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Chapitre 3 L’économie territoriale

Chapitre 3 Les systèmes productifs territorialisés

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Page 1: Chapitre 3 Les systèmes productifs territorialisés

Chapitre 3

L’économie territoriale

Page 2: Chapitre 3 Les systèmes productifs territorialisés

• De l’espace au territoire

– L’espace est donné • Espace = distances+emprises+masses

• Espace = ensemble de lieux préexistants à l’implantation de ressources productives

– Le territoire est une construction sociale• Territoire=un espace+ une histoire+ des acteurs+ des institutions

• Territoire= interactions socioéconomiques concourant à la production de ressources productives localisées

• Territorialisation des systèmes productifs : tendance à la co-production par les firmes et les acteurs locaux de ressources productives spécifiques à leurs territoires d’implantation et d’interaction

• Ouvrir la boite noire des « effets d’agglomération » (chapitre 1)

– Caractère mécaniste de la notion économies d’agglomération

Introduction : deux enjeux

Page 3: Chapitre 3 Les systèmes productifs territorialisés

Plan du chapitre

• Deux modèles fondateurs : districts et clusters

– Section I : Les systèmes productifs locaux

• Le modèle des districts industriels

• Les mécanismes d’encastrement et de quasi-intégration au sein des SPL

– Section II : Clusters et dynamiques territoriales d’innovation

• Le concept de cluster

• Le rôle de la géographie dans les dynamiques d’innovation

• L’exemple des pôles de compétitivité

Page 4: Chapitre 3 Les systèmes productifs territorialisés

I-A Les districts industriels

• La troisième Italie : l’émergence de «nouvelles logique de développement »– Réussite de régions jusque là à l’écart de

l’industrialisation (Toscane, Vénétie…)– « Grappes » d’entreprises spécialisées

• Agglomérations de PME• Forte spécialisation des PME sur un métier, voire un produit• Ancrage historique

– Quelques chiffres (2002) • 199 districts italiens• 85.500 entreprises (83.000 petites, 2.4000 de taille

moyenne et 75 grandes)• 52 % des effectifs du secteur manufacturier • Dynamisme économique : sur cinq ans (1996-2001)

– Croissance du nombre d'emplois dans les districts de 1 %– Contre une baisse de 15 % dans le reste du pays

Page 5: Chapitre 3 Les systèmes productifs territorialisés

La troisième Italie et les districts industriels

Source : ISTAT, 2002Source : ISTAT, 2002

Page 6: Chapitre 3 Les systèmes productifs territorialisés

I-A Les districts industriels

• Les analyses proposées par la sociologie et l’économie– La troisième Italie vue par les sociologues

(Garofoli)• L’imbrication de l’économique dans « le social » • Le rôle des relations familiales

– L'apport de Beccattini : approche économique des districts• logique d’agglomération de firmes spécialisées • rôles des interdépendances internes aux districts

Page 7: Chapitre 3 Les systèmes productifs territorialisés

I-A Les districts industriels

• La réactivation de la problématique marshallienne

• Marshall (Industry and Trade, 1919) : districts industriels = économies d’agglomération externes aux firmes

– Il identifie trois sources d’économies de localisation (liées à la spécialisation-concentration) :

• le développement de fournisseurs locaux spécialisés

• l’accès à un bassin de main d ’œuvre spécialisée

• le développement « d’une atmosphère industrielle »

Page 8: Chapitre 3 Les systèmes productifs territorialisés

I-B les mécanismes de territorialisation des systèmes productifs

• Appréhender les SPL comme un processus d’organisation industrielle spécifique

– Encastrement

– Quasi-intégration

Page 9: Chapitre 3 Les systèmes productifs territorialisés

I-B les mécanismes de territorialisation des systèmes productifs

• Le territoire comme forme « d’encastrement » de l’économique dans le social

– Les relations à l'intérieur des SPL • Mélange de concurrence et de coopération• Rapports informels : régulation par « la confiance »

– «L’encastrement» des rapports économiques dans les rapports sociaux (M. Granovetter)*

– L’activation des liens sociaux dans les rapports économiques– Le caractère localisé des réseaux sociaux

– Le territoire ou la centralité du "hors-marché"

*Granovetter M., 1985,Economic Action and Social Structure: The Problem of Embeddedness , American Journal of Sociology, 91, p. 481-510

Page 10: Chapitre 3 Les systèmes productifs territorialisés

I-B les mécanismes de territorialisation des systèmes productifs

• Le territoire comme forme de « quasi-intégration»– Désintégration verticale des firmes et problématique des

coûts de transaction : mode intermédiaire de gestion des actifs spécifiques

• Mode intermédiaire entre hiérarchie et marché

– Deux grands avantages de cette forme par rapport au mode fordiste

• Réduction des coûts de transaction (par rapport au mode marchand) • ET augmentation de la division du travail (par rapport à l’intégration

verticale)

– La spécialisation flexible : aptitude à la recombinaison productive pour faire évoluer rapidement les produits grâce aux relations construites entre acteurs locaux

• Modèle productif très adapté aux mutations structurelles des années 80-90

Page 11: Chapitre 3 Les systèmes productifs territorialisés

II-A le concept de clusters

• Le concept de « clusters » (Porter, 1990) – Origine : M. Porter The Competitive Advantage of

Nations (1990)– Définition: « une concentration géographique

d'entreprises liées entre elles, de fournisseurs spécialisés, de prestataires de services, de firmes d'industries connexes et d'institutions associées (universités, agences de normalisation ou organisations professionnelles…) dans un domaine particulier, qui s'affrontent et coopèrent »

– Le cluster est le véhicule d’un haut niveau de compétitivité

• L’analyse de la compétitivité du cluster est inspirée de celle de l’entreprise = le diamant de Porter

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II-A le concept de clusters

Page 14: Chapitre 3 Les systèmes productifs territorialisés

I-B Clusters et dynamiques locales d’innovation

• Les clusters comme écosystème favorable à l’innovation– Le caractère géographiquement localisé des flux de

connaissance• La connaissance comme ressource « localement » commune

– Nature tacite = nécessité d'interactions fréquentes (face à face)

– Complexité technologique+ complexité combinatoire = proximité indispensable (Carrincazeaux, 1999)

– Les avantages de la « variété liée » (Frenken, 2007, Boschma, 2012)

• Valeur ajoutée des clusters contemporains= interactions entre secteurs différents mais ayant des connexions technologiques

• Apparition de « systèmes locaux de compétences » multisectoriels (Grosseti, Zuliani, Guillaume, 2006)

– Des faits stylisés concordants• La tendance à l’agglomération spatiale des firmes high tech

• La concentration des citations de brevets

• Les exemples fondateurs : la Silicon Valley

Page 15: Chapitre 3 Les systèmes productifs territorialisés

L’expérience de la Silicon Valley

« la Silicon Valley repose

sur un système industriel

régional qui valorise

l’apprentissage et

l’ajustement mutuel entre

producteurs spécialisés

dans un ensemble de

technologies connexes »

(p. 126)

l’évolution comparée de l’emploi dans la

Silicon Valley et Route 128

300

250

200

150

100

50

0

1959 1965 1970 1975 1980 1985 1990

Silicon Valley

Route 128

Page 16: Chapitre 3 Les systèmes productifs territorialisés

I-B Cluster et dynamiques locales d’innovationInnovation et proximités

• L’activation d’une proximité organisée au sein des clusters

• L’école de la proximité (Pecqueur, Colletis, Zimmermann, Lung…)

– Critique de la référence mécanique à la notion de distance physique

– Distinction cruciale entre deux formes de proximité :

Géographique : proximité spatiale Organisée : lie des acteurs (individuels ou collectifs) qui

partagent une finalité et/ou un espace cognitif communs la logique d’appartenance : interactions facilitées par des

règles ou routines de comportement (explicites ou implicites) adoptées au sein d’une organisation en vue d’une finalité commune (proximité organisationnelle)

la logique de similitude : interactions facilitées par le partage d’un même système de représentations (proximité institutionnelle)

Page 17: Chapitre 3 Les systèmes productifs territorialisés

Les relations Science-industrie : les effets d’encastrement

Réseaux

sociauxInstitutions Marché Somme

Entreprise et laboratoire dans la même

région60% 20% 20% 36%

Entreprise à Paris et laboratoire dans

une autre région41% 17% 42% 37%

Entreprise et laboratoire dans deux

régions distinctes 24% 17% 59% 27%

Somme 44% 18% 38%

Source: Grossetti M., Bès MP, 2002, « Proximité spatiale et relations science-industrie : savoirs tacites ou encastrement ? », Revue d’Economie Régionale et Urbaine, 5, p777-788.

« L’illusion du local » • Il n’y a pas d’effet mécanique de la proximité géographique sur la mise au point ou la

diffusion des innovations• La proximité spatiale n’est efficace que lorsqu’elle est le support d'une proximité organisée,

via la dimension locale des réseaux d’acteurs

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I-C l’exemple des pôles de compétitivité

• Le soutien aux clusters en France : les Pôles de compétitivité

• Recherche de synergies territoriales entre: • Les organismes de recherche• Les organismes de formation• Les entreprises

• Objectifs • Développement de projets de R&D collaborative tournés

vers les marchés en croissance et les technologies émergentes

• Développement d’un écosystème local de soutien à l’innovation

• Développement de partenariats sur des projets innovants

• Plateformes communes d'innovation• Structures de transfert technologique entre recherche

et industrie• Valorisation et retombées économiques de la

recherche et de l’innovation : incubateurs, pépinières…

Page 19: Chapitre 3 Les systèmes productifs territorialisés

71 pôles de compétitivité labélisés (2018)

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Qu‘est ce qu’un pôle de compétitivité ?• Phase 1 (2005-2008) : Développement de la R&D

collaborative– Le cœur des PC : un label pour le financement de projets de

R&D collaboratifs

• Phase 2 : (2009-2012) : « pôles 2.0 »– Le développement de ressources structurantes pour

l’innovation• notamment les plateformes d'innovation

– Développement de « l'écosystème d'innovation »• financements privés de l’innovation + valorisation de la R&D

• Phase 3 (2013-2018) « Usine à croissance »– Pacte national pour la croissance : "l’ambition nouvelle des

pôles est de se tourner davantage vers les débouchés économiques et l’emploi »

– Deux nouvelles missions : • « usines à produits à d’avenir »• Accompagnement de la croissance des PME et des ETI