrations m'ont dtermin crire
ce livre. Il contient une confession sincre. Je
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dis confession, bien que le mol ne soit pasexact. En effet, je ne suis coupable d'aucuncrime et, au conlraire, je suis convaincu d'avoirrendu mon pays un service minent.
Tout ce que je dirai ici m'attirera des injuresde la part des journaux amis du Grand-Orientde France. Cela ne me troublera pas. C'estaux hommes de bonne foi seuls que je m'a-dresse, ceux qui, lgitimement curieux deconnatre en son intimit l'histoire de leur
pays, ne se contentent pas de lire chaque jourun journal et de croire aveuglment ses affir-mations.
* *
Je suis d'une vieille famille franaise, dontla pauvret, comme celle de beaucoup d'autres,est due aux juifs qui se sont abattus sur laFrance et qui la ruinent. Je n'appartiens pas la bourgeoisie, cette classe suspecte composemi-partie de tripoteurs smites, mi-partie de
politiciens tout faire. Je suis du quatrimetat, je suis du Peuple, et ds l'ge de 13 ans
j'ai travaill trs durement pour vivre. J'ai
appris moi-mme le peu que je sais et n'aijamais sollicit de qui que ce soit une faveur
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quelconque. Cela m'a permis de toujours con-server mon indpendance morale. Je vous diraiencore que j'ai l lev par des religieux, mais
que je n'ai pas la foi, que je ne l'ai mmejamais eue intgralement. Mon esprit est ferm,depuis de longues annes, aux choses de l'au-
del, bien que je ne sois pas le moins du mondeanticlrical la manire d'Edgar Monteil. Jeme suis mari civilement et, avec une rigou-reuse logique, mes anciens Frres en ont conclu
que j'tais un jsuite de robe courte. Gela se
comprend, au reste, une des qualits requisespour tre un bon Maon tant d'user, danstoutes les occasions solennelles, du concoursdes prtres.
Enfin, j'ai un autre dfaut, celui de vouloir
une France forte, gouverne par des hommeshonntes et intelligents et non par des imb-ciles et des cyniques.
Je dis tout ceci rapidement pour tablir monidentit morale.
Mon seul dsir, en crivant ces pages, est
d'inspirer aux patriotes, aux vrais rpublicains,cette pense de salut national que si un hommeisol a pu contribuer, comme je l'ai fait,
portera la secte maonnique une grave atteinte,ils pourront, en s'unissant, dlivrer jamais
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leur pays de la canaille qui le dshonore et le
ruine, moralement et matriellement.
Dans ce livre, je n'ai pas fait uvre d'his-
torien. En ce qui me concerne, je me suis
content d'exposer brivement et simplementles motifs et les circonstances de mes actes.
J'ai voulu surtout montrer la Franc-Maonnerieactuelle sous chacun de ses aspects particuliers.Je crois que la lecture de ces pages, vous
donnera l'impression trs nette du dangerque fait courir au pays cette nouvelle Congr-gation, par ses intrigues, par les moyens qu'ellemet en uvre afm de raliser le but secret pour
lequel elle a l fonde et qui est la dnationali-
sation de notre pays, la destruction des tradi-
tions et des forces qui sont le meilleur de la
Patrie.
La Franc-Maonnerie fut jadis le rendez-vous
d'esprits calmes et d'une tendre amnit qui,en des discussions-affectueuses, rgles pai' des
coutumes singulires, aimaient se nourrir en
commun de cet idal philosophique et social
dont vcurent intellectuellement les contempo-rains de Rousseau et les hommes de 1848. Des
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gens de toutes conditions s'y runissaient sous le niveau de l'galit . Aujourd'hui,la dmagogie, laquelle on donne de nos joursle nom de dmocratie, et qui en est la nga-tion, a envahi les Loges. Le recrutement desateliers maonniques se fait sans aucun soucide slection, le plus souvent dansl'unique pensed'encaisser un peu d'argent. Insensiblement,
lentement, depuis trente ans, les plus nfastes
lments d'anarchie s'y sont introduits, et l'on
peut dire que le niveau moral et intellectuel des
Loges est sensiblement infrieur celui de la
moyenne de la Nation. Cependant, les groupesmaonniques dirigent la politique franaise,dira-t-on. Je ne crois pas qu'ils l'aient dirige,avant ces cinq dernires annes, autant qu'onl'a dit, mais, il est incontestable que l'Ordre
maonnique, malgr son mauvais recrutement,possde une trs grande influence dont les cau-ses sont le fanatisme politique et le proslytisme
que dtermine chez les siens l'ducation parti-culire qui leur est donne. Cette ducation a
pour consquence de substituer, l'me pas-sive d'un homme quelconque, une me dehaine et de combat.
Dans les Loges, ct des arrivistes, de
plus en plus nombreux, se pressent, en une foule
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compacte, ces gens, incompltement affranchis,
qui, refusant d'accepter les dogmes des reli-
gions, prouvent cependant, l'imprieuse nces-sit de croire en des mots vagues et trompeursou en la signification mystrieuse des symboles.Ceux-l deviennent vite des clricaux, les piresdes clricaux. Ds qu'un citoyen est devenu un bon Maon , il subordonne tout au but quela Maonnerie lui enjoignit d'atteindre. Il de-vient un exalt, un assoiff d'absolu, un dan-
gereux fou politique, un futur pourvoyeur de
guillotines.
C'est ce qui explique avec quelle facilit,
quelle extraordinaire inconscience, les Logesont approuv les enqutes policires auxquelless'est livr, depuis 1901, le Grand-Orient de
France. Ceux qui gouvernent secrtement la
Franc-Maonnerie ont, depuis les dbuts de la
Ptpublique actuelle, transform les murs et
les tendances maonniques dans un sens anti-
national. Nul ne le peut nier, sauf les incons-cients des Loges.
Il faut d'ailleurs, se fliciter de cela. Il est
bon qu'au sein de la socit franaise existe un
lieu o aboutisse, comme en un cloaque, ce
qu'elle compte, au point de vue intellectuel, de
plus abject et de plus nocif. Le rle social de
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la Franc Maonnerie est, ainsi envisag, in-
contestablement utile. Son utilit ne saurait
tre mieux compare qu' celle des maisons de
prostitution.Avant d'aller plus loin, il est indispensable
que je dise, ou que je rappelle, les vrais prin-
cipes de la Franc-Maonnerie, car il importede les mettre en opposition avec les travaux de
police et l'uvre de guerre civile accomplis
par elle.
Voici ce que dit la Constitution du Grand-Orient de France :
" LaFranc-Maconnerie, institution essentiellement
philantlii'opiqiie, philosophique et progressive,a pourobjet la recherche de la vrit, l'tude de la moraleet ia pratique de la solidarit; elle travaille l'am-lioration matrielle et morale, au perfectionnementintellectuel et social de l'humanit.Elle a pour principes la tolrance mutuelle, le
respect des autres et de soi-mme, la libert absoluede conscienre.Considrant les concpptions mtaphysiques comme
tant du domaine exclusif de l'apprciation indivi-duelle de ses membres, elle se refuse toute affir-mation dogmatique.
Elle a pour devise : Lihert, galit, Fraternit.La Franc-Maonnerie a pour devoir d'tendre
tous les membres de l'humanit les liens fratei-nelsqui unissent les Francs-Maons sur toute la surfacedu globe.
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Les fameuses fiches visaient uniquement,
vous vous en souvenez, les opinions poli-
tiques et religieuses de nos officiers. Or, le
Franc-Maon doit pratiquer surtout la Tolranceet je vais vous le prouver en reproduisant iciune partie de la circulaire du Conseil del'Ordre du 15 fvrier 1904. Je puis en affirmerl'orthodoxie maonnique, car c'est moi-mmequi rdigeai cette circulaire et pas un iota n'en
fut chang par Ips pontifes dont elle porte lessio'natures.
I. Modification de l'article premier de laConstitution.
La L.'. U Union Socialiste^ O.*. de Paris, proposede supprimer les mots la libert absolue de cons-cience du 2 paragraphe de l'article l^'' de la Cons-titution, qui est ainsi conu: Elle a pour principes la tolrance mutuelle, le respect des autres et de soi-mme, la libert absolue de conscience. >On peut dire que le principe de la libert absolue
de conscience est la pense fondamentale et commela cl de vote del Franc-Maonnerie. Notre Ordreest essentiellement une Contre-Eglise.Les Eglises imposent leurs dogmes et proscrivent
toutes les conceptions trangres leur foi. Ellesprocdent par affirmations et par ngations. Ellessont intolrantes dans leur essence mme.La Franc-Maonnerie, au contraire, accepte dans
son sein des hommes de toutes les croyances philo-
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sophiques. Pendant un sicle et demi, c'est seule-ment dans nos Loges qu'ont pu s^changer les opi-nions les plus diverses et les plus contradictoires.Nous avons renonc, les premiers peut-tre, frap-per d'ostracisme ceux de nos semblables dont lamentalit est diffrente de la ntre. C'est l un titrede gloire et une garantie de puissance.
Si nous supprimions aujourd'hui, de l'article l^'" denotre Constitution, cette indication expresse que l'unde nos principes essentiels est la libert absolue de
conscience, il est bien vident que nous paratrionsau moins avoir l'intention de substituer, cette li-bert, l'imposition d'un dogme. Et, en admettantmme que ce ne soit point l notre pense intime,nous sommes persuads que la force des chosesnous entranerait inluctablement, dans un tempsprochain, exiger de nos adeptes une profession defoi conforme aux conceptions philosophiques de la
majorit d'entre nous.Ds ce jour, la Franc-Maonnerie deviendrait une
secte parmi d'autres sectes, une association quel-conque d'hommes partageant les passions, les fana-tismes, les erreurs de tous les groupements fonds
pour conserver et dfendre de toute altration un
dogme intangible. La Franc-Maonnerie serait alorsmatrialiste ou athiste ou positiviste, mais elle per-drait son caractre de permanence et d'universalit
et, par consquent, sa raison d'tre. Elle serait, enun mot, une glise, et tous les esprits libres s'loi-
gneraient d'elle. Ce n'est certainement pas travailler la grandeur de notre Ordre que de vouloir le r-duire de si mesquines proportions.Nous devons ajouter que la suppression demande
par la L.*. L'Union Socialiste entranerait ncessai-rement une modification profonde de l'article 1^^ de
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la Constitution. Si la Franc-Maonnerie ne pensepas que la libert absolue de conscience doive exis-ter pour ses membres, elle ne tardera pas, nousl'avons dit, imposer ceux-ci un dogme spcial.Du coup, elle cessera d'tre philosophique et pro-gressive, s'interdira la recherche de la vrit et netolrera plus les hypothses philosophiques con-traires son dogme particulier. Elle ne pourra plusproclamer qu'elle se refuse toute affirmation dog-matique et enfin, elle devra supprimer, de la devisedont elle dota la Rvolution franaise, le mot Libert,car il ne saurait y avoir de libert vritable et int-
grale sans la libert de conscience. Telles seraient,pour notre Ordre, les consquences de la suppres-sion propose.Les hommes clairvoyants savent, d'ailleurs, qu'
l'poque prsente, nous devons ouvrir les portes denos temples tous les hommes libres et de bonnesmurs qui viennent y frapper. Les dcouvertes dela science, l'instruction donne tous, le dveloppe-ment de la presse, dtruisent peu peu dans les es-
prits la foi traditionnelle. Des hommes timides ouincertains encore viendront nous, de plus en plusnombreux. Devrons-nous les repousser "? Ce serait,croyons-nous, faillir l'un de nos premiers devoirs.La Franc-Maonnerie a t jusqu'ici une vaste
cole o des hommes de toutes les classes et detoutes les opinions, athes ou distes, sont venuss'instruire, se former pour les bons combats de ladmocratie. Malgr la diversit de leurs origines etde' leur condition, des doctrines communes les inci-taient parler ou agir, dans le monde profane,conformment aux enseignements reus dans lesLoges. La Franc-Mac.-, fut leur inspiratrice, et c'est
grce leur coopration qu'elle imprgna la Socit2
contemporaine de. sa pense/ Si notre Ordre renon-ait son rle historique, sa mission de propa-gande parmi tous les hommes conscients, sans ex-ception de croyance ou d'opinion, elle prononceraitelle-mme sa condamnation.
Dans sa Dclaration, le Conseil de l'Ordre a
depuis longtemps proclam, que la loi primor-diale de la Franc-Maonnerie est la tolrance.
Elle a solennellement inscrit, en tte de sa Cons-titution gnrale, le respect de toutes les croyances,de toutes les ides et de toutes les opinions, et sa
propagande est bienveillante, car elle sait que lescurs sont faibles et les cerveaux ignorants.
Enfin je citerai, en terminant, le passage ci-
aprs du morceau d'architecture que je lusdans un Chapitre de Paris, lors de mon initia-tion au grade de Piose-Croix et qui me valut
l'approbation unanime des Chevaliers prsents.
Il me dplairait que Ton n'affirmt point, au seuilde notre Constitution, la libert complte, pour lesmembres de l'Ordre maonnique, de penser confor-mment leurs tendances naturelles ou acquises. Lapersonnalit morale, si originale soit-elle, quedterminrent en nous les hrdits, les milieux tra-verss, les joies vcues et les lattes entreprises, doittre minemment rvre. Une socit serait has-sable o tous penseraient exactement de la mmemanire. Si, ds l'origine, certains hommes n'avaient
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pas t des contempteurs de dogme et d'autorits etne s'taient insurgs contre les erreurs pieusementtransmises, nous n'aurions pas- fait la Rvolutionde 1789 et la Science moderne, cette' Science qui,sans souci des traditions, dtruit aujourd'hui lesthories d^hier, la Science moderne i.ne serait pasne. Je veux la libert de conscience et, si celatait possible, car c'est un rve, il me seraitinfiniment agrable de voir, en une Loge maonni-que idale, disserter et discuter le bonhomriie Mon-taigne, l'intransigeant Bossuet, M. de Maistre, etM. de Bonald,. rigides, figs au centre de ce bloc
glac qu'est le dogme catholique, le prcis et scien-tifique Littr, M. Renan, l'honnte M. Brunetire etenfin le puissant crivain et le trs moderne philo-sophe qu'est Anatole France.Une diffrence existerait videmment entre une
Loge ainsi forme et la Loge dsire par nos fi".-. L.M...et L. Certes, si ces amis taient prsents, ils nousdiraient qu'en des discussions courtoises et frater-nelles entreprises dans l'atelier dont je parle, M.Re-nan, par exemple, courrait un grand danger d'treclricalis par M. de Maistre ou ramen dans legiron de l'Eglise par l'auteur de VHistoire univer-selle selon Veriture Sainte. Je n'prouve pas untel degr la crainte du prtre.
Telles sont, en matire de tolrance, les ides
que les Maons approuvent et professent au
Yulgum pecus.On avouera qu'ils ne les ont gure mises en
pratique l'gard des Franais, leurs frres,
qui, astreints aux devoirs rigoureux de la d-
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feiise nationale, n'avaient pas les moyens de
rpondre aux attaques diriges contre eux de lamanire la plus lche et la plus haineuse.Vous verrez, au cours de ce livre, se rvler,
de plus en plus, votre esprit, l'antinomie quiexiste entre les principes proclams par la
Franc-Maonnerie sur le Forum et ceux qui ladirifi^ent dans ses besognes secrtes.Vous serez, ainsi, amens tout naturellement
penser que son but n'est peut-tre pas celui
que l'on a dit jusqu' ce jour et aussi que ce but, pour tre cach avec tant de soin, sous untel amas de mensonges, doit tre inavouable,anti-social et anti-franais.
Comment et Pourquoij'ai remis les fiches
Vous ne trouverez pas ici, le rcit mouvantde drames ou d'intrigues. Je vous dirai tout
uniment la vrit. Elle est fort simple et, j'ensuis persuad, ceux de mes lecteurs qui ac-
ceptrent comme vritables les contes fantas-
tiques de la presse subventionne seront sur-
pris de cette simplicit.Les motifs d'ordre moral qui m'ont fait agir
furent ceux que peuvent deviner tous les hon-
ntes gens. Je ne les exposerai donc pas longue-ment, au moins dans ce chapitre.
Je considre, avant tout, comme ncessaire
de dclarer que je n'ai pas de comptes rendreni d'explications fournir aux gens du parti
qui fut le mien. Ce n'est pas pour eux que
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j'cris ceci. J'ai toujours cherch la vrit par-tout o je croyais pouvoir la dcouvrir et si jerevenais sur le chemin que j'ai parcouru depuisvingt ans, je retrouverais, certainement, parmiles vnements divers de ma vie intellectuelle,d'videntes contradictions. Je me flatte de cela',car uii des privilges essentiels de l'hommeconscient est la facult qu'il a de modifier libre-
ment ses opinions sans avoir s'en justifiervis--vis d'une Eglise. Le Sacr Collge desRites et le Conseil de l'Ordre du Grand-Orient
peuvent donc, tout leur aise, m'excommunier.Je me contenterai de trouver leurs manifesta-
tions ridicules et vraiment trop clricales. La
qualification de tratre ne m'meut pas. J'ai
agi, ainsi que le ferai toujours, aux injouptionsde ma conscience. Si vous avez lu ce que jepensais du rle que devrait jouer, selon moi, la
Franc-Maonnerie, vous ne serez pas tonnsde mon volution. Elle n'a surpris aucun de
ceux qui, depuis vingt ans, me connaissent in-
timement.
D'ailleurs, la vhmence avec laquelle on me
reproche ma trahison n'a pas le moins ^ dunionde pour cause une sainte et noble indi-
gnation. . ; ,V . .Le snateur Delpech, par exemple, qui rdi-
liK)
gea le fameux et grotesque Manifeste du Grand-
Orient, a fait lever ses enfants aux frais der
l'Etat et une demi-douzaine au moins de ses
parents vivent aux dpens de la Rpublique.Un trs grand nombre de membres du Conseilde l'Ordre se trouvent dans la mme situationet vous n'ignorez pas que nos parlementairesont pour souci principal de caser leur famille et
leurs cratures dans l'administration . C'est parce moyen et non par la proccupation de d-fendre la Pipublique que le vieux Combes
maintenait, sous sa houlette, ce btail. Or, si
l'on touche, au rgime prsent, on atteint enmme temps les gens qu'il nourrit et ceux-cisont prts toutes les gredineries, toutes les
lchets pour conserver leur situation lectorale
ou les postes qu'ils occupent au dtriment des
fonctionnaires indpendants. Les Francs-Maons
qui se sont livrs l'espionnage des officiers
ont vu, presque tous, leur zle rcompens.C'est afm d'obtenir les faveurs gouvernemen-tales qu'ils ont dnonc et c'est en cela qu'ilssont bien des dlateurs, au sens tymologiquedu mot.Tous ces gens, politiciens pillards, fonction-
naires arrivistes, ont mis la France en coupe
rgle. Ils estiment que tout va bien et ils prou-
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vent, vis--vis du citoyen malencontreux dontle pied heurte leur cuelle, la colre farouchedu chien qui l'on veut enlever son os.
Voil le mobile unique, et le seul vrai, de lahaine dont on me poursuit et dont je me moque.
Je dois ajouter que je nai jamais sollicitdu Grand-Orient de Finance ni du Gouverne-ment rpublicain, une faveur quelconque pourmoi ou pour les miens. J'ai donn la Franc-Maonnerie et mon ancien parti beaucoup])lus qu'ils ne me donnrent et je les tiensquittes.
Je n'tais li par rien ces gens. Ne m'tant
jamais abaiss jusqu' leur demander mme cequi m'tait lgitimement d, j'tais libre de les
quitter au moment et de la manire qui meconviendraient. Les ilotes qui vieillissent dansles antichambres ministrielles n'auraient pasle droit d'en dire autant, j'en conviens.
Je n'ai donc pas justifier ma conduite, j'aiagi comme je l'ai fait parce que cela m'a plu,parce que j'ai cru devoir le faire. Si les dla-
teurs, pendant quatre ans, ont espionn et d-nonc secrtement, c'est au grand jour et mes risques et prils que j'ai rvl leur igno-minie; je ne pourrais accepter de remontrances ce sujet que d'hommes pour qui la Rpubli-
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que n'est pas une vache lait. Or, ceux-l, jene les rencontrerai ni rue Cadet, ni au Par-
lement.
Initi la Franc-Maonnerie en 1892, j'entraiau Secrtariat gnral du Grand-Orient deFrance en 189-4. C^est en 1901, que je reus, enl'absence de Vadecard, des mains de Mollin, la
premire demande individuelle de renseigne-ments sur quatre officiers suprieurs parmi les-
quels, je m'en souviens encore, tait le colonelKoch. devenu, depuis, gnral, dcd aujour-d'hui. Je consentis, de prime abord, crire des amis srs afm d^obtenir les indications sol-licites
; puis, aprs le dpart de Mollin, un
scrupule me vint. Je pensai que ce genre de
correspondance tait totalement tranger au but
poursuivi par la Franc-Maonnerie et j'envisa-geai les consquences que pourrait avoir la d-couverte de telles pratiques si elles se renouve-
laient. Je me contentai donc d'tablir la formulede demande qui, depuis, servit presque toujours,et de faire les quatre lettres, mais, dsireux dene pas participer autrement cette besogne, jene voulus pas signer ces lettres et les fis signer
par M. Fontainas, alors vice-prsident du Con-seil de rOrdre. Cette anecdote a tout simple-ment pour but d'indiquer quelle fut, ds le
26
dbut, mon impression personnelle sur les en-
qutes que l'on fit ensuite par milliers au
Grand-Orient.
Beaucoup de raisons me faisaient considrer
cette uvre d'espionnage comme essentielle-
ment dangereuse pour la Franc-Maonnerie et
la Rpublique. Ces raisons, lorsque je les
exposerai, ne constitueront pas, de ma part, des
rvlations pour beaucoup de mes anciens amis
qui je me confiai sachant qu'ils partageaier)t peu prs mes opinions sur ce point, h'clairdu l^'' janvier 1905 publiait, ce sujet, une in-terview d'un Franc-Maon haut plac dans la
hirarchie des Loges , interview dont je cite
le passage que voici :
Un de ses amis du rite cossais le vit cette po-que. Quoique Franc-Maon, cet ami tait de cette mi-norit de la Maonnerie qui n'estimait pas la dla-tion comme indispensable et qui la qualifiait demalsaine. C'tait Bidegain qui disait cet ami : C'est pis que vous ne le supposez. Je fais une
besogne qui m'cure. Il y a des jours o j'ai enviede tout lcher en criant mon dgot. C'est bas, c'est
malpropre, c'est haineux. La Maonnerie se dsho-nore...
Il revint la charge plusieurs reprises, il lui
parla de ce collationnementdes fiches de dlation
la grande pense du rgne de Lucipia et de Desmons.A moi-mme, qui dplorais ce moyen, et il savait
mes rvoltes, il me dit :
27
Je n'cris plus avec de l'encre, j'cris, avec dela boue...
C'tait, je crois, avant les ngociations qui abou-tirent. INIais je rie m'tonne nullement des proposi-tions qu'on lui Jlt {1), tant donn qu'il manifestait sarprobation tout haut, dans les milieux maonniquesaussi bien que dans les milieux profanes. Si quel-que chose peut me surprendre, c'est que la maon-nerie ait pu tre surprise.En somme, je tiens M. Bidegain pour un garon
intelligent, original, personnel, de relations peusres, en ce sens qu'il vous chappe facilementplus dsintress qu'on ne l'a prtendu et qui, dansl'tat d'esprit o il tait, a trs facilement pu ngo-cier la livraison des fiches, en se bornant assurertout juste le pain du jour.Et retenez, ajoute "notre interlocuteur, que c'est
un Maon qui vous parle, qui proteste contre la d-ation mais quiv s'il explique l'acte de M. Bidegain,ne prtend nullement l'excuser.
Les confidences que je faisais quelquesamis, je ne pouvais les faire Vadecard, touteconvereation politique srieuse tant devenue
presque impossible entre nous. Vadecard me
reprochant quotidiennement de n'avoir pas t
suffisamment dreyfusard et de n'tre pas ra-
dical ou socialiste la manire de Jaurs,
j'avais pris le parti d'viter toute discussion
(1) Jamais on ne me fit de propositions au sujetdes fiches.
28
inulite. Je dis inutile, car Vadecard, manqueautant de sens critique qu'une mule d'Anda-lousie. Il s'est toujours content de croire
aveuglm.ent et mon scepticisme l'gard des
gens et des principes de son parti provoquaitchez lui de regrettables accs de fureur.
Dans le courant de 1904, j'appris que l'uvrede dlation, au lieu d'tre restreinte, devait,
dans l'intention de quelques politiciens du Con-seil de l'Ordre, tre tendue tous les fonction-naires. C'tait le moyen, pensaient-ils, d'obtenir
des divers ministres, des faveurs plus nom-
breuses et plus importantes.
Depuis longtemps, j'avais form le desseinde quitter le Grand-Orient de France mais on
m'avait encourag y rester encore quelquesannes (1). J'esprais que je pourrais, un jour,y exercer une influence salutaire et j'avaismme projet de former un groupe ferm ol'on se serait occup de ramener l'Ordre maon-
nique ses principes vritables. M. Gaston
Bouley, grand chancelier du grand Collge des
Rites, M. Jacques Escuyer et beaucoup d'au-
tres que je pourrais dsigner se souviendront,
de ce que je leur ai dit ce sujet. Par suite de-
(1) Inutile de dire que je pourrais citer les nomsdes personnes qui m'y encouragrent.
29
circonslances dont l'intrt n'est pas assez grandpour tre relates ici, je compris qu'il me serait
impossible de raliser le projet que j'avaisconu. J'tais dsormais oblig de prendre unedtermination.
J'prouvais pour la besogne policire la-
quelle je collaborais depuis 1901, une telle
rpugnance que je ne pouvais un seul instant
envisager l'ventualit d'avoir la poursuivre
longtemps encore. D'autre part il me paraissaitque l'espionnage des officiers, qui ne sont ni
lecteurs, ni ligibles, et qui, par consquent,ne peuvent se dfendre, constituait un tel crimecontre les individus viss et contre la patriemme qu'il ne m'tait pas permis, si je quittaisle Grand-Orient, de garder le silence et de fa-voriser ainsi la continuation et l'extension desi monstrueu.ses pratiques. En les dvoilant,me disais-je, je ne trahirai pas, d'ailleurs,
si elle existe encore, la Franc-Maonnerievritable qui n'a rien de commun avec la policesecrte et je ne faillirai mme pas mes devoirsprofessionnels puisque je suis entr au Grand-Orient seulement pour y accomplir des besognesadministratives dtermines et honorables etnon pour m'y livrer des travaux ignobles dedlation.
30
Ce n'est pas sans de longues rflexions et, je
puis le dire, sans un chagrin profond, que jeme rsolus rompre, pour toujours, avec uneInstitution dans laquelle j'tais entr anim detant d'esprances et avec des amis qui m'taient
chers.
Ds que j'eus form le dossier qui me parais-sait ncessaire pour mettre fm, d'une manire
dfinitive, l'uvre de dlation, je 'fis part de
ma rsolution un ami en le priant de recher-
cher, parmi les dputs progressistes ou rpu-blicains nationalistes, celui qui; par son carac-
tre et son pass militaire, aurait le plus d'au-
torit pour interpeller sur cette question. Cette
personne me parla de M. Guyot de Villeneuve
et, aprs que nous emes ensemble convenu deconfier le dossier cet ancien officier, ce fut
mon ami lui-mme qui remit les lettres et lesfiches au dput de Neuilly. Le nom de cet
intermdiaire n'a jamais t cit.La presse du Bloc a invent,' propos de cette
affaire, une conspiration, un complot clrical
ou csarien
Dsireux de ne pas voir s'accrditer cette
lgende et de revendiquer Fentire responsabi-lit de mes actes, je dclare, de la manire la
plus formelle, que l'on ne dcouvrit pas
31
les fiches, iiinsi qiion l'a tant de fois crit, quejamais je ne fus, leur sujet, F objet de solli-citations quelconques et que la rvlation pu-blique des manuvres secrtes du MinistreCombes et du Grand - Orient fut due moninitiative seule. Tout ce c[ui a t dit de con-traire cela est absolument inexact et je puisaffirmer qu aucune des personnes qui furent
mles, ds le premier jour, cette affaire,ne me dmentira.M. Blatin, dans une de ses innombrables in-
terviews, rappela que je manifestai publique-ment, au Grand-Orient mme, la sympathie quej'prouvais pour M. Syveton cause de sonattitude si courageuse, M. Blatin, exception-nellement, ne mentait pas en disant cela. Il
tait, d'ailleurs, naturel que mon attention ft
plus particulirement attire sur le reprsentantd'un arrondissement o je suis n. Cependant,je ne connaissais pas alors M. Syveton, quije fus prsent lorsque, dj, le dossier de dla-tion tait entre les mains de M. Guyot deVilleneuve. Le regrett dput voulut bien se
charger dans la suite de me chercher une si^
tuation, mais ni l'ami dont j'ai parl, ni moi-mme ne le vmes antrieurement.
J'ajoute que je n'ai jamais eu aucune espce
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de relations avec la Li^ue de la Patrie fran-
aise et que je n'en ai eu, pour la premirefois, avec FAssociation antimaonnique de
France, que le 4 janvier 1905, jour o je rendisvisite son secrtaire gnral, M. Tourmentin,afin de le prier de me fournir quelques expli-cations au sujet d'une interview publie dans
un journal du matin par un petit reporterjuif nomm Hausser.On se souvient encore du scandale que sou-
levrent les documents lus le 28 octobre 1904
devant la Chambre tonne. Ce fut, pour le
pays, la rvlation d'un mal secret dont toutes
les consciences droites s'effrayrent.Je dois signaler, propos de cette sance
clbre que la premire partie de Tordre du
jour Maujan ainsi conue : La Chambre bl-
33
situation la veille, en une runion spciale quieut lieu rue Cadet cinq heures et demie et,l, ils avaient mme envisag l'ventualit dela divulgation des correspondances changesentre le ministre Combes et le Grand-Orient.Pas un de ces hommes n'eut le courage, le28 octobre, de tenter une justification.
Je me rendis rue Cadet, le 29 octobre, commede coutume, dsireux que j'tais de voir queleffet avait produit dans la mare aux crapaudsla pierre que l'on venait d'y lancer. Ici, je suis
oblig d'entrer dans certains dtails afm deredresser les premires erreurs propages mon sujet par le Grand-Orient. Ayant t
oblig de m'absenter, je rentrai vers cinqheures, je crois. Dix minutes ne s'taient pascoules que l'on me manda, ainsi que tous les
employs du Secrtariat gnral, au cabinet du
prsident. Dans cette petite salle eut lieu unescne que M. Vadecard, faisant ses confidences un reporter du Petit Parisien, qualifia de tragique et dont le souvenir est pour moi
particulirement rjouissant. Autour d'unetable dment orne de symboles maonniquesse trouvaient runis MM. Rabier, Delpech,Bouley et Sincholle. Aprs m'avoir adress unsalut auquel je m'abstins de rpondre M. Ra-
3
34
bier, qui semblait prsider cette runion, fit
part son voisin de droite en ces termes fami-
liers : C'est un sale coup pour nous, vous
savez, de l'ennui que lui causait le malheursurvenu au gouvernement de Combes. Celadevait gner, en effet, M. Rabier en ses com-
binaisons, car ce petit avocat d'Orlans, aussi
nul que bruyant et brouillon, a l'ambition de
devenir ministre un jour. Et pourquoi ne ledeviendrait-il pas aprs Merlou, Dubief ouTrouillot?
M. Rabier demanda individuellement, aux
employs prsents, s'ils taient les auteurs des graves indiscrtions commises la veille. Cesbraves gens nirent avec une sombre nergie.
Alors le dput d'Orlans s'adressant moime posa cette question : Pensez-vous que l'un
des employs ici prsents ait pris les dossiers qu'a lus hier, la Chambre, M. Guyot de Villeneuve? Je suis certain qu'aucun(( d'eux n'est coupable, rpondis-je. Dans ces conditions, continua M. Rabier, la situa-
lion se simplifie, le champ des recherches se(c restreint. Si aucun de ces messieurs n'est coupable, le coupable c'est M. Vadecard ou vous. L'adverbe videmment fut ma
rponse. On lit descendre au triple galop ce
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pauvre Vaclecard qui nia trs simplement avoirt le fournisseur de M. Guvot de Villeneuve. Enfin Rabier se tournant vers moi d'un air
triomphant m'adressa cette interrogation : M. Vadecard nie. De votre ct, pensez-vous qu'il soit le coupable? Je suis absolu-ce ment certain qu'il ne l'est pas. Il est tout fait incapable d'un acte de ce genre.
ce Dans ce cas, le coupable, c'est vous.
J'avais presque l'intention de rpondre affir-mativement
;mais dans l'espoir de voir se conti-
nuer cette am.usante comdie, je dis avec un
grand calme : Non, ce n'est pas moi. Cette
rponse sembla plonger les personnes pr-sentes dans une profonde stupfaction.Nous n'allmes pas plus loin ce soir-l. On se
contenta de se donner rendez-vous pour lelundi suivant cinq heures.
Je me demande encore pourquoi Pvabier ne
s'aperut pas, au cours de cette ridicule con-
versation, que je me moquais de luiSoucieux d'viter les visites probables des
reporters, je quittai mon domicile, avec ma
femme, le lendemain dimanche vers deuxheures de l'aprs-midi et nous allmes logerchez des parents. Plusieurs amis m'ont re-
proch, depuis, de n'avoir pas ni rsolument
- 36 -
afin de pouvoir, en restant au Grand-Orient,
servir encore la cause nationale. J'en avais
d'abord fait le projet mais je m'aperus vite
qu'il me serait impossible de le raliser car
j'aurais l oblig, pour cela, de laisser peserdes soupons sur des innocents. Je ne pus m'yrsoudre.
Contrairement ce qui a t dit parle Conseil
de l'Ordre, j'expdiai moi-mme le lundi 21 oc-tobre, du bureau des tlgraphes du boulevard
de l'Hpital, une dpche annonant que je merendrais au Secrtariat gnral le mme jour cinq heures; retenu jusqu' six heures et demie
je ne pus tenir ma promesse. On me conseillace soir-l de quitter momentanment Paris ailnde ne pas soulever des incidents personnels.
Je me rendis alors Irun, dans l'intention
d'aller jusqu' Pampelune, o j'avais voir
plusieurs personnes, puis de revenir dans les
Basses-Pyrnes pour rendre visite mon pre.C'est le 3 novembre, dans un caf d'Irun, que jelus un entrefilet du journal espagnol, La Voz de
Guipuzcoa, annonant qu'un mandat d'arrtvenait d'tre dcern contre moi. N'ayant pastrouv de journaux franais pouvant me ren-seigner sur l'exactitude de cette nouvelle ex-
traordinaire, je rsolus de revenir Paris et de
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me livrer immdiatement la justice de mon
pays.Je repartis donc par le rapide, toujours accom-
pagn de ma femme, et j'arrivai Paris lelendemain matin 4 novembre.Nous descendmes l'Htel Terminus sous
le nom de Destancfs et je reus, vers 11 heures,la visite de M. Syveton que j'avais fait prvenirde mon arrive. Celui-ci m'annona qu'aucunmandat d'arrt n'avait t lanc contre moi, quela plainte de M. Vadecard n'tait pas recevableet que, par consquent, il tait inutile de me
rendre au parquet.
Uniquement dsireux de ne pas tre assailli
par les inlerviewers qui n'auraient pas tard
me dcouvrir, je me rendis dans le Nord puis Gharleroi et Lige o je restai jusqu'au6 dcembre. Il m'est impossible de renoncer
au plaisir de reproduire ici, propos de mon
sjour dans cette dernire ville, l'entrefiletsuivant qui a paru dans FEcho de Paris du12 dcembre 1904.
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Un tranger mystrieux.Bidegain or not Bidegain.
Bruxelles, 11 dcembre.
Fut-il Lige, n'y fut-il pas? Voil le sujet demaintes dissertations et de controverses variesdans la bonne cit des princes-vques. Des jour-naux sont affirmatifs, d'autres esquissent des doutes,d'autres encore ne croient pas l'existence Lige,durant un mois, de l'ex-secrtaire du Grand-Orient.Seul, Bidegain le vrai ne dit rien.
(I Beaucoup de faux Bidegains l'gal de ces fauxEspagnols qui ne sont pas du tout Espagnols, quoiqu'ils en disent, courent travers le monde.
C'est ainsi que s'exprime le National, de Bruxelles,et tout porte croire que ses doutes sont fonds.Le Bidegain du Caire se dirige en ce moment vers
Assouan avec un quipage de chameaux; celui deSalonique crit des farces pistolaires; quant celuide Lige, il parait que c'est un homme fort placide,et, au dire d'un garon de caf de l'tablissement
Mrier, toute sa distraction consiste admirer laplace des Guillemins.Et c'est de quoi parle tout Lige. Etait-ce Bide-
gain? N'tait-ce pas Bidegain? Et si ce n'est pas lui,quel est ce mystrieux tranger qui s'en vint, pen-dant un mois, examiner de la fentre de l'htel, laplace de la Gare?
Enigmes.Fernand Sarnette.
L'motion des Ligeois avait t provoquepar un article de M. Charles Bronne publi
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clans FExpress. Ce journaliste, avec une ha-
bilet professionnelle vraiment remarquable,avait su me trouver FHtel de F Univers o
je vcus assez longtemps. Il m'apprit que la loi
Belge punit d'un emprisonnement de huit jours trois mois quiconque prend publiquement un
nom qui ne lui appartient pas. C'tait l un dlit
dont je m'tais rendu coupable, avec la plus
parfaite bonne foi, dans mon dsir d'viter la
visite des fcheux.
Voil toute la vrit sur ma trahison et
ma fuite . En la circonstance, vous le voyez,la ralit fut beaucoup plus simple que les
romans divers invents par la presse de
Combes.Je ne puis terminer sans ajouter que si la
plainte ridicule que le Conseil de l'ordre avait
fait signer par M. Vadecard avait t reconnue
valable, c'est--dire si le procureur de la R-
publique avait estim que le Secrtaire gnraldu Grand-Orient tait bien le propritaire des
lettres lues par M. Guyot de Villeneuve, j'au-rais t fond revendiquer, au mme titre quelui, les trs nombreuses lettres et fiches querenferment les dossiers du Grand- Orient de
France et qui me furent adresses personnelle-ment depuis cinq ans.
}Mensonges et diffamationsdu Conseil de l'Ordre
Je ne m'expliquais pas, autrefois, pourquoide bons et vaillants Franais semblaient avoir
peur des pauvres gens qui forment la Congr-gation de la rue Cadet. Je comprends aujour-d'hui la cause de cette terreur. En effet, si les
Francs-Maons sont dnus de toute franchiseet de tout courage, ils possdent, par contre,une telle science du mensonge, qu'ils parvien-nent pervertir l'opinion publique et que les
honntes gens se laissent tromper par leurs
affirmations. Je viens d'en faire l'exprience.Le nombre d'erreurs qu'a rpandues sur mon
compte le Grand-Orient de France par l'inter-
mdiaire d'agents inconscients ou de repor-ters Isralites est tellement grand, que j'ai
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rsolu d'en signaler ici quelques-unes. Ceux
qui me liront pourront voir ainsi combien ilest ncessaire de passer au filtre serr de la
critique les contes que leur fait chaque jour la
presse smite ou gouvernementale, et cela peuttre un enseignement d'une haute porte.
Il ne faut pas juger du monde prsent parles manifestations extrieures de son activit.Les vnements politiques et les grands ph-nomnes sociaux ont des causes profondes, leplus souvent ignores. C'est en exerant notre
esprit l'examen scientifique des faits quoti-diens que nous acquerrons la certitude du dan-
ger qui menace notre patrie. Si l'on a pu, en
deux mois, imprimer, mon sujet, mille petitsmensonges stupides, de quels mensonges plusmonstrueux ne leurre-t-on pas le public lors-
qu'il s'agit de couvrir la main-mise des Juifssur la richesse nationale ou les dprdations deleur valetaille radicale et socialiste ?
Au seuil des chaumires d'un villa2:e ou de-vaut les portes des maisons populaires de Paris,avez-vous contempl, ds le matin, le spectacledes commres assembles? Des yeux inquietset fureleurs sous des bonnets crasseux, des vi-
sages mchants et craintifs, de longues lippesjauntres englues du fiel des mdisances, des
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convoitises, d'anciennes luxures, des haines
recuites, des odeurs fades de linge sale, des
cabas bants, des chiens galeux, vocations de
Gallot et de Daumier dans l'obscurit de vies
reptiliennes, dans la pnombre de murs hostileset souffreteux. De ces vieilles femmes, de ces
relents, de ces choses et de ces btes, s'lvent,vers la onzime heure, vivantes d'une vie
obstine, des rumeurs, des paroles imprcisesmais grosses de venimeux mensonges. Elles seconcrtiseront un quart d'heure plus tard et
deviendront des certitudes, chuchotes, puis
clames, qui accuseront, d'une manire dcisive,devant l'opinion du quartier, le mystrieuxlocataire du premier qui, dit-on, a fait cuire sa
mre petit feu et par morceaux dans un
pole achet chez Dufayel ou la dame du rez-de-chausse qui se ft avorter hier, parat-il,
pour la quinzime fois.Tel fut le spectacle que donna, en mon hon-
neur, pendant deux mois, la presse rpubli-caine franaise.Le 14 novembre, le Temps pubhait une lettre
signe de mon nom, qu'il avait reue de Salo-
nique. Je fs remettre ce journal quatre lignesdmentant l'authenticit de celte missive; maisautant il avait mis d'empressement insrer
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un document faux, autant il fit de difficults
pour porter ma rectification la connaissance
du public. Je ne crus pas devoir insister, et matrs courte lettre fut publie, le 25 novembre,
par la presse librale. L'attitude du Tempstait due simplement ce fait, que le secrtaire
de sa rdaction, M. Mathias Morhardt, subit
l'influence du snateur Delpech, dont il est ou
fut le collgue au comit directeur de la Liguedes Droits de FHomme.Le 28 novembre paraissait, dans le Matin,
une nouvelle lettre date d'Alexandrie. Je ne
me donnai pas la peine de la dmentir.
J'appris depuis, de source sre, que le Grand-
Orient avait fait envoyer ces deux lettres parses Loges de Salonique (1) et d'Alexandrie.
Dans quel but? Je ne puis le dire. Des ides
aussi baroques ne peuvent germer que dans les
cervelles fuligineuses de vieux Maons, et il
est impossible aux gens dont l'intelligence est
saine, de comprendre l'tat d'esprit qui les fait
natre.
Le 18 dcembre, avec une touchante unani-
mit, la presse franaise et trangre annonaurhi et orhi, mon assassinat au Caire. Je re-
produis ici cette nouvelle :
(1) Loge rcemment fonde.
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La mort de M. Bidegain (?)
Le Journal de Seine-e-Oise, o crivait nagureM. Bidegain, annonait, hier, la mort, au Caire, de
M. Bidegain : Jean Bidegain est mort. Ainsi se trouve expi le crime commis par ce
malheureux qui chappe dsormais, par sa mort,aux haines et aux colres de ceux dont il a si mis-rablement trahi la confiance et l'affection.
(I Nous ne nous sentons plus, cette heure, le
courage de le maudire. Et nous pensons avec piti ce cadavre rest sur une terre lointaine, et quin'aura pas pour dernier asile le sol de la Mre-Pa-trie.
4C>
tablir que la mort est antrieure la strangula-tion...
Dans la lettre de jeudi, il tait dit que M. Bide-gain tait venu au Caire en compagnie d'un ami deParis, avec lequel il avait eu de trsAjolentes dis-cussions parce que Bidegain, pris ddBBfc^rds, vou-lait crire un ami de Paris pour implorer son par-don, rendre l'argent qu'il avait reu, etc.La lettre se terminait ainsi :" La veille de sa mort, une discussion plus violente
eut lieu... Le lendemain on trouvait le cadavre de Bidegain
pendu... Le corps a t port l'hpital Casr-el-An, o
Ton a dcouvert une plaie pntrante sous le seingauche.
Mon avis est que... Le Journal de Seine-et-Olse s'arrte sur ces quel-
ques points.Nous reproduisons l'information de notre con-
frre avec toutes les rserves d'usage.
{Journal.)
Le directeur du Joiiviml de Seine-el-Oisey
auquel je collaborai gratuilement pendant deux,
ans, est M. Albert Marchaux, ancien et futurmembre du Conseil de l'ordre.Les motifs de ce nouveau mensonge du
Grand-Orient taient fort bien exposs, en ces
termes, le 18 dcembre, par M. Albert Mon-
niot, dans la Libre Parole :
47
TRAQUENARD MAC.-,
La mort de M. Bidegain
On trouvera plus loin le rcit dramatique de lamort au Caire de Bidegain : violente discussion,plaie pntrante sous le sein gauche, cadavre se
balanant au balcon, rues tortueuses et vautours
affams, c'est faire dresser les cheveux sur la tte...ou hausser les paules.
C'est la petite feuille laquelle collaboraient Va-decard et Bidegain qui a reu la nouvelle et fournitces dtails terrifiants, prs desquels paraissent pleset exsangues la rubrique des faits divers et les dra-mes en feuilleton du rez-de-chausse.
(( Les bonnes feuilles nationalistes vont enfour-cher ce dada, se sont dit les petits Machiavels de la
Veuve, elles vont trouver l la preuve irrfutabledu crime maonnique : nous ressusciterons Bidegaindans trois jours, quand nos adversaires seront bienenglus dans le sang qu'aura seule rpandu leurimagination, et l'affaire Syveton, qui devient terri-blement gnante, croulera dans le ridicule. Tout beau, messeigneursl nous ne sommes pas
des tourneaux.Il est bien certain que l'assassinat de Bidegain, en
ce moment, dessillerait bien des yeux. Il est incon-testable que ces reprsailles maonniques, exerces cette heure tragique, constitueraient la plus sug-gestive leon de choses que puisse souhaiter l'op-position franaise.
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Qui oserait encore nier le crime maonnique,aprs ce nouveau tmoignage de la Mort?Mais nous devinons aussi qu'aucune feuille pari-
sienne srieuse n'a voulu se faire l'diteur de cetteinformation sensationnelle, et nous voyons qu'il afallu aller chercher la petite feuille o lucubreF.'. Vadecard pour trouver le vhicule de ce tl-gramme d'outre-Mditerrane.
Et, prcisment, parce que cette disparition mys-trieuse frapperait d'un nouveau et formidable coupla Maonnerie, nous n'y croyons pas.L'assassinat de Bidegain serait une trop lourde
faute la charge de la secte.Nous restons sceptiques, considrant avec intrt
les machinations de la Veuve aux abois.Albert Monniot.
Il est inutile de vous dire, n'est-ce pas, quele Temps publia l'article du Journal de Seine-et Oise.
J'tais dj trop blas sur ce genre de fac-ties pour me donner la peine de m'en mou-voir.
Une information venue d'Egypte dmentit,le 21 dcembre, mon assassinat au Caire.Ce pauvre Marchaux en fut pour ses frais
d'imagination, mais il bnficia, pour son jour-nal, d'une rclame considrable. C'est le dernierservice que je lui rendrai, probablement.Le 31 dcembre, une petite note ainsi conue
tait publie dans tous les journaux :
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Les 38 jours de Bidegain
Les gendarmes recherchent Bidegain !Ce n'est pas, comme on pourrait le croire, pour
l'affaire des fiches du Grand-Orient que la mar-chausse est mobilise.Bidegain est simplement recherch parce qu'il n'a
pas rpondu la convocation lui adresse commerserviste attach aux service auxiliaires de la classe1900.
{Figaro.)
Gela tait, si possible, plus bte encore quele reste, car j'ai toujours t parfaitement en
rgle vis--vis de l'autorit militaire.
Enfin, le 16 janvier, le Matin publiait, commeextrait de rHiimanii, un entrefilet annonant
qu'un franc-maon m'ayant rencontr boulevardde la Gare m'avait administr une paire de
gifles. Gliose tout fait bizarre, FHumanitn'avait nullement publi l'article que le Matindisait lui avoir emprunt. Aprs en avoir com-
muniqu les preuves son confrre, riiiima-nit, pour des raisons restes inconnues, avait
sans doute cru bon, au moment de la mise en
page, de le supprimer. Nanmoins je sollicitai,de la LiJjre Parole^ l'insertion de la lettre sui-vante qui parut dans son numro du 17 janvier :
4
50
Monsieur le Directeur,
Un obscur reporter pay par le.... socialisteJaurs, avec l'argent des Juifs qui entretiennentVHumanit conte, ce matin, en style de concierge, ses lecteurs crdules, qu'un franc-maon m'auraitadministr une paire de gifles.En ce qui concerne les vnements actuels, j'ai
gard le silence parce que cela m'a plu et malgrles objurgations de la presse stipendie je le gar-derai tant que cela me plaira, mais je ne veux pasaccepter qu'une partie du public si faible soit-elle, comme c'est le cas puisse, un instant, sup-poser qu'un franc-maon m'a manqu de respect.Cela n'est encore arriv aucune personne vivanteet ce n'est certainement pas un des eunuques dela rue Cadet qui, le premier, lvera la main surmoi.
Les francs-maons tout le monde le sait for-ment une espce animale trop lche pour se per-mettre d'attaquer en face ses ennemis.
Cependant, si un crtin des Loges ou un des lec-teurs de VHumanit formait le projet de m'insulter,je l'avertis loyalement que je le mettrais aussittdans l'impossibilit physique de faire, le lendemain, l'adipeux Jaurs ou ce pauvre Lafferre, le rcitde sa rencontre avec moi. C'est dire que mes anciensFrres feront bien de prendre, en toutes circonstan-ces, les prcautions ncessaires pour viter leur arrire-train le contact de la semelle de mesbottes.
En terminant, je ne puis m'empcher de m'tonnerque le Grand-Orient de France soit assez imprudent
51
pour me faire attaquer dans ses journaux. Quos vultperdere Jupiter dementat prlus.
Veuillez agrer, monsieur le Directeur, l'assurancede ma considration trs distingue.
Jean Bidegain.
Les bons FF.*, ayant t aviss par ce pouletque j'lais Paris, se sont abstenus, depuis ce
temps, de se livrer leurs coutumires plaisan-teries. Ce simple avertissement suffit.
Je ne veux pas vous fatiguer en relatant d'in-
nombrables erreurs de dtail commises par des
reporters, sous l'inspiration probable de cer-tains membres du Conseil de l'Ordre. Ce seraittrop long et trop fastidieux.
Cependant, j'ai gard pour la fm, le plus for-midable et le plus imbcile des mensonges duGrand-Orient. Ce mensonge constitue, d'ail-leurs, une diffamation des plus caractrises,c'est propos de l'enqute sur l'assassinat deM. Syveton que ce qui suit fut publi parle Journal le 26 dcembre 1904 :
Les rvlations imprvues faites par M"^^ Syvetonau juge d'instruction sont de nature affoler davan-tage encore l'opinion, qui, de plus en plus, se pas-sionne pour le mystrieux drame de l'avenue deNeuilly.
Il parat qu'au cours de son instruction, M. Bou-
52-^.
card aurait eu connaissance d'un fait de mme na-ture : on est venu lui raconter l'histoire suivante :M. Syveton se serait trouv tre en relations, plus
que cordiales, avec une jeune femme de l'entouragede M. Bidegain, le secrtaire du Grand-Orient, quilivra les fiches de dlation. Il aurait appris, par cette
personne, l'existence des dites fiches, et, d'accordavec plusieurs de ses amis politiques, aurait rsolude les acheter.Connaissant la situation modeste de Bidegain, il
lui aurait fait faire des ouvertures, et aurait russi obtenir les documents convoits, moyennant le ver-sement d'une importante somme.
Cependant, les amis de M. Syveton auraient cher-ch des fonds. Vainement, ils se seraient adresss la veuve d'un richissime industriel qui, dj, dans lebut de servir a la bonne cause , avait vers des som-mes importantes la caisse de la Patrie Franaise.Et, devant ce refus, trois des notabilits du partinationaliste se cotisrent pour faire la somme de
200,000 fr. L'une d'elles aurait vers 80,000 fr.
Or, ces 200,000 fr. remis M. Syveton, il ne lesaurait employs qu'en partie l'usage pour lequelils taient destins. Il se serait content de remettre50,000 fr. d'aucuns disent 75,000 fr. M. Bide-
gain, et aurait gard le reste !Et c'est devant les rclamations de l'ex-secrtaire
du Grand-Orient, menaant de tout rvler, queM. Syveton s'est donn la mort...Ce qui semblerait corroborer cette version, c'est
que, parat-il, M. Syveton aurait reu, la veile ou lematin de l'vnement tragique, une lettre qu'il auraitdchire violemment et cette lettre aurait mande M. Bidegain.
Il est remarquer aussi que, comme le Journal
53
Fa racont M. Syveton tait all visiter, ces tempsderniers, un gymnase o l'on traite la neurasthnie.Il avait l'intention de s'y faire inscrire comme abonn.Or, ce gymnase est situ rue Lepic, deux pas de larue d'Orchampt, o habitait, alors, M. Bidegain. 11
n'y a sans doute l qu'une concidence ; mais elle estcurieuse. Car, dans le cas o la version que nousdonnons viendrait prendre corps, ce fait prouveraitque M. Syveton, qui habitait Neuilly, et pouvaitchoisir un autre tablissement prs de son domicile,avait des habitudes Montmartre.
... Telle est l'histoire que l'on chuchote depuisquelques jours. Nous la relatons simplement, titredocumentaire. Car il ne semble pas que la lumiredoive de sitt clairer ce drame, qui a si fortementmu l'opinion, et qui, avec ses pripties multi-ples semble tre plutt du domaine du roman-feuilleton que de celui de la ralit.Et quel coup de thtre si Bidegain qui, de l'a-
veu d'un de ses amis n'a pas quitt Paris, o ilhabiterait sous un faux nom, sur la rive gauche, sur-
gissait tout coup, comme le deus ex machina de latragdie antique, pour expliquer son rle en cettetnbreuse affaire !... C'est improbable, mais ce n'est
pas impossible. Les vnements qui viennent de sedrouler montrent qu'on peut s'attendre toutes les
surprises si formidables et si dconcertantessoient-elles.
Le 29 dcembre on lisait ceci clans le Matin :
Depuis quelques jours, voici q'une nouvelle versiondes causes qui dterminrent M. Syveton se donnerla mort vient s'ajouter celles que nous connais-sions dj.
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Le dput du deuxime arrondissement, dit-on,aurait t charg par M. Guyot de Villeneuve et pardiverses autres personnalits de la Patrie Franaisede ngocier avec Bidegaln l'achat des fiches duGrand-Orient. M. Syveton, ajoute-t-on, connaissaitBidegain depuis longtemps. Il avait fait la connais-sance du secrtaire du Grand-Orient par l'interm-diaire de la belle-sur de celui-ci, M" D..., avec
laquelle il tait en relations intimes ; c^est elle quiaurait entam les premires ngociations. Mais, tou-jours d'aprs les on-dit, M. Syveton n'aurait vers l'employ de M. Vadecard, ainsi qu' la ngociatrice,qu'une faible partie des sommes qui leur avaient t
promises somms qui, cependant, avaient tmises sa disposition dans ce but, et dont il se se-rait appropri la diffrence. Furieux d'tre ainsifrustrs, Bidegain et sa belle-sur auraient critlettres sur lettres l'ancien trsorier de la Patrie
franaise, sans pouvoir obtenir de rponse. C'estalors que, dans une dernire lettre, ils auraient me-nac M. Svveton, s'ils n'obtenaient une satisfaction
immdiate, de tout rvler. La peur de ce scandaleaurait dtermin le dput au suicide.
Ce canard, qui fit le tour de la presse bio-
carde, avec une remarquable agilit, avait t
publi pour la premire fois, plusieurs jours au-
paravant, par le Radical, journal essentielle-ment maonnique.
Je vous avoue que ces... rvlations me stu-
pfirent. En effet, je ifai vu M. Syveton quequatre fois, je ne lui ai jamais crit et ma
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belle-sur, M'^' M. D... qui s'occupait fort peude politique, n'avait appris l'existence du dputdu 2" arrondissement que le jour de sa mort.
Je ne pouvais m'expliquer l'origine de ces
extraordinaires racontars, mais le Temps se
chargea de m'clairer en faisant interviewer le
docteur Blatin.
Blatin est ancien dput du Puy-de-Dme,ancien maire de Glermont-Ferrand, ancien pro-fesseur la Facult de mdecine de la mmeville, marchand de prservatifs, de bicyclettes,d'instruments de chirurgie, de montres, de v-
tements pour enfants, de biberons (i), membredu Conseil de l'Ordre et grand-commandeurdu Grand-Collge des Rites.
Nous avons interrog le D"" Blatin, crivait
le reporter du Temps, au sujet des rapports que M. Syveton avait eus avec M. Bidegain au sujet de la livraison des ftches publies
56
// nous tait revenu notamment que la(( belle-sur de Bidegain, AP^^ D..., qui ha- hite dans un passage de la rue Duperr, en- tretenait des relations intimes avec AI. Sy- veton.
Par ces paroles imprudentes, le marchandde pommades qui prside le Grand-Collge desRites et qui a dj eu maille partir avec la
justice franaise, avouait que les diffamationsaussi lches que stupides dont ma parente eut
souffrir avaient pris naissance au Grand -
Orient mme. C'est donc le Conseil de l'Ordrequi s'en fit le propagateur dans ses journaux.Quel lait son but en se livrant cette iornoble
besogne? Je l'ignore, mais le fait est acquis.Ma belle-sur avant fait insrer dans la
presse indpendante une note annonant sonintention de poursuivre pour diffamation les
journaux qui avaient annonc au public sesprtendues relations avec M. Syveton, il ne fut
plus question, ds ce moment, de cette singu-lire histoire. (1)Vous pouvez apprcier sa juste mesure,
(Ij Le mariage de cette jeune fille fut annonc, le21 fvrier par le Petit Journal. C'est cet vnementdomestique qui a empch, jusqu' ce jour, que lespoursuites en question ne soient entreprises.
57
d'aprs ce qui prcde, l'trange moralil des
hommes qui dirigent la Maonnerie franaise.Ils n'hsitent pas, si telle est leur fantaisie,
insulter, salir diffamer une jeune fdle sansdfense.
Comparez ce fait l'altitude des dlateurs
qui, en immense majorit, ont refus de sebattre avec les officiers qu'ils avaient espionnset vous aurez dj une suffisante notion de laconscience maonnique, de l'tat d'me qui d-termine les actes des politiciens radicaux et
jaursistes. La psychologie de ces gens est cer-
tainement curieuse, mais son tude ne rvle
rien de beau ni rien de propre.
Leurs Polmiques
Le Conseil de l'Ordre a pour valets de plumeun certain nombre d'individus inconnus ou f-cheusement connus, qui coulent leur copiedans VAction, VHumanit, le Radical ou laPetite Rpublique. L'Action se fait davantage
remarquer par la vhmence de son anticlri-calisme, sans doute parce que M. Henry B-
renger, son directeur, tait, il n'y a pas trs
longtemps, un fervenlissime catholique. Lafferre
crit si j'ose ainsi parler dans cette feuilleconfidentielle. Le Radical ne compte plus. Le
programme de VHumanit, personne ne l'i-
gnore, est celui des Juifs qui la commanditent.
Quant la Petite Rpublique, elle a pour r-dacteur en chef Grault-Richard.
C'est a qui, dans la presse, constitue la
60
vieille garde du Grand-Orient de France.
En province, un grand nombre de journauxcmboitenl le pas derrire ces leaders minenls.
La Dpche de Toulouse, par exemple, et lePetit Mridional ont l'il constamment fix
sur ces Lumires qui ne sont mme pastoujours du 3^ appartement.Que voulez-vous?. . . Dans nos petites villes, il y
a disette de grands hommes et, aprs une jour-ne monotone, on devient capable, Garpen-tras, de prendre Laurent Tailhade pour un
successeur de Juvnal.
Je me suis fort diverti la lecture des articles
qui me furent consacrs par les divers or-
ganes du parti rpublicain radical, radical-socialiste et socialiste (1) , lisez : du parti ma-
onnique.
Lesdiles feuilles possdent des polmistesd'une rare distinction et d'une subtilit d'esprit nulle autre pareille. Entre autres, M. Gariel,
directeur du Petit Mridional, m'a cherch,relativement l'authenticit des fiches, une
querelle singulire. Je suis incapable de lui
rpondre sur tous les points, car j'avoue n'avoir
(1) C'est l'tiquette authentique de celte marcban-dise.
61.
rien compris la premire partie de son article.M. Gariel termine ainsi :
Dans son interview par la Libre Parole^ l'honnteet loyal Bidegain a dit :
C'est moi encore qui ai fait les lettres et laformule du questionnaire. Mais peine eus-je faittout cela que j'eus des scrupules. Les lettres quej'avais rdiges, je refusai de les signer, elles lefurent par un membre du Conseil de l'Ordre, lenomm Fontainas.
62 ^
gain a, par lettres (1) et dans une interview, dclar
qu'il tait dgot du mtier qu'on lui faisait faire .Aprs s'tre ainsi complaisamment dcern lui-mme ce brevet de vertu, M. Bidegain ajoutait queson dgot allait jusqu' l'enipcher de signer de samain les demandes de renseignements qu'il expdiaitaux Loges de province. A l'en croire, il laissait cettemalpropre besogne au nomm Fontainas .La vertu de M. Bidegain doit tre de bien frache
date, car voici le texte d'une lettre signe de sonnom qu'il adressait la fin de l't dernier au vn-rable d'une loge des dpartements.
Ceie lettre ne doit treconnue que de vous.
Paris, le 26 septembre 1901.
T.-. C.-. F.-.
Je vous serais trs oblig de bien vouloir me
communiquer, dans le plus bref dlai possible, lesrenseignements les plus dtaills que vous aurez purecueillir sur la personne dsigne dans la note ci-
jointe. Attitude politique, opinions et pratiques reli-
gieuses, mode d'instruction des enfants"! Les int-resss ont-ils de la famille dans la localit? Si oui,quelles sont leurs frquentations?
Il vous suffira de me retourner la fiche avec les
renseignements, sans lettre d'envoi. Remerciements et sentiments frat.\ dvous.
Bidegain.
(1) Je n'ai jamais crit cela.
63
Cette demande de renseignements n'est pas laseule de ce genre adresse par Bidegain aux vn-raloles des loges de province.
D'autres cas, analogues celui que nous citons,nous ont t signals. En voici un entre autres des
plus significatifs.A la date du 28 septembre 1904, Bidegain crivait
M. Dupuy, Alger, et lui adressait un certainnombre de fiches qu'il priait son correspondant delui renvoyer le plus tt possible.Ces fiches devaient concerner les officiers de chas-
seurs et de spahis en garnison Alger.M. Dupuy garda longtemps ces fiches par devers
lui. Or, une partie de ces mmes fiches parurentdans le dossier Guyot (de Villeneuve) alors que les
originaux taient encore sur la table de travail deM. Dupuy.Et voil ce que l'on a appel des documents au-
thentiques et indiscutables !
Si j'ai cont M. Gaston Mery l'anecdote
relative aux lettres que je fis signer, en 1901,
par M. Fontainas, c'tait dans le seul but d'in-
diquer quelle fut mon impression premire sur
les demandes de renseignements faites par leministre de la Guerre et, par consquent, com-
bien je rprouvai, ds son origine, l'uvre
policire du Grand-Orient.Je vais rpondre M. Gariel et VHumanit
par un apologue.Je connais un excellent citoyen, charg de
6i
famille, qui fabrique de la pouclrelle clans une
usine de Saint-Denis. Ce brave garon estime
que son mtier ne correspond pas, d'une manire
exacte, son tat d'me et il dsire l'abandonner.
Malheureusement, il a quatre enfants et ne pos-sde pas d'argent, ni la protection de M. Jaurs.
S'il dclarait tout de go son patron que, la
fabrication de la poudrette le dgotant, il dsire
s'abstenir dsormais d'y participer, il est pro-bable qu'il se ferait congdier. Aussi, sans se
plaindre, sinon en son for intrieur, mon hommecontinue-t-il tripoter ce que vous savez. Moncas tait pareil celui-l, et c'est pourquoil'excellent M. Gariel et FHumanit ne doivent
point me reprocher d'avoir, moi aussi, manipul
quelque chose de sale jusqu'en octobre 1904.En ce qui concerne la fm de Tarticle, relative
M. Dupuy, d'Alger, je ne puis donner d'ex-
plications, car je ne saisis pas trs bien ce qu'elle
signifie. En tout cas, ce n'est certainement pasmoi, qui ai devin ce que pensent les officiers
d'Alger en matire politique et philosophique.Je n'ai pas le don de seconde vue.
Vers la fin de Janvier FAction me reprocha,d'une manire vhmente, non seulement d'avoir cambriol le Grand-Orient mais aussi d'avoir
chang d'opinion. Afin de prouver ses rares
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lecteurs que je fus anti-militariste, elle se donnala peine de rimprimerun article intitul Chosesmilitaires que j'avais fait paratre, au moisd'Octobre 1902, dans la Revue du xx" sicle,fonde par moi en aot de la mme anne.M. Gaston Mry voulut bien rpondre, dans laLibre Parole^ cette spirituelle attaque. Voici
son article :
Les fonds du ministre de la guerre.
Une lettre du capitaine MoUin.
UAction, en rponse aux dclarations de M. Bide-gain, rdite un ancien article de lui, qui dnote untat d'esprit tout fait diffrent de celui qui est lesien l'heure actuelle. Le procd, qui, en d'autres
circonstances, aurait pu tre vraiment malicieux ;n'est peut-tre cette fois qu'imprudent : il serait sifacile de rpliquer notre confrre en mettant, parquelques citations, ses propres collaborateurs en
contradiction avec eux-mmes.Mais nous avons mieux faire aujourd'hui que de
nous livrer ce petit jeu, d'ailleurs innocent.Il se trouve, en effet, que l'article de M. Bidegain,
reproduit par l'Action, va nous permettre de d-
montrer, avec document l'appui, que l'indignit du
gnral Andr tait encore plus complte qu'on nel'avait cru jusqu'alors.
Cet article qui parut dans le numro d'octobre 1902,de la Revue du vingtime s^ec/e, tait intitul: Chosesmilitaires. C'tait une charge fond de train, d'une
66
part, contre le colonel de Saint-Rmy et contre leconseil de guerre qui avait prononc son acquitte-ment et, d'autre part, contre le capitaine Humbert,que le ministre de la Guerre venait de mettre en dis-
grce. Sur le dos de ces deux officiers, l'auteur fai-sait l'loge ditliyrambique du gnral Andr.Or, cet article, s'il n'avait pas t fait sur com-
mande, avait du moins t communiqu en manuscritau ministre de la Guerre, qui l'avait trouv son
got, et qui avait charg le capitaine ISIoUin, nonseulement d'en fliciter le signataire, mais encore delui offrir les subsides ncessaires pour le rpandre profusion
C'est prcisment \efac simile de la lettre du ca-pitaine MoUin, lettre officielle crite sur papier duministre de la Guerre, que nous mettons aujourd'huisous les yeux de nos lecteurs (1).Cette lettre, qui saura la lire, prouvera beaucoup
de choses. Elle prouvera, d'abord, que le gnralAndr a menti impudemment quand il a dclar qu'ilignorait les relations troites du capitaine Nlollinavec le Grand-Orient, Elle prouvera ensuite que le
gnral Andr, non content d'avoir organis la d-lation dans l'arme, se servait de la presse pour faire
injurier les ofliciers qui lui dplaisaient. Elle prou-vera, enfin, que le gnral Andr ne ddaignait pas,quand cela pouvait servir sa politique ou ses ran-cunes,de disposer des fonds du ministre de la Guerrepour payer des besognes qui n'avaient rien de mili-^^^^'^' Gaston Mry.
Cet article me valut de la part de rAclion
(1) Voir clich page 67.
MlNISTERt KEPUBLIQUE FRANAISE
VAX JTLi/vnAtstfc;)
U^U/V.
69
une borde crinjures qui me dsopilrent larate.
C'est Bidegain, disait le journal de Lafferre, qui, unjour que le capitaine Mollin se trouvait seul avec luidans son cabinet du Grand-Orient, lui parla le pre-mier do cette publication et lui demanda un doubleservice en lui faisant accorder le patronage deM. Anatole France et en recommandant sa Revue ses amis, afin de lui procurer quelques fonds.Le capitaine Mollin reut quelques jours aprs le
numro en question, et, comme suite Tentretienqu'il avait eu avec Bidegain, il lui crivait la lettre
reproduite par la Libre Parole pour lui confirmer
qu'il s'occuperait bien volontiers de propager sarevue et de lui acqurir quelques concours financiers.Il en parla en effet quelques amis politiques, en
particulier au trsorier d'une importante association
rpublicaine qui dclina la proposition, et les chosesen restrent l.Plusieurs personnes nous ontaffirm spontanment
que jNI. Mollin les avait pressenties en faveur de la
publication de Bidegain.
Le Temps publia, le soir mme, ai-je besoinde le mentionner, cette rponse de l'Action.
J'ai trs peu de chose dire pour vous in-
diquer, cette occasion, le genre de polmiqueen usage chez mes anciens Frres.
i'' Jamais je n'eus solliciter l'appui de M. le
capitaine Mollin pour obtenir le patronage de
M. Anatole France. C'est sur la recomman-
70
uaiion do M. Gustave Geffroy que l'aj^pui moral
dsir par moi me fut accord;2 Jamais je n'eus qumander de fonds pour
la Revue du xx sicle, tous les frais occasionns
par cette publication de propagande ayant tou-
jours t pays intgralement par M. JacquesEscuver ;
3 La lettre de M. MoUin parle d'un article etnon de la Revue du xx"" sicle. Cette lettre tant
date du 16 septembre, c'est bien l'article paruen octobre qu'elle faisait allusion.
Il ne saurait subsister aucun doute cet gard.D'ailleurs, le Figaro, publiant, le 58 fvrier, le
rsum d'un rapport tabli par le gnral Percin
pour se justifier d'avoir t l'organisateur de la
dlation, disait :
Le cabinet s'tait partag en deux camps: lesofficiers Francs-Maons, MM. Mollin, Violette, Le-merle, auxquels se joignait le colonel Jacquot; et lesnon Francs-Maons, MM. Percin, Humbert, Targe.Ceux-ci furent en butte de mauvais procds : onles espionna, on dtourna leurs lettres, on les ca-lomniait auprs du ministre. La lutte se termina,
l'avantage du clan Fi'anc-Maon,parle dpart du ca-
pitaine Humbert, qui plus tard le gnral Andrfit des excuses.
11 faut chercher, dans ces querelles, aux-
quelles je me repens sincrement de m'tre
71
ml, l'origine de mon article. On pourraitfacilement retrouver, peu prs la mme date,dans le Petit MricUonnl, ^^n article de M. Laf-
ferrc sur la mme personne et le mme sujet.
*
Le 31 janvier FAction publiait un article
ayant comme titres et sous-titres ces phrases
grandiloquentes: Les Vengeurs de la morale. Thibaudin-Bidegain. Leurs lettres. (f Bide^-ain dfenseur de l'honneur de l'arme. Ce qu'il crivait il y a dix-huit mois.
Voici le passage de cet article qui me con-
cerne :
Elle gt aiijourdMiui, cette preuve, (celle de ma v-
nalit), en une lettre crite par Bidegain et que nousa communique un de nos amis, Ynraljle d'uneLoge de province.Cet ami n'hsitait pas, certes, transmettre au
Grand-Orient les renseignements que celui-ci lui de-mandait. Pourtant il le faisait sans enthousiasme.Non point qu'il vit cela le moindre mal, au con-traire, mais il avait constat que ces renseignementsne servaient pas grand'chose, pour ne pas dire
rien, et que les nominations et promotions taientdans l'arme aussi mauvaises que par le pass.Alors quoi bon ?Il crivit dans ce sens au prsident du Grand-
Tr-
nent, et sa lettre, Judas Bidegain, en qualit dechef du secrtariat du Grand-Orient, rpondit la lettre
typique que voici :(( Votre lettre est empreinte de pessimisme. Il est
vident que la mentalit des officiers raction- naires ne sera pas transforme par le ministre(I actuel et qu'ils reviendront probablement un jour leurs premires amours. Nanmoins, je crois
73
venez de lire. Ce fat celle du Prsident duGrand-Orient.
Mais je veux me contenter de ces exemples.Je les ai cits atln de vous montrer les moyens
grossiers que les Francs-Maons emploient
pour tromper les lecteurs nafs des journauxministriels.
La polmique politique, illustre par tant denobles et gnreux esprits, est devenue, entreles mains de ces gens, un moyen d'garer le
proltariat, et d'affermir, de perptuer le r-
gime ploutocratique actuel. Les mensonges les
plus cyniques, les plus flagrants, constituent,
pour eux, des armes prcieuses, leurs seules
armes, pourrait -on dire.
Les ouvriers griss de rhtorique la Jau-
rs, de grands mots et de grands principes,hypnotiss par l'attente de rformes toujourspromises pour demain, se laissent prendre ces appeaux.
Ils attendent patiemment, le ventre vide,devant le plat o l'on sert, aux apptits d'Is-ral, la richesse cre par leur travail, parleurs souffrances. Il y a l, tout autour,
normes et cyniques, les Juifs de la hautebanque, du grand ngoce, et, se glissant entreleurs jambes, entre leurs ventres, les roquets
74
de la majorit, les petits chiens du Parlementet leur niche grouillante, tendant la gueule
pour attraper un os du festin, un pot-de-vin ouune sincure. On apprit jadis l'ouvrier quece plat s'appelle la Rpublique. Les convives,normes ou minuscules qui s'y repaissent, sont,parat-il, les reprsentants du Travail National
(avec des majuscules) et les lgislateurs, l'Oret la Sagesse, la Force et la Pvaison, tout ce
qui rend un pays 1res puissant et trs illustre.
Jacques Bonhomme le croit sincrement,puisque son journal le lui redit chaque matin ;et il attend, car il est crit dans la Dclaration
de 1789 que les hommes naissent et demeurent libres et gaux en droits .
Dlation
Dans les sances des 28 octobre et 4 novem-
bre 1904:, M. Guyot do Villeneuve a suffisam-
ment indiqu dans quelles conditions et quellemesure avait t organise l'uvre de dlation
pour qu'il paraisse, aujourd'hui, utile d'y re-venir. Cependant, on a sembl accueillir commedes rvlations tout ce qui fut dit, depuis, parles intresss ou leurs sous-ordres.
Le dput de Neuilly disait dans sa premireinterpellation :
M. Guvot de Villeneuve. Voil le der-
(f nier document que j'apporterai la tribune. Il y en a d'autres, non moins intressants, que je pourrais montrer. Mais ce que je tiens tablir la fin de cette discussion, ce que je tiens dclarer, c'est quil en ressort
76
d'une fcion lumineuse que M. le ministre(( de la Guerre, d'accord avec M. le prsident du Conseil et d'accord avec le Grand-es Orient, a organis contre Varme la dla- tion et Pespionnage. (Applaudissements au centre et droite. Interruptions ex- trme gauche.)Le livre de Mollin, les nombreuses confi-
dences faites aux reporters par les membres duConseil de l'Ordre, les aveux de Pasquier, n'ont
fait que coniirmer ces paroles et les rvlations
de l'avenir les fortifieront encore par des preuvesnouvelles.
Puisqu'il est ncessaire de redire aujourd'huice qui fut dit hier, je vais vous rappeler, com-ment a fonctionn la dlation.
On fit, en premier lieu, une enqute gnralesur tous les officiers de France, d'Algrie et de
Tunisie. La demande de renseignements tait
autographie sur une feuille ne contenant aucune
indication maonnique, et portant cette mention : Pourrait-on avoir des renseignements trs complets et trs dtaills, aux points de vue(c politique et philosophique, sur tous les offi-
ce ciers suprieurs et gnraux : commandants, lieutenants-colonels, colonels et gnraux de la ville de... Ce fut encore moi qui tablis
11
celte formule. L'enqute gnrale n'ayant pas
produit de rsultats assez prcis, on rsolut
d'organiser la dlation d'une manire complteet permanente. Les documents que je vais citer
et que j'ai choisis parmi beaucoup d'autres
parce qu'ils sont fort dmonstratifs, contiennent
l'aveu de cette enqute gnrale et comme la
synthse de la besogne abominable entreprisede concert par le Grand-Orient de France et
par le misrable vieillard qui prsidait, il y a
quelques mois, le Conseil des ministres, et quidshonora la tribune franaise par tant de l-chets et de mensonges.Le 29 juillet 1901, Molhn adressait Vade-
card la lettre suivante : {Voir ci-contre la
photographie de cette lettre.)
MINISTERE REPUBLIQUE FRANAISE.
^.-.e.
. ^i^^^.
-^
'a.^ ^4
^'^t^K^
u-
83
Cette lettre, maimnl du ministre de laGuerre tait adresse au Grand-Orient doFrance. Il n'y a pas d'quivoque possible. Des
correspondances personnelles n'auraient past crites sur du papier de l'Etat ni enregistresrue Cadet. Au reu de cette missive, M. Vade-card tablit, de sa propre main, la fiche quifut envoye M. Schwrer, de Grenoble, avec
prire de la remplir (1) ; M. Schwrer jugeantque cette feuille n'tait pas de grandeur suffi-
sante crivit, sur la note reproduite ensuite (2),les... renseignements qu'il possdait sur le lieu-
tenant-colonel Jaricot et retourna au Grand-Orient cette note avec la fiche de Vadecard.
Celle-ci porte le timbre d'enregistrement sur le
livre d'entre de la correspondance officielle duGrand-Orient. Les renseignements demandsle 29 juillet Grenoble parvinrent rue Cadet le
2 aot. Le zle de M. Schwrer tait indiscu-table.
Tel tait le mcanisme habituel de la dla-tion maonnico-combisteM. Vadecard s'tant absent pendant le mois
d'aot 1901,
ce fut moi qui reus en son absence,en ma qualit de secrtaire gnral adjoint, la
(1) Voir clich page 85.(2) Voir clich page 87.
84
correspondance du ministre de la Guerre. Lesdeux enveloppes reproduites (1) vous le prouve-ront et vous prouveront aussi que les lettres de
MoUin n'taient pas seulement adresses, ainsi
qu'il le prtend dans son livre, un corres-
pondant qui, peu peu, tait devenu un ami ,mais au Grand- Orient de France dont le secr-taire gnral tait M. Vadecard et, en l'ab-sence de celui-ci, M. Bidegain.En aot et septembre 1904 je reus du minis-
tre de la Guerre, prs de cinq cents demandesde renseignements sur des officiers de toutes
armes et de tous grades.
* *
Le front bas, les yeux fuyants, de haute
taille, avec cette paisseur de l'ossature, cette
lourdeur du corps qu'ont souvent les paysans de
rile-de-P"rance, M. Pasquier rappelle l'adjudantstigmatis par Gourteline sous le nom de Flick.
Dnu d'ducation et d'une intelligence plusque mdiocre, Pasquier conquit cependant les
faveurs de la plbe maonnique parce qu'il futle premier, avec M. Bergre, ancien secr-
(1) Voir clicli page SU.
(^ j2>e^eyu^^;t.c ^^ /a^ze^ ^.i-^^/^^^L..-^.^
/
^
v^
^^^^^^.^^/yf^cU^^
5iJ^^
01
laire gnral, revtir son uniforme pourassister, comme dlgu, aux Gonvents duGrand-Orient. Les Francs-Maons, plus que tous
autres, ont chez eux le respect des uniformes et
des castes.
Pasquier, affam de popularit, fonda une
association d'officiers Francs-Maons qu'ilnomma Solidarit des armes de terre et demer plus connue aujourd'hui sous son nomabrviatif de Solmer . Ge groupement tait
une vritable agence d^espionnage qui existe
et fonctionne encore l'heure actuelle. G'est
avec son concours que le clbre mouchardfournit au ministre de la Guerre, par l'inter-
mdiaire du Grand-Orient, des rapports de po-lice, non pas sur 2^8 officiers mais sur 3,000environ. Pasquier prtendit, il y a deux mois,
qu'il n'accomplit cette besogne que par ordre.
En cela il mentit. Jamais l'ancien gardien de
prison de la rue du Gherche-Midi n'eut, ainsi
qu'il l'affirma, ses libres entres chez le mi-
nistre de la Guerre ou chez le ministre de l'In-
trieur et toutes les fiches, qu'il tablit lui furent
demandes, par le Grand-Orient ou manrentde son irVitiative personnelle. D'ailleurs, il serait
impossible cet homme d'appuyer par despreuves ses racontars.
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M. Guyot de Villeneuve, lors de son inler-
pellalion du 28 octobre, parlant de cet officier
indigne, disait: J'ai l, de lui, sur le gnral de Ngrier, une note rvoltante que je ne puis lire. Le Grand-Orient de France eutla sottise de faire authentifier, par YHumanit,cette fiche que j'avais reue, de Pasquier, enl'absence de Vadecard. Or, ni M. Yadecard nimoi ne sollicitmes de renseignements, surM. de Ngrier, du prsident de l'agence Solmer,et si la fiche en queslion lui avait t demande
par Combes ou par Andr ce n'est pas moi
qu'il l'aurait remise. C'est donc sans en avoirt pri que Pasquier diffama le gnral de
Ngrier. C'est aussi par simple amour de l'art
que cet individu, depuis quelques annes,
espionnait ou faisait espionner ses camaradesle plus souvent sans en avoir reu mandat.
Je tiens ne pas insister sur cette question
rpugnante. Je m'tonne seulement que le
Franc-Maon zl qui dtient le portefeuille de
la Guerre et le Grand-Orient de France cou-
vrent, avec tant de sollicitude, de leur frater-
nelle protection, le commandant Pasquier, dontle pass maonnique lui-mme ne fut pasexempt de toute tache.
En tout cas, je suis certain que le Conseil
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de l'Ordre ne rpondra pas aux deux questionssuivantes :
P Pourquoi M. Pasquier, lors de l'Assem-ble gnrale de septembre 1895 fut-il obligde donner sa dmission de membre du Conseil la suite d'une interpellation de M. Michel,
d'Avignon, aujour