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N° 67 • MARS 2010 Dans son livre consacré à la tumultueuse jeunesse de Georges Brassens « J’aurais pu virer malhonnête », Bernard Lonjon ne s’est pas contenté, à l’inverse de beaucoup, de res- sasser les multiples anecdotes que l’on retrouve dans la mul- titude des biographies consa- crées au poète-musicien sétois. Après Éric Battista dont le der- nier ouvrage est véritablement novateur, il a lui aussi fouillé dans les débuts (pénibles) du jeune Brassens. Ce qui nous vaut d’intéressantes révéla- tions. La plus curieuse est celle de ses relations avec Charles Trenet. Lors d’un passage du fou chantant à Montpellier, Brassens chercha, sans succès, à le rencontrer. Il laissa alors un dossier avec ses textes au secré- taire de la vedette. Parmi ces œuvres, l’une s’intitulait « Ah, revoir Paris… ». Quelques mois plus tard, Trenet faisait un triomphe avec sa chanson « Revoir Paris ». La célébrité venue, Brassens eut souvent l’occasion de rencontrer Trenet mais, sous des sourires de façade, Trenet n’a jamais caché sa jalousie envers le sétois. Qui lui a toujours admiré le narbonnais et connaissait, par cœur, toutes ses chansons. Brassens plagié par Trenet ! Dans ce texte, paru sur le blog « La gabian de Sète » (www .le g abiandesete.fr ) , Jean-Louis Camelio pousse un « coup de gueule » pour rappeler à ceux qui l’ignoraient que le métier de pécheur en mer est un des plus durs au monde. A lire pages 6 et 7. 1 Les prolétaires de la mer

Brassens plagié par Trenet - opisline.com · plus tard, Trenet faisait un triomphe avec sa chanson ... deux maîtres au Théâtre de la Mer), il dirigea de 1975 à 1981 le centre

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N° 67 • MARS 2010

Dans son livre consacré à latumultueuse jeunesse deGeorges Brassens « J’aurais puvirer malhonnête », BernardLonjon ne s’est pas contenté, àl’inverse de beaucoup, de res-sasser les multiples anecdotesque l’on retrouve dans la mul-titude des biographies consa-crées au poète-musicien sétois.Après Éric Battista dont le der-nier ouvrage est véritablementnovateur, il a lui aussi fouillédans les débuts (pénibles) dujeune Brassens. Ce qui nousvaut d’intéressantes révéla-tions. La plus curieuse est cellede ses relations avec CharlesTrenet. Lors d’un passage du

fou chantant à Montpellier,Brassens chercha, sans succès, àle rencontrer. Il laissa alors undossier avec ses textes au secré-taire de la vedette. Parmi cesœuvres, l’une s’intitulait « Ah,revoir Paris… ». Quelques moisplus tard, Trenet faisait untriomphe avec sa chanson «Revoir Paris ».

La célébrité venue, Brassens eutsouvent l’occasion de rencontrerTrenet mais, sous des souriresde façade, Trenet n’a jamaiscaché sa jalousie envers lesétois. Qui lui a toujours admiréle narbonnais et connaissait, parcœur, toutes ses chansons.

Brassens plagié par Trenet !

Dans ce texte, paru sur le blog « La gabian de Sète » (www.legabiandesete.fr) , Jean-Louis Camelio pousse un « coup de gueule »pour rappeler à ceux qui l’ignoraient que le métier de pécheur en mer est un des plus durs au monde. A lire pages 6 et 7.

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Les prolétaires de la mer

ClapassadeLa Gazette de Montpellier a lancé un concours auprès des cuisiniers amateurs afin de créer un plat typiquement montpelliérain qui s’appellera «clapassade ». Ce concours est ouvert à tous les héraultais. Si des sétois ont des idées, qu’ils prennent contact avec La Gazette. D’ici à ce que lesvicomtes de Brageole proposent une « frechouillade »…

E C H O S

Christy PuertolasVisiblement très épris et, par chance, le réalisateur PédroAlmodovar croisé dans une librairie dont Christy est, de plus,une grande fan !

BuissonLe redéploiement des bureaux de vote sétois va changer biendes habitudes des électeurs. Personnellement, je vote mainte-nant à l’école Ferdinand Buisson. Qui était ce Buisson ? Notrerecherche nous appris que cet agrégé de philo était la figure deproue du protestantisme libéral, député radical, directeur del’enseignement pendant 17 ans, créateur des écoles profes-sionnelles, président de la Ligue des Droits de l’homme, fon-dateur du Musée pédagogique et Prix Nobel de la Paix en1927 ! Ce grand pédagogue était né en 1842 et est mort en1932. Voilà un citoyen pour lequel on eut aimé voter.

ItalicaLes racines italiennes de Sète-Frontignan sont toujoursmagnifiquement illustrées par le groupe Italica (vu ici lorsd’une fête des saint-clairiens). Ses chanteurs de bel canto encostumes vénitiens viennent de donner, avec un grand succès,un concert à Gigean.

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Manitas toujours vertA 86 ans, Manitas de Plata, célébrissime guitariste gitan né à Sète dans une rou-lotte garée quai des Moulins, continue de se produire en public. Il est mainte-nant accompagné de son neveu, Pepe Gypsi, avec qui il vient de donner unconcert à Mireval.

« Sois comme la fleur, épanouis-toi librement et laisseles abeilles dévaliser ton coeur! »

Ramâkrishna

SouvenirsANDRE BENVENUTI nous écrit, après lecture de la précédente Lettre :« Au sujet du « puits » de Saint CLAIR ,je pense -pour avoirpas mal traîné dans le coin dans l’immédiate après guerre- qu’il s’agit des fondations d’une pièce d’artillerie légère allemande .Il y avait,sur le plan des Pierres-blanches ,deux ou trois de ces constructions .Elles venaient en appui des différents blockhauss :un sur la mon-tée côté tennis, deux au canal des Quilles, un tout prés de la croix de Saint -Clair.Le témoignage de Francis CROUZET sur le voyage des jouteurs à VILLEFRANCHE/MER début des années 1950 : j’y étais en qua-lité d’accompagnateur du chanteur Francis DIROSA car des interludes avaient été prévus lors de ces joutes . Curieux souvenir. »

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Steline récupèrePendant deux mois, durant le tournage de « Soins complets, un salon decoiffure avait été créé quai de Bosc où officiaient Audrey Tautou et NathalieBaye. Le matériel presque neuf qui meublait le salon a été racheté parSteline, une coiffeuse de la rue Chavasse dont les clientes peuvent mainte-nant se prendre pour des vedettes !

ÉchantillonJacques Échantillon vient de disparaître à l’âge de 75 ans. Ancien de lacompagnie Jean Deschamps (il fut un sensationnel « Arlequin, serviteur dedeux maîtres au Théâtre de la Mer), il dirigea de 1975 à 1981 le centre dra-matique régional du Languedoc-Roussillon et se produisit souvent auThéâtre municipal. Son dernier rôle était aux cotés de Michel Leeb dans «Douze hommes en colère » au Théâtre de Paris.

Affluence record pour CalvetDernier survivant de la fameuse École Montpellier-Sète, le peintre Gérard Calvet a attiré plus de 200 audi-teurs pour sa conférence, salle Tarbouriech, organisée par le Rotary et sa présidente Magali Réthoré. Enimages et en commentaires, il a fait revivre cette belle époque de la peinture régionale engendrée autourde François Desnoyer et Descossy avec entre autres Gabriel Couderc, Richarme, Sarthou. Il a même évo-qué Pierre François qu’il juge comme le continuateur de ce groupe. Le succès de cette présentationdémontre, une fois de plus, l’intérêt du public sétois pour l’art, surtout pour un thème aussi sétois.Dommage que le texte de Gérard Calvet ne fasse pas l’objet d’un beau livre illustré. Espérons qu’une ini-tiative dans ce sens se fera jour.

ValmagneLa route d’accès à l’abbaye de Valmagne qui était très dégradée vient d’êtrerefaite, ce qui rend plus agréable la visite de l’édifice. La réfection des arcs-boutants va se poursuivre afin d’assurer la solidité de l’église. Ce sera la 31°année des travaux entrepris par Diane d’Allaines !

Deux ans sans ThéâtreOn sait maintenant que c’est en juin 2011 que le Théâtre Molière fermerapour 2 ans pour des travaux de modernisation et de mise en conformité.Amateurs de théâtre, profitez-en : vous avez jusqu’en juin 2011, après, cesera fini jusqu’en septembre 2013 !

JJ François à Terre d’ArtDu 12 mars au 13 juin, Jean Jacques François expose à la galerie Terre d’Art, 5 quai Suquet. Ce natif de la rue Lazare Carnot s’illustre d’abordsportivement. Entre la boîte à peinture de Pierre, le frère, et la caisse à outils de Marcel, le père, il arpente, dans le canal, les lignes d’eau desDauphins auréolant son étoile de titres et records, de médailles et de coupes dorées sur tranche au soleil. Délaissant l’atelier familial, il oeu-vre chez Citroën, prend son pied dans les dernières « Panhard », domestique ID, DS et cavale en 2CV. Il vend de la voiture, embouteille lemarché sétois puis se libère et franchit les Pyrénées. En train.A Barcelone il sort de ses cartons des chemises, ouvre une boutique crée une fabrique : «Bunny Bis». Le voila styliste de prêt à porter.Cinéma, littérature, musique, sculpture, peinture alimentent ses quotidiens. Curieux de tout, il s’approprie la boîte à peinture, sans délaisserles outils. Il prête, dès lors, couleurs à ses formes, contours à ses rêves. Il peint. Il s’expose mais n’expose pas ...C’est à présent son jour. Une expo fraîche, pétillante. « Tout objet de consommation ou non dévié de sa fonction initiale, peut par manipula-tion ou mise en situation se recycler dans un but artistique. Il devient alors pour celui qui le recrée ou l’observe une oeuvre d’art à part entière.» Étonnante famille François !

La vie est une maladie mortelle sexuellement transmissible.Woody Allen

La malveillance des méchants se renforce de la faiblesse des vertueux.Winston Churchil

Cécilia MakhloufiCette artiste exposera sa peinture en mars à Sète ainsi qu’à Alès!Du 16 au 30 mars , à la salle Peschot, le lieu sera ouvert tous les joursde 10h à 18H 30, elle partage cette exposition avec Frédérique Azaïs-Ferri , peintre ainsi qu’avec Marion de La Fontaine, sculpteur.

Vernissage mardi 16 mars à partir de 18h.L’expo à Alès se déroulera sur 5 jours du 22 au 27 mars , à l’EspaceAndré Chamson, 2 place Henri Barbusse.C’est une expo collective avec 4 autres peintres et 2 sculpteurs, orga-nisée par le Lion’s club féminin de la ville. Vernissage mardi 23 marsà partir de 18 h30.

Soulages généreuxA un journaliste parisien qui, après sa donation à Rodez d’une collection évaluée à 17 millions d’euros, l’interrogeait : « Qu’est ce quivous rend si généreux ? », Pierre Soulages a répondu ; « Oui, j’ai donné des fortunes. On pense que quand on est mort, on est un peumoins mort quand il y a des choses qui vous survivent : c’est une naïveté ! »

Traditions de la merUne nouvelle fête s’inscrit dans le calendrier sétois : « Escale à Sète» aura lieu du 28 au 30 mai prochains. Elle consacrera les traditionsmaritimes au cœur du premier port de pêche français enMéditerranée. Elle réunira 700 intervenants internationaux et plus de100 bateaux de toutes catégories. Au programme : expositions, spec-tacles de théâtre, défilés, jeux pour enfants, régates de voiles latines,défis de rames, joutes et bordées musicales des mers du monde. En photo : de 1900 à la seconde guerre, la Fête de la Mer était unegrande réjouissance sétoise (même sous la pluie…). C’est bienqu’elle renaisse !

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St Félix et Luc RoutierVendredi 26 mars à 18h, à la Maison de la vie associative, LucRoutier invité par la Société d’Études scientifiques parlera de l’ab-baye Saint Félix de Montceau qu’il a sauvé de la ruine.

«Les Amis de PIMPIN,le chat poète assassiné »L’association AZ’édition : 09 54 62 89 70Font APPEL : à tous les POÈTES VIVANTS (français ou fran-cophones) pour proposer une de leurs œuvres en vue de participerà la sélection des Meilleurs poèmes et textes poétiques et figu-rer dans l’ouvrage :

« LE CHAT DANS LA VRAIE VIE »

ainsi qu’au talent des Peintres et photographes pour l’illuminerA paraître courant mai 2010, au profit des SPA et des refuges ouorganisations privilégiant l’accueil des chats et prenant en charge« les Chats Libres » qui souhaiteraient bénéficier de cette initiative

Les œuvres doivent parvenir au plus tard le lundi 5 avril dernier délai.demander sans tarder les modalités et conditions de participation à [email protected] 4 juin à Orléans séance de signature et soirée poétique au Centre de Rencontre et Animations de la Bustière Fleury les Aubrays

Le promoteur de cet ouvrage, Raymond Bergerot, le poète inconnu dont le nom s’éperdue, n’est autre que le père adopté et le com-plice en poésie de Virgile alias Pimpin la bricole, tous deux « poètes libres et philosophes sauvages.» RB est aussi le fondateur deAZ’édition association non subventionnée.

Mariez vous : si vous tombez sur une bonne épouse vous serezheureux, si vous tombez sur une mauvaise, vous deviendrez

philosophe, ce qui est excellent pour l’homme.Socrate

Il faut prendre l’argent où il se trouve, c’est à dire chez les pau-vres. Bon d’accord, ils n’ont pas beaucoup d’argent

mais il y a beaucoup de pauvres.Alphonse Allais

Un traitre, c’est un homme politique qui quitte son parti pours’inscrire à un autre. Par contre, un converti, c’est un homme

politique qui quitte son parti pour s’inscrire au votre. Georges Clémenceau

En vieillissant, on perd pas mal ses défauts,ils ne nous servent plus à rien.

Paul Claudel

Un beau diaporama sur SèteBeau et mystérieux car on ne connaît pas son auteur mais c’est un joli chant d’amour sur Sète. Nous publions deux des nombreusesphotos qui le composent : les joutes et la Pointe Courte. Nous l’enverrons à nos abonnés par Internet. Pour ceux qui ne sont pas sur leNet, le mieux est d’utiliser les services d’un ami internaute. Ce diaporama le mérite !

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Il est deux heures dumatin, un jour comme unautre, le réveil sonne.Loulou se lève commeun automate. Il fait atten-

tion à ne pas faire trop de bruitpour ne pas réveiller sa petitemaisonnée, une rapide ablutioncomplète la toilette de la veilleau soir. La cafetière électrique aété programmée par sonépouse, il peut prendre un caféchaud, bu trop rapidement, c’est

beau le progrès… Il sourit, samère se levait en même tempsque son père pour lui préparercette boisson chaude. Il descendau garage et enfile ses vieuxvêtements de travail qui sententencore le poisson. Il a des diffi-cultés comme chaque matin àfaire démarrer sa guimbarde quia dépassé depuis longtempsl’âge de la retraite. Le moteurtourne, encore ensommeillé, ilse dirige vers le port. A l’heure

où l’employé de bureau dortbien au chaud entre les cuissesde sa femme, lui va travailler. Ilfait froid, il pleut, c’est l’hiver,les mauvais essuies glaces nebalaient presque plus le pare-brise, il y a longtemps que lechauffage a rendu l’âme. Ilrigole doucement en pensant àla voiture toute neuve quipatiente dans son garage et qui,dans quelques heures, conduitepar sa femme, amènera ses

enfants à l’école, sous les yeuxenvieux des épouses de journa-listes.

Il se gare à la Marine où, à cetteheure, les saluts sont des gro-gnements respectifs, enjambela « mourade » (lisse de platbord) de son bateau et monte enpasserelle. D’un seul tour declef, le Mitsubishi ronronne, ilaura eu moins de mal à tournerque celui, tout à l’heure, de lavieille Renault rachetée à laPoste. Le moteur chauffe, lesmatelots, un à un, passent euxaussi au dessus de la « mourade» pour embarquer, on peutentendre leurs grognements enguise de bonjour. Il est 3 h, onlargue, le bateau lentement sedéplace et glisse dans le portparmi tant d’autres, les feux depositionnement s’éclairent, lesquais se vident, la flotte depêche sétoise est en route lente-ment pour une longue et rudejournée. Sur chaque navire, àl’arrière, les matelots s’affai-rent dans la lueur des projec-teurs pour armer le filet. Déjà lapasse, les embarcations accélè-rent. Loulou retourne dans sacabine pour donner son bon-jour à Saint Clair scintillantqu’il va voir peu à peu disparaî-tre et qu’il retrouvera, se dévoi-lant doucement comme uneeffeuilleuse, dés son retour depêche en fin d’après-midi. Letravail terminé, l’équipages’enfourne dans la cabine com-mune située à l’avant. Il y faitnoir, aucune ouverture nel’ajoure, chacun se jette sur sabannette (couchette), les bottesseules sont enlevées. Une odeurindéfinissable règne dans celocal confiné, une sorte demélange de senteurs de pois-sons, de gazole, de sueurhumaine, le tout renforcé par lachaleur du moteur proche. Ce

Les prolétaires Par J.L. Camelio

qui ne semble pas gêner parhabitude les marins, leurs ron-flements sont en parfaite har-monie avec ceux de la machine.Le chalutier file à dix nœuds, lamer est mauvaise, la prouefrappe et écrase la vague dansun rythme effrayant. Il y alongtemps que le rayon duphare a disparu. Loulou estseul dans la cabine, il fait routeet est en veille permanente, ilconverse avec les autresbateaux à l’aide de la VHF etboit café sur café dans un verrede cuisine, liquide chaud tiréd’une bouteille thermos. Il est4h30, il réduit la vitesse etpasse à trois nœuds, il siffle leshommes, à demi réveillés parle changement d’allure, mon-tent, se servent un café et rejoi-gnent l’arrière. Le chalut lente-ment est largué, le premier traitva commencer. L’équipagerejoint ses appartements etchacun va finir son rêve de for-çat de la mer.

Seul Dédé rejoint la cabinepour prendre la barre et assurerla veille. Il est 5 h, Loulou peuts’étendre enfin derrière commeun chauffeur routier sur sa cou-chette de cabine. Dédé ramasseun journal tombé à terre et pardésoeuvrement lit un article oùl’on parle de pêche, bien sûr pasau chalut mais au bleu. Il voitque l’on compare ses frères àdes pirates que l’on voudraittransformer en corsaires. Pourlui, l’ignare, la seule différenceest la lettre de course. Il ne peutcomprendre que l’auteur del’article pense que voler devientbien si le larcin est avalisé parl’État. Le pêcheur a de la peine,est-ce qu’un des plus dursmétiers au monde avec celui dela mine peut-être classé commeune profession de truands ?

Il est 7 h. Loulou reprend labarre, Dédé alerte le reste del’équipage, le chalut est monté,la poche est ouverte, le poisson

glisse sur le pont. Un des mate-lots dispose les bacs, les deuxautres font la manœuvre pour lamise à l’eau du filet, un nou-veau trait est tiré. Les troishommes trient le poisson parcatégorie, et rejettent les prisesnon commerciales. Au ciel, unballet d’oiseaux de mer accom-pagne leur travail. Leurs mainsmouillées sont gelées, tailladéespar l’eau salée, les vagues lesarrosent, la mer est méchante.Comme écrivait Saint Ex enrapportant les paroles de sonami Guillaumet : « Ce que j’aifait, je le jure, jamais aucunebête ne l’aurait fait » peut s’ap-pliquer aux pêcheurs qui, hérosjournaliers malgré eux, nereçoivent en retour que la hainedes gens qu’ils nourrissent.

Après quelques traits, le bateauvers 17 h rentre au port etramène la pêche pour la venteen criée. La journée n’est pasfinie, on répare les blessuresdes filets, on refait une aus-sière, une épissure sur un câbleen acier. Le matériel doit êtreprêt car, dans quelques heures,le bateau retourne en pêche. Ilest 19 h, Loulou rentre enfin à

la maison, le soit disant voleurvient de terminer sa journée deseulement dix-sept heures,presque les trente cinq heuresen deux jours. Il se déshabilledans le garage, se douche,monte à l’étage, embrasse safemme et ses enfants, mange,ses yeux progressivement seferment, la voix de sa femmelui racontant les petits tracas dela journée est un doux ronron-nement, il dit oui de la tête sanssavoir ce qu’il approuve, sesyeux se ferment, il sursaute,quitte la table, dit bonsoir, vadans sa chambre, se couche etdort en attendant la sonneriequotidienne à 2 h du matin.

S’il y a un endroit où le pain nese vole pas, messieurs lesjaloux et les envieux, c’est biensur la mer. Si leur villa, leurvoiture ou leurs autres biensvous feraient bonheur, il y aqu’une solution, vous enfilezune paire de bottes, un ciré etvous allez labourer la mer. Nosparents ont fait ce métier encrevant de faim, car la réussiten’est toujours pas proportion-nelle à la peine fournie et auxdangers acceptés.

de la mer

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Les cieux de BessièreLouis Bessière, trésorier et ancien président de la Société d’études scientifiques de Sète, a la chance d’habiter Saint Clair et donc d’assister cha-que soir à de magnifiques couchers de soleil qui échappent à la ville basse. Mais il nous en fait profiter avec de superbes clichés qui pourraientmême inspirer les peintres.

On pourrait citer de nombreuses dépenses inutiles tels les mursdes cimetières : ceux qui sont dedans ne peuvent pas en sortir

et ceux qui sont à l’extérieur ne veulent pas y entrer. Mark Twain

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Triomphal Arago !Saison de rêve pour les volleyeurs de l’Arago. Avec un budget très mini, ils tiennent tête aux meilleurs et caracolent en tête du cham-pionnat. Au Barrou, la salle Maurice Vié ne cesse de bouillonner pour cette équipe de jeunes copains très liés et avides de victoires.Mais l’Arago, c’est aussi le plus ancien club français jouant en Nationale et le plus gros club de France avec 347 licenciés ! L’Aragoest plus qu’un club : il fait partie intégrante du patrimoine de la ville.

L’équipe de Nationale et leur encadrement.

Les jeunes du club et leurs éducateurs : une grande famille.

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Lars Hansare est né en Suède mais vit maintenant dans notrerégion. Il s’est retiré à Castelanu de Guers, près de Pèzenas, où ilse consacre entièrement à sa passion pour la photo. En Suède, il aréalisé des reportages télévisés et de nombreux clips publicitairesnotamment pour Volvo et Ikea.En France, il a découvert la richesse des arts et de l’artisanat.Quatorze artisans de notre région lui ont ouvert les portes de leuratelier, lui permettant de saisir par l’objectif une collection excep-tionnelle de photographies en noir et blanc et de présenter leur bio-graphie, de l’apprentissage à la maîtrise. Il les a prolongées par destextes inspirés sur l’histoire de la main et le monde de l’artisanat.Le tout constitue un livre étonnant, publié par les éditions sétoisesFLAM (18 rue Lazare Carnot).

L’ ESPRIT DE LA

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Le tonnelier

Le forgeron de Caux

L’auteur Lars Hansare

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MAIN

Le maître horloger

La chronique deMirabelJe vais voter avec Mamie

19, rue Jules Valles - 34200 SETET é l . 0 4 9 9 0 4 9 3 5 7

- Je vais voter, tu viens avec moi ?- Et Papie, il ne vient pas ?- Papie, il ira plus tard. S’il arrive à sortir du canapé et à éteindrecette foutue télé…- Ca veut dire quoi, aller voter ?- C’est un devoir citoyen. C’est choisir les personnes qui vontnous représenter pour prendre les bonnes décisions.- Comme quand il y a eu les élections pour le Président de laRépublique ?- Oui… mais là, c’est pour les régionales.- C’est comme un Président de la Région ?- Oui, c’est ça…- Mais alors, Mamie, le Président de la République il est plus fortque le Président de la Région ?- Oui, bien sûr !- Alors comment ils font, s’ils ne sont pas d’accord ? Ils se dispu-tent ? Qui gagne ?

Mamie a eu l’air contrarié, et ne m’a pas répondu. Elle s’est habil-lée comme quand elle est invitée pour une fête avec Papie, ouquand elle va chez le Docteur. Elle m’a recoiffée, et puis elle m’aprise par la main et on est parties au bureau de vote. C’est drôle,c’est à l’école ! Mamie a sorti sa carte d’identité, sa carte d’élec-teur, puis elle a fait la queue, comme au supermarché. Moi, jen’aime pas attendre, alors je suis un peu allée dans la cour, maisquand je suis revenue, Mamie n’était pas contente. Tout le mondeavait l’air sérieux, comme à l’église. Je n’aime pas aller à l’églisenon plus avec Mamie, ni au cimetière. C’est triste.

On a donné une enveloppe à Mamie, puis elle a pris des feuillessur une table.

- Tu vas voter pour qui, Mamie ?

J’ai parlé trop fort, je crois. Tout le monde m’a regardée, et Mamieest devenue toute rouge. Elle m’a prise par la main et m’a chu-choté de me taire. Et puis elle est allée se cacher dans une cabine,comme à la piscine ou au magasin de vêtements. Mais on voyaitses pieds, alors j’ai éclaté de rire et j’ai crié :

- Mamie, n’enlèves pas ta culotte, on te voit !

Tout le monde a ri dans la salle. Mais pas Mamie quand elle estressortie de la cabine. Elle avait toujours les mêmes vêtements. Jen’ai pas compris ce qu’elle avait fait…

On doit encore faire la queue. Mamie doit signer le registre. Puiselle glisse l’enveloppe dans la boîte comme une tire-lire, mais çane rentre pas. Une dame appuie sur un truc, et après, l’enveloppeelle tombe dans la boîte, on la voit à travers ! Et elle dit : A voté !J’aurais bien aimé appuyer sur le truc, moi aussi, mais je crois queMamie n’aurait pas voulu.

Après, on est reparties toutes les deux. Mamie, elle n’avait pasl’air contente.

- Tu n’es pas contente d’avoir voté, Mamie ?- Si ! Mais la prochaine fois, je ne t’emmènerai plus !

Hou, j’ai dû faire une bêtise, je crois, mais je ne sais pas laquelle.Je n’ai pas demandé à Mamie. Je m’en fiche. Je n’aime pas allerà l’église, ni au cimetière, ni voter. En rentrant, je suis allée sur lecanapé, et Papie m’a serrée contre lui. Et je lui ai chuchoté : Papie,on ira faire du vélo, tout à l’heure ? Il m’a fait un clin d’œil. Etm’a dit à l’oreille Moi non plus je n’aime pas aller voter avecMamie… ! Elle dit que c’est un devoir, mais moi je dis que c’estun droit…

Je n’ai pas bien compris la différence.Moi quand je serai grande, je ne sais pas si j’aimerai voter…

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Alors qu’en cette année 1788, le peuple et la noblesse s’agitent contre l’ab-solutisme, contre le train de vie de la cours de Louis XVl et que tous récla-ment la convocation des Etats Généraux pour faire face à la banqueroute dela monarchie ; en Languedoc, du côté de Cette, actes de piraterie et assas-sinats mystérieux frappent le commerce du sel, la fortune du pays, mena-çant la stabilité de la province.Rien ne présageait à ce que Pierre CASTILHON, fils d’un riche négociantCettois, fraîchement licencié ès lois de la Faculté de Toulouse et magistratdébutant au barreau de Montpellier se trouvât mêlé à ces forfaits. Déterminéà protéger les siens, Pierre plonge dans la tourmente, s’attache la faveur del’intendant des Etats, lequel l’admet à son service et le propulse enquêteur.

Au cœur d’une lutte acharnée pour le contrôle de la province entre agentsdu roy, de la noblesse orléaniste, du haut clergé ; des salines de Cette auxloges maçonniques de Montpellier, entre l’ambition des roturiers enrichis etle jeu des mercenaires, le jeune limier devra contourner maints obstaclespour élucider les écheveaux d’un complot ourdi dans les plus hautes sphè-res du royaume tandis que déjà gronde la sourde colère du Tiers -Etat…

Originaire de Sète, où il a passé son enfance et son adolescence, FrançoisKUSS a suivi un enseignement de lettres en hypokhâgne à Montpellier etest diplômé de Sciences -Po Strasbourg, passionné d’histoire, notammentde la Révolution Française ; amateur d’essais, de musique classique et de

voyage : militant engagé, il a travaillé deux ans comme collaborateur auxaffaires éducatives du Sénateur-Maire du 19ème arrondissement de Paris.Depuis 2007, il est chargé de mission au cabinet du Président du ConseilRégional D’Auvergne en charge de l’Agriculture, des transports et de l’en-vironnement. Le complot des Salines est son premier roman.

Il sera l’invité prochainement du CAFE LITTERAIRE .Le livre est sorti il y a 3 semaines et est actuellement en vente à la NouvelleLibrairie Sétoise et à l’Echapée Belle.Et partout ailleurs sur ccoommmmaannddffnnaacc..ccoomm <<hhttttpp::////ffnnaacc..ccoomm>> ::aammaazzoonn..ffrr <<hhttttpp::////aammaazzoonn..ffrr>> ,,

CHRONIQUETino« Le complot des Salines »de François KUSSAux éditions La Compagnie Littéraire

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Les oiseaux de chez nousMerci aux lecteurs qui nous envoient leurs photos. Cette fois, nous avons choisi les photos d’oiseaux, faites sur Saint-Clair ou aux alentours.C’est le grand spécialiste et défenseur des oiseaux Pierre Maigre qui les a identifiés avec précision. On découvre ainsi que le pays sétois est uneterre d’asile, surtout par grands froids, pour des espèces nordiques, tel le pinson du Nord/

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Accenteur Mouchet

Canard colvert en promenade sur unquai au milieu de mouettes rieuses auplumage hivernal.

Héron cendré adulteau Bagnas

Couple de moineaux domestiques, le male est à droite.

Flamants roses adultes (plus de 3 ans)vers Frontignan.

Moineau femelle

Troglodyte mignon

Pigeon ramier (palombe) amateur de piscine…

Pinson du Nord

OU TROUVER LA LETTRE ? ? ?

SETESSeerrvviiccee CCoommmmuunniiccaattiioonn,,37, Grand-Rue Mario-RoustanSSeerrvviiccee CCuullttuurree35, Grand-Rue Mario-RoustanCCaabbiinneett BBeessssoonn78, Grand-Rue Mario-RoustanMMaaiirriieeMMuussééee PPaauull--VVaalléérryyMMééddiiaatthhèèqquueess

FFrraannççooiiss--MMiitttteerrrraannddÎÎllee--ddee--TThhaauu

OOffffiiccee ddee ttoouurriissmmeePPhhoottoo CClléémmeennttRue GambettaEEssppaaccee BBrraasssseennssCCRRAACCQuai Aspirant-HerberMMiiaammQuai de BoscSSttaanndd PPhhoottoo ddeess HHaalllleessAAmmiiccaallee SSaaiinntt--CCllaaiirrLocal près de la CroixBBiissccuuiitteerriiee aarrttiissaannaalleePPoouuggeett47 quai de Bosc

LIBRAIRIESGGaavvaauuddaannRue GambettaLL’’ÉÉcchhaappppééee bbeellllee Rue GambettaNNoouuvveellllee LLiibbrraaiirriiee ssééttooiisseeRue Alsace-LorraineRRaacciinneeQuai Maréchal-de-Lattre-de-TassignyLLee FFlloott ddeess MMoottss Quai L. Suquet

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RédactionBernard Barraillé

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Les jouteurs à Nice en 1954

Ils ne sont plus très nombreux àêtre encore parmi nous les jou-teurs sétois qui avaient été invitésà se produire à Nice en 1954. Onreconnaitra au premier rang, degauche à droite, des personnali-tés de l’époque : Rodondo, NoëlRoustan, Charles Molle, JulesSabatier, René Sabatier, CalouZambrano, Marchadier, LouisMichel, Raoul Sauvaire, Villac ;Lledo, Jules d’Aquino (dit leDur) avec le pavois, Yves Pascal,M. Nouguier (en civil), JeanMarciano, Louis Pinel, M. Juge.Au dernier rang, juchés sur unemurette, Francis Crouzet, RobertJonas et Charles Ferraro.

R E T R O

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Les chaines du mariage sont lourdes. Il faut être deux pour les porter, parfois trois. Alexandre Dumas

Dieu n’a créé les femmes quepour apprivoiser les hommes.

Voltaire

« Le temps passé avec leschats n’est jamais perdu.

Colette

L’art d’aimer ? C’est joindre àun tempérament de vampirela discrétion d’une anémone.

Cioran

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