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reconstituer le puzzle des connaissan- ces perdues ayant accompagné des générations d’agriculteurs qui ont pro- duit leurs semences pendant des millé- naires. « La pire des catastrophes qui soit arrivée à la planète c’est la découverte de l’agriculture pour l’homme » ! … C’est une réflexion que j’ai entendu récemment. Il est vrai que si l’homme n’avait pas découvert le moyen de semer des cultures, l’espèce serait rester au stade de peuplades vivant de cueillettes, chasse et pêche ; la terre n’en serait pas là, mais nous non plus ne serions pas là ! Outre le débat plus fondamental de l’intérêt de l’Homme sur la Terre, celui qui m’intéresse aujourd’hui est celui de l’importance de la semence pour les hommes. Dans cette affirma- tion, on évalue toute la primordialité de la semence au cours de l’évolution humaine ainsi que pour sa pérennité. La semence est donc bien un élément politique majeur dans l’évolution des peuples. Ce n’est donc pas par hasard que les plus grandes firmes financières qui dirigent notre monde soient impli- quées dans la semence ! Celui qui dé- tient les graines tient en sa possession le passé et l’avenir de l’Humanité… Répartir ce pouvoir sur la plus grande quantité d’êtres humains est un acte politique fort que nous devons mettre en pratique pour les générations futu- res si nous voulons qu’elles puissent rester libres ! Bertrand LASSAIGNE, Administrateur Bonjour à toutes et à tous, 2010, L’année de la Biodiversité L’idée fait son chemin et nous aurons certainement droit à de beaux dis- cours. Par chance, certains seront même intéressants et bien étayés. Dans le traitement des sujets impor- tants, il est vrai que la communication fait partie des moyens utiles et nota- bles qui doivent être mis en œuvre. Pour notre part à AgroBio Périgord, au-delà de communiquer, nous es- sayons d’être efficaces dans les travaux d’application sur le terrain ainsi que dans les échanges de savoir-faire. C’est ainsi que nous travaillons depuis 10 ans sur la Biodiversité Cultivée. D’abord sur les maïs mais aussi sur d’autres espèces comme : soja, tour- nesol, potagères, quelques céréales et fourrages. Le travail s’est élargi à la Région Aqui- taine dans son ensemble, et nous avons la chance qu’un groupe comme le C.E.T.A.B. (Centre d’Etude et d’Ac- cueil des Blés) basé à Port-Sainte- Marie dans le 47 ai rejoint officielle- ment Bio d’Aquitaine cette année. Même si nous effectuions des travaux avec eux de façon informelle depuis plusieurs années, cette officialisation augmente nos perspectives, d’autant que le réservoir de variétés et de connaissances sur les céréales de ce groupe est très important. Un travail en partenariat avec des agri- culteurs du Massif Central et des cher- cheurs de l’I.N.R.A. de Toulouse est aussi en train de se mettre en place pour les fourragères. Les Maisons de la Semence parrainées par celle d’AgroBio Périgord se développent dans différentes régions de France. De part les expériences de terrain et les échanges entre agriculteurs prati- ciens, techniciens et chercheurs - par- fois même avec d’autres pays - les sa- voir-faire se développent et nous per- mettent aujourd’hui de progresser et d’avoir ainsi des variétés qui répon- dent aux attentes des agriculteurs. Partis de zéro, nous avons des réussi- tes mais il reste du chemin à parcou- rir. Cependant, aujourd’hui, nous ne nous sentons plus seuls. Partout dans le monde, des groupes de sélection participative prennent conscience de l’importance de la Biodiversité Culti- vée : elle est un point essentiel pour l’agriculture et sa durabilité tant du point de vue technique que politique. De part les travaux qui sont effectués sur son territoire, l’Aquitaine s’est vu confiée par l’Europe une mission d’o- rientation regroupant plusieurs ré- gions de différents pays d’Europe s’in- téressant au sujet. Bio d’Aquitaine et ses antennes, dont AgroBio Périgord, sont fortement impliquées dans ce programme appelé « REVERSE ». La part de la Biodiversité Cultivée y est importante mais il sera aussi ques- tion de la Biodiversité Naturelle. Dans ce cadre, le C.R.E.N. (Centre d’Etude Régional de la Nature) est aussi impliqué et nous espérons à terme étudier les interactions positi- ves de l’Agriculture Biologique sur la Biodiversité Naturelle notamment à propos des micro-organismes favora- bles, les auxiliaires, les microfaunes et microflores. Nos contacts internationaux directs ou indirects nous permettent d’acqué- rir des savoir-faire multiples afin de Edito AgroBio Périgord Info AgroBio Périgord Info Le Bulletin de liaison des adhérents Juillet - Août 2010

bulletinJuillet-Aout10VFinale

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reconstituer le puzzle des connaissan-ces perdues ayant accompagné des générations d’agriculteurs qui ont pro-duit leurs semences pendant des millé-naires.

« La pire des catastrophes qui soit arrivée à la planète c’est la découverte de l’agriculture pour l’homme » ! … C’est une réflexion que j’ai entendu récemment. Il est vrai que si l’homme n’avait pas découvert le moyen de semer des cultures, l’espèce serait rester au stade de peuplades vivant de cueillettes, chasse et pêche ; la terre n’en serait pas là, mais nous non plus ne serions pas là !

Outre le débat plus fondamental de l’intérêt de l’Homme sur la Terre, celui qui m’intéresse aujourd’hui est celui de l’importance de la semence pour les hommes. Dans cette affirma-tion, on évalue toute la primordialité de la semence au cours de l’évolution humaine ainsi que pour sa pérennité. La semence est donc bien un élément politique majeur dans l’évolution des peuples. Ce n’est donc pas par hasard que les plus grandes firmes financières qui dirigent notre monde soient impli-quées dans la semence ! Celui qui dé-tient les graines tient en sa possession le passé et l’avenir de l’Humanité…

Répartir ce pouvoir sur la plus grande quantité d’êtres humains est un acte politique fort que nous devons mettre en pratique pour les générations futu-res si nous voulons qu’elles puissent rester libres !

Bertrand

LASSAIGNE, Administrateur

Bonjour à toutes et à tous,

2010, L’année de la Biodiversité

L’idée fait son chemin et nous aurons certainement droit à de beaux dis-cours. Par chance, certains seront même intéressants et bien étayés.

Dans le traitement des sujets impor-tants, il est vrai que la communication fait partie des moyens utiles et nota-bles qui doivent être mis en œuvre.

Pour notre part à AgroBio Périgord, au-delà de communiquer, nous es-sayons d’être efficaces dans les travaux d’application sur le terrain ainsi que dans les échanges de savoir-faire.

C’est ainsi que nous travaillons depuis 10 ans sur la Biodiversité Cultivée. D’abord sur les maïs mais aussi sur d’autres espèces comme : soja, tour-nesol, potagères, quelques céréales et fourrages.

Le travail s’est élargi à la Région Aqui-taine dans son ensemble, et nous avons la chance qu’un groupe comme le C.E.T.A.B. (Centre d’Etude et d’Ac-cueil des Blés) basé à Port-Sainte-Marie dans le 47 ai rejoint officielle-ment Bio d’Aquitaine cette année.

Même si nous effectuions des travaux avec eux de façon informelle depuis plusieurs années, cette officialisation augmente nos perspectives, d’autant que le réservoir de variétés et de connaissances sur les céréales de ce groupe est très important.

Un travail en partenariat avec des agri-culteurs du Massif Central et des cher-cheurs de l’I.N.R.A. de Toulouse est aussi en train de se mettre en place pour les fourragères. Les Maisons de la Semence parrainées par celle d’AgroBio Périgord se

développent dans différentes régions de France.

De part les expériences de terrain et les échanges entre agriculteurs prati-ciens, techniciens et chercheurs - par-fois même avec d’autres pays - les sa-voir-faire se développent et nous per-mettent aujourd’hui de progresser et d’avoir ainsi des variétés qui répon-dent aux attentes des agriculteurs.

Partis de zéro, nous avons des réussi-tes mais il reste du chemin à parcou-rir. Cependant, aujourd’hui, nous ne nous sentons plus seuls. Partout dans le monde, des groupes de sélection participative prennent conscience de l’importance de la Biodiversité Culti-vée : elle est un point essentiel pour l’agriculture et sa durabilité tant du point de vue technique que politique.

De part les travaux qui sont effectués sur son territoire, l’Aquitaine s’est vu confiée par l’Europe une mission d’o-rientation regroupant plusieurs ré-gions de différents pays d’Europe s’in-téressant au sujet. Bio d’Aquitaine et ses antennes, dont AgroBio Périgord, sont fortement impliquées dans ce programme appelé « REVERSE ».

La part de la Biodiversité Cultivée y est importante mais il sera aussi ques-tion de la Biodiversité Naturelle.

Dans ce cadre, le C.R.E.N. (Centre d’Etude Régional de la Nature) est aussi impliqué et nous espérons à terme étudier les interactions positi-ves de l’Agriculture Biologique sur la Biodiversité Naturelle notamment à propos des micro-organismes favora-bles, les auxiliaires, les microfaunes et microflores. Nos contacts internationaux directs ou indirects nous permettent d’acqué-rir des savoir-faire multiples afin de

Edito

AgroBio Périgord InfoAgroBio Périgord Info Le Bulletin de liaison des adhérents

Juillet - Août 2010

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P A G E 2 Vie de l’association et du réseau

L’Asso. en question

D A N S C E N U M É R O :

Vie de l’Asso. P.2

Communication– Promotion

P.5

Resto Co P.8

Technique P.9

Portrait P.11

L’Aquitaine cultive la Biodiversité

P.12

Carnet de Voyage Brésil

P.17

Actu’OGM P.32

Agenda & Annonces

P.34

Vous trouverez joints à ce bulletin 4 documents pour inscription à : La Formation Semences Potagères du 19 Août

La Formation Engrais Verts en Maraîchage du 30 Août La Visite de la Plateforme d’Expérimentation du 16 Septembre La Fiche d’Inscription au Marché de Producteurs de la Fête de la

Biodiversité du 30 Octobre dans les Landes Bonne Lecture !

INFO

RÉMY LEBRUN NOUS REJOINT EN TANT QUE SALARIÉ

Rémy a effectué, depuis septembre 2009, un stage en alternance à AgroBio Périgord, au sein de l’équipe Biodiversité dans le cadre de sa Licence Professionnelle « Agriculture Biologique, Conseil et Développement ».

Sa problématique de stage était de trouver « quels sont les intérêts des semences paysannes en Agriculture Biologique et ce plus particulièrement avec le cas des maïs population » en recensant les avis d’un certain nombre de producteurs participant au Programme depuis 2002.

Nous avons pu apprécier tout au long de son stage sa motivation, son sérieux, son efficacité et ses qualités de travail en équipe.

Sa licence terminée depuis début Juin, Rémy a intégré l’équipe en tant que salarié en CAE pour s’oc-cuper principalement des missions suivantes : ∗ Etude sur les flux de pollen avec l’INRA de Grignon, ∗ Animation de la Maison de la Semence « potagères », ∗ Suivi technique sur certaines variétés de tomates de la Maison de la Semence, ∗ Organisation du travail de dégustation des variétés population de maïs dans le cadre du projet

SOLIBAM, ∗ Etc.

Nous lui souhaitons tous la bienvenue ! L’équipe d’AgroBio

Développement Local d’Accompagnement : D.L.A. Bio d’Aquitaine et l’ensemble des Associations et CIVAMs du réseau en Aquitaine ont entamé un processus de développement local d’accompagnement (DLA) .

L’objectif est de permettre à la structure régionale d’asseoir son identité et trouver des axes métho-diques d’évolution et de perspectives.

Globalement les objectifs concernent à moyen terme la communication interne et externe, ainsi que les actions budgétaires.

Pour la communication interne il s’agit de permettre une transmission efficace des informations dans l’ensemble du réseau, afin de mutualiser les compétences de chacun.

Pour la communication externe, il s’agit de permettre un rayonnement des valeurs véhiculées par les producteurs et de les défendre.

Ce DLA a permis une bonne concertation régionale, d’identifier les problèmes, de les résoudre acti-vement et concrètement à court terme.

Gaëlle BALLIGAND

ERRATUM

Inversion des dates de formation 19 et 30

Août dans le dernier bulletin.

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P A G E 3

AgroBio Périgord a rencontré Madame Béatrice ABOLLIVIER, Préfète de la Dordogne, jeudi 1er juillet 2010

Communiqué de Presse du 30 Juin 2010 : rencontre avec la Préfète

Rappel des faits : l’Agriculture Biologique offre à tous, producteurs, consommateurs, citoyens, une alternative crédible dénuée de risques pour la santé, rémunératrice et créatrice d’emplois dans les terri-toires ruraux mais uniquement quand la démarche reste globale.

AGROBIO PERIGORD accompagne l’Agriculture Biologi-que depuis 20 ans, forte de l’expérience de ses techniciens et surtout de ses référents professionnels, qui constituent un réseau d’échanges et de transferts de savoir-faire. Notre association a toujours accompagné les agriculteurs et futurs installés vers la maîtrise des techniques qui permettent d’ac-quérir plus d’autonomie et valorisent les ressources natu-relles disponibles sur les fermes.

Les soutiens à l’Agriculture Biologique ne sont pas à la hauteur des objectifs fixés par le Grenelle de l’en-vironnement. Avec plus de 100 dossiers de conversions en cours de traitement, la Dordogne se retrouve a priori en première place au niveau régional en terme de nombre de demandes nouvelles et passe au premier rang au niveau du nombre de producteurs, loin devant le Lot et Garonne his-toriquement leader en la matière.

Cette progression est liée pour partie au travail que nous réalisons au quotidien en matière de formation, d’appui technique, d’animation de projets, mais aussi et surtout à l’engagement de nombreux producteurs de noix qui ont fait le choix de passer en bio sur cette produc-tion sans forcément avoir la démarche d’engager à terme l’intégralité de leurs productions. Les aides à la conversion (900 €/ha/an) pour cette production sont dis-proportionnées par rapport aux changements de pratiques que la conversion occasionne, ce qui n’est pas le cas pour la viticulture, l’élevage, les céréales ou la production de légu-mes, cette dernière étant un enjeu fort pour notre souve-raineté alimentaire.

AGROBIO PERIGORD avait déjà alerté à l’automne dernier l’ensemble des organisations professionnelles agricoles ; Elle réitère aujourd’hui ses craintes face à un développe-

ment vertical des produc-tions sans contrat d’objec-tif, notamment celui de convertir à terme la totalité des productions présentes sur les fermes.

Ce manque de cohérence et cette absence de prise en compte de la transversalité de l’Agriculture Biologique risque d’avoir pour conséquence rapide le dépassement de l’en-veloppe budgétaire régionale allouée par l’Etat pour accompagner les conversions et donc de déboucher sur un plafonnement des aides par projet. Cela pénaliserait de fait les projets réfléchis et cohérents qui ont intégré la mise en œuvre de nouvelles pratiques agronomiques, culturales et d’élevage, ainsi qu’un schéma de valorisation nouveau des productions (vente directe, restauration collective, circuit court et partenariat entreprise).

Un développement non maîtrisé peut entraîner des difficultés à organiser les marchés. Même si la filière noix a besoin de matière première certifiée, il faut qu’elle soit en capacité de satisfaire sa clientèle et développer son réseau de vente en adéquation avec l’offre en produit qui arrive et ceci en intégrant les 3 années de conversion né-cessaires à la labellisation de la production.

Les enjeux sont aujourd’hui sur la production de légumes et de fruits frais. Il faut donc se concentrer, avec les collectivités, les pouvoirs publics et l’ensemble des acteurs du développement sur cette problématique afin d’orienter les soutiens dans cette direction.

AGROBIO PERIGORD sollicite une rencontre ra-pide avec les services de la Préfecture en charge de ce dossier pour travailler sur les priorités à dégager et les actions à mettre en œuvre pour éviter à avoir à gérer de nouvelles crises.

Contact :

Emmanuel MARSEILLE au 06.82.87.99.62

BILAN DES CONVERSIONS AU 19 JUILLET 2010 EN DORDOGNE

DOSSIERS ENREGIS-

TRÉS = 188

TYPE MONTANT /HA NOMBRE HA engagés Montants Annuels Montants sur 5 ans

CAB 1 100,00 € 1193,08 119 308,00 € 596 540,00 €

CAB 2 200,00 € 1843,53 368 706,00 € 1 843 530,00 €

CAB 3 350,00 € 368,53 128 985,50 € 644 927,50 €

CAB 4 900,00 € 891,06 801 954,00 € 4 009 770,00 € TOTAUX 4296,2 1 418 953,50 € 7 094 767,50 €

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Communiqué de Presse du 21 Juillet 2010 : la Grande Distribution et le Bio

LA BIO, VICTIME COLLATÉRALE

DE LA GUERRE COMMERCIALE

ENTRE GÉANTS DE LA

GRANDE DISTRIBUTION ?

La majorité des enseignes de la grande distribu-tion et du hard discount proposent aujourd’hui des gammes de produits biologiques. Pour cela, certaines se sont lancées dans une bataille com-merciale afin de proposer des prix toujours plus bas... Quelles seront les conséquences pour les consommateurs et les producteurs ? La Fédéra-tion Nationale d’Agriculture Biologique des ré-gions de France tire la sonnette d’alarme. Expli-cations.

L’enseigne Auchan a lancé l’offensive en proposant de-puis mai dernier 50 aliments bio à moins d'1 euro. L’en-seigne Leader Price (groupe Casino) a répondu en réalisant une campagne publicitaire la positionnant moins chère que deux enseignes nationales sur un panier de 29 produits. Leclerc a atta-qué à son tour en lançant un site inter-net visant à comparer les prix des pro-duits bio de marques nationales ou distributeurs.

Cette stratégie, qui n’est pas poursuivie par toutes les enseignes, s’appuie sur la croissance continue des achats de produits biologiques y compris en temps de crise, une tendance significative d’une modification des habitudes alimentaires des consommateurs. Si moins de 50% des produits bios sont achetés en GMS, il s’agit de capter une clientèle croissante et de surfer dans le même temps sur la vague de la « consommation responsable ».

Comment dès lors ne pas souscrire aux messages de « démocratisation » de la bio porté par les « lois naturel-les » de la concurrence économique ? Si cette bataille commerciale est avant tout une opération publicitaire, elle s'appuie sur des mécanismes déjà subis par les paysans qui pourraient bien avoir des conséquences des-tructrices sur la filière bio. Il faut se souvenir que la « guerre des prix » commencée dans les années 70 a pro-fondément modifié le système agro-alimentaire avec la double concentration des fournisseurs et des distribu-teurs. Voudrait-on aujourd’hui, à la faveur d’une nouvelle crise économique, appliquer cette stratégie implacable à la bio ?

A un objectif "du plus bas prix" il faut substituer un objectif du "juste prix" dans l'intérêt de toutes les parties prenantes : citoyen, producteurs, transfor-

mateurs et distributeurs. Les enseignes qui lancent la guerre des prix de la bio sans autre forme de considéra-tion pour les enjeux économiques, environnementaux et sociaux d'une telle stratégie, portent une responsabilité importante dans la fragilisation de la filière dans son en-semble.

D’autres mécanismes sont possibles, comme le démon-trent plusieurs expérimentations mises en place entre des groupements de producteurs bio et enseignes de distribution spécialisées (outils de planification des cultu-res et de lissage des prix). Face à leurs besoins d’approvi-sionnement qualitatif, des enseignes de la grande distribu-tion contribuent aussi à la structuration de filières dura-bles assurant une juste rémunération des producteurs. Ces démarches, au plus près des territoires, visent des objectifs indissociables de qualité des produits, de sécuri-té des approvisionnements, de rémunération des pro-ducteurs et de rationalisation des coûts (du mode de production aux questions logistiques).

Face à la crise structurelle de l’agriculture provoquée notamment par les logiques économiques de la GMS, la

loi de modernisation de l’agriculture adoptée le 13 juillet dernier prévoit le développement des contractualisations et créée un observatoire des marges et des prix. A l’occasion de l’examen du projet de loi à l’Assemblée nationale, Bruno Lemaire, Ministre de l’Agri-culture, a été clair sur cette logique destructrice : « Comment accepter que

les producteurs soient systématiquement la variable d’ajuste-ment de la filière commerciale en France ? Comme si on pou-vait toujours tirer le prix le plus possible vers le bas, comme si on pouvait oublier que la qualité du produit, la sécurité sani-taire et le respect de l’environnement ont un coût pour nos producteurs et que c’est les producteurs qui payent pour cela (…) ».

Si la régulation du système agro-alimentaire est en effet nécessaire, les rapports de force économiques établis ne seront pas remis en cause par cette loi. La bio, dont les spécificités n’ont pas été prises en compte dans ce texte, doit continuer à proposer de nouvelles alliances objecti-ves entre citoyens, producteurs et acteurs économiques de la transformation et de la distribution. Ces innova-tions socio-économiques ne pourront se pérenniser que par une forte volonté du consomm’acteur et la multipli-cation des démarches des enseignes en ce sens. Les paysans bios n’imaginent pas développer la bio autrement que dans des nouveaux rapports sociaux qui préservent l’intérêt et le revenu de chacun des acteurs de la filière.

Un autre type d’économie et de rapports sociaux sont possibles, qui veut y travailler ?

Contacts presse : Emmanuel MARSEILLE - 06.82.87.99.62

Gérard JOULAIN - 06.74.00.11.29

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Communiqué de Presse du 12 Août 2010 : Démonstration de Lutte contre

la Cicadelle Verte en Viticulture Biologique

Lorsque l’on demande aux viticulteurs bio du Bergeracois quels sont les insectes les plus pré-sents sur leurs domaines, la réponse est, pour 61 % d’entre eux, la Cicadelle Verte. La Cicadelle Verte, connue aussi sous le nom de cicadelle des grillures ou encore Empoasca vitis, est un insecte piqueur. La larve provoque, par ses piqûres, des dégâts occasionnels sur la vigne. Les premiers dégâts apparaissent en bordure des feuilles sous l’aspect de rougissement (cépages rouges), ou de jaunissement (cépages blancs), délimités par les petites nervures. Les attaques commencent fin juin sur les feuilles de la base du cep. Les décolorations gagnent le

centre du limbe, tandis que la périphérie se dessèche, brunit et donne à la feuille un aspect grillé. Les dégâts s’accentuent au cours des mois d’août et septembre. Les feuilles grillées présentent moins d’activité photosynthétique ; une diminution de la te-neur en sucre ainsi qu’un retard de maturité peuvent également être observés. Globalement, même si les dommages causés par cet insecte restent modérés et acceptables, il semble important qu’AgroBio Périgord, au travers de son technicien spécialisé en viticulture, puisse apporter des réponses objectives aux questions que se posent les vignerons sur les effets de différents produits de traitement. Cette démonstration a pour objectif de fournir une méthodologie de travail et d’observations permettant d’évaluer objectivement l’impact de différents produits sur les Cicadelles. A cette occasion, vous pourrez prendre connaissance des résultats intermédiaires de la 2ème année d’expérimentation. Cette étude a été réalisée par Eric MAILLE, technicien spécialisé à AgroBio Périgord et par Typhaine BERTHOU, en stage avec lui sur ce thème depuis 6 mois.

La visite aura lieu le mercredi 18 août 2010

à partir de 10h au Château de la Jaubertie

24560 COLOMBIER Contacts : Eric MAILLE - 06.87.58.48.50 [email protected] Typhaine BERTHOU - 05.53.57.62.24 [email protected]

Communication - Promotion 6ème Foire Bio de Bergerac,

du 26 au 28 novembre 2010

Nouveau site internet : www.foire-bio-bergerac.fr

Inscriptions clôturées. A ce jour, tous les stands ont été sélection-nés : de la diversité en perspective !

Une nouvelle disposition des stands dans la salle…moins « standardisée » et plus conviviale.

Horaires et programme : ouverture dès le vendredi après midi (14h/20h30), samedi (10h/23h) et dimanche (10h/18h). Nocturne le samedi soir avec repas bio sur réservation et animation musicale.

Contact : Stéphanie BOMME-ROUSSARIE

Et si on faisait une Foire Bio à Périgueux ???

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P A G E 6

Comme chaque année, l’objectif de cette quinzaine est de faire décou-vrir l’agriculture biologique à tous, par tous les moyens possibles.

Au programme en Dordogne :

3 manifestations étaient organisées par des agriculteurs : - 1 marché festif chez Olivier BAGARD à Fonroque, - un week-end portes ouvertes « A la découverte des Aurochs » chez Christian RICCI à Thonac, - une randonnée viticole « Les Sentiers du Vin bio » sur les coteaux de Saussignac avec dégustations et barbecue. 6 magasins spécialisés ont organisé : - des animations, - un marché, - un repas gourmand nocturne avec marché, - le lancement d’une carte de fidélité. Les restaurants scolaires de 3 collèges ont participé à l’opération (Mussidan, Coulounieix-Chamiers et Péri-gueux). Les collégiens de Coulounieix ont pu apprécier un repas bio le mardi 8 juin à midi. A cette occasion et pour les sensibiliser à l'Agriculture Biologique, l'exposition « Regards de paysans bio » du photographe Christophe Cagnard et prêtée par l'asso-ciation AgroBio Périgord a été exposée dans le réfec-toire jusqu'au 12 juin. Mais le collège n’en n’est pas son coup d’essai puisque depuis fin 2008, un atelier « jardin biologique » animé

par une assistante pédagogique mobilise des élèves de 6ème et 5ème les lundi et jeudi midi : ils y découvrent les rudiments du jardinage biologique et l'attention est por-tée plus particulièrement sur le thème de la biodiversité cultivée. Des tomates, aubergines et autres poivrons de toutes formes et couleurs ont ainsi été récoltés l'année der-nière. Cette démarche a été accompagnée par « La Mai-son de la Semence » qui a fourni une partie des semen-ces. Une présentation de cet atelier a d’ailleurs été réali-sée lors de l'évènement « M'Ta Planète » au Château des Izards organisé par la municipalité de Coulounieix-Chamiers. L’équipe de cuisine du collège Anne Franck de Péri-gueux avait concocté un menu 100% bio pour ses élè-ves : salades et légumes, veau à la crème, faisselle au lait cru, œufs au lait… du bio et local dans les assiettes ! Un menu couronné par la présence du producteur de veau Matthieu NAULIN d’Eglise Neuve de Vergt qui a pu expliquer son mode de production. Son intervention a été très appréciée aussi bien par les plus grands que les plus petits. En effet, la cuisine du collège sert également les repas de l’école élémentaire située juste derrière le collège. S’en est suivi un rapide passage en salle de classe des primai-res au cours duquel Mathieu NAULIN a su trouver les mots et susciter l’intérêt des plus jeunes, déjà sensibili-sés au jardinage dans leur école. Le calendrier de saison-nalité fut un support très apprécié, affiche qui décore maintenant leur salle de classe. La leçon est donc rete-nue : pas de tomate en hiver…

Stéphanie BOMME-ROUSSARIE Gaëlle BALLIGAND

Bilan du Printemps Bio 2010

Une Foire Bio à Périgueux ??? La foire bio de Bergerac existe depuis maintenant 6 ans et constitue aujourd’hui une manifestation connue et recon-nue. A l’origine de ce projet, un groupe motivé d’agriculteurs bio du bergeracois. Au fil du temps, la composition du comité d’organisation de la foire a évoluée avec le départ de quelques uns mais aussi avec l’arrivée de consomm'ac-teurs et de nouveaux agriculteurs impliqués.

L’idée a germée depuis quelques temps maintenant de mettre en place une ma-nifestation du même type sur Périgueux. Cela ne peut se faire sans la créa-tion d’un groupe motivé qui sera animé par Stéphanie. Concrètement, faire partie du comité d’organisation de la foire, c’est participer à des réunions (environ 1 par mois), définir le programme des animations, mettre en place toute l’organisation pratique de la manifestation (publicité, sécurité, décora-tion…). AgroBio Périgord dispose de toute l’expérience acquise avec Bergerac : tout n’est donc pas à recréer mais il faudra bien sûr apporter sa touche à la foire bio de Périgueux, si elle se créée.

Avis aux volontaires, que vous soyez agriculteurs ou consommateurs ! En fonction des retours, que nous espérons nombreux, nous vous convierons à une 1ère rencontre. Vous pouvez aussi contacter Laurent Grégoire, le professionnel référent sur ce dossier au 06.07.37.17.08

Stéphanie BOMME-ROUSSARIE

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P A G E 7

L’association « BIODORDOGNE » est née le 23 septembre 2008, dans le but d’informer et de sensibiliser le grand public, enfants et adultes, à une alimentation locale, saine et natu-relle. Jusqu’à présent, notre action était de valoriser via notre site internet, une « Bio» locale, éthique et accessible à tous (www.biodordogne.fr ). Nous avons rencontré un certain nombre de producteurs sur notre parcours. Nous souhaitons aujourd’hui participer au développement d’un lien solidaire entre producteurs et consommateurs par un nouveau site internet : un annuaire des producteurs bio locaux de Dordogne. Il nous semble urgent de rappeler aux consommateurs qu’à l’origine de notre alimentation, ce sont des paysans qui tra-vaillent durement la terre, et participent avec cohérence au respect des ressources naturelles, et du vivant dans toute sa diversité. Nous espérons à travers cet annuaire, inciter les consommateurs à vous rencontrer, à échanger et peut être à mieux saisir ce lien qui nous relie les uns aux autres. Certains d’entre vous, se sont déjà inscrits. Vous pouvez les consulter et découvrir par la même occasion notre annuaire en ligne à cette adresse : http://annuaire.biodordogne.fr.

Pour info, le site apparait en première page du moteur de recherche Google en tapant ces mots clés : annuaire - bio - Dordogne. Fidèle à notre démarche purement altruiste, aucune forme de cotisation n’est demandée aux producteurs pour cet an-nuaire, nous croyons encore au bénévolat, à la solidarité, et à la contribution libre.

Nous contacter : Vincent DATIN au 06.01.98.29.51 ou par mail : [email protected]

Un Annuaire Gratuit des Producteurs Bio de Dordogne !

Guide des producteurs bio pour la Dordogne : sortie prévue pour 2011 Le Conseil d’Administration de l‘Association a validé la création d’un guide des producteurs, un annuaire répertoriant les pro-ducteurs bio du département. Cet outil est destiné principalement au grand public qui est en constante recherche de produc-teurs proches de chez lui. La sortie est prévue pour le printemps bio, soit juin 2011. Toutes les modalités pratiques ne sont pas encore définies. La suite dans le prochain bulletin…

Stéphanie BOMME-ROUSSARIE

Collectif des associations de producteurs et de consommateurs de Dordogne

prochaine réunion en septembre

En octobre dernier, une 1ère rencontre d’échanges a été orga-nisée entre les différents systèmes de vente aux paniers exis-tants en Dordogne (associations producteurs consomma-teurs, AMAP…). Son objectif : mieux se connaître. Les interlocuteurs présents, représentants de 5 structures, ont souhaité la mise en place d’un collectif qui permet-trait de : - donner une vision départementale de ce qui existe et d’a-voir ainsi plus de poids ; - mieux communiquer ; - travailler ensemble sur des installations potentielles (ex : pain). Ce collectif ne supplante en aucune manière le fonctionne-ment de chaque structure qui garde ses propres règles. AgroBio Périgord se propose d’encadrer ce collectif sans pour autant s’impliquer dans le fonctionnement de chaque

association. Une première action commune a été la tenue d’un stand commun lors de la 5ème foire bio de Bergerac en novembre 2009. A cette occasion, des adhérents des différentes asso-ciations se sont relayés sur le stand pour présenter leur structure.

Au premier trimestre 2010, pendant que Stéphanie d’Agro-Bio Périgord était en congés maternité, les membres du col-lectif ont organisé une seconde réunion mais qui n’a malheu-reusement mobilisée que peu de monde. Malgré cela, l’objec-tif de poursuivre le collectif reste bien présent et nous vous proposons de nous rencontrer à nouveau en septembre pour évoquer les points laissés en suspend la dernière fois, à sa-voir :

- la définition juste des prix, - la composition et le coût des paniers (comparaison entre les différentes structures), - l’information et la communication auprès des adhérents, - comment impliquer davantage les adhérents. Si vous êtes intéressés, n’hésitez pas à vous manifester !

Stéphanie BOMME-ROUSSARIE

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P A G E 8 Restauration Hors Domicile

A venir ... en Octobre

La commission

Restauration

Collective

Il nous parait très important pour que les idées et les pro-

jets soient concertés de se réunir régulièrement (3 fois par an) afin de faire le bilan des actions en cours et des futurs projets. La restauration collective est dans l’air du temps, tous les médias, les parents d’élèves, les élus… sont sensibles au sujet. La structuration se constitue en Dordogne et se dote progressivement d’outils susceptibles d’évoluer, de se perfectionner. Mais tous ces projets ne peuvent se faire sans vous, ac-

teurs principaux, « nourriciers » au sens premier du terme. Certains d’entre vous nous sollicitent, pour faire émer-ger de nouveaux projets, très pertinents pour la plupart. Nous aimerions qu’ils soient présentés afin que tout le monde puisse donner son point de vu et s’impliquer ou pas dans ces actions. Prochainement vous recevrez une invitation pour parti-ciper à une réunion « Commission Restauration collec-tive ». Les objectifs :

Effectuer un calendrier, avec des objectifs fixés à moyen et long terme. Cet échéancier sera un cadre pour évoluer de façon pragmatique et efficace. Elargir la commission des producteurs aux autres acteurs concernés (cuisiniers, etc.) pour favoriser les échanges.

Gaëlle BALLIGAND

Les Formations proposées en Dordogne sur le thème de la RHD

Novembre : « Fournir la restauration collective »

Réglementation concernant les fournisseurs bio toutes productions (agrément, transformation, conditionnement, étiquetage et transport).

Règlementations concernant les cuisines collectives (agrément, réception, stockage et préparation).

Novembre/Décembre : « Fixer ses prix »

Maîtriser les composants de son prix de revient par atelier et sur la ferme, en déduire des prix de vente rémunéra-teurs et cohérents en fonctions des circuits empruntés.

Composantes de l’autonomie et de la viabilité à long terme des structures. Cette compréhension permet la liberté d’action, la liberté du partage et l’émancipation.

Les Réunions Interrégionales de la FNAB sur la Restauration Collective ont eu lieu les 1er et 2 Juillet

La première journée était consacrée aux structures de développement que sont les Associations et CIVAMs. Les temps d’échanges ont permis de mutualiser sur les pratiques. Les formations des producteurs et des cuisiniers étaient à l’ordre du jour. Le lendemain était consacré aux organisations économiques de producteurs, à savoir les plateformes d’approvision-nement bio pour la restauration collective. L’association Manger bio ici et maintenant a été créée en mai dernier. Elle a pour objectif de renforcer et de rassembler toutes les plateformes existantes, d’avoir des logiciels de factura-tion efficace et de gérer la thématique des marchés publics.

"S'impliquer dans la restauration col-lective biologique"

La FNAB a édité la brochure "S'impliquer dans la restauration collective biologique". Ce guide prati-que a pour vocation de fournir des repères afin de mieux appréhender les caractéristiques du secteur de la restauration collective. II s'adresse aux producteurs bio qui sont déjà impliqués

dans ce secteur et désireux de passer à un autre stade d'organisation ; à ceux souhaitant s'impliquer dans la restauration collective et qui ont besoin de repères et de données sur ce débouché ; ainsi qu'aux producteurs en conversion ou en période d'installation qui veulent trouver de nouveaux débouchés ou étayer leur projet.

Accédez au guide : http://www.repasbio.org/images/stories/france/

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P A G E 9

Journée Nationale de la Restauration Collective Responsable

Dans le cadre du Réseau Rural Français, la FNAB et la FNCI-VAM ont organisé le 21 juin une Journée Nationale de la Res-tauration Collective Responsable, "organiser une offre cohé-rente de produits locaux en circuits courts et valorisant la bio". Celle-ci a été préparée en partenariat avec la Chambre Régio-nale d'Agriculture Rhône-Alpes, le Ministère de l'Agriculture, de l'Alimentation et de la Pêche, le projet Liproco et l'associa-tion Trame. Le programme de la journée était le suivant. Vous pouvez direc-tement vous rendre sur le site de la FNAB sur la rubri-que « Restauration collective » et télécharger les présentations spécifiques qui vous intéressent Matinée : . Ouverture de la journée - FNCIVAM, FNAB ; . Tour d'horizon des expériences menées dans les régions de France métropolitaine - FNAB, FNCIVAM, CRA Rhône Al-pes ; . Les produits bio ou locaux en restauration collective en Mar-tinique - Alexandra Boulon, DAF - SPV Martinique ; . Comment se fait la rencontre entre offres et demandes loca-les pour la restauration collective publique - Fantine Olivier,

Liproco ; . Approvisionner la restauration collective avec des produits agricoles locaux : modalités d'accès en fonction des systèmes d'achat - Claire Faraco, LER Lyon et CA du Rhône. Après-midi : Atelier 1 : . Expérience de la Ville de Toulouse - Elisabeth Belaubre, Ad-jointe au Maire en charge de la restauration scolaire, de l'envi-ronnement et de la santé (1/2) et (2/2) ; . Restauration collective : approvisionnement local - Nicole Le Brun, Conseillère en développement local, CA Meurthe et Moselle. Atelier 2 : . La restauration collective en gestion directe - Eric Lepe-cheur, Représentant du CC au CNA sur la bio et le dévelop-pement durable ; . Aventures gastronomiques en campagnes française - Véroni-que Ducombs, Présidente de Manger Bio Ici et Maintenant. Atelier 3 : . Rôle de la diététicienne en restauration collective responsa-ble - Françoise Cotten Rhein, Diététicienne ; . Intégrer des denrées bio en restauration collective - Isabelle Guibert, FNAB et MAB29 ; . L'expérience de Prestal - Ludovic Ligneau, Gérant.

Technique : le sol

QU’EST-CE QUE LA METHODE HERODY ? Les analyses de sols classiques (analyses physico-chimiques) définissent un sol sur sa richesse en éléments nutritifs, son pH, sa texture... mais en aucun cas sur son fonctionnement. D’autres méthodes visent à une approche globale du sol en amenant des éléments sur la formation du sol, sa structure, sa composition, etc. et en donnant des orientations quant à la fertilisation à adopter dans ce type de sol, notamment en ma-tière de : choix d'apport organique, chaulage, travail du sol et choix des engrais.

La méthode BRDA-Hérody est une approche basée à la fois sur des approches pédologiques et agronomiques, sur le ter-rain et au laboratoire. Elle prend en compte les caractéristi-ques du terrain, les conditions de milieu ainsi que les données géologiques et climatiques. C’est donc une méthode d’analyse des sols qui permet de caractériser les sols en donnant des mesures précises tant sur la nature des particules minérales que sur le comportement des matières organiques ou minérales du sol. Cette approche globale permet de favoriser au mieux le fonc-tionnement du sol, son développement et de maîtriser sa fer-tilisation.

AgroBio Périgord travaille depuis plusieurs années avec AFGE pour réaliser des études de sols Le bureau d’études A.F.G.E., société indépendante, est spécialisé dans l’expertise des sols. Les interventions proposées sont :

⇒ Etude terroir / cartographie des sols (caractéristiques agro-pédologiques de chaque unité de sol de l’exploitation) : Outil de base pour une différenciation des pratiques culturales.

⇒ Diagnostic géo-pédologique avec conseils en fertilisation (avec analyses mé-

thode Hérody) : Approfondissement de la connaissance du sol et de son fonc-tionnement (à partir de la description du profil de sol), propositions d’optimisa-tion de la conduite du sol.

⇒ « Audit express » exploitation : Après un examen rapide des pratiques, des outils, des moyens, des sols dominants, des résultats et des objectifs, nous met-tons en place, ensemble, les améliorations prioritaires, les évolutions des prati-ques, …

⇒ « Audit express » projet : Evaluation du foncier et notamment des potentialités agricoles du site, de l’adéquation du site avec le projet, les possibilités d’amélio-

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P A G E 1 0

Remettre l’agronomie au cœur du projet d’exploitation

Il y a quelques années, des convictions profondes me conduisirent vers l’agriculture biologique. Celles-ci s’ins-crivaient dans une vision globale de l’exploitation, ren-forcées par le précieux système de la polyculture-élevage, heureusement préservé, avec une obsession : l’autonomie maximale. Je pris alors conscience que les cultu-res et les animaux étaient indissocia-bles de l’équilibre terrien et que pour valoriser cette extraordinaire sym-biose, le savoir et la connaissance était indispensable, à commencer par le plus élémentaire, la première des richesses d’un paysan : le sol. Malgré une formation agricole, mes bases en agronomie étaient lointaines, très insuffisantes et même erronées par la mauvaise lecture que m’assenât l’ « agrobusiness », via les technico-commerciaux des coopératives pendant des années. Dans ce cheminement, se reformer pour comprendre devint une évidence et même une obliga-tion, et de préférence dans le cadre même de l’exploita-tion. C’est ce qui m’a persuadé de faire un diagnostic agro-géo-pédologique de l’exploitation, par l’intermédiaire d’AgroBio Périgord, avec Yannis ARRAGUAS, qui tra-vaille selon la méthode de Yves Hérody. L’approche est d’autant plus pertinente qu’elle s’accompagne d’un audit des pratiques et des objectifs culturaux.

Le déplafonnement des aides de la région a été bien sur, un vrai déclencheur à cette décision, il est vrai qu’un diagnostic de cette ampleur sur une exploitation aussi diversifiée et constituée de sols hétérogènes coûte cher. (55 ha, 4 production : 2320€ TTC, 80% pris en charge par le Conseil Régional dans le cadre du Chèque Conseil Bio) En marge de cette démarche, une première journée de stage organisée par AGROBIO (le 3 Mars 2010 Forma-tion « Optimiser la fertilité de ses sols en grandes cultures »), m’a permis de recoller aux principes généraux du fonc-tionnement du sol. Ce fut une journée bien animée, re-

prenant les fondamentaux sans aller trop loin pour res-ter accessible et parce qu’une journée pour traiter du sol c’est très peu ! Puis après une brève prise de contact au téléphone, un premier rendez-vous est fixé pour une approche très générale de façon à prendre la mesure des productions en place pour comprendre les objectifs, le fonctionne-

ment mais sans aller sur les parcelles. Là nous avons pu parler aussi de compos-tage et de valorisation de la matière or-ganique, un point essentiel dans notre système. J’ai énormément appris de la gestion de l’azote par le compost. Plus tard, en avril, le travail de terrain s’est étalé sur deux jours. Armé d’une pelle bêche, d’une tarière et d’un calepin, nous avons arpenté les parcelles de la

Ferme des Gardes. Pour sentir la résistance des sols, il important de creuser à la pelle bêche, puis d’observer ces échantillons qui nous donnent déjà des informations par la couleur, la texture ou encore la profondeur du sol…. Yannis transmet sa méthode d’observation sur le terrain, c’est un acte essentiel pour plus d’autonomie, ensuite le travail devient plus technique. A l’issue, un diagnostic très poussé et très détaillé est établi. Il devient un outil de gestion précieux pour établir une stratégie d’exploitation pertinente. La gestion des composts, les assolements, les amendements et les choix de cultures peuvent s’appuyer sur ce travail. Sur certains aspects, nous avons valorisé rapidement les premières informations reçues. Par exemple : un com-postage très rapide avec 3 retournements très rappro-chés sur un fumier de bovin de 6 mois conservé sur l’aire de stockage et épandu rapidement donne déjà un bon résultat visuel sur le maïs de cette année. Mais je suis convaincu que c’est sur le long terme que se valorisera au mieux cette approche de bons sens tant il semble évident que le sol est le socle de notre métier !

La bio m’a permis de comprendre cela !

-ration du projet, … ⇒ Etude avant plantation : Aide décisionnelle concernant le parcellaire, les aménagements, le matériel végétal, la

préparation du sol, les fumures, … ⇒ Etude drainage : choix des solutions techniques, implantation et dimensionnement des ouvrages, … ⇒ Formations auprès des agriculteurs.

Vers une autonomie de décision dans une agriculture durable…

Contact : AFGE – 9, Fauroux – 33760 LUGASSON - Tél : 05.57.84.07.87

Comme tous les ans, nous vous ré-informons que vous pouvez trouver de la « vaisselle compostable » chez

ESCARBOUCLE à 16250 AUBEVILLE au 05.45.61.02.75 ou sur www.escarboucle.com

Pour toutes vos manifestations (marché, foire, repas), pensez à l’utiliser !

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P A G E 1 1

Fanny y serait venue même si l’exploita-tion qu’elle avait reprise avait été en conventionnel. Aujourd’hui, elle se pose la question de la biodynamie qui va en-core plus loin que la bio. Regard sur l’avenir de la bio Fanny souhaite, tout comme les généra-tions qui l’ont précédé, que la bio ne se pervertisse pas juste pour accueillir plus de producteurs. Elle est favorable à une nouvelle marque privée qui serait au moins aussi exigeante que le cahier des charges français. Cependant, elle est confiante dans l’ave-nir car pour elle, la bio est plus une prise de conscience qu’un effet de mode : elle véhicule des valeurs qui dépassent le simple niveau économique. Elle dure et durera encore longtemps. L’association AgroBio Périgord Avant d’être impliquée au sein du Conseil d’Administration de l’association, elle trouvait que l’intérêt majeur d’Agro-Bio Périgord réside dans la dynamique qu’elle impulsait et dans le côté humain toujours valorisé. Pour elle, être à plu-sieurs pour échanger et débattre permet de faire avancer le réseau et de défendre un idéal. Au niveau technique, elle a œu-vré pour l’obtention d’un technicien spé-cialisé en viticulture, chose faite depuis maintenant deux ans.

Stéphanie BOMME-ROUSSARIE

Une exploitation viticole convain-cue par la bio depuis 40 ans Dans les débuts de la ferme, la famille MONBOUCHÉ faisait l’objet de curio-sité de la part des autres viticulteurs ; être en bio n’était pas forcément bien vu par le reste de la profession. Vingt ans après, ils sont devenus une réfé-rence dans le Bergeracois. C’est seulement vers la fin des années 90 qu’ils commencent à communiquer sur la bio à leurs clients. A cette épo-que, la bio ne déclenche pas l’achat mais le conforte et permet de fidéliser la clientèle. Progressivement, avec la publicité autour du bio et les diverses crises alimentaires qui se succèdent, le vin bio monte en puissance. Presque 40 ans auront été nécessaires pour que leur travail soit reconnu à sa juste valeur. Aujourd’hui, la production est quasiment vendue à l’avance. L’Agriculture Biologique Le grand-père de Fanny a fait de gra-ves allergies cutanées dues à l’usage de produits chimiques. Suite à cela, il a décidé de changer de système de pro-duction et de passer en bio. Ce choix a été conforté par une réussite au niveau technique sur l’exploitation. Depuis ce temps, tous ont gardé le souci de bien-faire, pour soi, pour les clients et pour l‘environnement. Dans les années 90, la ferme a résisté aux crises agricoles et alimentaires parce qu’elle était en bio.

La ferme L’exploitation viticole s’étend sur 27 hectares, 16 en blanc sur Monbazillac et 11 en rouge sur Bergerac. Cinq généra-tions se sont succédées sur ce domaine dont trois en bio et Fanny est la pre-mière femme viticultrice de la famille. Dès 1964, la ferme adhère à la marque Terre et vie ; à l’époque, il n’y avait pas encore de cahier des charges national et européen pour la bio et seules exis-taient des chartes privées. La certifica-tion bio s’est faite à partir de 1970 avec la reprise par René, le père de Fanny. Dès 1999, Fanny travaille sur l’exploita-tion en tant qu’aide familiale et elle s’installe en 2004. Elle a toujours parti-cipé un peu aux travaux de la ferme, depuis toute petite déjà mais elle n’en-visageait pas d’en faire son métier. Une réorientation suite à un échec scolaire en seconde lui ouvre les portes du ly-cée viticole. Elle poursuit ses études et, une fois le BTS en poche, elle prend la direction de la ferme. Elle profite des hivers pour continuer à se former (certificat de spécialisation à la bio, ap-prentissage de l’anglais en Angle-terre…). Depuis son arrivée, Fanny instaure des changements progressifs, dans la conti-nuité et toujours en accord avec René. Elle respecte ce qui a été fait par son père et n’envisage pas de révolutionner la ferme. Les modes de vente du vin sont variés : à la propriété, sur des foires et des marchés, via des cafés, restaurants et des négociants.

Fanny MONBOUCHÉ - EARL Theulet-Marsalet - 24040 Monbazillac

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L’Aquitaine cultive la Biodiversité P A G E 1 2

Autoproduction de semences : visites techniques et formations Dans le cadre du programme « l’Aquitaine cultive la Biodiversité », les animateurs techniciens d’AgroBio Périgord réali-sent chaque année des visites techniques chez les agriculteurs ayant accueilli un ou plusieurs populations de maïs et/ou tournesols. Ces visites ont pour objectif d’accompagner les producteurs dans la conduite de leurs essais et d’apporter des conseils techniques à l’autoproduction de semences à la ferme. Ces visites ont déjà commencées en Aquitaine et se poursuivront jusqu’en Octobre. Compte tenu du grand nombre d’agriculteurs participants au programme, l’ensemble des fermes ne peuvent être visitées chaque année. Les animateurs-techniciens ou les professionnels référents du programme interviennent régu-lièrement lors de formations collectives pour des agriculteurs d’une même zone géographique. Prochaines formations :

24 septembre : Saulgé (86), organisé par Cultivons la Biodiversité en Poitou-Charentes. 5 novembre : Ile et Vilaine (35), organisé par l’ADAGE.

Jennifer Kendall

C’est une enquête menée auprès d’une cinquantaine de producteurs engagés dans le programme « L’Aquitaine cultive la Biodiversité » qui nous a permis de faire apparaître certaines tendances. En premier lieu, l’enquête nous a permis de cerner le profil des agriculteurs engagés dans le Programme, puis en second lieu de faire ressortir les dif-férents atouts et inconvénients perçus par ceux-ci sur la sélection et la culture de maïs population. Cette étude à été réalisé dans le cadre de mon stage à AgroBio Périgord pour ma Licence Professionnelle « Agriculture Biologique : Conseil et Développement ».

Rémy LEBRUN

La relation producteur/maïs population : une affaire temps

Le profil majoritaire des producteurs investis dans le programme

* Nous retrouvons le plus souvent des systèmes de polyculture-élevage, ils représen-tent 80% des enquêtes. Parmi ceux-là, les principaux élevages sont du bovin viande (30%), ovin lait (18%), ovin viande (16%) et volaille (14%). On retrouve aussi de bo-vin lait et du porc (10% chacun) puis l’élevage caprin (2%). Pour tous ces systèmes, la récolte du maïs population est principalement destinée à l’alimentation des animaux : 37% des fermes pour l’ensilage et 54% pour le grain. Un éleveur vendait un peu de farine pour consommation humaine, une autre vendait en grain à la coopérative et un faisait de la vente d’aliment à des éleveurs locaux. * Les 20% restants sont des exploitations en productions végétales. La majorité en maraîchage, et d’une façon moindre des petits vignobles et vergers en diversification. Parmi ces structures, 60% conservent la récolte sur la ferme pour autoconsomma-tion (animaux pour consommation personnelle) et 40% font de la vente, soit à des éleveurs, soit à la coopérative, soit à des particuliers sous forme de farine. Il est intéressant de voir que 6% des producteurs interrogés considèrent leur culture de maïs population avant tout comme de la recherche expérimentale. C'est-à-dire que la récolte en elle-même n’était pas la motivation primaire de la culture.

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L’expérience des agriculteurs

Le programme a démarré de zéro, et son développement s’est effectué progressive-ment les premières années. C’est pour cette raison que peu de producteurs ont une expérience supérieure à 6 ans. Ces trois dernières années, il s’est produit un dévelop-pement exponentiel. Il en résulte qu’aujourd’hui, plus de 77% des producteurs ont une expérience qui ne dépasse pas 4 ans. Cela dit, près de 16% vont attaquer leur 6ème année de culture de population. De part leur capacité à s’adapter et à évoluer en fonction de leur environnement de culture, les résultats du travail avec des populations de maïs s’apprécient au fils des années de sélection. Lors de l’arrivée d’une population les premières années sur une ferme, c’est à la fois le maïs mais aussi l’agriculteur qui découvre un nouvel environnement. Il est intéressant d’observer si le nombre d’années d’expérience dans la culture de maïs populations joue un rôle dans la conservation ou non de surface hybride sur l’exploitation. Il ressort de cette enquête que : * Les agriculteurs qui cultivent 100% de leurs surfaces en maïs sont pour la plupart des personnes qui sont impliquées dans le programme depuis plus de 4 ans. Cette expérience acquise profite au producteur qui maîtrise de mieux en mieux sa méthode de sélection, mais aussi à la population de maïs qui s’adapte biologiquement au terroir. * A l’inverse, la majorité des jeunes arrivés (moins de 2 ans), cultive moins de 10% de maïs population. * La quasi-totalité des autres agriculteurs (20 sur 26) sont des personnes qui ont une ancienneté dans le programme ne dé-passant pas 4 ans. Il est donc compréhensible qu’ils n’en soient encore qu’au stade expérimental et, dans la plupart des cas, dans l’interrogation face au basculement total de leur système en maïs population. Certains se confortent aussi dans leur système où maïs popula-tion et maïs hybride cohabitent, l’un permettant d’alléger les charges en semence, et l’autre assurant un rendement viable pour faire tourner leur système. Ce phénomène de prise de confiance au fils des années de culture atteste que les producteurs trouvent des intérêts à pro-duire des variétés de populations.

Les avantages et les inconvénients de la culture et de la sélection du maïs population vus par les agriculteurs

Le point de vue économique

La majorité des producteurs met en avant l’économie réalisée sur le poste semence. En effet, le prix des semences commerciales repré-sente une charge économique importante, surtout en Agriculture Biologique : il faut savoir que le prix d’une dose de semence maïs hybride biologique (50.000 grains soit un peu moins d’un hectare) du commerce est de 158€ contre 70 à 120 euros en conventionnel, le coût de la semence hybride varie avec un prix du quintal de 14 euros. Une faible part accuse les variétés population d’être la cause d’une baisse de leur revenu, dû à une baisse de rendement. De façon plus ponctuelle, certains remarquent une baisse des charges en ce qui concerne les intrants et une meilleure valorisa-tion économique du produit final.

En voici une synthèse pour ce qui concerne les avantages et les inconvénients de la culture et de la sélection de maïs de population. Les différentes idées évoquées par les producteurs sont présentées par thème : économique, agronomique, charge de travail, social…

Rémy

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Le point de vue agronomique D’un point de vue agronomique, les avis sont beaucoup plus partagés. En effet, le comportement de la population va dépendre certes de ses capacités génétiques mais aussi de beaucoup d’autres facteurs : influence des pratiques cultu-rales, pédoclimatique, méthodes de sélections…

Le point de vue du travail En ce qui concerne la charge de travail induite par la culture et la sélection des variétés populations, elle est considérée à l’unanimité comme un travail supplémentaire handicapant. Celui-ci est principa-lement apporté par la sélection manuelle des épis-semences aux champs ainsi que leur séchage, stockage et conservation. Ce travail supplémentaire est d’ailleurs la principale raison d’aban-dons. Elle représente 9 abandons sur 15 comme le montre le ta-bleau ci-dessous :

Malgré les différents inconvénients évoqués dans le volet « agronomique », peu d’abandons directement imputables à la variété sont observés : un seulement. Sur l’ensemble des pro-ducteurs enquêtés, 70% ont pérennisé voire augmenter leur surfaces cultivées en maïs de population. La notion de rendements plus modestes et trop aléatoires n’est pas majoritaire parmi les raisons d’abandon. En effet, elle ne représente que 1 abandon sur 15. Cela pourrait s’expliquer par le fait que la plupart d’entre eux compensent cette éventuelle

baisse de rendement par la culture simultanée d’un maïs hybride. Or ce n’est pas le cas comme nous l’avons plus haut. On observe aussi que les abandons ne sont pas plus importants chez les producteurs conventionnels que chez les producteurs biologiques.

Du point de vue social et humain En ce qui concerne le point de vue social, les pro-ducteurs ne font ressortir que des avantages et no-tamment un travail plus valorisant pour le métier d’agriculteur. De plus, la production et la sélection à la ferme de ces variétés populations représentent pour près de la moitié un acte éthique et militant pour une meilleure autonomie des agriculteurs. Aujourd’hui, le maïs est quasi-exclusivement destiné à l’alimentation animale et n’est pas aussi ancré dans le paysage historique agricole français que le blé (le blé fut le pilier du développement de la civilisation européenne). Cela pourrait être une explication plausible au fait que peu de producteurs soulèvent spontanément cette notion de sauvegarde du patrimoine commun que représente la biodiversité cultivée.

Causes Effectif Trop de travail 6

Plus simple d’aller acheter à coté 3

Pas de volonté particulière 2

Arrêt de la culture de maïs 1

Changement de propriétaire 1

Impossibilité d’isoler les parcelles 1

Rendements trop aléatoires 1

Avantages Inconvénients Adaptabilité et capacité d'évolution de la variété Populations encore trop hétérogènes avec des résultats

faibles et aléatoires Maîtrise de sa semence, protection OGM Encore beaucoup de travail de sélection et de méthode

pour une utilisation agricole réelle Récolte de meilleure qualité technologique Populations tolérantes aux agressions Meilleure valorisation des terrains à faibles potentiels

Plus de problèmes sanitaires

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Fête de la Biodiversité à Préchacq-les-Bains dans les Landes

Le Samedi 30 octobre 2010

La Biodiversité, ça se cultive !

Une manifestation organisée par les paysans Bio d’Aquitaine Bio d’Aquitaine, membre du réseau FNAB, est la « Fédération Régionale des Paysans Bio d’Aquitaine ».

Cette structure regroupe 5 associations locales de producteurs bio qui œuvrent au développement de l’agriculture biologique et accompagnent les agriculteurs dans leur mise en œuvre de pratiques respectueuses de l’environnement : Association AgroBio Périgord, CIVAM Bio du Lot et Garonne, CIVAM Bio Gironde, CIVAM Bio des Landes, Association BLE (Pays Basque).

Un événement régional majeur

Depuis 2006, chaque année, à l’époque de la récolte des maïs, paysans et consom-mateurs venus d’Aquitaine et de plus loin, se réunissent pour fêter la biodiver-sité cultivée. En 2006 et 2007 au Pays Basque, en 2008 et 2009 à Saint Mar-tial d’Artenset en Dordogne, ce sont plus de 1000 personnes qui ont participé à cette journée. Au programme : initiation à la sélection massale, cueillette fes-tive de maïs de population, grand repas bio et animations festives en tous gen-res (spectacles, concerts,…).

Au cours de ces journées, paysans et citoyens de tous horizons ont pu toucher du doigt l’énergie déployée par les paysans et les techniciens de Bio d’Aquitaine pour la sauvegarde et le développement de la biodiversité cultivée et découvrir les inté-rêts et enjeux des semences paysannes.

La Fête de la biodiversité cultivée étant un événement régional, il a pour vocation d’être itinérant sur toute l’Aquitaine. Après deux éditions réussies au Pays Basque, et deux éditions en Dordogne, c’est dans les Landes que se tiendra cette manifestation en 2010.

Le bilan exprimé par les producteurs

Malgré certains inconvénients évoqués pré-cédemment, près de la moitié des produc-teurs cultivant des variétés populations perçoivent un bilan positif. En très grande majorité, chaque agriculteur qui se lancent dans ce programme trouve un intérêt pour la culture de maïs de popu-lations, que ce soit d’un ordre agronomi-que, économique, social…. Cette forte motivation leur permet d’ac-cepter le travail supplémentaire que la sé-lection et le stockage des semences engen-dre. Selon quelques producteurs, ce travail ne serait pas si handicapant, mais plutôt diffé-rent : il faut donc prendre de nouvelles habitudes, ce qui peut se révéler déroutant quand on est mal préparé (travail qui semble long, consignes élémentaires pas toujours respectées par faute de temps ou d’espace et donc résultat pas à la hauteur des at-tentes). Une fois que l’organisation est mise en route, seul ou entre plusieurs producteurs, la sélection devient un acte moins lourd et se transforme parfois en rencontre festive. Une bonne occasion d’échanger les savoir-faire entre agriculteurs permettant ainsi de valoriser son expérience et de mutualiser les points de vue à propos des techniques, des méthodes, etc.

Ne sait pas 18% 28% des producteurs ne connaissent pas le bilan Ne s'y intéresse pas 6%

Pas assez de recul 4% Équivalent 4% 4% ne remarques pas d'évolu-

tion du bilan Positif 20%

48% perçoivent un bilan positif Positif avec le temps 16% Très positif 10% Positif jusqu'à un certain rendement 2% Négatif pour le moment 10%

20% perçoivent un bilan négatif Négatif 8% Négatif avec le temps 2%

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La Fête de la Biodiversité cultivée s’inscrit dans le programme régional « L’Aquitaine cultive la biodiversi-té »

A l’instar de la biodiversité sauvage, la biodiversité cultivée connait à l’heure actuelle une érosion sans précédent. Aujourd’hui en France, par exemple, seules 3 à 4 va-riétés couvrent 60% de l’assolement en blé et 80% des légumes cultivés il y a 50 ans ont disparus. Cet appauvrissement de la biodiversité cultivée, réelle atteinte à notre patrimoine historique et culturel, est aussi une véritable mise en danger de la sécurité alimentaire. Le programme « L’Aquitaine cultive la biodiversité » lutte depuis 2001 contre cette érosion de la biodiversité agricole et pour la réappropriation par les paysans des savoir-faire en matière de sélection et d’autoproduction de semences à la ferme. A l’inverse des « banques de semences » qui stockent ce patrimoine végétal dans des

congélateurs, c’est en cultivant et sélectionnant dans leurs champs et leurs jardins de nombreuses populations et variétés anciennes et/ou locales des grandes cultures (maïs, tournesols, blé,…) et de potagères que les agriculteurs et jardiniers engagés dans ce programme font revivre cette biodiversité et les savoir-faire paysans. Cette manifestation a pour objectif d’informer et de sensibiliser paysans et citoyens à la biodiversité cultivée.

Dans un contexte où les enjeux environnementaux et la questions des OGM sont au centre des débats, les intérêts de la biodiversité cultivée sont plus que d’actualité. D’autant plus que cette année 2010 est l’année de la Biodi-versité ! Un comité local d’organisation, composé de producteurs et d’adhérents du Civam Bio des landes, de l’équipe d’animateurs du programme « L’Aquitaine cultive la biodiversité » et de volontaires, est chargé de l’organisation, de la gestion et de la mise en œuvre de la Fête au niveau départemental. Si vous êtes intéressé pour venir, nous pouvons réserver un bus si une cinquantaine de personnes se manifestent.

Contactez Jennifer avant le 1er Octobre !

Programme prévisionnel :

10h30 Initiation aux techniques de sélection des semences paysannes Sélectionner ses propres semences permet plus d’autonomie aux paysans et une adaptation progressive des variétés aux terroirs répondant ainsi aux enjeux environnementaux actuels. Application pratique dans un champ de maïs de pays. 12h30 Ouverture officielle de la fête et du marché gourmand Sur la place de Préchacq, les visiteurs pourront découvrir une diversité de produits bio locaux et se restau- rer aux stands du marché. 14h00 Après-midi festive à la découverte de la biodiversité cultivée Nombreux forums, expos, démonstrations de matériels agricoles, stands d’associations (agriculture et jardi- nage bio, environnement,…) mais aussi de la musique, des contes, des ateliers enfants, la fabrication de pains au levain avec des variétés de blés anciens… Conférences sur le thème de la biodiversité cultivée (prévisionnel) : La récupération et conservation des cépages de Baco traditionnellement utilisés pour l’Armagnac. Les spécificités landaises : le millet, la pastèque à confire et le seigle, Slow Food Landes. Les volailles des Landes, avec le conservatoire des volailles de Magescq. 16h00 Cueillette festive musicale de maïs de pays Après la sélection, la récolte…pour que tout le monde découvre cette immense richesse de vie qu’il cueillera à pleine main. Cueillette rythmée au son des percussions. Retour au village des maïs, tractés par des animaux (baudets des landes). 17h30 Apprentissage de danses gasconnes 19h00 Apéro Jazz avec « Jazzymuté » 20h00 Grand repas bio et populaire 21h30 Bal Gascon avec les Ménestrés Gascons

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Un voyage au Brésil pour la Biodiversité... En préalable à la lecture de ce compte-rendu de voyage, je voudrais avertir que celui-ci à volon-tairement été allégé des précisions techniques pour que la lecture n’en soit pas trop alourdie.

J’ai aussi volontairement voulu introduire des parties « récit de voyage aux allures de carte pos-tale » pour offrir une fenêtre de rêve à tous ceux qui aiment s’évader ou s’intéressent à l’ail-leurs. De ce fait, ce récit pourrait prendre des aspects dilettante mais les sujets techniques qui nous intéressent sont évoqués et pourront faire l’objet d’exposés spécifiques ou d’applications sur le terrain qui seront présentés en formation.

J’en profite pour rappeler (à bon entendeur Salut!) que la plupart des techniques et savoir-faire en matière de Biodiver-sité ont été acquises au cours de voyages dans ce but par des salariés ou des adhérents souvent à leurs propres frais et au bénéfice de tous. J’espère que ce récit de paysan en voyage chez des collègues du bout du monde vous apporte-ra un instant d’intérêt que vous soyez déjà impliqués dans la Biodiversité Cultivée ou bientôt convaincus de l’être. Bonne lecture. Bien cordialement à tous… Bertrand LASSAIGNE

Continent Amérique du Sud

Costa Marquès. Etat de Rondonia

Guaraciaba. Etat de Santa Catarina

La Higuera. Etat de Santa Cruz

Belèm

Cameta

Mossoro

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Près de 200 millions d'habitants pour un pays qui fait 17 fois la France. Les trois quarts de la population habitent sur la côte Est (l'Atlantique). Pays de paradoxes, on y trouve tous les extrêmes. Un pays qui regorge de multiples richesses, autrefois dit « en voie de développement » puis « émergeant ». Des exemples frappants : Au niveau agricole, les « Fazendas », grandes conces-sions à l'origine offertes par les rois d'Espagne et du Portu-gal aux militaires pour leurs faits d'armes durant l'invasion. Immenses surfaces (parfois supérieures à la France) à l'épo-que de la colonisation, elles furent divisées, au cours du temps, par les successions familiales. Elles restent très éten-dues, parfois plus de dizaines de milliers d'hectares. A l'ouest, nombre de ces régions étant restées vierges, leur colonisation s'est souvent faite par adjudication de petites concessions attribuées à des migrants volontaires et sou-vent très pauvres. Expression du paradoxe entre de petites propriétés agricoles et vivrières, source principale de l'ali-mentation du pays qui cohabitent avec les gigantesques pro-priétés que sont les « Fazendas », vouées à l'exportation. Ces dernières représentent les grands pôles de production industrielle : Bétail (plusieurs milliers de têtes, voire plu-sieurs dizaines de milliers), soja, maïs (OGM), canne à su-cre, fruits et légumes… Au niveau humain, un pays où les pauvres sont souvent très démunis et les riches immensément pourvus, proprié-taires : des terres, de la majeure partie de l'immobilier, des médias, bref de presque tout... Après l'élection de Lula à une écrasante majorité, les possé-dants ont été dans une certaine mesure contraints à négo-cier avec ce nouveau gouvernement, à vocation sociale, issu des luttes ouvrières. Contrairement à d'autres pays d'Amé-rique Latine où la gauche est passée au pouvoir (Cuba, Vé-nézuéla, Bolivie), le président en ouvrant le dialogue a cher-ché à éviter le conflit avec la classe possédante. Jusqu'à présent, les richesses du Brésil étaient volontaire-ment sous-exploitées par la classe possédante qui, ancrée dans ses privilèges et déjà « plus riche que riche » n'avait aucun besoin de se créer des soucis en exploitant des ri-chesses supplémentaires. Elle vivait dans le luxe en entrete-nant une faible répartition des ressources et les popula-tions, privées d'autonomie, dans un état de dépendance. La politique de Lula, négociée avec les classes dominantes, a développé l'exploitation des richesses prélevant l'impôt sur cette activité pour financer ainsi en partie ses réformes sociales. Dans cette négociation, les possédants n'ont pas lâché grand chose de leurs biens, cédant à peine sur quel-ques monopoles et privilèges. L'activité du pays qui tourne à plein régime aujourd'hui réussit à payer des réformes sociales dont les exemples que je cite ne sont pas exhaus-tifs : Tous les enseignements gratuits résolvent l'analphabé-tisme, garantissent une formation permanente pour une population qualifiée ; un revenu de reconnaissance pour les mères de famille pouvant justifier de la scolarisation de leurs enfants ; un régime de retraite ; une couverture médi-co-sociale… Si socialement les progrès sont probants, en matière d'envi-

ronnement le « bas blesse » : on frise la catastrophe. Il a fallu lâcher du lest aux « Fazenderos », principalement dans le domaine de l'agriculture, où l'on a choisi un Ministre à leur convenance, d'où : l'ouverture aux OGM, un vaste réseau routier pour transporter les produits agricoles in-dustriels de l'ouest vers les ports d'exportation de la côte Est, l'aménagement de fleuves (dont l'Amazone) pour le frêt fluvial des marchandises en direction de ces mêmes ports. Cette expansion aggrave la déforestation et aug-mente « le désert vert ». En quelques années, la situation du Brésil a explosé. Elle est non seulement, une puissance agricole, mais aussi indus-trielle. Toutes les industries de pointes s'y développent. On y extrait, depuis peu, des quantités importantes de pétrole. On nous parle de la baisse de l'euro par rapport au dollar. En fait, les deux monnaies chutent par rapport au « Real » (monnaie brésilienne). Le dollar sera bientôt, égal au « real ». Malgré tout, il existe de plus en plus d'acteurs développant l'agriculture biologique et la sélection participative. Leur énergie est caractéristique de l'hyperactivité de ce pays. Ils avancent aussi à grands pas sur les techniques simplifiées, la permaculture, l'agroforesterie... et bien sûr la sélection par-ticipative, l'objet de mon voyage. Je suis convaincu qu'à terme, il nous faudra construire avec ceux dont les centres d'intérêts sont proches des nôtres, au delà des frontières, pour proposer conjointement des alternatives au massacre de notre planète, orchestré par des consortiums mondiaux avides d'intérêts à court terme. D'autres modes d'agriculture sont possibles. Il suffit que nous nous les transmettions pour pouvoir les appliquer...

Le Brésil : contexte actuel

Les gros tracteurs puissants côtoient les chars à bœufs

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LES ENSEIGNEMENTS DE MON VOYAGE EN CINQ ÉTAPES

Après une rencontre fructueuse il y a 7 ans avec les grou-pes de travail sur la sélection participative au Brésil, il n'y a pas que le temps qui se soit écoulé. Grâce aux enseigne-ments collectés à l'époque, nos techniques et notre gestion de la biodiversité ont évolués. Pour mémoire, en 2003, une délégation s'était rendue au Brésil pour rencontrer des acteurs parmi les pionniers de la sélection participative. Ce groupe était composé de : Maria Carascosa (ex stagiaire du Réseau Semences Paysannes avec qui Agrobio Périgord avait travaillé) ; son mari (cameraman brésilien) ; Jean-Jacques Matthieu (agriculteur de l'Aude impliqué dans le RSP) ; Patrice Gaudin (coordonnateur du programme « l'Aquitaine cultive la biodiversité ») et Ber-trand Lassaigne (agriculteur en Dordogne, instigateur du programme biodiversité en Aquitaine).

De ce voyage, nous avions ramené de nouvelles techniques de sélections, des informations sur les erreurs à ne pas faire (le programme brésilien ayant 20 ans d'antériorité sur le notre) mais surtout le concept de « Maison de la Se-mence » qui aujourd'hui est l’un des piliers de notre organi-sation. Les contacts réguliers engagés avec des brésiliens comme Adriano Canci (venu deux fois en France depuis), Altaïr Mashiado (auteur de plusieurs conférences en France), nous ont permis d'effectuer une co-évolution de nos pratiques pendant ces années. Lors de ses différentes visites, Adriano Canci a pu nous parler des avancements et des innovations des travaux effectués par les brésiliens, suscitant depuis un certain temps chez moi, l’envie d'aller le vérifier sur place. C'est donc dans cette continuité que j'ai répondu aux invitations de nos correspondants brésiliens, fin février 2010.

ÉTAT DE SANTA CATARINA

Première étape dans le sud-ouest brésilien, plus exacte-ment dans le « Municipe » de Guaraciaba, où exerce notre correspondant privilégié, Adriano Canci, qui m'avait « concocté » un itinéraire riche, précis et correspondant à nos préoccupations. Sur une carte, le « municipe » paraît tout petit...

Mais en une semaine, nous avons parcouru 2800 kilomètres de pistes, qui méritaient le détour. J'ai pu voir des parcelles en cours de création variétale (que nous appelons le « protocole Brésil »), d'autres parcelles en phase de pro-duction et de maintenance. J'ai été surpris de constater qu'après un mélange important de variétés, à l'issue du pro-tocole, les variétés obtenues sont relativement homogènes.

Dans ce « Municipe », les agriculteurs sont organisés en groupes autour de la « sélection participative ». Adriano en étant le principal coordonnateur et animateur.

Leur « Maison de la Semence » est réellement un concept, car il n'y a pas de réel lieu de stockage collectif. Chacun multiplie, crée, entretient un certain nombre d'espèces ou de variétés. Chacun stocke ses propres semences ou plants. Le stock devient collectif par le système des échan-ges.

Une ferme comme beaucoup d’autres dans l’Ouest « Catarinense »

Dans la communauté « Linha Tigre » Ivanir Rockenback expli-que à Adriano son processus de création variétale (une vidéo de cette interview a été réalisée)

Adriano CANCI : initiateur du Projet Microbacias 2

Roque de Moura et sa famille sont fiers de présenter leur semences créoles

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J'ai régulièrement retrouvé dans le panel des cultures des uns et des autres des origines de semences provenant de leurs voisins et collègues, et vice et versa. Globalement, la communauté d'agriculteurs impliqués héberge une dizaine de petites plateformes expérimentales concernant différen-tes espèces. Celles-ci regroupent de 10 à 30 variétés diffé-rentes, selon les lieux et les espèces : maïs, riz, soja, patates douces, pommes de terre, haricots, pastèques, choux, ara-chides, pop corn, manioc…

Certains de ces essais sont consacrés, en collaboration avec des chercheurs de l'université de Florianopolis (capitale de l'état), aux compatibilités de croisements entre variétés : « formation de variétés dialleliques ». Mais ce processus paraît long et compliqué, alors que les « protocoles Canci » semblent donner des résultats intéressants en un temps beaucoup plus court et un process, finalement assez simple. Les potentiels de rendements des parcelles que j'ai vues sont intéressants et les agriculteurs sont très satisfaits, tant de leurs revenus que de la qualité obtenue. Les produits satisfont leurs coutumes alimentaires, réclament peu de fertilisations, résistent à la sécheresse quand la pluviométrie de ces dernières années semble plus faible que la normale.

Dans cette région, de nombreux agriculteurs sont aussi éleveurs laitiers. Ils utilisent parfois le maïs en ensilage, qui, avec leurs variétés « créoles » (appellation des semences de population dans cette région) ne présentent pas, d'après eux, autant d'inconvénients gustatifs que les variétés

conventionnelles dans la transformation fromagère.

Une anecdote : un éleveur laitier avec 15 hectares, 6 vaches laitières, 2 bœufs, quelques productions vivrières, une di-zaine de milliers de pieds de tabac, m'avoue avoir un revenu mensuel d'environ 2500 euros, et ce tout en traction ani-male. *** Adriano m'a demandé de participer à une conférence orga-nisée pour les techniciens et responsables agricoles locaux afin de présenter « Bio d' Aquitaine » et les travaux effec-tués par ses antennes, dont le programme « Maïs ». En ef-fet, il serait mieux écouté, l'oreille étant plus attentive à ce qui vient de France, répondant à l'adage brésilien : « Le saint de la maison ne fait pas de miracle » ; le pendant de notre dicton : « Nul n'est prophète en son pays ». Quand les multinationales imposent leurs restrictions par des lois mondiales, notre échange participatif doit être un travail partagé entre tous les agriculteurs de la planète, dans la défense de leurs droits, de leurs patrimoines et de leurs savoir-faire. Le soutien qu'on peut s'apporter les uns aux autres a été, pour moi, à cette occasion, une réelle prise de conscience d'une importance politique (au sens noble) du rôle de nos échanges.

Ces épis ont été prélevés sur une variété créée selon le protocole d’Adriano

Roque Kain nous présente le maïs issu de ses sélections. Derrière, ses courges et surtout ses fameuses pastèques à chair jaune.

Chez Rokenback, la salle de traite est faite avec les matériaux locaux, mais tout est fonctionnel !

Les maïs OGM sont arrivés ! Ils couvrent 60% du territoire en quelques années et s’affichent

sur tous les bords de route

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Quand on aborde la question des OGM, le contexte de-vient très délicat pour les agriculteurs brésiliens qui culti-vent leurs variétés « créoles », car aujourd'hui, ils sont presque tous entourés de champs génétiquement modifiés que ce soit en soja ou en maïs. Pour tenter de faire le point de la situation, ils ont négocié avec Adriano la mise en place d'une collecte d'échantillons pour les analyser à l'uni-versité de Florianopolis, avec un financement de l'état. Cela ne résoudra pas les risques de pollution, mais en assurera la surveillance de l'extension. Dans le « Municipe » de Gua-raciaba, le travail effectué par Adriano depuis 6 ans, a déve-loppé de réelles motivations et l'enthousiasme de petits groupes d'agriculteurs et même de l'autorité locale : le Pré-fet qui soutient activement l'initiative ne peut pas protéger « ses » agriculteurs des pollutions génétiques.

Le pouvoir des Fazenderos, appuyé de surcroît par les mul-tinationales est tel qu'il peut faire plier bien plus que les autorités locales, puisqu'il manipule jusqu'au gouvernement fédéral des états du Brésil. Pas étonnant qu'en Europe, on retrouve les quelques experts parachutés sur ces thèmes, soupçonnés de corruption. Il y a fort à parier que, face à de telles machines, ces experts doivent être pétrifiés, accep-tant de certifier tout ce qu'on leur demande. Nous avons parlé du problème des OGM avec le préfet qui déjeune souvent chez les agriculteurs pour évaluer le rôle de sou-tien qu'il peut jouer, dans la sélection participative. Ce jour-là, il a proposé qu'une délégation d'agriculteurs de son « municipe » vienne en France pour continuer l'échange. Je le sens prêt à participer financièrement et à s'impliquer dans la recherche des fonds pour organiser ce voyage. Les évolutions de leur démarche d'échantillonnage et d’analyse des maïs créoles en promiscuité avec les éten-dues OGM nous intéressent de près. La pollution, pour tous les agriculteurs qui font leur propre semence, sera-t-elle exponentielle ? C'est la question majeure qui se pose à nous. Dans cette expérience involontaire, grandeur nature, cette évolution sera suivie et le contact régulier avec nos correspondants brésiliens nous permettra de prendre la mesure des résul-tats dans le temps. Dans son programme, Adriano, avait prévu d'inclure le pa-radoxe brésilien en m'accompagnant dans l'une des plus grandes foires agricoles de la région destinée à l'agriculture intensive des Fazenderos. Et là ce n'était pas du tout la même musique!... Toutes les entreprises semencières, les

fabricants de produits chimiques et de machines industriel-les y règnent en maître. Dans toutes les allées, des espèces de prédicateurs, qui vantent notamment les qualités des OGM, annoncent à renforts de hauts parleurs des rende-ments mirifiques en quintaux et en temps de travail/hectares, de quoi semer des parcelles dont on ne voit plus les limites à l'horizon.

Là encore, les brésiliens ont mis le turbo. S'ils sont en avance sur les techniques de sélection participative, ils le sont aussi au niveau de l'agriculture industrielle polluante et destructrice de la nature. Ce pays est reconnu aujourd'hui comme le plus gros consommateur de pesticides au monde. On n'y parle pas de pesticides mais de « veneno » (venin).

L'agriculture biologique est désignée par ses pratiquants, « l'agriculture sans venin ». A côté de ces petites fermes qui préservent des variétés et des races locales issues d'une longue adaptation à leur terroir, nous avons aussi ce que les brésiliens appellent les « déserts verts » : pas d'ar-bre, pas d'insecte, pas d'oiseau, pas d'homme, mais du soja, du maïs OGM à perte de vue et de temps en temps un avion en train de pulvériser la région de son venin.

Je suis un soja OGM « même pas honte », bien au contraire, je nargue tout le monde !

Les marchands d’OGM ont des comportement de prédicateurs et interpellent la foule !

Sur le même territoire que les chars à bœufs, les plus gros-ses batteuses !

Pour ceux qui n’ont pas d’avion, il reste d’au-tres solutions pour épandre le RoundUp...

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Sur cette foire, hormis l'omniprésence des semenciers en surface, en quantité et en volume sonore, on retrouve tout le matériel énorme et moderne de nos salons mais avec la particularité d'une diversité importante de fabricants de « semoirs directs » du type « Semeato » avec des adapta-tions plus ou moins différentes pour chaque marque.

Même si ces semoirs peuvent présenter un intérêt pour les itinéraires de cultures simplifiées agrobiologiques, ils sont en ce lieu, tous destinés à des semis accompagnés du sem-piternel traitement herbicide adapté aux OGM. Sur la foire, pas de rouleaux « FACA »... (pourtant inventés aussi par les brésiliens!) que l'on peut aussi bien retrouver en sys-tème de traction animale ou mécanisée et qui sert à ré-duire les engrais verts afin de pouvoir y semer directement, sans travail du sol supplémentaire.

A propos de ce rouleau, un certain nombre d'expériences sont menées par les communautés d'agriculteurs du « Municipe » (Linha Ouro Verde, Linha Tigre, Barra Bonita, noms de quelques communautés locales). J'attends les in-formations d'Adriano concernant ces expériences récentes. L'été dernier, j'ai rencontré, par l'intermédiaire d'Adriano, un chercheur hollandais, Walter Deboef, qui s'intéresse de très près à la sélection participative. Il a écrit des ouvrages sur les travaux effectués au Brésil. Il est en relation avec des agriculteurs du Népal qui développent ce type de prati-ques. Il appuie aussi des projets dans différents pays d'Afri-que. Nous nous sommes retrouvés au Brésil, à San Miguel Do Oueste pour des échanges à propos des travaux des groupes Brésil, France, et ses principaux partenaires. Wal-ter travaille actuellement sur la coordination d'un ouvrage regroupant les différentes expériences des groupes de diffé-rentes régions du monde. Nous serions donc avec le ré-seau « semences paysannes », partenaires de cette publica-

tion internationale prévue fin 2010.

Bien que l'objectif principal de nos échanges concernait les techniques de sélection maïs, j'ai été très intéressé par les nombreuses expériences mises en place sur le riz. Don-nant suite aux quelques essais déjà effectués sur la plate-forme du Change, j'espère ramener suffisamment d'élé-ments pour que nous puissions reprendre nos expériences et déboucher sur des résultats positifs. Aujourd'hui un cer-tain nombre de micro-parcelles de « riz pluvial » ou « riz sec » sont en place sur la plateforme du Change... Affaire à suivre !

Le top du semoir direct est fabriqué au brésil : ce petit là pèse 12 Tonnes !

Réunion de travail avec Walter Leboeuf en préparation de la publication sur la sélection participative dans le monde.

Au milieu de son champs de riz de montagne, cette agricultrice parti-cipe à un groupe de femmes développant la sélection participative

Roque de Moura sur une des plateformes de riz sec

Un des essais riz avec une vingtaine de variétés créoles misent en place par Adriano

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Après une cinquantaine d'heures de voyage, en avion, en bus, en taxi collectif ou non, moto taxi, je suis arrivé à Cos-ta Marques…

De retour de la visite des essais riz, ce taureau nous attend. L’un des agriculteurs s’exclame : « ce mâle a de belles cornes », son collègue lui répond : « Ah ! Tu connais sa femme ? »

VILLAGE DE COSTA MARQUES

Petit village du « Rondonia », un état ama-zonien, à l'ouest du Brésil, situé sur les rives du Rio Guaporé, frontière avec le Nord de la Bolivie. Sa population est constituée des descendants des popula-tions les plus pauvres ayant migrées au début du siècle dernier, poussées par les gouvernements qui les envoyaient extraire le caoutchouc au péril de leurs vies, à l'époque, compte tenu des conditions sanitaires et de la forêt inhospitalière (malaria, onces, cobras...). Ces populations se sont enrichies au fil du temps avec d'autres colons, arrivés pour prendre possession des concessions adju-gées par les gouvernements aux popula-tions pauvres continuant ainsi à coloniser la région. Ces diverses migrations provo-quèrent le massacre des peuples indigè-nes. Aujourd'hui, il ne reste que peu d'indiens, actuellement mieux protégés par les lois Lula. Paradoxalement, une partie des survivants aux massacres, ont été sauvés par les quelques prêtres lucides qui se sont démarqués en organisant leur protection, voire leur recon-naissance d'êtres humains à part entière. Au niveau agricole, la situation est complètement diffé-rente de celle rencontrée dans l'état de Santa Catarina. Il n'y a ni budget d'accompagnement ni technicien ni anima-teur. La plupart des exploitations sont orientées vers la production de bétail, sur des terres gagnées sur la forêt, en bordure des rios (principales voies d'accès), par le « brûlage ».

La plupart des agriculteurs ne sont en fait qu'éleveurs. Leurs connaissances en culture sont assez faibles, au point qu'il n'existe que peu de productions vivrières. La terre est souvent assez pauvre et les connais-sances des locaux sont insuffisantes pour l’améliorer. Il existe peu de variétés locales. La plu-part de celles qui sont cultivées sont issues de semences apportées par les migrants avec des recroisements divers, souvent avec des hybrides du commerce de différentes sources (don des semen-ciers aux collectivités locales, décou-verte de la semence miracle le jour d'un tour en ville...).

Dans cet endroit, perdu au fin fond du Brésil où l'on accède par une piste pas toujours praticable (15 heures de bus 4x4 pour atteindre la première ville quand tout va bien) on trouve quand même dans tous les commerces du Coca-Cola... ça rassure!!!!!!

Une ambiance un peu western : vol de bétail, assassinat pour s'approprier la terre du voisin, intimidation plus ou moins armée... Malgré tout, ce petit monde arrive à vivre finalement pas si mal car il n'y a pas de signes apparents de pauvreté choquante.

Après avoir brûlé la forêt, les Fazenderos installent des troupeaux.

La race Brésil est un croisement de souche indienne et africaine

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J'ai rencontré quelques agriculteurs avec qui j'ai pu échan-ger, mais surtout le « Padre Joâo », originaire de la Dordo-gne. Il fut notamment curé à Corgnac-sur-l'Isle. Bien que je ne sois pas très religieux, je profite de ces quel-ques lignes pour lui tirer mon chapeau ! Il faut dire que la mission catholique joue dans cette région un rôle prépon-dérant tant au niveau social par l'assistance aux personnes les plus démunies et souvent ignorantes (gestion de conflits individuels en l'absence de police, soutien administratif) que par l'apport culturel et éducatif. Elle gère par exemple une école primaire. Au niveau agricole, l'état du Rondonia est politiquement dans l'opposition du PT (parti des travailleurs de Lula) et le gouverneur refuse systématiquement tous les programmes budgétaires appuyant l'enseignement ou le développement des petits agriculteurs. Il est vrai que chaque fois que l'un d'entre eux disparaît (par faillite ou décès prématuré), il se trouve toujours un gros propriétaire pour reprendre sa ferme à sa veuve quand il est mort, ou l'embaucher à bas prix s'il est encore vivant. Face à cette situation, la mission catholique, aidée par l'asso-ciation « Lettre d'Amazonie » agit quotidiennement pour améliorer les rapports entre les habitants mais développe aussi des projets comme une école agricole de type « maison familiale » qui enseigne en priorité les techni-ques liées à l'agriculture vivrière avec des méthodes écologi-ques.

Il faut dire que dans le Rondonia, le pouvoir en place, du côté des Fazenderos, vit très mal la formation des enfants des petits agriculteurs. Cela pourrait les rendre trop indé-pendants !... Les familles sont dépendantes de la viande distribuée ou non par le Fazendero. On retrouve un scénario similaire dans les régions désertiques du Sertaô (à l'est) où les Fazen-deros échangent l'eau de leurs puits contre du travail. Ou-tre l'objectif de développer une agriculture procurant l'indé-pendance alimentaire aux petits agriculteurs, cette école, forte d'enseignants compétents, motivés et militants, expé-rimente de nombreuses techniques innovantes comme : l'agroforesterie, les associations de cultures synergiques, des systèmes utilisant les caprins pour le débroussaillage apportant ainsi des solutions alternatives à l'utilisation à outrance de débroussaillants chimiques dans cette zone de cours d'eau aux ruissellements importants. « Lettre d'Amazonie » est une association qui participe au financement de cette école dont le système est alimenté par des dons. Aujourd'hui la scolarité d'un élève agricole coûte 40 euro par mois. Chacun, en cotisant à partir de 40 €, assure un mois de scolarité, au moins (en annexe une note sur la « lettre d'Amazonie »). On peut toujours se dire que l'écologie d'ici est plus urgente que celle d'ail-leurs... En l’occurrence l'écologie de l'Amazonie nous concerne tous. La mise en place de projets cohérents dans cette région du monde est vitale. Ce qui rassure c'est que, même dans les endroits les plus isolés au monde, il y a des gens qui ont conscience que les systèmes agricoles pour durer doivent mieux respecter la nature et sa diversité...

La MF créée par la mission catholique française titille les Fa-zenderos en enseignant des techniques qui rendent les agri-culteurs plus autonomes

A la demande du padre Joao, nous improvisons une présentation des travaux faits en Aquitaine sur les semences et l’AB en rappe-lant les grands principes

Les profs de la maison familiale sont aussi militants et l’expri-ment au padre ainsi qu’à la trésorière de l’asso « la lettre d’A-mazonie ». Une périgourdine de Marquay. Les rencontres au fin fond de l’Amazonie sont parfois surprenantes.

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A la maison familiale, il existe des collections de plantes cultivées mais aussi des arbres de la forêt multipliés dans les pépinières de l'école pour être utilisés en haies dans le ca-dre d'un atelier développant la synergie entre le milieu am-biant et l'agriculture. A Costa Marquès, le padre Joaô et l'équipe qui l'accom-pagne, ne sont pas les seuls forcenés... Chico Territorio, le bien nommé, (« petit terri-toire » en brésilien) est un militant très politisé en ce qui concerne la défense du terri-toire et de ses autochtones. Sentinelle de la corruption des dirigeants locaux, il entre-tient aussi un « sanctuaire botanique » avec passion. Il pratique, par ailleurs, professionnellement, la médecine naturelle avec des produits de l'Amazonie qu'il utilise pour ses préparations. Je vous recommande l'extrait de graisse de « Jacarê» (crocodile) : c'est à vomir mais ça soigne bien la toux et l'asthme... Le temps m'était compté mais j'ai eu la chance de ren-contrer de « bels gens » (Boa Gente). Il n'est pas toujours facile d'arriver à Costa Marquês à la saison des pluies, m'avait-on dit. Pour le quitter vers l'ouest, il faut descendre le Rio Guaporê. Un bateau gouvernemen-tal fait la navette, jusqu'aux villages en amont. Un mois pour faire le parcours ! C'était bien ma chance, le bateau était passé trois jours avant mon arrivée... Dans ce cas, le moyen le plus courant est une « voidera » (pirogue aujourd'hui en aluminium). Un voyage beaucoup plus cher à cause des frais de carburant (l’essence est aussi chère au Brésil que chez nous)... et puis, la loi de l' « offre et de la demande » s'en mêle : « pour aller en Bolivie ?... On peut.... C'est de l'autre côté du Rio... Il y a une piste et des bus de « l'autre côté »... Mais voilà, à la saison des pluies... toutes les pistes sont coupées... ».

En effet, côté bolivien, la conscience du respect de la forêt s'est bien améliorée, mais ça n'a pas toujours été le cas... d'ailleurs, il n'y en a quasiment plus... alors, à la

saison des pluies, cela devient un immense marécage de plusieurs centaines de kilomètres carrés. Pour la pirogue, les propositions ne fusent pas. Un type, qui ressemble plus à Pablo Escobar qu'au padre Joaö, me pro-pose « pour pas cher », 900 réals (soit 400 euro)... Finale-ment une employée de la mission catholique (qui devait partir à Santa Cruz, pour chercher sa mère qui avait subi une intervention chirurgicale) se voit proposer par padre Joao, la voidera de la « paroquia » (la paroisse) et son pi-lote. « Super, on est sauvé » (crus-je...). En fait, le pilote a prêté le moteur à un collègue (parti faire un travail sur le rio, personne ne connaissant ni l'endroit ni la date de son retour...). Ces petits contre-temps sont monnaie courante dans ces régions de l'intérieur et Rosa, l'employée de la paroisse y est habituée. Finalement, son frère se fait prêter une voide-ra puis un moteur de 30 CV... et nous sert de pilote jusqu'à San Joaquim (environ 250 kms et donc 8 heures de voide-ra).

Il faut dire que le terme de pilote n'est pas usurpé car sou-vent le rio, avec ses nombreuses îles, se divise en bras que l'on peut facilement confondre avec des « Igarappes » (affluents). Sans compter les troncs d'arbre qui dérivent, au trois quart immergés et dont la collision à trente kilomètres/heure, nous enverrait inévitablement au « bouillon », dire bonjour aux « Jacarês » (croco) qui sont légion dans le coin. Le port de San Joaquim ressemble plus à un gué qu'à autre chose. Après avoir échoué la pirogue et déchargé celle-ci de son équipage, le pilote, Rosa, sa fille de deux ans, sa sœur, son bébé de 3 mois et moi-même cherchons à nous informer de la suite. Un homme, tapi à l'ombre d'une pagode, nous informe que des motos-taxis passent de temps en temps voir si des clients débarquent... En effet, après 2 ou 3 heures, arrive un scooter qui embarque la sœur de Rosa et son bébé dans le couffin jusqu'à l'aérodrome et promet de nous envoyer des collègues…

Chico Territorio, le bien nommé, se bat depuis des

années pour défendre l’Amazonie

En face du port de Costa Marques, la Bolivie

Quand il n’y a pas de route, ce sont les cours d’eau qui servent de voie de circulation. A 30km/h ,en 8h, on fait plus de 200 bornes.

A l’arrivée a San Joaquim, les scooters-taxis font la navette jusqu’à l’aérodrome

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L'aérodrome de San Joaquim n'est qu'à une vingtaine de kilomètres et continue de me démontrer que la Bolivie, c'est encore une autre réalité. Perdu en pleine campagne, au milieu des troupeaux de vaches et de chevaux, à l'ombre d'un toit local, nous passons à la pesée des bagages et des passagers. Quelques heures plus tard, un bimoteur arrive, décharge ses occupants et leurs bagages avant de nous inviter à pren-dre place. Avec une petite pensée pour Saint Exupéry, Blé-riot et les autres, je prends place dans la carlingue de ce taxi des airs dont les sièges sont empruntés à des voitures qui ont gardé leurs ceintures. Un pépé monte à la place du co-pilote, se fait expliquer qu'il faut garder les jambes écartées pour ne pas perturber le manche... Nous, nous nous asseyons tous sur la dernière banquette de deux-places... Deux ou trois passagers sont poussés der-rière nous et s'assoient par terre. Nous sommes une di-zaine, plus le pilote et la machine s'élance sur la piste en terre battue. Je suis comme étonné quand l'appareil s'élève dans les airs.... c'est finalement plus stable que je ne le pen-sais. Comme nous volons à basse altitude, les territoires que nous survolons sont très visibles. J'en profite pour me faire une idée du parcours des méandres du Rio que nous avons remonté. Pendant 500 kilomètres, nous survolons des terres qui ont majoritairement été gagnées sur la forêt. Ce sont de grandes prairies détrempées pendant la saison des pluies, propriétés des « Acienderos » (cousins germains des Fazenderos). Dans l'avion, il fait une chaleur à crever et le pilote, pour nous soulager, ouvre la fenêtre, continuant ainsi le voyage, le coude à la portière. Des talkie-walkie guident notre approche de la piste, suite à une avarie radio. Mais l'atterrissage, tout en douceur à « Trinidade »... Cette ville est une fourmilière, comme je n'en avais pas vu depuis longtemps en Amérique Latine. Ici, voitures, piétons, attela-ges, motos, vélos ou autres... dans tous les sens... et chacun se débrouille comme il peut ! Dans ce dédale, je dois m'acquitter rapidement des formali-tés migratoires (car en ayant quitté le Brésil par l'Amazonie, je ne suis officiellement ni sorti ni entré en Bolivie), avant de prendre le bus de nuit pour Santa Cruz. Là, c'est moins fa-cile, les autorités boliviennes n'ont pas l'air très décidées... Sans liquide bolivien sur moi, tout se complique... je ne peux même pas proposer le « bakchiche »... Après avoir fait référence à « Via Campesina » et ses rela-tions avec « Evo Morales » et torturé les bébés pour qu'ils pleurent pendant 4 heures... le douanier a fini par retrouver le tampon du visa ! Finalement, on attrapera le bus de jus-tesse grâce à un taxi zélé…

12 heures de bus. Arrivée à Santa Cruz. Ville de vallée au climat tropical. La plus riche du pays. Tous les grands propriétaires, la mafia, le narco-trafic, les gens de l'extrême-droite ont un pied à terre

à Santa Cruz... Pas de chance, mon contact en Bolivie, qui devait venir m'y chercher est en panne à 300 kms de là, sur la piste. Grâce à un « taxi colectivo », je le rejoindrai à « Valle Grande ». Petite ville rurale. Au pied de la monta-gne. De multiples cultures vivrières, des plus florissantes. Je retrouve Juan chez le garagiste qui vient de finir la répara-tion du fourgon 4x4 qui doit nous emmener à la « Higuera », à une 50aine de kms, et 3800 mètres plus haut. « Pour monter là-haut... Il faut 4 ou 5 heures... si tout va bien... » me précise Juan, un français d'origine mais très boli-vianisé... La piste qui mène là-haut, c'est un peu l'aventure, déconseillée à ceux qui ont le vertige... Certaines corniches valent le détour…

La montée vers les hauts plateaux, impressionnante au début

Il ne faut pas rater les virages...

LA HIGUERA

Ce n'est pas n'importe quel village de Bolivie. C'est là que le « Ché » s'est fait descendre. Alors forcé-ment le sujet est omniprésent. Il plane une ambiance ambiguë que l'on pourrait appeler de « post-collaboration » ?

Est-ce de ce fait que la communauté paysanne est plutôt divisée ou à cause d'une campagne électorale qui partage la population entre les partisans d'Evo Morales (président indien soutenu par Caracas et Cuba) et les groupes influen-cés par les mouvements d'extrême-droite soutenant le sta-tut des Acienderos ?

Aujourd’hui, à la Higuera, le Ché est devenu une idole

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Juan me présente aux agriculteurs locaux. Le contexte local n'a rien à voir avec celui du Brésil. Les parcelles sont disséminées dans la montagne en lopins très éloignés les uns des autres et souvent loin du logis des agriculteurs (en général, quelques heures de marche). Ainsi les paysans partent pour plusieurs jours pour travail-ler leurs champs avec souvent juste une couverture pour s'abriter sur place. Ils restent isolés dans la montagne à préparer leur terre ou protéger leurs récoltes des préda-teurs divers : vols d'oiseaux, troupeaux plus ou moins sau-vages et autres nuisances…

Les cultures principales sont : pommes de terre, maïs, blé, quelques potagères et rarement du riz. Le plus grand nom-bre d'entre eux élève des vaches à viande et de travail quasi à l'état sauvage, les animaux domestiques vivent en liberté dans la montagne. Ils ne sont regroupés qu'au gré des be-soins. Certains éleveurs ont des clôtures ou des enclos. En prati-que, ils passent une grande partie de leur temps à garder les troupeaux ou à les chercher. Les pertes sont fréquen-tes, notamment dues aux attaques des pumas, très présents et redoutés par la population. Beaucoup d'ânes n'ont pas d'oreilles : « C'est les pumas qui les ont mangées... ».

Au niveau des semen-ces utilisées, j'espé-rais trouver des va-riétés locales ances-trales...

Tout ce que l'on peut dire c'est « qu'il y en a dedans »... car les pratiques de réutilisa-

tion de la récolte pour faire la semence sont toujours pré-sentes. Mais les variétés ont été croisées par des apports de diverses distributions du commerce ou des acquisitions aléatoires. Il est rare de trouver de purs hybrides, excepté dans les plaines où les cultures sont plus intensives mais il est aussi assez rare de trouver des populations purement

locales… J'espérais un peu retrouver les méthodes de sélections ori-ginelles des indiens qui vivent depuis des millénaires en synergie avec le maïs. Retrouver ces méthodes que 50 ans de révolution verte ont balayées chez nous... Cela dit bien que déçu au départ, après réflexion, cette expérience révèle l'importance de savoir faire sa semence pour le paysan. En fait, sur le terrain malgré ces croise-ments, les cultures sont bien développées pour de faibles quantités d'intrants (comme au Brésil, les troupeaux n'étant pas fermés, il n'y a pas de compost). Elles ne sont pas parti-culièrement atteintes de maladies. Quant à la conscience des risques de perte d'autonomie en semences, tous les agriculteurs rencontrés sont tombés des nues quand j'ai abordé le sujet. Pour eux toutes les semen-ces ressemblent aux leurs quant à la façon d'être produites. A tel point que quand on a parlé « semences » j'ai senti une impatience quant à ce qui vient d'ailleurs... Échanger les semences fait partie de leur culture et ce phé-nomène traditionnel a une place prépondérante dans leurs relations entre paysans. Il est d'ailleurs perpétué puisque la plupart d'entre eux m'ont confié utiliser des semences ré-cupérées chez un voisin, un ami, un parent ou lors d'un voyage. Dans ce contexte, les quelques échantillons de maïs que j'avais amenés les ont ravis et m'ont aussi prouvés que n'im-porte quel « gringo », avec l'aura qui lui est attribuée, peut arriver dans ces villages avec des semences manipulées (OGM, par exemple) et les répandre assez vite dans le contexte d'ignorance qui règne sur ce sujet. Bien entendu, j'ai profité de rencontres avec quelques agri-culteurs leaders dans ces communautés pour les mettre en garde et leur expliquer le plus objectivement possible les risques, pour aiguiser leur réflexion et leur sens critique en connaissance de cause. Entre autres points communs, il en existe un entre ces deux communautés : elles sont sur des territoires faisant partie d'états dans l'opposition de droite avec le pouvoir national. Ainsi toutes les aides au développement qui pour-raient être diffusées à ces populations, sont interceptées par le gouverneur en place dont la politique « intelligente » consiste à maintenir les populations dans un état de dépen-dance maximum. Il n'y a donc aucun appui ni organisation technique des producteurs. Quand un budget est accordé par la nation sur un projet bien défini, si celui-ci ne concorde pas (cas fréquent) avec la politique du gouver-neur, il est souvent détourné ou rendu quand les contrôles sont suffisants. Un exemple parlant : la farine de blé. Les boliviens des mon-tagnes consomment beaucoup de pain mais à la Higuera, il n'y a pas de moulin ! Le premier est à Vallee Grande, à 50 kms de piste de montagne, soit 5 heures de voyage.

Les parcelles de maïs sont souvent isolées dans la montagne, éloignées des habitations

Tout en stockant la récolte des patates, on peut aussi filer la laine. Il suffit de garder le matériel toujours sur soi et l’on peut filer à toute heure !

Les moulins à farine de Vallee Grande

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Encore faut-il trouver un véhicule pour faire le déplace-ment. Arrivé sur place, il faut attendre son tour au moulin, soit 1 à 2 jours. Quand on fait le bilan, la personne de la famille qui part avec son sac de blé (pas plus compte tenu de la place dans le véhicule) pour un mois environ de consommation familiale, doit compter près de 4 jours avant son retour... Une autre dimension du temps…

Nous avons forcément parlé « moulin », quand, dans nos conversations, j'ai présenté mon activité en France. Ainsi est née l'idée d'installer un moulin collectif à la Higuera. Seule-ment il ne pourra pas venir de l'aide du gouvernement car le gouverneur s'y opposera.... Et des clivages dans le village (qui ne compte que quelques dizaines d'habitants) ne facili-tent pas les actions collectives ! Je ne suis pas resté assez longtemps pour comprendre ce qui les divise... Des restes de l'époque Guevara ? Ceux qui l'ont aidé... Ceux qui l'ont dénoncé... Aujourd'hui, les pro-Morales, les assujettis aux Acienderos, probablement d'au-tres raisons encore... ? Cela dit, ce moulin paraît si nécessaire qu'il est fort possible que l'idée fasse son chemin. Le Maire, Don Pedro, agriculteur lui-même, même s'il ne fait pas toujours l'unanimité dans le village, paraissait très inté-ressé et finalement bien décidé à mener le projet à son terme.

Les montagnes bolivien-

nes culminent à plus de 5000 mètres. Dans le secteur de la Higuera, on redescend à un peu moins de 4000 mètres mais le climat est beaucoup plus sec et la végétation est principa-lement constituée d'épineux voire de cactus. Les roches sont très riches en sels de magnésium. Les populations doi-vent rester haut perchées dans la montagne car l'eau de ruissellement dans les failles se charge vite en sels et 1000 à 1500 mètres plus bas devient non potable. Tout en bas coule le Rio Grande... En période de pluies, les ruisseaux des failles qui l'alimentent le rendent lui-même salé. Quelques éleveurs de chèvres arrivent à subsister sur les rives dans un milieu très aride, presque lunaire... les chèvres ne s'hydratant que par la consommation de cactus. Bien que magnifique, cette région par sa dureté, permet mieux de comprendre comment le « Che » s'est trouvé pris au piège dans ce milieu hostile. On ne peut taire son his-toire, car le village est devenu un lieu symbolique, mythique même, de sa mémoire. Juan est « l'historien de ses derniers jours »... Il est probablement le seul à connaître encore tous les parcours et toutes les caches pendant la traque des gué-rilleros… Juan, ex-agriculteur en France a tout de suite compris l'importance de la démarche des semen-ces paysannes aujour-d'hui et pour les généra-tions futures. Je lui ai d'ailleurs laissé des do-cumentations sur le sujet pour avoir un relais dans nos échanges avec les agri-culteurs locaux.... Comme une continuité dans ce lieu symbolique de lutte.

Je rencontre Pauly au sortir du moulin. Avec Juan, nous le ramènerons lui et sa farine à la Higuera

Un maïs doux de chez Don Pauly

Ce maïs blanc de chez Don Pauly a probable-

ment subi des croise-ments divers mais il a gardé l’aspect de celui

de ses aïeux. Probable-ment dû au savoir-faire

de l’agriculteur.

Pour être conservé, le grain doit être bien séché

Le blé est bien trié afin d’élaborer la

semence

Bien séché, bien trié, le blé fera une bonne semence

Aude, Juan, le petit Inti (Dieu du soleil en Quechua)

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La suite du voyage passe par l'état du Para, au Brésil. 4000 kms séparent Belèm de la Higuera et je n'ai pas pu réserver avant mon départ un billet depuis la France. Il me faut négocier un vol, depuis la Higuera. Ce n'est pas simple... Un seul téléphone qui ne marche pas toujours : soit on n'obtient pas la ligne, soit (de toutes fa-çons) on n'entend rien... Il faut dire qu'au village, l'électricité est arrivée, il y a six mois et le téléphone avec. Après quel-ques tergiversations, j'ai trouvé un vol qui retardera mon voyage de 3 jours... Peut-être le temps de rencontrer le Président Morales... Au village, c'est l'effervescence depuis quelques jours... Il paraît qu’Evo Morales et Ugo Chaves doivent venir à La Higue-ra!... Ce sont les médecins cubains qui me l'ont dit, lorsque je me suis fait recoudre la main que je me suis bêtement ouverte lors d'une descente en montagne avec Juan. Ils sont en charge du cabinet médical du docteur Ernesto Che Gue-vara, entretenu à la Higuera par Cuba. Au bout du compte, le village sera bien nettoyé... une piste d'hélicoptère sera improvisée... mais aucun président ne viendra... Une délégation Cubano-Vénézuélienne arrivera pour faire un reportage sur la mort du « Ché »...

Dans cette délégation, le frère du plus fidèle compagnon du « Ché », « Inti » (soleil en Quechua)... Le frère d'Inti ren-contrera Inti, le fils de Juan et de Aude, son homonyme...

Aude tient une « posada » (pension) dans ce qui fut le QG du Ché avant l'attaque des militaires, un lieu typique tout en étant chaleureux et confortable... On y aurait bien accueilli les officiels!...

Dommage, Juan aurait aimé qu'on parle directement des semences paysannes au président Morales qu'il a déjà ren-contré à la Higuera... Les hélicoptères repartis pour La Paz, nous partons par la piste, direction l'aéroport de Santa Cruz, pour 12 à 15 heu-res de voyage... Les derniers moments passés avec Juan…

La population attend les présidents de Bolivie et du Vénézuéla. Déçus, ils n’auront que des officiels Cubains, Vénézuéliens et Boliviens

Ému, le frère de Inti (le célèbre Cubain, fidèle lieute-nant du Ché) sert dans ses bras le petit Inti, fils d’Aude et Juan, né à la Higuera

Un habitant de la posada !

À la Higuera, le poste médical : « Ernesto Che Guevarra » est tenu par des médecins délégués par Cuba comme dans beaucoup de régions déshéritées de l’Amérique Latine

BELEM DO PARA

Changement de climat. 95% d'humidité, 0 mètre d'altitude, 35° à l'ombre. Je devrais prendre là le bateau pour remon-ter le rio jusqu'à Cameta pour rejoindre un groupe d'agri-culteurs qui s'investissent dans la sélection participative autour d'une « maison de la semence » depuis plusieurs années. Pas de chance, est-ce le climat tropical ou les souillures des soutes à bagages ? Ma main a doublé de volume.

L'infection est assurée. Une urgence car avec la chaleur et l'humidité, les infections prennent vite de l'ampleur. La ren-contre de Cameta doit être annulée. Acharnement du sort, 7 ans auparavant, nous avions dû aussi renoncer à cette rencontre. Heureusement, le corps médical au Brésil est performant. L'infection jugulée, je re-prends mon voyage, direction Mossoro, état du Rio Grande Do Norte…

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MOSSORO

Je dois y rencontrer un groupe d'agriculteurs qui travaillent en relation avec une ONG française « AVSF » (Agronomes et Vétérinaires Sans Frontières), avec qui le contact avait été établi avant mon départ. Ils nous avaient invité à partici-per à un événement sur la biodiversité. En arrivant à Mossoro, un animateur local m'accueille à la gare routière, pour m'emmener à l'assemblée générale de l' « ancêtre du Crédit Agricole » : une coopérative fi-nancière montée par le groupe d'agriculture familiale local. Ils ont réuni toutes leurs économies afin de créer un fond financier afin de participer à la structuration économique de leur communauté. Une bonne idée si elle ne finit pas comme chez nous par un racket de ses propres instiga-teurs. Pour l'instant il n'y a pas de crainte à avoir, les lea-ders paraissent des militants motivés, peut-être incorrupti-bles…

Dans cette zone très pau-vre et désertique du Sertao, tout est en train de changer depuis que s'érigent un peu partout des forages pétro-liers. L'or noir fera t-il tourner les têtes ?...

En tous les cas, l'économie locale s'en trouve profondément modifiée et à l'image générale du Brésil, la nature en paie les pots cassés. Malgré tout, le groupe d'agriculteurs qui vient de créer une Maison de la Semence développe des actions promou-vant la sélection participative, notamment grâce à des varié-tés très résistantes à la sécheresse, adaptée à leur climat. Dans cette zone désertique, les pluies sont faibles : une petite période deuxième quinzaine d'avril, l'autre 20 à 60 jours plus tard. Ils profitent de la première pour les semis ; après la levée, le maïs doit donc attendre de 20 à 60 jours aux environs du stade genou pour bénéficier des pluies suivantes, ce qui nécessite une résistance à la sécheresse exceptionnelle. Dans cette région sont aussi culti-vées diverses es-pèces vivrières : haricots, manioc, maïs, pommes de terre, diverses maraîchères. Le riz est aussi culti-vé en culture sè-che. Ces semen-ces sont aussi très adaptées au milieu sec. Quelques unes de ces variétés seront positionnées cette année sur la plate-forme du Change. Espérons que leur précocité ne sera pas incompatible avec notre climat. A ce sujet, j'ai souvent re-marqué que dans les climats plus chauds, ce sont principale-ment dans les zones sèches que l'on retrouve les variétés précoces. Leur cycle est souvent plus court pour pouvoir effectuer la maturation avant les fortes températures fatales et la sécheresse excessive. La « Saoudade », terme typiquement brésilien exprime un sentiment entre la mélancolie et la joie des bons moments qui finissent ou qui sont passés. J'en mesure le sens au mo-ment du retour vers l'Europe. De retour, j'évalue mieux l'accélération du développement outre-Atlantique et l'écart qui se creuse avec notre conti-nent. Tout paraît bien plus difficile et compliqué, ici. Même la mendicité devenue plus discrète au Brésil me saute à la figure en arrivant à la gare de Toulouse où un seul guichet, un seul emploi donc, m'oblige à sauter dans le train sans billet pour ne pas le rater ! L'ancien monde a pris un sacré coup de vieux ! Un mois de recul m'en fait constater toute l'ampleur.

Emmanuel BAYLE (AVSF) avec le responsable de la coop financière paysanne et l’animateur du groupe travaillant sur le projet Maison de la Semence

Une partie des adhérents du groupe de la Maison de la Semence

Une des boîtes de la collection de graines (plantes cultivées, arbres, plantes sauvages, etc.) du président de la Maison de la Semence

Les puits de pétrole poussent comme des champignons

dans le désert

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Deux mois après mon retour, je n'évalue pas encore tout à fait les intérêts de ce que j'ai vu sur place. Lors du dernier voyage, il nous avait fallu un certain temps pour apprécier, à l'usage, les informations récoltées. Je rentre quand même, fort de quelques pistes que nous pressentions avant même le départ.

Notamment, il me paraît de plus en plus clair que l'atout principal dans la réussite de cultures à partir de semences paysannes se trouve dans le savoir-faire. J'en veux pour preuve les personnes rencontrées en Bolivie, voire à Costa Marquès qui, à partir d'origines diverses et parfois incon-nues, arrivent rapidement (effectuant une sélection trans-générationnelle) à des variétés compatibles avec leurs systè-mes et leurs terroirs.

Dans le même sens, les agriculteurs, au Brésil, qui présen-tent les cultures les plus intéressantes issues de variétés paysannes, sont aussi ceux qui maîtrisent les différentes pha-ses importantes de la sélection et de la préparation de leurs semences. A contrario, dans nos propres programmes, les principales causes d'échecs chez les agriculteurs ayant faits des essais avec des semences de bonne qualité et bonnes origines ont été le manque de connaissances et de bonnes pratiques au moment de les perpétuer. L'autre point important de ce voyage a été de conforter l'importance de garder le contact avec nos collègues brési-liens qui dans ces 7 dernières années nous ont envoyé 3 fois des représentants. Il me paraît important de ren-

voyer la balle à ceux qui nous ont tant apporté et avec qui il est probable qu'il nous reste du chemin à faire. Pour re-prendre les points abordés lors de ce parcours et ses éclai-rages, il nous faudra : Continuer d'élaborer des stratégies collectivement pour

s'émanciper des lois restrictives imposées par les semen-ciers sur le plan international ;

Pouvoir influer sur de nouvelles orientations pour l'orga-

nisation d'une agriculture dignement transmissible aux générations futures ;

Dans ce cadre, partager les connaissances pour mettre à

profit les savoir-faire en sélection participative, les systè-mes d'agroforesterie, les principes utilisables de perma-culture, les différents systèmes d'agricultures simplifiées, les observations sur les évolutions des pollutions OGM, le retour d'une autonomie de l'agriculteur par une maî-trise d'une agriculture plus vivrière.

Lors de ce voyage, j'ai, dans la mesure de mes capacités, essayé de faire aussi un reportage photographique. J'espère, à terme, pouvoir effectuer un montage au profit de notre réseau, espérant qu'il pourra être une illustration de ce compte-rendu, si certains le souhaitent.

Bertrand LASSAIGNE

Conclusion

Annexe : Lettre d’Amazonie

*** FIN ***

Si vous désirez connaître l’intégralité de cette lettre,

faites le nous savoir et nous vous la transmettrons !

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P A G E 3 2 Actu’OGM MONSANTO AU SECOURS DES HAITIENS… La multinationale Monsanto connue de tous pour avoir, entre autre, fabriqué l’agent orange utilisé pendant la guerre du Vietnam se mobiliserait pour aider les peuples en souffrance… C’est ainsi que Monsanto a proposé au peuple Haïtien un don de semences transgéniques après le violent séisme qu’a connu cette île et qui a fait de très nombreuses victimes. Cette offre de semences transgéniques a dans un premier temps été refusée, et ce sont quelque 400 tonnes de semences hy-brides qui ont été « données » à la population. Ce projet, baptisé Winner, a été mené par l’ancien ministre des

affaires étrangères du dictateur, Jean Claude Duvalier. Ces semences gourmandes en amen-dements et en eau sont un cadeau empoisonné et les paysans Haïtiens ne s’y sont pas trompés. Alors que leur maïs étaient ressemés tous les ans, les cultures à venir devront passer par la case Monsanto… Les paysans haïtiens gardent en mé-moire les comportements de l’admi-nistration Reagan qui, dans les années 1980, a exercé une pression sans fin pour que les paysans cultivent des produits destinés à l’exportation en remplacement des cultures vivrières. Ils connaissent aujourd’hui les résul-tats : le peuple haïtien est devenu un

gros importateur de riz américain. D’autosuffisance alimentaire dans les années 1980 cette île est devenue au-jourd’hui très dépendante des denrées largement subventionnées chez leurs voisins et exportées chez eux. N’oublions pas que ce peuple, qui fut le premier à se libérer de l’esclavage, est un peuple de résistants ! Les Amé-ricains l’avait probablement oublié mais les manifestations qui ont réuni environ 10 000 Haïtiens contre ce projet début juin leur rappelleront, du moins je l’espère, leur erreur du passé envers cette population si fière, dans le sens noble du terme.

Gérard JOULAIN

L’Europe sans OGM La 6ème Conférence européenne des régions sans OGM, à Bruxelles et Gand, du 16 au 18 septembre 2010 Du 16 au 18 septembre vont se réunir au Parlement euro-péen à Bruxelles des représentantes et représentants d’ini-tiatives et d’organisations locales, régionales et nationales, d’agriculteurs, de protection de l’environnement, de consommateurs, d’entreprises et de scientifiques critiques. Ils discuteront ensemble des stratégies et des actions contre les OGM dans l’agriculture et l’alimentation. Nous nous attendons à plus ou moins 300 participantes et partici-pants de tous les Etats membres de l’UE, des autres pays européens non-membres de l’UE mais également des invités de la Chine, de l’Inde, des Etats-Unis, du Japon et de l’Afri-que. Un nouvel essai par l’industrie des OGM Cet automne, l’Europe se prépare à une grande bataille autour des OGM. Le nouveau commissaire européen, John Dalli, (qui est maintenant le seul responsable des questions concernant les OGM) va tenter de permettre de nouveau la culture des plantes génétiquement modifiées. Comme l’un des premiers actes dans sa nouvelle position, il a autorisé la pomme de terre génétiquement modifiée “Amflora” de BASF et cela contre l’avis de la majorité des gouvernements et malgré d’importantes réserves scientifiques. De nouvelles autorisations d’espèces de maïs OGM sont prévues pour l’automne et probablement, la stricte prohibition des OGM non autorisés sera annulée. La Commission a aussi proposé de laisser la possibilité aux pays membres d’interdire ou non la culture des OGM. Finalement, les soi-disant “valeurs limites” d’une contamination “accidentelle et inéluctable” seront légalisées dans les semences conventionnelles. Par cela, une culture sans contamination par des OGM devien-drait pratiquement impossible. Les régions européennes se positionnent à Bruxelles La volonté déclarée d’une large majorité des Européennes et Européens est celle d’une agriculture et d’une nourriture saine, sans OGM. Si les mouvements civils continuent à

vouloir se faire entendre à Bruxelles et à coordonner leurs activités, ils pourront encore s’imposer dans l’avenir. Cela sera décisif pour notre futur. Nous devons faire face à la pression de l’industrie génétique et à l’influence dangereuse de beaucoup de politiciens et de politiciennes qui ont l’es-poir dangereux de pouvoir résoudre les problèmes sociolo-giques et écologiques par des formules passe-partout. Nous devons leur présenter des demandes claires et des alterna-tives pratiques. La vision d’une agriculture et d’une alimentation de demain La grande majorité des Européens demandent des aliments produits d’une manière durable et sans OGM. Les enjeux ne sont pas seulement les risques qu’implique cette nou-velle technologie. Le débat d’une réforme de la politique agricole commune de l’UE (PAC), prévue pour la décennie suivante, entre maintenant dans une phase cruciale et déci-sive. D’un côté, il y a ceux qui revendiquent une agriculture paysanne, un développement rural durable et la qualité des produits régionaux qui ne vont pas au dépens du climat, de la biodiversité et des pays en voie de développement. A ceux-là s’oppose ce qui s’appelle la “bio-économie fondée sur la connaissance”. L’industrie pétrolière, chimique et alimentaire recourt à de nouvelles technologies et à la pres-sion globale du marché pour dégrader les agriculteurs à des fournisseurs de matières primaires et à des sous-entrepreneurs de leurs “usines vertes” et “bio-raffineries”. Ce qui va ouvrir le terrain afin d’achever ce but seront les brevets sur le vivant, la propriété intellectuelle de séquen-ces génétiques et de caractéristiques naturelles. La nourri-ture, les biocombustibles et les superficies agricoles vont se transformer en objets de spéculation internationale. Pour rendre les négociations de la prochaine réforme agricole plus démocratiques et pour abolir les frontières des inté-rêts égoïstes nationaux, nous avons besoin d’une alliance entre consommateurs et agriculteurs. Suffisamment de sujets à discussion pour deux jours pen-dant lesquels les participantes et participants de L’Europe sans OGM 2010 vont d’abord se réunir au Parlement eu-ropéen et ensuite se retirer à Gand pour contempler en-semble l’avenir que nous attend et pour développer des projets communs.

Source : www.gmo-free-regions.org

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Les projets fou : recoloriser les carottes ! Colorer les carottes : c’est le programme de re-cherche de la plus haute importance sur lequel sont mobilisés depuis quatre ans douze chercheurs à temps plein. Ça se passe dans l’un des fameux « pôles de compétitivité » où l’on fait turbi-ner les chercheurs du public pour dynamiser la performance des entre-prises. Le pôle Végépolys d’Angers a donc eu l’i-dée, lui, de nous égayer l’assiette avec des carottes Technicolor. Nom du programme : « Pigments carotte ». La manip consiste à « bidouiller » les gènes qui donnent la cou-leur. Retirez-lui ses caroténoïdes qui l’ont faite orange et mettez à la place, au choix, de la lutéine pour la rendre jaune, du lycopène pour le rose, de l’anthocyane si vous voulez une carotte vio-lette, ou enlevez-lui tous les pigments et la voilà blan-che.

Prix du coup de peinture : 320 000 euros, dont un peu plus de 20 % apportés par le Conseil Régional des Pays de Loire. Officiellement, il s’agit – comme toujours – de « répondre aux besoins du consommateur ». En fait, il s’agit d’attirer le chaland en lui en mettant plein les yeux. Et accessoirement de pouvoir lui vendre plus cher les ca-

rottes « recolorisées ». C’est peut-être pour cela que parmi les partenaires de « Pigments carotte » on trouve Vilmorin, le roi des semences po-tagères. Avec, derrière, son proprio : le groupe Limagrain, 4ème semencier mon-dial (plus d’un milliard de chiffre d’affai-res). Pour le moment, le fait d’avoir des carottes orange n’empêche pas les fran-çais d’en avaler 9,5 kilos par an. Et d’en exporter à tour de bras. Avec plus de 550 000 tonnes, on est le deuxième pro-ducteur de carottes en Europe !

Savez-vous que ces couleurs chèrement OGMisées existent déjà dans la nature ??? Source : un article du Canard Enchaîné (N° 4682

du 21 juillet 2010) ramdamé

Un Comice Agricole aura lieu le Samedi 25 Septembre 2010 à Echourgnac et les organisa-teurs recherchent des producteurs pour le marché du samedi. Faites nous savoir si vous êtes inté-ressé !

Contact : Gérard JOULAIN

Formations (voir agenda)

Si l’une des formations que nous organisons vous intéresse, pensez à vous inscrire rapidement auprès d’Hélène DOMINI-QUE au 06.74.00.11.27 ou à [email protected] !!!

Attention : la Formation initialement pré-vue le 16 Novembre 2010 sur les Médeci-nes Alternatives en Production de Volail-les tombant le même jour que les Jour-nées d’Automne de la FNAB dans le Sud-Ouest, elle est reportée au Mardi 30 No-vembre 2010. Pensez à le noter sur vos agendas...

En Conseil d’Administration a été émis l’idée de produire le prochain bulletin version papier en couleur, pour plus de lisibilité et de convivialité. Merci de nous faire savoir si vous souhaitez changer de formule, si vous le désirez par mail directement ou par courrier, sachant que nous avons restreint les envois papier car cela de-mande beaucoup de main d’œuvre, et a un coût (écologique comme économique)…

Contact : Hélène DOMINIQUE

En Assemblée Générale, il a aussi été voté l’augmentation de l’adhésion à notre associa-tion afin de pouvoir reverser à notre structure nationale qu’est la FNAB la cotisation de-mandée par agriculteur. Cette cotisation se montant à 35 €, l’adhésion est aujourd’hui de 85 € (50 € départ + 35 € FNAB) et de 115 € pour les viticulteurs (80 € = 50 € départ + 30 € de bulletin viti + 35 € FNAB). Nous apportons ainsi notre contribution à la structuration du réseau national et à sa pérennité.

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Agenda Les prochains RDV :

« Assises nationales de la bio » le 28 Septembre à Paris (organisées par l’Agence Bio)

« Fête de la Biodiversité » le 30 Octobre 2010 dans les Landes Mais aussi : SPACE du 14 au 17 Septembre 2010 à Rennes (35) Salon des Productions Animales Biobernai du 17 au 19 Septembre 2010 à Obernai (67) Viticulture Bio Alsace Sommet de l'Elevage du 6 au 8 octobre 2010 à Cournon (63) SIAL du17 au 21 Octobre 2010 à Villepinte (93) Salon International de l’Agroalimentaire

Formations en Dordogne

19 Août 2010 « Produire ses Semences Potagères à la Ferme et au Jardin »

Contact : Rémy LEBRUN

30 Août 2010 « Couverts et Engrais Verts en Maraîchage Biologique »

Contact : Hélène DOMINIQUE 16 Septembre 2010 Visite de la plateforme d’essais

variétés de population au Change à 9h30 Contact : Jennifer KENDALL

5 Octobre 2010 “Gestion de

la Fertilité des sols en grandes cultures” (suite) avec Yannis ARRAGUAS

Contact : Hélène DOMINIQUE

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PLO

I

Personne cherchant à faire des saisons dans une exploi-tation Bio. Possède un BPA Maraîchage. Manque quel-ques trimestres pour s’inscrire au BPREA en AB. Ou-verte à toutes propositions, mobile et autonome concer-nant le logement.

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Agricultrice et Agriculteur recrutent une personne motivée pour travailler dans un élevage caprin conduit en Agriculture Biologique.

Profil de poste : L’employé/e aura comme charge le suivi du troupeau et en tout état de cause il / elle devra être polyvalent(e).

Missions : En tant que salarié/e, il/elle aura pour missions : • La réalisation des soins quotidiens sur le troupeau, • Le suivi de l’alimentation de la fabrication de l’aliment au

rationnement, • La réalisation des soins vétérinaires, • La réalisation et le suivi des mises bas, • Enfin prendre part aux différents projets mis en œuvre

sur l’exploitation tant au niveau de la production, qu’au niveau de la commercialisation.

Qualités requises : Relations humaines, contact aisé, Goût du travail en équipe, Connaissance en Agriculture Biologique, Autonomie, Rigueur.

Formation : Expérience et motivations privilégiées en éle-vage et en culture.

Type de contrat : CDI avec une période d'essai 2 mois renouvelable une fois.

Permis : VL obligatoire.

Lieu : ALLEMANS (SECTEUR NORD OUEST DORDO-GNE – RIBERAC).

Contact : Envoyer un CV et une lettre de motivation à Laurence et Cyril LAGORCE – Rodesol - 24 600 ALLE-MANS – tél : 0553904811 – Fax : 0553900253 – Mobile : 0628303600.

ASS

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Actuellement ouvrière viticole en Gironde, et titulaire du BTSA « Viti-Oeno » l’an passé en formation pour adulte à BLANQUE-FORT, je suis à la recherche d’un poste de Technicienne Vigne & Chai dans un domaine (de préférence en bio ou en conver-sion) se situant au Sud de Bergerac.

Contact Tiphaine ALEXANDRE au 06.70.46.68.12

Je possède une petite exploitation maraîchère bio d’environ 1 Ha en Gironde, à Saint-André-de-Cubzac, pour laquelle j'envi-sage de m'associer. Je deviendrais associé non-exploitant pour laisser à mon associé toute l'initiative pour le travail au quotidien, car j'ai d'autres activités. Le descriptif de la propriété figure sur Internet à l'adresse http://www.loc6.com/bio.htm

Contact : Xavier FONTENEAU - 8, rue des Places - 33240 SAINT-ANDRE-DE-CUBZAC Tél : 09 51 83 19 93 ou 05 57 43 22 09 ou par e-mail : [email protected]

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Contact Patrick BUSSELET au 05.53.91.57.11 / 06.31.65.48.68

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Contact pour visite : Caroline BUSSON au 06.72.33.11.68

———————————————————————— Limousin - Les Cars (87). Vendons une ferme en cours de rénovation. Cause : rap-prochement familial suite à un accident. Terres en bio (4,40ha), maison en longère (120m2 + combles), 3 granges (340m2, 200m2 et 70m2), séchoir. Puits et four à pain. Lieu tranquille, à 1,5 km du village. Prix : 125 000€.

Contact Agnès ROULLIER au 06 78 14 51 89 / [email protected]

VENDS

INSTALLATION

CHERCHE

DONNE

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Les actions d’AgroBio Périgord sont soutenues par :

AgroBio Périgord - 20 rue du Vélodrome - 24000 PERIGUEUX

Tél. : 05 53 35 88 18 Fax : 05 53 03 75 68 email : [email protected]

Site : www.agrobioperigord.fr

Conception, mise en page et coordination de ce numéro : Hélène DOMINIQUE Rédaction : Jennifer KENDALL, Elodie GRAS, Eric MAILLE, Emmanuel MARSEILLE, Gaëlle BALLIGAND, Stéphanie BOMME-ROUSSARIE, Gérard JOULAIN, Bertrand LASSAIGNE, Hélène DOMINIQUE.

Tirage : 300 exemplaires

Prochain numéro mi octobre

Pour proposer un article, un thème, annoncer une manifesta-tion (foire ou marché), passer une annonce dans le prochain AgroBio Périgord Info, n’hésitez pas à nous contacter par téléphone, fax ou e-mail.

Contact : Hélène DOMINIQUE au 05.53.35.88.18 ou [email protected]

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Cherche 5 ha minimum de terres cultivables, 15 idéalement, pour installation en paysan-boulanger et plantation de verger. Périgord Noir. Avec ou sans bâtiment.

Contact : 05.49.03.00.15 ou sur [email protected]

SUIT

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Les producteurs des Régions de Bretagne, Basse-Normandie et Pays de la Loire sont en pénurie de Foin Bio. Si vous avez du stock à fournir, merci de contacter rapidement Claire TOURET de la FNAB au 01.43.38.40.08

ou Hélène DOMINIQUE

Future jeune agricultrice recherche terres agricoles (2 hectares maximum, avec ou sans bâtiments) pour maraî-chage bio aux alentours de St Antoine de Breuilh (proche Ste Foy la Grande). Toutes propositions (fermage, re-prise,...) étudiées, merci.

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Contactez Jean-Michel GUERRIER au 05.53.50.60.00