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Presses Universitaires du Mirail La gauche au pouvoir en Amérique latine by Rodrigo CONTRERAS OSORIO Review by: Michel BERTRAND Caravelle (1988-), No. 92, Cinémas du réel en Amérique latine (XXIe siècle) (Juin 2009), pp. 285-288 Published by: Presses Universitaires du Mirail Stable URL: http://www.jstor.org/stable/40854517 . Accessed: 14/06/2014 11:13 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires du Mirail is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Caravelle (1988-). http://www.jstor.org This content downloaded from 185.2.32.106 on Sat, 14 Jun 2014 11:13:55 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Cinémas du réel en Amérique latine (XXIesiècle) || La gauche au pouvoir en Amérique latineby Rodrigo CONTRERAS OSORIO

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Presses Universitaires du Mirail

La gauche au pouvoir en Amérique latine by Rodrigo CONTRERAS OSORIOReview by: Michel BERTRANDCaravelle (1988-), No. 92, Cinémas du réel en Amérique latine (XXIe siècle) (Juin 2009), pp.285-288Published by: Presses Universitaires du MirailStable URL: http://www.jstor.org/stable/40854517 .

Accessed: 14/06/2014 11:13

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débattues dans le cadre de cette junte - suppression des flottes, disparition du monopole portuaire - les Andalous imposèrent finalement sans réelle difficulté leur point de vue. Pourtant, et contrairement à ce que ces derniers affirmaient, les responsables du déclin du commerce espagnol des Indes n'étaient pas vraiment les Canariens, leurs traditionnels rivaux. La cause de l'effondrement commercial espagnol aux Indes au début du XVIIIe siècle est en réalité davantage à rechercher dans la présence des commerçants étrangers, tout spécialement français. Ces derniers, forts de l'Union des deux Couronnes, virent s'ouvrir largement à eux le marché américain et l'inondèrent de marchandises sans passer par leurs intermédiaires légaux habituels. Si les Canariens tirèrent probablement mieux leur épingle du jeu que les Andalous, ils n'en restèrent pas moins, à cette époque, dans une position secondaire par rapport aux commerçants étrangers.

Ce petit livre de Pablo-Emilio Pérez-Mallaina vient apporter un éclairage, sans doute ponctuel mais richement documenté, sur l'état du commerce trans- atlantique de la seconde moitié du XVIIe siècle. A ce titre il offre, sur un sujet certes déjà largement balisé, des compléments de connaissances d'un réel intérêt et d'une grande précision d'analyse à partir de sources parfaitement maîtrisées.

Michel BERTRAND Université de Tou/ouse-Le Mirai/

Rodrigo CONTRERAS OSÓRIO (coordinateur).- La gauche au pouvoir en Amérique latine.- Paris, L'Harmattan, 2007.- 226 p.

A lire la presse qui s'en est fait régulièrement l'écho depuis près de deux ans, en France notamment, on pourrait être tenté d'adhérer sans trop d'hésitation à cette formule-choc en forme de slogan : la gauche est de retour en Amérique latine ! On comprend d'emblée l'impact d'une telle formulation en termes de communication, voire plus simplement de marketing, quand on choisit un titre d'ouvrage qui s'en rapproche. Depuis les années 60, l'histoire politique contemporaine de l'Amérique latine reste en effet identifiée à des épisodes dictatoriaux, sans doute divers mais regroupés sous l'appellation générique de « dictatures de sécurité nationale ». Derrière cette dénomination au relent sinistre vient aussitôt à l'esprit la théorie des horreurs auxquelles ces moments douloureux de l'histoire récente du sous-continent sont tristement associés : disparitions, exécutions extrajudiciaires, centres de torture, répressions multiformes, libertés bâillonnées ou encore exils en sont quelques-unes des manifestations les plus cruelles... Après une décennie de transitions démocratiques correspondant aux années 90, l'aube du XXIe siècle coïnciderait donc avec une sorte de retour au premier plan de la gauche latino-américaine remise de ses déroutes, de ses divisions et de sa dispersion. C'est cette vision, simplificatrice mais largement répandue, que l'ouvrage veut précisément discuter. Peut-on effectivement parler aujourd'hui d'un virage à gauche de l'Amérique latine ?

Indiscutablement, les différents processus électoraux s'étant déroulés depuis quelques années dans le sous-continent marquent une rupture avec l'histoire antérieure. La plupart des vainqueurs, à quelques rares exceptions qui ont nom Mexique et Colombie, se sont très majoritairement inscrits en rupture avec le

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modèle économique triomphant des années 80. Ces hommes et ces femmes politiques rejettent un système imposé par la grâce des régimes autoritaires et dont le prototype n'est autre que le Chili du général Pinochet inspiré par les Chicago boys formés à l'école de Milton Friedman. En ce sens, c'est l'abandon de la politique économique « impériale » mise en place dans le cadre du « Consensus de Washington » pour répondre à la crise de l'endettement des années 70 qui marquerait le retournement actuel. En Amérique latine ces élections, tout spécialement celles s'étant tenues en 2005 et 2006, signifient donc le début d'un nouveau moment politique marqué du sceau du rejet de plusieurs décennies de néo-libéralisme aux effets sociaux douloureux parce que désastreux. Est-ce à dire pour autant que tous les dirigeants arrivés au pouvoir ces dernières années dans le contexte qui vient d'être rappelé relèvent de « la » gauche ? Bien plus, cette « gauche » aurait-elle aujourd'hui retrouvé une telle cohérence au point de mériter un singulier ? Telles sont les questions de fond qu'explorent les divers auteurs réunis dans cet ouvrage collectif dans lequel ils cherchent à comprendre les raisons de ce nouveau scénario politique en train de s'écrire tout en s'essayant aussi à en rendre compte.

L'ouvrage est conçu en deux parties distinctes illustrant deux démarches différentes qui entrent cependant en écho. L'ensemble permet alors d'aborder sous des angles différents mais complémentaires les problèmes étudiés. La première partie, qui compte sept contributions et une centaine de pages, propose une réflexion d'ordre général sur la question de la gauche latino- américaine. Elle regroupe quelques prestigieuses signatures parmi lesquelles celles d'Alain Touraine ou d'Ernesto Laclau. La seconde partie, de taille équivalente, propose sept études de cas relatives aux expériences menées par la gauche latino-américaine ces dernières années. Les textes réunis proposent ainsi une réflexion sur les modalités de la mise en place d'une régulation sociale et d'un contrôle politique de l'économie par l'Etat après un quart de siècle durant lequel la priorité absolue a été accordée aux acteurs économiques. Dans le même temps, et c'est tout l'enjeu de ces expériences politiques en cours étudiées ici, ces nouveaux gouvernants ne semblent ni vouloir ni sans doute pouvoir s'exclure, pour l'instant du moins, d'une économie mondialisée.

A ce titre, les textes regroupés dans la première partie s'essayent tous, à leur manière, à « penser » la gauche latino-américaine. A commencer par Alain Touraine qui souligne d'emblée sa méfiance vis-à-vis de toute transposition à l'Amérique latine d'un vocabulaire politique qui, selon lui, s'y appliquerait de moins en moins. A ses yeux, la vraie question qui se pose à l'Amérique latine est celle d'une expression politique de ses problèmes sociaux. A cette aune, le vocabulaire politique très « européocentrique » ne serait pas l'instrument d'analyse le mieux adapté. Il préfère formuler l'alternative devant laquelle se trouve aujourd'hui l'Amérique latine en des termes différents, à savoir le choix entre un gouvernement d'élites libérales s'appuyant sur une économie mondialisée face à celui de l'illusion néo-castriste. Sans adopter une position aussi « radicale », Francisco Rojas Aravena s'essaye lui aussi à « repenser » les facteurs d'identification de la gauche en Amérique latine. A cette fin il propose sept indicateurs permettant de lire la réalité latino-américaine contemporaine et servant à construire une nouvelle cartographie du politique, indépendamment de schémas qui lui seraient extérieurs. De leur côté Ernesto Laclau et Ludolfo

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Paramio réfléchissent sur un autre aspect, essentiel dans cette recherche, portant sur une identification de la « gauche » en Amérique latine, à savoir sa relation historiquement très forte et toujours vivace avec le populisme. Demetrio Boersner propose quant à lui une sorte de « balayage historique » des expériences dites « de gauche » en Amérique latine au cours du siècle précédent en s'essayant à les situer par rapport à certaines variables qui, selon lui, caractérisent la « gauche dans le monde ». On le voit : au-delà de la diversité de cette gauche latino-américaine qui imposerait d'en parler de toute évidence au pluriel, c'est bien la difficulté d'en donner des caractéristiques claires et précises qui apparaît à l'observateur.

La seconde partie de l'ouvrage se propose d'approfondir la réflexion à partir d'études de cas parfaitement choisies. Sans véritable surprise, le lecteur y retrouve une analyse de la situation argentine après l'effondrement de 2001, du Brésil du président Lula, du Chili de Michele Bachelet ou encore de la Bolivie d'Evo Morales, du Venezuela d'Hugo Chavez et, bien sûr serait-on tenté d'écrire, de Cuba analysé ici comme l'exemple d'un « immobilisme de gauche ». Dans cette palette tout à fait satisfaisante, tant par son nombre que par sa diversité intrinsèque, le lecteur se guide au gré de ses curiosités et de ses goûts personnels. La contribution de Rafael Archondo, sur la Bolivie de E. Morales, met en particulier en exergue la complexité d'une situation que l'on a trop souvent tendance à simplifier quand ce n'est pas à la caricaturer. Il souligne tout spécialement la présence dans l'entourage du président Morales et de son parti, le MAS, d'au moins trois courants idéologiques qui, pour être tous de « gauche », n'en sont pas moins très différents les uns des autres. C'est dire toute la difficulté à laquelle se heurte l'expérience tout à fait originale qui se déroule dans ce petit pays andin dans lequel on peut craindre l'émergence d'une véritable « guerre des identités », problématique qui dépasse de beaucoup le seul clivage entre droite et gauche ! La contribution de Juan Agulló propose quant à elle d'aider à « Comprendre Hugo Chávez ». L'auteur révèle tout spécialement la complexité d'une situation que les gesticulations du leader vénézuélien ont peut- être tendance à masquer ou occulter. De toute évidence, ce qu'Hugo Chavez a d'abord voulu mettre en place c'est une véritable « rupture politique », incarnée par l'adoption d'une nouvelle constitution et la proclamation de la Vème république, dite « bolivarienne », garantissant le retour en force de l'Etat. Dans le même temps, les soutiens à cette nouvelle orientation dans la société vénézuélienne n'ont cessé de varier tout en ne se limitant pas aux seuls secteurs « populaires », relais classiques des partis de la gauche latino-américaine. Surtout, le chavisme est loin d'avoir rompu avec le modèle économique antérieur : indépendamment du fait que le « socialisme » chaviste demeure un projet flou, il repose exclusivement, comme la politique dite de développement à outrance des années 60 et 70, sur la même manne pétrolière... Avec le retournement de la conjoncture pétrolière au cours de l'année 2008, on peut légitimement s'interroger sur l'avenir du « pétro-socialisme » inauguré par Hugo Chávez, que Juan Agulló refuse d'ailleurs de considérer comme un véritable modèle « progressiste », autrement dit de « gauche »...

A travers les exemples commentés ici et les autres qu'il propose, l'ouvrage coordonné par Rodrigo Contreras Osório offre indiscutablement un panorama particulièrement intéressant et surtout éclairant sur ces « gauches » latino-

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américaines. La diversité des choix dont témoignent les cas analysés renvoie à la très grande hétérogénéité des situations auxquelles, une fois au pouvoir, ces gouvernements ont à faire face. Dans le même temps, ils invitent à user avec précaution de catégories politiques nées sous des cieux profondément différents.

Michel BERTRAND Université de Toulouse-Le Mirail

Guilberto GUEVARA NIEBLA.- 1968. Largo camino a la democrada.- México D.F., Ediciones Cal y Arena, 2008.- 243 p.

Issu d'une famille modeste de l'état du Sonora, Guilberto Guevara Niebla quitte le foyer familial en 1964 pour intégrer la faculté de biologie de la UNAM, à Mexico. Quelque temps après son arrivée dans la capitale, il devient membre de la Jeunesse Communiste, une organisation du Parti Communiste Mexicain (PCM) qui avait pour ambition de recruter et de former la jeunesse mexicaine. A l'époque, les membres du Parti Communiste et de la Jeunesse Communiste agissaient dans la clandestinité, le parti n'était pas reconnu légalement et souffrait de nombreuses persécutions de la part du Parti de la Révolution Institutionnelle (PRI), le parti gouvernemental au pouvoir de 1929 à 2000. Guilberto Guevara entre rapidement en désaccord avec l'orientation politique et la direction du parti. Il quitte la Jeunesse Communiste et est élu, peu de temps après, représentant de la Sociedad de Alumnos, l'organisation étudiante de sa faculté. Mais c'est surtout son engagement en 1968 en tant que représentant du Conseil National de Grève (CNH), l'organe décisionnel du mouvement, qui va faire de lui une figure importante du mouvement, en même temps que cela va bouleverser sa vie. Après le massacre du 2 octobre 1968, Guevara Niebla est emprisonné pendant deux ans, puis exilé au Chili et au Pérou. A son retour au Mexique, il lui est difficile de reprendre une vie normale, hanté par les souvenirs douloureux de cette expérience traumatique. Alors qu'il avait entamé une formation en biologie, il décide de se consacrer à l'éducation. En ce qui concerne sa vie personnelle, il ne réussit pas à sauver son mariage, et tombe dans l'alcoolisme et la dépression. Ce n'est que dix ans plus tard, en 1978, qu'il commence un véritable travail de mémoire et de deuil en racontant son expérience. Toutefois, Guevara Niebla ne se contente pas de témoigner de son histoire personnelle. Dans tous ses ouvrages sur le sujet, qu'il s'agisse de La democrada en la calle, ou de La libertad nunca se olvida, publiés en 1988 et 2005, il propose aussi une analyse des faits, de leurs causes et de leurs conséquences. Ses écrits ont ainsi permis d'enrichir une historiographie plus riche en témoignages qu'en ouvrages d'analyse à proprement parler.

Publié en 2008, 1968. Largo camino a la democrada, est une synthèse des réflexions que l'auteur a nourries sur le mouvement et la vie politique mexicaine durant les quarante dernières années. Dans cet ouvrage, qu'il adresse plus particulièrement à la nouvelle génération dont il regrette le peu d'intérêt pour la politique, il ne revient pas sur le déroulement des faits, mais insiste davantage sur leurs conséquences politiques et sur certains aspects problématiques de ce mouvement.

En introduction, il annonce que son analyse est construite à partir d'une prise de position démocratique : «Mis juidos se construyen desde una postura

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