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COMMANDEMENT DE LA DOCTRINE ET DE L’ENSEIGNEMENT MILITAIRE SUPERIEUR DE L’ARMEE DE TERRE OBJECTIF DOCTRINE N°30 Edition bilingue Bilingual edition L’EMPLOI DES FORCES TERRESTRES DANS LE CONTRÔLE DES FOULES LAND FORCES EMPLOYMENT IN CROWD CONTROL

C D ENSEIGNEMENT SUPERIEUR DE L’ARMEE DE TERRE …

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COMMANDEMENT DE LA DOCTRINE ET DE L’ENSEIGNEMENT

MILITAIRE SUPERIEUR DE L’ARMEE DE TERRE

OBJECTIF DOCTRINE

N°30Edition bilingueBilingual edition

L’EMPLOI DES FORCES TERRESTRESDANS LE CONTRÔLE DES FOULES

LAND FORCES EMPLOYMENTIN CROWD CONTROL

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C.D.E.S

COMMANDEMENT DE LA DOCTRINE ET DE L’ENSEIGNEMENT MILITAIRE SUPERIEUR

DE L’ARMEE DE TERRE

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L’emploi des forces terrestres dans le contrôle des foules. COL de Laforcade p. 6La préparation opérationnelle des forces au contrôle des foules. CEN Hotier p. 12L’infanterie dans le contrôle des foules. DEP/INF p. 18

Libres Réflexions / Freedom of Speech

Etranger / Foreign StudiesLa doctrine des opérations de maintien de l’ordre de l’Armée de terre britannique. LCL Lerwill p. 24La simulation, un pas de plus dans la formation. MADOC p. 28

S o m m a i r e / S u m m a r yDoctrine / Doctrine

OBJECTIF DOCTRINE est en ligne sur le site INTERNET du CDES

OBJECTIF DOCTRINE is consultable on the CDES INTERNET web site

www.cdes.terre.defense.gouv.fr

La complémentarité Gendarmerie-forces terrestres. COL Vicaire p. 32Redécouvrir la prise d’initiative du chef au contact. CES Morin p. 36

French Gendarmerie and land forces complementarity. COL Vicaire p. 33Rediscovering initiative taking by the leader in contact. Major Morin p. 37

LES CAHIERS DU RETEX N° 5Le contrôle des foules dans les Balkans

Réaction face à une émeutepar le capitaine PICHON

Les articlespubliés

dans la rubrique «LIBRES REFLEXIONS» ne représentent pas la

position du CDES et n’engagent que la

responsabilité de leursauteurs qui

s’expriment à titrepersonnel

The British Army doctrine for public order (PO) operations. LCL Lerwill p. 25Simulation, another step within training. MADOC p. 29

OBJECTIF DOCTRINE N° 30

Directeur de la publication : général Jean-Marie Veyrat - Secrétaire du comité derédaction : colonel Philippe Schmitt -Rédacteur en chef : lieutenant StéphaneCarmès - Traductions : colonel (CR)Lemerle, colonel (CR) Travaillot, lieutenant-colonel (CR) de Vasselot, lieutenant-colonel(CR) Daniel Sillon, lieutenant-colonel (CR)Laloire - Relecture des traductions : général(2s) Dejean - Maquette, schémas,impression : Section Conception Impressiondu CDES - Photos : ECPAD (pages 11,14, 16 et 42), EAI/DEP/DOC (pages 18,22 et 23), LCL [GB] Lerwill (page 25)Gendarmerie (pages 32, 34 et 35) -Photogravure : Saint-Gilles (Paris) -Gestion du fichier des abonnés : lieutenantStéphane Carmès - Diffusion : bureaucourrier du CDES - Tirage : 1 900exemplaires - Dépôt légal : à parution -ISSN : 1293-2671 - Tous droits dereproduction réservés. Conformément à laloi «informatique et libertés» n° 78-17 du 6janvier 1978, le fichier des abonnés àOBJECTIF DOCTRINE a fait l’objetd’une déclaration auprès de la CNIL,enregistrée sous le n° 732939. Le droitd’accès et de rectification s’effectue auprès duCDES (Commandement de la Doctrine etde l’Enseignement militaire Supérieur del’armée de terre) - Cellule communication -BP 53 - 00445 ARMEES. ✆ : 01 44 42 35 91 ou 01 44 42 36 22

PNIA : 821 753 35 91 ou 821 753 36 22Fax : 01 44 42 44 29 ou 821 753 44 29

mel : [email protected] Web : www.cdes.terre.defense.gouv.fr

Land forces employment in crowd control. COL de Laforcade p. 7Forces operational training for crowd control. Major Hotier p. 13Infantry in crowd control. DEP/INF p. 19

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Editorial

Ce numéro d’OBJECTIF DOCTRINE est presque entièrement consacré au contrôle des foules, termeapparu récemment et officialisé dans le document commun "De la complémentarité Gendarmerie -

Armée de terre" d’octobre 2000 et bien sûr dans le "TTA 950 - manuel provisoire d’emploi des forcesterrestres dans le contrôle des foules" d’août 2001, qui est présenté dans notre premier article. Lecontrôle des foules, notion propre à l’Armée de terre, mais acceptée par la Gendarmerie, qui traduit auniveau tactique l’action de maîtrise des mouvements de masse1 de niveau opératif, ne doit pas êtreconfondu avec le maintien de l’ordre, mission assurée sur le seul territoire national, dans un cadre juridiquespécifique, par la police et la Gendarmerie, et, éventuellement dans des circonstances exceptionnelles2, parles forces de 3e catégorie (dont les unités de l’Armée de terre) placées sous réquisition. Même si certainsmilitaires contestent cette différence sémantique (voir à ce sujet l’article d’un officier de Gendarmeriedans la rubrique «Libres Réflexions»), celle-ci s’avère incontournable, essentiellement pour trois raisons.

La première raison touche à la nature de l’action militaire qu’est le contrôle des foules, action menée,non pour "rétablir l’ordre", mais pour empêcher ces masses humaines de représenter un obstacle à

l’accomplissement de la mission confiée à la force terrestre, et donc de remettre en cause le processus depacification en cours, ou de constituer un danger pour l’intégrité physique de son personnel et de celui placésous sa protection. Cette action, dont la réussite repose d’abord sur la prévention et la dissuasion desmouvements de masses, est différente, mais complémentaire de la restauration de la sécurité publique,"mission de police par essence, partie prenante indissociable du volet civil de la gestion des crises, (qui)relève de forces de police, au premier rang desquelles figure la Gendarmerie"3.

La seconde raison tient au contexte dans lequel cette action est conduite. Même si, au niveau "micro-tactique" (sous-groupement tactique, section de combat d’infanterie), les modes d’action utilisés dans

certains cas sont les mêmes que ceux de la Gendarmerie mobile, les missions confiées aux unités des forcesterrestres impliquent toujours de conserver la capacité de réversibilité immédiate, c’est-à-dire lapossibilité de passer en quelques instants d’un mode d’action de "force de l’ordre", avec des équipementsadaptés et des armes dites non létales, à un mode d’action de combat nécessitant l’emploi de l’armementorganique pour faire face à un adversaire s’attaquant délibérément à la force.

La troisième raison tient au fait que le contrôle des foules ne comprend pas que les engagements de type"pont de Mitrovica", qui ont certes frappé les esprits et accéléré la réalisation d’une doctrine

provisoire d’emploi et la mise au point d’un processus de mise en condition opérationnelle. Outre ce type desituation auquel répondent les modes d’action "accompagnement d’une manifestation pacifique" et "contrôled’une émeute", décrits en tenant compte de la présence ou non de gendarmes4, le contrôle des foules inclutdes modes d’action que les forces terrestres ont déjà utilisés dans le passé et que l’on pourrait employerà nouveau. Le TTA 950 présente donc trois autres modes d’action possibles au niveau de la grande unité,à savoir "l’accompagnement des mouvements de réfugiés", la "réaction face à une tentative d’intimidationd’une unité isolée" et la "réaction face à l’agression délibérée d’une unité de la force lors d’unemanifestation ou une émeute".

La rédaction du manuel provisoire, qui répondait à un besoin urgent des unités sur le terrain, a pris encompte les enseignements des opérations françaises récentes, comme le montrent les cahiers du

RETEX joints, et d’autres plus anciennes, ainsi que les expériences de nos alliés. En attendant la publicationd’un concept interarmées définissant le rôle des forces terrestres dans ces engagements délicats,auxquels elles ont à faire face quotidiennement en opération extérieure, les lecteurs d’OBJECTIFDOCTRINE sont invités à prendre connaissance d’une première réponse à la question "comment agir ?"posée par les formations confrontées à l’obligation de contrôler les foules dans le cadre de l’exécution deleur mission.

LA RÉDACTION

1 Cf. Instruction 1000 – Doctrine interarmées d’emploi des forces en opération de septembre2001 (chapitre 6 p.18).

2 Qui ne se sont pas produites depuis 1962.3 Cf Texte commun «De la complémentarité Gendarmerie - Armée de terre» p.2 - § 122.4 La présence des gendarmes dans de telles actions n’est pas garantie, car le réservoir de ses

forces projetables en opération extérieure est très limité eu égard à l’ampleur de ses missionssur le territoire national.

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Editorial

This issue of “OBJECTIF DOCTRINE” is quite fully dedicated to crowd control, a term that recentlyappeared and became official as used in the joint paper “about Gendarmerie-Army complementarity”

issued in October 2000 and, of course, in the “FM 950 -provisional manual for land forces employmentin crowd control” dated August 2001, and set out in our first article. Crowd control, an Army specificnotion, however accepted by Gendarmerie, which conveys at tactical level the mastering of massmovements actions1 of the operational level, should not be confused with law and order (LO) missionscarried out on the national territory only, within a specific legal framework, by police and Gendarmerieforces, and, possibly in exceptional circumstances2, by 3rd category forces (among which Army units)under legal requisitioning. Even though some among the military question this semantic difference (onthat matter see, in the “freedom of speech” section, an article written by a Gendarmerie officer), this one,can’t be ignored for three reasons essentially.

T he first reason relates to the nature of the crowd control military action, carried out, not “to restoreorder”, but to prevent those human masses from standing as an obstacle to the achievement of the

land force’s mission, and so to question the on-going peace process, or from endangering the physicalintegrity of its men and of those placed under its protection. This action, which success is first build onmass movements prevention and deterrence, is different but complementary of public security restoration,in essence a police mission, integral participating body of the crisis management civil aspect, underpolice forces responsibility, among which gendarmerie is ranked first.

T he second reason is due to the context in which this action is carried out. Even though, at the “micro-tactical” level (company taskforce, Infantry rifle platoon), the courses of action used in some specific

cases are the same as the “mobile Gendarmerie” ones. The missions given to land formations alwaysimply to retain a capability to switch within an instant from a ”law and order” course of action, withspecific equipments and non-lethal weapons to a fighting COA requiring the use of their regulararmament to face an opposing party deliberately attacking the force.

T he third reason derives from the fact that crowd control doesn’t include commitments of a “Mitrovicabridge” type only, which indeed stroke the minds and speeded up the development of a provisional

employment doctrine and the setting of an operational force preparation process. Besides this kind ofsituation met by the following courses of action, “accompanying a peaceful demonstration” and “riotcontrol”, described taking or not into account Gendarmerie presence3, crowd control includes COA usedin the past by land forces and that we could employ again. TTA 950 (FM 950) introduces three otherpossible courses of action at major unit level, that are “accompanying refugees’ movements”,“responding to intimidatory attempts toward an isolated unit”, and “responding to a deliberate attackagainst units of the force during a demonstration or a riot”.

T he drafting of the provisional manual, meeting an urgent need from units in the field, has consideredlessons learnt from recent French operations, as presented in the inserted RETEX pullout supplements,

and some other older ones, as well as our allies’ experience. While waiting for the publication of a jointconcept defining the land forces role in these tricky commitments, which they have to face daily duringoverseas operations, OBJECTIF DOCTRINE readers are invited to be aware of one first answer to thequestion “how to act?” asked by formations confronted with the obligation of assuming crowd controlwithin the framework of their mission execution.

THE EDITORIAL STAFF1 Cf. Instruction 1000 – Joint doctrine of forces employment in operations dated

September 2001 (chapter 6, p.18).2 which did not occur since 1962.3 A Gendarmerie presence in such actions is not granted, as the pool of projected

forces available for overseas operations is very limited in view of the scope of thehome missions.

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Doctrine

L’importance croissante deces foules est la consé-quence directe de quatrefacteurs principaux :

● les opérations dans lesquellessont engagées les forces sont plusla conséquence de crises intra-étatiques qu’interétatiques quirevêtent, peu ou prou, unecertaine forme de guerre civile ;

● les pouvoirs politiques, lesinstances internationales et lesopinions publiques exigent desforces qu’elles stabilisent lasituation sur le terrain au plusbas degré de violence possible ;

● le cadre juridique dans lequels’inscrivent les actions exercéescontre les acteurs de la violence(civils) est particulièrement dif-ficile à appréhender du fait de ladéliquescence des structuresétatiques locales ;

● l’omniprésence des médias a unimpact considérable, multipli-cateur d’effets pour les fauteursde troubles et inhibiteur pour lesforces armées.

Dans ce type de crises, les foulesn’obéissent pas à un code decomportement imposant tacitementcertaines limites à la violence. Lesconfrontations peuvent donc dégé-nérer soudainement, surtout sid’autres acteurs, déterminés etorganisés, s’infiltrent en leur sein.Toutefois, le contrôle de ces foulesne saurait s’appuyer, a priori, surl’emploi des armes létales. Cetemploi sera donc exclu, sauf en casde légitime défense ou si lerassemblement des foules dégénèreen insurrection armée. Mais, dansun but dissuasif, ces armes devrontêtre présentes et visibles, et la forcedevra être en mesure de les mettreen œuvre sans préavis.Il est donc nécessaire de fixer lesconditions d’engagement desforces armées dans ce typed’action particulière en les limitantactuellement au seul cas où, d’unepart, la foule représente unobstacle à l’accomplissement dela mission confiée à la forceterrestre et, d’autre part, ellereprésente un danger pour l’inté-grité physique de son personnelou de celui qui est placé sous saprotection.

Le manuel provisoire approuvé enaoût 20011 traite uniquement del’emploi des forces terrestres dansle contrôle des foules en dehors duterritoire national. Cette action decontrôle des foules, notion propreà l’Armée de terre, ne doit pasêtre confondue avec la mission demaintien de l’ordre qui peut êtreconfiée aux unités de l’Armée deterre sur le territoire national entant que forces de troisièmecatégorie.

Certes, dans ces actions de contrôledes foules effectuées en opérationextérieure, les unités engagéesutilisent aux échelons subalternes(sous-groupements, sections) lessavoir-faire que la Gendarmerieapplique sur le territoire national.Mais ces formations, appartenantnormalement à un groupementtactique interarmes à dominanteinfanterie, conservent dans lemême temps la capacité de reveniren quelques minutes aux modesd’action normaux de la fonctioncontact et prennent donc avant ledébut de l’engagement les mesurespermettant cette réversibilité.

Objectif Doctrine•N° 30•p.6

L’emploi des forces terrestres dans le contrôle des foules

par le colonel de Laforcade,du CREDAT/B3

De nouveaux acteurs sont désormais apparus dans les opérations où sont engagées aujourd’hui les forcesterrestres : il s’agit des foules, formées par les populations civiles, présentant des formes extrêmement

diversifiées, tant par leur composition que par les desseins qu’elles nourrissent.Pourquoi est-il nécessaire, pour une force déployée sur un théâtre, de "traiter" ces foules ? Tout simplement

parce qu’elles sont, potentiellement, de nature à gêner ou empêcher l’exécution de la mission decette force. Il s’agit donc de prendre en considération ces populations, devenues acteurs à part entière de la

majorité des situations conflictuelles de ce début de siècle.

1 Ce manuel figure dans le CD-ROM 2002 ainsi que sur le site Internet du CDES.

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Doctrine

The increasing impor-tance of crowds is adirect consequence offour main factors:

● Operations in which forces areinvolved are more often theresult of intra-state crisis thaninter-state ones, which more orless take a civil war form;

● Political powers, interna-tional bodies, and publicopinions demand forces tostabilize the local situation atthe lowest possible violencelevel;

● The legal framework foractions lead against the partiesinvolved in violence (civilians)is really difficult to compre-hend because of the decline ofthe local state structures;

● The omnipresence of media hasa considerable impact, effectmultiplier to the troublemakersand inhibitor to the armedforces.

In this kind of crisis, crowds donot obey any behavior code tacitlyinvolving some sort of violencelimits. Confrontations could thensuddenly degenerate, above allwhen other parties, determinedand organized, infiltrate them.However, controlling these crowdsshould not a priori rely on theuse of lethal weapons. Then sucha use will be excluded, except forself-defense or in case the crowdgathering turns to armed rioting. Nevertheless, for deterrence rea-sons, these weapons should bepresent and highly visible; forcesshould be prepared to make useof them without warning. It isthen necessary to lay down therules of engagement for armedforces in actions of this specifickind while, for the time being,restricting them to the only situa-tion in which, on one hand, thecrowd stands as an obstacle inthe achievement of the missiongiven to the land force and, onthe other hand, when it couldendanger the physical integrityof its men or the integrity of thoseplaced under its protection.

** *

The provisional handbook ap-proved in August 20011 only dealswith land forces emploment incrowd control outside the natio-nal territory. This crowd controlaction, a notion specific to theArmy, should not be confusedwith the law and order missionthat could be given to Armyunits on the national territory,as third category forces. In suchcrowd control missions outsidethe national territory, thecommitted units indeed imple-ment at the subordinate levels(company-taskforce, platoon)the know-how used by Gendar-merie on national territory. But, usually part of an infantry-heavy task-force, these units alsokeep a capability to get backwithin minutes to their regularcontact function courses ofaction and then take the appro-priate measures enabling thisreversibility prior to theengagement.

Objectif Doctrine•N° 30•p.7

Land forces employment in crowd control

by colonel de Laforcade(Doctrine Research and Study Center - G3)

NEW ACTORS HAVE APPEARED IN OPERATIONS IN WHICH LAND FORCES ARE NOW COMMITTED: THESE ARE CROWDS, MADE OF

CIVILIAN POPULATIONS, MOST VARIED IN FORMS BOTH IN COMPOSITION AND INTENTS.WHY SHOULD A COMMITTED FORCE “DEAL WITH” THOSE CROWDS?

MERELY BECAUSE, POTENTIALLY, THEY COULD HAMPER OR PREVENT THE ACHIEVEMENT OF THE FORCE MISSION. THEN THE MATTER

IS TO TAKE THOSE POPULATIONS INTO CONSIDERATION BECAUSE THEY HAVE BECOME FULLY INVOLVED IN MOST SOURCES OF

CONFLICT AT THE TURN OF THIS CENTURY.

1 This handbook is available on the 2002 CDROM and on the CDES Web site.

Page 8: C D ENSEIGNEMENT SUPERIEUR DE L’ARMEE DE TERRE …

DoctrineEn effet, "les conditions danslesquelles se déroule le contrôledes foules proprement dit, c’est-à-dire le contact avec elles, sontinterdépendantes des actionsentreprises en amont, en matièrede renseignement, de commu-nication opérationnelle, et deprévention (incluant la dissua-sion)2". Ce principe fondamentalsous-tend l’ensemble du documentet trouve en particulier sonapplication dans les cinq modesd’action décrits, qui ne répondentpas seulement à des situations detype Mitrovica, mais prévoientd’autres actions possibles que nosunités ont d’ailleurs déjà menéesdans le passé.

❖ ❖

Afin de répondre au mieux auxpréoccupations des acteurs duterrain, ce manuel a été organisé encinq titres :

● le titre 1 "le cadre d’emploi desforces terrestres", qui présentesuccessivement les cadres d’enga-gement possibles, les conditionsd’emploi et le cadre juridique del’engagement ;

● le titre 2 "l’engagement des forcesterrestres dans le contrôle desfoules", qui traite des typologiesdes mouvements de masse, de laviolence manifestée et de lamenace exercée par les foulestout en les analysant, puisprésente les forces susceptiblesd’être engagées dans le contrôledes foules ;

● le titre 3 "les principes de l’actiondes forces terrestres dans lecontrôle des foules", qui, aprèsavoir abordé des généralités etles principes fondamentaux, telsque la notion de seuil d’action,les effets à produire sur lesfoules, les capacités à détenirface aux foules et les actions debase du type renseignement,prévention, dissuasion et con-trôle, montre la mise enapplication des principes de laguerre à travers le prisme dumode opératoire de la maîtrise dela violence ;

● le titre 4 "les modes d’actions desforces terrestres dans le contrôledes foules", qui traite plusspécifiquement des actions àconduire, au niveau de la grandeunité et du GTIA dans les cas defigures le plus souvent rencontréset les plus probables en matièrede contrôle des foules. (Il s’agitde l’accompagnement des mou-vements de réfugiés ou d’unemanifestation pacifique, ducontrôle d’une émeute et desréactions face à une tentatived’intimidation d’une unitéisolée ou l’agression délibéréed’une unité de la force lorsd’une manifestation ou d’uneémeute) ;

● le titre 5 "le rôle des fonctionsopérationnelles dans le contrôledes foules", qui présente lacontribution à la problématiquedu contrôle de foules des troisgrandes familles de fonctionsopérationnelles : les fonctionsintégrantes, d’engagement etd’environnement. (Ce titre traitedu rôle de ces fonctions lors destrois phases des actions à meneren matière de contrôle des

foules, avant le rassemblementde la foule, lors du contact etpendant la phase de retour versla normalité).

Le TTA 950 - Manuel provisoired’emploi des forces terrestres dansle contrôle des foules - a été réalisédans des délais extrêmementcourts, afin d’apporter des ré-ponses concrètes aux difficultésque rencontrent nos unités enga-gées en opération extérieure etconfrontées à des situations lesobligeant à assurer cette missiondifficile.

Elaboré avec le concours del’EMAT, des grands comman-dements et de plusieurs écolesd’application, ce document s’ap-puie sur l’existant, sur des étudesconceptuelles en cours à l’EMA(projet de notice provisoire desécurité publique en opérationextérieure), sur le concept desarmes non létales (approuvé parl’EMAT), sur le protocole decomplémentarité Armée de terre –Gendarmerie de novembre 2000,ainsi que sur les enseignements desopérations de ces dernières années.

❖Ce manuel, à caractère évolutifcomme la plupart des documentsd’emploi actuels, sera amendéaprès la parution des documentsévoqués ci-dessus, le recueil desobservations et propositions del’EMAT, des grands comman-dements et des organismes d’étude,et bien sûr après l’exploitation desretours d’expérience ■

Objectif Doctrine•N° 30•p.8

2 Cf manuel p 51.

Page 9: C D ENSEIGNEMENT SUPERIEUR DE L’ARMEE DE TERRE …

DoctrineAs a matter of fact, “conditionsunder which crowd control assuch is taking place, that is tosay in contact with them, areinterdependent with actionsundertaken upstream, as far asintelligence, operational com-munication, and prevention(including deterrence) areconcerned2”. This foundingprinciple underlies the wholedocument and is particularlyapplied in the five describedcourses of action, which not onlymeet situations of a Mitrovicatype, but also anticipate otherpossible actions, in fact alreadycarried out by our units in thepast.

In order to meet better theconcerns of ground players, thishandbook has been organizedalong with five chapters:

● chapter 1 “Land forces em-ployment framework”, suc-cessively describes the possiblecommitment contexts, theemployment conditions, andthe legal framework of thecommitment;

● chapter 2 “commitment of landforces in crowd control”, dealswith mass movements’ typo-logies, with demonstratedviolence, and with violenceexerted by crowds, whileanalyzing them, and thenintroduces those forces likely tobe committed in crowd control;

● chapter 3 “action principles ofland forces in crowd control”after tackling generals andbasic principles, such as actionthreshold, effects to achieve on

the crowd, necessary capa-bilities to confront crowds, andbasic actions as intelligence,prevention, deterrence, andcontrol, demonstrates how toapply war principles throughthe prism of the violencemastering operating mode;

● chapter 4 “land forces’ coursesof action in crowd control”more particularly deals withactions to be conducted, atmajor unit and GTIA (In-fantry-heavy taskforce) levelin the most current andprobable configurations ofcrowd control (It is a matterof accompanying refugees’movements or a peacefuldemonstration, of riot con-trolling, and of responding tointimidatory attempts towardan isolated unit or to a deli-berate attack against units ofthe taskforce in the course ofa demonstration or of a riot);

● chapter 5 “Role of operationalfunctions in crowd control”introduces how the three greatcategories of operational func-tions contribute in how toconsider crowd control pro-blems: commitment and envi-ronment fully integratedfunctions (This chapter discussesthe role of these functionsduring the three stages of acrowd control action, beforecrowd gathering, while incontact, and at the gettingback to normal stage).

TTA 950 (FM 950) – Provisionalhandbook about land forcesemployment in crowd control –has been developed within a quite

short period of time, to provideconcrete answers to the difficultproblems met by our unitscommitted abroad and con-fronted to situations in whichthey are compelled to carry outthis difficult mission.Worked outwith the assistance of the Armystaff (EMAT), of the majorcommands, and of variousbranch schools, this document isbased on what exists, on conceptstudies being carried out by thejoint defense Staff (EMA) (draftprovisional instruction on publicsecurity in out-of-area opera-tions), on a concept for non-lethal weapons (EMAT approved),on the Army-Gendarmerie com-plementarity draft agreementdated November 2000, and onlessons learnt from recent yearsoperations.

*

* *

This handbook, of evolvingnature alike most current fieldmanuels documents, will beupdated after the above docu-ments being published, the notesand proposals of the Army staff(EMAT), the major commands,and the bodies in charge withconcept studies being collected,and of course after having pro-cessed the experience feedback ■

Objectif Doctrine•N° 30•p.9

2 Cf handbook p 51

Page 10: C D ENSEIGNEMENT SUPERIEUR DE L’ARMEE DE TERRE …

Doctrine

Objectif Doctrine•N° 30•p.10

DOCUMENTS DE REFÉRENCE SUR LE CONTRÔLE DES FOULES

I. DOCUMENTS NATIONAUXConcept d’emploi des forces armées

Doctrine interarmées d’emploi des forces en opération

Directive interarmées portant sur les règles d’engagement etde comportement en défense terrestre

Notice relative à la préparation des armées aux opérationsde maintien de l’ordre

Instruction sur les missions de sécurité publique dans lesopérations de soutien de la paix

N° 238/DEF/EMA/EMP.INP du 12 mars 2001

Les engagements futurs des forces terrestresDocument élaboré par le bureau de conception des systèmesde forces de l’état-major de l’Armée de terre

N° 487/DEF/EMA/EMP.3/DR du 28 octobre 1997

N° 519/DEF/EMA/EMP.3/NP du 12 janvier 1998

Instruction 1000 - Edition septembre 2001

Edition corrigée du 08 octobre 1997

Concept d’emploi des armes non létales N° 98/EDF/EMAT/BCSF/CBT-D du 26 avril 2001

La maîtrise de la violence CDES/Centre de recherche 21 avril 1999

Etude de pré-doctrine CFAT/DIV.EMPLOI/BEO/AO du 20 juin 2000

Manuel provisoire d’emploi des forces terrestres dans lecontrôle des foules - TTA 950

N° 866/DEF/EMAT/BCSF/CAB du 08 août 01

Manuel d’emploi du GTIA à dominante infanterie INF 223 approuvé le 17 septembre 2001

Coopération entre l’Armée de terre et la Gendarmerie surles théâtres extérieurs

N°1043/DEF/EMAT/BCSF/CBT-D du 22 novembre 2000

Règlement sur le service de Gendarmerie en campagne N° 120/DIV/EMP du 26 janvier 1954

Mémento provisoire MCO KOSOVO Version du 3 mars 2001

Rapport brigade multinationale nord KOSOVKAMITROVICA

N° 63/BMM/CAB DU 18 Avril 2000

Rapport de fin de mission COMBRIGADE NORD

Rapport BIMECA mandat 4 au Kosovo N° 2748/EAI du 20 mars 2001

Cadre doctrinal des opérations de maintien de l’ordre(document britannique)

Le contrôle des foules (document britannique)

Crowd control issues (document britannique)

Dispersing crowds and riots (document britanique)

Opening fire during crowd dispersal (documentbritannique)

Public order operations (tactical notes) (documentbritannique) Edition 1998

36/98/OL/UPAVON/DR du 1er juillet 1998

II. DOCUMENTS ETRANGERS

KOSOVO (6ème mandat)

Page 11: C D ENSEIGNEMENT SUPERIEUR DE L’ARMEE DE TERRE …

Doctrine

Objectif Doctrine•N° 30•p.11

Page 12: C D ENSEIGNEMENT SUPERIEUR DE L’ARMEE DE TERRE …

Doctrine

Objectif Doctrine•N° 30•p.12

❒ La nécessité d’une préparation opérationnelledifférenciée pour les unités d’infanterie

Les événements particuliers du pont de Mitrovica ontcontribué à générer la confusion dans les esprits surle rôle de chacun face à la menace que représententles phénomènes de foules. Aujourd’hui, les unités

d’infanterie apparaissent les mieux armées pour intégrercette nouvelle dimension, à la fois en gestion de crise et enhaute intensité, en présence ou non de forces de Gendar-merie. Toutes les réflexions menées jusqu’à présent tendentà placer les missions de contrôle de foule dans le domainede compétence des seules unités d’infanterie, sansextension possible aux unités TTA.

Cette logique de métier semble en effet répondre le mieuxaux critères d’instruction et d’entraînement fondés sur lacohésion, la discipline de feu et l’engagement au corps àcorps. Elle traduit de plus l’exigence de la réversibilité,applicable entre le contrôle de foule et le combat enlocalité, dans le cadre du contrôle d’une zone urbaine. Engestion de crise, l’expérience du théâtre kosovar montreque les savoir-faire jusqu’ici détenus par la compagnie deréserve opérationnelle (CRO) de la brigade multinationale

nord (BMN-N) sont en passe d’être étendus à toutes lesunités d’infanterie jusqu’au niveau bataillon. Il s’agit deprivilégier les actions défensives par la mise en œuvre destechniques diverses de contention comme le barrage.

*Cette capacité s’appuie sur l’utilisation de grenadeslacrymogènes, et elle est complétée par l’application deprocédures d’évacuation de blessé ou de personnemenacée. La limitation des modes d’action est iciétroitement liée à la présence d’une unité de laGendarmerie en mesure d’assurer la dispersion de la foule.Le maintien d’une posture défensive doit néanmoinss’accompagner d’une capacité accrue à neutraliser, dans lecadre de la légitime défense, toute menace armée parl’application de techniques d’anti-sniping. Il convient cependant d’envisager le cas où, laGendarmerie étant absente, le simple fait de lasser la foulene permettra pas à la force de débloquer une situation deplus en plus violente. L’acquisition par l’Armée de terre d’unecapacité offensive face aux foules, alors égale à celle desgendarmes, se heurte bien évidemment au risque d’unedérive dans les missions qui pourront dès lors lui êtreconfiées, en particulier sur le territoire national.

La préparation opérationnelle des forcesau contrôle des foules

par le chef d’escadron Hotier, de la division emploi du commandement de la force d’action terrestre

Le texte commun "de la complémentarité Gendarmerie - Armée de terre", diffusé en octobre 2000, fixe les modalités de lacoopération entre les unités et les détachements de chaque armée, dans le cadre des missions de sécurité publique qu’une forcepeut se voir confier en opération extérieure. Il élargit de fait le cadre de la préparation opérationnelle des forces au contrôledes foules, défini comme "l’action des forces de l’Armée de terre pour faire face, dans le cadre de sa mission et desrègles d’engagement qui lui sont dictées, à des actes hostiles individuels ou collectifs exigeant des actions allant

de l’autoprotection au combat de rue, en passant, en l’absence de forces de Gendarmerie, par des actions aucontact des foules". Pour les forces, la problématique réside dans la définition et les modalités d’acquisition par les unitésprojetées d’une capacité nouvelle, située aux frontières des savoir-faire individuels et collectifs traditionnellement entretenus.De ce point de vue, l’identification des différents contextes d’intervention permet de situer le besoin en terme de préparationopérationnelle au niveau des unités d’infanterie. Il convient dès lors d’initier une dynamique propre à l’Armée de terre visant àla formation de formateurs et à l’acquisition des moyens spécifiques nécessaires à l’accomplissement de ces missions. Enfin, il

importe de statuer sur l’organisation du commandement dans ce type d’opérations dès lors que des forces de la Gendarmeriesont engagées à leur côté.

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Objectif Doctrine•N° 30•p.13

❏ The necessity of a differentiatedoperational training for Infantry units

The specific events that occurred on the bridge of Mitrovicacontributed to induce some confusion in the minds aboutevery one’s role regarding the threat that crowdmovements mean. Nowadays, infantry units look bestprepared to integrate this new dimension, as well in crisismanagement as in high intensity situations, in thepresence or not of Gendarmerie forces. Up to now, studiestended to set crowd control missions in the field ofexpertise of infantry units exclusively, ruling out anypossible extension to allarms units. This professional logicseems to meet better the training requirements based on

cohesion, on fire discipline, and on hand-to-hand fighting.Moreover it fits the reversibility requirement, which appliesin the gap between crowd control and fighting in built-upareas, within the framework of urban control. In the fieldof crisis management, the experience drawn from theKosovo theater demonstrates that the expertise detainedby the operational reserve company (CRO) of themultinational Brigade North (BMN-N) is about to beextended to all infantry units up to the battalion level. Thematter is to favor defensive actions through theimplementation of various contention techniques such asbarrier blocking. This ability relies on the use of teargasgrenades, it is supplemented by applying casualties andthreatened people evacuation procedures.

Forces operational training for crowd control

by Major HotierLand action force Command, G3 officer

The common paper “about Gendarmerie-Army complementarity” issued in October 2000, sets the termsfor cooperation among units and detachments from the various services, within the framework of publicsecurity missions that a force could be entrusted with when committed overseas. As a matter of fact,it widens the limits of the forces operational training to encompass crowd control, which is defined as“the action of Army forces to face, within the framework of its mission and of the established rules ofengagement, individual or collective hostile acts that require actions ranging from self-protection to

street fighting, to include, in the absence of Gendarmerie forces, crowd control actions.”

For the forces,the problem is in the definition and in the methods of acquisition by the projected unitsof a new capability, standing at the edge of the individual and collective traditionally well-kept know-how. In this respect, the identification of the various possible intervention contexts makes it possibleto develop a need estimate in terms of operational training at an infantry unit level. From then on, oneought to initiate a process appropriate to the Army aiming to training the trainers and to acquiring thespecific tools necessary for missions’ achievement. Finally, it matters to give a ruling on the commandand control organization of that kind of operation at the time when gendarmerie forces are committed

alongside.

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Doctrine

Objectif Doctrine•N° 30•p.14

La prise en compte de ce risque impose donc de gérerl’acquisition de cette capacité extrême au cas par cas en ladémarquant du maintien de l’ordre, pour répondre à unbesoin ponctuel, limité dans le temps et dans l’espace. Enhaute intensité, le principe d’une attitude défensiveappliquée au paragraphe précédent peut être maintenu. Ilest cependant à combiner avec les actions offensives de feuet de mouvement traditionnellement menées par l’infanterieet les blindés au combat. Dans tous les cas, l’acquisition parl’Armée de terre de cette nouvelle capacité opérationnellenécessite des instructeurs qualifiés et du matériel adapté.

❒ La formation des formateurs et la dotation desunités en moyens spécifiques

Mis à part la formation très spécifique aux actions offensivesqui nécessiterait un appui technique direct de laGendarmerie, l’acquisition des savoir-faire individuels etcollectifs propres au contrôle de foules passe par laformation de formateurs au sein de l’Armée de terre.L’objectif est de permettre à la FAT d’intégrer en touteautonomie les actions défensives de contrôle de foules dansla préparation des unités d’infanterie jusqu’au niveau dubataillon, après que les cadres ont été instruits en école oulors de stages particuliers de type CEC. Une continuitépourra ainsi être obtenue dans la préparation opérationnelledepuis l’instruction individuelle jusqu’aux stages de mise encondition opérationnelle avant projection. Il est à noter quel’occurrence des actions directes au contact de foules hostilesest très irrégulière et que celles-ci ne représentent qu’unepartie des modes d’actions décrits dans le manuel d’emploides forces terrestres dans le contrôle de foules récemmentédité par le CDES. Dans tous les cas, l’assimilation detechniques particulières tirées du maintien de l’ordre (TTA185) ne signifie pas qu’une quelconque primauté soitaccordée à la doctrine régissant le maintien de l’ordre, dontle cadre juridique est totalement inadapté aux OPEX.L’expérimentation de l’emploi des équipes cynophiles encontrôle de foules confiée par le CFAT au 132ème BCAT entémoigne. La tentation de recourir à l’expérience de l’Arméebritannique en Irlande du Nord reste forte, mais contraire àl’objectif de complémentarité entre les unités de l’Armée deterre et les détachements de la gendarmerie en OPEX. Avantprojection, la Mise en Condition Opérationnelle d’une unité(MCO) doit être l’occasion de confronter les hommes à ladiversité des situations de violence rencontrées afind’exercer leur jugement et leur bon sens, dans le cadre derègles d’engagement (ROE) applicables à chaque opération.Une préparation physique adaptée de type TIOR (Techniquesd’Intervention Opérationnelle Rapprochée) est, quant à elle,de nature à donner à chacun l’ascendant physique, moral etpsychologique sur d’éventuels provocateurs. Sur un plan

plus théorique enfin, la connaissance des ressorts ducomportement des foules est à maîtriser par les chefs dedétachement. Dans le respect des priorités, les efforts deformation et d’entraînement sont de toute évidence à portersur les stagiaires et les unités de l’infanterie. Un échangesystématique de compétence entre l’EAI et les formations estaujourd’hui à développer dans l’esprit du retourd’expérience.

Au-delà de la formation des hommes, la capacitéd’autodéfense des unités engagées dépend bien entendu deleur dotation en équipements. Sur le théâtre du Kosovo, lesBIMECA et BIMOTO sont désormais équipés des collectionsde protection ad hoc comprenant bouclier, genouillères etcoudières ainsi qu’un casque avec visière. S’agissant del’emploi des ANL, le risque de confusion avec les armes deguerre est à éviter en priorité. La perception de l’un ou del’autre par une foule, voire par la troupe elle-même, estdifficile et peut entraîner une escalade de la violence. Lesarmes couramment tolérées sont donc le bâton, la grenadeoffensive et la grenade lacrymogène, avec lanceurdifférencié de type Cougar. Elles ont vocation à dissuaderd’éventuels agresseurs et fournissent au commandement uncomplément de moyens indispensable pour intervenir surl’ensemble de l’échelle de la violence.

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Objectif Doctrine•N° 30•p.15

The restraints to courses of action are, in this matter,closely related to the presence of a Gendarmerie unitcapable of crowd dispersal. Keeping on a defensive posturehas to come with an increased capability to neutralize,within the self-defense framework, any armed threat byapplying anti-sniper techniques.

However, one should consider the case when, theGendarmerie being absent, the mere fact of getting thecrowd tired will not enable the force to break the deadlockof an increasingly violent situation. The Army gaining anoffensive capability when facing crowds, that then wouldequal that of gendarmes, obviously meets the risk of somedrift in the missions it could then be tasked with, especiallyon the national territory. Considering the risk makes itnecessary to handle the acquisition of this extremecapability on a case by case basis, differentiating it fromlaw and order operations, to meet a special need, withinset space and time limits. Within a high intensityenvironment, the defensive principle as applied in theformer paragraph can be kept as such. It should howeverbe combined with offensive actions by fire or by movementas traditionally conducted by infantry and armor in thebattle. In any case, the Army acquiring this newoperational capability requires skilled trainers and suitedequipments.

❏ Training the trainers and issuing units withsuited equipments

Apart from the quite specific training for offensive actionsthat would necessitate a Gendarmerie technical support,acquiring individual and collective know-how particular tocrowd control depends on training the trainers within theArmy. The aim is to enable the FAT (Land Action Force) toassimilate quite autonomously those crowd controldefensive actions in the training of infantry units up to thebattalion level, after the key personnel have been trainedat schools or during specific courses of commando type. Inthis way some continuity should be guaranteed in

operational training from the individual training up to thecourses for operation readiness taken just beforeprojection. One should note that direct actions in contactwith hostile crowds occur quite occasionally and that theseactions only are a part of the courses of action depicted inthe handbook about Land Forces commitment in crowdcontrol, recently published by the CDES (Army doctrine andhigher education command). In any case, assimilatingspecific techniques issued of law and order operations (TTA185) does not mean that any primacy is given to law andorder doctrine, the legal framework of which is fullyinappropriate to out-of-area operations. The evaluation of committing Army dogs in crowd controlas requested by the CFAT (Land action force command)from the 132 BCAT (Army canine battalion) proves it. It isvery tempting to turn to the British experience in NorthernIreland, but it is contrary to the complementarity objectivebetween the Army units and the Gendarmerie detachmentscommitted out of area.

Before projection, the unit operational conditioning (MCO)should be an opportunity to confront the soldiers with avariety of possible violent situations in order to practicetheir judgment and common sense, in the ROE frameworkas applicable to any operation. Physical preparatorytraining of a TIOR (Close operational interventiontechniques) type is, as for it, of a nature to provide eachone with physical, morale, and psychological hold onpossible agitators. From a more theoretical point of viewfinally, the knowledge of the impulse behind a crowdbehavior has to be mastered by the detachmentcommanders. Having respect for priorities, training effortsshould obviously be put on students and on infantry units.A systematic exchange of skills between the infantryschool (EAI) and the formations should be developed in aspirit similar to the one of the returns from experience.

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Objectif Doctrine•N° 30•p.16

❒ L’organisation du commandement

Le concept de complémentarité mis en œuvre à Mitrovicaconduit à confier à la Gendarmerie la conduite sur le terraindes actions de contrôle de foules. Un officier deGendarmerie, certes subordonné au COMBRIGADE, adonc, à l’intérieur d’une zone qualifiée de BLUE BOX,autorité sur les unités de l’Armée de terre amenées à yintervenir. Les réflexions à venir sur l’organisation ducommandement lors d’une opération conjointe de contrôlede foules en OPEX doivent permettre à l’Armée de terre deconserver le commandement de ce type de mission. Ainsi, sides actions offensives sont conduites contre une foule, celaentraîne effectivement l’activation d’une BLUE BOX souscommandement de la Gendarmerie, avec éventuellement laprésence d’unités terrestres alors sous TACON. Cet espacelimité et temporaire est cependant à intégrer dans undispositif plus large que l’on pourrait qualifier de GREENBOX. L’ensemble du terrain est alors sous commandementd’un représentant du COMBRIGADE, avec en toile de fondl’hypothèse d’une escalade de la violence et d’une basculevers une émeute armée, prémices à une opération decombat urbain planifiée.

Il apparaît aujourd’hui impossible de considérer le contrôlede foules comme un effet de mode, engendré par desopérations où la maîtrise de la violence se situe à un niveauextrêmement bas voire, pour certains théâtres, inexistant. Lebesoin opérationnel global, qui a précédé les premiersincidents de Mitrovica, est sans cesse réaffirmé aujourd’huiau travers des comptes rendus de fin de mission. C’estpourquoi les situations d’urgence rencontrées sur le théâtrekosovar doivent conduire à une réflexion beaucoup pluslarge sur la prise en compte des missions de contrôle defoules dans la préparation opérationnelle des forces. Lemaintien d’une ligne de cohérence entre doctrine, formationet entraînement passe par l’affirmation de principesgénéraux qui pourraient servir de base à l’élaboration d’unvéritable concept du "contrôle des foules" qui fait encoredéfaut à l’Armée de terre.

Il permettrait, en outre, d’évacuer certains démons propres àentretenir la confusion dans les esprits, rappelant par lamême que, en OPEX comme en OPINT, l’Armée de terre n’apas vocation à mener des opérations de maintien de l’ordreet que sa priorité absolue reste à l’accomplissement de sesmissions en intégrant la menace de foules agressives ●

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Objectif Doctrine•N° 30•p.17

Beyond soldier training, the committed units’ self-defensecapability of course depends on their equipment. In theKosovo theater, mechanized and motorized infantrybattalions are by now equipped with adapted protectivesets that include shields, knee and elbow pads, as well aseye shade helmets. As for the use of Non LethalArmaments (ANL), the priority is to avoid any confusionwith lethal ones. It is difficult to the crowd, or even to thesoldiers themselves, to distinguish between both, and thatcould trigger an escalation in violence. Then armamentsusually accepted are batons, offensive grenades, andteargas grenades, used with differentiated launchers of aCougar type. Their purpose is to deter possible aggressorsand to provide the commanding officers with additionalmeans necessary to operate in the whole violencespectrum.

❏ Command and control organization

The complementarity concept implemented in Mitrovicaleads to entrust Gendarmerie with the conduct in the fieldof crowd control actions. A Gendarmerie officer, admittedlysubordinate to the COMBRIGADE, is then, inside an areanamed BLUE BOX, given authority over the Amy units thatwould be involved in it.

Future thoughts about the command and controlorganization for an out-of-area combined crowd controloperation should allow the Army to retain command andcontrol in operations of that kind. Thus offensive actionsagainst crowds effectively entail a BLUE BOX to beactivated under Gendarmerie command and control, andpossibly with land forces units that would be under TACON.This limited and temporary area should however be

integrated within a broader disposition that could benamed a GREEN BOX. The whole area should then beplaced under a COMBRIGADE representative, with, as aback-ground, the assumption of one possible violenceescalation and of one shift towards an armed riot,beginnings for a planned urban area operations.

Nowadays it looks impossible to consider contemplatecrowd control as a popular trend, initiated by operations inwhich violence control is at a very low level, evennonexistent if any in some theaters. The global operationalneed, which prevailed before the first troubles in Mitrovica,is consistently reasserted through the end of missionreports. That is why the urgency situations met on theKosovo theater should lead to deeper thoughts on how tohandle crowd control in the forces operational training.

❖ ❖

Keeping consistency between doctrine, teaching, andtraining is a matter of asserting the general principles thatcould be the foundation for the development of a genuine“crowd control” concept that the Army still lacks. It wouldallow evacuating some evil spirits liable to throw peopleinto confusion, it would remind by this very fact, in out-of-area operations as well as in those conducted lead on thenational territory, that law and order operations are not anArmy vocation and that its major priority lies in achievingits missions while integrating the threat from aggressivecrowds ■

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Objectif Doctrine•N° 30•p.18

Ce manuel répond notamment à deux interrogationsqui étaient apparues dans de nombreux esprits :les uns déniaient à ces missions un caractèremilitaire ; la complexité et l’aspect novateur du

contrôle des foules incitaient les autres à une spécialisationextrême. De par son implication sur le terrain et sesressources humaines, l’infanterie se situe au cœur de laproblématique.Or, au-delà de leur apparente nouveauté, ces actions neconstituent pas en soi une mission à part entière mais plutôtun procédé d’exécution transverse s’inscrivant dans lacontinuité des missions traditionnelles de l’infanterie. Ellesne sont ainsi qu’un des aspects de la mission génériquedévolue au fantassin – le contrôle continu du milieuphysique et humain en zone urbaine – résumée sous levocable de contrôle urbain. Ces actions nécessitent uneprise de conscience, des règles d’engagement et decomportement adéquates, une instruction collectivespécifique et une dotation en matériels adaptés. Les travauxdu CDES et des DEP tentent de répondre au premier de cesbesoins.

*AU CONTACT DES POPULATIONS

Le bouleversement stratégique des années 90 a généré denombreuses évolutions tactiques. Ainsi, dans un affron-tement symétrique, chacun des acteurs cherchait à

promouvoir la manœuvre et évitait de s’engluer dans unterrain "visqueux". Au contraire, dans un conflit dissy-métrique ou asymétrique, les milieux de pénétration diffi-cile, en particulier les centres urbains, sont recherchés :par les uns, parce qu’ils permettent de relativiser le rapportde forces ; par les autres parce qu’ils abritent les principauxobjectifs et points d’équilibre des structures politiques,économiques, humaines et militaires. En renouant avec lesactions en zone urbaine, le combattant se trouve confrontéà la population qui l’habite, jusqu’alors reléguée dans unminuscule paragraphe de l’ordre d’opération (le plussouvent pour mémoire). C’est cette confrontation avec la population qui a suscité lesévolutions les plus récentes des fonctions opérationnellesd’environnement nécessitant en particulier leurcoordination. La réflexion sur le concept de la maîtrise del’information (1NFO OPS) devrait prendre en compte cefacteur population dans les champs psychologiques(communication opérationnelle, ACM, actions psycho-logiques…) ; quant au renseignement, il s’enrichit d’unecomposante renseignement conversationnel ; la fonctioncontact commence à établir une distinction entre contrôlede zone (milieu physique) et contrôle du milieu (milieuphysique et humain) ; enfin, lorsque la population constitueune gêne à l’action militaire, ont été développés dansl’urgence des savoir-faire de contrôle de foule, assimilablespour l’essentiel à une mission de couverture [TTA 106 :"ensemble des mesures actives ou passives pour s'opposer àune action éventuelle (…) pouvant menacer le déroulementde l'action militaire principale"].

L’infanterie dans le contrôle des foulespar la direction des études et de la prospective

de l’école d’application de l’infanterie

"La foule est le contraire d'une armée : une assemblée d'hommes que negouverne plus rien, sinon l'humeur immédiate, le développement d'émotions

passagères et contagieuses qui nuisent à l'intérêt général."(John KEEGAN)

La parution récente du TTA 950 "Manuel provisoire d’emploi des forcesterrestres dans le contrôle des foules" (8 août 2001) souligne la volonté del’Armée de terre de répondre au défi de la gestion des foules en opérationsextérieures. Cette parution est incontestablement une avancée doctrinale quipermettra aux forces terrestres en général et à l’infanterie en particulier demieux cerner leurs rôles respectifs dans ce domaine spécifique des actionsmilitaires que constitue le contrôle des foules.

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Objectif Doctrine•N° 30•p.19

This manual notably answers two questionsthat had appeared to many minds: somedenying any military character to these

missions; crowd control complexity and itsinnovative aspect encouraging other ones to anextreme specialization. Because of its invol-vement in the field and of its human resources,Infantry is at the very heart of the problem. Now,beyond their novelty appearance, these actionsare not a mission in its own right but rather atransverse execution process in line with thetraditional Infantry tasks. So they merely are anaspect of the generic mission devolved to theinfantryman – a permanent control of the humanand physical environment in built-up areas –summarized by the term: “urban control”. Theseactions require a sound understanding,appropriate rules of engagement and of behavior,specific collective training and suited equipments.The studies lead by the CDES (Army Doctrine andHigher Education Command) and by the DEPs(Directories for current and long-term studies)attempt to meet the first one of these requirements.

*IN CONTACT WITH THE POPULATIONS

The strategic upheaval of the 90s produced manychanges in tactics. Then, in a symmetricalconfrontation, each one party tended to favormaneuvering while avoiding to become bogged

down in sticky grounds. On the contrary in adissymmetrical or asymmetrical conflict, thoseenvironments difficult to penetrate, urban centersparticularly, are sought-after: by some, becausethey put the forces ratio into perspective; by othersbecause they house the major goals and balanceof political, economic, human, and militarybodies.

Getting back to urban area warfare, the soldier isconfronted with the inhabitants, which up to nowhad been relegated in a tiny item of the operationorder (most often for the record). Thisconfrontation with the population gave rise to thelatest changes in the operational functions dealingwith the environment: the recent development ofthe Information mastering concept i.e, theoperational communication function (INFO OPS)would integrate the population factor into thepsychological fields (operational communication,ACM1, psychological actions…); as regardsintelligence, it has been enriched with aconversation intelligence component; the contactfunction begins to distinguish between zone control(physical environment) and environment control(physical and human environment); and, to finishwith, when the population becomes a disturbance to the military action, crowd control techniqueshave been developed as a matter of urgency, whichcould roughly be assimilated to a covering action(TTA 106: ”Set of active or passive measures toface a possible action (…) likely to jeopardize asmooth running of the main military effort).

Infantry in crowd controlby the Infantry directorate

for current and long-term studies

“A CROWD IS THE OPPOSITE OF AN ARMY: A GATHERING OF PEOPLE GOVERNED BY NOTHING BUT AN IMMEDIATE MOOD, RAPIDLY

DEVELOPING , PASSING, AND CATCHING EMOTIONS PREJUDICIAL TO PUBLIC INTEREST.”(JOHN KEEGAN)

THE RECENT PUBLICATION OF TTA 950 (FM 950) “PROVISIONAL MANUAL FOR LAND FORCES EMPLOYMENT IN CROWD CONTROL”(AUGUST 8 2001) STRESSES THE ARMY WILL TO MEET THE CHALLENGE OF CROWD CONTROL IN OUT-OF-AREA OPERATIONS.

THIS PUBLICATION UNQUESTIONABLY IS A DOCTRINAL PROGRESS THAT WILL ENABLE THE LAND FORCES AND MORE PARTICULARLY

INFANTRY TO BETTER UNDERSTAND THEIR RESPECTIVE FUNCTIONS IN THIS SPECIFIC FIELD OF MILITARY ACTIONS THAT CROWD

CONTROL IS.

1 Civil-military actions

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Objectif Doctrine•N° 30•p.20

ACTIONS DU GROUPEMENT TACTIQUEINTERARMES A DOMINANTE INFANTERIE

Si le vocable "masse" est généralement employé au niveauopératif (IM 1000), les niveaux brigade et bataillon utilisentcelui de "foule", sans présumer de son volume, de sonattitude ni de sa spontanéité (programmation d’unemanifestation, présence de meneurs…). Au niveau du GTIA,le TTA 950 précise les cas de figure les plus probables :

☞ accompagnement des mouvements de réfugiés,☞ accompagnement d’une manifestation pacifique,☞ contrôle d’une émeute,☞ réaction face à une tentative d’intimidation d’uneunité

isolée,☞ réaction face à l’agression délibérée d’une unité de la

force.

Mais, pour le niveau bataillon et plus encore pour lesniveaux subordonnés, toute mission au contact despopulations peut amener à des actions de contrôle de foules,et ce, jusqu’au niveau du groupe de combat. Aussi, serait-ilnécessaire d’enrichir le vocabulaire militaire de termesappropriés pour clarifier les esprits et rendre davantageexploitables ordres et comptes-rendus : il s’agirait dedécliner les mots "contrôler" et "foules", notamment avec lestermes habituellement utilisés en opérations, indistinctementdu niveau brigade à l’échelon section : sécuriser, maîtriser,gérer, attroupement, regroupement etc. Dans tous les cas, laqualité essentielle d’un bataillon engagé dans une action decontrôle du milieu urbain réside dans sa réactivité. Outrel’entraînement et la valeur individuelle, cette réactivitérepose notamment sur l’organisation du commandement, ladécentralisation des actions et l’initiative. En particulier,chaque unité d’infanterie (jusqu’au niveau section), engagéedans un contrôle urbain au contact des populations, doitpouvoir mener seule sa mission, tant que celle-ci reste à samesure : notamment en matière de renseignementd’observation et conversationnel, d’actions civilo-militaires,de mise sur pied d’une force minimum de contrôle de foule(équipée)… Lorsque le niveau ou l’ampleur de l’action lerequiert, ou qu’une démonstration de force le nécessite, parune juste application du principe de subsidiarité, le niveausupérieur (compagnie, bataillon, brigade) intervient avec sesspécialistes et sa réserve. Cela pose dès la préparationopérationnelle les problèmes d’instruction collective etd’équipements. Cette nécessaire clarification du vocabulaireet la décentralisation des actions n’auront aucun effet si la

marge d’initiative laissée au subordonné n’est pasconcrètement définie et adaptée au niveau considéré. Lesrègles d’engagement et de comportement doivent ainsiêtre repensées et réécrites pour les rendre exploitables etcompréhensibles à chaque échelon d’exécution, d’autantqu’elles n’ont rien de commun avec l’instruction oul’entraînement en métropole. Cette adaptation estindispensable pour pallier les imprécisions du cadrejuridique dans lequel est souvent conduite l’action militaire.La définition juridique d’un statut de crise, assortie desprérogatives et limites d’action des combattants intervenantdans ce contexte, serait de nature à faciliter l’engagementdes unités et accroître leur efficacité opérationnelle.

INSTRUCTION COLLECTIVE DE L’INFANTERIEAU CONTROLE DE FOULE

Dans l’urgence de l’été et de l’automne 1999, ont étédéployés au Kosovo escadron de Gendarmerie et compagniede réserve opérationnelle. Cette dernière bénéficiedésormais d’une instruction de qualité, pilotée par laGendarmerie, pendant trois semaines. Cet entraînementspécialisé, enrichi de l’expertise de la Gendarmerie a étéindispensable pour mener les premières actions sur lethéâtre. Néanmoins, en ne touchant qu’une fraction limitéede notre infanterie, il risquerait à long terme de faire ducontrôle de foules une mission particulière aux exigencespropres, et donc, confiée à des spécialistes, dédiés unique-ment à ces actions. De plus, les matériels adaptés deprotection individuelle, en nombre encore restreint, dotenten priorité la CRO. Cette dotation sélective parant au pluspressé, risque, elle aussi, de laisser émerger unespécialisation prochaine de certaines compagnies ; il en va demême pour les quelques rares moyens non-létaux en serviceactuellement, comme les grenades lacrymogènes, dontl’usage exclusif est souvent réservé aux "spécialistes" de laCRO ou de l’escadron de Gendarmerie.

En outre, quelle que soit la mission, le groupe de combat, lasection ou la compagnie d’infanterie en zone urbainepeuvent être rapidement confrontés à un regroupement depersonnes, à un attroupement dont les agissements, s’ilsrestent très anodins dans un premier temps, peuventinstantanément basculer dans la violence aveugle etgratuite : l’expérience et l’évidence nous enseignent que lafoule ne choisit pas l’unité ad hoc pour agir ou fairedégénérer une manifestation pacifique en émeute…

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Doctrine

Objectif Doctrine•N° 30•p.21

ACTIONS OF THE INFANTRY-HEAVYTASK FORCE

If the “mass” term is commonly used at theoperational level (IM2 1000), at the brigade andbattalion levels the word “crowd” is used withoutany details about strength, attitude, orspontaneity (demonstration planning, leadersattending…). At the GTIA (Infantry-heavy taskforce) level TTA 950 states the most probablescenarios:

- accompanying refugees movements,- accompanying a peaceful demonstration,- riot control- response to intimidatory attempts toward an

isolated unit,- response to a deliberate attack against units of

the task force.

But, at the battalion level and even more for thesubordinate levels, any mission in the presence ofpopulations could lead to crowd control actions,and so down to the rifle squad. That is why itwould be necessary to add to the militaryterminology the appropriate terms to clear theminds and to make orders and reports bestexploitable: the matter would be to make availableto each implementation level derived words for “tocontrol” and “crowd”, notably with termscommonly used in operations equally from brigadelevel down to platoon level: to secure, to control,to manage, gathering, rallying etc. In any case, aquality essential to a battalion committed in anurban environment control is its responsiveness.In addition to training and to individualexcellence, responsiveness depends, among others,on command relationship, on action decen-tralization, and on initiative taking. Particularly,every Infantry unit (down to the platoon level)committed in urban control and in direct contactwith populations, should be able to carry out itsmission on its own as long as this mission rests inthe range of its capabilities: notably in matter ofobservation and conversation intelligence, of civil-military actions, of activating a crowd controlminimum force (fully equipped)… When the actionlevel or scale requires it, or when a show of forcemakes it necessary, through a sound application of

the principle of subsidiarity, the next higher level(company, battalion, brigade) comes in with itsspecialized personnel and reserve. This way ofdoing set down the problem of collective trainingand of equipments right from the operationaltraining phase. This necessary vocabularyclarification and action decentralization will haveno effect if the scope for initiative left to thesubordinate is not defined in practical terms andadapted to the considered level. Then a fresh lookshould be taken at the rules of engagement and ofbehavior, they should be redrafted to make themexploitable and understandable to everyimplementation level, all the more that as theyhave nothing in common with education or evenwith training on the national territory. Thisadaptation is essential to compensate for the lackof precision of the legal framework in whichmilitary operations are conducted. A legaldefinition of a crisis status, complemented with theprerogatives and limits of action of the committedsoldiers, would be likely to facilitate units’commitment and to increase their operationaleffectiveness.

!

INFANTRY COLLECTIVE TRAINING TO CROWD CONTROL

Because of urgency during summer and fall 1999a Gendarmerie squadron and the operationalreserve company have been deployed in Kosovo.This last one now enjoys a three weeks long highquality training, run by the Gendarmerie. Thisspecialized training, enhanced by Gendarmerieexpertise has been essential to run the firstactions on the theater of operations.Nevertheless, applied to a limited part only of theInfantry formations, it could, in the long run,turn crowd control into a very specific task withspecific requirements, and therefore entrusted tospecialists exclusively dedicated to these actions.Furthermore, the suited protective individualequipments, still few in number, are by priorityprovided to the CRO (Operational ReserveCompany).

2 Ministerial Instruction

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Doctrine

Objectif Doctrine•N° 30•p.22

Le contrôle des foules s’impose comme un procédéd’exécution transverse à toutes les missions que le fantassinpeut exécuter en contrôle du milieu urbain.

Ainsi, l’infanterie, arme du contrôle des milieux difficilesdans la durée, ne peut négliger de dominer dans leurensemble les savoir-faire propres à ce procédé. Toute unitéd’infanterie, jusqu’au plus petit échelon, peut être amenée àgérer des mouvements de foules. Il est donc nécessaire d’ypréparer humainement et matériellement toute l’infanterie.

Dans les faits, toutes les unités d’infanterie projetées, si ellesne bénéficient pas d’une préparation officielle à l’instar dela CRO, se préparent du mieux qu’elles peuvent, avec ousans l’expertise de gendarmes ou d’"anciens" ; d’ailleurs,avant projection, les brigades vérifient le niveau de cetteinstruction non programmée. Le nouveau cycle à 32 moisdevrait permettre de généraliser l’instruction collective ducontrôle des foules, pour l’instant dispensée aux CRO, àl’ensemble des unités d’infanterie. Les retours d’expériencemontrent que cette instruction n’est pas la plus lourde àmener, dès lors que matériels spécifiques et instructeurssont disponibles dans l’unité.

En fonction du temps disponible et du cycle de préparationopérationnelle, toute unité pourrait mettre en œuvre, le plussouvent en garnison, un programme minimal extrait d’uneversion enrichie du Guide pour l‘instruction collective desunités d’infanterie.

Quant à la formation individuelle, elle doit être confirmée etpoursuivie : pour l’école d’application de l’infanterie,l’instruction des lieutenants de la division d’application,futurs formateurs de leur section, et, pour les régiments, lagénéralisation de l’enseignement des techniques d’inter-vention opérationnelles rapprochées (TIOR).

EQUIPEMENTS ADEQUATS

Toutes les compagnies d’infanterie engagées en zone urbainedoivent être équipées de matériels spécifiques. L’effortprincipal, dans un premier temps doit être porté sur lesmoyens de protection individuelle (casque, bouclier,jambière, matraque). En effet, un fantassin non protégé aucontact d’une foule hostile ne peut rester opérationnel trèslongtemps dès lors que des émeutiers décident de lancer desprojectiles en tout genre (pavés, boulons…). Dans un secondtemps, l’infanterie doit acquérir rapidement des moyensadditionnels de neutralisation des manifestants les plusagressifs ; soit directement, soit pour les garder à distance,sans recourir immédiatement aux armements létaux. Lanécessaire maîtrise de la violence implique de pouvoirdisposer de moyens intermédiaires. Pour cela, des armesnon létales sont actuellement en expérimentation. Toutefois,il est indispensable de garder en mémoire que, pardéfinition, une arme non létale n’a qu’un effet limité deneutralisation, et qu’elle doit faire partie d’une largepanoplie qui englobe l’arme de guerre.

*En définitive, au regard de la réalité trop longtemps occultéede la présence de population en zone urbaine, il est patentque tout fantassin peut être confronté à la gestion des foulesquelle que soit la mission qui lui est confiée. L’infanterie doitdonc se préparer humainement et matériellement à ceprocédé d’exécution.

Ce souci opérationnel majeur est inhérent aux missionstraditionnelles de l’infanterie. Le contact avec lespopulations et la nécessaire maîtrise de sa force doivent êtrepris en compte et n’obèrent en rien les qualités foncières etguerrières du fantassin ●

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Doctrine

Objectif Doctrine•N° 30•p.23

This selective distribution, dealing with the mosturgent matters first, could also let surface the nextspecialization of some companies; the same is trueof the few non-lethal means issued by now, such astear-gas grenades, often exclusively used by theCRO or Gendarmerie squadron “specialists”.Moreover, whatever the mission, the rifle squad,the platoon, or the Infantry company in a built-uparea could very quickly face people assembling, agathering which activities, may be insignificant atfirst, might suddenly turn to blind and gratuitousviolence: we learn through experience andobviousness that the crowd does make any choiceabout the ad hoc unit before acting or turning apeaceful demonstration into rioting… Crowdcontrol obviously is a process transverse to allInfantry missions of urban area control. So,Infantry, a branch dedicated to long-term controlof difficult environments, cannot overlook themastering as a whole of the know-how specific tothis process. Each Infantry unit, down to thelowest level, could have to manage crowdmovements. It is then necessary to get theInfantry prepared in its totality, men andequipments.

As the facts speak for themselves, every projectedInfantry unit, even if it does not beneficiate anofficial training alike the CRO, is training at thebest, possibly with or without the expertise ofGendarmerie or “veterans”; what’s more, beforeprojection, the brigades check the quality of thisout-of-schedule training. The new 32-month cycleshould ensure putting in general use thecollective training to crowd control, nowrestricted to CROs. Experience feedback showsthat this training is not most cumbersome, underthe condition that specific equipments andinstructors are made available to the units.According to the available length of time and tothe operational training cycle, any unit should beable to implementing, most often on garrisongrounds, a basic syllabus derived from animproved version of the Infantry units’ collectivetraining guide. As for individual training, itshould be affirmed and pursued: for the InfantrySchool, training of the lieutenants in theapplication division, future trainers of theirplatoons, and, for the battalions, a generalimplementation of training the techniques ofclose operational intervention (TIOR).

SUITED EQUIPEMENTS

All Infantry companies committed in urban areasshould be issued with specific equipments. At first,the main effort must be put on individual protectiveequipments (helmet, shield, pads, and batons)because an unprotected infantryman in contactwith an hostile crowd cannot remain operationalfor long when agitators start throwing any kind ofprojectiles (cobblestones, bolts…). And then as asecond step, Infantry must quickly get additionalmeans to neutralize the most aggressivedemonstrators; either directly or to keep them at agood distance, without having to immediatelyresort to lethal weapons. The necessary violencemastering implies available intermediary means.For that purpose non-lethal weapons are beingtested. However it is essential keeping in mind that,by definition, a non-lethal weapon only has alimited neutralization effect, and must be includedin the vast arsenal of military weapons.

After all is said, with regard to the long obscuredreality of a population being present in urbanareas, it is patently obvious that any infantrymancan be confronted with crowd control whatever hismission. Then Infantry must get prepared, menand equipments, to this execution process.

This major operational concern is inherent to theusual Infantry missions. Its contact withpopulations and the necessary mastering of itsforce must be considered; they do not compromiseat all the fundamental and war skills of theinfantryman ●

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Objectif Doctrine•N° 30•p.24

LA DOCTRINE ACTUELLE

La doctrine de l’Armée de terrebritannique est simplementfondée sur l’utilisation de laforce nécessaire et raisonnable

pour faire face aux circonstances et lacapacité du Commandant Militaire àdéfinir une réponse graduée.L’utilisation de la force doit êtrelégitime à ce moment-là, rétrospec-tivement et légalement tout en étantaussi proportionnée à la menace.

La graduation permet une gamme plusétendue de réponses grâce à une séried’étapes d’escalade ou de déses-calade allant de la maîtrise –déploiement de matériels "légers" (pasd’équipements anti-émeutes) et d’undispositif allégé, grâce à desnégociations avec les dirigeants desdifférentes communautés, auxtroubles, cas dans lequel la confron-tation physique débute et des matérielsanti-émeutes sont utilisés de manièrelimitée, jusqu’à la dispersion – mise en

œuvre d’un dispositif lourd disposantde toute la gamme des équipementsanti-émeutes et utilisant des mesuresactives de dispersion telles que lescharges à la matraque appuyées pardes véhicules blindés si le comman-dant le juge utile.

*Alors il y a lieu de prendre desmesures de désescalade en fonction dela situation afin de réduire les tensionsgénérales.

La doctrine des opérations de maintien de l’ordre de l’Armée de terre britannique

par le lieutenant-colonel Lerwill, Officier de Liaison Britannique auprès du CDES et du CoFAT

L’auteur1 a effectué 5 séjours opérationnels en Irlande duNord avec son Régiment et un autre à l’Etat-Major duQuartier Général en tant qu’Aide de Camp du GénéralCommandant les Forces Britanniques Terrestres en Irlande.L’évolution de la doctrine de l’Armée de terre britanniqueconcernant l’utilisation de la force militaire pour lesopérations de maintien de l’ordre d’aujourd’hui remontent àl’ère de la décolonisation qui a suivi la seconde guerremondiale. La tactique était rudimentaire, la menaced’attaques meurtrières ou conventionnelles était réduite auminimum et l’Armée de terre était déployée pour appuyerles autorités civiles.

Trente trois années d’expérience incomparable d’opérationsde sécurité intérieure en Irlande du Nord ont suivi, pendantlesquelles l’Armée de terre s’est trouvée successivement ensoutien des pouvoirs civils (1968-72), puis a pris ladirection des événements pendant la réorganisation de laPolice de l’Ulster alors submergée (1972-77), avant derendre la primauté du maintien de l’ordre aux autoritésciviles (1977). Cette expérience démontre bien l’idée selonlaquelle la force militaire ne devrait être déployée qu’enappui des autorités civiles, et que ceci ne constitue pas unfait de guerre. Il en découle aussi que le niveau deresponsabilité approprié est celui du chef de section et dessous-officiers. En conséquence, le besoin d’une doctrine de

niveau élevé n’est pas perçu comme une nécessité alors quela tactique et les procédures pour les opérations demaintien de l’ordre ont évolué au niveau approprié et sontpubliées dans les manuels d’entraînement, brochures etaides-mémoires. Aujourd’hui, la terminologie tient comptedes opérations potentielles de maintien de l’ordre dans lecadre des opérations de maintien de la paix, durantlesquelles les infrastructures des autorités civiles ontparfois disparu ou sont inexistantes. La nouvelleterminologie utilisée (: Opérations de Maintien de l’Ordrepublic) met l’accent sur le fait qu’elles doivent êtrepréparées avec soin pour permettre le contrôle de grossesfoules, éventuellement violentes partout dans le monde. Latactique et les procédures restent identiques, avec toutefoisun accent mis sur l’autorité de la loi et les droits del’homme. Il faut noter que toutes les troupes britanniquessont soumises à la Loi Britannique et aux Règlesd’Engagement en vigueur (ROE). L’utilisation légaled’armes anti-émeutes varie d’un Etat à l’autre et lecommandement doit s’assurer que leur utilisation repose surune base légale solide et claire, et qu’il a la délégationd’autorité pour les utiliser. Ceci est aussi valable pour lesprocédés tactiques ou toutes autres nouvelles techniquesenvisagées pour faire face aux foules et aux émeutes et toutparticulièrement si des femmes et des enfants sontimpliqués.

1 L’auteur remercie les organisations suivantes :

• la Direction Générale de la Doctrine et du Développement, • le Groupement Consultatif pour l’Entraînement Opérationnel, • le Collège Interarmées et d’Etat-Major,

• le 1er Bataillon* du Régiment Royal (de tradition) de la Princesse de Galles, • le 2ème Bataillon* du Régiment Royal (de tradition) des Green Jackets, pour

l’aide apportée lors des recherches effectuées pour la rédaction du présentarticle. (* Un bataillon britannique est sensiblement égal à l’un de nosrégiments).

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Foreign Studies

Objectif Doctrine•N° 30•p.25

The British Army doctrine for public order (PO) operations

by lieutenant-colonel Lerwill LIBLO CDES/CoFAT

The evolution of a British Army doctrine, for the use of military Force in Law & Order operations today, can be traced backto the post World war 2 era of decolonisation. Tactics were crude, the threat of lethal or conventional attack was limitedat best and the Army deployed in support of the Civil Authority. There followed 33 years of unparalleled experience ofInternal Security (IS) operations in Northern Ireland, during which time the Army found itself, successively, in support ofthe Civil Powers (1968–72), taking the lead while the overwhelmed Royal Ulster Constabulary (RUC) reorganised(1972–77), before returning primacy for Law & Order to the Civil Authority (1977). This experience supports the conceptthat military force should be deployed in support of the Civil Authorities and that it is not an Act of War. It alsoacknowledges that the level of responsibility is properly held at the platoon commander and non-commissioned officer(NCO) level. Accordingly, a need for a high level doctrine is not regarded as necessary rather tactics and procedures forIS operations have evolved at the appropriate level and are published in Training Handbooks, Pamphlets and Aide-Memoires.

Today, terminology takes account of the potential for IS operations within Peace Support Operations (PSO) where, often,the Civil Authority infrastructure has broken down or is non-existent. The new term, Public Order (PO) operations, takesforward the need to be properly prepared to control large, possibly violent, crowds anywhere in the world. The tactics andprocedures remain the same though with emphasis placed on the Rule of Law and Human Rights. It should be noted thatall British troops are subjectto British Law and thecurrent Rules of Enga-gement (ROE). The legaluse of riot control weaponsvaries from state to stateand commanders have toensure that they have afirm and clear legal basisand authority to use them.

This also applies to tacticalpractices and any noveltechniques considered todeal with crowds or riots,particularly if these concernwomen and children.

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Objectif Doctrine•N° 30•p.26

L’efficacité de la réponse graduée a étédémontrée sur le pont de Mitrovica auKosovo où une compagnie d’infanterie(du 1er Bataillon du Régiment Royal de laPrincesse de Galles) a déployé immé-diatement un dispositif lourd et a chargéles émeutiers en utilisant l’ensemble deséquipements anti-émeutes – boucliers,casques (avec visière) et des fusils-matraques ainsi que des véhiculesblindés. Une fois le pont dégagé, cettecompagnie d’infanterie a pris desmesures de désescalade et grâce à desnégociations, a restauré le calme. Dansdes circonstances similaires, une autrecompagnie d’infanterie appartenant au2ème Bataillon des Royal Green Jacketss’est déployée de manière légère, enutilisant ses Warriors (VTT) commeobstacles physiques mais aucun équi-pement anti-émeute et ainsi, en main-tenant le niveau de tension générale à unbas niveau, a maîtrisé la situation et afinalement poussé la foule à se disperser.

Cette doctrine est étayée par unestratégie de résolution précoce, mesurepréventive dont le but est d’interdire toutavantage à la foule, par une mobili-sation rapide afin de démontrer uneréponse concrète, ainsi que par undéploiement tactique efficace ayantcomme objectif de garder l’initiative etd’exploiter tout avantage, de prendrel’ascendant et se rendre maître du terraintout en gardant mobilité et souplesse.L’élément clef du succès repose sur unrenseignement et des informationsexactes et opportunes. Les situationspotentielles affectant le maintien del’ordre peuvent être anticipées à partirdes médias locaux et de l’atmosphère dumoment grâce à des contacts réguliersavec la communauté locale étayés pardes synthèses renseignement du G2 surla composition, l’état psychologique, lesintentions et la dynamique de la foule, cequi aide grandement le commandementdans ses décisions ultérieures.

LA PENSEE MILITAIRE

En dépit du rôle secondaire initial desunités de l’Armée de terre, les conceptsopérationnels de profondeur, du contact

et de l’arrière sont maintenus ainsi queles fonctions essentielles : trouver, fixer etfrapper. Les opérations dans laprofondeur créent les conditions pourmener avec succès des opérations aucontact en cherchant à miner le soutien,les intentions et les ressources de la foule. Ceci peut être effectué physiquement enempêchant des manifestants additionnelsde rejoindre la manifestation principaleou psychologiquement grâce à debonnes relations avec les communautésafin de réduire l’intensité de leurssentiments. Le but des opérationsrapprochées est d’accomplir la mission,c’est-à-dire de réprimer le désordrepublic au contact en utilisant les moyensappropriés et de revenir à la normale leplus rapidement possible. Les opérationsde sécurité des arrières garantissent laliberté d’action en protégeant la force,en assurant la soutenabilité des forces eten préservant la liberté de manœuvredes forces non engagées. C’est un desdomaines clefs car l’opération dans sonensemble pourrait être compromise si lafoule menaçait ces positions et lecommandement doit choisir des zonesd’attentes pour ses réserves et préserverleur liberté de manœuvre afin desoutenir l’effort principal.

Le fait de TROUVER est basé sur lasurveillance et les informations ; FIXERconsiste à réduire la liberté d’action dela foule pour en faciliter la dispersion ;enfin FRAPPER a pour but de disperser lafoule de manière dirigée et de lui enlevertoute possibilité de regroupement grâceà des manœuvres significatives. Lesprincipes de concentration des forces,d’action décisive, de discipline, desécurité, de C4 et de simplicité sontappliquées partout où cela est possiblelors des opérations de maintien del’ordre. Le commandement doit avoirdéployé des forces suffisantes pouratteindre l’effet désiré et être capable desurclasser la foule en atteignant unrythme de manœuvre plus élevé. La"Force" doit être perçue comme unensemble discipliné et protégé par un C4solide. La planification doit être simpleafin d’être aisément comprise par tousdans un environnement bruyant,stressant et confus.

TACHES À ACCOMPLIR

Les deux tâches à accomplir par lesmilitaires pour contrôler une foule sont ladispersion maîtrisée afin d’en empêcherl’accès à des zones jugées très impor-tantes ou instables et la dispersion activepour disperser la foule selon un itinéraireprédéfini ou dans une zone prédéter-minée. La restauration de l’ordre publicsera atteinte dans le premier cas enjouant sur le temps, les éléments météo,la fatigue et l’ennui de la foule et dans lesecond grâce à une action de "frappe"enlevant à la foule toute possibilité ouintention de se regrouper.

❖ ❖

Ainsi, derrière toute la planificationtraditionnelle des opérations dans laprofondeur, au contact et sur lesarrières/Trouver, Fixer et Frapper, lapierre angulaire de la doctrine bri-tannique concernant les opérations demaintien de l’ordre est toujours l’utili-sation proportionnelle de la force, légalementjustifiée, et la réponse graduée quipermettent au commandement dedéployer la force appropriée tout enminimisant les risques d’escalade. Cesdeux principes, conjugués avec lesoutien des autorités civiles, sont lespiliers de toutes les planifications, lesopérations et l’entraînement de l’Arméede terre britannique depuis un demi-siècle. Le comportement des unités del’infanterie britannique, en appui destroupes françaises sur le pont deMitrovica, confirme que cette doctrine estsuffisamment solide pour toute opérationde maintien de l’ordre public dans lecadre des déploiements actuels demaintien de la paix. Toutefois, des étudescontinuent à faire évoluer cette doctrinevers une forme générique qui seraitapplicable à n’importe quel théâtred’opération ●

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Foreign Studies

Objectif Doctrine•N° 30•p.27

CURRENT DOCTRINE

T he British Army doctrine is based,simply, on the reasonable andnecessary Use of Force to fit

the circumstances and the militarycommander’s ability for GraduatedResponse. The first must bejustifiable at the time, retrospectivelyand legal as well as beingproportionate to the threat. Thesecond allows a greater range ofresponses through a series ofescalatory and de-escalatory movesfrom Containment - deploying «soft’»(no riot equipment) on a LightBaseline, through Negotiations withcommunity leaders, into Disorderwhere physical confrontation beginsand limited riot equipment is used,into Dispersal - the establishment of aHeavy Baseline with the full array ofriot equipment and active dispersalmeasures such as baton chargessupported by armoured vehicles asconsidered necessary by thecommander. Then de-escalating asappropriate so as to reduce overalltensions.

The effectiveness of the GraduatedResponse was underlined on theMitrovica Bridge, Kosovo where oneBritish infantry company (1PWRR)immediately deployed with a HeavyBaseline and charged the rioters usingfull riot equipment - riot shields, POhelmets (with visor) and Baton Gun -and armoured vehicles. Havingcleared the Bridge, that infantrycompany de-escalated and, throughnegotiations restored calm. In similarcircumstances, another British infantrycompany (2RGJ) deployed soft, usingWarriors as physical barriers and noriot equipment and thus, retaining thelow level of overall tension, containedthe situation and eventually caused thecrowd to disperse. This doctrine isunderpinned by a Strategy of EarlyResolution, a pre-emptive measuredesigned to negate any advantage tothe crowd, through RapidMobilisation, to demonstrate apositive response, to Effective TacticalDeployment designed to maintain theinitiative and exploit everyadvantage, seize the moral andphysical high ground while retaining

mobility and flexibility. The keyelement to the success of this is theprovision of timely and accurateInformation and Intelligence. PotentialPO situations can be anticipated fromlocal media and the currentatmosphere through regular contactwith local community with G2 staffassessments of the composition,psychology, intent and dynamics ofthe crowd greatly assistingcommanders in subsequent decisions.

MILITARY THINKING

Notwithstanding the initial secondaryrole of Army units, the operationalconcepts of Deep, Close and Rear areretained as well as the Core Functionsof Find, Fix and Strike. Deepoperations create the conditions tocarry out successful Close Operationsby seeking to undermine the support,intent and resources of the crowd. Thiscan be carried out physically bypreventing additional demonstratorsfrom reaching the main disturbance orpsychologically by good communityrelations (CR) to lower the intensity ofthe feeling. The purpose of Closeoperations is to achieve the mission;namely the suppression of publicdisorder at close quarters, by theappropriate means and the return tonormality as soon as possible. Rearoperations ensure freedom of actionby protecting the force, maintainingsustainability of forces and retainingthe freedom of manoeuvre ofuncommitted forces. This is a key areaas the overall operation could bejeopardised if the crowd threatens thisposition and commanders shouldselect holding areas for reserves andmaintain their freedom of manoeuvreto support the main effort. FIND isbased on surveillance andinformation; FIX tasks are carried outto reduce crowd freedom of action inorder to aid dispersal; STRIKE is tocause directed dispersal and denyopportunities for the crowd to regroupwith manoeuvre being of majorimportance.

The Principles of Concentration ofForce, Decisive Action, Discipline,Security, C4 and Simplicity areapplied where possible to all POoperations. Commanders must have

sufficient forces deployed so as tohave the desired effect as well as out-manoeuvring the crowd by achievinga higher tempo. The «Force» must beportrayed as disciplined body andproperly protected with a robust C4.The plan must be simple to be clearlyunderstood by all against abackground of noise, stress andconfusion.

TASKS

The two main Tasks required of themilitary to control the crowd areContained Dispersal in order toprevent access to high value orvolatile areas and Active Dispersalin order to disperse the crowd along apre-determined route or into a pre-determined area. The restoration ofpublic order will be achieved, in thefirst case as a feature of time, theelements, fatigue and crowd boredomand, in the second case, throughactive ‘’strike’’ denying the crowd theability or intent to regroup.

SUMMARY

Thus behind all the conventionalmilitary planning of Deep, Close andRear/Find, Fix and Strike, thecornerstones of British doctrine for POoperations remain the proportionateUse of Force, legally justified, andGraduated Response which allowsthe commander to deploy appropriateforce while minimising the risk ofescalation. These two tenets, inconjunction with support of the CivilAuthorities, have been the pillars of allBritish Army planning, training andoperations for half a century.The behaviour of the British Infantryunits, in support of French troops on theMitrovica Bridge, confirms that thisdoctrine is robust enough for all POoperations within PSO deploymentstoday. Nevertheless, work continues toevolve this doctrine into a genericform, applicable to any operationaltheatre ●

The Author had 5 operational toursin Northern Ireland with his Regiment

and one on the HQ Staff as ADC to the GOC.He acknowledges the help given by DGD&D,

OPTAG, JSCSC, 1PWRR and 2RGJ in hisresearch for this article.

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Objectif Doctrine•N° 30•p.28

Un projet ambitieux pour le futur

Les centres d’entraînement (CENAD) sont définis, pour lapremière fois, dans l’Instruction d’organisation et de fonction-nement de l’Ejército de Tierra (IOFET), publiée en 1998.L’article 164 fait des organismes centraux les responsables del’aide à l’instruction et de l’entraînement des unités, ainsi quedu contrôle, de l’exploitation et du maintien en condition desmoyens de simulation et d’évaluation qui leur sont assignés. Le CENAD "San Gregorio" a donc été défini sur cette base. Lechamp de tir et de manœuvre (CTM) "San Gregorio", bienconnu de tous les militaires espagnols, est en voie de seconvertir en un centre moderne où sera hébergée la simulationvirtuelle -qui rivalise avec les véhicules, le terrain et l’ennemi-,la simulation constructive, également appelée jeu de guerre, etla simulation instrumentée, fondée sur les combats avec emploidu laser. Ainsi, le nouveau CENAD se composera dutraditionnel camp de manœuvre, de quatre champs de tirs réelset virtuels, d’une zone de combat laser, d’une autred’entraînement virtuel, et une dernière davantage tournée versl’entraînement constructif. Le commandant Ballesta2 insistesur le fait que "tout sera relié avec un centre de contrôle oùseront gérés tous les mouvements et centralisés les données desforces amies et ennemies, ainsi que tout le contrôle du CTM".

Premiers travaux

Les premiers pas du projet ont déjà été effectués. Le champ detir "BOYERO 1", destiné à l’instruction des équipages desvéhicules blindés, est opérationnel. L’infrastructure du"BOYERO 2" est réalisée, et il ne manque plus qu’à acquérirles cibles. "El COSACO", dans lequel seront conduits les

entraînements des sections blindées/mécanisées (AC/MZ), estpratiquement terminé. De même, avec l’achat des moyens desimulation instrumentée pour missiles antichars le champ detir "VALDE-FUMEROS" sera opérationnel. De leur côté, leszones de combat laser seront dotées d’une capacité pour lecombat entre un groupement tactique AC/MZ et un sous-groupement tactique possédant les mêmes caractéristiques. Destirs laser de chars de combat pourront y être effectués ; il serapossible d’y tester les effets des mines, et même des tirs àtrajectoire courbe.

Toute l’information sera acheminée jusqu’au centre de contrôleà travers un répétiteur. Pour ce qui concerne la zoned’entraînement virtuelle des unités blindées, elle sera équipéede simulateurs et de systèmes d’entraînement à la tactique, autir et à la conduite des différents matériels dont est dotél’Ejército. Il y aura également une piste de conduite et unchamp de tir laser pour l’instruction des pilotes et tireurs devéhicules blindés.

Possibilités multiples

Le CENAD "San Gregorio" offre diverses possibilitésd’exercices suivant que l’on utilise ou que l’on combine lasimulation instrumentée, virtuelle ou constructive. "Lecommandant de l’unité peut opter pour l’activité qu’ilconsidère la plus adéquate en vue d’améliorer un aspect concretde l’instruction ou de l’entraînement et, postérieurement,évaluer objectivement les résultats", explique le ColonelAsensi3. "Le simulateur ne se substituera jamais aux exercicesréels, mais son emploi conduira à une meilleure efficacité et ungain considérable au moment de passer à l’action réelle" ajoutele commandant Lamsfus4.

La simulation, un pas de plus dans la formationpar le MADOC

(commandement de l’entraînement et de la doctrine espagnol)

LE CAMP DE MANŒUVRE DE "SAN GREGORIO"1 SE CONVERTIRA EN UN CENTRE MODERNE D’ENTRAÎNEMENT BASÉ SUR LES SIMULATEURS

ET LES EXERCICES DE COMBAT AVEC LASER. LA PROFESSIONNALISATION, AINSI QUE L’ACQUISITION ET LA MODERNISATION DES

MATÉRIELS SONT DEUX DES PILIERS DE L’EJÉRCITO (ARMÉE DE TERRE) DU XXE SIÈCLE. LES TROUPES SERONT PLUS QUALIFIÉES ET

SERONT DOTÉES DE MATÉRIELS PLUS PERFORMANTS. MAIS SURTOUT, ELLES AURONT À PORTÉE DE MAIN LES MEILLEURES POSSIBILITÉS

DE FORMATION ET DE PRÉPARATION. LE MANDO DE ADIES-TRAMIENTO Y DOCTRINA (MADOC), COMMANDEMENT DE L’ENTRAÎNEMENT ET

DE LA DOCTRINE, SITUÉ À GRENADE, EST D’ORES ET DÉJÀ RESPONSABLE DE CES DEUX VOLETS. L’OBJECTIF CONSISTE À PRÉPARER DU MIEUX

POSSIBLE LE SOLDAT PROFESSIONNEL AFIN D’OBTENIR LA CAPACITÉ OPÉRATIONNELLE MAXIMALE. POUR CELA, LE COMMANDEMENT A PRIS EN

COMPTE TROIS TYPES DE FORMATION : L’ENSEIGNEMENT INSTITUTIONNEL DISPENSÉ DANS LES CENTRES ET ÉCOLES, L’ENSEIGNEMENT EN UNITÉS

ET CENTRES D’ENTRAÎNEMENT, ET L’AUTOFORMATION. “LE SECOND VOLET CONDUIT FONDAMENTALEMENT À L’IMPLANTATION D’UN NOUVEAU

SYSTÈME D’INSTRUCTION, D’ENTRAÎNEMENT ET D’ÉVALUATION. L’ÉLÉMENT LE PLUS IMPORTANT EST LE CENTRE D’ENTRAÎNEMENT, OÙ SONT RÉUNIS

DES INSTALLATIONS ET DES MOYENS DE TECHNOLOGIE DE POINTE“, SOULIGNE LE SOUS-DIRECTEUR DE L’INSTRUCTION, DE L’ENTRAÎNEMENT ET

DE L’ÉVALUATION, LE GÉNÉRAL CASTRO.

Cet article est

paru dans la revue

«TIERRA», n° 54 du

30 janvier 2001

1 NDLR : Le camp de SAN GREGORIO est le plus grand camp est le plus grand camp d’entrînement espagnol. Il s’apparente au camp national de Canjuers.2 Le commandant Ballesta est rédacteur au CROSAT espagnol.3 Le colonel Ascensi est offcier rédacteur au CROSAT espagnol.4 Le commadant Lamsfus est offcier rédacteur au CROSAT espagnol.

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Foreign Studies

Objectif Doctrine•N° 30•p.29

An ambitious project for the future

F or the first time, TrainingCenters (CENAD) are definedin the Organization and

Operation Instruction of the Ejército deTierra (IOFET), issued in 1998. Inarticle 164, central agencies are maderesponsible for units’ training support, aswell as for checking, operating, andmaintenance of simulation andevaluation assets that are attributed tothem. Thus, the "San Gregorio"CENAD has been set up on this basis.The "San Gregorio" training area andfiring range – well known by allSpanish militaries – is about to betransformed into a modern trainingcenter, where virtual simulation will belocated - which is revalising withvehicles, terrain and Forad -, as well asconstructive simulation, also calledwargaming, and live simulation, relyingon warfare with laser’s use. So, the newCENAD will be composed of aconventional training camp, of four liveand virtual firing ranges, of a lasercombat area, of another one for virtualtraining, and of a last one morespecifically devoted to constructivetraining.

Major Ballesta stresses the fact that“everything will be linked to a controlcenter, where all movements will be

centralized, and where all the datapertaining to friendly and Forad forces,as well as all the CTM control will becentralized too”.

First works

The First steps for this project have beencompleted. The "BOYERO 1" firingrange, aiming at training armoredvehicle crews, is operational. The"BOYERO 2" infrastructure is com-pleted, and only targets are to beprocured. "El COSACO", in whichtraining for armored/ mechanized(AC/MZ) platoons will be conducted, isnearly achieved. Similarly, by procuringlive simulation assets for AT (Anti-Tank) missiles, the "VALDEFU-MEROS" firing range will beoperational. For their part, laser combatareas will be granted with a capabilityfor combat warfare between an armo-red/ mechanized (AC/MZ) TacticalGroup and a sub-group organized withthe same features. It will be possible tocarry out MBT (Main Battle Tank)laser firing there, and to test the mineseffects, and even high trajectory undirectfires. All data will be forwarded to thecontrol center through a repeater.As regards to the virtual training areafor armored units, it will be equippedwith the simulators and the trainingsystems for tactics, firing and the various

equipment’s control that are fielded inthe Ejército. A driving practice track anda laser firing range will also be providedfor training armored vehicle’s driversand gunners.

Numerous possibilities

The "an Gregorio" CENAD providesvarious training possibilities, dependingupon using or combining live, virtual, orconstructive simulation. "The unit’scommander can choose the kind oftraining that he considers as mostrelevant, in order to improve a specificinstruction or training aspect, andafterwards, evaluate results objectively",Colonel Asensi explained. “A simulatorwill never replace live training, but usingit will lead to a better efficiency and to aconsiderable profit when shifting to liveaction”, Major Lamsfus added. Finally,it is a new concept that will amend andoptimize training for the new Ejército’sall-volunteer soldiers.

Simulation, another step within trainingby MADOC

(Spanish training and doctrine comand)

THE “SAN GREGORIO” TRAINING CAMP WILL BE CONVERTED INTO A MODERN TRAINING CENTER, BASED ON SIMULATORS AND MILESLASER EXERCISES. THE PROFESSIONALIZATION, AS WELL AS EQUIPMENT PROCUREMENT AND MODERNIZATION ARE TWO PILLARS OF THE

XXIST CENTURY EJÉRCITO (SPANISH ARMY). SOLDIERS WILL BE MORE QUALIFIED AND THEY WILL BE EQUIPPED WITH MORE EFFICIENTEQUIPMENT, BUT ABOVE ALL THEY WILL HAVE BETTER POSSIBILITIES AT HAND FOR TRAINING AND PREPARATION. FROM NOW ON, THE MANDO

DE ADIESTRAMIENTO Y DOCTRINA (MADOC), THE DOCTRINE AND TRAINING COMMAND, LOCATED AT GRANADA, IS ALREADY RESPONSIBLE FORTHESE TWO COMPONENTS. THE PURPOSE CONSISTS IN TRAINING ALL-VOLUNTEER SOLDIERS AS BEST AS POSSIBLE, IN ORDER TO ACHIEVE THE

BEST OPERATIONAL CAPABILITY. TO DO SO, THE COMMAND HAS TAKEN THREE TYPES OF TRAINING INTO CONSIDERATION: INSTITUTIONALTRAINING CARRIED OUT IN CENTERS AND SCHOOLS, UNIT TRAINING AND TRAINING CENTERS, AS WELL AS SELF-TRAINING. “THE SECONDCOMPONENT NECESSARILY RESULTS INTO THE SETTING UP OF A NEW SYSTEM FOR INSTRUCTION, TRAINING AND EVALUATION. THE MOST

IMPORTANT COMPONENT IS THE TRAINING CENTER, WHERE TOP TECHNOLOGY FACILITIES AND ASSETS ARE GROUPED”, GENERAL CASTRO, 2IC(DEPUTY COMMANDER) FOR INSTRUCTION, TRAINING, AND EVALUATION STRESSED.

«TIERRA»

publication, Nr 54

from January

30.,2001

Page 30: C D ENSEIGNEMENT SUPERIEUR DE L’ARMEE DE TERRE …

Etranger

Objectif Doctrine•N° 30•p.30

En définitive, il s’agit d’un nouveau concept qui modifiera etoptimisera la formation des soldats professionnels du nouvelEjército. Les premiers pas ont été effectués, mais il reste encorebeaucoup à faire. En tout premier lieu, il faut acquérir tous lessimulateurs et, ensuite, les connecter entre eux ainsi qu’avec lacartographie numérisée fournie par le centre géographique.

Le CENAD de San Gregorio sera réalisé autour de l’un destrois types de simulation, à savoir la simulation constructive ;c’est-à-dire celle qui correspond à ce que l’on a coutumed’appeler "les jeux de guerre", qui seront déployés à traverstoute l’Espagne.

Actuellement, l’Armée de terre espagnole dispose dusimulateur d’entraînement au combat (Simulador deAdiestramiento al Combate, SIACOM), qui vise à permettrel’entraînement des brigades et de leurs états-majors, ainsi quedes P.C. de leurs bataillons.

** *

Il en existe quatre unités : deux sont installées au sein de l’Ecolede Guerre (Escuela de Guerra del Ejército de Tierra) à Madrid età Saragosse ; une au sein du commandement régional des IlesCanaries à Santa Cruz de Tenerife ; et le dernier à Bétera(Valence). A la fin du premier semestre 2001, il est prévud’installer dans le camp de manœuvre de San Gregorio ladernière version de ce simulateur.

L’entraînement des commandants de bataillons et decompagnie sera conduit à l’aide du simulateur basiqued’entraînement (Simulador Básico de Adiestramiento,SIMBAD), actuellement en phase de développement. Leprototype de ce matériel est attendu pour la fin de l’année.

A plus long terme, il est prévu de développer un simulateur decombat opérationnel (Simulador de Combate Operacional,SIMCOP), dont la vocation sera d’entraîner les unités deniveau supérieur à la brigade.

Premier exercice

Planifié pour la fin de l’année 2001, il devrait faire appel à unhaut degré de numérisation. Des simulateurs de duel laser etdes moyens de simulation constructive y seront employés.L’intégration de tous ces moyens se fera au moyen d’un systèmemanuel semi-automatique ●

The first steps have been taken, but there is still much to bedone. Fist of all, all simulators will have to be procured, andthen, they will have to be integrated to one another, as well aswith the digital mapping provided by the GeographicalSurvey.

The "San Gregorio" CENAD will be based on one of the threesimulation types, i.e. constructive simulation, that is the onecorresponding to what is commonly called “wargaming”,which will be established into the whole of Spain.

Currently, the Spanish Army has the Combat TrainingSimulator (Simulador de Adiestramiento al Combate,SIACOM), which aims at enabling brigades and their staffs totrain, as well as their battalion’s CPs (Command Posts).

** *

There are four units: two of them are located in the CGSC(Command and General Staff College) (Escuela de Guerra delEjército de Tierra) at Madrid and Saragossa; one within theRegional Command for the Canary Islands in Santa Cruz deTenerif; and the last one is located in Betera (Valencia). Thesetting up of this simulator’s latest version in the San GregorioTraining Camp is planned for the end of the first half year2001. Training for battalion commanders, and for companycommanders will be carried out by using the Basic TrainingSimulator (Simulador Básico de Adiestramiento, SIMBAD),currently in development. A prototype of this piece ofequipment is expected for the turn of the year.

In the longer term, it is planned to develop an operationalcombat simulator (Simulador de Combate Operacional,SIMCOP), designed to train units of a level higher than abrigade.

First exercisePlanned for the turn of the year 2001, it should use a highlevel of numerization. Laser duel combat simulators andconstructive simulation assets will be used. The integration ofall these assets will be carried out through a semi-automaticmanual device ●

Page 31: C D ENSEIGNEMENT SUPERIEUR DE L’ARMEE DE TERRE …

Foreign Studies

Objectif Doctrine•N° 30•p.31

EXERCICES A GRANDE ECHELLE

Les moyens de simulation constructive seront déployésà travers toute l’Espagne.

Académie d’Infanterie (EAI)

Académie de Cavalerie (EAABC)

Ecole de Guerre de l’Armée de terre (↔ CSEM)

Commandement Régional des Canaries

Commandement de l’Entraînement et de la Doctrine (↔ CDES)

Ecole Logistique de l’Armée de Terre

Force de Manœuvre (↔ CFAT)

AC (acorazado = blindé)/MZ (mecanizado = mécanisé)

ACINF

ACAB

EGE

MCANA

MADOC

ELET

FMA

AC/ MZ

ACINF

ACAB

EGE

MCANA

MADOC

ELET

FMA

AC/ MZ

LARGE-SCALE EXERCISES

Constructive simulation assets will be set up in the whole of Spain.

LEXIQUE :

Infantry Branch School (French EAI)

Armor Branch School (French EAABC)

Army’s CGSC (Combined and GeneralStaff College) (↔ French CSEM)

Regional Command for the Canary Islands

Doctrine and Training Command (↔ French CDES)

Army’s Logistic School

Maneuver Force (↔ French CFAT)

AC (acorazado = armored)/MZ (mecanizado = mechanized)

LEXICON:

Page 32: C D ENSEIGNEMENT SUPERIEUR DE L’ARMEE DE TERRE …

Objectif Doctrine•N° 30•p.32

Libres Réflexions

Passé la première phase qui visait aucontrôle du milieu aéroterrestre, leKosovo a mis en exergue l'impé-

rieuse nécessité pour les forces terrestres (ouforce de puissance), de disposer d'unecapacité de gestion non militaire de la crise.S'agissant de la France, et ce fut proba-blement là l'originalité de son dispositif, ilfut décidé, dès le début de l'opérationTrident, d'adjoindre à la brigade Leclerc undétachement de Gendarmerie fort de 125hommes. Ce détachement, seconde origi-

nalité, fut lui-même composé à partir d'unnoyau dur constitué de personnels duGBGM1 à même d'intervenir sur la partiehaute du spectre de la crise (MO, RO,DOT)2, auxquels furent amalgamées descompétences particulières s'agissant no-tamment de police administrative, de policejudiciaire et de police technique etscientifique. Ainsi, le général commandant la brigadeLeclerc, disposa-t-il dès le 20 juin 1999d'une palette de moyens particulièrementriche lui permettant de faire face avec desinstruments adaptés, à n'importe quelle dessituations, dont on savait que bon nombred'entre elles échapperaient à la sphèrepurement militaire pour déborder danscelles de la sécurité et de l'ordre publics,voire de la politique. Cette complémentarité, qui s'exerce dès le20 juin lors d'une opération combinée(COS, DetGend, détachement Guépard) àl'occasion de la reprise de la caserne Stari

Trk, fut d'abord culturelle, ensuitetechnique, enfin opérationnelle.

UNE COMPLEMENTARITECULTURELLE

En effet, adossée à deux cultures différentes,d'une part celle des unités d'infanterie,avant tout formées et préparées pour lecombat et d'autre part, celle des gendarmescompétents quant à eux en matière d'ordrepublic et de police judiciaire, cettecomplémentarité permit très rapidement augénéral COMBRIG de jouer de chacun desmoyens dont il disposait pour gérer lessituations complexes auxquelles il était con-fronté et de délivrer, à chacun desprotagonistes de la crise, des messagessuffisamment clairs afin de dissuader lesplus extrémistes d'entre eux en leurmontrant les risques qu'ils auraientencourus à aller au-delà de ce qui eût ététolérable.

La complémentarité Gendarmerie-forces terrestrespar le colonel Vicaire,

commandant le premier détachement de Gendarmerie au Kosovo

LA CRISE DU KOSOVO A AGI DANS BIEN DES DOMAINES COMME UN RÉVÉLATEUR, ABOLISSANT LA FRONTIÈRE ARTIFICIELLE ENTRE LES NOTIONS DE

"PROTECTION" ET DE "PROJECTION" TELLES QU'ELLES AVAIENT ÉTÉ DÉFINIES DANS LE LIVRE BLANC.ELLE A AINSI MIS EN EXERGUE LES LIENS ÉTROITS ET LES INTERACTIONS QUI ORGANISENT CES DEUX FONCTIONS, DANS UN CONTEXTE ENVIRONNEMENTAL

EN PLEINE ÉVOLUTION OÙ LA NOTION DE GUERRE, AU SENS CONVENU DU TERME, A CÉDÉ LA PLACE À CELLE DE GESTION DE CRISES ET DE MENACES

TRANSVERSES (IMMIGRATIONS CLANDESTINES, TRAFICS, CRIME ORGANISÉ, TERRORISME,…) DONT CERTAINES TROUVENT LEURS SOURCES SUR LES THÉÂTRES

EXTÉRIEURS DANS LESQUELS SONT ENGAGÉES NOS FORCES. DÈS LORS, L'OUTIL MILITAIRE (OU FORCE DE PUISSANCE) CONTRIBUE POUR UNE PART

ESSENTIELLE À L'OBTENTION DE L'OBJECTIF POLITIQUE QUI RESTE, EN TOUT ÉTAT DE CAUSE, LE BUT ULTIME DE L'OPÉRATION. OR, POUR ÊTRE ATTEINT, CET

OBJECTIF NÉCESSITE QUE L'OUTIL SE DIVERSIFIE POUR ÉLARGIR SON CHAMP D'ACTION À D'AUTRES DOMAINES (SÉCURITÉ ET ORDRE PUBLICS, POLICES

JUDICIAIRE ET ADMINISTRATIVE,…) QUI RELÈVENT PLUTÔT DU VOLET CIVIL DE LA GESTION DE CRISE. EN D'AUTRES TERMES, IL S'AGIT D'APPORTER UNE

RÉPONSE LA PLUS COMPLÈTE POSSIBLE ET ÊTRE À MÊME DE S'ADAPTER INSTANTANÉMENT À N'IMPORTE QUELLE SITUATION. C'EST LÀ QUE RÉSIDENT LA FORCE

ET L'ORIGINALITÉ DU CONCEPT FRANÇAIS QUI DONNE AU CHEF MILITAIRE LES OUTILS ADAPTÉS, PARCE QUE DIVERSIFIÉS ET COMPLÉMENTAIRES, POUR GÉRER

AU MIEUX LA SITUATION À LAQUELLE IL EST CONFRONTÉ AVEC LE SOUCI PERMANENT DU "LENDEMAIN". C'EST PRÉCISÉMENT DANS CETTE NOTION DU

"LENDEMAIN" QUE RÉSIDE L'APPROCHE POLITIQUE DU PROBLÈME. IL S'AGIT ALORS DE NE PAS COMPROMETTRE, PAR UNE ACTION INAPPROPRIÉE PARCE QUE

DISPROPORTIONNÉE, UNE SOLUTION ULTÉRIEURE RENDUE POSSIBLE PAR LA SEULE GESTION NUANCÉE DE LA CRISE, GESTION NUANCÉE ELLE-MÊME RENDUE

POSSIBLE PAR LA RICHESSE DE LA PALETTE DE MOYENS MIS À LA DISPOSITION DU COMMANDANT DE L'OPÉRATION.

AVERTISSEMENT DE LA RÉDACTION

DANS L’ARTICLE PUBLIÉ CI-DESSOUS, LE COLONEL VICAIRE DE LA GENDARMERIE NATIONALE A BIEN VOULU NOUS FAIRE PART DE SON

EXPÉRIENCE EN TANT QUE COMMANDANT DU PREMIER DÉTACHEMENT DE GENDARMERIE AU KOSOVO. LES OPINIONS QU’IL EXPRIME

DANS SES «LIBRES RÉFLEXIONS» SONT STRICTEMENT PERSONNELLES ET NE CORRESPONDENT NI AUX POSITIONS OFFICIELLES DE LA

DIRECTION DE LA GENDARMERIE ET DE L’EMA, NI À CELLE DE L’ARMÉE DE TERRE ET EN PARTICULIER DU CDES QUI A BIEN SÛR

PRIS EN COMPTE DANS LE «MANUEL D’EMPLOI DES FORCES TERRESTRES DANS LE CONTRÔLE DES FOULES» LES DISPOSITIONS DU

PROTOCOLE SIGNÉ PAR LE CEMAT ET LE DIRECTEUR DE LA GENDARMERIE LE 20 OCTOBRE 2000 ET QUI RECONNAÎT EXPLICITEMENT

LE CONCEPT SPÉCIFIQUE AUX FORCES TERRESTRES DE «CONTRÔLE DES FOULES».

1 Groupement Blindé de Gendarmerie Mobile, Unité blindée, implantée à SATORY, composée de huit escadrons blindés, deux dotés de VBC90G (Combat), et six de VBRG(maintien de l’ordre), soit au total 89 blindés.

2 Maintien de l’ordre (MO) - Rétablissement de l’ordre (RO) - Défense opérationnelle.

Page 33: C D ENSEIGNEMENT SUPERIEUR DE L’ARMEE DE TERRE …

Objectif Doctrine•N° 30•p.33

Freedom of Speech

After the first phase that wasintended to assume control ofthe air-land environment,

Kosovo highlighted how necessary itwas for the land forces (or the powerforce) to get available a not-militarycapacity of crisis management.ForFrance, and it has probably been thespecifics of her dispsition, it has beendecided from the start of the Tridentoperation that the Leclerc Brigadewould be supplemented with a 125 menstrong gendarmerie detachment.

This detachment, second specific point,has been built from a hard core madeof GBGM1 personnel able to operate ata high risk level in the crisis spectrum(MO, RO, DOT)2, specific scope ofactivities/skills have been added tothese men in particular for admi-nistrative police, investigation, tech-nical and scientific police. Thus, the

general commanding the LeclercBrigade, has been provided from June20, 1999 with a rich and wide array ofmeans that enabled him to face anysituation with the proper tools. It wasknown that a number of thesesituations would not fall under thepurely military scope of capabilities, tocome rather close of security, law andpublic order, even of politics. Thiscomplementarity that applied fromJune 20 at the time of a joint operation(COS, Gendarmerie detachment,Guépard detachment) to retake theStari Trk barracks, has been firstcultural, then technical, and finallyoperational.

A cultural complementarity,…Backed by two different cultures, onone hand the one of Infantry units

mainly trained for and prepared tocombat and on the other hand that oneof gendarmes, experts in law and orderand investigation domains, thiscomplementarity very soon enabled thebrigade commander (COMBRIGgeneral) to play each available meansto handle the complex situations he hadto deal with, and to send to each crisisprotagonist clear enough messagesdemonstrating them how risky it couldbe to go beyond the acceptable limits.

This complementarity of the DetGengendarmes and at first the 21st RIMA(Marine Infantry Battalion), and thenthe 15/2 (Infantry Battalion) “reddevil” soldiers, went on all the best thatit developed and grew stronger thanksto a common basis of military cultureamong officers3 as well as amongNCOs, many of them coming fromArmy battalions.

French Gendarmerie and land forces complementarityby colonel Vicaire,

commander of the first Gendarmerie detachment in Kosovo

THE KOSOVO CRISIS HAS BEEN A POINTER IN MANY RESPECTS, AS IT ABOLISHED THE ARTIFICIAL BORDER THAT LAID IN BETWEEN THE “PROTECTION” AND “PROJECTION” CONCEPTS

SUCH AS THEY HAD BEEN DEFINED IN THE BLUE BOOK. IN THIS WAY IT HAS HIGHLIGHTED THE CLOSE RELATIONSHIP AND THE INTERACTIONS THAT PARTICIPATE TO THE ORGANIZATION

OF THESE TWO FUNCTIONS, IN A QUICKLY EVOLVING ENVIRONMENT IN WHICH THE WAR CONCEPT, AS ACCEPTED UP TO NOW, IS BEING REPLACED BY THE ONE OF CRISIS MANAGEMENT

AND OF TRANSVERSE THREATS (ILLEGAL IMMIGRATIONS, SMUGGLING, ORGANIZED CRIME, TERRORISM, …) SOME HAVING THEIR ROOTS IN THOSE THEATERS IN WHICH OUR FORCES

ARE COMMITTED. FROM THEN ON, THE MILITARY TOOL (OR POWER FORCE) TAKES A MAJOR PART IN ACHIEVING THE POLITICAL AIM THAT IS ALWAYS REMAINING THE FINAL OBJECTIVE

OF AN OPERATION. HOWEVER, IN ORDER TO REACH THIS OBJECTIVE, IT IS NECESSARY, TO WIDEN THE RANGE OF ACTIVITY OF THEIR CAPABILITIES TO OTHER FIELDS (SECURITY AND

PUBLIC LAW AND ORDER, INVESTIGATION AND ADMINISTRATIVE POLICE, …) THAT RATHER RELATE TO THE CIVILIAN SIDE OF CRISIS MANAGEMENT. IN OTHER WORDS, THE MATTER IS

TO MAKE AN AS MUCH COMPLETE AS POSSIBLE RESPONSE AND TO BE PREPARED TO IMMEDIATELY ADAPT TO ANY SITUATION. IN THERE LIES THE STRENGTH AND THE SPECIFICITY OF

THE FRENCH CONCEPT THAT PROVIDES THE COMMANDER WITH THE FITTED TOOLS, BECAUSE VARIED AND COMPLEMENTARY, TO HANDLE TO THE BEST THE SITUATION HE IS FACING WITH

A PERMANENT CARE ABOUT THE FUTURE. IT IS PRECISELY IN THIS NOTION OF “FUTURE” THAT LIES THE POLITICAL APPROACH OF THE PROBLEM. THEN THE MATTER IS NOT TO

JEOPARDIZE, BECAUSE OF AN OUT OF PROPORTION OR INAPPROPRIATE ACTION, A LATER SOLUTION MADE POSSIBLE ONLY THROUGH THE BALANCED CRISIS HANDLING, A BALANCED

CRISIS MANAGEMENT DUE TO THE VARIETY OF THE MEANS’ SPECTRUM MADE AVAILABLE TO THE OPERATION COMMANDER.

1 Armored group of the Mobile Gendarmerie. Armored formation located in Satory (Paris civinity), including eight armored companies, two of them equipped with VBC90G (combat)and six with VBRG (law ans order), that is a total of 89 armored vehicles.

2 Law and Order enforcement (MO), Law ans Order Restoration (RO), Military Home Defense (DOT)..3 Ten out the thirteen officers ofthe Gendarmerie Detachment had been cadets in the Coëtquidan Military Academy.

EDITORIAL FOREWORD

IN THE ARTICLE BELOW, COLONEL VICAIRE OF THE NATIONAL GENDARMERIE, HAS BEEN KIND ENOUGH TO COMMUNICATE HIS EXPERIENCE

AS COMMANDER OF THE FIRST GENDARMERIE DETACHMENT IN KOSOVO. OPINIONS HE IS EXPRESSING IN HIS “FREEDOM OF SPEECH”ARE OF A STRICTLY PERSONAL NATURE AND BEAR NO RELATION NEITHER TO THE OFFICIAL POSITIONS OF THE GENDARMERIE DIRECTING

BODY AND OF THE EMA NOR TO THOSE OF THE ARMY AND, IN PARTICULAR, OF THE CDES THAT HAS, OF COURSE, INTEGRATED TO

THE “MANUAL ABOUT EMPLOYMENT OF LAND FORCES IN CROWD CONTROL” THE MEASURES OF THE PROTOCOL JOINTLY SIGNED ON

OCTOBER 20TH 2000 BY THE CEMAT AND THE GENDARMERIE DIRECTOR AND THAT EXPLICITLY RECOGNIZES THE SPECIFIC LAND FORCES

CONCEPT OF “CROWD CONTROL”.

Page 34: C D ENSEIGNEMENT SUPERIEUR DE L’ARMEE DE TERRE …

Libres Réflexions

Objectif Doctrine•N° 30•p.34

Cette complémentarité, entre gendarmesdu DetGend et marsouins du 21ème RIMAd'abord, diables rouges du 15/2 ensuite,fut d'autant plus forte qu'elle se développapuis se renforça sur le fondement d'uneculture militaire partagée, tant par lesofficiers3 que les sous-officiers, dont bonnombre étaient issus de régiments del'Armée de terre.

UNE COMPLEMENTARITETECHNIQUE ENSUITE

Très rapidement en effet, le champmissionnel de la brigade s'élargit à desdomaines aussi diversifiés et complexes quela recherche du renseignement d'ordrepublic et judiciaire, la recherche despersonnes disparues, l'identification puisl'enlèvement des cadavres, les enquêtesrelatives aux exactions commises avantl'entrée des forces de la KFOR, l'iden-tification, la localisation puis l'inter-pellation des auteurs de ces exactions,l'ouverture et la tenue d'un centre dedétention, les opérations de recherchesd'armement et enfin les opérations demaintien de l'ordre, qui sont ous'apparentent aux domaines d'actionstraditionnels de la Gendarmerie.

Or, s'agissant des volets police judiciaire,recherches des criminels de guerre etrenseignements d'ordre public, une colla-boration s'établit d'emblée avec toutes lesunités engagées sur le terrain et plusparticulièrement avec le DETALAT, leCOS et le centre de mise en œuvre (CMO).S'agissant plus précisément du CMO, deséchanges quotidiens de renseignements,

doublés de la mise àdisposition du chef dudétachement "guerre élec"d'un moyen transmissionsgendarmerie, permit unéchange fructueux (et entemps réel) de rensei-gnements permettant deprévenir un certain nombrede troubles ou d'incidentsdont les conséquencesauraient pu être particu-lièrement graves.

** *

UNE COMPLEMENTARITEOPERATIONNELLE

Celle-ci s'exerça principalement dans ledomaine du maintien de l'ordre et fut,malheureusement, l'objet d'une polémiquedont la responsabilité, partagée, fut rare-ment le fait des unités de terrain, maistenait plutôt d’un débat corporatiste etparisien qui opposait d'une part, unevolonté affichée de conserver le monopoledu maintien de l'ordre sans réellementconnaître la réalité des contraintes liées à unengagement quotidien et d'autre part, lavolonté de s'approprier cette compétenceau prétexte d'une différence entre lesnotions de contrôle de foule et de maintiende l'ordre. Ce débat, dont il aurait pu êtrefait l'économie, était tout à la fois stérile etartificiel. Il était stérile car alimenté, d'uncôté, par une totale méconnaissance de laréalité et des contraintes qui prévalaient surle terrain et qui avaient tout naturellementamené les commandants du BIMOTO(21ème RIMA d'abord, 15/2 ensuite) et duDetGend à organiser avec l'accord dugénéral COMBRIG, un dispositif opéra-tionnel de veille permanente (BIMOTOtenait la ville et plus précisément les deuxponts) susceptible d'être renforcé en cas debesoin par les pelotons de Gendarmerie quise désengageaient alors de leurs missions derenseignements ou de polices judiciaire etadministrative.

Il était artificiel ensuite quand il voulaitopposer les notions de "contrôle de foules"et de maintien de l'ordre, ne traduisant enfait de la part de ceux qui en étaient et ensont encore les tenants, que leur propreignorance à la fois des textes4 et de ce qu'estvéritablement le maintien de l'ordre, dontl'une des modalités d'exécution estprécisément le contrôle des foules, pratiquédepuis maintenant près de huit siècles par laGendarmerie. En effet, et sans entrer plusavant dans ce débat, l'une des définitions eten tout cas la plus simpliste car considéréesous son seul aspect de l'exécution, que l'onpuisse donner du maintien de l'ordre, estcelle qui veut que "maintenir l'ordre c'estgérer et donc contrôler une foule dans unespace donné". Heureusement cette logo-machie ne trouva pas d'écho parmi lesacteurs de terrain qui, sous l'égide de leurCOMBRIG, se désintéressèrent de cetteguerre picrocholine pour développer unevéritable complémentarité opérationnellefondée sur leurs domaines d'excellencerespectifs, complémentarité qui faisait etcontinue de faire l'originalité et la force dumodèle français conçu par le général Cuche(COMBRIG premier mandat) puisdéveloppé et modélisé par le généralFalzone (COMBRIG cinquième mandat).

*Forgées au feu d'une culture commune,trempées à l'aune du soutien total apportépar leurs camarades des différents bataillonset plus particulièrement du Bat LOG,affûtées au fil des évènements dont certainsextrêmement graves (Kroï Vitaku,Supkovac, pont d'Austerlitz,…) qui se sontégrenés tout au long des mandats, lacoopération et la complémentaritéGendarmerie/forces terrestres furent exem-plaires et fondèrent l'originalité et l'effi-cacité du modèle français qu'il convientmaintenant de développer et d'approfondirsur le fondement d'expériences partagées,ainsi que l'a souhaité le CEMAT lors de sonintervention à Montluçon à l'occasion desXIIIes rencontres de la Gendarmerie le 5novembre dernier●

3 Dix des treize officiers du DetGend étaient issus des écoles de Coêtquidan.4 Article 1/IM 500. Le maintien de l'ordre a pour objet de prévenir les troubles afin de n'avoir pas à les réprimer. Il comporte avant tout des mesures préventives dont

l'importance ne doit jamais être perdue de vue. Il comporte également, si l'ordre est cependant troublé, les mesures destinées à le rétablir. Article 5/IM 500. Les mesuresd'intervention se traduisent par le déploiement de la force publique, selon des dispositifs et des techniques spécifiques destinés à contrôler, maintenir, filtrer ou interdiremomentanément la liberté de mouvement des personnes dans un espace déterminé.

Page 35: C D ENSEIGNEMENT SUPERIEUR DE L’ARMEE DE TERRE …

Objectif Doctrine•N° 30•p.35

Freedom of Speech

Then a technicalcomplementarity

As a matter of fact, quite soon, theBrigade scope of missions has enlargedto encompass such complex and variedfields as intelligence collection, aboutpublic and judicial information,missing persons, bodies identificationand removal, enquiries about atrocitiescommitted before the KFOR deploy-ment, identification, location andarrest of their authors, settling andrunning a detention center, searchingfor weapons and finally law and orderoperations, that are really, or similarto, the Gendarmerie usual tasks.

Now, concerning police investigation,search for war criminals and publicintelligence, one collaboration is rigthaway settled with all the deployed unitsand more especially with theDETALAT (Army Aviation Deta-chment), the COS and the imple-mentation center (CMO). More preci-sely about the CMO (implementationcenter) a daily exchange of infor-mation, coupled with the provision tothe electronic warfare detachmentcommander of a Gendarmerie specificcommunication set, enabled a fruitful(and real-time) exchange of infor-mation, making possible to anticipate anumber of disturbances or incidentsthe consequences of which could haverevealed most serious.

** *

An operationalcomplementarity

This one was implementedmainly in the field of law andorder and, unfortunately, flaredup a controversy, the respon-sibility of which, shared, hasvery seldom been that of theunits in the field, but was more

the result of a corporatist Parisiandebate opposing, on one side adeclared will to keep a monopolisticcontrol over law and order withoutbeing really aware of the constraints ofa daily commitment and on the otherside the will to appropriate thiscompetence on the pretext of adifference between the crowd controland law and order notions.

This debate, of no worth, has been bothfruitless and artificial. It has beenfruitless because thriving, from oneside, on a complete misreading of thereal facts and of the field constraintsthat had lead the Motorized InfantryBattalion (BIMOTO) (First the 21RIMa and then the 15/2 InfantryBattalion) and the GendarmerieDetachment (DetGend) commanders toset up with the approval of theCOMBRIG general, an operationaldisposition of forces for a permanentmonitoring (BIMOTO holding the cityand more precisely the two bridges)that could be reinforced if the needarose by Gendarmerie platoons thatthen will be relieved of theircommitment in intelligence, inves-tigation or administrative tasks. It hasbeen artificial also when intending toconfront the “crowd control”and law and order notions,proving in fact that thosedefending or still defending theidea, were totally ignorant of thebasic ministerial laws4 and ofwhat really is law and order, oneimplementation process of whichis “crowd control” that has beencarried out by the Gendarmeriefor almost eight centuries.Without going further in that

debate, one definition, the mostsimplistic one, because considering theexecution side only, is the one thatdictates: “law and order implemen-tation is to manage and then to controla crowd in a defined area”.Fortunately this logo-machy did notechoe among the field actors, whichunder the aegis of their brigadecommander did not pay attention tothis Picrochole5 type war, but set up atrue working operational comple-mentarity based on their respectivemastered fields of expertise, acomplementarity that was and stillremains the originality and the powerof the French model as conceived bygeneral Cuche (1st mandate) and thendeveloped an modeled by generalFalzone (Brigade Commander Fifthmandate).

Forged in the heat of a common culture,strengthened through a total supportprovided by their comrades from thevarious battalions and more speciallyby those of the logistic battalion (BatLOG), sharpened along events amongwhich very serious ones (Kroï Vitaku,Supkovac, Austerlitz bridge, …) that,like beads, followed each other alongthe mandates, cooperation andcomplementarity of Gendarmerie andland forces have been exemplary andgave the foundations to the originalityand to the effectiveness of the Frenchmodel that must now be developed andimproved based on shared experiencesalong with the wish of the Army chief ofstaff as expressed in his speech given inMontluçon on the occasion of the XIIIth

Gendarmerie meeting held onNovember 5 last year●

4 Ministerial instruction 500, Item 1. The object of law and order is to prevent unrest in view not to repress it. It mostly includes preventive actions the importance of which must notbe forgotten. It also includes, in case of disturbances, measures to restore order. Ministerial instruction 500, Item 5. Intervention measures are in the form of public forces deployment, in specific dispositions and techniques intended to control, to maintain, tofilter, or to momentarily forbid freedom of movement of people within a specified area.

5 Note of the translator. French literature: Gargantua written by Rabelais – a war among alcohol-addicted characters.

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Libres Réflexions

Objectif Doctrine•N° 30•p.36

Cependant, qu’observe-t-on comme évolution ? Aulieu de cultiver les savoir-faire du chefsubordonné et de redécouvrir toute la richesse des

décisions prises au contact des réalités, les forces arméescautionnent des procédés de décision et d’action auxniveaux opératif et tactique, provenant de la culturemilitaire otanienne, susceptibles de décourager touteprise d’initiative jusqu’au plus bas niveau. En effet,malgré un souci légitime de recherche de l’intero-pérabilité et de prise en compte des nouvelles contraintesde l’environnement opérationnel (politico-militaires,juridiques, médiatiques, sociologiques), ces nouvellesfaçons de décider et d’agir présentent déjà des effetspervers ("De la perversion du principe de décisionopérationnelle" - OBJECTIF DOCTRINE - janvier 2001) :suivant la personnalité du chef subordonné, s’observesoit l’inhibition des volontés d’initiative, soit l’encou-ragement à rester dans le cadre strict de la planificationpour justifier l’apathie tactique, soit, à l’extrême,l’émergence d’actions autonomes mal encadrées par lanécessaire discipline intellectuelle. En définitive, les"frictions" inévitables des opérations, dont parleClausewitz ("De la guerre" - C. von Clausewitz - Perrin -1999 - la notion de friction exclut la prétention àdévelopper le concept de "guerre géométrique", genre deguerre planifiée et supposée sans surprise majeurepuisque tout a été prévu !), ne pourront jamais êtreentièrement appréhendées par la modélisation d’unchamp de bataille numérisé. Au contraire, ellesproliféreront, notamment, à la faveur de la mise en œuvresimultanée de technologies de générations différentes, cequi nécessitera encore plus de souplesse de la part ducommandement et de réactivité pour le subordonné.

Sans nier la nécessité d’anticiper et donc de planifier, lacapacité d’initiative du chef, agissant au milieu desréalités de l’action, doit, plus que jamais, être reconnuecomme nécessaire à la réussite de la mission. Parconséquent, il devient nécessaire de plaider en faveur dela redécouverte de l’initiative du chef au contact, afin

de rester fidèle au précepte de Foch qui affirmait que "… l’envergure du chef se mesure à sa capacité, morale etphysique, de désobéissance à la lettre pour mieuxrespecter l’esprit". Ainsi, il n’est pas inutile de revenirsur la discipline intellectuelle du chef qui sous-tend ledroit d’initiative inhérent à tout échelon hiérarchique. Apartir de ce cadre strict, véritable équilibre entreresponsabilité et liberté d’action, il sera alors possible dedéfinir toute la richesse de la prise d’initiative dans lecadre opérationnel, avant de proposer quelques orien-tations qui permettraient le développement et lapérennité d’un esprit propre à inciter le chef subordonnéà des prises de décisions autonomes et courageuses.

COMPRENDRE LA NATURE DE LA DISCIPLINE INTELLECTUELLE

DU CHEF SUBORDONNE AU CONTACT

Dans le cadre des relations entre le chef et sessubordonnés, la discipline revêt un caractère particulierqui oblige ces derniers à développer leur sens de ladiscipline intellectuelle, tout en se réservant un espaced’initiative où s’exprime la volonté de comprendre lapensée du supérieur et, par tous les moyens, de latraduire en actes. Il y a une différence de niveaud’approche entre la discipline de l’exécutant et ladiscipline d’esprit nécessaire au chef subordonné. Eneffet, le lien qui unit un chef subordonné à son supérieurhiérarchique s’appelle la discipline. Celle-ci ne s’appuiepas sur le fait que le chef serait plus intelligent ou meilleurtechnicien que le subordonné. Elle se justifie en raisondu fait que celui qui commande est, par définition, placéà un échelon où il sait et voit plus loin que celui qui obéit.Pour autant, avant la décision, le devoir du subordonnéest d’exposer franchement son opinion à son chef et, unefois la décision prise, il ne doit pas se contenter d’yacquiescer du bout des lèvres. Il doit se pénétrer del’esprit des ordres plus que de la lettre.

Redécouvrir la prise d’initiative du chef au contact

par le chef d’escadrons Morin,de la 114e promotion du CSEM

L’HORIZON DE LA GUERRE EST À NOUVEAU PRÉSENT DANS LES ESPRITS. CERTES, À UNE EXCEPTION PRÈS - LE GOLFE -LES UNITÉS DE L’ARMÉE FRANÇAISE ENGAGÉES DEPUIS PRÈS DE DIX ANS AUX QUATRE COINS DU MONDE NE PARTENT PAS

"FAIRE LA GUERRE" ; ELLES "INTERVIENNENT" ! IL N’EN RESTE PAS MOINS QU’ELLES SONT PLONGÉES DANS LA VIOLENCE :GUERRE DE MOUVEMENT OU DE POSITION, URBAINE OU EN RASE CAMPAGNE, DANS LESQUELLES L’ARCHAÏQUE ET LE

BRICOLAGE INVENTIF CÔTOIENT LA HAUTE TECHNOLOGIE. AUSSI, LA MANŒUVRE ET LA VISION PERÇANTE DU CHEF AU

COMBAT REPRENNENT-ELLES EN FRANCE QUELQUES LETTRES DE NOBLESSE !("CAVALERIE DE DÉCISION" - COLONEL DESPORTES - ADDIM - 1998)

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Objectif Doctrine•N° 30•p.37

Freedom of Speech

However what evolution can we observe?Instead of developing the know-how of thesubordinate leaders and rediscovering thevalue of decisions taken when facing

realities, the armed forces support the decisionmaking and action processed at operational andtactical level based on NATO military culture andlikely to discourage any initiative taking down to thelowest level. Indeed, despite a legitimate concernabout the search for interoperability and the takinginto account of the new constraints of the operationalenvironment (pol-mil, judicial, sociological andmedia) these new ways of deciding and acting alreadyshow perverse effects ("About the perversion of theprinciple of operational decision" - OBJECTIFDOCTRINE - January 2001): depending on thepersonality of the subordinate leader one can observeeither the inhibition of his will to take initiatives or theencouragement to remain within the strict planningframework in order to justify the tactical apathy or,at worst the emergence of independent actions poorlycontrolled by the necessary intellectual discipline.Finally the unavoidable “frictions” of the operationsquoted by Clausewitz ("About war" - C. von Clausewitz- Perrin - 1999 - The notion of friction excludes thepretense to develop the concept of "geometrical war",a kind of planned war supposed to be without majorsurprise since everything has been forecast!) willnever be totally grasped by the modelization of acomputerized battle field. On the contrary they willincrease notably with the simultaneous implemen-tation of technologies of different generations whichwill necessitate still more flexibility from the commandlevel and reactivity from the subordinate one.

Without denying the necessity to anticipate, thereforeto plan the initiative capability of the leader acting inthe middle of the action realities must more than everbe recognized as necessary to the mission success.

Therefore it is becoming necessary to plead in favor ofrediscovering the initiative taking of the leader incontact in order to remain faithful to Foch’s preceptwhich states that” we can assess… the stature of aleader by his moral and physical capability to disobeythe letter of the orders to better respect their spirit”.Therefore it is not useless to come back to the leader’sintellectual discipline which underlies the right toinitiative inherent to any hierarchic level. From thisstrict framework, a true balance between respon-sibility and freedom of action, it will then be possibleto define all the richness of initiative taking in anoperational framework before proposing somedirections that would enable the development and thedurability of a state of mind that will incite thesubordinate leader to make independent and bravedecisions.

UNDERSTANDING THE NATURE OF THE INTELLECTUAL DISCIPLINE

OF THE LEADER IN CONTACTIn the context of relations between the leader and hissubordinates, discipline assumes a particular charac-teristic that compels the latter to develop their sense ofintellectual discipline while keeping a space forinitiative in which is expressed the will to understandthe thought of the superior and by all means totranslate it into acts. There is a difference in thelevel of approach between the discipline of theperformer and the discipline of mind necessary tothe subordinate leader. Indeed the link uniting asubordinate leader to his hierarchic superior is calleddiscipline. This one is not bsed on the fact that theleader should be more intelligent or better technicianthan the subordinate. It is justified by the fact that theone in command is by definition placed at a levelwhere he knows and sees farther than the one whoobeys.

Rediscovering initiative taking by the leader in contact

by major Morin,the 114th year Higher Staff College course

THE HORIZON OF WAR IS ONCE MORE PRESENT IN ALL MINDS. OF COURSE, WITH JUST ONE EXCEPTION – THE GULF-WAR THE FRENCH ARMY UNITS COMMITTED FOR THE LAST TEN YEARS ALL AROUND THE WORLD DO NOT GO “TO

MAKE WAR” BUT THEY “INTERVENE”! NEVERTHELESS THEY ARE CAUGHT IN VIOLENCE, A WAR OF MOVEMENT OR WAR

OF POSITION, EITHER URBAN OR OPEN COUNTRY IN WHICH ARCHAISM AND INVENTIVE DO-IT- YOURSELF LIVE SIDE BY

SIDE WITH HIGH TECHNOLOGY. THUS MANEUVERING AND THE LEADER IN CONTACT’S SHARP VISION ARE AGAIN

GAINING CREDIBILITY IN FRANCE! («CAVALRY OF DECISION» - COLONEL DESPORTES - ADDIM - 1998).

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Libres Réflexions

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Foch rappelait à ses élèves "… qu’être discipliné ne veutpas dire qu’on ne commet pas de faute contre ladiscipline, mais bien qu’on entre dans la pensée, dans lesvues du chef qui a ordonné…" ("Principes de la guerre" -F. Foch - A. Martel - 1996). Pour cela, la mission doit êtreclaire, assortie d’une exécution fondée sur une intentiondu supérieur étayée par un effet majeur pertinent. Cettecondition est impérative pour que l’exécution d’un ordrepuisse être enrichie par l’initiative. Parallèlement, lesubordonné, investi de responsabilités, doit pratiqueravec zèle l’abnégation nécessaire au travail d’équipe ens’employant à exécuter les ordres avec la même ardeurintelligente et loyale que si la solution adoptée était lasienne. Certes, le commandement dans l’armée est délicatcar, aujourd’hui, à l’image de l’évolution de la société, latension entre le collectif et l’individuel y est de plus enplus aiguë. De plus, l’abondance d’informations,disponibles à tous les niveaux, pousse certainssubordonnés à agir d’une manière plus ou moinsautonome en croyant être suffisamment renseignés. Ainsi,le chef subordonné doit s’attacher à s’autocensurer enmettant exclusivement son intelligence au service del’efficacité du travail d’équipe, tout en s’abstenantd’interpréter des décisions, dont les éléments luiéchappent, et d’extrapoler trop rapidement les ordres.Alors, mais alors seulement, le subordonné peutexercer, la conscience tranquille, le droit d’initiativeinhérent à tout échelon hiérarchique, si humble soit-il.Le général Lagarde affirmait que : "L’initiative est laforme supérieure de l’obéissance, une fois épuisées toutesles ressources de la pensée". C’est à cette condition que lechef peut et doit s’affranchir des ordres reçus, lorsqueces ordres lui semblent dépassés par l’événement, et qu’iln’a ni le temps, ni les moyens d’en référer à son chef.Churchill y souscrivait quand il disait de l’amiralJellicoe, le très prudent commandant de la Home fleet àla bataille du Jutland : "Quel dommage qu’il n’ait pas sudésobéir !". L’équilibre entre responsabilité et libertéd’action étant réalisé, l’initiative peut apporter sa quote-part au succès de l’action, de la manœuvre, notammentpar la saisie d’opportunités psychologiques ou tactiquesdans l’esprit de la mission.

LA RICHESSE APPORTEE PAR LA PRISE D’INITIATIVE DU CHEF SUBORDONNE

Les prises d’initiatives du subordonné réduisent lesespaces d’imprévu et de hasard inhérents à touteopération militaire en permettant l’adaptation de l’actionet des moyens mis en œuvre. Dans ce contexte de synergiedes volontés et de réactivité sur le plan tactique,l’initiative se met, alors, au service de la manœuvre enfavorisant la mobilité et la rapidité, fondements del’efficacité des dispositifs de contrôle et de défense ou desmouvements offensifs dans le cadre des engagementsfuturs ("Perspectives tactiques" - Guy Hubin - Econo-mica - 2000). Inévitable lors du déroulement des

opérations, même en ces temps de numérisation du champde bataille et de boulimie planificatrice, la part de"frictions" s’estompe grâce à la réactivité des subor-donnés. Lors des campagnes de la guerre de successiond’Autriche en 1740, le maréchal de Saxe disait "… laguerre est une science couverte de ténèbres dansl’obscurité desquelles on ne marche point d’un pasassuré ; la routine et les préjugés font le lit de cettepénombre…" ("Maréchal de Saxe : mes rêveries sur l’artde la guerre" - Aujourd’hui - 1977). Le chef au contact desréalités, utilisant sa marge de manœuvre, est capable deréduire l’emprise des contingences de la guerre, mieux, ilest susceptible d’éclairs de génie et de transformer unedébâcle annoncée en victoire. En 1800, durant ladeuxième campagne d’Italie, l’intervention de la divisionDesaix marchant au canon à Marengo a fait basculer ledestin sauvant, ainsi, la campagne du général Bonaparte("Napoléon" - J. Tulard - Fayard -1997). Depuis juin1999, les capitaines et leur unité opérant en contrôle defoule à Mitrovica, directement en prise avec les difficultésde maîtrise de la violence, tentent d’éclairer de leur "bonsens commun", sorte de génie du chef subordonné, dessituations qui pourraient dégénérer très facilement enguerre civile incontrôlable.

A cet égard, l’initiative des chefs au contact est précieusepour adapter les moyens à la réalité du terrain etréorienter rapidement l’action en fonction de l’étatfinal recherché. Dans l’environnement actuel où sedéveloppent les crises, les unités sont souvent plongéesdans des conflits dissymétriques : les antagonismess’expriment du "faible au fort", ce qui veut dire que,contre la haute technologie, la rusticité tente de rendrecoup pour coup. Toutefois, face aux opinions publiques etaux médias, dans le cadre de la "guerre du sens", lesarmées ne peuvent plus se permettre d’écraser unemouche avec un gant de boxe. Ainsi, les interventionsd’aujourd’hui ressemblent à des "guerres de capitaines"("Exercice du métier des armes dans l’Armée de terre :Fondements et principes - "EMAT - 1999 "…en maîtrisede la violence, l’excellence professionnelle et l’initiativesont requises…"). La force maîtrisée ressort, notamment,d’initiatives légitimes prises au contact, car l’ascendantmoral découle en partie de la relation d’homme à homme ;le chef au contact a donc un rôle important à jouer,particulièrement en maîtrise de la violence où les mesuresnécessaires à la stabilisation ou à la séduction ne peuvents’apprécier qu’au contact et non par moyens satellitaires.En outre, la possibilité de montée aux extrêmes sanspréavis oblige à une vigilance de tous les instants, posturede vigilance qui n’appartient qu’aux subordonnés seulscapables de palper véritablement le pouls desbelligérants. Dans ce contexte de forte réactivité tactique,la prise d’initiative se met au service de la manœuvrepar sa capacité à favoriser la mobilité et la rapidité,facteurs qui représentent les deux conditionsprimordiales du succès pour les penseurs de la guerredirecte ou indirecte d’hier et d’aujourd’hui.

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Freedom of Speech Nevertheless, prior to the decision, it is the duty of thesubordinate to frankly express his opinion to hisleader and once the decision taken he must not becontent with grudgingly agreeing. He must in hismind the spirit of the orders better than the letter.

Foch used to remind his students “… that to bedisciplined does not mean that we do not make faultsagainst discipline but clearly that we enter thethought, into the views of the leader who gave theorders…” (" Principles of war "F. Foch - A. Martel -1996). For this the mission must be clear,accompanied with an execution based on a superior’sintent supported by a pertinent major effect. Thiscondition is mandatory so that the execution of anorder will be enriched by initiative.

In parallel, the subordinate being entrusted withresponsibilities must zealously practice theabnegation necessary to teamwork by trying toexecute the orders with the same intelligent and loyalardor as if the adopted solution was his. Of coursecommanding in the Army is tricky because-today, asthe evolution of the society, the tension betweencollective and individual is more and more acute.Moreover, the abundance of available information atall levels leads some subordinates to act in a more orless independent way because they believe to besufficiently enough informed. Therefore thesubordinate leader must pay attention to practiceself-censorship by placing exclusively his intelligencein the service of the teamwork while abstaininginterpreting decisions wich elements escape hisattention and too quickly extrapolate the orders.

Then, but only then, the subordinate can exercise,with a clear conscience, the right to initiativeinherent in any hierarchic level whatever humble itmay be. General Lagarde stated that: “Initiative isthe highest form of obedience once all the thoughtresources have been exhausted.” At this condition theleader can and must be rid of the received orderswhen these orders seem to be overtaken by the eventswhile he has neither the time nor the means to contacthis commander.

Churchill agreed to that when he said about AdmiralJellicoe the very cautious Home Fleet commander atthe Jutland battle : “What a pity that he did not knowhow to disobey!”. The balance between responsibilityand freedom of action being completed, initiative canbring its part to the success of the action, of themaneuver, notably by taking psychological or tacticalopportunities within the mission spirit.

THE RICHNESS BROUGHT BY INITIATIVE TAKING OF THE SUBORDINATE LEADER

Subordinate initiative taking reduces the space of theunexpected and of chance inherent in any militaryoperation by making possible the adaptation of theimplemented action and means. In this context ofsynergy of wills and of reactivity on the tactical plan,initiative is then supporting the maneuver by favoringmobility and rapidity, the bases for the efficiency ofcontrol or defense systems or of offensive movementswith in the framework of future engagements.("Tactical perspectives" - Guy Hubin - Economica -2000). Unavoidable during the course of theoperations even in these times of battlefieldcomputerization and of planning bulimia, the part ofthe “frictions” becomes blurred thanks to thereactivity of the subordinates. During the campaignsof the Austrian succession war in 1740, Marshall deSaxe ("Maréchal de Saxe: my dreams about the art ofwar" - Aujourd’hui - 1977) said: “…war is a gloomcovered science in the darkness of which one does notwalk with a firm pace, routine and preconceptionspaving the way for that half-light…”.

The leader facing realities by using his maneuveringspace is able to reduce the influence of the warcontingencies, and even better he may have strokes ofgenius and transform a predicted rout into victory. In1800 during the second campaign of Italy theintervention of the Desaix division marching to theguns at Marengo change the destiny balance thussaving general Bonaparte’s campaign. ("Napoléon" -J.Tulard-Fayard-1997). Since June 1999 captains andtheir units performing crowd control missions inMitrovica, directly facing the difficulties of masteringviolence, try with their “true common sense”, a kindof genius spirit of the subordinate leader, toundserstand situations that might very easilydegenerate into unmanageable civil war.

In this respect the initiative of leaders in contact isvaluable to adapt the assets to the reality in the fieldand to quickly reorient the action depending on theexpected end of state. In the present environmentwhere crisis are developing, units are often involvedin asymmetrical conflicts: antagonisms are expressedfrom the “weak to the strong” which means thatagainst high technology rusticity tries to return blowfor blow. Nevertheless, against public opinions andmedias within the framework of the “meaning war”,the armed forces can no longer afford to crush a flywith boxing gloves.

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Libres Réflexions

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A l’aube du renouveau de la manœuvre et des opérationsdans la profondeur, plutôt que de s’orienterexclusivement vers le développement d’une panopliepléthorique de systèmes dans le but de décider juste etintime, il faut se recentrer sur la vision tactique du chef.L’exemple de la Blitzkrieg menée par le général Guderianen est une illustration parfaite ("Victoires perdues" - E.von Manstein - Plon - 1958). En effet, cette forme de manœuvre nécessite une grandeagilité de décision et d’exécution, surtout lors de la phasede pénétration où chaque unité doit s’adapter auxcirconstances du moment, la plupart du tempsimprévisibles. Toute décision doit être prise avec unminimum d’informations, d’autant plus que lesconséquences de chaque action sont marquées par undegré d’incertitude. Celui qui commande, à quelqueniveau que ce soit, doit faire preuve d’initiative et decourage. Il ne doit pas rechigner à prendre des risques, lamarge de manœuvre de chacun est donc relativementgrande.

En septembre 1939, au cours de l’offensive en Pologne,dans les landes de Tucholska, le général Guderian pritacte en personne d’une initiative d’un subordonné qui fitgagner du temps et des vies humaines : "Mon général, […]l’ennemi occupe faiblement la rive du fleuve. LesPolonais ont mis le feu au pont, mais je l’ai éteint moi-même avec mon char. Ils peuvent encore le franchir. Laprogression échoue pour une seule raison : personne ne laconduit. Vous devriez aller voir vous-même, mongénéral !" […]. Il donnait très bonne impression et sesyeux inspiraient confiance. Pourquoi un petit sous-lieutenant n’aurait-il pas découvert l’œuf de ChristopheColomb ? Je [général Guderian] suivis son conseil."("Souvenirs d’un soldat" - H. Guderian - Plon - 1951).Aujourd’hui, le temps est venu d’encourager l’espritd’initiative chez le chef au contact, et de promouvoir avecinsistance des bases de réflexions désinhibitrices afind’effectuer un travail de fond qui s’avère vital auprès deschefs subordonnés, maillons essentiels de l’exécutiondans le cadre de la bataille des volontés ("Pour qui meurt-on ?" - E. de Richoufftz - Addim - 1999).

SENS TACTIQUE, LIBERTE ET CONFIANCE POUR TROUVER

UN LIEN ENTRE LA PENSEE ET L’ACTION

Tout subordonné, appelé à exercer des responsabilités,doit comprendre l’ordre, savoir de quelle démarche ilressort, et dans quelles conditions il a été donné, ceci afinde pouvoir prendre toutes les initiatives inhérentes à sonniveau de responsabilité. Pour cela, le chef subordonnédoit développer son sens tactique, s’intéressant à la lettreet à l’esprit de la mission. En outre, il doit évoluer dansle cadre d’un commandement renouvelé privilégiant la

liberté d’action et la confiance afin de lui laisser unemarge de décision propre où trouvent à s’épanouir satechnique et sa personnalité : ceci pour que toutes lesénergies tendent vers la recherche de la pensée pourl’action.

Prendre une initiative, c’est, avant tout, appliquer unsens tactique développé qui donne la capacité et lecourage d’aller au-delà de la lettre pour respecterl’esprit !

Pendant la guerre du Yom Kippour, au moment où Tsahalprend l’offensive, le 15 octobre 1973, le général Sharon"désobéissant" aux ordres de l’état-major, parvient às’engouffrer dans une brèche et à franchir le canal deSuez grâce à une audacieuse manœuvre visant à isoler lesIIe et IIIe armées égyptiennes ("La guerre israélo-arabede 73" - Economica - 1999). Les deux jours suivants,Tsahal engage plusieurs centaines de blindés sur la riveafricaine et, dans un mouvement tournant, détruit lesbatteries de missiles SAM et encercle la IIIe arméeégyptienne demeurée sur l’autre bord. Par conséquent, laformation tactique des chefs subordonnés doit constitueren permanence une priorité, se densifier et s’appuyer surle retour d’expérience afin de donner une base solide auxprises d’initiative. Au-delà de la formation, il ne tientqu’au commandement d’écarter les subordonnésemphatiques et timorés. Dans ce cadre, l’exercice ducommandement doit évoluer et se fonder sur la libertéd’action, la compétence et la confiance : diriger,commander, mais aussi, laisser libre (Colloque sur«Diriger et commander au XXe siècle» - J.P. Masseret -secrétaire d’Etat à la défense).

L’exercice solitaire du commandement ou l’établissementd’un rapport de force doit plus que jamais céder la placeà l’impulsion d’une dynamique afin de garantir laliberté d’action du chef subordonné. En effet, le mondesemble s’ouvrir grâce en partie aux nouvellestechnologies, facilitant les actions transverses et dévoilantde larges marges d’initiative. On aurait pu penser quecette ouverture s’accompagnerait intrinsèquement de ladisparition des petits chefs, oppresseurs paralysés par lesenjeux, des tyrans qui harcèlent leurs subordonnés : iln’en est rien.

Par conséquent, dans un monde où le pouvoir est de plusen plus partagé et s’exerce au travers de réseauxcomplexes, deux écueils sont à éviter : la dilution desresponsabilités, et surtout une conception jalouse etpossessive du commandement. Il faut déléguer sansdisperser et contrôler sans paralyser. C’est la conditionprimordiale pour, à la fois, garantir le succès de la miseen œuvre des décisions et laisser, à chaque niveauhiérarchique, un espace de responsabilité et d’initiative.L’adhésion obtenue est essentielle pour mobiliser lesénergies de l’équipe et laisser l’appropriation par chacunde l’objectif global.

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Freedom of Speech Therefore today’s interventions look like “captainswars” ("Soldiering in the Army: foundations andprinciples" - Army staff - 1999 - "…to master violence,professional excellency and initiative are required …".The mastered force comes notably from legitimateinitiatives taken when in contact, because the moralascendancy comes in part from the relation from manto man; the leader in contact has therefore animportant role to play..), especially as regard tomastering violence when the necessary measures tostabilize or to attract can only be assessed when incontact and not via satellite assets.

Besides, the possibility of escalating to extremeswithout notice leads to a permanent vigilance thatbelongs to subordinates, the only one’s able to reallytake the pulse of the belligerents. In this context ofstrong tactical reactivity, initiative taking is placingitself in the service of the maneuver by its capacityto favor mobility and rapidity factors whichrepresent the two primary conditions for success forthe yesterday and today thinkers of the direct orindirect war. At the dawn of the renewal of maneuverand operations in the depth instead of exclusivelymoving towards the development of a plethoric rangeof weapon system systems in order to decide correctlyand in time, we must refocus on the leader’s tacticalvision. The Blitzkrieg example conducted by generalGuderian is one perfect illustration thereof ("Lostvictories" - E. von Manstein - Plon - 1958). Indeedthat type of maneuver requires a great decision andexecution agility, mainly during the penetration phasewhen each unit must adapt itself to the currentcircumstances most of the time unpredictable. Anydecision must be taken with a minimum of informationas the consequences of each action are marked by adegree of uncertainty. The one in command whateverlevel must show initiative and courage. He must notbalk jib at taking risks, the scope of maneuver foreach one is therefore relatively large. In September1939 during the offensive in Poland through theTucholska moors, general Guderian personallyrecorded the initiative of one subordinate which savedtime and human lives: “Sir […] the enemy is weaklyoccupying the river Banks. The Poles set the bridge inflames but I personally extinguished it with my tank.

They can still cross it. The advance is failing for onesole reason: nobody is leading it. You should come andsee by yourself Sir!” […]. He was giving me a verygood impression and his eyes were inspiring me withconfidence. Why shouldn’t a lieutenant havediscovered the Christopher Colombus’egg? [GeneralGuderian] followed his advice.” ("A soldier’s remem-brances" - H. Guderian - Plon - 1951).

Today it is time to encourage the initiative spirit of theleaders in contact and to promote with insistencebases for non inhibiting reflections in order to go tothe heart of the problem, work which proves vital tothe subordinate leaders, the essential execution linkswith in the wills battle ("Whom do we die for?" - E. deRichoufftz - Addim - 1999).

TACTICAL FEELING, FREEDOM ANDCONFIDENCE TO FIND OUT A LINK BETWEEN

THINKING AND ACTING

Every subordinate destined for assumingresponsibilities must understand the order, knowwhich process it is coming from and in whichconditions it has been given, all this in order to be ableto take all initiatives inherent to his level ofresponsibility. For that the subordinate leader mustdevelop his tactical feeling by paying attention both tothe letter and to the spirit of the mission. Besides hemust evolve within the framework of a renewedcommand favoring freedom of action and confidencein order to leave him with his own decision room inwhich his technical capability and personality willopen out: this for in order to bend all energies towardsthinking for action.

Taking initiative is first of all to apply a welldeveloped tactical feeling which gives capacity andcourage to go beyond the letter to respect the spirit!

During the Yom Kippur war when Tsahal tookoffensive action on 15th October 1973, general Sharon“disobeying” the orders of the General Staffsucceeded in dashing through a gap and crossing theSuez canal thanks to a bold maneuver aiming atisolating the IInd and IIIrd Egyptian armies ("The 73israelic-arabian war" - Economica - 1999). During thetwo following days Tsahal engaged several hundredsof tanks on the African bank and by a turningmovement destroyed the SAM missile batteries andsurrounded the IIIrd Egyptian army still on the otherbank. Therefore the tactical training of the subordinateleaders must permanently be a priority, be increasedand rely on the experience feedback in order to give toinitiative taking a solid base. Beyond training it is thecommand’s role to remove the bombastic and timoroussubordinates. Within that framework leadership mustchange and be based on freedom of action,competence and confidence: to lead, to commandbut also to let free (Meeting about "leading andcommanding in the XXth century" - J.P. Masseret -Defense state secretary).

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Libres Réflexions

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En fait, il ne s’agit pas d’étendre le champ des délégationsofficielles car l’obligation du compte-rendu pourrait nepas être respectée, mais de tenir compte du principe desubsidiarité ("Exercice du métier des armes dans l’Arméede terre : Fondements et principes "- EMAT - 1999"… laconception possessive du commandement est contreproductive…") qui est appelé à tenir une placeprépondérante dans les relations entre décideurs etexécutants. A cette impulsion doit s’ajouter lareconnaissance de la compétence de chacun à sonniveau, ce qui signifie faire confiance. En d’autrestermes, oser confier des responsabilités aux subor-donnés, c’est accepter le droit à l’erreur. En effet, le vraichef se reconnaît dorénavant dans son aptitude nonseulement à écouter et convaincre, mais aussi à faireconfiance a priori et créer une ambiance de travailpropice à l’efficacité du groupe. Aussi, le chef doit-ilcomprendre et couvrir l’initiative malheureuse. Il rectifiealors sans nier la bonne volonté, s’assure que les ordresdonnés sont compris, ainsi que la finalité du butrecherché. Aujourd’hui, il faut beaucoup de courage auxchefs militaires pour assumer, à la fois, leurs respon-sabilités et les erreurs de leurs subordonnés, surtoutquand les juges nationaux et internationaux guettent lamoindre entorse au droit1 et imposent aux opérationnelsdes contraintes juridiques inhibitrices. Il faut souhaiterque ce courage perdure malgré les orientations juridiquesinternationales décidées en ce début du XXIe siècle.

*En définitive, sens tactique et commandement renouveléconcourent à épanouir le chef placé au contact desréalités des opérations sur le terrain afin qu’il puissepenser l’action à son niveau. En effet, maîtrise,

cohérence et efficacité sont l’apanage des unités com-mandées par des chefs épanouis. En août 1944, le généralG.S. Patton se distingue par ses capacités offensives ets’affirme comme un général privilégiant le courage etl’initiative, outrepassant lui-même volontiers les ordresqui lui sont assignés, mais réussissant, grâce à son géniemilitaire et à l’enthousiasme insufflé à ses hommes, eux-mêmes prompts à l’audace, à rétablir des situationssouvent défavorables, comme lors de la contre-offensivedes Allemands dans les Ardennes de décembre 1944 àjanvier 1945. Cette conception de l’initiative peutdéranger le politique, inquiéter les grands subordonnés,mais la guerre des volontés ne se gagnera qu’à ce prix ! Ilfaut ralentir les tendances lourdes actuelles qui font quetout se passe, en France, comme si la pensée stratégiquemilitaire tout entière tournée, à la fois, vers lagéopolitique et l’interopérabilité avec l’OTAN, parfois audétriment de notre culture militaire, et vers les glosesdoctrinales et le développement des moyens techniques,évitait de penser l’"agir", pour reprendre le terme dugénéral Poirier ("Crise des fondements" - Gl Poirier -Economica - 1994).

Ces dix dernières années ont vu les forces arméess’adapter avec courage et pertinence aux nouveauxcontextes internationaux et aux nouveaux acteurs descrises. Cependant, cette refondation, sans revenir sur sonutilité indéniable, a tendance à reléguer un peu trop viteau dernier plan les vieux réflexes guerriers ("L’art de laguerre par l’exemple, stratèges et batailles" - F. Encel -Flammarion - 2000). Malgré la culture militaireaméricaine hégémonique, stigmatisée par la Revolution inthe Military Affair (RMA), où la guerre se veut "stand-off", "high tech", "non lethal" ou "without casualties",fidèle à l’esprit inventif et frondeur du militaire français,chacun doit, à son niveau, réaffirmer la prédominance dugénie tactique et de la prise d’initiative sur la pensée

unique du "micro-management" et de la guerreindustrielle, dite "presse bouton". Encore faut-ilque les chefs subordonnés s’imprègnent enpermanence de l’acte d’abnégation que constitue ladiscipline intellectuelle, fondement de l’équilibreentre responsabilité et liberté ! Au début du XXIe siècle et avant que les conceptsparalysants ne fassent leur œuvre, il s’avèrefondamental de redonner de l’élan à l’initiativeafin que les chefs subordonnés ne soient pas réduitsà l’état d’exécutant. Pour cela, les décideurs, nepouvant plus faire autrement que de déléguer pluset faire confiance a priori, doivent développerl’enseignement d’une culture de responsabilitéau profit des chefs subordonnés, complétant laculture d’autorité, à laquelle il ne faut en aucuncas renoncer ■

1 "Exercice du métier des armes dans l’Armée de terre : Fondements et principes" - EMAT - 1999 - Le citoyen-soldat est susceptible de répondre de ses actesen opération devant les tribunaux [références : lois de la république, lois internationales et usages de la guerre]

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Objectif Doctrine•N° 30•p.43

Freedom of Speech Lonesome leadership or power struggle establishmentmust more than ever be replaced by a dynamicsimpetus in order to guarantee the subordinate leader’sfreedom of action. Indeed the world seems to beopening thanks partially to the new technologieswhich facilitate transverse actions and disclose largerooms for initiative. One could have thought that thisopening would have been intrinsically accompanied bythe disappearance of the little chiefs, oppressorsparalyzed by the stakes, tyrants who harass theirsubordinates: nothing att all. Therefore in a worldwhere power is more and more shared and is exercisedthrough complex networkd, two stumbling blocks mustbe avoided: diluting responsibilities and above all ajealous and possessive conception of Leadership. Onemust delegate without dispersing and control withoutparalyzing. This is the primary condition forguaranteeing the implementation success of thedecisions and at the same time for leaving to eachhierarchical level some room for responsibility andinitiative. The obtained adherence is essential tomobilize the team energies and to make everyoneadopting the global objective. Indeed the aim is not toextend the field of the official delegations as thereporting obligation might no longer be respected but totake into account the subsidiarity principle("Soldiering in the Army: Foundations and princi-ples" - Army staff - 1999 - "… the possessive conceptionof the command is counter productive…".) which is setto take a preponderant place in the relations betweendecision makers and performers. To this boost must beadded the competence recognition of each one at hisown level which means to trust. In other words to daregiving responsibilities to subordinates is accepting theright to be wrong.

Indeed the true leader is from now on to be recognizedby his capability not only to listen and convince butalso to trust a priori and to create a workingatmosphere proper to the group efficiency. Thus theleader must understand and cover up any unfortunateinitiative. Then he corrects without denying the goodwill, makes sure that the given orders are wellunderstood as the aim of the expected goal. Today themilitary commanders must have a lot of courage toassume both their responsibilities and theirsubordinates’ errors expecially when national andinternational judges are watching for the smalleststretching of the law rules ("Soldiering in the Army:Foundations and principles" - Army staff - 1999 - Thecitizen-soldier may respond for his acts in operation infront of the courts (References: Laws of the Republic,international laws and war habits) and dictateinhibitating judicial constraints to the operationalpeople. We must hope that this courage will lastdespite the international judicial orientations decidedin this early XXIst century.

Finally tactical feeling and renewed leadershipconverge to open out the leader in contact with theoperations’ realities in the field so that he can thinkthe action at his own level. Indeed self-control,coherence and efficiency are the privilege of nitscommanded by leaders totally fulfilled. In August 1944general G.S. Patton was characterized by his offensivecapabilities and shows himself as a general privilegingcourage and initiative deliberately going beyond theorders he received but succeeding thanks to hismilitary genius and to the enthousiasm he inspired tohis men, themselves quick to be bold, often able to pullback unfavorable situations like during the Germancounter-offensive in the Ardennes from December 1944to January 1945. That conception of initiative maydisturb politicians, worry the main subordinates butthe struggle of wills will be won only at that price! Thepresent heavy trends must be slowed down whichresult in France is that the military strategic thinking,all-oriented both towards geopolitics and NATOinteroperability sometimes our own military culture,and towards doctrinal glosses and technical meansdevelopment, avoided thinking about “acting” toquote general Poirier’s world ("crisis aboutfoundations" - Gl Poirier - Economica - 1994).

*These last ten years have seen the armed forcesadapting themselves with courage and relevance to thenew international environnments and to the newcrisis’ actors. Nevertheless that refoundation, withoutreconsidering its undeniable utility, tends to push a bittoo fast into the background the old warrior’sreactions. ("The art of war by example, strategists &battles" - F. Encel - Flammarion - 2000). Despite thehegemonic American military culture stigmatized bythe Revolution in the Military Affair (RMA) in whichwar wants to be “stand-off”, “high tech”, “non lethal”or “without casualties”, by keeping faithful to theinventive and rebellious spirit of the French military,everyone must at his level reassert the prevalence oftactical genius and of nitiative taking on the «micromanagement» unique thinking and of the industrialwar so called “push button”. Even so, will thesubordinate leaders become impregnated withabnegation action that represents intellectualdiscipline, foundation of balance between responsi-bility and freedom! In this early XXIst century andbefore the paralyzing concepts to be effective, it isfundamental to give again impetus to initiative so thatthe subordinate leaders will not be reduced toperformers. To do so, the decision makers beingunable to do otherwise than delegating more andtrusting a priori must develop the teaching of aculture of responsibility for the subordinate leaders tocomplement the leadership culture which must underno circumstances be given up ●

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