30
104 Chapitre IV : ELABORATION DE NANOSTRUCTURES La tendance actuelle en ce qui concerne la fabrication des dispositifs optoélectroniques à haut rendement porte sur l’élaboration des hétérostructures de basses dimensions telles que les puits, les fils ou les boîtes quantiques. L’intérêt d’introduire ces nanostructures est dû aux divers atouts comme la tenue des propriétés optiques en température, la croissance d’objets dénués de défauts (ceci pour le cas des boîtes quantiques), la modification de la densité d’états ou l’augmentation de la force d’oscillateur des transitions optiques. On peut ainsi augmenter l’efficacité de la recombinaison radiative (et donc la performance de dispositifs). La formation de boîtes quantiques est typiquement observée dans les systèmes avec un grand désaccord de maille. Le mode de croissance Stranski-Krastanov qui a lieu dans de tels systèmes permet d’élaborer ces boîtes quantiques et d’obtenir un confinement zéro- dimensionnel pour les porteurs. Dans ce chapitre nous présenterons les résultats de l’étude sur les mécanismes qui contrôlent le mode de croissance de ces îlots 3D pour le système GaN/AlN en phase cubique. Parallèlement, nous avons réalisé des structures de puits quantiques dans le but de comparer les propriétés de ces hétérostructures. Après un rappel général des propriétés de confinement dans les nanostructures (puits et boîtes quantiques), nous analyserons les différents facteurs qui influent sur la fabrication des boîtes en particulier sur la variation de l’épaisseur critique de la couche de GaN. Nous étudierons enfin les aspects structuraux et optiques des nanostructures réalisées. Nous ferons une comparaison des deux méthodes employées pour la réalisation de ces structures à savoir l’EJM et l’ALE. Nous nous appuyons sur les techniques de caractérisation par RHEED, AFM, TEM, CL et PL pour expliquer les différents phénomènes présents dans le processus de formation de ces nanostructures.

Chapitre IV : ELABORATION DE NANOSTRUCTURES

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Page 1: Chapitre IV : ELABORATION DE NANOSTRUCTURES

104

Chapitre IV : ELABORATION DE NANOSTRUCTURES

La tendance actuelle en ce qui concerne la fabrication des dispositifs optoélectroniques

à haut rendement porte sur l’élaboration des hétérostructures de basses dimensions telles que

les puits, les fils ou les boîtes quantiques. L’intérêt d’introduire ces nanostructures est dû aux

divers atouts comme la tenue des propriétés optiques en température, la croissance d’objets

dénués de défauts (ceci pour le cas des boîtes quantiques), la modification de la densité d’états

ou l’augmentation de la force d’oscillateur des transitions optiques. On peut ainsi augmenter

l’efficacité de la recombinaison radiative (et donc la performance de dispositifs).

La formation de boîtes quantiques est typiquement observée dans les systèmes avec un

grand désaccord de maille. Le mode de croissance Stranski-Krastanov qui a lieu dans de tels

systèmes permet d’élaborer ces boîtes quantiques et d’obtenir un confinement zéro-

dimensionnel pour les porteurs. Dans ce chapitre nous présenterons les résultats de l’étude sur

les mécanismes qui contrôlent le mode de croissance de ces îlots 3D pour le système

GaN/AlN en phase cubique. Parallèlement, nous avons réalisé des structures de puits

quantiques dans le but de comparer les propriétés de ces hétérostructures. Après un rappel

général des propriétés de confinement dans les nanostructures (puits et boîtes quantiques),

nous analyserons les différents facteurs qui influent sur la fabrication des boîtes en particulier

sur la variation de l’épaisseur critique de la couche de GaN. Nous étudierons enfin les aspects

structuraux et optiques des nanostructures réalisées. Nous ferons une comparaison des deux

méthodes employées pour la réalisation de ces structures à savoir l’EJM et l’ALE. Nous nous

appuyons sur les techniques de caractérisation par RHEED, AFM, TEM, CL et PL pour

expliquer les différents phénomènes présents dans le processus de formation de ces

nanostructures.

Page 2: Chapitre IV : ELABORATION DE NANOSTRUCTURES

105

4.1 : Rappel général

4.1.1 : Les puits quantiques

Le dépôt de couches fines (de l’ordre de quelques nanomètres) de matériaux différents

dans le mode couche par couche (2D) donne lieu à des structures de confinement quantique

bi-dimensionnel appelées puits quantiques. L’élaboration des couches dans le mode 2D en

restant cohérent avec le substrat requiert un faible désaccord de maille entre le matériau

déposé et le substrat. Ceci impose certaines limitations entre les divers matériaux employés.

Cependant, le désaccord de maille peut être modulé au moyen de la composition dans un

alliage mais dans tous les cas, l’épaisseur est limitée à une certaine valeur (l’épaisseur

critique) au-dessus de laquelle se produit la relaxation via la formation de dislocations.

Lorsque l’épaisseur du puits est inférieure à son épaisseur critique, il est possible d’empiler

plusieurs puits dans un même échantillon, en particulier lorsque l’épaisseur de la barrière est

importante pour qu’il n’existe pas d’interactions entre deux puits successifs.

La figure IV.1, illustre un schéma d’une structure de puits quantique.

Figure IV.1 : schéma de la structure d’un puits quantique

4.1.2 : Les boîtes quantiques

La théorie prédit pour certains systèmes hétéroépitaxials que la relaxation ne se fait

pas par la formation de dislocations (relaxation plastique) mais par la formation d’îlots,

permettant d’augmenter les surfaces libres (relaxation élastique). Cette transition 2D/3D se

produit en particulier lorsque le désaccord de maille entre le matériau déposé et celui qui sert

de substrat est important [81]. Ainsi, si ce désaccord est supérieur à environ 10%, le mode de

croissance est de type 3D, aussi appelé Volmer-Weber. Si le désaccord est compris entre 2 et

barrières puits

niveauxquantifiés

Page 3: Chapitre IV : ELABORATION DE NANOSTRUCTURES

106

10% et si la diffusion superficielle des espèces est suffisamment élevée, alors le mode appelé

Stranski-Krastanov (SK) est favorable [82] : dans ce mode de croissance, il y a d’abord une

couche 2D et puis en raison de l’énergie élastique emmagasinée, la couche relaxe via la

formation d’îlots 3D cohérents et de forme régulière. Ceci a rendu possible l’élaboration des

structures appelées boîtes quantiques dans plusieurs systèmes semiconducteurs par exemple

dans Ge/Si [83, 84, 85], CdTe/ZnTe [86], InAs/GaAs [87, 88, 89], InGaAs/GaAs [90, 91, 92],

InAs/InP [93], GaN/AlN dans la phase hexagonale [94], GaN/AlGaN dans la phase

hexagonale [95] et GaN/AlN dans la phase cubique [96]. Dans tous ces systèmes, le matériau

déposé (Ge, CdSe, InAs, GaN.) a un paramètre de maille plus petit par rapport au substrat (Si,

ZnSe, GaAs, AlN.), en d’autres termes, le matériau déposé est soumis à une contrainte en

compression qui conduit à la formation d’îlots [97]. La figure IV.2 illustre le schéma

généralisé d’une structure appelée boîte quantique.

Figure IV.2 : schéma général d’une structure de boîte quantique (D’après Romanov et coll. [98]). Dans ce

schéma, la couche de mouillage (wetting layer) précède la formation de l’îlot QD pendant le dépôt d’un matériau

de nature chimique différent. L’îlot peut après être encapsulé par un matériau différent de celui de l’îlot appelé

matrice (matrix) qui peut être de la même nature que le substrat.

L’énergie élastique du système diminue durant la nucléation des îlots par la relaxation

en surface du paramètre de maille de ceux-ci. Cependant, cette diminution d’énergie est

partiellement compensée par une augmentation de l’énergie de surface due à l’augmentation

de l’aire de celle-ci lors du changement de morphologie 2D/3D. C’est la balance entre ces

deux phénomènes qui gouverne la transition SK 2D/3D.

Page 4: Chapitre IV : ELABORATION DE NANOSTRUCTURES

107

4.1.3 : Confinement quantique dans une hétérostructure

Si le matériau ayant le gap optique plus petit appelé couche active est entouré par un

autre matériau de gap plus grand, appelé barrière, ceci crée alors des zones dans lesquelles les

porteurs (électrons et trous) sont confinés avec des énergies quantifiées (voir figure IV.1). La

structure électronique du matériau présente des niveaux discrets d’énergie En localisés en kz

qui dépendent de l’épaisseur et de la profondeur du puits. Ayant perdu dans le puits un degré

de liberté selon l’axe de croissance (la direction <100>), les porteurs forment un gaz

bidimensionnel.

La réduction de la dimensionalité des hétérostructures conduit à différents types de

confinement de porteurs : ainsi on parle d’un confinement 2D dans les structures de puits

quantique, de confinement 1D dans une structure de fils quantiques et enfin de confinement

0D dans une structure de boîtes quantiques. Le confinement de porteurs dans ces

hétérostructures donne lieu à des émissions excitoniques plus importantes par rapport à celles

obtenues dans matériaux massifs à cause de la localisation de porteurs dans l’espace. La

grande efficacité radiative des nanostructures est donc une propriété importante pour les

applications dans les dispositifs optoélectroniques.

4.2 : Mécanisme de formation d’îlots de GaN sur AlN par EJM

Nous avons signalé au chapitre 2 (voir §2.3.3) que la relaxation des films de GaN

déposés sur une couche d’AlN, dépend de la température de croissance utilisée. Elle est dans

le mode plastique à basse température et dans le mode élastique (SK) à des températures de

substrat supérieures à 650 °C. Dans cette étude nous avons réalisé plusieurs structures d’îlots

en employant ce dernier mode de croissance. Mais comme nous avons signalé préalablement,

l’efficacité de la relaxation élastique via la formation d’îlots dépend essentiellement du

désaccord de maille entre les deux matériaux et de l’énergie de surface induite par ceux-ci. La

différence de paramètre de maille entre le β-GaN et le β-AlN est de l’ordre de 2,8%. Si on a

une relaxation totale de la couche de GaN déposée sur AlN, alors le paramètre ∆a/a0 doit

atteindre cette valeur (voir §2.3.3). Pourtant, divers facteurs peuvent influer sur la relaxation

maximale des couches de GaN sur AlN. L’énergie de surface dépend de plusieurs facteurs tels

Page 5: Chapitre IV : ELABORATION DE NANOSTRUCTURES

108

que la température du substrat, le rapport III/V qui jouent sur la reconstruction de surface

et/ou sur la rugosité de celle-ci.

Dans les paragraphes suivants nous présentons l’étude correspondant à l’effet de ces

différents paramètres de croissance sur la formation des îlots et en particulier sur la variation

de l’épaisseur critique de la couche de mouillage. Nous étudierons d’abord l’aspect structural

de la couche tampon d’AlN avant d’aborder l’aspect lié à la stœchiométrie des flux dans le

but de comprendre les mécanismes qui gouvernent la croissance et ainsi contrôler les

caractéristiques de ces nanostructures.

4.2.1 : Présentation générale

L’imagerie RHEED nous permet une visualisation directe et en temps réel du

changement de morphologie de la couche au cours de la croissance épitaxiale par EJM. Nous

pouvons alors avoir une première indication sur le temps correspondant au début de la

transition 2D/3D, c’est à dire, sur l’épaisseur critique de la couche de mouillage. Toutefois la

visualisation directe nous permet d’affirmer qu’il y a formation d’îlots mais la relaxation de la

couche de mouillage peut démarrer sans pour autant qu’un changement du RHEED soit

perceptible. Ainsi, l’analyse de la variation du paramètre de maille dans le plan nous permet

une mesure plus précise de l’épaisseur critique et en même temps nous donne une information

sur le taux de relaxation maximale des îlots.

Les intervalles de temps correspondant à chaque étape de la formation des îlots sont

définis comme suit : (tdep-GaN) le temps de dépôt total de la couche de GaN, (t2D) le temps

pendant lequel la couche reste dans le mode 2D et enfin, (t3D= tdep-GaN - t2D) comme le temps

correspondant à la croissance 3D de GaN. Ces différents temps sont indiqués sur la figure

IV.3 pour un plan de boîtes de GaN sur AlN. La couche d’îlots est ensuite encapsulée par une

couche d’AlN. Comme nous pouvons remarquer sur la figure IV.3, au moment de la transition

2D/3D le paramètre de maille de GaN relaxe brutalement, indice de la formation d’îlots.

Notons aussi que le paramètre de maille d’AlN revient à son paramètre de maille initial lors

du dépôt de la couche d’encapsulation indice donc de la récupération des caractéristiques de

départ.

Du point de vue des applications, le contrôle de la taille et la distribution d’îlots sont

importants. La taille d’îlots est liée aux différents paramètres de croissance tels la température

de croissance, le temps de dépôt total de la couche de GaN (tdep-GaN) et la vitesse de

Page 6: Chapitre IV : ELABORATION DE NANOSTRUCTURES

109

croissance. En particulier l’épaisseur de la couche de mouillage influe sur la taille et sur la

distribution des îlots (voir le système Ge/Si [99, 100]). Il est donc important déterminer le

temps t2D de la couche de mouillage dans le but de contrôler les propriétés des îlots.

-20 0 20 40 60 80 100 120 140 160 180-1,0

-0,5

0,0

0,5

1,0

1,5

2,0

2,5

3,0

∆a/a

0 (%

)

temps de dépôt de couches (s)

Figure IV.3 : évolution de la morphologie de la couche de GaN au cours de formation des îlots vue par RHEED :

(a) couche tampon d’AlN, (b) couche de mouillage de GaN, (c) îlots 3D de GaN et (d) couche d’encapsulation

d’îlots. La variation du paramètre de maille dans le plan dans les différentes étapes de la croissance est reportée.

Comme il a été signalé par divers groupes, l’épaisseur critique de la couche de

mouillage varie selon le système semiconducteur considéré, par exemple, dans le cas des

arséniures, l’épaisseur critique varie entre 1 et 4 monocouches (MC). Plus précisément il a été

montré que pour un système donné (Ge/Si) l’épaisseur critique varie d’un facteur 3 [99]. Dans

notre système GaN sur AlN en phase cubique, l’épaisseur critique peut varier entre 3 et 18

MC ! selon les conditions de croissance utilisées. Nous montrons ci dessous les divers

paramètres de croissance qui peuvent soit raccourcir soit allonger cette épaisseur critique.

Cette propriété d’épaisseur critique « anormalement grande » du système GaN sur AlN dans

la phase cubique nous permet de réaliser aussi des structures de puits quantiques de

Mailled’AlN

Mailledu GaN

Mailled’AlN

t2D t3D

tdep-GaN

(a) (b) (c) (d)

(a) (b) (c) (d)

Page 7: Chapitre IV : ELABORATION DE NANOSTRUCTURES

110

différentes épaisseurs à température de croissance élevée sans pour autant introduire des

défauts structuraux induits par la relaxation de la couche de puits. De même, la relaxation

maximale est fortement influencée par ces paramètres de croissance. L’influence de ces

différents paramètres est étudiée à présent.

4.2.2 : Effet de la rugosité de la couche tampon AlN

Les défauts structuraux présents dans le substrat agissent comme des centres de

nucléation des îlots. En effet, un défaut structural correspond à un minimum de l’énergie

élastique de surface où les espèces vont s’incorporer préférentiellement pour donner lieu à la

formation éventuelle d’un îlot. Dans le cas où la densité de défauts est importante, la densité

d’îlots est contrôlée par la densité de ces défauts et devient donc indépendante des autres

paramètres. Il est donc souhaitable de faire le dépôt sur une surface la plus parfaite possible.

Dans la plupart de systèmes hétéroépitaxiés, ceci est partiellement atteint avec le dépôt d’une

couche tampon épaisse.

Le contrôle de la morphologie de la couche de AlN peut être réalisé en ajustant les

conditions de croissance au voisinage de la stœchiométrie et l’épaisseur de la couche tampon.

Une couche AlN déposée dans des conditions stœchiométriques est en général lisse alors

qu’une couche déposée dans des conditions riche-N engendre une surface rugueuse. La

stœchiométrie (et donc la morphologie) des couches de nitrures en phase cubique est ajustée à

l’aide de la reconstruction de surface (voir §2.5.5 et §2.5.6). D’autre part, puisque l’AlN

mouille bien la surface du substrat 3C-SiC(001) (voir §2.3.2), on peut espérer une

amélioration de la morphologie (c’est à dire une surface de plus en plus lisse) avec l’épaisseur

de la couche d’AlN. On peut s’affranchir alors des défauts de surface du substrat.

A titre d’exemple, la rugosité d’une couche tampon d’AlN ayant des épaisseurs entre

40 nm 100 nm, déposée dans des conditions stœchiométriques, présente une rugosité (rms) de

l’ordre de 8 Å sur une surface de 1µm x 1µm (voir figure IV.4). C’est ce type de couche

tampon que nous utilisons couramment pour la réalisation de nos structures d’îlots 3D.

Page 8: Chapitre IV : ELABORATION DE NANOSTRUCTURES

111

Figure IV.4 : morphologie typique des couches tampon d’AlN des nanostructures de boîtes quantiques. La taille

d’image AFM est de 1µm x 1 µm.

Pour évaluer l’effet de la morphologie de la couche tampon d’AlN sur l’épaisseur

critique, nous avons analysé le temps t2D de la première couche de boîtes de GaN d’une série

d’échantillons déposés sur des couches tampon d’AlN de différentes épaisseurs. Les résultats

sont reportés sur la figure IV.5.

0 20 40 60 80 1000

20

40

60

80

100

t 2D (

s)

Epaisseur de la couche tampon d'AlN (nm)

GaN stoechiometrique Ga = 1035 °C Ts = 720 °C

Figure IV.5 : variation du temps t2D du premier plan d’îlots en fonction de l’épaisseur de la couche tampon. La

couche tampon est déposée dans des conditions stœchiométriques (Al=1140°C). La température de croissance a

été fixée à 720 °C. Le dépôt de la couche de GaN est dans des conditions stœchiométriques (Ga=1035 °C).

Ces résultats montrent que plus l’épaisseur de la couche tampon est faible, plus le

temps t2D est court. Ils peuvent être interprétés de la façon suivante : les couches fines d’AlN

(entre 10 et 20 nm) présentent un grand nombre de défauts qui agissent comme centres de

nucléation préférentiels pour la croissance de GaN. Ainsi, la formation des îlots de GaN est

Page 9: Chapitre IV : ELABORATION DE NANOSTRUCTURES

112

favorisée lorsque la croissance a lieu sur de telles surfaces d’AlN. Cette croissance

préférentielle des îlots de GaN est clairement illustrée par l’alignement de ces derniers le long

des directions <110> sur une surface d’AlN rugueuse (voir figure IV.6a).

Ces directions privilégiées correspondent à l’intersection des fautes d’empilement

dans le plan de croissance dont la densité diminue lorsque l’épaisseur de la couche augmente

(voir §2.8.3).

Figure IV.6 : (a) surface d’AlN montrant les stries causées par les fautes d’empilement le long des directions

<110>. (b) morphologie d’une couche d’îlots de GaN montrant l’alignement d’îlots le long des stries formées par

les fautes d’empilement dans la couche tampon d’AlN et correspondant aux directions <110>. La taille de

l’image AFM est de 1µm x 1µm. (c) agrandissement de l’image en (b).

Pour des épaisseurs de la couche tampon d’AlN supérieurs à 40 nm, le temps t2D tend à

une valeur de l’ordre de 55 ± 10 secondes (voir figure IV.5), ce qui équivaut à une épaisseur

critique θC = t2D*V GaN de l’ordre de 18,2 ± 3,3 MC de GaN. Cette valeur constante de

l’épaisseur critique suggère que les éventuels effets de la couche tampon sont négligeables

pour des épaisseurs de celle-ci supérieures à 40 nm.

4.2.3 : Effet de la quantité de Ga en surface (croissance en excès de Ga)

La quantité de Ga envoyée à la surface du substrat peut varier non seulement avec le

flux de la cellule de Ga mais aussi avec la température de croissance utilisée. Ce dernier cas

provient de la dépendance du coefficient de collage du Ga avec la température de croissance.

(b)

(c)

(a)

Page 10: Chapitre IV : ELABORATION DE NANOSTRUCTURES

113

La figure IV.7 reporte les résultats de la variation du t2D en fonction du flux de Ga

pour un temps de dépôt de GaN nécessaire pour avoir la transition 2D/3D, pour différentes

épaisseurs de couche d’AlN et températures de croissance.

Notons d’abord que pour une couche fine d’AlN (12 nm), et pour une température de

croissance de 720 °C, le temps t2D est relativement constant sur une large gamme de

températures de croissance. Cependant, à forts flux de Ga (TGa>1045 °C) une augmentation

du temps t2D est observée. L’augmentation du temps t2D avec des forts flux de Ga est

probablement liée à l’accumulation de Ga en surface qui change l’énergie de surface,

paramètre déterminant pour la transition 2D/3D. Dans un cas extrême, cet excès de Ga peut

donner lieu à un blocage de la croissance par la formation de gouttes de Ga.

L’augmentation de t2D serait donc due à l’augmentation des énergies de surface en

présence de Ga qui inhibe la transition 2D/3D. Cette interprétation est confirmée par les

résultats obtenus pour une température de croissance supérieure (750 °C): à cette température,

le Ga commence à s’évaporer et donc un flux de Ga plus important est nécessaire pour obtenir

les conditions de croissance avec une bicouche de Ga en surface (voir §2.6).

1030 1040 1050 10600

10

20

30

40

50

60

70

80

t 2D (

s)

Température de cellule de Ga (°C)

TS= 750°C, AlN=12 nm T

S= 720°C, AlN=12 nm

TS= 720 °C, AlN=40 nm

Figure IV.7 : (a) variation du temps t2D de la couche de mouillage de boîtes quantiques en fonction de la

température de la cellule de Ga pour différentes épaisseurs de couche tampon et températures de croissance ;

(cercles ouverts) TS = 750°C et une épaisseur de couche tampon AlN de 12 nm, (carrés fermés) TS=720°C, et

une épaisseur de couche tampon AlN de 12 nm, (cercles fermés) Ts=750°C et une épaisseur de couche tampon

de 40 nm.

La figure IV.7 montre en effet que le temps t2D commence à augmenter pour une

température de Ga de 1055 °C au lieu de 1045 °C comme précédemment. Enfin lorsque nous

Page 11: Chapitre IV : ELABORATION DE NANOSTRUCTURES

114

sommes dans les conditions de croissance à la stœchiométrie, le temps t2D est constant et sa

valeur dépend de l’épaisseur de la couche tampon d’AlN : pour des épaisseurs d’AlN de 12

nm, ce temps est typiquement de l’ordre de 10 secondes (3,3 MC) alors que pour des

épaisseurs d’AlN plus grands (> 40 nm), t2D est de l’ordre de 60 secondes (18 MC).

Le temps de dépôt au delà de la transition 2D/3D (t3D) influe sur la densité et la

distribution en taille des îlots. La figure IV.8a montre les résultats de la variation de relaxation

∆a/a0 des îlots, en fonction du temps t3D. Cette relaxation maximale passe par un maximum

pour un t3D de 15 secondes. Ceci peut s’expliquer de la manière suivante : au delà de cette

0 5 10 15 20 25 30 35 40 450.0

0.5

1.0

1.5

2.0

2.5

3.0

∆ a/a

0 (%

)

t3D (s)

Figure IV.8 : (a) variation de ∆a/a0 en fonction du t3D, (b) morphologie des couches d’îlots déposées avec t3D =

5 secondes (TGa = 1028 °C ) S935, et (c) couche d’îlots déposée avec t3D = 30 secondes (TGa = 1040°C (S743).

L’épaisseur de la couche tampon d’AlN est de 60 nm et la température de croissance a été fixée à 720°C. La

taille des images AFM est de 1µm x 1µm.

limite (t3D = 15 secondes), l’augmentation en taille des îlots conduit à la coalescence de ceux-

ci. Ce phénomène se traduit par une diminution à la fois de la relaxation et de la densité

(b)

Densité = 2.7x1011 cm-2

(

Densité = 1.2x1010 cm-2

(c)

(a)

Page 12: Chapitre IV : ELABORATION DE NANOSTRUCTURES

115

d’états. On rend compte ainsi de la diminution de ∆a/a0 observée pour un temps t3D supérieur

à 15 secondes (voir courbe sur IV.8a). L’augmentation de taille et la diminution de la densité

sont illustrées sur la figure IV.8b et c : les îlots présentent un diamètre typiquement 5 fois

supérieur à celui obtenu pour des îlots ayant un t3D faible (100 nm au lieu de 20 nm) et leur

densité a diminué d’un facteur 3.

En conclusion, l’effet de la quantité de Ga sur la formation des îlots t2D peut être alors

résumé comme suit :

(1) Pour des flux de Ga aux alentours de la stœchiométrie du GaN (et pour le cas

particulier d’une couche tampon d’AlN d’une épaisseur de 12 nm), le temps t2D

est de l’ordre de 10 secondes ce qui équivaut à une épaisseur critique de 3,3

MC de GaN. Pour des épaisseurs de couche tampon de 40 nm et plus, ce temps

est de 60 secondes (18 MC).

(2) Pour des flux de Ga beaucoup plus importants que ceux correspondant à la

stœchiométrie, le temps t2D augmente.

(3) Au delà de l transition 2D/3D, la quantité optimale de Ga correspondante à des

îlots de relaxation maximale, est de 5 MC (t3D = 15 secondes).

4.2.4 : Effet de la rugosité de GaN (croissance dans des conditions riche-N)

La figure IV.9 présente la variation du paramètre ∆a/a0 lors du dépôt d’une couche de

GaN sur AlN dans des conditions au-dessous de la stœchiométrie.

Cette figure montre que, lorsque la couche de GaN est déposée avec un flux de Ga au-

dessous de celui de la stœchiométrie, la relaxation a lieu en deux étapes : la variation du

paramètre de maille dans le plan est lente dans la première étape alors qu’elle est brutale dans

la deuxième. De plus la première étape correspond à une couche quasi 2D d’après le

diagramme de RHEED (Figure IV.9B) alors que la seconde étape correspond à un

changement de morphologie 2D/3D (Figure IV.9C). La première relaxation ∆a/a0 reflète donc

une relaxation plastique alors que la seconde correspond à une transition 2D/3D. Ceci

implique donc l’introduction de défauts structuraux lors de la formation d’îlots dans ces

conditions de croissance. La relaxation non élastique dans la première étape peut être reliée à

la forte rugosité de GaN obtenue dans des conditions de croissance riche-N qui favorisent la

Page 13: Chapitre IV : ELABORATION DE NANOSTRUCTURES

116

formation de dislocations (voir §2.3.3) : en effet comme précédemment pour AlN la forte

rugosité de GaN favorise la création de fautes d’empilement et donc des lignes de dislocations

dans le plan de croissance. La formation de ces dislocations permet une relaxation importante

de la couche de GaN au détriment de la formation d’îlots 3D.

0 50 100 150 200 250-0.5

0.0

0.5

1.0

1.5

2.0

2.5

3.0

∆a/a

0 (%

)

temps de dépôt de GaN (s)

Figure IV.9 : relaxation de GaN/AlN en deux étapes ;.la croissance de la couche de GaN est dans des conditions

légèrement riche-N (Ga=1028°C). Ts est fixée à 720°C.

Le temps nécessaire pour l’apparition des îlots (t2D), et observé sur les clichés

RHEED, correspond en fait à la fin de l’étape de relaxation plastique,. Ce temps est

typiquement de l’ordre de 120 secondes, soit 2 fois le temps nécessaire pour avoir une

transition 2D/3D dans des conditions stœchiométriques. Ce retard à la formation des îlots

s’explique par la relaxation partielle de GaN via la formation de dislocations. Cette relaxation

plastique de GaN démarre typiquement après un temps de croissance tplast = 40 secondes, soit

une épaisseur critique de 8 MC (dans les conditions de croissance utilisées ici c’est à dire avec

TGa = 1028°C, la vitesse de croissance est de 0,2 MC/s au lieu de 0,33 MC comme

précédemment).

A B C

ASN

ASN

1ère

étape 2ème

étape

B

C

tdep-GaN

AlN

tplastA

t2D

Page 14: Chapitre IV : ELABORATION DE NANOSTRUCTURES

117

On a donc à faire dans ce cas à une sorte de transition SK incohérente (dislocations

plus îlots) qui apparaît pour une épaisseur critique inférieure à celle de la transition SK

cohérente, qui, comme on l’a vu précédemment (GaN stœchiométrique), se produisait pour

une épaisseur critique de 18 MC et correspondait à la formation d’îlots.

4.2.5 : Effet de l’épaisseur de la couche d’espaceur

Dans divers systèmes hétéroépitaxiés, par exemple dans Ge/Si(001) [99] ou dans

GaN/AlN en phase hexagonale [94], le contrôle de l’émission radiative des nanostructures de

boîtes quantiques a été amélioré avec l’homogénéisation des îlots : celle-ci peut être réalisée

grâce à la corrélation verticale des plans de boîtes empilées. Dans cette technique, l’épaisseur

critique de la couche de mouillage est modulée par l’épaisseur de la couche d’espaceur. En

effet, l’îlot de GaN partiellement relaxé, va contraindre localement la couche d’espaceur. Le

champ de contrainte créé par un îlot de forme sphérique a été calculé par Tersoff et coll.

[101]. Ces auteurs prédisent que la nucléation d’îlots à la verticale de ceux de la couche de

dessous est favorable dans un diamètre égal à L22 où L est l’épaisseur de l’espaceur. Ainsi,

si la couche d’espaceur est suffisamment fine, ce champ de contrainte sera intense et les îlots

de la couche supérieure auront tendance à nucléer au dessus des îlots enterrés. Par contre pour

une épaisseur L suffisamment grande, aucune corrélation verticale n’est attendue. Puisque le

dépôt d’AlN sur GaN est dans le mode 2D, il est possible d’encapsuler les îlots de GaN par

une couche d’AlN (voir figure IV.3). Nous avons cherché à appliquer la technique d’auto-

assemblage de plusieurs plans de boîtes dans notre système afin d’homogénéiser la taille des

îlots. La figure IV.10 reporte la variation du temps t2D (et donc de l’épaisseur critique) en

fonction de l’épaisseur de la couche d’espaceur. Pour cette étude, la température à été fixée à

720 °C et les conditions de croissance des couches d’AlN et de GaN sont celles de la

stœchiométrie.

Page 15: Chapitre IV : ELABORATION DE NANOSTRUCTURES

118

2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24 26-10

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

t 2D (

s)

Epaisseur de l'espaceur d'AlN (nm)

Figure IV.10 : variation du temps t2D des plans d’îlots (1er carrés fermés, 2ème cercles ouverts, 3ème triangles

ouverts) en fonction de l’épaisseur de l’espaceur d’AlN. La croissance de couches est dans des conditions

stœchiométriques. L’épaisseur de la couche tampon d’AlN est de 40 nm. La température de croissance est fixée à

720°C.

La figure IV.10 montre une forte dépendance de t2D avec l’épaisseur de l’espaceur :

pour une couche fine (5 nm), un écart sur t2D d’un facteur 10 entre le premier et le troisième

(ou deuxième plan) est observé. Pour un espaceur épais (24 nm), le temps t2D du troisième

plan de boîtes se rapproche de celui du premier plan. Cette variation de t2D en fonction de

l’épaisseur de l’espaceur est similaire à celle observée sur des systèmes Si/Ge où la variation

de l’épaisseur critique a été modélisée par une interaction élastique entre les plans de boîtes

successifs [102]. Cependant, si le lissage de la couche d’espaceur AlN n’est pas complète, la

rugosité de la surface d’AlN peut aussi être à l’origine de la diminution de t2D observée. Il est

donc intéressant de distinguer l’importance relative de ces deux effets.

Une analyse de la morphologie des couches par AFM peut nous renseigner sur la

rugosité de surface de l’espaceur d’AlN. L’imagerie RHEED nous donne aussi une première

indication de la morphologie de cette couche en fonction de son épaisseur. Ainsi, nous

constatons que la couche de l’espaceur AlN retrouve une morphologie similaire à celle de la

couche tampon épaisse lorsque son épaisseur est supérieure à 12 nm (voir figure IV.11a). Au-

dessous de ce temps de dépôt, la surface de la couche d’espaceur reste ondulée reflétant une

certaine rugosité (voir figure IV.11b). L’analyse de la variation du paramètre de maille montre

aussi qu’un espaceur d’AlN inférieur à 12 nm ne retrouve pas complètement son paramètre de

maille initial, contrairement aux couches d’épaisseurs supérieures à 12 nm.

2ème plan1er plan

3ème plan

espaceur AlN

Tampon AlN

Page 16: Chapitre IV : ELABORATION DE NANOSTRUCTURES

119

Figure IV.11 : évolution de la relaxation et de la morphologie de la couche d’espaceur d’AlN en fonction de son

épaisseur ; (a) pour une épaisseur > 12 nm, (b) pour une épaisseur de 4 nm.

Ainsi on en déduit que :

- pour un espaceur AlN d ‘épaisseur inférieure à 12 nm, la diminution de l’épaisseur

critique 2D/3D avec le numéro du plan de boîtes est principalement due à la

rugosité de la couche d’AlN, alors que

- pour une couche d’espaceur d’épaisseur supérieure à 12 nm, la forte variation de

l’épaisseur critique peut être reliée à l’interaction élastique entre les plans de boîtes

successifs

Cette variation de l’épaisseur critique est accompagnée d’une variation de la taille et

de la densité des îlots comme nous le verrons plus loin (§4.3.2)

(a)

(b)

AlN(180 s)>12 nm

0 200 400 600 800 1000 1200

0.0

0.5

1.0

1.5

2.0

2.5

3.0

∆a/a

(%

)

temps de dépôt des couches (s)

AlN(60 s)=4 nm

0 50 100 150 200 250 300 350 400 450-0.5

0.0

0.5

1.0

1.5

2.0

2.5

3.0

∆a/a

(%

)

temps de dépôt de couches (s)

Dépôt de GaN

Dépôt d’AlN

Arrêt de la croissance sous N

Page 17: Chapitre IV : ELABORATION DE NANOSTRUCTURES

120

4.2.6 : Effet du numéro de plans de boîtes

La figure IV.12 montre l’influence du numéro du plan de boîtes sur l’épaisseur

critique et sur la relaxation maximale. Cette courbe correspond à une structure ayant onze

plans de plans de boîtes quantiques de GaN séparées par une couche d’espaceur d’AlN

d’épaisseur fixée à 12 nm. Pour cette expérience, toutes les couches (d’AlN et de GaN) sont

déposées dans des conditions stœchiométriques. Comme on peut noter sur la figure IV.12

(voir carrés fermés) le temps t2D est grand pour la première couche d’îlots, de l’ordre de 55

secondes (ce qui équivaut à une épaisseur de 18,2 monocouches de GaN). Puis ce temps t2D

diminue au fur et à mesure que le numéro des couches empilées augmente, pour atteindre une

valeur stationnaire de 8 secondes à partir du quatrième plan (ce qui équivaut à une épaisseur

de 2,6 MC de GaN). En ce qui concerne la relaxation maximale, le numéro de couches d’îlots

empilées a aussi une influence (voir cercles ouverts sur la figure IV.12) : pour le premier

plan, la relaxation est totale et diminue avec le numéro de couches de boîtes empilées jusqu’à

atteindre une valeur d’équilibre (0,9%) au delà du troisième plan. Cet effet a été aussi vu par

LeThanh et coll. [99] dans le système Ge/Si(001). Priester et coll. [102] ont réalisé des calculs

dans ce système : en tenant compte de l’interaction élastique entre le plan (n+1) des boîtes en

Figure IV.12 : variation du temps t2D (carrés fermés) et de la relaxation du paramètre de maille dans le plan ∆a/a0

(cercles ouverts) en fonction du numéro des couches de boîtes quantiques de GaN sur AlN empilées. L’épaisseur

de l’espaceur d’AlN a été fixée en 12 nm, le température de croissance en 720°C. La couche tampon de cette

structure est de 40 nm

0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12

0

10

20

30

40

50

60

70

t 2D (

s)

Numéro de couches d'îlots

0.0

0.3

0.6

0.9

1.2

1.5

1.8

2.1

2.4

2.7

3.0

∆a/a (%

)

Page 18: Chapitre IV : ELABORATION DE NANOSTRUCTURES

121

formation, et le plan n des boîtes enterrées, une diminution importante de l’épaisseur critique

est attendue. Ceci pourrait expliquer en partie la variation d’un facteur 8 entre le premier et le

quatrième plan de boîtes, avant d’atteindre un régime stationnaire pour les plans des boîtes

ultérieurs.

La caractérisation de ces nanostructures de boîtes est présentée ci-dessous.

4.3 : Caractérisation structurale et optique des boîtes quantiques

4.3.1 : Distribution des îlots

Nous avons déjà remarqué que la distribution des boîtes est très dépendante de la

topographie de la couche d’espaceur d’AlN. Ainsi, quand la formation d’îlots a lieu sur une

couche d’AlN dégradée, à cause de la formation de fautes d’empilement, la distribution d’îlots

est perturbée par l’alignement d’îlots au long de stries causées par celles-ci (voir image

IV.6b). Par contre, lorsque la formation d’îlots a lieu sur une surface lisse d’AlN, ceci conduit

à une répartition aléatoire des îlots (figures IV.13 et IV.15). La distribution en taille (diamètre

et hauteur) obtenu dans ce dernier cas est reportée sur la figure IV.14

Figure IV.13 : distribution d’îlots déposés sur une couche d’AlN lisse vue (a) en image 3D et (b) en image 2D.

La taille des images AFM est de 1 µm x 1µm.

Le caractère asymétrique de la distribution des îlots de GaN sur AlN dans le cas de

l’alignement des boîtes est probablement induit par la présence des stries perpendiculaires.

0.25 0.50 0.75 1.00

µm

0.25

0.50

0.75

1.00

Densité = 3x1011 cm-2

(a) (b)

Page 19: Chapitre IV : ELABORATION DE NANOSTRUCTURES

Ceci nous oblige à utiliser une loi logarithmique (équation 4.1) pour déterminer les différents

paramètres de forme (la hauteur et le diamètre) des îlots.

( )

+=

2

2

2

lnexp0

ωmhh

Ayy (4.1)

où y0, A et ω sont des constantes d’ajustement et hm la hauteur moyenne d’îlots.

0 1 20

20

40

60

nom

bre

d'ilô

ts

ha

60

S651

1 2 3 40

5

10

15

20

25

30

35

40

nom

bre

d'îlo

ts

ha

Figure IV.14 : his

d’empilement (S618) (

lisse d’

e

(a) (b)

(c)

Loigaussienn

ut

40

re d

'îlot

s

5

ut

to

a)

A

e

Loilogarithmiqu

122

3 4 5

eur (nm)

20 40 60 80 100 120 1400

20

Diamètre (nm)

nom

nb

6 7 8 9 10 11

eur (nm)

10 15 20 25 30 35 40 45 50 55 600

5

10

15

20

25

30

35

Diamètre (nm)

nom

bre

d'îlo

ts

grammes de tailles d’îlots (a) déposés sur une couche AlN présentant des fautes

hauteur des îlots et (b) diamètre des îlots (S618). Le cas d’îlots déposés sur une surface

lN (S935) est présentée sur (c) hauteur d’îlots et (d) diamètre d’îlots.

Loigaussienne

(d)

Page 20: Chapitre IV : ELABORATION DE NANOSTRUCTURES

123

En revanche, pour une morphologie d’îlots repartis aléatoirement, la distribution

présente une répartition d’îlots plus symétrique et nous pouvons utiliser une loi gaussienne

pour rendre compte de leur dispersion en diamètre et hauteur (voir figure IV.14d).

Nous avons ensuite étudié plus précisément la distribution d’îlots en fonction du

numéro de plans de boîtes. Ces résultats sont présentés au paragraphe suivant et mettent en

évidence la variation de densité et du rapport de forme des boîtes.

4.3.2 : Facteur de forme

La figure IV.15 présente l’évolution de la distribution d’îlots pour les trois premiers

plans de boîtes réalisés pour un espaceur d’AlN fixé (5 nm). La distribution des boîtes est

analysée sur une image de 0,25 µm x 0,25 µm dont la densité d’îlots est de l’ordre de 250. A

partir des hauteurs et des diamètres, nous avons pu tracer celui du rapport de forme des boîtes

défini comme le rapport de Dm/hm.

2 4 6 8 1 0 1 2 1 40

5

1 0

1 5

2 0

2 5

3 0

3 5

4 0

4 5

5 0

No

mb

re d

'îlo

ts

R a p p o r t ( D m / hm

)

0 2 4 6 8 1 0 1 2 1 4

0

5

1 0

1 5

2 0

2 5

3 0

3 5

4 0

4 5

No

mb

re d

'îlo

ts

R a p p o r t ( D m / h m )

0 3 6 9 1 2 1 5 1 8 2 1 2 4 2 7

0

5

1 0

1 5

2 0

2 5

3 0

3 5

4 0

4 5

No

mb

re d

'îlo

ts

R a p p o r t ( D m / hm

)

Figure IV.15 : évolution de la distribution d’îlots en fonction du numéro de plan de boîtes : (a) 1er plan (S935),

(b) 2ème plan (S936) et (c) 3ème plan (S934). Pour toutes ces échantillons l’espaceur d’AlN à été fixé à 5 nm et la

température de croissance à 720°C. la taille des images AFM est de 1 µm x 1 µm.. Ci joint les histogrammes du

rapport f= Dm/hm des îlots de GaN sur AlN pour chaque plan.

(d) (e) (f)

(b)

Densité = 2.1x1011 cm-2

(c)

Densité = 1.03x1011 cm-2

(a)

Densité = 2,7x1011 cm-2

Page 21: Chapitre IV : ELABORATION DE NANOSTRUCTURES

124

Ces observations nous permettent de déduire :

1) La taille des boîtes augmente avec le numéro de plan : typiquement le diamètre

moyen passe de 23 nm pour le premier plan à 33 nm pour le troisième.

2) La densité de boîtes décroît de plus d’un facteur 2 entre le premier et le troisième plan

3) Le rapport de forme des boîtes (Dm/hm) varie de 6 à 12 et sa dispersion augmente.

L’augmentation de taille des îlots entre le premier et le troisième plan peut être

corrélée à la diminution de l’épaisseur critique de la transition 2D/3D : pour un temps de

dépôt de GaN constant, le temps t3D au delà de la transition augmente et donc la quantité de

GaN dans les boîtes doit augmenter.

Cependant, la variation la plus nette correspond à celle du facteur de forme : comme

on peut le constater sur le tableau suivant, la variation d’un facteur 2 peut être corrélée avec la

variation de la déformation de l’îlot observé par RHEED. En effet, au premier ordre un

modèle de relaxation élastique [103] prévoit une variation de la déformation au sommet h de

l’îlot de la forme suivante :

εxx(h) = εxx(0)x(1-2πhm/Dm) (4.2)

Plan de boîtes

1er 2ème 3ème

Densité (1011cm-2) 2,7 2,1 1,03

hauteur (nm) 3,5 – 5,0 2,5 – 5,5 1,5 – 4,5

Diamètre (nm) 21 - 27 23 – 33 28 - 38

Facteur de forme (Dm/hm) 5,7 7,5 10,5

D’après les

mesures

d’AFM

Déformation résiduelle

calculée d’après (Eq.4.2)

0,0 0,16 0,37

∆a/a0 (%) 2,8 2,2 1,8

Déformation résiduelle

correspondante

0,0 0,6 1,0D’après les

mesures

de RHEED En valeur relative 0,0 0,21 0,36

Tableau IV.1 : caractéristiques des îlots en fonction du numéro de plan.

Page 22: Chapitre IV : ELABORATION DE NANOSTRUCTURES

Pour le premier plan l’image AFM donne hm/Dm égal à un 1/6 donc εxx(h) = 0. Ceci

implique que le GaN est totalement relaxé par rapport à AlN en accord avec le ∆a/a0 observé

par RHEED (voir tableau IV.1). Pour le troisième plan l’AFM donne une valeur hm/Dm de

1/10, soit εxx(h) = 0,37εxx(0), soit un écart par rapport à la relaxation totale du GaN sur l’AlN

de 0,37. Par le RHEED nous mesurons une relaxation de 1,8 %, alors que la relaxation

maximale est de 2,8 %. Un rapide calcul nous montre que l’écart dans ce cas est de 0,36.

Nous obtenons donc un bon accord entre les mesures de relaxation in situ (RHEED) et

les mesures de morphologie des boîtes (AFM).

Cette corrélation entre le rapport de forme et la relaxation de boîtes nous permet

d’envisager une caractérisation in situ des échantillons, méthode plus simple qu’une approche

statistique à partir d’images AFM.

4.3.3 : Sites de nucléation d’îlots

Les premières études par TEM sont illustrées par la figure IV.16 montrant une section

transverse des plans de boîtes de GaN sur AlN. Elle révèle non seulement la forte densité de

fautes d ‘empilement, mais le rôle de celles-ci sur la nucléation des îlots de GaN : leur

formation a lieu entre deux fautes d’empilement (voir figure IV.16b).

Figure IV.16 : (a) image TEM en résolution conventionnelle d’une structure multicouche de bo

(10 plans) ne montrant que 4 plans, (b) image HRTEM d’une couche de boîtes. Pour cette stru

été fixé en 12 nm.

AlN

GaN

(b)

5 nm

AlN

GaN

(a)

WL

125

îtes quantiques

cture, l’espaceur a

2 nm

Page 23: Chapitre IV : ELABORATION DE NANOSTRUCTURES

L’îlot mis en évidence par cette image TEM haute résolution présente un facteur de

forme de l’ordre de 1/10 en accord avec les résultats précédents. De plus, même si la

distinction d’une couche de mouillage est loin d’être aisée, celle-ci peut être estimée à environ

3 MC d’après la différence de contraste observée.

Enfin, il faut noter l’absence de corrélation verticale des boîtes pour des plans espacés

par une couche fine d’AlN. Ceci peut être expliqué par l’importance des fautes d’empilement

pour la nucléation des îlots, celles-ci jouant le rôle de sites préférentiels, plutôt que ceux

induits par les modulations de contrainte dues aux îlots enterrés.

4.3.4 : Luminescence des boîtes quantiques

La figure IV.17 présente un spectre de photoluminescence à basse température et

tempér re ambiante d’une structure d’îlots de GaN sur AlN.

Figure

N

1

a

4 nm

A

atuG

126

IV.17 spectre PL à basse température d’une structure d’îlots de GaN sur AlN déposée par la technique

EJM (D’après référence [96]).

ous constatons :

) Un décalage vers les hautes énergies de la raie de luminescence par rapport au

gap de couches de GaN massif (Eg = 3.26 à 10K). Ce décalage de plus de 500

meV révèle l’importance de l’énergie de confinement dans ces îlots de GaN.

0

1

3.2 3.4 3.6 3.8 4Energie (eV)

T=10K

T=300K

Bord de bandeβ-GaN

00.1

1

100 200 300Température (K)

Page 24: Chapitre IV : ELABORATION DE NANOSTRUCTURES

127

2) Une largeur à mi-hauteur importante, de l’ordre de 200 meV. Celle-ci reflète la

grande distribution de taille des îlots comme nous l’avons vu précédemment.

3) Une intensité d’émission qui ne varie pas entre 10 K et 300 K. La légère

augmentation observée à température ambiante peut être reliée à

l’augmentation d’absorption à 300 K due à la diminution du gap (la longueur

d’onde d’excitation est constante et égale à 335 nm d’un laser Argon [104]).

Cette tenue en température traduit la localisation des excitons dans les boîtes

même à température ambiante.

La figure IV.18 présente la variation de l’énergie d’émission observée en

cathodoluminescence en fonction de la hauteur des boîtes de GaN. Même si cette courbe ne

peut être tracée précisément à cause de la largeur de la raie d’émission, elle permet de mettre

en évidence la variation de l’énergie de confinement en fonction de la hauteur des boîtes. En

particulier pour des grosses boîtes, l’énergie d’émission tend asymptotiquement vers celle du

gap de GaN massif, par opposition au cas des boîtes cristallisant dans la phase hexagonale

pour lesquelles l’énergie d’émission est fortement décalée vers le rouge à cause de la présence

du fort champ piezoélectrique interne [104]

10 20 30 40 50 603.2

3.4

3.6

3.8

4.0

Ene

rgie

(eV

)

Hauteur des boîtes ( )

Figure IV.19 : variation de l’énergie d’émission des boîtes quantiques de GaN sur AlN en fonction de leur

hauteur. Les spectres d’émission sont obtenus par cathodoluminescence à température ambiante.

En ce qui concerne les propriétés optiques de structures de boîtes quantiques

fabriquées par la technique ALE (voir §2.7), les résultats préliminaires de mesure de

photoluminescence ont montré qu’il n’y a pas de luminescence à température ambiante dans

Gap du β-GaN massif

300K

Å

Page 25: Chapitre IV : ELABORATION DE NANOSTRUCTURES

128

ce type de nanostructures. Ceci demande une étude plus approfondie sur les mécanismes

d’émission dans ces nanostructures.

4.4 : Etude des puits quantiques

4.4.1 : Fabrication

La réalisation des structures de puits quantiques est faite sous conditions riche-Ga à

une température de croissance de 720°C afin d’inhiber la transition SK. Le schéma de la

figure IV.20 illustre la réalisation d’une structure de puits par EJM. Deux points nous

indiquent la formation de cette structure : (1) la non relaxation du paramètre de maille dans le

plan (jusqu’à un temps de dépôt de 50 secondes = 17 MC) et (2) les clichés RHEED restent

dans le mode 2D. Ces deux observation indiquent que la couche de GaN reste cohérente lors

du dépôt sur la couche barrière d’AlN.

Figure IV.20 : (a) variation du paramètre ∆a/a0 en fonction du temps de dépôt de GaN d’un puits quantique

fabriqué par la technique d’EJM. Les conditions de croissance sont ajustées pour avoir une croissance

autorégulée. L’épaisseur de la couche tampon d’AlN est de 40 nm et celui de la barrière est de 10 nm. La

température de croissance a été fixée à 720°C et celle de la cellule de Ga à 1050°C.

(a)ASN

ASNt dépô-GaNt

(b) (c)

(a) (b (c

(d)

0 20 40 60 80 100 120-0,6

-0,4

-0,2

0,0

0,2

0,4

∆ a/a

0 (%

)

temps de dépôt de GaN (s)

Mailled’AlN

Maillede GaN

Mailled’AlN

Page 26: Chapitre IV : ELABORATION DE NANOSTRUCTURES

129

Un comportement similaire à celui de la fabrication de puits par EJM est observé

durant la réalisation de puits quantique par la technique d’ALE. Ceci nous permet donc de

réaliser des structures multipuits quantiques de différentes épaisseurs (en dessous de

l’épaisseur critique) dans le régime de croissance autorégulée de GaN.

La figure IV.21 reporte les résultats de la caractérisation par TEM d’une nanostructure

de puits quantiques de GaN sur une barrière fine d’AlN (8 nm) fabriquée par la technique

d’EJM dans des conditions d’excès de Ga. Bien que cette image TEM montre des zones de

fluctuation de la couche de GaN (la couche de puits), nous n’observons pas la formation

d’îlots 3D, alors que pour une épaisseur équivalente de la couche espaceur d’AlN, la

formation d’îlots est inévitable dans le cas du dépôt des couches de GaN en conditions

stœchiométriques (voir §4.3.3 et §4.3.5). Les fluctuations sur les épaisseurs sont

probablement induites par les imperfections de la surface du SiC vu l’épaisseur de la couche

tampon d’AlN (8 nm). Sur cette image nous constatons comme précédemment la présence de

fautes d’empilement qui traversent toute la structure de puits.

Figure IV.21 : image TEM en résolution conventionnelle d’une structure de multipuits quantiques de GaN/AlN

(30 Å/80 Å) fabriqués par EJM (S500). La température de croissance a été ajustée à 700°C, Ga = 1050°C,

Al=1140°C.

L’ensemble de ces résultats démontre qu’un excès de Ga modifie l’énergie de surface

du GaN en inhibant la transition SK. Ceci a pour effet d’augmenter l’épaisseur critique et

nous permet en conséquence la réalisation de puits quantiques de GaN sur AlN à température

de croissance élevée.

8 nm

GaN

AlN

Page 27: Chapitre IV : ELABORATION DE NANOSTRUCTURES

130

4.4.2 : Luminescence des puits quantiques

4.4.2.1 : puits GaN/AlN

La figure IV.22 présente le spectre de photoluminescence intégrée en temps de la

structure multipuits quantiques GaN/AlN fabriquée par la technique d’EJM dont la structure a

été présentée sur la figure IV.21. La raie principale est centrée à 3,7 eV, elle est associée à

l’émission intrinsèque du puits quantique. Elle se situe au-dessus du gap de β-GaN contraint

(3,5 eV). Ce résultat est cohérent avec l’hypothèse d’absence de champ piezo-électrique dans

un puits quantique à base des nitrures dans la phase cubique. On observe néanmoins une

queue de photoluminescence du côté des basses énergies. La forme de la raie ainsi que

caractérisation par TEM suggèrent que cette partie du spectre de photoluminescence est due

aux niveaux profonds générés par les défauts structuraux dans les couches de GaN et/ou les

interfaces GaN/AlN. Quant à la largeur à mi-hauteur du spectre que l’on peut considérer

comme importante vu l’absence de champ interne, elle peut s’expliquer par les fluctuations de

la largeur des puits (voir figure IV.21).

Figure IV.22 : spectre de photoluminescence à 2 K d’une structure de puits quantiques GaN/AlN (S500)

fabriqués par la technique de EJM.

Page 28: Chapitre IV : ELABORATION DE NANOSTRUCTURES

131

4.4.2.2 : puits GaN/AlGaN

La figure IV.23 présente les spectres de PL mesurés à température ambiante de deux

puits de GaN sur Al0,3Ga0,7N ayant la même structure mais fabriqués l’un par EJM (ligne

pointillée) et l’autre par ALE (ligne solide). Les épaisseurs des couches barrière d’AlGaN

sont suffisamment grandes pour qu’on puisse supposer que ces couches sont relaxées. La

différence de paramètre de maille entre Al0,3Ga0,7N et GaN est de l’ordre de 0,6% (si on tient

compte que le paramètre de maille d’Al0,3Ga0,7N est de 4.475 Å et celui du GaN de 4,503Å).

Ainsi, l’épaisseur critique devient plus grande que celle d’une structure de puits de GaN/AlN

(de l’ordre de 100 MC au lieu de 18 MC [105]). Les couches de puits de GaN fabriquées par

ALE ont été déposées par un flux alterné de 30 secondes de Ga suivi de 10 secondes

d’exposition à l’azote. Le premier puits consiste en 20 cycles et le deuxième en 1 cycle

d’ALE. Sachant que chaque cycle correspond à un dépôt de d’environ 2 MC de GaN (voir

§2.6), nous avons à faire à 2 puits de 40 et 2 MC respectivement.

300 320 340 360 380 400 420

0

2000

4000

6000

8000T : 300°K EJM ALE

Inte

nsi

té d

e P

L (u

.a.)

Longueur d'onde (nm)

Figure IV.23 : spectre de PL d’une structure de deux puits quantiques de GaN/Al0,3Ga0,7N fabriqués par EJM

(ligne pointillée) et par ALE (ligne solide). Les épaisseurs des puits sont 40 MCs et 2 MCs de GaN. La

température de croissance a été fixée à 730°C et la cellule de Ga à 1010 °C. Les mesures de PL ont été faites à

température ambiante.

La figure IV.23 illustre clairement que l’intensité de luminescence des puits fabriqués

par EJM est plus importante que celle des puits fabriqués par ALE. Le décalage vers le rouge

des raies d’émission dans le cas de puits fabriqués par ALE pourrait être expliqué par une

GaN (40 MC)

Tampon AlGaN (200 nm)

AlGaN (40 nm)

AlGaN (40 nm)

GaN (2 MC)

Page 29: Chapitre IV : ELABORATION DE NANOSTRUCTURES

132

incertitude sur les épaisseurs des couches : l’épaisseur déposée à chaque cycle d’ALE est

donc légèrement supérieur à 2 MC. Ceci peut être lié au fait que le plateau de la courbe

d’adsorption de Ga présente une légère pente ce qui suggère donc une certaine sensibilité aux

variations des MC déposées par cycle d’ALE.

En ce qui concerne l’intensité des raies une étude par TEM s’impose pour élucider si

la densité de défauts structuraux est inférieure ou supérieure ce qui induirait une différence

sur la densité des centres de recombinaison non radiatifs dans chacune de ces structures.

Conclusions du chapitre

En conclusion, la formation d’îlots de GaN sur AlN dans la phase cubique a lieu pour

des conditions de croissance proches de celles de la stœchiométrie. Tout d’abord une couche

tampon d’AlN d’épaisseur supérieure à 40 nm, est nécessaire pour s’affranchir de la rugosité

de surface du substrat SiC.

L’épaisseur critique peut varier selon les conditions de croissance utilisées :

(1) avec le flux de Ga, l’épaisseur critique est constant au voisinage de la

stœchiométrie du GaN et tend à augmenter si le flux de Ga est plus important.

Pour des flux de Ga plus faibles que celui de la stœchiométrie, la transition SK

s’accompagne d’une relaxation plastique.

(2) (2) avec le numéro de plans de boîtes : l’épaisseur critique diminue par un facteur

8 du premier au troisième plan et atteint un régime stationnaire au delà du

quatrième plan.

(3) (3) avec l’épaisseur de l’espaceur : l’épaisseur critique est de l’ordre de 18 MC

pour un espaceur d’épaisseur supérieure à 22 nm alors qu’il est de l’ordre de 3,3

MC pour un espaceur d’épaisseur de 5 nm. En d’autres termes, plus l’espaceur est

épais, plus l’épaisseur critique se rapproche de celui de la couche tampon.

Ce comportement similaire à celui de modulation de l’épaisseur critique par le champ

de contrainte des îlots enterrés, devrait conduire à une corrélation verticale entre les

différents plans de boîtes. Cependant, la caractérisation structurale par TEM n’a pas

montré de tels effets. Ceci est attribué à la forte densité des fautes d’empilement qui

jouent le rôle de sites de nucléation préférentielle des boîtes. En effet, dans le cas où le

Page 30: Chapitre IV : ELABORATION DE NANOSTRUCTURES

133

dépôt d’îlots a lieu sur une surface lisse d’AlN, les clichés TEM montrent que les îlots

se forment entre deux fautes d’empilement. Par contre si la surface d’AlN est rugueuse

la nucléation des boîtes a lieu entre le croisement de deux fautes ce qui provoque leur

alignement le long des directions <110> comme on peut le constater par les mesures

d’AFM.

La caractérisation structurale de ces îlots par AFM a montré l’évolution de leur rapport

de forme avec le numéro de plan de boîtes. Le rapport Dm/hm passe de 1/6 du premier plan à

1/10 pour le troisième plan. Dans le même temps, la densité d’îlots est réduite d’un facteur 3.

La caractérisation optique a mis en évidence l’absence de polarisation spontanée et

piezoélectrique dans les nanostructures de boîtes quantiques de GaN sur AlN en phase

cubique en bon accord avec les prédictions théoriques. Un décalage de plus de 500 meV de la

raie de luminescence des boîtes par rapport à celle des couches de GaN massif révèle

l’importance du confinement quantique. D’autre part, la tenue de la luminescence à

température ambiante montre clairement les effets de localisation des excitons dans les boîtes

même à température ambiante. La grande largeur à mi-hauteur de la raie de luminescence est

attribuée à la dispersion en taille de boîtes. Ces observations permettent d’envisager une

grande efficacité radiative des nanostructures à base de nitrures cubiques à condition toutefois

de réduire la densité de défauts structuraux.

Par ailleurs, le dépôt de couches de GaN sur AlN dans des conditions riche-Ga inhibe

la transition SK et permet donc de réaliser des structures de puits quantiques, soit par la

technique d'EJM, soit par la technique d’ALE. Comme pour le cas des boîtes quantiques, la

caractérisation optique a montré l’absence de champ électrique interne. La raie de

luminescence des puits de GaN sur AlN se situe au-dessus du gap de GaN contraint.

Pour les puits quantiques fabriqués par la technique d’ALE, les résultats préliminaires

de caractérisation optique ont montré une faible luminescence à température ambiante. Une

étude approfondie par TEM s’impose pour élucider l’importance de la densité de défauts qui

jouent comme centres de recombinaison non radiatifs dans ce type de nanostructures.

Enfin, la position en énergie de l’émission des puits de GaN sur AlGaN fabriqués par

la technique d’ALE révèle que l’épaisseur déposée par cycle d’ALE est légèrement supérieure

que 2 MC.