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Magazine gratuit - N° 21 FÉVRIER 2006 Edito Artistocrates Grâce à l’érudit Ernest Puerta, j’ai découvert un tout récent essai de la sociologue Nathalie Heinich : « L’Élite artiste » (chez Gallimard). Des bohèmes du 19° aux branchés d’aujourd’hui, c’est toute l’évolution du monde artistique qui revit. Sa conclusion : « L’art en est venu à repré- senter la conjonction de deux valeurs incompati- bles : la valeur démocratique, en vertu de laquelle tout homme a le droit d’être un artiste, et la valeur aristocratique, en vertu de laquelle tout artiste est au-dessus des normes et des lois ». Elle nous apprend qu’en France, 32 000 individus font valoir des revenus provenant de leur activité artis- tique. Flaubert le disait déjà : « Il faut toujours écrire (ou peindre), quand on en a envie. Nos contemporains (pas plus que nous-mêmes) ne savent ce qui restera de nos œuvres… Il n’y a jamais eu de grands hommes vivants. C’est la postérité qui les fait ». Voilà de quoi réconforter les talents sétois méconnus. BB Cette et Sète vus par les peintres Quel plaisir d’aller au Musée et de découvrir un éventail de peintures montrant notre ville. Un conseil : allez les contempler de jour, quand le soleil donne de magnifiques vibrations à toutes œuvres venues des deux siècles précédents. Tel ce tableau, daté de 1892, de Jules Troncy, meilleur peintre sétois du 19° siècle. D’autres vous attendent pages 6, 7, et 8.

LaLettreSete n° 21 - opisline.com · inaugurer la maternelle qui porte désormais son nom, avait rendu ... y compris les miens, sauf ceux de Brassens ». Michel Miaille Sétois fils

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Magazine gratuit - N° 21FÉVRIER 2006

EditoArtistocratesGrâce à l’érudit Ernest Puerta, j’ai découvert untout récent essai de la sociologue NathalieHeinich : « L’Élite artiste » (chez Gallimard). Desbohèmes du 19° aux branchés d’aujourd’hui,c’est toute l’évolution du monde artistique quirevit. Sa conclusion : « L’art en est venu à repré-senter la conjonction de deux valeurs incompati-bles : la valeur démocratique, en vertu de laquelle tout homme a le droit d’être un artiste, et la valeur aristocratique, en vertu de laquelle tout

artiste est au-dessus des normes et des lois ». Elle nous apprend qu’en France, 32 000 individus font valoir des revenus provenant de leur activité artis-tique. Flaubert le disait déjà : « Il faut toujours écrire (ou peindre), quand on en a envie. Noscontemporains (pas plus que nous-mêmes) nesavent ce qui restera de nos œuvres… Il n’y ajamais eu de grands hommes vivants. C’est lapostérité qui les fait ». Voilà de quoi réconforterles talents sétois méconnus. BB

Cette et Sète vus par les peintresQuel plaisir d’aller au Musée et de découvrir un éventail de peintures montrant notre ville. Un conseil : allez les contempler de jour, quand le soleil donne de magnifiques vibrations à toutes œuvres venues des deux siècles précédents. Tel ce tableau, daté de 1892, de Jules Troncy,meilleur peintre sétois du 19° siècle. D’autres vous attendent pages 6, 7, et 8.

Échos

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Cléo en DVD

Un DVD supervisé par Agnès Varda vient de sortir. Il contient « Cléo de 5 à 7 » un de ses plus grands succès, et le documentaire« Daguerréotypes » qui, en 1975, faisait revivre un vieux Paris quidéjà disparaissait. Le tout est complété par des inédits bonus et descourts-métrages dont le dernier « Lion volatil » est une petite féérieavec Julie Depardieu. Cerise sur le gâteau : des dessins inédits deSempé !Notre photo : Agnès, lors de sa dernière visite à Sète pour inaugurer la maternelle qui porte désormais son nom, avait renduvisite à Keddiche sur le tournage de « La graine et le mulet ».

Un pionnier s’en va

Gérard Delacoux nous a quitté àl’âge de 69 ans. Il était le pionnierdes radios libres à Sète. En 1981,il avait créé RTS (Radio ThauSète) et en avait fait une vraieradio locale alors que d’autresdevenaient des moulins à zizique.Son épouse Madeleine a repris leflambeau et continue à animer lastation, une des rares en France às’interresser à l’actualité de sazone de diffusion.

Ben gueule

Interrogé par « Arts magazine »sur la façon de faire redevenirParis comme capitale mondialede l’art, Ben, créateur peu suspectd’académisme, a répondu :« Pour cela, il faudrait que Pariss’ouvre aux richesses régionales.Or, Paris, avec son ministère de laculture, ses écoles d’art, sesmusées, est un système clos ? Aupoint qu’on finit par se demandersi la France régionale n’est pascontente de voir Paris perdre sonhégémonie ».Les élites culturellesparisiennes ne vont pas apprécier.

Johnny et Georges

Parues dans L’Express, les confi-dences de Johnny Halliday débu-tent par une surprise : « Mes pre-miers amours, ce sont les chan-sons de Brassens. Je les ai chan-tées avant de découvrir le rock etje les connais encore toutes par cœur,contrairement aux miennes. J’ai assu-ré sa première partie à Juan-les-Pinsoù j’avais un contrat pour la saison,en 1958. Je mourais de trac mais ilm’a rassuré : »T’inquiètes pas, lesgens sont là pour t’aimer ». Il m’adit aussi : « Faudra un jour qu’onfasse une chanson ensemble ».Bien plus tard, j’ai enregistré « LeParapluie » et « Le Petit cheval » àla guitare sèche lors d’une émis-sion à RTL. Brassens est très adap-table en country. C’était un chan-teur du terroir, à la différence deBrel, qui chantait la bourgeoisiede province. Au fil de mes démé-nagements, j’ai perdu tous mes33 tours, y compris les miens,sauf ceux de Brassens ».

Michel Miaille

Sétois fils d’enseignants et prof dedroit à la Fac de Montpellier,Michel Miaille est un laïqueconvaincu devenu président de laFédération des Œuvres Laïquesde l’Hérault. À ce titre, il vient d’éditer à destination des collé-giens un livret ludique sur la laïcité, tout autant amusantqu’instructif. Ce « Passeport pourla laïcité » a été financé par leConseil Général à l’occasion descent ans de la Loi de 1905 sur laséparation de l’Église et de l’État.

Patric en DVD

Le célèbre mézois, créateur etmainteneur de la nouvelle chanson occitane, vient de sortirun DVD de son dernier concert. Tous renseignements sur : www.aura-occitania

«Les femmes sont faites pour être mariées et les hom-mes pour être célibataires. De là vient tout le mal».[Sacha Guitry]

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Cacahuète voyage

Le 1er février, la Compagnie Cacahuète,installée à Sète depuis 2 ans, s’est envoléepour les Indes où elle encadrera le projetdu Massala festival : 3 semaines de tour-née au Tamil Nadu dans la région dePondichéry avec 3 autres compagniesarts de la rue ; la compagnie « Les BonsEnfants », « Les Têtes de vainqueurs » etla compagnie « Colbok ». Au total, 15représentations dont 3 avec l’alliancefrançaise de Madras. Dès son retour le 22février, 4 acteurs de la compagnieCacahuète ; Pascal Larderet, JosyCorriery, Alain Bridonneau et Jean-Pierre Bouchier débuteront le tournage d’un long-métrage d’une duréede 7 semaines, du 25 février au 15 avril. Ce film, d’une production anglaise, a pour réalisateur David Mills,et pour co-sénariste la compagnie Cacahuète.Le tournage aura lieu à Sète, Valréas, Calais puis en Angleterre du Nord.Sa sortie est prévue pour début 2007.Notre photo : Pascal Larderet et sa joyeuse troupe.

Au Trou de Poupou

Si la Confrérie de la Brageole(voir Lettre n°20) a tenu sa pre-mière réunion chez Diego, sousles Halles, c’est uniquement enraison du froid. Les prochainesréunions se tiendront au Trou dePoupou qui est le siège socialofficiel des brageoleurs.

De Saint-Clair àMontmartre

Le jumelage entre l’amicale dessaint-clairiens et la commune librede Montmartre a été officialisé. Labutte parisienne et la montagnettesétoise envisagent des échangeshaut en couleurs. Si les bar-bouilleurs parigots viennent parti-ciper au traditionnel concours despeintres de Saint Clair, ça va faireune invasion de chevalets !

Valéry et François

L’anniversaire de la mort deFrançois Mitterrand nous aappris, entre autres confidencesde Mazarine, que Paul Valéryétait son auteur préféré dans sajeunesse et qu’il ne manquaitaucune de ses conférences.Bibliophile passionné, Mitterrandpossédait dans sa bibliothèquetous les écrits de Valéry. Sa fille ade quoi lire.

Tableau-mystère

Le grand tableau représentant l’activité portuaire que nous avons publié dans le précédent numéro se trouve dans la salle d’honneur du Palais Consulaire et date de la construction de l’édifice.

La Lettre sur le Net

Le joli site sétois (www.7a7.org) que Jacques Carles avait créé au bénéfice de tous les artistes sétois quiy étaient présentés, a du mettre la clef sous la porte, victime de son succès. L’hébergeur a voulu fortementaugmenter ses tarifs obligeant Jacques Carles à se saborder. C’est un important outil culturel qui apportait beaucoup à la ville qui disparaît. Il ne reste donc plus pour publier « La Lettre » sur internet quewww.opisline.com que notre ami Daniel réussit à maintenir

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Échos

Henri Colpi n’est plus

Ce grand cinéaste est décédé à l’Hopital de Menton,où il résidait depuis dix ans chez sa dernière compagne, à l’âge de 84 ans.De lointaine ascendance suisse alémanique, HenriColpi était arrivé très jeune à Sète où, orphelin, il futélevé par son frère aîné et sa sœur qui tenaient lecafé Odéon, place Delile. Il gardait un souvenirémerveillé de sa jeunesse sétoise et particulièrementdu Collège dont il était, avec son rival MauriceClavel, l’élève le plus doué. Alors que ses professeurslui prédisaient une grande carrière universitaire viaNormale Sup, Colpi préféra s’inscrire à l’IDHEC(institut des hautes études cinématographiques) quivenait d’être créé. Il en sortit major en 1946 et com-mença une carrière de réalisateur marquée en 1961par la Palme d’Or à Cannes pour « Une aussi longue

absence » dont la vedette était Georges Wilson quelui avait présenté Jean Vilar. Il réalisa aussi « L’ ilemystérieuse » avec Omar Sharif dont il tourna lesextérieurs à Sète sur la Corniche. De nombreuxcinéastes firent appel à ses talents de monteur, dontAgnès Varda, Clouzot, Alain Resnais et il assistaCharlie Chaplin pour ses trois derniers films.Il était aussi un spécialiste reconnu de la musique defilm auquel il avait consacré un ouvrage, ce qui luivalait jusqu’à ces dernières années, d’être invité àdonner des conférences dans les universités étrangè-res. Il avait été dans les années 40 un brillant ailierdu FC Sète et était resté grand amateur de football.Henri Colpi sera inhumé à Sète dans le caveau familial.

Adieu à Bartholi

Ancien professeur et créateur de l’Université du Temps Libre, Yvon Bartholi est décédé findécembre à l’âge de 86 ans. Ses « élèves » de l’antenne sétoise de cette université si utile doivent être dans la peine. Lors de l’ouverture de l’année scolaire, en octobre dernier, salle Pierre-Jean Vaillard, Bartholi avaitséduit l’auditoire par sa bonhomie et sa chaleur communicative.

Notre photo :Yvon Bartholi et le docteur Fourcaud, responsable sétois de l’Université.

Adieu à Nicolas

Un an après sa retraite du fameux restaurant dela Tamarissière qu’il avait porté au sommet de lagastronomie, Nicolas Albano nous a quitté àl’âge de 67 ans. Il était tout heureux d’avoirretrouvé complètement sa ville natale où il s’étaittrès vite réinstallé : il avait pris la présidence dela Confrérie de la Macaronade et supervisait lescuisines de l’America-Cup. Infatigable promoteurde la cuisine régionale, il était reconnu par ses

pairs au plus haut niveau national. Une de ses dernières joies fut (notre photo), en mairie de Sète, la remisede la Croix de commandeur dans l’ordre du Mérite.

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Simone ANNIBAL 1908 - 1987

Ce livre biographique, hors ducommun, raconte la vie excep-tionnelle de Simone ANNIBAL.Tourangelle de naissance, sonenfance se passe dans le ber-ceau familial. Rien ne laissait supposer que,très jeune, elle allait embrasserune carrière artistique.En 1928, elle est sur la scène duCasino de Paris "La Mae WestFrançaise". Mais la consécra-tion de sa notoriété de VedetteNationale est due à son monu-mental triomphe en 1932, dansle célèbre « A.B.C ». Elle devintentre les deux guerres, une desReines du Music-hall Français,les tournées internationales lui

firent parcourir le Monde entier.Des histoires surprenantes, mêléesde drames mais également d'anecdotes drôles, et des situations cocasses, font de celivre un authentique témoignagede cette grande époque du spectacle.Cette histoire est racontée par sonfils, dernier descendant de la trèsancienne dynastie Carthaginoise,Patrick Joubert qui dédicacerason livre samedi 11 mars àMadison Nuggets, de 15 à 17h.

Scénario

Laurence MASTO, scénariste ayant participé au concours d'écriture de scénario "histoire à tourner de l'an-née 2000", sous la responsabilité de Mme Cathy Taloud, recherche toute personne, membre du jury ou par-ticipant, ayant eu accès aux scénarios et pouvant lui donner des informations sur leur devenir.Merci de la joindre au 06 30 57 28 05 ou [email protected].

Journaleux

Alors que les camions venus de Font-Romeu transformaient la rue Paul Valéry et la Placette en piste de ski,François Commeinhes a reçu en Mairie pour un repas en commun les journalistes sétois ou vivant à Sète.Parmi eux Jean-Loup Gotreau (AFP), Philippe Sans (FR3), Jean-Pierre Lacan, François Charcelay, Paul-RenéDi Nitto et Philippe Palat (Midi Libre), Alain Rollat (La Gazette) et Jean-Claude Dugrip (chef de la commu-nication de la Mairie). Une agréable occasion de se retrouver et, parfois, de se découvrir.

De la crotte

Le célèbre Pierre Manzoni est cet artiste « contemporain » qui a réussi à placer dans tous les grands muséessa merde enfermée dans des boites. Un artiste assez connu, Wim Delvoye, vient de le surpasser en présen-tant à Beaubourg sa machine à produire de la merde. Nourrie d’aliments ensuite traités aux enzymes, lamachine produit des étrons que les amateurs peuvent acheter pour 3 000 €. Et il y en a qui l’achètent !Remarquez que le fameux urinoir de Marcel Duchamp qu’il avait acheté 2 francs chez un quincailler vautmaintenant 1 million de dollars…

«Si Dieu existe, j’espère qu’il a une bonne excuse».(Woody Allen).

«Les journalistes ne croient pas les mensonges des hommes politiques, maisils les racontent ! C'est pire !». [Coluche]

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Sète vu par les peintres

La grande salle du rez-de-chaussée du Musée Paul Valéry fait la part belle aux peintres qui ont pris la ville etson port comme thème. Il serait dommage d’aller visiter uniquement le premier étage qui accueille les exposde prestige. Dans ces pages, voici de quoi vous inciter à aller admirer ces peintres sétois ou ayant vécu à Sète.

A voir au Musée

«Pour les petits enfants, l'éducation c'est le maître d'école; pour les jeunes gens, c'est le poète».[Aristophane]

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«Ce dessin m'a pris cinq minutes, maisj'ai mis soixante ans pour y arriver».[Auguste Renoir]

« Si je suivais la foule, je ne serais pointphilosophe ». (Chrysippe, 3° siècle av. JC).

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Patch Ceram

A voir au Musée: Autres tableaux

Les dates du MuséeAprès Cervera, des expos de qualité vont se succéder au Musée Paul Valéry : 10 mars - 7 mai : Déballage, 20 ansd’acquisition du FRAM (Fonds régional d’acquisition des musées). Chaque grand musée de la région présentera ses raretés. Sète montrera son Marquet, Di Rosa et Combas. Sollicité, Montpellier a refusé de prêter un de ses Soulages.2 juin - 27 août : Gérard Drouillet, Rétrospective dont Yves Faurie sera le commissaire.8 septembre - décembre: Collection Roger Thérond de photographies rares.

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Francine Laurent

Cette artiste sétoise, qui vit maintenant au Cap d’Agde, a débuté surle tard la peinture : passionnée, cette élève de Champieux avoue «Je travaille beaucoup la nuit. Je pars d’une base : un tramway,l’Hérault...puis je m’envole. C’est le couteau, le pinceau ou la brosse qui guide le spectateur ». Couleur rimant aussi avec chaleur et douceur c’est un véritablehymne à la beauté dans cet art abstrait qui lui est propre, et quitransparaît dans toutes ses toiles.

Martin Bez

Martin Bez va ouvrir une galerie dans un local de 263 m2, 5 quai Aspirant Herbert. Ouverture début Juin.Il nous le présente : « 160 m2 de ce local seront joliment et professionnellement aménagés dans un espritespace galerie. Cela en fera un superbe outil magnifiquement placé. Les lignes de fonctionnement ne sontpour l’instant pas arrêtées. Je suis vraiment ouvert à toutes idées, accords, partenariats qui iraient dans unsens commun avec orientation, promotion culturelle.Anecdote : la société Brasserie Heineken fait opposition au nom « Culture Sud » que j’ai déposé à l’INPIpour la Galerie sous prétexte qu’elle a déposé auparavant « Culture Bière ». Contretemps inattendu,embêtant mais intéressant, je vois difficilement le fondement de la requête et ai confié le dossier à monavocat. Après ARTénim 2004 où je présentais plusieurs photos, je participe en tant qu’invité à la 1ère

Foire d’Art Contemporain en Rhône Alpes, ARTénim GRENOBLE. Sur un espace d’une trentaine de m2, nous serons 2 artis-tes du Sud à présenter une œuvre mêlée : « Réflexions aquatiques ».La faune du bestiaire de Felix Valdelièvre visite mes étranges photos aquatiques. Ces bestioles imaginaires aux formesépurées, plongent et s’immergent totalement, comme en eaux troubles, pour un voyage entre abîme et surface ».Site internet. http://www.south-france.com/photos/

Françoise PasquierCe sculpteur d’art contempo-rain, venue de Montpellier,expose depuis 1980. Elle tra-vaille uniquement sur la terre,avec laquelle elle dit avoir un contact charnel, qu’ellepatine ensuite à la cire ou teinte aux pigments. D’où des effets de bronze saisissants au serviced’un figuratif basé sur le corpsféminin mais devenant progressivement un prétexte à la création de formes abstraites. Sarah Catilho

Jusqu’au 27 Février, Sarah Catilhoexpose ses scultures-poissons maisaussi ses dernières peintures auCasino de Balaruc-les-Bains.

«L’art est une escroquerie» (Marcel Duchamp)

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Maxime Lhermet, chercheur audacieux

Après les Beaux arts de Sète, Maxime Lhermet a pré-féré choisir comme professeurs des créateurs libres,non pour les imiter mais pour s’inspirer de leur créa-tivité. Il aurait pu plus mal tomber… Depuis, il necesse d’innover et de chercher dans son vaste ateliersaint-clairien baigné de lumière. Malgré sa jeunesse,il a pu exposer son travail dans de prestigieuses gale-ries d’art contemporain, les dernières étant la répu-tée AD Galerie à Strasbourg et ARTenim actuellementà Grenoble. A l’étranger, ses toiles ont voyagé

d’Espagne en Allemagne et aux USA.Armé d’un chalumeau, nous l’avons vu percer desbaches en plastique qu’il fixera ensuite sur ses toilesavant de les colorer avec des pigments purs. Matièreset couleurs vont alors se mélanger au service d’unfiguratif anecdotique, support de ses recherchesabstraites.Autre aspect de son travail : la recherche des matiè-res en verrerie qu’il mêne avec le maître-verrier Jean-Claude Novaro à Biot.

A voir son site internet : www.artismundus.fr« Le mauvais goût, c’est de confondre lamode, qui ne vit que de changements,avec le beau durable ». [Stendhal]

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La presse à la Libération

Dans le premier épisode de cette page d’histoire locale,nous avons raconté (voir Lettre n°20) comment le dépositai-re de presse Max Limon alla sur sa bicyclette à Montpellierchercher le premier numéro de « Midi Libre » le 27 août1944. Dès le lendemain, la circulation des trains reprit et M. Limon se contenta d’aller à la gare chercher ses centai-nes de « Midi Libre » qu’il répartit dans tous les kiosques dela ville. Très vite, le journal passera à quatre pages. Lessétois y trouvaient les dernières nouvelles de la guerre etaussi les indispensables renseignements sur le ravitaillementet les tickets à utiliser sur le précieux carnet qui seul donnaitdroit à acheter les denrées. Quelques petits pêcheurs de laPointe et du Souras Bas, libres enfin d’aller en mer, rame-naient leurs premières prises. On n’a jamais autant mangéde poisson qu’en cette période car la viande était très rare. Paul Baqué« Midi Libre » s’implantait dans la vie locale. Il convenaitdonc d’assurer une rubrique purement sétoise s’ajoutant auxinfos nationales. Un jeune universitaire, Paul Baqué, fut char-gé d’installer une rédaction au premier étage du café « Le Lido » place Aristide Briand. Il était le fils du directeur del’école de Bouzigues, Jean Baqué, qui fut, jusqu’à sa mort,correspondant de Midi Libre à Bouzigues. Paul créa une rubrique locale aidé par Marcel Benezech quifut pendant trente ans la cheville ouvrière du journal. Autre

personnage-clé de l’époque : le photographe ClémentRoques, reporter-né et populaire figure sétoise. FernandDufour vint peu après compléter cette équipe bien soudéeautour de Paul Baqué qui se révéla très vite comme lameilleure plume du journal. Au point que Maurice Bujon,rédacteur en chef de l’époque avant de devenir PDG, en fitle premier grand reporter du journal. Il fut remplacé par l’alésien André Tabariès puis, en 1957, par Bernard Barrailléremplacé en 1991 par Éric Oger, puis par Jean-Pierre Lacanet enfin par l’actuel chef d’agence François Charcellay.Les concurrentsMais revenons en 1944 où progressivement se constitua unréseau de correspondants au tour du bassin de Thau.L’édition de Sète était née et bien partie pour nouer avec seslecteurs des liens qui n’allaient cesser de se renforcer. Etcela malgré la concurrence de « La Voix de la patrie » où,sous la signature redoutée de Grignotin, opérait LouisCatanzano, futur adjoint au maire de Pierre Arraut etGilbert Martelli. Il y avait aussi « L’Information méridional »que publiait l’imprimeur Sottano, éditeur également de « L’Information sportive » avec Auguste Castanier, ainsi que« L’écho du Midi » avec Henri Delpont, futur directeur del’Office de Tourisme puis du Théâtre. Mais les chiffres desventes étaient parlants : dès le 27 août, les sétois avaient faitleur choix et continuent à être fidèles à Midi Libre.

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SCÈNE NATIONALE

Au Théâtre Molière :

THEATRELA VIE DE GALILEE les 3, 4 et 5 févrierMise en scène : Jean-François Sivadier / Collaboration artistique : Nicolas Bouchaud, Véronique Timsit, NadiaVonderheyden/ Décor : Christian Tirole, Dominique Brillault, Yann Chollet / Avec Nicolas Bouchaud, Stephen Butel, MarieCariès, Eric Guérin, Jean-François Sivadier, Christophe Ratandra, Christian Tirole, Nadia Vonderheyden, Dominique Brillault

En 1633, la vérité toute nue sortant des tréteaux d’un théâtre de foire, sera immédiatement mise en pièces par desinquisiteurs, le Pape et le petit peuple. Pourtant, Galilée est un bon vivant ; quand bien même il affirme un nouvel ordrede l’univers, il casse la vision du bon sens au profit de raisonnements mathématiques et de l’abstraction. Il choisit devantl’obscurantisme, de se laisser condamner au mensonge par l’Eglise : il abjure… « Et pourtant elle tourne ».

MUSIQUE CLASSIQUEORCHESTRE NATIONAL D’ILE DE FRANCE le 7 février

Direction : Yoel Levi / Piano : David GreilsammerProgramme : Wolfgang Amadeus Mozart : Symphonie n°29 en la majeur K.201, Concerto pour piano n°24 en do mineurK. 491.Bela Bartok : Concerto pour Orchestre

Un événement musical à Sète : plus de 80 musi-ciens composent ce symphonique : L’OrchestreNational d’Ile de France compte parmi les plus jeunes orchestres européens. Avec plus de 100concerts par an en France et à l’étranger, un programme très diversifié, des créations chaqueannée, l’Orchestre National d’Ile de France s’estimposé comme l’une des meilleures formationssymphoniques françaises et européennes.

MUSIQUE DU MONDE

le 11 février Cristina Branco

Chant : Cristina Branco / Guitare portugaise : Custodio Castelo / Piano : Ricardo Dias / Guitareclassique : Alexandre Silva / Guitare basse acoustique : Fernando Maia

Après Mariza en 2004, le Théâtre Molière accueille Cristina Branco, la grande chanteuse portugaise de Fado, pour une soirée autour de son nouvel album : Ulisses.

Cristina Branco est considérée comme « l’héritière » naturelle d’Amalia Rodrigues, une desgrandes voix féminines du Fado.

«Placez votre main sur un poêle une minute et çavous semble durer une heure. Asseyez vous auprèsd'une jolie fille une heure et ça vous semble durer uneminute. C'est ça la relativité». [Albert Einstein]

«Tout est art mais il faut des artistes pour le montreraux gens». (Picabia)

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DANSE

Mercredi 15 février, 18h30, Théâtre Molière

Durée : 1 heureLes Fables à La Fontaine : Cekwana - Hervieu - Merzouki

Trois fables, trois chorégraphies Chorégraphes : Boyzie Cekwana / Dominique Hervieu / Mourad Merzouki

Trois chorégraphes d’esthétiques différentes ont inventé des petites fables dansées, inspirées de l’œuvre de Jean de LaFontaine. Elles évoquent des animaux aux traits humains, des moralités mutines ou graves, un univers enfantin quirésonne pourtant profondément.

A la Passerelle :

CREATION DANSE

SLOGANS – LA CAMIONETTA : les 9, 10 et 11 février

Création Scène nationale Compagnie en compagnonnage avec la Scène nationale de Sète et du Bassinde Thau

Chorégraphie : Hélène Cathala / Compositeur : Arnaud Bertrand / DJ : FannyFake DJ / Créateur d’images, lumières, metteur en scène : Marc Baylet / Avec :Gilles Viandier, Mandoline Whittlesey, Lorenzo Dallaï, Marie Lecas, ChristopheBrombin, Julie Laporte.

MUSIQUES ACTUELLES

Jeudi 16 février, 20h30, La PasserellePadam

Paroles, chant lead, guitare électrique : Nader Mekdachi /

Chœurs, accordéon : Adam Borek / Basse : Henri de la

Taille / Batterie, Derbouka : Boris Moncomble / Clarinette

Joël Kanac« Padam, c’est le cœur qui bat, c’est un air quitrotte dans la tête ».

France Europe Assurances

SIÈGE SOCIALSÈTE78, Grand rue Mario RoustanBP 137 - 34202 Sète CedexTél. : 04 99 572 572 Fax : 04 99 572 570

AGENCE DEMONTPELLIER32, av. G. Clemenceau - BP 100234006 Montpellier cedex 1Tél. : 04 67 92 70 21Fax : 04 67 58 88 22

AGENCE DENÎMES1 ter, rue Colbert30000 NîmesTél. : 04 66 36 05 52Fax : 04 66 36 05 42

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Des Services et des Tarifs Performants

«La plus juste des sectes est celle de la civilisation»(Mustapha Kemal Ataturk)

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FEVRIER au THEATRE DE POCHE

Le Théâtre de poche consacre sa programmation café-théâtre ce mois-ci à une thématique : l’amour, le plaisir, le couple....Parce que l’amour est ce qui fait tourner le monde !!

MERCREDI 1er - SAMEDI 4 et MERCREDI 8 à 16h - Conte et marionnettes pour les tout-petits “ ET TOI QU’EST CE QUE TU MANGES ? “ par la Cie Scénofolies - Interprétée par Carole Bellanger

JEUDI 2 A 20H30 : Musik’poche “ TRIO MIGLITT “ - Chansons folles et francaises par la CieBruit qui court - Luc Miglietta - Fabricant d’idées, mise en scène, chant et comédie. David Rigal - Metteur en musique, guitare, choeurs, et grand sourire. Hassan Belmokthar -Monsieur, monsieur percussions “ parcimonieuses “, voix influente - www.bruitquicourt.com.

VENDREDI 3 et SAMEDI 4 A 21H - Contes - Musique - Cabaret “ Y’AURA D’L’AMOUR AU DESSERT “(Ballade dans les jardins de l’amour) Interprétée par Véronique Deroide

VENDREDI 10 et SAMEDI 11 A 21H - Comédie Musicale en boîte “ C’EST BEAU L’AUSTRALIE QUAND TU CHANTES MON AMOUR “par la Cie Bus Rouge Interprétés par Fanny Vialle et Florent Vivert

SAMEDI 11 - MERCREDI 15 et SAMEDI 18 a 16hSpectacle jeune public Marionnettes à partir de 2 ans MANEGE “ par la Cie 1.2.3 Soleil

VENDREDI 17 - SAMEDI 18 - VENDREDI 24 et SAMEDI 25 A 21H - Café-Théâtre“ HARO SUR LES MACHOS “ - Création consternante : Alain DaumerCes histoires d'hommes et de femmes ! Est-ce qu'on devrait seulement en parler ? En général c'est tellement bête Mais quoi ? ... c'est là !

LUNDI 13 ET MARDI 14 A 20H30 - Deux négresses vertesLES MELLINO,stéphane et isa Mellino, ex chanteurs et guitaristes du groupe mythique" LES NEGRESSES VERTES " qui ont fait danser les foules aux quatre coins de l'hexagone debarquent au THEATRE DE POCHE, de reprises en compos....SUR RESERVATIONS UNIQUEMENT

MERCREDI 22 et SAMEDI 25 A 16H - Spectacle jeune public Marionnettes “ TITIM BOIS SEC “ par la Cie Do-minots - à partir de 3 ans Interprétés par Charlie Ohana et Muriel PaneziThéâtre de Poche 29 Grde rue Haute

Informations et Réservations : 04.67.74.02.83

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AGENDA FEVRIER 2006

Jusqu’au 19 Mars – MIAM – Arts-PlastiquesExposition Le manège enchanté

Le MIAM a choisi de consacrer cette période au fameux film d’animation créé par Serge Danot, Le Manège enchanté. Cette créa-tion, un trois fois rien de carton, de balsa, de feutrine et d’imagination a vu le jour en 1964 et compte, depuis cette époque, prèsde sept cents épisodes. Les histoires de Margote et Pollux ont enthousiasmé les anciennes générations. Elles continuent aujourd’hui de fasciner les plus jeunes. Sont exposées au musée, en premier lieu, les marionnettes ori-ginales qui figurent dans tous les épisodes et qui ont été conservées par la veuve de l’auteur. Le MIAM présentera également desaccessoires, des constructions, du matériel de cinéma d’animation, des bobines et de nombreux produits dérivés. Cet ensemble d’objets sera accompagné de documents divers retraçant l’histoire de cette aventure :photographies de tournage, affiches…

Foyer du Théâtre Molière - 19h45 - 20h15 - Les Préludes du Conservatoire"La Petite Sinfonie" Ensemble Cuivres et PercussionsDirection : Armand MARCO

Dimanche 5 - A travers la Ville – de 10hà 18h - Arts PlastiquesVivons l’Art organisé par l’association Créa 7

Les artistes de l’association ouvrent leurs ateliers au public

Jeudi 9 - 18h00 – CRAC - Conférence au CRAC Visite de l’exposition Trait d’union 6ème séquence au Centre Régional d’art contemporain de Sète.

Cette nouvelle année de conférences d’histoire de l’art de l’Ecole des Beaux-Arts, à la Villa Saint-Clair, sera consacrée au « design d’objets »Mardi 14 - 21h – La Fonderie – Jazz-Duo Recio/Garcia Lucia Recio : voix - Xavier Garcia : sampler et traitements - Thierry Cousin : son La voix bruitiste : Sons d’ibère, clapotis caverneux, insectes éphémères Du 16 au 28 – Salle Peschot – Arts-PlastiquesKham HOANG

Vendredi 17 - Samedi 18 - 21h – La Fonderie - Spectacle musicalTOBOGGAN par Marc Calas. Cie Mr Truc résidence de création 2006.Solo en solitude surveillée.A la croisée de la musique contemporaine et de la musique pop. Puisant aussi bien dans l’électroacoustique que dans le swingSamedi 25 - 21h – La Fonderie – Vidéo concertDancer in the light par Lez’arts et Volksystem - Tarif unique 6 €

Projection vidéo d'Yvonne Rainer et d'un concert de musique éléctronique d'Aymeric de Tapol.

Festival Acte III Scène 7Du 17 au 26 Juin 2006, le théâtre amateur investit le Théâtre de la MerPour sa huitième édition, le festival Acte III, sc. 7, compte bien confirmer la place qu'il tient dans le paysage culturel de Sète et de sa région.Depuis sa création en 1999, le festival n'a de cesse de connaître une affluence de plus en plus importante. Se déroulant avant laprogrammation d'été, puisqu'il a lieu cette année, du 17 au 26 juin, le festival est une des manifestations importantes de l'avantsaison sétoise. Organisé par le Service Culturel de Sète qui a également en charge la direction du théâtre de la Mer, le festival Acte III, sc.7 per-met à des compagnies de théâtre amateur, à des groupes scolaires ou universitaires de se produire sur une grande scène, avec lesmoyens techniques qui sont donnés généralement aux professionnels. "Depuis la création du festival, nous dit l'équipe du festival, nous avons tenu toujours à maintenir un équilibre dans la programma-tion entre les troupes locales et les troupes régionales. Tout en essayant d'être très rigoureux, sur le plan de la qualité, il nous a paruessentiel d'inviter le plus grand nombre de compagnies afin de permettre à un plus grand nombre d'artistes amateurs ou scolairesde profiter de notre beau lieu et de la compétence de son équipe technique".Les compagnies de Théâtre amateur, les ateliers scolaires et universitaires qui veulent participer, doivent adresser leurs dossiers decandidature avant le Lundi 6 mars à Festival Acte III Scène 7Service des Affaires Culturelles - BP 373 - 34206 SETE CEDEX

Voile et webLes amateurs de nautisme seront intéressés par ce site qui a une bonne sélection d'annonces en ligne dans les catégories suivantes :Bateaux à Vendre - Membres Corporatifs - Convoyage et Transat - Excursions et Cours - Bateaux à louer - Petites EmbarcationsBazar Nautique - Annonces DiversesIl y a de très bonnes affaires, et on peut même publier ses annonces en ligne. Leurs annonces apparaissent simultanément sur plusieurs sites Web nautiques. Allez voir le site Voile Abordable à cette adresse :http://www.voile.org/cgi-bin/classifieds/classifieds.cgi

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RédactionBERNARD BARRAILLÉ

20 rue Jean Vilar - 34200 SèteTél. : 04 67 74 00 68 - Fax : 04 99 57 25 70

Mail : [email protected]

AdministrationSignes & Caractères

78 Grand-Rue Mario RoustanBP 137-34202 SETE CEDEX

Tél. : 04 99 57 25 72 - Fax : 04 99 57 25 70Mail : [email protected]

Publicité : 06 23 92 13 17

LA LETTRE SUR LE NETLes Internautes peuvent lire La Lettre

sur ces sites, huit jours avant sa sortie papier :

http://www.opisline.com/I

http://www.south-france.com/

Pointe Courte Rétro 1936Sur cette photo prise lors de la Fête de la Pointe Courte en 1936, on reconnaît autour du Caramentran, de gauche à droite

Charles Pascal, policier, Antonin Barres, pêcheur, dit l’Anglais, Pierre Sabatier, soutireur, Pierre Marquès, charretier et syndicaliste,François Fernat, peintre, X, Louis Lubrano, pêcheur, Benjamin Verdier, pêcheur, Marcel Crouzet, pêcheur, Noël Sabatier, policier.

Y’a d’la joie à la Pointe

Au lendemain de la guerre, la Pointe Courte grouille demonde : avec des enfants partout, le quartier est uneruche laborieuse, gaie et turbulente. Nous étions heu-reux de vivre après le cauchemar de l’occupation.En 1945, le travail allait de pair avec la bonnehumeur ? Charles Trenet chantait « Y’a d’la joie ». Ala Pointe, le Tanneur nous faisait rire aux éclats avec« Les pieds de ma sœur ». Le facteur Georges Birbeavait un répertoire grivois intarissable : « Je regar-dais la lune, ce bel astre charmant… » Toute l’an-née, le fond musical était assuré par BenjaminVerdier et son hautbois des joutes ou par Léonce ouMichel Hyrailles à l’accordéon. Michel Barres, dèsqu’il sortait de la cale du remorqueur « LeMarseillais », faisait trembler les murs en bois descabanes avec ses airs d’opéra. De temps en temps,son frère Antoine qui s’était délocalisé

quai de la République nous rendait visite en poussant la chansonnette pour faire loter son poulet dePiquemal. Le jeudi, M. Porta-Bella annonçait savenue avec sa trompette et fredonnait des chansonsnapolitaines en poussant sa carriole et ses crèmesglacées. Parfois, un chanteur de rue venait s’accom-pagner de son orgue de Barbarie. Pour les grandesfêtes, René Galy, André Bermond et notre garde-barrière Bastide mettaient « le feu » devant le Bar duPassage où s’agglutinaient les danseurs. Pour legrand concours de chant, Nénette, soprano lyrique,émouvait la foule en attaquant : « Gardez votre or,je garde ma souffrance, soldats prussiens… ».La télévision n’existait pas. Les jeunes n’avaient pasl’angoisse du lendemain. Il y avait du travail pourtous, des guirlandes dans les rues et des drapeauxaux fenêtres. C’était un temps que les moins de 50ans ne peuvent pas connaître. Francis Crouzet