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BOÎTES NOIRES EMPREINTES DU MONDE ET PAYSAGES INTÉRIEURS du 29 septembre 2015 au 3 janvier 2016

BOÎTES NOIRES - · PDF fileDÉCLOISONNONS Le Planétarium de Vaulx-en-Velin est aussi un outil prétexte à des rencontres ou des échanges, un moteur dans le rapprochement d’acteurs

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BOÎTES NOIRESEmprEintEs du mondEEt paysagEs intériEurs

du 29 septembre 2015 au 3 janvier 2016

Chambre à brouillard (ci-dessus)Laniakea, R.B. Tully, H. Courtois, Y. Hoffman, D. Pomarède (Image couverture)

DÉCLOISONNONS

Le Planétarium de Vaulx-en-Velin est aussi un outil prétexte à des rencontres ou des échanges, un moteur dans le rapprochement d’acteurs très divers, issus des domaines scientifiques, éducatifs, culturels, artistiques ou encore sociaux et économiques. Il s’agit d’explorer et de définir, tous ensemble, le monde dans lequel nous sommes, de mieux comprendre la place que nous pensons y occuper. C’est dans ce cadre que le Planétarium organise et soutient, depuis bientôt 20 ans, des actions dites « Art-Science » en accueillant en son sein de nombreux artistes explorant à la fois des domaines artistiques très différents et de nombreux chercheurs en sciences de l’Univers (Universités, CNRS, CEA, grandes écoles...). L’art et la science ne sont pas ici convoqués pour se justifier mutuellement, l’un aidant à transmettre les connaissances de l’autre ou à expliciter sa démarche. Bien au contraire, il s’agit de réunir ces deux formes d’expression humaines à travers leurs différences et leur complémentarité pour traduire et retranscrire une même réalité, c’est-à-dire le même Monde, et « apporter un regard pluriel et interdisciplinaire pour aborder la complexité de notre monde » (Edgar Morin). L’art et la science traitent souvent de sujets analogues mais de manière très différente, apportant des éclairages distincts mais bien complémentaires sur notre monde, et c’est bien ce monde qu’il s’agit de saisir, de comprendre dans toutes ses dimensions naturelles et humaines. Décloisonnons ces deux disciplines, ouvrons l’art et la science au public ; l’art avec la science désormais ensemble pour explorer les facettes du possible ! C’est ainsi que nous inscrivons notre démarche, nourrie des passions de nos artistes et de nos scientifiques qui se prêtent à l’exercice. Investir et habiter le Planétarium s’offrent comme une expérience à vivre et à partager. Notre structure se présente alors comme un tiers-lieu d’une neutralité active au service de dialogues respectueux, d’égal à égal. Les artistes et les scientifiques ne s’y trompent pas, trouvant dans ce lieu une plate-forme facilitant cette rencontre, accompagnés de professionnels aguerris, à l’écoute de leurs préoccupations et les mettant en lien avec un public divers et curieux. « L’Incubateur art et science », dont la 2e édition « Entrevoir l’invisible » a eu lieu entre février et juillet 2015, est le dispositif phare de cette démarche : il donne carte blanche à des artistes et à des scientifiques qui, avec le public et les médiateurs, entrent dans un processus de résidence sur plusieurs mois. Le rendu de cette expérimentation hors-norme n’est pas défini à l’avance. Elle laisse, par conséquent, libre champ à la créativité et à l’imagination dans une démarche de co-construction.

Nadia Lakehal Maire-AdjointeDéléguée à la Cultureet à la Vie Associative

Hélène Geoffroy Maire de Vaulx-en-Velin

Députée du RhôneVice-Présidente de la Métropole de Lyon

BOÎTES NOIRESEmpreintes du monde et paysages intérieurs

Selon que la lumière vienne imprimer au fond de notre rétine une empreinte du monde sensible ou qu’à l’inverse notre vision du monde vienne projeter ses rayons sur ce qui nous entoure, les représentations de la lumière décrivent parfois des trajectoires opposées.En tant que représentations symboliques de la connaissance, ces deux trajectoires incarnent l’opposition que l’on établit communément entre démarches scientifiques et artistiques. Dans le champ des sciences, la lumière vient de l’extérieur pour éclairer l’esprit. Dans le champ des arts, c’est la lumière intérieure qui vient projeter ses rayons sur le monde afin de le faire apparaître sous un nouveau jour.

L’exposition Boîtes Noires invoque ainsi deux façons de faire appel à la lumière pour produire des images du monde, témoignant de deux relations du sujet à l’objet. L’histoire qui se raconte ici est celle de l’opposition entre images artistiques et scientifiques, visions objectives et subjectives, opposition qui s’est affirmée au milieu du dix-neuvième siècle mais dont les frontières tendent à se brouiller par la suite.

Le motif de la chambre noire, ancêtre des boîtiers d’appareils photographiques et des salles de projection, constitue le fil conducteur de ce récit. Cette invention ayant aussi bien accompagné l’histoire de l’art que celle des sciences, les différents emplois qui en sont fait incarnent les théories de la connaissance qu’ils mettent en œuvre.

Aussi, au tournant du dix-neuvième siècle, les premiers scientifiques à se réclamer de l’objectivité virent dans la lumière un moyen de saisir une empreinte objective du monde, un moyen de la coucher sur papier, de la mettre à plat pour le rendre accessible à la pensée. La lumière entrait dans le boîtier d’un appareil photographique pour y imprimer une image où la présence de l’homme s’effaçait.

A l’inverse, l’artiste devait affirmer la subjectivité de sa vision du monde en se montrant capable d’y projeter sa lumière intérieure. La peinture de paysage fut emblématique de cette pratique dans la mesure où tout paysage se définit par la mise en scène d’un point de vue. Ce point de vue se trouvait alors le plus souvent placé au centre d’une réalité fuyante, dans laquelle le regard pouvait s’engouffrer. Les effets de profondeur et les jeux de perspective atmosphérique étaient accentués, de sorte que le paysage entier constituait comme un miroir de l’âme. La lumière sortait du regard de l’artiste comme de la lentille d’un projecteur pour nimber son point de vue du mystère de la création.

Quant au traitement de la lumière au sein des images, tous les aspects de l’optique interviennent dans ce jeu d’opposition entre objectivité scientifique et subjectivité artistique, entre mise en avant de l’objet ou du sujet : qu’il s’agisse de la volonté de privilégier le flou ou la netteté, d’étendre ou de réduire la profondeur de champ, de mettre en valeur les contrastes, d’homogénéiser les couleurs ou de les différencier au maximum. Les divergences d’intention donnèrent naissance à des codes visuels immédiatement identifiables qui déterminent encore aujourd’hui notre rapport aux images.

Pourtant, au tournant du vingtième siècle, la dimension objective des images est remise en question par l’évolution même des sciences. L’impossibilité d’éliminer la subjectivité présente dans toute représentation visuelle nécessite de l’assumer en tant que telle.

Parmi les images qui en ont le plus clairement pris acte, celles que les ordinateurs projettent à partir de données chiffrées constituent un véritable retournement des pratiques. Des modèles mathématiques totalement abstraits se trouvent alors représentés sous forme d’espaces colorés en deux ou trois dimensions pour permettre à celui qui les observe de s’en saisir de manière intuitive, de mieux les appréhender pour pouvoir les manipuler. Ces représentations prennent ainsi en compte les données subjectives de la vision pour permettre la visualisation de données objectives.

La frontière entre images objectives et subjectives se dissipe, certains espaces composant parfois de véritables paysages, accompagnés d’effets atmosphériques de manière à placer le sujet qui les observe comme au centre d’une réalité secondaire.

Doors, Patrice Belin et Antoine Schmitt2013, 1m x 2m , ordinateur, programmation, vidéo projecteur

Hermann von HELMHOLTZ, Courbe chromatique développant les recherches de Maxwell, 1860Philipp Otto RUNGE, Sphère chromatique, 1810

partiE 1

LumIèREEntre réalité physique et réalité perceptive de la couleur

Pour les Anciens, la question de l’origine de la vision faisait débat. Selon certains, l’œil envoyait vers les objets des rayons qui venaient les effleurer. Pour d’autres, de fines pellicules d’atomes émanaient de la surface des objets sous forme de membranes volatiles qui venaient pénétrer nos yeux. L’idée selon laquelle les rayons de la lumière, réfléchis par les objets, venaient frapper nos yeux ne fut formulée que bien après par un savant arabe du onzième siècle.

La question des couleurs, de leur nature et de leurs relations, fit également l’objet de nombreuses controverses et ce, jusqu’à la fin du vingtième siècle. Les couleurs sont-elles purement le fait de notre subjectivité ou ont-elles une réalité matérielle ? Naissent-elles à l’intérieur de l’œil qui les perçoit ou viennent-elles du monde extérieur ? Leur étude relève-t-elle de la psychologie ou de la physique ?

Les tentatives les plus récentes pour définir la couleur se situeront entre ces deux hypothèses : entre l’interprétation subjective et objective. Si les couleurs sont bien dues aux variations de fréquence des ondes lumineuses, la couleur n’est pas perçue comme une onde. Définir la couleur, c’est décrire objectivement ce qui fait la vision subjective de l’homme. Sa réalité est d’ordre psychophysique.

En Orient comme en Occident, les relations entre les couleurs seront également interprétées dans leurs rapports au corps et aux éléments naturels. Des médecines traditionnelles chinoises, indiennes et grecques associent chaque couleur à des humeurs ou des organes du corps, assimilés à des énergies vitales et des éléments naturels. Les pratiques de la luminothérapie développées au dix-neuvième siècle à partir de ces traditions, tiennent encore aujourd’hui les couleurs pour être dépositaires d’un pouvoir thérapeutique.

Les physiologistes et psychologues du dix-neuvième siècle s’intéressent tout particulièrement aux phosphènes, des images qui s’imposent à notre vue sans qu’aucun objet ne soit présent. Leurs couleurs apparaissent ainsi sans qu’aucun rayonnement coloré ne soit émis. Ces apparitions, provoquées par persistance rétinienne, par de fortes migraines ou des altérations de l’œil, sont étudiées jusqu’à la fin du vingtième siècle au moyen d’électrostimulations, de consommation de psychotropes ou de simples pressions exercées sur le globe oculaire.

Pour les individus qui, au début des années soixante, s’aventurèrent jusqu’aux portes de la perception, la fascination que suscitait de telles hallucinations tenait majoritairement au fait qu’elles nous donnent à voir les limites mêmes de notre système visuel. Elles permettent d’appréhender la subjectivité de notre regard comme un objet à part entière. Les sensations étant la condition première de la connaissance du monde, il est primordial de savoir ce que voir signifie.

partiE 2

PROjECTIONSpaysages intérieurs et lumières émotionnelles

Au tout début du XVème siècle, l’invention d’un dispositif à miroir permet de poser les fondements de la perspective linéaire : une manière de construire l’image à partir d’un point central d’où partent des lignes de fuites. Toutes ces lignes de construction convergeant vers un point, correspondaient aux faisceaux de lumière qui convergent dans l’œil. La perspective linéaire mettait en scène le point de vue subjectif du regardeur en plaçant pour la première fois l’œil humain au centre de l’image. L’homme se trouvait ainsi placé au centre du monde.

Mais c’est avec la représentation des paysages que la mise en scène du point de vue dans la construction même de l’image trouvera son expression la plus complète. Les figures humaines y étant plus rares voire absentes, le motif du paysage met en avant le face à face entre l’homme et le monde, sous la forme d’un jeu de miroir entre vision intérieure et réalité extérieure, sujet et objet.

Le terme de paysage n’étant apparu qu’au début du XVIème siècle, la peinture de paysage reste un genre mineur en occident jusqu’au XVIIème siècle. Dès le XVIIème on organise des voyages à travers l’Europe pour retrouver les paysages pittoresques des grands maîtres classiques. Cette pratique s’intensifiant au XVIIIème siècle, on commence à employer le terme de paysage pour désigner, non plus seulement des peintures, mais des lieux réels que l’on peut regarder comme des peintures, à partir d’un point de vue choisi.

Ces lieux étaient souvent dessinés au moyen d’un miroir teinté qui amplifiait les déformations produites dans l’œil, accentuant la mise en scène du point de vue au cœur de l’image. Le mouvement pittoresque qui découle de ces pratiques définit alors des règles de composition, règles qui déterminent encore aujourd’hui notre manière de voir un paysage ainsi que les points de vue que nous recherchons en voyageant.

Poursuivant cette tradition de la peinture de paysage, mais désireux d’aller plus loin dans la mise en scène du face à face entre le monde et le sujet qui le contemple, le mouvement romantique qui se répand en Europe jusqu’au milieu du XIXème siècle invente le paysage état d’âme. La nature, perçue comme miroir de l’âme, déploie des lumières transfigurées par le tempérament de l’artiste. Les effets atmosphériques, les harmonies colorées, l’usage du clair-obscur donnent à sentir comme une vibration émotionnelle qui intègre une dimension psychologique. L’homme projette littéralement sa lumière intérieure sur le monde.

Black Landform, Joanie Lemercier, 20142014, 60 x 40cm, papier noir découpé au laser

Epis périphériques, Christine Maigne2013 - 1024, 163 x 218 x 4,5 cm, tiges de caoutchouc et craie noire sur bristol encadré sous verre dépoli (extrait 6 sur 12)

partiE 3

EmPREINTEStraces lumineuses et mises à plat

Les partisans de l’objectivité scientifique au milieu du XIXème siècle, travaillant à mettre à plat les objets qu’ils représentaient, considéraient volontiers l’image comme une manière d’empreinte. Qu’ils soient photographiés ou dessinés, ces objets devaient être bien souvent isolés de leur contexte, dans un cadre clairement délimité et disposés sur un fond souvent monochrome, avec une réduction maximale de la profondeur de champ.

L’aplanissement de l’image permettait non seulement de rendre l’objet d’étude plus lisible mais également d’éliminer les effets de profondeur qui auraient souligné la présence du point de vue adopté. Ces images cherchaient ainsi à effacer ce que les peintures de paysage mettaient en avant dans le domaine artistique. De telles pratiques donneront naissance à un ensemble de codes visuels qui seront petit à petit associés à la recherche même de l’objectivité.

D’autre part, pour éviter que la vision subjective que l’on a d’un objet ne déforme son image, le scientifique doit non seulement s’interdire toute retouche, mais également opérer à la manière d’une machine, adoptant les mêmes attitudes quel que soit l’objet étudié. De la sorte, il s’interdit toute possibilité d’adapter son point de vue en fonction d’un jugement esthétique ou d’une théorie qu’il chercherait à souligner. L’objectivité de la démarche repose sur la mécanisation des gestes et le caractère systématique des protocoles mis en place pour produire l’image.

Le fait de considérer l’image comme une empreinte du monde retourne l’idéal scientifique du siècle précédent. Il ne s’agit plus d’accéder aux formes parfaites et universelles qui se cachent derrière les imperfections de la réalité, il ne s’agit plus de dessiner le type idéal qui fait le lien entre tous les cas particuliers. Le type idéal n’existe pas, il n’y a que des spécimens, tous différents et tous irréguliers. Il faut donc représenter chaque individu tel qu’il est en faisant apparaitre toutes les irrégularités qu’il présente.

Et puisqu’il n’y a que des spécimens, tous différents, pour qu’on puisse reconnaitre et étudier un objet, il est nécessaire de compiler un grand nombre d’images, la plus représentative possible des variations connues. C’est la grande période des typologies, des collections, des listes, tables, atlas et autres rassemblements d’images organisés sur le modèle de la grille ou de la liste.

Cette première définition de l’objectivité trouvera ses limites, dans la mesure où l’image n’est justement pas une empreinte de l’objet. Elle ne le représente que sous un angle, alors qu’il est possible d’en adopter un nombre infini. La réalité physique des objets étant inaccessible à nos sens, si l’on veut faire preuve d’objectivité, ou bien il faut abandonner toute image, ou bien il faut admettre que chaque image n’est qu’un point de vue porté sur la réalité et qu’il y en existe une infinité.

Selon cette seconde définition de l’objectivité, le réel apparaît caché comme dans une boîte noire, ses principes sont inaccessibles aux sens. Finalement, l’image objective serait celle qui renverrait à ce qui se trouve en dehors de toute image. Une image qui donne à penser l’objet dans son caractère irrémédiablement étranger, multiple, insaisissable, et ne pouvant être figuré qu’à travers un changement permanent de point de vue.

Mouvements turbulents sous la surface de l’eau, Timothée Jamin, Michaël Berhanu, Eric Falcon2015, Laboratoire Matière et Systèmes Complexes de l’Université Paris VII

partiE 4

ECRaNSpaysages de données et horizons de calculs

Puisque la réalité physique échappe à nos sens, le caractère objectif d’une étude nécessite pour certains d’évacuer toute image. Les modèles mathématiques, décrivant des relations entre objets sous forme de structures abstraites, sont objectifs car ils sont compris de la même manière et vérifiables par tout individu. Ils livrent une description du monde universellement communicable et ne dépendent pas d’un point de vue subjectif.

Toutefois, avec l’arrivée des outils numériques dans le champ de la recherche, apparaît un nouveau type d’images, transformant les données les plus abstraites en espaces sensibles. Que ce soit sous forme de courbes, de structures filaires ou de volumes en trois dimensions, des modèles mathématiques peuvent ainsi se changer en véritables reliefs de données.

Ces images doivent permettre d’appréhender des systèmes de données parfois très complexes de manière intuitive. Elles permettent ainsi à leur utilisateur de se projeter en elles comme dans un monde parallèle pour être aisément manipulables.

Ces représentations constituent un renversement des valeurs qui opposaient images objectives et subjectives au dix-neuvième siècle. Elles représentent des données chiffrées tenues pour objectives, et sont en même temps construites sur les bases de la perception subjective de l’homme.

Fondées sur la perception que l’on a de l’espace, elles sont construites sur des repères orthonormés, avec ligne d’horizon, axe vertical et axe de profondeur. Elles proposent parfois même des vues en perspective centrale pour produire l’illusion du point de vue subjectif, de manière à ce qu’on puisse y voyager virtuellement.

Elles tiennent également compte de notre réception subjective des couleurs. Le rouge, couleur qui nous paraît la plus chaude et la plus saillante, figurera par exemple des données importantes ; là où le bleu outremer, couleur qui nous paraît la plus froide et la plus profonde, sera attribuée aux données mineures.

Mais ces couleurs souvent très vives peuvent être également mises au service du spectaculaire. Homogénéisées par des jeux de lumières ou des effets de brouillard dans un but clairement esthétique, ces images se changent à proprement parler en paysages de données, déplaçant les codes de la peinture sur des représentations graphiques.

Ces images qui accordent une place centrale au point de vue subjectif du regardeur sont abondemment employées dans les sciences humaines pour le traitement des données statistiques comme dans la gestion des échanges économiques. Faisant écran dans tous les sens du terme, elles placent l’observateur au centre d’une réalité secondaire, capable de se substituer aux réalités qu’elles sont censées représenter. Elles occasionnent ainsi des prises de décision dont les conséquences peuvent être en revanche bien réelles.

Echonomie, Norbert Godon 2013, vidéo

Variation, Sophie Pouille 2015, encre blanche, papier noir

L’ INCuBaTEuR 2Entrevoir l’invisible

L’Incubateur, démarche unique d’interrogation sur les représentations du monde, entre art, science et société, emmène le public à la découverte de l’Univers sous le regard d’un artiste et d’un scientifique. Conduite à l’échelle du territoire de la ville de Vaulx-en-Velin depuis la saison 2013/2014, elle invite pendant plusieurs mois un scientifique et un artiste à dialoguer et échanger sur leurs propres activités de recherche, en interaction permanente avec dix familles de Vaulx-en-Velin et des médiateurs scientifiques du Planétarium.

En 2015, année internationale de la lumière, l’Incubateur explore la lumière sous toutes ses facettes. Entre février et juillet 2015, dix nouvelles familles de Vaulx-en-Velin tentent de répondre à la question : comment entrevoir l’invisible ? Pour cela, elles sont invitées à construire chacune une Chambre à brouillard, dispositif expérimental qu’elles emmènent ensuite à leur domicile.

Véritable invitation à s’interroger sur la perception de notre monde et la nature de notre Univers, ce voyage conduit les familles au cœur des laboratoires de recherche les plus avancés, leur permettant aussi de visiter plusieurs lieux et événements artistiques.

Pour les aider dans cette démarche collaborative, elles peuvent compter sur l’aide d’un médiateur scientifique du Planétarium, mais aussi sur le physicien Antoine Cazes (Institut de Physique Nucléaire de Lyon), dont le travail de recherche porte sur la matière noire, mystérieuse matière très présente dans l’Univers, mais qui n’émet pas de lumière.

Ce questionnement du concept de visible et d’invisible, de la nature de la réalité qui nous entoure et de la définition même d’objectivité et de subjectivité, permet de rejoindre les préoccupations de l’artiste Sophie Pouille.

Chambre à brouillard, Clément, Sophie Pouille, Antoine Cazes 2015

EffLuENCEinstallation multimedia

2015sculpture en cire, miroir sans teint, installation interactive

EFFLUENCECe qui flue hors, coule hors, s’exhale d’une manière invisible.

«Cette pièce est composée de cire, de sources lumieuses et de réactions aux mouvements du public. J’ai souhaité rester à la lisière entre l’objet fixe et l’apparition de formes en mouvements.

Les sculptures sont réalisées en cire, passant de l’état liquide à l’état solide aux travers de moules conçus à partir d’une technique rudimentaire d’empreintes orientant le résultat mais laissant une grande part à l’imprévu.

L’apparition des tracés se fait tel un dépôt de brouillard, les objets ne pouvant être véritablement contemplés, toujours légerement insaisissables.

Selon l’intensité lumineuse et le rythme d’émergence des sculptures, les volumes semblent changer d’aspect. C’est cette notion de point de vue instable que je tente également de souligner.»

Sophie POUILLE

PaRTENaIRES

Nicolas GUICHARD

Après une formation en montage vidéo et en infographie, il intègre en 2006 le Master Création et ingénierie numériques - Scénographie interactive à l’Université de Valenciennes. Il y développe alors des installations interactives traitant le son et l’image en temps réel et se forme à la programmation sur des logiciels de création numérique pour dispositifs interactifs.

Après avoir été régisseur multimédia au sein du CECN (centre écriture contemporaine numérique), situé en Belgique à Mons, pour lequel il assiste différentes compagnies de spectacle vivant dans leur processus de création interactive, il développe de nouveaux projets à travers le HOOP, atelier de construction pour dispositifs interactifs.

saladetransistoroignon.com

Jean-Yves ALLOIN

Sa formation technique en environnement architectural, puis celle en histoire de l’art l’ont naturellement emmené vers la fonction de décorateur dans le spectacle vivant et l’audiovisuel.

Pour enrichir sa palette, il est entré au conservatoire de musique de Lyon en section contrebasse jazz, puis a participé et créé plusieurs ensembles jazz et dérivés.

Avide de découverte, il a poussé sa curiosité vers un domaine lié à l’expression artistique : la MAO (Musique assistée par ordinateur)

Au gré des rencontres, il a mis à profit ses passions par une collaboration, notamment avec l’Opéra de Lyon, le TNP de Villeurbanne, le théâtre de Luxembourg, France Télévision.

Partition pour installation multimédia, Sophie Pouille, 2015Sculpture en cire, 1 sur 154, Sophie Pouille, 2015 (photo: © Bruno Pouille)

Collaboration Edelweiss, Mesure de l’efficacité de réjection des bolomètres en Germanium de l’expérience Edelweiss à l’aide d’une source de Plomb 210 A. Broniatowski et al. Physics Letters B 681 (2009) 305-309

Collaboration Edelweiss, Mesure de l’efficacité de réjection des bolomètres en Germanium de l’expérience Edelweiss à l’aide d’une source de Plomb 210 A. Broniatowski et al. Physics Letters B 681 (2009) 305-309

aRTISTE COmmISSaIRE sophie pouiLLE

Mes recherches se sont orientées depuis six ans vers la création de formes mêlant des vocabulaires schématiques, architecturaux, organiques et minéraux. En peinture et en sculpture, je me sens proche du principe de nature naturante qui désigne la volonté de retrouver les principes générateurs du monde qui le structurent intrinsèquement. Lorsqu’une dynamique émerge, je la contre-balance afin de tisser des variations, je m’efforce de rester au bord de la rupture. Mes dessins tentent de saisir des flux, d’être à l’écoute du bruissement discret des directions, de rester dans une approche fragmentaire où des contours s’esquissent.

Mes travaux ont été présentés, entre autres :

2015 au Centre d’Art Contemporain de Lacoux2014 au Planétarium de Vaulx-en-Velin, au Salon Expérimenta de Grenoble, à la Galerie Jeunes créations de Paris2013 à l’Espace d’Art de Guyancourt2012 au Goethe Institut de Lyon, à la Maison des Mathématiques et de l’Informatique Depuis 2013, je travaille également à la conception d’expositions collectives.

Contact : 06 21 24 83 26 [email protected]

aRTISTE COmmISSaIRE norbert godon

Mes recherches portent sur la question des engrammes. Je réalise des dispositifs destinés à donner corps aux images mentales qui habitent le langage et la mémoire collective, lesquels investissent aussi bien la vidéo, la photographie, le dessin, la sculpture, le son, que les outils numériques. Je cherche ainsi à rendre sensible les résurgences d’anciens systèmes de représentation dans l’imaginaire contemporain.

Mes travaux ont été présentés, entre autres :

2014 au Frac Languedoc-Roussillon avec le festival Sonorités 2013 pour la Nuit Blanche, à l’Espace d’Art de Guyancourt2011 à l’Espace Khiasma avec le soutien du CNC Dicréam2010 au Centre d’art de la Villa des Tourelles2008 à l’Espace Jeune Public du Centre Georges Pompidou 2007 au Muséum de Lyon futur Musée des Confluences 2003 à Art Paris en 2003Depuis 2011, je travaille également à la conception d’expositions collectives, envisagées comme une extension de ma pratique.

Contact : 06 66 86 02 42 [email protected]

SCIENTIfIquE INCuBaTEuR antoine CaZEs

Après un bac scientifique à l’école alsacienne, j’ai effectué des études supérieures de physique à l’Université Pierre et Marie Curie. Suite à mon DEA, je suis parti 16 mois aux états Unis pour faire mon service militaire dans la coopération, ce qui m’a permis de passer un Master of Nuclear Science à l’Université de Caroline du Sud, où j’ai travaillé sur une expérience de physique hadronique au Thomas Jefferson National Accelerator Facility. J’ai ensuite effectué ma thèse au Laboratoire de l’Accélérateur Linéaire à Orsay sous la direction de Jean-Eric Campagne sur l’expérience OPERA, qui étudiait les oscillations de neutrinos. J’ai poursuivi par 4 ans de post-doc en Italie, à l’université de Padoue puis au Laboratoire Nationale de Frascati, toujours travaillant sur OPERA. J’ai obtenu un poste de Maître de Conférence à l’Université Claude Bernard Lyon 1 en septembre 2008 où après 3 ans de travail sur OPERA, j’ai rejoint le groupe de Matière Noire et l’expérience Edelweiss.

CO-PRODuCTEuR

association FormEs éLémEntairEs

L’association “Formes élémentaires” a pour vocation d’élaborer des expositions et d’organiser des événements d’art contemporain en dialogue avec les sciences, afin de créer des espaces de réflexions, de mises à distances, capables de stimuler la créativité nécessaire à toute forme de recherches.

Ainsi ses visées ne sont ni pédagogiques, ni exclusivement artistiques dans le sens où les pratiques artistiques qu’elle défend n’envisagent pas les sciences comme simples pourvoyeurs d’images et de protocoles exploitables. L’association “Formes élémentaires” conçoit les dialogues art et sciences comme un moyen de soulever des questions de société, en vue de mettre en évidence les automatismes et les lieux communs qui découlent du cloisonnement des disciplines et tenter de les dépasser.

Expositions présentées :

2015-2016 au Planétarium de Vaulx-en-Velin2014 à la Galerie Jeunes créations de Paris2014 au Frac Languedoc-Roussillon avec le festival Sonorités2013 à l’Espace d’Art de Guyancourt

Contact :

[email protected]

DOCumENTaIRE pagÈs FiLms

Pagès Films fut l’une des familles de cet incubateur, à la fois à l’intérieur du dispositif maiségalement à l’extérieur, en tant que témoin de cette aventure. Passionnés par l’effervescenceintellectuelle que procure les recherches en astrophysique, leurs regards attentifs et bienveillantsaboutira à un documentaire qui sera présenté au cours de l’exposition BOÎTES NOIRES, empreintesdu monde et paysages intérieurs.

Pagès Films, c’est une équipe de créatifs venus d’horizons divers qui ont décidé de de s’amuser en faisant les choses sérieusement. Parce qu’ils ont les compétences, ils élaborent des concepts, ils créent des histoires, ils les réalisent, ils en font la post-production et ils les diffusent sur le web. Ils intègrent dans leurs concepts les attentes et comportements des publics pour proposer aux marques des stratégies parfaitement adaptées à la fois aux cibles et aux nouveaux médias. Ils proposent d’utiliser l’humour, la surprise et la culture des Internets pour capter l’attention. Ils savent suivre un brief et s’adapter à la demande, élaborer des campagnes publicitaires, marketing et digitales. Ils conçoivent tous types de contenus vidéos : Brand content, publicités TV et web, films corporate, fictions.

Contact :

[email protected]

aRTISTES COmmISSaIRESNorbert GODON Sophie POUILLE

aRTISTES

André AVRILPatrice BELINGregory BELLERLaurent DEROBERTBrion GYSINPierre-Pol LECOUTURIERJoanie LEMERCIERChristine MAIGNEStudio MILLIMETREMarie-Luce NADAL Igor PETROFFLinda SANCHEZHiroshi SUGIMOTOJérôme PIERREAntoine SCHMITT Benjamin VIORTFrançois ZAJEGA

CONSEILLER aRTISTIquELaurent MULOT

SCIENTIfIquE INCuBaTEuRAntoine CAZES

CHERCHEuRSJérémy ANDRéAurélien BARRAUMichaël BERHANU Jean-Francois COLONNA Hélène COURTOISEric FALCONYehuda HOFFMANTimothée JAMINDaniel KUNTHBruno MANSOULIéDaniel POMARèDEDamien ROHMER Edouard THOMASBrent TULLY Christian WALTER

COLLaBORaTIONSJean-Yves ALLOIN Alexandra DE BOUHELLIER Benoît GASPARDNicolas GUICHARDAnaëlle PANNPIXEL’S REVENGESTUDIO FOND VERT

PHILOSOPHE

Jean-Clet MARTIN

DOCumENTaIREPAGÈS films

famILLESINCuBaTEuRChristine et PatrickClément et Muriel Fadila et SamahLes élèves du Lycée Doisneau Marie-NoëlleMonique et GillesPAGèS Films Thomas, Agnès et EtienneViviane

REmERCIEmENTSPierre AUDINCécile BARGUES Julien CAMPAtelier Lengaï

aCCèS

Transports en commun : bus C3, C8, 52 et 57 arrêt Vaulx - Hôtel de Ville - Campus Voiture : Direction Villeurbanne-Porte de Cusset, puis Vaulx-en-Velin centre, suivre Hôtel de Ville. Le Planétarium est situé près de l’Hôtel de Ville.

LE PLaNÉTaRIum

Place de la Nation - 69120 Vaulx-en-VelinRenseignements : 04 78 79 50 13Réservations groupes : 04 78 79 50 [email protected]

CONTaCT

PaSCaLE KOENIGAttachée de presse06 23 88 22 49 [email protected]

juLIE PORTEfaIXResponsable de la communication du Planétarium04 78 79 50 [email protected]

HORaIRES

Du 29 septembre au 31 juillet inclus- Mercredi : 13h30 - 17h- Samedi, dimanche, jours fériés : 10h30 - 18h- Vacances de Toussaint lundi-vendredi : 9h -18h week-end 10h30-18h- Vacances de Noël : 10h30 - 18h- Dernière admission 1h avant la fermeture.- Possibilité de venir mardi, jeudi et vendredi hors vacances, sur réservation au 04 78 79 50 12.- Fermeture les 4/11, 25/12, 01/01.

VISITE COmPLETE Expositions + 1 séance d’astronomie 9 € / 7 € * / Résidents et groupes ≥ 10 personnes : 6 € *Enfant 3-12 ans, retraités, étudiants, personnes handicapées, demandeurs d’emploi, familles nombreuses. Gratuit : accompagnateurs de groupes (1 pour 10), bénéficiaires de minima sociaux, et pour tous le 1er samedi du mois.

VISITE EXPOS Expositions seules : 7 € Groupes ≥ 10 personnes : 5 € / Gratuit pour les moins de 6 ans.

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VErnissagE le Vendredi 9 octobre à 19hà l’occasion de la Nuit de la Lumière 2015

Du 29 SEPTEmBRE 2015 au 3 jaNVIER 2016