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Chapitre 7 - Expressionnisme Fauvisme Et Die Brucke

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Page 1: Chapitre 7 - Expressionnisme Fauvisme Et Die Brucke

S1UE4b : Histoire de l’art Enseignante : Eléonore Marantz-Jaen

CHAPITRE 7 : L’EXPRESSIONNISME : FAUVISME ET DIE BRÜCKE (Le Pont )

BIBLIOGRAPHIE COMPLEMENTAIRE

-COLLECTIF, Le fauvisme ou « l’épreuve du feu », catalogue d’exposition, Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, 2000. -MORICE Charles, DAGEN Philippe (dir.), La peinture en 1905 : « L’Enquête sur les tendances actuelles des arts plastiques », Paris, Lettres modernes, 1986.

INTRODUCTION Quelques précisions sémantiques

Le terme Expressionnisme s’est appliqué, au départ, aux peintres fauves et à d’autres artistes français. A partir de 1911, une revue allemande Der Sturm adopte ce terme pour parler des peintres français (aussi appelés les Fauves) qui exposent à la sécession de Berlin puis, sans discrimination, pour qualifier les peintres allemands sympathisant avec les premiers.

Par la suite, le terme Expressionnisme a désigné, avant tout, l’art allemand et ceux des pays germaniques ou belges du début du XXe siècle.

Au sein du mouvement Expressionniste, la distinction entre Fauvisme et Die Brücke s’est constituée après coup. Elle repose sur une dénomination qui, à l’origine, n’est pas distinctive mais synonymique.

Son acceptation est aujourd’hui générale : l’Expressionnisme est un phénomène européen dont les deux foyers sont la France et l’Allemagne. Les peintres expressionnistes français sont qualifiés de Fauves ; alors que le groupe formé par les peintres expressionnistes allemands est désigné par le vocable Die Brücke (ce qui signifie Le Pont).

Ces deux mouvements, Fauvisme et Die Brücke, se sont formés simultanément en 1905. Les origines de l’Expressionnisme

L’origine du mouvement expressionniste, en France comme en Allemagne, réside dans une tendance à rejeter l’Impressionnisme et le Post-Impressionnisme, dans la volonté de certains peintres de dépasser le caractère essentiellement sensoriel qui se manifeste encore dans les œuvres de nombreux artistes de la fin du XIXe siècle tels que Henri de Toulouse-Lautrec, Paul Gauguin, Vincent Van Gogh et Edouard Munch.

La génération de 1905 tente d’amorcer une rupture et d’ériger la couleur comme élément constructif et essentiel de l’expression du mouvement. Les expressionnistes français et allemands réhabilitent la valeur expressive des couleurs dans la peinture. Ils refusent la fragmentation de la touche pour peindre en larges aplats. Littéralement, si l’on considère la technique picturale des Expressionnistes, on constate que l’« expression » est le contraire de l’« impression ».

Face à la société aussi, l’attitude des artistes expressionnistes, volontaire, engagée et

vindicative, s’oppose à celle des impressionnistes, plus réceptive et passive. De plus, chez les Expressionnistes, le problème de la réalité est résolu dans l’action. Cette action implique, par conséquent, un « engagement social » ; l’expressionnisme allemand et le fauvisme se concentrent sur la fonction de l’art et le problème de la raison d’être de l’artiste, thème central des deux grands philosophes de l’époque, Bergson et Nietzsche qui ont exercé une véritable influence sur ces deux courants.

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Fauvisme et Expressionnisme se définissent aussi par la même volonté d’affronter le présent, en pleine conscience. Ces mouvements artistiques entrent en conflit avec une société qui exacerbe l’opposition culture latine et culture germanique, qui conduira à la guerre. I. FAUVISME (1905-1907) 1. Les paysages

-ANDRE DERAIN (1880-1954), Le Faubourg de Collioure ou Vue de Collioure, 1905, 59,5 x 73,2 cm, Paris, Centre Georges Pompidou, MNAM -HENRI MATISSE (1869-1954), La Moulade (La Côte, Collioure), 1905, huile sur toile, 24,2 x 32,3 cm, collection particulière, Courtesy Barbara Divver Fine Art -HENRI MATISSE (1869-1954), Intérieur à Collioure, la sieste (La Sieste à Collioure), 1905, vinyle sur toile, 59 x 92 cm, Zurich, collection particulière -HENRI MATISSE (1869-1954), Le Bonheur de vivre, 1905-1906, huile sur toile, 175 x 241 cm, Merion, Fondation Barnes -ANDRE DERAIN (1880-1954), La Route tournante à l’Estaque, 1906, huile sur toile, 129,5 x 195 cm, Houston, Museum of Fine Arts -MAURICE DE VLAMINCK (1876-1958), Une Rue de Marly-le-Roy, 1905-1906, huile sur toile, 54 x 65 cm, Paris, Centre Georges Pompidou, MNAM -GEORGES BRAQUE (1882-1963), L’Estaque, octobre 1906, huile sur toile, 60 x 73,5 cm, Centre Georges Pompidou, MNAM -GEORGES BRAQUE (1882-1963), Viaduc à l’Estaque, 1907, huile sur toile, 65,1 x 80,6 cm, Minneapolis, Institute of Art

2. Les portraits

-HENRI MATISSE (1869-1954), André Derain, été 1905 (Collioure), huile sur toile, 39,5 x 29 cm, Londres, Tate Gallery -ANDRE DERAIN (1880-1954), Portrait de Matisse, 1905, huile sur toile, 46 x 35 cm, Londres, Tate Gallery -MAURICE DE VLAMINCK (1876-1958), André Derain, 1906, huile sur toile, 26,4 x 21 cm, New York, Moma -HENRI MATISSE (1869-1954), La Femme au chapeau, 1905, huile sur toile, 80,6 x 59,7 cm, San Francisco, San Francisco Museum of Modern Art -ANDRE DERAIN (1880-1954), La Danseuse ou Femme en chemise, 1905, huile sur toile, 100 x 81 cm, Copenhague, Statens museum for kunst

II. DIE BRUCKE (« Le Pont »)

-ERNST LUDWIG KIRCHNER (1880-1938), Page du programme « die Brücke », 1906, bois gravé, 15,2 x 7,5 cm -ERNST LUDWIG KIRCHNER (1880-1938), Carte d’invitation pour l’exposition du groupe « die Brücke » à Dresde, 1906, bois gravé, 10,1 x 10,1 cm -ERNST LUDWIG KIRCHNER (1880-1938), Marcella, 1909-1910, huile sur toile, 71,5 x 61 cm, Stockolhm, Moderna Musset -KARL SCHMIDT-ROTTLUFF (1884-1976), Paysage à Lofthus, 1911, 87 x 95 cm, Hambourg, Kunthalle -ERNST LUDWIG KIRCHNER (1880-1938), Scène de rue à Berlin, 1914, huile sur toile, 125 x 91 cm, Stuttgart, Staatsgalerie Stuttgart -EMIL NOLDE (1867-1956), Nature morte avec danseuses, 1914, huile sur toile, 73 x 89 cm, Paris, Centre Georges Pompidou, MNAM

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On s’aperçoit que le Fauvisme et Die Brücke ont cherché l’expression au moyen de la couleur. Ils ont mis en question la représentation traditionnelle et, par conséquent, amorcé le bouleversement des valeurs picturales : la dissolution de la représentation donne à l’art la possibilité de se prendre lui-même pour objet mais ne le constitue pas.

La bidimensionnalité de la peinture s’est substituée à l’illusionnisme (de la perspective). La composition par les aplats de couleurs met en avant la surface du tableau, affirmant d’une part son organisation formelle et, d’autre part, l’effet rendu.

Cette expression est, aussi bien pour les fauves que pour les artistes de Die Brücke, conçue comme signe et véhiculée par la couleur dont le choix est subjectif. Par conséquent, le fauvisme et la Brücke ne constituent pas deux systèmes distincts ; ils portent leur attention sur l’organisation formelle, laquelle porte avant tout sur les couleurs et sur la distribution des formes. L’expressionnisme se poursuit avec un autre courant Der Blaue Reiter à partir de 1911