12
Thème 3 : Enjeux planétaires contemporains Chapitre 2 : Sédimentation et milieux de sédimentation Rappel : On appelle « érosion » l’ensemble des phénomènes se déroulant à la surface du sol ou à faible profondeur qui détruit les roches superficielles et déplace les fragments obtenus modifiant ainsi le relief. Les fragments obtenus peuvent être solides ou en solution, on parle de sédiments. A retenir : Les roches sédimentaires sont des roches formées uniquement à la surface de la Terre. Elles représentent 5 % du volume de la croûte terrestre mais couvrent 75 % de sa surface. Elles se sont formées à la suite du transport et du dépôt de matériaux (sédiments, molécules) ayant appartenu à d’autres roches et qui ont subi une transformation (compaction + cimentation) appelée « diagénèse ». Il existe plusieurs catégories de roches sédimentaires : les roches sédimentaires détritiques formées par l’agglomération de fragments de roches préexistantes et liées par un ciment. Exemple : les grès. http://www.lithotheque.ac-aix- marseille.fr/Affleurements_PACA/83_permien_argens/permien_facies_la_motte.htm Photo de grès permien à La Motte

Chapitre 2 : Sédimentation et milieux de sédimentation

  • Upload
    others

  • View
    1

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Chapitre 2 : Sédimentation et milieux de sédimentation

Thème 3 : Enjeux planétaires contemporains

Chapitre 2 : Sédimentation et milieux de

sédimentation

Rappel :

On appelle « érosion » l’ensemble des phénomènes se déroulant à la surface du sol ou à faible

profondeur qui détruit les roches superficielles et déplace les fragments obtenus modifiant

ainsi le relief. Les fragments obtenus peuvent être solides ou en solution, on parle de

sédiments.

A retenir :

Les roches sédimentaires sont des roches formées uniquement à la surface de la Terre. Elles

représentent 5 % du volume de la croûte terrestre mais couvrent 75 % de sa surface. Elles

se sont formées à la suite du transport et du dépôt de matériaux (sédiments, molécules)

ayant appartenu à d’autres roches et qui ont subi une transformation (compaction +

cimentation) appelée « diagénèse ».

Il existe plusieurs catégories de roches sédimentaires :

• les roches sédimentaires détritiques formées par l’agglomération de fragments de

roches préexistantes et liées par un ciment. Exemple : les grès.

http://www.lithotheque.ac-aix-

marseille.fr/Affleurements_PACA/83_permien_argens/permien_facies_la_motte.htm

Photo de grès permien à La Motte

Page 2: Chapitre 2 : Sédimentation et milieux de sédimentation

• les roches sédimentaires physico-chimiques formées par précipitation d’éléments en

solution. Exemples : le calcaire, le gypse.

• les roches sédimentaires biochimiques formées par des dépôts minéralogiques liés à

l’action d’êtres vivants. Exemple : les calcaires polypiers (construits par des coraux).

• les roches sédimentaires combustibles formées par accumulation de matière

organique produite par les êtres vivants suite à l’assimilation de molécules en suspension

provenant de l’érosion. Exemple : le charbon, le pétrole.

Photo d’un morceau de charbon contenant un fossile.

Calcaires des gorges du verdon

Page 3: Chapitre 2 : Sédimentation et milieux de sédimentation

Etapes de la formation d’une roche sédimentaire

Quelques exemples de sédiments et de roches sédimentaires :

Page 5: Chapitre 2 : Sédimentation et milieux de sédimentation

Il existe une grande diversité de roches sédimentaires détritiques classées selon la taille des

éléments qui les constituent :

la classe des « rudites » correspond à l’ensemble des roches constituées de particules

dont le diamètre est supérieur à 2 mm.

Les éléments constituant ces roches peuvent être des « gravelles, des graviers, des

cailloux, des galets ou des blocs ». Ces sédiments meubles (communément appelé

cailloutis et graviers) vont être consolidés en microconglomérats ou en conglomérats

selon la taille des éléments.

Eléments :graviers Roche : conglomerat

La classe des « arénites » correspond à l’ensemble des roches constituées de

particules dont le diamètre est compris entre 2 mm et 63 µm et appelées « grains ».

Les grains non jointés et déposés au sol en tant que sédiments meubles sont appelés

« sables ». Une fois cimentés et consolidés ils deviennent une roche qui prend le nom

de « Grès ».

Eléments : sable Roche : grès

La classe de « lutite » ou « pélite » correspond à l’ensemble des roches constituées de

particules fines dont la taille est inférieure à 63 µm.

L’accumulation de sédiments meubles compris entre 63 µm et 4 µm est appelée « silt »

et la version consolidée est appelée « siltite ».

Page 6: Chapitre 2 : Sédimentation et milieux de sédimentation

L’accumulation des sédiments meubles <4 µm de diamètre est appelée « argile » et la

version consolidée est appelée « argilite ».

Eléments : argile Roche : argilite

©RS.2019

Page 7: Chapitre 2 : Sédimentation et milieux de sédimentation

Exemple d’étude d’une roche sédimentaire 1: le Beach rock de l’île de la Réunion

Cet échantillon est constitué de sable corallien correspondant à des débris d’origine

biologique, de débris de roches volcaniques.

Les débris d’origine biologique proviennent de l’érosion des êtres vivants constitutifs de la

barrière de corail suite à l’action des vagues (coraux, coquillages, oursins…).

Les particules de roches volcaniques proviennent de l’érosion liée à l’activité des rivières qui

traversent l’île.

L’ensemble de ces débris se cimente plus ou moins solidement grâce aux

hydrogénocarbonates présents dans l’eau de mer et qui précipitent lorsque les vagues se

brisent sur la plage.

Le ciment liant les éléments est donc calcaire car il réagit à l’acide et dégage du dioxyde de

carbone.

Cet échantillon possède des éléments de taille supérieure à 2 mm il est donc classé dans les

rudites et c’est un microconglomérat car les éléments sont de petite taille. Il est très

courant d’observer des échantillons de Beach-rock classés dans les arénites quand leurs

éléments sont inférieurs à 2 mm : on parle alors de « grès de plage ». Ils se forment au même

endroit.

Page 8: Chapitre 2 : Sédimentation et milieux de sédimentation

Exemple d’étude d’une roche sédimentaire 2: une quartzite

A l’œil nu Au microscope

Cette roche est constituée de plus de 95 % des cristaux de quartz.

Elle se forme souvent au pied des talus continentaux (en milieu marin) ou dans de grands lacs,

par accumulation des grains de quartz provenant de l’érosion de granites et transportés

par les rivières.

Son ciment est siliceux car il ne réagit pas à l’acide. Au microscope, on voit que les grains de

quartz sont jointifs. Ses éléments sont compris entre 2 mm et 63µm, c’est donc une roche de

la classe des arénites.

Étude d’une siltite à fougères :

Cette roche ne semble pas contenir de grains et est très douce au toucher. On pourrait

croire à une précipitation d’éléments chimiques cependant ne réagissant pas l’acide, on peut

affirmer qu’elle ne contient pas de calcaire. Elle s’est donc formée par dépôt de sédiments

très fins au fond d’un bassin à une distance du rivage plus importante que celle où s’est

formée la quartzite. En effet, suite à la rupture de la vitesse du courant au niveau de

l’embouchure de la rivière dans le bassin, les éléments les plus lourds se déposent en

premier et les éléments les plus légers continuent d’être transportés dans le bassin et se

déposeront plus loin. C’est une roche de la classe des pélites et c’est précisément une siltite

car ses grains sont compris entre 63 µm et 4 µm

Page 9: Chapitre 2 : Sédimentation et milieux de sédimentation

Différents milieux de sédimentation et dynamique de sédimentation :

Les roches formées dépendent donc des apports et du milieu de sédimentation.

Le tri de particules selon leur taille et leur masse sera effectué lors du transport par les

rivières ou les courants marins. L’étude du diagramme de Hjulström indique qu’en fonction de

la taille de la particule et de la vitesse du courant, cette dernière sera soit déposée, soit

transportée, soit érodée.

Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Diagramme_de_Hjulstr%C3%B6m

Page 10: Chapitre 2 : Sédimentation et milieux de sédimentation

Ainsi dans les gorges d’une rivière on observera de gros blocs car la vitesse du courant n’est

pas assez importante pour les transporter.

Gros blocs dans la partie des gorges du loup, Côte d’azur

Gorges du Loup.jpg Par Patrick Rouzet via Wikimédia Commons, CC-BY-SA-3.0,2.5,2.0,1.0 https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Gorges_du_Loup.jpg?uselang=fr

Les blocs plus petits, au fur et à mesure que la vitesse diminuera, seront donc érodés en

même temps que transportés puis uniquement transportés puis déposés quand la vitesse du

courant sera alors trop faible.

Ainsi au fur et à mesure que l’on s’éloigne de la source d’une rivière, nous allons observer des

sédiments de plus en plus fins. Les gros blocs seront déplacés voir érodés à l’occasion de

grandes crues.

Page 11: Chapitre 2 : Sédimentation et milieux de sédimentation

Gros blocs dans la partie basse de la rivière du mât, Ile de la Réunion

Lors de leur arrivée dans un lac ou un bassin maritime, suite à la rupture du courant, sous

l’effet de la gravité, il va s’effectuer un granoclassement vertical, c’est-à-dire un classement

des grains suivant leur taille décroissante de bas en haut.

Ainsi au fond d’un bassin on peut retrouver plusieurs traces de dépôts successifs présentant

chacun un granoclassement. Les roches formées appartiendront à la classe des rudites ou des

arénites.

Bloc montrant au moins trois dépôts successifs avec granoclassement :

Page 12: Chapitre 2 : Sédimentation et milieux de sédimentation

Les particules les plus légères ne participeront pas ce granoclassement et continueront d’être

entraînées par les courants marins lacustres jusqu’à ce que ceux-ci ne permettent plus de

les transporter et elles finiront à ce moment-là par se déposer donnant alors des roches

de la classe des pélites.

Au fur et à mesure des apports réalisés par les rivières, les sédiments meublent s’accumulent

couche après couche emprisonnant au passage parfois des êtres vivants qui deviendront

alors des fossiles.

Sous le poids des sédiments les plus récents provoquant un enfouissement des sédiments les

plus anciens, ces derniers vont se trouver compactés. Ce phénomène chasse l’eau des pores

diminuant ainsi l’espace entre les éléments. Les minéraux présents dans l’eau résiduelle des

pores vont alors précipiter c’est-à-dire cristalliser ce qui va réduire peu à peu la porosité,

rendant le sédiment compact et donnant ainsi naissance à une roche sédimentaire détritique.

La superposition des roches sédimentaires ainsi formées est appelée « série sédimentaire ».

©RS.2019 d’après http://geologie.discip.ac-

caen.fr/themes/TransgressionRegression/index.htm

Elle témoigne de dépôts successifs de sédiments de natures différentes et dans des

conditions géologiques et climatiques différentes. Une série de roches sédimentaires permet

ainsi de reconstituer la suite des événements et des paysages qui se sont succédés au

cours du temps.