Chroniques de Fouesnant - idkn1d

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Chroniques de Fouesnant -

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  • 1. Pierre HERV OUEST-France et LE TLGRAMME Deux journaux ont marqu et marquent encore la vie quotidienne dans le Finistre : Ouest-France et Le Tlgramme de Brest et de lOuest . Ces deux quotidiens sont issus de deux journaux aux titres diffrents : Le 18 septembre 1944, La Dpche de Brest devint Le Tlgramme , et le 7 aot de la mme anne, l Ouest-clair se transforma en Ouest-France . Pourquoi ces changements ? Une ordonnance du 30 septembre 1944 allait transformer radicalement toute la presse franaise, pratiquant une rvolution sans prcdent dans ce domaine : la suppression de toute une presse et son remplacement par une autre entirement nouvelle. Cette ordonnance traitait essentiellement des interdictions de paratre qui concernaient : 1 Tous les journaux et priodiques qui, existant le 25 juin 1940, ont continu paratre plus de quinze jours aprs en zone Nord ( zone occupe ) ; 2 Tous les journaux et priodiques ayant commenc paratre aprs le 25 juin 1940 ; 3 Ou ayant continu paratre aprs le 11 novembre 1942 en zone Sud ( zone jusque l libre ). Il convient de souligner limportance de linterdiction de lusage du titre pendant la dure de la suppression, ce titre ne pouvant plus tre utilis par une autre personne pour la publication dun autre journal. Aprs cette date, tous les journaux se trouvant la place des organes de presse interdits transformrent les titres dfendus en appellations similaires, pour ne pas dsorienter le lectorat : ce fut le cas pour nos deux quotidiens.L Ouest-clair devient en 1944 Ouest-France Ce journal fut fond le 2 aot 1899 par un avocat, Emmanuel Desgres du Lou, associ labb Trochu, au N 4 de la rue de La Chalottire, Rennes : il disposait, dans un immeuble, dune cave, dun rez-de-chausse, et dun tage comprenant cinq pices. Les dbuts du journal furent modestes, avec un tirage de 1 000 exemplaires quotidiens. Leffectif tait de neuf personnes, directeur compris. Quelques chiffres pour montrer son expansion : 1912 100 000 exemplaires le dimanche, 80 000 en semaine. 1914 120 000 le dimanche, 85 000 en semaine. 1924 (25me anniversaire) : L Ouest-clair compose chaque jour 14 ditions sur 10, 12, 14, 16, 18 ou 20 pages ; dans les annes 1936-1938, le nombre dditions quotidiennes atteint 38. 1939 350 000 exemplaires ; 1961 : 535 179 ; 1970 : 623 174 ; 1985 : 735 172 1990 : 795 436 ; 2003 : 782 322 exemplaires en 40 ditions. A la mort du gnral de Gaulle, le 9 novembre 1970, le numro spcial avec un cahier incorpor sera tir plus dun million dexemplaires. Pour pouvoir sadapter lextension des tirages, le journal a besoin despace.1/4

2. En 1904, lOuest-clair prpare son installation rue du Pr-Bott, Rennes, dans une ancienne serrurerie. Le premier numro sort de cette nouvelle installation le 24 juin 1905. En 1972, Ouest-France achte un terrain de 100 000 m Chantepie, 4 km de Rennes. Le papier y est amen au magasin de stockage par une voie ferre particulire. Pendant la guerre, les restrictions imposes au trafic automobile entranrent une rduction de la diffusion en dehors de la Bretagne. Actuellement, cette diffusion stend sur la Bretagne (quatre dpartements), les Pays de Loire (cinq dpartements avec la LoireAtlantique), la Basse Normandie (trois dpartements). En 2003, 1 891 personnes travaillaient pour Ouest-France, dont 543 journalistes auxquels il faut ajouter 2 665 correspondants locaux et plus de 11 000 distributeurs dans les douze dpartements. Les correspondants sont pays en gnral la pige , cest--dire selon le nombre de lignes et de photos publies. La transhumance priodique des parisiens vers les espaces o lon respire accrot la diffusion des journaux rgionaux : Ouest-France, qui dessert bon nombre de plages en France, peut gagner en t plus de 100 000 lecteurs, en 30 ditions. La vie dun journal nest pas toujours rose. LOuest-clair, ouvert aux influences dmocrates-chrtiennes et laction sociale, se heurta de nombreuses rsistances de la part des notables politiques et religieux bretons. Ce fut labb Trochu qui fit les frais de cette situation : il subit les foudres de ses suprieurs hirarchiques, en loccurrence les cardinauxarchevques de Rennes, trois Monseigneur ! Contraint en 1910 de quitter la direction du journal, il y revint en 1914. Aprs 1928, un nouveau conflit divisa la direction du journal, labb Trochu souhaitant une orientation vers la gauche, Emmanuel Desgres refusant cette volution. Labb fut vinc, et le journal sera ds lors de tendance modre. Un directeur dOuestFrance rsumait ainsi la position du journal : Ouest-France est dirig par des chrtiens, non pour en faire une Semaine religieuse , mais un outil de promotion sociale pour les chrtiens et les autres . Plus les journaux tels que Ouest-France tendent leur diffusion, plus ils sont amens rduire la part de commentaires politiques susceptibles de choquer une fraction de leurs lecteurs : un lecteur des Ctes dArmor ne partage pas ncessairement les ides dun rsident de la Vende ; les ides exprimes par le journal se font donc plus gnrales et plus neutres.La Dpche de Brest devient en 1944 Le Tlgramme de Brest La Dpche de Brest tirait, avant la guerre, environ 60 000 exemplaires sur le Finistre, louest des Ctes du Nord et une fraction du Morbihan. Trs apprci dans les milieux maritimes, ctait un journal tendance radicale et laque. Pendant la guerre, ses locaux Brest furent endommags par les bombardements allis durant le mois de juin 1940, le point culminant tant atteint le 20 juillet. Du 1er aot au 1er septembre 1941, le journal fut amen se faire imprimer Rennes, sur les presses de lancien Ouest-Journal , pendant que des locaux taient sommairement amnags Morlaix en vue daccueillir bureaux et imprimeries. Concernant la diffusion, La Dpche couvrait les rgions de Quimper et de SaintBrieuc laide de camions et de voitures gazogne. Au dbut de lOccupation, certains groupes autonomistes intrigurent pour sassurer le contrle du journal, et lexploiter leur profit.2/4 3. Malgr la diminution des titres, le tirage a augment dans les territoires occups. Ltat-major allemand a souvent favoris le maintien de certains journaux pour une raison bien simple : ctait une faon rapide de transmettre la population les dcisions du commandement allemand. Dautre part, les Franais voulaient se tenir au courant des vnements internationaux et de la chronique locale, en particulier la rubrique intressant le ravitaillement, problme crucial lpoque. dit Morlaix depuis 1968, ralise en offset les deux pages extrieures de chaque numro. En 2002, il publie 17 ditions locales. Le tirage ne cesse de crotre : 1961 : 111 699 exemplaires ; 1985 : 176 251 ; 1990 : 186 414 ; 2000 : 196 420 ; 2001 : 195 043 ; 2002 : 194 972. Le Tlgramme du Dimanche , lanc en 1988, affichait en 2002 un tirage de 112 378 exemplaires.Les traits communs aux deux quotidiens Les deux journaux comprennent de nombreuses pages spciales consacres aux nouvelles maritimes : essentielles pour Ouest-France qui couvre la cte de La Rochelle Honfleur, elles sont aussi dans la tradition pour Le Tlgramme qui a toujours bnfici dune audience favorable auprs du monde maritime. Les deux quotidiens font galement une large place aux informations agricoles. Domaine ne pas ngliger, celui des informations locales qui concernent le bourg, le hameau, les individus : ces informations sont le miroir de lactualit dans un lieu bien dtermin. Le 21 septembre 1966, Ouest-France annonce quil couple sa publicit avec Le Tlgramme, ainsi quavec deux quotidiens de Nantes, Presse-Ocan et Lclair . Le sigle LJO (Les Journaux de lOuest) fait son apparition. Le domaine de la publicit nest pas une exclusivit de la presse, il stend la tlvision, o elle se montre particulirement envahissante, aux radios locales, la distribution au domicile des particuliers, laffichage sur panneaux la ville et la campagne. Dans ce contexte, la presse crite risque de voir ses ressources diminuer, du moins dans cette partie. Aprs la guerre de 1914-1918, laugmentation du cot de la vie amena celui du prix des quotidiens qui passa en vingt ans de 10 50 centimes. L Ouest-clair retarda longtemps ces augmentations, ce qui ntait sans doute pas sans arrire-penses, lacheteur favorisant toujours le moins cotant. Dans leur publicit, les journaux louent les avantages de labonnement : ils ne sont pas ngligeables pour le journal lui-mme, car labonnement lui permet de rgler son tirage au plus juste, dviter une grande part du bouillon ( invendus ), et dobtenir une avance de trsorerie apprciable. Le lecteur recevant son journal domicile paie moins cher le numro, mais doit quand mme avancer une somme parfois importante, selon la nature du journal ou du priodique. Un mode de livraison prend de plus en plus dimportance, cest le portage domicile. Grce une organisation qui nadmet pas de temps mort, le lecteur reoit domicile, avant son petit djeuner, le journal sorti des presses seulement quelques heures auparavant. L aussi, lappel au rabonnement se fait bien avant la date de fin dabonnement.3/4 4. Les journaux changent daspect, selon les exigences du modernisme. Aprs la guerre, chaque quotidien publiait un roman-feuilleton : une bonne manire de fidliser les lecteurs qui tenaient connatre le dnouement de lhistoire. Les bandes dessines ont galement eu leur heure de gloire : le professeur Nimbus pour Le Tlgramme, Lariflette pour Ouest-France ont t des prcurseurs dans leur genre. Nos deux quotidiens rgionaux affichent une sant insolente : avec 2,23 millions de lecteurs, Ouest-France est le premier quotidien francophone mondial ; Le Tlgramme voit galement son tirage en constante augmentation, et revendique un demi million de lecteurs journaliers . (Les nombres dexemplaires journaliers et de lecteurs sont diffrents : il est admis que chaque journal vendu est lu par plusieurs individus). Souhaitons que cette prosprit persiste4/4